GARCHES Actualité

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Chic ou sale ? le fric chez les cathos GARCHES 2011 juillet_Indica 14/09/11 08:58 Page2

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Je me souviens d’avoir lu, petite, « Le schtroumpf financier » (Peyo). Le scénario, tout en finesse, montrait comment l’introduction de la mon- naie dans le village aux champignons désagrégeait peu à peu la belle harmonie des petits hommes bleus ; et comme si cela ne suffisait pas, les villageois en venaient à ne plus respecter l’autorité du Grand Schtroumpf, pourtant incorruptible. Heureusement, une prise de conscience collective permettait de bannir à tout jamais l’horrible pièce d’or de la terre promise.

Le message était clair : l’argent, c’est mal. C’est même un peu sale.

Il faut croire que ce qu’on apprend enfant vous marque à tout jamais, car cette gêne vis-à-vis de l’argent subsiste depuis longtemps. Et à 3 discuter avec ses proches, on s’aperçoit vite que parler de son gagne-pain est un tabou assez répandu, notamment dans la sphère catho (tout le monde a-t-il donc lu les Schtroumpfs ?). Il faut dire, à sa décharge, que l’histoire du chameau et du chas d’aiguille n’est pas faite pour arranger les choses (Mt, 18, 24*). Saupoudrez le tout d’une exaltation du don gratuit et le moindre salarié est rongé de culpabilité pour l’éternité.

Certes, et il ne s’agit pas d’en rire, l’actualité récente montre combien l’excès d’argent peut rendre fou et asservir l’Homme, provoquant des dégâts humains effrayants : licenciement, expulsion, endettement… Le bling-bling a quelque chose d’indécent. Le fric facile est nauséabond. Gagner toujours plus (trop ?), c’est surtout s’assurer d’être le plus riche du cimetière. Et pourtant, l’argent, c’est un bien. Ou plutôt, comme le dit Horace, c’est un excellent serviteur, mais un mauvais maître. Car l’argent est remar- quable pour servir l’essentiel : il permet à l’homme d’être digne, libre et responsable. Il est souvent indispensable pour aider son prochain dans le besoin.

Et puisque Dieu nous le rendra au centuple, notre plus grande richesse serait peut-être de le donner sans compter…

Et ça, c’est chic !

Charlotte de Certeau GARCHES 2011 juillet_Indica 14/09/11 08:58 Page4

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5 Vie de la Paroisse

« Oui, je le veux, avec la grâce de Dieu. »

Jean-Baptiste Perche a été séminariste en insertion à la paroisse de Garches pendant un an en 2008. Le 8 octobre dernier, il a été ordonné diacre en vue du sacerdoce à Notre-Dame du Calvaire, à Châtillon.

L’ordination diaconale précède l’ordination la dernière réponse : « Oui, je le veux, avec la grâce sacerdotale. Que signifie cette étape ? de Dieu. » Le diaconat est le premier degré du sacrement de l’Ordre. C’est en quelque sorte la consécration pri- En juin, vous serez ordonné prêtre. Comment se dé- maire du prêtre. Or le diacre, c’est le ministre de la roule cette dernière année de diacre et séminariste ? charité configuré au Christ serviteur. Cela signifie que Je passe 3 jours au séminaire et 4 en paroisse. Je suis la première mission du prêtre est de servir. Certes, le encore quelques cours, mais qui sont assez axés sur prêtre reçoit une mission et même un certain pouvoir. la dimension pratique et concrète du ministère : les 6 Mais ce mandat, il l’exerce sous la figure du serviteur. enseignements concernent donc en particulier le droit C’est ce que rappelle l’ordination diaconale. canonique, la gestion et le management. En paroisse, j’assume les fonctions habituelles du diacre, mais de Quels engagements prenez-vous manière progressive. Cette année je pourrai célébrer lors de la célébration ? des baptêmes, des funérailles, accompagner des cou- On s’engage à célébrer la liturgie des heures et à ples au mariage et prêcher. Peu à peu, je quitte donc obéir à son évêque. On prend aussi l’engagement la vie du séminaire pour devenir ministre de l’Église fondamental de se donner au célibat. C’est-à-dire et participer à la vie du diocèse. Ma vie prendra sans accepter que Jésus prenne toute la place à l’intérieur, doute, et je l’espère, une épaisseur, une amplitude toute la disponibilité dont il a besoin pour faire de moi plus grande qu’avant : l’accomplissement plus plénier un serviteur, un homme debout et épanoui. Tous ces de ma vocation. engagements, je les prends en sachant que je reçois la grâce de Dieu pour les accomplir, comme le signifie Propos recueillis par Charlotte de Certeau

