Marquisat De Noviant-Aux-Prés
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H E N R I L E F E B V R E _____ LE MARQUISAT DE NOVIANT-AUX-PRÉS ET SES ORIGINES NANCY SIDOT FRËRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS 3, rue Raugraff, 3. ___ 1895 Table des matières • Avant-propos. • I. - Notice sur les villages de Noviant-aux-prés et de Tremblecourt. § 1er village de Noviant. § 2. village de Tremblecourt. La légende de Tremblecourt. • II. - La maison de Tremblecourt-Noviant et les seigneurs de Mandres. • III. - La part d'ornes ou de Sampigny et celle de Manonville. • IV. - Le marquisat de Noviant et la branche cadette des Beauvau. • V. - Démembrement du marquisat de Noviant. - sa reconstitution sous Léopold. - les derniers seigneurs de Tremblecourt. Louis II de Beauvau-Fléville ; MM. de Fontenoy à Noviant. • Pièces justificatives I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X, XI, XII, XIII, XIV, XV, XVI. Domaine particulier des seigneurs, d'après le dénombrement de 1627 : Noviant. Tremblecourt. Produits des droits seigneuriaux, cens et redevances en 1626, d'après le dénombrement de 1627. Noviant. Tremblecourt. Grosrouvres. Extrait du dénombrement de 1627. Extraits d'un compte de 1625 concernant Manoncourt et Avrainville. Haute-vouerie de Manoncourt-en-W oivre. Avrainville. Lironville. Extrait du dénombrement de 1627. Le tiers de Manonville et Domèvre. Seigneurie de Hey. Maidières et Montauville. Hamonville. • Addenda et errata. C/ 385.] LE MARQUISAT DE NOVIANT-AUX-PRÉS ET SES ORIGINES PAR M . H . L E F E B V R E ____________ AVAN T-PR O PO S ________ La Haye se compose de deux parties bien distinctes séparées par la Moselle : la partie méridionale, enserrée dans le repli de la rivière, est couverte dans sa plus grande étendue par l‘immense forêt de Haye ; la partie septentrionale, comprise dans l‘arrondissement de Toul, est surtout un pays de culture renfermant un grand nombre de villages. Les limites de cette seconde région, ancienne dépendance du Barrois et du Marquisat de Pont-à-Mousson, pour sa plus grande partie, peuvent être indiquées comme il suit : à l‘Est et au Sud, le cours de la Moselle ; les plaines de la petite W oivre à l‘Ouest ; au Nord, le cours du Ru-de-Mad. Cette vaste étendue de territoire, que ne traverse aucun chemin de fer, dépourvue de moyens de communications commodes, est peu visitée, par suite peu connue, au moins dans sa partie centrale. Elle renferme, notamment, les célèbres châtellenies [p. 386.] de l‘Avant-garde, de Pierrefort et de Prény ; c‘est dire que son histoire seigneuriale mérite, autant et plus que bien d‘autres, l‘attention des chercheurs. Nous avons entrepris de jeter quelque lumière sur l‘histoire de ces contrées, auxquelles nous attachent de vieux et chers souvenirs. Déjà, la Société d‘archéologie lorraine a bien voulu accueillir dans ses mémoires, notre travail sur Manonville, son château, ses seigneurs ; cette preuve d‘indulgence de sa part nous encourage à lui présenter aujourd‘hui une étude sur le marquisat de Noviant-aux-prés et ses origines. e Ce marquisat, ensemble de terres considérables, érigé au XVII siècle, eut pour noyau les villages de Noviant-aux-prés et de Tremblecourt. L‘histoire de ces deux villages offre cette particularité que, depuis les temps les plus reculés jusqu‘aux premières années du e XVIII siècle, ils n‘ont pas cessé d‘être sous la dépendance de seigneurs communs. Ils ont, par conséquent, suivi la même fortune. Nonobstant leur destinée commune, ces deux localités ne sont pas immédiatement voisines l‘une de l‘autre ; séparées par les villages de Manonville et de Domèvre, elles sont, comme ceux-ci, situées sur la route départementale no 4 de Nancy à Verdun, Tremblecourt, à 27 kil. environ de Nancy, et Noviant, à 7 kil. plus loin du côté de Saint-Mihiel. Noviant et Tremblecourt, aujourd‘hui en Meurthe-et-Moselle, arrondissement de Toul, canton de Domèvre, faisaient autrefois partie du Barrois non mouvant, diocèse de Toul, recette et prévôté du Pont, bailliage de St-Mihiel, puis de Pont-à-Mousson. Ils mouvaient en fief du marquisat de ce nom, sous la coutume de Saint-Mihiel. [p. 387.] I NOTICE SUR LES VILLAGES DE NOVIANT-AUX-PRÉS ET DE TREMBLECOURT. § 1er Village de Noviant. Le village de Noviant-aux-prés ou Noviant-en-Hey est situé en plaine et, comme son nom l‘indique, était entouré de prairies. Ces prairies ont été, en grande partie, mises en culture, à une époque déjà ancienne. Il existe plusieurs localités de ce nom : en Lorraine, nous connaissons, outre Noviant- aux-prés (Novientum ad prata), Novéant près Metz. Leur étymologie, évidemment commune, serait, suivant D. Calmet, la même que celle de Novigentum (Nogent), ce qui, d‘après le même auteur, signifie « un lieu nouvellement mis en cultures » (1). Dès le douzième siècle, nous rencontrons des personnages de ce nom, et nous avons la preuve qu‘au treizième, tout au moins, Noviant était le siège d‘une haute justice dépendant de seigneurs particuliers. En juin 1239, Henri II, comte de Bar, donne à l‘abbaye de Saint-Benoit-en-W oivre toute la dîme de Noviant-en-Hey, en perpétuelle aumône, à la condition de fournir d‘hosties les diocèses de Metz, Toul et Verdun, quand ils en seront requis. L‘abbé et les religieux reconnaissent cette obligation par une lettre du [p. 388.] 