ISBN 2-86743-236-7 @ Editions Bertout - «LA MÉMOIRE NORMANDE»

Rue Gutenberg - 76810 Luneray

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. MARTHE PERRIER

LE ROUMOIS

"Pays de " Du même auteur : MIROIR DU TEMPS AU CŒUR DU ROUMOIS Editions Bertout - 1992 INTRODUCTION

ROUEN, une des plus anciennes cités épiscopales de la Gaule est devenue par la suite, une métropole gallo-romaine située sur la rive droite de la Seine, puis elle a débordé de ce site. Pour donner plus de relief à la capitale et aussi pour assurer une partie de son ravitaillement, les Romains lui ont ajouté toute la contrée comprise entre la rive gauche de la Seine et la rive droite de la , contrée devenue "pagus Rotamagensis ", pays de Rouen : le Roumois ! Il s'étendait depuis l'estuaire de la Seine jusqu'à , épousant tous les méandres du fleuve. C'est un plateau calcaire couvert de limon, coupé de petites vallées, qui descendent en pentes abruptes, vers la Seine au nord, vers la Risle au sud. Par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, Charles le Simple céda une partie de son royaume à Rollon, celle que les Vikings avaient envahie de nombreuses fois. Elle deviendra la Normandie, le Roumois en est une partie. Dans Rouen qui en était la capitale sur le plan administratif, religieux, judiciaire, ses habitants ont laissé mille souvenirs. L' intéraction qui existe entre la ville et son pays apparaît à tout moment, ainsi que l'influence réci- proque dont s'alimentent citadins et gens de la campagne. Il n'y a pas une recherche systématique des liens qui unirent le Roumois et Rouen, ils apparaissent naturellement dans la vie quotidiennne des habitants : les carriers de Caumont ont fourni la pierre pour édifier la cathédrale, les bûcherons et les charpentiers ont taillé les colombages et les sablières qui font encore le charme du vieux Rouen,. si apprécié des touristes, les paysans ont fourni le lin, la laine aux tisserands. Les nobles ont été nombreux à occuper des charges administratives. Ils possèdaient un hôtel à Rouen en même temps qu'un château dans le Roumois. Une question ? Les habitants ont-ils réussi à donner plus de relief à la capitale au cours des siècles ? Ils ont contribué autrefois à son développement, qu'en reste-t-il aujourd'hui ? le Roumois a été amputé à la Révolution de toutes les forêts qui l'entou- rent, de la région d'Elbeuf et de celle qui est devenue l'agglomération rouennaise. C'est à la rencontre des habitants que ce livre souhaite vous emmener, ils étaient là bien avant que naisse l'entité "Roumois ". Les tout premiers que nous puissions rencontrer, quand il s'agissait surtout de sur- vivre, n'avaient que leur propre corps pour seule ressource d'énergie. Ensuite, comme leurs contemporains ils utilisèrent certaines autres forces : celle du cheval suppléant à celle de l'homme, a demeuré jusqu'au siècle dernier. Ils ont eu aussi recours à certaines forces naturelles : le feu pour cuire leurs aliments et forger des armes, le vent pour navi- guer à la voile, l'eau captée devenue motrice... Les siècles se sont ainsi écoulés, laissant à l'ingéniosité des uns et des autres, le temps de concevoir des nouveaux outils, de les expé- rimenter jusqu'à ce que l'ère industrielle vienne tout bouleverser, précipiter, entraîner les hommes dans une industrialisation qu'ils ont à peine le temps de comprendre, tant ils la subissent alors qu "il leur faut en même temps, pouvoir s'y adapter. Le Roumois est une région très particulière. La géographie régionale a entraîné une géographie humaine où les activités nais- saient spontanément en fonction du milieu naturel. Le climat, les ressources naturelles ont imposé aux habitants des liens sociaux, qui ont été renforcés par l'histoire de tous les temps. Jusqu'à la moitié de ce siècle, le Roumois est resté une sorte d'enclave entre Seine et Risle. Les hommes se sont accommodés des pentes trop raides, des vallons encaissés, des talus, des ravins et des terrains mal drainés pour réserver leurs cultures au plateau oÙ le limon fertile entraînait une riche prospérité agricole. Les riverains de la Seine et de la Risle, perpétrant les habitudes de leurs ancêtres, étaient demeurés marins, pêcheurs, capitaines au long cours, bien souvent explorateurs de pays lointains. La vie en bordure de Seine avec des occupations différentes de celles des habitants du plateau, avait entraîné une différence de mentalité très marquée, entre les agriculteurs et les habitants riverains. Ceux-là semblaient avoir conservé certaines qualités de leurs ancêtres scandi- naves : goût de l'action et de l'aventure en même temps qu'un bon sens pratique, mais ils aimaient aussi la tradition et la longue expérience des générations précédentes, leur offre des garanties de sécurité. La vie dans la capitale, celle des bourgs les plus importants, différait de celle des autres paroisses, mais quantité d'interactions s'étaient établies