COMITÉ DE SAUVEGARDE DE MAUREPAS MAUREPAS 1965-1975 LE TEMPS DES PIONNIERS Le temps des pionniers

Quelques mots d’introduction... Le Comité de Sauvegarde a présenté l’année dernière une exposition sur la vie à Maurepas au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, avant la construction de la ville nouvelle. Nous sommes heureux de vous présenter aujourd’hui le fruit de nos recherches sur la période suivante. C’est évidemment l’urbanisation de « Verrière-Maurepas » qui constitue le fait central de cette décennie 1965-1975. Rares sont les habitants de Maurepas qui ignorent le nom de Jacques Riboud, l’homme à l’origine de cette opération. Mais derrière le promoteur, combien connaissent le théoricien de l’urbanisme, auteur de plusieurs livres ? Cette exposition est l’occasion de revenir sur ses principes et ses méthodes, pour mieux comprendre notre ville qui en est la concrétisation sur le terrain. La construction d’une ville, c’est aussi l’arrivée des premiers habitants, leur emménagement dans une rue tout juste goudronnée, les écoles et les commerces provisoires, les chantiers qui continuent au bout du quartier, et les champs de blé partout aux alentours... Grâce aux photos et aux témoignages des pionniers, jeunes et moins jeunes peuvent découvrir ou redécouvrir cette période, si proche de nous à l’échelle de l’histoire, mais qui apparaît déjà si insolite avec le regard d’aujourd’hui.

Le Gandouget Le Bois de Maurepas Les Aulnays Le Bois-Joli La Villeparc

Les Friches Les Louveries Les Petits Prés

Maurepas le Neuf Les Bessières Les Hauts Bouleaux La Haute L'Orée Le Bois Futaie du Bois de Nogent La Villedieu Le Pré aux Le Grand Mail Fleurs Les Jardins Cité-Centre La Haute La Nouvelle La Haie Plaine Amsterdam Les Portes de Jolyette Maurepas La Prévenderie

Le Jardin de l'Évèque image Google Earth © 2009 Aerodata International Surveys International image Google Earth © 2009 Aerodata Vue satellitaire de Maurepas Opérations du groupe J. Riboud (1966-1982) Image Google Earth de 2009, avec en surimpression les diff érentes Autres opérations : opérations de la période 1965-1975. - lancées avant 1975 - lancées de 1975 au début des années 1980

Le saviez-vous ?

Dans la plupart des quartiers de Maurepas, les noms des rues sont inspirés par la géographie française. Chaque quartier est associé à une région ou à une ancienne province. Les terroirs, les massifs montagneux ou les mers, les fl euves ou les rivières donnent leur nom aux diff érentes voies. Cette manière de nommer les rues avait initialement été proposée par Jacques Riboud pour les quartiers qu’il construisait ; les maires successifs ont étendu ce principe à d’autres opérations. image Google Earth © 2009 Aerodata International Surveys International image Google Earth © 2009 Aerodata un peu d’histoire...

Maurepas, en banlieue de Diodurum Le site de Maurepas est habité dès la préhistoire. La forêt riche en gibier et la source d’eau douce fi xent les premières populations de chasseurs-cueilleurs. L’évolution de l’outil permet ensuite aux hommes de cultiver les clairières, puis de défricher et de mettre en culture de nouvelles parcelles.

Au Ie siècle avant J.C., les romains s’installent en Gaule. Deux grandes voies romaines se croisent à Jouars-Pontchartrain : la voie qui relie Paris à Dreux, et celle qui relie Beauvais à Orléans et Chartres. Autour de ce carrefour se développe une ville nommée Diodurum (la cité des dieux), qui devient une des plus importantes

du monde gallo-romain. Les fermes de Mala Repasta (le mauvais passage ou la E. Potié photo mauvaise pâture ?) doivent contribuer à son alimentation. Le donjon de Maurepas et l’église Saint-Sauveur (1969) Les deux bâtiments datent du XIIe siècle. Ils étaient à l’origine entourés par un Un village rural grand mur d’enceinte et un fossé. e Après le départ des romains, les périodes d’invasions se succèdent ; les paysans Au XIV , cette forteresse devient le repaire d’une troupe de brigands, qui vit de se regroupent autour de la butte qui domine la vallée. Au XIIe, une enceinte et un pillages et de rançons. Les troupes du roi d’Angleterre parviennent à mettre un donjon en meulière succèdent aux fortifi cations en bois des siècles précédents. terme à leurs méfaits et démantèlent le château en 1432. Mala Repasta, Malrepast, Maurepas... Le nom évolue, la population reste assez stable autour de 250 âmes. Le hameau de Villeneuve compte autant d’habitants que le « chef-lieu », autour du château et de l’église. Bois de Maurepas Au XVIIe, Louis XIV lance le chantier des Rigoles royales, chargées de collecter les eaux des environs pour alimenter les bassins et les fontaines de Versailles. Le plateau argileux est ainsi assainit. Bois de Le nom de Maurepas est de nouveau associé à Versailles au XVIIIe : Jean-Frédéric Nogent Phélypeaux, comte de Maurepas, est ministre de Louis XV, puis de Louis XVI. Chemin Perdu Rigole royale Situé à l’écart de la route Paris-Chartres (la Nationale 10), Maurepas reste un Chemin aux Boeufs village relativement isolé. Les paysans se déplacent principalement à pied ; seuls CD13 Ferme de l'Agiot les marchés des bourgs voisins (Neauphle, Plaisir) leur sont accessibles. Mais l’inauguration de la gare de la Verrière en 1849 ouvre une nouvelle époque. Nationale 10 Carrefour La ville se rapproche Malmedonne Grâce au train, les échanges peuvent s’intensifi er avec Versailles et avec Paris. Le SNCF Paris-Chartres Etang village commence à s’étaler. Un hameau de quelques maisons se développe face des Noés à la gare. Villeneuve se vide progressivement de ses habitants permanents, tandis Soperef document que des « parisiens » y installent leur résidence secondaire. Vue aérienne de Maurepas en 1965

Le XXe siècle amène son lot de nouveautés : l’électricité en 1928, le téléphone en 1929, l’eau courante en 1934, le goudronnage des rues en 1936. L’agriculture reste cependant assez traditionnelle et emploie toujours une main d’œuvre nombreuse. Les choses évoluent après la Seconde Guerre mondiale. Les travaux des champs mobilisent moins de bras ; de plus en plus de maurepasiens travaillent désormais hors de la commune. En 1965, ils sont déjà nombreux (comme le maire Paul Drussant et son futur successeur Guy Schuler) à occuper un emploi à Paris ou en première couronne. Maurepas semble donc vouée à une périurbanisation progressive, quand son histoire va s’accélérer brutalement... carte collection CSMV postale, La place de la Croix Blanche La rue qui part à gauche est le Chemin Perdu.

Le saviez-vous ?

L’équipe de Jacques Riboud vient reconnaître le plateau de l’Agiot au début des années 1960. Face à cette grande surface vierge où ils doivent bâtir une nouvelle cité, les hommes se rêvent en pionniers, partant à l’assaut des plaines sauvages d’un nouveau Far West. L’artiste Gérard Ramon traduira ce sentiment dans la mosaïque murale intitulée les Chevaux sauvages qui orne le pignon de l’hôtel. photo J. Dantant J. photo les Villes Nouvelles

La décennie 1960 marque un tournant dans l’urbanisation de la région parisienne. Paris intra muros qui concentre les services et les emplois est arrivé à saturation. Sous les eff ets conjugués du baby-boom, de l’exode rural et de la décolonisation, les banlieues se construisent anarchiquement. L’État doit donc s’engager dans un vaste plan d’aménagement ; le Général De Gaulle en confi e la responsabilité à Paul Delouvrier. Le plan Delouvrier Le nouveau schéma d’aménagement de la région parisienne est entériné en 1965. Pour stopper la croissance « en tâche d’huile » de la capitale, il prévoit la construction de cinq Villes Nouvelles. Elles doivent regrouper des millions

de nouveaux habitants – et autant de nouveaux emplois – à une trentaine de de nouvelle Ville - Mission d’aménagement brochure kilomètres de Paris. Le SDAURP de 1965 (Schéma Directeur d’Aménagement et Ce plan s’accompagne d’une réorganisation administrative : création du district d’Urbanisme de la Région Parisienne) d’Île-de- (future région) et redécoupage des départements de la Seine et La Ville Nouvelle de Trappes sera rebaptisée Saint-Quentin-en- de la Seine-et-Oise – ce qui donne naissance aux . Yvelines par ses aménageurs au début des années 1970. Il s’inscrit dans une dynamique de développement d’équipements structurants hors de Paris, commencée un peu plus tôt avec la création du RER, la construction d’un nouveau quartier d’aff aires à la Défense et le déménagement des halles vers Rungis. L’exigence d’un nouvel urbanisme Les Villes Nouvelles doivent faire oublier les « grands ensembles » de hautes tours et d’immeubles en barres. Construits dans les années 1950, ils sont déjà critiqués pour leur inhumanité et pour la ségrégation sociale qu’ils symbolisent. Il faut aussi mettre un frein à l’extension des banlieues pavillonnaires sans âme, qui repoussent la campagne toujours plus loin du centre. Quatre concepts-clés sont mis en avant : • créer de nouveaux centres urbains complets qui atteignent une taille suffi sante pour justifi er une préfecture, une université, un théâtre fréquenté, un grand centre commercial ; • intégrer la composante des loisirs à la vie urbaine, avec la création d’espaces dédiés et notamment des plans d’eaux ; • rechercher l’équilibre entre le nombre d’emplois et le nombre d’habitants ; • disposer d’infrastructures de transports performantes tant pour les déplacements dans la ville que pour sa liaison avec Paris. L’esprit d’aventure

Personne en France n’a jusqu’alors concrétisé de projet d’une telle ampleur. IDF IAU phototèque IDF IAU phototèque Delouvrier est conscient que les Villes Nouvelles vont être une suite de recherches et d’expériences. Il écarte donc les architectes établis au profi t d’équipes jeunes Les deux anti-modèles avec lesquels la France des années 1960 veut qu’il charge d’explorer de nouvelles voies (et qui pourront aussi suivre les projets rompre : les « grands ensembles », et la périurbanisation anarchique. sur le long terme). C’est dans ce cadre que Paul Delouvrier donne son approbation pour que Jacques Riboud expérimente à Maurepas le modèle qu’il nomme urbanisme provincial, à l’échelle d’une ville entière.

