La Provence orientale Au Moyen-âge

CATALOGUE DE L’EXPOSITION ITINÉRANTE

ARCHIVES DÉPARTEMENTALES Conseil général des Alpes-Maritimes Édition 2017

SOMMAIRE

1. Chronologie de la Provence orientale au Moyen-âge ...... 3 2. Le renforcement du pouvoir central ...... 4 3. Clergé régulier et abbayes ...... 5 4. Clergé séculier et architecture religieuse ...... 6 5. Le sentiment religieux ...... 7 6. L’art ...... 8 7. Le pouvoir seigneurial ...... 9 8. Fiefs et châteaux ...... 10 9. La paysannerie ...... 11 10. L’économie des campagnes ...... 12 11. Les communautés ...... 13 12. La structure de la ville ...... 14 13. La vie privée ...... 15 14. Les voies de communication ...... 16 15. Le commerce ...... 17 16. L’artisanat ...... 18 17. Crises et épidémies ...... 19 18. Repeuplement et renouveau ...... 20 19. Commentaires et traductions des documents ...... 21 20. Chronologie ...... 30 21. Glossaire ...... 31

2 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

1. Chronologie de la Provence orientale au Moyen-âge

Le Vème siècle est marqué en Occident par les grandes invasions. D'abord sous le contrôle des Wisigoths puis des Ostrogoths, la région passe au VIe siècle sous la domination des Francs.

À partir du IXe siècle, les razzias des Sarrasins créent une insécurité permanente. Guillaume le libérateur, comte d'Arles, les expulse à la fin du Xe siècle. Cette période est marquée par le développement de la féodalité1 dans le cadre du Saint Empire Romain germanique.

Jusqu'à la fin du XIVe siècle, l'histoire des Alpes-Maritimes se confond avec celle de la Provence, sous la tutelle des comtes catalans puis, à partir de 1246, des comtes d'Anjou, rois de Naples et de Sicile. L'autorité comtale se renforce, au détriment des nobles et des communes, et les frontières sont élargies vers la vallée de la Roya (1258) et le Piémont (1259). Mais la succession de la reine Jeanne en 1382 provoque une longue guerre civile. Encouragés par les Grimaldi de , les Niçois acceptent la protection d'Amédée VII, comte de Savoie. L'acte d’hommage2 de au comte de Savoie en 1388 marque la scission de la Provence orientale.

En 1482, après la réunion du comté de Provence à la , le devient limite du domaine royal. Dès lors, Nice joue un rôle stratégique de premier plan pour le duc de Savoie face à son puissant voisin le roi de France.

1. Carte des grands fiefs3 (XIIe siècle) 2. Carte du comté de Provence en 1245 4. Sceau4 du comte Alphonse Ier, roi d’Aragon, 1166 5. Contre-sceau de Charles Ier d'Anjou, comte de Provence, 1256. Ni mazzo 3 n°5 8. Lettres patentes de Raymond Bérenger Ier, comte de Barcelone et marquis de Provence, en faveur de l'évêque d' à la suite de la destruction de l'église Sainte Marie d'Antibes par les Sarrasins, 1125. G5 9. Promesse secrète de Louis Grimaldi au comte de Savoie de lui faire céder le comté de Provence, 2 août 1388. Ni mazzo 3 n° 20

1 Féodalité: (de fief) Système politique où l’essentiel du pouvoir appartient aux seigneurs entourés des vassaux.

2 Hommage : Cérémonie au cours de laquelle le vassal prête serment au suzerain et reçoit la concession du fief.

3 Fief : Bien, en général un domaine, signifiant le lien entre un individu et un autre (feudum en latin d’où l’adjectif féodal).

4 Sceau : Empreinte sur une matière malléable (généralement de la cire) servant à authentifier un document (utilisé surtout entre le XIIe et le XVe siècles).

3 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

2. Le renforcement du pouvoir central

Au XIIIe siècle, les comtes de Provence, d’abord le catalan Raymond Bérenger V puis l’angevin Charles Ier rétablissent leur autorité sur leurs domaines en réduisant l’influence des consulats. Ainsi, Raymond Bérenger V met en place un système d’administration remarquable entre 1235 et 1238 faisant préciser ses droits en Provence orientale par un acte connu sous le nom de « Statuts de Fréjus ».

Le territoire est découpé en vigueries5 ou baillies6 afin de mieux contrôler les populations. Avec la dynastie d'Anjou l'influence française se précise, surtout par son efficacité administrative. Les viguiers7, désignés par le comte, surveillent les communautés, comme les juges et bailes8 comtaux. Les agents de l'administration, juristes et clercs de formation, sont surtout des Français. Les comtes angevins font exécuter des enquêtes minutieuses ; ils récupèrent des droits féodaux de puissants seigneurs. La gabelle9 du sel devient leur prérogative.

Le droit public provençal est codifié sous le roi René. Les princes de Savoie vont continuer cette œuvre unificatrice à partir de 1388 sur la rive gauche du Var. À Nice, le viguier assure la défense de la ville, administre et rend la justice en tant que représentant du comte. Ainsi, à la fin du Moyen- âge, les États s’affirment au détriment des grands seigneurs auxquels ils reprennent progressivement leurs prérogatives.

10. Carte des vigueries et baillies de Provence orientale au début du XIVe siècle 12. Rouleau de parchemin10 où sont consignés les comptes de Jean Maleti, receveur général des finances à Nice et autres lieux de Provence, 1404-1407. Ni Cam.art. 52/1 13. Amnistie prononcée par Louis de Savoie en faveur de Niçois révoltés, moyennant le renforcement du pouvoir des officiers ducaux, 1438. Archives municipales de Nice, AA 12 n°5 14. Lettres patentes de Louis I de Savoie par lesquelles il assigne 2000 florins par an à son fils Janus comme gouverneur de Nice, 1459. Ni mazzo 5 n°6 15. Le roi René d'Anjou reçoit l'hommage de l'un de ses vassaux, miniature du XVe siècle

5 Viguerie : Circonscription administrative dépendant du viguier.

6 Baillie : Circonscription de moindre importance que la viguerie; notions qui se confondent souvent en Provence orientale.

7 Viguier : Lieutenant du comte auprès de la communauté formant un consulat.

8 Baile: Agent de l’administration chargé de la gestion des domaines du comte. Il perçoit les revenus et joue un rôle de gouverneur.

9 Gabelle : Impôt indirect sur le sel.

10 Parchemin : Support d’écriture obtenu à partir de la peau traitée d’un animal (généralement mouton).

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3. Clergé régulier11 et abbayes

La Provence orientale, comme le reste de l’Occident chrétien, connaît à partir du XIe siècle un renouveau de la vie monastique. Les abbayes12 bénédictines, Saint-Honorat à Lérins fondée vers 410 et Saint-Pons à Nice fondée au VIIIe ou au IXe siècles, bénéficient de nombreuses donations13 qui leur permettent d’accroître leurs possessions. Elles essaiment en créant des prieurés14 dans toute la région.

Au XIIIe siècle, d’autres ordres s’implantent : les Dominicains (fondés en 1215) à en 1240 et à Nice en 1243, les Franciscains (fondés en 1210) à Nice et à Grasse en 1240. Ordre militaire créé au moment des Croisades, les Templiers installent quatre commanderies à Nice, Biot, Grasse, Rigaud. Ils sont supprimés en 1312 et leurs biens sont transférés aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Les Chalaisiens de Prads fondent l'abbaye Notre- Dame des Prés à . L’organisation des bâtiments de ces abbayes reflètent bien leur fonctionnement avec la séparation du spirituel et du temporel : chapelle, habitations et cellules, dortoirs, réfectoire, ateliers, bibliothèque, hospice, fermes. À Lérins, exposé à de nombreuses razzias, le monastère est un véritable château-fort.

15. Carte des implantations monastiques en Provence orientale du XIIIe au XVe siècles 16. Entrée en religion d’un seigneur, vers 1030. H10 fol. 35 r° 17. Monastère fortifié Saint-Honorat de Lérins, XIIIe siècle. Cl M.Graniou 18. Statuts de l'abbaye Saint-Honorat de Lérins rédigés en 1441. H 81 20. Serment du seigneur Fouques s’engageant envers Aldebert, abbé de Lérins, à garantir les biens du monastère contre quiconque voudrait s’en emparer, vers 1040. H 10 fol. 161 r° 21. Bref des indulgences15 accordées aux personnes qui entendront les offices dans l'église du couvent des Dominicains de Nice, 1284. H 1107 22. Moines représentés dans la chapelle Saint-Antoine de Clans. Cl. M. Graniou

11 Clergé régulier: Il est formé des moines qui vivent coupés du monde en appliquant une règle monastique (vœux de chasteté, pauvreté personnelle et obéissance).

12 Abbaye: Monastère important dirigé par un abbé ou une abbesse.

13 Donation : Terre, bien, argent donné à l’Église pour le salut de son âme.

14 Prieuré : Monastère dépendant d’une abbaye mère.

15 Indulgence : Remise d’une peine ou d’une pénitence due pour un pêché, en donnant une contre partie financière.

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4. Clergé séculier16 et architecture religieuse

La Provence orientale relevait de sept diocèses17: Antibes (siège transféré à Grasse en 1244) , Glandèves, Senez, Fréjus, Nice et Vintimille. C'est le chapitre des chanoines de la cathédrale qui élit l'évêque ; ce rôle leur donne une importance notable. Ce haut clergé recruté souvent parmi les cadets seigneuriaux possède des pouvoirs judiciaires et temporels ; il dispose d'un patrimoine important qui le fait vivre. Les diocèses sont divisés en paroisses18 dirigées par un curé.

