1,60 € DU 28 FEVRIER AU 2 MARS 2014 Midi Olympique N° 423 - Espagne 1,70€ - Polynésie - 600 XPF - Suisse 3,10 CHF - Canada 3,99 CAD
XV de France
Clermont
Parra, seulement deux semaines
Un problème de poids
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Week-end
Dernier derby ?
Toulouse
Ce que change McAlister
BIARRITZ ET BAYONNE ONT RENDEZ-VOUS DIMANCHE À AGUILERA POUR LE 117 DERBY BASQUE. UN RENDEZ-VOUS DÉCISIF POUR LES DEUX FORMATIONS MENACÉES PAR LA RELÉGATION. POUR HAARE ET TRAILLE, IL N’EST PLUS SEULEMENT QUESTION
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DE SUPRÉMATIE RÉGIONALE.
2, 3 et 5
Brive - Grenoble
Sur les traces de Caminati
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ProD2
Tarbes-Agen, opération rachat
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1,60 €
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Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
VENDREDI 28 FÉVRIER 2014 - MIDI OLYMPIQUE
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Une semaine ...
... autour du derby
● BIARRITZ- BAYONNE, DIMANCHE 15 HEURES LE BOPB, LANTERNE ROUGE DU TOP 14, REÇOIT L’AVIRON, PREMIER NON RELÉGABLE AVEC DIX-HUIT POINTS DE PLUS. ● AVENIR MALGRÉ CET ÉCART, L’ENJEU EST DE TAILLE AU SEIN D’UN PAYS BASQUE QUI POURRAIT PERDRE SES DEUX REPRÉSENTANTS AU PLUS HAUT NIVEAU. PAR NICOLAS AUGOT ET JÉRÔME FREDON.
Éditorial
Emmanuel MASSICARD
La peur du vide
FANTASMES
e pourrait être la confirmation d’un phénomène métaphysique, l’éternel relent d’un adage qui n’a jamais semblé aussi proche de camper l’image d’une société nerveuse, bruissante, « zappeuse » et hoque-
C
teuse ; une société qui a fait du temps un luxe dont elle ne profite même plus. Ainsi donc, « la nature a horreur du vide ». Le rugby français plus encore, qui tel un magicien parvient à faire entrer plus de dates dans le calendrier qu’il n’est possible d’en prévoir. Et tant pis si les compétitions s’entremêlent, si les joueurs se marchent sur les pieds, perdent le sens des priorités -et des réalités- à force d’ordres et de contre-ordres ! Arrêtez de mégoter… Nous sommes ici parvenus au bout du système : témoins de la rivalité sourde du rugby pro et de sa représentation internationale, de cette hydre à deux têtes qui regarderaient dans des directions opposées.Témoins, enfin, d’un rugby français capable de bafouer la convention qu’il vient pourtant de valider, un mois plus tôt, pour faire des Bleus la priorité nationale. Au bout du système, oui, et pourtant rien ne bouge. Le vide est toujours présent, devant nous. Insupportable et immédiatement comblé : cette fois encore, il n’aura pas fallu bien longtemps à l’actualité pour effacer des prompteurs -et des mémoires- les ultimes traces du dernier naufrage tricolore, à Cardiff, vendredi. Tout se passe comme si cet échec ne devait ici appeler aucune remise en question autre que celle des principaux acteurs : les joueurs. Picamoles a déjà payé l’addition quand Papé reste sur le banc des accusés. Comme les avants, pas assez performants. Et les trois-quarts, trop peu organisés et collectifs… Seuls en cause ? Assurément, non.
DE BASQUES
1} L’improbable entente
Les deux clubs n’ont jamais trouvé le point de départ idéal pour une éventuelle fusion ou la création d’une seule entité basque. Ce derby ne pourrait-il pas être le début d’une pas à comprendre cet entêtement : « Ce
derby est particulier car c’est rarissime d’avoir deux clubs aussi proches à ce niveau. Ce derby renvoie au rugby d’avant mais c’est
négociation obligatoire. Le Pays basque déci- inimaginable de continuer avec deux clubs dant d’offrir une chance à Bayonne de sauver sa place en Top 14, à condition d’annoncer une future fusion dans les semaines à venir, et de rattraper Biarritz par la manche avant une descente humiliante. « C’est impossible », coupe l’ancien ouvreur ou
en Top 14 au regard du potentiel économique de ce bassin. S’ils se réunissent, ils trouveront l’espace nécessaire à la survie d’une équipe basque au plus haut niveau. Je viens de voir qu’Alain Afflelou allait peu à peu se retirer de Bayonne et Cap Gemini a
4} Le BO va-t-il couler l’Aviron ?