Le saviez-vous ?

Haut fonctionnaire, Paul Delouvrier a assuré les missions les plus variées. Proche de Jean Monnet, il participe à la création du Commissariat au Plan, puis à celle de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), l’ancêtre de l’Union Européenne. De 1958 à 1960, il est délégué général du Gouvernent en Algérie. Le Général De Gaulle lui confi e ensuite la mission d’aménager la région parisienne avec ce mot resté célèbre : « Delouvrier, mettez-moi de l’ordre dans ce bordel ! ». Il y consacre 10 années de sa vie. Paul Delouvrier est président d’EDF de 1969 à 1979, avant de terminer sa carrière par la création de la Géode et du Musée des Sciences et de l’Industrie, à la Villette. phototèque IAU IDF IAU phototèque les 3 vies de Jacques Riboud

L’homme qui a transformé le plateau de Maurepas en Ville Nouvelle n’était pas un promoteur comme les autres. Tour à tour inventeur, capitaine d’industrie, économiste, il envisageait la création urbaine d’abord comme une réflexion humaniste et pragmatique sur ce que doit être « la ville heureuse ». L’ingénieur Né en 1908, Jacques Riboud est diplômé de l’École des Mines de Paris en 1930, puis entame une brillante carrière d’ingénieur. Installé aux Etats-Unis pendant la guerre, il rentre en France au début des années 1950 pour prendre la direction de la raffi nerie ANTAR de Donges, près de Saint- Nazaire. Le site a été durement touché par les bombardements : tout est à reconstruire, des installations pétrolières aux logements des ouvriers. Jacques Riboud développe alors une méthode pour construire rapidement des brochure Groupe J. Riboud J. Groupe brochure logements économiques mais agréables à vivre. Avec le jeune architecte Roland Jacques Riboud sur le chantier de Prédiéri, il dessine ainsi le « nouveau bourg » de Donges. Les plans sont conçus Maurepas. en collaboration avec les futurs occupants, qui construisent eux-mêmes leurs maisons à partir d’éléments préfabriqués. Cette première expérience est l’occasion de réfl échir à une nouvelle forme de « ville-village ». Cette idée était en opposition avec la pensée unique de l’époque, portée par les adeptes de Le Corbusier qui célébraient le rationalisme des grands ensembles et des hautes tours. Le concepteur - créateur urbain Sans abandonner ses fonctions au sein du pétrolier ANTAR, Jacques Riboud devient donc bâtisseur. Il réalise d’abord quelques lotissements autour de Nantes et de Saint-Nazaire, puis au nord de Paris. Ses constructions sont des maisons brochure Groupe J. Riboud J. Groupe brochure économiques, destinées aux ménages modestes en accession à la propriété. Roland Prédiéri, architecte-urbaniste, a travaillé pour Jacques Riboud pendant plus de 25 ans. C’est à lui que l’on doit le plan-masse Le chantier de Villepreux est lancé en 1959, à l’ouest de Versailles. C’est la première de Maurepas, et le plan de chacun des logements. Dans les années expérience en France de création ex-nihilo d’une petite ville (6000 habitants) par 1970, il a aussi été maire de Villepreux et conseiller régional. un promoteur privé. Jacques Riboud commence à publier plusieurs ouvrages pour présenter son projet d’urbanisme provincial et ses méthodes de réalisation par une entreprise unique, le builder. En 1966 commence son chantier le plus ambitieux : une ville de 25 000 habitants sur le territoire de Maurepas et d’Élancourt, en bordure de la future Ville Nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. Jacques Riboud en fait sa vitrine, et espère convaincre les autres aménageurs de suivre ses concepts. L’économiste À la fi n des années 1970, Jacques Riboud, âgé de 70 ans, se lance dans une nouvelle carrière. A la tête de la Revue Politique et Parlementaire, il anime un think-tank d’économistes qui proposent la création d’une monnaie supra-nationale stable. Il abandonne défi nitivement l’urbanisme en 1981, mais continuera son travail sur l’économie jusqu’à sa mort en 2001.

Le saviez-vous ?

Jacques Riboud étudie tous les aspects du développement urbain. Conscient que l’automobile est devenue indispensable mais que sa prolifération risque d’étouff er la ville, il conçoit en 1975 ce petit véhicule à trois roues. Son « hanneton » est adapté aux déplacements urbains, même avec des enfants ou des paquets, sans pour autant avoir les impacts d’une véritable voiture en termes de pollution et d’encombrement sur la chaussée. brochure Vitrex Industrie Vitrex brochure l’urbanisme provincial Les hommes sont comme les pommes. Entassez-les, ils pourrissent.

Mirabeau Alors que de nombreux urbanistes et architectes doivent développer longuement leurs théories dans les livres avant de pouvoir les confronter à l’épreuve du terrain, Jacques Riboud a commencé par la pratique. Ses réfl exions sur la ville sont donc riches d’un pragmatisme affi né au fi l des La maison individuelle est décriée par les urbanistes qui ne chantiers et des rencontres avec les habitants. l’imaginent que sous la forme de pavillons éparpillés avec une faible densité (dessin du haut). Jacques Riboud propose un groupement continu et organisé Une forme urbaine traditionnelle (dessin du bas). Dans la France de l’exode rural, Jacques Riboud est conscient que l’essentiel de

revue Urbanisme n°106 revue ses clients sont des déracinés. Nombreux sont ceux qui quittent leur région natale in pour « monter à la ville », avec toutes les diffi cultés et les angoisses qu’un tel épisode peuvent impliquer.

dessins de R. Prédiéri dessins de R. Prédiéri L’urbanisme provincial vise à ne pas ajouter au stress du déracinement le stress de devoir s’adapter à une ville aux formes inconnues et à la dimension écrasante. Sa ville cherche donc à être familière, rassurante. Elle s’inspire des formes urbaines traditionnelles, en privilégiant les maisons de ville avec jardinet et les immeubles de hauteur raisonnable (4 à 5 étages). Du modèle anglais... L’urbanisme provincial emprunte de nombreux éléments aux Cités-Jardins anglaises : les maisons jumelées ou en bande (« collectif horizontal »), les larges trottoirs, les espaces verts laissés en pelouse, les nombreux arbres… Jacques Riboud améliore ce modèle en cherchant à briser sa monotonie. Il alterne les types de maisons, joue sur la variété des couleurs, ajoute des ornements sur certaines façades. L’échelonnement de la hauteur des immeubles affi rme la présence du centre-ville. Des grandes perspectives structurent l’espace urbain et contrastent avec les rues sinueuses où l’automobile et le piéton peuvent

carte http://lgc.amolad.net postale, cohabiter en sécurité.

Le concept de garden-city a été introduit au début du XXe siècle par le britannique Ebenezer Howard. Même si sa théorie contient une forte part d’utopie, elle reçoit un écho favorable et il parvient à ...à la méthode américaine construire plusieurs villes. La première est Letchworth (photo), située à 60 km au nord de Londres, et dont la construction a débutée en 1903. Mais la ville heureuse ne doit pas être un idéal réservé à une élite. Après Donges où il travaillait directement pour les ouvriers, les logements que Jacques Riboud construit à Gonesse puis à Villepreux permettent l’accession à la propriété des ménages modestes (dispositif LOGECO). Une maison avec jardin dans un de ces lotissements ne coûte ainsi pas plus cher qu’un appartement dans un grand ensemble. Pour parvenir à un tel prix, il constitue son groupe sur le modèle des grands builders américains. Une telle société intègre tous les métiers liés à la création urbaine : achat des terrains, études, travaux publics, construction, commercialisation. Cette approche lui assure à la fois la maîtrise de tous les coûts et l’adaptation rapide aux attentes des acheteurs. Deux autres facteurs sont également déterminants. L’homogénéité des types de maisons permet de rationaliser et d’industrialiser la construction. L’implantation des opérations au milieu des champs minimise le coût d’acquisition des terrains. Elle rend aussi possible l’utilisation des plus gros engins de travaux publics pour Publié en 1981, la Ville Heureuse reprend des articles et tracer les voies et installer les réseaux. des extraits d’ouvrages antérieurs de Jacques Riboud. Le titre du livre sonne comme un écho à la Cité Radieuse de Le Corbusier.

Le saviez-vous ?

Le constructeur et promoteur américan Levitt & Sons constitue l’exemple le plus connu de société intégrée en builder. De la seconde guerre mondiale jusqu’aux années 1970, elle a construit de vastes ensembles (jusqu’à 17 000 maisons) en banlieue de grandes villes américaines. Ces Levittowns constituent outre-atlantique le symbole de la maison individuelle rendue accessible au plus grand nombre. Levitt & Sons s’installe en France dans les années 1960. Son premier lotissement est d’ailleurs situé non loin de Maurepas, au Mesnil-Saint-Denis. On reconnaît également les maisons et les plans de circulation caractéristiques de ce builder américain à Élancourt (La Commanderie). photo J. Dantant J. photo l’urbanisme provincial

Une ville « clés en main » Le fonctionnement en builder permet de « produire » les logements à la chaîne, à condition de disposer d’une vaste surface vierge. Les nouvelles constructions se Riboud J. Groupe brochure situent donc au milieu des champs, à l’écart des villes existantes. Maurepas, la PMI, l’église Notre-Dame et la gendarmerie Les nouveaux habitants doivent pourtant disposer dès leur emménagement des Afi n de livrer une ville « clés en main », Jacques Riboud prévoit que sa société conçoive et mêmes équipements que ceux off erts par une ville ancienne : non seulement les construise également tous les bâtiments publics. L’enjeu est ensuite de trouver une source de voiries et réseaux (eau, électricité, téléphone) mais aussi les écoles, gymnases et fi nancement complémentaire (subvention, partenariat, souscription) pour que le coût de ces terrains de sport, garderies, centre médical, commerces, administration, maison bâtiments ne se reporte pas intégralement sur le prix de vente des logements. des associations, église... L’urbanisme provincial prévoit donc la planification et la réalisation de ces équipements en même temps que celles des logements. Dans la théorie de Jacques Riboud, le promoteur-aménageur construit et livre une ville complète, avec tous les équipements indispensables à son bon fonctionnement. Le complexe urbain en grappe Un autre apport du modèle anglais consiste à imposer des limites strictes aux villes, pour lutter contre leur expansion anarchique.

