Histoire du Cogotois

Partie de la région du Savès

correspondant à

la seigneurie de .

Novembre 2002

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing

HISTOIRE DU COGOTOIS

formé des seigneuries de Marestang, de Castillon, de Monferran et de Frégouville

de ses vicomtes sortis des Maisons de de Marestang d'Astarac-Fontrailles de Rochechouart et de Preissac d'Esclignac

et de leurs suzerains

les comtes de Toulouse comtes de Lomagne comtes d'Armagnac et rois de Navarre

Centre d'Étude de Recherche et d'Édition de Marestaing

Le texte de cette étude est de

André Lacroix, propriétaire à Castillon-Savès (1956)

La copie et les notes sont de Henri Combes, Instituteur honoraire à L'Isle-Jourdain

La photocopie est de Charles Villas (1967) qui a rédigé quelques notes.

Ce document acheté à la succession de ce dernier (1988) a été transcrit par Jean Castan

et relu par Roger Bourse.

Remarques :

- Les numéros des pages de la copie manuscrite d'Henri Combes ont été reproduits en marge droite du présent document. - La numérotation adopté par Henri Combes comporte des "blancs". C'est ainsi que les pages 59, 60, 78, 90, 119, 120, 121, 182 et 198 n'existent pas. Pour des questions de mise en page, les annexes n'ont pas été transcrites dans le même ordre que celui de la copie d'Henri Combes. - Les parties de texte rajoutées dans ce document lors de la présente édition ont été placées entre crochets.

IMPORTANT :

La transcription et la relecture de ce manuscrit ont révélé des anomalies difficiles à rectifier sans mettre en cause l'ensemble de l'ouvrage. L'éditeur attire donc l'attention du lecteur sur la prudence qu'il convient d'observer vis-à-vis de certaines parties de ce texte. Cependant, il lui a paru indispensable de déposer un exemplaire de ce document aux archives départementales afin de conserver une étude unique en son genre sur une région trop souvent méconnue.

1989 et 2002 1 LIVRE I - Les Origines Chapitre I Avant Jules César. Lorsque César arriva en Gaule, celle-ci comprenait quatre grandes régions. Au nord : la Belgique, au centre: les pays Celtes, au sud-ouest, l'Armorique, au midi : la province romaine, déjà colonie de Rome. Les Tolosates. Ces grandes divisions étaient elles-mêmes formées de ces "factores" dont parle César dans son histoire des Gaules. Les Tolosates habitaient de part et d'autres des rives de la Garonne (Tolosa). Leur frontière occidentale qui suivait le cours de l'Arrats (Bacqué. Bul. de la S.A. du . 1944 p14 avec cartes) les séparait d'un autre pays, non sujet de Rome, faisant partie de l'Armorique. Celui des Ausques, dont la capitale était Elibéris ( primitif ou Climbéris).

2 Le Cogotois. Entre l'Arrats et la Garonne, dans la partie occidentale de la Région des Tolosates, s'étendaient les vallées de la Gimone et de la Save et le pays d'Ictum (L'Isle-Jourdain) qui formera avec Marestaing, Castillon, Frégouville et Monferran, le Cogotois. Toulouse. (Tolosa formé avant Rome) Entre le village actuel de Vieille-Toulouse (Acropole) jusqu'aux hauteurs du Caousou et de la Colonne avec quelques faubourgs dans la plaine, les reliant à un port assez actif sur la Garonne et entourant un lac sacré, où d'après la légende, les Toulousains, pour se préserver de la peste, jetaient bijoux et objets précieux. En 106 av. J.C., le Consul Cépion fit dessécher ce lac pour s'emparer du trésor qu'il cachait (Les infortunes qui le suivirent furent attribuées à ce sacrilège).

3 Forêt de Bouconne. De Grenade au Fousseret, englobant Mondonville, , Saint-Lys, Sainte-Foy, Rieumes, de Léguevin à L'Isle-Jourdain. Les crues de la Save. (Sava, sanscrit = eau) Changement de son lit. Les pistes du Cogotois. Quelques sentiers forestiers, quelques pistes sur la crête des coteaux, appelées serrades, empruntées aujourd'hui par bien des routes: Pujaudran, Lias, Blanquefort, Empeaux, Saint-Thomas, Bragayrac, Sabonères, Lahage, Plagnole, Montgaillard, ancienne serrade entre la Garonne et la Save. Celle qui s'allongeait de la Save à la Gimone allait de Cox à Boulogne-sur-Gesse par Cadours, , , Monferran-Savès, (Les crêtes secondaires servaient à ces pistes - Bacqué S.A. 1933 p35). De son origine à Monferran, la route actuelle qui traverse Cadours, Encausse, Monbrun, , Sansas (Ancienne paroisse à présent réunie à la commune de Monferran) semble bien nous indiquer son ancien parcours. 4 Route de à Boulogne-sur-Gesse par Montamat. Mais de Sansas à Lahas, aucune route actuelle ne vient nous révéler l'ancien tracé de la serrade (s'infléchir vers , sinon passer par Monferran et Frégouville). Entre le ruisseau d'en Peyblanc et le ruisseau d'en Poussin, affluents de la Save, une piste secondaire gravissait par sa crête, le coteau de Gaillarvielle pour atteindre la route de rocade, soit à Monferran ou au Rogou, actuel carrefour formé par le croisement de la route nationale Auch Toulouse avec le chemin vicinal Monferran Garbic. Cette piste qui traversait le Cogotois d'est en ouest, dut avoir une importance particulière, car en aboutissant à un des rares points où la Save était guéable à Marestaing, elle permettait de continuer sa route vers Auradé et Blanquefort pour rejoindre la piste de rocade Pujaudran Saint-Thomas. Régions habitées par les Volces Tectosages de la rive droite de la Garonne, d'origine nordique (plutôt celtibérienne). 5 Bons et hospitaliers pour l'étranger, le mendiant, le malheureux, féroces envers leurs ennemis.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 1 Mœurs guerrières. Institution des saldunés, soldats qui se vouaient à un chef, partageaient à jamais sa destinée. Ou ils mourraient avec lui dans la mêlée ou ils se tuaient après le combat sur le corps de leur chef. Ils combattaient souvent nus, haches et couteaux de silex, flèches, cuirasse de lin chez certains, peu de casques, cavalerie supérieure à infanterie. Les femmes après une défaite se présentaient au vainqueur, l'épaule nue, sein découvert et dans cette tenue lui jetaient de l'argent et des robes.

Chapitre II Les villas. 50 av. J.C., les Romains envahissent l'Armorique et la baptisent Aquitaine après la conquête par Crassus, envoyé par J. César. 6 D'importantes fermes se constituent et donnent naissance à des villas d'où les noms de Louberville, Gaillarvielle, Frégouville. Maisons construites en dur et couvertes de tuiles romaines. Onze voies romaines avaient leur origine à Tolosa, cinq sur la rive gauche. Elles prenaient les directions de Ligora, Climbéris, Aquis, Lugdunum Convenarum (respectivement: , Auch, Dax et Saint-Bertrand de Comminges) et la cinquième, celle de la vallée de l'Ariège. La Tolosa romaine fut détruite d'abord par les Vandales, puis par les Wisigoths, enfin par les Huns. Elusa () fut la capitale de l'Aquitaine, elle fut détruite par les Goths. Climbéris abandonna le coteau pour s'installer dans la vallée sur la rive droite du Gers sur l'emplacement de l'actuel hôpital. Elle prit le nom de Augusta Auscorum et le surnom de cité vallée claire. Elle ne fut pas détruite par les Barbares mais plus tard par les Sarrazins. 7 Lectoure fut détruite par les Normands. et furent élevés par des moines après l'occupation romaine. L'Isle-Jourdain. Rien n'est moins certain que la présence d'une ville romaine aux abords de L'Isle-Jourdain et surtout qu'elle ait porté le nom de Bucconis. Bucconis existait bien, mais les historiens la placent dans les bois de Bouconne (M. Saverne appuie son argumentation sur l'itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, rédigé en 333 et qui place Mutatio Bucconis à la vingt trois trente quatrième distance d'Auch à Toulouse en partant d'Auch). Si l'on admet en effet que la voie Auch-Toulouse était en ligne droite, ce point tombe bien à L'Isle-Jourdain. Mais tous les historiens admettent que cette route ne suivait pas l'axe Auch Toulouse, mais passait à son midi. 8 D'autre part Saverne place Bucconis sur la Save parce qu'il l'a vue ainsi placée sur la géographie de la Gaule romaine d'Ed. Desjardin. Ce même auteur nous dit que ce géographe se serait pour cela inspiré de l'itinéraire hiérosolymitain élevé en 333 (même itinéraire que le précédent et où les rivières ne sont pas tracées, ce qui ne permet pas de situer L'Isle sur la Save). Il semble plus vraisemblable de croire que les premières appellations de cette ville, aient été Isc ou Yla, noms celtiques ou encore Insula en latin, d'où le nom actuel de L'Isle. Pour cette raison, on pense que la première ville était située dans une île qu'aurait formé la Save dans ces parages (remarquer crues, changement de lit).

9 Les camps romains. Celui de Caumont situé en une clairière du bois (Calvus-Mons). Celui de , situé sur le coteau bordant par le midi la ville actuelle et celui de sur le coteau de la rive gauche de la Gimone, au milieu de l'actuelle route Simorre . Ceux-ci ne comptaient pas de construction surélevée. Des tranchées seulement et d'une existence passagère. Les Castra ou Castella étaient des défenses permanentes et surélevées ; fortes buttes de terre élevées par la main des hommes. La motte de Vieille Toulouse porte le nom de Castella. Celle de Blanquefort, commune d'Auradé, celui de Castellum. C'étaient des observatoires et à leur pied devaient se trouver des constructions pour abriter une garnison plus ou moins importante (à ne pas confondre avec le tumulus qui servait de sépulture à un chef ou une personnalité romaine; tel le tumulus de Rogou à Monferran dans l'intérieur duquel on a trouvé une inscription funéraire).

10 Origine de Castillon. Probablement motte coiffée d'un château. La motte n'existe plus, mais il serait facile de la situer sur le lieu où se trouvent aujourd'hui l'église et l'esplanade. Quant au château, à l'origine abri de garnison il se situe fort bien, là même où fut construite la résidence

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 2 des barons du Cogotois, démolie par la suite, mais dont il subsiste encore des traces sur l'emplacement de la maison bourgeoise qui porte encore le nom de château de Castillon. Les routes. Belles routes pavées ? Seulement serrades et transversales entretenues par les romains ? Monuments des Aquitains vers le tombeau du Christ et vers Saint-Jacques de Compostelle.

11 La route de Jérusalem. L'itinéraire de Bordeaux à Jérusalem. Cette voie devait traverser le Cogotois par Bazas, Sos, Eauze, Vic, Auch, Toulouse. D'Auch à Toulouse, voici selon l'itinéraire les points de son passage, avec la distance de l'un à l'autre, en lieues gauloises qui correspondaient à 1.500 pas, soit 2.200m environ. Civitas Auxius mutatio ad sextum VI lieues mutatio Hungumverro VII " mutatio Bucconis XII " mutatio ad Jovem XII " Civitas Tolosa XII " Mutatio ad sextum (lapidem) sous entendu, est la halte à la 6ème borne, ce qui ne nous indique rien de précis sur son emplacement. Cependant étant donné la distance qu'on attribue à Auch, il serait assez normal de la situer sur les coteaux de , qui dominent la vallée de l'Arrats. 12 Hungumverro, tous les historiens sont d'accord pour le situer au sud de la ligne théorique d'Auch à Toulouse: Giscaro. Pour les autres, le quartier de La Triches entre Giscaro et Gimont, pour d'autres la ferme de Hondure à 2 km au midi de Maurens. Pour le docteur Trémolières qui a étudié les lieux sur place et pensé que la route en question pourrait bien passer par Lussan, L'Isle-Arné, , Maurens, Frégouville, cette station serait située non loin de Maurens. Quant à nous, en considération que tout le long des chemins romeux (chemin des romeux ou pèlerins) se trouvaient des Gleizes, chapelles, des Granges, domaines ecclésiastiques et leurs dépendances, bestiole, etc. nous pensons que cette route avec les chemins qui partent d', passent à Lagrange, au Bergé, avant de traverser la Gimone à l'endroit où s'élèvera plus tard l'abbaye de Gimont, bordent la ferme de Vatican, puis dans la vallée de la Marcaou celle de Lagrange, remontent à Gleiza pour redescendre à Pourraillé, puis à Giscaro à la ferme de Casset par la crête Gimone Save. 13 La distance d'Auch à Hungumverro portée sur ce trajet assigne alors sa situation à Gleiza (sur une crête). Mutatio Bucconis sauf par l'historien de L'Isle-jourdain, est situé par tous les autres dans la forêt de Bouconne. Par les chemins de crête, il aurait fallu passer par Monferran, puis descendre par Gaillarvielle au gué de Marestaing et remonter enfin par Auradé pour retrouver la serrade opposée à Blanquefort. En prenant sur cette voie la distance de VII lieues qui séparait les deux mutatio de Hungumverro et de Bucconis on arrive à situer Bucconis à Blanquefort, c'est-à-dire en pleine forêt et qui plus est toujours sur une crête. 14 Ad Jovem: Léguevin, cité qui s'était mise sous la garde de Jupiter. Un second tracé de la voie d'Auch à Toulouse est fourni par la table de Peutinger. Tolosa y est porté à 34 lieues gauloises d'Auch et un seul lieu situé à 15 lieues d'Auch est porté entre ces deux villes : Casinomago, et partant de ce lieu, une voie se dirigeant en direction d'un point nommé Aquis. Walckenaer situe Casinomago à Cazaux-Savès. Ukert, aux environs de Gimont. Le docteur Trémolières aux bords de la Marcaou parce que là, vivait une famille Cazemage. 15 Si sur le tracé des routes (le nôtre) nous portons les distances 15/34 nous tombons sur la crête Save Gimone, non loin de Frégouville, à la ferme Casset (encore sur une crête) sur la serrade conduisant à Boulogne-sur-Gesse et de là, comme l'indique la table de Peutinger à Aquae; soit qu'il s'agisse de Aquae Balneariae Lixonienses (Luchon), soit qu'il s'agisse de Aquae Tarbellicae (Tarbes) passage pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle. Tous ces points repérés sur la route de Jérusalem se trouvent sur des crêtes, c'est-à-dire au croisement avec des serrades, et le nom Mutatio se traduirait par "changement de route", c'est-à-dire carrefour ? La raison du fléchissement vers le midi de la voie Auch Toulouse, peut s'expliquer par la difficulté de traverser la Save ailleurs qu'au gué de Marestaing. 16 Ce gué semble avoir une réelle importance pour toute l'Aquitaine puisqu'il constituait pour elle la porte de Toulouse, de Rome, de Jérusalem. Les Romains le défendirent et le signalèrent: le gué est signalé par 5 mottes situées sur une même ligne droite. La plus à l'ouest, celle de Frégouville; au centre, [celle] de Gaillarvielle;

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 3 touchant le gué, [celle de Marestaing]; à l'est, de Blanquefort: ou Bucconis [?] près de Lias, celle de Poumafé, non loin de Blanquefort, sur le versant Garonne. Des fouilles effectuées dans chacune d'elles ont décelé la présence d'armes, de poteries romaines (mairie de Frégouville) et une grande quantité de cendres. Armes et poteries: présence de soldats assurant sécurité des communications. 17 Cendres: foyers allumés pour signaler la nuit la direction à prendre. Motte de Blanquefort : se compose de deux élévations de terre superposées présentant toutes deux la forme d'une ellipse orientée de l'ouest à l'est. L'inférieure, mesure environ 80m/35m, la supérieure, 20m sur 12 et 8 de haut. Motte de Frégouville a été réduite à deux reprises différentes (autorisation du C.M. du 18 novembre 1899). La terre fut transportée dans le jardin de l'instituteur à un niveau plus bas. Vers 1900, pour donner passage à une allée reliant l'église au village. En 1953 pour aménager sur son seuil, une cour de récréation. Ce monument, un des plus anciens du Cogotois eut une autre heure de célébrité pendant la Terreur.

18 Motte de Gaillarvielle sur cette motte, située au centre du quartier de ce nom s'élève une maison importante qui s'appelle encore "la Motte". L'élévation de la terre est encore très apparente. Elle est disposée sur l'emplacement de la maison actuelle et au couchant immédiat de celle-ci. Il y eut ensuite un château bâti sur cette butte. La présence de matériaux anciens dans les murs de la maison moderne et la présence d'un important puits carré et bâti le confirme. Ce château aurait appartenu d'abord aux Soubaignon, seigneur de Gaillarvielle, puis à Othon d'Escornebœuf (abbé Lamothe) qui fut en guerre contre son suzerain le seigneur de Castillon qui vainqueur, fit démolir le château. Le domaine serait passé ensuite entre les mains des Labouthe de Giscaro (abbé Lamothe). 19 Le terrier de 1670 indique que la maison et le domaine de Gaillarvielle, le plus important de Marestaing, étaient biens nobles et appartenaient à M. de Gaillarvielle sans autre précision sur l'origine de cette famille. Le gué de Marestaing dont il s'agit n'est pas le gué actuel, le lit ancien de la Save passait alors à l'est de la motte. Dans la traversée de la vallée, le chemin partait du moulin actuel, s'avançait jusqu'au nord de la butte, traversait la rivière et rejoignait le chemin montant à Auradé à l'actuel pont sur la Boulouse situé sur la route du Mona à L'Isle-Jourdain. Dans son passage dans le Cogotois, nous avons signalé un tracé possible de la route de Bordeaux à Jérusalem: celui passant par Monferran. Mais entre Casset et ce gué, il pouvait y en avoir un plus direct, celui qu'emprunte à présent le chemin vicinal Giscaro Marestaing. 20 La largeur de ce chemin disproportionné à ses besoins actuels laissant croire que c'est le bon. Il devait être bien boueux l'hiver dans sa partie qui longe le ruisseau d'en Peyblanc. Et il pouvait pour cette raison se diriger vers Frégouville, Castillon, le Mességué, la Peyrade, le Moureau et aurait gagné le gué en passant au Mouton (archives départementales). Castillon devenait alors porte clef de l'Aquitaine (voir histoire de L'Isle reprise). Origine du Cogotois. Région habitée par les cagots. Can = chien ou chiens de Goths. Le mot goth a pu servir à former d'autres noms tels que Marestanko. Ko pouvant être la substitution de Got; le point de crête le plus approché s'appelait Casinomago et que Frégouville (au moyen âge) signifierait ville des Goths.

21 Chapitre III Les Mérovingiens. Clovis à Auch et Toulouse. - Royaume de Clotaire Ier à Dagobert. Clovis arrive par Bordeaux où il passe l'hiver en 507. Et après avoir passé le gué de Marestaing (probablement), il envahit Toulouse où il pense trouver les trésors du roi des Wisigoths Alaric, qu'il venait de vaincre. Mais ils avaient été transportés à Carcassonne, puis à Narbonne. Un de ses fils s'en empara en 531. Clovis fut reçu à Auch par l'évêque Perpétue à la tête de son troupeau. Pour connaître cet accueil Clovis

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 4 exempte l'église Sainte-Marie de toute espèce de servitude et fait des présents: sa robe, sa tunique et du vase de la reine Clotilde. Il alla lui-même déposer sur l'autel de la Vierge, 100 sols d'or pour en faire des couronnes, dont l'une a été conservée jusqu'en 1793: "couronne de Clovis" et adjugée à l'évêque et à ses successeurs la ville d'Auch, les églises de St Pierre, de St Jean (St Orens) et près des murs fit construire l'église St Martin.

22 Invasion des Vascons. D'Espagne, des Pyrénées, Biscaye et Navarre, gaillards mercenaires, petits hommes noirs, agiles, à méchante mine. "Gens de peu d'esprit et de courage, ils donnèrent leur nom, Vasconie. Du mélange de races duquel le type gascon". Populations tenaces, certains diront têtues, gaies et ironiques, mystificatrices même, généreuses, charitables, humaines, cachant ses vertus comme ses faiblesses sous une apparence de dureté, néanmoins ombrageuses, susceptibles et individualistes" Les ducs de Gascogne : Généralis, mort en 620. Aignan, favori du Roi dut quitter la Vasconie. Les "Gascons" nommèrent l'un d'eux, Armand, époux de Climantia, fille de Sérénus, gouverneur d'Aquitaine. 23 Leur fille fut mariée avec Caribert, frère de Dagobert qui le fit empoisonner, lui et son fils aîné (histoire de Gisèle et de son père Armand dans la revue "Mazaïque du Midi" année 1888 p135). Les Vascons durent aller chercher un duc au delà des Pyrénées : Loup Ier accepté par Dagobert. Ses successeurs prirent leur nom héréditaire, puis héréditaires descendants de divers ducs de Gascogne. (Un duc Lupus règne à Toulouse vers 660-670. Il a reconstitué le duché d'Aquitaine et de Vasconie. Eudes, son fils 710-735 est reconnu par Charles Martel avec le titre de roi. Hunald Ier entre 735-744 devient moine. Waïfre, son fils né en 744 fut assassiné par des gardes soudoyés par Pépin en 768. Hunald II, son fils se heurta à Charlemagne. 24 Eudes en 721 reçoit le premier choc des Arabes et réussit à leur faire lever le siège de Toulouse, mais revinrent plusieurs fois ravager la Vasconie et l'Aquitaine: Bayonne, Lescar, Oléron, Dax, Aire, Eauze, Auch, Agen, Bordeaux, furent ravagés (voir p22 petite histoire de l'Armagnac par J. Fr. d'Estalenx). Invasion des Maures. Maurens village limitrophe du Cogotois. Le quartier du dans la commune de Castillon-Savès ?

25 Chapitre IV Les Ducs, puis les Comtes de Toulouse. Création des duchés et comtés par Charlemagne. Dans le sud-ouest de la Gaule, deux duchés : 1° celui de Vasconie 2° celui de Toulouse. Séparés du nord au sud par la vallée de l'Arrats. Le futur Cogotois faisait partie de la division toulousaine. En Vasconie. Louis II, fils d'Eudes, petit-fils de Louis 1er, membre de cette famille que son père avait combattue. Loup II était entré dans les bonnes grâces de Charlemagne en lui livrant son petit-neveu Hunald II, insurgé contre lui (voir page 23). Louis II et ses descendants cherchèrent à rompre le joug qui les liait à Charlemagne. Écartèlement de la Vasconie. La Lomagne forme un comté distinct. Centule Loup, fils de Loup II, formait le comté de Bigorre. Son frère, Semen Loup eut deux fils: 26 1° Eneco Semen qui devint roi de Navarre, 2° Garcia Semen qui conserva la Vasconie. Un petit-fils de ce dernier Sanche III Semen dit Mittara est le premier duc héréditaire de Gascogne et souverain. Le duché sera divisé entre ses fils pour ne plus former que des comtés : Fezensac, Armagnac et Fezensaguet. Armoiries de la maison de Toulouse à l'occasion de la Croisade : Croix clochée, vidée, pommetée, et alaisée d'or sur un champ de gueules.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 5 27 En Toulousain. Le duché de Toulouse fut donné par Charlemagne à un certain Chorson, puis à Guillaume, mais bientôt après revenait dans le domaine royal où Louis le Débonnaire, son fils et son petit-fils, Pépin Ier et Pépin II, puis Charles le Chauve se le disputèrent. Ce dernier rétablit le duché en 860 en élevant à cette haute fonction Fredelon, son adversaire, et des comtes de Toulouse. Guillaume IV comte du Toulousain, de l'Albigeois, du Quercy, du Lodévois, du Périgord, du Carcassès, de l'Agenais, de l'Astarac. Comtes de Toulouse. Raymond Pons II épousait Almadis de Lussignan, encore vivant, qui le quitta bientôt pour un 8 époux. Guillaume IV querella Guillaume d'Aquitaine. Il épousa Irma, fille dus comte de Mortaisset, se fit excommunier par Grégoire VII pour s'être mêlé d'une querelle avec son évêque et les moines de Saint- Sernin. Il meurt en Terre Sainte et laisse ses états à son frère Raymond, comte de Saint-Gilles. Ce dernier fut excommunié par le Pape pour avoir épousé sa cousine. Séparé d'elle, il épousa Mathilde, fille du comte Roger de Sicile, puis la fille naturelle d'Alphonse VI roi de Castille ; fit des dons aux églises et laissa ses états à son fils Bertrand. Il mourut au siège de Tripoli après avoir refusé deux fois le trône de Jérusalem. 28 Les comtes de Toulouse avaient de dangereux voisins dans les ducs d'Aquitaine. 1098-1100 Le jeune Bernard fut pendant 2 ans chassé de Toulouse. Il part pour la croisade laissant le comté à son très jeune frère Alphonse (1109), qui, parce qu'il était né en Orient porta le nom de Jourdain. Dépouillé par Guillaume d'Aquitaine et le comte de Béziers, il se réfugia en Provence. Il retrouva son bien 14 ans plus tard et en 1140 se rend en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. A son retour il félicite ses sujets d'avoir résisté au roi de , mari d'Eléonore d'Aquitaine, qui avait voulu s'emparer de Toulouse. Il mourut en Terre Sainte en 1148, emprisonné par la reine de Jérusalem, en compagnie d'un fils et d'une fille naturelle qui devint l'épouse du sultan Nour-ed-Din. 29 Raymond V battit le vicomte de Béziers et celui de Montpellier. Ces derniers soutenus par Henri II d'Angleterre. Louis VII les oblige à se retirer du siège de Toulouse. En 1189: il lutta contre Richard Cœur de Lion et Alphonse d'Aragon et fut secouru par Philippe Auguste. On l'appelait "le bon Raymond", il mourût en 1194. Raymond VI congédia sa 8 femme et épousa Jeanne, veuve du roi de Sicile, sœur de Richard Cœur de Lion ; avec l'Agenais pour dot et un traité très avantageux. Elle mourut, et il épousa Eléonore sœur du roi d'Aragon.

