Le Roumois : Pays De Rouen
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ISBN 2-86743-236-7 @ Editions Bertout - «LA MÉMOIRE NORMANDE» Rue Gutenberg - 76810 Luneray Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. MARTHE PERRIER LE ROUMOIS "Pays de Rouen" Du même auteur : MIROIR DU TEMPS AU CŒUR DU ROUMOIS Editions Bertout - 1992 INTRODUCTION ROUEN, une des plus anciennes cités épiscopales de la Gaule est devenue par la suite, une métropole gallo-romaine située sur la rive droite de la Seine, puis elle a débordé de ce site. Pour donner plus de relief à la capitale et aussi pour assurer une partie de son ravitaillement, les Romains lui ont ajouté toute la contrée comprise entre la rive gauche de la Seine et la rive droite de la Risle, contrée devenue "pagus Rotamagensis ", pays de Rouen : le Roumois ! Il s'étendait depuis l'estuaire de la Seine jusqu'à Elbeuf, épousant tous les méandres du fleuve. C'est un plateau calcaire couvert de limon, coupé de petites vallées, qui descendent en pentes abruptes, vers la Seine au nord, vers la Risle au sud. Par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, Charles le Simple céda une partie de son royaume à Rollon, celle que les Vikings avaient envahie de nombreuses fois. Elle deviendra la Normandie, le Roumois en est une partie. Dans Rouen qui en était la capitale sur le plan administratif, religieux, judiciaire, ses habitants ont laissé mille souvenirs. L' intéraction qui existe entre la ville et son pays apparaît à tout moment, ainsi que l'influence réci- proque dont s'alimentent citadins et gens de la campagne. Il n'y a pas une recherche systématique des liens qui unirent le Roumois et Rouen, ils apparaissent naturellement dans la vie quotidiennne des habitants : les carriers de Caumont ont fourni la pierre pour édifier la cathédrale, les bûcherons et les charpentiers ont taillé les colombages et les sablières qui font encore le charme du vieux Rouen,. si apprécié des touristes, les paysans ont fourni le lin, la laine aux tisserands. Les nobles ont été nombreux à occuper des charges administratives. Ils possèdaient un hôtel à Rouen en même temps qu'un château dans le Roumois. Une question ? Les habitants ont-ils réussi à donner plus de relief à la capitale au cours des siècles ? Ils ont contribué autrefois à son développement, qu'en reste-t-il aujourd'hui ? le Roumois a été amputé à la Révolution de toutes les forêts qui l'entou- rent, de la région d'Elbeuf et de celle qui est devenue l'agglomération rouennaise. C'est à la rencontre des habitants que ce livre souhaite vous emmener, ils étaient là bien avant que naisse l'entité "Roumois ". Les tout premiers que nous puissions rencontrer, quand il s'agissait surtout de sur- vivre, n'avaient que leur propre corps pour seule ressource d'énergie. Ensuite, comme leurs contemporains ils utilisèrent certaines autres forces : celle du cheval suppléant à celle de l'homme, a demeuré jusqu'au siècle dernier. Ils ont eu aussi recours à certaines forces naturelles : le feu pour cuire leurs aliments et forger des armes, le vent pour navi- guer à la voile, l'eau captée devenue motrice... Les siècles se sont ainsi écoulés, laissant à l'ingéniosité des uns et des autres, le temps de concevoir des nouveaux outils, de les expé- rimenter jusqu'à ce que l'ère industrielle vienne tout bouleverser, précipiter, entraîner les hommes dans une industrialisation qu'ils ont à peine le temps de comprendre, tant ils la subissent alors qu "il leur faut en même temps, pouvoir s'y adapter. Le Roumois est une région très particulière. La géographie régionale a entraîné une géographie humaine où les activités nais- saient spontanément en fonction du milieu naturel. Le climat, les ressources naturelles ont imposé aux habitants des liens sociaux, qui ont été renforcés par l'histoire de tous les temps. Jusqu'à la moitié de ce siècle, le Roumois est resté une sorte d'enclave entre Seine et Risle. Les hommes se sont accommodés des pentes trop raides, des vallons encaissés, des talus, des ravins et des terrains mal drainés pour réserver leurs cultures au plateau oÙ le limon fertile entraînait une riche prospérité agricole. Les riverains de la Seine et de la Risle, perpétrant les habitudes de leurs ancêtres, étaient demeurés marins, pêcheurs, capitaines au long cours, bien souvent explorateurs de pays lointains. La vie en bordure de Seine avec des occupations différentes de celles des habitants du plateau, avait entraîné une différence de mentalité très marquée, entre les agriculteurs et les habitants riverains. Ceux-là semblaient avoir conservé certaines qualités de leurs ancêtres scandi- naves : goût de l'action et de l'aventure en même temps qu'un bon sens pratique, mais ils aimaient aussi la tradition et la longue expérience des générations précédentes, leur offre des garanties de sécurité. La vie dans la capitale, celle des bourgs les