La Provence Verte appartient au réseau national Renseignements Villes et Pays d’art et d’histoire des Villes et Pays d’art et d’histoire Maison du Tourisme de la Provence Verte Le ministère de la Culture et de la Communication, direction Carrefour de l’Europe – 83170 Le pays de la Provence Verte de l’Architecture et du Patrimoine, attribue l’appellation Ville Tél. : 04 94 72 04 21 et Pays d’art et d’histoire aux collectivités territoriales qui valorisent Site internet : www.provenceverte.fr leur patrimoine. Il garantit la compétence de l’animateur de l’architecture et du patrimoine et des guides conférenciers, Communauté de communes Provence d’Argens en Verdon Située dans le département du , la communauté de communes et la qualité de leurs actions. Provence d’Argens en Verdon est formée depuis le 27 décembre 2001. Des vestiges antiques à l’architecture du XXIe siècle, les villes et Elle compte 11 000 habitants sur neuf communes : , Bras, pays mettent en scène le patrimoine dans sa diversité. Aujourd’hui, Brue-Auriac, Esparron-de-Pallières, Pontevès, Saint-Martin-de- un réseau de 124 villes et pays vous offre son savoir-faire sur toute Pallières, Seillons Source d’Argens, et . la . 58 avenue de Tavernes – 83670 Barjols

Le service animation du patrimoine Tél. : 04 94 77 18 53 Il propose toute l’année des animations pour les habitants, visiteurs Site internet : www.cc-pav.fr et scolaires.

À proximité Fréjus, Grasse, Menton, Briançon, Arles et le Pays du Comtat Venaissin bénéficient de l’appellation Villes ou Pays d’art et d’histoire. laissez-vous la communautéconter de communes Provence d’Argens en Verdon

Photos de couverture : vue aérienne de Pontevès et fontaine du Réal à Barjols. Ci-contre : pigeonnier de Brue-Auriac.

Ce projet est cofinancé par la Communauté européenne dans le cadre Gratuit. du programme LEADER +. Cette brochure ne peut être vendue. Les Bessillons.

Un pays à découvrir

C’est l’histoire d’un pays dessiné, au septentrion, par le tumultueux d’hôtes accueillantes; pas de centre commercial ou de zone Verdon nourri des neiges des cimes alpines et qui, au sud, offre aménagée mais des boutiques de commerçants, des ateliers au département du Var les premières eaux de son unique et très d’artisans et des remises de paysans qui animent et perpétuent méditerranéen fleuve Argens. Et, ici, on tient à ce lien, à ce trait la vie du village. d’union entre un Haut-Pays rude et réservé, et ce terroir varois, bassin de brassage, de fertilité et pourvoyeur d’activités. Ce pays d’Argens en Verdon est l’œuvre collective à travers les siècles, d’hommes et de femmes aussi divers que multiples, D’emblée, le végétal vous submerge. On est emporté par la marée à l’image de ce qui a fait la longue histoire de la Provence. de ces vastes plateaux de Haute-Provence et puis, plus bas, bercé Ce sont ces paysans acharnés et créateurs de paysage, ces antiques par la houle des collines arrondies. Les forêts de bronze faites pâtres ligures et ces puissants seigneurs protecteurs, ces bûcherons, d’yeuses, de chênes pubescents et de genévriers laissent seulement tanneurs ou faïenciers, ces citoyens luttant pour la justice et s’étendre quelques rares plaines. Émergent aussi ces villages la liberté, ces étrangers venus repeupler nos villages décimés perchés sur leur piton rocheux ou d’autres, accrochés au bord par l’exil ou les épidémies, ces entrepreneurs marchands ou des champs de vigne, de blé et des vergers d’oliviers. aristocrates aux projets audacieux et utopiques, et enfin aujourd’hui, tous ceux et celles qui trouvent là une harmonie, Ces villages minéraux, sincères, loin du clinquant et de l’esbroufe, un art de vivre et un épanouissement parfois disparus ailleurs. sont faits de pierres chargées d’histoire et d’édifices qui détiennent la mémoire des générations qui les ont façonnés. On dit ce pays à l’écart et retiré; il ne l’est pas. En revanche, Ici, les routes ne traversent pas le paysage; elles l’épousent, tracées il veut se préserver de perdre son âme, d’être pris pour ce qu’il par les champs cultivés et le fil capricieux des cours d’eau. ne veut pas être. C’est le but de la démarche de cet ouvrage: Ici, pas de golfs aux gazons verdoyants mais le cours ombragé être mieux connu, dans l’espoir secret d’être plus aimé! qui résonne de parties de boules acharnées; pas de «fast food» ou d’hôtel franchisé mais des bistrots de village et des maisons Bernard de Boisgelin Les paysages d’une Provence secrète Ces pays du Haut-Argens, territoire original de rencontre de quatre grandes unités naturelles, ont donné naissance à des paysages secrets façonnés par l’homme au cours de six millénaires d’occupation agro-sylvo-pastorale.

Le plateau des Selves, plans et vallonnements isolés ont Sommaire dit « Les Pallières » permis, autrefois, l’installation de Le plateau des Selves, essentiellement bastides «en forêt», isolées, avec leurs forestier, est le prolongement, vers l’est, clairières cultivées, et de jas-bergeries du grand ensemble de la Montagne dispersés, pour les rares pasteurs qui Sainte-Victoire. Il est formé par une ont toujours été là, avec, antan, Les paysages d’une Provence secrète puissante carapace de roches calcaires des charbonniers et des brigands… Plaine du Grand Vallat. Un carrefour géologique et topographique ...... p. 3 secondaires très perméables du Jurassique C’est ici maintenant l’espace de la chasse La forêt du Haut-Argens...... p. 6 supérieur qui s’étale, en ondulations et des chasseurs qui fréquentent ce Des paysages agricoles construits ...... p. 8 atténuées, en bombements isolés et monde des forêts sèches – les Selves – et La « gouttière » d’Esparron – Vers des paysages urbanisés...... p. 9 en «colles», collines allongées, vers du «saltus» fait de garrigues hautes ou Saint-Martin-de-Pallières 550m d’altitude, laissant place ici et basses ainsi que de maigres «steppes» La «gouttière» de Rians-Esparron- La longue histoire des hommes là à de longues vallées sèches et à des herbacées; c’est aussi le plateau Saint-Martin est encadrée au nord vallonnements à fond plat. Aucun d’Esparron, Saint-Martin, Varages, et au sud par deux longs reliefs, qui la De la Protohistoire à la Romanité...... p. 10 ruisseau ou rivière ne coule ici. Seuls Barjols, Brue-Auriac et Seillons. dominent, pour ceux de la partie méri - Le Moyen Âge...... p. 12 2 les violents orages d’automne peuvent Il y a là d’admirables et aventureuses dionale, plus élevée, de 150 à 250m 3 Des guerres de Religion à la Révolution ...... p. 14 amener de brutaux écoulements randonnées à faire, sur les chemins (253m pour l’Éouvière qui culmine à Le Var moderne et contemporain ...... p. 17 temporaires, mais le plateau des Selves incertains des chasseurs et des forestiers, 641m) et de quelque 40 à 50m pour constitue un château d’eau souterrain ou, plus sûrement, par les GR* (GR99 Mémoire des pierres : un patrimoine discret les collines nord, Bois du Mont Major dont les eaux ressortent en sources et de Brue à Saint-Martin et Esparron) ou – Le Grand Clot. Cette gouttière Le patrimoine religieux ...... p. 22 résurgences dont la plus célèbre est par les PR*, celui de la forêt communale rectiligne, humide, vers 400m d’altitude, L’architecture militaire et civile...... p. 24 la source de l’Argens. Seuls quelques de Seillons, par exemple. est une cuvette synclinale tertiaire* L’architecture vernaculaire ...... p. 26 allongée, large d’environ 1,5km où Le plateau des Selves, s’étendent des cultures évolutives dont dit « les Pallières ». L’eau domestiquée une partie est irriguée par le canal de Provence. Sur les hautes avancées, L’eau des villes et l’eau des champs ...... p. 28 mieux ensoleillées, les villages d’Esparron L’eau au moulin...... p. 30 et de Saint-Martin se sont perchés Les «industries» nées de l’eau ...... p. 31 * GR en belvédère, le château dominant, L’eau de la terre: l’arrosage des champs et des parcs ...... p. 32 sentier de grande randonnée en haut, les quartiers anciens adossés PR Entre tradition et modernité sentier de petite randonnée aux hautes pentes, avec, en bas, la coopérative viticole et les nouvelles Le légendaire religieux...... p. 33 cuvette synclinale tertiaire maisons. Au nord, au contraire, un synclinal (opposé : anticlinal) Les produits «du terroir»...... p. 34 des bastides peu nombreuses se sont est un pli dont le centre est occupé De nouveaux lieux de mémoire ...... p. 35 par les couches géologiques les plus installées sur le bord de la «gouttière», La colline ...... aux pieds des basses pentes d’adret. p. 35 Un carrefour géologique et topographique jeunes Tufs et travertins : la « pierre de l’eau » L’« Arc de Barjols », Les eaux, sorties des massifs encadrant le pays de l’eau l’Arc de Barjols en sources abondantes Au centre du Pays du Haut-Argens, et nombreuses, sont chargées en le secteur très original de Varages- carbonates de calcium dissous qui Barjols à Bras et Brue-Auriac constitue se précipite en forant des tufs. ce que les géologues appellent l’«Arc Ils constituent des barrages-cascades de Barjols». Il s’agit d’une vaste zone spectaculaires comme celui du enserrée entre les reliefs plissés dans Tombereau au nord de Bras. les roches jurassiques, de l’est (Bessillons, Les hommes ont beaucoup profité de pli du Val) et de l’ouest (Plateau des ces tufs poreux, faciles à tailler et assez Selves). Tout l’espace de cet «Arc de résistants, surtout lorsqu’il s’agit de tufs Barjols» est constitué par les terrains La plaine de Saint-Estève, anciens «indurés» qui portent alors entre Brue-Auriac et Seillons Source d’Argens. les plus anciens de l’ère secondaire: le nom de travertins et qu’on rencontre ceux du Trias (-250 à -200 millions un peu partout. Le vieux Barjols est d’années) de nature très diverse: Les plans et bassins des travertins de Barjols. adossé à des falaises de tufs où se marnes, bancs de calcaires dolomitiques De Seillons au nord de Brue-Auriac, Il y a, enfin, le très beau bassin déversent les eaux des écoulements consolidés en durs cargneules, et même une longue zone plane, vers 260-280 m surbaissé de Tavernes qui s’élargit au et des sources situées à leur sommet. en profondeur, du sel gemme qui donnera d’altitude, s’allonge sur plus de 8 km nord en ample amphithéâtre d’adret La ville a beaucoup utilisé les travertins 4 naissance à des sources salées et à de long et près d’un kilomètre de large, favorable. Il forme tout un espace de ses environs pour la construction des 5 la rivière l’Eau salée, à l’ouest et au sud en une sorte de corridor de contact, courbe de 3 à 4 km de large où maisons anciennes et des murailles dont de Barjols. La structure de ces terrains, tertiaire, très souvent occupé, le long s’échelonnent, en terrasses surbaissées, une partie est encore visible. La fontaine dévoilés par l’érosion, a créé un espace de la D560, par de vastes propriétés la vigne, l’olivier et des parcelles de majeure du chef-lieu, celle de la mairie, où les reliefs en creux dominent, entre de bastides (Saint-Estève, La Bourgui - friches «sociales» – pâtures inter- doit être retaillée régulièrement pour lui de petits plis compliqués, très fouillés gnonne, Séguirane). À l’opposé, calcaires utilisées par un ou plusieurs redonner forme, tant les tufs se déposent et resserrés, voire «pincés», souvent aux pieds des Bessillons, les plans éleveurs ovins du secteur, signe de rapidement… redressés presque à la verticale. de Pontevès s’étalent au bas du village la constante capacité d’adaptation Le village de Varages est perché sur une L’imperméabilité fréquente de ces terrains, perché, drainés par le ruisseau de du berger à travers les âges – et avec, «grosse accumulation de tufs calcaires leur complexité, les nombreux vallons Pontevès qui participa, dans un passé à l’horizon sud, les silhouettes tutélaires édifiés par les eaux carbonatées (de la étroits et coudés, les petites cuvettes géologique récent, à la formation des Bessillons. source) de la Foux» (J. Nicod), sortant multiples, sont autant d’éléments qui au bas des dernières pentes du massif ont favorisé le foisonnement de cours jurassique dominant le village, au contact d’eaux: Argens, ruisseau des avec le trias argileux imperméable. Écrevisses, etc. Une grotte-refuge souterraine est même Les hommes ont su aménager et tirer creusée dans ces tufs. Quant à Seillons parti de ces eaux depuis des siècles: Source d’Argens, le vieux village nombreux canaux de moulins (celui historique et son château sont juchés de La Bouisse en particulier) parfois sur un plateau isolé de travertins, creusés dans la roche vive, canalisation caractéristique, en éperon. de l’Argens, canaux de drainage et Le village de Varages d’irrigation, eaux industrielles et urbaines. et sa falaise. Cascade des Carmes à Barjols. * adret * ripisylves un adret (opposé: ubac), formations végétales qui se développent versant exposé au soleil sur les bords des cours d'eau ou des plans d'eau situés dans la zone frontière entre l'eau et la terre

