LE NATURALISTE VENDÉEN N° 4, 2004 : 3 – 14 3

Les grès à meules de Sérigné et de L'Hermenault en Vendée : matériau géologique et exploitation

Pascal BOUTON

Abstract: The sands and sandstones of L'Hermenault belong to a series of fluviatile lenticular deposits which were laid down on the hercynian substrate before the sea returned at the beginning of the Jurassic (Hettangian) period. Consolidation is however much more widespread than in other deposits, to the point where these sandstones have been used as the raw ma- terial for the manufacture of millstones. The study of Le Bois des Meules at Sérigné provides the opportunity to place these rocks in their correct geological context, but also to learn about the extraction techniques used by the quarrymen. An attempt is then made to trace the history of the use made of of the millstones in the region of L'Hermenault.

Mots clés : Lias inférieur, Hettangien, sable, grès, solifluxion, périglaciaire, carrière à ciel ouvert, meule, Vendée (Ouest de la ), Sérigné, L'Hermenault. Key words: early Liassic, Hettangian, sand, sandstone, solifluction, periglacial, open quarry, millstone, Vendée (Western France), Sérigné, L'Hermenault.

INTRODUCTION

Entre et la plaine de Fontenay-le- Comte, les assises du Mésozoïque* débutent par une formation détritique lenticulaire rapportée à l'Hettangien et connue régionalement sous le nom des "grès et sables de L'Hermenault". Ces dépôts ont depuis longtemps attiré l'attention des géologues, notamment parce qu'ils comprennent des grès durs d'où l'on tirait des meules de mou- lin. Une des anciennes carrières a été mise au jour il y a quelques années à Sérigné. Ce site d'extraction, baptisé le Bois des Meu- Fig. 2 – Carrière du Bois des Meules. On remarque les depuis sa découverte, se trouve dans un bois les grossiers sillons horizontaux laissés par les car- proche du château de la Girardie, à 1,5 km au riers. À gauche, trois meules ont déjà été extraites nord du bourg de Sérigné (fig. 1). Il est bordé par un chemin qui assure un accès facile. L'espace comme en témoigne sa topographie tourmentée. aménagé s'étend sur une cinquantaine de mètres On y rencontre d'ailleurs d'autres meules ou frag- de longueur et 2 m de hauteur (fig. 2). Il ne re- ments gisant sous l'humus forestier. Les incisions présente qu'une partie de l'ancienne zone d'ex- circulaires pratiquées pour dégager les meules traction qui s'étendait probablement à tout le bois monolithiques du conglomérat siliceux sont par- faitement conservées. Leur étude nous aidera à comprendre la technique employée pour extraire les meules. La cartographie géologique réalisée autour du site permettra de préciser la lithostrati- graphie des sédiments infraliasiques et mettra en évidence un phénomène gravitaire quaternaire de La Roche-sur-Yon grande ampleur. Cette note vise donc à retracer deux histoires : l'histoire géologique de la roche L'Hermenault Sérigné et celle de son exploitation par l'homme. On ver- Les Sables-d'Olonne Fontenay-le-Comte ra que paradoxalement, c'est cette dernière qui est la moins bien connue. Océan Atlantique

Fig. 1 – Situation des communes de Sérigné et de ——– L'Hermenault en Vendée (France) * Voir le lexique des termes géologiques en annexe. © Les Naturalistes Vendéens 4 Pascal BOUTON LE NATURALISTE VENDÉEN N° 4, 2004