30 La croisade des Albigeois. But avoué: détruire l'hérésie. caché: conquête des riches régions du Midi. Vers 1165, Raymond VI, pas assez sévère au gré du Pape Innocent III, son légat Pierre de Castelnau assassiné (signal). 100.000 croisés descendirent sur les bords de la Méditerranée 20.000 p. Béziers, Carcassonne furent massacrés par Simon de qui rase tout sur son passage. Simon de Monfort veut entourer Toulouse et rase tout sur son passage. Dévaste Castelsarrasin, Grenade, brûle L'Isle-Jourdain, Samatan et Lombez. [NOTE DE L'EDITEUR : RIEN NE LAISSE SUPPOSER QUE SIMON DE MONTFORT AIT BRULE L'ISLE- JOURDAIN, BIEN AU CONTRAIRE, ON A DES PREUVES DE LA SOUMISSION DE BERNARD JOURDAIN II.] Bataille de Muret (1213) abdication du comte de Toulouse Raymond et Simon reçoit ses biens (1215). Mort de Simon de Monfort (son fils donnera ses biens à la couronne royale) en 1218; boulet de pierre lancé des remparts de Toulouse. Mort de Raymond VI en 1222, il ne put être enterré dans un lieu bénit et son corps resta plusieurs années à la porte de l'église Saint-Sernin. 31 Raymond VII lutte contre Blanche de Castille. Vainqueur à Castelsarrasin (1227); vaincu, il accepta la médiation de l'abbé de Grand Selve (Grenade-sur-Garonne) et du comte de Champagne, et à Meaux, signa un désastreux traité qui termina la puissance des comtes de Toulouse. Sa fille Jeanne fut mariée avec le frère de saint Louis, Alphonse. Tous deux moururent en 1271 au retour de la croisade de Tunis. Les seigneurs de L'Isle, de Marestang (participation probable de Bertrand de Marestang à cette lutte à côté du seigneur de L'Isle-Jourdain) de leur seigneurie, de leurs parents, de Géraud de Maurens, d'Odon de Preissac, se soumirent le 26 septembre 1226 à l'église et à leur roi, en l'église Saint-Martin de L'Isle- Jourdain. (son humiliation imméritée du seigneur de L'Isle, le 12 avril 1229 à la cathédrale de Paris). Avec Raymond VII succomba la nationalité distincte des peuples du Midi de la France, sa langue particulière qui donna son nom au pays Languedoc.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 6 Raymond VII, puissance déchue, humilié, étroitement surveillé, obligé de persécuter ses sujets, malgré ses secrètes sympathies, s'épuisait pour faire réhabiliter la mémoire de son père, réussissait à se réconcilier avec l'Église, mais ne parvenait pas à se marier afin de prolonger au-delà de lui-même la lignée mâle de la maison de Saint-Gilles dans l'espoir qu'elle se relèverait quelque jour. 32 Saint Louis lui demanda de suivre la croisade de 1248. Il mourut avant de partir pour cet exil, dont l'idée seule, sans doute lui donna le coup de la mort. Du moins avant de descendre au tombeau, le dernier des Saint-Gilles voulut-il donner à ses sujets, une preuve suprême de sa tendresse, en protégeant, autant qu'il était en lui, leur avenir livré en des mains étrangères. Il fit un testament où il confirmait les privilèges et coutumes dont jouissaient les barons, chevaliers et autres vassaux, les églises, les villes, les châteaux et villages de ses domaines. C'est de cette époque que date l'indépendance du comté de L'Isle et de la vicomté du Cogotois. Il est vraisemblable de croire qu'il en fut l'auteur. Jeanne, fille de Raymond VII, fut mariée avec le frère de saint Louis, Alphonse. Ce dernier ne se montra que rarement dans ses états qu'il gouverna du château de Vincennes. Tous deux moururent en 1271 au retour de la croisade de Tunis, sans enfant. Philippe le Hardi, leur héritier, réunit le Languedoc à la couronne de France.

33 LIVRE II Chapitre I Les seigneurs de Marestang. Création du Cogotois. Le Cogotois appartenait à la famille des Marestang (Marestanko). Gérard de Marestang en 1490 prétend que sa famille possède la seigneurie de Marestang depuis 500 ans. Donc le Cogotois les eut pour chef de, vers l'an mille à 1499 et par leurs gendres jusqu'en 1790. A cette date, Hugues Capet est sacré roi à Reims et Guillaume IV était comte de Toulouse et l'origine de la famille semble être celto-ibérienne. Composition du Cogotois. A l'origine, les communes actuelles de Marestaing, les paroisses de Louberville, de Gaillarvielle, de Monferran-Savès, Sansas, Castillon-Savès, Cazaux-Savès, Labastide-Savès et Clermont-Savès. Et probablement une partie d', Auradé, Blanquefort et Turutet et Mayolles, Cametière car M. Laporte (Bulletin de la S.A. année 1915 p224) écrit que le 14 janvier 1271, dame Anglésie Marestang, fille du seigneur du Cogotois et son fils, Michel Danos (ou du Ros), coseigneurs d'Endoufielle cèdent à Jourdain de L'Isle tout le domaine avec juridiction haute et basse qu'ils avaient à Auradé, Blanquefort et Turutet en échange de la motte de Cruzet dans Sainte-Livrade et de terres au Périgué. 33bis notes : Les seigneurs de Marestang et leurs sujets. Certains nobles habitant le Cogotois étaient vassaux des seigneurs de Marestang ? Les seigneurs de Gaillarvielle eurent pour successeurs les Soubaignon de Gaillarvielle. Les Labarthe de Giscaro. Les seigneurs de Sansas. Les seigneurs d'Aubine qui s'allièrent avec l'illustre famille des Mauléon. Les seigneurs du Brouilh. Les seigneurs de Villemur, également de Monferran. Les seigneurs de Lestaing au midi et au bas du coteau où est construit le village de Castillon dès qu'on a passé le ruisseau d'en Millet. Et probablement les de Bryer, seigneurs de Lilhan qui ont habité la Peyrade mais peut-être plus tard ( livre IV p438).

34 Clermonte de Cogotesio (Clermont en Cogotois ou Clermont-Savès) en fut détaché vers 1240 à la mort de Bernard de Marestaing qui le légua à sa fille Anglésie mariée à Bernard III de L'Isle et en 1244, Bernard, fils de Bertrand en fait encore hommage aux comtes de Toulouse (Histoire de Clermont). Louberville fut donné en dot à Anne de Marestang à l'occasion de son mariage avec Menaud de Preissac en 1460.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 7 Monastères. Grand Selve (Grenade), Gimont, Lombez, ceux de la forêt de Bouconne, parmi lesquels Goujon autour du Cogotois et dedans celui des Bénédictins à Monferran, celui des Templiers à Marestaing. 35 Abbaye de Grand Selve: fondée en 1117 par la duchesse d'Aquitaine et l'évêque de Toulouse: ermites et Cisterciens en 1164. Gimont: 1145, filiale de l'Abbaye de , puis de . Le seigneur Géraud de Brouilh et d'autres de ses parents, donnèrent à un abbé de Berdoues, la terre de Cahuzac. Lombez : charte du 21 mars 783. Raymond, duc de Toulouse fait don à Attilon, abbé bénédictin du lieu de Lombez, pour y élever l'abbaye dédiée à Notre-Dame de la Save. Forêt de Bouconne : défrichée au Xème et XIème siècles. Hospitaliers ont des établissements agricoles à Léguevin, Lias, Fonsorbes, Poucharramet. Les religieux de Cîteaux, des granges, couvent de Goujon (Auradé), de Gimont (granges d'Ayguebelle et de Saint-Lys). Abbaye de Goujon: plus proche du Cogotois, créée en 1155 par les Prémontrés de la Case Dieu, célèbre abbaye située entre Mardrac et Plaisance dont il ne reste plus rien. Ils ne restèrent à Goujon que 18 ou 20 ans et furent remplacés par des Cisterciennes jusqu'en 1450, date à laquelle l'abbaye fut détruite par les guerres du temps: les troupes de Charles VII poursuivant Jean IV comte d'Armagnac aux environs de L'Isle-Jourdain. 35bis NOTE DE CHARLES VILLAS : page 35 confuse (à revoir et à préciser). Abbaye de Grandselve = ? Abbaye de Bouillac (près de Grenade) fondée en 1114 par Robert d'Arbrissel ou par Girard de Salles, son disciple. D'abord vivant en ermites, les religieuses passèrent ensuite sous la règle de Cîteaux (L.Duhl - la Haute-Garonne et sa région, p. II p.412) Le paragraphe Lombez ne concerne ni Grandselve ni Planselve. Vérifier les origines du monastère de Lombez. Abbaye de Planselve. Abbaye de l'ordre de Cîteaux, filiale de l'abbaye de Berdoues près de Mirande; fondée en 1142 par Géraud du Brouilh et son épouse Gaussens qui donnèrent à Albert, premier abbé de Berdoues (5 avril 1142) 100 concades de terre dans la plaine appelée Plana Silva sur les bords de la Gimone. Gimont. Ville "bastide", ville "franche", créée de toutes pièce comme moyen de peuplement, en 1265, par les abbés Bernardins de Planselve. 36 Les Bénédictins à Monferran. Dans le Cogotois : des monastères, celui de Saint-Clément sur l'emplacement duquel se trouve le cimetière actuel de ce village et celui des Templiers de Marestaing (Gabent. Revue de Gascogne Novembre 1895 Notes p189). Les Templiers à Marestang. Vers 1200 (Ordre formé en 1118) remplacés par Ordre des Hospitaliers et Chevaliers de Malte. Le cadastre de Marestang, dressé en 1791 indique que le ci-devant Grand Prieur de l'Ordre de Malte, résidant à Toulouse, possédait encore plusieurs terres de cette commune. L'une d'elles située au lieu dit Castets portait le numéro 138 et fut vendue bientôt après comme bien national à Larribaut, meunier puis prit le numéro 659 de la section C du cadastre établi en 1880. 37 Le château s'élevait au levant immédiat de l'actuel village au lieu encore appelé "castelet" et l'on peut encore suivre les traces d'anciens fossés. Sur le vieux terrier de 1690, il n'est pas davantage mention de château. Celui des Templiers avait été détruit sous Philippe le Bel. Mais deux parcelles appartenaient au Grand Prieur. L'une dite "au Planté du Chibalé" bordant la Save par le levant et le chemin de Marestaing à L'Isle par le nord et le couchant. Peut-on dire que c'était le fruitier du Chevalier. L'autre située au nord du chemin de Monferran dite "au Templé". Il existe en effet encore au nord de cette route, face au château de Gaillarvielle une pièce toujours ainsi dénommée. Ils possédaient (cadastre de 1791) en copropriété avec le seigneur d'alors, le moulin sur la Save, mais pas où est l'actuel. Le canal primitif passait en le longeant à l'est du cours actuel. On en voit encore le tracé et il est figuré sur le plan cadastral de 1880, par un trait plein. Il fut creusé en 1200 par les Templiers. 38 Le château des seigneurs de Marestang. Aucune mention à Marestaing, mais tout laisse croire qu'il était situé à Castillon-Savès sur, ou près de la motte appelée Castellum où est bâti l'actuel "château de Castillon". certitude qu'il fut habité par les successeurs des Marestang dans la baronnie du Cogotois. Les lettres conservées que les sires de Fontrailles expédient lorsqu'ils sont dans les terres du Cogotois, sont datées de "Castilloun". Les marquis de Preissac naissent et meurent à Castillon, comme on peut le constater dans le cahier de catholicité (état civil) de Castillon. Les Preissac d'Esclignac furent inhumés en l'église dans le tombeau de leur ancêtre (acte de sépulture du 20 mars 1771 - état civil). Or leur ancêtre ne pouvait pas être les Preissac qui se firent enterrer jusqu'alors dans leur château familial d'Esclignac, sis à Monfort. Il ne pouvait s'agir que des Marestang. Ils résidaient donc à Castillon et non à Marestaing comme l'ont cru les auteurs qui devaient ignorer l'acte. Castillon et les autres paroisses du Cogotois formaient et restaient Marestang. 39 Essai de reconstitution du château primitif.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 8 Il en reste peu de chose et ce qui reste est d'une construction postérieure : camp retranché, fossé, parapet, palissades et sur une hauteur, donjon, plusieurs étages et échelles. Butte sur l'esplanade. Repos de la garnison à l'actuel château, le donjon sur l'emplacement de la garnison et le parc des protégés à l'ouest du château sur l'éperon de la Garrière. La palissade de bois tout autour du portail de fer du château à la métairie de la Garrière. Aucun fossé n'étant nécessaire au midi, couchant et nord vu la rapidité des pentes. Attaque à redouter par le levant, mais l'avancée de la butte gallo-romaine, puis à des fossés secs, à peine disparus qui délimitaient le camp à hauteur du portail du jardin à un remblai disparu formé des fouilles de ce fossé avec de solides palissades et au fossé donjon et à la tour donjon. 40 La porte se trouvait sur la face nord. Par le chemin dit des marronniers, y accédaient les populations habitant le nord du camp. Par le chemin dit des tailleurs, les habitants du midi. Nous situerons le donjon primitif sur une butte de terre artificielle, car d'où proviendraient les terres qui comme à l'esplanade semblent avoir été jetées du haut du coteau vers le midi (la palissade le long du chemin du château à la Garrière). Le pied de la tour qui est encore debout mesure 9 m sur 9 m, sans présenter un carré régulier. L'angle sud est aigu, ses murs d'une épaisseur de 1,65 m sont constitués d'assises de briques superposées et intercalées avec des assises de pierre de taille. Chacun des deux étages comprend six de chacune de ces assises et mesure 4,40 m de haut, sans y comprendre la toiture. Ce qui constitue actuellement le rez-de-chaussée était en fait plutôt autrefois une cave obscure puisqu'elle ne comprenait pas d'ouverture (on voit très bien que la porte actuelle a été ouverte après coup). 41 Au dessus, "un étage" avec une ouverture (porte, plus que fenêtre). C'est par là que l'on pénétrait dans le donjon, à l'aide d'un escalier de bois amovible. Au-dessous de cet étage obscur, il existe un sous-sol: grenier, cave, glacière, ou prison. Glacière: révélée par le contenu de l'acte de vente du château comme bien national. Prison: par archives de Monferran qui relatent qu'un Monferrannais nommé Caillé, condamné à la pendaison vers le 20, séjourna pendant assez longtemps dans la prison du château de Castillon. Chaque étage: une seule et vaste pièce, donc 5 pièces. Comme le sont encore les deux pièces inférieures et comme l'était encore en 1942 la troisième pièce, toutes ces salles étaient voûtées, style roman et reposaient sur 4 piliers carrés situés aux 4 angles. Un escalier en briques voûté, situé dans l'épaisseur de la muraille ouest reliait 2 à 2, ces différents étages. La tour devait se terminer par une terrasse couverte d'une toiture poivrière ou un toit plat. 42 L'incendie ravagea le château en 1791. La tour resta alors découverte jusqu'en 1830 et fut tellement dégradée qu'il fallut démolir deux étages supérieurs. Le pied qui restait fut recouvert d'un dallage de béton de ciment, mais sous la poussée des voûtes inférieures, se craquela et laissa passer l'eau de pluie et la voûte s'affaissa en 1943. Tel était vers 1200, le château de Castillon. Blason des Marestang. Or sur lion, de gueules, armé et lampassé d'azur, à bordure d'azur, c'est-à-dire en or, avec dans son centre un lion en émail rouge et sur sa bordure une bande bleue. Le lion tire une langue bleue et est armé d'une épée également bleue. Dessin ci-contre

43 Chapitre II Les seigneurs de Marestang, vassaux des comtes de Toulouse. Présence révélée à partir de l'an mille, histoire depuis 1200. Ils durent être entraînés à participer aux croisades. L'un d'eux dut partir avec Guillaume IV vers 1090 ou avec Raymond de Saint-Gilles en 1100 et son fils put suivre l'un des fils de son suzerain, Bertrand (1109) ou Alphonse Jourdain en 1140 et ils eurent comme compagnons d'armes Raymond de L'Isle et son fils Raymond Bernard en 1095 où ces derniers prirent le nom de seigneurs de L'Isle-Jourdain. La lutte contre les Anglais, commencée par Louis VII en 1152 ne se termina qu'en 1259 sous saint Louis. L'Aquitaine n'était passée qu'à regret sous les lois anglaises, les seigneurs gascons craignant pour leurs privilèges se révoltèrent ouvertement en 1167, mais durent se soumettre. En 1175, Richard dut soumettre les comtes gascons, comtes de Dax, puis de Bayonne. L'Armagnac accepta la vassalité. 44 Le vicomte de Lomagne vit Lectoure assiégé et se soumit et se fit armer chevalier par Richard Cœur de

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 9 Lion (1181). Les Anglais menacèrent le comte de Toulouse et le château de Castillon pouvait être un poste d'observation des Anglais surveillant sur les coteaux de la rive droite de la Save, les mouvements des troupes du roi de France ou du comte de Toulouse. Bernard de Marestang. Seigneur de, Environ 1200 à 1230. Voir notes pages 196 Dans un acte passé en 1204 à Auvillar, arrondissement de Moissac, concluant la paix entre Vésian, vicomte de Lomagne et la ville de Toulouse, parmi les témoins, dont Géraud comte d'Armagnac, Odon de Lomagne, Raymond, évêque de Toulouse, Bernard Jourdain et Bernard d' figure Bernard de Marestang, premier seigneur dont on peut tracer l'histoire. On le voit figurer peu de temps après en 1221 dans un acte, règlement d'un différent qu'il avait eu avec son voisin Jourdain de L'Isle, aplani par Vidal de Blanquefort, coseigneur d'Auradé. 45 Création de Monferran. (Montagne de Ferrand. note de Ch. Villas) C'est lui qui créa le château fort de Monferran sur la colline de Ferrand à l'endroit même où se trouve ce village. Il fut passé un paréage entre le seigneur de Marestang propriétaire du sol, l'archevêque de Toulouse représentant les moines de Saint-Clément, bâtisseurs et les futurs habitants bourgeois. Les moines avaient la haute seigneurie, droits honorifiques avec quelques redevances et le seigneur les droits utiles, et devenait le vassal pour Monferran de l'Archevêque de Toulouse. Cause de nombreux désaccords. En 1233, un accord, le seigneur de Marestang reçoit le droit de prélever l'impôt: Une "cartière" d'avoine sur chaque foyer ; d'être hébergé dans chaque maison avec l'un de ses chevaliers et un de ses écuyers; de percevoir deux quêtes : l'une lorsqu'il voudra s'armer, l'autre, s'il est fait prisonnier ; le droit de vente d'albergue, etc. 46 Des fortifications furent construites autour de la cité, fossés au nord et à l'est. Au nord, ils subsistent encore d'une façon discontinue. A l'est, ils étaient creusés sur le parterre de la maison Matet et sur le terre-plein qui se trouve au levant de l'église, et de la porte au nord et à l'ouest, la pente était suffisamment rapide pour se passer de fossés. Ils étaient remplacés par d'épaisses murailles auxquelles s'adossaient les maisons. Ils longeaient le chemin qui va de la statue de la Vierge au sol du fond du village. En deux endroits, les murs et les maisons manquaient et remplacés par des murs de "parets" ou murs de terre. Ce long rectangle était traversé dans toute sa longueur par une rue passant au centre, elle s'ouvrait au levant par la "porto de Haout" encore debout, au premier étage de laquelle se réunissaient les consuls et se terminait par la "porto de Bach". En rentrant, sur sa gauche, on longeait l'église qui fut dédiée à Saint-Louis. 47 Son clocher était en queue de morue, le cimetière se trouvait à l'emplacement du porche et au midi de l'église. Puis on longeait sur sa droite, des maisons dont le rez-de-chaussée formait porche (en face était établi le four banal : actuelle boulangerie Idrac). Guère plus loin et à droite se trouvait la place d'armes "Clos d'en Paquet", actuellement en contrebas. On arrivait ensuite au Placia et une autre place plus exiguë terminait la Grand'rue. De chaque côté de celle-ci s'allongeaient deux ruelles dénommées "carelots" mais sans portes propres à leur extrémité. Les recherches n'ont pas permis de situer le beffroi, s'il y en a eu un à Monferran. Création de Marestaing. De même époque, le château fort de Marestaing où était inclus le château des Templiers, de même que le cimetière qui n'a jamais changé de place. L'église a été déplacée, elle était située à cette époque dans l'enceinte du cimetière. 48 Création de Frégouville. Bertrand de Marestang permit la formation d'un château fort à Frégouville, des fortifications s'élevaient, on voit encore par les mares qui entourent le village, quel pouvait être leur tracé. L'église actuelle était dans l'intérieur de l'enceinte et le cimetière se trouvait au levant et au midi de cet édifice qui était alors plus bas et non voûté. La butte gallo-romaine était au centre du château fort et servait de beffroi. Création de Castillon. Il en fut de même, des fossés furent creusés au levant, nord et couchant. Ils partaient de l'ancien cimetière, passaient au levant de l'église qui fut toujours là, au levant immédiat de la forge Touron et gagnaient les viviers actuels situés au nord du village et qui s'allongeaient jusqu'au nord du château en ligne droite, puis se dirigeaient vers le midi par une excavation encore visible. 49 Sur toute la face du midi, il fut élevé une muraille dont on retrouve encore les fondations. Le sol de la Garrière, autrefois gardiennage, fut écarté de l'enceinte au profit de terrains plus élevés situés plus à l'est. La place publique, le padouenc, s'étendait au nord de l'église, lieu alors dépourvu de constructions. Le cimetière était sur l'esplanade actuelle après que le tumulus fut écrêté. Les maisons de chaque côté de l'allée: église, château, presbytère et maison Trébosc. Remarques. Ces quatre villages formaient tous des villages allongés du levant au couchant, traversés dans leur milieu par une rue de même orientation. Face midi, bordée de murailles. Face nord, fossés. églises, toutes

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 10 immédiatement à gauche en entrant par la porte du levant. Cimetières au couchant ou au midi. 50 Fossés seulement alimentés par eaux de pluie, compartimentés. Portes assez mal défendues par les tours carrées. Pas de pont-levis, mais passerelle volante. Herse renforçant parfois la solidité de la porte aux vantaux cloutés que l'on fermait au moyen d'une barre s'appuyant à des "trous barriers" disposés dans le mur (empêcher la nuit, l'incursion des bandes de pillards). Les églises se trouvaient à l'entrée des villages fortifiés et les murs faisaient partie des fortifications. La cité désirait associer Dieu à sa défense et se mettre sous sa protection. Leur tour de défense servait de clocher. Cimetières autour. Notables dans l'église pour être plus près de Dieu. 51 Mariage d'Anglésie. Une vieille amitié unissait Bernard de Marestang et Bernard Jourdain II, seigneur de L'Isle. Mascarone de L'Isle était promise au fils aîné de Bertrand de Marestang. (Ce mariage n'eut pas lieu car Mascarone s'allia avec Bernard de Lavaur.) La sœur de celui-ci devait épouser le fils aîné du seigneur de L'Isle, Bernard Jourdain III. En 1225, Bernard Jourdain III épousa la jeune Anglésie de Marestang. (Elle reçut Clermont au décès de son père. note de Ch. Villas) Bernard Jourdain III mourut jeune en 1240, le fils qu'il avait eu d'Anglésie mourut avant, ne laissant qu'une fille Alpays. C'est le frère de Bernard Jourdain III qui prit le siège comtal sous le nom de Jourdain IV. Anglésie se remariait avec le seigneur Danos ou du Ros auquel elle dut apporter en dot une partie d'Endoufielle et d'Auradé. Elle eut comme fils de ce deuxième mariage : Michel, Hugues et Brux Martine (M. Laporte Bul. Arch 1915 p224). 52 La civilisation orientale entraîne création de moulins. Les "camis molientes". Principaux moulins en Cogotois. Sur la serrade de Razengues à Lahas: entre Razengues et Sansas Aiguebère commune d'Escornebœuf Sansas à 4 km à l'ouest de la serrade Quil entre Sansas et croisement de Bestiau Lahitaux nord-ouest de Monferran ouest de Monferran Savès idem au petit Savès Frégouville (Vignères) au midi de Frégouville de Toino sud-ouest de Frégouville Situés aux embranchements des 2 chemins du village avec la route Maurens Castillon: Larroque midi de Mayolles Frégouville, route de Gimont à Cazaux Sur la crête secondaire, suivie actuel Auch-Toulouse: Saint-Jean près Bacon à Monferran Crête secondaire, Monferran à Marestaing: Gaillarvielle ? Marestaing nord-ouest de Marestaing Sur la crête secondaire, Frégouville à la Ribère (Castillon): Rogou nord-ouest de Castillon (plus tard) 53 Crête secondaire de Maurens à Cazaux: Chirre midi du village de Castillon Les Templiers exploitèrent le moulin à eau du gué de Marestaing. En 1516, il fut question d'en établir un autre entre Louberville et Auradé (B.A. 1916 p92). Anne de Marestang, épouse de Preissac, dame de Louberville et Arnaud Guilhem d'Ornezan, seigneur d'Auradé en prirent l'initiative. Mais rien n'indique les suites données à ce projet. Moulin du Lortiguet sur la Save, situé dans la commune d'Endoufielle ; démoli de fond en comble. Il fut question de le reconstruire en 1493 (B.A. 1916 p94). Ce projet ne fut pas exécuté. Sur le ruisseau d'en Peyblanc, à Castillon, à l'intersection des communes de Castillon, Frégouville, Marestaing. Démoli par son propriétaire, M. Riscle vers 1920. Bastides: Cologne et . Bastides dans nos régions. 54 L'Isle-Jourdain après sa destruction par Simon de Monfort. Reconstruite à l'emplacement qu'elle occupe encore sous forme de bastide : les remparts formaient un carré parfait. Au nord, sur l'emplacement actuel du chemin partant de l'usine à gaz, longeant le foirail et aboutissant au garage Danezan.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 11 Au levant, sur l'assiette de la route de Grenade à Lombez. Au midi, sur la route longeant l'esplanade et aboutissant au pont actuel de la Save. Au couchant, la Save, à présent le canal du moulin, tenait lieu de fortifications. Marcadieu. La place principale ou marcadieu, n'était pas exactement au centre. Elle occupait l'emplacement actuel de la place aux herbes. Les arceaux existent encore sur trois de ses faces. La rue principale partait de la porte de Toulouse (aux quatre chemins) longeait la place du marcadieu et se continuait par la rue de la Save et se terminait au pont de l'usine à gaz (abattoir). 55 De là, partait la route qui après être passée sur le deuxième bras de la Save au pont Tourné, se dirigeait vers Monbrun et Cologne. La route de Toulouse à Auch ne traversait pas le bourg, mais longeait son faubourg au midi. Elle arrivait de Lias, passait à Goudourvielle, au quartier du Cabiros, au Gaouarrat, traversait la Save près de la Gaouarre: au pont de Pontperrin, enjambait la vallée, atteignait Gachat, côtoyait la ferme d'en Gouardes et le Migret, atteignait à Bestiau, la serrade. Les deux autres principales rues de la ville nouvelle étaient la rue Maguelone, l'actuelle rue de la République, et la Grand'rue, aujourd'hui, rue du 14 juillet. Elles traversaient les pâtés de maison construites les unes sur les autres qui s'entassaient sur l'emplacement de la belle halle aux marchands actuelle sur celle de la place de la mairie et sur celle de l'imposante mairie actuelle. Cependant l'ancienne "maison de ville" occupait une partie de l'emplacement de la mairie neuve, mais son étroite façade donnait sur la Grand'rue. 56 La petite église primitive et le cimetière se trouvaient sur l'esplanade et le château comtal sur l'église actuelle. REMARQUES PERSONNELLES DE HENRI COMBES : Lorsque fut construit le kiosque à musique actuel sur l'esplanade des Pyrénées de nombreux ossements furent découverts sur cette esplanade. en creusant le sous-sol du kiosque, une dalle de grandes dimensions, 2 m sur 1 m environ, de forte épaisseur fut mise à jour a environ 2,5 m a 3 m de profondeur, mais les ouvriers reçurent l'ordre de recouvrir sans ouvrir. Cette dalle se trouve donc aujourd'hui sous le béton du kiosque du sous-sol, a peu près au centre du dit kiosque. Une de ses tours sert encore de clocher. L'importance de ce clocher (voir histoire de L'Isle-Jourdain) dénote de l'importance des seigneurs de L'Isle, tels les comtes d'Armagnac. 57 Les comtes du Comminges habitèrent le château seigneurial de Samatan, fièrement bâti au haut d'une colline; une motte "la Moutasse" domine encore la ville actuelle, protégeait le château. Il fut cependant pris, démoli, rebâti; à ce jour il n'en reste plus rien. La première ville fortifiée, dite le Castrum, se tenait entre lui et la route de Lombez à Cazaux. La bastide dite "bourgneuf" s'éleva ensuite sur l'emplacement du faubourg (entre la dite route et le canal du moulin) et du Marcadière (entre le canal et la Save) encore appelé Marcadieu. Marestang. Les seigneurs du lieu voulurent, eux aussi créer une bastide dans la vallée de la Save. Il est à penser que ce "Marestang Neuf" fut l'objet d'un début de construction entre les ruisseaux du Nuguet et de Ponsin qui auraient pu alimenter ses fossés. Là en effet s'élevait encore en 1880, l'important hameau d'en Couget qui comprend une ferme désignée, non sans raison par le nom de Bastide. 58 Une charte des coutumes fut même concédée en 1272 à cette nouvelle ville par Bernard de Marestang et le percepteur des Templiers (B.A. 1909 p1272). Mais comme certaines d'entre elles, cette bastide ne prospéra pas (B.A. 1909 p147). C'est probablement parce que la création du pont de Pontperrin détournait au profit de L'Isle, les voyageurs venant de Toulouse ou de Bordeaux. La position économique du Cogotois s'était bien changée. Il n'était plus la porte de la Novempopulanie. Mercadères. Routes des vallées réunissant les bastides, foires, tracées sur la rive droite des rivières au sol moins argileux. Le long de l'Arrats, la nouvelle voie s'appela "la grande mercadère de l'Astarac", dans la vallée de la Save "la voie Marestane" parce que dans le milieu de son parcours elle longeait les possessions des seigneurs de Marestang qui devaient en posséder le droit de guidage ! 61 Agrandissement du château de Castillon. Art des fortifications apporté d'Asie Mineure par les croisés. Marestang a pu chercher à mieux fortifier le château tout en lui donnant plus de confort. A la tour ils accolèrent une construction (habitation ?) et des granges. Certaines pièces de l'habitation sont encore pourvues de très épaisses murailles et plafonnées de voûtes romanes. Restes d'une belle cage d'escalier en briques (récemment détruit, indiquaient un sous-sol et un étage au moins). Deux ailes