La forêt humide intenses d’automne en font, entre Bras, La forêt humide est une originalité Brue-Auriac et Barjols surtout, du secteur des reliefs en creux de l’Arc un extraordinaire ensemble paysager de Barjols, des vallées et vallons de en contraste absolu avec les austères Une « blaque » dominante l’Argens et de ses affluents: forêt plus «blaques» ou les pinèdes sombres de Le chêne vert, aux feuilles persistantes, ou moins linéaire, ripisylves* de bords la forêt sèche. s’étend au sud et aux adrets*, avec son de rivières et ruisseaux, plages boisées De façon générale toutes les forêts sous-bois et ses pans de garrigue et allongées de fonds de vallonnements. progressent inexorablement et à chêne Kermès, à romarins, Des feuillus d’une riche diversité la colonisent les friches et terrains à térébinthes, avec leurs asperges composent, en ensembles arborés abandonnés par l’agriculture: sauvages, leurs garances voyageuses… Saint-Martin-de-Pallières encerclé par la forêt. souvent de haute taille: peupliers et la «fermeture» des paysages par des Le chêne blanc constitue la forêt saules divers, érables, frênes, aulnes. forêts de médiocre venue est un fait Une forêt omniprésente «secondaire» de taillis, pour l’essentiel Leur verdeur dense et leurs couleurs préoccupant en Haut-Argens. La forêt, la silva des Romains – les selves (avec ses feuilles sèches d’un beige

ici –, est omniprésente. Vues de l’air, Forêt de chênes verts et blancs. caractéristique qui durent, à partir de Forêt humide au bord de l’Argens. les parties défrichées, cultivées, habitées, la fin de l’automne, tout l’hiver pour ne construites, et leurs villages y apparaissent tomber que tardivement, quand poussent comme des clairières. Certaines les bourgeons rosés de ses feuilles communes comme Esparron-de-Pallières, nouvelles, au milieu du printemps). Saint-Martin-de-Pallières, Seillons, Il couvre 60 à 70 % du territoire 6 ou même Pontevès, Bras ou Varages forestier, avec des sous-bois plus riches La pinède 7 comportent 60 à 80 % et plus de leur et des formations intercalcaires La troisième forêt «sèche» est la pinède territoire en espaces forestiers et garrigues. arbustives de garrigues hautes, denses de pin d’Alep envahissante, odorante Deux grands types de forêts occupent ou ouvertes, avec le genévrier, le genêt et esthétique. Proie facile des incendies, le pays du Haut-Argens: la forêt «sèche», cendré, le cornouiller sanguin aux elle est pourtant apte à coloniser surtout, et la forêt humide, dans les fonds feuilles d’un rouge sombre profond, les terrains les plus difficiles et peu de l’«Arc de Barjols». La forêt sèche le cerisier, le pommier et le poirier pourvus en sols. Omniprésente, s’étend sur les collines, et les plateaux sauvage – le perussié – aussi avec leurs elle coiffe les «colles» de Varages, ondulés, où la roche affleure souvent, fruits très âpres mais comestibles. Tout de Barjols, de Bras ou de Seillons Source où l’arbre pousse lentement et difficile - un cortège d’orchis, de petits narcisses, d’Argens, se mélange aux chênaies ment et où la forêt comporte des lacunes d’euphorbes, de graminées, entre des et les dégrade. Ses sous-bois tapissés de garrigue haute, de «landes» à genêt rosiers sauvages et des prunelliers, d’aiguilles stérilisantes donnent des sols cendré (Tavernes, Bessillons) et pousse çà et là. peu accueillants pour les plantes de pelouses sèches «à formations La forêt de chêne blanc ou «blaque» herbacées au contraire des «litières» steppiques», avec des graminées plus ou préfère les ubacs et les fonds plus frais enrichissantes des feuilles de chêne moins ligneuses (brachypodes, stipes…), et plus humides où elle voisine parfois blanc, autrefois «raclées» et utilisées des thymaies, des zones à lavande aspic. avec le buis; elle s’étend surtout sur les comme composts par les paysans. La forêt proprement dite est dominée par zones au-dessus de 400-500 m trois essences, deux autochtones, le chêne d’altitude, dans le plateau des Selves et vert et le chêne blanc «pubescent» et dans les secteurs montueux: Bessillons une plus tardive, le pin d’Alep. – Varages – hauts de Barjols. La forêt du Haut-Argens Paysage de restanque à Bras.