ÉTUDE GÉOLOGIQUE L'Hermenault est établie dès 1830 par Eutrope Barthélémy de Cressac et W. Manès. Constatant 1 – Les grès et sables de L'Hermenault qu'elle repose à la base du Lias calcaire fossilifè- re, ils la comparent aux arkoses de Thiviers, dont Situés stratigraphiquement entre le socle her- Henri COQUAND [1858] fera un peu plus tard son cynien* et les assises carbonatées du Lias infé- étage du "grès infraliasique". Cette dernière dé- rieur, les grès et sables de L'Hermenault affleu- nomination sera conservée par Jules WELSCH rent principalement sur les communes de L'Her- [1903]. A. BOISSELIER [1893], dans la notice ex- menault, Saint-Cyr-des-Gâts, Bourneau et Séri- plicative de la carte géologique de Fontenay-le- gné. La formation repose en discordance angu- Comte, préférera le terme voisin d'Infralias sui- laire sur le socle métamorphique. Du fait du pen- vant en cela Alphonse de LONGUEMAR [1870, dage général des assises jurassiques vers le sud- 1876]. À cette époque l'Infralias regroupait le ouest, elle s'épaissit avant de disparaître sous le Rhétien et l'Hettangien*. Lias carbonaté au sud-ouest de la vallée de la Les éléments de datation précis seront fournis Longèves. par l'étude des flores que renferment les sables et L'assise est lenticulaire, comme l'ont établi argiles associées. Des végétaux fossiles sont en les cartographies géologiques et confirmé les effet récoltés dans différents gisements de Ven- sondages de reconnaissance hydrogéologique. Il dée (L'Hermenault, environs de , est admis qu'elle n'est conservée qu'à la faveur Saint-Vincent-Sterlanges) et des Deux-Sèvres des paléodépressions du socle hercynien. En de- (Cherveux, Champeaux, Béceleuf). Les sablières hors de l'affleurement de la région de L'Herme- des Deux-Sèvres fourniront une flore diversifiée, nault, les sables infraliasiques sont connus en étudiée successivement par René ZEILLER sondages dans le secteur de Thouarsais- [1911] et surtout par Alfred CARPENTIER [1947- Bouildroux où leur épaisseur atteint une quinzai- 1949]. Ce dernier identifiera 34 espèces et ne de mètres. Vers l'est, on retrouve des corps conclura à un âge Hettangien inférieur (zone à sableux équivalents en Deux-Sèvres (Béceleuf, Thaumatopteris), malgré des affinités rhétiennes environs de Saint-Maixent et Champdeniers), marquées (zone à Lepidopteris). tandis qu'entre Fontenay-le-Comte et Coulonges- Les gisements de Vendée et des Deux-Sèvres sur-l'Autize, le Lias inférieur calcaire ou le Lias ont des lithologies similaires : sables, grès, argi- moyen reposent directement sur le socle. les vertes ou bariolées, argiles sableuses. Des li- Les pierres meulières de Saint-Cyr-des-Gâts gnites sont connus dans les sondages de Thouar- et de L'Hermenault sont mentionnées dans les sais-Bouildroux. Le secteur de L'Hermenault e inventaires départementaux de la fin du XVIII possède cependant deux particularités : le sédi- e siècle et du tout début du XIX siècle [GALLOT, ment détritique y est plus fréquemment cimenté 1790 ; LABRETONNIÈRE, 1800-1801 ; CAVO- en grès et ce ciment présente localement une mi- LEAU, 1803-1804]. La première description li- néralogie particulière, puisqu'il se compose de thologique est due à Jean-Alexandre CAVOLEAU barytine. [1803] : "espèce de brèche quartzeuse qui Quelques coupes détaillées de l'Infralias fu- contient une grande quantité de sulfate de baryte rent levées à la faveur de sablières aujourd'hui ou pierre pesante. Elle est très dure et ses blocs disparues, principalement dans les Deux-Sèvres sont larges et épais : l'on s'en sert pour faire des [CARPENTIER, 1941, 1947-1949 ; ARSICAULT, meules de moulins". Cette description, comme 1952]. Elles montrent un passage progressif, au les suivantes [DE CRESSAC & MANÈS, 1830 ; sommet de la formation sableuse, avec le Calcai- FOURNEL, 1836 ; LA FONTENELLE DE VAUDORÉ, re jaune nankin (Hettangien carbonaté). Les ter- 1844], néglige les faciès sableux associés aux mes de transition sont des marnes sableuses ver- grès. C'est Gustave BARON [1885] qui le premier tes à lentilles dolomitiques qui apparaissent au- met en relation les deux faciès : l'arkose* "est dessous des calcaires dolomitiques francs. Di- composée de grains ou de fragments de quartz vers arguments indiquent que la formation s'est de toutes grosseurs, tantôt fortement cimentés au déposée en contexte fluviatile ou deltaïque : as- point d'avoir une cassure brillante, tantôt sans sociation lithologique (alternances lenticulaires cohésion ; de telle sorte que la roche est exploi- de lits sableux, argileux et de couches formées tée par places comme pierre à meules et à quel- d'un mélange de sables et d'argiles vertes), dis- ques pas de là comme sable". position des dépôts (sédimentation lenticulaire à La position stratigraphique de la formation de stratifications obliques), faible transport des dé- Les grès à meules de Sérigné et de L'Hermenault en Vendée : matériau géologique et exploitation 5

che, sédimentation de plaine alluviale soumise à des ingressions marines épisodiques [LAPPARENT & MONTENAT, 1967 ; BARRIER & MONTENAT, 2003 ; MONTENAT et al., 2003]. On notera que la série du Veillon renferme égale- ment un niveau à débris de plantes [BESSONNAT, 1998].