entre la société rurale et la société urbaine, qui se complétaient pour vivre ; des groupes existaient dans chacune, fermés en apparence et pourtant solidaires. Dans chaque paroisse, la population consti- tuait une sorte de communauté agissant comme une personne civile. Qui sont ces hommes ? Bon nombre d'auteurs les ont décrits : «La population du Roumois est laborieuse, mais pratique avant tout... peu attirée par l'idéologie, volontiers conformiste, elle ne s'entoure pas de rêves inutiles et n'a pas le sens du merveilleux comme ses voisins du Vexin», pourtant elle a sa part de légendes appartenant au folklore devenu aujourd'hui une véritable science des traditions et des mœurs. L'habitant du Roumois, même s'il s'en défend, est resté longtemps un mystique et certains auteurs en font : «Un pays de rêveurs et de réalistes, d'historiens qui se pen- chent sur le passé et de pionniers qui s'élancent vers l'avenir». Pas facile à concilier petit-être ! Remarquons encore que ces vikings, guerriers avant tout, se montreront au cours des siècles, amateurs d'art sous toutes ses formes. De nombreux historiens ont retracé l'histoire des bourgs les plus importants. Les habitants se réjouissent de ces écrits, ils flattent l'esprit de clocher qui animait toutes les paroisses de ville, comme de campagne, il y a encore peu d'années. Un relevé d'archives de Bouquetot, 14 juillet 1890, en donne un vivant témoignage, «Le conseil municipal adresse à Monsieur Duchemin ses remerciements et ses félicitations, pour les nombreux travaux qu'il a accomplis et l'engage à persévérer dans une si louable entre- prise, celle d'écrire l'histoire inconnue et parfois si intéressante des communes de notre pays...» Je vous propose d'aller à la rencontre de ces habitants, au cours de quelques voyages dans le temps et dans l'espace (c'est d'actualité n'est-ce pas ?) en recherchant les liens qui les rendaient dépendants les uns des autres ; ils ont laissé des souvenirs à toutes les époques. Jusqu'à la dernière guerre, les générations successives avaient fait du Roumois un paysage unique qui témoigne d'un riche patrimoine naturel et architectural. Les pho- tographies qui illustrent cet ouvrage vous aideront à le retrouver et raviveront parfois quelques souvenirs. Il y a quelques années, le village avait perdu tout aspect communautaire, du fait de l'exode rural et de l'implantation des résidences secondaires, habitées temporairement par des familles indifférentes aux besoins de la collectivité. Aujourd'hui le processus s'in- verse. Bon nombre d'ouvriers itinérants n'hésitent pas à s'installer dans les villages qui, villages dortoirs, du temps de l'installation dans des maisons neuves ou en cours de rénovation, s'animent de nouveau, avec quantité d'associations sportives ou culturelles très actives / La vie communautaire reprend parfois ses droits. Pour connaître la vie des habitants, il m'a paru nécessaire d'aller à la rencontre des légendes qui concernent la région. Elles fournissent des précieux renseignements sur les mœurs, les coutumes de l'époque où elles ont été créées. Nées du besoin de merveilleux, elles datent de toutes les époques. Un événement historique mal rapporté est souvent à l'origine, il s'y mêle une foule de sentiments où se rencontrent la foi, la crainte, parfois le désir d'interpréter un fait incompréhensible. Leurs auteurs ajoutent souvent une façon inattendue de faire la morale, niais à chacun de les interpréter à sa façon selon ses convic- tions, parfois seidement selon l'humeur du moment. Les Rouennais qui, dans les siècles précédents, venaient courir avec empressement après le bon air du Roumois, y trouvent aujourd'hui l'occasion de nombreuses promenades et quantités d'activités : chasse, pêche, hippisme, ainsi que de multiples animations tra- ditionnelles et culturelles. C'est peut être l'occasion de témoigner de la profonde identité rouennaise, que l'habitant du Roumois d'aujourd'hui ne comprend pas toujours. Gardons-nous toutefois d'appréhender les réactions en homme de l'an 2000. Les jugements furent différents au cours des siècles. Regrettons que les informations concer- nant les pauvres aient été si rares, elles ont été souvent très discrètes en ce qui concerne le peuple. Les événements, les inventions se précipitent, provoquant par contrecoup, une accéléra- tion de l'oubli. Personne ne souhaite tenter un impossible retour en arrière, mais peut-être peut-on aider à bâtir l'avenir, à partir des expériences du passé, sans nostalgie, sans passéisme ! Raconter pour ne pas oublier, peut être pour comprendre, je vous livre les souvenirs des hommes... Quelques notes d'histoire semblaient nécessaires pour commencer ! M. PERRIER

