Miviludes 2012 Execouv.Indd
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MIVILUDES 13, rue Vaneau Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires 75007 Paris www.derives-sectes.gouv.fr Après avoir examiné, les années précédentes, la situation des mineurs au regard du risque de dérives sectaires, puis les dangers de nature sectaire qui peuvent sur- gir de certaines pratiques de santé, la Miviludes évalue, dans ce rapport, le risque chez une catégorie de personnes particulièrement vulnérable, nos anciens. Ma- 2011 - 2012 lades, isolés, installés en établissements d’accueil pour personnes âgées ou restant à leur domicile, ils constituent une cible de choix pour les mouvements à caractère sectaire. Aussi la Miviludes formule-t-elle un certain nombre de propositions visant à améliorer leur protection en ce domaine. De même, les victimes de mouvements sectaires qui cherchent à se ré-insérer 2011-2012 dans la société ont besoin souvent d’appuis spécifiques. Aussi a-t-elle réuni, dans cette perspective, un groupe de travail constitué d’associations et de représentants d’institutions variées en vue de proposer des mesures, tant sur le plan sanitaire que social, visant à réduire les difficultés que rencontrent les ex-adeptes. E RAPPORT R L’ entrisme des mouvements à caractère sectaire dans la vie professionnelle continue de mobiliser l’attention de la Miviludes. À ce titre, la Mission exerce une veille attentive sur les risques dans le domaine de la formation professionnelle, en AU PrEMIER MINISTRE particulier celui du développement personnel. Elle ne manque pas de rappeler ici MINIST R où se situe exactement le risque. L’ année 2011 a été marquée par la célébration du dixième anniversaire de la loi EMIE About-Picard, dont on trouvera l’écho dans ce rapport sous la forme des actes du Pr colloque qui s’est tenu à l’Assemblée nationale. Enfin, comme chaque année, le lecteur y trouvera un bilan de l’activité de la T AU AU T Miviludes pour les années 2011 et 2012, les contributions des ministères à la lutte R contre les dérives sectaires et une présentation des objectifs de la Mission pour l’année suivante, notamment en matière de coordination des services déconcentrés RAPPO de l’État. © Thinkstock Prix : 15 € ISBN : 978-2-11-009120-8 DF : 5HC31330 Imprimé en France Diffusion Illustration de couverture : Direction de l’information légale et administrative La documentation Française Tél. : 01 40 15 70 10 dF La -:HSMBLA=U^VWU]: www.ladocumentationfrancaise.fr documentation Française Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives MIVILUDES sectaires Rapport au Premier ministre 2011-2012 ISBN 978-2-11-0091208 Sommaire Le mot du Président ................................................................................5 1RE PARTIE Le risque sectaire ......................................................................................7 Les personnes vulnérables : des victimes particulièrement exposées aux dérives sectaires .................................................................9 L’entrisme des mouvements sectaires en entreprise et dans la vie professionnelle ................................................................29 2E PARTIE La lutte contre les dérives sectaires ............................................37 Le bilan de la loi du 12 juin 2001 : actes du colloque à l’Assemblée nationale .........................................................................39 La prise en charge des victimes sortant de mouvements sectaires .....89 3E PARTIE Contributions des ministères ........................................................101 4E PARTIE Rapport d’activité de la Miviludes ............................................155 Rapport annuel 2011-2012 ▼ 3 Le mot du Président Ce rapport rend compte de l’activité de la Miviludes déployée durant la période 2011-2012 par une équipe dynamique. Nommé à la présidence de la Miviludes au mois d’août 2012, j’ai trouvé une équipe très motivée et j’ai pu constater la qualité du travail accompli par le président Georges Fenech qui a retrouvé l’Assemblée nationale en juin. Comme nous le signalons depuis plusieurs années, le phénomène sectaire poursuit sa mutation. Dans les années 1980/1990 de grands mouvements avaient sévi dans notre pays ; leur impact et leur dangerosité avaient entraîné la forte réaction des parlementaires et la création d’associations de victimes, dont le rôle doit être salué, avant que le gouvernement ne crée la Mils puis la Miviludes. On observe aujourd’hui une atomisation du phénomène sectaire et un éparpillement de petits groupes centrés autour d’un individu qui impose sa loi aux « adeptes ». On appâte une personne, le plus souvent à un moment critique de sa vie (rupture familiale, deuil, maladie grave, perte d’emploi…), on l’amène peu à peu par d’insidieuses manœuvres psychologiques, accompagnées parfois de pressions physiques, à perdre son autonomie et son libre-arbitre. L’emprise mentale est dès lors constituée avec son cortège de délits voire de crimes. Que l’on songe aux trois graves affaires jugées en première instance à la fi n de l’année 2012 : celle des « Reclus de Monfl anquin », celle d’Epinal