les neuf communes soit plus du tiers des Culture d’oliviers en restanques. surfaces agricoles travaillées. Mais de grandes différences paysagères et socio- L’aménagement des paysages La vigne économiques existent entre les communes. Partout, les espaces défrichés et cultivés Dans les paysages cultivés, la vigne est Certaines restent fondamentalement une baisse de la consommation de vin Les oliviers l’ont été depuis plus de trois mille ans reine; elle reste la culture omniprésente viticoles: Seillons, avec 63 % de terres en France et une concurrence des vins L’olivier a une histoire récente inverse grâce aux efforts de «construction» de et emblématique avec l’olivier qui communales utilisées en vigne, Bras, étrangers. Le fait est que plusieurs caves de celle de la vigne. L’arbre, symbole lui l’espace agricole par l’homme du Haut- l’accompagne, plus modestement, dans 58 %, Brue-Auriac, 52 %. Mais, dans coopératives, construction collective aussi de la région, quelque peu délaissé Profonde mutation des paysages Argens: «ribes»* consolidées, talus presque toutes les communes. Première les communes septentrionales, un grand embléma tique de la vie économique de depuis le début du XXe s., fut terriblement Dans le monde contemporain du Haut- d’épierrage et contre-pentes surbaissées, venue, la vigne fut proliférante, recul a eu lieu. La vigne a perdu près de la commune depuis les années 1910- atteint par le grand gel de l’hiver 1956. Argens une mutation socio-démogra- basses ou hautes terrasses aux murettes envahissant tous les terroirs, après 50 % de sa surface en 30 ans. Ceci 1920, ont fermé ces dernières années. Il fallut recéper de très nombreux phique importante est en train de changer 8 bien appareillées en base de parcelle, la crise du phylloxera: pentes et plans s’explique par plusieurs raisons: Le maintien de la vigne, dans les arbres, c’est-à-dire couper les troncs profondément les rapports des hommes 9 ou barrant les vallonnements à fonds de Seillons, de Brue-Auriac, de Pontevès, le climat, la structure foncière (exiguïté paysages et l’économie, s’explique par et branches mortes presque au ras de au paysage et aux communautés. relativement plats… cuvette de Tavernes, penchants et plans des propriétés de nombreux petits un réencépagement de qualité et une la souche d’où repartent les rejets-troncs. Les agriculteurs, base de la société locale, Rares sont les parcelles de labours et à de Barjols et de Varages, fonds de la exploitants constituant la modeste modernisation – concentration des De là l’aspect hétérogène de beaucoup constructeurs et «jardiniers» de l’espace plus forte raison de vignes et d’oliviers «gouttière» de Saint-Martin-Esparron démocratie viticole des coopérateurs), caves restantes et développement des d’olivaies du pays du Haut-Argens, sont de moins en moins nombreux: 334 qui ne soient soutenues et encadrées et même fonds de vallons et pentes des encépagements améliorateurs insuf- grands domaines aux caves privées mêlées de quelques vieux oliviers ayant au total dans les neuf communes, dont par une armature de pierre sèche en des «colles» de Bras. Elle occupait fisants, des caves coopératives trop petites dynamiques. résisté et d’arbres de plantation plus seulement 92 «agriculteurs profession- échelons ou «restanque». Un regard récemment 1275 ha au total dans matériellement et technologiquement, Dans les paysages viticoles, on appréciera récente, en particulier à Tavernes. nels», pour une population totale qui attentif mesurera l’ingéniosité de cet facilement les profondes différences Dans le pays du Haut-Argens, les avoisine 12000 habitants. Les vieux aménagement, souvent en trames technico-économiques entre viticulteurs oliviers sont souvent en zones de villages du Moyen Âge et des XVIIe et rayonnantes autour des villages, en observant la juxta position entre parcelles intercalées dans les vignobles XIXe s. s’étoffent de villas et de petits comme dans les terroirs entourant les petites vignes encore plantées en ou sur des terrasses un peu plus hautes lotissements pavillonnaires, du pourtour Tavernes ou Seillons. La raison en est «gobelets» traditionnels et les parcelles que celles des vignes. On en trouve de Seillons aux basses pentes dominant simple: sans ces aménagements, dans viticoles aux vignes linéaires modernes, parfois dans des endroits tout à fait Tavernes et de Bras à Brue-Auriac. un espace au climat méditerranéen avec aux sarments tirés en cordons sur fils de imprévus, dans les petits adrets isolés Dans ces nouvelles résidences s’est de violentes pluies d’automne succédant fer, prêtes à la vendange mécanique. dans les collines de Bras, de Barjols, de installée aussi une nouvelle population, à de longues sécheresses et chaleurs, Le classement en appellation «Coteaux Pontevès, de Varages… Les coopératives en grande partie «pendulaire», allant l’érosion des terres, presque partout varois en Provence» (72 % de la super - oléicoles, moulins souvent accouplés à travailler quotidiennement vers les pentues, serait destructrice. ficie viticole) a beaucoup contribué à leur création aux coopératives viticoles centres d’activités fixés sur la N 7 et Des paysages agricoles construits améliorer la qualité, à revivifier une (La Varageoise, La Tavernaise), sont des l’autoroute, mais aussi vers Marseille * ribe culture menacée. clefs de la vie oléicole actuelle. et sa région. bord d’un champ. Vers des paysages urbanisés L’Antiquité romaine Fréjus à l’est, est dès lors intensément La longue histoire des hommes C’est à partir du milieu du IIe s. av. J.-C. mis en valeur, ce dont témoigne que les Romains entreprirent de s’établir l’accumulation des données livrées par Dans ce pays calcaire, riche en forêts, en rivières et en sources progressivement en Gaule méridionale, l’archéologie. On y trouve, abondantes, l’homme a trouvé à toutes les époques une terre plus précisément en se rendant maîtres essentiellement dans les vallées fertiles, en 125 des territoires occupés par les un habitat rural dispersé relativement dense utile à sa subsistance, favorable à son activité et propice à Ligures et les Salyens, précédemment – 70 sites d’habitat ont été à ce jour ses refuges comme à ses résistances. hellénisés par l’intermédiaire des colonies localisés dans les neuf communes dont massaliotes du littoral (Marseille, Olbia, une douzaine de grandes exploitations Inscription provenant de l’ancienne villa Antibes et Nice). Quelques années plus rurales (villae), comportant chacune une du Revest à Esparron-de-Pallières. tard, tout le midi et le sud-est de la Gaule partie agricole (pars fructuaria) et une Les plus anciennes traces Pour le deuxième âge du Fer (Ve-IIe s. av. Biface préhistorique. formaient la Provincia, la province partie résidentielle (pars urbana), La villa du Revest L’arrière-pays varois, entre la haute J.-C.), Strabon et Pline nous apprennent romaine par excellence, qui fut dès lors quelquefois alimentées par de petits Parmi tous ces sites gallo-romains, vallée de l’Argens et le Verdon, n’a que les populations de ce pays sont des progressivement mais intensément aqueducs (Bras, Seillons). Aucune l’un des plus riches est sans doute jamais cessé d’être occupé par l’homme, Celto-Ligures, issus d’un vieux fonds romanisée. En 22 av. J.-C., cette province, d’entre elles n’a été à ce jour la grande villa du Revest à Esparron. mais, pour les périodes anciennes, les indigène – les Ligures –, enrichis à partir dont Narbonne était la métropole, prit systématiquement explorée, mais toutes Outre le mobilier important de la pars recherches y sont inégalement avancées. du Ve s. des apports celtes. La vallée de Les noms de lieux le titre de Narbonnaise et c’est en fait ont livré, par prospections ou urbana, de nombreux fragments de Ce n’est qu’à partir de l’âge du Fer l’Argens est alors intégrée dans le vaste De la période protohistorique datent aussi avec l’époque d’Auguste (27 av. J.-C.-14 découvertes fortuites, des vestiges dolia, des éléments de cuves, de sols en (du VIIIe au Ier s. av. J.-C.) que les territoire de la confédération des Salyens, plusieurs toponymes que les linguistes apr. J.-C.) que les changements apportés de bâtiments et de matériaux de béton de tuileau, de pressoirs encore en sources écrites grecques et latines et qui s’étend du Rhône au Loup et de ont expliqués comme «pré-indo- par la romanisation se firent réellement construction, des sols mosaïqués ou place et d’un silo laissent penser qu’il y les découvertes archéologiques – qui la Méditerranée à la chaîne du Luberon européens». Ce terme conventionnel sentir dans l’ensemble du pays. bétonnés et, en quantité, des vestiges avait là une villa viticole importante qui ne cessent de s’accumuler au gré des et aux Gorges du Verdon. L’habitat est recouvre des langues hypothétiques anté - Le territoire Provence d’Argens en de mobilier (vaisselle en céramique ou a pu perdurer pendant six siècles. C’est prospections et des fouilles – autorisent alors essentiellement un habitat groupé rieures aux langues du bloc continental Verdon, à l’écart des grandes voies de en verre, objets métalliques de toutes en outre sur ce site que fut édifiée au une meilleure connaissance de de hauteur, formant un réseau de villages eurasiatique. C’est à cette origine qu’on e communi cation et alors partagé entre sortes, outils agricoles, pressoirs, grandes XII s. la chapelle Notre-Dame du l’occupation de ces terroirs. fortifiés, des oppidums: c’est le cas du peut sans doute rattacher des noms liés les cités romaines d’Aix à l’ouest et de jarres pour le vin ou l’huile – dolia*)… Revest, relevant de l’abbaye Saint- Gros Bessillon à Pontevès, du Castellas à l’eau comme celui du Var, de Varages, C’est le cas à Gigery, à Saint-Étienne et Victor de Marseille. À bien des égards, 10 à Barjols, du Signal à Bras, du Collet du à partir d’un radical hydronymique 11 à Saint-Jaume à Barjols; aux Esclaveaux ce lieu attachant et riche d’histoire Biaou à Saint-Martin-de-Pallières, de *VaR- ou celui de Bras, dont le thème à Pontevès; à la Ségueiranne et méritait son classement au titre des Montmayon et de Bousque Boulène à *br-asc- désignait la boue, la terre à Cantarelle à Brue-Auriac; Monuments historiques et des Sites. Varages. Certains habitats se sont aussi imbibée d’eau, ce qui était le cas avant à Fontcouverte-Le Carteret à Bras; développés ponctuellement dans que les Romains ne drainent le grand à la Rouvière à Seillons; à Notre-Dame Toponymie latine les plaines et les vallées. L’économie marécage de cette plaine. Quant au nom du Revest à Esparron etc. Des sites de Enfin, c’est du temps des Romains que tourne alors autour de l’agriculture, de de Barjols, il remonterait à un radical cimetières ont été également repérés nous viennent aussi un certain nombre l’élevage, de l’artisanat et de la chasse. *BaR-G désignant un rocher ou une de noms de lieux-dits et d’agglomé - à Brue-Auriac (les Gravières, IIIe s.), hauteur; et Brue-Auriac viendrait du à Seillons, à Saint-Martin (la ferme du rations: Tavernes (du latin tabernae) celtique *brucus, la bruyère. Logis), et des inscriptions funéraires à nous rappelle que des auberges-relais Bras (la Plaine Saint-Jean) et à Esparron existaient sur la voie qui allait de Saint- (N.-D. du Revest, où elles sont déposées Maximin à Riez; Auriac est un de ces dans la chapelle). À en juger par noms de domaines en -acu formés sur * le mobilier mis au jour, tous ces sites un gentilice gaulois, Aurius, ce qui semblent avoir été occupés continûment donna Auriacum; et le nom du fleuve Argens a été formé sur l’adjectif * dolia du Ier au Ve s. de notre ère. Ont également grosse jarre en terre cuite été repérés dans le même secteur des argenteus. Enfin, si le nom d’Esparron Pièce de monnaie vient bien du provençal esparroun, à l’effigie d’Auguste. fours de métallurgistes (les Ferrières gentilice ce n’est qu’en raison de l’héritage du Oppidum de nom porté par tous les membres à Pontevès) et des fours à tuiles (la bas latin sparro (barreau, barre, pour Montmayon d’une même gens (famille, clan) Tuilière à Bras). évoquer sans doute la barre rocheuse). De la Protohistoire à Romanité (Varages). chez les Romains Statuette romaine. L’apogée médiéval Le temps des crises : 1350-1480 L’essor démographique et le dévelop - L’absence d’innovation ainsi qu’une pement des campagnes atteignent un succession d’épisodes frais et d’étés sommet au début du XIVe s. Quinze pourris, à partir de 1303, rendent fragile communautés d’habitants existent alors l’équilibre entre la production agricole e De l’An Mil à la fin du XIII siècle sur le territoire. Tous les villages pourvus et la population. C’est donc dans un La mise en place du réseau castral d’une enceinte débordent des remparts. contexte de famines que survient e e (XI -XII s.) Bourgs neufs et bourgades fleurissent. la Grande Peste de 1348. À cette À partir d’un habitat dispersé dont Les maisons construites à la chaux terrible épidémie et ses retours fréquents l’existence est attestée à Tavernes et à dominent, mais 20 % des bâtiments sont s’associent des troubles militaires liés Brue, la population se regroupe peu à encore en matériaux non liés (casaux). à des problèmes dynastiques. peu autour de points forts (Pontevès, À Barjols, la collégiale est rénovée L’impact de ces malheurs est Esparron, Saint-Martin, Seillons, Brue, (chœur et première travée); un couvent considérable et durable. Barjols perd Auriac, Varages, Saint-Estève, Bezaudun, Chapelle templière de Bras. d’Augustins prend le relais des Frères 50 % de ses habitants entre 1346 et Ancien castrum Saint-Pothin à Varages. Bras) ou d’églises (Barjols, Tavernes, du Sac qui étaient présents dès 1251; 1365, 71 % entre 1346 et 1437. Aux Varages). Ce mouvement de concen - L’influence des grandes familles sur le comte de Provence, devenu en 1278 mortalités s’ajoutent les destructions e e Le Haut Moyen Âge tration de l’habitat s’opère aux XI et le territoire, partagé au XI s. entre les propriétaire du château, crée en 1322 des gens de guerre. Les communautés e Cette période est très mal documentée. XII s. alors que la population croît. Pontevès, les Baux-Rians et les vicomtes une nouvelle circonscription d’habitants les plus fragiles sont Les textes sont quasi inexistants et La nécessité de nourrir des habitants de Marseille, se dilue au fur et à mesure administrative ayant pour chef-lieu désertées en premier (Auriac, La Bastide les données archéologiques rares. toujours plus nombreux pousse à de la fragmentation de l’espace, de la Barjols et y installe une cour de justice. du Prévôt, Bezaudun, La Bastide de Aux troubles dynastiques s’ajoutent, conquérir de nouvelles terres à la péri- dissolution des patrimoines seigneuriaux Les châteaux seigneuriaux se Pontevès, La Bastide d’Esparron), à la fin du IXe s. et durant le Xe s., phérie des terroirs. Ainsi naissent, et de la progression du pouvoir comtal. transforment (Pontevès, Saint-Martin). puis dans le premier tiers du XVe s., une succession de raids sarrasins. à partir des années 1175, de nouvelles Deux principaux axes de passage La hiérarchie des villages est bien Brue, Saint-Estève et Pontevès sont La Provence intérieure est d’abord communautés d’habitants: les Bastides irriguent ce territoire. Une voie ouest-est différente de l’actuelle. abandonnés. Leurs habitants vont se Porte des Externes à Barjols. désertée, puis après la prise du Freinet (d’Esparron, du Prévôt, de Pontevès). parallèle à la voie Aurélienne, reliant 12 (972), commence, sous l’autorité des Aix à , passant aux abords réfugier derrière les remparts (Barjols, 13 grandes familles, la reconquête des Un carrefour d’influences d’Esparron, Saint-Martin, Varages et Esparron). espaces délaissés. Ce territoire est au point de jonction Tavernes. Des routes nord-sud, des Au XVe s., avec la dépopulation, les Le prieuré d’Esparron qui avait succédé de trois évêchés (Aix, Fréjus, Riez). plateaux céréaliers de Haute-Provence seigneurs ont développé considérablement à une villa gallo-romaine à l’époque Dès le XIe s., l’implantation monastique vers la côte. La route du sel, arrivant l’élevage, ovin en particulier, profitant carolingienne est «détruit par les païens», y est forte. L’abbaye Saint-Victor de d’Hyères et de , passe notamment des terres abandonnées. Ce secteur est vers 920. Le Petit Bessillon à Pontevès Marseille a en charge la plupart des par Brignoles, le pont de Châteauvert, un des lieux de rassemblement et porte des vestiges d’habitat du Haut prieurés (à Bras: Saint-Eucher; Barjols et file vers Riez par Tavernes et d’hivernage d’importants troupeaux. Moyen Âge. Entre Saint-Martin et à Esparron: Saint-Jacques et N.-D.; à le pont de Quinson. Une autre branche En 1425, 7000 bêtes sont regroupées Varages existe une «église fondée en Seillons Source d’Argens: Saint-Pierre; croise la voie Aurélienne à Saint-Maximin à Esparron. l’honneur de sainte Marie aux temps à Pontevès: Notre Dame; à Barjols: et remonte par Seillons, Brue et Varages. L’enquête de 1471 montre que le nombre antiques, sur le mont appelé Valanzola» Notre Dame; à Brue: Notre Dame; L’activité tourne autour des produits de feux* a diminué de 71 % depuis le comme le rappelle une donation de la fin à Auriac: Saint-Syméon). Alors que agricoles et de leur transformation. début du XIVe s. Sept sites d’habitat sur du XIe s. De nombreux lieux de cultes qui Montmajour, directement ou par l’inter- Les établissements religieux semblent 15 sont définitivement désertés. sont donnés ou rendus à l’Église durant médiaire de , reçoit Varages, s’intéresser précocement à l’élevage, Esparron compte 14 feux, Bras 12, le XIe s., datent du Haut Moyen Âge. Bezaudun et Saint-Martin. La géographie pratiquant dès le XIIe s. la transhumance. Seillons 8 et Saint-Martin 3. Seuls, D’autres signes indiquent l’abandon et ecclésiastique se modifie au cours du Partout où l’eau peut être canalisée, Barjols avec 121 feux, Varages avec 57 la déstructuration des terroirs. Les textes XIIe s. avec l’émergence des paroisses et l’énergie hydraulique anime des moulins. et Tavernes avec 42 demeurent des font référence à des termes globalisants le développement de nouvelles entités Un artisanat naît alors autour du traite - villages conséquents. pour désigner les lieux: territorium, locum, religieuses (collégiale de Barjols, ment de la laine et des peaux, spéciale - * feux val. Encore vers 1050, ils mentionnent Templiers à Bras, monastère de ment à Barjols et à Varages où s’allient unité de compte fiscal du Moyen Âge des maisons (casae) en ruine. moniales de La Celle). l’abondance de l’eau et la déclivité. correspondant à un foyer Le Moyen Âge La démographie Réforme catholique S’il est difficile d’estimer la population et art baroque Grasse en 1589. Son neveu Gaspard de des XVIe et XVIIe s., l’on dispose de deux Au cours du XVIIe s. la Réforme Pontevès-Carcès poursuit la lutte avec dénombrements pour le XVIIIe s., celui catholique issue du Concile de Trente ses parents, H.-L. de Castellane- attribué à l’intendant Lebret en 1716 et (1545-1563) entre progressivement en Bezaudun, B. de Castellane- et celui de 1765, dit d’Expilly, du nom de application à travers la Provence. Elle J. de Castellane-la Verdière. Contre son éditeur, organisé par l’administration suscite un regain de ferveur qui se traduit l’héritier du trône, le protestant Henri du Pays de Provence. La hiérarchie des par la reconstruction, l’agrandissement de Bourbon (futur Henri IV), la belle- agglomérations qui s’en dégage met au ou la création d’églises et chapelles sœur de Vins, la comtesse de Sault, premier rang la petite ville de Barjols, (ainsi Notre-Dame-de-Bellevue à fait appel à Charles-Emmanuel, duc 560 familles et 2988 habitants en 1716, Tavernes) et surtout le renouvellement de Savoie et neveu d’Henri II, dont 2454 en 1765. Viennent ensuite des du mobilier des églises (retables les troupes passent en 1590 le Var bourgs ou «villages urbanisés», baroques sculptés, orgue de Barjols). et avancent jusqu’à Signes, occupant Charles d’Arcussia. agglomé rations d’environ un millier De nombreuses confréries pieuses de la plupart des petites villes fortifiées, d’habitants qui présentent des aspects laïcs se créent: du Rosaire, des Pénitents. dont Barjols. À Esparron-de-Pallières, urbains en réduction: Tavernes, Ces derniers revêtent pour les processions Sous l’Ancien Régime, Bras, Seillons, elles se heurtent à la résistance du 1530 habitants en 1716, 1260 en 1765, et enterrements un «sac» à cagoule qui Esparron et Saint-Martin-de-Pallières seigneur retranché dans son château, Varages, 995 en 1716 et 1124 en 1765, leur assure l’anonymat; ils ont leur propre forment la partie orientale de la viguerie Charles d’Arcussia, fidèle à l’héritier Bras, 965 habitants en 1716 et 1004 en chapelle (Bras en eut deux). Barjols avait (circonscription fiscale et judiciaire) de légitime. Le duc parvient en novembre 1765. Brue tendra à rejoindre ce petit déjà un couvent de religieux Augustins, Saint-Maximin; les autres communes jusqu’à Aix mais le Parlement refuse groupe à la fin de l’Ancien Régime. qui fut reconstruit au XVIIe s. Les religieux constituent le cœur de celle de Barjols. de le proclamer comte de Provence. Des villages se situent autour de de l’ordre du Carmel s’y installent et L’ensemble dépend de la sénéchaussée Il est battu le 15 décembre 1591 par 500 habitants dans les deux dénom - créent une étonnante église troglodytique. de Brignoles, siège d’un tribunal plus l’armée royaliste à Vinon. Les Savoyards brements: Esparron-de-Pallières (493 S’y établissent aussi les Ursulines, important. repassent le Var en mars 1592. et 568), Pontevès (680 et 521), Saint- religieuses qui tiennent un pensionnat 14 Porte de l’hôtel des Pontevès à Barjols (1532). Martin-de-Pallières (290 et 451). de jeunes filles. 15 Un bastion des guerres de Religion La conjoncture économique Parmi les très petites localités, Seillons e e Les grands lignages de la noblesse locale des XVII -XVIII siècles passerait de 238 habitants en 1716 à Vers la Renaissance : 1480-1560 secteurs sont délaissés, comme la colline jouent un rôle de premier plan pendant L’économie agricole de cette partie de 164 en 1765. Bezaudun et Auriac-Saint- e e Certains signes ne trompent pas qui Saint-Pierre à Bras. De nouvelles places les guerres de Religion. Dès 1561, la Provence connaît aux XVII et XVIII s. Estève ont 48 et 41 habitants en 1716 et annoncent la fin des calamités. sont créées à l’extérieur des enceintes. Durand de Pontevès, seigneur de trois phases. Dans la décennie 1590 toutes deux 93 en 1765. La Bastide du Les seigneurs facilitent l’installation Les maisons de notables portent Flassans, et son aîné, Jean de Pontevès, commence un long siècle de croissance Prévôt (la Bastidonne) a 58 habitants en d’habitants étrangers à la région. la marque de ce renouveau. À Barjols, comte de Carcès, sont les chefs du Parti qui s’achève vers 1690. Cette croissance, 1716, 50 en 1765. Devenues communes en Pontevès, inhabité vers 1430, est repeuplé les Pontevès marquent leur rang par catholique. Lorsqu’en 1562, le roi met atypique pour la seconde moitié du siècle 1790, elles seront toutes trois rattachées par une trentaine de familles ligures en le portail en façon d’arc de triomphe. en vigueur le premier édit qui autorise dans le contexte français et européen, à une commune voisine en 1840. 1477. Même sur les terroirs désertés, À Bras, la maison dite « la Solaire » le culte réformé, Pontevès-Flassans serait suscitée par la poussée de la les terres sont remises en culture. s’habille de fenêtres à meneaux. massacre les protestants de demande alimentaire, due à l’augmen - Les habitants des villages voisins y Le désir de restaurer et d’agrandir et s’enferme dans Barjols. Le comte tation de la population. Elle a pu être construisent des «bastides», occupées les églises s’exprime également, comme de Tende, gouverneur de Provence, rendue possible par des défrichements, seulement au moment des gros travaux. à Barjols. En 1518, la population a et le chef du parti protestant, Richieu la remise en culture de terres et la Brue en compte 29 en 1540. Paysage de presque triplé depuis 1471, et même de Mauvans, prennent d’assaut Barjols; conquête, parfois imprudente, des friches bastides isolées qui persiste de nos jours. presque décuplé à Bras. C’est dire 600 catholiques auraient été massacrés pentues. Il semble qu’une phase de Certains seigneurs récupèrent à leur profit l’impression de renaissance qu’ont et les reliques de saint Marcel brûlées. marasme s’installe ensuite vers 1690 et les terres délaissées, créant de grandes dû ressentir les contemporains. Après la mort de Pontevès-Carcès dure plusieurs décennies. Puis de 1730 entités foncières encore repérables Mais sa répartition et la hiérarchie en 1582, son neveu Hubert de Vins à 1785, revient un temps de croissance

