Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique Option Art, Mention Conservation-Restauration

Ornements de plumes de Guyane : des objets en situation muséale originaires des communautés amérindiennes.

Comment concevoir les échanges culturels dans le cadre de la conservation-restauration ?

Mémoire de fin d’étude Benecchi Camille

école Supérieure d’Art d’Avignon - session 2012

Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique Option Art, Mention Conservation-Restauration

Ornements de plumes de Guyane : des objets en situation muséale originaires des communautés amérindiennes.

Comment concevoir les échanges culturels dans le cadre de la conservation-restauration ?

Direction de recherche : Stéphanie Elarbi

Méthodologie de la recherche : Jean-Pierre Cometti Coordination des projets : Marc Maire Accompagnement de la rédaction : Sylvie Nayral

Mémoire de fin d’étude Benecchi Camille

école Supérieure d’Art d’Avignon - session 2012

Remerciements

Je souhaite remercier tout particulièrementStéphanie Elarbi, conservateur-restaurateur, chargée de la restauration au musée du Quai Branly, pour son suivi en tant que directeur de recherche, ses conseils avisés, et sa contribution au travail réalisé.

Je tiens à adresser mes remerciements aux personnes ayant soutenu, accompagné et aidé à la réalisation de ce mémoire de fin d’étude : Marie-Paule Imberti, chargée des collections Amérique, Musée des Confluences, , André Delpuech, Conservateur en chef du Patrimoine, responsable de l’unité patrimoniale Amérique, Musée du Quai Branly, Paris, Katia Kukawka, Conservateur du Patrimoine, Musée des Cultures Guyanaises, Cayenne, Céline Frémaux, Conservateur régional de l’Inventaire Général du Patrimoine Culturel, Guyane, Thomas Mouzard, chargé de mission patrimoine de la commune de Awala-Yalimapo, Marion Trannoy, chargée de mission Sciences Humaines et Politique Culturelle, Parc amazonien de Guyane.

Merci à toutes les personnes ayant partagé leurs connaissances et contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail :

Les interlocuteurs et acteurs du voyage d’étude en Guyane : Jean-Paul Fereira et Felix Tiouka, Maire et Adjoint au Maire d’Awala-Yalimapo, Michèle Thérèse, chef coutumier d’Awala, Samia Augute et Rosiane Tiouka, agents de l’inventaire du patrimoine d’Awala-Yalimapo, Fransisca Yampa, fabriquante d’ornements de plumes, Raymond Malajuwara, agent de l’inventaire du patrimoine d’Awala-Yalimapo, Patrick Lacaisse, plasticien et fondateur de l’association Chercheur d’Art, Renée Blaise, L’association Worian Uwaponaka, Galibi,

Amaïkouti, Gran Man de Twenke, Barbosa, chef coutumier d’Antecume Pata, André Cognat, fondateur du village d’Antecume Pata, Les agents du Parc Amazonien de Guyane, antennes de Taluen et Antecume Pata, La maison Yépé, Antecume Pata,

Marie-Paule Jean-Louis, conservateur territorial du patrimoine, chef d’établissement, Musée des Cultures Guyanaises, Cayenne, Lydie Joanny, chargée de mission coordination projet, Musée d’Amazonie en réseau, Musée des Cultures Guyanaises, Cayenne, David Carita, attaché de conservation du patrimoine, responsable du Musée Départemental Franconie, Cayenne, Denis Roche, Directeur Adjoint DRAC Guyane.

7 Les interlocuteurs spécialisés : Daniel Schoepf, Conservateur émérite, Musée d’ethnographie, Genève, Andreas Schlothauer, Jacques Cuisin, responsable collection au Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, Angèle Martin, chargée des archives, scientifiques, inventaires et documentation des collections, Musée du Quai Branly, Paris, Cloé Fraigneau.

Le corps enseignant et les intervenants de l’Ecole Supérieure d’Art d’Avignon, en particulier : Sylvie Nayral, historienne de l’art, Jean-Pierre Cometti, philosophe, traducteur et éditeur, Marc Maire, conservateur-restaurateur, Jacques Defert, anthropologue, Véronique Monier, conservateur-restaurateur de textiles et consultante en conservation préventive, Mylène Malberti, photographe, Cathy Vieillescases et Céline Joliot, Professeurs à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, Laboratoire de Chimie appliquée à l’Art et à l’Archéologie,

Enfin je tiens à remercier : Jacqueline Benecchi, pour son soutien et ses relectures avisées, Cécile Benecchi, pour son accompagnement et son aide audio-visuelle, Ainsi que : Naïma Tomasi, Fatia Bouras.

Merci à mes camarades de promotion et à ma famille.

8 Sommaire

Introduction 11

PARTIE I Approche historique : Quels statuts des objets dans les collections ? 19 I. Les objets dans les collections 21 1. Présentation 2. Historique des objets dans les collections françaises II. Les ornements de plumes amazoniens : valeurs et fonctions en contexte d’origine 29 1. La métamorphose des corps 2. La plume, un matériau d’ordre, de distinction, d’identité III. Les parures de plumes amazoniennes : quelle histoire occidentale ? L’emmêlement des cultures 33 IV. Quel statut pour les parures de plumes au sein des institutions aujourd’hui ? L’exemple du Quai Branly 43

Partie ii Constat d’état 47 I. étude technologique 49 1. Structure des objets 2. L’utilisation de la plume Tableau récapitulatif II. étude de conservation 79 1. Le relevé des altérations en vue du traitement de conservation- restauration 2. Diagnostic III. Synthèse de l’étude de conservation et réflexion sur la question de l’échange avec les communautés d’origine 97 Partie iii Voyage d’étude en guyane : quelles expériences pour la conservation ? 101 I. La circulation de l’information 104 II. Apprendre, mieux comprendre les objets et leur contexte, recueillir des témoignages 105 1. Awala-Yalimapo, village Kali’na 2. Les villages 3. Le Musée des Cultures Guyanaises III. Réfléchir à la conservation-restauration en collaboration avec les représentants des communautés 111

Partie iv Origine et fonctions des objets 115 I. Des objets d’origine Wayana ? 119 II. Le rituel du maraké 125 III. La coiffe-masque olok 127 IV. Fonctions et valeurs des ornements de plume dans le contexte d’origine: de la coiffe-masque olok au pompoma 133

Partie V Proposition de traitement 137 I. Réflexion sur les possibilités de traitement matériel 141 1. Le nettoyage 2. Les consolidations 3. La réorganisation 4. Choix du traitement II. Réflexion sur la conservation préventive 153 1. Les conditions environnementales 2. Conditionnement/manipulations III. Réflexion sur l’exposition 159 IV. Proposition pour un travail collaboratif 163

Conclusion 167 Bibliographique

ANNEXES Introduction

La conservation-restauration d’objets Article 11 ethnographiques de communautés extra- 1. Les peuples autochtones ont le droit d’observer européennes non occidentales pose des questions et de revivifier leurs traditions culturelles et leurs spécifiques, faisant l’objet de nombreuses coutumes. Ils ont notamment le droit de conserver, considérations à travers le monde, et, dans le cas de protéger et de développer les manifestations présenté ici, elle s’inscrit plus particulièrement passées, présentes et futures de leur culture, dans le contexte des réflexions sur le patrimoine telles que les sites archéologiques et historiques, des peuples autochtones.1 L’adoption de la l’artisanat, les dessins et modèles, les rites, les Déclaration des Droits des Peuples Autochtones techniques, les arts visuels et du spectacle et la par l’Assemblée Générale des Nations Unis en 2007 littérature. implique directement le monde du patrimoine et 2. Les États doivent accorder réparation par le des musées à travers les articles 11 et 12 : biais de mécanismes efficaces – qui peuvent comprendre la restitution – mis au point en concertation avec les peuples autochtones, en ce qui concerne les biens culturels, intellectuels, religieux et spirituels qui leur ont été pris sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, ou en violation de leurs lois, traditions et coutumes. Article 12 1. Les peuples autochtones ont le droit de manifester, de pratiquer, de promouvoir et d’enseigner leurs traditions, coutumes et rites 1. « La première caractéristique de cette catégorie religieux et spirituels ; le droit d’entretenir et de politique est de n’être pas définie en soi mais en regard de protéger leurs sites religieux et culturels et d’y configurations légales, sociologiques et politiques. » avoir accès en privé ; le droit d’utiliser leurs objets « Une approche analytique multicritère a été mise en rituels et d’en disposer ; et le droit au rapatriement place, à l’initiative du Groupe de travail sur les populations de leurs restes humains. autochtones de la Sous-commission des droits de l’homme 2. Les États veillent à permettre l’accès aux des Nations Unies sur la prévention de la discrimination et objets de culte et aux restes humains en leur la protection des minorités depuis 1982. » possession et/ou leur rapatriement, par le biais « “Peuple Autochtone” - Programme de recherche SOGIP : de mécanismes justes, transparents et efficaces échelles de gouvernance et droits des Peuples autochtones », mis au point en concertation avec les peuples s. d., http://www.sogip.ehess.fr/spip.php?article58. autochtones concernés.

11 12 Ornements de plumes de Guyane 71.1878.14.10, ©MuséeduQuaiBranly 71.1878.14.7, ©MuséeduQuaiBranly D’autre part, le Code de déontologie de l’ICOM formes et couleurs et attachée sur un réseau de pour les musées, révisé en 2006, indique que : fils qui forment des rangées reliées entre elles et « Les musées travaillent en étroite coopération superposées. avec les communautés d'où proviennent les L’ensemble d’objets considérés présente une collections, ainsi qu'avec les communautés qu'ils grande hétérogénéité d’états de conservation servent. » suivant les pièces, et la juxtaposition de celles- « Les musées doivent promouvoir le partage ci permet de comprendre à quel point certaines des connaissances, de la documentation et des sont altérées. La désagrégation quasi-totale des collections avec les musées et les organismes plumes sur l’un des objets, ne laissant à la vue que culturels situés dans les pays et les communautés le squelette de fils de celui-ci, confronte l’ensemble d’origine. Il convient d’explorer les possibilités de à la question de la disparition matérielle. Les développer des partenariats avec les pays ou les objets sont très peu documentés ; la provenance régions ayant perdu une part importante de leur ethnique, la fonction originelle, de même que patrimoine. » le contexte de collecte, ne sont renseignés dans aucun des deux musées. Cela entraîne de Les objets au centre du travail présenté ici sont véritables incompréhensions et confusions autour des ornements2 de plumes provenant d’un groupe de ces pièces, posant la question de la disparition socioculturel amérindien de Guyane française des dimensions immatérielles. L’état altéré et conservés au sein d’institutions muséales de des objets renforce d’autant plus le sentiment métropolitaine depuis le 19e siècle. Le d’incompréhension. Ainsi ces ornements de corpus de l’étude se constitue de sept objets, six plumes, conditionnés en réserves, semblent être sont conservés au musée du Quai Branly (MQB) dans un état de latence. de Paris et un au musée des Confluences (MC) de Lyon. Ce dernier objet a été choisi et transporté au sein des ateliers de l’école supérieure d’art d’Avignon (ESAA) pour appuyer le travail de recherche et pour donner lieu à la réalisation pratique des choix de conservation-restauration, alors que les six autres pièces ont été étudiées en amont au sein des ateliers du musée du Quai Branly. L’intérêt de considérer un ensemble s’est rapidement imposé face au type d’objets étudiés. En raison de leur ressemblance, chaque pièce peut être perçue comme une déclinaison matérielle d’une forme ou d’un modèle abstrait commun. En effet, toutes se caractérisent par un aspect formel proche : des rubans de plumes. L’élément principal de ces objets de structure souple est donc la plume, déclinée en de nombreuses

2. Le terme « ornement » est ici compris dans le sens d’accessoire destiné à orner le corps, il sera également rapproché du terme « parure ».

13 14 Ornements de plumes de Guyane 71.1878.14.21, ©Musée duQuaiBranly 71.1878.14.19, ©MuséeduQuaiBranly 71.1878.14.20, ©MuséeduQuaiBranly En 2002, Jean Davalon s’interrogeait sur la colonisation. Cette légitimité ne découle-t-elle pas « difficulté des objets « exotiques » à faire de la capacité à reconnaître l’objet comme « notre patrimoine » dans notre société. « Peut-il s’agir de patrimoine », pour reprendre l’interrogation patrimoine sans que ce soit notre patrimoine ? ». de J. Davallon ? « Le processus d’appropriation Il mettait en évidence le sentiment de filiation muséale implique forcément la dépossession, que recouvre cette notion, et la question de la tant sur le plan matériel que spirituel, ce qui transmission que nous revendiquons vis-à-vis soulève la question de la propriété matérielle et des cultures d’origine des objets conservés dans intellectuelle des objets (Stocking 1985). »6 notre société, ainsi que « de la relation que nous Le terme communauté d’origine est ici employé instaurons avec la société qui les a produits ».3 dans un sens large, car, les objets étant anciens, Ce dernier point semble particulièrement leurs communautés d’origine ne correspondent important à l’heure où, de nombreux changements plus à celles vivantes actuellement, que l’on mis en place dans les musées d’ethnologie et de pourrait qualifier de « descendants de la civilisations à travers le monde, transforment communauté d’origine » pour être plus précis. Ce profondément la discipline de la conservation- qui nous intéresse ici est précisément le rapport restauration dans ses pratiques ainsi qu’au niveau avec ces « descendants » et leur conception de déontologique et éthique. A ce dernier niveau, leur propre patrimoine. correspond l’exigence éthique de collaboration développée par la réflexion de la Recherche En 2003, « Raymond Depardon filme les chasseurs autochtone, issue d’une « critique radicale contre Yanomami dans la forêt pour l’exposition une recherche exercée sur plutôt qu’avec les « Yanomami, l’esprit de la forêt », à la Fondation autochtones en dépit de leurs savoirs, plutôt que Cartier pour l’art contemporain. La beauté des dans un dialogue ».4 images, la plastique des corps yanomami jouent La question du dialogue, mais aussi du travail en sur la nostalgie du paradis perdu, le fantasme collaboration avec les communautés d’origine5 d’accéder aux premiers temps de l’humanité. des objets étudiés, a donc animé la recherche L’Amazonie est pour beaucoup d’Européens non présentée. Comment la conservation-restauration seulement une réserve écologique, mais aussi ce peut-elle être le support d’un dialogue qu’on pourrait appeler une « réserve mythique » : interculturel ? Comment l’échange avec les les Amérindiens sont le support privilégié du communautés d’origine peut-il avoir lieu et dans mythe des « peuples premiers », qui inverse les quel but ? Comment un travail collaboratif peut-il traits négatifs associés à la civilisation occidentale se mettre en place ? contemporaine. […] Loin d’être menaçante, cette Ces questions sont intimement liées à celle de la altérité est présentée comme en danger, devant légitimité à conserver et à restaurer des objets issus être protégée, comme pour les espèces en voie d’autres cultures, acquis ou non en contexte de de disparition. La notion de « diversité culturelle » est aujourd’hui modelée sur celle de biodiversité ; le risque est une vision statique des cultures 3. Marc-Olivier Gonseth et al., Le musée cannibale humaines, comme si celles-ci ne pouvaient se (Neuchâtel: Musée d’ethnographie de Neuchâtel = MEN, transformer, mais seulement se dégrader et 7 2002). disparaître. » 4. « éthique - Programme de recherche SOGIP : échelles de gouvernance et droits des Peuples autochtones », s. d., http://www.sogip.ehess.fr/spip.php?article145. 6. Gonseth et al., Le musée cannibale. Nélia Dias. 5. Terme retenu par le Code de déontologie pour les musées, 7. Benoît De L’Estoile, « Nous et les Autres, Etranges reflets ICOM. dans la vitrine. », Télérama horizons : Etrangers, Une

15 16 Ornements de plumes de Guyane 60003470, MuséedesConfluences X377483, MuséeduQuaiBranly Cette notion n’est-elle pas justement calquée de fin d’étude sur la façon d’aborder les objets sur celle de la préservation des biens considérés, les choix engagés, mais aussi au niveau culturels matériels? En conservation-restauration, de l’approche de la discipline de conservation- l’objet n’a-t-il pas, pendant longtemps, été restauration. considéré comme une entité fixe, dont l’évolution, les transformations physiques dans Le travail mené s’est donc développé d’une part le temps étaient des dégradations auxquelles il à l’aide des outils du conservateur-restaurateur, fallait remédier ? Nélia Dias évoque la question comme l’approche matérielle et technologique sous un autre angle, en mettant en équivalence des objets, l’analyse de l’état de conservation, l’entrée d’objets ethnographiques au musée et des traitements matériels possibles. Ces et l’embaumement des cultures dont ils éléments ont, d’autre part, été mis en regard proviennent : « de plus, la mise en exposition est, avec une réflexion sur les différents contextes, en quelque sorte, corollaire de la négation des fonctions, et sens qu’ont pu traverser les pratiques culturelles »8. ornements de plumes amazoniens, et cela dans Cela nous interroge particulièrement sur le statut le but d’acquérir une vision élargie et multiple des objets étudiés et sur leur présence au sein des du sujet. Enfin, la réalisation d’un voyage d’étude institutions évoquées. Le paradoxe de la situation auprès des communautés amérindiennes étant que l’Occident apparaît à la fois comme autochtones de Guyane s’est imposée comme l’instrument d’une transformation imposée aux un élément nécessaire à la réflexion sur les choix cultures amérindiennes à travers la colonisation, de conservation-restauration, et le dialogue et, en même temps, celui qui tente aujourd’hui de interculturel. conserver les objets qui en proviennent en tant que substituts de cultures et de peuples disparus. La conservation-restauration s’attache à l’objet altéré, devenu autre, alors qu’en est-il lorsqu’elle est confrontée à l’objet de l’altérité, l’objet de ce qui est autre ? Ce dernier ne remet-il pas profondément en cause les valeurs d’une discipline de la préservation et de « l’authenticité » ? Préserver l’altérité et pallier l’altération ? Ou préserver l’altérité en acceptant l’altération ? La situation muséale, en Europe plus particulièrement, ne révèle-t-elle pas aujourd’hui bien souvent le choix de la mise à distance de l’altérité ? Les objets provenant d’autres cultures sont présents, peut-être même exaltés, mais les discours dont ils sont chargés ne proviennent-ils pas uniquement de la société occidentale dans bien des cas ? L’ensemble du questionnement abordé ici a nourri la réflexion menée au cours de ce travail

obsession européenne, no 4 (avril 2011). 8. Gonseth et al., Le musée cannibale. Nélia Dias.

17

Partie i

approche historique

Quels statuts des objets dans les collections ?

I. Les objets dans les collections

1. Présentation des fiches du musée de l’Homme (MH), mais il est impossible d’en connaître la source, ni le contexte 1 a. Les objets du musée du Quai Branly : de la documentation. Ainsi le conservateur du département Amérique du MQB, André Delpuech Cinq objets appartiennent à la collection m’a mise en garde contre les nombreuses erreurs 71.1878.14. Cette collection comporte vingt- présentes dans la base, qu’il continue aujourd’hui deux objets au total. Parmi ceux-ci, treize sont encore à constater et rectifier. des éléments archéologiques provenant de Le dernier objet du corpus étudié au musée différentes régions d’Amérique du Sud, qui ne du Quai Branly (MQB) est le X377483, objet nous concernent pas dans le contexte de cette dissocié de son numéro d’inventaire d’origine, et étude. Les neufs autres sont des ornements de provenant du musée de l’Homme. Les quelques plumes référencés Guyane française. Parmi eux informations présentes dans la base de données nous distinguerons visuellement trois catégories référencent une provenance « roucouyenne »3 et d’objets : cinq rubans de plumes constitués une note attribuant l’objet aux collections Crevaux (entre autres) de longues plumes blanches, qui ou Coudreau4 (19e siècle) mais l’origine de ces forment le corpus d’étude, trois autres rubans notes qui datent de 2004 n’est pas motivée (pas constitués uniquement de plumes rouge et jaune, de référence à une étiquette par exemple). et un élément dont l’appellation est devantier 2 de plumes. Peu d’informations figurent dans la partie i : approche historique base de données du musée, et les références sont e relativement peu fiables. Celles-ci proviennent 3. Roucouyenne est un terme utilisé jusqu’au 20 siècle pour désigner un groupe amérindien qui se dénomme lui-même Wayana (terme utilisé aujourd’hui). Nous reviendrons plus précisément sur ce groupe par la suite. 1. Fiches d’inventaires en annexe : A.I-1 4. Chargés de missions pour le MET, Jules Crevaux est un 2. Ce dernier ressemble beaucoup à des dorsaux d’origine médecin et militaire et Henri Coudreau un géographe, tous wayana consultés en réserve avec André Delpuech, deux sont des explorateurs de l’Amazonie et de la Guyane conservateur du département Amérique de MQB. plus particulièrement.

21 22 Ornements de plumes de Guyane Le corpus étudié : Légende : Ornement X377483: Ornements deplumeslacollection 71.1878.14,muséeduQuaiBranly : 71.1878.14.20 71.1878.14.10 71.1878.14.7 71.1878.14.21 71.1878.14.11 71.1878.14.8 71.1878.14.22 71.1878.14.19 71.1878.14.9 Certains objets du corpus sont référencés en tant Projet ou intention du musée pour ces objets : que coiffe de plumes alors que d’autres le sont en tant que collier de plumes. Cette première Les six pièces étudiées au musée du Quai Branly ambiguïté est le reflet de véritables questions font partie de l’ensemble des 270 000 conservées qui se posent dès la première rencontre avec ces au sein de cet établissement. Transférées lors ornements. Comment ces objets étaient-ils portés du chantier des collections, ces objets ont été et à quoi servaient-ils ? Leur forme n’indique rien installés dans les réserves internes du musée à de particulièrement évident (sachant qu’il faut, de partir de 2006 et n’ont jamais été exposés au sein toute façon, être prudent sur les a priori portés du plateau ou lors d’expositions temporaires. Le sur une culture différente). Ainsi la qualification conservateur du département Amérique du musée même de ces pièces reste indéfinie. Cela témoigne d’un véritable intérêt pour ces pièces en représente une première barrière pour envisager raison notamment de leur ancienneté et de leur un traitement de conservation-restauration, ou rareté dans les collections, il est très intéressé par même une exposition. l’étude et les propositions de restauration. Le toponyme des pièces de la collection 71.1878.14 indique : Guyane française et l’ethnonyme : Kali’na, « ancien nom : Galibi ». A ce niveau également, l’information est à nuancer fortement. Le terme présent sur les fiches du musée de l’Homme est « Galibi ». Il s’agit d’un nom donné par les français pour qualifier des groupes amérindiens de Guyane. Jusqu’à récemment, ce nom était utilisé pour désigner le groupe qui s’auto-nomme Kali’na, terme que nous retenons désormais, et qui correspond à une population amérindienne vivant sur le littoral de la Guyane et du Surinam. Mais le mot « Galibi » pouvait anciennement être utilisé pour qualifier indifféremment d’autres communautés Vue des objets étudiés dans les ateliers de conservation- amérindiennes. D’après A. Delpuech, conservateur restauration du musée du Quai Branly. du département Amérique, ce terme, peu précis, a été automatiquement traduit par Kali’na dans la base actuelle, ce qui n’est donc pas à considérer comme une information fiable. De plus, la circulation des objets entre les différents groupes amérindiens est à prendre en compte. Ainsi, le fait que des ornements aient été acquis auprès partie i : approche historique de Kali’na ne signifie pas automatiquement qu’il s’agit de leur véritable provenance. Parmi les neuf ornements de plumes que comporte la collection 71.1878.14, nous remarquons que l’ethnonyme d’une des pièces diffère, sans raison apparente, et indique : Wayana, « ancien nom : Roucouyenne » (71.1878.14.9).

23 24 Ornements de plumes de Guyane de la pièce étudiée, qui appartient désormais aux désormais appartient qui étudiée, pièce la de collections. Une partie de celles-ci est issuedu Muséum d’Histoire Naturelle de Lyon est decelles-ci partie Une collections. des en chantier et construction, est de chantier en Confluences actuellement est des l’institution 2014, pour prévue musée du L’ouverture de cet autour objet : musée du intention ou Projet Branly présentés ci-dessus. une Quai du musée du ceux incontestablementavec formelle similitude présente nous ici que l’objet étudions Enfin Branly. Quai du musée au réserves en consultation la de lors observées Wayana,les par dontcertainesêtre ont pu pièces ressemble très fortement aux « d’eux L’un amazoniennes. parures de nettement les rapprochant ornements des caractéristiques musée. L’information apparaît ici très erronée, les en provenance du Guatemala sur un document du . éié hra et n xlrtu, rhoou et archéologue explorateur, 19 un du français photographe est Charnay Désiré 5. de ornements decinq plumes, dénommé collection Charnay ensemble d’un partie Il fait d’inventaire. fiche d’aucune accompagné n’est et d’informations moins encore comporte àlui, quant Confluences, des musée du L’objet du Musée - Musée des Confluences - Département du Rhône. autres.» diversitédes la et uns pluralitédes la des rapports entre les sciences et les sociétés en insistant compte sur rendre de objectif pour a Confluences des Musée le sociétés, et sciences de Musée Confluences. des Musée d’É et Conservation de Centre le patrimoine, ce de valeur en mise de et développement de volonté une dans complémentaires, vocations des avec deuxlieux en Les redéployées seront […]. Muséum du redéploiement collections de projet vaste d’un l’origine à est laculture dans de duRhône, du développement faveur en Le Département action son 1999, fin Depuis « 6. fouilles et photographies enAmériquecentrale. b. L’objet dumuséedesConfluences : e siècle surtout connu pour ses pour connu surtout siècle tude des Collections et le et Collections des tude dorsaux 5 6 et référencé , c’est le cas Présentation » réalisés de possiblesmouvements). » lors «ré-emmêler» se pas ne pour possible boite sa mobile dans moins le être devra qui (objet en compte le déménagement final des collections Si prend qui conditionnement le temps. la un proposer besoin, possible dans mieux dernière cette du de garantir pérennité de et pièce la « sont lessuivantes : – de étude de cette traitement du lors plus conservation-restauration l’objet – faire musée considérée pour choisie la pièce du et à attentes liées spécifiquement les part, D’autre ici s’insère également danscesréflexions. réalisée l’étude d’objet, type ce de l’exposition à donc aux et plume matériau du conservation de questions s’intéresse musée Le destinées l’exposition. parures à les socler et restaurer de faire prévoit musée le cela Pour environnement. son de duclassification rapport la etl’ordre l’humain, entre traitant partie la dans s’inséreront derniers Ces permanente. collection la de sein au présentée sera amazonien bassin du plumes de En revanche une section consacrée aux ornements l’objet faire deprêt sidemandeilya. » également pourrait Elle années. plusieurs avant pas mais temporaire, exposition une dans pourraittrouverplace elle Cependant, musée. permanentesdu expositions futures des dans le parcours exposée soit pièce cette que prévu pas propos « a : étudié l’ornement informé de a collections nous humaines, des sciences chargée Imberti, Marie-Paule des fonds anciensdumusée. partie fait et amazonien, bassin du lot Amérique, département humaines sciences de collections 7. Marie-Paule Imberti, chargée de collections sciences dehumaines. collections chargée Imberti, Marie-Paule 7. l os mot d rtovr a iiiié de lisibilité la retrouver de importe nous Il or ’ntn, l n’est il l’instant, Pour 7 Collection Charnay, musée des Confluences :

6003469 60003470

60003471 60004400 partie i : approche historique

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25 26 Ornements de plumes de Guyane descriptions peuvent correspondre. La deuxième La correspondre. peuvent descriptions nous que sans puissions déterminer à quel niveau, mais les deux survenue donc corpus. est du erreur parti le Une pas fait soit ne qui 5032/78.14.9, 71.1878.14.9, plumes à de aussi mais l’ornement précédemment, vu l’avons nous comme 1371 hausse-col au fois la à correspond Ainsi l’objet recensé au Quai Branly 71.1878.14.10 dans recensée de collier, la actuelle expliquer qualification peut terme Ce rigoureuse. peu et européens, et par là une approche ethnocentriste vestimentaires codes les sur basée terminologie « dénomination La la présentation. de choix conditions et les durée, ou période, la sur précisions de 1882 plus avoir sans entre soit registre), du (date MET,1886 et public) au du (ouverture été temps ont au objets exposés ces que ainsi apprenons Nous ouvre dernier Ce Trocadéro. du d’ethnographie Cette date correspond l’entrée en à fait musée les au dans d’entrée date l’Homme. de musée le référencée par collections la indique nous 1878 d’inventaire numéro Le Branly. Quai du musée transférée été au a donc collections ses de partie est actuellement en restructuration et une grande Il 1937. en portes ses ouvrit George-HenriRivière TrocadéroPaulRivetde et l’impulsion sous (MET) de la transformation du musée d’ethnographie du d’ethnologie du musée de l’Homme. Ce musée, Laboratoire issu du provient 71.1878.14 collection La 2. Histoire desobjets danslescollections françaises : 1371 1370 Numéro 5032 Numéro polychromes Hausse-col enplumes polychromes Hausse-col enplumes Appellation frange debonnet Ornement deplumes, Appellation hausse-col rvl une révèle » Guyane Guyane Provenance Roucouyenne Provenance Vitrine 1 Vitrine 1 Salle/vitrine révèle donc le peu de fiabilité des informations des fiabilité de peu le donc révèle décalage Ce Brésil. au et Surinam au Guyane, en Wayanaprésentamérindien groupe référence au « terme L’ancien différent. également socioculturel groupe un etla provenance, de bonnet) (frange différente totalement nouveaux éléments deux apporte revanche en description nous indiquececi : numéro ce pour registre le dans correspondance MET. La du à celles d’étiquettes correspond type Branly,Quai ce du musée du archives des service du responsable documentaliste Martin, Angèle Selon typographié. 5032 numéro le avec collée, la présence d’une petite étiquette de papier beige D’autre part, sur ce 71.1878.14.10. même objet nous l’objetavons relevé pour données de base la du MET de1878à1886: Deux des objets étudiés figurent dans les registres MET.du et l’Homme de musée archivesdes du et Branly Quai du musée du données de base la de Nous avons donc entrepris des recherches au sein (MNHN) et danslesmuséesdeprovinces. du Naturelle d’Histoire National Muséum Américain au Louvre, lemusée des Nationales, musée Antiquités le Nationale, Bibliothèque la entre dispersés jusqu’alorsextra-européens objets des réunissent le compose qui collections les Hamy, Ernest-Théodore par Dirigé 1882. en portes ses Naturelle Museum d’Histoire Donateur Naturelle Museum d’Histoire Naturelle Museum d’Histoire Donateur : la dénomination décrit une fonction une décrit dénomination la : 78.14.9 Nouveau numéro 78.14.10 78.14.7 Nouveau numéro Roucouyenne fait » dont nous disposons, mais nous ouvre aussi des de ces mêmes registres, des références aux autres pistes d’investigation. ornements de plumes de la collection 78.14. Le Pour aller plus loin nous avons recherché, au sein seul autre cas intéressant est celui-ci :

Numéro Date d’entrée Appellation Provenance Salle/vitrine Donateur Nouveau numéro

2630 22 mai 1881 Couronne de plumes chef de Galibi mannequin Ancienne 78.14.8 montée sur coton Collection

Les informations sont encore une fois différentes, L’objet du musée des Confluences, provient de mais la présence de cet objet sur un mannequin l’ancien Muséum d’Histoire naturelle de Lyon, et pourrait nous permettre d’en apprendre plus si des fait partie d’un ensemble de cinq ornements de photographies de la salle d’exposition existaient. plumes entrés dans les collections le 09 juin 1884, Les registres nous apprennent que la collection à la suite d’un don du musée d’ethnographie 78.14 provient du Muséum National d’Histoire du Trocadéro. Cette collection est dénommée naturelle (MNHN). A partir de là nous n’avons plus Charnay, car elle serait associée à une mission d’informations, et n’avons donc pas pu remonter de cet explorateur pour le MET. L’information est plus loin dans l’histoire de ces objets. Le muséum, très peu fiable à ce niveau, car après quelques fondé en 1793, est issu de la révolution française brèves recherches nous ne sommes pas en et résulte de l’ancien Jardin du Roi. Nous pouvons mesure d’affirmer que Charnay – très connu pour donc affirmer que les cinq objets étudiés se trouvent ses fouilles archéologiques et ses photographies dans les collections françaises en deuxième d’Amérique centrale – se rendit dans cette région moitié du e 19 siècle (1878), mais nous ignorons d’Amérique du Sud et/ou rapporta de tels objets depuis combien de temps ils étaient au MNHN ni ethnographiques. En revanche nous savons que comment et par qui ils ont été rapportés. Lors de l’objet provient du MET, il a donc côtoyé les pièces discussions avec le conservateur du département étudiées au MQB, et l’hypothèse qu’il ait pu faire Amérique du MQB, ce dernier me faisait part de partie de la même collection reste possible. Nous son questionnement sur l’appartenance de ces avons tenté de retrouver dans la correspondance objets aux « anciennes collections royales ». Ce de M. Hamy10 un échange concernant ce don, terme regroupe un ensemble de pièces provenant mais sans succès. du Jardin du Roi, créé en 16358. Après la révolution française, les collections saisies vont en partie intégrer le nouveau Muséum d’Histoire naturelle. Une hypothèse serait donc que les objets étudiés fassent partie de ces anciennes collections.9 partie i : approche historique

8. A l’origine, jardin de plantes médicinales et de chimie, il se transforme à partir de 1739 en centre de recherche et musée sous l’impulsion du comte de Buffon. Au sein du Jardin, le Cabinet d’Histoire naturelle du Roi va devenir la de l’identification des anciennes collections royales plus riche collection d’Europe par la collecte de dons, et les d’Amérique du Sud, nous restons en lien quant à l’avancé de retours de grands voyageurs. l’identification des pièces qui nous concernent ici. 9. Pour le moment nous ne pouvons pas le confirmer, 10. Fondateur, conservateur et directeur des missions mais A. Delpuech et Benoît Roux, travaillent sur le sujet scientifiques du MET.

27 28 Ornements de plumes de Guyane les objets étudiés. explorer cette question afin de mieux comprendre qu’est la parure de plumes. Nous souhaitons donc la de question des objets, la compréhension du patrimoine à matériel amazonien confrontés approche sommes nous première cette Après ornements deplumesamazoniens. des la catégorie dans rares relativement pièces des fait en qui ce ancienneté, leur de raison historique en sont valeur forte Ils d’une défaut. dotés également aujourd’hui fait celle-ci mais ethnographique, valeur leur pour conservés Ils sont recherche. la pour consultés même véritablement ni état, leur dans exposés être peuvent ne ils et d’information, peu très qu’à reliés sont des sein au ne Ils latence. de statut un objets, ont institutions, deux les que constatons Nous comparaisons. des d’établir essayer pour technologique l’étude de cours au notamment suite, la par explorerons les d’affirmations. Nous permettre toutefois sans domaine ce dans ouvertes sont se précises plus recherches de pistes Des renseigné. précisément même parfois et présent très est Wayana plume ou d’éléments la contrairel’artde Au comparaison. de peu d’indices de Nous que donc documenté. disposons et ne Kali’na représenté plume peu la très de est l’art que constaté avons nous bibliographiques recherches de suite la A Kali’na ouuneprovenance Wayana. hypothèses deux de autour l’étude précédente, nous avons choisi de travailler traversà jour à mises pistes des raison En objets. ces de fonction la et socioculturelle provenance de autour la étant principales des L’une étudié. l’ensemble persistent questions de nombreuses recherches premières ces de conclusion En ue provenance une : vers 1850. D’après J.-M. Hurault, Français et Indiens en Localisation des différentes communautés en Guyane en communautés différentes des Localisation actuelle. D’après Vannerie et vanniers,D. Davy, 2007. Peuplement amérindiendeGuyanefrançaise, ©Laurence Billaultet Damien Davy Guyane. II. Les ornements de plumes amazoniens : valeurs et fonctions en contexte d’origine.

Les parures de plumes en Amazonie ont la des corps »3. Ainsi, « un corps humain pleinement particularité de « cristalliser en une forme singulière constitué apparaît comme un artefact hybride fait un ensemble de problèmes esthétiques, sociaux, de morceaux de corps d’autres espèces naturelles, techniques, mythologiques qui ne semblent pas chaque élément condensant les qualités propres liés a priori mais qui se nouent et se précipitent de l’habit particulier dont il est tiré »4. Et B. sous l’espèce de cette forme plastique. »1 Prévost, dans son article L’ars plumaria, met en évidence la désorganisation du corps paré (la 1. La métamorphose des corps : forme humaine) et du corps parant (la forme oiseau) : la transformation du corps de l’oiseau en parures « abstraites » - qui n’entrent pas dans un Tout d’abord, rappelons que les critères d’usage des schéma de mimétisme du corps humain – rend ce parures peuvent être d’ordre circonstanciels (lié à dernier « abstrait » lui-même. un évènement) ou bien catégoriels (exprimant la Dans la pensée amérindienne il n’existe pas de fonction, le statut de celui qui les porte). Il s’agit distinctions ontologiques tranchées entre les bien souvent également d’une combinaison des humains et bon nombre d’espèces animales et deux. Nous définirons donc les ornements en végétales : « tous les êtres partagent une même tant « qu’objets fabriqués, nommés, répondant à humanité (« culturelle »), comment penser leur certains critères d’utilisation et destinés à orner distinction corporelle (« naturelle ») ? […] C’est le corps »2. En effet, la grande majorité des objets un vaste perspectivisme qui préside ainsi à la de plumes amazoniens sont liés à « la production production des corps, puisqu’avoir un corps, c’est partie i : approche historique

1. Bertrand Prévost, « L’ars plumaria en Amazonie », Civilisations, no 59-2, Les apparences de l’homme (juin 30, 3. Prévost, « L’ars plumaria en Amazonie ». 2011): 87–108. 4. Stéphane Breton, Michèle Coquet, et Musée du quai 2. Gustaaf Verswijver, Kaiapó, Amazonie : plumes et Branly., Qu’est-ce qu’un corps : Afrique de l’ouest, Europe peintures corporelles (Tervuren; Gent: Musée royal de occidentale, Nouvelle-Guinée, Amazonie (Paris: Musée du l’Afrique centrale ; Snoeck-Ducaju & Zoon, 1992). quai Branly : Flammarion, 2006).

29 30 Ornements de plumes de Guyane 8. Descola, Par-delà nature et culture. naturelle, 1985). d’histoire national Muséum d’ethnographie; hiver Musée Paris: (Genève; de Paris, [catalogue] - 1986]: été - printemps naturelle 1985 d’histoire national [Muséum automne ]: 1986 Genève, de d’ethnographie [Musée [expositions]: (Genève), Brésil: du d’ethnographie Indiens plume: la Musée de L’art et Schoepf Daniel 7. Gallimard, 2005). Descola, Philippe 6. 5. Prévost, « L’ars plumariaenAmazonie ». sociétéla humaine. de la société des d’aspects, oiseaux est une société métaphorique sortes toutes par et Globalement hommes. des celle à société leur unit indigène, importance au rapport très étroit qui, dans système,« ce l’optiquede sein Au « « que évidence en met Descola ouvrage son Dans toujours exister selonunpoint devue. » femmes comme des perroquets amazone. perroquets des comme femmes les et oropendolas oiseaux les des comme hommes percevoir censés sont vivants sous deux avatars contrastés morts Indiens les employées afin de renforcer, de employéesafin une soulignant la en sont qui non-humains des entre comportement « sont ce est la fonction classificatoire des oiseaux, puisque P.que Descolacet metévidenceexempledans en pas cessé d’êtreforêt).cessé la pas (dans de manière ostensible les « redevenir et cérémoniels, ornements et plumes de parures revêtir apparence, leur déguisement. de dépouiller qu’un effet Lorsqu’ils regagnent leurs demeures, c’est en pour se n’est animaux non-humains. les et cette âme, d’une cosmologiene pasentre discrimine les humains dotés tous animaux, des et mesures del’humanité. » aux s’ordonne tout où cosmos un dans l’enrichit etprolonge la elle mais culture, la s’opposeà pas ne nature la Sud, du Amérique en comme Nord personnes des différences d’apparence et de d’apparence différences des egoe e epis ds plantes des esprits, des englobe » ([Paris]: culture et nature Par-delà P. culture, et nature Par-delà […] » 7 Ainsi, « Ainsi, 6 les oiseaux doivent leur doivent oiseaux les a om vsbe des visible forme La gens […] » qu’ils n’avaient la catégorie des catégorie la chez les Secoya,chezles Dans le grand le Dans : ils voient les 5 » 8 Ce vont donner matière – mythologique et figurale – mythologique matière donner vont qui éclatant plumage leur et oiseaux les sont ce que est-il Toujours oiseaux. des au-delà s’étend même parfois distinction qui discrimination de une ou originaire, division de acte un toujours Quelles que soient les variantes, ce mythe énonce multicolore s’écoulant en grandes flaques. oiseaux tremper alors leur plumage dans son sang mortellement blessé par l’assaut des coups de becs, et estlaisse les serpent, le comment explique encore répandue très variante Une noirs. ou blancs demeurent partage grand le pour arrivés derniers Les multicolore. lui-même soit plumage pardroit exemple à un grand ont morceau, ce qui explique que leur aras Les distinctives. couleurs les sorte, se spécifient en arborant chacun une ou plusieurs la De oiseaux, qui étaient indifférenciés à cette époque, morceau. un chacun revendiquant de trophée, guise sa en partagent multicolore se peau ils vaincu, dernier ce fois Une monstre. oiseaux le avec finir d’en Les décident et liguent alliés. se les sont ils dont oiseaux les harpie et/ou hommes les aigle parmi terreur la un sème géant, parfois serpent, immense un ainsi décrit le Prévost B. plume, la de l’art sur article son Dans Chapuis). (Schoepf,Lévi-Strauss, l’ont évidence en mis auteurs différents et toujours, déploie se structure même une mais variantes,nombreuses très de connaît mythe Ce amazoniens. corporels de pourquoi l’omniprésence le de la plume au comprendre sein des ornements mieux de rencontre permet nous se il et Nord, du Amérique et en au-delà même l’Amazonie, toute parcourt oiseaux des couleur la de l’origine de mythe Le humains. » les entre physiologique et anatomique différence 9. Ibid. . a lm, n aéiu ’rr, de d’ordre, matériau un plume, La 2. distinction,d’identité : 9 : « : un monstre cannibale, souvent cannibale, monstre un – pour penser la distinction spécifique.»10 Ainsi D. Schoepf conclut sur ce thème : « et de fait, si c’est à la plume qu’est dévolu le rôle de décliner l’identité spécifique, c’est parce que la plume est un matériau d’ordre, qui simultanément annonce sans hésitation aucune, la classe et l’espèce, donc l’homme et l’ethnie. La plume ainsi porte le sens, l’identité. »11

Pour conclure cette brève approche de l’art des parures de plumes en Amazonie nous laissons la parole à C. Lévi-Strauss : « Montées en somptueuses parures ou serrées dans des étuis de paille (véritable écrins où, pendant des années, des générations peut- être, elle se conservent inaltérées, comparables sous ce rapport à l’or dans notre civilisation), les plumes, par leur variété, leur richesse, leur éclat ont fourni aux habitants de forêts amazoniennes le moyen figuré de concevoir et d’énoncer cette grande vérité philosophique que les différences, constitutives de l’ordre naturel, ne sont pas moins Masque Cara Grande, Tapirape, fin du 20e siècle. indispensables à la vie en société, parce qu’en Plateau des collections, musée du Quai Branly. définitive, c’est sur l’appréhension des différences que repose l’exercice de la pensée. »12 partie i : approche historique

10. Prévost, « L’ars plumaria en Amazonie ». 11. Schoepf et Musée d’ethnographie (Genève), L’art de la plume. 12. Claude Lévi-Strauss, « L’origine de la couleur des oiseaux », dans Comme un oiseau: [exposition, Paris, 19 juin-13 octobre 1996], Gallimard-Electa Fondation Cartier pour l’art contemporain. (Paris, 1996).