Au XIe siècle, de petites églises se rattachent au premier art roman19 d'influence rhodanienne et lombarde (Opio). Au XIIe siècle les édifices sont plus vastes: décoration à bandes lombardes, arcs doubleaux ; voûtes brisées avec peu de fenêtres (Notre-Dame à Breil, Madone del Puech à , Saint-Dalmas à ). L'art roman se poursuit tardivement en Provence et l'art gothique20 n'apparaît qu'à la fin du XVe siècle. Des édifices modestes gardent le plan basilical roman comme Villars-sur-Var, la Tour- sur-Tinée, , , .

25. Carte des diocèses de Provence orientale 26. Donation par les frères Pierre et Milon à l’église Notre-Dame de Clans dépendant de l’évêque de Nice, de biens et droits à Clans et de la moitié des dîmes du castrum de Puget et de celui de Marie, 1066. 2G 70/1 27. Ordination d’un évêque représentée dans la chapelle Saint-Érige à Auron, milieu XVe siècle. Cl. M. Graniou 29. Crosse21 épiscopale d'un évêque de Fréjus (1385-1405), fouilles du palais épiscopal de Fréjus 31. Chevet roman de l'église de l'Invention de la Croix à Saint-Dalmas-Valdeblore, XIe siècle. Cl. M. Graniou 32. Cathédrale de Grasse construite au XIIIe siècle après le transfert du siège de l'évêché d'Antibes à Grasse. Cl. M. Graniou 33. Clocher roman Saint-Jean de Breil, XIIe siècle. Cl. M. Graniou

16 Clergé séculier: Il est formé des prêtres et des évêques qui vivent au milieu des laïcs, dans le siècle.

17 Diocèse : Il regroupe plusieurs paroisses ; c’est l’évêque qui le dirige.

18 Paroisse : Dans la hiérarchie catholique, territoire administré par le curé, équivalant à un village ; une ville en comporte donc plusieurs. C’est l’échelon de base.

19 Roman : En Europe occidentale, style architectural (début XIème s.-fin XIIème s.), caractérisé par la voûte en plein cintre améliorée par la technique de la voûte en berceau et la voûte en arrêtes. Les contreforts et les murs épais servent à maintenir l’édifice.

20 Gothique : Au XIIIème siècle, la nouvelle technique de construction des édifices religieux utilise l’arc en ogive (forme ovale) et la croisée d’ogives formée par la croisée d’arc reposant sur des piliers. Les arcs-boutants repoussant les forces sur les contreforts extérieurs permettent une élévation de la construction.

21 Crosse : Bâton pastoral d’évêque, d’abbé ou d’abbesse, dont la partie supérieure se recourbe en volute.

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5. Le sentiment religieux

La piété des fidèles au Moyen-âge s'exprime notamment par des pèlerinages et par le culte des reliques22 des saints qui ont alors une très grande importance. Source de richesses pour l'église ou l'abbaye qui les détient, les reliques attirent pèlerins et offrandes. Les images permettent l’instruction religieuse de fidèles analphabètes.

De nombreuses églises et chapelles rurales ont été ornées de peintures murales au XVe siècle. Ces œuvres reprennent des thèmes populaires telles que les Vierges de Miséricorde, les scènes de la Passion, les saints protecteurs. Les testaments sont particulièrement marqués par l'expression de la foi chrétienne et par le souci du salut dans l'au-delà qui détermine les testateurs à multiplier les legs pieux. Le sentiment religieux s'exprime également dans les confréries (pénitents notamment), groupes de laïcs23 pratiquant la charité envers les plus démunis.

35. Détail de la peinture murale de Jean Canavesio représentant la mort dans le sanctuaire Notre-Dame-des- Fontaines à La Brigue, XVe siècle 36. Testament de 1252 consigné dans le plus ancien registre de notaire des Alpes-Maritimes. 1 J 120 38. Un fidèle fait don de sa personne et de ses biens à Dieu et à la Vierge pour le salut de son âme, XIIe siècle. 2G 70 39. Saint Roch, invoqué contre la peste, représenté dans la chapelle Sainte-Claire à , 1481. Cliché M. Graniou 40. Saint Martin représenté par le peintre Louis Bréa au monastère de Cimiez à Nice, 1475. Cliché M. Graniou 41. Inventaire des reliques du couvent des Augustins de Grasse, s.d. H 1354 42. Coffre reliquaire de saint Honorat en bois sculpté conservé à la cathédrale de Grasse, début XVe siècle. Cliché .M.Graniou

22 Relique : Partie du corps ou objet ayant appartenu à un saint ou au Christ.

23 Laïcs : Tous ceux qui ne font pas partie du clergé.

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6. L’art

Durant la période médiévale, l’art est essentiellement religieux. Plus encore que dans l'architecture romane et gothique, la création artistique s'épanouit à la fin du Moyen-âge dans la décoration. Au XVe siècle, la peinture connaît une période particulièrement brillante qui amorce très tôt la Renaissance avec des artistes de talent dont les représentants les plus connus dans le pays niçois sont Durandi, la famille Bréa, Jean Canavesio et Jean Baleison. Si la peinture murale domine jusqu'au XIVe siècle, le XVe siècle voit la floraison de retables24 d'autels, assemblages de panneaux peints montés dans un encadrement de bois sculpté et doré. L'école niçoise est en concurrence avec celle d'Avignon et cela donne une grande production de chefs-d’œuvre dans toute la Provence orientale. La sculpture prend une place importante avec l'essor du gothique ; les chapiteaux, les portes, les tombeaux, les chaires reflètent l'influence italienne. Les trésors des églises ont conservé de remarquables pièces d'orfèvrerie notamment des croix de procession : le plus riche est celui de Saint-Paul-de-Vence, qui renferme des statues, une croix de procession et trois reliquaires. Celui de Lucéram montre la prédominance de l'influence provençale.

44. Fragment de tombeau montrant un évêque et deux chevaliers, monastère de Saint-Honorat, Cl. M. Graniou 46. Statue de sainte Marguerite issant du dragon en argent et vermeil (Lucéram), XVe siècle 47. Croix de procession du Broc par l'orfèvre Alberti, 1425 48. Contrat avec le peintre Jacques de Carolis de Pavie pour la réalisation d'un retable dans l'église des Dominicains de Grasse, 1451. 3E79/76 49. Panneau peint par le peintre Louis Bréa représentant la Pietà avec saint Martin et sainte Catherine (monastère de Cimiez à Nice), 1475. Cl. M.Graniou 50. Chapelle Sainte-Claire de Venanson, peintures murales de Jean Baleison, 1481. Cl. M.Graniou 51. Peinture murale de la chapelle des pénitents blancs de attribuée à Jean Canavesio représentant le couronnement d'épines, vers 1490. Cl. M.Graniou

24 Retable : Panneau décoratif en bois placé dans la partie arrière de l’autel.

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7. Le pouvoir seigneurial

Au tournant de l’an mille, profitant de l’effondrement de l’autorité publique sous les coups des invasions, une aristocratie guerrière formée de combattants professionnels impose son pouvoir au reste de la société et se partage la terre. En échange d’une protection contre les dangers extérieurs, les chevaliers dominent économiquement la paysannerie par la seigneurie domestique (ils possèdent sous leur dépendance des paysans non libres et peuvent demander à toute la paysannerie des corvées25), la seigneurie foncière (les terres qui leur appartiennent sont concédées à des exploitants, moyennant le paiement du cens26) et la seigneurie banale (le seigneur rend la justice et a le droit de ban27 dans son fief en faisant payer l'usage des bâtiments dont il a l'exclusivité : moulins, fours, pressoirs, péages de route et de pont).

53. Un croisé donne ses biens à l’Église, H10 fol. 109 r° 54. Scène de tournoi28 représentée dans un retable de Louis Bréa dans la cathédrale d'Antibes, vers 1500. Cl. M. Graniou 55. Chevaliers en armes représentés au château de Verdon-dessus-Cruet (Savoie) 56. Sentence arbitrale entre les frères Raimond et Guigue de Saint-Paul, seigneurs de , et la communauté au sujet des droits seigneuriaux, 16 janvier 1280, Ni mazzo 54 Toudon 1

25 Corvée: Travail gratuit et obligatoire des paysans au bénéfice du seigneur.

26 Cens: Redevance annuelle due par le paysan au seigneur en échange de la terre qu’il cultive.

27 Ban: Pouvoir de contraindre, de punir et de commander, confisqué par les seigneurs.

28 Tournoi : Exercice militaire où s’affrontent les chevaliers ; il devient après le XIIIème s, un divertissement et un spectacle.

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8. Fiefs et châteaux

La société qui se met en place à partir du Xe siècle est caractérisée par l’instauration de liens personnels entre guerriers, puis entre ceux-ci et les paysans. En échange d’une aide militaire et éventuellement financière, le vassal29 se met sous la protection d’un plus puissant, son suzerain30, qui le protégera et lui assurera des revenus en lui remettant un fief sous forme de terre ou de droits. Une cérémonie, l’hommage, permet de conclure l’accord. Concédé au début à titre viager, le fief devient par la suite transmissible aux enfants. Pour assurer la défense de leurs fiefs et contrôler et exploiter les populations paysannes qui y vivent, les seigneurs construisent des châteaux, symbole de leur autorité, sur des sites permettant leur défense. La pièce maîtresse de ces premiers châteaux est le donjon. Nombreux sont ceux construits du XIe au XIIIe siècles, comme à , Antibes, Grasse, Vence ou Saint-Blaise.