PRÉHISTOIRE Evocation d'une époque bien lointaine dont on n'a HISTOIRE gardé aucun témoignage. «Jour enchanteur, époque où les hommes ne cultivaient, ni ne chassaient DU et se nourrissaient des productions spontanées en particulier des fruits de la forêt. Ils cueillaient des glands dans les bois, ROUMOIS pour pain, pour viande et pour poisson, ils cherchaient le long des buissons, par plaines, vallées et montagnes, pommes, poires, noix et châtaignes, baies d'églantier, mûres, prunelles, framboises, fraises et cenelles.» ANTIQUITÉ (Poème du Xe siècle). La région était occupée bien des siècles avant notre ère. Les nombreux grattoirs, pointes de flèches, haches taillées, haches polies trouvées à Barneville et dans de nombreux endroits, sont les premiers souvenirs qui témoignent des occupations des habitants (ils étaient chasseurs et pêcheurs) en même temps que de la densité de la population. Plus tard, ils se firent cultivateurs, ils firent pousser le seigle, l'orge, le froment, ils apprirent à Tranchet - Barneville (collection particulière) filer la laine, le lin... des bandes ennemies arri- vaient parfois, il fallait les repousser. "La dalle à trou d'homme" devant la superbe église d'Aizier atteste de la présence des hommes, plus de 2.000 ans avant J.-C. C'est une sorte de hublot qui permettait aux fossoyeurs de passer le corps à l'intérieur du caveau, allée cou- verte comportant des dalles de couverture, soute-

Perçoir - Forêt de Brotonne (collection J.B.)

Dalle à trou d'homme Aizier Hache polie - Barneville (collection particulière) nues par des supports verticaux. La dalle devant l'église a été trouvée lors de la construction de la route d'Aizier à Bourneville. Les soins aux morts apparaissent très tôt dans la civilisation et les tombeaux seront sources de nombreuses informations. LES GAULOIS De l'habitat gaulois, on n'a retrouvé que peu de traces ; fait de branchages, de terre ou de peaux, matériaux périssables qui n'ont pas résisté au feu, il n'en reste souvent qu'une épaisse couche de cendres et la trace de l'emplacement des poteaux, cependant quelques objets témoignent d'un certain genre de vie : vase anthropomorphe, poterie... Avec les tombeaux, on retrouve les hommes de cette époque. En 1982 un ensemble excep- tionnel fut découvert accidentellement à La Mailleraye-sur-Seine. Dans une fosse d'environ 1,30 m de diamètre, tapissée intérieurement d'une litière de graminées, se trouvaient amoncelés quantité d'objets métal- liques et quelques vases. Au milieu, une urne cinéraire en verre, deux poteries et un vase en bronze. Au-des- sus, on trouvait une couche de terre contenant des os brûlés et de nombreux charbons de bois. Un chaudron renversé formait une sorte de couvercle. Trois épées alignées surmontaient le tout. Ce site unique reste un point d'interrogation ? S'agit-il d'une très riche sépulture de chef Gaulois ? LES GALLO-ROMAINS Les constructeurs de l'époque gallo-romaine ont utilisé, pour des raisons pratiques, les res- sources du pays : calcaire, silex, argile et bois. Quand les Romains se sont installés après avoir conquis la région, les riches Gaulois ont adopté leur genre de vie. Les villas gallo-romaines mises à jour sont souvent la demeure de propriétaires aisés. Elles étonnent par leurs dimensions, leur richesse et leur confort. Rien que dans la Forêt de Brotonne, on trouve les vestiges de la villa de la Mosaïque, celle de la Mare des trois Pierres, celle du Catelier, celle de la Mare des Grès, celle de la Haye-de-Routot. Un croquis donne- rait une approche de leur impor- tance : deux cours entourées de murs, la première, petite, "urbana" était la maison du maître, elle s'ouvre, par un portail, sur une deuxième beaucoup plus grande. Là, sont réunis les appartements des intendants et des esclaves, les bâti- ments où l'on range tous les instru- ments aratoires et un autre groupe de bâtiments "fructuria" réservé aux fruits, aux récoltes. Ces villas jouis- sent d'un grand confort puisqu'on y remarque des "bains" et le chauffage par hypocauste. Il est alimenté par un foyer extérieur couvert par un auvent. La chaleur se propage sous le sol, remonte dans les murs par des conduits, s'échappe par des bouches extérieures. La décoration est d'une grande richesse. La villa de Mosaïque de la forêt de Brotonne la mosaïque à la Petite-Houssaye, (Musée départemental des Antiquités de Rouen. Cliché Musées départementaux de la Seine-Maritime). dans la forêt de Brotonne, ne mesurait pas moins de 225 mètres au carré et la mosaïque en est remarquable. Description donnée par le Musée des Antiquités à Rouen : «La Mosaïque d'Orphée mesure 4,70 m de longueur sur 4,68 m de largeur. Mosaïque de parement provenant sans doute d'un triclinium. La partie centrale est organisée en 9 compartiments géométriques (5 carrés et 4 rectangulaires) séparés par un bandeau constitué d'une double torsade. Le tableau central, cercle inscrit dans un grand carré représente Orphée assis, vêtu d'une tunique à manches longues et d'un manteau accroché sur les épaules, jouant de la lyre. Autour de lui, dans quatre pan- neaux rectangulaires, figuraient des animaux en