(Saint-Estève, la partie est de Pontevès). des villages n’ont plus rien à voir avec organise la Ligue catholique avec modérée, qui ne retrouve pas l’élan de Groupe statuaire de l’Assomption, Les villages se transforment. Certains ce qu’elles étaient en 1300. les «Carcistes», mais il est tué devant celle du XVIIe Des guerres de Religion à la Révolution s. église de Saint-Martin-de-Pallières. La production agricole * chènevières Un berger et son troupeau Les productions de Barjols et de la plupart champs de chanvre dans le village de Saint-Martin-de-Pallières. des communautés de sa viguerie sont, selon le dénombrement de 1716: «blé, seigle, orge, avoine, vin, huile, fruits, légumes, amandes, noix et peu de fourrages et de chanvre et de soie». Des activités industrielles Au lendemain de la Révolution La polyculture méditerranéenne associe multiples En 1790, la Provence est administra tive- ment partagée en quatre départements, souvent «en complant» des cultures Barjols et les communes voisines tirent dont le Var qui devient un département céréalières de plein champ à des rangs parti de leurs cours d’eaux et leurs frontalier – le fleuve du même nom d’oliviers ou de vignes, parfois aussi sources pour transformer toutes sortes marquant la limite avec la Savoie. d’amandiers. La production de foin est de produits. Dès le XVe s. des activités De ce fait, le Var est en première ligne modeste dans ces vallées où la terre de tannerie existent; en 1608 Henri IV avec les guerres de la Révolution. alluviale est en bonne partie consacrée accorde des privilèges au sieur Vaillant Les Varois ont d’abord largement adhéré à quelques chènevières* et surtout aux pour installer à Barjols une tannerie qui aux idées nouvelles comme le prouve les olivades, puis le moulinage fournit cultures maraîchères et fruitières, irriguées traite les peaux des troupeaux locaux et Assiette en faïence de Brue-Auriac la vitalité des sociétés populaires, au début de l’hiver. Cette ressource par des dérivations des cours d’eaux ou celles venues des Préalpes. L’on trouve (musée de la faïence, Moustiers). comme celle de Barjols. Mais ils se essentielle va être durement touchée même arrosées à la main. Les fruits sont aussi, là où la force motrice de l’eau divisent entre royalistes et républicains, par le gel de l’hiver 1820 qui décime en particulier des prunes destinées à être peut être utilisée, des moulins à farine et entre jacobins et fédéralistes. les arbres par milliers. séchées, dites couramment «Brignoles», à papier – 2 de ces derniers à Barjols et De nombreuses violences ont lieu L’élevage fonctionne en partie de façon car la ville voisine s’en est fait une 2 à Varages en 1758. Enfin un tissage «de Caila» (Queylard?) y a installé pendant une dizaine d’années. Les forêts L’économie solidaire avec l’agriculture par la pratique spécialité depuis le XVIe s. Le noyer diffus des «cadis», draps grossiers une verrerie qui occupe sept ouvriers et du nord-ouest du Var et le Bessillon L’arrière-pays varois, avec le XIXe s., des vastièro, garde des troupeaux de produit à la fois des fruits secs, de l’huile destinés aux habits des soldats, marins consomme 70 à 80 quintaux de bois par deviennent des zones refuges et de ne change pas fondamentalement de passage dans les vergers pour les fumer. et un bois recherché pour l’ameublement. et paysans. jour, pris dans ses propriétés. Il fabrique brigandage pour les bandes composées physionomie. Il demeure majoritairement Le berger sans propriété foncière, Un petit élevage de vers à soie sous-entend Deux communes eurent une histoire «les pièces difficiles, comme fanaux, de royalistes et de déserteurs. À Varages agricole, avec la perdurance de manu - l’herbacié, «achète des herbes» c’est-à- des mûriers. Il convient d’ajouter l’impor- originale. À Varages, la vieille activité 16 chandeliers, compotiers, pièces et Tavernes, on note les méfaits de bandes factures locales: faïenceries, tanneries, dire le droit de faire pâturer les troupeaux 17 tance de l’incult, la «terre gaste» qui des potiers est métamorphosée en 1695 nécessaires aux physiciens, chimistes, bien organisées – parmi lesquelles papeteries, tuileries. Les piliers de sur tel coin de plan ou de colline. sert de terrain de parcours aux troupeaux lorsqu’un membre de la famille des parfumeurs, lampes, bénitiers, etc.». quelques femmes! – capables, non l’économie restent l’olivier, la vigne, Seules, les grandes bastides ont assez et les espaces boisés. L’enquête ovine faïenciers Clérissy de Moustiers y Plus étonnante encore est la destinée de seulement de s’attaquer aux voyageurs le blé et l’élevage du petit bétail d’espace et d’aisance pour nourrir leur de 1782 compte 13342 moutons dans installe une faïencerie. Une enquête Brue. Ce village est «inhabité» en 1471; isolés, mais aussi d’opérer des descentes (moutons, chèvres, cochons). Et cela ne bétail. Selon les saisons, les bêtes se cette partie de la viguerie de Barjols. de 1740 y signale aussi que le sieur il compte 23 familles et 98 habitants en dans les villages. changera guère jusqu’aux années 1950. déplacent dans un aller-retour de petite