58. Carte de l’implantation des grandes familles féodales de Provence orientale au XIe siècle, extraite de l'Atlas historique de Provence. 60. Scène d'hommage représentée au château de Verdon-dessous-Cruet (Savoie) 61. Hommage et serment de fidélité par Pierre Layet d' à Geoffroy de Châteauneuf, 1298. Ni mazzo 48

62. Blason31 de la famille des Villeneuve-Vence. Cl. M. Graniou 63. Lettres de rémission accordées par le roi Louis et la reine Jeanne à Barnabé Grimaldi après qu'il ait assiégé et pris le castrum de Roure, 1353. Ni mazzo 16 n° 12 64. Château de Villeneuve-Loubet construit au XIIIe siècle. Cl. R.Thiéry 65. Château de Saint-Blaise. Cl. J.-C. Poteur

29 Vassal : Celui qui reçoit le fief

30 Suzerain : Celui qui concède le fief.

31 Blason: Emblème en couleurs, généralement peint sur un écu, propre à une famille, à une communauté (ville, groupe social) ou à un individu.

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9. La paysannerie

Les paysans représentent la grande masse de la population ; ils sont désignés sous le nom de vilains (cultivateurs du domaine ou villa) ; les plus nombreux sont les serfs, ils représentent sans doute la majorité des paysans au XIe siècle. Ils sont considérés par les seigneurs comme inférieurs et méprisables. Le servage disparaît progressivement au XIIe siècle. Le serf est attaché à la terre et vendu avec elle : il lui faut l'autorisation du seigneur pour se marier. Même libre, le paysan doit payer un fermage pour utiliser la terre: le cens, qui représente une partie de ses récoltes. Il doit aussi au seigneur un impôt en argent, la taille. Les corvées, travail gratuit et obligatoire, sont exigées pour entretenir le château, les chemins... Les conditions de vie sont difficiles.

La maison ne contient qu'une seule pièce que partagent souvent hommes et animaux. À la montagne, il y a plusieurs étages. L'étable est surmontée de l'habitation puis du grenier. Les famines sont fréquentes par manque de moyens de transport; l'autoconsommation domine.

Au XIVe siècle, l'abaissement de la taille, la réduction des redevances et des corvées témoignent d’une émancipation progressive de la tutelle seigneuriale.

66. Investiture de l'évêque de Nice accordée à un certain Laugier pour des biens situés à Gréolières, suivie de la liste des serfs que Laugier possède pour l'église de Nice, 1152. 2 G 70 67. Paysan représenté dans la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Cœur à Lucéram 68. Reconnaissance d'une vigne à Grasse au lieu dit Malbosq moyennant le cens d'une obole, 1350. H 538 69. Bulle32 du pape Honorius III relative à des plaintes contre l'imposition de la taille, 1225. H 922 70 Bergers représentés dans la chapelle de Notre-Dame des Fontaines à La Brigue 71. Scène de fenaison représentée dans la chapelle Saint-Antoine à Bessans (Savoie) 72. Bail de location d'une terre à pour six ans prévoyant un assolement triennal alternant blé, jachère33 et avoine, 1378. 3 E 79/23

32 Bulle : Décret émanent du pape. Tout chrétien doit s’y soumettre.

33 Jachère : Terre en repos, non cultivée pour qu’elle reconstitue ses éléments fertilisants.

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10. L’économie des campagnes

La caractéristique essentielle de l'économie médiévale est la prépondérance massive de l'agriculture. La culture des céréales, base de l'alimentation, est la culture prédominante. Les rendements, en l'absence d'engrais et dans une région aux sols peu fertiles, au relief accidenté et qui doit affronter tous les étés le problème de la sécheresse, sont faibles. Toutefois la pratique de l'assolement34 triennal se généralise ; les outils en fer (pelles, haches, scies, serpes, faux, faucilles) se répandent. Les vignobles sont nombreux même en altitude. Parmi les cultures industrielles seuls le chanvre et le lin sont courants. Fruits et légumes complètent l’alimentation. La forêt, exploitée pour le bois de chauffage et de construction, sert aussi pour le pâturage. Toutefois, cette exploitation est souvent abusive, ce qui conduit souverains, seigneurs et communautés d'habitants à établir des règlements d'exploitation pour la protéger.

Une des activités les plus représentatives et les plus anciennes de l'économie régionale est l'élevage, essentiellement des ovins. La transhumance permet aux troupeaux des communautés d'altitude de passer l'hiver près de la côte sur des terrains réservés à cet effet pendant plusieurs mois et loués par leurs propriétaires (souvent une communauté d'habitants), les "bandites". En été, ce sont les troupeaux provençaux qui gagnent les alpages. La pêche est pratiquée aussi bien en mer qu'en rivière en raison de l'importance du poisson dans l'alimentation du fait des restrictions imposées par l'Église pendant les jours maigres.

73. Interdiction de faire paître le bétail dans les terrains plantés en vigne à Utelle, 1408. E dépôt 51 BB6 74. Compromis entre les communautés de la Brigue et de Pigna exemptant les habitants de droits pour le passage des troupeaux transhumants, 1439. E dépôt 95/11 DD4 75. Scène de transhumance représentée dans l’église de Notre-Dame-des-Fontaines à La Brigue 76. Compromis entre les communautés de Roquebillière et Belvédère sur les droits d'usage en bois d'œuvre et de chauffage dans la forêt d'Autes, 1374. E dépôt 2 77. Scènes d’activités agricoles représentées au Château de Bonconseil à Trente, XVème siècle 78. Mandement de Jean Bilhoni, capitaine de la cour ducale de Puget-Théniers, concernant la permission de dériver les eaux du Var pour arroser le quartier du Plan, 10 mai 1430. E45/53 DD9

34 Assolement : Division des terres d’une communauté villageoise en plusieurs cultures.

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11. Les communautés

Le XIIe siècle marque l'essor économique et démographique des villes. La volonté d'indépendance par rapport au pouvoir comtal amène l'apparition d'une nouvelle forme d'organisation urbaine, les consulats, inspirés de l'exemple italien à la fin du XIe siècle. Le premier consulat est celui de Nice en 1144 puis ceux de Grasse (1155), (1164), (1176), Saint- Martin-Vésubie et Venanson. Villefranche est fondée en 1295 et se voit octroyer des franchises. Les consuls, élus par les habitants, administrent la cité et disposent de larges pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire comme signer des alliances, percevoir des impôts par le clavaire (collecteur des deniers publics), faire la police, enregistrer les actes officiels. Au XIIIe siècle, le comte de Provence supprime les consulats tout en maintenant certains privilèges. Au début du XIVe siècle, les villes retrouvent à nouveau leur autonomie. Les interventions politiques des consuls ont été déterminantes sous la reine Jeanne, dans la lutte contre les routiers et dans les querelles dynastiques. Par contre, certaines communautés villageoises plus petites restent sous la domination du seigneur.

79. Lettres d'Alphonse Ier roi d'Aragon et comte de Provence confirmant le consulat de Nice avec pleine juridiction et pouvoir d'élire librement les consuls, 1176. Archives municipales de Nice, AA20 80. Cartulaire35 de la communauté de Lucéram réalisé dans le dernier tiers du XIVe siècle. Il comporte la transcription des statuts de la communauté et divers actes confirmant les privilèges depuis le XIIIe siècle, E61/AA1 81. Registre des comptes du trésorier de la communauté du Bar, année 1403. E1/22 CC14 82. Confirmation par Pierre de Giraud, coseigneur du Broc, des privilèges, conventions, franchises et libertés accordées à la communauté du Broc en 1330, 7 août 1370. E97/1 AA2 83. Convention entre la ville de Nice et le comte Amédée VII de Savoie, 1388. Archives municipales de Nice, AA6 n°1

35 Cartulaire : Registre manuscrit dans lequel les grands propriétaires fonciers (abbayes, évêchés, seigneuries, villes, …) faisaient recopier les chartes reconnaissant leurs titres et privilèges.

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12. La structure de la ville

Au début du XIe siècle, l’habitat se regroupe, se perche et se fortifie. Les villages aux maisons agglutinées se réfugient derrière les châteaux qui les protègent. Un phénomène identique est observé pour les villes. A Nice le site antique de Cimiez est abandonné au profit de la colline du château défendue naturellement. De même à Grasse l’habitat se fixe sur un éperon fortifié, le Puy. La ville médiévale est organisée autour des églises, des couvents et des forteresses seigneuriales ou comtales. Là aussi, la population y est entassée puisque l’espace y est rare. Les maisons sont étroites, souvent reliées les unes aux autres par des passages voutés. On trouve généralement une boutique au rez-de-chaussée et les pièces d’habitation aux étages supérieurs.

Pour des raisons religieuses, un quartier d’habitation, le ghetto, est assigné aux Juifs, avec obligation d’y résider. Des remparts sont établis pour protéger les villes des brigands et des troupes ennemies. Leur entretien et leur défense sont à la charge des habitants. Au XIIIe et au XIVe siècles, certaines villes comme Grasse et Nice s’accroissent et leurs habitants bâtissent des faubourgs.

84. Villes fortifiées représentées dans la chapelle Saint-Sébastien à Lanslevillard (Savoie), vers 1520. Cl. M. Graniou 85. Reconstitution du plan de la ville de Grasse au XVe siècle établi par G. Gauthier-Ziegler. 86. Vue aérienne de la ville médiévale de Vence. 12Fi 281 87. Tour, élément de la forteresse primitive de Grasse, XIIe siècle. Cl. R.Thiéry 88. Plan de , 1814. 89. Revue des hommes et des armes de la cité de Vence, 1408. G1568 90. Tour et rempart de Lucéram. 2Fi4301 91. Vue d’une porte de l’enceinte fortifiée de Vence. 2Fi 1865 92. Rue de l'Évêché à Grasse. 2 Fi 971 94. Vue de la rue Tracastel à Grasse. 2 Fi 986

14 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

13. La vie privée

Connue par les actes notariés, elle diffère beaucoup selon les classes sociales. On consomme du pain, de la viande -surtout du porc que l’on conserve salé- et du poisson. L’ameublement et les ustensiles domestiques sont assez rudimentaires. L’habillement des classes populaires est simple : des braies, une blouse grossière, des chausses de toile, de gros souliers, parfois une chemise pour les hommes ; une chemise, une robe ou une cotte pour les femmes.