train de courir ; il ne subsiste qu'un lion, l'arrière-train d'un second animal, l'extrémité des pattes d'un troisième. Aux quatre coins étaient représentées, dans un cercle inscrit à l'intérieur d'un carré, les saisons. Il ne reste que l'été, figurée sous les traits d'une femme en buste, coiffée d'épis de blé. Le pourtour est une grande bordure en rinceau, conservée en grande partie.» (Orphée jouant de la lyre entouré d'animaux et escorté des quatre saisons a été emprunté à la mythologie. Orphée, musicien et poète, tirait de sa lyre des accents mélodieux qui attiraient les bêtes féroces et les amenaient à se coucher à ses pieds). Depuis le siècle dernier les découvertes de vestiges se sont multipliées : Bonneville-Aptot, Bosguérard-de-Marcouville, Bouquelon, Ecaquelon... ajouter à cela quelques édifices indéter- minés : Les Torps, Les Landes, Le Flacq... La nécropole gallo-romaine découverte à Vatteville-la-Rue en 1977, se compose de sépultures à incinération de trois types différents : Des os brûlés déposés dans une fosse en pleine terre. Des os déposés dans une urne cinéraire, parfois en céramique parfois en verre. Des os deposés dans une urne, celle-ci étant ensuite placée dans une amphore. Ces découvertes nous fournissent l'occasion d'appréhender le savoir-faire de ces habitants, pour qui la fabrication du verre, de la céramique n'avait déjà plus de secret ! LES VIKINGS L'empire romain trop étendu, très difficile à défendre était souvent envahi par des bandes armées qui pillaient la région et repartaient. Au Xe siècle, les Vikings, venus du Danemark multiplièrent leurs raids dans le nord du royaume de France. Charles le Simple, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, leur concéda une partie de son royaume qui deviendra la Normandie, avec une généralité qui la gère sur le plan adminis- tratif et judiciaire et une "diaconé" qui la dirige sur le plan religieux. Rollon a confié des territoires à ses fidèles, nouveaux envahisseurs, ceux-là s'installent. Ils épouseront une princesse Franque, mais ils continueront souvent les unions à la danoise (plusieurs concubinats très prolifiques). Ils adoptent en même temps le système féodal emprunté au milieu franc. Le seigneur possesseur d'un fief aura des vassaux, qui auront envers lui, les mêmes obliga- tions que celles qu'il a lui-même, envers le duc de Normandie, puis envers le Roi. Les seigneurs possesseurs de fiefs levaient au moment d'entrer en campagne, les contingents qu'ils devaient fournir aux grands vassaux de la couronne ; la réunion de toutes ces troupes consti- tuait la force militaire de la France. Tout possesseur de fief, sans distinction de sexe ou d'âge, devait le service d'Ost. Il devait fournir un certain nombre d'hommes pour une durée déterminée ; il arrive qu'au milieu d'une bataille, une troupe se retire, son délai étant expiré ! Le seigneur était souvent accompagné de deux écuyers, rarement de fantassins, leur rôle au combat est jugé trop médiocre et il est trop difficile de nourrir une nombreuse armée. Le vassal était souvent astreint à tenir garnison au château seigneurial, pour en assurer la défense, mais la plupart du temps, il ne fournit pas la quantité de servants qui lui est demandée. Ce fut certaine- ment une des causes de l'inefficacité du système vassalique. La possession d'un fief se reconnaissait à la présence d'une bannière sur la demeure du pro- priétaire : à l'origine, un morceau d'étoffe qu'on attachait au bout d'une lance ou d'une pique. Toutes les bannières d'un même fief sont identiques : c'est l'étendard sous lequel se rassemblaient tous ceux qui partaient à la guerre. Les guerriers chevaliers peu reconnaissables sous la cotte de maille, le haubert, le casque, res- tent anonymes, la présence près d'eux d'un porte-bannière peut être rassurante ; «Que nos inten- dants, disait Charles le Chauve, fassent marcher leurs vassaux avec tout l'équipage de guerre et avec leur porte-enseigne. » Pour remédier à cet anonymat les chevaliers ne tardent à adopter un emblème sur leur bou- clier. Les armoiries sont nées et avec elles l'héraldique (langage sorti du Moyen âge ; or, argent, azur, gueule, sinople, lion, aigle, merlette...) qui symbolise les familles nobles. Seul, l'aîné d'une famille peut porter les armes pleines, les autres membres sont astreints à les modifier de telle façon que tout en restant reconnaissables, elles présentent un aspect différent. Les bâtards doivent briser l'armoire d'une barre, la femme peut porter ses propres armoiries à côté de celles de son mari. Le traité de Verdun en 843 avait réglé le partage de l'empire de Charlemagne. Charles le Chauve avait reçu la France, Louis le Germanique, l'Allemagne. Louis d'Outremer et Othon sont leurs descendants respectifs. Richard sans Peur est le deuxième duc de Normandie après Rollon. De nombreux combats ont opposé pendant des années le roi de France et le duc de Normandie.