2 – Le gisement de Sérigné

bois Contexte géologique et géomorphologique

Les grès du Bois des Meules occupent le sommet du petit plateau de la Girardie qui est limité au sud et à l'est par la vallée du ruisseau Fig. 3 – Localisation et contexte géologique des Îlots (fig. 3 et 4). Une cartographie géologi- du Bois des Meules que détaillée de cette vallée montre que le ruis- a : micaschistes affleurants ; b : micaschistes altérés seau entaille les schistes et les micaschistes her- affleurants ; c : filon de quartz et brèche ; cyniens. Le toit du socle, situé approximative- d : extension des sables et grès infraliasiques ; e : dal- ment à l'altitude 50 m, est faiblement incliné vers les de grès glissées ; f : petits blocs de grès glissés ; le sud-ouest. Sous la discordance, les micaschis- g : zone de départ du glissement tes sont altérés sur quelques mètres. Friables et bris végétaux. L'influence littorale s'affirme vers partiellement argilisés, ils ont une couleur ocre. le sommet de la formation où apparaissent des Ils sont surmontés par les sables et grès grossiers marnes et de rares invertébrés marins (Astarte de la Girardie et du Bois des Meules. Au nord- signalée par CARPENTIER [1941]). On peut enfin est de la vallée, les sables s'enrichissent en argile établir des comparaisons entre le gisement à em- et prennent une teinte verdâtre ou lie de vin. Ils preintes de pas de reptiles du Veillon (Talmont- passent graduellement à des marnes sableuses Saint-Hilaire) et les dépôts infraliasiques de vertes à intercalations dolomitiques de puissance L'Hermenault et des Deux-Sèvres. Si l'âge het- pluridécimétrique (Le Beugnon) qui annoncent tangien de la série détritique du Veillon n'est pas la dolomie massive sus-jacente. Épaisse d'une formellement établi par la paléontologie, on y dizaine de mètres, cette dernière est surmontée retrouve plusieurs points communs avec les gise- par le Pliensbachien* représenté par un calcaire ments de l'intérieur des terres : dépôt lenticulaire gréseux grossier, fossilifère (bélemnites), partiel- entre le socle et la série dolomitique du Calcaire lement silicifié, qui donne par altération des sa- jaune nankin, matériel détritique d'origine pro- bles arkosiques grossiers rougeâtres.

Fig. 4 – Coupe géologique montrant la relation entre les faciès de l'Infralias. Noter la position topographique des dalles de grès du ruisseau des Îlots, très en dessous de la surface de discordance sur le socle 6 Pascal BOUTON LE NATURALISTE VENDÉEN N° 4, 2004

Les différents faciès des sables inappropriée la dénomination "arkoses et grès de et grès infraliasiques L'Hermenault" utilisée par ces auteurs.