31 32 Ornements de plumes de Guyane Photo d’après :René Fuerst, Xikrin :hommesoiseauxd’Amazonie, (Milano: 5continents, 2006). ©René Fuerst iii. les parures de plumes amazoniennes : quelle histoire occidentale ? L’emmelement des cultures

A travers cette approche historique, nous allons confrontation et l’échange entre deux cultures. La tenter de questionner l’identité des objets rencontre entre les européens et les amérindiens que nous étudions, en nous penchant sur les a engendré beaucoup de transformations au sein dimensions contextuelles qu’ils ont traversées et de ces deux cultures, mais le rapport de force a les idées qui les ont accompagnés ou précédés provoqué des conséquences très inégales. « Le dans la société occidentale. Nous souhaitons rapport colonial, souvent empreint de violence, interroger les multiples points de vue attachées aux est cependant plus caractérisé par l’appropriation ornements de plumes amazoniens en reprennant que par la négation du colonisé. »2 l’interrogation de P. Descola, « comment La présence des ornements de plumes dans donner à voir les vies successives et la série des les institutions muséales occidentales reflète, interprétations qu’il [l’objet] a suscitées ? ». Cette sur le plan concret et matériel, ce phénomène question apparaît primordiale lorsqu’il s’agit d’appropriation. L’hypothèse soulevée en d’intervenir en conservation-restauration. En effet introduction de l’ouvrage Le musée cannibale, respecter l’intégrité de l’objet ne se limite pas à postule que « les musées en général et les musées ses sens et à son état d’origine mais aux multiples d’ethnographie en particulier […] offrent un états qu’il a traversés. Alors se pose la question espace pour l’ingestion de l’autre et un simulacre de l’inscription de ces objets dans une histoire et d’ouverture à l’altérité en laissant penser que cet en particulier celle du rapport à « l’Autre » ou du autre devenu même est enfin assimilable »3. « rapport colonial »1.

L’arrivée des parures de plumes amazoniennes dans partie i : approche historique la société occidentale, est liée à la découverte, la

1. Le moment du Quai Branly (Paris: Gallimard, 2007). B. De L’Estoile, p.92. « J’emploierai donc les termes de « rapport 2. Ibid. colonial » pour désigner la structure principale des rapports 3. Marc-Olivier Gonseth et al., Le musée cannibale entre l’Europe et les autres continents, en gros, entre le 15e (Neuchâtel: Musée d’ethnographie de Neuchâtel = MEN, et le 20e siècle.» 2002).

33 34 Ornements de plumes de Guyane jaunes, dont le commandant doit, je crois, envoyer des et quantitévertes des plumes, de rapportèrenttoques de d’arcset en occidentaux] [les Ils quoi contren’importe ou usés bonnets vieux contrequelques ou papiers de feuillescontredes « du sud. l’Amériqueet l’Europe entre plumes, de parures de la circulation de certains biens, notamment les du et échanges des terre début le évidence en en met Brésil expédition d’une membre un par en1500 duPortugal roi au adressée lettre Une l’homme et l’animal. présente,déjà renvoyant est vers hybriditéune entre deplumes couvert d’être caractéristique la donc se superposer aux Amérindiens. Notons que quai Branly ; Réunion desmuséesnationaux, 2006). septembre19 du 21 janvier2006 au 2007] Branly quai du Musée du jardin Galerie la dans présentée l’Afrique, l’Amérique et l’Océanie : [catalogue de l’exposition jardin., l’autre Galerie regard Branly. D’un quai du Musée et Fur Le Yves 5. Branly. Quai du musée au 2012 juin 03 au 2011 novembre 29 du se tient l’invention sauvage,Exhibition, qui du 4. exposition « du L’imaginaire trouve son« sauvage » dansl’Amérindien. » l’Europe où moment au 1492, en véritablement débute exhibitions des L’histoire domination. de ambitions les aussi mais peurs, fantasmes,les les souvent originaire de zones lointaines, a cristallisé tous les temps l’objet d’une vive curiosité. L’Autre, « éovre, osu lErp s tun vers « tourne du figure l’Amérique.La se l’Europe des grandes lorsque la période découvertes, à lié particulièrement eots t ytrex o lu acre des accorde magiques. leur pouvoirs on mystérieux, et redoutés lieux des en Vivant civilisé. monde du lisière la à tiennent se ils Asociaux, feuillages. de ou plumes de poils, de couverts nus, sont ils farouches, et « êtres des a associée Moyen-Age, du Puis ils [les amérindiens] échangeaient des arcs des échangeaient amérindiens] [les ils Puis L’étrange, le sauvage et le monstre ont été de été ont monstre le et sauvage L’étrange,le : histoire desregardseuropéenssur » 5 e iaiar viendra imaginaire Cet sauvage sauvage et donc est » (Paris: Musée du » est héritée est » solitaires 4 […]. » différences insupportables ces fascinationla pour et l’horreur créant légendaire, le « par l’ignorance des récits Les monstres. des et prodigieuses créatures des on, etdu danger du surnaturel un imaginaire à rattachées cabinet. ce grand objets de partie les fait également que aient étudiés possible est il vu, l’avons Comme Branly.nous Quai du aujourd’hui musée au plumes conservées de parures des précédemment parlé possédait avons nous dont Roi, du Le plus grand des cabinets de curiosités, le Cabinet corruption dumondecivilisé. la sur et semblables leurs dévorant hommes ces de naturelles valeurs les sur notamment médita d’oppositions et d’ambiguïtés, faite multiple, est situation cette de autour pensée La également. émergent d’anthropophagie scènes Les parures de plumes font partie de ces de partie font plumes de parures Les 15 au naissance En parallèle, les cabinets de curiosités, qui ont pris quelques exemplaires àVotre Altesse.» . e u e Mse u ui rny Glre jardin., Galerie regard l’autre Branly.. quai du Musée et Fur Le 8. museedelhomme.fr/musee/histoire.php. rénovationde projet Le architectural- « 7. Somogy éd.d’art, 2001). 6. Roberta Rivin et al., ’png ds ols u 17 au nobles des l’apanage par les explorateurs, les voyageurs et les marins. explorateurs,les voyageursetles les par ou exotiques 8 . La figure du cannibale et les représentations de Musée de l’Homme - Le Musée en projet - Le projet Le - projet en Musée Le - l’Homme de Musée : « Dans Dans les pays des confins vivaient, croyait- exotica e siècle en Italie et sont devenus sont et Italie en siècle L’ art de la plume en Amazonie merveilles rpots massivement rapportés , e s dtn d’objets dotent se , compensaient » », s. », d., http://www.d., Montaigne : 6 exotica (Paris: D’un 7

« Tout artefact, dès qu’il est extrait du cadre spatiotemporel de son usage originel devient nécessairement autre chose que ce qu’il était auparavant, au moins par destination. […] Il entre dans un nouvel usage et un nouveau contexte, perdant de ce fait la plus grande part de son identité préalable.»9 Dans le cas des pièces de cabinet de curiosités, la rupture semble particulièrement marquée. La façon dont l’objet est perçu ne s’appuie-t-elle pas uniquement sur l’imaginaire occidental, sans même se revendiquer de la compréhension d’une autre culture ? Dans ce contexte, les parures de plumes ne se trouvent-elles pas totalement émancipées de leur Vincent Levin, «Cabinet de curiosités : les merveilles de culture d’origine et des corps qui les portaient la nature», France, gravure sur bois, 1719. pour devenir symbole de l’exotisme d’un univers D’après le catalogue, Exhibition, Musée du Quai Branly. inconnu ? Lorsque l’on observe les différentes images produites entre le 16e et le 19e siècles, les ornements de plumes semblent pourtant devenir l’attribut par excellence du « sauvage amérindien », marqueur physique et symbolique de sa différence, renvoyant vers une forme d’hybridité et faisant signe vers un ailleurs inconnu et merveilleux. Le contre-sens entre ce que convoquent ces objets dans la société occidentale et les valeurs qu’ils représentent dans leur société d’origine est très grand. Ils sont perçus en Europe sous l’angle de l’accessoire animalisant d’êtres non-civilisés, alors qu’en Amazonie, il s’agit d’une forme aboutie de sociabilité et d’humanité. Rappelons que la colonisation de la Guyane se met en place difficilement durant le 17e siècle, les premières relations commerciales entre les français et les Amérindiens, les premières missions d’évangélisation, et premières guerres s’instaurent. En parallèle de l’installation des colons partie i : approche historique les populations amérindiennes sont décimées par les maladies et les guerres internes. Les Kal’ina, installés sur le littoral de ce qui deviendra les «Hommes déguisés en sauvages», sans lieu, gravure trois Guyanes, sont immédiatement en contact sur bois, XVIe siècle. avec les européens. En revanche les groupes de D’après le catalogue, Exhibition, Musée du Quai Branly.

9. Le moment du Quai Branly. P. Descola p.147

35 36 Ornements de plumes de Guyane ’pè l ctlge ’n ead ’ur, ué du Musée l’Autre, regard D’un catalogue le D’après siècle, XVIIe flamande, école Vieux, le VanKessel Jean êe rue oiclue, u n s formera véritablement qu’au 19 se ne qui socioculturel, groupe même d’un forme la Wayanasous n’existentencore pas générale d’éditions, 1972). 1604-1972, 1 vol., 10-18, ISSN 0240-2300 ; 690 (Paris: Guyane : Union en Indiens et Français Hurault, Jean-Marcel 10. Musée Brésil, Plume, la L’artde catalogue le D’après C. d’Abbeville, Histoire de la Mission des Pères Capucins. «Portraict aunatureldesbarbaresamenenéz en 18 jusqu’au ponctuels contacts des à sujet uniquement resterontterres des l’intérieur France dupaisTopinambous pouryestre baptizèz». Musée duNouveauMonde,LaRochelle, France. d’ethnographie deGenève. Peinture surcuivre, Quai Branly. e siècle. 10 e siècle. Les siècle. D’après le catalogue Exhibition, Musée du Quai Branly. Le défilé de la «Reine Amérique» au carnaval de aucarnaval Amérique» la «Reine de défilé Le D’après le catalogue Exhibition, Musée du Quai Branly. H. Meyer, Lejeunesauvagede saint-Ouen, Le petit Journal,gravure,novembre 1898. Fondation KlassikStiftungde Weimar. Stuttgart, 1599. Au 18e siècle, par la fiction du « bon sauvage », […] [Ce dernier] condense dans un espace réduit des philosophes comme Diderot et Rousseau l’essence d’une culture ramenée à des objets et cherchent non seulement à critiquer la colonisation à des activités emblématiques »13. Ce type de ethnocentrique des Européens en Amérique, présentation contribue à réduire et à simplifier mais aussi les idées de progrès et de raison au les cultures exposées dans une dimension figée, cœur même de l’idéologie des Lumières. Ainsi les proposant alors une vison erronée de celles-ci. ornements de plumes qui trônent désormais dans Les parures de plumes font partie de ces « objets les cabinets de curiosités cristallisent des idées emblématiques » exposés ainsi. Nous avons opposées. La façon de les percevoir dans notre pu constater, à travers nos recherches dans les société – qui reflète celle de percevoir les peuples archives, que deux des ornements étudiés étaient amérindiens – n’est en rien uniforme, mais bien présents en vitrine, et qu’un objet de la même multiple et contradictoire. L’objet se rapporte à collection était exposé sur mannequin au MET. un panel d’idées qui s’ajoutent à lui comme des « Le mode de présentation est dans la continuité strates de sens supplémentaires. des « zoos humains », c’est-à-dire des scènes de genres reconstituées dans les cirques et les Au 19e siècle, on parle de démocratisation du expositions universelles et coloniales dès la fin du sauvage à travers la mise en place des exhibitions. 19e siècle. »14 « Le sauvage exhibé doit ressembler à l’image que l’on en a, à l’image que l’on a fabriquée, à l’image que l’Occident attend. »11 Avec la professionnalisation de l’ethnologie puis de l’anthropologie, la création du MET, en parallèle du développement et de l’affirmation de l’empire colonial, « l’Autre » passe progressivement du statut du « sauvage » à celui du « primitif » représentatif d’un état antérieur de développement dans une histoire linéaire conduisant de la sauvagerie à la civilisation. La muséographie du MET est marquée par les reconstitutions « grandeur nature » qui traduisent la nécessité de faire revivre la civilisation pour comprendre l’objet issu de celle-ci. Les parures de plumes se prêtent aux muséographies caractéristiques de l’époque : sous la forme de scènes réalistes utilisant des mannequins réalistes. La vision d’ensemble prévaut, chaque objet ne prend sens que par rapport à la totalité dans laquelle il s’inscrit12. « La forme aboutie partie i : approche historique de ce dispositif est le diorama reconstituant de manière sommaire un environnement typique. Mannequins de la Galerie ethnographique du musée de l’Armée, Indiens d’Amérique du Nord, de Guyane et du Brésil. 11. Exposition : Exhibition, L’invention du sauvage. Musée ©Musée de l’Armée du Quai Branly 12. « Musée de l’Homme - Le Musée en projet - Le projet 13. Le moment du Quai Branly. P. Descola architectural - Le projet de rénovation ». 14. Ibid.

37 38 Ornements de plumes de Guyane ’pè Hni odeu Ce ns nin, quatre Indiens, nos Chez Coudreau, Henri D’après française : Bureau du patrimoine ethnologique, 1991). 1892 patrimoine du Bureau ethnologique., Guyane. de française. régional de Guyane Conseil et amérindiens des Association 15. du reste « entre monde, le et l’Occident entre métropoles, et colonies entre établie désormais est qui relation qui monde, coloniale période du conception organisera lesrapports tout humains aulongde la certaine d’une illustration parfaite la que sont manifestations ne peuples fois… culture, la à tout effrayent leur et fascinent qui par vie, de modes leurs par langues, leurs par étranges peuples ces pour se triomphante prépare mettre en à exploitation. aussi, Curiosité, l’industrialisation de l’Europe « mondes ces à s’appliquant grandissante curiosité une métropoles, les dans répond, lointaines contrées des dans aventureux « associé àl’une decesmissions. des possiblement est (MQB)) (X377483 L’un étudié objets muséales. collections les pour objets nombreux MET,de rapportentle ils pour mission cours des grands fleuves de Guyane. le remontent 1888 en Coudreau Henri 1877, en Crevaux Jules […] voyages. grands des l’époque C’est coloniale. emprise son asseoir à commence achève l’exploration des territoires sur lesquels elle « civiliser ».» En cette seconde moitié du 19e siècle, l’Europe siècle, 19e du moitié seconde cette En A cette soif de découverte qui conduit les plus les conduit qui découverte de soif cette A (Gyn] Ascain e aéides de Guyane amérindiens des Association ([Guyane]: . années danslaGuyanefrançaise, 1895. 15 ds aii Prs en Paris à Galibi des itiosan:bola : Pau:wa peuples civilisés peuples : véritable mise en scène de la de scène en mise véritable : exotiques » et « et » » Chargés de peuples à peuples […] Ces […] que » nous étudions. que objets des proches très plumes des de cou, parures plusieurs du autour que portaient, kali’na découvert hommes avons nous photos e prons eus n rne sont Bonaparte, France Prince 19 du le fin en la de anthropologiste par venues photographiées personnes Les lamémoire des Kali’na aujourd’hui encore. dans douloureux particulièrement est des évènement Cet dures. trop raison vie de conditions en décèdent groupe du personnes plusieurs car tragique manière de finit exhibition «exhibés» au jardin d’acclimatation sont Surinam du et Guyane de littoral du venant Galibi documents des sur photographiques. En extrêmement1882 étudiés, et en 1892, les ceux « plumes à similaires de la retrouvons d’ornements nous trace que époque cette à C’est botanique, un zoo et un parc d’attraction, accueillant d’attraction, parc un également desreconstitutions de« villages indigènes ». et zoo un jardin un fois la botanique, à tout est d’acclimatation jardin Le 16. Musée Brésil, Plume, la L’artde catalogue le D’après Danse du Poro chez les Wayana. Crevaux, Voyage dans » (les Kali’na dénommés ainsi à l’époque) à ainsi dénommés Kali’na (les » d’ethnographie deGenève. l’Amérique. e ice Sr ces Sur siècle. 16 . La deuxième indiens partie i : approche historique

Les ornements de plumes se composent des longues plumes blanches, puis de plusieurs rangées de plumes recoupées et superposées comme les objets étudiés.

Photographies de Roland Bonaparte, 1892. ©Photothèque du musée de l’Homme.

39 40 Ornements de plumes de Guyane les richesses des colonies. Puis, au début du 20 du début au Puis, colonies. et des richesses les lespopulations de l’Empire, glorification de et internationales coloniales, expositions où sont montrées dans une perspective premières les succèdent laquelle à période d’une fin la marque d’acclimatation Jardin du activités des déclin Le France ? devenus sont-ils que MET du d’objets missions d’autres lors indépendamment ramenés été aient qu’ils personnes les que temps même en Guyanes des ramenés été ont-ils ornements subsistent questions d’autres Néanmoins, veut donnerdesgroupes amérindiens. et organisées pour correspondre à la vision que l’occident a, ou théâtralisées posées, situations des révèlephotographies ces de caractèremême Le présentés. groupes aux ajoutés ou échangés soient accessoires des que rare pas n’était il et ces exhibitions, de principale caractéristique la l’avons vu précédemment, les mises en scène sont totale scène en mise d’une là pas s’agit-ilne MET,mais du registres des références le muséeduQuaiBranly. le transfert entourent des collections du Musée de l’Homme et qui controverses les dans aujourd’hui encore observer les peut l’on que telles » « esthètes et ethnologues entre oppositions les enplace se mettent que période cette pendant aussi ». C’est de sauvage « rejet l’objet de le et l’exotisme : l’ethnographie transformer peut vont On primitiviste. vague fondamentalesthématiques deux que considérer la à rapport par tournant un marque 1920 années des milieu Le dont lesobjets étudiés. « laboratoire l’Homme, de Musée le s’ouvre siècle 17. « 17. cou autour du ainsi porté d’être est-elle fonction Leur kali’na d’origine donc seraient-ils Les ornements alors. posent se questions nombreuses De Musée de l’Homme - Le Musée en projet - Le projet Le - projet en Musée Le - l’Homme de Musée

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En bas à droite : coiffe portée par Jean Vilar, conservée ’cesie rvlgé e a ie n cn de scène en l’altérité, dumystérieux mise et del’inconnu ? la de pas privilégié n’est-il l’accessoire encore, ici plumes, de L’ornement grande cette figure emplumée. dans Populaire National Théâtre au s’incarne antique, Grèce la de forêt une dans Shakespeare,selon vivant,surnaturel et magique lerôle jouer pour dans d’Obéron plumes de coiffé 1959, de FestivalPapesPalaisau des du d’Avignon scène la retour.sur en Vilar Jean voirnotamment peut On collectif occidental et est investi de cet imaginaire L’objet parure de plumes est happé par l’imaginaire architectural -Leprojet derénovation ». Obéron (JeanVilar),LeSonged’une Nuitd’Eté, 1959. à laMaisonJeanVilar, Avignon. Photo d’Agnès Varda e og due ut d’Eté Nuit d’une Songe Le L’être. En parallèle, rappelons que la Guyane devient un moins consciente notre imaginaire actuel face département français d’outre-mer en 1946, sa à ces objets : l’œil est un produit de l’histoire dépendance à la métropole s’accroît, le chômage reproduit par l’éducation nous rappelle Bourdieu. et les difficultés scolaires du pays ne diminuent D’autre part, les objets que nous étudions pas pour autant. Au cours des années cinquante, ne reflètent-ils pas, dans leur matérialité, des groupes nationalistes se font entendre pour l’histoire traversée ? En ce sens, les altérations : critiquer cette départementalisation, s’inscrivant l’encrassement, les bris, emmêlements, dans un contexte de décolonisation en Asie et en enchevêtrements, déformations des plumes, ne Afrique. Les préfets combattront ces nationalistes sont- ils pas significatifs ? N’évoquent-ils pas la puis la loi de décentralisation les marginalisera complexité du parcours des ornements, marqué (1982).18 par une certaine violence et incompréhension ? Le 9 décembre 1984, « les six peuples amérindiens Pour finir posons-nous la question de l’image de Guyane, se réunirent pour la première fois de « parure de plumes » dans le monde actuel, leur histoire afin de partager leurs préoccupations liée à l’image des Amérindiens. Ne reste-elle et proclamer leurs revendications « Nous pas associée à un grand nombre de clichés, de voulons obtenir la reconnaissance de nos droits préjugés issus des représentations mises en place aborigènes, c’est-à-dire la reconnaissance de nos depuis le 16e siècle ? droits territoriaux, de notre droit à demeurer amérindiens et à développer nos institutions et notre culture propre. » Ce discours , prononcé par Félix Tiouka, alors président de la jeune association des Amérindiens de Guyane française, à l’occasion de son premier congrès, fit scandale auprès des autorités locales. Première prise de parole publique des Amérindiens de Guyane, cette déclaration exprimait un profond ressentiment devant l’inertie manifestée à leur égard par leur autorité de tutelle et annonçait leur volonté de se donner les moyens de revendiquer des droits qui, jusque-là, leur avaient été niés».19

Nous n’avons ici qu’ébauché l’histoire des idées, et des perceptions reliées aux ornements de plumes amazoniens dans la société occidentale. Mais ces quelques éléments nous font prendre conscience du tissu complexe de sens, d’actes et d’idéologies Extrait du film Sur la piste du Marsupilami, de Alain partie i : approche historique contradictoires qui hantent de manière plus ou Chabat, 2012

18. « Guyane française: données historiques », s. d., http:// www.tlfq.ulaval.ca/axl/amsudant/guyanefr3.htm. 19. Patrick Menget et Jean-Patrick Razon, Guyane : le renouveau Amérindien /[responsables éditoriaux ...: Patrick Menget, Jean-Patrick Razon]. (Paris: Survival Internat., 2005).

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iv. Quel statut pour les parures de plumes au sein des institutions aujourd’hui ? l’exemple du quai branly

Au musée du Quai Branly, les collections qui permet le rapprochement entre des objets de « Amériques » constituent le fond le plus provenances socioculturelles différentes. Cela met important numériquement : 100 000 objets dont en valeur une forme d’art commune à l’ensemble 900 sont exposés, suivant un parcours organisé de cette région dans sa pluralité et sa diversité. en deux parties : Amérique récente et actuelle, Mais les pièces ne sont que très peu renseignées, Amérique ancienne.1 Au sein de la section seuls les cartels des grandes parures proposent Amérique actuelle du parcours des collections un peu plus que le minimum d’informations. se trouve un espace consacré aux parures de La section en elle-même ne fait pas l’objet d’un plumes amazoniennes. Les pièces présentées discours sur l’art de la plume en Amazonie. dans cet espace sont renouvelées régulièrement en raison de la dégradation des plumes à la Nous sommes ici dans une situation très lumière. Quelques pièces monumentales et représentative de ce qui caractérise le musée particulièrement impressionnantes y sont ou du Quai Branly : le choix d’accorder la primauté ont été présentées, notamment le masque cara à l’expérience esthétique à travers une épuration grande des Tapirapé, la coiffe-masque olok des de la mise en scène et de l’information visible Wayana ou les grandes coiffes Kayapo. D’autres en salle et le parti pris de considérer les objets ornements, principalement des coiffes, de en tant qu’œuvres d’art. A travers le filtre d’une tailles plus petites, sont également exposées, société dont la culture artistique s’est construite en suspension dans une vitrine commune où les autour de la peinture, le déploiement de couleurs différentes origines culturelles se côtoient. Dans dans l’espace des ornements de plumes trouve partie i : approche historique cet espace du musée, le thème est explicitement une résonnance toute particulière. Le visiteur la parure de plumes dans le monde amazonien, ce pourrait y éprouver une vibration similaire à celle provoquée par un tableau de Kandinsky ou Matisse. Le choc émotionnel et la perte de repères qui caractérise l’expérience artistique est 1. « Amériques », http://www.quaibranly.fr/fr/collections/ incontestable. Par la reconnaissance de codes les-collections-de-reference/ameriques.html. http://www. esthétiques, les parures de plumes amazoniennes quaibranly.fr/fr/collections/les-collections-de-reference/ sont dotées d’une valeur artistique peu équivoque ameriques.html

43 44 Ornements de plumes de Guyane rtnr à a rs e cag ds mémoires des charge collectives, àl’échelle planétaire». en prise la à prétendre puissent Occidentaux les que surprenant fait ce c’est persiste, qui Ce « : ainsi répondre pourrait Descola, p.151 5. Sens &Tonka, 2001). (Paris: patrimoniale machinerie La Jeudy, Henri-Pierre 4. cannibale musée 2002).p. 25-27 Le MEN, = Neuchâtel al., de d’ethnographie Musée et (Neuchâtel: Gonseth Marc-Olivier 3. 2. Lemoment duQuaiBranly conditions connaissance. la des de d’approfondissement surtout et connaissance est de moyen esthétique puissant un d’abord relation la reconnaissance, ce de nuance Descola « P.vue, de point de l’avis revanche, En qui appartient à l’histoire de notre sensibilité cette procède que transformation l’objet [de en tant qu’œuvre occidental d’art] regard seul du processus d’appropriation est-il parachevé, « français chef-d’œuvre musée en d’un coiffes deces l’appropriation et transformation réussit- la atemporel elle univers un dans plongeant muséographie les et corps des parures La les dépouillant adoptée, actuelle. société notre dans rdcrcs e e artefacts.» ces de productrices sociétés les et cultures pour les l’oubli à artefacts vouer mieux les absorbent et assimilent qui d’ethnographie sont la parallèlement des sauvegarderinstitutions de musées les sociétés, des souci et cultures des mémoire morceaux. le par les Traversés renvoient [...] laquelle à abstraite parties à défaut de pouvoir s’emparer de la totalité de fragments, de saisie de ; attributs leurs sur et objets des propriétés les sur mise main de forme une comme considérée être ainsi peut muséale Selon le point de vue de Nélia Dias, « l’appropriation travers la forme. La relation esthétique serait en serait esthétique relation La forme. la travers à dessinant se l’intention de prégnance la moins significations pas ressentirait n’enl’objet, à des prêtées culturelles tout ignorant visiteur], [le ci Le moment du Quai Branly Quai du moment Le avant d’être un éventuel moyen éventuel un d’êtreavant » 5 Il ajoute encore ajoute Il . M.Mauzé, J. Rostkowski . M. Mauzé, J. Rostkowski. P.Rostkowski. J. Mauzé, M. . 3 t .P Jeudy H.-P. Et 4 : « : Celui- c’est » ? Le ? 2

? d’un côté, ceux qui possèdent et contrôlent tant contrôlent et possèdent qui ceux côté, d’un : dévoile se qui coloniale domination de relation fois mais dans un domaine restéune nouvelle encore quasi inexploré, donc, une « C’est : ànotre situation écho particulièrement fait qui Fereira, etJ-P K. Kukawka par développée réflexion une avant en mettre souhaitons nous conclusion, En de cetravail. l’axeréflexionde s’est qui au nous à imposé cours c’est également et muséal monde du réflexions nombreuses de coeur aux sont conservés, objets musées et les communautés dont proviennent les les l’interaction entre de autour particulièrement etplus situation, de cette autour questions Les à l’humanité. à commun comportemental fond un à l’empathie par s’accrocherait elle sémantique, variabilité la de apparences les contournant puisque, dire le bien veut qu’on relative moins beaucoup cas ce 8. Ibid.B.deL’Estoile 7. Ibid.p.150 6. Ibid. sens finir avec ce passé qui ne veut paspasser veut ne qui passé ce avec finir en pour restituer les faudra qu’il signifie-t-il cela sujet ce à derniers ces de craintes les et musées des possessions des légitimité la sur questionnement priver en signification leur rappelle qui L’Estoile « de que B. évidence en met que ce C’est colonial. passé du l’oubli de celles fournirentnotammentsontdébats,nombreux de qui et posent, se qui questions traversée,les ont de objets phénomène ces que l’histoire de le signes des l’absence considérons nous si Mais, et muets auxcouleurs défraîchies. » statiques volumes des que plus sont ne masques néanmoins demeure perceptible pour vivacité le visiteur des musées sa lorsque les donne lui qui mouvement du inséparable chatoyante beauté : « : : « l’histoire des objets est constitutive de constitutive est objets des l’histoire si les collections sont un héritage colonial, le paradoxe est que quelque chose de la de chose quelque que paradoxeest le ». Ces réflexions ouvrent vers un vers ouvrent réflexions Ces ». » 6 et pour conclure dans le même le dans conclure pour et ; c’est les mutiler que de les que mutiler les c’est ; 7 . ? » 8 les biens culturels amérindiens que les propos En effet une délégation de potières, accompagnées tenus sur ces biens ; de l’autre les Amérindiens, de personnes chargées de l’inventaire du descendants directs de celles et ceux qui ont patrimoine kali’na sont venues au MQB, en octobre façonné ces mêmes biens et dont est niée toute 2011, dans le cadre d’une consultation de poteries capacité d’expertise. »9 anciennes. Cette coïncidence a été l’occasion de montrer et de discuter des ornements de plumes A travers cette première approche des ornements étudiés avec ces personnes. L’échange a eu lieu de étudiés et de leur contexte, nous prenons manière plutôt informelle, et il a surtout confirmé conscience de l’importance de la dimension de nombreuses incertitudes. Les Kali’na ont d’abord historique attachée à ces derniers. Ils sont identifié ces objets comme provenant d’une aujourd’hui ancrés dans la société occidentale autre origine culturelle que la leur (en pensant européenne française, témoignant de son histoire, à d’autres groupes amérindiens de l’intérieur de de ses idéologies. Ils peuvent, en cela, être la forêt), puis, après avoir vu les photos du jardin considérés comme patrimoine de cette société. d’acclimatation, elles ont expliquées qu’il pouvait Nous cherchons ici à mettre en évidence le fait que s’agir de collier kali’na, entrainant une certaine ces objets sont des biens patrimoniaux partagés confusion dans l’interprétation de ces propos. entre deux cultures, deux sociétés. Ils sont donc Mais ce que nous souhaitons retenir de cela un patrimoine matériel partagé et reflètent est l’importance d’ouvrir un tel dialogue et de un patrimoine immatériel en partie commun, partager de l’information autour de ces objets. bien que fait de nombreuses contradictions et L’entretien a été filmé, afin de constituer une paradoxes. documentation des ornements et de l’échange. 10 A l’issu du premier travail d’étude des objets, mené Cette première rencontre, au sein de l’institution au sein du musée du Quai Branly, nous avons eu muséale, fera par la suite échos à plusieurs autres la chance de participer à un premier échange avec en territoire amérindien. des représentants de la communauté kali’na. partie i : approche historique

Ensemble de parures de plumes amazoniennes. Entretien avec les représentantes kali’na, musée du Plateau des collections, musée du Quai Branly. Quai Branly, le 11 octobre 2012

9. Katia Kukawka et Jean-Paul Fereira, « Restituer le patrimoine. État des lieux et propositions pour une action concertée en Guyane. », in La question du patrimoine en Guyane (Matoury: Ibis rouge, 2011). 10. La vidéo de l’entretien se trouve sur le dvd annexe.

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partie ii constat d’état

I. étude technologique

L’étude a été réalisée en plusieurs temps. Le premier s’est déroulé au musée du Quai Branly, l’ensemble des objets a été étudié au sein des ateliers de conservation-restauration à l’aide du matériel nécessaire et selon une méthode comparative. Ce travail s’est accompagnée de 71.1878.14.7 71.1878.14.10 26x18cm 33x24cm recherches documentaires autour du contexte d’origine. Dans un second temps l’objet du musée des Confluences a été étudié au sein des ateliers de conservation-restauration de l’ESAA et l’étude réalisée a été rattachée à la précédente toujours Musée du Quai Branly 71.1878.14.19 71.1878.14.20 selon une méthode comparative. Les recherches 41x17cm 30x20cm documentaires permettaient d’autre part d’approfondir et d’ouvrir des questionnements et hypothèses. Enfin le troisième temps de travail a constitué en un voyage d’étude auprès des groupes socioculturels Kali’na et Wayana de Guyane, 71.1878.14.21 X377483 37x20cm afin de préciser la compréhension des objets, 44x17cm des matériaux et techniques et du contexte. Le voyage d’étude en lui-même sera présenté dans une autre partie, mais certains aboutissements seront utilisés ici afin de proposer une analyse partie ii : constat d’état

technologique la plus complète possible. Musée des Confluences 60003470 24x22cm Corpus des objets étudiés Dimensions = Longueur du ruban de plumes x largeur maximale

49 50 Ornements de plumes de Guyane (MQB) X377483 : objet un sur présent simple, Nœud : B sept des six sur objets. présents croix, en Nœuds : A même objet : les mais deux techniques ne se mélangent objets, pas au sein d’un des fonction en observés plumes sont des maintien de nœuds de types Deux est visible surchaquenœuddefibre végétale. noire résine une Enfin, repliés. calamus les enserrantnœud un groupepar en ou individuelle manière de plumes les maintient qui végétale(b) de laplume. 1. Calamus dessus par lereplicalamusde leur fixées plumes de (a), support de rôle le Les filières se composent d’un fil de coton qui joue se répète plumes liéesentre elles,quel’on appellera filière. qui base de d’un motif constitués sont l’étude de objets les Tous La technique d’assemblage : différents ornements. aux commune structure cette précisément plus cettedétailler partie dans allons Nous plumes. de de rangées superpositions de constituée proche très structure une partagent étudiés objets Les 1. Structure desobjets a. Fabrication desfilières deplumes : voir partie II.I.2 : composition physico-chimique 1 , et d’un fil de fibre de fil d’un et , ue age de rangée une : Vue d’une filièreenloupebinoculaire. Noeuds encroix(A),vuedu revers. Schéma d’une sectiondefilière ©W. E.Roth., 1924,p.124 A b a Les matériaux : Les fils d’attache des plumes sont réalisés à partir Les objets sont composés de trois grandes familles d’une autre fibre végétale à l’origine non identifiée. de matériaux : Les caractéristiques de ces fils sont leur extrême -les plumes, qui représentent plus de 80% de finesse et leur grande résistance. Des recherches chaque objet2 documentaire ainsi que le travail sur le terrain ont -les fibres végétales, qui représentent moins de permis d’identifier cette fibre appeléekulaiwat en 20% de l’objet Wayana (et kulawa na na en Kali’na) ainsi que la -la résine naturelle, qui représente moins d’1% de technique de mise en œuvre à partir des feuilles l’objet de la plante du même nom. La plante kulaiwat correspondrait au Bromelia Karatas, bien qu’une Les fils de coton (Gossypium barbadense) présents incertitude subsiste à ce sujet. « Contrairement ici ont été réalisés à la main suivant une technique au coton, la transformation de cette plante est de filage au fuseau. Un document présentant l’apanage des hommes. C’est la fibre à tout faire cette technique chez les Amérindiens de Guyane des Amérindiens »6. Pour plus de détails sur ce est présent en annexe.3 sujet, voir les annexes.7 Les fils qui servent de base aux filières et les liens subsidiaires4 sont principalement des fils simples Les fils de kulaiwat ont la particularité d’être (torsion en S ou en Z suivant les cas) très fins et enduits d’une résine noire appelée mani. Cette résistants. dernière est encore visible au niveau des nœuds Le travail du coton est spécifiquement féminin formés autour des plumes. Encore une fois – cette chez les Amérindiens du plateau des Guyanes « il matière n’étant pas identifiée lors du début de est semé, entretenu, récolté et travaillé par les l’étude – c’est le travail de terrain croisé avec des femmes »5. Dans le cas de ces objets, on constate sources bibliographiques qui a permis d’identifier que les fils réalisés sont particulièrement fins, cet élément. Le mani (Symphonia globulifera) est résistants et réguliers. une résine qui a été travaillée afin d’être utilisée pour enduire les fils de kulaiwat et leur donner ainsi un caractère plus résistant, imperméable, imputrescible et plus adhérent.

Fil de coton

Fil de kulaiwat

Trace de mani

Vue d’une filière en loupe binoculaire. partie ii : constat d’état

2. Le matériau plume sera en partie II.I.2 3. Annexe A.II.1 4. Voir : partie II.I.1.b. Assemblage des filières 5. Damien Davy, « “Vannerie et vanniers” : approche ethnologique d’une activité artisanale en Guyane française » 6. Ibid. (Thèse de doctorat, [s.n.], 2007). 7. Annexe II.1

51 52 Ornements de plumes de Guyane 8. Davy, « Vannerie et vanniers ». le travaillent le Wayanacoton, les encore Aujourd’hui masculin. donc le travail de plumasserie, est spécifiquement mani à la fois féminins (coton) et masculins (kulaiwat Ainsi les éléments de base des objets étudiés sont matériaux d’un objet artisanal. » des chacun précisément d’identifier important première matière la employée qu’à l’activité à elle-même […]. Il est donc liés plus sont interdits] [Ces […] ou manipule. les qui personnesexe la du de familiale l’origine de fonction en matériaux certains de travail au quant variés et nombreux interdits des et restrictions des existe il effet, En l’artisan. de statut au ou est genre au lié intimement première la matière de l’usage artisanales, d’activitésbeaucoup pour comme vannerie la de Davy le signale dans sa thèse sa dans signale le Davy fabrication divers de Rappelons objets. comme D. des tectrices maisdesplumesdevol (ailesouqueue),plusrigides. en non d’attache et coton fil en le soit que plumes semble des il des photographies, D’après l’observation plumes. de filière une confectionnant Wayana artisan Un ). En revanche la confection de l’ornement, de confection la revanche En ). kulaiwat et lemani 8 que « que u sret la à servent qui dans le cas le dans ©D. Schoepf, 1972 et et 10. Cescaractéristiques seront détaillées enpartieII.I.2.a. Brésil. - d’ethnographie, 1971). Urubu et Wayana Kayapo, Schoepf, Daniel 9. ci-dessous, révèlent l’utilisation d’une aiguille d’une l’utilisation révèlent ci-dessous, photographiques documents les travail ce pour haut, plus présentées techniques deux des l’une selon replié calamus ce de autour noué alors est par ce repli au fil de coton tendu. Le fil de plume la suspendre de afin replié est calamus Le Le procédé defabrication d’une filière: une et sont espacéesdequelquesmillimètres. les autres Pour à toujoursattachées une sont plumes rangéesles ensemble. attachées plumes sont plusieurs méthode, inférieures dernière cette selon réalisées filières les étudiés, objets des lecas Dans coton). de fils le totalement parfois couvrantalors calamus (les plumes en dense très filière une créer de effet pour a cela ensemble, nouées sont plumes plusieurs cas certains se répète. Dans d’attache l’opération et de première côté la à des placée est le relâchement plume autre Une d’éviter nœuds. permet fil le sur Le dextérité. extrêmement sont délicates et nécessitent grandeune d’attache Ces techniques doublé. est car fil rigidité le de plus présente croix en nœud Le kulaiwat éèeet déi, présent adhésif, légèrement mani, sa sr a lmsei ds Indiens des plumasserie la sur Essai et que les plumes ne sont pas sont ne plumes les que et Gnv: Musée (Genève: kulaiwat 10

9 .