Journées d’Amitié 2011

Réservez dés à présent votre week-end du 3 et 4 décembre pour participer aux Journées d’Amitié de la paroisse. L’occasion de partager un moment convivial entre garchois et, pourquoi pas, de commencer vos emplettes de Noel. Dès maintenant, il est possible de déposer au presbytère : confitures maison, objets de brocante, jeux, jouets d’occasion (éviter peluches), livres d’occasion, CD, DVD, cassettes VHS, vête- ments en bon état et lots neufs pour la tombola. Les bénévoles sont aussi les bienvenus !

• Samedi 3 décembre, de 10h à 18h • Dimanche 4 décembre, de 11h à 17h • Le lieu : maison paroissiale, 2 bis rue de l’Église 7

S’amariner pour mieux s’aimer : une croisière spi !

Le 27 août à Lorient, nous étions vingt jeunes et trois prêtres à appareiller pour une semaine de navigation au large des côtes bretonnes. A l’initiative de deux paroissiens, Charlotte Lecomte et Guillaume Bourdel, ce concept novateur fit clairement mouche, pour au moins trois raisons. D’abord parce qu’au large, la mer enchante. Elle berce, elle émerveille, invite au recueillement, sus- cite le chant comme le dialogue. Ensuite, parce que l’ambiance fut au beau fixe. L’ouverture de chacun fut propice à l’échange, et les efforts de tous firent oublier la promiscuité que d’aucuns pouvaient redouter. Enfin, parce que dans ce cadre, le Christ était là, au milieu de nous. Chaque jour, la messe nous rassemblait, souvent sur des lieux d’exception : une plage insulaire au soleil couchant, le roof d’un bateau au soleil levant… Et chaque jour, nous avons réfléchi au thème de notre croisière : « La Foi doit s’incarner dans l’Amour ». De l’amour du prochain à l’amour du Seigneur, de l’amitié fraternelle à l’amour conjugal, l’amour est excessif et gratuit, ont souligné nos Pères. Et, au fond, bien plus exigeant que naïf. Comme lorsqu’il faut plonger dans une eau à 17°C… mais quand on y est, qu’est-ce qu’on est bien ! Une expérience fondatrice pour choisir le bon cap. Si celui-ci est en Christ, a semblé nous dire cette croisière, et que nous le tenons chaque jour, alors, nous deviendrons aussi scintillants et profonds que cet océan fascinant. Quelles que soient les tempêtes. Hardis les gars !

Sébastien Trannoy 110 Garchois aux JMJ : « Està es la juventud del papa ! »

8 Marie-Capucine, 21 ans coordinatrice du groupe

Pour ces Journées « J’ai eu la chance de vivre une expérience à la fois collective (par l’organisation des JMJ durant l’année) Mondiales de la Jeunesse et personnelle au cours de ces 10 jours en Espagne. Ce (JMJ), les jeunes de Garches qui m’a frappé pendant ces JMJ, ce sont les rencontres que j’ai pu faire avec d’autres jeunes et les discussions ont répondu présent : que j’ai pu avoir sur différents sujets spirituels (la ce ne sont pas moins de confession entre autre), ce qui n’est guère fréquent quand vous les croisez dans la rue ou en soirée !!! De deux cars qui ont sillonné même, les homélies et prêches des différents prêtres l’Espagne pour aller au cours des messes, bien joyeuses, m’ont particuliè- rement touchée vu qu’elles nous étaient directement à la rencontre du Pape. destinées, à nous les jeunes. En images et en paroles, Enfin, je ne cacherai pas ma joie et mon émotion face à tous ces jeunes du groupe que je retrouve à diverses voici un échantillon de occasions depuis le retour des JMJ : ces sourires aux ce qu’ils ont vécu là-bas. lèvres, qui n’ont cessés d’être pendant tous ces JMJ, perdurent. Heureux sommes-nous d’avoir à nos côtés des amis ou nouveaux amis unis dans la prière et af- fermis dans la foi ! »