arrière du BO David Arrieta, « Les Biarrots ne laissé entendre à un désengagement. » Un
« Que l’on perde ailleurs et même chez nous con-
tre Brive, tant pis. Mais pas le derby. » Le troi-
sième ligne biarrot Thibaut Dubarry a mis le feu au poudre la semaine passée avec cette déclaration qui fait craindre le pire aux supporters bayonnais qui savent que leurs concurrents directs pour le maintien doivent venir à Aguilera d’ici la fin du championnat. Les Biarrots vont-ils mettre les mains en haut du guidon lors de la réception d’Oyonnax ? Une hypothèse qui fait frémir les Bayonnais, inquiets du rôle que peut jouer le voisin biarrot dans la course
au maintien. « Je ne crois pas une seule seconde que les joueurs vont se défoncer face à Bayonne pour ensuite lâcher le match contre Oyonnax », coupe
Robert Rabagny, mascotte du BOPB, Ce sont des bla-
gues entre supporters pour faire monter la pression. Les joueurs ont une réputation à défendre. En baissant les bras, ils donneraient une image extrêmement négative d’eux se grilleraient auprès de futurs lâcheront jamais rien aux Bayonnais. Je sais que Blanco veut à tout prix gagner ce
œil extérieur qui ne trouve pas forcément écho à Bayonne et à Biarritz, où les principaux acteurs sont encore prêts à mourir pour leurs couleurs et avec leurs convictions. Jean-Pierre Elissalde : « Le terme de fusion
n’est pas terme le plus adapté pour parler d’un rapprochement entre Bayonne et Biarritz. Il s’agirait de créer quelque chose de nouveau et pas seulement d’aligner deux budgets ou d’unir trente contrats pros. Aujourd’hui, on est très loin de cette volonté commune de créer une nouvelle entité autour d’une identité. Pour fonctionner, ce projet de nouvelle équipe pro ne doit pas se résumer à Biarritz et Bayonne mais bel et bien englober tout le Pays basque. » ■
match. » Même analyse de l’ancien arrière
Pepito Elhorga : « Je vois mal les Biarrots lever le pied exprès, notamment car mathé- matiquement, ils ne sont pas encore con-
damnés. » Surtout, la fusion est de nouveau taboue depuis le rapprochement avorté en fin d’année 2013. Le nouveau président de l’Aviron bayonnais a d’ailleurs expliqué lors de sa prise de fonctions qu’un rapprochement est tout simplement impensable. La guerre des clochers perdure malgré les difficultés rencontrées par les deux clubs. JeanMichel Apathie, le chroniqueur politique qui a joué à Mauléon dans sa jeunesse, n’arrive
Et alors ? Euh… rien… Personne, à la Fédé comme à la Ligue, pour sortir du rang. Personne pour prendre la responsabilité de dépasser officiellement le constat d’échec afin d’ouvrir le débat et les perspectives. Le vide, on vous dit. De suite comblé par la nature… Cette fois, le Top 14 est seul aux commandes, sans concurrence, paré de ses plus beaux atours.Avec le derby basque, entre Biarritz et Bayonne, au plus haut de l’affiche alors que les deux clubs se débattent pour ne pas chuter. Un derby qui n’aura sans doute jamais été aussi important. Capital. Un sommet d’intensité et presque un mélodrame à l’échelle du Top 14. Dimanche, tous les regards seront ainsi tournés vers Aguiléra où la fièvre va vite monter. Et nous serons, hélas, loin, très loin, de nos Bleus et du constat d’échec qu’ils incarnent aujourd’hui. Chacun ses préoccupations. Qui a dit que la concurrence était une aubaine ? ■
employeurs. » Pepito Elhorga, qui avoue avoir le cœur ciel et blanc malgré une jeunesse biarrote, ne veut pas