Dans ses travaux pour le Commissariat au Plan, Jacques Riboud explique qu’il faut Riboud J. Groupe brochure maîtriser l’étalement et la densité d’une ville pour qu’elle reste fonctionnelle et Les écoles de Pierre Pocorull agréable à vivre. En eff et, dans une ville arrivée à maturité, tout accroissement de L’industrialisation des méthodes de construction s’applique également aux bâtiments publics. population va venir saturer les équipements et les réseaux – transports, écoles, On retrouve ainsi le même dessin de l’architecte Pierre Pocorull dans plusieurs groupes scolaires parkings, égouts – qui avaient été dimensionnés pour une population inférieure. de Maurepas : Malmedonne (photo), Bessières, Agiot et Haute-Futaie. Ils ne peuvent alors plus remplir leur fonction convenablement, et l’ensemble des habitants va en souff rir. L’accueil des nouvelles populations ne peut donc se faire que dans une autre entité urbaine. Cette « ville nouvelle » est séparée de la précédente par un espace naturel ou agricole ; on rajoute de nouvelles entités tant que la population croît, jusqu’à constituer une grappe. Le réseau de transport interurbain permet aux grains de la grappe d’être complémentaires en matière de grands équipements (hôpital, université, préfecture…), mais ce sont de vraies cités autonomes pour tout ce qui relève de Riboud, J. la vie quotidienne (écoles, commerces, équipements sportifs et de loisirs).

Les grains doivent donc être assez grands pour développer une vie propre. Ils , E. Howard doivent cependant rester suffi samment petits pour limiter les distances à parcourir au quotidien, préserver la proximité entre les citoyens et leur administration, et Garden Cities of Tomorrow Cities Garden maintenir la convivialité d’une petite ville. d’un principe urbain recherche Développement Partageant l’analyse de nombreux autres théoriciens de la ville, Jacques Riboud Le complexe urbain en grappe estime ainsi que la taille optimale est d’environ 25 000 à 30 000 habitants. Dans la grappe proposée par Ebenezer Howard (à droite), les fermes logées dans les espaces inter-urbains et les jardins individuels assurent l’autonomie alimentaire du complexe. Le modèle proposé par Jacques Riboud (à gauche) est plus densément peuplée : la principale problématique n’est plus l’alimentation, mais la création d’emplois à proximité.

Le saviez-vous ?

Le modèle d’urbanisation en grappe n’avait pas les faveurs de Paul Delouvrier, qui imaginait plutôt des Villes Nouvelles compactes, regroupant plusieurs centaines de milliers d’habitants dans une seule entité. Devenant ainsi les plus grandes villes de leur département, elles avaient vocation à en remplacer la préfecture (c’est ce qui s’est produit à Cergy et Évry). Mais à Saint-Quentin-en-Yvelines, le morcellement du territoire et la pression des élus locaux conduisent les aménageurs à préférer la création de plusieurs « bourgades » relativement indépendantes, séparées par des « coulées vertes ». Ce schéma n’est pas sans évoquer le modèle proposé par Jacques Riboud. Et

brochure Mission d’aménagement - Ville nouvelle de Trappes de nouvelle Ville - Mission d’aménagement brochure Versailles reste la préfecture des Yvelines... Verrière-Maurepas

La genèse Avant même que le plan Delouvrier ne soit rendu public, les maires de Maurepas et d’Élancourt pressentent la menace qui pèse sur leurs communes. Ils sont prêts à tout faire pour empêcher les architectes « modernes » de construire des immeubles de vingt étages aux portes de leurs villages. Muni d’une recommandation du maire de Villepreux, Jacques Riboud prend contact avec Paul Drussant, le maire de Maurepas, et lui propose son style d’urbanisation diff érent. Le maire est séduit par le projet. L’opération peut commencer sur les terres de la ferme de l’Agiot, la première à cesser son activité agricole. De son côté, Paul Delouvrier a suivi avec intérêt le chantier de Villepreux. Il est intrigué par les méthodes de Jacques Riboud, qui parvient à construire des maisons individuelles au même prix que les appartements en barre ou en tour des bâtisseurs institutionnels, malgré toutes les pesanteurs administratives. Paul Delouvrier le soutient donc dans l’aventure de Maurepas. Il espère en tirer des recettes pouvant être appliquées à Saint-Quentin-en-Yvelines et ailleurs. « Une maison pour   f » Le programme doit compter à terme 6 000 logements, la plupart sur Maurepas et une partie sur Élancourt. Il est pourtant baptisé « Verrière-Maurepas » car la proximité de la gare SNCF constitue l’atout majeur du site. Plusieurs articles de presse consacrés à cette « ville à la campagne » contribuent à lui donner un certain retentissement. Des terrains de tennis, une piscine et un bulletin municipal de Maurepas, octobre 1977 octobre bulletin municipal de Maurepas, hôtel 3 étoiles construisent l’image d’une ville dynamique et bien équipée. Le terme « province » mis en avant dans cette publicité de 1977 confi rme que Jacques Riboud mettait l’accent sur la clientèle des nouveaux franciliens. Le quartier témoin est installé face à la gare, le long de la Nationale 10. Les automobilistes peuvent y voir une grande publicité « ici, avec 5 000 F vous pouvez Il se démarque ainsi d’autres promoteurs actifs dans la région, qui cherchaient acheter une maison ». C’est eff ectivement le montant à verser pour réserver un en premier lieu à séduire les parisiens quittant la capitale à la recherche d’un logement, avant de monter le dossier de prêt. logement plus spacieux (ou plus accessible). Comme à Villepreux, les habitations conçues par Roland Prédiéri sont éligibles à des prêts subventionnés, très avantageux. Elles sont ainsi accessibles aux revenus modestes, mais la variété des modèles et des tailles de logements attire également les classes moyennes. Les appartements le long du mail sont proposés aux ménages qui privilégient la location. Le programme Verrière-Maurepas se place donc sous le signe de la mixité sociale, et sera un succès commercial. Paris Match n°1043 Match Paris Levet) carte collection (P. CSMV postale, Plusieurs articles sont consacrés à Verrière-Maurepas par la presse nationale. La gare de la Verrière est le principal lien entre les habitants de La photo ci-dessus est tirée d’un article de Paris-Match de 1969, intitulé « Jacques Maurepas et les bassins d’emploi. Riboud crée un nouveau type de ville ». Jacques Riboud pose entouré de son Les trains sont moins fréquents qu’aujourd’hui, mais le trajet entre état-major. Roland Prédiéri présente la maquette du centre ville. La Verrière et Paris-Montparnasse ne dure que 28 minutes.

Le saviez-vous ?

Avant 1969, le groupe Riboud possède tous les terrains du plateau de l’Agiot, de à Élancourt. Suivant son principe de complexe urbain en grappe, il prévoit une coupure non urbanisée entre Verrière-Maurepas et la « bourgade » voisine prévue sur les terres d’Élancourt. Cependant, les équipes de la Ville Nouvelle prennent beaucoup de retard. La Déclaration d’Utilité Publique qui traîne en longueur bloque les expropriations. Les chantiers ne peuvent être lancés. Paul Delouvrier demande alors à Jacques Riboud de leur revendre la zone des Sept Mares « pour le dépanner ». L’urbanisation sera donc continue entre Maurepas et sa voisine. brochure Soperef brochure plan-masse

Premières esquisses Les contraintes Évolutions Jacques Riboud commence à achèter les terrains Ce schéma est modifié à la demande de La version « fi nale » est présentée à Paul Delouvrier de la plaine de l’Agiot dès 1963. Roland Prédiéri l’Administration. Elle impose des larges quatre- (c) avant l’ouverture du chantier. élabore rapidement un premier schéma de voies à travers Maurepas pour mieux relier la Ce plan d’ensemble sera évidemment affi né au composition (a). future ville d’Élancourt à la gare de la Verrière et fur et à mesure de la construction, pour suivre aux zones d’activités prévues vers Coignières. Le projet s’articule autour de deux grandes l’évolution de la demande, s’adapter aux nouvelles perspectives. L’une suit le tracé de la Rigole royale Sur le plan de 1966 (b) le boulevard principal en contraintes, ou intégrer les éléments demandés (« aqueduc »). L’autre, parallèle à la Nationale 10, courbe a donc été remplacé par deux grands axes par la mairie ou par les aménageurs de Saint- traverse le quartier de l’Agiot. L’angle de 150° parallèles qui se poursuivent vers Élancourt. Quentin-en-Yvelines. entre ces deux perspectives rythme toute la La perspective du Mail reprend le tracé de la Le plan de Maurepas tel que nous le connaissons composition. Rigole royale et domine la composition, mais la aujourd’hui est donc un compromis. Certains L’unique boulevard qui dessert l’agglomération seconde perspective est moins affi rmée. Une zone éléments sont assez éloignés du projet initial de est en courbe. Il se raccorde aux axes existants au consacrée aux loisirs (théâtre de verdure, bassin, Jacques Riboud et de Roland Prédiéri. Seuil de Coignières et à la chapelle de la Villedieu. stade) est prévue à l’entrée de la forêt, à proximité Aucun trafi c de transit n’est prévu. immédiate des logements.

a. Premier schéma de composition élaboré par R. Prédiéri en 1963.

b. Plan-masse, 1966. La ville est désormais traversées par un axe nord-sud à 4 voies. Un immeuble en trident clôt la perspective du mail côté Bessières.

c. Plan-masse fi nal, 1966. Les voies en courbes ont disparu au profi t d’un quadrillage plus classique. Comme aux Bessières, un petit centre commercial de quartier est prévu dans le quartier de l’Agiot. Trop proche du centre des Sept Mares, il ne sera jamais

construit. Riboud J. Groupe brochure R. Prédiéri archives archives R. Prédiéri archives

Le saviez-vous ?