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 12 parallèles devaient se détacher de cette construction: hangars, greniers, écuries, caves ? De l'une d'elles part un conduit souterrain bâti de briques cuites en forme de voûte mesurant 1 m de haut sur 0,80 m de large, long d'environ 150 m, se prolongeait jusqu'au pied nord du château (éboulement, fuite ? alimentation en eau ? puits maçonné, un aqueduc). Conduit souterrain. Toutefois il existait un conduit d'eau aux abords du château. Inscription gravée sur une pierre calcaire trouvée dans les décombres du château et utilisée comme seuil de porte, usée dans sa partie centrale et dont il reste les mots: 62 CONDUIT <> CESTE <> PURE <> LIQUEUR DE <> SES MAINS <> ET SAINTE- <> DESAVIE <> CESTE <> AU <> MUE <> EN <> VIE <> MAINS <> <> 1589 Il semble que cette pierre fasse partie d'une inscription posée sur la tombe d'un ouvrier qui serait mort en bâtissant ce conduit d'une pure liqueur, c'est-à-dire d'un aqueduc. Pigeonnier. On dut à cette époque construire le pigeonnier du château de Castillon. Bâti à flanc de coteau, exposé au midi, à quelques 200 m du château, importante construction massive et carrée de 9 m de côté et environ 12 m de haut. Le pigeonnier proprement dit, situé au premier étage reposait sur huit piliers de 12 m de haut reliés par des arceaux, le tout en briques roses. Accès par escalier de bois en spirale dans cage de maçonnerie au centre du rez-de-chaussée, charpente recouverte de tuiles plates et clocheton pour aérer, surmonté d'une flèche girouette. Quatre ouvertures pour les pigeons sur faces de la toiture (d'après dessin retrouvé par M. Lacroix de Castillon, ouvertures fermées par des volets de bois ajourés de plusieurs dizaines de trous (nombre dépassant 1 millier). Celui du château d'Auradé : 800 trous, pouvant contenir chacun une couvée (Laporte, Histoire d'Auradé B.S.A. du Gers 1916). 63 Visite d'un roi (Charles VIII, Louis XI, Charles XI ?). Le sire de Marestang félicité pour le vin offert, dit: "J'en possède du meilleur mais je le conserve pour une meilleure occasion". Le roi reçut l'affront sans sourciller, mais rentré dans ses états, dépêcha à Marestang l'ordre de supprimer la girouette sur son pigeonnier (attribut de noblesse). Marestang n'en fit rien. Les de Marestang. Ils prirent leurs épouses dans les célèbres maisons de Faudoas, Barbazan, de Foix, de Lagarde, de Lasséran, Mansencôme. Bertrand eut au moins 3 enfants: 1° Bernard qui suit, nommé comme son grand-père que nous appellerons Bernard II pour éviter toute confusion. 2° Fortanier qui habite en 1250 le château de Corné, situé de la commune de (Mauvezin). 3° Hynard qui ne laisse pas de trace : peut-être en Sicile avec son cousin de L'Isle qui y fut vice-roi. 64 Bertrand de Marestang dut mourir en 1244, quatre ans avant son suzerain Raymond VII, dernier comte de Toulouse.

Chapitre III Les seigneurs de Marestang, vassaux directs du roi de France. A la mort de Raymond VII en 1248, le frère de saint Louis, Alphonse de Poitiers, son gendre, hérita de ses biens. Ce dernier mourut en 1271 sans enfant et le comté de Toulouse revint à son neveu Philippe III le Hardi, roi de France jusqu'à 1285 qui laissa le royaume à son fils Philippe IV le Bel. 65 Ce roi constitua le vicomté de Lomagne 1305 en faveur de Arnaud Garcie de Goth, pour être agréable au pape français Clément V établi à Avignon et incorpora le Cogotois dans ce vicomté. Les seigneurs du Cogotois pendant cette époque 1248 à 1305 durent donc directement l'hommage à Alphonse de Poitiers, puis à Philippe le Hardi et enfin à Philippe le Bel. Bernard II de Marestang (1244-1280). et Bertrand II de Marestang, fils de Bertrand Ier, mort en 1244. Il rend hommage au roi de France pour les contrées de Clermont et de Marestang (18 novembre 1244). En 1250 il vend avec Hunalde sa fille, mariée à Géraud de Pouy, seigneur de Pouypardin, canton de , pour 150 livres morlaas à Guillaume Ferrantier, de Villefranche d'Astarac, la moitié de Bascols, commune de Clermont-Pouyguillès près , la terre de Camps (que nous ne savons pas situer, la 9 partie du péage d'Aubiet, avec le 1/9 des cuisses de porcs et de bœufs qui se tuaient et vendaient dans cette ville.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 13 Bertrand d'Armagnac en qualité de suzerain du lieu approuva cette vente à Mauvezin qu'il habitait alors. Fortanier de Marestang, frère du comte de Cogotois (le texte porta cette appellation) approuva la vente au château de Corné le 28 novembre suivant (Monlezun III p13). 66 Bertrand II 1280-1310 (environ). Son prénom révélé par l'histoire de la Gascogne de Monlezun p123, livre III. Il fut convoqué par le roi de France Philippe le Hardi 1271 (Annales de Toulouse). Les seigneurs de Marestang à la suite de la formation du vicomté de Lomagne n'eurent plus à partir de 1300 à rendre hommage aux rois de France, mais aux vicomtes de Lomagne (Monlezun II p444) et par suite du mariage de la fille du vicomte de Lomagne, Régine de Goth avec Jean Ier, comte d'Armagnac (Traité du 6 juin 1311) en 1324 durent l'hommage au comte d'Armagnac (Monlezun III p108 et 146). Les seigneurs de Marestang vassaux du vicomte de Lomagne. 1305- 1375 (voir p187) Fortanier de Marestang. 1311 à 1339 Édouard, roi d'Angleterre dut quitter son royaume en proie à la guerre civile et avant de se réfugier en Gascogne, écrivit de York le 3 avril 1312 aux seigneurs gascons pour leur demander aide et assistance : comtes de Foix, de Comminges, vicomte de Lomagne, de Fezensaguet, de Turenne, les seigneurs de L'Isle-Jourdain, de Fimarcon, de Gontaud Biron et Fortanier de Marestang (Monlezun III p131). 67 Ce dernier laissa ses fiefs à Bernard III de Marestang. Création de l'évêché de Lombez. De son vivant, en 1317, le Cogotois cessa de faire partie du diocèse de Toulouse pour être compris dans l'évêché de Lombez nouvellement créé par le pape Jean XXII (Samatan, Cadours, Cologne, Gimont, Mauvezin, Touget, Rieumes). L'évêque Arnaud Roger, abbé de Lombez commença la cathédrale actuelle. Il était fils du comte Bernard II de Comminges. Son successeur, Jacques Colonna, d'une grande famille italienne, continua son œuvre. Il amena à Lombez son fidèle ami, le célèbre poète Pétrarque, pour le consoler du grand amour pour Laureta de Noves, mariée avec Hugues de Sade. Collégiale de L'Isle-Jourdain. Saint-Martin devient collégiale (22 02 1318). Elle comprenait douze chanoines, un doyen, un sacristain, un précenteur, trois hebdomadiers + vingt quatre chapelains, deux diacres, deux sous-diacres, six clercs et six enfants de chœur (Saverne p41).

68 Seigneurs de Marestang vassaux des comtes d'Armagnac. 1324- 1481 Comtes d'Armagnac, suzerains des seigneurs de Marestang. Jean Ier d'Armagnac (1320-1365) fils de Bernard VI d'Armagnac. Veuf de bonne heure de Régine de Goth dont il avait reçu la Lomagne. Sa deuxième femme lui apporta le Charolais. Il s'intitulait "par la grâce de Dieu" comte d'Armagnac, de Fezensac, de Rodez, de Carlat, de Lomagne, de Charolais, de Gaure et des quatre vallées. Jean II (1365-1384) les Armagnacs en guerre depuis 90 ans avec les comtes de Foix, s'affrontèrent dans la vallée de la Save, près de L'Isle-Jourdain, à Launac le 5 décembre 1362 et où le comte de L'Isle (depuis 1342) marchait aux côtés du comte de Foix et il est possible que le vicomte du Cogotois soutenait son suzerain le comte d'Armagnac. Le comte de Foix remporta une victoire complète. La paix se fit entre eux en 1377 et le comte de Foix devait épouser la fille de Jean II, mais le comte de Foix mourut. 69 Pour se dédommager, Jean II jeta les yeux sur la jeune comtesse du Comminges afin de la marier avec son fils Bernard. Jean fit enlever les deux femmes, mère et fille, enferma la mère au château de Lectoure et fit épouser sa fille Marguerite à son fils. Jean III (1384-1397) mourut ne laissant que deux filles et son frère Bernard, lui succéda. Bernard VII (1397-1420) acquit une terrible influence pendant le règne de Charles VI. Ambition. Criminel. Il attaqua Géraud III vicomte du Fezensaguet, le déposséda, le mit à mort, lui et ses deux fils. Il épousa Bonne, fille du duc de Berry, nièce de Charles V, fit épouser sa fille au duc Charles d'Orléans et prit dès ce moment la direction du parti de son gendre contre les Bourguignons, il eut à sa suite les seigneurs gascons. En 1413, créé connétable de France, il régna véritablement pendant plusieurs années. Mais en 1418, il fut égorgé par les Bourguignons. 70 Jean IV (1420-1450) son fils, acheta le comté de L'Isle au duc de Bourbon le 14 juillet 1421, au prix de 48.000 écus d'or. (toute jouissance)

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 14 Le roi l'accusa de traiter avec les Anglais et de vouloir marier sa fille au roi d'Angleterre et de se qualifier "comte d'Armagnac par la grâce de Dieu" (Saverne p 76). Le dauphin organisa une expédition contre lui et fit le siège de L'Isle-Jourdain où il s'était réfugié avec sa femme Isabelle de Navarre et ses enfants. Jean se constitua prisonnier. L'Isle fut pillé, le comte et sa famille durent subir le jugement du Parlement de Paris, mais devant la terrible accusation qui pesait sur lui (Saverne p 78) le roi de Castille et la noblesse du midi intervint en sa faveur et le roi le libéra. Il mourut le 5 novembre 1450 (Saverne. Monlezun), dans la tristesse et le chagrin (Monlezun IV 287). 71 Jean V (1450-1472) Il s'éprit d'un incestueux amour pour sa sœur Isabelle, femme d'une rare beauté, s'en fit aimer, vécut maritalement avec elle et l'épousa même solennellement. Le chapelain fut obligé de bénir le mariage. Un fils naquit. Le pape excommunia le frère et la sœur. Le comte avait fait fabriquer une dispense à l'insu du pape. Traduit, sous Charles VII, en justice pour inceste, pour meurtre et pour faux, il fut mis en prison mais en brisa les portes. Ses états furent confisqués par jugement. Louis XI lui restitua ses biens et trouva sans cesse Jean V parmi ses ennemis et il envoya en 1469 contre lui une armée qui s'empara de Lectoure, mais Jean V s'enfuit en Espagne. Il se fit nommer ensuite lieutenant général par le duc de Guyenne, frère rebelle du roi de France. Le roi de France le fit assiéger à Lectoure en 1472 et se rendit à condition, après deux mois de siège. Mais les portes ouvertes, les soldats du comte se jetèrent sur les troupes royales et personne ne fut épargné. (Autre récit) Jean V fut accosté par deux seigneurs et un archer qui le dagua, sous les yeux de sa femme; son corps livré à la soldatesque, fut ensuite dépouillé et mutilé. 72 La comtesse et les femmes de sa suite, n'échappèrent aux brutalités que grâce à l'intervention du sénéchal "Gaston de Lyon". La comtesse fut enfermée au château de Buzet, près de Lectoure. Elle fut avortée et mourut deux jours après (Jeanne de Foix, fille de Gaston. Lauzun p375). Sa sœur était entrée dans un couvent. Lectoure fut pillé et incendié, ses habitants massacrés, les églises profanées, les cloches brisées, les murailles démolies et quand le fer devint inutile, on y mit le feu. Charles Ier (1472-1481) son frère fut fait prisonnier et envoyé à Paris. Il mourut en 1497 et avec lui s'éteignit la lignée mâle de la branche aînée d'Armagnac. Le comté d'Armagnac fut réuni à la couronne en 1481 par lettres patentes. Durant les 165 ans que les comtes d'Armagnac eurent autorité sur le Cogotois, cinq barons de Marestang successifs le possédaient.

73 Les barons de Marestang en Cogotois. Bernard III (1339-1375) Peu de temps après le décès de son père (Fortanier de Marestang) le 13 02 1340, Bernard III rend hommage au comte d'Armagnac, Jean Ier d'Armagnac pour Marestang et Monferran (Lauzun III p486). Deux ans après en mai 1342, Philippe VI octroi le titre de comte au seigneur de L'Isle, Bertrand Ier en récompense des services contre les Anglais (Saverne p10). Il est probable qu'à cette époque et pour les mêmes motifs les seigneurs de Marestang furent faits vicomtes. La guerre de cent ans. Le prince de Galles (le Prince Noir) de passage dans la région en 1355 voulut soumettre tout le midi de la France. Langon, Bazas, Montclar, , Plaisance, , il logea à l'abbaye de Berdoues (Mirande) le 21 octobre 1355. Il ravagea l'Armagnac et l'Astarac, il couche à Seissan, en repart après l'avoir incendié et le 24, son arrière-garde séjourne à Simorre, le corps principal à Villefranche, l'avant- garde à Tournan. Le 25 l'armée franchit la Save, épargne Lombez, incendie Samatan. le 28, par Bragayrac et Saint-Lys, l'armée passe la nuit à Croix-Falgarde et va désoler le Lauragais, mais n'ose attaquer Toulouse. 74 Le Prince Noir couche le 21 novembre près de L'Isle-en-Dodon et le lendemain ravage Frontignan, Saint- Lizier du Planté, Montégut, Sauvignon, , , Savignac-Mona, , Endoufielle, Auradé dont le château fut brûlé. Puis l'armée se dirigea vers Gimont dans la journée du 22 novembre. L'année suivante, il était suivi du comte d'Armagnac et de ses troupes à Poitiers 18 09 1356. La France signa le traité de Brétigny et le comte d'Armagnac dut se soumettre. Bernard IV (1375-1415) fils de Bernard III. Charles VI vint à Toulouse en 1389 et les seigneurs viennent lui rendre hommage. Les comtes Jourdain de L'Isle, Bertrand de Terride, vicomte du Gimois, le comte d'Armagnac et ses vassaux, donc Bernard IV, vicomte du Cogotois. La famille des comtes de L'Isle-Jourdain disparaît en 1405, le 30 juin avec celle des comtes de Pardiac, de Foix, de Fezensaguet. 75 Bernard IV rendit hommage au comte d'Armagnac Jean III en 1408 pour Castillon et Frégouville et laissa

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 15 sa succession à son fils Jean vers 1415 (Monlezun IV p438). Jean Ier de Marestang (1415-1455). 14 octobre 1418, il rendit hommage à Jean IV comte d'Armagnac pour Castillon-Cogotois (Monlezun IV p438). Il avait épousé Agnès Faudoas (Monlezun V p62) et mourut vers 1455 et eut pour successeur son fils Géraud. Géraud de Marestang (1455-1492). Page de Jean de Faudoas de Barbazan, son oncle, puis enseigne de la compagnie des gens d'armes de Jean de Daillon, seigneur de Lude. Armé chevalier de la main de Louis XI, il devint curateur de son suzerain Charles d'Armagnac devenu fou en 1490 (Monlezun V p62). Il fut calomnié, Charles VIII parut en croire ses accusateurs mais avec le temps découvrit la vérité. Il s'intitulait baron de Marestang, baron de Castillon, vicomte du Cogotois (histoire des de Preissac. Annales de la ville de Toulouse tome III). 76 Il avait épousé Gabrielle de Villemur Paillès dont il eut trois enfants : Jean II, Catherine qui épousa Jean d'Astarac Fontrailles et Anne qui épousa Menaud de Preissac d'Esclignac. Jean II (1492-1499). suivit probablement Louis XII en Italie et mourut jeune et sans postérité. Avec lui s'éteignit la maison des Marestang qui avait présidé aux destinées du Cogotois pendant 500 ans. Jean II, baron de Marestang, testa en faveur de son neveu Jean-Jacques d'Astarac Fontrailles, fils de sa sœur Catherine de Marestang ; et cette succession entraîna un procès interminable intenté par Menaud de Preissac d'Esclignac, époux d'Anne de Marestang dépossédée, à qui il ne fut attribuée que la seigneurie de Louberville. Ce procès se poursuivit jusqu'en 1677 et se termina par la disparition de la branche des Astarac Fontrailles, et les Preissac d'Esclignac eurent encore des difficultés pour entrer en possession du vicomté du Cogotois. Ce Cogotois resta toujours entre les mains d'une même maison, celle des Marestang. 77 Malgré les dénominations différentes et l'émigré de 1792, d'Esclignac de Preissac, était un descendant du premier Marestang, contemporain de Hugues Capet.

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LIVRE III - Les sires d'Astarac Fontrailles. 1499-1677 détiennent le vicomté du Cogotois de 1499 à leur extinction. Chapitre I Origines de la famille. Blason écartelé armes de l'Astarac et du Comminges. Fils puîné de la famille d'Astarac, marié avec la fille d'un comte de Comminges qui ajouta le nom de sa terre de Fontrailles, (Hautes- Pyrénées) à 10 km de Miélan. Pas de domaines importants, mais charges civiles et militaires : gouverneurs de Lectoure, sénéchaux d'Armagnac. Un Fontrailles et le bal masqué à la cour de Charles IX ou au début du règne de Charles VI et il aurait vécu avant que sa famille ait hérité du Cogotois. 80 Les sires de fontrailles, vassaux directs du roi. Le dernier de Marestang eut pour suzerain Charles VIII, son successeur eut pour suzerain Louis XI. François Ier fait donation des états du comte d'Armagnac à sa sœur et le Cogotois ne resta que 34 ans dans le domaine des rois de France. Jean-Jacques de Fontrailles (1499-1530) reçut le Cogotois en 1499 de son oncle Jean II de Marestang. Sa mère, Catherine de Marestang géra ses biens, son père mourut en 1530 (1520). (soldat de métier) Vassaux du roi de Navarre 1515-1607. Les comtés de l'Armagnac, Fezensaguet, de Lomagne, de L'Isle-Jourdain et de Rhodes appartenaient depuis les 1er février et 10 octobre 1515 à Marguerite de Valois, sœur de François Ier, duchesse d'Alençon, qui va épouser en seconde noces Henri d'Albret, roi de Navarre à Saint-Germain-en-Laye le 26 janvier 1529 et le Cogotois est entre les mains de la maison d'Albret, rois de Navarre. 81 Jean-Jacques d'Astarac Fontrailles (gouvernement personnel) Dès sa majorité 1500, il renouvela l'accord avec la bastide de Monferran (Lamothe).

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 16 Le 12 mars 1529, il fait partie de la compagnie du roi de Navarre, le grand père d'Henri IV, passée en revue à Condom par Roger d'Assun (Monlezun VI p155). Ensuite il est probable qu'il passa en Italie dans las rangs du duc d'Alençon pour combattre sous François Ier. Renaissance. La Lomagne, plus spécialement Monfort, canton de Mauvezin donna le jour à un célèbre poète huguenot, Saluste du Barthas, ami de Henri IV. Il composa "Judith" et "La Semaine" à son château du Barthas (Saint-Georges), encore debout sur la route de Mauvezin à Cologne. Enseignement. Trois établissements: collège d'Auch, de Lectoure et de Gimont. Ce dernier fut fondé en 1545 en vertu d'une ordonnance de François Ier qui enjoignait à l'abbé de Gimont, à l'évêque de Lombez et aux grands bénéficiaires du diocèse d'en faire les frais. Cette ordonnance ayant rencontré des oppositions, Henri II en rendit en 1552, une seconde, mais avec aussi peu de succès. Charles IX fut plus heureux en 1567. L'évêque fut taxé de 200 livres, l'abbé de Gimont dut en donner autant. La cotisation des autres bénéficiaires en porta la somme à 1400 livres. 82 On bâtit la maison et on la confia à des prêtres séculiers. En 1620, on y appela les Pères de la Doctrine Chrétienne et on éleva en leur faveur la contribution jusqu'à 1500 livres que les consuls de Gimont versaient tous les ans entre leurs mains. On essaya quelques temps après d'ajouter un séminaire au collège, mais l'essai ne réussit pas et le séminaire diocésain fut fixé à Lombez. Le collège ne prenait pas les élèves souvent trop âgés en pension. Ils vivaient chez des particuliers et formaient à Gimont un groupe assez turbulent (Monlezun VI p). Le château de Caumont. Commune de Cazaux, qui faisait partie du Fezensaguet, capitale: Mauvezin, dont elle était coupée par le Cogotois et même par en bas du comté de L'Isle-Jourdain (de cette ville à Gimont) et qui comprenait les communes de Clermont-Savès, Garbic, Razengues, Escornebœuf. Lucien Babonneau. Promenades au Pays de Save : On y accède par sa face levant qui regarde le vallée de la Save, mais aussi par sa face couchant située sur un plateau auquel on arrive en traversant la forêt par une longue allée le contournant. 83 Au débouché de la forêt, il faut s'arrêter avant de franchir cette porte voûtée, porte centrale d'une sorte de galerie terminée au nord et au sud par deux constructions rectangulaires, surmontées de créneaux. Puis franchissant cette porte, on pénètre sur l'esplanade et la masse du château se découvre au visiteur. Les deux tours de l'ouest, en forme rectangulaire, solidement campées, encadrent un ensemble bien ordonné ; cour intérieure à laquelle on accède par une porte qui enjambe les anciens fossés, tourelles encadrant la majestueuse entrée de cette cour, façades aux fenêtres à double meneaux croisés, ailes nord et sud, aile et tourelle du levant. Approchons-nous encore; traversons l'esplanade et passons l'ouvrage qui tient la place de l'ancien pont- levis. Dans la cour, à hauteur du premier étage, une galerie extérieure en pierre et briques, soutenue par des arceaux surbaissés, posés sur des consoles en pierre qui sortent hardiment de la muraille, rappelle celle de l'Hôtel d'Assézat à Toulouse, mais avec moins d'ornements. Sur cette galerie, des écussons sculptés figurent les armes des premiers seigneurs de Caumont. 84 Franchissons le pont-levis orné de moulures, qui donne directement sur l'escalier d'honneur à la mode florentine, avec travées voûtées et alternées. Sur la droite, une très grande pièce avec une grande cheminée en marbre rouge, dont la plaque en fonte porte la date de 1665. Le portrait d'Henri IV, vieux, grisonnant, bien gascon, est accroché à la place d'honneur. Le duc d'Épernon le tenait du roi. Après cette grande salle, un salon vert, au plafond peint à la mode italienne, orné de portraits et de beaux meubles. Puis une galerie couverte, pittoresquement meublée, dans l'aile sud et sous la tour, la bibliothèque bien garnie d'anciens livres rares. Dans l'aile nord, la salle à manger. Dans les étages inférieurs qui ne sont pas des caves, puisqu'ils ont des fenêtres en raison du fait que le château est construit sur une déclivité, il y a de grandes salles voûtées parmi lesquelles, la cuisine, remarquable par ses dimensions. La visite s'achève par un dernier coup d'œil sur l'esplanade, sur les remparts, sur les pavillons de briques et la longue construction voûtée qui les relie et peut servir d'écurie à 60 chevaux, sur les jardins suspendus qui descendent dans la vallée. 85 Propriétaires de Caumont. Quel puissant et riche seigneur construisit ce beau château ? Ce fut Pierre Nogaret de la Valette qui le commença en 1521 et le termina en 1535. Auparavant, il existait sur les lieux, un château fort habité par les seigneurs de Caumont. L'un d'eux, Bertrand, avait épousé à la fin du XIIème siècle, Indie, fille de Jourdain IV de L'Isle. Leur fils, Guillaume III de Caumont, fut sénéchal de Toulouse en 1334 et eut pour fille et héritière une autre Indie qui épousa en premières noces en 1316 Gaston d'Armagnac et en 1323 Guy de Comminges, coseigneur de Lombez. Le couple n'ayant pas eu d'enfant, laissa Caumont à Gaston Phoebus, comte de Foix. Par ces alliances, on voit l'importance des propriétaires de Caumont. Mais les descendants de Pierre Nogaret de la Valette sont plus connus encore que leurs devanciers. Son fils Jean fut un remarquable homme de guerre qui eut plusieurs enfants, parmi lesquels se distinguèrent, Bernard de la Valette qui devint amiral de France et Jean-Louis, le fameux duc d'Épernon,