Cultures alternées (oullière). 1716 et 832 en 1765. La seigneurie a Les clivages nés de la Révolution Les cultures sont souvent associées sur et grande transhumance le long des larges été acquise en 1746 par un négociant marquent profondément la région et les mêmes terres, selon le système des pistes qui leur sont réservées, les carraires, marseillais, Georges Roux de Corse sont à l’origine de la coupure entre oulièro ou des fiélagno, termes locaux encore empruntées aujourd’hui par les (1703-1792), enrichi par le commerce Blancs, cléricaux, royalistes, qui – qui ont perduré jusqu’à nos jours – rares bergers qui transhument à pied. des Antilles. Il obtient du roi en 1750 dominent sous la Restauration et même pour désigner l’alternance de rangées de La forêt qui couvre la plus large partie son érection en marquisat et y crée un après, et les Rouges, républicains, ceps et de bandes de blé ou de légumes. de ce nord-est varois et qui offre village nouveau. Il le dote de trois anticléricaux. Les uns et les autres L’espace cultivable est récupéré sur de multiples ressources, est soumise tanneries, une chapellerie, cinq ateliers s’organisent en cercles et chambrées. les pentes par les terrasses de cultures à d’importants défrichements après de textile lainier et cotonnier et une Mais de ces années d’insécurité émerge, ou restanco, plantées en vigne. L’huile la Révolution: le bois sert à la menuiserie, grande manufacture «pour le tirage, chez les autorités, l’image d’un pays d’olive, récoltée partout, est à la fois à la confection des outils, au chauffage la filature et le moulinage des soies», difficile, indiscipliné et qu’il faut tenir une culture utile (pour la nourriture, des maisons et du four banal, à pour laquelle il espéra vainement obtenir fermement. L’opposition à cette l’éclairage au calen ou la savonnerie) l’exploitation de l’écorce des chênes un privilège royal. Des revers de fortune politique autoritaire a joué un rôle et une culture «sociale» à la portée de pour les tanneries; et peu à peu, elle le conduisirent à la faillite en 1774 et dans la maturation d’un désir collectif beaucoup par la facilité d’acquisition recule devant l’olivier qui grimpe, sur il mourut ruiné à Brue. de résistance et de liberté. des vergers et le travail que la cueillette, les terrasses, le long de ses pentes. Le Var moderne et contemporain Monument dédié à Louis Ferdinand Martin Une toponymie commémorative dit « Bidouré », à Barjols. Dans plusieurs villages, les noms de rues et de places portent la marque des idéaux républicains. Alors qu’à l’échelle des petites communes a perduré jusqu’à Les petites industries qui sont nées aux La population tendance confirmée dans les décennies nos jours une toponymie traditionnelle, siècles précédents connaissent leur Elle se groupe majoritairement dans les suivantes où Barjols, Bras, Tavernes et d’usage – où chaque rue porte le nom apogée dans le premier quart du siècle, «villages urbanisés», dont Barjols, Brue- Varages ont atteint une densité jamais d’un repère bien connu et fréquenté et particulièrement les tanneries de Auriac et Varages sont de bons exemples. égalée depuis (plus de 3000 habitants à (l’église, la «clastre» (presbytère), Barjols qui enregistrent là leur plus gros Là se côtoient des nobles revenus au Barjols en 1814 et autour de 1500 dans le château, le four, le cimetière, la fontaine développement. On y tanne essentiel - village, des notables-industriels (dont les les trois autres localités). et la «Foux» (source) – la commune de lement des peaux de bovins destinées à «fabricants-tanneurs»), des «bourgeois» Dans les campagnes, restent les meinagié, Bras est un panthéon des personnages la chaussure. Les centaines d’employés post-révolutionnaires, des négociants, propriétaires-agriculteurs riches ou de mémoire dans sa commune natale. de la première République (le général qu’elles font vivre donnent à ce gros des artisans, des marchands et aussi des fermiers qui habitent les gros domaines, Cette «tradition républicaine» se Bonnaud, officier de l’armée) et surtout bourg terrien un caractère de petite cité ouvriers et des paysans, au sens provençal et vivent à l’écart du village, ce qui les confirmera dans les décennies suivantes de la troisième (Sadi Carnot, Jules Guesde, ouvrière à l’heure des entrées et des de païsan, «cultivateur habitant fera pencher vers des positions conser- et jusqu’à la fin du XXe s., donnant lieu, Camille Pelletan, Paul Doumer, Aristide sorties du personnel, ponctuées par les le village». va trices et traditionalistes avec le souci dans les années 1909 à 1925 à un vif Briand). Les espaces publics gardent appels stridents des sirènes des usines. Entre 1765 et 1814 la population des de maintenir des régimes politiques succès du mouvement coopératif, avec aussi la mémoire des événements La République au village communes a globalement augmenté, garants de leurs possessions. la création de 11 coopératives vinicoles, républicains: places de la République, Comme les autres communes du Var, implantées dans toutes les communes du 14 Juillet, rue du 24 Février 1848 celles du Haut-Argens basculent vers de l’actuelle communauté Provence (proclamation de la deuxième la République au milieu du siècle, avec d’Argens en Verdon et dont trois seule - République)… Même de façon plus Barjols, place Victor Hugo au début du XXe siècle. une forte aspiration à la liberté et à des ment subsistent dans le sud du territoire, diffuse, ces noms se retrouvent dans idées sociales généreuses. à Bras, Brue-Auriac et Seillons. d’autres villages du territoire. Les populations ont fait l’apprentissage 18 de la politique dans le cadre communal. 19 Les cercles et les chambrées organisent Le cercle de l’Avenir à Barjols. cette vie démocratique locale, d’où l’adhésion souvent enthousiaste à la République de 1848. Mais le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte en 1851 a des répercussions sanglantes et laisse des traces que les commémo- rations de 1901 et de 2001 ont largement revivifiées. Une douzaine d’habitants de Bras furent emprisonnés ou déportés en Nouvelle-Calédonie ou en Algérie. Cet événement est particulièrement populaire à Barjols avec le drame de Louis Ferdinand Martin dit «Bidouré», un jeune Barjolais «fusillé deux fois» (blessé, puis repris et exécuté) qui symbolise la résistance varoise et ses nombreuses victimes. En 1906, un monument sculpté par Récubert lui a été élevé, qui compte désormais comme un lieu Aujourd’hui et demain ? axes et des grands centres, a été comme La vie des campagnes a perduré selon passé, la foire et le marché où s’exposent toujours une zone de refuge par les mêmes méthodes de faire-valoir les «produits du pays», l’école où se excellence et de passage des maquis (fin jusqu’à l’arrivée massive de la mécani- mélangent les enfants d’ici et d’ailleurs 1943-1944). Résistants et réfractaires sation agricole qui ne s’est généralisée sont autant de facteurs qui favorisent pouvaient compter sur la connivence qu’au lendemain de la Seconde Guerre l’interconnaissance et le brassage social d’une grande partie de la population mondiale. et culturel. Dans ce Var intérieur de toutes les bourgades. Divers réseaux C’est à ce tournant des années 1950 que contemporain resté préservé, un autre ont pu installer leurs émetteurs ici s’amorce un changement économique, monde naît… (Barjols, Varages, Seillons). Barjols et social et culturel, avec l’arrivée de l’eau Brue-Auriac ont été durement touchées courante dans toutes les maisons mais par la répression allemande et les bois aussi avec l’abandon progressif de du Bessillon gardent les traces des morts la langue régionale, affaiblie par

du 27 juillet 1944. Plusieurs monuments l’institution de l’école laïque et de Fête du pain à Seillons Source d’Argens. – dont deux oratoires – rappellent cette l’enseignement en langue française, tranche d’histoire. par les deux guerres et surtout par D’un siècle à l’autre les nouveaux impératifs du marché