Place de La Rougemare à Rouen GUILLAUME LE CONQUÉRANT ... entraîna à sa suite, bon nombre de seigneurs du Roumois, à la conquête de l'Angleterre.

LES SEIGNEURS COMPAGNONS DE GUILLAUME Hugues de Montfort fournit cinquante navires et soixante-neuf hommes. C'est à la bataille d'Hastings qu'il sauva l'étendard des Normands, il reçut en récompense 114 manoirs en Angleterre. Galéran de Meulan, sire de Pont-Audemer, a fourni soixante navires. Etaient aussi présents Raoul de Hauville, Jean de Tournebu seigneur de La Londe, le seigneur de Vatteville. Robert de Candos de Flancourt fonda le prieuré de Godelive en Angleterre où il resta, alors que son frère Roger qui l'accompagnait, a regagné le Roumois. Hugues de Gournay à Marcouville (Bosguérard de Marcouville) se couvrit de gloire à Hastings, blessé à Cardiff en 1074, il rentre dans le Roumois et se retire à l'Abbaye du Bec en 1082. La tapisserie de Bayeux, véritable bande dessinée, est un document très précis, non seule- ment sur les bateaux, mais aussi sur les costumes, les armes de l'époque. Quand les navires sont terminés, on procède à leurs chargements : c'est le moment de connaître les armures, épées, heaumes et provisions, le temps aussi d'apercevoir l'embarquement des chevaux. Un autre tableau, cette fois nous voilà en pleine bataille : l'infanterie anglaise est attaquée par les chevaliers français. La documentation sur le costume des guerriers est très précise : avec la cotte de mailles, véritable armure de l'époque, les cagoules portées sous le heaume... le bouclier qui assure la protection de face et sur le côté gauche, Anglais et Français utilisent à peu près les mêmes épées. Elles étaient toutes à double tranchant. L'arme offensive était la lance de frêne ou de pom- mier, longue de 2 m 70 à 3 m 30. La pointe est une feuille de métal. On ne trouve qu'un archer sur la tapisserie, pourtant l'histoire assure qu'ils étaient nombreux à Hastings. Leurs arcs étaient entièrement taillés dans une perche de bois. Le carquois pour ranger les flèches était suspendu à l'épaule ou accroché à la hanche. A Hastings, les étendards sont présents, mais les boucliers ne portent pas encore les armoi- ries seulement une croix ou quelques points. Pour se faire reconnaître et rallier ses soldats, le duc Guillaume lève son casque au plus fort de la mêlée. LES CHATEAUX DU XIE SIÈCLE Par sa situation géographique, le Roumois était intimement lié à Rouen et son rattachement politique n'avait fait qu'en accroître les liens. Au vieux Roumois Romain, avait succédé une société dominée par les rois, les ducs, les barons mais aussi par les évêques et les abbés. Cette nouvelle société s'était mise en place avec des nouvelles structures dès le Xe siècle. La "Coutume de Normandie" régissait un nouvel ordre social : ceux qui prient, ceux qui guerroient et ceux qui tra- vaillent. Cet ordre est resté jusqu'à la Révolution. Tout le Roumois a gardé l'empreinte de cette hié- rarchie avec les églises et les abbayes, les châteaux, les manoirs et les maisons paysannes qui sym- bolisent en même temps les relations établies dès l'origine. Les seigneurs du Moyen Age avant tout guerriers, cavaliers, s'étaient installés dans des châ- teaux qui étaient surtout des places de défense. Il n'en reste aujourd'hui que des ruines souvent ensevelies sous les ronces, pas assez importantes pour qu'on puisse imaginer l'habitat du seigneur et les relations qu'il entretenait avec son environnement à cette époque là. Sur la colline qui surplombe Montfort, précédemment fortifiée par les romains, les comtes de Montfort ont édifié une forteresse vers les Xle et XIIe siècles : trois fossés très profonds séparés par un mur en cailloux, au pied du troisième, une formidable muraille haute de vingt mètres et ornée de sept tours. Le château représentait le type même des châteaux de l'époque. On y pénétrait par un pont-levis qui s'abaissait sur le troisième fossé. A l'intérieur, une immense cour avec écuries, logement pour les hommes, bâtiments, chenils, accueillait généralement une centaine d'hommes, mais pouvait en contenir jusqu'à mille ! Le donjon de silex de vingt mètres de diamètre était réservé au seigneur. L'ancien château qui se dressait au milieu des ronces est aujourd'hui l'objet de fouilles archéologiques d'un groupe passionné qui espère bien en retrouver les structures essen- tielles. A Boissey-le-Châtel, la vieille demeure construite par les Harcourt (la plus importante famille du Roumois issue de Viking), disparaît, elle aussi, sous les ronces. Pourtant des larges fos- sés et quelques parties d'une épaisse muraille de silex, ceinturent encore par endroits, l'ancien châ- teau