où un gourou accusé de viol sur une adepte mineure a écopé de dix-sept ans de réclusion, ou encore celle de Lisieux où une femme était jugée (à huis clos) pour abus frauduleux de la faiblesse d’un tiers recouvrant des actes d’une extrême gravité. Ces trois procès démontrent que le travail d’information, d’alerte et de formation, accompli par l’équipe de la Miviludes auprès des magistrats, des travailleurs sociaux, des enseignants et des personnels de la gendarmerie et de la police nationale, commence à porter ses fruits. L’abus de faiblesse par mani- pulation mentale (article 223-15-2 du Code pénal) souvent diffi cile à mettre en évidence devient plus familier pour les enquêteurs et les juges. Cette meilleure visibilité se traduit aussi par l’augmentation impor- tante (+ 20 % en un an) des signalements à la Mission dont 80 % lui arrivent par Internet. Rapport annuel 2011-2012 ▼ 5 Internet qui ouvre de belles fenêtres sur le monde mais peut aussi char- rier le pire : théories complotistes, pseudo-conseils psychologiques ou théra- peutiques derrière lesquels se cachent dangereux gourous et vrais prédateurs. C’est pourquoi en 2013, notre réfl exion portera sur la question des « dérives sectaires et Internet » et nous nous attacherons au développement de notre action internationale en particulier avec la Fécris qui a assuré une belle réunion de tous nos amis européens à Salses le Château afi n de dénoncer la menace des sectes apocalyptiques, qui ont tenté sans grand succès de profi ter de la rumeur d’une « fi n du monde le 21/12/2012 ». De même, nous nous réjouissons du vaste travail accompli par la Commission d’enquête parlementaire du Sénat consacrée aux dérives sectaires dans le domaine de la santé et dont nous attendons les conclusions au printemps. Forte de l’appui de la représentation nationale et du gouvernement, la Miviludes continuera dans le respect des lois de la République à lutter contre ces groupes et ces individus qui profi tent du désarroi des personnes les plus vulnérables. SERGE BLISKO Président 6 MIVILUDES ▼ RE 1 PARTIE Le risque sectaire Rapport annuel 2011-2012 ▼ 7 Les personnes vulnérables : des victimes particulièrement exposées aux dérives sectaires Il n’existe aucune étude spécifi que sur l’action des mouvements sec- taires auprès des personnes âgées. Aucun chiffre n’est donc disponible. De même, les condamnations pour abus de faiblesse ne permettent pas, selon les statistiques délivrées par le ministère de la Justice, d’identifi er les situations dans lesquelles les personnes âgées ont été les victimes principales. Les diffi cultés qui ont pour effet un manque de connaissances sur l’action des mouvements sectaires auprès des personnes âgées résultent des facteurs suivants : – diffi cultés de pénétrer dans la sphère privée pour s’assurer de l’ab- sence de sollicitations de nature sectaire ; en l’absence d’un proche vigilant, les abus dont peuvent être victimes les personnes âgées isolées risquent de passer totalement inaperçus ; – réticence des victimes à déposer plainte ou à signaler les faits par honte de s’être fait « berner » ; – la détection des dérives sectaires dont sont victimes les mineurs, mal- gré un consensus social fort et un arsenal législatif et réglementaire complet pour assurer une protection des personnes considérées comme les plus vulné- rables de la population, est déjà délicate ; elle l’est plus encore pour les per- sonnes âgées, qui ne bénéfi cient pas de la même attention des pouvoirs publics. Les personnes âgées, fragilisées par l’âge, l’isolement, le deuil, la mala- die, la perte des repères, l’altération des capacités physiques et intellectuelles, sont des victimes idéales des mouvements sectaires, pas autant comme cibles à recruter que comme sources potentielles de revenus et de capitaux. Interrogé par la Miviludes, Bernard Ennuyer, docteur en sociologie, enseignant-chercheur à l’université Paris-Descartes, ancien directeur d’un ser- vice d’aide et de soins à domicile, évoque dans les termes suivants les caracté- ristiques des personnes âgées qui sont les plus exposées aux risques de dérives sectaires : « Il y a une fraction des populations vieillissantes qui est beaucoup plus à risques que d’autres au regard des risques de dérives thérapeutiques et de dérives sectaires. C’est de toute évidence la fraction de la population âgée à partir de 80-85 ans qui est beaucoup plus à risque que les autres. Rapport annuel 2011-2012 ▼ Le risque sectaire 9 La grande vieillesse concerne aujourd’hui les femmes : la fragilité, en termes d’insuffi sances de ressources, d’isolement social et de santé, touche essentiellement des femmes âgées. Cette situation justifi e une attention particulière à leur égard. Pensons par exemple à des personnes pour qui les euros n’existent pas aujourd’hui : une dame de 95 ans, qui a eu déjà un peu de mal avec les nouveaux francs, n’est pas armée face aux arnaques qui jouent sur la confusion entre euros et francs. Les personnes âgées sont le plus souvent a priori extrêmement méfi antes. Donc, par exemple, elles ne vont pas ouvrir leur porte à n’importe qui, d’autant qu’on leur recommande instamment de ne pas le faire.