En 1889, le «train des Pignes» varois La gare d’Esparron-de-Pallières. du travail. La déprise agricole en effet est construit. Cette voie ferrée s’accélérera à partir du dernier quart du 20 Meyrargues-Nice inaugurée en 1901, siècle et transformera à la fois les 21 qui passait par Esparron-de-Pallières, mentalités, la physionomie des villages Saint-Martin-de-Pallières, Varages, et leur environnement naturel. C’est Barjols et Pontevès, a constitué un lien dans ce demi-siècle que l’on passe en socio-économique important. quelques années, «de l’ère de la Disparue en 1950, elle est entretenue dans charrette à l’ère de l’ordinateur». la mémoire collective, en parti culier par Les nouvelles populations de «rurbains» le souvenir des femmes de chefs de gares ont racheté les bastidons abandonnés, qui régnaient sur les petits bâtiments construit de nouvelles villas devenus un élément du patrimoine «provençalisées» par les promoteurs immobilier. L’exode rural du dernier aux confins des villages ou sur les pentes quart du XIXe s. a vidé les villages des collines qui n’échappent pas toujours d’une partie de leur jeunesse. au mitage de l’espace. La Grande guerre a creusé ce vide, Les communes se repeuplent en si l’on en juge par les monuments accueillant des habitants travaillant à aux morts érigés sur toutes les places la ville ou des résidents secondaires, – entre 6 et 9 % de la population des ce qui ne favorise pas le redéploiement villages a été décimée. Quant à celle de des activités commerciales locales. 39-45, elle a certaine ment ravivé l’esprit En revanche le mouvement associatif de résistance varois forgé au XIXe : cette postmoderne qui se fait jour partout, région protégée, éloignée des grands la fête où se célèbrent les traditions du Mémoire des pierres : un patrimoine discret avec six retables en bois doré du XVIIe s. comme les couvents des Carmes et – dont celui de Saint-Pothin. La collégiale des Augustins, à Barjols, transformés La Provence d’Argens en Verdon est riche d’un patrimoine de Barjols s’est enrichie en 1654 d’un en partie ou en totalité en tanneries; superbe buffet d’orgues dû à Jean Pons. comme l’église de Seillons devenue salle bâti qui recèle de petits trésors d’architecture, souvent À Pontevès, le conseil de communauté culturelle. Après la séparation de l’Église classés au titre des Monuments historiques. décide de se doter d’une nouvelle église et de l’État, certaines municipalités ont en 1666: là aussi, un peintre aixois, souhaité marquer l’entrée des édifices Jean Daret, dessine les plans. de culte dans le patrimoine communal Les églises et les chapelles remarquables témoins de l’art roman Six retables baroques donnent éclat en affichant sur les façades des églises Un certain nombre, parmi les églises et provençal – ont échappé aux à une architecture très dépouillée. la devise républicaine «Liberté, Égalité, les chapelles qui subsistent aujourd’hui, destructions: N.-D. à Brue-Auriac, Durant le XIXe s., se poursuivent les Fraternité», comme à Barjols ou à remonte au Moyen Âge. Et parmi celles- N.-D. de Bethléem, chapelle templière agrandissements des églises existantes, Varages. C’est durant ce siècle que ci, beaucoup sortent de la crise des à Bras, et N.-D. du Revest à Esparron. comme N.-D. de Nazareth à Varages ou plusieurs édifices et un grand nombre XIVe-XVe s. en mauvais état. Dès les Cette dernière, presque intacte depuis Saint-Cassien à Tavernes. De nouvelles d’objets mobiliers ont été inscrits ou années 1540-1550, avec l’accroissement le XIIe s., se dresse dans un écrin sont construites : Saint-Georges classés au titre des Monuments Oratoire de de la population, les communautés exceptionnel de chênes centenaires, (en l’honneur du refondateur de la ville, historiques, ce qui assure leur Saint-Éloi à Esparron-de- d’habitants se préoccupent de les réparer site classé en 1934. Georges Roux de Corse) à Brue-Auriac protection et leur sauvegarde, sinon Pallières. ou de les agrandir. C’est le cas de (qui ne restera ouverte au culte que de leur réhabilitation. la collégiale de Barjols dont ne subsistent Le mobilier 1858 à 1898) ; l’Immaculée Conception que le tympan roman avec son Christ L’esprit de la Contre Réforme et l’apogée à Seillons (qui connaît à peu près Les oratoires «doublons» comme saint Étienne à Bras, en majesté, quelques vestiges du cloître du catholicisme en Provence ont marqué le même destin: elle ne peut être utilisée). La dévotion populaire a planté dans saint Pierre et saint Jean à Esparron qui ainsi que le chœur et la première travée l’architecture religieuse et les décors des Maître autel de l’église de l’Assomption Des travées s’élargissent et du mobilier toute la Provence, et ici comme ailleurs, bénéficient chacun de deux oratoires, à Saint-Martin-de-Pallières. (XIIIe s.) Certaines sont abîmées lors des églises qui ont été reconstruites ou s’ajoute: vitraux et chaire de la collégiale quantité de petits édifices religieux, construits à des époques différentes. guerres de Religion comme celle de agrandies au XVIIe s., avec, parfois telle la chapelle N.-D. de Bellevue, de Barjols, chaire de l’église d’Esparron, modestes lieux de culte qui ordonnent Ce qui est aussi le cas de Barjols qui, Tavernes. Pourtant, trois chapelles rurales le remploi de mobiliers antérieurs. à Tavernes (de 1642, et que jouxte un nouveaux retables, comme celui qui, orné l’espace sacré dans chaque village. en 1945, éleva un second oratoire à 22 – toutes trois classées comme de La plupart sont dédiées à Notre-Dame, ermitage de 1643), et deux d’entre elles de colonnes de faïence blanche, est dédié La plupart de ceux qui sont encore saint Marcel patron de la paroisse «qui 23 à N.-D. de l’Assomption. L’église à saint Claude, patron des faïenciers à debout datent du XIXe ou du XXe s., protégea la ville au cours des combats d’Esparron est édifiée de 1605 à 1625, Varages. Des corps de bâtiments sont les plus anciens sont du XVIIe s. Ils sont pour sa libération» en 1944. Dans ce sur une terre donnée par le seigneur reconstruits à la suite de diverses vicissi - dédiés à des saints protecteurs, que l’on pays plusieurs fois ravagé par les grandes Charles d’Arcussia, et riche d’un tudes telles que le tremblement de terre vénère pour leur notoriété dans épidémies, il faut souligner la quasi- mobilier classé (retables de Saint- de 1887 qui endommage l’église Saint- l’histoire religieuse, ou leurs vertus de absence de saint Roch, guérisseur de Antoine et de Saint-Honorat, tableau du Cassien de Tavernes. guérisseurs, ou encore en raison d’une la peste et la discrétion de sainte Marie- Rosaire, tableau ex-voto…). Celle de De nouvelles chapelles rurales s’édifient, légende qui leur vaut la reconnaissance Madeleine, si populaire aux confins de Saint-Martin, construite par le châtelain comme celle de Saint-Étienne à Bras, des paroissiens. Il en reste une bonne ce territoire mais qui n’est ici présente Pierre-Joseph de Laurens, est attenante dont une plaque affiche l’origine «Cette cinquantaine sur l’ensemble des qu’à Barjols. En revanche, la Vierge au château, avec un accès direct à une chapelle a été érigée à l’honneur de saint communes, honorant une trentaine de compte presque un oratoire dans chaque chapelle privée. On y lit l’influence de Étienne par la libéralité des paroissiens saints et de saintes. Ils témoignent des localité – sous des vocables variés: l’architecture aixoise et sans doute celle de Bras l’an de grâce 1845.» dévotions d’autrefois qui vont ici Notre Dame, N.-D. de Lourdes, du Bon de Pierre Puget, ami de la famille. Il en Aujourd’hui couverte de graffitis qui majoritairement à saint Éloi, protecteur Secours, des Champs, de Bellevue – qui aurait dressé les plans et sculpté une s’entrecroisent depuis le début du XXe s., du bétail, patron des maréchaux-ferrants s’ajoutent aux nombreuses chapelles Assomption de la Vierge, œuvre elle bénéficie d’un site agréablement et que l’on visitait en procession pour vouées à son culte. contemporaine du retable en bois doré. aménagé dans la colline. les Rogations*, tout comme saint Marc Du XVIIe s. date aussi N.-D. de Nazareth Le XXe s. n’apporte pas de contributions à Barjols et Esparron. Saint Joseph est à Varages (1660-1669) qui a conservé majeures à l’enrichissement du patrimoine vénéré dans quatre communes mais tous Chapelle Notre-Dame Rogations e * du Revest à Esparron- une Vierge à l’Enfant du XIV et des religieux. La tendance est parfois même les autres dédicataires sont disséminés fête religieuse printanière au cours de fonds baptismaux du XVe de le «reconvertir» à d’autres usages, sur tout le territoire, avec parfois des laquelle sont bénies les futures récoltes Le patrimoine religieux de-Pallières. qui cohabitent Les maisons de village Le « cabanon » Villages et bourgs offrent une grande Le complément des maisons paysannes variété de constructions, depuis de village, trop resserrées et manquant les vastes bâtiments du XVIIIe s. aux de place, était le cabanon, petite petites maisons villageoises serrées construction au bord des terres, qui les unes contre les autres et construites servait tout à la fois de cabane à outils, sur plusieurs niveaux. Les impératifs d’abri pour le paysan et de lieu de de sécurité qui obligèrent l’habitat rassemblement familial, festif, au à se serrer autour de son château et moment du repos dominical ou à la fin à l’intérieur de ses remparts, sont encore des «olivades»; et plus souvent encore, bien lisibles dans les villages perchés entre hommes, lors des riboto, repas de comme Pontevès, Esparron, Saint-Martin chasse, de vendanges, bien arrosés, sans ou Seillons, mais aussi dans les centres femmes et sans enfants, sorte de Ferme du Grand Adret, Esparron-de-Pallières. anciens des autres communes aux rues «cuisine à l’envers». étroites et aux hautes maisons, dont En Provence varoise comme dans tout les génoises* et les portes décorées le Midi, les cabanons ont survécu au parlent de la richesse ou de la notoriété recul de l’agriculture en raison de leur de leurs premiers occupants. Partout, fonction symbolique dans la société les façades constituent un livre d’histoire traditionnelle. Ils restent aujourd’hui à ciel ouvert, depuis les prestigieux fréquentés par les chasseurs, Château de hôtels des plus anciennes familles du les vendangeurs et les cueilleurs d’olives Saint-Martin-de-Pallières. Martin, le Grand Adret à Esparron, pays, dont celui des Pontevès à Barjols, mais aussi par les familles chez qui Saint-Ferréol à Pontevès, Cantarelle ou aux plus modestes maisons ouvrières perdurent à la fois le souvenir et Les châteaux entre parcs à Seillons, de tèso (francisé en «tèses»), Colombe à Brue-Auriac et bien d’autres. ou paysannes des milliers de gens qui le plaisir partagé de ces «dimanches et murailles allées d’arbres où l’on tendait des filets Le pendant démocratique de la bastide ont aussi façonné la physionomie des au cabanon». Le territoire est riche en châteaux pour piéger les oisillons, ou simplement est le «bastidon», calqué sur le diminutif villages. 24 perchés sur leurs promontoires. de charmilles et parcs à la mode de provençal bastidoun. C’est une ferme Campanile de Tavernes. 25 Belvédères ouverts sur la Haute- Versailles, parfois créés de toute pièce modeste, à l’écart du village, près de Cabanon, vignes et oliviers. Provence, comme ceux d’Esparron et sur de la terre rapportée. Le parc du la colline. Construits à l’époque moderne, * génoise de Saint-Martin, quasiment jumeaux château de Saint-Martin-de-Pallières en quand la croissance de la population, corniche composée d’une ou plusieurs rangées Tours et campaniles par la similitude de leur histoire et de constitue le plus bel exemple. vers 1830, a obligé les cultivateurs de tuiles, caractéristique des maisons Le nom du campanile vient de l’italien leur situation. Pareillement perché, à quitter le village et à s’installer aux provençales à partir du XVIIIe siècle où ce terme signifie «clocher» par le château de Seillons, détruit à la De la bastide au « bastidon » marges de l’espace cultivé. Ils sont dérivation du latin campana qui désignait Révolution, et reconstruit au XIXe s. La «bastide», terme venu de l’occitan tombés en ruines ou ont été reconvertis la «cloche» tout comme en provençal. Ou celui de Pontevès, inhabitable dès et qui recouvre, selon les régions, en résidences secondaires. Moins vastes Dans ce contexte italien, le campanile les années 1720. D’abord ouvrages de des réalités différentes, désigne ici que les bastides, ces fermes isolées sur était une tour bâtie à proximité de défense, castellas médiévaux, ils ont été les bâtiments des grands domaines, leurs anciens îlots de défrichement, sont l’église pour servir de clocher, avant de progressivement aménagés avant d’être anciennes fermes seigneuriales (comme souvent une juxtaposition de bâtiments s’appliquer à l’édicule surmontant cette transformés en demeures de villégiature Saint-Estève), plus tard propriétés des qui s’ajoutaient les uns aux autres au tour pour soutenir la cloche. Au XIXe s. par des seigneurs possédant des hôtels «ménagers» du XIXe s. et aujourd’hui fur et à mesure des besoins des hommes, les édiles républicains firent édifier un particuliers à Aix-en-Provence. de leurs descendants ou de néoruraux des bêtes et de l’activité agricole. À noter peu partout des tours d’horloges pour Les anciens sites médiévaux fortifiés ont viticulteurs, oléiculteurs, ou encore que cet emboîtement s’est toujours fait, concurrencer celles des édifices religieux parfois été abandonnés définitivement d’étrangers ou de riches citadins dans le passé, dans une harmonie de lignes et sonner une heure «civile» à côté des et les demeures seigneuriales reconstruites devenus gentlemen-farmers. On en et de couleurs qui assurait la parfaite sonneries des offices. dans la plaine, comme à Bras et à Brue- aperçoit depuis les routes, avec leurs intégration de ces ensembles au paysage, Terre depuis toujours balayée par Auriac, aux XVIIe et XVIIIe s. Certaines grands pigeonniers et leurs nombreuses harmonie que les récentes restaurations le mistral et autres vents redoutables, résidences s’enrichissent alors, comme dépendances, comme l’Adret à Saint- n’ont pas toujours su voir et comprendre. on dit que la Provence a adopté cette L’architecture militaire et civile structure métallique ajourée, résistante Rue caladée. Souvent abandonnés ou vandalisés, féminine dans la vie du village. Espaces et sans prise à l’air, qui pouvait, beaucoup de pigeonniers ont disparu de rencontre, de transmission de secrets de surcroît, donner lieu aux créations alors qu’ils ont été conservés dans les et de savoirs entre femmes; lieux de les plus diverses dans l’art de la ferron - parcs des châteaux ou des grands parole par excellence, de disputes nerie. Le Var ne fait pas exception à domaines, tels ceux de Saint-Martin, mémo rables mais aussi espaces de cette mode puisqu’on y a recensé de Bras (1645), de la ferme du Grand liberté, les lavoirs, aujourd’hui désertés, quelque 250 campaniles. Mais il existe Adret à Esparron ou de Tavernes. restent étonnamment populaires dans des campaniles sur des terres moins la mémoire collective: beaucoup ont été ventées… Qu’importe, il faut penser Les lavoirs et les abreuvoirs restaurés, voire fleuris et appar tiennent à lever le nez dans cette Provence Accolés aux fontaines, divers bassins désormais au patrimoine local. d’Argens en Verdon pour découvrir servaient à abreuver les bêtes (lou L’exemple le plus spectaculaire est sans ces couronnements décoratifs des tours barquiéu), à laver le linge (lou lavadou) doute celui des lavoirs de Varages, villageoises et des clochers d’églises, ou à le rincer (lou refrescadou). le long du canal qui descend de la dont chacun constitue une œuvre Beaucoup de ces aménagements ont source de la Foux. Mais il existe encore unique, souvent forgée au XVIIe ou au survécu à l’arrivée de l’eau à l’évier de beaux lavoirs couverts avec leurs XVIIIe s. Tels ceux de Barjols, en forme et même à la diffusion des machines aménagements, comme à Barjols (lavoir de campanule, qui surmontent la Tour à laver. Dans cette région où les fontaines de l’Hospice, du XVIIe s.), Saint-Martin de l’Horloge (1715) et la mairie. sont particulièrement nombreuses, (lavoir de la «Grande Fontaine», avec Celui de Pontevès, au-dessus de l’église il reste donc un grand nombre de lavoirs le remploi d’un petit autel antique dans Saint-Gervais qui fut édifié au XVIIe. anciens dont on sait qu’ils étaient l’un de ses murs), à Seillons ou à Bras, Ou encore celui de la Tour de l’Horloge un des lieux privilégiés de la sociabilité dans l’eau courante du Cauron. de Tavernes, bel exemple de campanile Le pigeonnier de Tavernes. «cosmogonique», représentant le système solaire selon Copernic, L’architecture en pierre sèche plus ou moins larges où pousse souvent Les pigeonniers Le lavoir de Bras. forgé par un «serrurier» du nom de Dans ce Var occidental au sol calcaire, l’olivier et autrefois la vigne et qui sont Les pigeonniers sont par nature des lieux 26 Jean-Baptiste Mouttet. Dans le même l’«homme de la terre» était autrefois aujourd’hui abandonnées ou livrées à où le public ne pénètre pas et ils ont 27 style, celui de Varages, sur le beffroi, confronté aux dures nécessités de l’avancée de la forêt. long temps été des éléments oubliés est décoré de petites planètes gravitant l’épierrage des terrains arides et peu Au cœur du village, la pierre sèche est de notre architecture. Des modestes autour du soleil qui domine le clocher. hospitaliers et de l’empilement calculé encore parfois présente dans quelques pigeonniers en mansarde dans un coin Une plaque rappelle la date de sa des pierres à faire tenir ensemble, sans rues «caladées», c’est-à-dire garnies de du bâtiment de ferme aux grands construction: 1535. Le campanile de liant, pour les rendre utiles: murets pierres plantées serrées et de chant dans colombiers seigneuriaux, le territoire Saint-Martin date de 1830. C’est un des de soutènement des terrasses de culture, le sol pour éviter l’érosion du ruisselle - en compte un peu partout dans rares à avoir conservé son mécanisme murets d’enclos, murs-ruchers, mais ment, et l’usure des sabots des mulets. la campagne ou à proximité des d’origine. aussi cabanes et cabanons de toutes L’accès au château de Pontevès, restauré châteaux. Là, ils rappellent par leur tailles, ronds ou carrés pour l’abri récemment, en est l’un des plus beaux présence le droit ancestral de colombier, des hommes – bergers, chasseurs, exemples. Et c’est bien ainsi qu’il faut attribut féodal depuis une ordonnance charbonniers – des bêtes et des outils, imaginer les ruelles en pente raide de de 1368. Le plus spectaculaire est sans et aussi pour l’abri de l’eau comme le la plupart des villages perchés: nul doute celui que fit construire rappellent quelques vieux puits… On Esparron, Saint-Martin ou Seillons. Georges Roux de Corse au milieu du retrouve ici ou là tous les types de ces L’autre lieu du village qui bénéficiait XVIIIe s. sur la colline à Brue-Auriac. constructions simples et belles qui de calades était souvent l’aire de battage, La commune le revendique aujourd’hui témoignent aussi de l’art des paysans. située en hauteur, en plein vent, où l’on non seulement comme un monument Les plus visibles sont ici les restanco, foulait le blé au pied des chevaux et historique – classé en 2004 – mais dont les murs sont d’autant plus hauts où l’on le «ventait» (vannait) avant comme un ouvrage hors du commun que la pente est plus raide, qui servent que les tarares (les ventarello) puis par ses dimensions: plus de 6000 couples à retenir la terre pour former les les batteuses n’effectuent mécaniquement de pigeons pouvaient y nicher dans plus bancau, ou faisso, bandes de culture ces opérations. L’architecture vernaculaire de 8000 «boulins»! Fontaines de prestige L’eau domestiquée La place centrale des fontaines de village, particulièrement nombreuses ici, explique L’eau qui jaillit et qui court n’est devenue une eau utile que qu’elles soient devenues de véritables grâce à la gestion constante des habitants pour la canaliser, monuments, enrichis de décors de pierre, boules, acrotères, bulbes, masques, la conduire au cœur des villages, la distribuer dans les terres bustes, statues, ou de bronze, ou plus à irriguer. modestement de plâtre… Au milieu du XIXe s., elles ont contribué partout à l’embellissement des villes. À Barjols, la ville aux trente fontaines, De la source au cœur du village lavoir), sur le lieu même de son captage, ce qui lui vaut le titre rare de «Tivoli On sait que la langue d’Oc n’utilise qu’un aménagement qui, en langue d’Oc, de la Provence», ces décors sont parti - seul terme pour désigner la source et a d’ailleurs gardé le nom de font. culièrement soignés: telle la fontaine la fontaine: c’est la forme font, qui subit Si l’acheminement de l’eau vers le village Raynouard qui fut surmontée d’un faune, des variantes: foux, fous. La toponymie s’est souvent fait à ciel ouvert, il a aussi, statue de Récubert de 1906, aujourd’hui des sources utilise ces deux formes et et ce dès l’époque romaine, fait l’objet enfouie sous l’épaisseur des dépôts de s’enrichit de multiples déterminants de canalisations souterraines dont on a travertin. Enfin, fait assez rare, l’ancienne qui servent à caractériser les sources: repéré plusieurs traces. En particulier à Place de la Mairie à Seillons Source d’Argens. fontaine de 1759 a servi de support au Fontcouverte, Font Claire, Font Chaude, Bras, où le réseau romain en terre cuite monument aux morts de 1923. Font Sainte, Fontvieille, Font Figuière, de deux mètres de hauteur, devait courir dans des bassins publics ou privés creusés Varages, qui bénéficie, comme Barjols, Font Curnière,… ou bien à en préciser sur plusieurs centaines de mètres, mais dans les caves des maisons ou à la sortie de sources abondantes, a distribué l’emplacement: Font de Laurent, Font aussi dans les autres villages où des de la «mine». Elles courent sur plusieurs ses eaux dans une bonne quinzaine d’En Garcin, Font d’Astier, Font de conduits enterrés de dimensions variables centaines de mètres sous Seillons, Fontaine « Champignon », place du Capitaine Vincens à Barjols. de fontaines publiques édifiées pour Gavoty, Font de Mondin, Font Cros… partaient des sources comme celles de en boyaux de deux mètres de haut sur la plupart au cours du XIXe s., parmi Le nombre et la diversité de ces noms Saint-André et de la Bonne Fille à Seillons. presque un mètre de large pour canaliser lesquelles la fontaine des «Quatre première fontaine de 1717, reconvertie l’obligation – pour les femmes en 28 dans l’ensemble des neuf communes D’autres grandes galeries drainantes, l’eau domestique et celle de l’arrosage 29 Saisons» décorée à la mode Renaissance plus tard en hommage au général particulier – d’aller tirer l’eau des puits. montrent que chaque point d’eau a été, creusées dans les buttes de travertin des jardins situés en amont des sources. et qui assura la fonction originale de Gassendi, sénateur et comte de l’Empire. Mais la microtoponymie a aussi gardé de longue date, repéré et aménagé, pour alimenter les villages perchés et bac de lavage pour le sable des faïenceries. la marque de ces puits disséminés dans capté, drainé, rendu utile. Souvent, dénommées «mines à eau» recueillaient Les fontaines Mais la ville a gardé la trace de sa Les puits et citernes la campagne ou jouxtant les fermes: il a été aménagé en fontaine (voire en les eaux d’infiltration et les amenaient La fontaine a toujours marqué symboli - Les villages où l’eau ne coulait pas, puits d’Agnié, puits du Suy, puits de la quement – et ce depuis le tournant du ou dont les sources, plus rares, étaient Gasque, puits d’Arnaud… Si certains XVIe s. – le progrès décisif de l’arrivée situées en aval, eurent recours aux de ces puits sont encore mentionnés sur de l’eau au cœur de l’espace villageois. réserves des nappes phréatiques de nos cartes modernes, d’autres sont Dans nos sociétés rurales, on se souvient leur sous-sol: c’est le cas de Tavernes aujourd’hui comblés et leurs noms ne se aussi qu’elle fut essentiellement – et plus et Seillons, entre autres, où de très trouvent plus que dans la mémoire orale encore quand elle se déversait dans un nombreux puits, communaux ou privés, et tombent peu à peu dans l’oubli. lavoir – le lieu où les femmes se rencon - furent creusés. Nul doute que ce sont L’autre moyen classique de recueillir l’eau traient au centre de la cité, aussi vrai les villages voisins de Tavernes, bien était évidemment la citerne dont l’eau que ce sont elles, et parfois les enfants, pourvus en eaux abon dantes qui lui ont était souvent appréciée pour la cuisson qui assuraient les «corvées d’eau» attribué, par dérision, les dictons tels des légumes et la boisson car elle n’était avant le temps de l’eau courante que «A Taverno, mouron de sé 1 » et pas calcaire. Les châteaux en étaient «à la pile» et bien entendu, les grandes encore «A Taverno, li fremo an gès pourvus mais aussi les maisons, les fermes «bugades» (lessives). 2 Canalisation d’eau d’embouligo », qui fait allusion à et les villages. souterraine (mine à eau) à Seillons 1. À Tavernes, ils meurent de soif.