plus importants, différait de celle des autres paroisses, mais quantité d'interactions s'étaient établies entre la société rurale et la société urbaine, qui se complétaient pour vivre ; des groupes existaient dans chacune, fermés en apparence et pourtant solidaires. Dans chaque paroisse, la population consti- tuait une sorte de communauté agissant comme une personne civile. Qui sont ces hommes ? Bon nombre d'auteurs les ont décrits : «La population du Roumois est laborieuse, mais pratique avant tout... peu attirée par l'idéologie, volontiers conformiste, elle ne s'entoure pas de rêves inutiles et n'a pas le sens du merveilleux comme ses voisins du Vexin», pourtant elle a sa part de légendes appartenant au folklore devenu aujourd'hui une véritable science des traditions et des mœurs. L'habitant du Roumois, même s'il s'en défend, est resté longtemps un mystique et certains auteurs en font : «Un pays de rêveurs et de réalistes, d'historiens qui se pen- chent sur le passé et de pionniers qui s'élancent vers l'avenir». Pas facile à concilier petit-être ! Remarquons encore que ces vikings, guerriers avant tout, se montreront au cours des siècles, amateurs d'art sous toutes ses formes. De nombreux historiens ont retracé l'histoire des bourgs les plus importants. Les habitants se réjouissent de ces écrits, ils flattent l'esprit de clocher qui animait toutes les paroisses de ville, comme de campagne, il y a encore peu d'années. Un relevé d'archives de Bouquetot, 14 juillet 1890, en donne un vivant témoignage, «Le conseil municipal adresse à Monsieur Duchemin ses remerciements et ses félicitations, pour les nombreux travaux qu'il a accomplis et l'engage à persévérer dans une si louable entre- prise, celle d'écrire l'histoire inconnue et parfois si intéressante des communes de notre pays...» Je vous propose d'aller à la rencontre de ces habitants, au cours de quelques voyages dans le temps et dans l'espace (c'est d'actualité n'est-ce pas ?) en recherchant les liens qui les rendaient dépendants les uns des autres ; ils ont laissé des souvenirs à toutes les époques. Jusqu'à la dernière guerre, les générations successives avaient fait du Roumois un paysage unique qui témoigne d'un riche patrimoine naturel et architectural. Les pho- tographies qui illustrent cet ouvrage vous aideront à le retrouver et raviveront parfois quelques souvenirs. Il y a quelques années, le village avait perdu tout aspect communautaire, du fait de l'exode rural et de l'implantation des résidences secondaires, habitées temporairement par des familles indifférentes aux besoins de la collectivité. Aujourd'hui le processus s'in- verse. Bon nombre d'ouvriers itinérants n'hésitent pas à s'installer dans les villages qui, villages dortoirs, du temps de l'installation dans des maisons neuves ou en cours de rénovation, s'animent de nouveau, avec quantité d'associations sportives ou culturelles très actives / La vie communautaire reprend parfois ses droits. Pour connaître la vie des habitants, il m'a paru nécessaire d'aller à la rencontre des légendes qui concernent la région. Elles fournissent des précieux renseignements sur les mœurs, les coutumes de l'époque où elles ont été créées. Nées du besoin de merveilleux, elles datent de toutes les époques. Un événement historique mal rapporté est souvent à l'origine, il s'y mêle une foule de sentiments où se rencontrent la foi, la crainte, parfois le désir d'interpréter un fait incompréhensible. Leurs auteurs ajoutent souvent une façon inattendue de faire la morale, niais à chacun de les interpréter à sa façon selon ses convic- tions, parfois seidement selon l'humeur du moment. Les Rouennais qui, dans les siècles précédents, venaient courir avec empressement après le bon air du Roumois, y trouvent aujourd'hui l'occasion de nombreuses promenades et quantités d'activités : chasse, pêche, hippisme, ainsi que de multiples animations tra- ditionnelles et culturelles. C'est peut être l'occasion de témoigner de la profonde identité rouennaise, que l'habitant du Roumois d'aujourd'hui ne comprend pas toujours. Gardons-nous toutefois d'appréhender les réactions en homme de l'an 2000. Les jugements furent différents au cours des siècles. Regrettons que les informations concer- nant les pauvres aient été si rares, elles ont été souvent très discrètes en ce qui concerne le peuple. Les événements, les inventions se précipitent, provoquant par contrecoup, une accéléra- tion de l'oubli. Personne ne souhaite tenter un impossible retour en arrière, mais peut-être peut-on aider à bâtir l'avenir, à partir des expériences du passé, sans nostalgie, sans passéisme ! Raconter pour ne pas oublier, peut être pour comprendre, je vous livre les souvenirs des hommes... Quelques notes d'histoire semblaient nécessaires pour commencer ! M. PERRIER PRÉHISTOIRE Evocation d'une époque bien lointaine dont on n'a HISTOIRE gardé aucun témoignage.