non plus y croire : « Ce n’est pas la politique de Serge Blanco qui va jouer la fin de championnat à fond. Et pour connaître les joueurs, je ne pense pas que ce soit
le style de la maison. » Une simple boutade d’avant
derby pour David Arrieta : « Effectivement pour déconner, même moi je peux dire que Biarritz va battre Bayonne avant de perdre contre Oyonnax. Mais ce n’est pas sérieux. Les joueurs ne vont pas s’entraî- ner toute la semaine pour ne rien foutre le diman-
che. » Une blague que les Bayonnais ne voudraient pas qu’elle devienne de mauvais goût. Et ils seront certainement nombreux à regarder le match entre le BOPB et l’USO le 15 mars. ■
2} L’ultime défi pour Biarritz
Pour le BO, ce derby sera avant tout une question d’honneur. Englués à la dernière place du Top 14 depuis le 8 septembre dernier, les Biarrots ne se font plus aucune illusion quant à leur devenir en Top 14. Quasiment condamnés, ils savent qu’ils n’auront pas d’autres pas choix que de battre l’Aviron dimanche. Un succès face à l’ennemi bayonnais donnerait non seulement du baume au cœur mais aussi une vraie bouffée d’air pur à leurs supporters et leurs par-
tenaires. «Les joueurs nous doivent bien un petit cadeau à nous supporters, témoigne Robert Baragny, l’indien du BO. Cette saison, nous supporters avons été capables d’accepter beaucoup de choses comme notamment la défaite lors du match du centenaire (contre Sale en janvier, N.D.L.R.) ou la dernière place. Nous n’allons pas non plus en Pro D2 de gaieté de cœur ni plein de joie. Mais personne n’acceptera que Bayonne vienne s’imposer à Biarritz. Ça leur est interdit! Interdit! Quand nous buvons en ce moment le café entre supporters biarrots, c’est notre seul sujet de conversation. Nous vivrions tous très mal que nos joueurs perdent».
Toujours est-il que si les Biarrots ont repris du poil de la bête à Grenoble, ils ne sont pas à l’abri non plus d’une nouvelle déconvenue. Geronimo le sait parfaitement. «Si jamais ça
devait tourner mal, j’ai prévu d’organiser un suicide collectif au rocher de la vierge, déclare l’indien pince-sans-rire. Mais je ne suis pas trop con, je ne le ferai qu’à marée haute. Autrement, je risquerai de me fracasser sur les rochers». Qui aime bien, châtie bien. Robert
Baragny est accroc à son derby et ne se voit pas privé de cet événement animant continuellement la vie du «BAB». Voilà pourquoi, il a expressément dit aux joueurs dans l’avion qui les ramenait de Toulon de tout faire pour que Bayonne les accompagne la saison prochaine à
l’étage inférieur. «J’aime profondément les Bayonnais. Comme à Biarritz, on les aime de tout notre cœur, on va tout faire pour qu’ils nous suivent. Je ne suis pas égoïste. Il faut toujours savoir tendre la main aux plus faibles que vous». ■
Sommaire
● P. 2 et 3 Une semaine avec… … Les enjeux du derby basque.
5} Le dernier derby ?
● P. 4 à 11 Top 14 20e journée, le point. Page 4. Biarritz -
Bayonne. Page 5. Racing-Metro - Castres. Page 6. BordeauxBègles - Clermont. Page 7. Brive - Grenoble. Page 8. Toulon - Oyonnax. Page 9. Montpellier - Paris. Page 10. Toulouse - Perpignan. Page 11.
● P. 12 à 17 Pro D2 22e journée, le point. Page 12. Tarbes - Agen et Aurillac - Auch. Page 13. La Rochelle - Bourgoin et Pau - Béziers. Page 14. Lyon - Colomiers et Albi - Bourg-enBresse. Page 15. Narbonne - Dax et Mont-de-Marsan -
Carcassonne. Page 16. Reportage. Page 17.