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 17 le favori d'Henri III qui le remarqua, se l'attacha, le combla d'honneurs et de charges: duc et pair de France, gouverneur de Metz et du Limousin et de la Saintonge et plus tard de la Guyenne, colonel général de l'infanterie française ; rien ne manqua à l'ambition d'Épernon, autant que le Béarnais ou que Montluc, il savait galvaniser toute la noblesse de province. 86 Henri IV, qu'il avait essayé de ramener à la foi catholique avant son ascension au trône et avec lequel il s'entendait moins bien qu'avec son prédécesseur, l'employa cependant à d'importantes missions. Louis XIII lui octroya de nouvelles charges et dotations, mais deux incartades dont il se rendit l'auteur, le firent exiler définitivement en 1622. Son fils Bernard de la Valette, duc d'Épernon, fut une sorte de condottière, guerroyant partout, féroce et passionné, accusé d'avoir empoisonné sa première femme, Gabrielle, fille d'Henri IV et de la marquise de Verneuil, il dut se réfugier en Angleterre. Il en revint après l'avènement de Louis XIV qui lui donna le gouvernement de la Bourgogne, puis de la Guyenne. Son petit-fils, Louis Félix, restaura le château et son mobilier à la suite d'un incendie partiel en 1638. Il fut marié avec Paule d'Astarac Fontrailles, sœur de Louis d'Astarac Fontrailles, vicomte du Cogotois, après son veuvage de Roger de Bossot. Ils n'eurent pas d'enfant et leur héritier fut Claude de Percin, marquis de Mongaillard qui se maria avec Marguerite de Bassabac vers 1680. 87 Leur fils, messire Alexandre de Percin de Mongaillard, épouse en 1714, au château de Castillon (voir état civil de Castillon) Catherine Henriette de Preissac d'Esclignac, fille du vicomte du Cogotois. C'est donc le second mariage qui se noua entre les châteaux de Castillon et ceux de Caumont. Ces deux mariés étaient deux fois cousins, mais les deux fois d'une façon assez éloignée. Une fois par la branche des Foix Candale, dont étaient issus les d'Épernon et les Preissac par le mariage en 1630 d'Emeric de Preissac avec l'héritière de cette famille. Une deuxième fois par la branche des Marestang, le marié ayant pour grand mère une d'Astarac Fontrailles et la mariée étant une de Preissac d'Esclignac. Ce couple eut pour petit-fils Charles de Percin, marquis de Mongaillard, né vers 1743, qui épousa Charlotte de Gontaut Biron. 88 Ils eurent une fille, Pauline de Percin de Mongaillard de la Valette qui naquit à Toulouse en 1773 et mourut à Caumont en 1840. Elle se maria à Toulouse le 15 messidor an IV, avec James de Mac-Mahon, né en Irlande en 1770, qui se fit naturaliser Français, qui fut colonel des Gardes Nationales à l'arrondissement de Lombez, maire de Cazaux et maire de Castillon pendant les Cent Jours. Il mourut à Caumont en 1839. Son fils fut le général de Mac-Mahon, président de la République quoique monarchiste. Il eut une fille, nommée Caroline de Mac-Mahon, née le 13 mai 1797 qui hérita de Caumont et qui mourut à 19 ans, après avoir épousé Jacques Dominique Arnaud, marquis de Castelbajac, né à Ricaud (Hautes-Pyrénées). Il fut lieutenant général de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, dignitaire de la Légion d'Honneur, ambassadeur de France en Russie et président du Conseil Général du Gers. Caumont lui échut. Il se remaria avec Sophie de la Rochefoucault en 1824 et mourut à Cazaux en 1864. 89 En 1954, la famille de Castelbajac vendit le château de Caumont au comte de Turenne. 91 Château de Castillon. Comme tous les autres seigneurs et spécialement ceux de Caumont, il est à peu près certain que les vicomtes d'Astarac Fontrailles voulurent eux aussi agrandir et embellir leur château de Castillon, mais comme ils étaient des Huguenots turbulents, leur château dut souffrir des Guerres de Religion de 1584 à 1596 entre L'Isle et Samatan. La reconstruction du château ne dut avoir lieu qu'après cette dernière date. Richelieu fit démolir alors les remparts des villes et des châteaux, et il est à croire que les matériaux provenant des démolitions de ceux des châteaux de Castillon et de Monferran servirent à l'agrandissement de la demeure des amis de Henri IV qui étaient les sires d'Astarac Fontrailles. Seulement des hypothèses. La tour dut être percée pour mieux recevoir la lumière du jour, les bâtiments agricoles éloignés. On prétend que les pièces voûtées actuellement conservées intactes devinrent des remises. Le nouveau corps de bâtiment habité par le vicomte, avec ses larges et hautes fenêtres à croisillons, sa toiture à pente rapide recouverte d'ardoises et mansardée, agrémentée de lucarnes, divisé en pièces spacieuses plafonnées à caisson et agrémentées de cheminées monumentales fut-il élevé au couchant de l'actuelle maison dont la basse-cour fut la cour d'honneur? Il se peut. 92 Mais si, ni son emplacement, ni ses dimensions, ni son aspect intérieur ou extérieur ne peuvent être définis, du moins peut-on en affirmer son existence et son importance en considération de la classe de ses habitants. En effet, les mariages répétés entre les habitants des châteaux de Caumont et de Castillon laissent supposer que leurs habitations étaient de même importance. Par ailleurs, il est rationnel d'affirmer que le château de Castillon était plus vaste et plus agréable à habiter que celui des d'Esclignac à Monfort, déjà assez beau et encore bien conservé. Cette affirmation découle de la constatation de ce que les Preissac d'Esclignac lorsqu'ils héritèrent de celui de Castillon préférèrent venir vivre à Castillon (état civil de cette commune) que de continuer à habiter leur château d'Esclignac pourtant berceau de leur famille. En outre, si l'on veut admettre que l'importance et le luxe d'une habitation sont proportionnés à la

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 18 fortune de ses propriétaires, on peut même aller jusqu'à en déduire que le château de Castillon dépassait en beauté les plus remarquables de toute la Gascogne, puisque ses habitants, avant la Révolution furent les plus riches de cette province. 93 Jean-Jacques d'Astarac Fontrailles. Il mourut jeune en 1552 ayant embrassé la religion protestante, ce qui l'avait rapproché de son suzerain le roi de Navarre. Il laissa une fille Anne et deux fils : Michel d'Astarac Fontrailles et Guillaume baron de Montamat, deux terribles chefs huguenots. Ce dernier qui s'était fait remarquer à la fois par sa vaillance et sa cruauté à tel point qu'il était surnommé "le terrible" fut égorgé à Paris, la nuit de la Saint-Barthélemy, après avoir assisté aux noces de son chef, Henri de Navarre (Monlezun V 390). Michel d'Astarac Fontrailles (1552-1606) Fils de Jean-Jacques qui lui laissa le Cogotois à sa mort, c'est-à-dire encore mineur. Il s'intitulait: Michel d'Astarac, sire de Marestang, vicomte du Cogotois, seigneur et baron des baronnies de Marestang et de Fontrailles, conseiller du roi, capitaine de 500 hommes d'armes et de ses ordonnances, sénéchal et gouverneur des comtes d'Armagnac et de L'Isle-Jourdain (archives des Basses Pyrénées B 1692) et fut aussi gouverneur de la Bigorre (Monlezun V 390). 94 Ses fonctions de sénéchal d'Armagnac qui jusqu'alors avaient été réservées à des princes de sang, l'obligèrent à habiter surtout Lectoure (Saverne p138) dont il était d'ailleurs le gouverneur. Il fut le compagnon d'armes d'Henri de Navarre, il portait le sobriquet de "Jambe de bois" parce qu'il avait perdu la sienne à la bataille de Jarnac contre les Catholiques. Il eut quatre épouses successives: 1° Isabelle de Gontaut Biron qu'il épousa en 1570 et qui lui donna quatre enfants: Benjamin, Gédéon décédé en 1619 sans postérité, Marguerite qui épousa Antoine de Lévis, seigneur de Montmaur, et Isabelle, mariée avec Godefroy de Durfort, seigneur de Castelbajac. 2° de ses trois autres femmes: Catherine de Pardaillan Paule de Labarthe Moncorneil décédée en 1595 Eléonore de Lauzières de la Capelle, il n'eut pas d'enfant. 95 Eléonore de Lauzières était veuve de Jean de , seigneur de Devèze, [Marsac] et Marsan dont elle avait eu une fille Marguerite de Montesquiou. Eléonore épousait le vieux Michel le 11 janvier 1596 et deux jours après Marguerite épousait Benjamin d'Astarac Fontrailles, le fils aîné de Michel. C'est un cas assez rare que le père et le fils épousent presque le même jour la mère et la fille. Michel et Monferran. Durant les Guerres de Religion, le couvent de Saint-Clément des Bénédictins de Monferran fut pillé, incendié, puis démoli. Les moines furent égorgés dans le monastère. Les deux frères d'Astarac Fontrailles, Michel et le terrible Montamat furent soupçonnés en avoir été les instigateurs. Les Monferrannais, restés en majorité catholiques, ne voulurent plus que cette terre qui avait été baignée du sang de ces moines, porta l'atteinte de la charrue. Elle fut réservée à recevoir les corps des défunts de Monferran que l'on y enterra pour les mettre sous la protection de ces martyrs. Telle est l'origine du cimetière de Monferran-Savès. 96 La population de Monferran désapprouvait la conduite anti-chrétienne de son seigneur. Il le savait et voulut se venger. Lorsqu'en 1603, les consuls Jean Laborie, François Pujos, Bernard Daubère et Jean Lafforgue vinrent à Castillon porter à leur seigneur la liste des candidats consuls, Michel ne voulut pas les recevoir. Consternation. A une seconde visite, il leur fit part de son mécontentement et de son désir de voir mieux exécuter par ses sujets les clauses de l'accord de 1500. Il réclamait : 1° 900 livres pour les dots impayées de sa sœur Anne et de ses filles Marguerite et Isabelle. 2° Une indemnité pour le bois de Pomadère saccagé. 3° Que soient supprimées les hôtelleries qui contrevenaient à son droit de taverne. 4° Que lui soit payé le 1/2 sac d'avoine par foyer qui ne lui était plus livré depuis longtemps. 5° La suppression des dépaissances des monferrannais sur ses terres. 6° La suppression des tailles sur les terres nobles des métairies de la Hount de Loum (la fontaine de l'ormeau) et de la Bergerie (la Bouyère) d'Estampes. 7° Que la désignation des consuls n'appartiendrait qu'à lui seul (comme convenu dans l'accord de 1500). 97 Il s'ensuivit un procès qui dura trois ans et qui coûta cher aux monferrannais. Le seigneur finit par obtenir satisfaction sur tous les points. Cependant, il fut décidé que le seigneur continuerait à désigner les consuls parmi une liste de huit, présentée par les monferrannais; mais que les nommés eussent à prêter serment de fidélité au vicomte. L'accord fut signé le 10 juillet 1606 au château de Castillon (Lamothe). Michel et les guerres de Religion.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 19 La nouvelle religion favorisée par Jeanne d'Albret, reine de Navarre et sa cour de Nérac, fut prêchée par Boisnormand et en Béarn et en Armagnac. Le moine David, leur émule, l'enseigna avec succès à Nérac et André Mélaneton à Tonneins. Le nombre des adeptes s'accrut rapidement et le gouverneur de Lectoure, Michel d'Astarac Fontrailles fut l'un de ceux-là. Dès 1558 s'élevèrent les premiers temples et le jour de Pâques, le roi de Navarre assista à Pau à la Cène que Guilhem Barbaste, moine défroqué, célébra publiquement. La noblesse de sa suite suivit son exemple et deux jours après s'empressait à la même cérémonie présidée par Boisnormand. 98 Ces deux actes eurent du retentissement et indisposèrent contre Antoine de Navarre, non seulement la cour de France, mais encore les habitants de ses vastes domaines restés pour la grande partie catholiques. La régente, Marie de Médicis essaya la conciliation, mais devant l'importance du nombre toujours croissant des réformés dans le Sud-Ouest, elle envoya par deux fois Montluc, suivi de ses bourreaux, désoler la région. Les rencontres se firent dans les régions de Lectoure, Condom, Casteljaloux. Fontrailles dut abandonner quelque temps son gouvernement de Lectoure et Jeanne d'Albret se réfugier à La Rochelle. Les protestants voulurent résister et furent battus à Jarnac où Michel d'Astarac perdit une de ses jambes. L'édit du 25 septembre 1568 n'admet que la religion catholique en France, et par les lettres des 14 et 19 octobre suivants, le roi enlève tous ses biens à Jeanne d'Albret avec toutefois promesse de les rendre à son fils Henri de Navarre. Des nobles protestants s'étant rassemblés autour de Pau, le roi envoie Montgomery pour les réduire. 99 Dans une marche foudroyante en 1569, du Languedoc à Pau, en longeant le pied des Pyrénées, ce général arriva à ses fins en utilisant des procédés de terreur à l'égard des catholiques, non moins sanglants que ceux de Montluc à l'égard des protestants. Il était aidé du frère de Michel d'Astarac qui s'intitulait Guillaume d'Astarac, baron de Fontrailles, Montamat, Castillon et Lamothe, sénéchal d'Aure, lieutenant général de la reine (Monlezun V 373). Après la prise de Pau et l'assassinat de ses défenseurs, Montgomery et Montamat veulent asseoir l'autorité de Jeanne d'Albret dans ses états et soumettent dans le sang : Tarbes, Eauze, Condom, Vic- Fezensac, Le Brouilh, Barran. (Ils n'osent pas s'attaquer à Auch trop bien défendu par ses solides remparts, Condom et Agen) Mais l'année suivante, 1570, Montluc se réveille, prend Rabastens au cours du siège duquel il a la mâchoire emportée (Monlezun V 36). Montamat nommé vicomte, le remplace à la tête de l'armée protestante et s'empare de Maubourguet. Les protestants sont maîtres de la Gascogne. La paix de Saint-Germain est signée le 11 août 1570 et donne la liberté de conscience à tous les Français. 100 Pendant ces années de répit, le jeune Henri de Navarre, 18 ans, visite ses États. Sa mère meurt en 1571 à Paris en allant négocier son mariage qui est célébré en 1572. Les "noces rouges" se terminent par le massacre de la Saint-Barthélemy. (Mort de Guillaume, le terrible Astarac Fontrailles, frère de Michel, vicomte du Cogotois - Monlezun V 384) La Saint-Barthélemy avait complètement abattu les protestants restés en Gascogne, mais quand ils virent la cour embarrassée de sa victoire, ils se révoltèrent ouvertement et se réunirent à Réalmont dans l'Albigeois, pour se jurer mutuellement une union inviolable. Des gouverneurs de Province furent désignés par l'assemblée (le roi de Navarre étant prisonnier à Paris). Michel d'Astarac Fontrailles reçut celui d'Armagnac qu'il avait déjà possédé et celui de Bigorre (Monlezun V 390). "Jambe de bois" devait être peu apte à tenir ce commandement, mais son désir de venger son frère devait suppléer à son infirmité physique. En 1572 les seigneurs protestants s'étant concentrés à La Rochelle, cette place est assiégée par le futur Henri III qui abandonne le siège dès qu'il apprend sa nomination au trône de Pologne. 101 En 1573 les combats fratricides se déroulent autour de Montpellier ou Henri de Candale et 300 seigneurs gascons trouvent la mort. En 1575 Henri de Navarre s'échappe de la cour de France et l'année suivante rallie les villes de ses États. Les 1er et 2 septembre il est à Eauze et s'il dîne aux champs, soupe et couche à Gimont, il y séjourne le lendemain. Le 5 il traverse le Cogotois et doit déjeuner au château de Castillon sur l'invitation du gouverneur d'Armagnac qui est de sa suite, soupe et couche à L'Isle-Jourdain où il séjourna du 6 au 15. Pendant son séjour dans cette ville, il va passer la journée du 9 septembre à Fontenilles chez le seigneur catholique de ce nom. Il nomme Michel d'Astarac Fontrailles quoique déjà gouverneur et sénéchal d'Armagnac et de Bigorre, aux mêmes fonctions pour le comté et la ville de L'Isle-Jourdain. La reine de Navarre lui avait déjà promis cette charge à la mort du gouverneur de L'Isle, Blaise de Mauléon (Lestrade: Huguenots en Comminges p125). 102 Le 16 août il déjeune à L'Isle, retraverse le Cogotois sans s'y arrêter, soupe et couche à Gimont où il séjourne deux jours pour se diriger par vers Lectoure et retourne à Nérac (Monlezun VI p587). Dès qu'il fut élevé à tant d'honneurs en 1576, le sire Michel d'Astarac Fontrailles s'empara de

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 20 Mauvezin. Il fit démolir l'église sauf le clocher pour "servir d'arsenal" ainsi que le couvent et la chapelle des Jacobins, et à l'exception de quelques familles pauvres, il expédia à la campagne tous les catholiques (Jean Philip : Le protestantisme dans le vicomté de Fezensaguet. Et Revue de Gascogne année 1892 p493). Dès lors, soutenus par les places fortes de Lectoure et de L'Isle-Jourdain, les Huguenots de Mauvezin terrorisèrent le pays. Michel fut moins heureux à L'Isle-Jourdain. En mars 1577 les catholiques toulousains ayant pris l'offensive, entrèrent de vive force dans cette place et y tuèrent un grand nombre de protestants. 103 Sur l'ordre du Parlement catholique de Toulouse, on plaça des garnisons à L'Isle, Auradé, Cologne et Gimont, et il est à croire que ces mesures rétablirent pour quelque temps la tranquillité dans le pays (Cabié : Guerres de Religion dans le S-O, p334 - 336. Saverne p99). L'année suivante, les deux reines, Catherine de Médicis et sa fille Marguerite de Navarre attendent vainement Henri à L'Isle-Jourdain et Michel d'Astarac, quoique gouverneur de cette ville ne se présente pas à elles. Il savait qu'il était risqué de faire la cour aux rois là où ils avaient des troupes. Nous ne croyons pas davantage, quoiqu'en dise l'abbé Lamothe dans son histoire de Monferran, qu'il leur fit escorte durant leur passage en Cogotois. Il devait être à Auch aux côtés du roi de Navarre avec les autres seigneurs protestants. La guerre de Religion en Cogotois. Malgré l'édit de pacification, signé à Nérac le 28 février 1579, Henri de Navarre, outragé par le roi en la personne de sa femme, se décide à reprendre la guerre. 104 Le 15 juin 1580 après la prise de Cahors, et voulant chasser les troupes catholiques de L'Isle-Jourdain, il rentre dans cette ville à l'improviste avec 300 cavaliers et quelque infanterie. Il mit cent arquebusiers dans la Collégiale, autant au couvent des Cordeliers situé au dehors des remparts, reçut le même jour 300 hommes de renfort, probablement commandés par Michel d'Astarac, qu'il plaça au château. Sévillan lui en amena cinq cents autres de Lectoure avec quelque cavalerie et trois pièces de canon. Le roi de Navarre quitte L'Isle-Jourdain après avoir permis à ses soldats de piller les catholiques lislois, les églises, les couvents "mys à bas et rasé ycelluy", fait prisonnier les membres du clergé et tué force habitants (Saverne p107). L'exercice de la religion catholique fut interdit, Michel d'Astarac reprenant son gouvernement effectif, ses troupes s'emparèrent des villages des environs, théâtres de scènes de rapines, de combats, de désolations. Les catholiques de Muret envoyèrent trente "salades", trente archers, cent arquebusiers à répartir entre Samatan et Lombez, villes proches et commodes pour combattre les dits ennemis de L'Isle et autres (Lestrade : Les Huguenots en Comminges p127. Et Saverne p110). 105 De crainte d'une attaque, Henri vient à L'Isle de Pau et du 4 au 12 juin 1584, organisa sa défense et repartit en direction de Cazères (Haute-Garonne). Il nomma un commandant de place. Cette fonction fut d'abord tenue par des inconnus, mais dès 1585 et jusqu'à 1621 par Georges du Bourg, seigneur de Clermont-Cogotois. Celui-ci s'employa à faire collaborer les villages voisins à l'entretien de sa garnison en les taxant en argent et en nature, et en les pillant si ses ordres n'étaient pas suivis d'effet. Comme ces incursions incessantes épuisaient le pays, les catholiques sous la direction du baron de Fontenilles, établirent autour de L'Isle des forts, destinés à bloquer et à affamer sa garnison. De fait les troupes de du Bourg furent bloquées dans L'Isle du 1er juin au 1er novembre 1586, jour où Michel d'Astarac Fontrailles et son lieutenant Massès vinrent les délivrer. 106 La peste qui sévissait en 1589 dans la région augmentait l'angoisse de la population à nouveau pillée par du Bourg. Ses troupes pillaient jusqu'à L'Isle-en-Dodon. Fontrailles et du Bourg font le siège de Samatan le 3 août 1590, n'ayant pas réussi, ils se retirèrent de peur des troupes catholiques cantonnées entre Lombez et L'Isle-en-Dodon. A cette époque, les rois de France étaient peut-être plus adversaires des ligueurs catholiques exaltés que des protestants. Ils étaient nombreux dans la région, aussi le maréchal de Matignon fut-il envoyé en Gascogne et en Comminges pour défendre les populations contre leurs excès. Ses troupes passèrent à L'Isle le 6 juillet 1590, remontèrent la Save et firent une tentative le 3 août pour s'emparer de Samatan. Autre passage de troupes dans le Cogotois s'ajoutant aux rançons des protestants. 107 Il est à supposer que le Cogotois, terre appartenant au Gouverneur de L'Isle fut quelque peu préservé de ces pillages. Néanmoins, la détresse et la misère sont générales à L'Isle et dans les environs en 1596. Michel mourut en 1606 et dut être inhumé au cimetière protestant de Lectoure. Son successeur fut son fils Benjamin. Benjamin d'Astarac Fontrailles (1606-1623). Fils de Michel d'Astarac et d'Isabelle de Gontaut Biron, il devait avoir 55 à 60 ans lorsqu'il succéda à son père. Sur un acte de notoriété de démolition des églises de L'Isle-Jourdain par les protestants, dressé en cette ville le 22 août 1611, il est ainsi dénommé : Benjamin de Marestang et d'Astarac, vicomte du Cogotois, seigneur et baron des baronnies de Fontarailles (sic) Devèze près de Castelnau-Magnoac, Corrensan, Marsac (canton de Lavit de Lomagne) et autres lieux, chevalier de l'Ordre du roi, capitaine de 50 hommes d'armes d'ordonnances de sa