A – Grès et conglomérats. B – Sables à graviers et grès roux peu indurés. L'affleurement du Bois des Meules n'expose Il s'agit de sables graveleux comparables aux que des conglomérats siliceux et quelques pas- précédents mais n'ayant pas subi d'induration par sées de grès grossiers beiges. Le faciès conglo- cimentation siliceuse. Ils étaient exploités dans mératique, fortement induré, est constitué d'élé- l'ancienne sablière de la Girardie (fig. 4), mais ments essentiellement siliceux, à granulométrie on les rencontre aussi au pourtour immédiat du de graviers ou de petits galets (0,5 à 5 cm) et à Bois des Meules, notamment dans les fossés qui forme anguleuse à arêtes émoussées. Le grano- longent le bois au nord-ouest, où ils renferment classement est relativement mauvais. Les clastes des galets de taille parfois respectable (20 cm). se composent de quartz filoniens blancs, beiges Par place, le sable est aggloméré par un ciment ou roses ; quelques galets de microquartzites ferrugineux. sombres et de micaschistes sont également re- Ces faciès sablo-graveleux s'interrompent présentés. La cohésion du matériel est assurée vers le nord et l'est pour faire place aux sables par un ciment siliceux. Cependant, le colmatage argileux verts décrits plus loin. On les retrouve à des espaces intergranulaires est très inégal, mê- nouveau à Bourneau où le talus face au cimetière me à l'échelle de l'échantillon. La stratification expose un sable orangé, faiblement induré, sur- très fruste délimite des bancs pluridécimétriques monté d'une grave sableuse à graviers de quartz irréguliers. Ces conglomérats sont localement anguleux. La stratification dessine un chenal plu- percés de longs vides tubulaires horizontaux, de ridécamétrique qui suggère une direction de quelques millimètres à quelques centimètres de transport est-ouest. diamètre, finement striés longitudinalement. Il s'agit de moules externes de tiges ligneuses, pro- C – Sables argileux verts et lie de vin, argiles bablement des axes d'Equisetites (prêles géan- vertes à lentilles dolomitiques. tes). Les dalles gréseuses du bas de versant du Les sables argileux sont un faciès latéral des ruisseau des Îlots présentent le même faciès que précédents. Exposés en rive gauche du ruisseau, ceux du Bois des Meules. ils s'intercalent entre le socle micaschisteux et L'extension des grès est restreinte à ces deux les argiles vertes à lentilles dolomitiques. De affleurements. La cartographie détaillée menée granulométrie fine à moyenne, légèrement mica- dans le secteur de Sérigné n'a pas permis de dé- cés, ils contiennent une phase argileuse impor- couvrir d'autres gisements au sein des formations tante, parfois prédominante. sablo-argileuses infraliasiques. La grésification En contrebas du Beugnon, ces sables argileux est donc un phénomène localisé. Dans le Bois passent graduellement vers le haut à des argiles des Meules, elle est uniquement assurée par de la vertes, compactes, à intercalations de sables rou- silice, tandis que dans d'autres localités le ciment ges et lentilles dolomitiques. Ces argiles à struc- est constitué de barytine, comme l'avait signalé ture polyédrique renferment des nodules carbo- le premier CAVOLEAU [1803-1804]. Ces grès à natés, probablement pédogénétiques (paléosols ciment de barytine sont actuellement visibles à de bord de lagune ?). Ce faciès argilo-carbonaté L'Hermenault, dans le talus de la route départe- annonce l'installation des dolomies jaune nankin mentale 30, en face de l'entrée de la maison de qui caractérisent un milieu marin restreint avec retraite. La roche est un grès grossier à galets, des dépôts essentiellement carbonatés évoluant inégalement induré, à stratifications obliques. depuis la zone infratidale supérieure jusqu'à la Les clastes, essentiellement quartzeux, sont ci- zone supratidale [BALUSSEAU, 1980 ; BARRIER mentés par de la barytine blanchâtre. Cette der- & MONTENAT, 2003 ; BOUTON & BRANGER, à nière apparaît également dans les fractures sous paraître]. forme de petites efflorescences en crête de coq. Signalons que les auteurs de la notice des se- Mise en évidence conde et troisième éditions de la carte géologi- de phénomènes gravitaires quaternaires que au 1/80 000 semblent avoir confondu cette barytine avec du feldspath rose. On notera d'ail- Les grandes dalles gréseuses du ruisseau des leurs que les feldspaths sont peu ou pas repré- Îlots sont au nombre de trois. Elles affleurent au sentés dans le cortège détritique, ce qui rend débouché d'un vallon nord-est – sud-ouest incisé Les grès à meules de Sérigné et de L'Hermenault en Vendée : matériau géologique et exploitation 7 dans le versant sud-ouest de la vallée (fig. 3). El- - dalles résiduelles : étant donné la grande les sont étagées sur le versant, la plus basse étant dureté et la faible altérabilité de ces grès, ils disposée en bordure du replat alluvial, les deux pourraient avoir été préservés au cours de l'en- autres à 2 et 6 m environ au-dessus (fig. 5). caissement progressif du réseau hydrographique Leurs dimensions sont comparables : de 10 à 20 pour se retrouver à leur emplacement actuel, tan- m² de surface pour une épaisseur de 1 à 3 m. dis que l'érosion déblayait les terrains plus meu- Leur volume unitaire est donc supérieur à 10 m3, bles (sables infraliasiques et altérites) et plus ten- ce qui représente une masse minimale de 26 ton- dres (micaschistes altérés) ; nes (densité du quartz : 2,6 ; porosité négligea- - glissement par solifluxion* : les dalles de ble). Le faciès est un grès à galets à stratification grès auraient glissé par gravité depuis le bord du subhorizontale. Les micaschistes paléozoïques plateau. affleurent également en bordure du replat allu- Plusieurs éléments étayent cette seconde hy- vial, à moins de 25 m des dalles de grès. En re- pothèse. En haut du versant, le toit du socle est montant le versant, on retrouve ces micaschistes souligné par des suintements alimentés par l'eau en place ainsi que quelques blocs gréseux épars transitant au travers des sables, eau qui ne peut de moindre taille (< 0,5 m3). En haut du versant, s'infiltrer dans les altérites argileuses et les schis- le sommet des micaschistes est coiffé par des ar- tes imperméables sous jacents. Il en résulte que giles d'altération. Sur le flanc sud-est du vallon, la couche argileuse est riche en eau, donc poten- les micaschistes sont bréchifiés et injectés de tiellement instable. En période très humide, la quartz. limite de stabilité a dû être dépassée entraînant le La coupe (fig. 4) illustre le fait que les dalles glissement en masse des formations infraliasi- gréseuses du pied du versant n'occupent pas leur ques et de leur substratum argileux dans le val- emplacement initial : le toit du socle est situé à lon préexistant. Les micaschistes bréchifiés et 50-55 m d'altitude de part et d'autre de la vallée injectés de quartz, présents sur le flanc du val- tandis que la dalle gréseuse la plus basse se trou- lon, permettent de supposer que l'incision a été ve à 34 m NGF. Leur position actuelle peut avoir favorisée au préalable par une faille nord-est – deux explications : sud-ouest facilitant le développement d'une

Fig. 5 – Les trois dalles gréseuses du ruisseau des Îlots sont étagées au débouché d'un vallon nord-est – sud-ouest. Les micaschistes affleurent à quelques mètres de la droite du cliché. Les ébauches de meules de la figure 6 se trouvent sur le bloc de gauche 8 Pascal BOUTON LE NATURALISTE VENDÉEN N° 4, 2004