Celui des classes aisées est plus sophistiqué. Ainsi, au XIVe siècle, les hommes portent une cotte (longue tunique s’évasant à partir de la taille), un pourpoint (vêtement court), des braies (sortes de pantalons), des chausses (couvrant le corps depuis la ceinture jusqu’aux pieds). Une houppelande complète le tout. Le costume des femmes est long, allongé par une traîne. La cotte est peu à peu remplacée par un corset. Les cheveux sont coiffés avec soin.

95. Inventaire de mobilier à Grasse, 1385. 3E 79/27 96. Liste d’achat de nourriture, vers 1400. 3E 79/43 97. Costumes et coiffes représentés par le peintre Jean Baleison dans la chapelle Sainte-Claire à Venanson, 1481. Cl. M. Graniou 98. Costumes et coiffes représentés par le peintre Lusarnetta dans la chapelle Saint-Érige à Auron, milieu XVe siècle. Cl. M. Graniou

15 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

14. Les voies de communication

Le mouvement de reprise économique qui se manifeste dans toute l'Europe occidentale à partir du XIe siècle touche également la Provence. Cette reprise se traduit par une intensification des pratiques d'échange. Néanmoins, en dépit des efforts des détenteurs du pouvoir pour assurer la sécurité de la circulation, l'état des routes reste défectueux tout au long du Moyen-âge.

Le réseau, plus diffus et plus souple que celui des voies romaines, est aussi moins solide : le plus souvent les "routes" ne sont que de simples pistes qui ne résistent pas aux intempéries.

En Provence orientale, un des grands axes routiers est l'axe Nice-Avignon par Grasse, Draguignan et Aix ; le Var est franchi à gué (ou sur une barque) à Saint- Laurent, moyennant le paiement de droits. Plusieurs axes secondaires existent. Nice est ainsi reliée à Digne via , Séranon et Castellane, à Puget-Théniers et Entrevaux (avec franchissement du Var sous Bonson), à Cuneo soit par la Vésubie soit par la Roya.

Après 1388, l’itinéraire Nice-Cuneo-Turin prend une grande importance et fait l'objet des attentions constantes des ducs de Savoie. Enfin, des sentiers, par les crêtes, relient entre elles les communautés rurales. En dépit de nombreux pirates qui infestent la Méditerranée, le cabotage est employé parallèlement à la voie terrestre et dessert Cannes, Antibes, Nice et Villefranche.

99. Carte des voies de communications et des foires36 de Provence au Moyen-âge 100. Bateaux marchands représentés dans le retable de l’Immaculée Conception à peint par François Bréa. Cl. M. Graniou 101. Lettres patentes d'Amédée VIII, autorisant la construction d'une nouvelle route de à pour faciliter le transport du sel à destination du Piémont, 1433. Ni port de Villefranche mazzo 1 n°1 102. Pont de Sospel, 10Fi 2096 103. Concession à bail par l'évêque de Vence du service de la barque destinée à la traversée du fleuve, 1448. 3E79/72

36 Foire : Rassemblement régulier de marchands, procédant à l’échange et à la vente de marchandises.

16 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

15. Le commerce

Les progrès du commerce régional et international s'affirment tout au long du Moyen-âge même pendant la crise du XIVe siècle. Nice et Grasse, par leur position, jouent un rôle d'intermédiaire entre la Provence et l'Italie. Le commerce niçois et grassois a été particulièrement stimulé au milieu du XIIIe et au début du XIVe siècles, par la présence de la papauté à Avignon : Nice et Grasse sont alors au centre d'un trafic de marchandises qui voit passer dans un sens draps italiens, épices et produits du Levant, dans l'autre sens draps, toiles et fourrures du nord. De nombreux marchands étrangers sont installés à Nice.

Représentation d’une nef marchande dans l’église paroissiale de La Brigue. Cl. M.Graniou

Après 1355, la route d'Avignon devenant moins sûre, puis les papes renonçant à résider dans la capitale du Comtat, la place de Nice et Grasse dans le commerce international décline. Nice, toutefois, retrouve son rôle d'intermédiaire italo-provençal au XVème siècle : à cette époque, la ville tire profit de la neutralité de la Savoie dans le conflit opposant la deuxième Maison d'Anjou et la couronne d'Aragon.

Parallèlement au grand commerce, se multiplient au Moyen-âge, à l'instigation des seigneurs, des lieux de rencontre entre marchands, marchés et foires, centres d'échanges de produits régionaux et parfois lointains.

104. Confirmation du traité d'alliance et de commerce entre la ville de Grasse et la République de Gênes, 1390. Archives municipales de Grasse, HH4 105. Contrat de vente de peaux de cerf par un marchand de Lantosque à un savetier de Barjols. Archives départementales du Var, E807 106. Lettres patentes du roi Louis et de la reine Jeanne accordant aux habitants de Beuil une foire annuelle, 1353. Ni mazzo 16, Beuil n° 13 107. Marchands représentés dans la chapelle de Notre-Dame-des-Fontaines à La Brigue, 1492. Cl.M.Graniou 108. Statuts de la gabelle du sel à Nice, avec le détail du droit de rivage, taxe frappant les étrangers venant commercer à Nice et le droit sur la vente du sel, état du XIVe siècle. Ni mazzo 3 n°14 109. Représentation d’une nef marchande dans l’église paroissiale de La Brigue. Cl.M.Graniou

17 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

16. L’artisanat

Du XIe au XIIIe siècles, l'essor urbain s’accompagne d’une forte croissance des activités artisanales. En Provence orientale, l'industrie du cuir est prépondérante, alimentée en peaux par l'élevage. La ville de Grasse est un centre de production réputé.

La transformation de la laine occupe également une place importante en raison du grand nombre d’ovins. La seule énergie est celle de l’eau qui permet, depuis le Xe siècle, le fonctionnement des moulins à foulon37 pour la confection des draps.

Le travail des artisans est réglementé dans les grandes villes par les statuts communaux. La crise du XIVe siècle, les famines et les épidémies ont des conséquences sur l'artisanat, en raison de la hausse des salaires liée à la raréfaction de la main- d’œuvre et au recul démographique qui restreint la clientèle.

110. Extrait des statuts des tanneurs de Grasse, s.d.. Archives municipales de Grasse, AA1 111. Acte parmi les plus anciens du cartulaire du monastère de Lérins mentionnant la donation d’un paroir ou moulin à foulon pour la confection des draps, situé à Bairols sur le ruisseau « Spagnola », 1046. H10 112. Fileuse représentée dans la chapelle Saint-Sébastien à , 1513. Cl. M. Graniou 113. Moulin hydraulique représentée dans la chapelle Saint-Antoine à Bessans (Savoie), XIVe siècle. Cl. M. Graniou 114. Contrat de dot comportant l'exploitation d'une forge à Grasse, 1437. 3E 79/62 115. Contrat d'apprentissage d'un enfant de dix ans chez un tailleur de pierre de Grasse qui lui fournira instruction, vêtements, chaussures et instruments à la fin du contrat, 1488. 3E79/72 116. Construction d’un monastère représentée dans la chapelle Saint-Antoine à Clans. Cl. M. Graniou

37 Foulon: Machine utilisée pour la fabrication des tissus de laine.

18 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

17. Crises et épidémies

Après une période d'essor démographique au XIIe et au XIIIe siècles, une grave crise s'amorce au début du XIVe siècle en raison des mauvaises récoltes. Les années 1323, 1329, et 1332 sont marquées par une famine générale dans toute la Provence. A cette famine s'ajoute à partir de 1348 l'épidémie de peste noire. Terriblement contagieuse, elle sévissait depuis plusieurs années en Asie centrale et atteignit l'Europe par la voie maritime. Elle se répandit d'abord en Italie, en Provence et de là gagna toute l'Europe en suivant les voies commerciales. Il semble que la Provence ait perdu alors à peu près la moitié de sa population. De plus, la peste reste à l'état endémique. Des résurgences ont lieu pendant toute la fin du XIVe siècle et le XVe siècle.

En dépit de l’existence d’hospices dans les grandes villes, la population se trouve démunie et multiplie les mesures plus ou moins efficaces - interdiction à tout habitant de se rendre dans les lieux contaminés, mais aussi processions et cérémonies publiques qui aggravent les risques de contagion. Aux épidémies s'ajoutent les troubles politiques et les ravages des grandes compagnies, mercenaires qui rançonnent les villes et les campagnes profitant de la faiblesse du pouvoir.

118. Détail d'une peinture murale de Jean Baleison dans la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Cœur à Lucéram représentant le massacre d’enfants par des soldats en armes, 1487. Cl. M. Graniou 119. Soldat représenté dans la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Cœur à Bessans. Cl. M.Graniou 120. Soldats représentés dans la chapelle Saint-Sébastien à Lanslevillard. Cl. M.Graniou 122. L'enlèvement de pestiférés représenté dans la chapelle Sainte-Claire de Venanson, 1481. Cl. M.Graniou 123. Panneau de la danse macabre dans l'église Saint-Jacques le Majeur au Bar-sur-Loup, XVe siècle, Cl. M.Graniou

19 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

18. Repeuplement et renouveau

Après les destructions des guerres et des épidémies, des régions entières sont dépeuplées. Nice, troisième ville de Provence par le nombre de ses habitants, a connu un recul spectaculaire (13 500 habitants en 1340, 5 000 en 1388, 3 500 habitants en 1421). Grasse chute également (6 500 habitants en 1323, 1 300 habitants en 1451).