Réflexion sur les techniques : L’utilisation du coton, du kulaiwat et du mani, n’est pas exclusive à un seul groupe socioculturel, nous savons par exemple que Wayana et Kali’na utilisent ces matériaux, comme peut-être d’autres groupes. En revanche certains comme les Arawak, privilégient le palmier bâche sur le coton pour la confection des fils. La technique d’assemblage, quand à elle, est-elle propre à un groupe ou commune à plusieurs ? Les questions autour des matériaux et techniques peuvent permettre l’identification d’objets par le biais de particularismes culturels. D’autre part, les objets étudiés étant anciens, il est intéressant d’essayer de les mettre en perspective avec des réalisations plus récentes. Comme le met en évidence E. Barone-Visigalli, « L’adresse technique dans la fabrication des différents objets s’allie, dans le monde amérindien de Guyane, à une profonde connaissance du monde végétal et minéral, connaissance qui subit de plus en plus d’interruption dans la transmission Photo J.-M. Hurault, entre générations et qui est parfois, désormais, D’après Indiens de Guyane, Wayana et Wayampi de la l’apanage de quelques rares savants dans les forêt, Grenand, 1998. communautés.»11 Lors de notre étude réalisée sur le terrain, nous avons pu observer des filières de plumes confectionnées relativement récemment et nous avons constaté que les matériaux utilisés ainsi que les techniques d’assemblage étaient les mêmes que ceux décrits précédemment. Cela laisse supposer une continuité et une transmission des savoir-faire depuis l’époque de la fabrication des objets étudiés jusqu’à récemment. Il nous a semblé que plusieurs personnes travaillent encore le coton et le kulaiwat (chez les Kali’na comme chez les Wayana), mais qu’en revanche, le travail de la plume se restreint à très peu de personnes.12 partie ii : constat d’état

11. Egle Barone-Visigalli et al., « Amaz’hommes : sciences de l’homme et sciences de la nature en Amazonie » (Matoury: Ibis rouge, 2010). 12. Voir partie III

53 54 Ornements de plumes de Guyane arrêtés parunliende en de tressage de chaque côté de l’objet, eux-mêmes lien un par kulaiwat ruban du extrémité chaque à enserrés sont subsidiaires liens les et filières Les de ladispositiondesfilières. nœuds sont à l’origine essentiels pour le maintien Ces longueur. leur sur répartis nœuds plusieurs par ensemble maintiennent les et filières trois ou de coton, les liens subsidiaires. Ces fils relient deux à l’origine indépendantes,ontété attachées d’autres par fils filières, les elles entre maintenir les Pour et superposées. ordonnées filières onze à six de compose se l’ensemble de objet Chaque b. Assemblage desfilières Ls is is rgops se poursuivent regroupés ainsi fils Les . Filières enserréesparunlien dekulaiwat. Tresses desliensdecoton. Arrêt parunliendekulaiwat. kulaiwat . Photo del’objet 60003470 (MC) Légende : noeuds Lien subsidiaire formant des mani. de Fil mani de Fil Fil decoton et plumes. attachant lesplumes. kulaiwat enduit kulaiwatde enduit entre lesfilières. de Schéma de la structure générale des filières et des liens subsidiaires d’un ornement type

Attache d’un lien subsidiaire reliant deux filières

Noeud d’un lien subsidiaire enserrant deux filières. Lien subsidiaire

Filière partie ii : constat d’état

Structure générale des filières et liens subsidiaires. Et détail de l’attache des liens subsidiaires. Photo de l’objet X377483

55 56 Ornements de plumes de Guyane MNHN, et spécialiste del’identification desplumes. Cuisin Jacques 13. Cuisin M. de l’analyse à Grâce découpe. et localisation taille leur que leur ainsi couleur leur l’oiseau, plumes, sur des provenance de par caractérisé sera plume de type Un au seindelaculture d’origine desobjets. de place sa minutieuse, sur réflexions des suite la étude par permettre son travers à le matériau et plume, évidence en mettre de donc taille était important il recherche, de cette de cadre le étudiés, Dans ornements des relativement petite. sein au remarquable particulièrement est variété grande proviennent de six à plumes sept espèces d’oiseaux. différentes Cette Ces plumes. de types huit à six d’environ plumes compose se objet Chaque de étudiés. types de différents se retrouvent l’ensemble sur objets des douzaine une Environ a rsne e lms rne u l’objet une sur sur question orange pose plumes (MQB) 71.1878.14.10 de présence pas n’estLa qui couleur seule systématiquement présente. la étant bleu Le de spécifique couleurs corpusutilisés :jaune,rouge, bleu,noir, blanc. le également notera On d’ornements ? cetype être de pourraient-elles principales caractéristiques des une plumes Ces sans exception. objets des l’ensemble sur 2 présentes et 1 sont type de plumes les que remarquera On sous forme detableau. clarté nous avons choisi de présenter les résultats en d’autres revanche ne sont étudiés, que plus ponctuels. Pour plus de ornements différents les parmi présents largement sont plumes de types différents ont été recensés sur les objets. Certains 2. L’utilisation delaplume a. Lestypesdeplumes : Responsable technique collections au collections technique Responsable : 13 due types douze – : l’espèce : les espècesd’oiseaux utilisées recensement ce d’après également dessinent Se noires de type 10 : deplumes la présence par distingue se l’objet(MQB) Seul X377483 incertaine. espèce répartissent entre les types 11 6 type du s’agit il sept), sur objets (six largement s’impose types deux des seul un rouges, plumes les Concernant (MQB). X377483 l’objet sur que vitellinus types sont particulièrement présents sur les sur 3 présents (types objets particulièrement sont deux quetypes alors jaunes, plumes les Concernant dela couleur, nous reviendrons altération sur cet aspect plus tard. ou transformation éventuelle annexes II.2. voir d’oiseaux espèces les sur d’information plus Pour 14. Et trois espècespossiblement présentes : è l dbt e a oqêe ooil, est coloniale, cette région. conquête la de amérindiens groupes de des par élevé désormais début le dès européens, les par apporté été aurait qui animal, Cet littérature. la selon Guyanes des plateau du Seul le coq n’est à priori pas une espèce endogène Anhinga anhinga Aigrette Hocco Toucan Ara rouge Ara chloroptère Ara bleu Coq Nom français Harpie huppée Anhinga anhinga Aigrette : . Enfin les plumes noires se noires plumes les Enfin ara chloropterus. , e ye 5 type le ), ramphastos vitellinus : ara araraunaet 4 : Anhinga d’Amérique Egretta (thula, garzette) Crax alector tucanus, toco) (vitellinus, Ramphastos Ara macao Ara chloropterus Ara ararauna Gallus gallus Nom latin Morphnus guianensis Anhinga d’Amérique Egretta (thula, garzette) : ’s visible n’est ara macao 14 : . : crax alector et 12 ramphastos : Taille moyenne Taille Longueur environ Longueur environ 3cm : maximale Largeur : 1.5cm environ : environ Longueur : environ 20 cm : maximale Largeur à 2 cm inférieur Longueur : environ 6cm : maximale Largeur 2cm environ Structure Plumes sectionnées de manière de manière Plumes sectionnées fines, Plumes horizontale. liées. en barbes structure Plumes longues et fines, très très fines, et Plumes longues vaporeuse, souples. Structure de un effet rigide avec peu peu Barbes fort. transparence de duvet. constituée Base liées. de manière Plumes sectionnées plus rigides Plumes horizontale. précédent. de type celles que peu de barbes réseau Même de même aspect et liées, mais démunies transparence, duvet. de des plumes Ce sont ornementales. Couleurs Jaune homogène, très vif très Jaune homogène, Rachis blancs. intense. et De blanche à grise De blanche d’aspect jaunâtre, parfois plumes Quelques satiné. marron. à grise. De blanche Rachis blanc. MQB : 71.1878.14.7 71.1878.14.10 71.1878.14.21 MC : 60003470 MQB : 71.1878.14.7 71.1878.14.10 71.1878.14.19 71.1878.14.20 71.1878.14.21 X377483 MC : 60003470 MQB : 71.1878.14.7 71.1878.14.10 71.1878.14.19 71.1878.14.20 71.1878.14.21 X377483 MC : 60003470 Présences sur les Présences : objets ? Tableau des types de plumes Tableau Localisation sur Localisation l’oiseau Plumes du ventre Plumes ornementales, du cou provenant l’oiseau. de Plumes scapulaire (du bas du dos). neigeuse) (Document annexe référençant les les référençant annexe (Document espèces). des caractéristiques (Poule Gallus gallus domestique) sous forme en Guyane Présente blanche. (Aigrette thula Egretta OU (Poule Gallus gallus domestique) bleu) : (Ara ararauna Ara Espèce d’oiseau partie ii : constat d’état Photo des plumes Photo 1 : Type Type 2 : Type 3 : Type

57 58 Ornements de plumes de Guyane

Type 4 : Ramphastos vitellinus (Toucan Plumes de gorge MQB : Jaune pâle, base noire Plumes sectionnées de manière Longueur : 3cm vitellin) : 71.1878.14.7 puis blanche. Rachis horizontale. Largeur maximale : 71.1878.14.19 blancs. Barbes très déliées, plumes 3cm 71.1878.14.20 vaporeuses, très peu rigide avec fort effet de transparence. MC : Il s’agit de plumes 60003470 ornementales.

Type 5 : Ara macao (Ara rouge) : Scapulaire (plumes MQB : Couleur hétérogène à Plumes sectionnées de manière Longueur : environ des épaules) X377483 dominante jaune avec horizontale. 3cm des nuances de rouges, Structure plutôt rigide. Barbes Largeur maximale : oranges, et verts irisés. fortement liées par leurs environ 1.5cm La base de la plume est barbules. Réseau dense et souvent sombre, grise opaque. à bleue et légèrement irisée. Le rachis est sombre sur la face et blanc au revers de la plume.

Type 6 : Ara chloropterus (Ara MQB : Couleur rouge vermillon Plumes sectionnées de manière Longueur : environ chloroptère) 71.1878.14.7 homogène. Base de la horizontale. Structure plutôt 3cm 71.1878.14.19 plume plus terne, parfois rigide. Barbes fortement liées. Largeur maximale : 71.1878.14.20 sombre et parfois claire. Réseau dense et opaque. environ 1.5cm 71.1878.14.21 Rachis sombre à la base X377483 puis plus clair, blanc au revers. MC : 60003470

Type 7 : Ara macao (Ara rouge) Couvertures ailères MQB : Non uniforme : rouge, Plume sectionnées de manière Longueur : environ 71.1878.14.10 orange. horizontale. 3cm Couleur très dégradée. Réseau dense et opaque, Largeur : environ 2cm barbes fortement liées, mais altérées. : environ Longueur : environ 3cm 2cm : environ Largeur : environ Longueur : environ 3cm : maximale Largeur 1.5cm environ Longueur : environ 1.5cm : maximale Largeur 2.5cm environ Plume sectionnées de manière de manière Plume sectionnées horizontale. opaque, et dense Réseau mais liées, barbes fortement altérées Plumes sectionnées de manière de manière Plumes sectionnées plutôt Structure horizontale. liées. fortement rigide. Barbes opaque. et dense Réseau de manière Plumes sectionnées rigide et Structure horizontale. barbes et de opaque. Réseau barbules dense. Rachis épais et rigide. ? Non uniforme, nuances uniforme, Non rose… rouge, orange, de moirures. et Dégradés Tapirage Bleu clair, homogène homogène Bleu clair, Mais sur chaque plume. types de bleus différents. et la plume de Base gris. Rachis revers blanc et à la face sombre au revers. Noires à brun foncé. Noires MQB : 71.1878.14.10 MQB : 71.1878.14.10 71.1878.14.19 71.1878.14.20 X377483 MQB : X377483 Plumes du dos

Ara macao (Ara rouge) (Ara macao Ara Ou (Toucan vitellinus Ramphastos : vitellin) bleu) : (Ara ararauna Ara (Toucan vitellinus Ramphastos vitellin) partie ii : constat d’état Type 9 : Type Type 8 : Type Type 10 : Type

59 60 Ornements de plumes de Guyane

Type 11 : Crax Alector (Hocco alector) MQB : Noir homogène avec Plumes recoupées dans la partie Longueur : environ 71.1878.14.10 reflets violacés. médiane de la plume. Réseau 2cm 71.1878.14.20 de barbes denses mais plumes Largeur maximale : 71.1878.14.21 fines et légères, très souples et environ 1.5cm soyeuses. MC : 60003470

Type 12 : Anhinga anhinga (Anhinga MQB : Noire avec les Plumes sectionnées de manière Longueur : environ d’Amérique) : 71.1878.14.19 extrémités des barbes horizontale. Structure en barbe 2.5cm 71.1878.14.7 blanches. Quelques une liée, opaque, plumes fines et Largeur : environ 3cm entièrement blanches. souples, satinées. MC : 60003470

Ou Morphnus guianensis (Harpie huppée) : Organisation des types de plumes sur les objets :

Les objets se composent de 6 à 11 filières (numérotées par ordre croissant de la filière inférieure à la filière supérieure). Dans la plupart des cas présents les filières sont composées d’un seul type de plumes, bien que nous ayons observé quelques cas où elles en comportent deux. Dans cette situation il s’agit toujours de plumes aux dimensions similaires, mais Schéma d’une filière à deux types de plumes qui se distinguent par leur couleur. L’organisation des deux types de plumes au sein d’une filière n’est pas aléatoire mais au contraire elle semble répondre à un schéma précis : premier type de plumes encadrant le second. Les proportions Filière de plumes de types 6 encadrant des plumes de (quantités) de chaque type peuvent néanmoins type 9. varier.

L’étude de la disposition des filières n’est pas toujours aisée suivant les cas. En effet selon l’état d’altération des objets il est parfois très difficile de discerner la disposition originelle. Le travail sur un ensemble d’objets est devenu essentiel à cette étape, certains en relativement bon état de conservation permettaient de bien comprendre la logique interne de la structure et ainsi de s’en servir comme référence pour les comparer avec d’autres, bien plus désorganisés ou lacunaires. A travers la comparaison des différents objets, la structure commune a donc pu être mise en évidence. partie ii : constat d’état

61 62 Ornements de plumes de Guyane Première filière Deuxième filière Troisième filière nombre varie dedeuxàsept le dont filières de Ensemble Dernière filière disposition dela Schéma desfilières : Sur chaque objet il semble que la dernière filière soit toujours celle composée de plumes noires de type 10, 11 ou 12.

A ce niveau la lecture des objets est très compliquée en raison des désorganisations. Néanmoins nous constatons que dans chaque cas ce groupe de filières est toujours constituées de plumes rouges, type 6 ou 7. Celles-ci peuvent être associées à des filières de plumes jaunes de type 3. Elles sont également parfois associées à des filières de plumes bleues, type 9. C’est parmi ce groupe que peuvent être présentes les filières composées de deux types de plumes différents. La troisième filière se compose pour chaque objet de plumes jaunes. En revanche, le type de ces plumes est différent suivant les objets. Il s’agit soit du type 3, soit du type 4. Seul X377483 (MQB) est muni du type 5 à ce niveau. C’est à partir de cette filière que les plumes sont attachées une à une et espacées de quelques millimètres.

Tous les objets étudiés comportent une deuxième filière constituée des plumes de type 2 et travaillée de manière identique. Deux à quatre plumes sont liées par un même nœud.

Tous les objets étudiés comportent une première filière composée du type de plumes 1. Plusieurs plumes (3 à 5) sont liées par un même nœud, provoquant un effet très dense et recouvrant parfois totalement le fil de coton. Ce sont les seules plumes dont l’extrémité n’est pas recoupée, et sont donc les plus longues présentes sur les objets. La densité des plumes sur la partie ii : constat d’état filière varie suivant les cas. Et l’objet, X377483 (MQB), présente la particularité d’être muni de deux filières de plumes de type 1. Ce qui le rend particulièrement dense à ce niveau.

63 64 Ornements de plumes de Guyane collection 71.1878.14(MQB). dela générale la structure de peu relativement se distingue (60003470) Confluence des du l’objetmusée que revanche, en remarquons Nous personne socioculturelle, confectionnant l’objet … ? ou géographique changements ces de causes les sur aussi mais formes, et techniques sur leschangements et lespermanences dans àla pas renforcentcollection 71.1878.14 (MQB). Cela pose questions n’appartient l’objet formelles que différences l’hypothèse Les (MET). Crevaux et Coudreau missions dans les aux rattachement surson hypothèse simple d’entrée une pas mais sa date collections, n’avons nous sur perdu, d’information été a d’inventaire de numéro du reste le dont dernier, (MQB) ce pour reprises Or l’ensemble. X377483 à plusieurs l’objet distingue se que relevons Nous de plumes,petites et colorées. filières des reste du compose se partie deuxième longues forment une première partie de l’objet. relativement La et blanches plumes de composées endeux sediviser catégories grandes peut plumes de filières de strates en structure cette générale manière De ls ex rmèe filières premières deux les : éou, provenance époque, : Schéma delastructure enstrates defilières X377483 (MQB) Réflexion sur les changements technologiques dans le temps

Lors de notre visite au sein des réserves du Musée des Cultures Guyanaises (MCG)15, nous avons pu observer deux ornements de plumes très similaires à l’ensemble étudié. Ces deux pièces font parties de deux collectes réalisées en 1991 et 2001. Ils sont donc relativement récents, ce qui nous a permis d’engager de rapides comparaisons formelles et technologiques avec les objets anciens étudiés.

Éléments similaires au corpus : Éléments différents du corpus : -Matériaux (plumes, coton, kulaiwat et mani). -Le nombre total de filières est plus réduit (cinq). -Technique d’attache des plumes (le nœud en -Le nombre de types de plumes par objet est croix à pu être observé). également réduit (cinq). -Les filières sont reliées entre elles par un fil de -Les filières sont moins longues et moins denses kulaiwat et se poursuivent en tresse. Pas d’accès en plumes. permettant d’observer la présence de lien -Un type de plumes n’est pas présent dans le subsidiaire ou non. corpus (type multicolore). -Filières 1 et 2 composées des plumes de type 1 -Un tissu rouge est fixé à la base des filières. et 2. -Plumes de type 5, 9, 10. partie ii : constat d’état

15. Voir Partie III

65 66 Ornements de plumes de Guyane II.2.). II, (partie conservation l’étude sur de de lors sujet ce reviendrons Nous terme. long à objets des conservation la sur joue en tissu de bande cette de suspens, en revanche restent il est évident que la questions présence ou l’absence Plusieurs de cetyped’ornement aucours dutemps ? de fabrication modification d’une s’agit-il cas ce dans tissu, un sur ainsi cousu été n’auraitjamais muséal contexte aurait-ellecette dernière été en perdue retirée et textile pièce telle d’une munis aussi l’origineeux à étaient-ils étudiés objets Les qui rigidifiel’ensemble. bois de baguette fine une recevoir pour ourlées plus, les deux extrémités de la bande de tissu sont De filières. de emmêlements et désorganisations les d’éviter et plan le dans l’objet maintenir de le travail effet pour surtout a il mais plumes dissimule d’attache des Le tissu supérieure. filière la de niveau au l’objet, de l’avant sur replier se venir pour ourlet un forme dernier ce et – toile sur le morceau de tissu – à priori en coton armure Les filières sont alors cousues par quelques points des l’une représentedifférences les plus visibles MCG avec les objets étudiés. du ornements des La présence d’une pièce de tissu rouge constitutive corpus et lesobjets observés auMCG ? du éléments autres les entre transition de état X377483 un caractériser pourrait-elle la pièce pièce Cette (MQB). de particularité la faisaient vittelinus (ramphastos 10 type de et (aramacao) 5 types objets. ces Nous remarquonsd’autre part, que lesplumesde dans se partiellement précédemment donc défini retrouve base de modèle Le , rsns u lu ds ex objets, deux des l’un sur présents ), ? Ou bien, aucun de ces objets ces de aucun bien, Ou ? Dn c cas, ce Dans ? b. Caractéristiques physique et physico- chimique des plumes : Composition chimique de la plume : Les plumes se divisent en différentes catégories 91% de protéines, 8% d’eau, 1% de lipides. La selon leur place et leur rôle sur l’oiseau et selon protéine est en grande majorité la kératine. leur structure, mais ces catégories ne sont pas La kératine se structure en longues chaînes toujours définies de la même manière par les de molécules composées d’amino-acides. Les différents auteurs. Dans notre cas nous retenons variations dans le degré d’arrangement entre les la classification qui distingue les rémiges et molécules provoquent des zones cristallines ou rectrices – les grandes plumes rigides des ailes et amorphes, ce qui conditionne la qualité de ce de la queue (respectivement) qui servent donc matériau. Deux formes principales de kératine au vol – des tectrices, toutes les autres plumes existent, la kératine douce, celle présente du corps de l’oiseau, qui possèdent des fonctions dans l’épiderme, et la kératine dure, présente de couverture, de protection, d’isolation ou notamment dans les cheveux, la fourrure et les d’ornement. Dans le cas des objets étudiés, toutes plumes. Cette deuxième sorte se caractérise par les plumes présentes sont des tectrices. la présence de sulfure contenant de la cystéine et Pour l’étude de ce matériau nous nous basons en sa capacité à former des ponts disulfure. Au sein grande partie sur des informations et documents de cette kératine, il existe trois catégories : alpha, provenant d’un séminaire (novembre 2011) dirigé beta et la kératine spécifique des plumes. par A. Rae, conservatrice-restauratrice spécialisée La kératine de la plume est très proche de la en matériau plume16. kératine beta mais dans une forme plus complexe. Elle se compose de 30% de zone cristalline et 70% de zone amorphe et est donc peu élastique mais très flexible. Vexile Rachis Barbes, barbules et crochets fortement développés.

Barbes et barbules développées, crochets peu développés. Structure duveteuse partie ii : constat d’état Barbules présentes uniquement sous forme rudimentaire. Duvet de base Calamus Schéma d’une tectrice type. D’après A. Rae.

16. A. Rae : Freelance conservator, formerly Head of Organic Artefacts Conservation at the British Museum.

67 68 Ornements de plumes de Guyane Union., 17. Bruce Campbell, Elizabeth Lack, et British Ornithologists’ couche extérieure dela kératine desbarbules. interférencesfine aux la dues dans sont irisations Les plume. la de forcemécanique la réduit qui ce crochets, des perte Cette d’une s’accompagne de l’observateur. torsion la position de fonction Cela en perçue entortillées. couleur la de sont variation une provoque qui barbules des est irisation celle cette de de vue. responsable structure l’angle La de fonction en changent Elles Les couleurs iridescentes : du fait del’arrière fond demélanine. blanche lumière s’assombrissenten mais brun en etces barbes réfractéelumière des en bleues apparaissent plumes kératine la de l’intérieur à cavités des fait en sont particules des dispersions les non-iridescentes, bleues plumes de type ce Pour bleue. seront apparaitra structure blanche la et réfractées lumière la de courtes d’ondes beaucoup rouge, lumière àla la de d’onde inférieur longueur est particule la de diamètre le Si desbarbes kératine (dispersion deTyndall). la composant particules petites très de par blanche lumière la de courtes ondes des dispersion la par produites sont Elles Les couleurs non-iridescentes : Couleurs structurelles : combinaison de cesdeuxphénomènes. appelées alors pigmentaires.Enfin la peut couleur résulter d’une sont elles chimiques, attributs certains de bien ou structurelles, dites sont elles réfléchissante, surface la de physique nature la de issues être peuvent plumes des couleurs Les reflétés, laplumeapparaît blanche. sont blanche lumière la de composants les tous des rayons incidents de la lumière blanche. Lorsque réflexionla d’une partie à couleursdues sontLes D’après ofBirds ADictionary La couleur : the BritishOrnithologists’ Union[by] Buteo Books, 1985). A Dictionary of birds of Dictionary A (Vermillion,forS.D.: Published , article : Coulour 17 sensibilité. des types de plumes utilisés pour les objets et leur un partie, tableau cette présente les types de couleurs de en fonction conclusion En iridescente. plume aucune figure ne il néanmoins présentes, couleurs aux pigmentaires et structurellessont plumes des étudiés, objets des cas le Dans la plumedevient bleue. vertes. Si le filtre(jaunes) est de pigments dissout courtes lesondes restantes, et ainsi les plumes apparaissent dispersent cellules des filtre, ce Sous d’ondes deslongueurs courtes des rayons partie de la lumière une blanche incidente. filtrent qui jaunes pigments des contient barbes des externe de Ainsi, dans la plupart des plumes vertes, ou la couche plus, l’action ou pigments et destructure. pigments de deux de proviennent combinée couleurs Certaines Les effets combinés : par leurspectre d’absorption. chaleur,lumièrela la etde de etsontcaractérisés l’effetdécolorentsous organiques,solvantsse carbone, les de dans ou solubles sont d’oxygène.Ils et d’hydrogène,d’hydrogène et carbone de organiques des composés sont Ce alimentation. leur par obtiennent les ils et synthétiser les pas rouge et orange des plumes. Les couleursoiseaux des ne responsables sont caroténoïdespeuvent Les rouge, oujaune. caractéristiques. Elle peut être noire, brune, d’absorption brun- bandes de pas n’a Elle alcalins. les la dans solvantsdes êtreplupart peut mais dissoute dans insoluble est elle stable, relativement mélanine, est la mélanine La l’oiseau. est par synthétisée est commun qui plus le pigment Le Couleurs pigmentaires : Peu sensible à la dégradation. Néanmoins sensible à la dégradation. Peu très de plume est type sur ce l’empoussièrement visible. stables. : relativement Mélanines la chaleur à la lumière, : sensibles Caroténoïdes aux solvants. et sensibles. très : réputés Psittacofluvines semble néanmoins peu : La couleur Remarque de plume. type sur ce altérée stables. : relativement Mélanines la chaleur à la lumière, : sensibles Caroténoïdes aux solvants. et semble néanmoins peu : La couleur Remarque de plume. type sur ce altérée stables. : relativement Mélanines la chaleur à la lumière, : sensibles Caroténoïdes aux solvants. et aux dommages : sujettes structurales Couleurs physiques. semble néanmoins peu : La couleur Remarque de plume. type sur ce altérée la chaleur à la lumière, : sensibles Caroténoïdes aux solvants. et sensibles. très : réputés Psittacofluvines de dégradation : différence Remarque Alors plumes. de types deux ces entre importante plus le type 7 l’est peu décoloré, le type 6 est que On peut différente. manière mais de fortement n’est pigmentaire la composition supposer que pas la même. Sensibilité de la couleur Sensibilité Plumes blanches mais présentant tout de même quelques zones brunes, brunes, zones quelques même de tout présentant mais blanches Plumes le spectre de la lumière est reflété dans par l’oiseau. mélaniques synthétisés sa quasi-totalité. pigments quelques comportent Ces plumes ainsi qu’aux aux mélanines liée partie en être peut jaune La couleur de pigment, type à un autre liée également être peut Elle caroténoïdes. il s’agit qui les synthétisent, perroquets les chez uniquement présent psittacofluvines. des lieu que premier la plume signifie en pale couleur jaune très Cette on le présents, mélanines sont Les peu de pigments. comporte des de la plume, sombre à la base très notamment remarque présents. être également peuvent caroténoïdes jaune les couleurs qui lui donnent des caroténoïdes La plume comporte des raison visibles en mélanines des également Elle comporte rouge. et structure la par endroit Enfin le long du rachis. et à la base foncés tons verte. la couleur provoque aux pigments combinée physique caroténoïdes de constituées principalement semblent Ces plumes aux propres les psittacofluvines comporter également peuvent et perroquets. Description Tableau des couleurs en fonction des types de plumes en fonction des couleurs Tableau Pigmentaire Pigmentaire Pigmentaire et Pigmentaire structurale Pigmentaire Type de couleur Type partie ii : constat d’état

Type 3 : Type 4 : Type 5 : Type 7 : Type 6, Type Photo des plumes Photo Type 1, type 2 type 1, Type

69 70 Ornements de plumes de Guyane

Type 8 : Pigmentaire Ces plumes semblent principalement constituées de caroténoïdes Caroténoïdes : sensibles à la lumière, la chaleur et peuvent également comporter les psittacofluvines propres aux et aux solvants. perroquets. Psittacofluvines : réputés très sensibles.

Remarque : il est possible que la couleur soit issue d’une technique de transformation comme le tapirage. Type 9 : Structurale Cette couleur est créée par la structure physique de la kératine des Couleurs structurales : sujettes aux dommages barbes qui réfracte les longueurs d’ondes correspondant au bleu, il s’agit physiques. de la « dispersion de Tyndall ».

Type 10 : Pigmentaire Couleur sombre liée aux pigments de mélanines synthétisées par Mélanines : relativement stables. l’oiseau.

Type 11 : Pigmentaire et Couleur sombre liée aux pigments de mélanines synthétisées par Mélanines : relativement stables. structurale l’oiseau. Couleurs structurales : sujettes aux dommages Le violet est le résultat d’une structure en dispersion de Tyndall et de physiques. pigments rouges. Ces pigments rouges peuvent provenir de la mélanine ou de caroténoïdes.

Type 12 : Pigmentaire Couleur sombre liée aux pigments de mélanine synthétisée par l’oiseau Mélanines : relativement stables. et le blanc est lié à l’absence de pigment. c. Le travail de la plume assommoirs » à extrémité émoussée, pourvue d’un arrêt qui n’endommage pas le plumage et Cette partie nous permet de mieux comprendre ne fait parfois qu’étourdir l’oiseau, mais aussi des la place particulière du matériau principal de ces cages, volières ou basse-cours pour les espèces ornements dans leur contexte d’origine. apprivoisées.20 Les publications de D. Schoepf, ont été A travers l’art plumassier de ces populations particulièrement utiles pour la compréhension se dessine donc une connaissance profonde et du travail de la plume au sein des basses terres complexe de l’avifaune locale, et de techniques de d’Amazonie et plus particulièrement chez les chasse et de domestication. Il apparaît que si la Wayana.18 chasse est exclusivement réservée aux hommes l’élevage des animaux domestiques semble être Se procurer, conserver les plumes : le domaine des femmes.

Les plumes utilisées dans les parures peuvent Pour leur conservation, la littérature ainsi que avoir été acquises de différentes façons. Certaines les collections muséales nous apprennent que espèces d’oiseaux sont chassées alors que d’autres les plumes, les filières ou les parures peuvent sont domestiquées et élevées dans le village. être simplement enveloppées dans une feuille Dans le cas présent, il est particulièrement de palmier ou rangées dans des étuis, boîtes ou intéressant de relever la spécificité des plumes de coffrets fabriqués spécialement à cet effet en coq. En effet cet oiseau, aujourd’hui domestiqué vannerie ou en bois. par les Amérindiens, n’est pas endogène des Guyanes, il a été apporté par les Européens sur Dans sa thèse sur la vannerie D. Davy présente ces le territoire. L’utilisation de telles plumes dans les coffres et coffrets comme « les rares formes [de parures résulte donc déjà d’un premier échange vanneries] uniquement utilisées par les hommes culturel19. chez les Amérindiens. […] Le coffret des Wayana Les aras et les toucans peuvent être ponctuellement […] sert à stocker les plumasseries ornant le olok domestiqués et élevés en tant qu’animaux de […] d’où son nom de olok enï, « réceptacle du compagnie mais ils sont également chassés. olok » ». Quant au hocco, sorte de dindon sauvage, il est chassé et relativement facile d’approche. Les Amérindiens ont développé un matériel approprié aux différentes situations, par exemple des flèches spécialisées dites « flèches-

18. Daniel Schoepf, Essai sur la plumasserie des Indiens Kayapo, Wayana et Urubu - Brésil. (Genève: Musée d’ethnographie, 1971); Daniel Schoepf et Musée Olok ene wayana ouvert avec plumasserie. partie ii : constat d’état d’ethnographie (Genève), L’art de la plume: Indiens du Brésil: 60x20cm [expositions]: [Musée d’ethnographie de Genève, automne ©D. Davy 1985 - hiver 1986 ]: [Muséum national d’histoire naturelle de Paris, printemps - été 1986]: [catalogue] (Genève; Paris: Musée d’ethnographie; Muséum national d’histoire naturelle, 1985). 20. Schoepf et Musée d’ethnographie (Genève), L’art de la 19. Nous reviendrons sur ce sujet dans la partie IV. plume, p. 9

71 72 Ornements de plumes de Guyane de conservation s’y attache nettement. volonté qu’une constatons nous et transmission des de circuit un dans pour inscrits sont objets Ces rituels. servi déjà avaient et qu’ils anciens précisa etnous étaient – bois de coffre un dans conservés – plumes de ornements des présenta 21. Voir partie III un interlocuteur de la communauté Wayana dans leur société d’origine. enrésultentLors du qui voyage d’étude,des objets et première matière cette de l’aspectprécieux de conscience prendre de part d’une permettent nous informations Ces Etui enpalmierrenfermant desplumesd’ara ©Musée duQuaiBranly(71.1881.34.24.1) 73x6x4,5cm 21 nous et deprodigalité chromatique. » d’exubérance impression une ainsi créant pièce, chaque dans représentée est – noir blanc, vert, des couleurs fondamentales – rouges, jaune, bleu, des plumes au fondu multicolore. La quasi-totalité utilisées fréquemment très trouve On couleurs. s’expriment toujours à travers de très nombreuses « les sur recensées ornements étudiés entrent danscecorpus. couleurs et espèces les que constatons nous différentes, couleurs vingt-six et se constitue àpartir de dix-huit espèces d’oiseaux wayana plumasserie la que fait le L’auteurdécrit allons nous présenter danslesparagraphes que suivants. wayana plume la de l’art et ci ceux- les entre similitudes des avec révèle étudiés objets comparaison La à groupes. propres des chacun caractéristiques diverses en met évidence Schoepf D. Urubu, et Wayana Kayapo, des indiens plumasserie la sur essai un Dans coq présentes danscecas. et en particulier, interrogeonsnous nous de sur lesplumes ainsi groupe d’un spécifiquement plus relever pourraient espèces autres certaines revanche, En groupes. nombreux de parures les ramphastos retrouventse objetssur ces présentssur sont qui des et chloroptére, macao, d’aras plumes les exemple: Par socioculturels. groupes différents chez transversale manière plumassierde cela l’art et dans utilisé fréquemment est d’un véritable choix. Un certain nombre d’espèces sontpas conditionnées ne par le milieu naturel mais résultent d’oiseaux espèces des sélection la et l’utilisation importante, très soit Guyanes des région la l’avifaunedans de diversité la que Bien Sélection desespèces, couleurs et textures : Kayapo, Wayana et Urubu-Brésil. Schoepf, Daniel 22. textures et formes les Ainsi autant. pour négligé n’est plume pas la l’aspect de sélection, formel la fortement conditionnent couleurs les que Bien Sur le plan du chromatisme, les créations wayana sa sr a lmsei ds Indiens des plumasserie la sur Essai p.38. 22 justifient parfois le choix de certaines plumes, et La teinte orange de ces plumes (type 8) est prennent une véritable place dans l’esthétique particulière car elle ne se retrouve sur aucun proposée. Au niveau des objets que nous étudions, autre objet. Les effets de moirure, les irrégularités l’utilisation des plumes longues, très souples de couleur observées au sein d’une même plume et duveteuses à la base de l’objet s’oppose aux font penser à une transformation artificielle selon autres types de plumes dont la rigidité est bien J. Cuisin. plus grande. On notera que, alors que la taille Il est possible de supposer qu’un tapirage ait eu lieu des plumes diminue depuis les filières inférieures sur ces plumes. « Cette technique […] se pratiquait vers les filières supérieures, les textures, elles, essentiellement sur des perroquets ou des aras. deviennent de plus en plus rigides. Elle consistait à plumer partiellement l’oiseau, puis à frotter et appliquer sur la chair ainsi mise à Transformation des plumes : vif une mixture de composition variable. Lors de la repousse les plumes qui étaient à l’origine vertes Deux aspects de la plume peuvent être modifiés ou bleues apparaissent respectivement jaunes et par les techniques amérindiennes : sa forme et sa rose ».23 Dans notre cas, il est possible d’imaginer couleur. que ces plumes furent à l’origine bleues, peut-être provenant de l’ara ararauna (d’autant plus que le Concernant les transformations de couleurs, type de petites bleues de cet oiseau (type 9) est les objets que nous étudions ne sont, dans leur présent sur le même objet).24 majeure partie, pas concernés par ces techniques. Néanmoins, il s’agit ici d’une simple hypothèse. Seul l’un d’entre eux pourrait présenter des plumes D’autres peuvent être envisagées : cette dont la couleur a été transformée artificiellement, hétérogénéité de la couleur pourrait par exemple il s’agit du 71.1878.14.10 (MQB). être due à des altérations, décolorations par la lumière en lien avec la sensibilité particulière de certains pigments.

71.1878.14.10 (MQB) partie ii : constat d’état Détails

23. Schoepf et Musée d’ethnographie (Genève), L’art de la plume, p. 13. 24. Pour plus d’information sur le tapirage, voir annexe AII-3

73 74 Ornements de plumes de Guyane de découpe. type ce subi n’ontpas 1) (type coq de plumes de rangées les seules étudiés, objets les Sur ciseau. recoupéesaprès l’assemblage l’aideetà cela d’un Wayana, village sont filières des plumes les d’un que confirmé a nous coutumier chef le avec plume, 14. d’ethnographie(Genève), Musée et Schoepf 25. ceux-ci de chromatique contraste le ainsi d’accentuer et rangs divers y a les clairement délimiter de permet S’il filière. en superposition de montées plusieurs filières, cette opération sont lorsque plumes les collectivement soit soit individuellement, plumes, des sommitale partie la découper « l’épointage. reste visible plus la de technique La recoupés.été ont calamus plumes duvets les toutes les Et rachis. et du été base la barbes à d’abord présents quelques a des plumes débarrassée des quasi-totalité La manière systématique. bien en revanche de et étudiés objets des l’ensemble sur présente est dernière cette des la forme plumes, de transformation la Concernant ». Schéma delatechnique d’épointage. 25 Lors du voyage d’étude, la discussion la d’étude,voyage du Lors ©D. Schoepf l osse à consiste Il L’art de la L’artde t e ehrhr ’vnul ornements d’éventuels synthétisés enpartie IV. rechercher similaires. Les éléments de cette recherche seront de et comparaisons d’établir des afin d’objets visuelles références des accumulé particulier en et groupe ce de plume la de l’art précisément plus de étudié permet cela pour avons Nous considérés. ornements nous des Schoepf D. poursuivrel’hypoyhèse provenancela de Wayana par et wayana la plumasserie publiées étudiés objets de caractéristiques les les entre comparaison La découpe.» la par obtenues brisées, droites, des tracé première le forme et leur dans laissées plumes des entre contrastes les lignes naturellementet souples arrondies des de cette par traduit se l’usage technique d’ensemble, composition appliqués. la sont diverses formes fragments de en débitage de et dents-de-scie, en taille de d’échancrages, d’épointage, procédés maximal niveau un à ici exploitée découpe, la de technique la de étudiés, groupes autres les metévidence« en Wayana,Schoepf D.plume la l’artde Concernant Wayana et Urubu- Brésil. Schoepf, 26. Détail del’objet X377483(MQB) 26 sa sr a lmsei ds nin Kayapo, Indiens des plumasserie la sur Essai Technique d’épointage. la présence,la attestéenon dans , 38. un à Quant : les : Cette approche du travail et de l’utilisation de la plume, nous permet de mettre en évidence des éléments que nous avions évoqués en partie I, sur les parures de plumes dans le contexte amazonien, et qui se traduisent dans ces ornements de manière plus concrète. Se dessinent : La dimension esthétique de ces objets au travers de critères colorimétriques et formels. La définition d’un style propre à un groupe. La dimension identitaire des objets au travers des sélections (espèces, plumes, couleurs) opérées. La dimension idéologique, en lien avec la mythologique et le rapport au monde.27 partie ii : constat d’état

27. Ces différents points seront approfondis en partie IV.

75 76 Ornements de plumes de Guyane

Tableau récapitulatif des caractéristiques des ornements étudiés

Objet Nombre de Couleurs Types de plumes Matériaux Techniques Autres/Spécificités filières 71.1878.14.7 (MQB) 7 filières Blanc 1, 2, 4, 6, 11 Coton, kulaiwat, - Fils de coton torsadé - Pas de plumes Rouge mani, plumes - Nœuds en croix de kulaiwat bleues Jaune Cinq types - Plumes découpées horizontalement Noir différents - Liens subsidiaires de coton - Ensemble des fils tressé aux extrémités

71.1878.14.10 (MQB) 9 filières Blanc 1, 2, 3, 7, 8, 9, 11 Coton, kulaiwat, - Fils de coton torsadé - Présence de Jaune (2 mani, plumes - Nœuds en croix de kulaiwat plumes oranges sortes) Sept types - Plumes découpées horizontalement Orange différents - Liens subsidiaires de coton -Deux types de Rouge - Ensemble des fils tressés aux plumes jaunes Bleu extrémités Noir 71.1878.14.19 (MQB) 8 filières Blanc 1, 2, 4, 6, 9, 12 Coton, kulaiwat, - Fils de coton torsadé - Plumes bleues Jaune mani, plumes - Nœuds en croix de kulaiwat localisées au centre Rouge Six types - Plumes découpées horizontalement des rangées (filières Bleu différents - Liens subsidiaires de coton composés de deux Noir - Ensemble des fils tressés aux types de plumes) extrémités

71.1878.14.20 (MQB) 8 filières Blanc 1, 2, 4, 6, 9, 11 Coton, kulaiwat, - Fils de coton torsadé -Objet le plus Jaune mani, plumes - Nœuds en croix de kulaiwat altéré, dont il Rouge Six types - Plumes découpées horizontalement est très difficile Bleu différents - Liens subsidiaires de coton de déterminer Noir - Ensemble des fils tressés aux certaines extrémités caractéristiques - Pas de plumes - Pas bleues plus grand -Le de filières nombre des - Présence 5 plumes de type 10 et de simple -Nœuds kulaiwat plumes de -Pas bleues - Fils de coton torsadé - Fils de coton de kulaiwat en croix - Nœuds horizontalement - Plumes découpées de coton - Liens subsidiaires aux des fils tressés - Ensemble extrémités torsadé - Fils de coton simple de kulaiwat - Nœud horizontalement - Plumes découpées de coton - Liens subsidiaires aux des fils tressés - Ensemble extrémités torsadé - Fils de coton de kulaiwat en croix - Nœuds horizontalement - Plumes découpées de coton - Liens subsidiaires aux des fils tressés - Ensemble extrémités kulaiwat, kulaiwat, Coton, plumes mani , kulaiwat, Coton, plumes mani , kulaiwat, Coton, plumes mani , 1, 2, 3, 6, 11 6, 2, 3, 1, Cinq types différents 10 9, 6, 2, 5, 1, Six types différents 11, 6, 4, 2, 3, 1, 12 types Sept différents Blanc Jaune Rouge Noir Blanc Jaune Rouge Bleu Noir Blanc Jaune (2 sortes) Rouge Noir 7 filières 11 filières 9 filières partie ii : constat d’état 71.1878.14.21 (MQB) X377483 (MQB) 60003470 (MC)

77

II. etude de conservation

A travers l’étude de conservation doivent être Les objets provenant du musée du Quai Branly mis en évidence les différents types d’altérations sont actuellement conservés en réserves, selon de l’objet, leurs causes et leurs conséquences la méthodologie adoptée par le musée pour les ainsi que leurs risques d’évolutions. Mais il doit objets de niveau 1 ou 2 (PPRI1 ou PPRI21). En effet, également se dessiner une hiérarchie de ces tous sont stockés à l’intérieur de grandes boîtes de altérations afin de définir les aspects les plus polypropylène rigides, sur des plateaux constitués néfastes pour l’intégrité de l’objet. d’une plaque de polypropylène recouverte d’une mousse polyéthylène (Plastazote®). Plusieurs objets peuvent être répartis sur la même mousse, mais chacun doit y avoir suffisamment de place pour y être présenté à plat. Pour les maintenir, de petites bandes de non-tissé de polyéthylène (Tivek®) sont nouées à la base des tresses de coton constituant les deux extrémités de chaque objet, et parfois le long des filières également. partie ii : constat d’état 1. PPRI : plan de prévention des risques inondation, mis en place et développé par le musée dont les réserves sont sujettes à ce type de risques. Une partie de ce plan consiste Réserves du MQB, boîtes de conservation contenant les notamment à classer les objets en fonction des priorités objets de niveau PPRI2. d’évacuation, et de conditionner ceux de niveau 1 et 2 de Les objets étudiés sur leur plateau de conservation. façon à ce qu’ils puissent être évacuables le plus rapidement possible.