110 Garchois aux JMJ : « Està es la juventud del papa ! »

Roxane, 20 ans Père Paul Wiedemann-Goiran 9 jeune garchoise vicaire

« À l’aérodrome de Cuatro-Vien- « Tant de prénoms à retenir ! Tant tos, près de 2 millions de person- de visages à reconnaître ! » Voilà nes étaient réunies. C’est là que quelles étaient les pensées qui j’ai vraiment pris conscience de m’habitaient alors que nous par- l’immensité de la foule présente, tions du diocèse pour rejoindre venue se réunir ici autour d’une l’Espagne et que le groupe se for- même foi à l’invitation du pape. Au mait lentement. J’ai gardé dans milieu de cette grande assemblée, le cœur deux souvenirs bien pré- la présence de Jésus est presque cis de joie partagée. Le premier, palpable, surtout lorsque le silen- c’était après la messe du 15 Aout ce se fait pour écouter Sa parole dans l’arène de Taragonne. Nous ou pour L’adorer. Devant le grand venions de célébrer l’eucharistie succès de ces JMJ, on ne peut et j’ai vu nos jeunes continuer à qu’affirmer que l’Église est encore chanter et à danser ensemble. Ils bien vivante, jeune et dynamique laissaient libre cours à leur en- et qu’elle sait toujours trouver les train, heureux d’être rassemblés « Je viens ici pour rencontrer mots justes pour nous parler. » autour du Christ. des milliers de jeunes du monde Le second souvenir marquant, entier, intéressés par le Christ ou c’est d’avoir chanté dans le métro en recherche de la vérité qui donne le dernier soir à Madrid. La joie qui un sens authentique à leur exis- nous habitait avait alors débordé tence. Je viens comme Successeur du cadre liturgique et envahissait de Pierre pour les confirmer tous à présent les transports en com- dans leur foi, en vivant quelques muns. Alors ? Beaucoup de pré- jours d’intense activité pastorale noms à retenir ? Non, beaucoup pour annoncer que Jésus-Christ d’amitiés qui se sont nouées, parce est le Chemin, la Vérité et la Vie. » qu’ensemble nous avons célébré le Christ ! » Benoit XVI Portrait d’un garchois

« Chanter c’est prier deux fois » 10

À quoi servirait à la paroisse Saint Louis Vous avez 30 ans. Depuis septembre 2010, 1 vous tenez l’orgue de la paroisse à Garches. de Garches l’orgue de qualité dont Quel est votre rôle liturgique ? son église est dotée, si sa communauté PD : Je suis à la tribune non pas pour faire ma musique mais pour accompagner la prière. Il m’arrive d’impro- ne bénéficiait pas des services d’un viser et de jouer des œuvres du répertoire pendant organiste comme Patrick Dergham ? les moments consacrés à la musique uniquement. Je dois parfois me rappeler pourquoi je suis au clavier : Chaque dimanche, c’est bien lui que ce n’est pas pour faire valoir mon talent personnel vous entendez à l’orgue ou même au ou les possibilités de l’instrument ; c’est pour être au service de la communauté rassemblée pour célébrer piano. Souvent juché sur sa tribune, l’eucharistie. Je dois l’aider à chanter. Ne dit-on pas il a accepté d’en descendre pour répondre que celui qui chante prie deux fois ?

à nos questions. Rencontre. Où et comment avez-vous appris votre rôle d’organiste ? C’est tout un parcours. À 14 ans, dans ma ville de Beyrouth, chez les frères Lassalliens où j’étudiais, j’ai été invité par un Frère à suivre la restauration de l’orgue. J’ai ensuite tenu cet orgue pour accompagner la chorale des élèves et les douze messes hebdoma- daires pour toutes les classes. C’est à ce moment que j’ai découvert ma vocation d’organiste. J’ai continué à jouer de l’orgue pour la chorale des étudiants de l’université, où j’ai poursuivi des études de musico- logie. J’ai perfectionné ma formation d’instrumen- tiste interprète en France auprès de Pierre Farago, au conservatoire de Boulogne-Billancourt. Mais c’est en « Être au service de la communauté rassemblée pour célébrer l’eucharistie. »