La conséquence principale a été l'abandon, dès la seconde moitié du XIVe siècle, de nombreux villages surtout le long des côtes et aux environs de Grasse. Le repeuplement, à l'aide d'habitants venus de Ligurie, commence en 1460. Certains seigneurs attirent la population dans les lieux désertés par des actes d'habitations qui garantiront leurs droits. Les principaux sites ainsi repeuplés sont : La Napoule en 1461, Saint-Laurent-du-Var en 1468, Biot en 1470, , Mouans- Sartoux en 1496 et Auribeau en 1497.

Ce mouvement annonce le renouveau démographique, économique, intellectuel et artistique du XVIe siècle.

124. Carte des villages abandonnés et repeuplés à la fin du Moyen-âge 125. Acte de mise en possession du lieu inhabité de Biot au profit d'habitants du Val d'Oneille, 1470. E dépôt 24 AA2 126. Vue de la place des Arcades à Biot, maisons des XVe et XVIe siècles. 2 Fi 3193 127. Plan cadastral du village de , 1814. 25 Fi

20 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

19. Commentaires et traductions des documents

 Document n° 17 (traduction)

« Depuis que, dans le Paradis, à cause de sa faute, il a été dit par le Seigneur à notre premier père : «la terre est maudite dans ton ouvrage», la presque totalité du genre humain, dans l’épreuve de ce voyage, est écrasée par le poids toujours renouvelé et quotidien des péchés et des malheurs. Mais le suprême guérisseur, ne voulant pas que périsse pour toujours ce qu’il avait créé, crie miséricordieusement à tous : «Venez à moi vous tous qui peinez et êtes surchargés et je vous redonnerai des forces.» Moi, Guillaume, désireux d’accomplir cette parole de commandement, abandonnant tout ce qui appartient au siècle pour servir dorénavant Dieu seul et vivre selon la règle de Saint-Benoît, déposant le ceinturon militaire auprès du monastère de Lérins, sous l’abbé Garnier, j’assume, avec la permission de Dieu, l’ordre monastique : mais comme nous avons appris par l’Écriture que l’homme rachète son âme par ses richesses, je donne, en même temps que ma personne, au Seigneur Dieu et à Sainte Marie ou Saint Honorat et au lieu de Lérins sous l’abbé susdit ou aux moines qui y font le service de Dieu, en accord avec mon fils Pierre, tout le quart d’Arluc tant en château ou village qu’en part ou toutes ses dépendances cultivées et incultes, et à Mougins le champ des Greniers. Nous donnons aussi tant moi que mon fils Pierre, de la même manière, au terroir de Loubet, le champ qui fut autrefois celui d’Étienne surnommé Touche-Bœufs et qui contient cinq muids de semence. Nous approuvons aussi et nous confirmons la donation que nous avions faite naguère audit lieu ou à l’abbé Garnier du port de Cannes et d’une terre qui a fait partie du manse38 d’Ansald le Roux. Que celui qui en soustrairait quelque chose soit soumis à toutes les malédictions tant de l’Ancien que du Nouveau Testament et soit le compagnon en enfer de Dathan et Abiron et de Judas, traître au Seigneur. Et afin que cette manifestation de notre volonté demeure solide pour toujours nous la signons de notre propre main et nous la faisons confirmer aux témoins selon la coutume.»

 Document n° 19 (commentaire)

Les moines devront porter un scapulaire (vêtement de travail destiné à protéger les vêtements ordinaires) sans capuchon (« scapulare absque capucino ») et non noué au côté, pour chevaucher, voyager et faire des travaux manuels (« equitando, itinerando aut alius operus manuum exercendo ») ; le reste du temps, ils devront porter un capuchon avec une longue cornette, sans doublure , d’une couleur décente et fendue sur les épaules (« capucinum cum longion corneta… et in duplicatur nichil apponatur et sit honesti coloris et scisam super humeris »). Aucun habitant de Cannes (« de Canoys ») ni de Mougins (« nec de Moginis ») ne pourra être admis parmi les moines. Le nombre des religieux est limité à 18. La collation des offices et des bénéfices se fera suivant les statuts et coutumes de l’abbaye Saint-Victor de Marseille ; il en sera de même pour la punition des délits commis par les moines. Le chapitre général (« capitulum generale ») sera célébré tous les six ans (« de sex in sex annis »).

38 Manse : Au Haut Moyen Age, unité d’exploitation familiale comprenant l’habitation et la terre cultivée par une famille paysanne.

21 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

 Document n° 20 (transcription et traduction)

« Aus tu, Aldebert abbas, que per za ma ni tens, eu Fulco la honor de sant Onorad que an ab mon cosseil acaptara non la tolrai, ni om ni femena ab mon art ni ab mon ingein ; e, si om o femena era qua sant Onorat la tolgues, eo dreiz aitoris ten seria per fed e sas engan a ti, abbas Aldebert, e als mongues que i son ne i seran efra XV dias que tu m’en comonrias per te o per tos messatges, aiso to tenrai e to attendrai a sant Onorad et a ti, abbas Aldebert, e als mongeus que i son ne i saran, si Deus me adjudet, ist tesz evvangelis ».

« Écoute toi, Aldebert abbé, qui par la main me tiens, moi Foulques, le bien de Saint Honorat que tu acquerras avec mon conseil je ne te le prendrai pas, ni homme ni femme avec mon art ni avec ma ruse ; et s’il y avait homme ou femme qui le prenne à Saint Honorat, moi je te serai loyal répondant par foi et sans ruse à toi, abbé Aldebert et aux moines présents et futurs dans les quinze jours que tu me sommeras par toi ou par tes messagers, ainsi je te soutiendrai et je veillerai sur Saint Honorat et sur toi, abbé Aldebert, et sur les moines présents et futurs, avec l’aide de Dieu, témoins les Évangiles. »

 Document n° 26 (traduction)

« Donc au nom de Dieu et de Jésus Christ notre Sauveur, moi Pierre et mon frère Milo, dénommés Lagito, et nos épouses, ainsi que nos fils et nos filles, n’ayant pas oublié un si grand précepte, nous donnons à Dieu tout puissant et à sa mère Marie toujours vierge, parmi les biens que nous avons dans l’évêché de Cimiez dans le comté de la Tinée, au lieu appelé Clans où une église est en construction en l’honneur de la bienheureuse Marie toujours vierge, nous donnons donc à cette église trois parcelles de terre dans ce territoire, dont une de très bon terrain située à l’ouest auprès de l’église et une autre excellente au lieu dit Gardia, ainsi qu’une autre ayant appartenu à un forgeron appelé Pierre aujourd’hui décédé, et deux jardins potagers situés contre le pré d’Arnaldi, avec le pâturage qui est appelé Altare (Lautaret). De plus, nous mettons à la disposition de cette même église deux hommes avec tout ce qui leur est nécessaire, avec des terres, des vignes, des prés, des bois. Nous concédons encore à la dite église, si un marché ou une foire était institué, le produit intégral en toute propriété. Et moi Pierre, et mon épouse Aufresa, nous donnons encore à Dieu et à la bienheureuse Vierge Marie, sur l’héritage qui me vient de mes parents, une propriété qu’exploite Guillaume Staminia, avec toutes ses dépendances. Et non loin de l’église, une parcelle de très bonne terre, et la part de dîme qu’avait le prêtre Tanculphe, avec le quart des dîmes de l’église, et la moitié des dîmes du castrum appelé Poët, et la moitié des dîmes du village appelé Marie. Et moi, Milo surnommé Lagitus, je donne de la même manière à Dieu tout puissant et à la bienheureuse Marie, dans ce même lieu, une maison rustique où habitait Martin le Chauve, avec les terres et les vignes, cultivées ou non, jardins, demeures, et dans un autre lieu appelé Pinoso et à Boals, trois parcelles de très bonne terre, et le quart des dîmes de la propriété que possédait Arnold Nuriau. Tout cela, nous le donnons à Dieu et à la bienheureuse Marie, dans le but de terminer la construction de cette église. De même pour tous les dons futurs qui seraient faits à nous-mêmes ou à nos sujets, nous les concédons et les confirmons. Si nous-mêmes ou nos héritiers ou toute autre personne proche voulait annuler ou remettre en question cette donation, qu’elle ne puisse revendiquer ces biens, que la colère de Dieu demeure sur elle, qu’elle soit maudite et excommuniée et privée du corps et du sang de Jésus Christ ; nous l’excluons de la communauté de la sainte religion chrétienne, nous la rejetons hors des frontières de la sainte Église de Dieu ; qu’elle partage le sort de Judas le traître en enfer, et qu’elle soit enfermée dans les géôles de l’enfer avec Belzébuth le prince des démons, pour sa punition. » (Traduction de Mgr. Ghiraldi).

22 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

 Document n° 36 (commentaire)

Huga, malade, mais saine d’esprit, déclare élire sa sépulture dans le cimetière du monastère de Valbonne et léguer audit monastère 40 sous pour le repos de son âme et la rédemption de ses péchés. Elle fait également des legs en numéraire à la cathédrale de Grasse et à tous les autels de la cité de Grasse, aux Frères mineurs de Grasse, aux Frères prêcheurs de Nice, à l’église Saint- Dominique de Nice, à ses quatre filleuls, aux moniales de Saint-Etienne « de Olivo » (cette abbaye se trouvait sur l’actuel territoire de Villefranche) et de Saint-Pierre-en-Demuyes (« de Limosiis ») ; elle lègue également à l’hôpital d’Antibes et aux Frères mineurs de Grasse des objets mobiliers (matelas, draps, oreillers, couvertures). Sa sœur reçoit, outre 30 livres raymondines, un manteau, divers objets mobiliers, des draps et un grand chaudron. Le reste de ses vêtements de valeur est partagé entre ses nièces (deux manteaux dont un fourré de peaux de lapin, une tunique de Grasse). Elle lègue encore 10 livres pour faire célébrer des messes pour le repos de son âme et annule la dette qu’un homme a envers elle. Enfin, Huga, qui ne semble pas avoir d’enfant, institue son mari son héritier universel. Le testament est passé dans sa chambre, en présence de dix témoins.