79 80 Ornements de plumes de Guyane du muséeQuaiBranly sera maintenu. objets les avec parallèle le mais (MC), 60003470 l’objet sur réalisés seront traitement le que ainsi C’estl’étudemusée. pourquoi ce conservationde du MQB ont été étudiés lors d’un stage au sein de objets les que alors année, cinquième de travail du cadre le dans l’ESAA, de ateliers des sein au été apporté a objet cet introduction, en précisé des Confluences (60003470). Comme nous l’avons musée du provenant l’objet sur particulièrement plus s’axe ici présentée conservation de L’étude 2. Voir partie V.II être mises enplace peuvent améliorations quelques si même (MQB et MC) sont adéquats pour ce type d’objets, conditionnements deux les générale manière De sila boîte n’est pasdansunenvironnement noir. la lumière à l’exposition de crée l’inconvénient qui mais l’objet de visibilité la permet qui ployéthylènetéréphtalatede feuille (Mylar®) une par ajouré est couvercle Le coton. de tresses des autour nouer se viennent (Tivek®) polyéthylène de non-tissé de bandes petites deux maintenir le Pour cristal. papier d’un recouvert (Ethafoam®) polyéthylène mousse de (semi- plateau un alvéolaire sur rigide), polypropylène de boîte une dans est placé Il indépendant. conditionnement d’un bénéficie Confluences des L’objetmusée du 2 . Boîte deconditionnement del’objet 60003470(MC). 1. Le relevé des altérations en vue du traitement de conservation-restauration

Cette opération consiste à observer, localiser et Conditions d’observation de l’objet : classer les altérations des matériaux constitutifs -Lumière du jour de l’objet. Nous avons choisi de présenter ce -Lumière blanche classement d’abord par type d’altération, puis, -Œil nu pour chaque type, nous avons présenté les causes -Loupe binoculaire et les conséquences de l’altération et enfin les -Microscope portatif différents risques d’évolution. -Microscope

La plume est le matériau principal de ces objets et c’est ce dernier que nous nous sommes particulièrement attachés à observer pour Repères directionnels3 : en comprendre l’évolution dans le temps et les altérations. La plume, est un matériau relativement stable chimiquement, composée Haut principalement de kératine, protéine résistante, le temps seul n’aurait que peu d’effet dégradant. En Senestre revanche, la kératine des plumes est une source d’alimentation prisée par certains insectes dit kératophages. Dans la nature les insectes sont Dextre la principale cause de disparition d’une plume tombée de l’oiseau. La plume est, par ailleurs, particulièrement fragile au niveau de sa structure tridimensionnelle. En effet, c’est l’organisation du réseau de fines ramifications formant un tout Bas cohérent qui est susceptible d’être altérée. En ce sens, les facteurs de dégradation des plumes les plus dangereux sont d’ordre mécanique, liés à des contraintes provoquées par diverses origines externes. On estime que les plumes présentes sur l’objet ont une origine qui pourrait remonter au 19e siècle, ou antérieure. partie ii : constat d’état

3. Le choix d’utiliser les termes dextres/senestres est lié à une volonté d’objectivité, car nous ne pouvons définir la droite de la gauche sans équivoque, dans le cas d’un objet qui peut être perçu porté ou en face à face.

81 82 Ornements de plumes de Guyane rdmninel ds lms t e fibres des et structure végétales constituant lesfils. plumes la des de l’intérieur tridimensionnelle à surface en incrustées déposées mais seulement plus sont peutqualifier ne poussière l’on de que particules les car degré d’encrassement un généralisé atteint il est et l’objet de L’empoussièrement Observations : Localisation : Généralisée résine. concernés Matériaux a. Empoussièrement/Encrassement : Vue enloupebinoculaire : Plumes, fibres végétales, fibres Plumes, : ’s pusii n « l’empoussièrement en temps, poursuivi second s’est un Dans Wayana village un étaient très empoussiérés. dans conservés objets des certains d’étude, voyage du lors observations les lié à l’environnement de se développer. Et, d’après empoussièrement certain un n’empêchepas cela dela l’utilisation plume, les sur objets sont traités partie avec grand soin, la mais dans vu l’avons de cabinets oud’institutions muséales. sein au trouve se qu’il ou particuliers, des par possédé soit qu’il France, en trouve se l’objet où période la dénommer « 5. communauté la d’origine. de Celacomporte safabrication et sesutilisations. sein au trouve se l’objet où période la dénommer pour utilisé ici est » d’origine Contexte « 4. as l orat vi e le peirmn en « premièrement lieu eu avoir de pourrait il des raisons Mais être l’empoussièrement. peuvent protection manque le de et inadapté stockage Le poussière. de particules de circulation la à sujets plus sont lieux Certains environnement. cet dans situation et àsa de l’objet environnementales conditions aux liées sont l’empoussièrement de causes Les Les causes : riebalmn e rio du mnu de protection autour del’objet. manque d’un raison en vraisemblablement otxe d’origine contexte Contextemuséal » est ici utilisé de manière large pour large manière de utilisé ici est » » 4 Grossissement 4x/0.10 Putn, om nous comme Pourtant, . Vue enmicroscope. otxe muséal contexte » 5 , Les conséquences : La poussière se compose de particules inertes (tels des débris minéraux et organiques divers), ainsi que des particules potentiellement actives sur le plan biologique (micro-organisme). Ces deux catégories entrainent des risques d’abrasion des matériaux de l’objet, des risques d’attaque chimique (acidité des particules), ou d’attaque biologique (substrat pour les moisissures et insectes).6 Dans notre cas l’encrassement contribue également à l’assèchement des plumes et des fibres, devenues moins souples ainsi qu’à une forte modification visuelle des couleurs des plumes. Ces conséquences présentent des risques relativement peu évolutifs pour l’objet.

Risques d’évolution dans le contexte actuel : Le risque d’évolution de l’empoussièrement est aujourd’hui faible car le conditionnement de l’objet permet de pallier cela. En revanche les conséquences de l’empoussièrement continuent d’être actives tant que ce dernier sera présent. partie ii : constat d’état

6. Bibliothèque nationale de France, « BnF-Professionnels : Conservation - Dépoussiérage mode d’emploi », s. d., http:// multimedia.bnf.fr/actus_conservation/cn_act_num04_ art2.htm.

83 84 Ornements de plumes de Guyane plume. sur lacunes de différentsniveaux distinguer de présentes possible est Il l’objet. sont de plumes des l’ensemble lacunes nombreuses De Les plumes : Observations : pour lesfils :voir schéma. Localisation végétales coton et kulaiwat concernés Matériaux b. Briset lacunes : Localisé pourlesfils: : généralisés pour les plumes, localisés : plumes, fils de fibres de fils plumes, : . 3 1 2 sur la sur u e microscope. en Vue lms ls abs ot lr dpuve de dépourvues alors barbules, et nesont doncplusliéesentre elles. sont des barbes l’extrémité les à plumes, observable surtout est Cela Lacune desbarbules : de laperte dela partie pigmentée delabarbe. de la couleur (plus sombre ou plus claire) en raison donc pas un trou mais provoque une modification supérieure de la barbe est lacunaire. Cela ne forme couche la seule rompue, n’est pas dernière Cette Lacune partielled’une barbe : Grossissement 4x/0.10 Lacune au niveau des barbes : Lacune au niveau du calamus : Il s’agit d’une rupture des barbes qui peut avoir La plume est alors totalement lacunaire. lieu au sein de la plume et qui se présente alors comme un petit trou de forme plus ou moins arrondi. Il peut également s’agir d’une rupture plus importante qui entraine la perte totale d’une partie d’un vexile de plume.

Les fils de fibres végétales : Deux ruptures ont été observées au niveau des fils de coton et dekulaiwat composant les filières, ainsi que deux ruptures au niveau des liens subsidiaires. Dans certains cas, une partie du fil est lacunaire. 1. Rupture dans la troisième filière. 2. Rupture d’un fil. Correspondant éventuellement à la troisième filière 3. Rupture dans l’une des filières 4 à 9 Vue en microscope. (probablement la 4). Et rupture d’un lien Grossissement x10 subsidiaire. Lacune au niveau du rachis : Si le rachis est rompu cela entraine la perte d’une partie de la plume alors sectionnée.

1 partie ii : constat d’état

2 3

85 86 Ornements de plumes de Guyane . ia rmod « Drummond, Gina 7. pouvant entraîner desruptures àceniveau. des fragilités causant rachis les aussi attaquent s’enrouler.larves à Les et tordre se à commence Lorsqu’une barbe est partiellement détachée, se rompre. elle peuvent vexiles de entiers et pans fragilisée des très est structure la trous apparaissent, des Lorsque derniers. ces de spongieuse structure la préfèrent larves les que possible est n’enraisonil n’estLa rachis.mais évidente et pas barbes des différence la à directement attaquées pas sont ne barbules les contre, Par tombent. ci celles- proximales barbules les accrochées sont où plan atteintont le insectes les que et mangée, est barbe de importante épaisseur une de sa fragilité. Lorsque enraison se casser peut section entière une cas, ce dans barbes, les traversant lignes de forme la sous présenter se aussi peut Il aires. grandes de sur s’étendre ou zone petite une sur localisé être peut dommage de type Ce réfléchissent plus la lumière de ne manière uniforme. et irrégulières donc sont barbes Les interne. ont insectes structure leur jour à mettant les surface leur mangé que constate générale Sous on fragilisées. structure microscope sont barbes la les intacte, que reste Bien irrégulière. perturbée, alors apparaît qui barbes des surface La première étape consiste en un grignotage de la parles insectes : la plume de dégradation de Processus Dermestidae). Coléoptères des et tapissière) mite (la bisselliella (famille Tineola particulier en Lépidoptères Tinaide) des des l’orde de d’espèces de susceptibles créertels de dommagess’agit Ils plumes. les dans sont kératophages types d’insectes Plusieurs d’insectes. présence d’une ancienne caractéristiques sont plumes des niveau au biologique delacunes cause types différents d’une Les l’infestation. part d’une s’agit Il d’altération. Deux causes principales sont à l’origine de ce type Les causes : h mnig f ete vanes feather of mending The fmle des (famille 7 », : rvqeot éesieet e bi a sein des plumes,lerisqueest très élevé àceniveau. au bris des actuel nécessairement l’état provoqueront dans l’objet de revanche, risques manipulations En les minimes. les sont bris végétales nouveaux de fibres les Concernant Risques d’évolution dansle contexte actuel : perception del’objet. des partie notre modifie qui fils, de rupture la de ou plumes ou tout de perte la de s’agisse qu’il Une autre conséquence est la perte d’information, altérations est doncimportant. chaque manipulation. Le risque lorsde d’évolution de ces de matière pertes nouvelles de on constate effet en cas présent le Dans à dégradations. difficile plus d’accélérer les susceptible devient est cela car manipuler dernier ce l’objet, de matériaux. Cela ayant lieu à l’échelle de l’ensemble Les bris et lacunes entraînent une fragilisation des Les conséquences : être écartée, ellereste à nuancer. peut ne possibilité cette si même Donc stockage. leur que même de derniers soin grandavec réalisées sont ces de manipulations Les bris. très de peu et d’infestation trace de ne pas place présentaient sur conservés objets de les Wayana, les causes le dans les débutées « avoir revanche, peuvent dégradation En inadaptées. de manutentions conditions sujet et été infestations, ait aux qu’il probable fort est il temps ce « du issues probablement sont dégradations de causes Ces d’altération. type à ce sujette particulièrement rend la plume La structure d’une fragile la rupture. naturellement et tridimensionnelle entraînant fils des et des provoquer tensions, contraintes ou chocs au sein des plumes peuvent inadaptés stockage et le manipulations Les mécanique. d’origine est La deuxième cause responsable des bris et lacunes AICCM Bulletin 19,n contexte d’originecontexte contexte muséal contexte o 3–4(1994):pp.39–59. ». Mais lors de l’étude chez l’étude de lors Mais ». » de l’objet. Durantl’objet. de » c. Désorganisation

Matériaux concernés : plumes, fils de fibres végétales. Localisation : généralisée

Observation : La désorganisation de l’objet peut être observée à toutes les strates, de la plus globale à la plus localisée. Les filières de plumes sont désordonnées et ne suivent plus le schéma originel. Elles se croisent, se superposent alors qu’elles sont originellement Les rangées de plumes s’entrecoupent, se tordent, parallèles. s’emmêlent et ne sont donc plus lisibles comme telles.

Les liens subsidiaires, maintenant à l’origine les filières dans un certain ordre, sont eux mêmes distendus, enroulés, et ne jouent plus leur rôle. partie ii : constat d’état

87 88 Ornements de plumes de Guyane non au « est généralisée vraisemblablement liée au « désorganisation La l’objet. de compréhension mauvaise une et appréhension mauvaise une d’altération également type révèle liées aux stockages manipulations et aux inadaptés. Ce sont mécanique d’origine altérations Ces Les causes : par l’imbrication des barbes. entre-elles également s’enchevêtrent Elles plan. l’espacede même un dans situées plus sontne et directions les toutes s’oriententdans plumes Les muséal ». « en défaut fait avoir semble qui Chose bonne connaissance et compréhension de l’objet. cela n’atteigne le un stade avancé, en raison de leur de que même avant rapidement à et facilement réorganiser seraient fabriquent les qui ou possèdent les personnesqui les telcas, étaitsi le désorganiséobjet aucun n’a été constaté. plus De wayana, territoire en réalisées observations des contexte d’origine ». Encore une fois, lors contexte muséal contexte » et déforme. le lorsqu’on objet un dans des naissent qui laconsidération intérieures forces de résulte contrainte de notion La 8. Latension est uneforce d’extension. évolutives del’objet. sont et la cause principale des risques tensions de dégradations de l’objet, et d’autant plus lors des manipulations, les stockage l’étatde par à même présentescontraintes désorganisations, Ces Risques d’évolution dansle contexte actuel : rend qui toute manipulation del’objet Ce très risquée. maîtrisables. particulièrement non et sont dangereuses tensions nouvelles ces contraintesdes internes,à soumis désorganiséet nouvellescasde tensions.le d’un Dans objetdéjà D’autre part la manipulation de l’objet vient ajouter Les tensions externes : des torsions oubris. entraîner pouvant fortes, plus les sont internes contraintes de les où points aux matière risque la fragiliser prolongé état Cet plumes. certaines sur fortement très agir peuvent qui tensions des le Aujourd’hui entraîneplanéitéfortdéséquilibre de un manque plume. chaque de revers le sur donc et plat, à posé est lorsqu’il revers son sur répartissent se contraintes les plan, relativement est l’objet « lorsque stockage, de état en s’exercentmême qui internes contraintes et tensions fortes de très provoquent désorganisations Les Les tensions et contraintes Les conséquences : au repos au ». Dans son état d’origine l’objet est l’objetd’origine état son Dans ». 8 : d. Déformations niveau des zones déjà déformées, les matériaux sont particulièrement susceptibles de continuer Matériaux concernés : plumes, fils de fibres à se dégrader, même en état de simple stockage. végétales. Localisation : généralisées

Observation : Les plumes peuvent présenter des plis au niveau des rachis ou au sein des barbes. Les fils, en raison de fortes contraintes, peuvent également présenter de fortes déformations, c’est notamment le cas au niveau de la première filière.

Les causes : Ces altérations d’origine mécanique sont intimement liées à la désorganisation générale de l’objet, les causes en sont similaires, et les déformations résultent également de la désorganisation.

Les conséquences : Les déformations fragilisent particulièrement les plumes et peuvent, à la longue, entraîner la rupture au sein du matériau. Au niveau des fils de fibres végétales, bien que les risques de ruptures soient moins forts, les déformations, en provoquant des tensions internes, contribuent également à fragiliser les matériaux. De manière générale ce type d’altération fait aussi obstacle à la lecture et à la compréhension de partie ii : constat d’état l’objet.

Risques d’évolution dans le contexte actuel : En raison de l’état fortement désorganisé, des tensions et contraintes internes, les déformations et plis risquent d’évoluer et de se propager. Au

89 90 Ornements de plumes de Guyane dégradations. deces soit responsable la lumière à protection sans conservation une ou objet cet de intensive Mais il est possible de supposer qu’une exposition sont ponctuelle, conservés manièreà l’abri de de la lumière la portés plupart du temps. objets les fabrication, leur après revanche, En lumière. la à exposées sont l’oiseau de plumes les que lors l’objet, dès de fabrication la même avant débuté Cette altération, d’ordre physico-chimique, a donc fragiliser lakératine. également peuvent ils et UV), les particulier sont (en pigments certains particulièrement sensibles et jaunissement, altérés par les rayons du et décolorations des principale cause la est lumière La plumes. des couleur la de ternissement du et La poussière est responsable de l’assombrissement Causes : en partiedécolorées. et jaunes et ternies, et plumes assombries également sont rouges Les jaunies. légèrement et sontblanches, aujourd’hui nettement assombries quasiment l’origine à claires, coq de plumes Les leurs couleurs d’origine. de altérations des subi a plumes L’ensembledes Observation : Localisation : généralisée Matériaux concernés : plumes e. Modification dela couleur risques liésàlalumière afin deleslimiter. les contrôler et prévoir faudra il envisagée, est exposition son si revanche, En réserves. des sein protégé de la lumière par son conditionnement au aujourd’hui étantl’objet faibles, sont risques Les Risques d’évolution dansle contexte actuel : f. Oxydation comme zones à risques.

Matériaux concernés : coton Localisation :

1 3 2

4 1 Observation : A plusieurs niveaux de petites taches orangées sont visibles sur les fils de coton.

Causes : Ces taches sont liées à une réaction d’oxydation9 des fibres cellulosiques du coton. Il s’agit d’une altération d’ordre physico-chimique. Dans notre cas l’oxydation est liée à des facteurs environnementaux, en particulier l’humidité de l’air, et les rayons UV. 2

Conséquences : Cette réaction fragilise les fibres, ce qui peut entraîner une rupture dans le fil.

Risques d’évolution dans le contexte actuel : Aujourd’hui l’apport d’humidité dans l’air est restreint, car le milieu est relativement contrôlé. L’objet est protégé de la lumière, en particulier des UV. Le risque d’évolution des réactions 3 d’oxydation est donc faible. En revanche, les zones déjà fortement fragilisées seront considérées partie ii : constat d’état 9. « Il s’agit d’une réaction au cours de laquelle un atome ou un ion perd des électrons. Lorsque la cellulose s’oxyde, un acide se forme, ce qui catalyse l’hydrolyse. Les impuretés présentes dans les matériaux ou en contact avec ceux-ci sont responsables de l’oxydation, tout comme les polluants atmosphériques. » Vade-Mecum conservation préventive, C2RMF, 2006 4

91 92 Ornements de plumes de Guyane

Tableau récapitulatif des altérations de l’objet 60003470 (MC):

Altérations Causes des altérations Conséquences des altérations Type d’altération Matériaux Localisation Etat Origine de Raisons de Contexte de Conséquences observables Risques concernés d’avancement l’altération l’altération l’altération d’évolution En contexte actuel Empoussièrement/ Plumes, Généralisé Fort Physico- -Environnement -Muséal -Assèchement des matériaux Faible Encrassement coton, chimique -Stockage inadapté -D’origine -Ternissement des couleurs kulaiwat et mani Bris et lacunes Plumes Généralisé Fort -Mécanique -Stockage inadapté -Muséal -Fragilisation des matériaux Moyen à fort -Manipulations -D’origine -Pertes de matière -Perte de la lecture de l’objet Fils de Ponctuel Faible -Biologique -Infestation coton et de kulaiwat Désorganisation Plumes Généralisé Fort -Mécanique -Stockage inadapté -Muséal -Tensions et contraintes internes Fort Fils de -Manipulations -D’origine -Fragilisation des matériaux coton et de -Perte de lecture de l’objet kulaiwat Déformations Plumes Généralisé Moyen à fort -Mécanique -Stockage inadapté -Muséal -Fragilisation des matériaux Moyen à fort Fils de -Manipulations -D’origine -Risque de ruptures coton et de -Perte de la lecture de l’objet kulaiwat Modification de la Plumes Généralisé Moyen -Phyico- -Lumière -Muséal -Atténuation de la saturation des Faible couleur chimique -D’origine couleurs -Physique -Poussière -Assombrissement -Changement de teinte Oxydation Coton Ponctuel Faible -Chimique -Humidité relative -Muséal -Fragilisation des fibres Faible -UV -D’origine -Risques de ruptures -Vieillissement naturel 2. Diagnostic :

La question qui se pose à l’issue de ce relevé L’état particulièrement empoussiéré de la pièce est d’altérations est celle de l’intégrité de l’objet. à considérer différemment. Il ne présente pas de Autrement dit, les altérations et l’état actuel véritable danger pour la conservation matérielle de l’objet portent-ils préjudice à son intégrité et même s’il modifie la perception de l’objet et pourquoi ? C’est ce que nous allons tenter (changement des teintes, assombrissement) il d’analyser ici. n’obstrue pas totalement celle-ci. En effet il reste tout à fait possible de se représenter les couleurs L’objet se trouve dans un état de grande fragilité plus éclatantes, telles qu’elles étaient voulues matérielle. Comme nous l’avons vu précédemment lors de la création de l’ornement et donc de cela est lié à sa désorganisation, aux déformations retrouver par la pensée une des formes qu’a eu et aux bris et lacunes déjà présents au sein des l’objet. De plus comme nous l’avons supposé, une matériaux. Cet état présente de véritables risques partie de l’empoussièrement peut être issue du d’évolution vers de nouvelles dégradations. contexte d’origine, de son utilisation. L’intégrité L’objet est donc dans un état instable, dangereux de l’objet n’est donc pas ou peu entravée par pour sa préservation. Son intégrité matérielle est l’empoussièrement. particulièrement menacée à ce niveau là. Comparaison avec l’ensemble du Quai Branly : D’autre part, l’ensemble des altérations présentées La particularité de cet ensemble est l’hétérogénéité ci-dessus participe d’une modification très des états de conservation des pièces. Pourtant importante de l’apparence de l’objet. L’aspect de elles appartiennent à la même collection, et sont ce dernier est modifié par l’empoussièrement, le donc entrées au même moment au MET (en ternissement et les lacunes des plumes d’une part, 1878). Il faut préciser que les types d’altérations mais surtout par la désorganisation généralisée recensés sur ces objets sont les mêmes que ceux qui trouble complètement la compréhension de la cités précédemment, l’hétérogénéité se situant forme de l’objet. Ce phénomène a notamment été au niveau de l’avancement plus ou moins poussé à l’origine d’un minutieux travail d’identification. de ces altérations. La forme actuelle étant tellement éloignée de Ainsi nous remarquerons que, pour certains la forme originelle, il est difficile de simplement objets, l’état lacunaire des plumes, provoqué par comprendre la façon dont l’objet pouvait être d’anciennes infestations, est tellement élevé que porté ou de le rattacher à un groupe socioculturel. l’objet ne se compose aujourd’hui quasiment que La désorganisation entraîne donc une confusion des fils et des rachis. Alors que d’autres pièces du sens. Mais cette confusion a également présentent un état très peu altéré, peu attaqué pu être à l’origine de la désorganisation, par par les insectes, et peu désorganisé. Entre ces l’incompréhension de l’objet, par de mauvaises deux extrémités, les autres ornements se situent interprétations et de mauvaises manipulations qui sur un panel de variantes. C’est la mise en regard en découlent. Au-delà de l’instabilité matérielle, de ces différents états qui nous a permis d’évaluer partie ii : constat d’état la désorganisation provoque donc une véritable ce qui relevait de l’état d’origine et ce qui relevait instabilité de la perception du sens de l’objet. d’un état altéré. L’intégrité de l’objet en est atteinte car sa forme Un tableau présente les états d’altérations est complètement transformée. des différents objets de manière synthétique. Puis un autre document présente ces derniers organisés de manière graduelle suivant

93 94 Ornements de plumes de Guyane l’objet 60003470 (MC), qui appartient à la les objets particulièrement altérés. appartient qui catégorie intermédiaire se situe à la frontière (MC), avec que constater 60003470 pouvons l’objet Nous risques. de peu encourant état, bon relativement en objets des être envisagé. Enfin la dernière catégorie présente risques des d’évolution mais pour lesquels un encourant traitement peut objets et des dégradés fortement regroupe intermédiaire catégorie La de obsolète. traitement devient un dont conservation-restauration et disparu a plume, la principal, matériau du 40% de plus dont pièces des concerne altérés très objets des catégorie La les unsparrapport auxautres. présentent qu’ils dégradations des l’avancement

Légende :

Echelle d’empoussièrement :

Faible Moyen Fort Très fort (encrassement noir) - + ++ +++

Echelle de désorganisation

Faible Moyenne Forte Très forte < 20% 30% à 50% 50% à 70% > 80%

Echelle de fragilité

Faible Moyenne Grande Très grande (évolutive) (évolutive) - + ++ +++

Tableau récapitulatif des altérations de l’ensemble d’objets étudiés:

Objets Empoussièrement Bris et lacunes Ruptures des fils Désorganisation Couleur Fragilité des plumes Fils de coton Fils de Lien générale des filières kulaiwat subsidiaires 60003470 ++ à +++ 60% oui oui oui 70% Altérées ++ Fort à très fort Forte Grande Musée des Musée Confluences ++ Grande +++ grande Très - Faible +++ grande Très +++ grande Très + Moyenne Vives Altérées vives Très Altérées Moyennement vives Altérées 70% Forte 70% Forte 30% Moyenne 70% Forte 70% Forte 20% Faibles oui non non oui oui oui oui oui non oui oui oui non non non non oui non 20% 60% 30% >80% 70% 30% ++ Fort ++ Fort + Moyen +++ fort Très ++ Fort +++ à ++ fort à très Fort partie ii : constat d’état

71.1878.14.7 71.1878.14.10 71.1878.14.19 71.1878.14.20 71.1878.14.21 X377483 Musée du Quai Branly Quai du Musée

95 96 Ornements de plumes de Guyane Classement des objets enfonction deleur état d’altération général : 71.1878.14.7 (MQB) X377483 (MQB) 60003470 (MC) 71.1878.14.19 71.1878.14.10 71.1878.14.21 71.1878.14.20 (MQB) (MQB) (MQB) (MQB) Objet

+ - Altérations générales Intermédiaire Le plusavancé Le moinsavancé Stade dedégradation

Faible empoussièrement Fort empoussièrement Faible désorganisation Légende : Forte désorganisation III. Synthèse de l’étude de conservation, et réflexion sur la question de l’échange avec les communautés d’origine

L’analyse des ornements a permis de mettre en Il est possible de parler de dysfonctionnement car évidence leur logique interne de fabrication et l’objet n’exprime plus certains des sens d’origine. leur structure, mais aussi la place et l’importance Ce dysfonctionnement retentit également sur les du matériau plume. Il apparaît que la composition fonctions actuelles de l’objet. La perte d’intégrité, et l’organisation de ces parures ont été pensées et de connaissances, la fragilité, l’empêchent précisément, et qu’elles ont été construites à partir de jouer certains des rôles attribués à un bien d’un modèle, qui laisse la place à des variations patrimonial : être exposé, consulté, source de mais qui encadre la création. C’est à travers ces documentation, de recherche ou de mémoire. caractéristiques formelles définissant ces objets En revanche si nous replaçons l’objet dans une qu’émergent leurs différents sens et fonctions. perspective historique, l’état actuel est le reflet des Or, l’étude de conservation nous permet de différents contextes qu’il a traversés. Nous avons comprendre à quel point ces caractéristiques sont pu constater que beaucoup d’altérations sont compromises et altérées. L’objet que nous voyons liées aux mauvaises conditions de conservation, aujourd’hui est très différent formellement de aux manipulations inadaptées mais aussi à la celui vu dans son contexte d’origine, ainsi les mauvaise compréhension de l’objet. Ces attitudes sens qu’il proposait (esthétique, symbolique, reflètent en partie les valeurs attribuées àces fonctionnel) ne sont plus ou peu accessibles, en parures de plumes dans la société occidentale. raison des dégradations. Et la manière de considérer et de traiter le Il est important de bien considérer que le but d’une patrimoine d’une autre culture reflète le rapport action de restauration n’est pas de « retrouver » entretenu avec celle-ci. En cela la forme et l’état l’objet originel, mais plutôt de proposer un d’aujourd’hui convoquent des pans de l’histoire

équilibre pour l’objet. Equilibre matériel d’une ou de l’idéologie de notre société dans laquelle partie ii : constat d’état part, afin d’atténuer des dégradations évolutives, les objets sont insérés. Les choix qui sont faits mais à travers cet équilibre matériel il est important sur ce type de patrimoine doivent donc prendre de ne pas empêcher l’objet d’être perçu dans la en compte les multiples implications qui s’y multitude de sens qui le compose. rattachent, qui les ont prédéterminés et qui en découlent.

97 98 Ornements de plumes de Guyane 1. les consulté pas n’avait qui intéressés autochtones musée, des le relations avec les cause en mise particulièrement médiatisé. « Sings Spirit le boycott par les Indiens Cree de l’exposition « communauté a demandé la restitution.cas leplus Au Canada, Le la donttêtes Maori des Francecelui esten visible situation. à cette face offusqué autochtones font aujourd’hui part d’un sentiment Or de nombreux représentants des communautés les institutions muséales. sociétéoccidentalela par et place en mises celles valeurs en jeu autour d’eux sont donc uniquement ceux-ci ne sont pas partagés. Les considérations et compréhension des objets. De plus les choix et responsabilités mauvaise sur la les pertes et a entraîné d’informations qui rupture cette de notammentsituation C’est l’échange. à favorable supposer pourrait l’on que ce langue, même la vivent dans un département français et partagent qu’éloignées française,nationalité de géographiquement,sont bien question, en communautés les que paradoxale d’autantplus est situation La communautés d’origine autour de ces ornements. les et musée le entre d’échanges pas produit ne se il dit, Autrement d’origine. contexte son de l’objet de hors transport le et «acquisition» l’ dès brisé été avoir semble lien Ce descendants. ses à ou d’origine communauté sa à l’objet unit qui dulien souhaitons ladisparition est ici nous évidence en mettre que dysfonctionnement Le lieux et proposition pour une action concertée Guyane action en une pour proposition et lieux l’article Dans muséales. pratiques nouvelles de œuvre en mise la concernant rapport un puis travail, de groupe 2. Katia Kukawka et Jean-Paul Fereira, « Fereira, Jean-Paul patrimoine. et Kukawka Katia 2. Mauzé, J. Rostowski. Guyane (Matoury: Ibisrouge, 2011). concertéeGuyane.en Le moment du Quai Branly Quai du moment Le É 2 tat des lieux et propositions pour une action une pour propositions et lieux des tat , K. Kukawka et J-P. Fereira, citent un citentJ-P. Fereira, et Kukawka K. , » » (Glenbow Museum) en 1988, a été a 1988, en Museum) (Glenbow » 1 . De cette action a découlé un a découlé action cette De . Restituer le patrimoine, Etat des Etat patrimoine, le Restituer », dans », La question du patrimoine en patrimoine question du La (Paris: Gallimard, 2007). M. 2007). Gallimard, (Paris: Etaient directement Restituer le Restituer The d’un chamanyanomami donné naissance à de multiples initiatives, sur initiatives, multiples de à naissance donné ont concernées communautés et musées entre les réflexions Wellington). institutions, engagéesrelationsles sur 1980 années les depuis ces Tongarewa, dans effet, Papa En (Te Zélande (NMAI), Indian Canberra, musée Victoria, Melbourne) National,et American Nouvelle (Musée d’Australie D.C.), the Washington of Museum (National des Etats-Unis Gatineau), Civilisations, Canada du musées les dans lieu domaine ont ce dans visibles plus les avancées Les équitable avec lescommunautés autochtones. » plus relation une », plurivocalité « la vers tendre à visant réformesinternes,profondes de lors dès [...] Bon nombre d’institutions muséales engagent études récentes (notamment Johnson et al., 2005). certaines bien montrent le comme restauration, conservation de ces pièces en réserve et pour leur implications qu’ils la pour même pose se question pièces la lesEt conservent. des toujours publique présentation représenter, pas d’une censés mesurent sont ne qu’ils peuples des très culturellement) et souvent (géographiquement qui, éloignés musées des des comprise professionnels culturels], et entendue biens être doit des virulente, conservation la critique [envers cette position « ainsi poursuit L’article chose! » mauvaise une vraiment tourmenter.C’est me et malheureux rendre me que peut ne forêt la de et lesobjetsdes premiers orphelins habitants desséchés cadavres les sorte la de exhiber Mais forêt. notre protéger à aider nous ainsi, et, vivre de manière notre enfants leurs à expliquer pour leursdans objetsvilles exposer imagesnos et nos peuvent ils vivants, sommes nous que Tant […] posséder les biens d’un mort. Cela nous fait peine. de l’Homme : « témoignant de sa colère lors d’une visite au musée (communautél’ouestde amérindienne Brésil),du Yanomamireprésentantl’ouvraged’un de extrait 3. DaviKopenawaAlbert, 3. Bruce et 3 Nous pensons qu’il est mauvais de (Paris: Plon,2010). La chute du ciel (musée des (musée : paroles le plan de la gestion et de la présentation des coloniales européennes. » collections, ce qui implique également le domaine Au sein du musée des Confluences et du musée du de la conservation-restauration. De nouvelles Quai Branly des actions dans le sens de l’ouverture méthodes de travail sont mises en place : des aux communautés ont déjà été développées. Mais consultations, négociations avec les représentants ce type d’initiatives n’est encore que rarement des communautés, des restitutions, des prêts appliqué à la conservation-restauration elle- d’objets pour des cérémonies, des expositions même. organisées totalement par les communautés, D’autre part, le cas particulier des objets considérés des conditions de stockage, manipulation ou dans cette étude, est qu’il s’agit d’un patrimoine de expositions spécifiques, des rituels au sein communautés autochtones du territoire français, des musées, et l’intégration de membres des et bien que l’éloignement géographique soit une communautés au personnel responsable des barrière importante, la situation n’est-elle pas institutions. comparable à celles évoquées ci-dessus ? Et les Dans un article intitulé Reflections on changes in réflexions ne devraient-elles pas tendre vers celles museums and the conservation of collections from développées aux Etats-Unis ou au Canada, par indigenous peoples4, M. Clavir met en évidence rapport aux peuples amérindiens autochtones ? que le choix des musées de préserver les cultures Si nous considérons le domaine de la conservation- des communautés autochtones en soutenant les restauration, le travail pourrait alors être expressions vivantes plutôt qu’en préservant la envisagé dans cette optique de rapprochement culture matérielle représente un changement et de pluridisciplinarité faisant intervenir des conceptuel profond. Ces changements représentants des communautés. Il s’agit de l’axe transforment la pratique quotidienne des que nous avons souhaité questionner dans cette conservateurs-restaurateurs, mais également le étude, appliqué à notre cas particulier : comment cadre conceptuel et éthique de cette profession. la conservation-restauration de ces ornements de L’auteur conclut en avançant le fait que, bien que plumes peut-elle s’inscrire dans une dimension le paradigme de la conservation-restauration d’échange et de « plurivocalité » ? ne soit pas remis en cause pour les décisions relevant de la conservation des biens, l’accent doit désormais être mis sur le concept d’une équipe pluridisciplinaire – incluant des représentants des communautés d’origine au même titre que d’autres professionnels – qui partagerait les responsabilités pour les décisions de conservation.

En revanche dans l’article La fin des musées d’ethnographie ?, les auteurs mettent en évidence « une ligne de fracture assez nette entre les musées des Etats qui ont des peuples autochtones sur leur territoire et ceux des anciennes puissances partie ii : constat d’état

4. Miriam Clavir, « Reflections on Changes in Museums and the Conservation of Collections from Indigenous Peoples », Journal of the American Institute for Conservation 35, no 2 (1996): 99–107.

99

Partie III

Voyage d’étude en Guyane

Quelles expériences pour la conservation-restauration ?

Ce voyage doit être considéré comme une volonté m’a été extrêmement précieuse pour construire de sortir du cadre du musée et des ateliers de ce projet ainsi que pour le développer sur place et restauration, mais il s’agit ici d’une première je les remercie tout particulièrement. approche, une première prise de contact. Le Les recherches autour des objets ont permis de temps très court consacré sur place à l’ensemble définir en amont deux groupes socioculturels de l’étude induisant un caractère d’amorce et en lien avec les objets étudiés, nous avons non de conclusion à cette expérience. Le but de donc choisi de nous rendre dans une commune ce voyage en Guyane est avant tout la rencontre Kali’na, puis sur le territoire Wayana. Quelques avec différents interlocuteurs amérindiens, le jours passés à Cayenne ont également permis dialogue autour des objets étudiés et de leur de prendre contact avec des interlocuteurs du conservation-restauration. Trois axes de travail domaine muséal, patrimonial et culturel ainsi que nous apparaissaient importants : la circulation d’accéder aux réserves du MCG. de l’information, l’apprentissage et le recueil de témoignages autour des objets et de leur contexte, enfin, le développement d’une réflexion commune sur la conservation-restauration des pièces étudiées.

De manière concrète, le voyage a eu lieu de fin janvier à mi-février 2012, sur une durée de trois semaines. Cécile Benecchi, étudiante en cinéma et gestion de production s’est jointe au voyage afin d’aider à la documentation (notamment vidéo) et à l’organisation. L’aide précieuse de Katia Kukawka, conservatrice au musée des cultures guyanaises de Cayenne (MCG), ainsi que de Marion Trannoy, chargée de mission Sciences Humaines et Politique Culturelle au Parc Amazonien de Guyane (PAG),

103 104 Ornements de plumes de Guyane savoirs. leurs partager faire nous de et rencontrer nous respectenversde personnesles ayant accepté de et remerciement de forme une également est il mais des informations, la circulation à participe retour Ce globale. l’étude de généralement plus et place, sur réalisétravail du retour un place en il est désormais de notre responsabilité de mettre l’engagement, effet, En d’échanges. situation cette de à nécessaire l’importance de conscience prendrefait ont rencontresnous les voyageet Le cette dynamiqued’échanges d’informations. dans étude notre inscrire souhaité avons nous Et communautés. les véritable et musées d’un les entre base échange la à est symboliquement, petite échelle, mais l’accès à ce patrimoine, même les dans musées en métropole. conservésIl s’agit d’une action étudiés, à toute objets à des d’échanger propos surtout mais communautés, ces de patrimoine le concerne qui d’étude projet le connaîtrefaire de voyageest ce à lié buts des Un I. Lacirculation del ’information II. Apprendre, mieux comprendre les objets et leur contexte, recueillir des témoignages

Cet axe, plus détaillé, comporte des éléments qui 1. Awala-Yalimapo, village Kali’na : nous ont véritablement permis d’avancer dans cette étude. La démarche adoptée a donc été Les Kali’na, de la famille linguistique karib, vivent celle de chercher à rencontrer des interlocuteurs sur le littoral des trois Guyanes, et , depuis l’arrivée spécialisés, dans le domaine coutumier, ou en des colons, sont en contact depuis bientôt 500 tant que fabriquant ou possesseur d’ornements ans avec le monde occidental. Ils constituent la de plumes par exemple. Puis l’étude leur était population amérindienne la plus nombreuse de présentée, soit en montrant des photos des Guyane française comptant 3000 individus. Tous différents objets conservés au MQB et au musée parlent le français et le créole guyanais en plus du des Confluences, soit, dans certains cas, autour kali’na. De plus en plus d’hommes et de femmes d’objets apportés par eux-mêmes. La discussion kali’na ont fait des études supérieures et forment s’engageait ensuite de manière libre, mais avec une communauté d’intellectuels, le plus souvent quelques questions spécifiques préparées en active dans la lutte indigéniste depuis le milieu amont. Nous avons également travaillé avec des années 80 et dans le domaine politique, les photos des Kali’na au jardin d’acclimatation. représentant des partis nationaux à des élections Les impressions, témoignages, informations législatives ou communales. La commune de l’interlocuteur, ont été recueillis par d’Awala-Yalimapo est créée en 1988, elle se situe à enregistrement vidéo et sonore, ou par la prise de l’embouchure du Maroni, à l’ouest de la Guyane.1 Partie III : voyage d’étude en Guyane notes. La population est presque exclusivement amérindienne, de la communauté Kali’na. Le territoire est géré par deux entités institutionnelles ; celle de la municipalité et celle des autorités coutumières.2

1. Synthèse d’après : Damien Davy, « “Vannerie et vanniers”» (Thèse de doctorat, [s.n.], 2007). 2. « Awala-Yalimapo », http://www.awala-yalimapo.fr/.