4 juin 1239 (2). Ils ne conservèrent toutefois pas la totalité de ces dîmes ; car, dès 1315, Bertrand de Tremblecourt, seigneur de Noviant, lègue, par son testament, le dixième des dîmes grosses et menues de ce village, pour la dotation de la chapelle castrale (3). Un traité d‘accompagnement était sans doute intervenu e entre l‘abbaye et les seigneurs, qui avait eu pour effet le partage des dîmes. Au XVIII siècle, 1 Notice de la Lorraine. 2 Arch. M.-et-M., lay. abbayes, B. 483. 3 D. Calmet, Notice. les dîmes de Noviant étaient réparties ainsi : un quart aux seigneurs, un tiers au curé, un sixième au chapelain et le surplus, soit seulement un quart, aux religieux de Saint-Benoît (4). L‘abbé de Saint-Benoît fournissait le taureau ; le seigneur, le porc mâle ; le curé et le chapelain, le bélier. L‘ancien château-fort de Noviant, situé en arrière de l‘église actuelle, a été détruit au e XVIII siècle et remplacé par une somptueuse résidence, dont il ne reste rien aujourd‘hui, que le bâtiment des cuisines. Ce bâtiment, situé derrière et en retour de la maison Jeanmaire, est actuellement une maison de ferme. Des parterres et, à la suite, un bois coupé d‘avenues à la française, s‘étendaient en longueur vers Ansauville. Leur emplacement forme un canton, dénommé au cadastre : « le Parterre ». C‘est le plan du second château et du parc y attenant qui figure en tête de cette Notice ; nous en devons la communication, avec beaucoup d‘autres renseignements, à l‘obligeance de l‘honorable M. Jeanmaire, [p. 389.] ancien Maire de Noviant ; qu‘il en reçoive ici le témoignage public de notre gratitude. M. Jeanmaire possède une partie de l‘ancien enclos seigneurial, sur les terrains duquel sa maison est construite. Ou reconnaît encore très bien la vaste cour entourée des dépendances du côté de l‘Est et du Nord. Elle forme aujourd‘hui la rue du Château. Des documents, dont nous donnerons la relation, nous apprennent qu‘un incendie survenu au château de Noviant en détruisit, notamment, les titres et papiers. Nous supposons e que cet événement a dû se produire à la fin du XVI siècle, pendant les guerres de religion. Le dénombrement de Lucyon de Fresnel (7 août 1574), seigneur, pour un quart, de Noviant et Tremblecourt, mais possesseur des trois quarts du château de Noviant, s‘exprime ainsi : « ... auquel lieu de Nouviant y a ung chasteau et maison forte auquel m‘appartient les trois quarts et l‘autre quart audit sr Claude de Beauvaulx (sr de Manonville) et y a pont-levis, donjon et bassecourt..... lequel chasteau est circuit et environné de fossez tout à l‘entour, avec trois grosses tours. En l‘une des tours de mes trois quarts, sont les prisons. Ensemble une petite maison pour loger le portier dudit chasteau....., ung jardin hors des fossez devant le chasteau dont j‘ay la moitié joingnant ledict sr de Beauvaulx » (5). Un papier terrier dressé en 1623, nous donne les détails suivants sur les dépendances du château à cette [p. 390.] époque : « L‘enclos scis proche et attenant le chasteau dudit lieu, auquel enclos est le parterre, le jardin, le bois planté, ensemble le bien contenant lesdits, jardin, parterre et bois, unze arpens, trente-cinq verges et demy. Ledit bien en nature de prairie contient vingt-cinq faulchées et demy, y compris six jours de terres labourables qui sont au haut du bien. Un autre petit enclos de hayes dict « le jardinot », au devant des tournelles dudict jardin, joingnant le chemin, contient un jour et demy quarteron » (6). Il y avait devant le château « la maison des censiers » ou métayers des seigneurs, avec grange, meix, chènevières et dépendances et deux maisons joignantes, proches l‘abreuvoir ; le 4 De Maillet, Mém pour servir à l‘hist. du Barrois. 5 Arch. de M.-et-M., lay. Bar-Fiefs et dénombrements, IV, no 1. 6 Arch. M.-et-M., lay. Pont-Fiefs IV, no 67. tout était de fief. Dans l‘enclos et pourpris du château, étaient construits le colombier, la bergerie et la grange aux grains (7). L‘église, sous le vocable de saint Jean-Baptiste, a été démolie en 1867 et reconstruite en style ogival sur le même emplacement, mais dans une direction différente. L‘ancienne église était orientée, tandis que l‘église actuelle est dirigée vers le Nord, de telle sorte que les axes des deux édifices seraient à peu près perpendiculaires l‘un à l‘autre.