 Document n° 38 (traduction)

« Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Soit connu de tous, tant présents que futurs, que moi Ausan, suivant le conseil et la volonté de mes parrains et amis, j’ai donné ma personne et tous mes biens à Dieu et à la bienheureuse Vierge Marie et à toi Arnaud, évêque de Nice, pour le salut de mon âme et la rémission de mes péchés et je promets de vivre à l’avenir sans biens propres et dans l’obéissance et la continence. Voici ce que j’ai offert à Dieu et à toi : premièrement un champ à Olivo dont j’ai la moitié et 5 parts dans l’autre moitié ; de plus j’ai quatre parts dans un autre champ du Mont Gros ; au Mont Chauve, 7 « fossoirée » de vigne ; au champ de Caucade, 7 sétérées de terre ; au champ de l’Hôpital à Crémat, 8 sétérées ; à Peyrabruna, 23 ; au pré du Var au Suelh, 6 sétérées ; au-delà du Paillon, deux sétérées ; à Saint-Etienne la moitié de ma maison ; à la Costa vers la source de Saint Lambert une moitié de grange ; au-delà du Mont-Chauve à Brancolar un plantain ; un coffre ; un tonneau ; un banc avec une table ; un lit avec le matelas et l’oreiller ; un muid de froment ; deux setiers d’orge ; deux et trois essarts de figues et une hache ; un porc valant 12 sous ; une charrue ; un chaudron et une crémaillère. »

 Document n° 41 (commentaire)

Les reliques sont les suivantes : des pierres de la Tentation du Christ, des morceaux de la Sainte-Croix, des pierres du Saint-Sépulcre, des cheveux et un morceau de la chemise de la Vierge, des morceaux de la croix de saint Pierre et de la croix de saint André, des os des saints Blaise, Christophe, Mathieu, Elise, Eustache, Arnulf, Léonard, Georges, Maurice, Laurent, Barnabé, Fabien, Sébastien, Nazaire, Luc et des saintes Agathe, Marthe, Agnès, Cécile, Lucie, Marguerite, Marie-Madeleine, Christine, une pierre de la lapidation de saint Etienne, des vêtements de sainte Anne, du lait des Vierges glorieuses.

 Document n° 48 (commentaire)

Le peintre devra avoir achevé son travail d'ici Noël. Le retable est destiné à être placé sur l'autel de saint Pierre nouvellement refait. Au centre, le peintre devra placer l'image de saint Pierre ; au-dessus, l'image de la sainte Trinité avec un manteau de couleur bleu d'Allemagne et un orfroi doré ; sur le côté droit du retable et dans le registre supérieur, l'image de saint Blaise évêque, avec une cape de couleur rouge représentée à la façon d'une étoffe damassée et un orfroi doré ; sur le côté

23 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge » droit et dans le registre supérieur, l'image de saint Raphaël archange ; sur le côté gauche et dans le registre inférieur l'image de saint Cassien abbé en habits pontificaux avec une cape bleue et un orfroi doré ; sur le côté gauche et dans le registre supérieur, saint Claude évêque en habits pontificaux ; sur la prédelle du dit retable autant d'épisodes de la vie et de la mort de saint Pierre martyr qu'il pourra en mettre, à sa discrétion. L'ensemble de la "maçonnerie" tant de la prédelle que du retable devra être fait de couleurs semblables à celle de la prédelle de l'hôtel de la Vierge de la cathédrale de Grasse. Tous les fonds de la prédelle ou du retable devront être dorés ou d'or fin. Guillaume Sauvan recevra pour son travail 60 florins dont 10 lui seront payés le dimanche suivant et le reste au gré des contractants, mais en tout cas au plus tard lorsque le travail sera achevé. On notera la précision des directives données au peintre et le peu d'initiative qui lui est laissé.

 Document n° 53 (traduction)

« Au nom du Seigneur, moi, Guigues de Roumoules je désire partir au service de Notre Seigneur Jésus Christ vers le Saint Sépulcre et de mon bien qui m’est advenu par mes parents je fais abandon à saint Pierre apôtre et à saint Honorat au monastère de Lérins ; et ce bien est, sur le terroir ou le village de Roumoules, le manse de Pierre Clément avec son terrain et avec le service dû pour l’utilité du seigneur et, dans un autre lieu, Asularac une modiée de terre ; ledit manse et ladite terre je les donne au seigneur Dieu et à saint Pierre apôtre et à saint Honorat sans aucune réserve, pour mes péchés et pour le rachat de mon âme et pour l’âme de mon père et de ma mère et pour mes frères et sœurs…. Le saint jour de la Pentecôte, fait cette charte la veille des calendes de juin, la 4e lune, l’an de l’Incarnation 1096. »

 Document n° 56 (résumé des obligations des habitants de Toudon envers le seigneur)

Tutelle sur les personnes

-Résider dans le territoire de Toudon et prêter hommage et fidélité -Fournir meules et pièces de bois pour les réparations du moulin -Donner un jour de travail dans les moulins et foulons du seigneur -Fournir pierre, mortier et main d’œuvre pour le four si l’on veut y sécher son grain -Transférer sa résidence dans un délai d’un an et un jour pour un héritier qui n’habite pas à Toudon -Payer un setier de bon froment au titre de la garde du château -Garder le château fort du seigneur en cas de menace ou de guerre

Tutelle sur les biens

-Maintenir les biens sous la juridiction et dans le domaine du seigneur -Ne pas transférer de biens à des clercs -Ne pas réunir de biens conduisant à un affranchissement de charges sans autorisation du seigneur -Ne pas aliéner de biens à des personnes ne résidant pas à Toudon sans autorisation -Autoriser le seigneur à construire moulins et foulons dans n’importe quelle propriété en procédant par échange, de couper le bois nécessaire -Autoriser le seigneur à conduire l’eau à ses moulins, foulons et prés en passant par n’importe quelle propriété -Ne pas céder droits et biens par bail emphytéotique -Ne pas dégrader ses biens -Ne pas modifier la destination de bâtiments à usage d’habitation

24 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

-En cas d’aliénation de bien, payer le trézain39 et possibilité de préemption pour le seigneur pendant un an et un jour

Tutelle politique

-Se réunir en assemblée convoquée par le seigneur pour désigner quatre hommes parmi lesquels le seigneur choisit deux banniers et fait de même pour les arbitres et campiers40 qui doivent prêter serment -Soumettre les litiges au juge du seigneur -Faire appel exclusivement devant le seigneur qui désigne le juge chargé de l’appel -Possibilité pour le seigneur d’infliger des amendes de 10 sous aux hommes désobéissants sans recours au juge

Tutelle économique

-Fouler des céréales avec les juments du seigneur -Moudre les grains dans le moulin du seigneur en payant le droit de mouture -Cuire le pain dans le four du seigneur avec droit de fournage -Apprêter les draps dans les foulons du seigneur en réglant le droit de paroir -Ne pas vendre du vin pendant le mois durant lequel le seigneur détient la gabelle du vin de ses vignobles -Remettre en cas de prise de gibier, au seigneur la tête (sanglier, ours…) ou un cuissot (cerf, chevreuil…) -En cas de découverte de bête sauvage ou d’essaim d’abeille, remettre la moitié au seigneur -Ne pas introduire des troupeaux étrangers dans le territoire sans autorisation du seigneur -Élever quatre chèvres pour l’usage du seigneur de la Saint- Jean-Baptiste à la Toussaint

 Document n° 61 (traduction)

« Il prête hommage et fait serment de fidélité les mains jointes et agenouillé en signe de paix lui promettant et lui jurant à partir de cette heure et dorénavant fidélité et obéissance » Document n° 63 (commentaire) Barnabé Grimaldi assiège le castrum de Roure avec l’aide d’habitants en armes de la seigneurie de Beuil. Ils s’emparent de Bertrand, le retiennent prisonnier et l’exécutent en le torturant avec une extraordinaire sauvagerie (per plures dies captivum tenuit in dicto castro ac etiam arrestatum sibique manum amputari et oculos extrahi mandavit et fecit, ex quibus mutilacionibus et oculorum extractione Bertrandus idem per dies aliquos supervivens postmodum expiravit).

39 Trézain : Droit de mutation perçu par le seigneur à l’occasion de la vente d’un bien.

40 Campier : Officier municipal chargé de surveiller l’observation des règlements champêtres.

25 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

 Document n° 66 (traduction)

« Au nom de Notre Seigneur Jésus Christ roi suprême et éternel, qu’il soit connu de tous présents et futurs que moi Arnaud, évêque de l’Église de Nice, et mes chanoines fils de cette même Église, avions un conflit très important avec Laugier de Gréolières, mais grâce à la médiation de Pierre évêque d’Antibes et de Lambert évêque de Vence, nous avons établi la paix et la concorde. Nous demandions en effet à Laugier que nous soient restitués tous les biens que son père Jauceran Laugier avait cédés à notre prédécesseur d’heureuse mémoire, l’évêque Pierre et à ses chanoines : une partie par vente au prix de cinq cents sous et une partie en gage. Laugier les a remis en nos mains totalement et intégralement et en les abandonnant il nous en a investi ainsi que notre Église. Cette restitution a été faite pour notre service, en esprit de fidélité, et pour celui de nos successeurs qui gouverneront cette Église et cela jusqu’à la fin des temps. Il a été décidé d’autre part que tous les biens qu’il a et qu’il pourra avoir tant dans la cité que dans toute la région, nous les réinvestissons à lui-même et à ses héritiers légaux par ce même acte. Nous nous lions par cette convention de telle sorte que tous les biens ci-devant mentionnés, jamais, ni totalement ni partiellement, on ne pourra les vendre à quiconque ou en donner en gage ou en aliéner sous quelque prétexte que ce soit si ce n’est à l’évêque ou à l’Église. Ce qui jusqu’à présent a été mis en gage, nous et notre Église avons la libre faculté d’en disposer et de le posséder jusqu’à ce que lui-même puisse le racheter au même prix. […]. De plus, le serment et l’hommage dus en vertu du présent acte et de son contenu, Laugier les a prêtés pour lui et pour ses héritiers à nous et à nos successeurs, de la façon suivante : il a juré devant nous, devant nos chanoines et en l’honneur de l’Église. Quant au château de Drap et à tout autre bien que l’Église possède présentement dans ce castrum, ou qu’elle pourra acquérir dans l’avenir, Laugier ne doit pas s’en emparer ni permettre qu’on s’en empare ; et s’il savait que quelqu’un veuille se les approprier, après nous avoir prévenu soit nous- mêmes soit notre mandataire, il nous aidera à récupérer ce qui aurait pu être usurpé ».