105 106 Ornements de plumes de Guyane notamment une coiffe fabriquée pour lui. Les lui. appelées coiffes, pour fabriquée coiffe une notamment Il possède lui-même quelques parures de plumes, fabriqué spécialement pourl’occasion, enFrance. été être peut a d’ornement type ce que pense il deplumes, jardin colliers au des Kali’na portant d’acclimatation des photos les voit Lorsqu’il selon lui. Venezuela du ou l’Equateur de originaires plutôt mais amérindiens, représentants de congrès de oiseaux. Il pense avoir déjà vu ce type d’objets lors les plutôt grandes mais plumes rigides des plumes, ailes et petites de la queue de des type ce pas n’utilisent Kali’na les que fait le par notamment cela justifie Il Kali’na. d’origine soient objets ces que pas pense ne Thérèse M. abord, premier Au d’Awala, MichelThérèse, pourunentretien. coutumier chef le rencontrer pu j’ai suite la Par Yalimapo personne n’exerçait danscedomaine. plume aujourd’hui et peude qu’au sein du très village d’Awala- la de que l’art encore pratiquaient Kali’na personnes fait le premier confirmé Ce m’a contact objets. ces la de sur Kali’na provenance engagée s’est discussion première Une mairie, étaient également présents. la pour mission de chargé Mouzard, Thomas que ainsi Kukawka Katia ville. la d’Awala-Yalimapo de personnalités ou mairie la de agents d’autres que ainsi Williams, M. et Thérèse M. coutumiers M. Fereira, l’adjoint au maire, M. Tiouka, les chefs d’Awala-Yalimapo,maire le devant culture, la de Le projet de recherche a été présenté lors du conseil d’Awala. reconnus comme Kali’na par l’autorité coutumière Les ornements de plumes étudiés ne sont donc pas évènements, notamment parleschefs coutumiers. grands de ou cérémonies de lors oumali n ain sn portées sont Kali’na en ’pè Kl’a ue ail iden d Guyane de indienne famille une Kali’na, D’après Le chef coutumier, Michel Thérèse, portant se coiffe de Rosiane Tiouka (àgauche),SamiaAuguste (àdroite) Entretien avec Mme. Fransisca Yampa Entretien avecMme. Fransisca Yampa plumes lorsd’une cérémonie. française, J. Silberstein La mairie d’Awala a engagé au début de l’année d’en apprendre beaucoup plus sur les ornements 2012 un anthropologue, Thomas Mouzard, qui étudiés. Bien que certains possèdent des parures travaille en tant que chargé de mission pour de plumes, personne n’a semblé reconnaître le projet d’inventaire du patrimoine3. Or ce ces objets en tant qu’ornement Kali’na. Et nous dernier m’a permis d’approfondir la recherche en n’avons pas rencontré beaucoup de personnes travaillant de manière collaborative avec l’équipe qui nous ont dit posséder des connaissances sur de l’inventaire du patrimoine sur la question ce type d’objets. Il semblerait que Mme Fransisca des ornements de plumes. Une personne, Yampa soit la seule personne à réaliser des Mme. Fransisca Yampa, est spécialisée dans la ornements de plumes chez les Kali’na d’Awala- confection de coiffes de plumes à Galibi (village Yalimapo et de Galibi. Kali’na du Surinam, sur l’autre rive du Maroni En revanche plusieurs personnes ont reconnu, en face de Yalimapo). Nous organisons donc un d’après photo, les matériaux utilisés pour les liens entretien avec elle, grâce à l’aide de M. Raymond d’attache, ainsi que certains types de plumes Malajuwara, Mlles. Samia Auguste et Rosiane utilisées. Ces éléments, replacés dans l’ensemble Tiouka participants du projet d’inventaire. Une de l’enquête concernant les matériaux constitutifs transcription de l’entretien avec Mme. Fransisca ont été explicités en deuxième partie du dossier. Yampa ainsi qu’une vidéo de l’intégralité de A la question de savoir si les ornements de plumes ce dernier sont présents en annexe4. Nous ne étudiés avaient leur place dans les musées en relèverons ici que les aspects les plus pertinents France, mes interlocuteurs ont répondu de pour notre étude. Les coiffes,oumali , que fabrique manière positive, considérant que pour le moment Mme Fransisca sont très différentes formellement leur place était là bas, que cela permettait une et structurellement des objets étudiés.5 Lorsque meilleure conservation de ces objets, mais que nous avons montré les photos des ornements à peut-être par la suite ils pourraient revenir sur leur Mme. Fransisca Yampa, celle-ci a reconnu n’avoir terre, si les conditions mises en place le permettent. jamais vu ce type d’objets auparavant. Elle Les jeunes du chantier de l’inventaire souhaitent reconnait néanmoins le travail des fils de coton, aussi travailler pour cela. Un entretien avec Samia à la main, et le travail de l’autre fil, pour l’attache Auguste et Rosiane Tiouka, participantes au projet des plumes, à partir de la fibre de kulawa na na d’inventaire se trouve sur le dvd annexe vidéo. et de la résine mani. Cette fibre et cette résine Voici la retranscription de leurs réponses à la semblent fréquemment utilisées. La piste de ces question de la place des objets d’origine kali’na et matériaux de fabrication a été approfondie par la amérindienne au sein des musées comme le Quai suite et présentée en partie II. Branly ou le musée des Confluences. L’étude menée à Awala-Yalimapo n’a pas permis Samia Auguste : « Pour le moment tant mieux s’ils sont là-bas, pour les conserver jusqu’à ce que nous ayons notre Maison de l’Estuaire, pour les Partie III : voyage d’étude en Guyane 3. Un chantier d’insertion débute en février 2012 qui montrer aussi ici. Les faire revenir, peut-être, ce permettra de réaliser un inventaire participatif du patrimoine serait bien. » de la commune sur vingt-quatre mois. Il sera conduit par Rosiane Tiouka : « Les particuliers ont des objets, six personnes résidant sur son territoire. Le Musée des mais ils ne sont pas conservés de la même manière, cultures guyanaises et le Service régional de l’inventaire du et ces objets s’usent plus que s’ils sont gardés patrimoine culturel sont partenaires du projet porté par la au musée. Au musée ils sont bien conservés, en Commune et dont l’un des principaux objectifs est de former vitrine, restaurés… Je pense que c’est mieux qu’ils localement les agents de la future Maison de l’Estuaire. soient conservés là-bas que chez les particuliers. » 4.Annexe A.III - 1 et dvd annexe vidéo. 5. Pour plus d’informations, voir annexe A.III.2

107 108 Ornements de plumes de Guyane la deuxième moitié du 18 du moitié deuxième la directs avec les colonisateurs se sont produits dans karib deculture contacts premiers Leurs région. cette dans vivant et langue de sous-groupes et essentiellement groupes de coalescence la de lnu, iiu t itie 0 histoire et histoire.et (Paris:milieu Langue, milieu langue, wayãpi : & wayana palikur, d’après Synthèse 6. (PAG) des Guyane de Amazonien agents Parc du antennes aux Pata, adressées Antecume sommes nous et Taluennous à l’arrivée de Lors au nom ce 19 sous progressivement émergent Karib, linguistique langue de Wayana,groupe Les vraiment qu’au20 vraiment n lis etnr q’l n cnasaet que agents connaissaient ne les qu’ils entendre projet laissé ont du présentation Après recherche. brève la une dans guidés ont nous qui en pays Wayana est soumiseàautorisation. les fleuves. AuBrésil et enGuyane, lapénétration les trois régions, l’accès au pays Wayana se fait par de la population. Les routes étant inexistantes dans anarchique façon de et demande la à attribuée été a celle-ci unlong refus de la citoyenneté après française par Guyane, les intéressés, En générations. les vieilles par écrites non et parlées peu progressent, restent mais néerlandais) portugais, (français, nationales langues Les les d’individus. milliers approchait deux population la 2009, du En fleuve Maroni. cours le haut sur répartis douzaine villages une de en de commune la sur nombreux), moins (beaucoup Apalai des avec vivent, ils française,Guyane En Surinam. et Brésil trois entre partagés ans selon les régions. Les quarante Wayana sont ou aujourd’hui trente depuis permanents devenir auprès du Parc Amazonien deGuyane (PAG). 7. Marion Trannoy nous a guidés et recommandés en amont Historiques et Scientifiques [u.a.],2009). 2. Lesvillages Wayana e ice rslat dn u cnet colonial, contexte un dans résultant, siècle, ; elle concerne désormais la majorité la désormais concerne elle ; e Façie Grenand, Françoise : qu’ils se sont intensifiés pour intensifiés sont se qu’ils É as ovris France, : souverains tats e É ice mi c n’est ce mais siècle, d. du Comité des TravauxComitédes du d. Encyclopédies 6 7 , avec les objets étudiés est la présence d’une pièce et de forme rectangulaire. La différence principale l’objettravaildécoupe, totalementau deplan est grâce nettement très délimitées sont plumes de les rangées désorganisation, d’aucune souffrent ne état, bon très en question, en objets Les coq… confirme les espèces d’oiseau ne fait pas de doute, d’autant plus que le similitude La toucans. et aras des plumes petites de rangées plusieurs enfin courtes, plus blanches longues plumes de coq blanches, puis des plumes de filière d’une superposition la retrouvonsNous coffre, dece trois sont très similaires aux objets étudiés. de parures éléments différents les Parmi visible. important empoussièrement est particulièrement un seul forte, contrainte ou tension sans autres, les sur unes les plat à stockées sont plumes les lesmoisissures, ni ne semblent insectes les par ils attaqués pas conservation, de état bon en coiffe-masque trois fait en ou représente parures individuelles plumes de de ensemble cet que expliqué a nous. Il un devant à un sorti a qu’il d’ornements Le discussion. la dans profondément très aller pu pas n’avons etnous évident pas n’est travail Ce traduction. la pour Parc du membres des l’un avec de travaillé parures ses donc avons nous français, montrer pas parle ne Il plumes. nous de et recevoir Man du auprès introduits été donc avons Nous les néanmoins recherche,quelques rencontres furent très fructueuses. la qu’esquisser pu raison du temps de séjour très court nous n’avons En contraire. le espérer laissé avaient muséales plumes collections de les Wayana dans relativement récents etla ornements nombreux amont, de en présence documentation de La l’art plume. encore la pratiquant personnes de peu 8. LeGranMan :correpond àuneautorité coutumière. possède un coffre de bois, rempli bois, de coffre un possède Man Gran 8 e wné c drir acpé e nous de accepté a dernier ce Twenké, de éote. e ojt sont objets Les démontées. olok : ara, hocco, toucan, Gran Man Gran de tissu cousue à la base des filières qui permet pour leur conservation et pour que l’on puisse les notamment de les maintenir dans le plan et de voir. Lui-même a pu en voir certains au musée de donner de la rigidité à la pièce. Cayenne. Le Gran Man explique qu’il s’agit là d’une partie Même si ce court séjour est loin d’avoir pu répondre du olok, située plus précisément au niveau de la aux nombreuses questions autour des ornements, base de la vannerie de support, juste au dessus de il est source de très nombreuses informations la tête, et que cette pièce se nomme lepompoma . et d’un véritable apprentissage au travers des quelques personnes rencontrées et des quelques A Antecume Pata, nous nous sommes présentées objets vus sur place. Il a notamment permis de à André Cognat, fondateur de ce village. Puis nous renforcer la supposition de la provenance Wayana avons pu rencontrer le chef coutumier Barbosa, des pièces et de préciser leur fonction. accompagnées d’un agent du Parc qui réalise la traduction. En conclusion, nous supposons donc très Lorsque le chef observe les photos des ornements, fortement que les objets étudiés correspondent il les reconnaît d’emblée comme Wayana. Il nous à des pompoma, parures se situant à la base de précise qu’il s’agit de l’ornement à la base du olok. la coiffe-masque olok, nouées sur la partie de la Il reconnait également les plumes de coq, des vannerie proche de la tête. Les objets d’études différents aras et du hocco. seraient alors des fragments d’une grande coiffe. Il nous montre ensuite l’une de ses parures de Dans la partie suivante nous approfondirons la plumes. L’objet est en plusieurs parties : deux provenance et la fonction de ces objets, et nous filières indépendantes et deux supports en donnerons des éléments de compréhension sur vannerie. Il s’agit d’un hamére. Parmi les deux la coiffe-masque olok et le rituel du marake dans filières, l’une est constituée de plumes blanches, lequel elle intervient. larges et très légères, il s’agit de plumes de coq. En revanche nous tenons à faire quelques La deuxième filière est réalisée en plumes de réserves concernant le recueil de témoignages. hocco noires avec quelques plumes d’ara colorées Cette dimension qui nous semble très importante au milieu. Les plumes sont toutes recoupées à dans la documentation d’un objet conservé en leur extrémité, il nous explique que cette action métropole, afin de faire entendre la polyphonie a été réalisée au ciseau après qu’elles aient été des discours possibles, n’a pu être que très montées en filière. J’ai la possibilité de manipuler insuffisamment menée. Cela est lié en partie aux ces filières et de les regarder de plus près, elles situations, au fait de ne rencontrer qu’une fois, sont réalisées selon la même technique que les de manière plutôt informelle et intrusive des objets étudiés. La discussion s’oriente ensuite vers interlocuteurs qui ne savent pas s’ils peuvent les techniques de travail de la fibre dekulaiwat , et avoir confiance. Nous avons constaté des refus de la résine mani ces éléments ont été détaillés d’être filmé ou photographié, ou bien senti la Partie III : voyage d’étude en Guyane en partie II. contrepartie financière nécessaire à de telles Au cours de la discussion nous comprenons que actions. Quant à la prise de notes en situation le chef coutumier sait réaliser des ornements de directe, elle est trop concise et synthétique pour plumes, et celui qu’il nous montre a été fabriqué constituer une véritable documentation. par lui-même. Il a appris cela auprès de son père et de son grand-père, mais aujourd’hui personne n’apprend avec lui. Enfin je lui demande s’il pense que les objets que je lui ai montrés en photo ont leur place dans les musées en France. Il répond que cela est bien

109 110 Ornements de plumes de Guyane partie II. la à reporter se étudiés, ceux et MCG du objets les entre comparaison la constitution et la sur détails de plus Pour 9. ont particulièrement retenu mon attention. ainsi étudiées, celles qu’aux à similaires pièces Deux inadapté qui sont de véritables conditionnement facteurs un de à risques. liées tensions les sont ce cas certains dans majeur,et problème un parfois par les insectes, mais l’empoussièrement présente de conservation. Peu d’entre eux ont été attaqués état bon en sont objets les générale, manière De Wayana est envisagé. ces de coiffes, remontageet pour cela, l’intervention le d’un spécialiste est musée le pose se question que vrai Une éparpillés. étant ornements musée le que coiffes deux possède apprenons nous derniers, ces Concernant Wayana. et Kali’na d’origine plumes de objets les consulter de possible été donc a Il conservés auseindesréserves dumusée. plumes de ornements les d’étudier permis m’a dernière Cette Joanny.Lydie mission de la chargée de accompagnée MCG, du réserves des sein Katia Kukawka,j’ai eu la possibilité de travailler au Jean-Louis, et avoir été guidée par la conservatrice Après avoir rencontré la directrice du musée . e ué ds utrs Guyanaises Cultures des Musée Le 3. (MCG) Vue externalisées desréserves duMCG popoma vu chez le chez vu mi dmnés les démontées, mais olok, de Twenké de Man Gran : Mme. 9 Les pompoma de deux coiffes-masques olok wayana olok coiffes-masques deux de pompoma Les Des ornements auMCG deplumeswayanaconservés Un oumalikali’na auMCG conservé conservés auMCGconservés III. Réfléchir à la conservation-restauration des objets en commun avec des représentants des communautés

Cet axe représente la véritable limite au travail de leur patrimoine est très grand. Et il s’agit d’un réalisé. La dimension collaborative, au cœur véritable facteur limite. Mais une telle expérience de notre questionnement n’a pu se concrétiser permettrait justement d’enrichir ce discours, de et nous n’avons pas pu amorcer de véritables l’élargir ou de le remettre en cause. Et même si discussions autour de l’état de conservation des l’échange ne peut aboutir concrètement, il est objets. important de tendre vers cela pour dépasser une En effet nous souhaitions réfléchir avec des situation dans laquelle les rapports de forces interlocuteurs, spécialisés dans le domaine sont trop inégaux et, où l’opinion de certaines coutumier ou dans le travail de la plume par communautés n’est ni respectée ni même prise en exemple, sur les caractéristiques qu’ils leur compte. Beaucoup de communautés revendiquent semblaient important de préserver et de montrer aujourd’hui leur volonté de reprendre possession des objets et sur les aspects matériels à respecter. de leur patrimoine, comme les Kali’na avec le Nous aurions aimé discuter de la réorganisation, projet d’inventaire d’Awala-Yalimapo. C’est donc des consolidations et du nettoyage, afin de aux communautés occidentales de faire l’effort recueillir l’opinion des interlocuteurs et de d’aller dans ce sens. la prendre en compte dans la réalisation du Les actions mises en place dans ce contexte traitement. d’étude peuvent, certes, paraître anecdotiques.

Mais les différentes situations rencontrées ne se Néanmoins, il nous semble que le simple fait Partie III : voyage d’étude en Guyane prêtaient pas véritablement à un tel échange ; d’essayer de tendre vers cela, est une première chez les Kali’na les objets n’étaient pas reconnus étape, à petite échelle, pour en faire évoluer comme appartenant à leur culture, chez les l’idée. Wayana, les rencontres étaient trop brèves et la barrière de la langue trop présente. Bien entendu, l’écart entre le discours du conservateur-restaurateur, déterminé par la pensée occidentale du rapport à l’objet et au patrimoine, et les considérations des communautés d’origine par rapport à des objets

111 112 Ornements de plumes de Guyane 1. Katia Kukawka et Jean-Paul Feirera, « Feirera, Jean-Paul patrimoine. et Kukawka Katia 1. implantées localement. » proches, plus structures des par (comme ou européens) d’eux d’ethnographiemusées grands l’êtreles peuvent éloignés géographiquement musées des par tenu soit qu’il muséal, du discours prenante partie être à explicite manière de désormais demandent qui peuples mêmes Ces matériels. témoins des détient elle dont peuples aujourd’hui des rapprocher se entreprise pour muséale l’institution par démarche toute parler, dans faut qu’il restitution de bien donc C’est lui réclamer descomptes. […] à ce qu’il est dit et écrit sur eux, et sont en droit de qui, proches et ou lointains, doivent pouvoir accéder aller nécessaire retour entre lechercheur et sesinterlocuteurs le désigne en terme anthropologie ce de l’emploi […]: (1994) Zonabend restitution » dans le sens développé par Françoise « en concertée action Guyane : une pour propositions et l’article de passage un finir, évidence Pour en mettrons nous côtoyées. avonsnous que et concernéescommunautés aux travail ce de retour un concrétiser à donc Nous tenons poursuivre. le de responsabilité notre de désormais est qu’il s’estet instaurééchange bref Pour conclure, nous mettons en avant le fait qu’un Guyane (Matoury: Ibisrouge, 2011). concertéeGuyane.en Nous retiendrons malgré tout ce terme « ce terme tout malgré retiendrons Nous É Restituer le patrimoine, état des lieux des état patrimoine, le Restituer tat des lieux et propositions pour une action une pour propositions et lieux des tat », dans », 1 La question du patrimoine en patrimoine question du La Restituer le Restituer

Partie iv origine et fonctions des objets

Déterminer le groupe socioculturel dont proviennent les ornements étudiés est une tâche très difficile dans ce contexte. Le manque initial d’informations fiables en est une cause principale, le manque de connaissances initiales de ma part dans le domaine des cultures amérindiennes et de l’art plumassier du plateau des Guyanes en est une autre, enfin l’ancienneté des objets est la troisième cause à cette difficulté. La transformation des groupes, les phénomènes de métissages culturels et d’acculturation complexe, et le manque de connaissances historiques sont une limite à l’attribution d’objets anciens. D’autre part, et comme nous l’avons vu précédemment, les altérations des objets sont elles-mêmes des causes de leur incompréhension.1 Nous évoluons donc à travers un univers de doutes, et d’hypothèses. Ainsi nous ne souhaitons pas présenter une opinion ferme et définitive sur le sujet, mais nous proposerons et développerons l’hypothèse qui apparaît la plus plausible à notre sens. Se dessine ici une véritable question sur la limite de la conservation-restauration : comment restaurer un objet dont la provenance et les fonctions ne peuvent être totalement affirmées sans porter atteinte à son intégrité ?

1. Voir : Partie II - II.2

117

I. Des objets d’origine Wayana ?

L’étude matérielle des objets nous a permis de constater une concordance stylistique entre ceux- ci et les créations wayana. Le travail développé en Guyane a également renforcé cette hypothèse. Ainsi, les planches photographiques de la double page suivante, permettent d’établir des comparaisons visuelles pour révéler la proximité formelle entre les ornements étudiés et d’autres ornements documentés et référencés Wayana. A travers ces différents éléments nous tenons à mettre en évidence la forte similitude entre les sept pièces étudiées et un ornement spécifique appartenant à la composition des coiffe-masque olok1, grandes parures rituelles d’origine Wayana. Lors des échanges avec le Gran man de Twenke et le chef coutumier d’Antecume Pata2 nous avons appris que cet élément ornemental, situé à la base du support de vannerie du olok est appelé pompoma. Dans les deux cas, notre interlocuteur a associé les photos des objets étudiés à ce Partie IV : origine et fonctions pompoma. Les pistes de la documentation visuelle et de l’échange avec des représentants Wayana nous font tendre vers la même hypothèse.

1. Plus d’informations sur la coiffe-masque olok seront développées en partie IV - III 2. Voir partie III

119 120 Ornements de plumes de Guyane Planche photographique :coiffe-masque olok Coiffe-masque olok, Wayana, 1960-1972 ©Musée duQuaiBranly 70.2008.41.49 D’aprèscataloguele Amazon,The of Arts B. Coiffe-masque olok, Wayana-Apalai Braun, 1995,p.9 Masque de plumes, Wayana, Brésil ©Musée d’ethnographie, Genève ETHAM 034386 Partie IV : origine et fonctions

Coiffe-masque olok, Wayana-Apalai, Collection particulière D’après le catalogue L’Art de la plume en Amazonie, Fondation Mona Bismarck, 2001, p.41

121 122 Ornements de plumes de Guyane le remercions de son attention et de son aide de et précieuse. attention nous son et de remercions question le la sur spécialiste d’un l’avis 6. Voir annexe : MaildeDanielSchoepf du04/04/2012 est vers lebas. 5. 4. Voir annexe l’art delaplume dumondeamazonien. de d’ethnographie Musée Genève, américaniste spécialiste de la culture Wayana et de au émérite Conservateur 3. doute du raison en mentionné subsistant, elleest jugée peufiable. si, même Kali’na l’inventaire, à provenance la d’évacuer l’impossibilité la sur Schoepf évidence Daniel en de remarque mettons nous conclure, Pour Schoepf Daniel avec contact pris avons nous questionnement, du stade ce A de filières de ruban un assimilables, quasi sont qu’ils certainsdans cas, l’on confondre,les puisse parce que, impossible absolument n’estpas qu’il aussi, l’hamèré sorte quelque en est point de vue, mon argument est que le incontestablement aussi la caractéristique. Et mon le sur trouve ettexture particulières, l’onsi que même là celles de formecoq,de de plumes blanches (ou) et poule de plumes filières deux des constante, quasi présence, la dans réside couronne de type ce de l’emplumage de fondamentales caractéristiques aujourd’hui, [...] usage de nom le en donnent Wayana les auquel largement encore et « préliminaire. (71.1934.33.510(MQB)) l’étudede lors corpus au associée Branly Quai du musée du pièce autre une avec comparaison la sur base se propos Son suggestions. des fait et consulté les pièces lui-même, il émet des réserves aussi que même l’indentification de de ces pièces au cautionnable, semble et lui convaincante corpus du pièces sept des Wayana Il s’agit là d’un type de couronne, très traditionnel = celui ou celle qui est en bas, celui ou celle qui celle ou celui bas, en est qui celle ou celui Lonakan= pompoma et un ruban de filières de On ne peut s’empêcher de noter qu’une des qu’une noter de s’empêcher peut ne On lonakan 4 La proposition de la provenance de proposition La A.IV A.IV - 1 : Mail de Daniel Schoepf du 04/04/2012 5 pompoma du . En revanche n’ayant pas pas n’ayantrevanche En olok. t u e font en qui et l’olok de 3 afin de recueillir de afin pompoma Donc l’olok. de hamèré pompoma hamèré appelé . » 6 .

D’après Indiens de Guyane : Wayana et Wayampi de la Couronne deplumes,Wayana, Brésil,ETHAM036953 ©Musée d’ethnographie, Genève forêt, Grenand,Hurault,1998 Couronne, 71.1934.33.510 Musée duQuaiBranly Photo deJ.-M. Hurault L’avis d’un autre spécialiste de l’art de la plume amazonien, Dr. Andréas Schlothauer, a également été sollicité. Ce dernier possède une base de données réunissant les collections plumassières amazoniennes de nombreux musées européens. Il a accepté de me montrer les photos qu’il possède d’ornements très similaires à ceux étudiés, comme celui présenté ci-contre, appartenant à un olok wayana recensé dans la base, et provenant d’une collection de De Goje, 1904. Nous remarquons les similitudes de types de plumes et plus particulièrement les oranges, présentent sur cet ornement comme sur le 71.1878.14.10 (MQB). La nature de ces dernières restait très incertaine lors de l’étude technologique, A. Schlothauer émet l’hypothèse qu’il s’agirait de plumes de coq-de- roche orange (Rupicola-rupicola). La disposition générale révèle le même système stratifié, en revanche nous observons qu’une des filières se compose de deux types de plumes qui alternent à plusieurs reprises, cas non-observé sur les objets étudiés. Enfin, nous constatons qu’une pièce de textile écru est présente au revers de l’objet. De nombreuses coiffes olok sont également recensées dans sa base de donnée. Beaucoup sont démontées, ou ont été montées en contexte muséal, à priori de manière incertaine. A. Schlothauer intervient alors parfois pour réorganiser les ornements sur le support de vannerie. Certains objets témoignent par ailleurs d’un aspect très inhabituel en raison des transformations subies, révélant ici encore, les réappropriations, réinterprétations exercées par l’occident au cours du temps sur ces objets. Une pièce recensée d’origine Galibi se constitue © A. Scholthauer, base de données personnelle. par ailleurs d’un ornement proche de ceux étudiés, Ornement Wayana, collection De Goje, 1904 Partie IV : origine et fonctions et A. Schlothauer émet l’hypothèse que ce groupe fabriquaient également ce type d’ornements dans le passé.

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II. Le rituel du maraké

La synthèse présentant le rituel est basée sur le les plus jeunes font l’apprentissage des valeurs dossier d’inventaire du patrimoine immatériel collectives, savoirs et savoir-faire détenus pas Maraké 1: les anciens. La relation « invitants-invités » ou Le rituel maraké est un rituel d’initiation et d’alliance « tiwetkim-tuwahem » (ceux qui habitent l’endroit propre aux communautés amérindiennes wayana- et ceux qui dansent) constitue l’articulation de base apalai d’Amazonie. Il est constitué d’un cycle de du rituel d’initiation. Il s’agit, fondamentalement, cérémonies qui s’échelonnent sur plusieurs mois de renouveler des alliances qui, anciennement, et comprennent de la musique, des danses en embrassaient un territoire immense. La chasse costume et une épreuve d’application de fourmis et la cueillette permettront essentiellement de ou de guêpes. Le premier passage du rituel a lieu se procurer les matériaux pour confectionner ou traditionnellement à la puberté et marque l’entrée réparer les ustensiles nécessaires, les masques dans la vie adulte. Il peut se répéter plusieurs et parures (dont la pièce principale est le olok), fois pour franchir une nouvelle étape de vie. Il les instruments de musique, les lourds colliers et fortifie l’individu, consacre son appartenance bracelets de perles colorées et le kunana pièce de au groupe et consolide la communauté. Il en va vannerie où seront insérés les insectes à appliquer de l’identité de la communauté et, pour chaque sur le corps des postulants. individu, de son identité en tant que Wayana ou Apalaï. La fierté d’être Wayana, ou Apalaï, est aussi perceptible dans la splendeur des costumes, coiffes, diadèmes, brassards, danses, chants Partie IV : origine et fonctions et musiques mobilisés pour cette grande fête. La préparation se déroule sur plusieurs mois (autrefois plusieurs années) pendant lesquels

©J.-M. Hurault Application du kunana 1. Céline Frémaux et al., « Fiche type d’inventaire du D’après Indiens de Guyane : Wayana et Wayampi de la patrimoine culturel immatériel de la France: Rituel du forêt, Grenand, Hurault, 1998 Maraké », mars 2011.

125 126 Ornements de plumes de Guyane D’après Indiens de Guyane : Wayana et Wayampi de la venimeux enreprésentant lamatérialisation. insectes des l’épreuve accompli, humain d’être les auteurs stade au passage le sur Tous ambiguïté sans insistentà l’autre. description d’une détails des sur matériels, on note que pourtant une grande similitude ainsi rituel, du phases des significations des et l’ordonnancement de sujet fit André si les descriptions historiques divergent parfois au Même 1968. en Hurault Jean et qu’en 1967 en Cognat complètes très descriptions jusqu’aux Goeje De les depuis européens, par visiteurs observé par régulièrement sera que maraké faites le sont suite la Par (1893). ne Coudreau et (1878) rituels Crevaux deux les sur leur consistantes dans plus les visités observations les peu territoire, très été ayant Wayana olsec ds osgops c’est-à-dire 18 sous-groupes, du fin la à des dela temps au coalescence fixé été ait kalawu rituels et des maraké l’ensemble que probable très est Il Historique : forêt, Grenand,Hurault,1998 e u u éu d 19 du début au ou ©J.-M. Hurault e ice Les siècle. Extraits Extraits du documentaire : ëputop, un Marake Wayana, ©Toucan production/RFO Guyane J.-P. Isel,septembre 2005 III. La coiffe-masque olok

La coiffe-masqueolok est composée d’un ensemble évidence le caractère de fragment de l’ornement d’éléments associés, porté par les postulants isolé, la perte de sens de ce dernier lorsqu’il ne au rituel du maraké : les tepiem qui la revêtent fait pas parti de l’ensemble, mais également celle durant les cérémonies finales. «Sa fabrication de l’ensemble si un élément vient à manquer. comme son utilisation se font en suivant des En revanche les éléments de même type séquences. Quant tous ses composants sont semblent interchangeables, la notion d’unique ou réunis, le masque est porté au moment culminant d’authentique et de copie n’existe pas entre eux. du rituel. […] Les spécialistes tuahem et les initiés tépiem vont porter les différents masques L’article de Lucia Hussak Van Velthem,Le Seigneur olok produits par eux-mêmes. Il en ressort un des eaux. Fabrication d’un masque Wayana, montage réalisé au cours d’un travail collectif cité précédemment, apporte un éclairage entre hommes, auquel contribuent les pères des particulièrement intéressant sur la coiffe- initiés en apportant des ornements de plumes en masque olok, et nous a fortement aiguillé dans la leur possession. […] Cette activité se réalise sous compréhension de la place de cette parure dans le regard et avec les commentaires de différentes le contexte culturel.2 L’auteur rappelle d’abord personnes, dont celles qui vont diriger le rituel. l’usage du masque dans les sociétés indigènes de […] Les processus s’enchaînent au fur et à mesure l’Amazonie brésilienne « On est alors en droit de que les rangées de plumes sont fixées au support supposer qu’un masque agit comme réceptacle du masque. Pour l’efficacité du processus, tous les de forces et comme synthèse d’un ensemble éléments de plumes doivent non seulement être de conventions idéologiques qu’il agrège, ce qui Partie IV : origine et fonctions présents, mais aussi être disposés selon un ordre nourrit bien des paradoxes. Effectivement, il se déterminé. »1 Cette dernière remarque met en matérialise moins pour régler le problème du paradoxe de l’altérité que pour le présenter et le confirmer. […] Un masque acquiert de l’expressivité et révèle sa fonction quand il est situé dans le 1. Lucia Hussak Van Velthem, « Le Seigneur des eaux. Fabrication et productivité d’un masque Wayana », dans Masques des Hommes, visages des Dieux regards d’Amazonie (Paris: CNRS éd., 2011). 2. Les citations suivantes en sont extraites.

127 128 Ornements de plumes de Guyane wayanaimë des classe la à associées spécialement sont-elles plumasserie de techniques les Ainsi plumes. de recouverte peau une dont corps, leur à attachés d’ornements multitude une portent ils contraire, au ou, parure sans nus, vont hirsutes,ils ou exceptionnellementlongs cheveux particularités, des autres possèdent leurs ils Parmi rituels. des dansant et en chantant, célébrant en permanence est anthropomorphisme leur morphologique caractéristique « principale non-humains. et humains ennemis des prédateur comportement du formes différentes démesurées « des classe la des êtres à derniers ces de sein la catégorie à surnaturels appartient Celui-ci de l’anatomie de l’expression est olok L’auteur démontre par la suite que la coiffe-masque contexte desachorégraphie rituelle. » . ipoh L’esthétique corporelle des L’esthétique corporelle » wayanaimë , associés à l’altéritéà associés , au et même, D’après lecatalogue BrésilIndien,lesarts amérindiensduBrésil,2005 Ensemble demasqueolok,lorsd’une pausedurituelMarake is e élcn en déplacent se ils : , qui personnifie les personnifie qui , personnes Iolokimë. ipoh ©E. Camargo Leur est

l éia e erdie e op d lêr pour l’être de danser : ilenrésultat lemasqueolok. corps le reproduire de décida il siens, les avec accord commun d’un et vu, avait qu’il ce raconta et village au retourna échappé s’étant retardataire Un surnaturel. être tel d’un labeauté et l’ornementation devant admiration par dévorés « eaux des près trop s’aventurant Wayana chasseurs de un groupe mythe, un selon que, raconte l’auteur suite rituel. son interminablement danse il où la et vit, plupart du temps, immergé impressionnante dans les ornementation eaux profondes une , Iolokimë le des rituels.» […] il s’agit d’un idéal qu’il faut perpétuer au cours reconnue, par les Wayana, comme étant complète iolok monstrueux, « ’tn imblss en immobilisés, s’étant Iolokimë habitées » auraient un jour été jour un auraient » porte constamment » Par la Par » La description matérielle de la coiffe-masque Le cimier emplumé : olok ci-dessous est basée d’une part sur la fiche Un arc confectionné à l’aide d’une liane garnie de de collecte du MCG (n° S-H219) rédigée par plumes blanches est supporté par trois tiges fixées Daniel Schoepf en 1971. Cette fiche très détaillée au sommet du cylindre de vannerie (dans l’éclisse concerne un olok spécifique acquis par le musée.3 fendue). Les tiges se composent d’un morceau de Des informations et citations provenant de l’article liane emplumé et parfois de queues évidées de Le Seigneur des eaux viennent compléter l’étude singe. matérielle. « Le masque olok est un artefact fait Cet ensemble « constitue l’ornement deIolokimë . d’un support tressé, d’un revêtement en plumes […] Le cimier emplumé se retrouve seulement sur et d’une jupe en fibres. »4 les masques des initiés célibataires et non ceux des spécialistes, des hommes mariés ou veufs. »6 Le support en vannerie de forme cylindrique : Il est tissé à partir de fibres d’arouman, à la base Les multiples rectrices rouges d’ara macao : de celui-ci se trouve une sorte de visière réalisée Elles sont fichées dans l’arc fendu au sommet de en fibres végétales souples. A son sommet, le la vannerie, dans une forme rayonnante. cylindre est muni d’un arc de cercle en liane « Elles sont associées au soleil. […] Cet attribut fendue. Un lien de coton à la base du cylindre accroît les effets du masque, qui ne se porte permet de l’attacher sur la tête du danseur. Le jamais sous un soleil trop intense. »7 support tressé se réfère de par son nom olok apoh au tronc humain (apoh). Par ailleurs les techniques La rangée de plumes pectorales blanches de l’aigle de vannerie reproduisent des effets de peaux, harpie : ce qui fait référence à un autre être surnaturel Au sommet du cylindre de vannerie se trouve cette serpentiforme. « Le masque exhibe alors un tronc filière qui forme des touffes de plumes masquant « humain », recouvert d’une peau de serpent. »5 la base des rectrices d’ara. Cette composante associée à la précédente (les rectrices) « figurent les cheveux de Iolokimë, d’un part hérissés et représentés sur le plan iconographique par des rectrices d’ara, et, d’autre part, frisés, aspect caractéristique retenu pour les plumes d’aigle. »8 Partie IV : origine et fonctions

Support de olok, musée des cultures guyanaises

Musée du Quai Branly. 3. Daniel Schoepf, « Fiche de collecte d’objet, Musée des 70.2006.6.1 cultures guyanaises. n°S-H219 », 1971. Voir annexe A.IV - 2. 4. Velthem, « Le Seigneur des eaux. Fabrication et 6. Ibid. productivité d’un masque Wayana ». 7. Ibid. 5. Ibid. 8. Ibid.

129 130 Ornements de plumes de Guyane 9. Ibid. aquatiques.» activités ses de lors surnaturel l’être par agitées second Le pendentif reproduit surnaturels le bruit des Wayana.[…] sonnailles, les êtres égorgent les anthropomorphes lesquels avec des immenses couteaux choc du caractéristique comme considéré son un bougeant, en produit, frontal associées à des particularités sonores. d’autressignifications, possèdent et […] Iolokimë « sont pendentifs Ces devant delacoiffe. oiseaux est suspendu à la plume se diverstrouvant sur le de plumes de assemblage d’un composé L’autre pendant, danseur. du dos le dans placer se doivent coléoptères de d’élytres fait pendant à (l’une d’un l’avant,composées l’arrière). envannerie l’autreCelles à le support sur fixées sont Elles arquée. forme une prennent et recourbent se plumes grandes les pendants, ces de présence d’un munies leur extrémité. à ajouté la spécifique élémentPar être peuvent d’ara rectrices Des Les pendants : A gauche70.2008.41.49,àdroite 70.2006.30.70. 9 Musée duQuaiBranly. les ornements d’oreillesornements de les Le pendentif humains àlapeaulisseet unie.» spécificité générale des une évoquant telles en tout certes, l’incarnent rayures De serpentiforme. surnaturel être autre de physique manifestation une comme considéré optique phénomène en-ciel, l’arc- reproduisent rayures ces d’Iolokimë, peau humaine. production la comme de classement de aussi d’ordonnancementet principe mais d’identification, comme moyen seulement un non contribue, yeux, leurs à précieuse plus la et belle plus la Wayana, composition des Cette humains. des yeux rayée et « d’une doté est surnaturel être revêtement de Le support. le sur plumes de rangées différentes recherché,représentel’objectif l’effet des premier disposition la de est tel (imakhé), contrastées « de techniques d’attache spécifiques.PHOTO particulier type un de caractéristiques avecet des plumes, ruban, de à mais correspond détails, les chacun dans pas rentrerons ne Nous ordre un selon précis, les plumes étant orientées autresverticalement. des en-dessous uns les situent se rubans Ces vannerie. de cylindre le sur noués sont plumes de filières de Plusieursrubans Les filières deplumes. 10. Ibid. n cmoiin e aue e de couleurs et rayures de composition Une Musée duQuaiBranly. 70.2008.41.49. », de grande valeur esthétique aux esthétique valeur grande de », Iolokimë a cette apparence, car cet ipoh […] Outre les motifs de la de motifs les Outre […] , les différenciantles , des 10 peau emplumée peau Walamuïmë, un imakhé Parmi ces rubans de plumes nous mettons en Les franges : évidence le pompoma, ou lonakan, situé à la base Un ensemble de longues franges – faites à partir de la vannerie, au niveau de la couronne de fibres des fibres de l’arbretauari teintes avec de la boue tressées. En dessous de cette pièce se trouve le pour tracer des bandes horizontales – peuvent se dernier ruban de plumes (constitué uniquement trouver dans le prolongement du olok, recouvrant des rectrices noires de toucan). « Tournée vers le corps du danseur. « Cette jupe figure les le bas, elle représente la poitrine de Iolokimë. membres inférieurs de l’être surnaturel qui, parce » Selon la fiche de Daniel Schoepf, le pompoma qu’il danse, sont toujours en mouvement. Elle est un élément de confection similaire au cache le danseur lequel, en se déplaçant, est en hapika ; ornement composé de filières de plumes interaction avec le masque, tout en soufflant dans assemblées sur un tissu rouge kamisa, et qui se une longue trompe de bambou. Cet instrument place plus haut sur le cylindre de vannerie. est un complément du masque : il constitue la Dans l’article de Lucia Hussak Van Velthem, nous trachée de Iolokimë et le son qu’il produit imite le relevons ceci : « Une autre rangée, composite son de sa voix.»11 (hapinka), est attachée à la base du support, mais elle est inversée. Cette dernière possède un nombre variable de rangées de plumes blanches de coq, noires de hocco, rouge d’ara, bleues et jaunes d’ara bleu cousues avec des fils de coton sur une bande de tissu compact. » Cette description correspond parfaitement aux pièces étudiées. L’auteur continue ainsi : « ces rangées soulignent la bouche et les lèvres de Iolokimë et sa dentition, les dents apparentes et saillantes indiquant sa nature de prédateur. Par ses qualités esthétiques, cette dernière, composite, est la plus complexe et la plus valorisée de toutes les rangées de plumes du masque olok. Transmise de père en fils, sa confection exige une grande habileté et l’élevage des coqs pour en prélever les plumes appropriées. » Elle revient plus précisément sur les plumes de coq : « Les plumes de coq, colorées et pointues, reconstituent la dentition de l’être surnaturel, proche de celle du poisson piranha. Comme cette volaille a été connue au contact des blancs et que ceux-ci sont considérés ©J.-M. Hurault Partie IV : origine et fonctions comme cannibales, cette caractéristique vaut D’après Indiens de Guyane : Wayana et Wayampi de la pour leurs biens, leurs artefacts et leurs animaux forêt, Grenand, Hurault, 1998 domestiques. » Cet ensemble d’informations est d’une très grande importance dans le cadre de notre étude, il ouvre de nouvelles perspectives et en précise d’autres.