11 accompagnant les messes pendant des années, que une petite goutte qui apporte sa petite contribution j’ai appris à entrer dans l’esprit que requiert le ser- pour un monde meilleur. vice liturgique. C’est un genre d’auto-formation, sans cours théoriques ni conseils de professeur. En France depuis 2003, quels liens conservez-vous avec le Liban. Avez-vous une autre activité professionnelle ? Je retourne deux ou trois fois par an au Liban où j’ai Je suis professeur d’éducation musicale. J’entame toute ma famille, sauf mon épouse. Bien qu’appré- ma deuxième année au collège Saint-Jean-Hulst à ciant la musique savante occidentale à commencer Versailles, suite à l’obtention du concours CAFEP par Bach et les classiques européens, le grégorien pour les professeurs du second degré dans les établis- également, je garde la nostalgie des musiques de la sements privés. liturgie maronite3. Celles-ci remontent au IVe siècle avec St Ephrem le Syrien et sont sur des modes non Quelle formation chrétienne avez-vous ? tempérés, avec des quarts de tons... J’aimerais bien Au Liban, la participation à la messe en famille est sa- faire connaître et dialoguer les musiques liturgiques crée. Jusqu’à 16 ans, j’ai participé aussi à l’aumônerie. du monde entier. Depuis ce temps, ma participation aux célébrations s’effectue à l’orgue. Actuellement, ce sont quatre Propos recueillis par Jean-Marc Chanel messes par week-end !

Qu’est-ce que ça change pour vous d’être chrétien ? Beaucoup. Pour moi, je suis sensible au caractère sa- cré des rassemblements pour les célébrations domi- 1. Orgue Louis Debierre, Nantes (1ère Moitié nicales ou autres. Pour moi, la présence du Christ est du XXe. Siècle) à transmission mécanique d’abord là. L’important n’est pas de prier uniquement, avec 2 claviers, un pédalier, 21 jeux mais aussi d’agir. J’essaie de mettre en pratique l’es- 2. Khalil Gilbran (1883-1931) poète libanais sentiel du message évangélique que je cueille dans les célèbre pour son recueil textes sacrés ou dans d’autres textes inspirés comme 3. En langue syriaque, sauf le Kyrie qui est en ceux de Khalil Gilbran2. Dans ma vie, j’essaie d’être grec comme chez nous. Dossier

L’argent n’est pas en odeur de sainteté chez les cathos. Fausse pudeur ou vraie gêne, c’est un des derniers tabous des fidèles paroissiens. Et pourtant, la monnaie n’est pas frappée de vilé- nie. Au contraire, selon l’usage qu’on en fait, 12 elle permet d’assurer la liberté, la dignité et la responsabilité. De la doctrine sociale de l’Église au besoin de dépouillement que chacun peut ressentir, sans oublier une évoca- tion du bénévolat, Garches Actualité vous propose sans complexe, de parler d’argent. Dossier / Le fric chez les cathos

Les cathos et l’argent, un malentendu ?