 Document n° 82 (résumé des droits des habitants du Broc)

-Donner des biens immobiliers -Échanger des biens -Résider hors du territoire -Diviser des biens hérités -Choisir un ou des héritiers -Construire et utiliser le four, pressoir, moulin -Introduire des troupeaux étrangers sur le territoire du Broc -Fouler des céréales -Élire campiers et banniers -Fixer taxes, amendes, bans, défens41

 Document n° 83 (commentaire)

L'acte énumère les chapitres présentés au comte de Savoie et acceptés par lui : - Le comte de Savoie promet de gouverner et de protéger Nice et sa viguerie à ses propres frais, particulièrement contre la comtesse d'Anjou et les seigneurs de Tende et la Brigue. - A la demande des syndics, le comte s'engage à reprendre les autres villes et terres de Provence et de Forcalquier, sous la bannière de l'empereur et la sienne. - Si dans les trois ans, le roi Ladislas peut rembourser au comte les dépenses faites pour l'occupation et la garde de ces terres, ce dernier les lui restituera.

41Défens : Bois ou forêt dont on interdit l’accès au bétail.

26 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

- Le comte ne pourra vendre la viguerie et la ville à personne d'autres qu'à Ladislas. - La ville jure obéissance au nouveau comte comme à l'ancien, elle lui laissera ses rentes, mais ne sera pas tenue de prêter hommage. - Le comte favorisera Ladislas et ses alliés dans sa guerre contre l'Anjou. - Si le comte, malgré le remboursement, refuse de rendre la ville à Ladislas, les habitants de Nice pourront, sans être coupables de rébellion, retourner sous l'autorité de Ladislas. - Le comte, dans les causes tant civiles que criminelles, ne pourra transporter les accusés devant une autre juridiction, sauf en cas d'atteinte aux droits comtaux. - La ville conservera les gabelles et les nouveaux impôts établis pour la nécessité de la guerre ; les impôts dus à la cour seront payés au comte. - Si tout le Comté de Provence et de Forcalquier est acquis au comte, Nice sera la résidence du sénéchal et des officiers ; ce privilège ne dépendra que du bon plaisir du comte. - Le comte accordera des lettres de marques et de représailles contre toute personne refusant de rendre justice à un habitant de Nice. - Le comte conservera la gabelle du sel : le sel sera vendu au prix habituel de 2 sous 1/2 par setier. En temps de guerre, le prix sera fixé conjointement par le comte et les syndics de Nice. - Tant que le duc d'Anjou visera la conquête du Comté de Provence et de Forcalquier, le comte ne pourra accorder de paix qu'avec l'accord des Niçois. - Durant les hostilités le comte ne pourra empêcher les Niçois de soutenir Ladislas sauf si cela se fait à son préjudice et à celui de la ville. - Le comte ne pourra entraîner les Niçois dans une guerre contre Ladislas sauf si celui-ci l'attaque. - Le comte négociera auprès du pape choisi par les Niçois la levée de l'excommunication ayant pour objet l'usurpation et la destruction de biens de l'Église. - Les seigneurs de Tende et de la Brigue devront être chassés pour assurer la liberté de communication entre Nice et le Piémont. - L'exonération de franchise et de droit de rivage pour les étrangers ravitaillant Nice n'est accordée que selon le bon plaisir du comte. - Nice sera la 1ère cour de justice du Comté de Provence et de Forcalquier reconquis. - Les biens confisqués aux adversaires de la maison d'Anjou seront restitués. - Les Niçois rebelles ne pourront retourner à Nice ni recouvrer leurs biens, exceptées leurs créances. Le comte négociera auprès du pape choisi par les Niçois l'affranchissement des maisons de la ville qui relèvent de l'abbaye de Saint-Pons, celle-ci étant dédommagée avec des biens confisqués aux rebelles.

 Document n° 89 (traduction)

« Par la voix du crieur public, Antoine Falcon et Mathieu, baillis, ont rassemblé les hommes de Vence pour les passer en revue et examiner leur équipement :

- Georges Julien, avec un épieu (« cepa »), une lance, une épée et une cervelière - Jacques Julien, avec une arbalète, un croc, un carquois (« carcassio »), une cervelière ; et il a chez lui un bouclier et un glaive de taille moyenne - Georges Marte, avec une épée, une cervelière, un camail, une lance, des bracelets, une masse en fer, et, chez lui, un grand couteau - Georges Broc, avec une lance et un long couteau - Monet Relhane, avec une arbalète, un long couteau, une cervelière et chez lui deux lances et un glaive moyen - Georges Dagant, avec un écu une lance, un long couteau, une cervelière et un bouclier - Monet Vital, avec une arbalète, une cervelière, une épée, et, chez lui une cuirasse, d’autres cervelières et une lance

27 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

- Antoine Suche, avec une arbalète complète, un long couteau, une cervelière, et, chez lui un jaque (dejacke javelot), une épée plate et une cervelière - Jean Garberias, avec une arbalète, et, chez lui, une cuirasse, un long couteau et une lance ».

 Documents nos 95 et 96 (commentaire)

Le mobilier et les menus objets de la vie quotidienne couramment utilisés sont détaillés dans les inventaires après décès, rédigés en latin mais imprégnés de provençal. Le mobilier est le plus souvent assez réduit. Il comprend bien sûr le lit ("lectum completum") qui comporte des bois de lit ("licteria"), un matelas ("matelascium, culcitam"), des draps ("linteamenta"), des couvertures ("copertoria"), des coussins ou oreillers ("pulvinari"). S'y ajoutent des tables en général à tréteaux ("bredoles"), des bancs, des "archibancs" avec des baldaquins ("archibancum cum velis"), des chaises à dossiers ("cathedram"), des armoires ("armaria"), des dressoirs ("dreysadores"), des coffres ("capsia") qui servaient à de multiples usages. Ces coffres pouvaient renfermer du linge, des vêtements, parfois la comptabilité ou les archives familiales (ainsi dans l'inventaire de 1385, un coffre avec des créances et d'autres écritures publiques). Les inventaires ne mentionnent en principe que les ustensiles domestiques qui ont une certaine valeur. En général, les ustensiles en terre , peu coûteux, comme les écuelles en terre couramment utilisées, n’y figurent pas. Par contre, les objets en métal (fer, étain, parfois de l'airain ou du cuivre) utilisés dans la cuisine ("quoquina") sont énumérés avec soin : : tranchoirs ("sesoria"), vases ("salsayveros"), écuelles ("platellum") en étain, un mortier avec un pétrin ("unum morterium cum uno pisono"), des candélabres de fer ("candélabra ferre"), une lampe à huile ("calhen") et aussi des barils cassés ("barilos fractos"), un broc ("brocum"), un tamis, une huche à pétrir le pain ("mastra") etc. Dans les pièces voisines apparaissent quelques objets en verre : salières en verre, vase à boire ("pitalfam") en verre. Le document de 1400 mentionne des achats de denrées alimentaires sans doute livrées à des religieux. On y trouve de la viande, du poisson, des poules, des oeufs, du pain, du vin, de l’huile.

 Document n° 104 (commentaire)

Le premier traité d'alliance et de commerce entre la république de Gênes et la ville de Grasse date de 1171, époque de la toute puissance du consulat de Grasse ; le traité, conclu pour une durée de 29 ans, a été confirmé et renouvelé à plusieurs reprises. Grasse s'engage envers Gênes à protéger et garder son territoire et ses biens et à faire droit aux légitimes revendications des Génois à l'encontre des gens de Grasse et réciproquement. Les Grassois s'engagent par ailleurs à traiter Pise en ennemie tant que la paix ne sera pas faite entre Pisans et Génois. Les bons rapports politiques et commerciaux se poursuivront longtemps avec Gênes ; comme effet pratique de cette amitié, les produits grassois, tels que chèvres, moutons, agneaux, laine et tapis, entreront en franchise à Gênes ; en retour les peaux de bouc seront envoyées librement à Grasse où elles seront tannées.

 Document n° 110 (commentaire)

Ces statuts se trouvent dans le cartulaire de Grasse. Ils prévoient que pour le tannage de 20 cuirs de Sicile et de Sardaigne 8 setiers de chaux et 4 de cendres sont nécessaires ; que pour les cuirs "marins et d'Espagne" 7 setiers de chaux et 4 de cendres sont nécessaires, ils précisent la durée pendant laquelle il fallait laisser le cuir macérer ("calcayrare") soit 3 semaines entre la Saint-Michel et la fête de la Vierge (du 29 septembre au 25 mars) et 2 semaines le reste du temps ; ils décrètent que les cuirs avant d'être posés sur l'herbe ("antequam ponantur in erba deleant") doivent rester une nuit sur un bon "paysson" ou instrument de fer utilisé pour tendre les peaux. Le travail du cuir était de tradition à Grasse. Les tanneurs et cordonniers tenaient boutiques et ateliers autour de la place aux Aires.