Serge Golberg, le directeur de la Mission d’Aménagement de Saint-Quentin-en-Yvelines, et son urbaniste Guy Lagneau avaient prévu de fusionner « Élancourt-Maurepas » en une seule entité. Sur leur plan de 1969, le centre-ville de Maurepas, dont la construction est pourtant déjà bien avancée, n’est ainsi plus qu’un petit satellite du futur centre de l’ensemble situé aux Sept Mares. Même si la commune de Maurepas a été incluse dans le périmètre de la Ville Nouvelle, Jacques Riboud n‘entend pas laisser les aménageurs de Saint-Quentin redessiner « sa » ville. Les relations resteront toujours tendues entre les deux équipes. brochure Mission d’aménagement - Ville nouvelle de Trappes de nouvelle Ville - Mission d’aménagement brochure plans de détail

Éviter l’ennui Sur les 210 hectares de Verrière-Maurepas sont prévus à terme 6 000 logements, 3 600 maisons individuelles et 2 400 appartements. À partir du canevas que constitue le plan-masse, le visage de la ville va se dessiner quartier par quartier. L’urbaniste ne se contente pas d’une vue à vol d’oiseau, mais utilise les croquis pris sur le terrain et de grandes maquettes pour composer les perspectives à hauteur d’homme.Avec seulement une dizaine de modèles de maisons et quelques groupes d’immeubles, sur un terrain quasiment plat et sans arbre, l’enjeu est d’éviter la répétition et la monotonie. Roland Prédiéri alterne donc les styles et les hauteurs de maisons. Il joue sur l’opposition entre les rues qui serpentent et quelques longs rubans de logements

photo Musée de la Ville SQY fonds CRAV Ph D.R. fonds CRAV SQY Ville Musée de la photo en bande. Les placettes intimistes ornées d’une statue ou d’un bosquet d’arbres Vue aérienne d’un quartier en construction contrastent avec les larges pelouses de certains squares et avec la longue perspective centrale. L’urbaniste alterne les modèles de maisons et décale les façades pour éviter la répétition. Les petites impasses permettent aux enfants de jouer sans danger sur la chaussée. L’ornementation des façades contribue également à donner une identité à (le Gandouget, Élancourt) chaque rue : variété dans les balcons, placage d’éléments décoratifs, parements en briquettes de Vaugirard. Contre l’avis des représentants de l’administration qui voulaient imposer le blanc-gris « Ile-de-France », les maisons et les immeubles de Maurepas et d’Élancourt se couvrent de diff érentes couleurs. Grand mail et « chemins d’amoureux » La ville de Jacques Riboud s’intègre pleinement dans la civilisation de l’automobile. Chaque logement dispose d’un garage, ce qui est loin d’être la règle à l’époque. Les rues irriguent les quartiers et desservent chaque logement, limitant les distances à parcourir avec les bras chargés et facilitant l’accès des services de secours. photos M. Le Gall M. Le photos Mais c’est bien la place et le confort du piéton qui sont au centre de la réfl exion. Les maisons à trois niveaux (modèles Monceau, Vendôme, etc) sont disposées Le tracé des voies de desserte est sinueux, anguleux ou en impasse, pour limiter en longs rubans, interrompus par des squares à angle droit. Des frontons la vitesse. Toutes les rues sont bordées de deux larges trottoirs. triangulaires sont ajoutés au-dessus de certaines fenêtres. Maurepas est surtout dotée d’un dense réseau de sentes piétonnes, de placettes et d’espaces verts, propices à la promenade ou aux jeux de plein-air. Sur le trajet de la Rigole royale, l’esplanade arborée du Mail relie les Bessières au centre-ville. Dans l’idée de l’urbaniste, l’étendue relativement limitée de la ville et la bonne répartition des écoles et des équipements dans tous les quartiers doivent permettre , J. Riboud, J. aux habitants d’eff ectuer à pied l’essentiel de leurs déplacements quotidiens. La ville heureuse La photo J. Bonnnemaison J. - photo Les maisons sont « personnalisées » par diff érentes couleurs (façades et toits) et par l’ornementation des balcons. Noter également les briquettes de Vaugirard autour des portes et sur le pignon.

Les larges trottoirs de Maurepas ont été pensés Les sentes piétonnes intimistes sont pour l’agrément des piétons, et la circulation poétiquement baptisées « chemins des poussettes ou des enfants à vélo. Riboud, J. d’amoureux » par Roland Prédiéri. Comme le montre l’avis reproduit ci-contre

Elles constituent surtout un territoire ville heureuse La (extrait du bulletin municipal offi ciel de Maurepas, d’exploration et d’apprentissage pour novembre 1979), ils ont vite été accaparés par les jeunes enfants. les véhicules en stationnement. - Payot J. photo

Le saviez-vous ?

Le mot mail vient d’un ancien sport de plein-air, pratiqué du Moyen-Age au XVIIIe siècle. Le jeu de mail s’apparente au croquet et au golf. Il se pratique sur une vaste pelouse. Les joueurs utilisent un petit maillet (ou maille) pour frapper dans une balle en bois ; après un long parcours, la balle doit passer sous un petit arceau en paille.

Pratiqué surtout par la noblesse, ce jeu est tombé dans l’oubli à la Révolution, et les terrains ont été reconvertis en Riboud, J. espaces publics. L’appelation mail (et son équivalent anglais mall) est restée pour désigner une grande esplanade en pelouse, généralement bordée d’arbres. On la retrouve par exemple à Paris (rue du Mail, porte Maillot) et dans les ville heureuse La capitales anglo-saxonnes (The Mall à Londres, le National Mall à Washington). photo R. de Greef - R. de Greef photo maisons et appartements

Les immeubles La place prépondérante accordée à la maison individuelle dans les écrits de Jacques Riboud ne doit pas faire oublier que 40% des logements de Verrière- Maurepas sont en immeuble. A partir d’un nombre limité de modèles d’appartements, l’architecte compose des immeubles de formes très diff érentes : étirés le long du mail, sur une base

carrée pour les quelques tours, groupés en L ou en U autour d’une cour aux Gall M. Le photo Bessières... Les maisons sont construites sur un plancher-dalle en béton armé qui incorpore De nombreux arbres sont plantés au voisinage des immeubles, et chaque les canalisations. C’est une source d’économie par rapport à la construction appartement possède un balcon. Au centre-ville, les immeubles sont traditionnelle sur vide sanitaire. Les logements sont conformes aux normes coiff és de toits à double pente qui s’intègrent dans le paysage des maisons d’isolation phonique, mais cette dalle commune a l’inconvénient de propager environnantes. certains sons. Éloge du jardin Les maisons individuelles comportent toutes un jardin ; certaines en ont même deux, un sur la façade principale et un sur la façade arrière. Le jardin individuel est injustement décrié et, cependant, il a des avantages. Le premier est de constituer une aire d’expansion précieuse et qui compense l’exiguïté inévitable de l’habitation. Quand les enfants jouent dans le jardin, l’intérieur de la maison est au calme. Le jardin a un autre avantage : c’est par lui que l’habitant contribue à l’embellissement de l’ensemble. L’expérience montre que le possesseur d’un jardin le soigne avec amour, le garnit de fl eurs ; ses voisins en profi tent, il profi te de ceux de ses voisins. On ne peut espérer rien de comparable sur des terrains collectifs entretenus à frais communs. aux acquéreurs plan remis Coupe et plan du Pontchartrain Le jardin individuel permet de fl eurir une cité entière, sans aucun frais pour la communauté. Côté rue, un jardin fermé relie la maison au garage. Sur l’autre façade, un second jardin ouvre sur une sente ou une place piétonne. d’après Jacques Riboud, Expérience d’urbanisme provincial,1961 Atrium Certains modèles étaient déjà proposés à Villepreux et dans les opérations précédentes. D’autres ont été créés à Verrière-Maurepas. C’est le cas de l’Atrium. Cette maison se présente sous la forme d’un L dont les deux branches sont égales, et qui s’inscrit sur un terrain carré de 200m² (14m x 14m). Elle est inspirée d’une étude proposée par l’architecte Mies von der Rohe aux élèves du Bauhaus.

Cette forme permet une densité élevée (35 logements par hectare, pour 90 ou Soperef brochure 145m² habitables sans compter les combles aménageables) et off re une meilleure Présentation du Samarcande intimité que les maisons en bande dont les jardins sont moins isolés. Elle autorise Cette maison avec patio a été dessinée par Jacques Riboud, inspiré par une également des compositions variées, rythmées par les changements d’orientations réalisation américaine. Elle se distingue par sa grande profondeur et par son et la diff érence de hauteur entre les Atrium IV (un niveau) et les Atrium VI (deux toit asymétrique. niveaux).

Présentation de l’Atrium Le plan-type reproduit ici, avec son cellier attenant, correspond aux premiers modèles construits. Les garages en « box » sont regroupés à l’extérieur des groupes de maisons. Dans les modèles plus récents, le cellier est supprimé. La surface habitable et l’accès à l’étage sont améliorés. Le jardin s’agrandit de la longueur du garage qui est désormais attenant à la maison.

Le saviez-vous ?

Les deux Atrium qui fi gurent dans la plaquette commerciale reproduite ci-contre ne sont pas situés sur le plateau de Maurepas, mais dans le hameau de Villeneuve. C’est là que ces nouveaux modèles ont été « prototypés » avant d’intégrer le catalogue du groupe Riboud. Au jeu des diff érences entre ces prototypes et les modèles de série, on notera les impostes au dessus des fenêtres et les toits à double pente. Les Atrium de Villeneuve ont aussi servi à expérimenter le chauff age électrique par le sol et à tester un nouveau type de cloisons intérieures. Ces deux innovations n’ont pas été retenues dans la version commercialisée. brochure Soperef brochure un chantier eett ddes hommes

Avant même la livraison, les futurs - : la ruée habitants viennent régulièrement Les premiers acquéreurs commandent leur logement en 1966, et peuvent suivre la construction de leur maison. emménager au début de l’année 1967 dans la première tranche du quartier Malmedonne (la Haie-Jolyette). Une vingtaine de familles s’installe chaque mois. Les livraisons sont échelonnées tout le long du mois (pas plus de deux par jour) pour faciliter l’intégration : les familles déjà sur place accueillent ainsi plus facilement les nouveaux arrivants. Littérallement perdus au milieu des champs, les pionniers sont d’abord ravitaillés photo P. Buro P. photo par des marchands ambulants quvenus avec leur camion des villages voisins. Dans l’attente de la construction de la « Cité-Centre », un centre commercial Les rues sont fraichement goudronnées provisoire s’installe au rez-de-chaussée du petit immeuble de l’avenue du Vivarais pour l’arrivée des pionniers. Les trottoirs (face au quartier témoin). La première supérette y est ouverte en 1968. Un second resteront en l’état pendant quelques groupe de commerces s’installe ensuite aux Bessières en 1969. mois. - : une ville neuve La mise en chantier des nouveaux quartiers se poursuit régulièrement, aux Bessières, à l’Agiot (la Haute-Plaine, la Nouvelle-Amsterdam), le long du Mail... Le photo M. Le Gall M. Le photo rythme des livraisons atteind désormais les 35 logements par mois ; les commerces et les administrations s’installent progressivement en centre-ville. Avec l’inauguration de la nouvelle mairie en 1975, le siège de la commune s’installe symboliquement au cœur du Maurepas nouveau. L’église Notre-Dame est également ouverte depuis le début de l’année 1973. Construite à prix coûtant par le builder, sur un terrain off ert par Jacques Riboud, elle est adossée à un immeuble d’habitation pour en réduire encore le prix. Le fi nancement est assuré par une souscription ouverte auprès des paroissiens. - : dernières opérations L’urbanisation du plateau se poursuit avec des quartiers de maisons individuelles vers le village de Maurepas (Maurepas le Neuf) et sur Élancourt (le Gandouget).