J’ai beaucoup de mal à supporter l’exal- bien commun, l’argent est donc un moyen offert aux tation de la pauvreté, érigée au rang de grand dame ! hommes. Je plaide alors pour un rapport décomplexé Elle est souvent le fait de ceux qui ne connaissent pas à l’argent. Il n’est pas l’abomination de la désolation. la pauvreté et vivent dans l’aisance. Pour ceux-là, la Il n’est pas honteux : nul besoin de le cacher. Le bon 13 pauvreté est du dernier chic. Ultime cynisme que ce catho n’a pas à faire pauvre à tout prix. Qu’il fasse bon snobisme ! Croyez bien que ceux qui, au quotidien, usage de ses biens : il peut en jouir, mais il doit aussi doivent supporter les méfaits de la pauvreté n’ont faire preuve de générosité en le redistribuant selon ce qu’une idée en tête : sortir la tête de l’eau, mettre du que sa conscience lui dictera. beurre dans les épinards, arrondir les fins de mois… autant de litotes métaphoriques qui disent bien que Mais, je suis lucide : quel malheur que l’argent soit trop la pauvreté est un mal innommable. Contre ce mal, souvent considéré comme une finalité par les plus il faut se battre ! cupides d’entre nous ! D’aucuns passent leur vie à amasser, n’hésitant pas pour cela à envier, à voler, À la suite du Christ, ceux qui confessent sa seigneurie voire à asservir leurs proies. À celui qui en a beaucoup, sont appelés à être des apôtres de la charité, laquelle l’argent peut encore donner le sentiment, infondé, doit toujours être attentive et inventive. Nous som- d’être autonome, de ne dépendre de personne. Alors, mes tous responsables les uns des autres. L’Église l’argent isole, enlaidit et finalement déshumanise. est une famille, elle prend soin de ses membres souf- frants. L’Église est une famille hospitalière, elle voit Il est enfin, un domaine où l’argent n’a pas cours : en tout homme un frère. Ce frère, il ne s’agit pas tant la grâce de Dieu. La grâce est gratis. Et du coup, de l’aider que de l’aimer. La lutte contre la pauvreté nous regimbons, peu familiers que nous sommes de ne doit pas prendre l’aspect d’un remède appliqué sur la gratuité ! Nous sommes tous stakhanovistes en un organe malade. Elle doit prendre en compte la per- diable : nous voudrions acheter même notre ciel. sonne pauvre dans sa globalité. La foi donne la grâce Il nous est plus facile de croire au salut par les œuvres de voir en tout homme le reflet du visage du Christ : (nos œuvres) qu’au salut par la foi ! Or, il en va de la Christ parfois aux outrages, mais Christ victorieux. grâce de Dieu comme de l’amour : il ne s’achète pas, il ne se mérite pas. Il se reçoit ! Quand bien même nous « L’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue ». voudrions l’acheter, nous n’en aurions pas les moyens. Il s’agit d’une maxime populaire et non pas d’un ver- Voilà peut-être la seule pauvreté que l’on puisse set biblique, certes. Et pourtant, cette sentence me désirer. Cette pauvreté-là est plus qu’une vertu, elle paraît recéler plus de vérité qu’il n’y paraît. L’argent est notre unique espoir. «Pauvres qui cherchez Dieu, est à rechercher pour ce qu’il procure : il favorise les vous trouverez la vie. » échanges, il assure une qualité de vie digne, il offre une reconnaissance du travail accompli. Au service du Père Bertrand Auville Dossier / Le fric chez les cathos

Hors l’Église, point de salut… pour le capitalisme !

L’Église n’a rien d’une multinationale et n’est pas cotée en bourse. Pourtant, elle a son mot à dire en matière d’économie, ne serait-ce que parce qu’au centre de tous ces échanges financiers, il y a l’Homme. C’est pourquoi Jean-Paul II et Benoît XVI n’ont cessé de réfléchir sur le monde du travail, élaborant la doctrine sociale de l’Église dont nous vous présentons ici quelques points.