11. Ibid.

131 132 Ornements de plumes de Guyane guyanaises. n°S-H219 ». Schoepf,12. « sujet pourdévelopper cette question. d’élémentsn’avonsplus pas ce moment à le pour d’origine.cultureNous d’ornementssa type dans ce pour des multiplicité fonctions la de possibilité de D. Schoepf indépendamment également sens ne sont réellement pièces que des fragments, ces ou si elles si font demander nous pouvons nous en allantMais sur lestatutloin plus du objets étudiés. de dans des collections diverses soient des fragments présentsplumes nombreuxde ornementsde que possible fait à tout est il Ainsi moments. tels de à lieu eu forcémentd’objetsn’ont pas collectes les de lors que l’assemblage du olok,Or donc enpérioderituelle. regroupés sont ne Ils détenteurs. des coffrets, parfois même séparément, par différents dans conservés sont derniers ces d’origine de fragments plumes, de ornements ces de collections les dans présence la comprendre mieux de permet nous supports, des l’instar à conservée, soit plumes de l’ornementationseul que et rituel, chaque entre le que fait le part, D’autre cimier.le toujours comportaientpas ne muséales coiffes- les pourquoi masques comprenons nous Ainsi conservés danslecoffret pakala pendants d’élytre ou de plume sont précieusement les crête et d’ara la plumes de les filières, les que (l’arcvannerie),alorsla supports, ses etsommital neuf à refait est certain parure la d’élémentsde nombre un fois chaque à et précises, occasions L’ […] sans [emplumé]. l’arc simplement, plus monté alors est il deuil, de lever le accompagnent qui celles notamment « à l’ornement utilisé pour le pour utilisé l’ornement à est utilisé pour d’autres pour Parfois,utilisé est l’olok festivités, , comme nous le supposons pour les sept les pour supposons le nous comme olok, olok Fiche de collectede Fiche d’objet, culturesdes Musée ; que le beve dn ls collections les dans observées . En effet, dans le contexte dans effet, En olok. pompoma s mné as des dans monté est olok haméré ot démonté soit olok . » correspondaussi 12 ? L’hypothèse ? etan la entraine , pompoma , Extraits Extraits du documentaire : ëputop, un Marake Wayana, ©Toucan production/RFO Guyane J.-P. Isel,septembre 2005 IV. Fonctions et valeurs des ornements de plume dans le contexte d’origine : de la coiffe-masque olok au pompoma

Les différentes valeurs sont inextricablement d’autres êtres. Ainsi la bouche aux dents longues mêlées, la valeur esthétique renvoie à la valeur et tranchantes apparaît comme un élément symbolique qui renvoie elle-même à la valeur central, particulièrement symbolique de cet être, idéologique qui renvoie à la valeur esthétique… mais aussi en tant que symbole du caractère Toutes celles-ci se lient et se stratifient pour prédateur. En revanche l’élément bouche, ainsi former un système très complexe même au sein que le reste des composants de Iolokimë, qui ont d’un petit ornement fragmentaire. été reproduits après la vue de ce dernier par un Comme nous l’avons vu précédemment, Wayana (selon le mythe décrit précédemment) le pompoma fait signe vers un élément sont dotés d’une très grande charge esthétique. particulièrement précis : la bouche du monstre « Un masque est toujours, par définition, composé Iolokimë. Le symbole passe par une association de rangées de plumes brillantes (ijan), à savoir en formelle entre les plumes et les dents, les plumes et bon état. Les plumes alors utilisées doivent donc les lèvres. « Le masque olok résulte de la production présenter les couleurs et l’aspect qu’elles ont d’une structure complexe dont l’extraordinaire quand elles sont prélevées sur les volatiles. Ainsi, charge représentative est soulignée par les détails seuls les ornements de plumes en parfait état de matériels et formels. Ce masque et d’autres objets conservation peuvent reproduire le revêtement rituels wayana deviennent actifs, en adéquation corporel de Iolokimë, condition nécessaire pour avec les formes, les couleurs, les matériaux utilisés représenter son esthétique irréprochable et, et les effets recherchés à un modèle référentiel, en en même temps, toute sa vigueur prédatrice. l’occurrence Iolokimë. »1Dans un premier temps Pour cette raison, les composants des masques Partie IV : origine et fonctions l’objet renvoie donc vers un être mythique. De sont soumis à des soins redoublés et des nattes plus, la caractéristique principale des « personnes spéciales sont confectionnées pour les isoler du démesurées », dont fait parti Iolokimë, est leur sol avant de procéder à leur montage. »2 caractère prédateur et dangereux, dévorant

2. Ibid. Les objets étaient traités avec grand soin dans leur 1. Velthem, « Le Seigneur des eaux. Fabrication et contexte d’origine. Nous constatons ici l’écart avec leur état productivité d’un masque Wayana ». actuel.

133 134 Ornements de plumes de Guyane ’pè Esi u l puasre e Ides Kayapo, Indiens des plumasserie la sur Essai D’après filières de couleurs différentes. couleurs de filières les par matérialisées rayuresétant les ornement, chaque de sein au égalementretrouve se aspect la vannerie renvoit au « monstre arc-en-ciel ». Cet sur présent plumes l’ensemblede ornements des de rayée l’esthétique Ainsi couleurs. des mythe plus decomprendre celle-ci. l’état actuel altérés (les filières désorganisées) qui ne permet d’origine,contexte et leur dans objets ces de perception la 4. Encore une fois nous constatons l’écart entre l’esthétique, pour l’art contemporain. (Paris, 1996). 1996] octobre juin-13 oiseaux « Lévi-Strauss, Claude 3. eaux des fond au il vivait monstrueux, serpent d’un forme la sous que « et tempsl’arc-en-ciel, du […] cosmique, personnage multicolore rayée, peau la à constatons nous le rapprochementici entre lemonstre Iolokimë Or oiseaux. des couleur la de etla distinction. Nous avons l’identité sur évoqué le basée mythe l’ordre, de de l’origine esthétique une est plume la l’étude,l’artde de début au vu l’avons nous Comme plumes. de ornements des esthétique valeur la de question la sur Revenons e éiSrus ls mrnin vin dans voient Amérindiens les Lévi-Strauss, de , dans », : [exposition, Paris, 19 Paris, [exposition, : oiseau un Comme Wayana et Urubu. , Gallimard-Electa Fondation Cartier Fondation Gallimard-Electa , © D. Schoepf ’rgn d l cuer des couleur la de L’origine » 3 protagoniste de ce 4 eo l’analyse Selon e principal le un sentiment de sécurité. de sentiment un ensembles sans équivoque qui procurent à l’esprit des former pour combinent se franches couleurs malaise le passages suscitent les indiscernables devenant qu’en et autres les dans unes les fondent se couleurs les cause en polychromie de type le sur s’interroger doit on mythes, les dans couleurs de « doute. au et chaos au proie en sente se ne l’esprit que pour différences ces de l’importance évidence en met cette convergence.» masque une l’art lesde chez artistiques objets Le Wayana. des maintenant en nécessaire tout distinction mondes, ces entre convergence la matérialisent ils sociaux, espaces des ipoh graphiques éléments des vision/appropriation la de toujours, presque proviennent, qui dangers de pleine est non-humain et humain mondes des des distinctions bien tranchées. de couleurs propres à chacune, offrent entre elles combinaisons des par d’oiseaux espèces les tandis que l’autre, à l’une de insensiblement passe couleurs les toutes lui en rassemble qui en-ciel, l’arc- car s’opposent qu’ils rapport ce sous aussi font c’est Or mythes oiseaux. les les et l’arc-en-cielentre lien que un couleur la de biais le par « et maléfique, l’arc-en-cielêtre un . ete, « Velthem, 8. 7. Voir : Partie II-I Etude technologique. 6. Ibid. 5. Lévi-Strauss, « L’origine delacouleur desoiseaux ». composites du masque, comme le comme masque, du composites ornements certains de s’approche l’on lorsque cas le également C’est plumes. des géométrique contrastées de couleurs, renforcées par la découpe l’objet très tranchées présenteet oppositions des coiffe-masque la sur t fondues. et douces plus transition de zones des avecalterner semblent oppositions les là, niveaurevanche ce à et deleurs artefacts. est un des exemples significatifs de significatifs exemples des un est olok 7 « Le Seigneur des eaux. Fabrication et Fabrication eaux. des Seigneur Le or e Wyn, a perméabilité la Wayana, les Pour ots e fi q’l s question est qu’il fois les Toutes 8 olok. si a cnrie qe les que contraire, au soit : : ceci constitue l’essence constitue ceci : Vu dans son ensemble son dans Vu » 6 Cela nous interroge Celanous Reproduitsles dans » 5 . Or Lévi-Strauss pompoma c’esttoujours si que soit : . En . que l’imaginaire y étant associé. En sens inverse, ces ornements arrivent dans les collections occidentales à partir du 17e, 18e siècle, résultant d’autres échanges. Ils s’insèrent alors dans une représentation de l’Amérindien en tant qu’être sauvage et cannibale. L’effet miroir est assez vertigineux lorsque nous comprenons qu’au sein du olok, du pompoma se glisse la représentation de l’homme blanc en tant qu’ «Autre» dangereux et cannibale, et que ce même objet dans la culture occidentale a reflété l’amérindien également en tant qu’ «Autre» dangereux et cannibale. Ainsi un tel objet agit véritablement en miroir, reflétant au sein des deux cultures (amérindienne et occidentale), la même image inquiétante et monstrueuse de l’altérité. 71.1878.14.19 (MQB) Pour conclure, revenons à la situation de la coiffe- Revenons à l’origine du olok : il est issu de la masque dans son contexte d’origine : vision/appropriation du ipoh monstrueux. Or les « Les évolutions du masqueolok , si elles constituent êtres ipoh sont le symbole de l’altérité. La coiffe- le propre de cet artefact, marquent aussi l’effort masque olok est donc très fortement liée à cette ultime des hommes pour réunir la beauté et, notion. Il semble alors que l’intervention de cet dans sa fabrication fidèle et précise, les éléments objet porté en contexte rituel, au sein du village, majeurs de sa transcendance. Par conséquent, refléterait l’intrusion d’un élément étranger, d’un de tels moments intentionnels permettent de « Autre » dangereux. mettre en œuvre dans l’espace même du village Si l’on considère plus précisément le pompoma un état particulier en lien avec le monde des rappelons que les dents saillantes indiquent la non-humains et la prédation surnaturelle. Un nature de prédateur du monstre. Or ces dents tel état est essentiel en période rituelle, et doit sont symbolisées par les plumes de coq. « Comme être continuellement maintenu sous contrôle, cette volaille a été connue au contact des blancs spécialement par des chants apaisants et par la et que ceux-ci sont considérés comme cannibales, non-contemplation directe du masque olok qui, cette caractéristique vaut pour leurs biens, leurs paradoxalement, présente, représente et résume artefacts et leurs animaux domestiques. »9 Il est le propre de la culture wayana. »10 particulièrement intéressant de constater que l’utilisation des plumes de coq dans le pompoma Partie IV : origine et fonctions renvoie à la rencontre avec le blanc, représentant « l’Autre », le cannibale. Dans la forme matérielle du olok, et plus particulièrement dans lepompoma résonne donc l’histoire des premières rencontres, des premiers échanges avec les occidentaux, ainsi

productivité d’un masque Wayana ». 9. Ibid. 10. Ibid.

135

Partie v

Proposition de traitement

Dans un premier temps il est important de définir sont : ne pas intervenir du tout, mais réfléchir les buts du traitement et le résultat souhaité pour aux modalités nécessaires à la mise en place d’un l’objet. véritable travail collaboratif, ou bien, réaliser le Rappelons les attentes du musée des Confluences : traitement de conservation-restauration sur la « Il nous importe de retrouver la lisibilité de la pièce base des connaissances approfondies de l’objet, et de garantir du mieux possible la pérennité de tout en préparant un retour documentaire de cette dernière dans le temps. Si besoin proposer l’étude et du traitement pour les communautés un conditionnement qui prend en compte le Kali’na et Wayana. déménagement final des collections (objet qui Le choix que nous avons fait se situe entre ces devra être le moins mobile possible dans sa boite deux propositions. En effet, nous avons choisi pour ne pas se «ré-emmêler» lors de possibles d’intervenir sur l’objet uniquement dans le but de mouvements) »1 procéder aux mesures de conservation urgentes D’autre part, la problématique animant ce travail pour limiter ses dégradations, et de permettre un partait d’un questionnement sur l’interaction état matériel stable pour sa préservation. Dans un avec la communauté d’origine dans le cadre de la second temps, nous réfléchirons aux possibilités conservation-restauration d’une pièce conservée et modalités d’un travail en collaboration avec un en institution muséale. La rencontre avec les ou des représentants des communautés Wayana communautés Kali’na et Wayana a permis une et Kali’na dans le cadre de la restauration2, de meilleure compréhension de l’objet, et une la préservation et de l’exposition de la pièce. identification plus précise de ce dernier surles Enfin, un retour vers les communautés sera mis plans matériel et immatériel. Ces éléments sont en place en communiquant l’étude et le rapport nécessaires à la réalisation d’un traitement de de traitement réalisé. Rappelons que nous conservation-restauration respectant l’intégrité considérons cette solution comme un compromis. de l’objet. Néanmoins, le but était d’avancer L’idéal consisterait à mener le travail en commun dans l’échange afin de réfléchir au traitement en de bout en bout. collaboration avec un ou des représentants de la communauté d’origine. Cette deuxième phase est loin d’avoir été mise en place dans notre cas. Ainsi, les premières questions posées reviennent à nouveau : quelle légitimité a le conservateur- 2. Rappelons que la déontologie de la conservation- restaurateur à intervenir sur un objet d’une autre restauration distingue les mesures dîtes de conservation, culture, sans la concertation et l’accord avec des et de restauration. Ces dernières se rattachent à la représentants de celle-ci ? Comment respecter compréhension, la lisibilité ou l’esthétique de l’objet traité l’intégrité d’un objet appartenant à une culture alors que les premières se rapportent à la limitation des dont on ne maîtrise pas les codes ? Comment dangers encourus pas les matériaux, en agissant soit de Partie V : proposition de traitement s’assurer que l’intervention ne va pas à l’encontre manière curative, soit de manière préventive. de l’ontologie de l’objet ? « Restoration consists of direct action carried out on Dans le cadre de l’étude menée pour le mémoire, damaged or deteriorated cultural heritage with the aim of le travail en collaboration qui nous semble la facilitating its perception, appreciation and understanding, solution la plus appropriée, n’a pu être réalisé while respecting as far as possible its aesthetic, historic and concrètement. A ce stade, plusieurs possibilités physical properties.” se présentent à nous dont les deux extrêmes “Conservation consists mainly of direct action carried out on cultural heritage with the aim of stabilising condition and retarding further deterioration.” E.C.C.O. Professional 1. Marie-Paule Imberti Guidelines.

139

I. Réflexion sur les possibilités de traitement matériel

Notre choix est donc de n’aborder le traitement que sous l’angle de la conservation curative et préventive, afin de stabiliser l’état de l’objet et retarder ses dégradations futures. En partant de l’état de conservation de l’objet 60003470 (MC), nous avons déterminé les altérations les plus dangereuses et sujettes aux évolutions. Dans le tableau suivant, nous avons envisagé, pour chaque cas, les types de traitements éventuels déclinés à différents niveaux d’action. Nous retiendrons toujours le traitement le plus minimal possible.

Nous allons aborder désormais, un panel d’actions possibles sur l’objet afin que, conscients des implications de chacune d’elles, nous fassions le choix le plus adapté à la situation. Les différentes

catégories de traitements et méthodes présentées Partie V : proposition de traitement ci-dessous sont issues de bases répertoriées dans la littérature du milieu de la conservation- restauration ou auprès de professionnels. Toutes les méthodes ne se valent pas et il est important de les nuancer, et de les adapter à la situation particulière de l’objet, ainsi qu’aux buts recherchés. Elles servent néanmoins de support de réflexion pour inventer la méthode la plus appropriée.

141 142 Ornements de plumes de Guyane

Tableau récapitulant les altérations de l’objet 60003470 (MC) et les possibilités (non-détaillées) de traitement de celles-ci.

ALTERATIONS à TRAITEMENTS risques évolutifs Non- Intervention minimale Intervention approfondie Intervention lourde intervention Désorganisation Particulièrement Réorganisation mécanique générale. Réorganisation générale et détaillée déconseillé car Réorganisation détaillée ponctuelle en milieu humide. dangereux. avec éventuel apport d’humidité. Légère pression si nécessaire.

Déformations Remise en forme mécanique, Remise en forme mécanique avec avec ou sans pression légère. apport d’humidité. Légère pression si nécessaire. Bris et lacunes Consolidations ponctuelles des fils et Consolidations ponctuelles des plumes. fils et plumes et réintégration des plumes. Empoussièrement/ Dépoussiérage mécanique léger. Nettoyage localisé des plumes par Nettoyage par bain d’immersion. Encrassement solvant.

Les cases grisées correspondent à l’absence d’alternative dans la catégorie concernée. 1. Le nettoyage :

Le nettoyage est une action irréversible et donc structure tridimensionnelle de la plume.1 particulièrement délicate et interventionniste. Il est important de déterminer au préalable les a. Dépoussiérage mécanique : raisons et l’effet souhaité. La première question qui se pose est donc de savoir si un nettoyage La méthode préconisée est celle de la micro- est nécessaire, souhaitable ou non, et à quel aspiration de la poussière superficielle à l’aide niveau ? Il faut être conscient qu’une part de d’un aspirateur à faible intensité muni d’un l’empoussièrement ou des salissures peuvent- micro-embout et/ou d’une gaze de protection être liées au contexte d’origine de l’objet, et contre l’aspiration de fragment de plume ou même constitutif de son identité. Il est également d’autres matériaux constitutifs. Dans le cas de important de considérer que l’empoussièrement plumes particulièrement fragiles, il est possible appartient aux altérations en lien avec la valeur de travailler avec une gaze placée sur les plumes historique de l’objet, qu’il révèle cette valeur elles-mêmes. et fournit de l’information. Il peut donc être Dans un premier temps l’aspiration seule devrait considéré comme un élément constitutif de l’objet être pratiquée dans le sens des barbes de la plume dans son état actuel. (de l’intérieur vers l’extérieur). Dans un second Il faut également être conscient des dégradations temps, un pinceau doux peut être utilisé pour qu’un nettoyage peut causer ; en particulier éliminer plus de poussières (le type recommandé dans le cas des plumes, la plus fréquente étant par Y. Huguet2 est un pinceau en éventail 100% la désorganisation des barbes et barbules, mais poils naturels de mangouste3). des problèmes de décoloration et de fragilisation Cette méthode est l’une des plus sûres et efficaces de la kératine peuvent également apparaître. Il concernant le dépoussiérage effectué dans un est donc nécessaire d’estimer la juste mesure cadre de conservation curative. Mais dans le cas entre l’efficacité d’un nettoyage et la dégradation de plumes et duvets fragiles et pulvérulents elle causée par la méthode utilisée. doit être utilisée prudemment.4 D’autres méthodes, comme l’utilisation d’éponge Quelles sont les différentes méthodes possibles pour le nettoyage d’un objet de plumes et de fibres végétales ? 1. Janet Mason et Fiona Graham, « A Review of Feather Les méthodes que nous considérons ici sont basées Cleaning Techniques », in Fur Trade Legacy : The Preservation sur celles étudiées dans le domaine des plumes, of Organic Materials (présenté à 31st Annual Conference car ce matériau est majoritaire dans notre cas. En Partie V : proposition de traitement of the Canadian Association for Conservation of Cultural revanche le choix définitif devra nécessairement Property, Jasper: CAC, 2005). prendre en compte les autres matériaux présents 2. Yveline Huguet, conservateur-restaurateur des biens et s’adapter à la situation particulière. culturels en matériaux organiques, spécialiste des collections Les différentes expériences recensées dans la ethnographiques et d’histoire naturelles (mammifères et littérature spécialisée mettent en évidence la oiseaux). Diplômée du Master CRBC. nécessité de toujours débuter en retirant la 3. Yveline Huguet, « Le nettoyage et la restauration des poussière superficielle en essayant de toucher plumes: une sélection de méthodes », CRBC, no 29 (2011): le moins possible aux plumes. Sans cela, les 49-58. particules de poussières risquent fortement de 4. Mason et Graham, « A Review of Feather Cleaning s’insérer plus profondément à l’intérieur de la Techniques ».

143 144 Ornements de plumes de Guyane résine constituant les objets peut également fonction en dissolution peut de risques des présenter objets les constituant La dissoudre. résine s’y peut substrat le car oxydées, coton de fibres les pour nuisible être également remettre en forme certaines déformations. certaines forme de possibilité en la remettre et l’opérateur pour solvants des l’innocuité est méthodes ces L’avantage de froid d’air contrôlé. ou saleté) la également (absorbant buvard à de l’aide pratiqué être peut il essentiel, le et rvqe lhdoye e a kératine barbes. des l’agglomération la que ainsi de l’hydrolyse provoquer peut peut être elle de l’eau dangereuse dans le cas de plumes anciennescar l’utilisation revanche, En les plumes altérer peuvent qui alcalins résidus les retirer de afin nécessaire est déminéralisée l’eau à rinçage etbuvards.de Lorsqu’un détergeant est un utilisé traitées l’aideparties à les matériaux étanches de isolant en la utilisés tamponnage le ou vaporisation telles localisées méthodes des ou ultrasons, sans ou avecd’immersion bains comprennentles Techniques ». « Graham, et Mason 8. 7. Ibid. sélection deméthodes ». 6. Huguet, « 5. Ibid. sujet. le sur littérature ou la dans controverses non-ioniques nombreuses de détergents des L’utilisation détergents provoque anioniques. des à associée non déminéralisée l’eau ou jeu Elles en plumes. mettent des cas le dans documentées et testéesrégulièrement sont Différentes méthodes sur lesplumes,nousneaborderons pasici. contrainteset des induites littérature scientifique la dans constatée efficacité faible leur de raison ou de Groomstick® peuvent être utilisées, mais en Wishab®) éponge ou Sponge® (Smoke chimique b. Nettoyage aqueux : Le nettoyage et la restauration des plumes: une 6 L scae s dn tu ls cas les tous dans est séchage Le . 5 e mtoe d ms e œuvre en mise de méthodes Les Rve o Fahr Cleaning Feather of Review A 8 Elle peut Elle 7

lissage desplumes de huiles les retirer de susceptibles l’utilisateur.sont solvants plusieurs pour plumes, de ornements des cas le sanitaires Dans protections le cas nécessitent solvants des Ces utilisée. être l’eau dans peut où ne cas utilisées les dans et sont gras, d’encrassement méthodes Ces l’objet et deslimites destraitements àappliquer. une basemeilleurepour connaissancede l’eau.informationsà matériauxconstituerontCes peut être menée afin constitutifs de déterminer matériaux la les réaction sur des tests de série Une cellulosiques. de ce solvant à hydrolyser et capacité desplumes la évidence en mettent anciennes surfibres de l’eau l’utilisation garde s’adressent envers en mises nombreuses elles De dégradés. peu effet, et au récents plus objets des En adaptées à vraisemblablement considéré. peu semblent cas méthodes Ces également être cause dedégradations. peuvent séchage le et rinçage Le insectes. les par dommageables dans le cas de plumes détériorées etle peut bain tamponnage sont des méthodes Le particulièrement dégradations. elle de procédé l’origine car à du être importante, œuvre extrêmement en mise est la part D’autre possible. un solvant à utiliser de la manière la plus restreinte cas notre L’eaudans ancienneté. donc son est de 10. Le terme « terme Le 10. de l’eau. décomposition la de provenant OH- et H+ ions des fixation 9. L’hydrolyse correspond à la décomposition d’un corps par manière, en conservation-restauration, les conséquences les conservation-restauration, lamême en De manière, scientifiquement. définies mal aujourd’hui encore et l’autre, à espèce d’une variant complexes, sont et l’oiseau de en fonction la et composition La queue plumes. ses enduit il dont la de base (ou la uropygienne à la glande située uropygiale) produit que sécrétions des c. Nettoyage parsolvant non-aqueux : huile de lissage de huile 10 et dedissoudre lespigments 9 la kératine et les fibres » est utilisé pour qualifier pour utilisé est » lipochromes ou caroténoïdes11 ainsi que certaines coiffe-masque olok met en évidence que « un résines.12 Certains ont la capacité de modifier la masque est toujours, par définition, composé de kératine, et les alcools peuvent provoquer des rangées de plumes brillantes (ijan), à savoir en réactions d’estérification13 de la protéine, bien que bon état. Les plumes alors utilisées doivent donc cela soit encore peu documenté et non-prouvé présenter les couleurs et l’aspect qu’elles ont scientifiquement.14 De même que dans le cas de quand elles sont prélevées sur les volatiles. Ainsi, nettoyage aqueux, les méthodes de mises en œuvre seuls les ornements de plumes en parfait état de incluent les bains d’immersion ou l’application conservation peuvent reproduire le revêtement localisée avec ou sans action mécanique comme corporel de Iolokimë ». Un état empoussiéré et le brossage, et un rinçage nécessaire. L’utilisation altéré de manière générale est donc en opposition de solvant particulièrement volatile peu faciliter avec cette fonction. Mais nous considérons que le séchage. dans notre cas l’empoussièrement est constitutif Ici encore, les méthodes sont particulièrement de l’objet et qu’il témoigne de son histoire. De interventionnistes et à risque pour l’objet, ce qui plus, s’agissant d’une pièce de musée et, à priori nous incite à écarter ces possibilités. Une série non destiné à servir à nouveau au cours de rituel, de tests de réaction des matériaux à différents cet aspect ne sera pas privilégié au détriment des solvants peut néanmoins être envisagée pour une valeurs historiques. Enfin, lorsque nous avons pu meilleure maîtrise des propriétés de l’objet. observer des ornements conservés dans un coffre par le Gran Man de Twenke, ces derniers étaient Dans notre cas, c’est l’empoussièrement et empoussiérés, ce qui nous amène à penser que l’encrassement généralisés qui posent la question l’empoussièrement résulte partiellement du du nettoyage. Une telle action agirait alors au contexte d’origine. niveau de la conservation préventive d’une Dans tous les cas, nous ne souhaitons donc pas part, pour limiter les risques d’abrasion des faire disparaître cet aspect. C’est pourquoi nous matériaux et d’attaques biologiques. D’autre avons décidé d’écarter les nettoyages par solvants part il s’agirait d’une action de restauration liée à (aqueux et non-aqueux). En revanche, le simple des choix esthétiques ou documentaires (limiter dépoussiérage mécanique peut être envisagé l’occultation de couleurs ou de détails liés à dans le cadre d’une action de conservation l’empoussièrement). préventive et dans le but d’éviter l’accumulation L’article Le Seigneur des eaux15, détaillant la de poussières dans le futur.

du retrait ou du vieillissement de ces « huiles » ne sont pas maîtrisées, bien que des études tentent de comprendre ces phénomènes (par exemple A. Rae). Partie V : proposition de traitement 11. Voir Partie II : Etude technologique. 12. Huguet, « Le nettoyage et la restauration des plumes: une sélection de méthodes ». 13. Réaction au cours de laquelle un groupe alcool (OH-) est condensé à un groupe acide carboxylique (-COOH) avec élimination d’une molécule d’eau (H2O), ce qui forme une liaison ester (-COOC-). 14. Mason et Graham, « A Review of Feather Cleaning Fabrication et productivité d’un masque Wayana », Techniques ». in Masques des Hommes, visages des Dieux regards 15. Lucia Hussak Van Velthem, « Le Seigneur des eaux. d’Amazonie (Paris: CNRS éd., 2011).

145 146 Ornements de plumes de Guyane coton liens subsidiaires, les fils de fils subsidiaires,les cotonliens filsde les des filières, supports coton de fils les sont consolidations les par les concernées (MC), zones 60003470 l’ornement de cas le Dans mécaniques decette actionsur l’objet. et chimiques physiques, conséquences les sur et souhaité, d’intervention niveau le consolider, de nécessité la sur s’interroger de important est Il minimale. intervention une comme considérées ce dernier. En ce sens, elles peuvent du rarement être laplupart temps l’ajout de matériaux extérieurs à l’objet sur engagent Elles restauration. de opération d’une alors s’agit il lisibilité, meilleure de Dans un intervention une permettent consolidations les temps, second d’une et préventive. cas curative ce conservation dans derniers. s’agit ces Il à mécanique une cohésion restituer de certaine ou matériaux, des fragilité la permettre d’atténuer peuvent consolidations Les brillance et forme doivent de couleur, être prisesencompte. correspondances les fibres végétales Enfin de souples. fils des et tectrices petites casdes le dans limitée être doit consolidations des par apportée rigidité la support part, D’autre utilisé. de de matériau à la compatibilité l’éventuel et de et l’adhésif la particulièrement stabilité à être devient donc attentif situation faut la Il l’objet,complexe. de celui comme concret cas un dans idéales, conditions des dans queles adhésifs employés soient bien réversibles et car, localisables délicate particulièrement est consolidations des réversibilité la de question La de plumes sont en notre possession et localisables. fragments les lorsque ou brisées, totalement pas sont ne dernières ces lorsque que possibles sont plumes. Dans ce dernier cas, les consolidations ne 2. Lesconsolidations : kulaiwat ou les ou : Développée dans un article de Techné de article un dans Développée Méthode dufilde Paraloïd B72® : et nesouhaitons paslaretenir dansnotre cas. est à la limite de la déontologie de la restauration, démarche cette que considérons Nous grand. est d’amalgamerbarbes risque les le et compromise, la visibilité de cette méthode est particulièrement 17. Stéphanie Legrand-Longin et al., et Legrand-Longin Stéphanie 17. (1994): pp.39-59. edn o fahr vanes feather of mending « Drummond, Gina : voir d’informations plus Pour 16. 8 Prli B2, ooyèe éarlt déhl et d’éthyle acrylate deméthyle, produit parRohm &HaasCompany. métacrylate copolymère B72®, Paraloid 18. à l’acétone à l’aide d’un petit pinceau ou d’une pinceau petit d’un l’aide à l’acétone à et réactivé àconsolider zone la sur placé est fil de consolidation », restauration des plumes: une nouvelle technique acrylique fil à copolymère B72®, de Paraloïd d’un bille d’une réalisation partir la en consiste méthode la goutte sur les barbes. les sur goutte la déposer pour d’entomologisterecourbée aiguille d’une est l’utilisation G. Drummond, de l’article pour la œuvreprésentéeadaptéeen dans plus la comme pratiquée être consolidation des vexiles et des rachis peut fins. La mise méthode Cette Méthode delagoutte d’adhésif : découvrir dans cedomaine. à restent solutions nombreuses de part D’autre une base qu’il convient d’adapter, sont nuancer et critiquer. présentées méthodes différentes Les car ellesconditionnent desméthodes différentes. avoir lieu, soit peut consolidation la les desquelles niveau au zones distinguer de important est il d’abord Tout a. Consolidation des plumes, le cas des le plumes, des Consolidation a. tectrices : 18 , chauffée. Après refroidissement ce refroidissement Après chauffée. , : le calamus, le rachis ou les vexiles, Techné », 16 , n Mais la réversibilité et réversibilité la Mais 9 n 19, Bulletin AICCM o 23(2006):61-64. « Laconservation- 17 cette o 3-4 The pipette. Une légère pression est ensuite exercée d’être plus visible. avec une pince pendant quelques secondes. Cette technique permet une mise en œuvre Méthode du doublage : contrôlée et une intervention discrète Le doublage peut être utilisé pour une visuellement, la résine est stable, réversible consolidation au niveau du rachis ou dans un et le soutien reste souple. Elle s’applique plus vexile. Cette technique, qui consiste en la pose particulièrement aux zones très fines comme les d’une bande d’un matériau de support enduite barbes ou les rachis fins. d’un adhésif au dos de la zone brisée, est plus En revanche la visibilité et la réversibilité de particulièrement développée dans le mémoire cette opération au sein d’un objet complexe sont de E. Enard.21 Le papier japon, le non-tissé de faibles. Il est également important de s’assurer polyester ou la crêpeline de soie peuvent être de la non-sensibilité des matériaux aux solvants utilisés comme matériaux de support. Ils sont au employés avant de l’envisager. préalable enduits d’un adhésif, outre ceux cités précédemment, il peut s’agir de colles naturelles Méthodes de l’atèle : ou d’éthers de cellulose. Une fois appliqué sur Ces méthodes peuvent être mises en œuvre la plume, le doublage doit être réactivé soit par au niveau du calamus, du rachis ou des barbes spatule chauffante soit par solvant. en fonction du type d’atèle et de plume. Il Cette méthode, particulièrement visible et s’agit d’utiliser un matériau imprégné d’un détectable en tant que restauration, semble adhésif venant supporter la zone totalement néanmoins poser de réels problèmes de ou partiellement brisée. Les matériaux utilisés réversibilité, l’arrachage des barbes étant quasi- doivent être compatibles chimiquement et systématique lors du retrait.22 mécaniquement et les adhésifs principalement recensés pour cette méthode sont des résines Nous considérons toutes ces méthodes comme acryliques et des acétates de polyvinyle.19 Selon très interventionnistes, dans le sens où l’ajout la littérature, l’utilisation des fils de polyamide d’adhésif est systématique et parfois difficilement (nylon®) ou de polyester est la plus adaptée dans détectable et réversible et où la mise en œuvre le cas des plumes.20 Le fil doit être imprégné de engendre l’utilisation de solvants ou de chaleur l’adhésif au préalable puis positionné sur la plume, pour la réactivation. Appliquées sur des petites l’adhésif est ensuite réactivé à l’aide d’une spatule plumes, anciennes et altérées, nous estimons chauffante ou par solvant. L’isolation des autres que ces interventions sont particulièrement plumes et la mise en pression de la zone sont dommageables. donc nécessaires dans ce cas. Les températures, Dans le cas de l’objet 60003470 (MC), les quantités de solvant et pressions les plus faibles consolidations concerneraient les plumes possibles doivent être privilégiées. partiellement brisées au niveau du rachis, calamus Partie V : proposition de traitement Ce type de méthode présente des caractéristiques ou des barbes, pour lesquels le fragment risque très proches de celle du fil de Paraloïd B72®, en revanche elle implique deux types de matériaux au lieu d’un, ce qui engendre plus de risques de 21. Emilie Enard, « A plumes et à poils: au coeur des mauvaises compatibilités mais présente l’avantage traditions andines. Conservation-restauration du poncho à plumes du Musée des Jacobins (Auch), Pérou précolombien. Etude comparative de différentes méthodes des plumes 19. Ibid. cassées. » (INP, Département des restaurateurs, 2010). 20. Huguet, « Le nettoyage et la restauration des plumes: 22. Huguet, « Le nettoyage et la restauration des plumes: une sélection de méthodes ». une sélection de méthodes ».

147 148 Ornements de plumes de Guyane l’exposition mais à la conservation réserve, en comme l’objet 60003470(MC). la conservation à à destiné pas mais n’est l’exposition qui objet d’un cas le dans adaptée être pourrait méthode Cette l’objet. de vue la à sensibles zonesrepérage des rapidele et localisation du fragment si la plume etla a été rompue, la récupération chocs, aux face protection celle-ci et sans y être fixé. Cela permet à la fois une briser, qui se de risque exercersans contraintede sur la plume à envelopper vient adapté conservation, la intissé…), tissu, (papier, déterminer aaoae ae l vlné e osre u objet un pourquoi nous n’avons passouhaité lesaborder. conserver C’est historique). de dimension la à rapport volonté par (notamment la avec etmême paradoxales extrêmes très semblent nous restauration, de méthodes Ces intégré. été a plumes de motif un lesquels faisant sur d’autresmatériaux mais existent, plumes des pas non intervenir variantes Des traité. l’objet de plumes aux de consolidation) méthodes des utilisant (en intégrés sont plumes ces dans découpés fragments Des couleur). la exemple (par restauration la distingue l’on que pour varie aspects des l’un courbure, dont mais épaisseur,couleur,structure…), (forme, d’origine plumes des possible proche plus le », « neuves plumes des utilise réintégration La 23. dernier cas est àlalimite delaréintégration Ce récoltés. et désolidarisés déjà fragments aux s’appliquer se briser pourraient elles Enfin, futur. le de dans susceptibles seraient qui des fragiliséesplumes peuvent zones les Elles concerner désolidariser. également se de fortement réversible. Pour cela, nous réfléchissons à réfléchissons nous « principe un cela, Pour réversible. totalement manière de briser, se de point le et sur fragiles très plumes les spécifiquement plus maintenir de et protéger d’envisagerde possible D’autre part, nous pensons qu’il serait néanmoins manipulations del’objet. et les aux l’environnement sur réfléchirons d’actions possibilités nous situation, la d’aggraver à sont d’éviterbut revanche,le déontologiques.En dans et traitements techniques fois la ces à raisons des que pour écarter semble nous Il d’enveloppe » u mtra à matériau un : 23 . Exemple sur un prototype de la protection des plumes des protection la de prototype un sur Exemple en lesenveloppant dansunpapier. b. Consolidation des fils de cotons : Mais d’autres techniques, issues de la conservation de textiles, ne font intervenir que l’aspect Plusieurs cas se présentent sur l’objet : les ruptures mécanique pour réaliser une consolidation. Il des filières et celles des liens subsidiaires. Dans le est ainsi possible d’envisager un travail avec un premier cas toute opération est particulièrement second fil venant doubler celui qui est rompu, délicate car le fil de coton est couvert des calamus mais fixé à ce dernier par des points de couture des plumes et associé au fil dekulaiwat imprégné ou par de petits nœuds réalisés ponctuellement. de mani. Des restaurateurs textiles conseillent d’utiliser Les méthodes de consolidation de fils peuvent un fil de doublage de même nature que celui à parfois faire intervenir des adhésifs. Dans ce cas, consolider (donc en coton dans notre cas), d’une les principes et limites sont très proches de ceux couleur proche mais plus fin pour ne pas masquer présentés précédemment. l’original. Pour relier les deux fils, un troisième Une méthode est ainsi basée sur un principe de très fin (de manière à ce qu’il casse en premier en manchon : cette consolidation peut être réalisée cas de tension), peut venir nouer régulièrement lorsque les deux extrémités du fil rompu peuvent les deux autres. être mises bord à bord. Un matériau fin, souple, Cette méthode peut être particulièrement utile mais suffisamment résistant (tel le papier japon) lorsqu’une partie du fil brisé est fragmentaire et imprégné d’adhésif est placé autour de celles-ci que la situation nécessite donc de réaliser une pour les maintenir reliées. extension. Une autre méthode se base sur le principe du Cette troisième méthode est totalement doublage : un second fil, choisi pour ses qualités réversible, très facilement reconnaissable en proches du matériau d’origine, peut être utilisé tant que restauration, et plus facile de mise imprégné d’un adhésif adapté, pour doubler la en œuvre que les deux autres. Elle sera donc zone de rupture. largement privilégiée si nous considérons que des consolidations de fils s’imposent.

Fil d’organsin de soie Fil de doublage en coton Fil original, brisé, en coton

Schéma d’une possibilité de mise en oeuvre de la consolidation des fils rompus Partie V : proposition de traitement

149 150 Ornements de plumes de Guyane et compréhension de celle-ci est nécessaire. Nous connaissance bonne une revanche En d’origine. « à pas cherche ne les tensions, mais à atténuer s’attache qui possible, minimale plus la réorganisation, une d’envisager important semble nous Il immatériel. également mais d’équilibre part, d’une objectif matériel Equilibre l’objet. un pour dans menée être peut qu’ellealorsconsidérons Nous générale.manière inscrit cette action dans les choix de traitement de avons et décision notre prendre pouvoir de afin l’avonsNous largeplus angle un sous étudié donc Dans une telle situation le choix est très complexe. originels. où état sens lases formation un de etforme sa de l’objetéloigné trèsest et termes, et long le sur nouvelles de présentes l’évolutiondégradations revanche des en implique Cela l’objet. manipulant en dommages nouveaux de risquer nepas la d’origine, risquer la forme pas de ne surinterprétation l’objet, respecter de signifie historique l’état non-intervention la Choisir de manière irréversible. dégradations, des résultant actuelle, forme à revanche lisibilité en implique certaine Cela l’objet. une redonner mais également conditionnement, le et manipulations les l’objet,déformations, stabiliser et faciliter bris de risques les diminuer contraintes, et tensions les conservation curative de signifie l’objet dela le cadre dans réorganisation une Engager l’intervention demi-mesure, minimale n’est paspossible. la où cas un dans l’objet. sommes de perception Nous fortementla une action pratiquement irréversible et modifiant traitement signifie ce Mais plumes. des et filières nous envisageons un travail de réorganisation des conserver et de stabiliser l’objet. Dans ce contexte de implique de afin cela à remédier pour solution trouverune dégradations, des d’évolution et risques de facteur principal le soient l’objet, de Le fait que les désorganisations, à tous les niveaux 3. Laréorganisation/ remise en forme : retrouver : modifier la modifier : l forme la » : atténuer: déformées, emmêlées et en tension, il est particulièrement possible zones certaines de cas le Dans si envisagée être nécessaire. peut position nouvelle une pression légère l’objet stabiliser dans pour correctement répartie Une de manuellement. l’aide le ou à appliquant pince possible, en contrainte réalisé de minimum être doit travail Le le permettent les matériaux car humidification Nous avons donc préféré retenir une méthode sans sensibles àl’eau. potentiellement anciens matériaux des raison en en il s’agitcasnotre dans d’unetroprisquée approche Mais l’objet. travailler de chambre autour contrôlée une de et adaptée créant envisagé en humide, être atmosphère pourrait il Parmi les manières d’approcher un tel traitement, les zones résistantes. forcer sans possible, douce plus la manière la de ce mené envisagercas traitement.travail les tousLe seradans pour mécanique résistance de et souplesse de suffisamment générale manière conservait de l’objet que constater de permis ont Des tests de manipulation des plumes et des fibres préalable s’assurer que l’état de ceux-ci le permet. signifie manipuler les différents matériaux. Il l’objet faut donc au de réorganisation la à Travailler valeurs historiques et d’ancienneté. précédemment qui témoignent l’attachement aux nous considérons que ce choix Mais s’équilibre avec ceux ethnographique.fait valeur la que ainsi d’originecontexte son dans associés sont lui qui termel’objet,long de le sur valeursles sens etles par cette action de réorganisation, la préservation (état avant et après) et localisée. Nous privilégions documentationphotographiée sera étape Chaque nécessaire. et La importante particulièrement traversés. place une prendra a qu’il stades l’objetbris, différentscontinuera des témoigner à altéré, de même que pour l’empoussièrement et l’étatdisparaîtrefaire les à pas donc chercherons ne d’envisager un apport d’humidité très localisé 4. Choix du traitement : et contrôlé si les matériaux le permettent, afin d’utiliser le pouvoir relaxant de l’eau. A l’issue de cette première réflexion, se dessine la proposition de traitement matériel que nous souhaitons mettre en place pour l’objet. Des séries de tests seront par ailleurs menées sur des échantillons avant toute décision définitive. Pour le traitement, l’objet sera placé sur un plan de travail constitué d’une mousse de polyéthylène (plastazote®) qui permet de le stabiliser par sa légère rugosité. Des épingles, plantées dans la mousse, peuvent être utilisées afin de maintenir certaines filières séparées. La plupart des opérations seront effectuées sous loupe pour un meilleur contrôle et une bonne précision. Dans un premier temps, les plumes et zones particulièrement fragiles seront sécurisées en les enveloppant dans un matériau de conservation pour les protéger (papier, intissé…). Puis le travail de réorganisation générale de l’objet pourra débuter, en procédant de manière méthodique, par le revers de l’objet pour une meilleure visibilité, et en commençant par les filières inférieures. À ce niveau, les filières et fils brisés pourront être consolidés de manière mécanique si cela est jugé nécessaire pour la conservation de l’objet. Enfin un léger dépoussiérage mécanique de l’ensemble de l’objet sera envisagé. Ce traitement, qui débutera à l’issu de la rédaction du mémoire, se limite donc aux opérations les plus minimales et réversibles possibles tout en assurant un travail de conservation curative et préventive. Il fera l’objet d’un rapport de traitement spécifique, joint par la suite au présent mémoire. Partie V : proposition de traitement

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II. Réflexion sur la conservation préventive

1. Les conditions environnementales1 La lumière : La lumière représente un risque particulièrement important de dégradation des matériaux La conservation préventive s’attache à agir sur organiques, elle est responsable du phénomène l’environnement afin de prévenir et préserver nommé photodégradation qui provoque, au l’objet de dégradations futures. Différents facteurs niveau des plumes, des décolorations, mais sont à prendre en compte pour la conservation également d’autres types d’altérations comme d’un ornement de plumes, de fibres végétales le jaunissement et la fragilisation de la kératine et, à petite échelle, de résine. Les insectes ou la (l’irradiation, en particulier par les rayonnements poussière sont, comme nous l’avons vu au niveau de faible longueur d’onde (notamment UV), de l’état d’altération de l’objet, des facteurs de provoque des transformations dans l’agencement dégradation importants, et les musées mettent des atomes et molécules de matières). Les en place le maximum de dispositions pour dommages que cause la lumière sont cumulatifs palier ces derniers. D’autres facteurs doivent et irréversibles. Il est donc primordial de être particulièrement étudiés dans le cas d’un contrôler l’action de cette dernière par la mesure ornement de plumes. de l’éclairement (c’est-à-dire l’action du flux lumineux sur une surface, s’exprimant en lux),

du rayonnement UV (ultra-violet, grandeur Partie V : proposition de traitement énergétique s’exprimant en mW par m2 ou en mW par lumen). Le contrôle de la chaleur dégagée par les sources lumineuses (rayonnement infrarouge) est également nécessaire, provoquant notamment l’assèchement des plumes et des fibres végétales. C’est l’exposition totale à la lumière qu’il est 1. « Notes de l’ICC 13/1 », mars 27, 2007, http://www. important de contrôler. Elle est égale à l’éclairement cci-icc.gc.ca/publications/notes/13-1-fra.aspx; Bishop lumineux (lux) par la durée d’exposition (heures). Museum, « The Care of Feathers », 1996; « c2rmf - Fiches Les plumes sont généralement classées dans la techniques », s. d., http://www.c2rmf.fr/pages/page_ catégorie de matériaux extrêmement sensibles id18475_u1l2.htm.