C’est la question qui entoure ce derby à Aguilera. Bayonne et Biarritz se recroiseront-ils sur une pelouse ? Cela ne fait aucun doute. Mais au plus haut niveau, est-ce raisonnable d’y croire ? «Je me suis effectivement posé la question» concède Pepito Elhorga, Même si je le souhaite pas, j’ai quand même l’impression que les clubs du Sud Ouest, mis à part Bordeaux et Toulouse, vont être condamnés à se retrouver au niveau inférieur.» Le Biarrot David Arrieta n’est pas loin de faire le même constat : «Il faut partir de l’hypothèse que Biarritz descend en fin de saison. Pour le BO, ce sera très difficile de remonter car le Pro D2 est un championnat difficile, notamment en raison de sa longueur, et repartir avec des jeunes me paraît dangereux car il faut des joueurs qui ont l’expérience de cette compétition. De l’autre côté, je crois que ce sera très difficile pour l’Aviron de rester en Top 14. Je ne crois pas une seconde que le partenaire principal se retire de la présidence en apportant encore 4 millions d’euros par an. Il faudra donc les trouver et j’ai cru comprendre que le nouveau président a déjà annoncé une baisse du budget pour la saison prochaine.» Reste les optimistes, comme Jacques Nobles, le président de la pena baiona, qui lui n’envisage pas de voir son équipe de cœur descendre dans les prochaines années : «Non ce n’est pas forcément le dernier derby en Top 14. Il faudra voir comment Biarritz va se restructurer. Même s’il est difficile de revenir rapidement au plus haut niveau, le BO aura des arguments.» ■
● P. 18 et 19 Ovalie Fédérale 2, retard. Page 18. Fédérale
3} À quitte ou double pour Bayonne
1, retard et régions Page 19 et 20.
Jacques Nobles, président de la Pena Baiona qui appelle les supporters de
« Ils ne vont pas arriver avec le sentiment de jouer leur dernière chance. La seule chose à laquelle ils doivent penser c’est :
« On va crever les Biarrots, on y va pour les
enfoncer. Je dis ça mais si nous avons trois Basques et dix Français sur le terrain ce sera déjà bien. Mais ça ne sera pas la dernière chance de l’Aviron car Oyonnax n’est vraiment pas encore sorti d’affaire. Bien sûr, il y a ce match en retard face à l’Union Bordeaux-Bègles mais l’UBB regarde aujourd’hui au-dessus et a des objectifs élevés. Cela passe par des résultats à l’exté- rieur. Oyonnax doit aussi reccevoir Toulouse qui aura besoin de points à ce moment-là de la saison. En revanche, je ne conteste pas qu’une défaite placerait Bayonne dans une spirale négative. Les joueurs débuteront le match suivant avec la trouille de perdre. Il faudrait gérer cet état psychologique. » ■
● P. 21 et 24 Horizons XV de France. Page 21. Grand côté, l’Aviron à faire le déplacement en masse ce dimanche à Aguilera, ne veut pas tomber dans le catastrophisme : « Ce ne sera pas la
dernière chance de Bayonne. Il est certain qu’une victoire serait intéressante car la fin se rapproche. Ce serait un bon début pour nous maintenir. Mais nous suivons nos joueurs toute l’année et nous avons confiance en eux. À l’extérieur, nous les avons souvent vu échouer d’un rien et on se dit que ça va finir par tourner en notre faveur. Je crois surtout que nous allons devoir attendre la dernière journée pour connaître
notre avenir. » Il est vrai que le sort de l’Aviron bayonnais ne sera pas scellé à l’issue de ce derby. Les joueurs ne doivent pas arriver à Aguilera avec le sentiment d’avoir la corde au cou selon David Arrieta : la reprise de la Fédérale 1. Page 24.
● P. 22 et 23 Cris et chuchotements Actualité. Page
22 et 23.
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VENDREDI 28 FÉVRIER 2014 - MIDI OLYMPIQUE
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Une semaine ...