Notre affirmation, aussi péremptoire que ponsabilité de la personne humaine. L’homme a été provocante, semblera inappropriée. Le Christ n’est créé libre, à l’image de Dieu. Loin d’être un simple pas venu pour les systèmes économiques, mais exécutant, dépourvu de toute initiative, il est appe- pour ses frères en humanité, qu’il a aimés « jusqu’à lé à devenir un collaborateur créatif dans sa tâche l’extrême ». D’aucuns se demanderont aussi ce que de faire progresser son pays et l’humanité entière. 14 vient faire l’Église dans les réalités économiques. Comment, dès lors, l’Église pourrait-elle rejeter À cette dernière objection, je n’hésiterai pas à ré- en bloc le système capitaliste ? L’Église n’est pas pondre que l’Église est « experte en humanité ». hypocrite ! Elle fuit ce que certains veulent voir en Toutes situations humaines dans lesquelles l’homme elle : un misérabilisme bon teint ou une machine se trouve impliqué l’intéressent. C’est pourquoi à complexer les chrétiens vis-à-vis de l’argent. l’Église s’intéresse aussi à l’économie. Il faut bien En vérité, elle encourage la liberté économique, comprendre que notre appel à suivre le Christ ne elle déclare que le profit est légitime et « dans une concerne pas seulement la vie de prière ! Être disci- juste mesure nécessaire au développement écono- ple du Christ, c’est suivre la voie d’un « humanisme mique », elle accueille favorablement « l’expansion intégral » comme le dit Benoît XVI. Notre vocation de la richesse, visible à travers la disponibilité de de chrétien dans le monde concerne aussi la façon biens et de services » (Jean-Paul II, Sollicitudo rei dont nous allons nous comporter dans le domaine socialis, 1987). Le système capitaliste peut-il, dès socio-économique. De quelle manière créons-nous lors, être proposé comme modèle ? « Si sous le nom de la richesse ? Comment utilisons-nous l’argent ? de “capitalisme” on désigne un système économi- De quelle façon exploitons-nous la force des autres ? que qui reconnaît le rôle fondamental et positif de C’est pourquoi l’Église s’est efforcée de proposer des l’entreprise, du marché, de la propriété privée et « structures justes », « condition indispensable pour de la responsabilité qu’elle implique […], de la libre une société juste » (Benoît XVI, Caritas in veritate, créativité humaine dans le secteur économique, 2009). Toutes ces réflexions ont été réunies dans la réponse est sûrement positive » (Jean-Paul II, un corpus qui recueille de nombreux textes et qu’on Centesimus annus, 1991). appelle désormais la « doctrine sociale de l’Église. » Primauté de l’homme Liberté et responsabilité Cela étant, l’Église n’est pas une multinationale qui Venons-en maintenant à la question du capitalisme vouerait un culte au Capital. Son existence ne dé- proprement dite. Tordons d’emblée le cou à une pend pas d’un modèle économique mais de Dieu, le idée reçue : l’Église condamnerait le capitalisme. Dieu au visage humain de Jésus Christ. Elle est libre Soyons clairs : la doctrine sociale de l’Église tourne de rappeler au modèle économique, quel qu’il soit, le dos aux simplismes politiciens ou aux impréca- la primauté de l’humain. Aussi pousse-t-elle le capi- tions idéologiques. Elle ne diabolise nullement le talisme à évoluer, à ne pas se regarder dans la glace. capitalisme. Elle ne peut le faire. Le christianisme Ce faisant, on peut dire que, d’une certaine façon, est la religion qui exalte le plus la liberté et la res- elle contribue à le « sauver », du moins à l’huma- Entretien avec Bertrand Macabéo Membre des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC) de Garches et Vaucresson

Quelle est la mission des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens ? Le mouvement des Entrepreneurs et Diri- geants Chrétiens propose à ses 2000 mem- bres des moyens pour reconnaitre la présen- ce du Christ et l’action de l’Esprit Saint dans la vie des acteurs de l’entreprise et dans leurs « L’Église rappelle relations. au modèle économique, Soyons clair : ce cheminement nous transfor- me. Nous cherchons en équipe et en mouve- quel qu’il soit, ment comment répondre à l’appel de l’Évan- gile dans l’exercice de nos responsabilités ; 15 la primauté de l’humain » les réunions mensuelles d’équipe – 200 en France dont 1 à Garches, 1 à Vaucresson et 3 à Saint-Cloud – permettent à nos membres de niser. Contre un capitalisme spéculatif, elle affirme rompre la « solitude du dirigeant » en parta- que c’est la personne qui est au-dessus du profit, geant en toute confidentialité les problèmes et non l’inverse. Contre un capitalisme totalitaire, sociaux, de pérennité d’entreprise… auxquels elle rappelle que tous les hommes ont le droit de ils sont confrontés notamment en période participer à la vie économique et de ne pas se voir de crise. Ces réunions sont animées par un réduits à de purs moyens : l’économie est un outil Président d’Équipe et un conseiller spirituel pour l’homme mais l’homme n’est pas un outil pour – Bertrand Auville à Vaucresson – qui joue un l’économie. Contre un capitalisme sauvage, elle rôle fantastique, dans la vérité des débats réaffirme l’exigence d’une diffusion équitable des sous le regard des Écritures. biens produits, faute de quoi il engendre et main- tient la pauvreté. Contre un capitalisme absolu, elle Les chefs d’entreprise sont-ils entend clamer haut et fort que l’économie n’est pas tous des voyous ? une activité humaine séparée de toutes les autres : La France compte plus de 4 millions d’entrepri- elle ne doit pas être « sans foi ni loi », mais consen- ses actives. Plus de 99,9% des entrepreneurs tir à s’articuler à une éthique qui préserve l’homme sont des hommes et des femmes courageux, de l’idolâtrie de l’argent. Pour l’Église, gagner beau- honnêtes, prêts à d’énormes sacrifices fami- coup d’argent n’est pas un problème en soi, dès liaux (travail tard le soir et le week-end, reve- lors qu’on en fait gagner aux autres dans un esprit nus aléatoires)… et pleinement conscients de de justice. leurs responsabilités vis-à-vis de leurs colla- Un « capitaliste éclairé », Gérard Mulliez, le fonda- borateurs et partenaires. teur du groupe Auchan a eu l’audace de dire: « Que Si la presse se fait trop souvent l’écho de nous le voulions ou non, l’homme est au centre de quelques dérives inacceptables, sachons tout ! […] C’est lui qui sauvera les entreprises, pas garder notre immense reconnaissance à ceux l’inverse ! Il est le premier capital à sauvegarder et qui assurent des emplois et font avancer à valoriser ». l’économie de notre Pays.