qui le remplaça quatre cents ans plus tard. C'était une construction militaire, il suffisait d'en- fermer une faible garnison dans les tours et derrière les murailles pour défier les attaquants. La motte sur laquelle s'élevait le donjon au milieu de la cour était tellement abrupte qu'elle devait être imprenable... Vatteville-la-Rue donne un exemple des nombreux châteaux implantés le long de la Seine pour surveiller l'arrivée éventuelle des ennemis. Le vieux donjon, emmotté, en forme d'anneau, tour de guet, entouré d'un premier fossé, est aujourd'hui recouvert de lierre. Il est construit en pierre avec quelques restes d'arcs-boutants pour le consolider. On y distingue l'emplacement du pont-levis qui enjambait le fossé alimenté en eau, directement par la Seine, alors toute proche. Une muraille d'enceinte, à quelques mètres de là, faisait un deuxième rempart. Une campagne de fouilles sur l'initiative de l'Université de Rouen, a permis de dégager les murs d'un grand bâtiment de la basse-cour. Ces murs, d'un mètre cinquante d'épaisseur, étaient faits de deux construc- tions en pierres taillées, séparées par un espace d'un mètre, com- blé avec des pierres et de la terre. On y a découvert deux ouvertures étroites et le seuil d'une large porte, mais il semble que le niveau archéologique médiéval n'a pas été atteint. Une seconde campagne de fouilles est envisagée. Château de Vatteville-la-Rue La coutume de Normandie protégeait le seigneur : interdiction d'attaquer le château quand le seigneur ou le vassal se rend à l'armée, sous peine de confiscation des biens. GUERRE DE CENT ANS Alors que Rouen est assiégée, que Jeanne d'Arc est brûlée sur la place du Vieux-Marché, le Roumois est pillé, brûlé, incendié. Le vicomte de Pont-Audemer fut un des commissaires chargés de la capitulation de la ville de Rouen avec le roi d'Angleterre. Le 28 mars 1418, Robert de Fréville au manoir de Saint-Hilaire à Bouquetot est dépouillé de son domaine, il ne rentrera en possession qu'en 1434. Les biens de Guillaume de Bigard, époux de Catherine de Tournebu à La Londe, furent confisqués et donnés le 15 mars 1418, à William Alyngton, écuyer anglais, mais quand les Anglais sont définitivement chassés en 1449, ils revien- nent aux héritiers. 1419, Henri V d'Angleterre donne Quatremares, Routot avec Elbeuf confisquées sur le comte d'Harcourt, à son frère Thomas de Plantagenet, à la charge de présenter une fleur de lys d'or, au château de Rouen, le jour de la Saint-Jean et d'entretenir 30 lances et 60 archers en temps de guerre. Robert de Livet soutint les Rouennais pendant le siège de Rouen, il est pris comme otage et doit payer une rançon. Son neveu chanoine assistera au procès de Jeanne d'Arc. Les exemples sont nombreux dans chaque paroisse... Les habitants abandonnent leur demeure, se réfugient dans les bois, quand ils reviennent tout a été saccagé. GUERRES DE RELIGION A partir de François Ier, un nouveau régime avait été institué. Des volontaires engagés à prix d'argent, formaient une armée nationale. Elle était commandée par des capitaines, des colonels qui achetaient leur grade, comme on achetait une charge au parlement. Les subsides manquaient sou- vent pour payer les hommes que les paroisses devaient loger et nourrir, parfois jusqu'à épuise- ment. Les capitaines formaient eux mêmes leur compagnie et les mettaient au service du prince qui les payait mieux : «En décembre 1590, janvier 1591, Bourgtheroulde accueille trois régiments du sieur de La Cartre avec trois capitaines. Le château est dévalisé, le bourg mis à sac : ils avaient brûlé tous les étaux" de la halle de boucherie et autres halles qui servaient aux bouchers, poissonniers, drapiers, cordonniers et autres... Les commerçants refusent de venir au marché, faute d'étal, accroissant encore les difficultés de ravi- taillement...» Au début de la réforme, la plus grande partie de la noblesse du Roumois avait adhéré à la nouvelle religion, entraînant la population avec elle. La réaction est très violente. En 1598, la ligue catholique commandée par Bigard de la Londe, s'empare de l'hôtel de ville de Rouen et de Pont- Audemer. A cette époque, des frégates croisent en permanence de l'embouchure de la Seine à Rouen, passage le plus aisé, donc le plus courant, de ceux de la religion prétendue réformée, qui veulent sortir du royaume. «Après la signature de l'Edit de Nantes, les protestants obtiennent l'autorisation de construire un "prêche" à condition qu'il soit éloigné de Rouen, pour parer à tout conflit éventuel. Le temple est construit à Grand-Quevilly. Il a été détruit en 1685 après la révocation de l'Edit de Nantes, mais la municipalité en