28 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

 Document n° 125 (commentaire)

Biot, donné aux Templiers en 1209, fut le siège d'une commanderie de Templiers, puis d'Hospitaliers, avant d'être entièrement détruit et évacué par la population (réfugiée à la Garde) en 1387. Cette destruction, mentionnée dans un procès-verbal de visite de la commanderie de Nice par les Hospitaliers est clairement attribuée par eux aux guerres civiles. Biot devint alors un repaire de pirates. Il fut repeuplé comme les villages voisins par des habitants venus de la Ligurie, attirés par les importants avantages qui leur étaient consentis. Le document commence par la copie de l'acte d'habitation concédé par le roi René aux délégués des familles d'Oneille qui voulaient repeupler Biot. L'acte d'habitation, donné au palais royal à Aix, date du 10 mars 1470. Le roi considérant que Biot est dépeuplé depuis longtemps, n'abrite plus que des brigands qui commettent des crimes et de nombreux méfaits, situation qui pourrait cesser si le "castrum" était réhabité comme vient de l'être celui de la Napoule, accède à la requête des délégués du val d'Oneille. Il demande aux coseigneurs de Biot de céder les biens vacants de ce lieu, en emphytéose perpétuelle, sous réserve d'un cens annuel, aux habitants du val d'Oneille qui veulent s'y établir. Il permet aux nouveaux habitants et à leurs successeurs de reconstruire le village, d'édifier des fours et des moulins, de tenir les terres libres en pleine propriété, de pêcher en mer dans la zone littorale de Biot, librement et impunément, de faire la chasse aux bêtes sauvages, de se réunir avec l'assentiment et en présence du baile, d'élire annuellement des syndics et des conseillers, de nommer des employés communaux, de lever des impôts entre eux, d'affecter le revenu de ces impôts à telles fins qu'ils jugeront utiles, etc. Il les dispense, pendant 25 ans, de toutes charges fiscales tant personnelles que réelles, telles que tailles, subsides et corvées. Sans tenir compte des droits de coseigneurs du lieu, la commanderie des Hospitaliers de Nice et l'évêque de Grasse, le roi demande aux futurs habitants de Biot de lui prêter l'hommage à lui-même ou à son grand sénéchal et il oblige les coseigneurs à choisir leur baile parmi deux candidats présentés par les habitants. A la suite de la copie de l'acte d'habitation, se trouve l'acte de mise en possession du "castrum" et de son territoire. Cette cérémonie symbolique où le roi est représenté par le viguier de Grasse, a lieu à Biot même en présence de sept témoins, deux de Saint-Paul, quatre de Villeneuve et un d'Antibes spécialement convoqués à cet effet. Le viguier promet aux délégués des futurs habitants de les défendre envers et contre tous. Ces derniers accomplissent quelques gestes symboliques : ils entassent des pierres, arrachent des herbes et coupent des branches. Environ 50 familles du val d'Oneille vinrent s'installer à Biot.

29 Catalogue de l’exposition itinérante des Archives Départementales des Alpes-Maritimes « La Provence orientale au Moyen-âge »

20. Chronologie

410 Fondation du monastère de Lérins

476 Fin de la Provence romaine

536 Conquête de la Provence par les Francs

813 Pillage de Nice par les Sarrasins

879 Boson roi de Provence

974 Expulsion des Sarrasins par Guillaume le Libérateur

1112 Raymond Bérenger de Catalogne, premier comte de Provence

1144 Consulat à Nice

1246 Charles d’Anjou comte de Provence

1258 Annexion de la Roya à la Provence

1295 Fondation de Villefranche

1348 Épidémie de Peste noire

1388 Scission de la Provence orientale et hommage de Nice au comte de Savoie

1482 Réunion de la Provence à la France

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21. Glossaire

Abbaye : Monastère important dirigé par un abbé ou une abbesse. Assolement : Division des terres d’une communauté villageoise en plusieurs cultures. Baile : Agent de l’administration chargé de la gestion des domaines du comte. Il perçoit les revenus et joue un rôle de gouverneur. Baillage : Circonscription administrative créée à la fin du XIIème siècle (sous la responsabilité d’un bailli). Baillie (et viguerie) : Circonscription de moindre importance ; notions qui se confondent souvent en Provence orientale. Ban : Pouvoir de contraindre, de punir et de commander, confisqué par les seigneurs. Banalités : Redevances exigées par le seigneur pour l’utilisation des bâtiments ou des instruments ne relevant que de lui (fours, moulins, pressoirs,…). Blason : Emblème en couleurs, généralement peint sur un écu, propre à une famille, à une communauté (ville, groupe social) ou à un individu. Bréviaire : Livre contenant une sélection de psaumes, leçons, homélies, hymnes, apparu au début du XIIIe siècle. Bulle : Décret émanent du pape. Tout chrétien doit s’y soumettre. Campier : Officier municipal chargé de surveiller l’observation des règlements champêtres. Cartulaire : Registre manuscrit dans lequel les grands propriétaires fonciers (abbayes, évêchés, seigneuries, villes, …) faisaient recopier les chartes reconnaissant leurs titres et privilèges Cens : Redevance annuelle due par le paysan au seigneur en échange de la terre qu’il cultive. Champart : Redevance proportionnelle à la récolte due par le paysan au seigneur. Charte de franchises : Libertés accordées aux villageois par le seigneur concernant la gestion de leur communauté. Clergé régulier : Il est formé des moines qui vivent coupés du monde en appliquant une règle monastique (vœux de chasteté, pauvreté personnelle et obéissance). Clergé séculier : Il est formé des prêtres et des évêques qui vivent au milieu des laïcs, dans le siècle. Corvées : Travail gratuit et obligatoire des paysans au bénéfice du seigneur. Crosse : Bâton pastoral d’évêque, d’abbé ou d’abbesse, dont la partie supérieure se recourbe en volute. Défens : Bois ou forêt dont on interdit l’accès au bétail. Diocèse (ou évêché) : Il regroupe plusieurs paroisses ; c’est l’évêque qui le dirige. Donation : Terre, bien, argent donné à l’Église pour le salut de son âme. Féodalité : (de fief) Système politique où l’essentiel du pouvoir appartient aux seigneurs entourés des vassaux. Fief : Bien, en général un domaine, signifiant le lien entre un individu et un autre (feudum en latin d’où l’adjectif féodal). Foire : Rassemblement régulier de marchands, procédant à l’échange et à la vente de marchandises. Foulon : Machine utilisée pour la fabrication des tissus de laine. Fresque : Peinture avec des couleurs détrempées dans l’eau de chaux sur un mur couvert d’enduit frais. Gabelle : Impôt indirect sur le sel. Gothique Au XIIIème siècle, la nouvelle technique de construction des édifices religieux utilise l’arc en ogive (forme ovale) et la croisée d’ogives formée par la croisée d’arc reposant sur des piliers. Les arcs-boutants repoussant les forces sur les contreforts extérieurs permettent une élévation de la construction.

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Hommage : Cérémonie au cours de laquelle le vassal prête serment au suzerain et reçoit la concession du fief. Indulgence : Remise d’une peine ou d’une pénitence due pour un pêché, en donnant une contre partie financière. Jachère : Terre en repos, non cultivée pour qu’elle reconstitue ses éléments fertilisants. Laïcs : Tous ceux qui ne font pas partie du clergé. Lods : Droit de mutation à l’occasion d’une vente de terre roturière, tenue à cens.

Manse : Au Haut Moyen Age, unité d’exploitation familiale comprenant l’habitation et la terre cultivée par une famille paysanne. Missel : Livre qui contient les textes et les rubriques des messes. Mitre : Coiffe de l’évêque ou de l’abbé dans les cérémonies religieuses. Ordres mendiants : Leurs membres vivent dans les villes de la charité des fidèles pour propager la doctrine du Christ (prédication). Les principaux ordres sont les Franciscains et les Dominicains. Parchemin : Support d’écriture obtenu à partir de la peau traitée d’un animal (généralement mouton). Paroisse : Dans la hiérarchie catholique, territoire administré par le curé, équivalant à un village ; une ville en comporte donc plusieurs. C’est l’échelon de base. Prieuré : Monastère dépendant d’une abbaye mère. Province ecclésiastique Réunion de plusieurs diocèses sous l’autorité de l’archevêque. ou (archevêché) : Reliques : Partie du corps ou objet ayant appartenu à un saint ou au Christ. Retable : Panneau décoratif en bois placé dans la partie arrière de l’autel. Roman : En Europe occidentale, style architectural (début XIème s.-fin XIIème s.), caractérisé par la voûte en plein cintre améliorée par la technique de la voûte en berceau et la voûte en arrêtes. Les contreforts et les murs épais servent à maintenir l’édifice. Sceau : Empreinte sur une matière malléable (généralement de la cire) servant à authentifier un document (utilisé surtout entre le XIIe et le XVe siècle). Soles : Chaque sole est occupée un an par une culture ; la dernière année, elle est laissée en jachère. Suzerain : Celui qui concède le fief. Tenures : Portion de seigneurie rurale occupée et cultivée par un paysan et sa famille contre paiement du cens. Tournoi : Exercice militaire où s’affrontent les chevaliers ; il devient après le XIIIème s, un divertissement et un spectacle. Trézain : Droit de mutation perçu par le seigneur à l’occasion de la vente d’un bien. Vassal : Celui qui reçoit le fief. Viguerie : Circonscription administrative dépendant du viguier. Viguier : Lieutenant du comte auprès de la communauté formant un consulat.

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