Jean-Baptiste Wephre Propos recueillis par Jean-Baptiste Wephre Dossier / Le fric chez les cathos

Louis et Vianney partagent leur expérience

Les bienfaits du dépouillement

Lorsque l’abondance nous surcharge, un retour aux sources s’im- pose. Le dénuement appelle le chrétien, et le chrétien s’y retrouve. Pour mieux revenir dans le monde, et redonner à l’argent la modes- te place qui doit être la sienne. Chrétiens ancrés dans notre agglo- mération parisienne, Louis et Vianney témoignent. Interview.

Louis, tu as participé dernièrement à un goum. la marche sont des moyens pour répondre aux 16 De quoi s’agit-il ? questions qu’ils se posent et qu’ils ne peuvent Un goum, c’est une retraite au désert. Un groupe se poser en des circonstances ordinaires. Et moi, d’une vingtaine de personnes, une semaine de mar- le 5e jour, quand je les vois, je comprends che, et une vie de communauté, dans l’esprit de qu’ils ont eu raison de venir! » As-tu connu dépouillement et de pauvreté. Les journées s’organi- ce «5e jour», ce moment clé du Goum ? sent de la façon suivante : on se lève avec le soleil. Oui, je vois tout à fait de quoi Michel Menu veut Après un enseignement et un temps de méditation parler, pour l’avoir vécu ! De façon très personnelle, personnelle, vient l’heure de la Messe. Puis c’est parti le 5e jour, c’est celui où, à force de jeûne et de mar- pour une bonne demi-journée de marche. Seul ou che, tu commences à te sentir faible et tu es contraint accompagné, en silence ou pas, on est libre. Les pre- de fonctionner en ‘mode dégradé’. C’est le jour où tu miers arrivés préparent le bivouac. Puis dîner, veillée, recentres ton énergie sur l’essentiel. C’est le jour où avant de s’enfoncer dans son duvet, sous les étoiles... tu as besoin du Seigneur pour continuer à marcher. Voyez-vous ce qu’est un tour-opérateur ? Eh bien là, C’est le jour où tu ne peux plus faire ‘tout seul’, tu as nous sommes complètement à l’opposé. besoin des autres. C’est le jour où tu quittes le monde des apparences, tu deviens un peu plus toi-même, vis- Qu’es-tu allé y chercher ? à-vis des autres goumiers, de toi-même et de Dieu. Du dépaysement ! Et c’est radical. Dès la première C’est à ce moment-là que tu es réellement disponible heure, la routine est déjà loin. Les paysages déserti- pour des rencontres en vérité. ques (les Causses sont un des lieux de prédilection des goums) et la rencontre de nouvelles personnes Enfin, à ton retour, ton rapport à la carte bleue y sont pour beaucoup. Mais je crois que quitter les a-t-il changé ? Le désert fait-il prendre conscience téléphones portables, montres, vêtements du quo- d’un certain superflu dans nos vies ? tidien pour revêtir une djellaba, tout ceci rend plus Un goum, c’est du feu. On se rend compte que l’on libre. Le dépouillement au service de « redevenir s’accroche à beaucoup de choses de peu d’importan- soi-même. » ce, comme on peut s’accrocher à des ronces. L’homme de la société de consommation est en quel- Michel Menu, le fondateur des Goums, confiait : que sorte un homme crispé autour de ses richesses, « Mes souvenirs de raids sont ceux du 5e jour... des ses avantages individuels, de ce qu’il veut paraî- Les jeunes ont marché et sont fatigués. tre. Capable pour tout cela de s’empêcher de dormir Le 4e jour, ils commencent à comprendre. Puis en paix ! Au-delà de la caricature facile, notre rap- le 5e, ils comprennent