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 21 Majesté, sénéchal d'Armagnac et de L'Isle-Jourdain (B.A. 1er et 2ème trimestre 1919 p26). 108 Ajoutons qu'il fut également par la suite gouverneur d'Auch et capitaine de cent hommes d'armes. Il partageait son temps entre Lectoure, Auch et Castillon. Il se maria avec Marguerite de Montesquiou, fille de la deuxième épouse de son père. Sa femme et sa belle mère d'ailleurs, étaient catholiques, alors que son père et lui étaient protestants. Il exigea avant son mariage que son épouse devienne protestante, ce qu'elle fit. Mais peu à peu, la noblesse revenait à la religion catholique, aussi Marguerite après avoir été catéchisée à Lectoure par le jésuite Alexandre Rigourd, revenait-elle à la religion catholique le 24 juin 1618. Deux ans après, Benjamin lui-même suivait l'exemple de sa femme. De son mariage, il avait eu 7 enfants: Louis, son successeur, François Samuel, mort en Catalogne, enterré à Montserrat, Espagne, Jean, baron de Monferran, mort à Paris, Hélène, mariée à Nogaret, sénéchal de Toulouse, Marguerite, ursuline à Toulouse, Marie, morte en bas âge, et Paule, dont nous reparlerons. 109 Benjamin, chef protestant. Sa vie politique coïncide avec la régence de Marie de Médicis et la minorité de Louis XIII. Les Guerres de Religion reprirent en 1615 parce que les protestants étaient contraires à l'alliance avec l'Espagne. C'est l'époque où la régente mariait sa fille. le duc de Rohan, prince de Condé, chef des religionnaires se saisit de Lectoure ou Fontrailles l'introduisit, puis de Mauvezin (Monlezun VI p488). La ville de Monfort n'ayant pas voulu recevoir une garnison protestante, Fontrailles alla l'assiéger. Il la tint bloquée pendant neuf jours et s'éloigna après avoir brûlé et rasé les maisons de la campagne voisine, arraché les arbres fruitiers, coupé les bourgeons des vignes et fait manger les blés en herbe. Quand la paix vint forcer les protestants à poser les armes, Fontrailles voulut faire payer aux habitants les frais de siège qui les avaient ruinés et en exiger neuf mille livres et comme on se refusa à une aussi étrange exigence, il courut de nouveau, mais avec aussi peu de succès assiéger la ville et renouvela sous ses murs toutes ses anciennes violences (Manuel de Monfort et Monlezun VI p512). En 1615 Benjamin avait reconstitué la garnison de L'Isle-Jourdain et recommençait à la nourrir aux dépens des paysans du comté. 110 A la fin de février 1616, le Parlement de Toulouse le décréta de prise de corps, décida son arrestation, avec défense de récidiver sous peine de vie, pour avoir levé des contributions et commis certains abus dans le comté "inhibant aux habitants de payer et aux seigneurs de les y forcer sous peine de cinquante livres d'amende, permettant les représailles sur les biens et personnes des dits Fontrailles et des leurs, et de leur courir sus." Le gouverneur ne tint pas compte de ces arrêts, mais quelque temps après, le roi entra lui-même en Guyenne conduisant une armée puissante. Benjamin et du Bourg, toujours commandant de la place de L'Isle-Jourdain, jugèrent prudent de se soumettre. Ils offrirent de rendre les clefs de la ville au représentant du roi, le duc de Guyenne contre 15.000 écus. Ces propositions furent acceptées et la place leur fut ouverte le 26 juillet 1621. Il fut décidé que le château, les fortifications et les bastions de L'Isle seraient rasés et les fossés comblés (Saverne p125). N'ayant plus rien à y gagner, Benjamin abandonna le protestantisme peu de jours après. Il se réfugia à Castillon d'où il adressa le 26 mai 1621 au secrétaire d'État Paul Philypeaux, seigneur de Contehartrain, la lettre suivante pour se plaindre de ne pas recevoir la pension qui lui avait été promise par le roi Louis XIII (Bibliothèque Nationale registre 377 folio 703 autographe. Et Revue de Gascogne 1891 4ème livraison p184). 111 Monsieur, J'estimoy qu'au retour du Sr Castaing, que j'avais envoyé à la Cour, je seroy satisfait des pensions qu'il a plu à sa majesté de m'accorder en considération des services que je luy ay rendus et que j'espère encore lui rendre; mais son voiage ne m'a servi que de frais et cela m'a ocasiouné d'envoyer de rechef le S' du Luc, douneur de la présente, pour continuer la poursuite de mes dites pentiouns, vous supliant très humblement, Monsieur, de me despartir votre faveur et assistance à ce que je ne soy privé du fruit que j'en doy atendre. Vous savés mieux que tout autre les considérations pour lesquelles ceste pension m'a été octroyée et s'il est juste et raisonnable que j'en soy satisfait, puisque tout ce que j'ay fait jusques icy à secoundé au bien de l'État et à l'affermissement de l'autorité du roy dans la province, l'assurant donc, Monsieur que vous me faites cest honneur de m'assister à obtenir l'effet des promesses des dites pentiouns, je ne vous en feray plus long discours, m'en remettant à ce que le dit sieur du Luc vous fera entendre de mes parts. Je vous suplieray seulement, Monsieur, de me continuer l'honneur de vos bonnes grâces et de croire toute la vie, Monsieur, votre très humble et plus obéissant serviteur, Fontrailles. de Castilhoum; ce 26 may 1621. 112 Benjamin mourut en 1623 laissant sa succession à son fils aîné, Louis. Louis d'Astarac Fontrailles (1623-1677). Louis dut être un des derniers enfants de Benjamin d'Astarac Fontrailles et de Marguerite de

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 22 Montesquiou et ne succéda à son père que par suite du décès prématuré de ses frères aînés François, Samuel et Jean. Sa vie active se place pendant les grands ministères de Richelieu, de Mazarin, de Colbert. Il fut l'homme le plus représentatif de la famille et a les honneurs du dictionnaire Larousse qui en parle en ces termes: "Louis d'Astarac, marquis de Fontrailles, gentilhomme gascon né au commencement du XVIII° siècle, mort en 1677." D'après Tallement des Réaux, il était bossu par devant et par derrière et affligé d'une laideur excessive, mais doué d'une vive intelligence et d'une volonté de fer. Il s'est rendu célèbre par ses intrigues de cour et par le rôle actif qu'il a joué dans tous les complots contre Richelieu et Mazarin. Très attaché à Cinq- Mars, il lui servit d'intermédiaire auprès de Gaston d'Orléans et du duc de Bouillon, et alla en Espagne négocier avec Olivarès ce traité secret dont la découverte conduisit Cinq-Mars à l'échafaud. 113 Fontrailles se déroba au châtiment en fuyant en Angleterre; il ne revint en France qu'après la mort du Cardinal. Il fit partie de la cabale des Importants, se mêla aux évènements de la Fronde et fut blessé à la journée des Barricades. On a de lui des mémoires publiées en 1663 (arch. Gers s.B sénéchaussée d'Auch. Registre des insinuations civiles, années 1669 à 1674 p226 et suivantes. et B.A. 1917 p195). D'où lui vient ce titre de marquis ? De son père qui l'aurait reçu de Marie de Médicis pour services rendus ou de Louis XIII sous l'influence de Cinq-Mars ? Sénéchal d'Armagnac, à la majorité de Louis XIV, il revient se réfugier à Castillon et à Auch. En cette qualité, il reçoit le 8 juin 1674 une ordonnance du maréchal d'Albret, gouverneur de Guyenne, résidant à Bordeaux sur la levée de milice dans son sénéchalat. A cette "circulaire" était jointe la lettre personnelle suivante : Louis d'Astarac de Marestang, vicomte de Cogotois, seigneur et baron de Fontrailles, sénéchal d'Armagnac, à Auch. 114 Monsieur, La plus part des consulz des paroisses en ont si mal usé dans les levées des milices que j'ay creu devoir vous envoyer cest ordonnance pour la faire exécuter avec exactitude, attendant de faire punir ceux qui se trouveront coupables. Vous conjurant d'user de diligence et de ne vous en rapporter qu'à vous-même. Je suis toujours, Monsieur votre très affectionné serviteur. Le maréchal d'Albret et signé. Le 20 juin 1674, Louis, par ordonnance enjoignit à tous les "prévotz, magistratz, officiers, juges, lieutenans, consulz, principaux bourgeois et habitants des villes et communautés" de la sénéchaussée, de prêter main forte à l'exécution de l'ordonnance du gouverneur de Guyenne. La France commençait à devenir paperassière : les ordres ne furent pas exécutés. Louis rapporta son ordonnance le 20 juillet. Administration en Cogotois. Pendant son séjour à Paris ou à l'étranger, ce furent sa mère, madame Marguerite et son intendant, monsieur de Belleville, très brave homme qui gouvernèrent le Cogotois. Ils soutinrent les monferrannais contre les agents du roi, particulièrement contre le fermier général, monsieur de Montaurion. 115 Cela ne veut pas dire que "monseigneur" n'exigeait pas tous ses droits. Nous le voyons réclamer les 900 livres dues pour le mariage de sa sœur Paule, devenue châtelaine de Caumont. Mais on voit des délégations reconnaissantes de quelque bienfait lui offrir des cadeaux à Castillon. Les Monferrannais acceptèrent même de lui payer l'impôt royal de la taille pour les terres non nobles qu'il possédait à Monferran (Lamothe). Louis gouverna sagement le Cogotois. Un fait le prouve : un condamné à mort, un Monferrannais, nommé Jean Lafitau dit Caillé, était détenu dans la prison du château de Castillon. Plusieurs délégations de Monferrannais étaient déjà venus solliciter la faveur de voir pendre le condamné à Monferran. Mais les bourgeois de Monferran eurent beau offrir, jusqu'au remboursement des frais que devait occasionner l'exécution, le vicomte ne voulut pas leur livrer le condamné, ne jugeant pas son cas... pendable; et le malheureux ne fut pas exécuté. 116 Par contre nous pensons que l'année suivante, lorsque les Monferrannais vinrent comme tous les ans solliciter auprès de leur seigneur des réductions d'impôts, le spirituel Fontrailles les renvoya, leur disant: "Puisque vous êtes assez riches pour vous payer un bourreau et sa potence... allez vous faire pendre." En avril 1660, le vieux vicomte eut à démêler un sérieux cas de conscience. Le jeune Louis XIV devait passer en Cogotois pour se rendre sur la frontière d'Espagne y quérir sa fiancée Marie-Thérèse, fille du roi d'Espagne. Ce mariage avait été décidé au traité des Pyrénées. Louis allait-il recevoir celui dont le père, après l'avoir aimé, l'avait poursuivi de toute sa puissance ? Allait-il s'incliner humblement et reconnaître son roi ? Nous n'étions plus à l'époque où les fiers barons de Marestang recevaient leur roi avec dédain ! Les rois étaient alors une puissance et l'unique source des honneurs et de la fortune. Le bossu n'était pas apte à lever la tête ni physiquement, ni moralement. Quoiqu'il dut en souffrir, il s'inclina et laissa les consuls de Monferran acheter à Toulouse 25 livres de poudre et 13 fusées volantes pour fêter le passage du monarque. A son départ, chaque fusée devait être accompagnée d'une fusillade et de roulements de tambours. 117 Le vicomte avait prêté une douzaine de mousquetons de la garde du château, et une troupe de miliciens

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 23 conduite par le capitaine du Brouilh et par le lieutenant François Grisons de Monferran rendit les honneurs. Louis se rendit à L'Isle-Jourdain le 23 avril, salua le jeune roi, la reine mère, le duc d'Orléans son frère et la duchesse de Montpensier sa cousine. Il leur fit ensuite escorte à travers les fangeux chemins se dirigeant sur Gimont. Le carrosse était traîné par six chevaux et suivi d'une cavalcade de hauts seigneurs et d'attelages transportant les bagages. (Lieu d'arrêt inconnu) Mémorialiste. Louis met la dernière main à ses "Mémoires" dont Michelet nous dit s'inspirer pour raconter les intrigues de cour du règne de Louis XIII. Il était trop difforme pour avoir pu trouver femme et ne laissa pas de postérité. Il étourdit sa vieillesse dans la débauche et mourut à Paris en 1677. Survivance en musique. Alfred de Vigny a écrit "Cinq-Mars ou une conspiration, sous Louis XIII" où Fontrailles occupe la place d'ami de Cinq-Mars. A son tour Charles Gounod compose l'opéra comique de "Cinq-Mars" bien supérieur au roman et qui comprend au deuxième acte le fameux air chanté par Fontrailles : "On ne verra plus dans Paris". Ainsi comme cet autre courtisan difforme Triboulet, le Rigoletto de Verdi, Fontrailles est immortalisé par la belle musique.

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LIVRE IV - Les marquis de Rochechouart vicomte du Cogotois 1677-1690 Chapitre I Les seigneurs Succession de Louis d'Astarac Fontrailles. Il laissa ses biens et ses titres au petit-fils de sa sœur Paule d'Astarac qui devait alors être âgé de 7 ans, Jean-Paul de Rochechouart. Paule avait épousé en secondes noces Louis Félix de Nogaret, marquis de la Valette, du château de Caumont. Elle avait épousé en premières noces Roger de Bossot et lui avait donné une fille, Marguerite de Bossot qui se maria avec Jean Roger de Rochechouart. L'héritier de Louis d'Astarac Fontrailles était le petit-fils de ce dernier couple. Cette illustre famille était issue des anciens vicomtes de Limoges. Une des branches devint gasconne par le mariage d'Antoine de Rochechouart et de Catherine de Faudoas, fille unique et héritière de Béraud, baron de la célèbre famille de Faudoas de Barbazan. Ce mariage eut lieu le 25 octobre 1537 et le ménage s'installa au château de Faudoas près de Beaumont de Lomagne, mais il n'y resta pas longtemps. Béraud était destiné à s'élever par sa valeur aux premiers honneurs : sénéchal de Toulouse, capitaine de 50 hommes d'armes. Il prit une très grande part à la défense de la Provence contre les armées de Charles Quint. Il reçut ensuite le commandement de 1000 hommes de la légion du Languedoc où il eut pour lieutenant Blaise de Montluc en 1537. 123 Gouverneur de Lomagne et Rivière-Verdun, chevalier de l'Ordre, seigneur baron de Faudoas, Gramat, Loubressac et Montégut, seigneur de Saint-Paul du Grez, de Brignemont, le Causé, Maubec, Sounignac, Hauterive et Marignac. Il mourut des blessures qu'il avait reçu à la bataille de Cerisolles. Son fils, Charles de Rochechouart, d'abord seigneur de Saint-Amand en Paysais, puis de toutes les terres de Faudoas était lieutenant de la compagnie de quarante lances, du comté de Sancerre, lorsqu'il scella une quittance de ses legs le 30 avril 1550. Sa sœur fut la grand-mère de Richelieu (Anselme T IV p662). La baronnie de Faudoas fut érigé en marquisat vers 1630, le père de l'héritier du Cogotois était Jean Roger de Rochechouart, marquis de Faudoas et de Barbazan et sa mère Marguerite de Bossot, fille de Roger de Bossot, comte d'Épernon, baron de Luc, lieutenant général des armées du roi. Jean Paul de Rochechouart. Il naquit vers 1670 et dut hériter de son grand oncle en 1677. Il porta, dès lors, le nom de marquis de Rochechouart, de Faudoas et du Cogotois, baron de Marestang. Son blason était "fascé anté d'argent et de gueules de six pièces, écartelé de Faudoas". Celui des Faudoas étant "d'azur à la croisée d'or". 124 Sa mère mourut en 1679 (il n'avait que 9 ans). Son père eut à s'occuper du Cogotois et dut soutenir le procès en succession que les Preissac d'Esclignac avaient intenté aux Astarac Fontrailles à la mort du dernier seigneur de Marestang.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 24 La branche des Astarac Fontrailles était éteinte, il sembla aux Preissac d'Esclignac que le moment était plus favorable que jamais pour revendiquer le Cogotois. Un jugement attribua 7/8 du Cogotois à la famille d'Esclignac et le restant à Jean Paul de Rochechouart. Dès sa majorité, Jean Paul de Rochechouart, qui habitait loin de la Gascogne, s'empressa de vendre aux Preissac d'Esclignac sa part, en 1690.

125 Chapitre II

Le Cogotois au XVIIIème siècle. Des documents précieux conservés aux quatre mairies du Cogotois et aux archives départementales du début du règne de Louis XIV sont dénommées : états de catholicité, livres fonciers et registres des délibérations consulaires. Registres d'état civil que devait tenir le clergé, mais les premiers manquent d'intérêt car ils n'indiquent ni la filiation, ni l'âge, ni le domicile de l'intéressé, pas de table alphabétique décennale. Les livres fonciers étaient les matrices cadastrales pour répartir l'impôt. Un arpentage fut réalisé en 1665 dans le but de connaître les surfaces. Le plan parcellaire ne fut jamais dressé. Les premières pages de ces livres indiquaient les biens nobles, c'est-à-dire exempts d'impôts. Les parcelles étaient identifiées par des indications "lieu-dit" et par ses confronts au levant, couchant, nord et midi; leur nature et leur revenu appelé livre-livrante, suivi plus tard des mutations. Sur le registre des délibérations consulaires étaient transcrites les délibérations des consuls, dirigeants de la communauté, moins nombreux mais aux pouvoirs plus étendus que nos conseillers municipaux. 126 On y lit aussi les délibérations de la jurade, ou mieux jurande, assemblée très différente formée des maîtres, artisans des corporations qui défendaient des intérêts professionnels. (corporations) Démographie. Population trois fois plus nombreuse que de nos jours. Les baptêmes sont célébrés dès le lendemain de la naissance, et il n'est donné qu'un seul prénom : Jean, Jean-Pierre, Jean-Baptiste, Jean-Marc. Les plus en honneur : Damé, Dominique, Barthélemy, Blaise, Germain, Guilhem, Jeanet, Nicolas, Pépin, Ramond, Simon, Tienne, Tirice, Vital et Xiste. Anne, Barbe, Calin, Catinou, Dominge, Danise, Danne, Dorothé, Bernarde, Barthélem, Etrope, Gérarde, Guillomette ou Guillemette, Laurence, Jacquette, Luce, Martin, Marion, Isabeau, Peyronne, Ramonde, Tomasse et Toinette. Plusieurs mariages à la fois. État civil de Castillon du 5 juillet 1740 où il en fut célébré quatre à la fois. Moyenne de trois enfants. On mourrait vieux. 127 En peu de temps moururent trois centenaires à Castillon : l'un de 99 ans 9 mois 11 jours en 1799, précise l'acte; l'autre en 1794 âgé de 100 ans exactement et le troisième en 1751, au bel âge de 113 ans. Grande majorité agriculteurs, ménagers ou par exemple : laboureur, cultivateur, journalier, brassier ou manouvrier ou bordier, métayer ou fermier. Le nombre des professions et celui des ouvriers qualifiés est alors bien plus important qu'aujourd'hui où les petits métiers sont absorbés par la grande industrie. En plus des professions de nos campagnes : forgeron, maçon, maréchal-ferrant, charron, charpentier, on trouvait des meuniers, des presseurs d'huile, des peigneurs de laine, des bonnetiers, tisserands, tailleurs, savetiers, cordonniers, tuiliers, etc. Des marchands ou flibustiers, en bétail, drapiers, ferrailleurs, aubergistes. Postes enviés : carillonneurs, gardes messiers, gardes champêtres, greffiers, secrétaire de mairie. Des notaires représentaient les professions libérales : MM. Dominique Petit, Bertrand Lannes à Marestaing, Pierre Devillemur, Grisons, Dallies, Bernard Dufaur, Bernard Plantié à Castillon. 128 Deux juges : Mr Rodolphe Lacaze, Mr Bernadet à Monferran, procureur juridictionnel, propriétaire à Lallemand à Marestaing. Darolles du Loubet, juge de la baronnie d'Auradé, résidant à Castillon (Laporte 1917 p135). Deux arpenteurs vivaient en Cogotois : Mr Jean Lannes à en Seube à Marestaing, M. Jean Vidal à Frégouville. Les malades avaient recours à des praticiens : M. Rodolphe Lacape à Lallemand à Marestaing, M. Lannes au Mouton et Sébastien Lannes à la Perrine à Marestaing. M. Claoué et son gendre Laurent Soulenc, Eutrope Saint-Paul, Bernard Carrère en Garrot, M. Jacques Raymond et Jean-Marie Roques à Frégouville. M. Décamps à Monferran. 129 Répartition des terres. Les seigneurs possédaient en Cogotois plusieurs bordes en plus de leurs droits féodaux. A Castillon : bordes du Gibra (Lafoutte), d'en Coudé, de l'Astou, de Lauris, du Mésségué, de la petite Baronnie, de la grande Baronnie (actuellement la Ribère), d'en Fouriès (actuellement le Siès) et Belindes (autrefois en Castillon). A Frégouville : la borde de Banas et sur Monferran. A Marestaing : outre le moulin sur la Save, en copropriété avec le Grand Prieur, la ferme d'Estampes

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 25 (achetée au sieur Robané), une maison au village et des parcelles de la plaine de la Save. A Monferran : en plus de la grande tour du bout du village et ses dépendances, du four banal situé près de l'église et de deux moulins à vent, dont celui du Savès, les bordes de la Hount de Loum (fontaine de l'ormeau), de la Bouyère et une multitude de champs isolés. Autres familles en Cogotois. Les d'Andrieux au château d'Aubine avec la ferme du Cap du Bosc à Monferran (en 1600 Guillaume Blaise Saint-Aubin, époux d'Isabeau de Mont). Les à Sansas, les seigneurs du Brouilh au croisement de la route de Lombez Verdun avec la route de Clermont Garbic qui possédaient la ferme de l'Aigané. Les de Pontié à Monferran. 130 Les de Villemur, également notaires, possédaient la métairie de Villemur située près de Monferran, à droite en arrivant de Castillon. Dans cette dernière paroisse résidaient les de Bayer (ou Buher), seigneurs de Liar (ou Lias) à la Peyrade et les de Lestaing, hommes d'armes de père en fils à l', habitation alors située à l'embranchement du chemin de Chirac et de Nayons. Ils possédaient les fermes du Tuco et de Belbèze, d'Enpeyron et du Merlé, actuellement en Garenne et une maison au village. A Marestaing, à Gaillarvielle, les Saint-Martin, puis Lamothe, bourgeois enrichis qui se disaient seigneurs de Gaillarvielle. Il y avait en Cogotois des bourgeois possesseurs de fermes : Les Dalies, notaires à Monferran, résidant à la maison Biotte étaient propriétaires au Buissonnet (embranchement de Toulouse à Auch et Monferran Garbic), à Labourdette (route de Monferran à Castillon) et du Platea (à droite avant d'arriver à la gare en venant du village). 131 Les Lacaze, leurs voisins qui habitaient le presbytère actuel possédaient le Capitané et Saureignan. Les Riscle habitant "au fond du village" et les Riscle résidant en Valette, propriétaire des bordes de même nom et de Lamothe. Les Soulier, une des plus vieilles familles de Monferran, d'abord forgeron en Soulia, furent ensuite propriétaires à . Les Lafiteau, notaires résidaient à Lasserre et possédaient les terres de Lasserre et d'Aubarets. Larée tenait boutique tout en étant propriétaire à Belbèze. Bacon possédait ses immeubles au village et aux Aubras. Darolles exploitait au petit Loubet et sa métairie de la Borde neuve. Grisons résidant au midi de l'église (poste actuelle) puis à la maison Matet, était aussi propriétaire des bordes de Meste Bridau et d'en Peyret. Frégouville. Les familles : Vidal, Terrède, Roques (chirurgien), Duplan (maria sa fille avec un notaire à Lombez), Bégué (en Bégué). 132 Marestaing. Ruthogne Lacaze, praticien à Lalaman ; Renault Cesse, Padouenc, Péricous; Jean Marestaing, propriétaire à la Bordenairé ; Jean Darolles, marchand ferratier à Chotte; Jacques Darolles, marchand drapier au village ; Jacques Cestaré, marchand, deux maisons au village, métairie de Charoulet et de Boubée ; Jeantet Lacroix, à la fois bordier à Lasserran et propriétaire d'en Seubes; Jean Lannes, maître arpenteur à Hiscotte. Castillon. Jean Gineste, en Bentau (la Castagnère) ; Dupin, résidant au village (mairie actuelle), propriétaire à Dupré, puis Coulignère. Sa petite fille, Gabrielle Repichon enterrée à l'église à Castillon avait épousé Mr Guillaume Forgues, maître d'hôtel de la marquise de Preissac ; François Bouchon, chirurgien résidant au village (épicerie), propriétaire à Tricollet (Tocoloy) ; Alexis Darolles, propriétaire à la Mouniche. 133 Domesticité au château de Castillon. L'état civil de Castillon nous permet d'apprécier l'importance du train de maison des seigneurs de Castillon. Nous y trouvons des personnes de qualité : Arnaud Lambraye, dit Arlande, officier de monsieur le marquis et mademoiselle Laloze, née à Paris "dame de compagnie". Jean Lison, homme de confiance, procureur de monsieur le marquis; un ou plusieurs régisseurs : Bergès Pierre et Alexis Garros ; et un maître d'hôtel, Guillaume Forgues. Comme valet, Arnaud Dasmé dit Musculoti, né en Soude ; cuisinier, Germain Barbé et Marthe Marie. Valets : Jean Alleman, Henri Garros et son épouse Vidale Cesse, Anne Poudrofort, dite Allemande, femme de chambre née à Amasbourg. Jean Lassave et Jean Desbeaux, cochers. Jean Lozes et Pierre Passeron, palefreniers. Guillaume Doat, Jean Mascarade, muletiers. Joseph Dauge, postillon. Pierre Durand, Jean Arnaud, jardiniers. Germain Debens, domicilié à la Castagnère, piqueur. Jean-Pierre Marasson, dit Bougnol, garde venu de l'hôtel des Invalides de Paris et remplacé à sa mort par un certain Sauveterre. (Gages peu élevés, aisance peu commune des maîtres et grande activité à l'intérieur et autour du château) 134 La vie, Les fléaux. En 1651, on ne peut ensemencer par suite de pluies qui durèrent toute l'année suivante.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 26 En 1653, guerre, peste, famine, blé et vin très chers. On se nourrit d'avoine, de son, d'herbes (légumes). Le clocher de Monferran démoli par une tempête en 1647, l'est de nouveau en 1658 par un orage de grêle qui anéantit la vendange. En 1655 l'orage du 17 avril commença à 3 heures de l'après midi et il fit croire à la fin du monde. En 1709 froid très vif, à L'Isle-Jourdain 15 jours, le vin se glaça dans les caves et les fûts éclatèrent, les chênes se fendirent, toutes récoltes anéanties, terrible famine, morts dans les fossés, sous les arceaux des places, sous les porches des églises. Les hôpitaux furent bientôt trop petits. 1713 de même. De 1724 jusqu'en 1734, neige et gel presque chaque nuit, les Monferrannais fuient leur paroisse parce qu'il grêle tous les étés depuis dix ans. 1726, le carillonneur de Marestaing est foudroyé en sonnant l'orage (Une jeune fille de 20 ans). 1732, la Save et tous les ruisseaux débordent en ravinant les terres. 19 juin 1734, la grêle hache les sarments et brise les toitures. Après la grêle, un déluge d'eau fait grossir les rivières et emporte tous les foins. 135 1766, il gèle pendant 40 jours ; le 30 mars l'eau est encore glacée. La glace atteignait 9 pouces et demi d'épaisseur. 1785, la sécheresse de juillet en décembre empêche les emblavures. 1788, misère universelle car depuis 7 ans les récoltes sont à peu près nulles. La peste faisait des ravages tout aussi importants. Généralement elle arrive à Toulouse et les maisons situées sur la route venant de cette ville sont les premières atteintes. En 1607, elle dure deux ans. Tout le monde rédige son testament. Les notaires ne veulent pas entrer dans les maisons contaminées. Ils se tiennent dans la rue et les malades dictent depuis leur fenêtre. Il y eut cette fois là plus de peur que de mal. Il en fut autrement en 1631, 32 et 33. Les contaminés qui sortaient de chez eux ne pouvaient plus recevoir asile nulle part. Personne ne voulait d'eux, et ils durent mourir de faim sur les chemins ; A Gimont, il mourait 87 personnes par mois et 538 périrent en dix mois. La disette est complète, on vend des terres pour acheter du blé, mais les notaires sont débordés pour rédiger les actes, on fait queue à leur porte. La pénurie alimentaire est si forte que les vieux vont mourir dans les bois pour laisser un peu de nourriture à leurs enfants. 136 En 1652 la peste était à Toulouse. On interdit l'entrée de tout étranger en Cogotois et à tout habitant du Cogotois de se rendre à Toulouse. On ordonne d'attacher les chiens pour qu'ils ne propagent pas l'épidémie et de séquestrer les suspects qu'on ravitaillait par les fenêtres. Ils ne purent plus travailler leurs fermes. Mêmes centres d'épidémie : route d'Auch à Toulouse, mais l'épidémie se propage avec une rapidité inouïe. Les suspects furent alors mis en quarantaine dans des maisons en branches, élevées au milieu des champs. A bout de ressources, on fit des vœux, le clergé organisa des pèlerinages, les fidèles élevèrent des croix sur les bords des chemins. En 1692, 1693 et 94, une autre peste aussi redoutable. On compte 780 morts à Gimont, 175 à Monferran, 30 à Frégouville. En 1775 une épizootie "la Mourayro" décima tout le cheptel du Cogotois. L'épidémie tombait sur les bêtes sous-alimentées par absence de foin et épuisées par les travaux obligatoires commandés pour la construction des routes d'Auch à Toulouse et de Gimont à Lombez. On fit appel à un médecin de la cour qui n'y comprit goutte. Après l'épidémie le gouvernement s'occupa de repeupler la région avec des bêtes venues du Languedoc. 137 Poids et mesures. Les registres trouvés nous donnent les mesures utilisées au XVIIIème siècle en Cogotois. Leur valeur variait d'une commune à l'autre: Longueurs. la ligne = 2,25 mm le pouce = 27 mm l'empan ou pan = 22 cm le pied = 33 cm la canne en Cogotois = 8 pans ou 1,76 m. à L'Isle = 0,90m. ailleurs = 1,805 ou 1,841. Capacités. boisseau = 5 litres sac = 80 l la pièce = 300 l la barrique = 200 l le pipot ou barreau = 50 l, le tout environ. la pinte = 2 l l'uchau = 1/2 l le sac valait 69,27 l à Samatan. 76,48 l à Gimont. 82,48 l à Mauvezin. la barrique variait entre 197 l à Gimont et 457 l à Aignan. Poids. la livre = 0,489 kg la petite livre presque 400 gr la demi livre = 250 gr environ et le quartot près de 250 gr. Agraires. la concade = 86,40 ares ou 3 casals la casal valait 12 places la place = 24 escats, ce dernier valait 14 pas carrés. 138 A L'Isle-Jourdain la concade faisait 71 ares et valait 30 places.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 27 L'arpent faisait 57 ares45 et valait 24 places. En Cogotois, le bûcher valait 33,5 l. Les monnaies. la livre ou 20 sols ou 240 deniers. la livre n'était pas une pièce de monnaie mais une unité de grandeur. Les pièces étaient les louis d'or, les écus d'argent et les pièces de bronze. Leur valeur en livre dépendait de leur poids en métal précieux et des circonstances. Le louis valait à cette époque 24 à 25 francs or. Dépendances administratives du Cogotois. 33 généralités en France : Généralité d'Auch (Monseigneur l'Intendant). 15 subdélégations: Aignan, d'Aubiac, d'Auvillais, de , de Grenade, de Lectoure, de L'Isle- Jourdain, de Lombez, de Maubourguet, de Mirande, de Muret, de Nogaro, de Saint-Gaudens, de Saint- Girons, de Saint-Nicolas de la Grave et de Trie. D'abord partie de la subdélégation de Fleurance, le Cogotois fut ensuite rattaché à celle de L'Isle-Jourdain. Les généralités étaient aussi des divisions financières. A leur chef-lieu se réunissait le "bureau des finances" composé d'un président et de trésoriers généraux. 139 La généralité d'Auch comprenait cinq circonscriptions locales appelées élections : Celle de l'Armagnac, chef-lieu Auch. Astarac, " Mirande Comminges, " Muret Rivière Verdun, " Grenade-sur-Garonne Lomagne, " Fleurance. Cette dernière comprenait quatre subdivisions: Fleurance, Sérignac, Auvillar et L'Isle-Jourdain dont dépendait le Cogotois. Les élections ne formaient pas un corps homogène au centre duquel se trouvait le chef-lieu. Les diverses régions de l'élection étaient souvent scindées et enclavées dans une autre élection. Ce n'était pas seulement une division fiscale mais aussi une division juridictionnelle chargée de juger en première instance les litiges en matière d'impôts, de comptabilité communale et même les rebellions contre les percepteurs d'impôts. Ces tribunaux étaient en quelque sorte nos conseils de préfecture actuels. L'appel de ces jugements pour la généralité d'Auch se présentait devant la "cour des finances" de Montauban. Au point de vue purement judiciaire, la France était divisée en treize parlements, eux-mêmes divisés en sénéchaussées. Le Cogotois dépendait du Parlement de Toulouse et de la Sénéchaussée de Lectoure qui avait une annexe à L'Isle-Jourdain. 140 La justice primaire était tenue par les vicomtes du Cogotois déléguant leurs pouvoirs à un légiste appelé juge ordinaire. Le nom de l'un d'eux a été donné, un autre fut Mr Jean-Pierre Dumas, avocat au Parlement, lieutenant de juge de la baronnie de Marestang (voir état civil de Castillon, acte de sépulture du 8 juillet 1783 de Charles Magdelaine de Preissac). Le Cogotois dépendait de l'évêché de Lombez.