153 154 Ornements de plumes de Guyane l’objet dansla partie V.III Réflexion sur l’exposition. de d’éclairements conditions les sur reviendrons Nous 2. faire faut matériaux il les l’assèchement, à étudié, l’objet tendance ayant de cas le bonne Dans une pour 25°C et conservation. 15° entre situer doit se la température que estime on organiques matériaux les Concernant moléculaires. ruptures les notamment accélérant chimiques, réactions La chaleur agit comme catalyseur de beaucoup de donc être compris entre 45%et 55%. les fibres végétales le taux d’humidité relative doit les réactions d’hydrolyse. Pour les plumes comme en atmosphère à haute humidité relative accélère rompre prolongement le l’inverse, A se pression. faible sous de risquent barbes les et cassantes les plumes se dessèchent rapidement, deviennent important. En dessous de 35% d’humidité relative plus le l’élément organiques. donc est taux du matériaux constance La les tous endommager peuvent réduit, temps en importantes variations Des taux d’humidité relative extrêmes, ainsi même que la des température, à mesuré en%. (S) d’air volume même ce contenir et la quantité maximale de vapeur d’eau que peut (HA) donnée température une à d’air volume un dans d’eau contenue vapeur de quantité la entre par la relation liés sont ils car l’autre de l’un indépendamment considérés être pas doivent ne facteurs deux Ces La température et l’humidité relative (HR): des plumes àlalumière. sensibilité la précisément Getty plus déterminer au età affiner à (notamment cherchent cours Institute) Conservation en études Des être doit régulièrement). l’efficacité contrôlée et préalable au dont testée UV les absorbants filtres de couvertes être doivent lampes et les vitres et (les maximum au 15000lxh/an, filtrés être devant dépasser ultraviolets pas devant ne l’exposition maximum, nécessitant 50lux de textiles), éclairement un les (comme lumière la à

: HR % = HA x 100/S. Soit le rapport 2 6,5 et 7,5pouruneconservation optimale. entre compris rester l’environnementdoit de pH une entraîner peuventnéfaste basique atmosphèreou acide l’objet.à Le poussière polluants la les et l’air confiné, de espace même conservés un dans objets autres de les matériaux conditionnement, Les tryptophanes. des niveau aminoacides au ruptures des la entraînant de plume, structure est la plus) pour dangereux ou plus 8 encore (pH alcalin environnement la Un de chimiques plume. la de fragilisation ruptures une kératine entraînant des provoquer de risque moins) ou 6 (pH acide environnement Un Le pH : dans uneatmosphère trop sèche. conserver les ne pas à particulièrement attention 2. Conditionnement/manipulations : visuel, notamment lors des déplacements et manipulations. Le conditionnement représente un axe majeur de Des indications claires et précises, tel que le sens la conservation préventive, en particulier dans le de la boîte, la fragilité du contenu ou d’autres cas des ornements de plumes, qui « souffrent » mentions spécifiques doivent figurer sur le principalement de dégradations physiques et conditionnement si cela est nécessaire. mécaniques. Les risques d’altérations associées à Le maintien de l’objet à l’intérieur de son un conditionnement inadapté dans le cas de l’objet conditionnement doit être optimal afin qu’il ne 60003470 sont : l’emmêlement des plumes et se déplace pas lors des manipulations. Ce point filières, des bris et lacunes, des déformations des est particulièrement important et doit être matériaux, des tensions internes, des altérations considéré très attentivement. Dans le cas étudié, chimiques des matériaux. l’objet est maintenu par deux petites bandes Le conditionnement actuel3, créé lors du chantier de Tiveck®, attachées au plateau de support et des collections est, de manière générale, plutôt nouées au début de chaque tresse. Les risques adapté à l’objet, néanmoins des améliorations liés à ce système sont d’engendrer des tensions peuvent être envisagées. Comme c’est déjà le cas, particulièrement localisées au niveau des deux ce type d’objet nécessite véritablement d’être points d’attache, déjà sensibles. D’autre part, conservé dans une boîte étanche à la poussière et l’objet n’est pas totalement stabilisé, toute la le protégeant des chocs. partie centrale pouvant se mouvoir lors de choc Trois axes majeurs sont à considérer pour réfléchir ou manipulations brutales. au conditionnement le plus adapté possible :

a. Les manipulations du support ou boîte de conditionnement :

Le format, la taille et le poids de la boîte ou du support doivent être pris en compte pour faciliter Points de fixations des bandes de Point de fixation de les manipulations. Cela est particulièrement Tiveck® dans le conditionnement l’objet important dans le cas de conditionnements de actuel. grandes tailles ou pour le cas d’objets lourds où il faut rendre ces derniers les plus pratiques possible. Quel autre système d’attache, de calage peut-il Dans notre cas cet aspect ne nous concerne que être envisagé ? Le plateau en lui-même, constitué très peu, l’objet étant petit et léger, il sera aisé d’une mousse recouverte d’un papier cristal, qui de le transporter. Néanmoins, il est important de est un matériau lisse et donc glissant, pourrait prendre garde à ne pas superposer d’objets ou être remplacé par une mousse plastazote®, Partie V : proposition de traitement de conditionnement lourd sur ce dernier lors du légèrement rugueuse donc permettant de limiter stockage. les mouvements. Ce système a été adopté pour Le système d’ouverture et d’accès à l’objet doit les objets du MQB. être le plus aisé possible, et le contrôle visuel Un calage à l’aide de mousse ou d’autres matériaux doit pouvoir être effectué facilement. En ce peut difficilement être mis en place en raison de qui concerne le cas étudié, ces conditions sont la nature souple et fragile de l’objet. Mais d’autres remplies. Le couvercle ajouré permet l’accès solutions doivent être envisagées afin de répartir les tensions, peut être à l’aide d’autres bandes de Tiveck®. 3. Décrit dans la partie II.II Etude de conservation.

155 156 Ornements de plumes de Guyane céa ’n xml d spot e ’be dn sa dans l’objet de support de exemple d’un Schéma l’objet. pour le maintien de Tiveck® de Bandes « un d’imaginer possible est il Ainsi fortesplumes. les sur trop contraintes de exercer pas ne pour s’adaptantsouple, déformationstrès aux support revers,du planéitéfaut envisagerplateauil de un la si enchevêtrements adaptée, subsistent, impliquant une non- plus sides Néanmoins atténuée. la est désorganisation est recourbées, néanmoins être pouvant tresses les plat, à étendu, contraignante pour lui. Dans notre cas, la position moins la position la dans placé être L’objet doit variations climatiques selon les cas. aux sensibles ou étanches moins etplus ou pHneutre de l’objet, avec compatibles être temps, le dans stable donc conservation, la à doivent adaptés utilisés pasde matériaux ou les peu Tous que ne faisant concessions. en solution, meilleure la déterminer de nécessite domaine ce C’est pourquoi dégrations. d’importantes facteur seraient inadaptées, étaient elles si qui, choisies, conditions à les rester dans et position la dans longtemps destiné sera L’objet des considérations terme. long le sur implique dimension Cette compte tous les paramètres en de manière concrète. prendre et solution pour meilleure nécessaires la déterminer sont tests Des boîte. la dans stabilité de l’objet sur ce dernier, et de l’ensemble intissé. Dans un tel cas, il faut s’assurer de la bonne coussin b. L’objet dans son conditionnement en état en conditionnement son L’objet dans b. de stockage » réalisé par exemple en Tiveck® ou en ou Tiveck® en exemple par réalisé » boîte. Tiveck® de Coussin au niveau des jonctions entre filières etliens filières subsidiaires. entre jonctions des niveau au l’objet et plusieurs points de tensions apparaissent de l’ensemble sur agit pesanteur la part, d’autre points, deux ces de niveau au tensions fortes crée de Cela plumes. de ruban du côté chaque de « façon de font se Elles délicates. très sont même lui- en l’objet de manipulations les revanche, En du plateaux MQB). les sur (présent main la passer de permettant d’encoches ou languette de système l’extraction pourrait celui-ci de être un facilité par et préhension la revanche En boîte. la de dehors en manipulé aisément être peut repose il lequel sur le plateau Actuellement repositionnable. et préhensible facilement être doit L’objetdéfaire. faire et à aisé être doit maintien de système Le Quelques zones detensions sous l’effet depesanteur. instinctive c. Manipulations del’objet » en le prenant à la base des tresses,des base prenantla le à en » La manipulation de l’objet en dehors du plateau peut intervenir lorsque ce dernier doit être exposé, ou pour des raisons d’observation et de contrôle. Plusieurs hypothèses et propositions doivent être testées pour déterminer la meilleure solution. Il faut envisager un soutien qui permette d’accompagner l’objet et de rester présent sous ce dernier même lors de l’exposition. Il doit donc être suffisamment discret pour n’être que peu ou pas visible. Nous pensons qu’il est possible d’envisager un support placé en-dessous de l’objet, en forme de bande ne dépassant pas ou très peu la zone emplumée, donc dissimulé à la vue. L’objet devra être manipulé en position horizontale, les mains placées sous le support. Ce dernier doit donc présenter une certaine rigidité pour ne pas s’affaisser. L’objet étant léger, un textile, intissé ou papier suffisamment rigide est-il suffisant ? Ou bien, faut-il envisager une mousse (Plastazote® par exemple) molletonnée ou non sur le dessus, pour venir soutenir l’objet ? Dans les deux cas, il est important d’adapter un système de préhension aisée du support.

Support adapté à l’objet.

Bande (Tiveck®) de maintien de l’objet sur le plateau.

Plateau de Plastazote® muni de Partie V : proposition de traitement languettes de préhension.

Boîte de conditionnement Schéma d’un exemple de conditionnement

157

III. Réflexion sur l’exposition

Deux objectifs sont primordiaux pour l’exposition de ce dernier, les normes définies permettent de d’un objet : ralentir ces dégradations mais non de les éviter. -assurer un état de conservation le plus approprié « Pour des objets extrêmement sensibles (valeur possible. 1 et 2 sur l’échelle de la laine bleue) [les matériaux -réfléchir à la cohérence entre la façon de organiques, comme les plumes sont classée présenter l’objet et ses sens. dans cette catégorie], les recommandations, Nous allons donc présenter différents points à notamment de l’ICOM, préconisent de ne pas prendre en compte, et sur lesquels il faut réfléchir. dépasser le niveau de 50 lux pour une exposition Ici encore, il n’existe pas une seule solution, mais n’excédant pas trois mois, et cela une fois tous des possibilités à adapter selon les cas, à inventer les trois ans. C’est-à-dire un mois par an soit 250 et nuancer. heures. La valeur de l’exposition lumineuse sera donc de 250 heures X 50 lux soit 12 500 lux.h pour Les matériaux : l’année. »1 Ils doivent être adaptés aux normes de Cela signifie que les temps d’exposition de l’objet conservation-restauration et aux propriétés sur une ou plusieurs années ainsi que la puissance de l’objet (de même que pour ceux du de l’éclairage utilisé doivent être prévus de pair et conditionnement). Leurs propriétés doivent en amont.

également s’adapter à la fonction qu’ils seront Différents facteurs sont à prendre en compte pour Partie V : proposition de traitement amenés à remplir. Ils ne doivent pas « prendre l’éclairage le plus adapté à la fois à la conservation le dessus » sur l’objet mais rester suffisamment mais aussi à l’observation de l’objet en exposition : discret pour mettre ce dernier le plus en valeur la norme de quantité de lumière est fixée à 50 lux, possible.

La lumière : 1. Institut international de conservation des oeuvres L’exposition d’un objet particulièrement sensible à historiques et artistiques. Section française, « La la lumière, comme un ornement de plumes, pose conservation des textiles anciens : journées d’études de la de nombreuses questions et contradictions. Le fait SFIIC, Angers, 20-22 octobre 1994. » (Champs-sur-Marne de montrer l’objet est un facteur de dégradation (29 rue de Paris, 77420): SFIIC, 1994). J.-J. Ezrati

159 160 Ornements de plumes de Guyane particulièrement efficace lors des périodes de des périodes lors efficace particulièrement de l’objet, d’éclairage temps du les diminution et une contrôle un dans permettent Canada, du observées musées notamment méthodes, différentes Ces l’objet. devant mouvement d’un détection la de lors déclenchant se minuterie à éclairage un d’imaginer possible également est Il enfoncé. est bouton le que temps l’éclairagele déclencher un éclairage minuté ou bien permettre par le public à l’aide d’un bouton actionner plusieurs à éclairage d’un sous s’agir peut présenter Il formes. se peut principe Ce l’objet de cas considéré. dispositif le d’un dans question dynamique d’éclairage la sur pencher nous souhaitons nous éléments ces tous à rapport Par étant plusdifficileàdistinguer. plus l’objet de de caractéristiques besoin les même ont ou d’éclairement qui âgées personnes les compte en prendre faut il revanche,dans la En théorie. couleurs, des distinction la permet qui mais basse plus la limite la à correspond lux -5O conservation desobjets. bonne la pour judicieux est semi-pénombre une dans d’exposition plateau du l’ensemble plonger de Branly Quai du musée du choix le domaine ce observation de l’objet est d’autant plus forte. Dans bonne la pour faibletrop lumière de l’impression et de s’adapter levisiteur pour difficile devient il faiblement, plus éclairée est l’objet de zone la Si la luminosité alentour est trop forte et que seule l’objetlequel est exposé êtrecompte.doit en pris dans lieu du général -L’environnement lumineux objets sensibles. dans la zone afin de ne pas éclairer inutilement les travail de d’ouvertureou périodes des dehors en désactivé être doit -L’éclairagemusée du général peut être dangereux. qui ce chaleur, de source d’éclairagessont types déterminer.Certains à important élément un est lumineuse source la et l’objet entre distance La donc être installés sur les vitres, lampes et vitrines. doiventUV êtretous filtresles filtrés, doivent des : les couleurs sombres et peu contrastées peu et sombres couleurs les : : ce dernier peut interaction intéressante ou superficielle et ou superficielle inadaptée au message del’exposition ? qu’une intéressante ainsi ludique interaction caractère un Donne-t-il artistique valeur la de détriment au pièce la de pour effet d’accentuer la valeur de documentation impression un tel système donne de l’objet En revanche nous pouvons nous demander quelle faible luminosité. la palliant détails, des observation meilleure une pour vitrine, la à loupe de système un d’ajouter être envisagé même peut Il l’observation. pour ci. Le visiteur est alors invité à ouvrir ce « ce ouvrir à invité alors est visiteur Le ci. pour celle- sur agir sans lumière vitrine-tiroir la de l’objetprotéger une d’utiliser envisagé ilpourrait être Québec, de Civilisation la de Musée les inconvénients au vu l’avons vitrine nous Comme l’éclairage. par créés compenser de de dispositif permettant un d’imaginer possible Dans le cas de la pièce considérée il est également climat interne doitêtre contrôlé. souffles d’air.des à Le même sensibles matériaux et les néfaste, particulièrement la étant d’objet, poussière type ce de cas le dans s’impose Elle La vitrine : d’exposition del’objet. période même la conservant en visuel, confort le faciliter pour lux, 50 à supérieur éclairement un d’éclairageà stade d’unminimum passer de bien Ou d’exposition. le temps d’allonger permettre peut qui convenuce minimum lux), éclairéau (50 de passer stade un à peu), très de choisir (ou non-éclairé stade d’un permet dispositif tel Un faible fréquentation. tiroir ? A-t-il » ? Pour finir nous allons réfléchir sur les différents Objet sur un plan légèrement incliné : choix de présentation de l’objet qui peuvent Le degré d’inclinaison doit être étudié et ajusté se présenter ainsi qu’à leurs conséquences de pour que l’objet ne glisse pas, le support peut ainsi conservation et d’information sur l’objet. Il ne être choisi dans un matériau légèrement rugueux. s’agit pas d’une liste exhaustive des modes de Cette présentation apporte le même type présentation mais d’une base de réflexion. d’information que la première mais donne le sens du tombé de l’objet et des plumes, ce qui peut Objet posé à plat : refléter la façon dont il était porté. Cette solution apparaît comme la meilleure pour la conservation des matériaux, comme nous l’avons Objet sur un plan vertical : vu lors de l’étude du conditionnement. La vitrine Le choix de maintenir l’objet à la verticale doit alors être ajustée à la bonne hauteur pour devient complexe pour sa bonne conservation. permettre de surplomber l’ensemble de l’objet Les tensions s’exerçant plus fortement sur sa sans devoir se pencher trop pour en observer les structure, les points d’accroche, de maintien de détails. Le revers n’est alors pas visible, mais cela l’objet au support doivent être particulièrement est-il important et/ou intéressant dans le cas de cet bien étudiés. Il est important de s’assurer que les objet ? Sachant que, dans le cas de l’ornement en matériaux peuvent résister à cet état sur le long fonction, le revers n’était pas accessible non plus, terme. et que la majorité des informations qu’il révèle Différentes solutions peuvent néanmoins être sont également présentes à la face (sauf les détails mises en place, en se rapprochant de procédés d’attache des plumes qui ne sont accessibles que utilisés pour les textiles. Il peut être envisagé de lors d’une observation très rapprochée). Dans coudre, par quelques points, un support textile le cas où la visibilité du revers serait néanmoins adapté, sur le revers de l’objet. Les points de souhaitée, il reste possible d’envisager de placer couture attachant les filières sans les endommager l’objet sur une vitre et de munir le dispositif d’un et en répartissant les tensions. Ce textile pouvant miroir sous-jacent. ensuite être fixé verticalement sur un support Ce mode de présentation montre l’objet dans un rigide. état éloigné de celui qu’il a lorsqu’il est porté en Une autre méthode pour maintenir l’objet à la condition rituelle dans son contexte d’origine. verticale de manière moins intrusive, se base Néanmoins, il se rapproche de son état de sur l’utilisation de petits aimants et d’un support conservation dans le contexte d’origine (comme métallique (ces derniers pouvant être enveloppés nous avons pu le voir chez le Gran Man de Twenké dans un textile pour protéger l’objet). Le musée où les objets, conservés à plat dans un coffre nous du Quai Branly développe particulièrement ont été présentés de la même manière). des systèmes de présentation sur cette base.

Une telle présentation donne-t-elle une forte Dans notre cas, les aimants ne seraient bien sûr Partie V : proposition de traitement valeur d’abstraction à cet objet ? Les valeurs pas placés directement sur l’objet (risquant de esthétiques, mais aussi de documentation sur les fragiliser les matériaux), mais judicieusement techniques et styles sont-elles particulièrement répartis entre les filières, permettant à celles-ci de mises en avant par ce mode d’exposition ? reposer dessus lors de la présentation verticale. (Cette solution peut également s’adapter àun plan incliné.) Ce type de présentation peut avoir pour effet de montrer l’objet comme un tableau, ce qui donne une très forte connotation de valeur artistique occidentale et peut être inadapté en niant les

161 162 Ornements de plumes de Guyane ouin et emtr u apc moins figé, ainsi qued’apprécier letombé desplumes. unaspect cette sens, permettre peut autre solution un Dans d’origines. valeurs Deux exemples deprésentation verticale. ainsi qu’un « matériaux des fragilisation une déformations, et de points tensions graves d’entraîner de d’attache risquent insuffisant nombre un répartition ou Une inadaptée d’ornement. type ce de cas le defils dans complexe d’attache dispositif àl’aide un nécessite de suspension méthode Cette La suspensiondel’objet : l ’ge glmn d l mtoe a plus la méthode la de « également s’agie Il que celles présentés danslesdeuxpoints précédents. lourdes, d’un de relativement contraintes conservation, s’approchant même les forme, présente porté, état une dans l’objet Cette méthode qui consiste à socler ou suspendre La miseenforme entrois dimensionsdel’objet : envisager cela. les risques d’altérations sont trop importants pour faitressentir. objet, cet de le cas dans Néanmoins se corps du l’absence figé, moins est suspension en l’objet valorisée, est esthétique dimension La une volonté d’épuration, à caractère un flottant donné l’objet. reflète intervention méthode Cette véritable l’objet. sur une représente qui Ce support (textile par exemple) lui-même suspendu. un sur sécurisé préalable l’objetau que soit donc la pesanteur. Pour envisager cette méthode il faut et lesconnaissances et est doncàvaloriser. l’expérience vécue enrichit réflexion, la de sens, différentsles contextessur ultérieurs, du apporte que d’origine,contexte ainsi du et fonction sa de propos à documentation de l’ajout que pensons dernier. Nous ce à superposés sens différents ouverts les de laisser donc surinterprétation, sans valeur en mettre le conservation de permettent et bonnel’objet, de une pour adéquates les plus sont Elles propositions. premières deux les En conclusion de cette approche, nous préconisons qu’un n’est l’objet que fragment, cette solutiona-t-elle unsens ? et hypothèse que d’une s’agit ne il cas notre dans que Alors l’objetporté. de forme la de sûr d’être nécessite Cela privilégiantvaleursles contexteau liées d’origine. intrusive affaissement de l’objet a nva d sn d l’objet, de sens du niveau au » » en raison de IV. Proposition pour un travail collaboratif

Cette réflexion s’attache aux conditions à réunir la vie et des préoccupations des communautés et aux éléments à mettre en place pour qu’une concernées. D’autre part, le dialogue peut- collaboration entre un ou des représentants il s’instaurer de manière collective, avec des communautés d’origine des objets et les l’ensemble de la communauté ou avec un ou des conservateurs-restaurateurs et représentants des interlocuteurs particuliers ? Des représentants musées ait lieu. Le but de cette approche n’est de la communauté vont-ils émerger et faire le pas de définir le protocole en lui-même, ce qui ne lien avec celle-ci ? ferait que reproduire la relation de hiérarchie et Lors de notre voyage trop bref, nous avons constaté d’autorité qui doit être dépassée. Le protocole de la difficulté à instaurer le dialogue. Plusieurs travail, les étapes, la structure et les buts du projet éléments nous sont apparus. Avec les anciens, doivent donc eux-mêmes être définis en commun, possédant beaucoup de connaissances sur le sujet, en inventant une nouvelle manière de fonctionner. la barrière de la langue représentait un véritable L’approche du conservateur-restaurateur doit être obstacle à une bonne compréhension, même basée sur sa remise en question et sur la possibilité lorsqu’une personne aidait pour la traduction. de transformer éventuellement ses conceptions Avec les jeunes la communication ne posait et ses convictions. aucun problème, mais ces derniers nous disaient Nous allons donc réfléchir ici aux conditions parfois ne pas en savoir assez pour nous aider. Les

nécessaires à la rencontre et à l’échange dans un intellectuels possédant une double culture très Partie V : proposition de traitement tel cadre. La première condition est la prise de forte n’étaient pas forcément disponibles. contact et l’échange. Elle implique nécessairement Dans tous les cas, pour la réalisation d’un tel de se rendre au sein de la communauté pour projet, il ne nous appartient pas de choisir le ou rencontrer les interlocuteurs, apprendre, se les interlocuteurs ou représentants, mais c’est à faire connaître, présenter et expliquer le projet. ceux qui veulent s’impliquer de le décider. Si un Le temps est un élément crucial, la rencontre et groupe se forme, le projet pourra véritablement l’échange nécessite un laps de temps irréductible. s’instaurer en s’inventant lui même. Le temps est également nécessaire pour s’adapter, En revanche nous tenons à mettre en évidence transformer son discours et ses convictions. la volonté de préserver la notion d’équilibre de Discours qui est, dans certains cas, éloigné de partage et de compromis dans les décisions qui

163 164 Ornements de plumes de Guyane à lacollaboration avec les communautés. perspective d’ouverture des institutions muséales échange un dans une unet s’élargissant dans s’intensifiant, à continu, tendre ponctuel devrait peut-être temps, premier projet, et tel sociétés, Un deux ces concrétisant unpatrimoine partagé. de ainsi témoignant occidentale, société la dans place véritable une temps du fil au acquis ont qui mais amérindienne culture d’une d’objetsissus autour prises, seront En conclusion de cette approche du traitement de conservation, nous tenons à mettre en regard les propositions établies pour l’objet du musée des Confluences, avec l’ensemble d’ornements du musée du Quai Branly. L’approche des objets de la collection 71.1878.14 peut se baser sur les mêmes considérations : la volonté de stabiliser les pièces avant tout, d’intervenir de manière minimale en conservation curative, mais aussi dans le domaine de la conservation préventive. Mais l’intérêt particulier de ces objets réside dans le fait qu’ils font sens en tant qu’ensemble, et qu’ils peuvent se compléter au niveau des sens qu’ils proposent. Ainsi les objets X377483 et 71.1878.14.19 sont en suffisamment bon état et ne nécessitent pas ou très peu d’intervention de conservation curative. Ils se rapprochent de l’aspect qu’ont pu avoir les ornements dans le contexte d’origine, reflétant ainsi les sens et fonctions associés. Par contre, les pièces 71.1878.14.10 et 71.1878.14.7 sont dans un état plus précaire, assimilable à celui de l’objet du musée des Confluences, et nécessiteraient un traitement curatif pour être stabilisées. Enfin les objets 71.1878.14.20 et 71.1878.14.21 sont dans un état de dégradation tellement avancé qu’on peut se demander s’il serait bien nécessaire d’envisager un traitement. Au contraire ces deux pièces, en l’état actuel, témoignent de la dimension historique, des différents contextes traversés, et des altérations associées. Ensembles, ces ornements restituent une vision complexe et multiple des sens leur étant liés. Si une volonté d’exposer ces pièces se dessinent, un traitement plus poussé devra, peut-être, Partie V : proposition de traitement être envisagé pour certaines. Cette démarche peut alors devenir un véritable tremplin pour le développement du dialogue et du travail collaboratif avec la communauté d’origine, non seulement dans le cadre de la conservation- restauration, mais aussi dans celui de l’exposition et du discours tenu sur les objets.

165

Conclusion

Comme nous l’avons vu, les parures de plumes ou de valorisation des collections. Se placer dans étudiées sont des supports pour penser l’altérité, cette dimension de dialogue et de partage des dans leur contexte d’origine, mais aussi dans le responsabilités peut permettre de dépasser les contexte de la société occidentale. C’est la voie paradoxes et contradictions, liés à la légitimité et à qu’elles nous ont incités à prendre au cours de l’éthique, dans lesquels se trouvent les institutions cette étude. Se questionner sur cet ensemble, patrimoniales et les conservateurs-restaurateurs. originaire des Amérindiens de Guyane, dans le cadre de leur conservation-restauration s’inscrit Le voyage d’étude, entrepris cette année, a dans une réflexion sur les rapports que met en permis de poser une base au dialogue autour du place (ou a mis en place) notre société avec celle sujet et des objets traités. Il a également permis dont sont issus les objets. Une telle approche de rencontrer des personnes avec lesquelles il de la conservation se mêle aux domaines pourrait être possible de poursuivre et développer ethnographique, sociologique mais aussi politique. l’échange à ce sujet. Le voyage nous a également Bien que ce dernier sujet soit délicat, force est fait prendre conscience des nombreux projets de constater (notamment lors du voyage réalisé) collaboratifs et participatifs développés, ou vers que toute action par rapport au patrimoine se lesquels tendent les institutions patrimoniales en lie à la dimension politique, en particulier dans Guyane, mais aussi de l’écart avec la métropole à le contexte de revendication et d’affirmation ce niveau. identitaire des groupes socioculturels amérindiens En revanche nous devons faire apparaître que le de Guyane française, sur les plans régional, travail engagé dans ce sens au cours du mémoire national et international. ne se concrétise que sous forme d’amorce. Il est Face aux nombreuses interrogations suscitées par donc important de continuer à le développer. les objets étudiés et leur conservation muséale, Dans l’idéal ce projet pourrait ainsi se poursuivre, nous avons choisi de mettre en évidence la en partenariat avec les institutions concernées, et nécessité de la rencontre, de l’échange avec nous souhaitons aller dans cette direction. les communautés pour tendre vers un travail Le traitement de conservation de l’ornement du collaboratif appliqué aux choix de conservation- musée des Confluences sera concrétisé à l’issu restauration, mais aussi d’exposition, de gestion de cette recherche. Il s’attachera à stabiliser

167 168 Ornements de plumes de Guyane motn deggr n « particulièrement un d’engager apparaît important nous il contexte ce 2. Ibid. du Rituel France: Maraké », mars 2011. la de immatériel culturel « patrimoine al., et Frémaux Céline 1. au premiermarakérangle situe se desquels essentiels, savoir-faire et connaissances les perdre laisser pas ne de celle et modernité la de volonté personnesmanifestent concrètement double une « effet, En communauté. la de surtout mais patrimonial domaine du professionnels de l’implication révèlent développement, de cours en sauvegarde de méthodes d’autres que ainsi processus, Ce de engagé. est immatériel rituel ce de patrimoine l’Unesco du la liste sauvegarde sur d’inscription de processus demande qu’un la de signaler vu en de important est il particulièrement plus coiffe-masque la avec et lien leur étudiés, Wayana pièces une provenance des de a permis évidence en recherche mettre cette si part, D’autre traitement pluspoussé. d’un réalisation la la pour avec d’origine communauté dialogue le les développer ouvertes de laissant possibilités en l’objet pérenniser de permettra action Cette possible. minimale plus la l’intervention sur des concentrant se réorganisation en tout filières, la implique qui ce pièce, la a rnmsin u nuels générations nouvelles aux transmission etde sa ce patrimoine de en interne re-légitimisation la et revalorisation la à aussi contribuent actions ces que entendu étant l’extérieur, à communautés des immatériel et matériel patrimoine le valorisent qui sauvegarde urgente de l’Unesco, notamment vue du d’inscription demande la en de engagées et proposées mesures des lignée la dans s’inscrire peut réalisé mémoire de travail le ose. ’ur pr, a orut ds questions des des poursuite la part, D’autre àdisposition dossier. la mettre ce dans évoquéété a cela communautés,comme de afin réalisée cle e ’prpir e instruments les s’approprier de celle : ih tp divnar du d’inventaire type Fiche retour maraké olok du d l’étude de » sur laliste de plusieurs » maraké » : « 2 1 Dans . . Ainsi, . celles , notre recherche. de le cadre dans particulièrement tout résonne restauration d’objets d’origine conservation- la de autour collaboratif travail de 3. Lemoment duQuaiBranly (Paris: Gallimard, 2007). la condition permanente de toute culture toute de permanente condition la est l’hybridité, encoreparler, ou ainsi l’onpeut si l’altérationAutrementdit, culturelle, l’identité de culture a tendance à se prendre pour toute culture. aux autres cultures, continuel même si, paradoxalement, rapport chaque un dans toujours évolue En conclusion nous mettrons en évidence le évidence Hurbon Laënnec en de propos mettrons nous conclusion En patrimoine immatériel decette société. sauvegardedu de démarches les dans également « : wayana hqe culture Chaque s’inscrirait » 3 , qui ,

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175 annexes

Sommaire

annexes pARTIE I A.I - 1. Fiches ornements de plumes collection 71.1878.14, MQB

Annexes partie ii A.II - 1. Matériaux constitutifs des ornements étudiés A.II - 2. Fiches oiseaux A.II - 3. Glossaire de la plume A.II - 4. Tapirage

Annexes partie iII A.III - 1. Transcription de l’entretien avec mme. Fransisca Yampa A.III - 2. Les ornements fabriqués par Mme. Fransisca Yampa

Annexes partie iV A.IV - 1. Mail de Daniel Schoepf A.IV - 2. Fiche de collecte Musée des cultures guyanaises

Annexe Documentation vidéo

3

Annexes partie i A.I -1. FICHES ORNEMENTS DE PLUMES COLLECTION 71.1878.14 MQB

5 6 Ornements de plumes de Guyane 7 8 Ornements de plumes de Guyane 9

Annexes partie ii a.ii - 1. Matériaux constitutifs des ornements étudiés

Le coton :

Identification de la fibre de coton : Un échantillon de fibre de coton a été recueilli sur un fragment provenant de l’objet 60003470. Il a été observé sous microscope et comparé à un coton référent.1 Nous observons la caractéristique du coton : les torsions de la fibre.

Photo d’une fibre de coton de l’objet observée au ©Fiber Reference Image Library microscope, grossissement 40x Fibre de coton x400

Dans la cadre de cette étude, différentes sources bibliographiques ont permis de mieux comprendre le travail du coton chez les Amérindiens de Guyane2. Le coton est prélevé puis laissé sécher au soleil, il est ensuite stocké dans des paniers ajourés, à l’abri de l’humidité. Pour former un fil, le coton est peigné et débarrassé de ses impuretés, cette opération permet de rendre les fibres parallèles et de densifier l’ensemble. La masse de coton va ensuite être entortillée, de manière lâche à son extrémité puis progressivement plus serrée vers l’autre extrémité.3

Schéma de W. E. Roth, 1924

1. « Fiber Reference Image Library: Cotton: Cotton fibers, bright field, 400X », s. d., https://fril.osu. edu/index.cfm?fuseaction=collections.seeItemInCollection&CollectionID=15d57ad2-9696-41f6-b706- 5070e613b0e4&ItemID=49398cb8-b3ba-4575-adfd-93db3b0d8268. 2. Walter Edmund Roth, An introductory study of the arts, crafts, and customs of the Guiana indians (Washington, D.C.: U.S. Govt. Print. Off., 1924); Françoise Grenand et Jean-Marcel Hurault, Indiens de Guyane : Wayana et Wayampi de la forêt (Paris: Éd. «Autrement, 1998). 3. Roth, An introductory study of the arts, crafts, and customs of the Guiana indians.

11 12 Ornements de plumes de Guyane comme danslecas présent. derniers sont utilisés pour la fabrication de hamacs, de filets de pêche ou pour les ornements corporels ces créés fils des de l’épaisseur fonction En diverses. réalisations des à lieu donne coton travaildu Ce pour s’enrouler ensemblesurletroisième. respectif fuseau de leur alors se déroulent fils deux les engagée, est filage de action même La large. plus fuseau, troisième un sur ensemble attachées sont fuseau leur sur simples fils deux extrémitésde Les épais. plus nouveau un obtenir en pour d’assembler ainsi formés possible estfils il les suite, Parla ou sedéfasse, et doitrester ainsipendant quelquesheures pourbiensefixer. Lorsquel’opérationZ. en afin tension en ou êtreS bloqué ne frise doit fil qu’il le est d’éviter terminée, traction (le poids du fuseau) et de la torsion exercées. En effet, deux types de torsion sont possibles, en sur le l’extrémité ainsi fil filage le coton.de formé quantitéet du type la résulte Ce de de libérée, dela fibres attachée est fine plus la l’extrémité fuseau, un mouvement et de rotation est imprimé à ce dernier par l’une des mains, l’autre poignet main pressant du autour enroulé est coton de L’écheveau de produire unfilfin. la de poids Le filage. du fusaïole conditionne l’épaisseur lors torsion du fil, si et elle est mouvement lourde le conserver fil aura pour une grandeinertie tension mais une il sera difficile et à poids sert un fusaïole donner Cette motifs. de ornée et bois en ou tortue de carapace tapir,en de os en fabriquée deGuyanesont indiens les par utilisés fuseaux Les constitués d’une fuseau. baguette de bois pointue, passée au travers d’un d’une gardel’aide circulaire (fusaïole), souvent à est réalisé coton de fil Le J-M. Hurault,F. et P. Grenand,1998 Fuseau, Wayana, Guyane © MuséeduQuaiBranly 71.1939.25.663 La fibre végétale et la résine :

Présence sur l’objet : Il s’agit d’un fil réalisé en fibre végétale enduit d’une résine à l’origine non-identifiée. Ce fil très fin est utilisé pour nouer la hampe repliée des plumes.

Nature de la fibre : Les recherches de terrain et bibliographiques ont permis d’en apprendre plus sur cette fibre mais une incertitude subsiste. Des personnes Kali’na et Wayana ont été interrogées quant à la nature de cette fibre. Les réponses étaient toujours identiques et sans hésitation, il s’agit du kulawa na na chez les Kali’na et du kulaiwa chez les Wayana. Ce nom de plante est ici utilisé pour désigner les fils réalisés à partir de cette dernière. Les fils présents sur les objets sont donc des fils de kulaiwat. Mais l’identification précise du kulaiwat reste pour nous incertaine. Cette information a été recoupée avec différentes sources bibliographiques. Dans l’ouvrage de W. Roth4, il est mention du kuruaua, terme correspondant et dont les techniques de travail sont les mêmes que celles décrites sur le terrain. Ce terme correspond à la plante Bromélia. Le terme kulawa est également référencé dans le dictionnaire wayapi-français de F. Grenand5, et correspond au Bromélia karatas. Enfin la thèse de D. Davy mentionne également cette plante, en recensant les différents termes utilisés dans les différentes langues de Guyane. Ainsi Broméliale karatas correspond bien au kulaiwat chez les Wayana et au kulawa na na chez les Kali’na.6Mais d’autres sources associent le kulaiwat aux Agaves. Cette étude met en évidence la disproportion des informations, celles rapprochant le kulaiwat au Bromelia karatas sont plus nombreuses et plus rigoureuses. C’est pourquoi, tout en conservant une petite incertitude, nous considérons qu’il est plus fiable de rapprocher les fibres étudiées de celles du Bromélia karatas. En revanche nous utiliserons le terme de kulaiwat pour les désigner tout au long de l’étude car cela semble plus pertinent compte tenu de la situation.

Taxonomie 7 : Règne : Plantae Règne : Plantae Sous-règne : Tracheobionta Sous-règne : Tracheobionta Division : Magnoliophyta Division : Magnoliophyta Classe : Liliopsida Classe : Liliopsida Sous-classe : Zingiberidae Sous-classe : Liliidae Ordre : Bromeliales Ordre : Asparagales Famille : Bromeliaceae Famille : Asparagaceae Genre : Bromelia Genre : Agave Espèce : Bromelia Karatas

4. Ibid., 114. 5. Françoise Grenand, Dictionnaire wayãpi-français: lexique français-wayãpi : Guyane française (Peeters Publishers, 1989), 239. 6. Damien Davy, « “Vannerie et vanniers” : approche ethnologique d’une activité artisanale en Guyane française » (Thèse de doctorat, [s.n.], 2007). 7. « SITI * Amérique du Nord », s. d., http://itis.gbif.net/pls/itisca/taxaget?p_ifx=plglt&p_lang=fr.

13 14 Ornements de plumes de Guyane 9. Roth, Anintroductory study ofthearts,crafts,andcustoms oftheGuiana indians 8. Davy, « Vannerie et vanniers ». Lokono, Palikur),(Arawak- descendres,d’abeille desfeuilles decoton… cire la de ajoutent y Certains près. variantes quelques à Guyanes, des plateau du pain. formeen sa donner lui de afin spp.) (Cecropia canon d’un bois ou d’un bambou creuse tige la dans coulé puis latexbouilli estCe D’après la thèse de D. Davy, « Lors du voyage les interlocuteurs Kali’na et Wayana ont été unanimes pour qualifier cetteSur lesobjets, larésine noire est visibleauniveau desnœudsformés résine autour desplumes. de Nature delarésine : régulièrement et jetés afin dene conserver quelesfibres internes. les fibres internes. Désormais des lambeaux déchirés pendent autour des fibres internes. Ils sont retirés de lafeuille externe lapartie entourant dedéchirer apour Cetteeffet vivement action tiré bas. vers le main. est la L’ensemble dans position en maintenue et rigide bâton d’un autour attachée ensuite est au niveau de la tête de l’utilisateur. La feuille est suspendue par son extrémité la plus fine. feuilleUne Cetteest fixée de boucle corde une par attachée support dernièreà un stable. Cette arrive boucle environ La description qu’en fait W. E. Roth précise. abstraite peu reste donc en et travail,description ce la même n’avons nous nous de Mais observer pu Concernant cette technique, source bibliographique et témoignages recueillis lors du voyageLe travail du concordent. couleur grise, et unmorceau travaillé, deforme cylindriqueet decouleur noire. sujet. En revancheEn sujet. avonsmorceaunous observerun de pu Sur le terrain nous n’avons pu confirmer cette technique de fabrication par manqued’information àce Musée des cultures guyanaises. kulaiwat Echantillon demani. : le mani » Cette utilisation se Cette utilisation retrouve» les différentschez amérindiens groupes 9 correspond rapportée àcelle par uninterlocuteur Wayana. est fabriqué à partir du latex jaune de 8

mani Extraction delafibre Extraction kulaiwat non travaillé,non formede irrégulière, de ©Roth W. E.,1924 . Symphonia globulifera mani . […] . La description du kulaiwat par Daniel Schoepf dans sa fiche de collecte pour le MCG10 nous apprend que : « Les fibres de kulaiwat sont séparées en quantités égales puis roulées avec une main sur une cuisse tandis que l’autre main maintient les fibres tendues. Pour être prolongés, les brins sont joints entre eux, leurs extrémités par le même mouvement, et les cordelettes sont formées de la même manière à l’aide de deux ou trois brins. »

Fibres végétales de kulaiwat, provenance wayana. ©Roth W. E., 1924 Musée des cultures guyanaises. 91.7.141

Le fil ainsi formé est conservé sous forme d’un écheveau. Lorsqu’un morceau va être utilisé il est enduit de la résine mani. La technique consiste à enrouler une fois le fil autour du bloc de mani et à tirer vivement, ou à frictionner le bloc sur le fil tendu. Par l’effet de chaleur provoquer la mani fond et recouvre la fibre. Cet ensemble permet d’obtenir un fil plus résistant, imperméabilisé et plus adhérent.