L’eau des villes et l’eau champs Source d’Argens. Puits couvert à Varages. 2. À Tavernes, les femmes n’ont pas de nombril. Les sites de Varages et de Barjols ont en au XVIIIe s. lorsque la vaisselle de terre commun la présence d’eaux abondantes émaillée remplace en France, sur qui, non seulement ont modelé, avec les tables nobles et bourgeoises, le calcaire des plateaux, de grandes la vaisselle d’or et d’argent. Elle prend falaises de travertin, mais qui ont son essor en 1695 avec Étienne Armand, permis l’installation de petites industries premier faïencier de Varages et devient, locales: les faïenceries et les tanneries. avec Marseille et Moustiers-Sainte-Marie, l’un des trois grands centres de Les faïenceries de Varages la faïencerie provençale. La ville en garde fidèlement la mémoire, Le Musée des Faïences – installé à travers son musée, son école de désormais dans la maison du général décoration, la dernière faïencerie Gassendi – raconte cette prestigieuse en exercice et ses nouveaux ateliers histoire, depuis les étapes de la fabrication artisanaux; elle a connu son apogée aux modes et techniques de décoration, avec de superbes pièces conservées dont un plat de 1697. On y lit aussi Travail de la peau dans les tanneries de Barjols. les tribulations de cette aventure jamais interrompue, du XVIIe s. à nos jours, avec les difficultés du XIXe s. et plus Les tanneries de Barjols encore du XXe où se sont éteintes Elles ont écrit une page importante de les unes après les autres les huit la mémoire ouvrière varoise. Attestée fabriques qui firent la gloire de Varages. au XVe s., la tannerie a perduré jusqu’en D’autres manufactures ont été fondées, 1983, avec un essor notoire au XIXe s. dont celle de Brue-Auriac, à l’époque où Barjols devint, avec sa trentaine de de Roux de Corse, qui a fonctionné tanneries une petite capitale française 30 une dizaine d’années au XVIIIe s. (1763 du cuir. Elles bénéficient du commerce 31 à 1774) puis au XIXe (1838 à 1847). qu’entretient le port de Marseille avec Anciens moulins à Varages. les autres continents et passe, vers 1900, au tannage de peaux venues d’Afrique, Le moulin à tan d’Asie ou d’Amérique. Le tan – terme qui nous vient du gaulois