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LIVRE V - Les marquis de Preissac d'Esclignac. Chapitre I Les de Preissac avant l'acquisition du Cogotois. Origine des de Preissac. Nous lisons dans les "annales de la ville de Toulouse de Rozoi": "des documents incontestables attestent que la maison de Preissac était unie à celle des comtes de Fezensac (à l'origine le Fezensac comprenait l'Armagnac qui s'en est détaché par la suite) qui eux-mêmes descendaient des anciens ducs d'Aquitaine par les ducs de Gascogne, c'est-à-dire de Clotaire II et en remontant plus haut à Clovis, à Mérovée. Il est peu d'origine aussi ancienne et aussi illustre. On ignore à quelle époque exacte a commencé cette alliance des deux maisons. Ces noms célèbres font comme les fleuves les plus fameux dont la nature semble avoir prit plaisir à cacher la source. Mêmes les efforts que l'on fait pour la découvrir inspirent une force de respect nouveau qui s'ajoute à celui dont on est pénétré en suivant dans leur cours ces bienfaiteurs du monde". Puis cet historien retrace, génération par génération la vie de cette famille que nous ne pouvons que résumer. Les premiers seigneurs qui portaient le prénom de Loup, puis d'Othon, possédaient leurs terres

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 28 en Lomagne, le long de la Garonne et en avaient donné la plus grande partie à l'abbaye de Grand Selve. 142 Deux branches se créèrent, celle des Preissac d'Esclignac qui nous occupe et celle des Preissac Soudan de Latran ou Latrau qui s'éteignit après plusieurs générations. Le blason de la branche d'Esclignac était d'argent au lion de gueules. Le château d'Esclignac était et est encore situé dans la commune de Monfort sur la route de Mauvezin à Fleurance dans un étroit vallon entouré de verdure, voilé de beaux arbres et agrémenté de sources comme d'ailleurs l'indique le nom: As = le rocher clin = clair ac = source Esclignac signifie donc "rocher de la claire fontaine". Son entrée sous voûte défendue par des tours carrées, ses deux vastes cours, ses importantes dépendances agricoles, sa chapelle, sa demeure seigneuriale donnent encore au visiteur l'idée de la "villa rustica" qu'un grand seigneur campagnard avait su installer entre les murs de son château au XVème siècle. 143 Il fut pendant sept siècles la demeure de la famille de Preissac qui exerçait ses droits féodaux sur la baronnie du Blanquet et les seigneuries avoisinantes de Bives, Bajonette et de . Cette maison possédait aussi la seigneurie de Roquefort, de Gavaret, de Lalanne et de Miramont situées entre Auch et Fleurance, mais furent données comme dot à des filles. Par contre la seigneurie de Montastruc, située en Tarn-et-Garonne, fut apportée en dot par Girarde de Mongaillard à son époux Othon de Preissac et fut toujours conservée par la famille de Preissac d'Esclignac. Les seigneuries de Lartigue et de Marac en Armagnac, de même que celle de Garac, entre Cadours et L'Isle-Jourdain, provenant d'un échange conclu entre Vital de Preissac, troisième du nom, et Géraud, comte d'Armagnac, en 1399 restèrent toujours propriétés des barons d'Esclignac. Ce même Vital III épousa Anne de la Barthe, fille de Jean de la Barthe, baron d'Auradé qui lui apporta plusieurs seigneuries, entourant Saint-Gaudens dans la Haute-Garonne, qui ne restèrent à la maison de Preissac que durant quatre générations, et la baronnie de , entre Riscle et Aire-sur-Adour, qui elle resta toujours bien des d'Esclignac. 144 A la génération suivante, Blanche Fleur de Coarase apporta en dot à son mari Vital IV de Preissac la baronnie d'Encausse et les seigneuries de Larcan et de Laffiteau situées aux alentours de Saint-Gaudens et à la mort de son frère, sept seigneuries sises dans la partie espagnole du Pays Basque. Mais ces seigneuries apportées par Blanche Fleur finirent par servir à doter les filles d'Esclignac et ne restèrent pas chez les de Preissac. Le fils et héritier de Vital IV et de Blanche Fleur fut Bertrand Ier de Preissac qui s'intitulait: baron d'Esclignac et d'Encausse, seigneur du Blanquet, de Garac, de Marac, Lartigue, Corneillan, Bives, Larcan, Laffiteau, Cadeilhan, Peissous, Cavanac, Aspret, Montar, Saux, Bouch, Allès, Argus, Suvesan, Dégan, Seish, Deup, Réat, Chichau, Lademial, etc. Il était sénéchal ou grand Bailli du pays de Labour, commandant pour le roi dans le dit pays et dans celui de Rivière Verdun, de Comminges, de Bigorre et de Lannes, commissaire général des armées, qualifié noble et puissant seigneur par Louis XI en considération de ses services. 145 Son fils Menaud de Preissac nous est déjà connu. C'est lui qui épousa Anne de Marestang, fille de Géraud, baron de Marestang et sœur de Jean, le dernier baron de Marestang. La succession de ce dernier échut à une autre sœur, Catherine, épouse d'Astarac Fontrailles et fut l'objet du long procès déjà relaté. Bertrand de Preissac II fils et successeur du précédent, surnommé le grand baron, dès son jeune âge, combattit en Italie sous les ordres du maréchal de Lautrec. Il épousa en 1517 Claire du Bolet qui lui apporta la seigneurie et le château de (pour bien dire, les d'Esclignac n'eurent Caussens qu'une génération après car cette terre et le château furent laissés à la disposition de l'oncle de Claire, François du Bolet, vice amiral de Guyenne) situés au levant de Lectoure et le château du Bolet situé à Castillon Debat, près de Vic-Fezensac, et mourut âgé seulement de 31 ans (15 11 1527). Son fils Frix, marié avec Catherine de Léaumont et son petit-fils Alexandre de Preissac né en 1541 lui succédèrent. Il épousa Philiberthe de Savaillan, d'une des plus anciennes maisons de Guyenne et vendit le château de Caussens à Bernard de Cassaignet. Ils eurent comme fils et héritier Gilles de Preissac, marié en 1608 avec Louise de Léaumont sa cousine. 146 Ce fut leur petit-fils Emeric de Preissac II qui leur succéda. Il s'intitulait : baron d'Esclignac et d'Encausse, seigneur du Blanquet, Garac, Marac, Lartigue, Cadeilhan, Larcan, Laffiteau, Corneillan, Larée, Monclar, Saint-Aubin, La Terrade, Cantiran, Drudes, Estragnac et autres lieux. Il fit ses premières armes dans le régiment de Guyenne et fut marié en 1639 avec Henriette de Foix Candale, fille et héritière de Gaston de Foix Candale, comte de Villefranche, baron de et de Marguerite de Grossolles . De toutes ces alliances, celle-ci était la plus illustre. Les Foix Candale étaient apparentés avec les Bourbons, les rois de Pologne, de Bohème, de Hongrie, d'Espagne, de Sardaigne, d'Aragon et de Navarre. Pendant les guerres de Religion, la maison des Preissac d'Esclignac resta fidèle aux rois de France et à

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 29 leur religion catholique, sans verser dans aucun sectarisme exagéré. Telle fut l'origine de la famille qui allait ajouter à ses titres ceux de vicomte du Cogotois et de baron de Marestang.

147 Chapitre II Les de Preissac, vicomtes du Cogotois. Jean Emeric de Preissac d'Esclignac. Vicomte du Cogotois 1670 à 1721. Né en 1646, Jean Emeric était fils d'Emeric de Preissac II et de Henriette de Foix Candale et devint leur héritier par la mort de ses frères aînés. Il abandonna l'état ecclésiastique qu'il avait embrassé fort jeune et prit celui des armes. Il fut dangereusement blessé à l'assaut de Maastricht donné le 17 mars 1677 par la compagnie des mousquetaires dans l'une desquelles il servait. Il fut longtemps sur la brèche au nombre des morts et il perdit une si grande quantité de sang "qu'il en resta quasi entièrement perclus des deux jambes" (Annales de la ville de Toulouse). Pour prix d'un pareil service, Louis XIII voulant le conserver à lui, le nomma enseigne de vaisseau par brevet du 12 janvier 1678. Mais son état déplorable ne lui permit pas de profiter des bontés du monarque. Ayant fixé son séjour dans ses terres, le même roi jugea à propos de le charger d'une mission relative à la noblesse du Pays de Rivière-Verdun et lui écrivit une lettre à ce sujet le 8 février 1695. La terre d'Esclignac fut élevée au marquisat. Il avait été marié par contrat du 29 août 1685 avec Louise de Cassaignet Tilladet, fille de Jean Jacques de Cassaignet Tilladet, marquis de Fimarcon et de Marie Angélique de Roquelaure, fille du premier maréchal de ce nom et sœur du duc de Roquelaure, de la duchesse de Gramont, des comtesses d'Agen et du Lavaugnan, des marquises de Mirepoix et de Balagny. 148 Louise apporta en dot 180.000 livres et en outre à la succession de son père, ses biens. Tandis que Jean Emeric recueillait la succession des biens de Jean baron de Marestang par l'extinction des mâles de la branche d'Astarac Fontrailles, son épouse Louise de Cassaignet héritait à défaut de mâles, des très importants biens de sa maison, ce qui rendit excessivement riche leur héritier. Ils eurent une fille et trois fils : 1° Catherine Henriette qui épousa fin juillet 1714 à Castillon, Alexandre de Percin de Mongaillard, fils du châtelain de Caumont. 2° Jean Henri qui suit 3° Charles qui a formé la branche des seigneurs de Cadillac et hérita de tous les biens de Charles de de Montlezun, comte de , son oncle. Son fils, Charles Louis, marquis de Cadillac finit sa carrière comme maréchal de camp. Puis cette branche s'éteignit faute d'enfant mâle. 149 4° et Charles Louis de Preissac, nommé le comte d'Esclignac, baron de Larée, seigneur de Monclar, de Bives, de , de et de Séran, coseigneur de Bajonette, etc. Celui-ci fut d'abord chevalier de Malte et en cette qualité, prieur d'Épernon et abbé d'Autray en Lorraine. Il fut mestre de camp de cavalerie, gouverneur du château neuf de Bayonne. Il n'eut pas d'enfants. Il n'avait été qu'ondoyé à sa naissance à Toulouse en 1698, aussi dut-il être baptisé et cela le 31 12 1729 à Castillon : il était âgé de 21 ans ! Le marquis d'Esclignac rédigea son testament le 18 février 1711 et 20 décembre 1716 et fit pour héritier son fils aîné Jean Henri de Preissac et des legs particuliers à ses autres enfants. Il mourut au château de Castillon le 1er mai 1721 et fut inhumé à la chapelle de son château d'Esclignac. Son épouse Louise de Cassaignet fit son testament au château de Castillon le 8 janvier 1731 et mourut le jour même. Elle aussi faisait son fils Jean-Henri son héritier. Elle était âgée de 74 ans et fut enterrée dans l'église de Castillon (état civil de Castillon). La succession était très importante et ses biens provenaient d'origines diverses. 150 Biens de la maison des Cassaignet. Château de Cassaignet sis à , entre Condom et Eauze, qui fut la résidence primitive des de Cassaignet, le château de Caussens qu'ils habitèrent ensuite, après que le grand-père de Louise, Bernard de Cassaignet l'eut acheté à Alexandre de Preissac, et les seigneuries de Blaziet, près de Caussens, de Gondrin, de , entre Condom et Eauze qui constituaient leurs apanages. Biens provenant de la maison de Narbonne Lara. Le grand-père de Louise, Paul Antoine de Cassaignet avait épousé une puissante et riche héritière: Françoise Paule de Narbonne qui apporta outre son nom illustre, les seigneuries d'Arcamont dans la vallée du Gers, entre Auch et Fleurance, et de Talleyrand en Périgord. Biens provenant de la maison d'Ornezan. La mère de Louise, Marguerite d'Ornezan apporta chez les Cassaignet les seigneuries d' situées dans le Gimois et celle de Bragayrac, Seysses-Savès et la baronnie d'Auradé formée des seigneuries d'Auradé, de Turutel, d'Azimont, de Blanquefort, de Goujon et de Montoussé, paroisses actuellement rattachées à la commune d'Auradé, sur la rive droite de la Save (Laporte. Histoire d'Auradé Soc. Archéo

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 30 1916 p99). Biens provenant de la maison de Lomagne Fimarcon. 151 Enfin par sa grand'mère, mariée en 1499 avec Aymeric de Narbonne, Anne de Lomagne Fimarcon, descendante des comtes d'Armagnac, Françoise Paule de Narbonne Lara possédait le château de Lagarde Fimarcon près de Lectoure, le titre de marquise de Fimarcon et une importante liste de seigneuries: 1° Sur la rive gauche du Gers, de Fleurance à la limite du département du Lot-et-Garonne: Lamothe Goas, Mas d'Auvignon, où elle possédait un château, Lagarde, , dans l'église collégiale duquel s'élevait le tombeau des Fimarcon, Castelnau de Loubères actuellement Castelnau d'Auvignon et la baronnie de Saint-Martin de Goyne composée des paroisses de Saint-Martin, Saint- Mézard, Bénac, Rauquelaure, Puy Carrejelard actuellement Pouy Roquelaure, Larroque Fimarcon et Roquépine. 2° Toujours sur la rive gauche du Gers, mais dans le département du Lot-et-Garonne: Moncrabeau, Fieux, Calignac, Montagne-sur-Auvignon et Mongaillard. 3° Dans ce même département et sur la rive droite de la Garonne : Clairac près Tonneins, Mas d'Agenais en amont de Marmande et Sainte-Bazeille en aval. 4° Enfin Sillades dont nous n'avons pu établir la position. 152 Dans des temps plus reculés Marthe d'Armagnac avait apporté chez les Lomagne Fimarcon, deux seigneuries situées près de Nogaro : Arblade d'Armagnac actuellement Arblade-le-Haut et Sainte-Christie d'Armagnac, et aussi croyons-nous, Mauléon d'Armagnac et Montégut non loin de mais ces deux dernières seigneuries furent cédées par la suite à des branches cadettes. Également Marthe Rogère de Comminges autre épouse des Lomagne Fimarcon, leur apporta le comté de Couserans et celui de Terrède dont nous ignorons la situation. Tous ces biens firent de Jean Henri de Preissac le gentilhomme le plus fortuné de Gascogne (Brégail bul. Soc. Archéo. du Gers 1929 p225 et 1931 p33). Jean Henri de Preissac d'Esclignac. (vicomte du Cogotois de 1721 à 1771) de Marestang, marquis d'Esclignac et de Fimarcon, comte d'Astafort, vicomte de Cogotois, baron de Marestang, d'Auradé et du Blanquet, seigneur de Corneillan, de Garac, Marac, Lartigue et de Seysses et autres lieux ; né en 1665 (peut-être à Auradé patrie de sa mère), servit les premières années de sa vie dans le régiment des dragons de Fimarcon, dont le marquis de Tilladet, son oncle, frère de sa mère était mestre de camp. Il servit en Espagne dans cette guerre à jamais fameuse, qui porta la maison des Bourbons sur le trône qu'avaient occupé les Charles Quint et les Philippe II. 153 Pendant ces campagnes célèbres, le marquis d'Esclignac était aide de camp du marquis de Fimarcon, autre frère de sa mère. De grade en grade, il s'éleva aux dignités de lieutenant général, chevalier des Ordres du roi, gouverneur de Mont-Louis, commandant en chef de la province du Roussillon. Il eut à soutenir en 1744 un procès avec les bourgeois de Monferran à propos des 900 livres à fournir à l'occasion du mariage de sa fille Françoise Magdeleine. Il fut marié en premières noces avec Madeleine Marguerite de Moneins (25 11 1716) du nom de Montréal, fille d'Armand Jean, marquis de Moneins, comté de Troivilles, sénéchal et grand bailli de Navarre, gouverneur du Pays de Soule et château de Mauléon, et de Magdeleine Françoise de Gassion. Il épousa en secondes noces en 1747, Marie Jeanne Pélissier de Chavigné, veuve de Dominique Joseph Darros, seigneur de Beaupuy, brigadier d'infanterie, gouverneur de la citadelle de Strasbourg, dont il n'eut point d'enfants. Elle fut inhumée le 19 juin 1760 à la chapelle Sainte-Anne de la cathédrale Saint- Etienne à Toulouse. 154 Ceux de son premier mariage sont, un fils, Charles Magdeleine et deux filles. Françoise Magdeleine de Preissac née à Castillon le 5 octobre 1717, mariée par contrat du 5 mars 1744 et religieusement par Guillaume de Maupéou, évêque de Lombez, le 30 juillet suivant en la chapelle du château de Castillon avec Arnaud Alexandre de Gontaud-Biron, nommé le comte de Gontaut, marquis de Saint-Blancard, commandant pour le roi en Bigorre, cousin germain de messire Charles Maurice de Percin de Mongaillard Lavalette (état civil de Castillon) propriétaire du château de Caumont. De ce mariage naquit une fille, Marie Jeanne de Gontaut Biron, née probablement à Saint-Blancard. Son mariage à Castillon fut l'objet de fêtes qui réunirent dans le château de Castillon les plus nobles familles de Guyenne. Elle fut mariée par Christophe Auguste Hardi de Vignes, vicaire général à Lombez, le 20 novembre 1786 dans la chapelle du château de Castillon avec "Très haut et très puissant seigneur Philippe Maurice de Vissac, marquis de Ganges (tous deux mineurs de 25 ans) fils de défunt très haut et très puissant Charles Alexandre de Vissac, marquis de Ganges et de la très haute et très puissante dame Marie Françoise de Sarret". 155 En présence de Jean Henri de Preissac de Marestang, marquis d'Esclignac, aïeul de l'époux; de Louis Alexandre Marianne de Vissac, comte de Ganges cousin de l'époux, d'Ermant de Gontaut Biron, frère de l'époux ; de Charles Bernard Joseph de Peymonarquès de Mongaillard, beau-frère de l'époux ; de Charles, comte de Preissac ; de Louis de Preissac, comte de Cadillac; de Bernard de Percin, comte de Mongaillard, cousin de l'épouse; d'Antoine de Maigret d'Etigny, intendant en Navarre et généralité d'Auch ; et autres parents qui tous témoins ont signé sur l'état civil de Castillon-Savès, y compris l'intendant d'Etigny qui cependant était avare de sa signature.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 31 Enfin la deuxième fille de Jean Henri de Preissac et de Madeleine de Moneins fut Jeanne Henriette née le 4 novembre 1722 à Castillon et baptisée le 18 juin suivant. Elle devint religieuse au couvent Saint-Sernin à Toulouse où elle mourut en 1747 âgée seulement de 25 ans. Madeleine de Moneins, première épouse de Jean Henri de Preissac, mourut à Toulouse toute jeune deux ans après la naissance de son deuxième (dernier) enfant probablement à la suite de fausses couches, dans sa famille le 6 août 1722. Elle fut enterrée à l'église de Castillon. 156 Son époux mourut à Castillon le 20 mars 1771 et fut le lendemain enseveli à Castillon dans, dit l'acte d'inhumation "le caveau de ses ancêtres". Les ancêtres dont il s'agit ne peuvent être que les de Marestang, les Preissac d'Esclignac s'étant presque tous jusque-là, fait enterrer dans la chapelle du château d'Esclignac. On reste surpris et étonné de constater la prédilection de cette famille pour le château de Castillon, alors qu'elle en possédait tant d'autres, qu'elle possède également, nous le verrons, des hôtels particuliers à Toulouse, à Paris et surtout de la voir délaisser le château de Montfort, sa résidence séculaire. Cette prédilection se justifie-t-elle par l'héritage des biens de Louise de Cassaignet situés sur la rive droite de la Save ? Nous ne le pensons pas puisque cette riche héritière apporta des biens autrement importants dans la vallée du Gers. Faut-il l'attribuer au voisinage du château de Caumont où les cousins l'habitant auraient été particulièrement chéris des de Preissac ? La sympathie du cousinage a pu être réelle, mais ne nous semble pas être déterminante quand au choix d'une résidence. 157 Serait-ce à cause de la proximité de Toulouse, le château de Castillon étant celui des d'Esclignac le plus rapproché de cette grande ville ? Il se peut, mais nous croyons surtout que Castillon était surtout apprécié par la beauté du site, par le panorama étendu qu'il découvre, à l'encontre du château d'Esclignac, par la richesse de son sol, la douceur de son climat et aussi il faut bien le dire, par l'importance et la beauté de la demeure elle-même. Charles Magdeleine de Preissac d'Esclignac. Fils du précédent, naquit le 14 avril 1721 au château de Caumont chez son oncle et sa tante. Le curé de Cazaux lui donne l'eau du baptême à Caumont le 17 du même mois (état civil de Castillon). Mais nous ignorons où il fut baptisé. Il fut d'abord cornette du mestre de camp du régiment de cavalerie du comte de Peyre, son oncle, pourvu en 1742 d'un guidon de gendarmerie (corps de cavalerie lourde dépendant directement du roi) et est devenu successivement dans ce corps aux emplois d'enseigne, de sous lieutenant et de capitaine lieutenant d'une compagnie d'ordonnance de sa majesté, sous le titre de monseigneur le duc de Berri. Il eut en 1746 le grade de mestre de camp de cavalerie, fut fait brigadier en 1748 et maréchal de camp le 20 février 1761. Il fut cruellement blessé de deux coups de feu le 1er août 1759 à la bataille de Minden. 158 Il épousa Marie Charlotte de Varogne Gardouch, fille de Jean Charles de Varogne, marquis de Gardouch et de Bélesta. Outre le renom de sa glorieuse famille, la jeune fiancée apportait sa beauté peu commune: "il n'est pas indigne de la majesté de l'histoire, de mentionner le mérite politique ou militaire lorsqu'il se trouve rehaussé par les grâces et le nid de deux colombes dans le casque de Mars déposé sur l'autel de la gloire". Le mariage eut lieu à la paroisse Saint-Etienne de Toulouse où habitait la famille de la mariée ; il fut célébré par l'évêque de Lombez (l'état civil de Castillon contient le procès verbal de ce mariage). Ce ménage eut deux enfants: - Jeanne Charlotte Magdeleine Adélaïde de Preissac née à Toulouse en 1762 décédée à l'âge de 10 ans à Toulouse et inhumée à Castillon le 6 avril 1672, et - Henri Thomas de Preissac qui suit. 159 Le 21 février 1779 Charles Magdeleine de Preissac dicta son testament à Maître Brichas, conseiller notaire à Paris. Il mourut dans cette ville en son hôtel situé rue du faubourg Saint-Honoré, paroisse de Sainte-Marie-Madeleine de la Ville-Levêque le 30 juin 1783. Suivant ses volontés son corps fut transporté à Castillon et inhumé "dans le tombeau de ses ancêtres" à l'église de Castillon le 8 juillet 1783 après avoir été exposé dans la chapelle du château (voir acte de sépulture sur état civil de Castillon). Lui aussi par ses dispositions testamentaires donne une nouvelle preuve de son attachement pour Castillon. Son acte d'inhumation rédigé sur l'état civil de Castillon, lui attribue les titres suivants: très haut et puissant seigneur Charles Magdeleine de Preissac Fezensac, de Marestang, marquis d'Esclignac et de Fimarcon, comte d'Astafort, vicomte de Monferran Cogotois, baron de Marestang, d'Auradé, du Blanquet et autres lieux, lieutenant général des armées du roi. Son épouse mourut à Toulouse qu'elle semblait affectionner et fut enterrée à la chapelle Sainte-Anne de la cathédrale. 160 Henri Thomas Charles de Preissac. Leur fils et héritier dut naître à Toulouse vers 1743. Il fut successivement officier supérieur de gendarmerie, colonel commandant le régiment royal de cavalerie. Il se maria avec "très haute, très puissante, très illustre et très excellente dame, madame Marie Élisabeth Anne Ursule Cordule Xavière de Saxe", petite fille du roi de Pologne Auguste II; fille du comte de Lusace, oncle de Louis XVI; dame d'honneur de l'extravagante Adélaïde de France dite Madame, fille