CE SERA LE 117 DERBY DE L’HISTOIRE DU RUGBY BASQUE
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GERONIMO PORTE PLAINTE
Victime d’une usurpation de son identité sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter), la mascotte du BO, l’indien Geronimo a porté plainte contre X à la gendarmerie de Biarritz. « J’ai trouvé la plai-
santerie de mauvais goût car l’imposteur n’avait de cesse d’incendier l’équipe. Même si les temps sont durs, j’ai toujours suivi le BO jusqu’au bout du monde. »
Ce sera la 117e confrontation entre les voisins ennemis. Le 18e rendez-vous entre Biarritz et Bayonne depuis l’instauration du Top 14. Le bilan penche largement en faveur des Biarrots avec dix victoires, soit quatre de plus que les Bayonnais. Une seule fois, les deux équipes se sont quittées sur un score de parité. C’était la saison dernière lors d’un mémorable 6 à 6.
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6} Opération sauvetage biarrot
abonde : « Il faut y croire du côté biarrot. La principale source de motivation du BOPB est que rien n’est encore définitif dans ce championnat difficile. L’équipe vient de réaliser une belle performance à Grenoble qui démontre le bel état d’esprit des joueurs qui ont pu retrouver de la confiance. »
Ce n’est toutefois pas l’avis de l’exarrière rouge et blanc David Arrieta :
« Une victoire dans le derby permettre au BO d’être encore vivant et maintiendrait l’illusion d’un miracle. Mais malheureusement, avec le retard actuel et le calendrier des Biarrots, je crois que c’est mort. » Il est vrai que
l’espoir est minime tant le fossé à combler semble énorme. Relégué à dix-huit points de Bayonne, le BO compte néanmoins un match en retard contre Oyonnax. En cas de succès face à l’Aviron dimanche, le BO se retrouverait à 14 points de son rival. Cet écart pourrait même être ramené à dix points en cas de victoire le 15 mars prochain à Aguilera face à l’USO. ■
« Il y a une vierge à Biarritz, mais les miracles, c’est à Lourdes… ». Faut-il
croire Serge Blanco quand juste après le succès du BO à Grenoble, il déclarait dans nos colonnes que son équipe avait abandonné tout espoir de maintien ? Ne serait-ce pas un subterfuge trouvé par l’homme fort du BO pour dé- tourner l’attention des Rouge et Blanc avant ce derby basque si important ? Serge Blanco le sait comme personne. Un succès lors du derby peut transformer le cours de saison, même de celle que l’on pensait maudite. Julien Peyrelongue en atteste. Son coup de chausson réussi dans les dernières secondes de jeu du suffocant BO - Aviron du 29 novembre 2011 avait à jamais changé la face de la saison biarrote. « Nous n’avions que
15 points pour entamer la phase retour. Ce succès nous avait totalement relancés. Derrière nous avions enchaîné sur une série de 8 victoires. En fin de saison, nous avons remporté la finale du Challenge européen. »
L’ancien arrière international passé par les deux camps, Pepito Elhorga
7} Un match pour tout oublier
L’Aviron bayonnais doit au minimum s’imposer à quatre reprises lors des six dernières journées pour espérer sauver sa tête en Top 14. Un succès dans le derby serait donc capital sur le plan comptable (avec notamment trois matchs encore à disputer à Jean-Dauger), mais le résultat de cette rencontre aura aussi une incidence dans les prochaines semaines. Pepito Elhorga a pu s’en
rendre compte au fil des saisons : « Le vainqueur du derby se retrouve toujours dans une dynamique positive. C’est difficile à dire mais souvent l’équipe enchaîne plusieurs bons résultats. Et au contraire, le derby peut destabiliser l’équipe qui a perdu. Elle a toujours besoin de quelques matchs pour retrou-
ver de l’énergie. » Après le derby, l’Avion n’aura plus que cinq matchs à disputer, il est donc capital de repartir d’Aguilera avec une confiance au beau fixe. C’est d’ailleurs à Biarritz que les hommes de Christian Lanta et Christophe Deylaud avaient retrouvé des couleurs la saison dernière après un début de championnat chaotique. ■
L’ailier ou centre all blacks de l’Aviron bayonnais Joe Rokocoko dans ses œuvres sous l’œil de Julien Peyrelongue, l’historique du Biiarritz olympi- que. Photo Icon Sport