Les dernières opérations en collectifs sont regroupées autour du Bois de Nogent (les E. Potié photo Hauts-Bouleaux, l’Orée du Bois) et au Seuil de Coignières (les Portes de Maurepas). Chemin aux Bœufs, 1968 Lorsque Jacques Riboud se retire des aff aires au début des années 1980, les derniers Les enfants des pionniers partent à l’assaut des champs environnants... terrains qu’il possède (rue de Brie) sont cédés à un autre promoteur. A l’emplacement du futur centre-ville.

Le Chemin Perdu, 1969 Une large zone agricole sépare encore le quartier des Bessières du village.

photo E. Potié photo Chantier de l’église, 1972 R. Prédiéri archives

Le saviez-vous ?

Avant la construction de l’église Notre-Dame, le groupe Riboud met un hangar de chantier à disposition pour les offi ces. « Notre-Dame-des-tôles » était une fournaise en été, impossible à chauff er en hiver, et le bruit de la pluie y était si assourdissant qu’on ne pouvait plus entendre le prêtre, se souvient un paroissien. é i t o P

. E

s o t o h p un chantier eett ddes hommes

« Dix maquettes » Une équipe d’ouvriers pose place du Charolais. Une ville se construit. Des engins ouvrent les voies. Les matériaux La plupart de ces ouvriers viennent du Portugal. Ils sont s’accumulent, des grues sont dressées. Les habitants suivent et logés dans des baraquements provisoire, ou même dans emménagent pas très loin. les garages qui viennent d’être construits. Devenus, malgré eux, des pionniers de l’expansion, ils pataugent A chaque retour au pays, les ouvriers ont pour consigne dans la boue à la recherche du bureau de la Sécurité Sociale, de revenir avec des amis ou des membres de leur famille de la Poste « volante », de l’arrêt de l’autobus ; ils font la queue pour compléter les équipes. devant la baraque provisoire où s’abrite la boulangerie, tandis

que leurs enfants vont à l’école, à 15 kilomètres. Regado V. photo

Il ne faut pas qu’il en soit ainsi pendant des années, or ce sont Après chaque pluie, la terre argileuse du plateau des années qu’il faut pour créer une ville. C’est une condition transforme le chantier en marécage pendant plusieurs impérieuse que de tenir compte de cette période de construction, semaines. et des états intermédiaires que franchit la cité avant d’avoir atteint sa composition et son aspect permanent. Ce que l’on devrait imposer à tout architecte, ce n’est pas seulement la réalisation d’une maquette de la ville achevée, c’est celle de dix maquettes. Dix maquettes représentant les dix étapes intermédiaires par lesquelles devra passer l’unité urbaine,

avant d’avoir atteint sa majorité. Riboud J. Groupe archives Ces maquettes permettraient l’anticipation des étapes à traverser, non seulement par le constructeur, mais aussi par les occupants. Elles permettraient d’évoquer les problèmes pratiques qui se poseront et plus encore de fi gurer l’environnement que chacun aura sous les yeux, tous les jours, pendant des années.

Jacques Riboud, extrait de Un grand futur pour le haricot vert, in Revue Politique et Parlementaire n° 853, 1974 photo E. Potié photo Fondations de la piscine, 1968 (actuellement : emplacement de la Villa Aurea) photo E. Potié photo La perpective du Mail vue depuis les immeubles du centre-ville, 1972 Les rues étaient perpétuellement couvertes de boue. J’emmenais mon fi ls à l’école avec des bottes, et je ne lui mettais les chaussures qu’à la porte de la classe. Lors de l’inauguration du café « le Bretagne », nous avons passé des heures à nettoyer nous-mêmes les rues pour pouvoir accueillir des personnalités... Qui ne

sont d’ailleurs jamais venues... E. Potié photo Témoignage de R. Cochet-Morieux Fondations d’un immeuble dans le quartier de l’Agiot, 1969

Le saviez-vous ?

Les chantiers constituaient un terrain de jeu immense et fascinant pour les jeunes maurepasiens. Compte tenu de leur étendue, il était impossible d’en protéger les accès. Jacques Riboud avait sensibilisé ses ouvriers aux problèmes de sécurité particuliers posés par la présence de ces enfants. Il se rendait lui-même sur les chantiers en fi n de semaine pour vérifi er le respect des consignes. photo E. Potié photo Maurepas vue du ciel

Jean Cochet inaugure le bar-tabac Le Bretagne en 1969. Passionné d’aviation, il invite Emmanuel Potié, le responsable du club-photo de Maurepas, à prendre des vues aériennes de la ville en construction. Les passages répétés à très basse altitude du petit appareil auront sans doute inquiété les riverains, mais nous permettent de disposer d’images originales.

En piqué sur le Bretagne f Autour de ces maisons entourées de champs et de trous de fondation, les arbres n’ont pas encore poussés. photo E. Potié photo

e Quartier Malmedonne C’est dans l’immeuble de la rue du Vivarais (en haut à droite) que se trouve le centre commercial temporaire, avant la construction de la « Cité-Centre ».

Quartier Malmedonne f Les immeubles du centre ville sont quasiment achevés, mais il manque encore les équipements : le marché, l’église et la gendarmerie, la poste, la mairie photo E. Potié photo ainsi que la « tour-signal »... E. Potié photo

e Quartier de l’Agiot Cette vue prise du haut de la « tour-signal » met en évidence la perspective qui relie le centre ville au centre du quartier Agiot / Haute-Plaine. photo E. Potié photo

Le centre ville f Cette vue nous montre le centre achevé, de la place des Échoppes à la place du Marché. Il manque encore l’école Cité-Centre et quelques immeubles avenue de Limagne. Le lycée des Sept Mares est encore isolé à l’écart de la ville. Remarquer aussi la piscine rocade de Camargue

et le terrain de tennis le long de la Nationale. Riboud J. Groupe archives

Le saviez-vous ?

La construction d’une ville entraîne l’imperméabilisation des sols : les toits des maisons et le bitume des rues empêchent l’eau de pluie de s’infi ltrer natuellement dans la terre. Le réseau d’assainissement a pour fonction de collecter ces eaux et de les diriger vers les rivières. Pour protéger les rivières, on doit aménager des bassins de rétention qui lissent les débits et évitent les crues lors des fortes précipitations. Un bassin de rétention est donc réalisé sur le ru de la Courance à partir de 1974. En cas de très forte pluie, son niveau peut augmenter de 4 mètres. Cette photo de 1969 nous montre le site avant la construction de la digue. photo E. Potié photo Cité-Centre Les références italiennes La « Cité-Centre » de Maurepas est le fruit d’une collaboration entre Roland Prédiéri et Thierry Sainsaulieu, issu d’une grande famille d’architectes. Ils s’inspirent de la Piaza del Campo de Sienne, en Toscane, pour dessiner une grande place en forme de coquille derrière la mairie. A l’image des hauts beff rois qui affi rment le siège du pouvoir local dans les cités italiennes, la nouvelle mairie Riboud, J. est accolée à une « tour-signal » de 16 étages, visible de très loin. la Ville Heureuse la Ville L’infl uence italienne se retrouve aussi dans la logietta (petit édifi ce ouvert composé d’un toit reposant sur des colonnes) qui prolonge l’hôtel de ville. Il abrite les cortèges nuptiaux du soleil... ou des intempéries. - R. de Greef photo L’allée de la Côte-d’Or est également protégée de la pluie par une verrière sur charpente métallique. Située dans le prolongement du Mail, elle reprend le tracé de la Rigole royale qui passe à cet endroit en aqueduc enterré. Comme dans tout le centre ville, les motifs colorés du sol égayent un environnement très minéral. La forme en coquille de la place d’Auxois évoque la place centrale de Sienne.

L’allée de la Côte-d’Or à la fi n des années 1970. archives R. Prédiéri archives

Le centre-ville en voie d’achèvement (1975 ?) La résidence pour personnes agées est encore en chantier. L’immeuble de bureaux face à l’église doit assurer la présence d’emplois sur place, pour éviter le syndrome de la « cité-dortoir ». Noter également l’hôtel des postes. Il a été pré-fi nancé par le groupe Riboud. La Poste ne souhaitant

archives Groupe J. Riboud J. Groupe archives pas l’acheter est restée locataire. Un centre qui s’étire Les grands supermarchés et les centres commerciaux « hors des villes » se développent rapidement au début des années 1970. Jacques Riboud reste néanmoins attaché à la rue commerçante traditionnelle, rendue vivante par la mixité fonctionnelle : logements (à densité élevée), commerces, artisans, bureaux. Le centre-ville de Maurepas est donc conçu comme une longue rue piétonne qui XXX Manque photo construction passerelle des Échoppes à prendre dans la s’étire de l’église à la place des Échoppes. Le stationnement est possible sur toute Ville Heureuse la périphérie, au pied des boutiques. Lorsque Saint-Quentin-en-Yvelines décide de relier les centres de Maurepas et d’Élancourt, la rue piétonne doit être encore allongée. Une passerelle assure le lien entre la place des Échoppes et la rue de Brie, qui s’étend vers les Sept Mares. Des boutiques sont prévues au rez-de-chaussée des immeubles le long du parcours. Malgré ces eff orts, la rue piétonne n’a pas de vrai prolongement sur Élancourt, symbolisant l’échec du projet de rapprochement des deux communes. Les boutiques restées vacantes sont devenues des logements.

Le saviez-vous ?