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 32 de Louis XV. A l'occasion de ce mariage Henri Thomas Charles de Preissac fut nommé duc. Il devint Grand d'Espagne de 1ère classe. Nous le trouvons qualifié de ce titre dans un acte de baptême dressé sur l'état civil de Castillon le 27 février 1790, dans lequel il figure en qualité de parrain d'un fils d'un Castillonnais nommé Débens. Henri Thomas Charles de Preissac avait essayé, comme la plupart des nobles avant la Révolution, de dresser les exigences de ses droits seigneuriaux. Depuis quatre-vingts ans les marquis d'Esclignac choisissaient les quatre consuls de Monferran parmi les huit noms de hauts taxés (dits chapeaux noirs) qui lui étaient soumis. 161 Mais en 1783, voulant infuser dans la vie politique du Cogotois un peu de cet esprit démocratique dont l'atmosphère était de plus en plus imprégnée, désigna les quatre consuls parmi les gens moins fortunés. Ils furent : Jean Idrac, du village, 1er consul, Bernard Seguin, Pierre Valettes et Jean Pagès. Cet évènement révolutionna Monferran, mais n'empêcha pas la disgrâce du duc quelques années après. On lui prêtait un caractère dur et hautain. On lui reprochait probablement aussi l'origine autrichienne de sa femme. Aussi avait-il tout à craindre de la Révolution. L'assemblée nationale, mue par un grand souffle patriotique avait supprimé au cours de la fameuse nuit du 4 août 1789, les droits seigneuriaux, en particulier celui de rendre justice et le droit de chasse. Elle avait également supprimé les banalités, mais elles devaient être achetées au seigneur. Aussi les municipalités du vicomté demandaient-elles au duc d'Esclignac de justifier de ses droits sujets à rachat. Telle celle d'Auradé qui le 21 juin 1790 délégua le maire et quatre notables auprès de lui, en son château de Castillon "pour le prier de faire connaître dans un délai de huitaine les titres en vertu desquels les tenanciers d'Auradé ont des obligations envers lui, manifestant une très grande volonté de les payer. En cas de refus le procureur de la communauté devra notifier le non paiement de toute redevance jusqu'à ce qu'il les ait produits." 162 Le 26 février 1791, une nouvelle délégation est nommée pour se rendre auprès du "citoyen Esclignac" et de le prier de remettre le livre terrier qu'il avait entre les mains et nécessaire pour l'établissement de la contribution foncière. Émigration des d'Esclignac. Le ton de ce texte n'est guère rassurant pour le duc qui ne se montre plus, parti qu'il était à Coblence, auprès du comte de Provence et des autres émigrés. (On prétend qu'il décida d'émigrer lorsqu'il constata un dimanche que les paysans s'abstiennent de faire haie sur son passage comme ils avaient coutume de le faire lorsqu'il se rendait à la messe du château à l'église de Castillon) Aussi l'assemblée municipale d'Auradé adressa-t-elle un blâme le 23 juin 1791 au sieur Courtade pour "avoir accepté des gens du sieur d'Esclignac, au lieu du véritable plan terrier, un certain papissard, que l'on savait y être, tout déchiré, y manque partie des feuillets et les autres à moitié déchirés, qui ne peut absolument donner aucun éclaircissement." 163 Incendie et démolition du château de Castillon. Le seigneur parti, ses anciens sujets voulurent s'emparer des documents. Les bourgeois de Monferran ne furent pas les derniers à fouiller le château. Aucun titre n'étant trouvé pour être détruit, le château fut incendié pour que si titres il décelait, ceux-ci fussent brûlés avec lui. Cet évènement dût se passer en juin 1791. Mais à peu près seules, les toitures brûlèrent. Le pillage eut lieu ensuite. Les boiseries furent transportées à Monferran et servirent à décorer les chapelles latérales. L'argenterie fut emportée par le régisseur Dasmé dans la louable intention de la rendre à son propriétaire dès son retour. Son père Arnaud Dasmé était né en 1715 en Soua et avait été domestique au château de Castillon sous le surnom de Musculdi. Sa mère était dame Marie, ou Gaurense, Débens. 164 18 tableaux furent retrouvés chez le citoyen Villeneuve, maire de Monferran et peut-être livrés aux flammes par Bernard Plantié, commissaire délégué dans le canton de Monferran, chargé de détruire les tableaux "suspects". Ils représentaient notamment, l'un daté de 1217, Arnaud de Preissac, Hubert Othon et Honoré de la Tour. Un autre, un des Preissac sans désignation de prénom. Un autre, Blanche Émilie Preissac, un autre Suzanne, maréchale de Rocolaure. Un autre, Scudery. Un autre daté de 950, Othom, comte de Fezensac et enfin deux autres figuraient Diane et Flaure (bull S A 1917 p168). Le décret du 2 septembre 1792 déposséda les émigrés, leurs biens revenant à la Nation. Aussitôt les Castillonnais désirant augmenter l'importance de leurs immeubles, s'armèrent de pioches et arrachèrent aux murs du château les matériaux dont ils avaient besoin. (On retrouve, incorporés à des murs de certaines maisons du village de Castillon, outre des pierres de taille, des pierres sculptées qui durent constituer des motifs décoratifs de la façade du château). Les biens des émigrés furent mis en vente aux enchères publiques. Ceux des Preissac d'Esclignac situés dans l'arrondissement de L'Isle-Jourdain, furent mis en vente dans cette sous-préfecture le 18 germinal de l'an III, 9 avril 1794. 165 Il ne semble pas que le château put trouver preneur, probablement à cause des représailles probables venues des éléments très importants de la population environnante restée fidèle à la royauté et à la religion. C'est ainsi que l'année suivante le 25 octobre 1795, le pharmacien toulousain, Gaspard Grimaud,

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 33 adjudicataire de la Garrière, petite exploitation agricole située à quelques mètres du château, fut attaqué dans sa nouvelle propriété par une trentaine d'hommes armés venus de L'Isle-Jourdain pour l'en déloger. Il ne put conserver sa vie et celle de sa famille qu'en buvant à la santé des émigrés et qu'en promettant de vider les lieux dans les trois jours (archives départementales du Gers Série L liasse 378). La démolition du château se poursuivait, néanmoins il devait rester encore en 1795 assez de logis pour que put s'y installer une garnison républicaine d'une centaine d'hommes commandée par le capitaine Schramm. Cette troupe avait pour mission de dégager les bois de Lastou des "brigands" qui s'y étaient réunis et qui s'opposaient à la coupe d'arbres destinés au parc d'artillerie de Toulouse, et aussi de faire régner la loi républicaine dans la région d'Encausse, Monbrun, Beaupuy, soulevée par le comte d'Albis et l'abbé Bégué contre la République et sa constitution civile du clergé. L'importance de ce rassemblement formé de gens traqués, de soldats déserteurs, de prêtres réfractaires fut telle que les troupes de Castillon ne suffirent pas à les réduire et qu'il fallut l'intervention des soldats toulousains du général Sob qui lui-même ne put accomplir qu'à moitié la tâche dont il avait été chargé (Brégail: Insurrection de l'an IV dans le Gers. bul S A 1909). Bientôt après, il ne resta plus du château que quelques pièces voûtées et la vieille tour haute de ses quatre étages mais décoiffée. Elle resta dans cet état jusqu'en 1830. Aussi les intempéries se chargèrent d'accomplir ce que les hommes n'avaient pas osé entreprendre. Elle fut tellement dégradée que son nouveau propriétaire, Antoine Lacroix qui la tenait de Jacques Teyssèdre, négociant à Toulouse, dut sacrifier les deux étages supérieurs pour pouvoir conserver et restaurer les deux étages inférieurs. Il aménagea une maison bourgeoise sur une partie des autres fondations. 167 Importance des biens laissés par les Preissac d'Esclignac. Une immense fortune. Uniquement en Cogotois, ils étaient : Le château de Castillon et ses dépendances dont faisaient partie la Garrière, dix fermes en Castillon: le Gébra, en Céridé, Lastou, la Goutte, la grande Baronnie (actuellement dénommée la Ribère), le Phénix (ancien Siès), la petite Baronnie (du même nom aujourd'hui Baronnie), l'Aurio, le Mésségué et Bélindes qui n'a été incorporé à Frégouville qu'après 1789. Dans cette dernière commune, les ducs d'Esclignac possédaient la grande ferme du Barras qui s'étendait sur le territoire de Monferran. La ferme d'Estampes à Marestaing avait été acquise depuis peu par eux, mais depuis plus longtemps, ils possédaient dans cette paroisse des maisons au village et des parcelles de terre dans la vallée de la Save. De même qu'en copropriété avec le Grand Prieur, le moulin sur la Save. (déjà dit) A Monferran, ils possédaient la grande tour du bout du village avec ses dépendances; près de l'église, le four banal, deux moulins à vent dont celui du Savès, les métairies de la Hount de Loum et de la Boyère, avec une multitude de champs isolés. 168 En ajoutant à ces possessions en Cogotois celles d'Auradé elles s'augmentent de onze métairies, celles du château de la Pounche, de Mouchan, de Turutel, de Baros, de la Grange, de plusieurs prairies affermées, d'une auberge banale, de trois moulins dont deux à eau, et des bois d'Azimont, de Mouchan et de Blanquefort (Laporte Histoire d'Auradé bull S A 1916 p114). Il se peut que les de Preissac d'Esclignac aient aussi possédé des immeubles dans les communes de Seysses et de Bragayrac dont ils étaient les seigneurs. Voilà pour la région du Savès. Entre Mauvezin et Fleurance et autour du château d'Esclignac, ils avaient conservé leurs biens d'origine situés à Monfort, à Bives, à et Bajonette, et qui comprenaient entre autres les châteaux de Bives et de Cadeillan et leurs dépendances. Le triangle Lectoure, Condom, Astafort comprend leurs propriétés les plus importantes qui leur venaient principalement de la succession des marquis de Fimarcon. Elles se composaient du vieux château de Lagarde encore composé de 15 pièces habitables, outre les caves voûtées. 169 Celui de Castelnau de Loubières et les fermes de la Romieu, au Mas, à Marsolan, à Saint-Martin en Goyne, à Saint-Mézar, à Bénac, à Roquelaure, au Pouy Carrefelard, à la Roque Fimarcon, à , à . Ces biens débordaient dans le Tarn-et-Garonne autour d'Astafort et dans le Lot-et-Garonne dans les paroisses de Mongaillard, Moncrabeau, Fieux, Calignac, Montagne d'Auvignon, Mas d'Agenais où ils avaient encore un autre château. Dans ce même triangle, ils possédaient en outre, provenant de la succession de Cassaignet, le château et les terres de Caussens. Les terres provenant de cette succession débordaient même le cadre de ce triangle et s'avançaient vers Eauze, comprenant le château de Cassaignet à Gondrin et des "bordes" de ces domaines. En outre entre Auch et Fleurance, les biens d'Arcamon provenant des Narbonne Lara. Enfin dans l'Armagnac, ils possédaient, leur venant des Fimarcon, près de Cazaubon des terres sises à Monclar et à Mauléon et de quatre fermes et d'un château à Larée, et en outre près de Nogaro des immeubles apportés par Marthe d'Armagnac situés à Sainte-Christie et à Arblade, ainsi que d'autres terres situées à Corneilhan entre Riscle et Aire-sur-Adour. 170 L'abondance de tous ces biens rendaient Henri de Preissac d'Esclignac de beaucoup, le plus riche propriétaire de la généralité d'Auch. Ses biens et ceux de son frère encore vivant à l'époque de ce recensement des fortunes, étaient évalués à 2.352.000 livres, alors que ceux du duc de Cussol d'Uzès, le plus fortuné après lui, n'atteignaient que

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 34 756.000 livres, passant avant Alexandre de Mun avec ses 669.000 livres et le duc de Montesquiou avec seulement ses 350.000 livres (Brégail le Gers pendant la Révolution bull S A 1929 p224). Ils possédaient en outre un hôtel à Paris, sis rue du faubourg Saint-Honoré et probablement un autre à Toulouse, paroisse de Saint-Etienne. Celui où mourut Jeanne Charlotte Magdeleine Adélaïde de Preissac. (L'état civil de Castillon contient la mention du décès de Guillaume Fauré qui fut, dit l'acte, maître d'hôtel de la marquise à Toulouse.) 171 Extinction de la Maison de Preissac. Henri Thomas Charles de Preissac d'Esclignac mourut en 1827 en laissant un petit-fils Charles Philippe de Preissac duc d'Esclignac et de Fimarcon, Grand d'Espagne, né dès l'arrivée de ses parents en Allemagne. Il se maria dès que sa famille put rentrer en France sous la Restauration, en 1819 avec Georgine Louis Victoire de Talleyrand-Périgord, nièce de l'évêque d'Autun, un des hommes les plus remarquables du 1er Empire et de la Restauration. Il fut nommé colonel des lanciers de la garde et pair de France. Après la loi du 27 mars 1825 qui indemnisait les émigrés dépossédés de leurs domaines, Charles Philippe de Preissac vint à Castillon, mais l'état du château presque démoli ne l'incita pas à l'acheter. Il mourut à Milan en 1874 âgé de 88 ans. Avec lui s'éteignit la Maison de Preissac.

Chapitre III Les dernières années du Cogotois. Le départ du vicomte de Cogotois mit un terme à l'histoire de cette petite région dont les quatre paroisses le composant n'étaient unies que par la personne de leur vicomte commun, par son droit de regard dans les affaires communales et par son droit de justice. 172 Il n'y eut plus donc en fait de Cogotois dès mai 1791. Quelques mois après, l'assemblée constituante donnait une nouvelle organisation administrative à la France. Le mot Cogotois suspect aux républicains fut définitivement abandonné. Monferran-Cogotois devint Monferran-Savès et fut élevé au rang de chef-lieu de canton. Il y eut donc un juge de paix élu à Monferran canton comprenant Castillon et Frégouville, mais non Louberville, ni Marestaing qui dépendirent du canton de L'Isle-Jourdain, paroisses qui ne se retrouvaient groupées que dans le cadre du district de L'Isle qui comprenait les cantons de L'Isle-Jourdain, de Monferran et en outre ceux de Cologne, Samatan, Lombez et Simorre. Le clocher de l'église de Monferran, autrefois en queue de morue, avait changé d'aspect, mais pas pour prendre une silhouette plus élégante. Il était fait d'une affreuse tour carrée écrasée, masquée de fenêtres à contrevent et chapeautée d'un toit plat. 173 Les églises des diverses paroisses conservaient leurs plafonds de bois peu élevé et leurs étroites ouvertures. Dépourvues encore de porche, elles s'élevaient dans l'enclos même du cimetière paroissial. Le comblement des fossés d'enceinte n'avait pas provoqué l'extension des villages; les maisons étaient toujours aussi basses, étroites et obscures. Très peu de neuves avaient été construites et les padouencs (tel celui du nord de l'église de Castillon) étaient encore vierges de construction. Aucune maison commune, aucune école, aucun lieu public de réunion. Routes. Les chemins étaient toujours aussi fangeux. Cependant une véritable route, la première voie ferrée du pays venait d'être construite par les services de l'intendant d'Etigny: celle d'Auch à Toulouse, encore inexistante passant par Gimont, Garbic, Bestiau, Clermont et L'Isle-Jourdain, dite route royale. Elle eut le grand avantage de permettre une plus facile circulation des denrées. L'assiette de la route presque droite fut rectifiée sous le Second Empire pour éviter les trop fortes pentes. Ce n'est que depuis cette époque que la route nationale d'Auch à Toulouse passe non loin du village de Monferran. Ces routes royales améliorèrent les transports à tel point qu'il fut créé un service des messageries. 174 Celui-ci vous conduisait à Toulouse en diligence. Celle qui arrivait le samedi dans cette ville se prolongeait par relais successifs jusqu'à Paris où l'on débarquait huit jours après. Un fourgon à bagages suivait. Ces mêmes diligences assuraient le service de "la poste aux lettres". Dans notre région les seuls bureaux de poste se trouvaient à Gimont, L'Isle-Jourdain et à Lombez. C'est de là que les piétons portaient les lettres à domicile. Paysans. Le sort des paysans était resté particulièrement misérable. Leurs habitations basses, mal éclairées et mal aérées ne comprenaient toujours que deux pièces, rarement trois. La base de leur nourriture était le pain de méteil (blé-orge) et la bouillie de maïs, des gousse d'ail et d'oignons. Ils ne mangeaient de la viande que cinq ou six fois par an et ne buvaient que de la piquette. Hommes, femmes et enfants vont nu pied en toutes saisons, les souliers et les sabots eux-mêmes étant encore des objets de luxe parmi eux. Néanmoins, quoique pauvres, nos paysans étaient charitables et hospitaliers. Très durs pour eux- mêmes, ils se préoccupent davantage d'une maladie de leurs bêtes domestiques. Ignorants et superstitieux, ils sont la proie des sorciers, divins ou guérisseurs. 175 Durant les années de fléaux naturels, les maîtres valets sont encore les plus heureux. Ils recevaient un salaire qui consistait généralement en cinq sacs de blé, quatre ou cinq de seigle ou d'orge, deux

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 35 boisseaux de sel, quelques litres d'huile à brûler, deux ou trois barriques de piquette, vingt à trente livres d'argent, un petit jardin à exploiter, un quart des bénéfices sur le croît du bétail et la moitié de celui sur les bêtes à laine, porcs et volailles. Le Cogotois, comme aujourd'hui, était surtout producteur de céréales, de bétail, de volailles, mais plus qu'actuellement de vin. Les superficies plantées en vigne (un quartier de Castillon s'appelait "la Vinasse") étaient telles que les pouvoirs publics durent intervenir pour les limiter parce qu'ils trouvaient qu'elles se développaient au détriment des céréales, des prés et des bois. L'état décida que les 2/3 d'une exploitation devait être ensemencés en céréales, le tiers restant ne pouvant être planté en vignes que s'il était impropre aux prairies. Céréales: blé et maïs. Le seigle est semé en mélange avec le blé pour obtenir un pain moins savoureux, mais plus abondant. L'orge se cultivait, mais davantage l'épeautre qui servait à l'engraissement des oies et arrivait à pousser dans les terres arides. 176 Les prés donnaient peu, les prairies artificielles étaient presque inconnues. L'élevage était représenté par les bêtes à corne, surtout destinées au joug. De fréquentes épizooties les décimaient. Les chevaux du pays ne se prêtaient pas aux travaux pénibles. Ils étaient cependant estimés parce que vigoureux et nerveux, mais ils étaient légers, à croupe tranchante, à tête énorme, pesante et sèche. Un essai d'amélioration de la race ovine régionale par sang de mérinos ne réussit pas. Bref la terre produisait très peu. Aucune méthode de culture, sauf la seule façon de conserver la fertilité du sol en remontant au haut des coteaux le précieux limon entraîné par les pluies au bas des collines. En outre d'incroyables taxes fiscales écrasaient l'agriculteur gascon qui d'après Taine, était le plus imposé de France. S'il faut en croire le procès-verbal de la séance du 21 novembre 1787 à l'assemblée provinciale de la généralité d'Auch, l'impôt direct royal (tailles, accessoires, capitation, deux vingtièmes, s'élevaient à 53% du revenu. La dîme ecclésiastique à 14 % et les droits féodaux à la même valeur, soit 82% environ pour l'ensemble des impôts directs. 177 A ceux-ci s'ajoutaient les impôts indirects: gabelle, sel, aides (ou taxes), octrois et traités et les ravages des épidémies et des famines. Les banalités, les corvées, les droits féodaux. Les corvées étaient des sujets de désolation, de découragement et d'effroi. Elles arrêtaient les travaux agricoles à des époques inopportunes. Les corvéables étaient réquisitionnés surveillés, même quelquefois maltraités par les "piqueurs". Nous avons dit que le bétail mourut d'épuisement lors de la construction de la route royale d'Auch à Toulouse. Les paysans demandèrent et finirent par obtenir que les corvées soient remplacées par une taxe vicinale. Les banalités étaient rendues odieuses aux assujettis, non pas tant par le tarif à payer pour obtenir un service, mais l'obligation de se soumettre aux exigences des préposés à ces services. Ainsi pour la mouture des grains, ce qui exaspérait c'était l'obligation de se rendre à un moulin souvent très éloigné, par des chemins impraticables, d'attendre le bon vouloir du meunier, en son absence de laisser le grain deux ou trois jours devant la porte du moulin, d'accepter en retour une mauvaise farine et de ne plus retrouver ni la qualité, ni le poids du grain apporté. 178 (Voleur comme un meunier" était passé comme proverbe et un joli conte gascon "le fin voleur" avait pour héros un meunier que son "seigneur" ne put arriver à faire pendre, tant ses ruses se moquaient des droits). Et pour les fours banaux d'être obligé d'accepter du pain brûlé ou manquant de cuisson. L'affranchissement de la terre demeure leur grande préoccupation, mais ils ne voulaient pas l'opérer au détriment de la noblesse. Comme pour les corvées, ils voulaient racheter les banalités et autres servitudes seigneuriales et indemniser les seigneurs d'après la fixation de commissions paritaires. Ils désiraient que tout propriétaire d'une terre soit déchargé de toute obligation foncière envers son seigneur, c'est-à-dire la suppression du droit de franc-fief. A l'origine la concession d'un fief impliquait une obligation essentielle pour le vassal, celle de fournir le service militaire à son suzerain. Il en résultait qu'un fief ne pouvait être concédé à une femme, à un non noble, à un ecclésiastique. Dans la suite on effaça à la prohibition pour un roturier de tenir un fief, mais il était tenu au droit de "franc-fief". 179 Le paysan redoutait en outre l'enrôlement dans la milice qui se recrutait dans les campagnes par tirage au sort parmi les célibataires de 20 à 40 ans. Il demandait également à ne plus être tenu de loger les soldats, toujours plus ou moins mauvais sujets, et l'arrêt de la mendicité, de ces nombreux maraudeurs, et leur prise en charge par le clergé avec le produit de la dîme, la réduction de cet impôt de moitié, qui malgré son nom, prélevait souvent jusqu'à 2/10 du revenu. Tel était l'état du Cogotois et de sa population à la veille de la révolution. Les derniers d'Esclignac, vivant surtout à Paris, le connaissaient-ils bien ? Ou ignoraient-ils les besoins de leurs sujets ? On peut en douter. Cependant ils savaient se mêler à la vie publique du Cogotois. Toutes les fois, et ce fut assez souvent qu'une nouvelle cloche avait été baptisée à Monferran, ils ne manquaient pas de servir de parrain. En 1732, pour celui de la Marie; le 8 avril 1764, pour celui de la Jeanne-Marie et de la Magdeleine ; le 3 novembre 1767, pour celui de trois autres cloches. 180 On voit sur l'état civil de Castillon, Henri Charles, duc d'Esclignac, servir de parrain le 27 février 1790, peu de jours avant son émigration, à Henri Charles Débens, dont les grands-parents avaient été

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 36 piqueurs des d'Esclignac et dont le père était propriétaire à la Castagnère et maître charpentier au village, dont les descendants sont les Laborie de la Ribère et de las Graves. Il est probable que les d'Esclignac étaient mal renseignés par leurs intendants locaux. Ces derniers, par leurs rapacité et leur dureté dans les règlements étaient détestés de la population et la haine qu'elle leur vouait se reportait aussi sur les Monseigneurs d'Esclignac dont la principale faute que l'on puisse leur incriminer était de vivre loin de leurs sujets. Les de Marestang qui étaient nés et qui quittaient rarement le Cogotois furent certainement aimés ! Leurs gendres, sires d'Astarac Fontrailles, habitant Lectoure, mais souvent présents à Castillon, furent supportés. Leurs autres gendres, vicomtes, puis marquis, enfin ducs d'Esclignac, résidant à Paris finirent par être haïs. Tout au plus, peut-on les louer d'avoir aimé se reposer de leur vie de courtisans sur les coteaux du Savès, de les avoir adoptés pour y naître et y mourir et d'avoir su ? ainsi en apprécier les charmes. 24 avril 1956.