a fait faire une maquette que l'on peut admirer à la bibliothèque. C'était un monument à douze côtés éclairés par soixante fenêtres.» Les haines endormies sous Henri IV se sont réveillées. «Saint Simon qui ne pardonnait pas à Louis XIV de réduire la noblesse à la servitude de Versailles comme des simples bourgeois, qui haïssait les parlementaires, réprouvait la monarchie absolue, regrettait la monarchie féodale, n'a pas hésité à condamner la Révocation de l'Edit de Nantes qui dépeupla le quart du royaume, ruina son commerce, mit le pays au pillage public et avoué des dragons, autorisa les supplices et les tourments... déchira un monde de familles... fit passer nos manufactures aux étrangers : cent quatre-vingt-quatre mille réformés quittent la Normandie.» LA RÉVOLUTION C'est l'époque d'un grand élan patriotique. Le mur du cimetière de l'église de Brestot porte une plaque commémorative à l'honneur de Jean-Baptiste Renard qui se couvrit de gloire à la bataille de Jemmapes «en ralliant un régiment de dragons et deux bataillons de gardes nationaux... La Convention le félicita publiquement de son héroïsme, lui accorda l'uniforme d'officier.» C'est aussi une nouvelle série d'années terribles pour la plupart des habitants, années de misère tellement rudes, que l'espoir, qui était né en 1789, s'effrite peu à peu. Epoque où le Roumois se trouve partagé entre le département de l' et celui de la Seine- Inférieure. Elbeuf qui, géographiquement fait partie du Roumois, est passé dans la Seine-Inférieure le 7 janvier 1790, quand la frontière entre les deux départements a soulevé tant de difficultés. Elbeuf, coupé en deux par le mince ruisseau du Puchot, relevait par moitié de l'archevêché de Rouen et de celui d'Evreux. Toute la rive gauche du méandre au sud de Rouen est devenue "l'ag- glomération rouennaise". Le deuxième méandre après Rouen avec Mauny, , Yville est en Seine-Inférieure. Dans la presqu'île de Brotonne, en dehors de la forêt, cinq communes sont rat- tachées à la Seine-Inférieure, mais isolées du reste du département, Heurteauville, Guerbaville (La Mailleraye-sur-Seine), Notre-Dame-de-Bliquetuit, Saint-Nicolas-de-Bliquetuit et Vatteville-la-Rue. Elles dépendaient autrefois de la vicomté de Pont-Audemer sur le plan spirituel et administratif, mais de l'élection de Caudebec, sur le plan judiciaire. Les discussions éclatent partout. Rouen prétend s'attribuer les terrains de la forêt du Rouvray, alors que les communes voisines souhaitent avoir leur part. Finalement le partage sera fait au prorata du nombre de feux ! Ce qui reste du Roumois, fait désormais partie du département de l'Eure. Il est! resté dans l'arrondissement de Pont-Audemer jusqu'en 1936, aujourd'hui il fait partie de l'arrondissement de Bernay. On y trouve les cantons de Routot, de Bourgtheroulde, de Quillebeuf, les communes du canton de Pont-Audemer et de Montfort, qui sont sur la rive droite de la Risle, ajoutons aussi le canton d'Amfreville-la-Campagne, (à part quelques communes), qui dépend de l'arrondissement d'Evreux. Le Roumois d 'aittrefois. (Photo Musée Canel - Pont-Audemer) Si en allant un jour au moulin d'Hauville, vous évoquez tout à coup le seigneur de Caumont travesti en meunier, alors j'aurai réussi mon livre. Si devant les tableaux de Minet, dans le château Keller à Bourgtheroulde, vous évoquez la fileuse d'Appeville devant son rouet, alors j'ai réussi mon livre. Si dans les rues de Quillebeuf, vous retrouvez les marins revenant de Terre-Neuve ou seule- ment les pêcheurs avec leurs filets, alors j'ai réussi mon livre. Ferez-vous sécher dans votre grenier, un bouquet de tanaisie qui parfumera toute la maison ou préférez vous cueillir un bouquet de bourrache qui guérira votre toux ? Prendrez-vous vos pinceaux et votre chevalet ou votre appareil photo pour fixer la proces- sion des Charitons ou les tailleurs de pierre qui réparent le clocher roman d'un village ? Alors j'aurai prolongé encore pour quelque temps, ces quelque mille ans de l'histoire des hommes que j'ai voulu vous faire connaître. Je reprendrais pour conclure les quelques lignes de l'introduction : la population du Roumois est laborieuse, mais pratique avant tout ; on y trouve à la fois des rêveurs et des réalistes, des historiens qui se penchent sur la passé et des pionniers qui s'élancent vers l'avenir. Il en a toujours été ainsi, la tradition demeure. Et pour terminer, cette réponse de deux petits garçons du Gros-Theil rencontrés par hasard sur la place. Savez vous où est le lavoir ? "Un peu pins loin, Madame, mais on ne s'en sert plus." Puis une deuxième réponse : "C'est la mare avec une petite maison dessus... et des fleurs".