Le centre-ville de Maurepas est situé sur une hauteur naturelle, qui dominait le plateau de quelques mètres. Les eaux de Versailles franchissaient d’ailleurs ce point haut en aqueduc souterrain. Avant de commencer le chantier, les équipes techniques cherchent un moyen économique pour évacuer les grandes quantités de terre qui seront extraites des fondations. Jacques Riboud leur propose alors d’utiliser la terre pour surélever le centre-ville de quelques mètres supplémentaires. Cette solution toute simple présente aussi l’intérêt d’affirmer la présence de la « Cité-Centre », bien visible depuis toute la ville. photo E. Potié photo le nerf de la guerre... Le builder et les banques L’opération « Verrière-Maurepas » nécessite une mise de fond importante pour acheter les terrains (150 hectares dès le début) puis lancer la construction. Une première société immobilière, la SCIAY, est créée à cette occasion et lève 2 millions de francs. Les principaux investisseurs sont la holding de Jacques Riboud – la SOPEREF – et une banque spécialisée dans les prêts immobiliers, l’UCB (Union du Crédit pour le Bâtiment) – via sa fi liale la SINVIM. Pour répartir les risques et éviter certaines contraintes administratives et fi scales, une nouvelle SCI est créée pour chaque tranche de 100 à 130 logements. La SCIAY leur transfère les terrains nécessaires au fur et à mesure des mises en chantier. La construction est ensuite assurée par une autre société du groupe, la SOPEC.

photo Musée de la Ville SQY fonds CRAV Ph D.R. fonds CRAV SQY Ville Musée de la photo Objectif : mixité sociale et générationnelle La population de Maurepas est multipliée par dix en dix ans. Les services techniques de la commune doivent se développer très rapidement avec des moyens limités. Après L’implication de l’UCB dans le projet permet de proposer des plans de fi nancements avoir occupé deux garages square du Velay, ils disposent d’anciens hangars de chantier fi nement adaptés, en complément des prêts conventionnés. Le montage proposé cédés par le builder, installés derrière l’école de la Marnière (en bas à gauche sur cette permet de devenir propriétaire avec seulement 5% d’apport initial. photo de 1976). Les urbanistes savent que l’uniformité des populations est un risque pour l’avenir des villes nouvelles. Si les familles qui s’installent sont toutes de la même génération et du même profi l socioprofessionnel, les écoles ne seront utilisées que quelques années ; les jeunes quitteront tous la ville au même moment, les aînés prendront tous leur retraite à la même période. Pour déjouer cet écueil, les prêts sont modulés selon l’âge et la situation familiale, et peuvent suivre les évolutions des carrières. Afi n de compléter le brassage des générations, une caisse de retraite de cadres est sollicitée pour implanter une maison de retraite en centre ville (actuellement Repotel). Le builder en assure la construction. « Le matelas » Fidèle à son objectif de livrer une ville « clé en main », Jacques Riboud prévoit dès brochure Soperef brochure le début un haut niveau d’équipements : écoles, mairie, maison des associations, Extrait de la première brochure commerciale de Verrière-Maurepas. gymnase, stade... Il off re les terrains correspondants ; pour la construction, certains équipements peuvent être cofi nancés par l’État, la région ou le département, mais à condition que la commune participe au montage fi nancier. Les ressources de la petite commune de Maurepas ne lui permettent évidemment pas d’engager de telles dépenses. Le promoteur va se substituer à la mairie ; une contribution de 5000 F s’ajoute au prix des logements et alimente un « matelas » que le maire utilise pour régler sa part au constructeur. Dans l’attente des nouvelles ressources (impôts locaux et transferts de l’État), une seconde contribution (320 F pour les maisons, 240 F pour les appartements) est directement versée dans les caisses municipales. Elle fi nance le ramassage des ordures ménagères, les cantines, la garderie, les fournitures scolaires... Le groupe Riboud met également une salariée à disposition pour assister le secrétaire de

photo B. Garneret B. photo mairie qui croule sous les dossiers. Maurepas se construit si vite que l’Administration ne parvient pas à instruire les dossiers Même s’il était encouragé par Paul Delouvrier, cet « arrangement » entre un maire dans les temps. Jacques Riboud doit souvent lancer les travaux sans attendre les et un promoteur privé n’était prévu par aucun règlement et ne reposait que sur autorisation. Paul Delouvrier, qui « couvre » ces infractions, inaugure ainsi en décembre la confi ance mutuelle. Ce vide juridique sera comblé à partir de 1970 avec les 1966 une première tranche de 40 maisons, construite sans permis de construire. conventions de ZAC (Zones d’Aménagement Concertées) qui généralisent la L’histoire se répète pour l’hôtel de ville (photo) : le préfet convié à inaugurer le bâtiment méthode expérimentée à Villepreux puis à Maurepas. débloque le permis de construire... la veille de l’inauguration.

Le saviez-vous ?

Pour obtenir l’agrément et les fi nancements du Ministère de l’Éducation Nationale, il fallait attendre l’arrivée des élèves avant d’engager le chantier de nouvelles écoles. Le groupe scolaire Malmedonne ne pourra donc pas être livré avant 1968, alors que les premières familles emménagent début 1967. Les jeunes élèves sont d’abord scolarisés quelques mois dans les deux classes de l’école du village. A la rentrée de septembre 1967, ils s’installent dans le gymnase Malmedonne, transformé en école provisoire. Dans d’autres quartiers, Jacques Riboud choisira de construire les écoles « en catimini », avant d’obtenir les autorisations offi cielles, pour que les enfants puissent être accueillis dans de bonnes conditions. photo E. Potié photo le nerf de la guerre... Le montage juridique et financier Pour le démarrage des travaux, datant des années 1965-1966, une première société civile immobilière est créée sous le nom de Société Civile Immobilière d’Aménagement des Yvelines (SCIAY) au capital de 2 millions de francs apporté par la SOPEREF, société holding du groupe Riboud, la SINVIM, fi liale de l’Union du Crédit pour le Bâtiment (UCB), et deux particuliers pour une part au capital relativement faible. Cet adossement au groupe bancaire UCB permet l’octroi de prêts nécessaires à l’acquisition initiale de 150 hectares de terrain (environ), auprès notamment des consorts Clouzeau, du Comte et de la Comtesse de Sardeval, de Mr A. Neveu ou encore Mr F. Ragot, et les garanties fi nancières indispensables à la réalisation du programme. Afi n d’éviter lourdeurs administratives et fi scales, sont créées pour chaque édifi ce

photo Musée de la Ville SQY fonds CRAV Ph D.R. fonds CRAV SQY Ville Musée de la photo de quartier (tranche de 100 à 130 habitations individuelles environ) une Société La population de Maurepas est multipliée par dix en dix ans. Les services techniques Civile Immobilière (SCI) dédiée ; citons La Haye Joliette C ou encore La Prévenderie. de la commune doivent se développer très rapidement avec des moyens limités. Après Chacune de ces SCI est dotée d’un capital de 500 000 francs, apporté par les avoir occupé deux garages square du Velay, ils disposent d’anciens hangars de chantier mêmes actionnaires. cédés par le builder, installés derrière l’école de la Marnière (en bas à gauche sur cette photo de 1976). Objectif : mixité sociale et générationnelle Le projet de Jacques Riboud vise à la construction quasi ex-nihilo d’une ville de 20 000 habitants aboutie tant dans la distribution de ses quartiers, dans les équipements indispensables à la création de sa vie sociale, que dans la composition de la population qu’elle abritera. Par la diversité des habitations du programme et la modularité des mensualités des prêts proposés par l’UCB aux accédants à la propriété, prêts pouvant fi nancer entre 45 % et 55 % environ du prix selon les modèles, la ville attire diverses catégories socioprofessionnelles, des trentenaires jusqu’au retraités ! En eff et, dès la construction de la ville, une caisse de retraite des cadres est sollicitée pour bâtir une Maison de Retraite, actuellement dénommée Repotel – projet dont la réalisation est confi ée au groupe Riboud. Construit dans les années 70, période marquée par une politique incitative d’accession à la propriété, le programme Verrières-Maurepas est éligible aux prêts subventionnés du Crédit Foncier de France, prêts octroyés quelque soit la situation brochure Soperef brochure familiale ou de revenu. Le montage fi nancier proposé aux futurs propriétaires Extrait de la première brochure commerciale de Verrière-Maurepas. off re la possibilité d’acquérir terrain et logement en ne versant, a minima, que 5% du prix à la réservation, les 95% complémentaires pouvant être entièrement fi nancés par voie de prêts. Le compte «  » Sous cet intitulé de compte se trouve la réponse à la problématique de l’explosion démographique de Maurepas en matière d’infrastructures et d’équipements. En eff et, en l’espace de 10 ans, la population est multipliée par 10, entraînant un accroissement fulgurant des besoins en voiries, écoles, garderies, gymnases, bâtiments publics…

brochure Soperef brochure Bien sur l’Etat fi nance une large part de la construction de ces grandes réalisations Pour obtenir l’agrément et les fi nancements du Ministère de l’Éducation Nationale, il mais ni en totalité ni dans des délais suffi samment courts pour répondre aux fallait attendre l’arrivée des élèves avant d’engager le chantier de nouvelles écoles. Le besoins immédiats des nouveaux habitants arrivant en masse. En concertation groupe scolaire Malmedonne ne pourra donc pas être livré avant 1968, alors que les avec les pouvoirs publics, les promoteurs des Villes Nouvelles en construction sont premières familles emménagent début 1967. autorisés à se substituer aux mairies pour fi nancer en amont ces infrastructures Les jeunes élèves sont d’abord scolarisés quelques mois dans les deux classes de l’école et couvrir la part incombant aux communes. Le fi nancement de ces besoins est du village. A la rentrée de septembre 1967, ils s’installent dans le gymnase Malmedonne, assuré en réalité par les acquéreurs, le promoteur inclut dans le prix des maisons transformé en école provisoire. 5 000 francs, d’où l’intitulé du compte 5 000, destinés à fi nancer les infrastructures collectives.

Le saviez-vous ?