épaisse couche d'argile d'altération. La morpho- L'EXPLOITATION DU GRÈS À MEULES logie du versant conserve d'ailleurs l'empreinte du glissement de terrain. En effet, contrairement Étude du site de Sérigné aux autres vallons d'échelle comparable, sa par- tie amont ne présente pas une section en "V", Les gisements du Bois des Meules et du ruis- mais une forme en auge telle que celle laissée seau des Îlots sont deux anciens sites d'exploita- par le départ d'un glissement de terrain. La lar- tion de meules de moulin. Le Bois des Meules geur totale de cette loupe est d'une centaine de montre une douzaine de formes circulaires qui mètres, ce qui donne une idée de l'ampleur du correspondent soit à des meules abandonnées en phénomène. Ceci signifierait que les dalles gré- cours de dégagement, soit à l'embase de meules seuses auraient parcouru environ 250 m de dis- déjà extraites (fig. 2 et 7). Le carrier cherchait à tance sur une pente à 8 %. Ce glissement a ce- obtenir des meules d'un seul bloc (monolithes). pendant pu se produire progressivement et sur Les meules en cours de dégagement ont un dia- une période assez longue, sans revêtir nécessai- mètre moyen de 120 cm et une épaisseur de 30 à rement le caractère catastrophique que pourrait 35 cm. Les ébauches du ruisseau des Îlots ont suggérer la dimension des dalles gréseuses. des dimensions identiques (fig. 6). On ne dispose pas d'éléments de datation pré- cis de cette manifestation gravitaire. Postérieure à l'incision de la vallée, elle a dû se produire au cours d'une période glaciaire du Quaternaire, le phénomène étant favorisé par l'exposition nord- est du versant. Dans la région, les coulées de so- lifluxion (head) sont attribuées à la période du Würm* [TERS, 1961]. Celles du littoral vendéen ont une épaisseur réduite (3 m maximum) ; elles sont constituées d'une boue remplie de cailloutis de quartz et se sont déplacées sur des pentes très faibles. Le glissement de Sérigné est différent par la très grande dimension des éléments glissés et par la pente sur lequel il s'est produit (8 %). Il s'apparente plutôt aux coulées périglaciaires qui, Fig. 7 – Meule isolée inachevée dans le Bois des en Bretagne et Normandie, couvrent les flancs Meules. Le sillon central de la rigole est très net. Une des hauteurs de grés paléozoïques dont elles in- entaille plus discrète est pratiquée du côté de la meule corporent des blocs rocheux de plusieurs mètres pour obtenir une forme cylindrique cubes. Ainsi sur le versant nord du synclinal des Coëvrons (région de Mont-Saint-Jean, Sarthe), nous avons observé que des dalles de grès cam- Technique d'extraction briens ont parfois été entraînées à plus de 500 m de distance de leur affleurement. Le mode d'extraction est semblable dans les deux sites. Il consistait d'abord à creuser une en- taille circulaire d'une dizaine de centimètres de largeur pour une trentaine de profondeur (fig. 7 et 8). Compte tenu de la dureté et de l'abrasivité de la roche, cette opération devait être très lon- gue et entraîner une usure rapide des outils. En adoptant l'approche méthodologique de Jean-Claude Bessac [BESSAC et al., 1999], il est possible de retrouver la technique employée par les carriers en étudiant finement les traces lais- sées par leurs outils. Les faces verticales des meules présentent Fig. 6 – Ébauches de meules sur une dalle gréseuse du des sillons irréguliers à peu près horizontaux es- ruisseau des Îlots. Le site semble avoir été abandonné pacés de 3 à 4 cm et profonds de quelques milli- sans qu'aucune meule n'ait été extraite mètres (fig. 2 et 8). Un examen détaillé montre Les grès à meules de Sérigné et de L'Hermenault en Vendée : matériau géologique et exploitation 9

la broche, le pic ne pouvant être utilisé que tant que la tranchée restait peu profonde. Lorsque la profondeur souhaitée était atteinte, le carrier négligeait la partie externe de la rigole qui conserve une forme arrondie, tandis qu'il s'appliquait à bien dégager la base de la meule et à creuser les encoches (emboîtures) devant ac- cueillir les coins (fig. 8b). Pour séparer la meule de la roche, on utilisait en effet des coins de fer disposés à la base de la meule, coins dont la trace subsiste dans les em- boîtures (fig. 9). Leur forme plate exclut l'utilisa- tion de coins en bois, qui nécessitent des emboî- tures tronconiques. L'utilisation des coins en fer est la technique d'extraction des pierres dures la plus répandue et elle n'apporte aucun élément de datation en dehors de la période romaine [BESSAC et al., 1999]. Remarque : les trous horizontaux cylindri- ques profonds, perçant parfois les grès, n'ont au- cune relation avec l'extraction des meules : il Fig. 8 – Technique d'extraction des meules de Sérigné s'agit de moules externes de tiges végétales fos- a : creusement d'une tranchée étroite à partir d'un sil- siles (voir plus haut). lon central profond de quelques centimètres (1). Ce sillon facilite un arrachage grossier de la roche sur Un matériau géologique difficile quelques centimètres de profondeur (2). La base des