L'ancien lavoir. Le Gros-Theil

REMERCIEMENTS Ceux qui m'ont aidé à fournir quantité de détails s'étonneront sans doute de ne trouver ici qu'un condensé de ce qu'ils m'avaient donné. Je veux les prier de bien vouloir m'en excuser mais les sujets étaient multiples et inépuisables aussi ! A tous ceux, si nombreux, qui ont participé de diverses manières à nourrir et enrichir cet ouvrage, sans quoi il n'aurait pu se concrétiser et aboutir, je tiens à adresser mes plus vifs remerciements et cela quelle que soit l'importance de leur contribution : Les uns mettant à ma disposition monographies communales ou documents iconographiques, d'autres leurs connaissances du monde rural ou de la nature, scientifiques ou historiens, entreprenant des recherches pour les joindre à mes propres données, enfin tous les particuliers qui ont bien voulu me livrer leurs précieux souvenirs. Ainsi en apportant chacun sa note personnelle, tous sau- ront que ce livre est un peu le leur et c'est l'essentiel. SOURCES DOCUMENTAIRES

Beaurepaire (de) Charles. Vicomté de Rouen. Canel. Essai sur l'arrondissement de Pont-Audemer. Caresme et Charpillon. Dictionnaire de toutes les communes du département de l'Eure. Clément (abbé). Routot. Des origines à la Révolution. Imp. Durand fils, Fécamp, 1950. De Decker Michel. L'Eure du Temps, 60 histoires de l'Histoire normande. Ed. Bertout, Luneray, 1995 Deglatigny. Notes sur le temple gallo-romain de Saint-Ouen-de- Thouberville. De Merval G. Catalogue et armoriai des présidents, conseillers, gens du Roy du Parlement de Rouen. (Evreux 1867). D'Infreville Jacques. Le chevalier d'ïnfreville. Ed. des Seigneurs, Grenoble. Duboc Georges. Rouen monumental aux XVIIe et XVIIIe siècles. Duchemin Paul. Histoire de Bourg-Achard. Histoire de Bourgtheroulde, Hauville. Note historique sur Bouquetot. Note historique sur Rougemontiers. Note historique sur Saint-Etienne-du-Rouvray. Duquesne. Histoire de Quillebeuf et des Quillebois. Notes sur Montfort-sur-Risle. Eudeline (abbé). Histoire d'Hauville. Imp. de l'Eure, Evreux. Farin. Histoire de la ville de Rouen. Fréville. Mémoire sur le commerce maritime de Rouen, depuis les temps reculés jusqu'à la fin du XVIe. Gadebled. L'Eure, dictionnaire topographique, statistique et historique. Guéry (abbé). Les Seigneurs de Bosnormand-en-Roumois. Imp. de l'Eure, Evreux. Guilluy. Les potiers d'ïnfreville. Pessiot Guy. Histoire de l'agglomération rouennaise. Ed. du P'tit Normand Rouen Vincent. Guide touristique et historique de l'A.D.E. V Ed. Bertout, Luneray, 1994. Saussaye Jean (abbé). Nouvelles de l'Eure. Simonet Gérard. La France des Moulins. Vital Ordéric. Histoire de la Normandie au Moyen Age. Archives Nationales. Archives Départementales : Rouen et Evreux. Archives Municipales : Bouquetot, Bourg-Achard, Bosc-Roger-en-Roumois, La Haye-Aubrée, La Mailleraye, Le Theillement, Sainte-Opportune-la-Mare. Bibliothèques Municipales : Rouen, Pont-Audemer. Muséum National d'Histoire Naturelle. Paris. Muséum d'Histoire Naturelle. Rouen. Musée des Antiquités. Rouen. Musée des Beaux-Arts. Rouen. Musée de la Céramique. Rouen. Musée Canel. Pont-Audemer. Musée d'Elbeuf. C.D.M. Observatoire Régional de l'Environnement. Rouen