Verrière-Maurepas est bâti en infraction permanente aux règlements, infractions néanmoins couvertes par Paul Delouvrier, qui inaugure le premier quartier du programme en décembre 1966, une tranche de 40 maisons construites au beau milieu des champs…sans permis de construire ! De même pour les écoles construites avant même l’obtention des accords ministériels et pour l’Hôtel de Ville dont le permis de construire est établi en quelques heures par la préfecture, la veille de son inauguration en 1975 ! photo B. Garneret B. photo naissance d’une cité L’explosion de la vie associative Depuis 1948, les quelques « clubs » fréquentés par les 300 habitants de Maurepas sont regroupés au sein d’un Foyer Rural qui anime le village. Le Foyer Rural est mis en sommeil en 1955, suite au départ de nombreux jeunes vers la « grande ville ». L’activité reprend avec l’arrivée des pionniers. C’est vite l’explosion : en 1975, le Foyer Rural compte 1400 adhérents, soit un dixième de la population maurepasienne. Les familles qui s’installent sont majoritairement des jeunes actifs ; beaucoup de femmes élèvent leurs enfants et ne travaillent pas à l’extérieur. En phase avec ce que les sociologues décrivent comme l’émergence de la civilisation des loisirs, les nouveaux maurepasiens ont du temps libre et en profi tent.

photo E. Potié photo Dans une ville où tout est neuf, l’engagement associatif est aussi l’occasion Bal du 14 juillet 1968 à l’école Malmedonne de s’intégrer et de faire des connaissances. Les associations sont le moyen de développer le tissu social, et sont à ce titre encouragées par l’aménageur qui dote la ville d’une maison des associations et prête ses terrains dans l’attente des équipements défi nitifs. Du Foyer Rural aux Offices Les activités du Foyer Rural couvrent de nombreux sports et de nombreuses activités artistiques ou ludiques : athlétisme, basket, boules, football, gymnastique, judo, tennis, tennis de table, volley-ball, bibliothèque, bridge-tarots, ciné club, danse, musique, philatélie, photo. De nouvelles sections (cyclisme, poterie) sont

archives Y. Bazin Y. archives créées au fur et à mesure des demandes. La première équipe de foot est créée en 1968. Elle regroupe des anciens et Lors de la dissolution du Foyer Rural en 1975, ces sections deviennent autant des nouveaux maurepasiens, et compte aussi parmi ses joueurs plusieurs d’associations autonomes, ou se rattachent à une fédération nationale. La plupart collaborateurs du groupe Riboud qui habitent sur place. sont encore en activité aujourd’hui. Le relais est passé aux Offi ces Municipaux (OMLC pour les loisirs et la culture, OMS pour le sport), créés en 1973 pour assurer le lien entre la municipalité et les associations. 35 ans plus tard, ils regroupent une centaine d’associations. De la passion à la raison La vie politique et citoyenne est aussi foisonnante. Les nouveaux chantiers ouverts par le groupe Riboud puis par d’autres promoteurs sont régulièrement l’objet de tracts et de pétitions. La transformation rapide de la commune exacerbe un certain antagonisme entre « nouveaux » et « anciens » (le Comité de Sauvegarde

archives X archives est à cette époque une association purement « villageoise »). XXX Légende + auteur de la photo La disparition de ces tensions dans les décennies suivantes traduit le passage rapide de Maurepas à l’âge adulte.

Exposition de l’atelier de poterie, 1973

XXX Manque photo gala de danse photo E. Potié photo

Le saviez-vous ?

Les sections du Foyer Rural et quelques autres les associations coordonnent leurs actions pour animer la ville. Les bals, les fêtes et les rencontres sportives sont le meilleur moyen pour amener ces gens venus de diff érents horizons à se rencontrer, au delà des limites de leur rue ou de leur quartier. En ce début d’années 1970, la population est de toute façon très demandeuse de ce genre d’événements. Le bal de la Saint-Valentin 1970, organisé par la section football, a été prétexte à l’élection « Miss Maurepas ». La lauréate s’appelle Patricia Cabaret. bulletin municipal de Maurepas, mai 1970 bulletin municipal de Maurepas, l’art dans la ville Il faut des monuments aux cités de l’homme. Autrement, où serait la diff érence entre la ville et la fourmilière ? Dans la ville de Jacques Riboud, les sculptures et fresques monumentales sont prévues dès la conception et installées avant même l’achèvement des chantiers. Victor Hugo Visuellement, ces œuvres d’art structurent l’espace urbain, embellissent les places ou les squares, donnent une identité aux façades des bâtiments. Humainement, elles contribuent à donner à la ville un côté « achevé » et intemporel, ce qui en facilite l’appropriation par les habitants. Les noms de deux artistes en particulier sont associés à Maurepas : le sculpteur Gérard Ramon et le fresquiste Robert Lesbounit. Robert Lesbounit

archives R. Prédiéri archives Robert Lesbounit travaille pour Jacques Riboud depuis Donges, où il a décoré la Les Croisés ornent l’entrée de ville qui fait face à la gare. salle de contrôle de la raffi nerie. Sa spécialité est la fresque sur béton, qui combine gravure et teinte dans la masse. Il réalise à Villepreux de nombreuses œuvres L’œuvre fait référence la Commanderie des Templiers située non loin, mais aussi à utilisant cette technique. l’esprit de mission qui animait Jacques Riboud et son équipe. Pour Maurepas, Robert Lesbounit abandonne un temps sa technique de Mosaïque, R. Lesbounit, 1968 prédilection. Il y dessine surtout les cartons de grandes mosaïques, dont l’imposante façade de l’église Notre-Dame.

Square du Velay, un ancien bâtiment Gérard Ramon des services techniques est orné d’une Après les Beaux-Arts, le jeune artiste Gérard Ramon gagne sa vie comme dessinateur fresque sur béton, typique du travail de chez l’architecte Pierre Pocorull. C’est là que Jacques Riboud le découvre en 1963

photo J. Dantant J. photo R. Lesbounit. et lui propose de rejoindre sa société. Au début, Gérard Ramon y cumule deux emplois : « artiste offi ciel » du groupe à mi-temps, et dessinateur de la voirie et des plans d’assainissement le reste de la semaine. Gérard Ramon travaille la feuille de cuivre, qu’il martèle, soude et patine lui-même. Ses œuvres monumentales s’inscrivent dans le propos de l’urbanisme provincial par leurs sujets fi guratifs, simples et consensuels, et par leur aspect intemporel. Le cuivre façonné évoque le bronze sans en avoir le coût. Pour Maurepas, Gérard Ramon dessine également de nombreuses mosaïques,

photo P. Trillaud P. photo qui seront réalisées avec les artistes Dominique Hideux et Medjid Houari. Dans Façade de l'église Notre-Dame les années 1970, il prend la direction de la société Arcité, une fi liale du groupe Riboud, qui lui permet de vendre ses sculptures dans toute la France. La façade aujourd’hui Le travail préparatoire Mosaïque, R. Lesbounit, 1972 archives R. Prédiéri archives photo J. Dantant J. photo

G. Ramon réalisant la sculpture en cuivre « Le combat de chèvres » en 1970. Noter le plan de Verrière-Maurepas au extrait brochure G. Ramon extrait brochure archives R. Prédiéri archives mur de son atelier.

Le saviez-vous ?

Robert Lesbounit a créé une grande mosaïque sur le thème du sport pour orner la façade du gymnase de la Malmedonne. Suite à l’extension du bâtiment, cette œuvre imposante est maintenant à l’intérieur de la nouvelle structure. archives R. Prédiéri archives l’art dans la ville , J. Riboud, J. la Ville Heureuse la Ville photo J. Dantant J. photo photo R. de Greef - R. de Greef photo La grande maternité allongée est la première œuvre installée à Maurepas. « Pendant que nous installions la statue au milieu des premières maisons construites, de l’autre côté de la place, le cultivateur faisait encore la dans les champs » se souvient l’artiste. Tirage en bronze d’après l’original en cuivre façonné G. Ramon, 1968 photos J. Dantant J. photos Quatre haut-reliefs en cuivre décorent la façade ouest de l’Hôtel de Ville. De haut en bas : Paysage rural, le Génie civil, la Construction de la Ville, Paysage urbain. brochure G. Ramon brochure Cuivre façonné, G. Ramon, 1973 Avec ses dimensions monumentales (5m) et son socle imposant, l’Élan était le point fort de la perspective du grand mail. Cuivre façonné, G. Ramon, 1970 photo J. Dantant J. photo , J. Riboud, J. Les autres façades de la Mairie reçoivent des mosaïques en marbre, la Ville Heureuse la Ville pâte de verre et brique. G. Ramon, D. Hideux et M. Houari, 1973 photo J. Payot - Payot J. photo

Les Ibis ornaient la place de la Rance. Très dégradés par le Métamorphose vandalisme, ils ont été déposés et attendent une restauration. Cette sculpture (ici lors d’une exposition au musée Rodin) était Cuivre sur armature d’acier, G. Ramon, 1970 installée place des Échoppes. Elle a actuellement en dépot aux serres municipales, dans l’attente d’un nouvel emplacement.

brochure G. Ramon brochure Cuivre façonné, G. Ramon, 1972 brochure Groupe J. Riboud J. Groupe brochure Riboud J. Groupe brochure Falala D. photo Dantant J. photo Les Acrobates ont quitté la rive du bassin de la Nouvelle- Les Astronautes devaient s’installer place des Échoppes (à g.) où ils ont fi nalement été remplacés parMétamorphose . Un premier tirage est Amsterdam et sont désormais à la ferme des Mousseaux. installé rue de Brie (au centre), et un second dans la villa Auréa (à dr.). Cuivre façonné, G. Ramon, 1974 Original en cuivre façonné, tirages en bronze et en ardoisolythe, G. Ramon, 1975

Le saviez-vous ?

En 1976, Jacques Riboud organise à l’hôtel Georges V une exposition consacrée à Gérard Ramon. La plupart des sculptures présentées proviennent de Villepreux et de Maurepas. Le collectionneur saoudien Acchram Ojjeh apprécie le travail de l’artiste, La jeune fi lle assise et achète trois œuvres. Original en cuivre façonné Des tirages en bronze sont donc réalisés puis réinstallés à la place des sculptures qui (exposition au musée Rodin, à ont été vendues au collectionneur. Les communes sont gagnantes, car ces bronzes g.) et tirage en bronze (devant sont plus durables et nécessitent moins d’entretien que les pièces originales en feuille la mairie de Maurepas, à dr.), de cuivre. extrait brochure G. Ramon extrait brochure Dantant J. photo G. Ramon, 1972 l’art dans la ville , J. Riboud, J. la Ville Heureuse la Ville photo J. Dantant J. photo photo R. de Greef - R. de Greef photo La grande maternité allongée est la première œuvre installée à Maurepas. « Pendant que nous installions la statue au milieu des premières maisons construites, de l’autre côté de la place, le cultivateur faisait encore la moisson dans les champs » se souvient l’artiste. Tirage en bronze d’après l’original en cuivre façonné G. Ramon, 1968 photos J. Dantant J. photos Quatre haut-reliefs en cuivre décorent la façade ouest de l’Hôtel de Ville. De haut en bas : Paysage rural, le Génie civil, la Construction de la Ville, Paysage urbain. archives J. Riboud J. archives Cuivre façonné, G. Ramon, 1973 Avec ses dimensions monumentales (5m) et son socle imposant, l’Élan était le point fort de la perspective du grand mail. Cuivre façonné, G. Ramon, 1970 photo J. Dantant J. photo , J. Riboud, J. Les autres façades de la Mairie reçoivent des mosaïques en marbre, la Ville Heureuse la Ville pâte de verre et brique. G. Ramon, D. Hideux et M. Houari, 1973 photo J. Payot - Payot J. photo

Les Ibis ornaient la place de la Rance. Très dégradés par le Métamorphose vandalisme, ils ont été déposés et attendent une restauration. Cette sculpture (ici lors d’une exposition au musée Rodin) était Cuivre sur armature d’acier, G. Ramon, 1970 installée place des Échoppes. Elle a actuellement en dépot aux serres municipales, dans l’attente d’un nouvel emplacement.

brochure G. Ramon brochure Cuivre façonné, G. Ramon, 1972 brochure Groupe J. Riboud J. Groupe brochure Riboud J. Groupe brochure Falala D. photo Dantant J. photo Les Acrobates ont quitté la rive du bassin de la Nouvelle- Les Astronautes devaient s’installer place des Échoppes (à g.) où ils ont fi nalement été remplacés parMétamorphose . Un premier tirage est Amsterdam et sont désormais à la ferme des Mousseaux. installé rue de Brie (au centre), et un second dans la villa Auréa (à dr.). Cuivre façonné, G. Ramon, 1974 Original en cuivre façonné, tirages en bronze et en ardoisolythe, G. Ramon, 1975

Le saviez-vous ?

