Le Village De Terraube
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Inventaire thématique du patrimoine bâti : Les transformations des agglomérations en Gascogne gersoise à la fin du Moyen Âge LE VILLAGE DE TERRAUBE Vue générale depuis le sud Conservation Départementale du Patrimoine et des Musées Abbaye de Flaran 32310 Valence-sur-Baïse [email protected] SOMMAIRE Introduction 1. Historique a. Seigneurie et communauté b. Quelques données historiques sur le village c. Une place forte d. Les édifices religieux e. Une place marchande 2. Inventaire du patrimoine bâti a. La morphologie générale du village b. L’architecture militaire c. L’architecture civile d. L’architecture religieuse e. L’architecture publique 3. Dynamiques morphologiques a. Avant la fin du XIII e siècle b. La fondation du castelnau et son développement rapide à la fin du XIII e siècle c. L’amélioration de la fortification et la disparition des barris au début du XIV e siècle d. La construction de nouveaux édifices à la fin du Moyen Âge e. Les transformations des Époques moderne et contemporaine Bibliographie et sources Annexes : - 14-13-PL-01 : Le village de Terraube en 1824. - 14-13-PL-02 : Le village de Terraube en 1824, détail. - 14-13-PL-03 : Le village de Terraube en 2010, détail. - 14-13-PL-04 : Les fortifications. - 14-13-PL-05 : Les mutations internes. Inventaire du patrimoine bâti de Terraube – étude thématique – Anaïs Comet, Octobre 2012 – IA00038932. 2 La commune de Terraube se trouve au sud du canton de Lectoure et à seulement huit kilomètres au sud-ouest de cette ville. Le village 1 est implanté au cœur de la commune, au sommet d’une colline dominant les coteaux environnants. Le paysage est vallonné et arrosé par de nombreux ruisseaux et lacs collinaires. L’altitude de la commune varie entre 210 m de part et d’autre du village, vers le nord et le sud, et 90 m en bordure de la rivière Lauze à l’est. Le sol est principalement composé de boulbènes et de terres argilo-calcaires fertiles. L’unique pôle d’habitat groupé de la commune est le village de Terraube. L’habitat est principalement dispersé dans la campagne environnante. Extrait de la carte IGN au 25 000 e. © IGN 2009 –SCAN25® - Licence N°2009/CISO-21-167. 1. HISTORIQUE Quelques rares vestiges gallo-romains ont été découverts sur le territoire communal. Parmi ceux-ci, une villa et une nécropole sont à signaler à environ 1,8 km au sud-est du village 2. Au Moyen Âge, le territoire de l’actuelle commune de Terraube dépendait d’une seigneurie éponyme importante et appartenant à la vicomté de Lomagne. De très nombreuses archives concernant la seigneurie de Terraube et la famille de Galard sont conservées en divers dépôts. Bon nombre de ces documents ont été publiés par Joseph Noulens à la fin du XIX e siècle 3. 1 Voir annexes 14-13-PL-01 : Le village de Terraube en 1824, 14-13-PL-02 : Le village de Terraube en 1824, détail, 14- 13-PL-03 : Le village de Terraube en 2010, détail. 2 LAPART, Jacques et PETIT, Catherine (dir.), Carte archéologique de la Gaule, Le Gers , Académie des Inscriptions et Belles lettres, Ministère de la Culture, Paris, 1993, p. 232. 3 NOULENS, Joseph, Documents historiques sur la maison de Galard , Imprimerie de J. Claye, Paris, 1871. Inventaire du patrimoine bâti de Terraube – étude thématique – Anaïs Comet, Octobre 2012 – IA00038932. 3 a. Seigneurie et communauté La seigneurie de Terraube a appartenu à la famille de Galard du XIII e siècle à la Révolution française. Le château de ce village est encore aujourd’hui habité par des descendants de cette famille. En 1271, le roi de France, Philippe le Hardi, concède la haute, la moyenne et la basse justice dans la seigneurie de Terraube à Géraud, Bertrand et Gaission de Galard 4. Pour la période qui nous intéresse, la famille de Galard est une famille importante en Lomagne. En 1304, une enquête est diligentée par le roi d’Angleterre, Edouard I er , au sujet d’usurpations de droits en Lomagne 5. Dans cette enquête sont notamment mis en cause les seigneurs de Terraube pour plusieurs usurpations de droits dans cette ville. Cet acte est doublement intéressant. Il nous indique qu’au début du XIV e siècle la Lomagne fait partie des possessions du roi d’Angleterre en France. Il nous apprend aussi qu’à cette date les seigneurs de Terraube n’hésitent pas à usurper des droits à leur suzerain pour élargir leur domination. Quelques années plus tard, des litiges les opposent aux seigneurs voisins de Fimarcon et de Doazan au sujet de plusieurs terres limitrophes avec leurs territoires 6. À la fin du Moyen Âge, la seigneurie de Terraube devient une baronnie. Celle-ci est érigée en marquisat en 1683. En 1285, des coutumes sont octroyées aux habitants de Terraube. Le texte original est daté du 25 février 1285. Ce