Différents types de moulins *tann-, chêne – est le nom de l’écorce de Faïences de Varages : Les nombreuses tuileries Le moulin n’est pas une particularité chêne pulvérisée utilisée pour le tannage fabrications industrielle et artisanale. La toponymie – ici, comme dans de cette région varoise mais les ruisseaux des peaux et dont le principe actif, toute la Provence sous la forme nés des sources généreuses ont permis le tannin, les rendait imputrescibles «La Tuilière» – garde la trace de cette ici le développement de plusieurs types et imperméables et les transformait activité qui nécessite la présence à de moulins: moulins à huile, à farine, en cuirs. Le moulin à tan était donc une la fois d’eau et d’argile en abondance. à tan, à foulon, à papier, à vernis… machine qui utilisait la force de l’eau Beaucoup de ces moulins sont aujour - pour broyer les écorces par un système Les moulins à foulon d’hui détruits et oubliés et généralement d’arbre à came qui actionnait des Ils servaient quant à eux à fouler peu signalés à l’attention du visiteur: battoirs. Au XIXe s., Barjols compta les étoffes de laine mais ils étaient aussi même la Descente des Moulins de Varages jusqu’à 19 moulins à tan qui alimentèrent utilisés dans la mégisserie où l’on battait ne les donne plus à voir de façon évidente. une trentaine de tanneries. Ces moulins les peaux au moyen de gros maillets. Si l’on sait à peu près bien ce que furent ont subsisté peu ou prou tant que fut Pour mémoire, la mégisserie consistait les moulins à huile et à farine, on ignore pratiqué le tannage végétal. Vers 1950, à préparer les peaux blanches – non souvent ce que pouvaient être les moulins le tannage par sels de chrome a amené tannées – (de veaux, moutons, chevreaux) à tan et à foulon. leur disparition. destinées en particulier à faire des gants. L’eau au moulin Les « industries » nées de l’eau La citerne du château Le Pont de l’arrosage à Seillons de Saint-Martin-de-Pallières Dans les terres, l’arrosage s’organisait Entre tradition et modernité Cet ouvrage, inattendu dans ce petit par canaux et rigoles, les filioles, selon village, a été construit en 1748 pour un «tour d’eau» souvent établi au Tout en s’ouvrant au monde contemporain, ce pays longtemps l’arrosage du grand parc d’agrément XVIIIe s. Au XIXe s. des syndicats préservé célèbre son histoire singulière dans la fête partagée, richement arboré créé par François de d’arrosants se mettent en place pour Laurens sur l’esplanade de son château. gérer et réguler la distribution de l’eau la donne à découvrir dans ses produits locaux et à comprendre C’est un immense réservoir cimenté dans les terres au moyen des marteliero, jusque dans ses plus modestes monuments. dont la haute voûte est portée par ces vannes en métal ou en ciment qui 20 piliers, et dont les seules eaux de fermaient les écoulements gravitaires ruissellement alimentent ses 2800 m3 et dont le nom s’est popularisé en de capacité. Cette citerne dans laquelle «martelières» dans tout le Midi. La religion populaire a, ici, comme aussi à Seillons ou ailleurs) est ici on pouvait naviguer en barque fait Un ouvrage étonnant garde la trace partout, marqué symboliquement assimilé à une danse dite «des tripettes» encore aujourd’hui l’admiration des de ces usages, c’est le Pont de l’arrosage le territoire: le légendaire chrétien y a dont le nom pourrait remonter au Festivités de la Saint-Pothin à Varages. architectes. de Seillons, que l’on attribue à une souvent pris le relais de cultes beaucoup surnom populaire de «saint Marcel aux fantaisie de Gaspard de Raousset. plus anciens, comme en témoigne tripes», peut-être par assimilation avec Le parc de l’Enclos à Varages Le seigneur du village, amateur de la dévotion à saint Marcel ou à saint le verbe de l’ancien français triper qui Saint Pothin à Varages Un système hydraulique ingénieux, baignades, aurait fait édifier ce pont Arrosage des cultures. Pothin. Ces légendes s’attachent souvent signifiait «sauter». Voilà un autre culte ancien, peut-être autour de la maison de Gassendi, fut muni d’énormes vannes qui pouvaient aux lieux sacrés de l’espace rural, phallique, voué à un certain Foutinus e mis en place en 1745 – une roue à aube, retenir une quantité d’eau suffisante chapelles ou oratoires, selon le schéma que le christianisme du XIII s. assimila ramenait l’eau dans des bassins du haut pour former un petit lac. Le canal de Provence classique: apparitions (de la Vierge à Photinus, premier évêque de Lyon et e des pentes – permettant à la fois Ce système permettait en fait d’arroser Arrivé à la fin des années 1980, ou d’un saint), miracles, guérisons, que le XIX s. pudibond transforma en d’arroser le haut du parc et plusieurs les champs de Raousset situés en aval à partir de Rians d’abord, puis de Saint- promesse votive qui se perpétue dans Pothin par métathèse. Toujours est-il maisons du village. On en voit très bien de la Meyronne. Maximin ensuite, le canal de Provence les roumeirage, processions sur le lieu qu’on vénère chaque année ce dieu les vestiges aujourd’hui. dessert les communes les plus à l’ouest consacré, et voto, fêtes patronales qui primitif devenu patron de Varages. 32 du territoire: Esparron, Saint-Martin, ont souvent pris, à côté de leur aspect 33 Seillons et Brue. Son extension sur ces sacré, une dimension résolument profane. terroirs a accompagné, dans la zone nord, la quasi disparition de la vigne. Saint Marcel à Barjols Dans les communes non desservies La plus populaire et la plus fréquentée par un réseau collectif, une association de ces fêtes est sans conteste celle de financée par des fonds publics, l’Asadiz*, Barjols où la légende locale a assimilé a mis en œuvre quelques projets indivi- les reliques de saint Marcel, évêque de duels à partir de sources et de forages. Die, et un rituel commun à de multiples Fête de la Saint-Marcel à Barjols. L’eau a permis aux agriculteurs de cultiver civilisations: le sacrifice d’un animal, ici des fourrages, des plantes aromatiques d’un bœuf gras. La légende, ici, raconte et médicinales, des semences. bien des histoires: celles de l’apparition de saint Marcel, de la mort de l’évêque dans une abbaye voisine, de querelle * Asadiz autour de ses reliques, de chanoines association syndicale autorisée porteurs des reliques rencontrant pour le développement et l’irrigation le cortège du bœuf de la Saint-Antoine des zones sèches du Var. et même de tripes lavées à la fontaine le jour de leur arrivée, un 16 janvier… Le pont de Ce rituel de la procession et de la mort l’arrosage à Seillons Source du bœuf, lié à la célébration de la Saint- Antoine, patron des bouchers (comme Le légendaire religieux L’eau de la terre : l’arrosage des champs et parcs d’Argens. Du vin, de l’huile et des faïences Les anciennes tanneries de Barjols. La trilogie qui fit la base de l’agriculture de cette région: blé, olive et vigne, a connu bien des avatars au cours des Ancien hospice de Barjols siècles et particulièrement depuis devenu Maison régionale de l’Eau. l’accélération de la déprise rurale. Mais le goût des néoruraux et des citadins voisins pour l’«authentique», le «bio» et les saveurs retrouvées, redonne une nouvelle chance à deux productions ancestrales: le vin AOC, ici labellisé «Coteaux varois en Provence» et l’huile Coopérative oléicole « La Tavernaise ». Clocher de Notre-Dame de Bellevue à Tavernes. d’olive récemment classée dans les «Huiles et Tavernes où les coopératives oléicoles de Provence». Alors que la plupart des des années 1923-1924 se sont modernisées Notre-Dame de Bellevue coopératives ont fermé leurs portes, et s’inscrivent dans la longue histoire de à Tavernes les producteurs locaux, souvent les la «culture» de l’olivier. Les produits La légende qui explique son édification grands domaines autour des bastides artisanaux se réclament aussi de la est celle d’un Dominicain qui crut (rebaptisés en «Châteaux») perpétuent tradition locale, tout en la renouvelant distinguer une chapelle à la place du une tradition viticole ou la recréent, sans cesse: en particulier la poterie et grand rocher auquel elle s’adosse et y produisant d’excellents vins. L’huile la faïence qui perpétuent les gestes et vit le signe d’une injonction de la Vierge d’olive quant à elle, affiche sa qualité, techniques ancestraux en ce pays. pour bâtir là une église. Fut alors lié son fruité et son ancienneté dans deux Tandis que la manufacture industrielle à ce lieu – comme en beaucoup de territoires privilégiés: ceux de Varages La reconversion sanctuaires mariaux – le récit de guérisons remodèle à la fois les formes et les À côté des musées qui sont par l’ancien hospice de Barjols sert miraculeuses, ce qui suscita dévotion et couleurs de la vaisselle de Varages, excellence des lieux de conservation, aujourd’hui de cadre à la Maison pèlerinage le long d’un chemin de croix les nouveaux artisans faïenciers se certains bâtiments désaffectés régionale de l’Eau; à Bras, l’ancienne 34 ponctué d’oratoires, dont quatre (du partagent entre décors d’inspiration retrouvent une seconde vie. Ainsi, église Saint-Pierre est devenue salle 35 XVIIIe s.) subsistent. L’autre légendaire lié ancienne et créations contemporaines à Saint-Martin-de-Pallières, l’ancienne polyvalente; quant à la belle demeure Un espace à partager à ce site est celui que l’on trouve dans et l’école de décoration sur céramique coopérative a connu une reconversion du général Gassendi à Varages la voilà La colline, source de subsistance nombre de sites rupestres, d’empreintes Joseph Clérissy, comme le musée des originale en une école coopérative qui, reconvertie en musée des Faïences autrefois, est devenue le lieu de tous sacrées: ici, ce sont celles de Jésus et Marie Faïences de Varages, écrivent une par sa façade, garde la mémoire de tandis que le parc de l’Enclos est les plaisirs: plaisir de la promenade, sur un rocher en contrebas de l’église. nouvelle page de cette histoire ce que fut l’élan coopératif du XXe s. désormais ouvert aux promeneurs. de la randonnée pédestre et à VTT, D’autres légendes, plus discrètes, courent prestigieuse. naissant. Les cercles, cafés associatifs, Signalés par des panneaux informatifs, de la cueillette – champignons et herbes dans le pays, comme celle des«Gours perdurent parfois, comme à Barjols, ces édifices désormais publics sont sauvages – et plus encore de la chasse. bénis» à Bras, liée au culte tout proche La « Varageoise », ou se reconvertissent, par exemple en devenus des lieux de mémoire pour Autrefois largement dominée par les de sainte Marie Madeleine mais plus l’huile d’olive cinéma, comme à Bras, restant ainsi aujourd’hui et pour demain. pratiques du braconnage, la chasse s’est de Varages. anciennement venue d’un imaginaire des lieux de rencontre et de convivialité Enfin, les outils modernes de protection réglementée et «assagie» grâce aux collectif lié aux gouffres, trous d’eau, villageoise. comme les ZPPAUP* s’appuient sur sociétés de chasse qui contrôlent étangs et lacs où l’on se trouvait englouti Les tanneries de Barjols, soit tout un les éléments forts du patrimoine pour les territoires et le gibier et veillent sur par magie, châtiment ou simple quartier de la ville autour du ruisseau mettre en place un aménagement plus la sécurité. Mais si, en ce pays où chasser imprudence. du Fauvery, constituent une vaste friche harmonieux, respectueux de la mémoire. est une passion forte, se pose parfois L’apparition de saint Joseph à industrielle qui a amorcé une le problème de la cohabitation avec en 1660 est connue et bien documentée, reconversion en ateliers d’artistes les promeneurs – amoureux, tout autant elle est venue renforcer le culte de saint conscients de l’importance de ces lieux que bien des chasseurs, de la nature Joseph, patron de la bonne mort (retable dans la cité. * ZPPAUP et des grands espaces –, la colline reste zone de protection du patrimoine de Pontevès, oratoires d’Esparron et de La foire à la vaisselle Les bâtiments historiques trouvent architectural, urbain et paysager: sans doute pour tous le lieu symbolique Pontevès portant la date de 1660). aussi, ici ou là, une autre vocation: de l’évasion et de la liberté. De nouveaux lieux de mémoire La colline Les produits « terroir du » de Varages. il en existe une à Saint-Martin. Maître d’ouvrage Communauté de communes Provence d’Argens en Verdon

Rédaction Alpes de Lumière, association loi 1901 née en Haute-Provence

Jeu de boules à Saint-Martin-de-Pallières. en 1953, doit son originalité à une approche globale du fait culturel qui va de l’étude à la protection et la valorisation du patrimoine bâti et paysager et qui associe, pour la connaissance fine de cette région, Terre méridionale à la fois ensoleillée et verdoyante, où l’eau fut savoirs locaux et recherche interdisciplinaire. Elle a ainsi édité autrefois abondante, particulièrement belle quand l’automne marie en elle les roux et les ors de chênes pubescents au grisé des oliviers un peu plus de 200 ouvrages sur la Haute et la Moyenne Provence. 36 et de l’yeuse et au vert immuable des pins d’Alep, cette «Provence 1 place du Palais, 04300 Forcalquier d’Argens en Verdon» vous réserve des panoramas insoupçonnables Tél. : 04 92 75 22 01 sur la Provence qui va de la Sainte-Baume aux Alpes du sud. Mais elle est aussi un de ces pays-conservatoires vivants – devenus rares – Crédit photographique où la mémoire du passé est encore présente et sait se dire à chaque Communauté de communes Provence d’Argens en Verdon, Pays coin de place, pour peu qu’on questionne les villageois qui prennent d’art et d’histoire de la Provence Verte, Provence Verte, Maison le frais sur un banc, que l’on dialogue avec l’agriculteur au travail ou l’acteur municipal, qu’on sache dénicher l’érudit local passionné régionale de l’Eau, Robert Callier, Gabrielle Voynot, Alpes de de sa commune. Lumière, fonds privés divers

Allez vous promener sur les chemins, allez flâner dans ces beaux Cartographie villages et laissez-vous surprendre, laissez-vous conter cette Maison régionale de l’Eau étonnante Provence d’Argens en Verdon…

Maquette Isabelle Mercier, L’Édition à façon (04300 Forcalquier), selon la charte graphique conçue par LM communiquer

Impression Imprimerie Siris

Février 2008