parois est ensuite régularisée à la broche (3), laissant des stries horizontales caractéristiques (4) ; L'examen des sites montre que l'extraction b : lorsque la profondeur souhaitée est atteinte, des des meules était un travail délicat qui n'aboutis- emboîtures sont pratiquées à la base de la meule pour sait pas toujours au résultat escompté. On notera accueillir les coins en fer qui permettront de la séparer d'abord que les deux sites ont été abandonnés de la roche (5) alors que de nombreuses ébauches étaient prati- quement achevées. De plus, plusieurs socles de que ces stries grossières sont formées d'une suc- meules prélevées présentent des imperfections cession d'impacts punctiformes. Il est donc pro- qui laissent supposer que celles-ci étaient inutili- bable qu'elles ont été obtenues en recourant à sables. Le principal défaut constaté est un plan un outil à percussion, à savoir une broche de cassure basal oblique qui implique que les (classification de LEROY-GOURHAN, [1943]), deux faces de la meule n'étaient pas parallèles. Il utilisé avec percuteur. y a plusieurs explications qui tiennent plus à la Le fond des rigoles est creusé d'un sillon mé- nature du matériau géologique qu'à la technique dian qui lui donne une section en "V" très ou- employée. On citera en premier lieu sa grande vert. Deux autres sillons plus discrets bordent le dureté qui interdisait le creusement de tranchées fond de la rigole, le mieux marqué étant situé du suffisamment larges pour disposer sur toute la côté de la meule (fig. 7). Après avoir tracé un périphérie de la meule les coins devant fendre la sillon central au fond de la rigole, le carrier déta- roche (peut être qu'aussi la faible extension des chait sommairement la roche de part et d'autre de gisements incitait-elle à limiter les pertes). L'au- cette échancrure, puis retravaillait plus précisé- tre raison est l'absence de plan de débit naturel ment la base des parois pour retrouver une sec- (fil de la roche). En effet le grès ne montre tion subrectangulaire (fig. 8a). C'est cette derniè- qu'une stratification fruste, pas forcément régu- re opération qui explique les sillons horizontaux lière et contrariée par l'irrégularité de la cimenta- laissés sur les faces verticales des meules. Ces tion. stries traduisent donc l'enfoncement progressif Ces contraintes étaient moindres lorsque de la tranchée, l'ouvrier ne dégageant à chaque l'atelier de taille pouvait profiter d'un front de tour de l'ébauche qu'une épaisseur de grès de 3 à taille vertical. La carrière principale du Bois des 4 cm. L'essentiel du travail devait être réalisé à Meules présente cet avantage. Du côté aval du 10 Pascal BOUTON LE NATURALISTE VENDÉEN N° 4, 2004 site, plusieurs meules ont été débitées sur la mê- écrits antérieurs à 1900, les deux localités les me verticale, ménageant ainsi un accès à de nou- plus mentionnées sont L'Hermenault et Saint- velles meules (fig. 2). En revanche, lorsque l'ex- Cyr-des-Gâts, paroisses où se trouvent à la fin du e traction ne pouvait se faire que par le dessus XVIII siècle "des carrières de pierres meulières d'une dalle gréseuse enfouie dans le sol, l'entre- assez considérables" [GALLOT, 1790]. Henri prise devait être à la fois plus pénible et moins FOURNEL [1836], qui nous apprend que le grès assurée de réussite (fig. 7). est exploité sous le nom de "moulange", apporte plus de précisions en citant les Vaudières (l'Évaudière) et le Deffens (le Défend) qui appar- L'exploitation des meules tiennent à la commune de Saint-Cyr-des-Gâts. dans la région de L'Hermenault Ce dernier village est proche du château de la Gibonnière aux environs duquel Louis ROUS- L'utilisation des grès de L'Hermenault pour SEAU [1928] situe d'anciennes exploitations de faire des meules est historiquement établie pour pierres meulières qui "se dissimulent, aujour- plusieurs localités de la région mais elle était d'hui, sous un taillis de châtaigniers". Aucune méconnue à Sérigné jusqu'à la découverte du site précision n'est fournie pour L'Hermenault. Ce- du Bois des Meules, puis de celui du ruisseau pendant, plus récemment Joël PÉROCHEAU des Îlots. L'emplacement précis de ces carrières [1971] indique qu'on trouve dans le hameau des et leur époque d'exploitation restent à éclaircir. Mouillières, au sud-est du bourg, des "trous en forme d'entonnoir. Certains ont plus de 10 m de Localisation des anciennes carrières profondeur […]. En ces endroits on extrayait au- trefois de grosses pierres de grison pour en faire Les écrits des scientifiques et érudits fournis- des meules de moulin". sent des indications souvent vagues quant à la Bourneau est signalé à plusieurs reprises, localisation des sites de production. Dans les mais sans plus de détail.