document ainsi que deux copies du XIV e et du XV e siècle sont conservés au château de Terraube. Celui de 1285 a été publié par Célestin Douais à la fin du XIX e siècle 7. Comme souvent, la plupart des articles concernent la justice et les différentes peines encourues en fonction des délits. Quelques items apportent tout de même des informations utiles à notre sujet. Le village est appelé le « casted » et il est question dans quelques articles des « barris ». L’agglomération est donc composée, à cette date, d’un village castral et de faubourgs. Il existe aussi dans ce village un « mazel », une boucherie sur laquelle le seigneur perçoit des droits, et des « forns », des fours qui appartiennent tous au seigneur. Dans ce texte, la communauté apparaît derrière plusieurs termes. Le plus usité est les « habitans » mais elle est aussi nommée la « universitat » et la « comunaltad ». Il semble que quatre personnes représentent la communauté, ils sont appelés les « cosselhs » dans le préambule mais on ne les retrouve pas dans les différents articles édictés. En 1308, les représentants de la communauté sont au nombre de trois et sont appelés consuls : « Petrus de Via Forcada, Bernardus deu Colomer, Raymundus deu Compts, consules de Tarrauba in Leomania 8. » b. Quelques données historiques sur le village Dans l’acte de 1271 cité précédemment, il n’est question que du « loci de Tarraubia » sans autre précision concernant la présence d’un éventuel habitat groupé auprès du château 9. Cependant, cela n’indique pas non plus l’absence d’une agglomération. Le terme « loc » commence en effet à être utilisé en Gascogne pour désigner les villages à partir du XIII e siècle 10 . L’emploi de ce terme se généralise aux XIV e et XV e siècles. Une quinzaine d’années plus tard, en 1285, les coutumes font état d’un véritable village constitué possédant même des faubourgs 11 . Il semble que cette agglomération se soit mise en place avant les années 1270. En effet, il paraît peu probable qu’un village et des faubourgs aient eu le temps de se constituer en l’espace de quinze ans entre 1271 et 1285. Dans un acte de 1308 sur lequel nous reviendrons plus loin, il est question du « castrum et villam de Tarrauba 12 ». Il n’est pas possible de déterminer avec certitude dans ce texte si cette expression renvoie à une agglomération d’un seul tenant ou à une agglomération constituée de deux pôles distincts, si ce n’est topographiquement au moins dans l’esprit des contemporains. 4 NOULENS, Joseph, Documents historiques…, op. cit. , 1871, t. 1, p. 70-71. 5 CUTTINO, George Peddy et TRABUT-CUSSAC, J.-P., Gascon Register A (Series of 1318-1319) , Oxford University Press, Londres, 1975, vol. 1, n° 46, p. 267. 6 DOUAIS, Célestin, « Glanures historiques - Terraube, Galard, Fimarcon », Revue de Gascogne , 1900, p. 369-378. 7 Ibidem . 8 NOULENS, Joseph, Documents historiques…, op. cit. , 1871, t. 1, p. 113-118. 9 NOULENS, Joseph, Documents historiques…, op. cit. , 1871, t. 1, p. 70-71. 10 LOUBES, Gilbert, « Un étrange nom de lieu : le Loc, le lieu au sens de village », BSAG , 1972, p. 263-269. 11 DOUAIS, Célestin, « Glanures historiques … », op. cit. , 1898, p. 427-440. 12 NOULENS, Joseph, Documents historiques…, op. cit. , 1871, t. 1, p. 113-118. Inventaire du patrimoine bâti de Terraube – étude thématique – Anaïs Comet, Octobre 2012 – IA00038932. 4 Dans le second cas, les faubourgs cités en 1285 pourraient avoir été englobés dans l’agglomération et ne plus se différencier en tant qu’espaces extérieurs à un espace clos, le casted , mais comme une extension devenue alors le cœur de l’agglomération. Les livres terriers de l’Époque moderne apportent des informations précieuses quant à la topographie et aux habitants du village 13 . Ceux-ci ont été étudiés par Patrice Ricaud-Taste. Nous nous appuyons donc ici sur les résultats de ses travaux 14 . Dans le terrier de 1599 sont déclarées soixante-et-une maisons dans le village et cinquante-et-une dans la campagne environnante. La proportion entre habitat groupé et habitat dispersé est donc à peu près équivalente. Le terrier de 1732 permet de connaître quels sont les biens de la communauté. Parmi ceux-ci se trouvent la halle, une place, le presbytère, une taverne et une boucherie. Dans le village prend place alors aussi le four banal qui appartient au seigneur et où les habitants doivent aller faire cuire leur pain. Parmi les métiers représentés, hormis ceux liés au travail de la terre, figurent de nombreux artisans. L’artisanat textile semble particulièrement développé. Dans l’enclos du village se regroupe une grande hétérogénéité sociale. Les institutions religieuses et seigneuriales y coexistent. c. Une place forte Un acte essentiel pour connaître le système défensif du village de Terraube est conservé.