ANNEXES

181 Les seigneurs de Marestang deviennent les seuls maîtres de Monferran. Des brouilles s'étaient élevées entre les seigneurs de Marestang et les évêques de Toulouse au sujet de leurs droits respectifs sur Monferran. Elles ne s'apaisèrent pas lorsque le siège épiscopal fut donné à Bertrand de L'Isle, frère de Jourdain IV, seigneur de L'Isle. La brouille s'envenima à tel point qu'en 1262 Bertrand et son frère Aymard s'emparèrent de Monferran et y commirent maints excès. Jourdain IV ne voulut pas entrer en guerre contre ses cousins et demanda à ce que ce différent soit arbitré par deux gentilshommes de Toulouse. Ce qui fut fait en 1263. Ils conseillèrent à Jourdain IV de céder à perpétuité à son cousin la moitié de ses droits honorifiques sur Monferran. Il le fit en 1263 (Monlezun tome VI p321). Mais les seigneurs de Marestang, insatisfaits obtinrent en 1300 que Jourdain V, successeur de Jourdain IV, leur céda la deuxième moitié de ses droits. Ainsi la maison de Marestang devint seule souveraine de Monferran. Elle devait néanmoins l'hommage à Adolphe, frère de Saint-Louis. Il est à supposer que cet arrangement ne se fit en 1263 que moyennant la concession de la moitié des droits honorifiques sur Louberville, car nous voyons en 1272 Bernard de Marestang rendre hommage à Jourdain V pour la moitié des biens de Louberville (Saverne p37).

187 Les vicomtes de Lomagne entre 1305 et 1375. Le 23 décembre 1305 (1307) Philippe le Bel, pour être agréable au pape, constitua pour son frère Arnaud Garcie de Goth, la vicomté de Lomagne qui à l'origine ne comprenait que le canton de Lavit (T. et G.). Il avait été créé par Eudes en faveur de son fils Hatton. Les descendants y ajoutèrent des terres limitrophes de Beaumont-de-Lomagne et d'Auvillar dans le même département et de et de Saint-Clar dans le Gers. En 1286, une vicomtesse de Lomagne, Régine de Goth, en fit donation à son mari, Élie de Talleyrand, comte de Périgord, qui l'échangea avec Philippe le Bel pour d'autres seigneuries. Le roi agrémenta la Lomagne ? d'autres seigneuries qui lui venaient du comte de Toulouse. Ces terres faisaient partie de la jugerie de Verdun-sur-Garonne, dépendance de l'ancien comté de Toulouse. Ces seigneuries entraînèrent le Cogotois et même le Gimois. Cette Lomagne agrandie prit Lectoure pour capitale (en 1307, Augé. Lectures de Guyenne et Gascogne p60). Arnaud Garcie de Goth mourut en 1311. Il fut enterré chez les dominicains d'Auvillar, laissant une veuve née Miramonde de Mauléon. Son fils Bertrand de Goth (Monlezun III p108) avait déjà épousé Braïde de Blanquefort qui lui vendit tout ce qu'elle possédait dans les diocèses de Bordeaux et d'Agen. Veuf de bonne heure et n'ayant pas eu d'enfant de son premier lit, il se remaria avec Béatrix, vicomtesse de Lautrec dont il eut deux filles, Régine et Braïde de Goth. 188 Régine fut son héritière. Elle était encore au berceau quand on la fiança avec Jean Ier, comte d'Armagnac de Fezensac et de Rodez, lui-même en bas âge. Par contrat passé par les parents le 6 juin 1311, il était stipulé que Régine léguait à son futur mari les vicomtés de Lomagne et d'Auvillar. La mariage fut célébré 12 à 13 ans plus tard (Monlezun III p146, c'est-à-dire vers 1324 et les seigneurs du Cogotois tout en restant compris dans le vice comté de Lomagne durent l'hommage aux comtes d'Armagnac. (Voir résumé page 25)

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189 Marestaing. Le moulin de Marestaing. Les contrats dans le très ancien droit Toulousain X° - XIIIème siècles (Mireille Castaing-Sicard). En 1275, le percepteur du Temple de Toulouse conclut avec Arnaud Barthère, meunier, un métayage pour le moulin que l'Ordre possède à Marestaing 130 pour deux ans seulement. (Les chanoines de Saint- Sernin concluent un bail de neuf ans) (p142). Le bail du moulin de Marestaing impose au meunier de maintenir le moulin en état de moudre (paratus ad molendum) ; pour cela il devra réparer le moulin et la chaussée abîmés par les eaux (131 p149). Les Templiers de Toulouse retirent du métayage du moulin de Marestaing: 6/7 du blé et les 3/4 des farines. La faible portion laissée au meunier était en partie corrigée par les deux cartons de froment que les bailleurs s'engagent à lui donner pour son travail (215 p166). Le bailleur doit maintenir le bien loué en bon état. Il doit assumer les frais des grosses réparations indispensables pour que le preneur puisse continuer à jouir du bien loué. Dans le bail du moulin de Marestaing, les bailleurs s'engagent à reconstruire la chaussée si elle était atteinte jusqu'au fond. Ils promettent en outre de réparer l'arbre rompu ou les meules brisées, pièces sans lesquelles le moulin n'aurait pu fonctionner (303 p181). Le preneur du moulin de Marestaing promit de payer la part de blé et de farine aux propriétaires ou "eorum mandato" (22 p516). Fonds de Malte. Malte Marestaing I n° 26. Noverint huniversi quod religiosus vir, dominus Arnaldus de Calmonte, miles, preceptor Hospitalis Milicie Templi Tholose, pro se ipso et domino Bernardo de Marestano, collocavit molandinum de Marestano, Arnaldo Barthera, tali pacto et conditione quod idem Arnaldus Barthera habeat et teneat predictum molandinum, ab hoc festo purificationis Beate Marie, secunda die mensis febroarii, usque ad duos annos continuos et completos. 190 Et fuit expressa conventio facta inter dictos contrahentes, quod idem Arnaldus Barthera debet tenere predictum molandinum paratum ad molendum, et hibi facere, suis propiis expensis, omnia opera et necessaria dicti molandini et paxerie, si aliquod simplex foramen, seu sorbimentum, seu opertinam aquarum hibi fuerit, excepto tamen, quod si paxeria in toto vel in parte destrueretur usque ad fundum, quod dicti domini, suis expensis, debent eam reficere et etiam reparare. Item si arbor dicti molandini, vel tota aqueria seu pictonera ut dictum est rumperetur, seu mote truncarentur, vel ferra seu audelia, eodem modo dicti domini tenentur reficere et reparare. Et dictus Arnaldus Barthera debet et promisit, in verbo veritatis, dare et reddere sex partes totius bladi quod ratione molture dicto molandino evincrit et tres partes farinarum, bona fide, dictis dominis et corum mandato et eis esse in dicto molandino bonus socius et fidelis. Et hibidem dictus dominus preceptor debet et promisit dicto Arnaldo, facere bonam guirentiam de omnibus amparatoribus, de dicto molandino et eidem dare duos cartones frumenti anteabatam pro suo afanagio et labore. Hoc fuit factum et concessum. II die mensis febroarii. Regnante Philippo rege Francie, Bertrando episcopo tholosano. Anno Domini MCCLXXV. Hujus rei sunt testes Bernardus de Cera, capellanus et Dominicus de Cabanac et ego Bertrandus de Clarmonte, notarius publicus de Marestano qui cartam istam scripsi. (page 558 de l'ouvrage cité en tête) 196 Monferran féodal. (Juin, juillet 1935 Lamothe) La montagne de Ferrand appartenait au seigneur de Marestang. Une nouvelle bastide, autre que le domaine des moines de Saint-Clément s'éleva rapidement, probablement au XIIème siècle ou au début du XIIIème. Bastide en paréage aux moines (haute seigneurie = droits honorifiques) et au seigneur de Marestang. Grande discussion de droits. Accord de 1233. Seigneur de Marestang : impôt d'une cartière d'avoine sur chaque feu (foyer), droit d'héberger dans chaque maison avec un de ses chevaliers et un de ses écuyers. Droit de percevoir deux quêtes : une pour croisade, une s'il est fait prisonnier. Droit de vente, d'albergue. Un repas pour lui et sa famille dans le cloître Saint-Clément, de par le droit laissé par dame Bru Martine, ancienne seigneuresse de Monferran, mais moines et évêques lui contestent ce droit. L'évêque de Toulouse, sans doute fatigué de la turbulence du seigneur de Marestang, cède à son frère Jourdain IV de L'Isle-Jourdain tous ses droits sur Monferran en 1255. Le seigneur de Marestang exaspéré usa de toutes sortes de vexations contre le seigneur de L'Isle-Jourdain. Bernard de Marestang et son frère Aymard entrèrent dans le château fort de Monferran, y commirent un grand nombre d'excès et finalement le bouillant Aymard massacra de sa main une demi-douzaine de Monferrannais. Jourdain ne voulut pas entrer en guerre ouverte avec son terrible voisin qui était aussi son parent, résolut de soumettre l'affaire à deux arbitres gentilhommes toulousains qui conseillèrent au pacifique Jourdain de céder à perpétuité, à son cousin, la moitié des droits utiles sur le château de Monferran. Il fut convenu: 197 1° Que les habitants du bourg auraient le droit désormais de prendre sur le territoire de Monferran soumis au dit Marestang, les herbes, les feuilles, les bois et les eaux dont ils auraient besoin pour eux et leurs animaux.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 38 2° Que les familles dont Aymard avait tué les membres seraient à l'avenir exemptes de la cartière d'avoine que les serfs de Monferran payaient personnellement à leur seigneur. 3° Que défense était faite à Aymard d'entrer à tout jamais dans le château de Monferran. A ces conditions seulement, les Monferrannais pouvaient consentir à pardonner leurs crimes à Bernard et à Aymard de Marestang et à prêter serment de fidélité au premier. (1263) Sur ces entrefaites, les Anglais ayant envahi le pays et pris et démoli le château de Marestang (1290), Bernard sembla avoir oublié ses prétentions sur le Monferran. Sur ces entrefaites, avec l'aide des chevaliers de Gaillarvielle, il se mit à bâtir une forteresse qu'il appela Marestang-Neuf (Nau). Mais au lieu de chasser les Anglais, il entra en guerre contre Jourdain V de L'Isle. Mais ce dernier se contenta du titre de suzerain du seigneur de Marestang, et à partir de 1300 ces derniers devinrent les seigneurs directs de Monferran et du Cogotois. Cette famille, par ses alliances entra dans les célèbres maisons de Faudoas, Barbazan, Foix, Lagarde, Lasséran, Mansencôme et d'Astarac. La branche aînée s'éteignit en 1499. L'avant-dernier Marestang de cette branche, Géraud, baron de Castillon, vicomte du Cogotois n'avait eu de sa femme Gabrielle de Villemur Paillez que deux enfants : Jean qui lui succéda et Catherine qui fut mariée à Jean d'Astarac. Jean de Marestang mourut sans enfant en 1499 et par un testament qui donna lieu en 1677 à un procès fort grotesque, il fit son héritier, le fils de sa sœur : Jean Jacques d'Astarac. 196 Le Patron de l'église de Monferran. Saint-Louis roi de France. "Monferran faisait partie du Languedoc" ? Venu sous l'autorité paternelle du frère de Saint-Louis, Alphonse, comte de Toulouse. Dans les vieux documents: église dédiée à Saint-Audit ou Saint-Auzit. 191 Intempéries et famines. Compléments des pages 45 et 46 de l'Histoire du Cogotois. Extraits de l'Histoire de Monferran de l'abbé Lamothe. 6 Juin 1559 Grêle et tempête emportent toutes les récoltes. Résultats: grande famine; une veuve de Saint-Germier pour nourrir ses 7 enfants vends ses terres. A Gimont, une famille bourgeoise vend sa maison pour ne pas mourir de faim, la mère a déjà vendu ses robes et n'en conserve qu'une toute déchirée. Le blé se vend à Gimont 3 livres le sac. Pour comble de malheurs la guerre civile et religieuse qui dura plus de trente ans et la peste viennent ajouter leurs horreurs à celle de la faim. 1631. La peste a reparu. Beaucoup vendent leurs terres pour acheter du blé. Misère et disette générales. Le blé se vend 13, 14 et 15 livres le sac. Les consuls de Maurens achètent du blé et des fèves à Gimont et en distribuent une pugnère ou un sac suivant le nombre des enfants. Le curé de Maurens pendant plus de quatre mois fait l'aumône, argent ou blé, donne 25 livres aux consuls pour les distribuer aux pauvres. Beaucoup s'étendent sur le grabat pour attendre la mort parce que privés de ressources. Des vieux, par une suprême délicatesse s'enfuient dans les bois pour y mourir pour laisser un morceau de pain à leurs enfants. 1643. 9 juin grêle. 1647. La tempête a renversé le clocher. 1652. Il pleut nuit et jour, pendant tout le printemps et grandes inondations. Perte de tous les foins. Récolte de grains nulle. 1654. Vignes toutes perdues. Il n'a pas plu de l'été. 1655. Le brouillard détruit les vignes en fleur. Terrible été de pluies. L'herbe suffoque les blés, il faut les faucher partout pour les faire manger par les animaux. Froids précoces dès le mois de novembre. 192 1656. Gelées très grandes tout l'hiver. 1658. Vent et grêle détruisent le nouveau clocher de Monferran. Le 13 septembre, toute la vendange a été emportée. 1661. Grande disette par suite de grêle et autres intempéries. 1663. Long et très rigoureux hiver. Il pleut de fin mai à septembre. Toutes récoltes perdues. 1665. (?) Le 17 avril on aperçut dans le ciel au nord et à l'est, comme des serpents monstrueux, les nuages prennent parfois des formes bien bizarres. Mais ce qui dans cette circonstance aggrave la frayeur irraisonnée du peuple, c'est que tout à coup dans le ciel sinistre, le tonnerre éclata avec un éclat inaccoutumé. En même temps, un vent furieux se déchaîne avec une violence inouïe, emportant les toitures, dispersant les meules de paille, arrachant les arbres; bientôt même une grêle grosse et drue se met de la partie, crépitant sur le sol comme une fusillade et hachant menu tout ce qu'elle atteignait. On se crût un moment au dernier jour du monde. 1695. L'orge se vendit 9 livres le sac, le blé 15, le vin, une infâme piquette, 12 livres le pipot. Le désastre fut si général que les laquais du roi mendiaient aux portes du palais de Versailles et que le roi fit fondre sa vaisselle pour donner du pain aux affamés. Les blés grâce à la neige qui les avait protégés n'avaient pas été trop endommagés, mais dès que les épis commencent à monter les malheureux se jetaient dans les champs comme des bêtes affamées et il fallut pour éviter la destruction de la moisson encore sur pied, nommer dans chaque village une armée de surveillants pour veiller nuit et jour à la conservation des grains jusqu'à la récolte. A Monferran, 38 de ces "messiers". 193 Pour comble de malheur, le 24 juin, une grêle affreuse emporta une grande partie de cette récolte tant attendue et un déluge d'eau ravagea les guérets et démolit plusieurs ponts.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 39 1703. En juillet la grêle ravage toute la région. 1708. La grêle enlève une grande partie de la récolte de blé. Il fallut tout garder comme semence. 1710. Les vignes que l'on croyait mortes en 1709 avaient repoussé par le pied et l'on comptait déjà sur une récolte moyenne, quand le 1er mai, une pluie tardive détruisit tous les bourgeons. 1711. L'hiver avait été beau jusqu'au 2 février, mais à partir de ce moment, pluie continuelle, même pendant l'été. Ni légumes, ni grain. 1712. Le 2 juillet, à 9 h du soir, grande grêle. 1713. Hiver très rigoureux. Au mois de mai, il n'y avait pas encore une feuille sur les arbres. Il neige et il grêle presque chaque nuit. Nouvelle famine qui amène une grande mortalité. "Beaucoup de riches sont morts de la maladie populaire avec beaucoup de venin." 1724. La grêle tombe régulièrement tous les ans pendant 10 ans jusqu'en 1734. Le pays se dépeuple. 1725. 2 mai grêle générale. 1729. Du 30 décembre 1728 au 29 janvier 1729, neige et grande gelée tous les jours. Gelées tout avril jusqu'au 20 mai. Grêle le 28 mai (Pentecôte) Le 10 août, la grêle démolit tout le couvert de l'église de Monferran. 1730. Hiver très rude avec fortes gelées jusqu'au 1er avril. 1731. Une femme est tuée par la foudre à Saint-Martin, en sonnant les cloches. 194 1736. Grêle. 1737. 26 juillet, grêle, ravages considérables. 1738. La grêle, le 26 mai emporte 1/5 de la récolte. 1742. Demande de partage du terroir de Monferran en deux parsans séparés par le grand chemin royal de L'Isle à Gimont, coté L'Isle Monferran, partie + grêle. 1747. Grêle a fait beaucoup de mal. On est obligé de demander au roi des grains pour ensemencer et la permission d'emprunter 2.000 livres pour que le peuple ne meure pas de faim pendant l'hiver. 1768. Le froid a fait périr tous les fourrages. La paille et le foin de l'année précédente gâtés par les pluies. 1770. Grêle vers le milieu du mois d'août. Grands ravages suivis d'un déluge d'eau. 1777. Inondations en juin. Le 30 juillet grande grêle. 1789. Hiver très froid. Misère et faim provoquent partout des révoltes sanglantes. La Révolution est née de la faim. 1790. Misère augmente. Au mois de mai inondations augmentent le mal. Grêle. 1792. Le 18 août. Grêle à 9 h du matin. 1819. Un froid rigoureux de 8 jours tua les arbres et la vigne. La glace avait 0,83 d'épaisseur. Il fallut le hachon pour couper du pain. 1821. Grêle désastreuse. 1822. Moisson très hâtive. Production phénoménale de vin. 1823. Année pluvieuse. Partout les herbes couvrent les blés. Le 4 juillet, grande inondation. 1825. Le 21 mai, une grêle horrible, venue des Pyrénées ravage le pays. 1826. Le 4 décembre, inondation inouïe. 1828. Année très sèche. En décembre, il y avait autant de poussière sur les routes qu'au mois d'août. 195 1829. La glace atteint 0,50. Il y eut 49 jours de neige consécutifs, les arbres éclataient comme des coups de fusil, les oiseaux entraient dans les maisons. 1830 à 1880. La grêle est tombée en 1837 du 20 mars au 24 mai presque chaque jour. En 1843 deux jours en mai et en juin. En 1866, en 1876. Les inondations ont été fréquentes en 1835, 1836, 1843, 1844, 1853, 1861. Mais il y en a eu trois de formidables, celles de 1855, 1857 et 1875. Les hivers ont été particulièrement rigoureux en 1831, 1861, 1871, tandis que ceux de 1834 et 1866 furent très doux. Les sécheresses de 1840 et 1870 sont restées célèbres. Deux nouveaux ennemis de l'agriculture ont fait leur apparition : l'oïdium en 1854 et le phylloxéra en 1879. A signaler le passage de deux bolides, l'un le 25 mai, jour de la Pentecôte, à l'entrée de la nuit, l'autre une semaine plus tard dans la nuit du 1er au 2 juin à 11 h en l'année 1865. Les maladies du bétail. 1775. Épizootie ? Ni cause, ni remède (la mourayno) disparaît avec les animaux. Les pestes. Arrive régulièrement de l'est de Toulouse. 1558, 1589, 1607, 1631, une des plus terribles -partout-. 1652, mesures excessives et raisonnables pour l'arrêter, mais attaque de la peste en 1653, 1692, 93, 94. De nombreux décès.

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183 La charte d'Auradé octroyée par Vital de Blanquefort le 14 août 1245 aux habitants d'Auradé. avait dû servir de modèle pour établir celle des Marestang. Elle ne s'applique qu'aux hommes libres et non aux hommes légitimés ou serfs soumis à tous les caprices des seigneurs. Mesures propres à attirer la population dans la seigneurie. 1° Exemption de tous services et corvées durant la 1ère année de séjour. 2° Faculté de quitter la seigneurie en emportant ses biens. 3° Obligation du seigneur de faciliter ce déplacement. 4° Octroi de la liberté individuelle. Le seigneur s'interdit tout jugement arbitraire, d'exercer sur le prévenu aucune peine avant son jugement. 5° Il accorde un délai pour fournir caution. 6° Octroi d'une certaine liberté administrative, mais celle-ci est fonction de l'importance du bourg. Dans les villes d'une certaine importance, les consuls (4 à 8 selon les lieux) administraient la ville. A Monferran, ils étaient élus par les bourgeois en nombre double. Les seigneurs de Marestang choisissaient dans ce nombre et les élus prêtaient ensuite serment de fidélité au seigneur. Les consuls réglementaient la garde des murailles, la police des foires, veillaient aux fraudes, poinçonnaient les mesures. Ils nommaient les employés communaux: bayles, valets de ville, mességuiers (garde champêtre) et trompettes et tambours de ville. Ils établissaient le budget et les taxes sur les marchandises vendues. Ils répartissaient l'impôt et le recouvraient, et reconnaissaient les emprunts. En fin d'exercice, ils rendaient compte de leur gestion financière au consul municipal. 7° Par l'intermédiaire des lieutenants de juge (fonction plus enviée que celle de premier consul) nommés par eux, ils exerçaient le droit de justice dans la mesure où le seigneur leur avait concédé ce droit. Dans les campagnes, le seigneur conservait ce droit et nommait un "baile", un homme de loi, et un procureur fiscal pour juger à leur lieu et place. La "Cour" siégeait au château de Castillon ou dans la salle d'auberge banale, elle jugeait les habitants prévenus de quelque faute, prononçait les peines, condamnait aux amendes dont le seigneur touchait le montant. Quelques exemples: Le vol de nuit était puni de la prison et par la confiscation de tous les biens du coupable. Le complice subissait les mêmes peines. L'adultère valait aussi à son auteur, s'il était marié la confiscation de tous ses biens; la femme complice en était quitte en payant une amende de 10 sous morlas, ou en parcourant en costume d'Ève l'espace compris entre les deux tours du château. (Il s'agit ici du château d'Auradé). Les dégâts portés aux moissons, les blessures ou menaces faites avec un couteau, un bâton ou une pierre, étaient punies d'une amende variant de 5 à 12 sous morlas; des indemnités étaient en outre payées aux victimes. Une blessure "légale" [léthale ?], c'est-à-dire grave, valait 60 sous d'amende à son auteur qui devait aussi réparer le dommage et payer l'incapacité de travail résultant de cette blessure. Si elle occasionnait la mort du blessé, le coupable dont les biens servaient à désintéresser les parents de la victime et revenaient ensuite au seigneur, était lui-même mis à la disposition de la Cour qui lui appliquait la peine corporelle méritée. Les chartes, codes pénal et civil spécifiaient aussi les redevances dues au seigneur : A Auradé chaque maison possédant le labourage d'une paire de bœufs devait payer la rente annuelle d'une conque (probablement 126 litres) de blé et une conque d'avoine. Celui qui ne possédait qu'une seule bête payait moitié moins. Chaque laboureur devait aussi de la paille au seigneur, dont la quantité restait au libre arbitre de l'intendant seigneurial. Toute vigne devait un tribut de vin pur. Chaque feu devait remettre une fois par an des œufs, une paire de poulets, une fouace ou petit pain cuit sous la cendre, et des fromages si l'on possédait des brebis. Pour la corvée, tous les bœufs devaient accomplir une journée de travail dans les terres seigneuriales.

Centre d'Étude, de Recherche et d'Édition de Marestaing - Histoire du Cogotois 41 Table des matières.

1 LIVRE I - Les Origines ...... 1

Chapitre I ...... 1 Avant Jules César...... 1 Les Tolosates...... 1 2 Le Cogotois...... 1 Toulouse...... 1 3 Forêt de Bouconne...... 1 Les crues de la Save...... 1 Les pistes du Cogotois...... 1 Mœurs guerrières...... 2

Chapitre II ...... 2 Les villas...... 2 L'Isle-Jourdain...... 2 9 Les camps romains...... 2 10 Origine de Castillon...... 2 Les routes...... 3 11 La route de Jérusalem...... 3 Motte de Blanquefort : ...... 4 Motte de Frégouville ...... 4 18 Motte de Gaillarvielle ...... 4 Origine du Cogotois...... 4 21 Chapitre III ...... 4 Les Mérovingiens...... 4 Clovis à Auch et Toulouse. - Royaume de Clotaire Ier à Dagobert...... 4 22 Invasion des Vascons...... 5 Invasion des Maures...... 5 25 Chapitre IV ...... 5 Les Ducs, puis les Comtes de Toulouse...... 5 Création des duchés et comtés par Charlemagne...... 5 En Vasconie...... 5 Écartèlement de la Vasconie...... 5 27 En Toulousain...... 6 Comtes de Toulouse...... 6 30 La croisade des Albigeois...... 6

33 LIVRE II ...... 7

Chapitre I ...... 7 Les seigneurs de Marestang...... 7 Création du Cogotois...... 7 Composition du Cogotois...... 7 33bis notes : Les seigneurs de Marestang et leurs sujets...... 7 34 Clermonte de Cogotesio (Clermont en Cogotois ou Clermont-Savès) ...... 7 43 Chapitre II ...... 9 Principaux moulins en Cogotois...... 11 Bastides: ...... 11 Marcadieu...... 12 Marestang...... 12 61 Agrandissement du château de Castillon...... 12 Les de Marestang...... 13 Chapitre III ...... 13

Les seigneurs de Marestang, vassaux directs du roi de France...... 13 Bernard II de Marestang (1244-1280). et Bertrand II de Marestang, fils de Bertrand Ier, mort en 1244...... 13 66 Bertrand II 1280-1310 (environ)...... 14 Les seigneurs de Marestang vassaux du vicomte de Lomagne. 1305-1375 ...... 14 Fortanier de Marestang. 1311 à 1339 ...... 14 68 Seigneurs de Marestang vassaux des comtes d'Armagnac. 1324-1481 ...... 14 73 Les barons de Marestang en Cogotois...... 15

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LIVRE III - Les sires d'Astarac Fontrailles...... 16

Chapitre I ...... 16 Origines de la famille...... 16 80 Les sires de fontrailles, vassaux directs du roi...... 16 Vassaux du roi de Navarre 1515-1607...... 16

LIVRE IV - Les marquis de Rochechouart ...... 24

Chapitre I ...... 24 Les seigneurs ...... 24

125 - Chapitre II ...... 25 Dépendances administratives du Cogotois...... 28

LIVRE V - Les marquis de Preissac d'Esclignac...... 28

Chapitre I ...... 28 Les de Preissac avant l'acquisition du Cogotois...... 28

147 - Chapitre II ...... 30 Les de Preissac, vicomtes du Cogotois...... 30

Chapitre III ...... 35 Les dernières années du Cogotois...... 35

ANNEXES ...... 37

181 - Les seigneurs de Marestang deviennent les seuls maîtres de Monferran...... 37 187 - Les vicomtes de Lomagne entre 1305 et 1375...... 37 189 - Marestaing...... 38 Extraits de l'Histoire de Monferran de l'abbé Lamothe...... 39 183 - La charte d'Auradé ...... 41

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