Ce travail d’extraction des fibres de fabrication du fil et de travailmani du est un travail traditionnellement masculin.

10. Voir annexe

15 16 Ornements de plumes de Guyane analysé selon la mêmeméthode. KBr.prélèvementde de Un de échantillon Un Travaux dirrigés parCélineJoliotet Cathy Vieillescases. Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, Laboratoire de Chimie appliquée à l’Art et à l’Archéologie. 11. Sepctroscopie Infrarouge àTransformée deFourier Analyse IRTF Echantillon de Guyane. de provenant mani Echantillon Vue aumicroscope dumani4x/0.10 11 delaré mani provenant de Guyane a été analysé en IRTF, selon la méthode de la pastille la de méthode la IRTF,selon en analysé été a Guyane de provenant sine : mani provenant d’un fragment de l’objet 60003470 (MC) a également étéégalement a l’objet(MC) de 60003470 fragmentprovenantd’un Vue enloupebinoculaire désolidarisé del’objet. fil de plume, fil de Fragment kulaiwat mani et

RESULTATS, interprétés par Céline Joliot :

100 Echant illon résine manil 98 96 1380 2850 1455

94 1037 1090 1729 417,05 1633 92 2922 %T 90

88 86

84 3425

Mat ière résineuse 80

70

60 1602 1282 %T 1376 1451

50 1733 2849 40 2917 30 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 Nombre d'onde (cm-1)

L’échantillon de résine et la matière résineuse comparée dans ces deux spectres montrent à la fois des similitudes et des divergences (notamment au niveau de la bande d’hydratation). En fait la résine Manil ou Manni provenant de « Symphonia globulifera » est exsudé de l’arbre appelé latex. La matière résineuse contient les bandes caractéristiques des résines polyterpéniques végétales : C=O à 1733 cm-1 C-H à 2917 / 2849 Et d’autres bandes caractéristiques de l’empreinte digitale à 1451 / 1376 / 1282 des C-H

L’échantillon de résine Manil prélevé quant à lui présente des bandes caractéristiques supplémentaires compatibles avec les gommes-résines : O-H à 3425 C=O à 1633 pour les gommes et 1729 pour les résines C-H à 2922 / 2850 Et d’autres bandes caractéristiques de l’empreinte digitale à 1455 / 1380 des C-H

En conclusion le matériau analysé se rattache plus à une résine polyterpénique, mais ne présente pas les bandes d’hydratations mise en évidence dans la résine native de latex standard. Peut-être du à la mise en œuvre de l’échantillon pour son utilisation.

17 18 Ornements de plumes de Guyane A.II - 2. Fiches oiseaux

Taxonomie1 :

Nom français Nom latin Genre Famille Ordre Coq Gallus gallus Gallus Phasianidae Galliformes Ara bleu Ara ararauna Ara Psittacidae Psittaciformes Ara chloroptère Ara chloropterus Ara Psittacidae Psittaciformes Ara rouge Ara macao Ara Psittacidae Psittaciformes Toucan Ramphastos Ramphastos Ramphastidae Piciformes (vitellinus, tucanus, toco) Hocco Crax alector Crax Cracidae Craciformes Aigrette Egretta (thula, Egretta Ardéidae Pélécaniformes garzette) Anhinga anhinga Anhinga Anhinga Anhingidae Suliformes d’Amérique Morphnus Harpie huppée Morphnus Accipitridae Accipitriformes guianensis

1. « SITI * Amérique du Nord ».

19 20 Ornements de plumes de Guyane jabouillei), coq doré del’Inde:(G.g.murghi) et coq doré deJava :(G.g.bankiva). doré de Cochinchine : (G. g. gallus), coq doré de Birmanie : spadiceus), (G.g. coq doré du Tonkin : (G. g. Coq mâles. des cou le ornent qui plumes des couleur la et longueur la crêtepar que la ainsi barbillons de des et taille la dans variation la par caractérisent se qui sous-espèces cinq a y il : Sous-espèces Identification : Taille :50à55cm Famille :Phasianidés Ordre :Galliformes Gallusgallus COQ, ARA BLEU, Ara ararauna Ordre : Psittaciformes Famille : Psittacidés Taille : 86 à 94 cm Envergure : 104 à 114 cm Longévité : 60 ans

Distribution :

Identification : Le front et les côtés de la tête jusqu’en arrière de l’œil affichent une couleur vert éclatant qui se fond en outremer brillant sur le capuchon et sur la nuque. Les parties supérieures et les couvertures alaires sont bleu-outremer brillant. Les rémiges sont bleu-violet foncé dessus, jaune doré ou brun-olive dessous selon la lumière. Le dessous des ailes est jaune. Les côtés du cou et les oreillons sont recouverts par une large tache jaune, elle-même bordée par une strie noire qui s’élargit sous les joues en formant un menton entièrement noir. Les parties inférieures sont jaune brillant avec de légères infiltrations orange ; les sous-caudales sont bleues. Le dessus de la queue est violet foncé avec des infiltrations bleu-outremer. Le dessous de la queue est jaune doré ou brun-olive selon l’éclairage. Le bec est gris sombre. La peau nue qui recouvre la cire et la face est blanche, traversée par de minces filets de plumes noires qui sont particulièrement visibles sur les lores et le haut des joues. Les iris sont jaune pâle. Les pattes sont gris sombre. Les sexes sont identiques. Les immatures ont des iris bruns.

Distribution : L’ara bleu est endémique du bassin de l’Amazone, en Amérique du Sud. Sonairede distribution déborde sur les Guyanes, le Vénézuela au sud de l’Orenoque, le nord-est du Pérou et le nord de la Bolivie. En direction du sud, elle s’arrête à la limite du Paraguay. Deux populations isolées vivent en Equateur et le nord-ouest de la Colombie. L’espèce est considérée comme monotypique (pas de sous-espèces).

21 22 Ornements de plumes de Guyane considérée comme monotypique(pasdevariations géographiques). aire, l’Argentine. son de Paraguay de nordest le l’espèce superficie le grande etBolivie, la de dépit En s’étend elle jusqu’à sud, l’est l’Equateur, la l’ouest du de de de et l’est direction et Pérou du En Brésil. au Grosso,Mato au l’Amazonieet traversParanatoute à du jusqu’aupoursuit sud se et Guyanes des l’est à situe étendue, se plus la l’est loin de de part partie, Andes, des du Colombie, la de Venezuela et seconde La Colombie. la de jusqu’au nord-ouest Panama l’est du de superficie faible une s’étendsur distribution est découpée en deux parties très inégales. La première partie, située à l’ouest des Andes, : Distribution L’ara l’Amérique centre de du nord chloroptèreet du endémique est de aire Son Sud. du parfois également unpeudejaunesurlescouvertures alaires. ont Ils brun. iris un et brève plus queue une ont immatures Les partenaires. leurs à semblables sont serpentent de fines lignes de plumes rouges. Les iris sont jaune pâle. Les pieds sont noirs. Les femelles lesquelles sur blanche nue peau d’unerecouvertes sont joues Les noire. est inférieure mandibule La noir.est qui tranchant bord le sauf blanc-ivoire, majoritairement est supérieure mandibule La clair. et les parties inférieures sont entièrement rouges, excepté les couvertures sous-caudales qui sont bleu- le Ledos, vertes. croupion et sont les sus-caudales sont tertiaires bleus. La queue est rouge les avec une pointe et bleue. Le dessous scapulairesdes ailes les moyennes, couvertures Les rouge. bel ensemble un forment manteau le et nuque la cou, du côtés les capuchon, le front, le adulte, mâle le Chez Identification : Distribution : Taille :90à95cm Famille :Psittacidés Ordre :Psittaciformes ARA CHLOROPTERE, Ara chloropterus ARA ROUGE, Ara macao Ordre : Psittaciformes Famille : Psittacidés Biométrie : Taille : 84 à 89 cm

Distribution :

Identification : Chez les adultes, la tête et une grande partie du corps sont rouge écarlate. La nuque et le haut du manteau sont rouges brillant. Les plumes du bas du manteau sont rouges avec des pointes jaunes alors que celles des scapulaires sont jaunes avec des terminaisons vertes. Le dos et les sus-caudales affichent une couleur bleu éclatant. Les couvertures inférieures sont rouges brillant, contrastant avec les couvertures moyennes qui sont jaunes avec des bordures vertes plus ou moins larges. Les couvertures primaires et l’alula sont bleus. Les rémiges sont bleues sur le dessus, vert-olive et rouges sur le dessous. Les axillaires et le dessous des ailes sont rouges. Les parties inférieures de la gorge jusqu’au ventre présentent un ensemble rouge brillant qui tranche avec les sous-caudales bleu pâle. Les rectrices centrales du dessus de la queue sont rouges avec des pointes bleu pâle. Les rectrices externes sont bleues. Le dessous de la queue est majoritairement rouge. La mandibule supérieure fortement recourbée affiche une couleur corne avec une pointe noire. La massive mandibule inférieure est entièrement noirâtre. La peau nue des lores et des joues est blanchâtre mais prend une nuance rosâtre pendant les moments d’excitation. Les iris sont jaunes. Les pattes sont noir charbonneux.

Distribution : L’ara rouge est endémique de l’Amérique Centrale et du nord de l’Amérique du Sud. En Amérique Centrale, cet oiseau est présent du sud-est du Mexique jusqu’au nord-est du Nicaragua et du Costa Rica jusqu’au Panama. Dans le nord de la Colombie, une population isolée occupe la vallée de la Magdalena. La partie principale de son aire se situe sur le continent sud-américain, couvrant toute l’Amazonie du Vénézuela et des Guyanes jusqu’à l’Equateur, le Pérou, la Bolivie. Elle s’étend à travers tout le Brésil jusqu’au nord du Mato Grosso. L’ara rouge est un oiseau des régions basses. On le trouve généralement en dessous de 500 m d’altitude, même s’il lui arrive parfois de grimper jusqu’à 1000 mètres. L’ara rouge comporte 2 sous-espèces : A.m. macao, la race nominale, (du Costa Rica jusqu’en Amérique du Sud) - A.m. cyanoptera (du sud-est du Mexique jusqu’au Belize et au Nicaragua).

23 24 Ornements de plumes de Guyane Rio deJaneiro, Espirito Santo et Bahia. bande sur la côte est du Brésil, de Florianopolis à Salvador, dans les états de Santa Catarina, Sao Paulo, contrefortsEquateur,en Colombie, en Andes, des Pérouau racefine La une Bolivie. occupe eten ariel Son airecouvre Sud. l’ouestVenezuela,jusqu’auxnord de nord-ouestdu direction du au du en etGuyanes jusqu’aux premiers direction s’étenden Elle Brésil. du centre d’Amérique du espèceendémique et nord-ouest du une amazonienne forêt la est principalement vitellin Le toucan : Distribution race la de celle à nominale. rapport par également change et pâle jaune est bec du base la à bande La bleue. pas non et rouge, est orbitale peau Sa vitellin. toucan de sous-espèces 4 des large plus la large, plus nettement pectorale rouge bande une par également diffère dernier Ce blanc. de nuance moindre la Il ne faut pas confondre le toucan vitellin avec le toucan ariel qui a une poitrine entièrement orange sans plus sombre quientoure l’œil. Lespattes et lespiedssont bleusougris-bleu. orbitaleL’irisestpeau bleue. La base. la à irrégulièreclair bleu bande avecpeu estbrun un anneau un noir, une excepté entièrement est incurvé, légèrement et long bec, Le écarlate. rouge sous-caudales les et anale zone la avec contrastant noirs, sont flancs les et ventre Le sous-espèces. certaines chez que de large aussi zone pas écarlate, rouge bande une La par assurée est ventre blanche. le et zone poitrine la entre transition une par dessous le sur et côtés les sur bordée sulfuré, jaune est poitrine La blanche. teinte une affichent menton le et malaire zone la joues, Les écarlate. rouge est Le croupion noirs. également sont manteau le et nuque la calotte, La queue. la et ailes les compris y brillant, Chez la race nominale du toucan vitellin, les parties supérieures sont entièrement noires avec un lustre Identification : Taille :44à48cm Biométrie : Famille :Ramphastidés Ordre :Piciformes TOUCAN VITELLIN,Ramphastos vitellinus HOCCO ALECTOR Crax alector Ordre : Galliformes Famille : Cracidés Taille : 85 à 95 cm

Distribution :

Identification : Les hoccos alector ont un plumage presque entièrement noir brillant. Seuls le ventre, les flancs et le dessous de la base de la queue sont blancs. Chez les 2 sexes, les rectrices sont entièrement noires. Cette espèce se distingue cependant des autres oiseaux du genre Crax par sa huppe plus courte et moins fournie. Contrairement à eux, elle ne possède véritablement ni bosse ni caroncules aux environs du bec. Dans les cas les plus extrêmes, la cire est simplement gonflée. Le bec paraît plus fin et plus allongé que chez les autres hoccos. Les pattes sont grises. C’est la seule espèce du genre Crax où la femelle est presque identique au mâle. Toutefois, la crête de la première est ornée de quelques fines barres blanches, caractère qui n’est pas toujours visible sur le terrain. La race erythrognatha qui vit dans l’ouest de l’aire a une cire rouge-orange, tandis que la race nominale alector qui vit dans l’est du territoire a une cire jaune.

Distribution : Les hoccos alector sont originaires du nord-ouest de l’Amérique du Sud , de l’embouchure de l’Amazone jusqu’au sud-centre de la Colombie. Deux races sont officiellement reconnues et sont différenciées grâce à la couleur de leur cire (voir description) : C.a. erythrognatha (est de la Colombie, Vénézuela au sud du fleuve Orénoque, excepté l’extrême est) - C.a. alector (extrême est du Vénézuela, les Guyanes, le nord du Brésil au nord du fleuve Amazone).

25 26 Ornements de plumes de Guyane Distribution : Taille :75à95cm Famille :Anhingidés Ordre :Pélécaniformes Anhinga anhinga ANHINGA D’AMERIQUE Distribution : Taille :56à66cm Famille :Ardéidés Ordre :Ciconiiformes Egretta thula NEIGEUSE AIGRETTE Harpie huppée, Morphnus guianensis Ordre : Accipitriformes Famille : Accipitridés Taille : 78 à 89 cm

Distribution :

Identification : Cet aigle des forêts possède une assez grande taille mais une constitution peu robuste. Ses ailes sont larges avec des extrémités franchement rondes, sa queue est très allongée. Une petite crête noire pointe en arrière de la nuque. La harpie huppée peut être observée dans plusieurs phases. Dans la phase claire qui est la plus courante, les individus ont des parties supérieures noir brunâtre. La tête, le cou, la gorge et le haut de la poitrine sont gris pâle avec une légère nuance de brun, ce qui provoque un fort contraste avec le bas de la poitrine et l’abdomen qui sont nettement blancs. Le bas des parties inférieures est parfois légèrement barré de brun. La longue queue noire porte trois larges bandes gris cendré qui sont espacées régulièrement. Harpie huppée En vol, vu du dessous, les harpies huppées présentent des lignes brunâtres sous les ailes ainsi que des barres noires et grises sur les rémiges. Dans la phase dite barrée, les adultes sont assez ressemblants à ceux de la phase précédente. Toutefois, la tête, le cou et le haut de la poitrine sont gris foncé, le reste des parties inférieures et le dessous des ailes étant blancs avec d’abondantes et de grossières barres noires. Il existe également une phase intermédiaire et une phase entièrement sombre. Les immatures ont un dessus noirâtre moucheté de blanc. La tête, le cou et le dessous sont entièrement blancs. Les lores sont gris-ardoise et la crête blanche est terminée par une pointe noire. La longue queue grisâtre porte 7 ou 8 étroites bandes sombres. Les immatures mettent plusieurs années avant d’atteindre leur plumage adulte.

Distribution : L’harpie huppée est endémique de l’Amérique Centrale et de l’Amérique du Sud. Son aire de distribution s’étend du Honduras jusqu’à l’ouest de l’Equateur, à la Bolivie, au Paraguay, au nord-est de l’Argentine et au sud-est du Brésil. Compte-tenu des latitudes fréquentées, elle est considérée comme une espèce sédentaire sur l’ensemble de son territoire. Malgré la grande superficie Harpie huppée de ce dernier, on la traite généralement comme un oiseau monotypique, c’est à dire qu’on ne la divise pas en sous- espèces.

27

A.II - 3. GLOSSAIRE de la plume

D’après A Dictionary of Birds, article :Feather

Calamus : Cylindre en creux dont la partie basse est fixée à l’intérieur de la peau de l’oiseau. Partie la plus rigide de la plume. Blanc chez toutes les espèces. Rachis : Prolongement du calamus mais plus fin. Structure pleine. Il supporte les barbes. Vexille : Ensemble de barbes situées d’un côté du rachis. Barbe : Ramure supportant les barbules. Barbules : Ramification issue des barbes. Chaque barbe comporte deux types de barbules : les barbules proximales et les barbules distales dont la structure est différente afin qu’elles puissent s’accrocher entre elles par la superposition des plumes. Barbicelles ou crochets : ils sont présents sur les barbules distales. Ils s’accrochent aux barbules proximales de la barbe supérieure. Hypopène : Plume secondaire attachée à la base du rachis et souvent de taille inférieure à la plume principale et de structure duveteuse. Présent sur seulement quelques espèces. Duvet : Les barbules du duvet présentent la caractéristique d’être démunies de barbicelles, la structure des barbes est donc déliée. Le duvet peut être plus ou moins présent sur une tectrice à partir de sa base, certaines ne sont composées que de duvet.

Schéma barbes et barbules : D’après Lucas and Stettenheim, 1972, repris dans Hudon, 2005

Segment de deux barbes

Schéma de barbules

29 30 Ornements de plumes de Guyane la plume. En effet les plumes ayant subit un tapirage pourraient être plus sensibles et sujettes aux sujettes et sensibles altérations. plus être pourraient tapirage un subit ayant plumes les effet de En dégradé plume. état un la à liées soient pales très couleurs les que supposer de possible ailleurs par est Il C’ests’expriment. plume la de sein pourquoi cesdernières deviennent trèsau claires, àtendance jauneourose (mélanineset caroténoïdes). présents pigments les seuls repousse la de lors Ainsi bleue. pour effet de détruire partiellement ou totalement les particules physiques responsables de la couleur L’opération auraitcaroténoïdes. tapirage pigments de quelques que ainsi clairs mélaniques pigments chimique des plumes. Les couleurs physico-: Caractéristiques structurales). Mais I. cette II. plume Partie peut : également voir comporter détails quelques de plus (pour kératine la de physique structure la à est liée des plumes bleue la couleur : ainsi peut s’expliquer transformation cette Scientifiquement, ararauna bleuetapirées. (MNHN). La forme et la structure de ces plumes permettent de supposer s’agirait qu’il de plumes d’ara Cuisin J. de l’avis notamment C’est tapirage. d’un caractéristiques particulièrement sont indices Ces jaunes. et rose entièrement sont similaires structure et forme de d’autresplumes et l’étatnaturel, à présentent sont objetet cet caractéristique bleues partiellement rose, Sur plumes des qui n’existe pas de tapirage. Notamment le71.1934.33.517. en étudiés parallèle mais au sein des ateliers du musée du Quai Branly corpus ont révélé de manière plus évidente au la présence pas n’appartenant objets, d’autres comparaison, de qu’élément tant En -4.T A.II apirage Annexes partie Iii

A.III - 1. Transcription de l’entretien avec mME. fransisca Yampa

Galibi, Le 02 février 2012 Enregistrement sonore : Samia Auguste Enregistrement vidéo : Cécile Benecchi Photographies : Thomas Mouzard Meneur d’entretien : Rosiane Tiouka et Raymond Malajuwara

Ecoute, traduction et transcription de l’entretien à la mairie d’Awala, Le 03 février 2012, Traduction : Raymond Malajuwara, Rosiane Tiouka Il s’agit ici d’un texte résumé à partir de la traduction, il ne s’agit pas d’une transcription mot à mot des propos échangés.

Rosiane présente le projet à Mme. Fransisca Yampa et lui explique notre recherche sur les ornements de plumes.

F. : Les ornements de plumes sont différents en fonction de chaque groupe : Kali’na, Wayana, Tirio… Ceux de la forêt ne manquent pas d’oiseaux et donc de plumes, à la différence des Kali’na, ils peuvent donc faire tout ce qu’ils veulent. Moi par exemple, je me procure les plumes chez les gens de Galibi, qui ont chassé des oiseaux. Je les collecte petit à petit jusqu’à en faire une couronne.

Elle montre trois couronnes qu’elle a faites. L’une est réalisée avec les plumes d’ara (ara ararauna), l’autre en plumes d’aigle et la troisième en plumes de perroquet.

F. : Dernièrement j’ai vu un documentaire à la télévision sur les couronnes de plumes. Et j’ai vu d’autres façons de faire. La personne qui faisait ces couronnes les fabriquait à sa manière, il a la chance d’avoir beaucoup de plumes et peut faire ce qu’il veut.

Rosiane lui demande quelles techniques d’attache elle utilise.

F. : Les fils, parce la colle n’est pas efficace. Lorsque j’attache les plumes je serre les fils vraiment fort pour qu’elles ne bougent plus. Les couronnes que je réalise en ce moment sont pour mes petits fils. Je les fait de la même couleur pour qu’un jour, s’il y a une cérémonie ou une grande fête ils puissent les mettre. Après avoir finit les couronnes, je ferais Ang’ca (le châle traditionnel).

R. : À quel moment porte-t-on les couronnes et qui peut les porter?

31 32 Ornements de plumes de Guyane On utilisait aussi les couronnes avant, pour les grandes cérémonies les grandes pour avant, couronnes les aussi utilisait On cela pourchasser. qu’il n’y a plus personnes qui fait ou utilise des flèches ici. Parceflèches. j’aides et Nousramenée Surinam du sud faisionsdu village celaun dans rendue suis avant,me je Dernièrement nos anciens utilisaient F. :Pendant lesgrandes cérémonies. Lesfemmes et leshommespeuvent lesporter. F. : Celui-ci provient de ceux qui habitent dans la fôret. Il s’agit d’un collier, « Parmis lesphotos elledistingue l’objet fait deplumesprincipalement orange. Ils sont fait avec lespetites plumes« F. :Jen’ai encore jamaisvucegenre d’objet. mais celan’est passure. : R. Avez-vous déjà vu ce genre d’objets, est-ce sontqu’ils Kali’na ? Ils sont référencés Kali’na au musée Rosiane montre à Fransisca les photos des objets conservés au Quai Branly et au musée des Confluences. depuis lesblancsnousont trouvés, emmenés,apprisàécrire et àlire. était mère ma lequel pendant temps enceinte, puis l’âgele compterde l’enfantpour jusqu’àcarbet dix ans. du Avant les bois grandes personnes utilisaientle ces méthodes. Et sur écrire père mon vu J’ai faisaient. qu’ils ce savaient ils mais écrire, ni lire pas savaient ne gens les Avantd’histoires. pleins J’aientendu loin. Et leKonu (ou Avant, lorsque les Kali’na étaient en guerre, ils portaient les couronnes pour qu’on les reconnaissent de cérémonies Adamolepano Les blancsécrivent tout et c’est pourcelaqueleurhistoire ne seperd pas. raconter et aussi leurdire d’en faire ànouveau. Tu te poseras des questions, ça te fera réfléchir et tu pourras le transmettre aux autres, tu pourras leur tu peux aller toi même les regarder dans les musées et tu peux apprendre ce que les anciens faisaient. F.c’estOui : Parcemoi. pour idée bonne une toi exemplesi par demain que réussistu ton dans travail, :EtR. pourlesornements deplumes,pensez vous quec’est unebonnechosedelesexposer ? aller lesvoir, poursavoir comment étaient lesamérindiens. ne sont pas revenues sont toujours exposés au musée dans une vitrine de verre et les gens payent pour qui personnes deux des corps Les m’ablessée. qui eux sur histoireF. J’aiune dernièremententendu: Elle regarde lesphotos desAmérindiensaujardin d’acclimatation. kumu. Avec le palmier Celui avec la vannerie, il peut être fait de plusieurs façons : avec les feuilles de les autres aussisont descolliers. du L’autre fil est réalisé en Les filssont réalisés en coton travaillé àlamain :« mani , ilpermet decoller et quetout soitbienfixé. Gran Manouroi) portait leplusgrand. kumu l’objet est parfait et tient bien sur la tête alors que le kulawa na, qui a été travaillé avec le (pourdevenir chamane). ichigipyo »(petites plumesdespates), del’aigrette etdu ara. malu ». mani . Les zones noires sont ainsi à cause Epekotono ayenegalu maripa maripa etles pour aussi ou avec le palmier ». Je pense que est plus fragile. Moi je n’ai jamais vu ces objets, je mets mon imagination dans mes couronnes. Je les fais par rapport à ce que mes grands parents m’ont raconté. Cela fait plusieurs années que je fais ça, je ne me rappelle plus quand j’ai commencé, cela fait longtemps.

Raymond lui demande si elle pense qu’il s’agit d’une bonne idée de construire un musée ici, par et pour les Amérindiens.

F. : Justement je pensais à cela. Dernièrement j’en ai parlé au chef coutumier, je lui ais dit qu’il fallait fabriquer des choses anciennes à nouveau, comme les anciens faisaient. Et le chef coutumier pensait aussi à cela. Je pense donc que c’est une bonne idée, même si au début ce n’est pas très grand, une petite maison que l’on peut ensuite agrandir au fur et à mesure. Si l’on ne fait rien dans l’avenir, nos souvenirs vont se perdre. C’est pour cela que moi en ce moment j’ai envie de faire tout le reste et pas seulement les couronnes : les kamicha (pagne que porte les hommes lors des cérémonies) ou les apond’nanon (bracelet portés sur le biceps). J’ai dit au chef coutumier ; quand est-ce qu’on commence ? Allons essayer même si nous ne sommes que deux, trois personnes. Regarde comme les bushinenge avancent, ils ont construit leur musée, et nous ce n’est pas normal de rester comme ça. Je trouve donc ce projet important.

Raymond lui explique que c’est là le projet prévu à Awala. Il lui demande ensuite si elle peut réparer la couronne qu’elle lui a faite il y a environ sept ans, pour qu’elle ajoute de grandes plumes de ara (pour la cérémonie epekotono qui aura lieu à Galibi en septembre). Mais elle ne peut pas juste les ajouter et doit tout refaire.

Fransisca montre la couronne qui est presque terminée elle explique qu’il reste à couper les plumes du bas. Elle nous montre ensuite des plumes qu’elle garde dans des sachets. Nous lui demandons s’il y a une différence entre les coiffes pour les hommes et celles pour les femmes. Elle explique que les pompons sont différents, pour les femmes ils ont une forme plus ronde. Et les plumes sont plus courtes pour les femmes.

R. : Est-ce que vous utilisez aussi des oiseaux domestiques pour faire les couronnes ?

F. : Seulement si les plumes sont vraiment belles, car elles sont très dure à percer.

Nous comprenons donc que, pour sa technique d’attache des plumes, elle perce la hampe pour qu’elles soient bien maintenues.

Enfin nous lui demandons son âge : 77 ans.

33 34 Ornements de plumes de Guyane extérieures ? informations est-il des quoi à En lié certain ? un style certainetradition ou s’inscrit-ilune quoi dans En questions, en quoi le travail de Mme. Fransisca Yampa plusieursrévèle-t-il sur une création ouvre rencontre originaleCette et personnelleKali’na. ? culture la d’archivede documents des sur vues celles de différentes semblent voir pu avons nous que couronnes Les imagination. propre sa travaillerselon de des vu également avoir dit nous Elle parler.documentaires à la en télévision sur parentsd’autres ethnies grands pratiquant la ses plumasserie. Mais elle entendant revendique le fait en mais de auprèsquelqu’un, couronnes les fabriquer à appris pas n’a elle dit, l’a nous Yampa Fransisca Mme. Comme matériaux defabrication a été approfondie enpartieII etenannexe A.II-1. na et lemani coton, et le travail de de la fibre fils de des travail le néanmoins identifie a Elle auparavant.d’objets celle-ci type Yampa, ce Fransisca vu Mme. n’avoirjamais reconnu à étudiés ornements des photos les montré avons nous Lorsque pourrait-elle s’apparenter particulièrement àlaculture Kali’na ? coiffes les sur derniers ces différentes de de présence pompons La couleurs. de et fils de base une sur Ceux-ci sont également très présents dessus. dans la fixés alors tenue sont traditionnelle pompons Kali’na les : le et châle filière, angica, la qui est de réalisé bas le recouvre tissu de bande une Parfois liens. la filière terminée, ces derniers sont ajoutés sur la base des plumes, ce qui a pour effet de masquer les fois Une pompons. de qu’elles Fransisca munies est Mme. sont Yampa de parures des particularité La terminant parunetresse dechaquecôté est similaire danslesdeuxcas. donc est plumes différente des d’attache de celle des objets technique étudiés (décrite en partie La II). En présentées. revanche, lacoiffes façon les d’arrêter les filières,sur en observé été n’a plumes des fois l’ensemble fixé, les calamus sont recoupés pour s’arrêter net. Aucun travail de découpe sommitale maintiennent. Une les qui coton de fils tressage de un par filière montéesen donc sont plumes les Ici, sont trop soupleset retomberaient surle crane étaient s’ils portés delamêmemanière. l’effet provoqué, ainsi, une filière de plumes rigides reste dressée sur la tête, alors que les objets étudiés petites tectrices (plumes du corps de l’oiseau, fines et peu rigides). Cette différence est primordial pour Le type même de plumes utilisé est différent des objets étudiés car ces derniers ne sont fait qu’avec les milieu. le marque autres les toutes que grande plus plume une bien, ou côté, chaque de taille en diminuent les hommes. Les plumes sont organisées de façon à ce que les plus grandes soient au milieu et qu’elles que courtes plus plumes des portent femmes les mais parure, de type ce revêtir peuventfemmes les et hommes Les haut. le vers dressées plumes les crane, du autour nouées portent se complexe.Elles de la queue ou des ailes) d’une ou plusieurs espèces d’oiseaux, parfois superposées, formant une filière tous fabriqués sur un même modèle de base : une filière réalisée avec les rectrices ou rémiges (plumes couronnes, les montrer nous de accepté YamparendusMme chezégalement montrer.sommes a nous témoignage.Elle recueillirnous son Ensuite pour nous de acceptée a qu’elle Yampa, Fransisca Mme par confectionnée parure une possède Nous avons d’abord rencontré la responsable de l’association -2.LesA.III ornements fabriqué semblent fréquemment utilisées dans la culture matérielle Kali’na. La piste de ces de piste La Kali’na. matérielle culture la dans utilisées fréquemment semblent kulawana na avec la résine mani oumali , qu’elleLes réalise., s par mME. Worian Uwaponaka à Galibi. Cette dame , pour l’attache des plumes. Le oumali FransiscaY que nous avons vues sont vues avons nous que ampa kulawa 35

Annexes partie IV

A.IV - 1. Mail de daniel schoepf

Versoix, le 4 avril 2012

Chère Camille,

Pour faire suite à nos courriers des 22, 26, 27, 28 et 30 mars, je m’efforce donc de répondre à quelques- unes de vos interrogations concernant la parure de plumes (No inv. 6000347 / musée des Confluences) qui est appelée à subir un traitement conservateur et fait l’objet de votre mémoire de fin d’étude à l’Ecole supérieure d’art d’Avignon, et les six pièces, plus ou moins similaires, de votre corpus de référence (Nos inv. 71.1878.14.7+10+19+20+21 et X377483 du musée du Quai Branly).

Relativement au problème d’identification (provenance, ethnie, fonction), Je n’entre pas vraiment en matière concernant une éventuelle affiliation Kalina, anciennement Galibi, de l’une ou l’autre des ces pièces. Je n’ai moi-même jamais eu en mains d’objets de plumasserie de cette provenance et les références iconographiques que je connais sont trop fragmentaires pour que je me prononce. Il convient toutefois de se rappeler que, même jugées très peu fiables ou douteuse, les mentions au registre d’inventaire, ont qualité à y subsister tant, précisément, qu’un doute subsiste. Donc ne pas évacuer totalement la connotation Kalina.

La proposition que vous avancez à savoir que les sept pièces de votre corpus sont d’origine wayana, et que chacune d’elles correspond et s’identifie de fait à l’élément ornemental inférieur de la grande coiffe- costume appelée olok, est convaincante. Elle me paraît fondée et très vraisemblablement correcte. J’y adhère pour l’essentiel des choses et la cautionne largement. Il y a cependant quelques réserves à faire, quelques précisions à suggérer, j’y reviens plus bas.

Je confirme la dénomination wayana pompoma que vous avez relevée à Twenké et à Antecume Pata pour désigner le ruban de filières de plumes constituant l’élément inférieur de l’olok. La même appellation pompoma, avec en parallèle celle, plus fréquemment employée, de lonakan (= «celui ou celle qui est en bas», «celui ou celle qui est vers le bas») m’a été donnée sur le Litani en 1991 à l’occasion de la constitution d’une collection wayana pour le Bureau du Patrimoine Ethnologique de Guyane, aujourd’hui musée des Cultures Guyanaises. J’ignore la signification profonde, étymologique, du terme «pompoma», en tout cas je ne l’ai pas retrouvée.

Venons-en aux réserves que l’on peut émettre quant à l’identification des pièces du corpus. Ces réserves découlent pour une large part du manque de lisibilité des photographies mises à disposition (manque de netteté, angle de prise de vue inadéquat, pas de systématique de positionnement), un handicap que ne redressent qu’en partie les renseignements fournis par l’examen matériel des objets. A cela s’ajoute l’existence d’une pièce (hors corpus, mais peut-être convient-il de l’y intégrer) qui à la

37 38 Ornements de plumes de Guyane ---- faite relativement àl’importance numériquedela collection 1878.14. six soit correspondants, supports six leditcorpus les compter «logiquement» que vu que, fait de comprend6 découle corpus votre susciter peut que interrogation autre Une de filières le ruban entre filiation, une pompoma voire évidente, parenté une existe il cause, de état tout En franges d’écorce couronne d’une porteur le l’olok, effet.cet nombreuses circonstances, de ailleurs, en Par c’est comme porteur de danseur le pour cas le de l’hamèré de vannerie plumes courbées blanches, si spécifiques, de la filière l’anneau du (comme de visière office fait et figure qui élément souples, sur l’olok, à la base du cylindre, on distingue clairement un élément en saillie, tressé en fibres végétales Vousvisière.noterez d’ailleursla garniture de la mieux que ou l’onvisière, que la ce appelé pourraità ruban le forme, de haut chapeau un à sorte quelque en portion correspondant au cylindre de vannerie garni des divers rangs de rubans emplumés, s’apparente Au demeurant, je tiens à vous faire remarquer que l’olok dans sa partie emplumée, c’est-à-dire dans la filières dehamèré de filières de ruban un assimilables, quasi sont qu’ils parce confondre, les l’hamèré aussi la caractéristique. Et mon point de vue, mon argument est que le particulières, celles là même que l’on trouve sur le constante, des deux filières blanches de plumes de poule et (ou) plumes de coq, de forme et texture si caractéristiques fondamentales de l’emplumage de ce type de couronne réside dans la présence, quasi couronne la de propos A autre âge ?d’une autre «famille» quelasérie1878.14? d’unsignifie-t-il qu’elle provenance ? autre d’une Ceci est ? hasard Est-cepur ? déduirefaut-il en Que ligaturagele croix.pour en nœuds Qu’est-ce aux opposition par simples nœuds de plumes des dire à ? surcroît que votre examen matériel la distingue de toute les autres en ce sens qu’elle seule fait montre inv.parcours perdu No un a son eu (elle a chaotique qui peu pièce un d’origine) de observe dont on et inv.No Branly,le estMusée plumes, du de X377483 ruban une de type ce fairel’onde se à amené est Je relève aussi que le ruban développement plusloin t noe agmn e uae uor’u, uul e Wyn dnet e o de nom le donnent Wayana les auquel aujourd’hui, usage en largement encore et traditionnel très couronne, de type d’un là Il s’agit plumes». de ornements 12 «objfiche fichier votre discoïdal en vannerie, No inv. 71.1934.33.510 support / ex à Musée plumes de de l’homme, couronnedont la la photographiede figureparler veux dans je débat, le introduit et problème, fait illumine, fois de l’olok. Donc aussi, qu’il n’est pas absolument impossible que, dans certains cas, l’on puisse del’oloket lerubandefilières dela couronne pompoma okalat . un tel état de chose induit en quelque sorte que la collection collection complètela devraitsorteque quelque en induit telétatchose un de , quiluirecouvre lecorps dufront auxgenoux. * hamèré pompoma évoquée ci-dessus*. On ne peut s’empêcher de noter qu’une des qu’une noter de s’empêcher peut ne On ci-dessus*. évoquée hamèré qui, dans vos séries, correspond peut-être le mieux à l’image que danse en ayant le corps recouvert d’une longue «jupe» de «jupe» longue d’une recouvert corps le ayant en danse pompoma pompoma hamèré pompoma de l’olok et qui en font incontestablement . . D’où la question que je vous ai vous je que question D’oùla olok. est fixée dessus accentuant encore correspondant assez précisément assez correspondant pompoma pompoma est en quelque sorte etde ruban un hamèré Voir . ), les ), Voilà, j’en viens brièvement maintenant à l’examen matériel de votre corpus, sur quoi porte probablement l’essentiel de votre travail, puisque aussi bien c’est ce sur quoi se fera prioritairement l’évaluation du mémoire. Vous en connaissez toute l’importance et les exigences, dont notamment la nécessité de formuler des énoncés précis, minutieux et systématiques et d’employer un vocabulaire adéquat. Seule cette systématique fait apparaître et donne à voir les réalités, les différences, les caractéristiques et suscite les questions pertinentes.

Je me permets quelques remarques, suggestions ou conseils:

- N’hésitez pas à avoir recourt au dessin technique, au croquis, au schéma pour palier les carences de la photographie. Rien ne permet mieux de donner à voir et d’expliciter les choses. Ainsi, par exemple, pour l’»assemblage des filières», une illustration de la manière dont les fils de filières se rejoignent et se «poursuivent en tressage de chaque côté « du ruban, serait la bienvenue. Bienvenu aussi un dessin technique reproduisant ce que vous appelez les fils annexes** (liens subsidiaires ?)

- Il est souhaitable que vous choisissiez une fois pour toutes le terme qui vous paraît le plus approprié pour désigner une superposition de filières, donc l’équivalent du pompoma, et que vous vous y teniez. Est-ce un ruban, un bandeau, une bande, un registre ?

- Votre tableau des types de plumes est parfait en ce sens que s’y trouvent répétées à chaque fois les rubriques que vous avez choisi d’y introduire. Un tableau ou simplement une liste équivalente reprenant, un par un, chacune des caractéristiques essentielles de vos 7 objets de référence est proprement indispensable. Aujourd’hui par exemple, je ne suis pas à même de savoir quel est le ruban qui comprend 6 filières et celui qui en compte 11, quelle est la nature de l’altération des plumes ou filières (froissée, pliée, tordue, décolorée, sale, dématérialisée, piquée, trouée, etc) du ruban un tel par rapport à tel autre.

- Remarques ou corrections de détail****: n’employez pas le terme «ensemble» comme vous le faites, il induit le plus souvent à la confusion. Ce n’est pas tant l»’organisation» des filières que plutôt la position, la disposition, la répartition. Pour la plumasserie, la technique est dite technique de la découpe, il n’est pas sûr que les expressions plume «sectionnée», plume «recoupée» soient très appropriées.

* Vous trouverez des photographies d’hamèré dans Indiens de Guyane (photos de Jean Hurault), Editions Autrement. Paris 1998, pages 171 et 179, mais ce ne sont pas les plus illustratives. ** Un terme peu évocateur, peu adéquat. Employez éventuellement le terme «lien subsidiaire». *** Concerne en particulier votre fichier «(présentation)»

Voilà, je reste à votre disposition pour d’éventuelles nouvelles questions ou relecture finale, et vous adresse mes meilleures salutations,

Daniel Schoepf [email protected]

PS. Je vous remets également ce texte sous forme de document window attaché. Veuillez avoir l›amabilité de me transmettre vos coordonnées

39 40 Ornements de plumes de Guyane A.IV -2.FichedecollecteA.IV Muséedes cultures guyanaises 41 42 Ornements de plumes de Guyane 43 44 Ornements de plumes de Guyane 45 46 Ornements de plumes de Guyane 47

Annexe documentation vidéo Complément(s) Document de synthèse de la transcription de l’entretien. Transcription Transcription d’une partie de l’entretien. Langue(s) Kali’na (sans traduction). Français Kali’na/français Kali’na/français Durée de la vidéo (minutes) 34 :08 05 :40 06 : 53 02 :57 Date 02/02/12 06/02/12 11/10/12 11/10/12 Lieu Galibi, Suriname Awala, Guyane Awala, Quai Branly, Quai Branly, Paris. Quai Branly, Quai Branly, Paris. Thème Une femme Kali’na qui confectionne des parures de plumes. Entretien sur l’inventaire du patrimoine Kali’na Discussion autour des ornements de plumes étudiés au musée du Quai Branly Discussion autour des ornements de plumes étudiés au musée du Quai Branly Interlocuteur(s) Mme. Fransisca (77 ans) Yampa Mlle. Auguste Samia (23 ans) Mlle. Tiouka Rosiane (21 ans) Groupe de potières Kali’na et participants à l’inventaire du patrimoine. Groupe de potières Kali’na et participants à l’inventaire du patrimoine. Séquence vidéo 1 2 3-1 3-2

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