Fig. 9 – Sur cette embase de meule, on distingue la trace des coins ayant permis la séparation de la meule (le bord des emboîtures est surligné). Ces coins devaient être disposés dans des parties accessibles pour être frappés efficacement Les grès à meules de Sérigné et de L'Hermenault en Vendée : matériau géologique et exploitation 11

Les cartes géologiques dressées dans la pre- anciens, inventaire du mobilier en grès trouvé e mière moitié du XX siècle ne figurent aucune lors de fouilles archéologiques dans la région… carrière dans l'Infralias* des communes de L'approche toponymique est également instructi- L'Hermenault et de Saint-Cyr-des-Gâts. En re- ve comme nous allons le voir. À l'est du bourg vanche, les notices explicatives mentionnent des de L'Hermenault, la carte au 1/25 000 indique carrières de moellons aux Chaumes à Bourneau deux noms évoquant les meules : un village dé- et au Chêne Tors à Bourseguin. Seule la carrière nommé "les Mouillières" et un peu plus au nord, de Bourneau est localisée sur la carte. Aucune le "Château de Moullières". Il s'agit probable- n'est indiquée à Bourseguin où deux lieudits por- ment de l'altération d'un même toponyme. La tent le nom de Chêne Tors. carte d'État-Major publiée en 1850 appelle le vil- La dernière commune citée est celle de Saint- lage "la Moullière", ne suivant pas le pluriel "les Martin-des-Fontaines, mentionnée uniquement Moullières" figurant sur le cadastre napoléonien par de CRESSAC & MANÈS [1830]. Sérigné n'est (vers 1826). Les archives nous apprennent égale- jamais évoquée même dans l'inventaire commu- ment qu'autour de l'an 1600 François Dubois, nal de LA FONTENELLE DE VAUDORÉ [1844]. seigneur des Moulières, possédait "maison noble L'implantation exacte des anciens sites d'ex- et seigneurie des Moulières" dans la paroisse de traction des environs de L'Hermenault reste donc L'Hermenault [MAILLAUD, 2001]. Le toponyme à établir. Elle passe par la recherche de vestiges exact paraît donc être "moulières", qui serait un morphologiques corrélée avec une cartographie dérivé de "mola" meule ou "molaria", lieu d'ex- géologique précise du sous-sol. traction de pierre meulière. Il est à rapprocher de celui de Moulière (forêt de Moulière), forêt du Âge des exploitations nord-est de Poitiers, qui tient également son nom de l'extraction de meules. En revanche le terme La fabrication de meules à partir des grès de de "Mouillères", qui est une erreur de la carte L'Hermenault est très ancienne comme en témoi- IGN, pourrait renvoyer de manière erronée au gne la découverte, lors de la fouille du tertre fu- latin mollis, mou, ou mollaria, terrain humide, néraire du Néolithique récent d'Auzay, d'une pe- qui est à l'origine de Mouillerons-en-Pareds tite meule élaborée à partir de ce matériau [DAUZAT & ROSTAING, 1978]. L'ancienneté du (longueur : 70 cm, largeur : 40 cm, épaisseur : toponyme "moulières" à L'Hermenault peut donc 25 cm ; informations de Jean-Marc Large). être une des clés de cette recherche historique. Les exploitations de grandes meules comme celle de Sérigné sont beaucoup plus récentes. La Fin de l'activité d'extraction fabrication de grandes meules circulaires a ac- compagné le développement des moulins à eau à Les éléments bibliographiques nous laissent e e partir du XI -XII siècle. Il est donc possible que entrevoir que l'abandon de la production se situe l'extraction dans la région ait débuté au Moyen autour de 1850. Jean-Gabriel GALLOT [1790], Âge. La technique utilisée par les carriers de Sé- Pierre Louis LABRETONNIÈRE [1800-1801], Jean rigné est relativement classique et ne fournit au- -Alexandre CAVOLEAU [1803-1804], Eutrope cune information chronologique. Les ouvrages Barthélémy DE CRESSAC et W. MANÈS [1830], monolithes sont relativement archaïques par rap- Henri FOURNEL [1836] et Armand Désiré de LA port aux meules en assemblage qui ne sont FONTENELLE DE VAUDORÉ [1844] décrivent une e connues qu'à partir du XV siècle et qui ne se gé- exploitation en pleine activité. Ce dernier appor- e néraliseront qu'au XIX siècle. Pendant une lon- te même des précisions quant à la qualité des gue période les deux techniques ont coexisté. De meules : "les meules de L'Hermenault sont pré- plus le témoignage d'Armand Désiré de LA FON- férées à celles de Saint-Cyr-des-Gâts. Du reste TENELLE DE VAUDORÉ [1844], produit plus loin, ces mêmes meules, qui ne sont propres qu'à la suggère que les carriers de la région ont eu fina- mouture du seigle et du gros grain, sont d'une lement recours à la technique d'assemblage. qualité inférieure. On leur préfère de beaucoup Une datation plus précise reste donc à établir. les meules des environs de Châtellerault, dépar- Elle peut suivre diverses pistes : fouille archéo- tement de la Vienne. Néanmoins dans la Vendée, logique des sites d'extraction (recherche de mo- et dans le nord des Deux-Sèvres, on emploie en- bilier datable), étude des archives (carrières pou- core des pierres de molange, soit seules, soit mé- vant figurer dans les actes notariés), recherche langées avec du molange de la Vienne". Ce com- des réutilisations de meules dans les bâtiments mentaire fournit l'explication de l'arrêt de l'ex- 12 Pascal BOUTON LE NATURALISTE VENDÉEN N° 4, 2004 ploitation des grès de L'Hermenault : à une épo- indications archéologiques. que où les moyens de transport se développent, ces meules ne pouvent rivaliser en qualité avec celles de la région de Châtellerault ou avec la ANNEXE I pierre meulière réputée de La Ferté-sous- Jouarre, dans la Brie. Contrairement aux meules À Sérigné, le Bois des Meules, qui borde le monolithes de Sérigné, elles étaient formées d'un sentier pédestre du Sérignolais, est aisément ac- assemblage de pierres maintenues par un ciment cessible. Un panneau d'information accueille le et un cerclage en fer. En tout cas, l'activité d'ex- visiteur, panneau comportant malheureusement traction appartient déjà au passé en 1874 lors- beaucoup d'informations techniques et géologi- que, le long de la route de L'Hermenault à Mar- ques erronées. Le Conseil Général a récemment sais, Alphonse Le Touzé de Longuemar "y voit consacré à ce gisement l'une des douze fiches de ouvertes les anciennes carrières où l'on exploitait protection et de valorisation du patrimoine géo- jadis de grossières meules de moulin". logique vendéen. Téléchargement, sur le site www.vendee.fr, de la fiche n° 11 – Le Bois des CONCLUSION Meules (la Girardie) Sérigné (2004).