En 1976, Jacques Riboud organise à l’hôtel Georges V une exposition consacrée à Gérard Ramon. La plupart des sculptures présentées proviennent de Villepreux et de Maurepas. Le collectionneur saoudien Acchram Ojjeh apprécie le travail de l’artiste, La jeune fi lle assise et achète trois œuvres. Original en cuivre façonné Des tirages en bronze sont donc réalisés puis réinstallés à la place des sculptures qui (exposition au musée Rodin, à ont été vendues au collectionneur. Les communes sont gagnantes, car ces bronzes g.) et tirage en bronze (devant sont plus durables et nécessitent moins d’entretien que les pièces originales en feuille la mairie de Maurepas, à dr.), de cuivre. extrait brochure G. Ramon extrait brochure Dantant J. photo G. Ramon, 1972 les autres opérations

L’urbanisation de Maurepas ne se limite pas à l’opération de Jacques Riboud. Dès la fin des années 1960, d’autres promoteurs s’intéressent aux terrains restés disponibles à proximité de la Ville Nouvelle. Dans les années 1970, c’est l’Établissement Public d’Aménagement qui confie les zones restées libres à diff érents aménageurs. Les lotissements de pavillons A la fi n des années 1960, l’Établissement Galéria achète la quasi-totalité de la forêt qui s’étend de Maurepas à Ergal. Un accord avec les équipes de Paul Delouvrier autorise cette société à construire 300 maisons individuelles en lisière du bois. En Ph D.R. fonds CRAV SQY Ville Musée de la photo contrepartie, elle donne à l’État tout le reste de la forêt. Vue aérienne prise au-dessus du Bois de Maurepas, 1976 Cette Résidence du Bois de Maurepas est dotée d’équipements sportifs privatifs Au premier plan, la résidence du Bois de Maurepas, construite entre les arbres. Derrière, le Bois Joli (club-house, piscine et tennis) et vise une clientèle relativement aisée. Le centre puis les immeubles de la Villeparc. A l’arrière-plan, les Nouveaux Horizons, et le centre des Sept commercial prévu au milieu de l’opération ne verra fi nalement jamais le jour. Mares sur la droite. De l’autre côté de Maurepas, quelques terrains se couvrent de pavillons (les Jardins, le Pré aux Fleurs). Une autre opération d’envergure est lancée par la société Breguet Construction en 1975, avec le Domaine des Louveries. Les grandes surfaces des maisons et des terrains les destinent également à une clientèle aisée.

XXX Manque photo Lycée des 7 Mares (et/ou Pergaud ?) Les logements collectifs À proximité du Bois de Maurepas, c’est une fi liale de la Caisse des Dépôt qui lance le Bois Joli. L’architecte Jacques Bardet recherche le compromis entre la maison individuelle et le collectif dense : dans ses « immeubles-villas » de trois étages, les appartements en duplex disposent tous de terrasses ou de jardins individuels. Non loin de là, la résidence la Villeparc est à cheval sur Maurepas et Élancourt. On y retrouve tous les concepts qui guident les urbanistes de la Ville Nouvelle au début des années 1970 : disparition de la rue traditionnelle (stationnement Le Lycée des Sept Mares en souterrain), ornementations abstraites et couleurs vives, espaces publics très Construit sur un terrain que l’équipe Riboud destinait paysagés et aménagés pour les loisirs. initialement à un hôpital, il a été inauguré en 1973 Le logement social n’est pas oublié, mais il faudra attendre la toute fi n des années (architecte Guy Bisson). 1970 pour voir s’engager les premiers chantiers. La première tranche des Friches (allée de l’Aube) est confi ée à Henri Gaudin (l’architecte du stade Charléty de Paris). Aux Petits-Prés d’Élancourt, c’est Roland Prédiéri qui dessine un groupe d’immeubles HLM dans la continuité d’un lotissement Riboud. 1977 octobre ciel de Maurepas, extrait du bulletin offi photo Musée de la Ville SQY fonds CRAV Ph D.R. fonds CRAV SQY Ville Musée de la photo Dantant J. photo La Villeparc Allée de l’Aube Publicité de Breguet Construction pour les Ces façades en courbe étaient initialement recouvertes de Louveries, 1977 faïence blanche (architecte Henri Gaudin).

Le saviez-vous ?

Confi ée à un aménageur privé, la SEZAC, la zone d’activité de Coignières-Maurepas commence à sortir de terre dès le début des années 1970. Les industries et les bureaux y sont d’abord majoritaires, puis c’est la dimension commerciale qui se développe dans les années 1980. La photo ci-contre montre les travaux préparatoires du rond-point Pariwest. Il était à l’origine baptisé « place Nicolas Bourbaki ». Nicolas Bourbaki n’est pas une personne réelle, mais le nom sous lequel un groupe de mathématiciens francophones du milieu du XXe siècle signait ses publications. photo E. Potié photo Remerciements A propos du Comité de Sauvegarde Le Comité de Sauvegarde remercie chaleureusement toutes les personnes qui En 1970, le Comité de Sauvegarde de Maurepas Village est créé. c’est une ont contribué à la réalisation de cette exposition. association de villageois qui veulent garder leur mode de vie ; la ville grandit à vue d’œil et le village semble être voué à sa perte. Ils œuvrent pour garder le Merci tout particulièrement à hameau avec ses fermes du XVIIe siècle en activité, son donjon du XIIe, son église e e Gérard Ramon, Jean Riboud et Jean-Paul De La Chapelle, Roland des XII et XVII , ses champs et ses forêts. Prédiéri, Emmanuel Potié et Patricia Sajous. Aujourd’hui il est dans l’intérêt de tous les maurepasiens de rester vigilants quant à la sauvegarde de ce patrimoine. Le village est partie intégrante du concept original Merci aux acteurs de la construction de Maurepas que nous avons rencontrés et de notre ville à la campagne. Nous sommes nombreux à nous lier à cette terre ; qui nous ont apporté leurs témoignages et ouvert leurs archives : le Comité de Sauvegarde s’applique à transmettre l’histoire de notre commune, Yves Bazin, xxx Beal, Jeanne Duro, Bernard Garneret, Casimir d’hier à nos jours, afi n que chacun puisse se l’approprier et y construire à désir Kazmareck, Armand Maïer, Jean Papet, Jean Prudhomme, Antoine ses fondations. Rossi. Nous maintenons « l’esprit village » lors de nos fêtes d’été (sur la place de la Grand’Mare) et d’hiver (la veillée villageoise). D’autres associations prennent le Nous remercions également les maurepasiens enthousiastes qui nous ont fourni relais lors des fêtes de quartier. de nombreux documents, photos, diapositives : Enfin, nous continuons, dans la mesure de nos moyens, à contribuer à la me M et M Barre, Pierre Buoro, Monique et Gilbert Capmal, Georges restauration d’objets du patrimoine de notre ville (dernièrement la « Colombe Cazal, Renée Cochet-Morieux, Didier Drussant, Daniel Falala, du St Esprit » de l’église Saint-Sauveur, photo ci-dessous) ; un compte bancaire est me Paulette Fournet, M et M Le Berre, Monique Le Gall, M Perrin- réservé à cet eff et, approvisionné par les bénéfi ces de diverses manifestations me Levet, Francisco Novo, Victor Regado, M et M Rouchairoles. (concerts, conférences...) et les dons de bonnes volontés. Certaines photos nous ont été fournies par la photothèque du Musée de la Ville de Saint-Quentin-en-Yvelines et par celle de l’Institut d’Architecture et d’Urbanisme Pour en savoir plus sur notre action : de l’Île-de-France. www.maurepas-histoire.net Cette exposition a bénéfi cié du soutien de la Commune de Maurepas et du Conseil Général des Yvelines.

Merci au magasin Auchan Maurepas qui soutient régulièrement notre action.

Yvelines Conseil général Dessin de D. Croisot d’après la mosaïque de G. Ramon la jeune fille assise

Esquisse en plâtre, G. Ramon, 1972 La Jeune fille assise était initialement placée à l’extrémité de l’allée de la Côte-d’Or. L’original en cuivre façonné fait partie des œuvres vendues en 1976. La sculpture désormais installée devant l’hôtel de ville est un tirage en bronze. bulletin municipal de Maurepas, juillet 1979 bulletin municipal de Maurepas, Dantant J. photo les rugbymen Esquisse en plâtre, G. Ramon, 1976 La sculpture intitulée les Rugbymen devait orner la place de Bretagne. Pour une raison inconnue, elle n’a pas été installée à la fi n du chantier. La photo ci-dessous nous montre l’ œuvre en cuivre façonnée, installée à Élancourt derrière les bureaux du groupe Riboud. La longue mosaïque, également sur le thème du rugby, a été réalisée par Gérard Ramon et ses collaborateurs en 1975. photo J. Dantant J. photo métamorphose

Esquisse en plâtre, G. Ramon, 1972 Parfois nommée l’Étreinte, cette Métamorphose était située place des Échoppes. La photo ci-contre (prise lors d’une exposition au musée Rodin en 1972) nous montre les couleurs originales de la feuille de cuivre. brochure G. Ramon brochure