8} La revanche de 1995
Dimanche après-midi, le BO aura l’occasion de prendre une revanche éclatante sur l’histoire et d’effacer de leurs mémoires cette funeste date du 16 avril 1995. Pour seulement un petit point (9-8), les Bayonnais de Jean-Louis Luneau avaient précipité la chute de leur voisin biarrot en groupe A2. Le lointain ancêtre du Pro D2. Un souvenir est d’autant plus douloureux pour les Biarrots que la mise en terre avait eu lieu devant 9 000 spectateurs au parc des sports d’Aguilera. Pour cette dernière journée de la feu Coupe André-Moga, la tension était patente. Indécise jusqu’au bout, la rencontre était loin d’avoir atteint des sommets techniques. Le contexte psychologique du match n’avait pas aidé les deux équipes à se relâcher. Les Biarrots pouvaient compter sur Jean Condom, Serge Betsen, Pierre Hortas, Gilles Daguerre mais aussi Mathieu Roure à l’arrière. À Bayonne, les principales têtes d’affiches se nommaient Jean-Michel Gonzalez, Christophe Lamaison, Hervé Durquety, Constantin Cojokariu, Asier Altuna. Le coup de grâce était d’ailleurs venu d’un drop de « Titou » Lamaison dans les dernières minutes. Après l’essai de Peyo Hortas, les Biarrots pensaient pourtant tenir le bon bout. Mais les partenaires de
Marie Carpentier n’avaient pas su profiter de l’expulsion temporaire du capitaine ciel et blanc Jean-Michel Gonzalez pour enfoncer définitivement le clou. Le match s’était déroulé dans un contexte bien particulier. Quelques jours avant le derby, l’Aviron avait perdu l’un de ses plus fidèles serviteurs, Henry Grenet. Les Bayonnais avaient trouvé dans la disparition de leur ancien président et fondateur de leur école de rugby la force et les ressources mentales pour renverser les montagnes. Dix-neuf ans après, les fantômes de cette relégation continue de hanter l’ex-arrière du BO David Arrieta. « Quand on voit les Bayonnais danser au
milieu d’Aguilera, ça reste forcément en travers de la gorge même si en dehors nous étions tous potes. Ce revers reste un souvenir tenace. Je crois sincèrement qu’il a fait plus de mal à Bayonne qu’à Biarritz. Nous remontons la saison suivante alors que l’Aviron était redescendu pour huit années de purgatoire. Cette descente a permis au BO de se restructurer. En 1996, Blanco arrive avec de nouveaux joueurs comme Bernat-Salles, Gonzalez ou Milhères et enclenche la dyna-
mique des années 2000. » Dimanche, le BO aura l’occasion de solder ses vieux comptes de 1995 avec l’Aviron. En cas de succès, les Biarrots
- Jean-
- pourraient rendre aux Bayonnais leur monnaie en les condamnant
quasiment à une descente en Pro D2. ■
9} Le huis clos miraculeux
C’est un signe qui ne trompe pas. Quand les Biarrots se mettent au vert chez Serge Blanco à Hendaye, c’est que le derby basque arrive incessamment sous peu. Quand, en plus, le séjour dure plus de 48 heures, avec huis clos total et interdiction formelle de s’adresser à la presse, on devine que 117e rendez-vous entre le BO et l’Aviron dimanche à Aguilera revêt une importance toute particulière. Le BO et l’Aviron sont dans une position très délicate au classement. Si les Biarrots, lanternes rouges depuis le mois de septembre, ont quasiment fait une croix sur le maintien, les Bayonnais joueront en revanche à Aguilera une grande partie de leur avenir en élite. Ce derby à petite échelle mettra en jeu bien plus que la suprématie et la fierté régionales. L’Aviron est dans l’obligation d’emporter ce « terroir caisse » pour se maintenir. Le duel du match aller a également laissé des traces profondes dans le camp du BO. À l’instar de leur entraîneur des trois-quarts, les Biarrots n’ont toujours pas digéré l’expulsion du deuxième ligne samoan Pelu Taele (lire par ailleurs en page 5) qui les a laissés à quatorze durant près d’une heure sur la pelouse de Jean-Dauger. Au-delà de l’aspect purement stratégique de ne pas dévoiler leurs cartes avant le rendez-vous majeur de dimanche, ce retranchement doit surtout aider à renforcer une cohésion mise à mal par la vague massive de départs en juin prochain. « Notre