Le Bois des Meules à Sérigné est le seul ves- tige visible d'une activité autrefois prospère dans ANNEXE II la région de L'Hermenault : la fabrication de meules de moulin à partir d'une roche sédimen- Lexique des termes géologiques taire dure, le grès. L'étude du gisement de Séri- gné permet de comprendre la technique du car- Claste : fragment de cristal, de fossile ou de ro- rier. Elle montre aussi la difficulté qu'il y avait à che inclus dans une roche. exploiter un matériau extrêmement dur, sans Hettangien : étage géologique situé vers – 205 plan de débit franc. Ces caractéristiques défavo- Ma. Son nom vient d'Hettange-Grande en rables expliquent peut-être l'abandon du site en Moselle où il a été défini pour la première cours d'exploitation. On ignore si les conditions fois en 1864, par Eugène Renevier. d'extraction des gisements de L'Hermenault et de Infralias : ancienne division stratigraphique à la Saint-Cyr-des-Gâts étaient similaires. Ces der- limite du Trias et du Jurassique. Les deux niers ont eu une histoire plus longue, puisqu'elle étages géologiques de l'Infralias, le Rhétien remonte probablement au Moyen-Âge et qu'elle et l'Hettangien sont rattachés aujourd'hui e a pris fin dans la seconde moitié du XIX siècle, pour le premier au Trias et le second au Ju- période où des pierres meulières de meilleure rassique. qualité sont devenues facilement disponibles. Mésozoïque : ère géologique ayant duré de Le matériau exploité dans ces différents sites –245 à – 65 Ma qui comprend les systèmes appartient à la même assise géologique. C'est un du Trias, du Jurassique et du Crétacé. sable localement induré en grès par un ciment de Pliensbachien : étage géologique décrit en 1858 silice ou de barytine. L'âge de ce dépôt nous est par A. Von Oppel à Pliensbach, en Allema- connu grâce à la flore fossile qu'il renferme. Il gne. Cet étage regroupe aujourd'hui le Ca- remonte au début du Jurassique, plus précisé- rixien et le Domérien (– 191 à – 184 Ma). ment à l'Hettangien, période qui voit la mer en- Socle hercynien : Roches de l'ère primaire cons- vahir progressivement le massif Hercynien ven- tituant le soubassement de la région ven- déen arasé. Les sables et grès de L'Hermenault déenne. Ces roches ont subi des déforma- se déposent dans un contexte encore continental, tions importantes lors de la formation de la mais ils sont recouverts d'argiles vertes dont les chaîne de montagne hercynienne qui a en- intercalations dolomitiques témoignent des pre- suite été érodée avant l'arrivée des mers ju- mières incursions marines. rassiques (– 400 Ma à – 260 Ma environ). Solifluxion : glissement de terrain, fréquent en REMERCIEMENTS période de dégel au cours du Quaternaire. Würm : quatrième et dernière glaciation du Remerciements à Jean-Marc Viaud et Gaston Quaternaire de – 112 000 ans à – 10 300 Godard qui m'ont fait bénéficier de leur riche bi- ans Before Present (avant 1950). bliographie, ainsi qu'à Jean-Marc Large pour ses Les grès à meules de Sérigné et de L'Hermenault en Vendée : matériau géologique et exploitation 13

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Pascal BOUTON La Bournaire 44690 MONNIÈRES [email protected]

Publicité d'un fabricant de meules en 1850