que le silence, la pauvreté, port au matériel, très présent dans nos vies urbaines et modernes est alors complètement décrypté. La Qu’est-ce qui me fait bouger ? Où suis-je appelé ? Où relation à ma chère petite carte bleue ? Bien sûr, elle mon action sera-t-elle la plus féconde ? Oser devenir 17 change ! Mais bien vite, au bout de quelques mois, on soi-même, voilà l’enjeu. retombe dans le piège... C’est alors qu’il faut avoir le courage de repartir ! Pourquoi le désert ? Pour l’immensité. Waouh ! Il n’y a quasiment rien « On se rend compte qu’on et pourtant il y a tout, on y trouve l’essentiel, on se recentre. Ce n’est pas immédiat, c’est progressif, la s’accroche à beaucoup de lenteur est nécessaire. On peut faire le vide dans sa chambre à Garches certes et avoir un bon équilibre choses de peu d’importance » naturel. On peut marcher en montagne, dans la cam- pagne, dans un parc, se retirer dans un monastère. Également parti au désert, Vianney abonde en ce Pourtant, le désert est aride, il décape le superflu, sens : le désert nous transforme. c’est physique. Rien ne nous entoure et pourtant on Pourquoi partir ? Il y a deux ans, pendant une semaine ressent une présence, comme un face à face. Derrière en Ecosse, j’ai goûté aux vertus de la marche. Récem- la simplicité, on ressent une densité. ment marqué par les récits d’aventure d’Alexandre et Ce qui d’ordinaire nous paraît acquis, abondant, Sonia Poussin, je rêvais de les rencontrer. Ils ont tra- normal devient de l’ordre du vital. L’attention au versé l’Afrique à pied durant 3 ans, et co-écrit Africa quotidien augmente, les gestes s’affinent et perdent Trek ainsi que Marche avant. L’occasion s’est finale- leur automaticité. Transformer l’ordinaire en extra- ment présentée : une semaine de désert avec eux ! ordinaire, c’est un challenge du quotidien. On écoute “Vas-y fonce ! Troque ta cravate de stagiaire et ton le silence. On développe notre capacité d’émerveille- ordinateur contre des chaussures de marche et un ment. On est seul face à soi-même, pas d’influence horizon dégagé !“ me suis-je dis. extérieure, on est là en vérité. Le désert est un peu En fait, j’avais vraiment le désir de vivre ces quelques comme le miroir de l’âme, il reste un luxe. jours de retrait. Le thème Ose ta vie était moteur. Fai- Le thé au coin du feu le soir est un moment délicieux ! re une pause pour sonder ses priorités et se remettre S’allonger dans le sable sous les étoiles est grandiose, en marche, aller de l’avant, c’était l’objectif. C’est com- la simplicité n’a pas de prix. Le désert est une école me une étape, on peut parfois ressentir le besoin d’un de l’essentiel, il propose une ascèse du cœur. Il nous ailleurs pour mieux revenir, mieux s’ancrer dans le remet en marche pour vivre dans la joie ! présent et se rendre disponible aux autres, quelle que soit notre situation. Quelle est ma dynamique de vie ? Propos recueillis par Sébastien Trannoy Dossier / Le fric chez les cathos

Le bénévolat, un bonus pour la société ?

Traditionnellement opposé à l’argent, le modèle de la gratuité nous paraît plus vertueux que celui du tout-pécunier. Et pourtant, derrière l’apparent don gratuit se cache parfois des motivations peu avouables. Quant à l’argent, il permet parfois d’harmoniser les rapports entre hommes et d’assurer un bon niveau de compétences. Regards croisés d’un animal associatif, Olivier de Kervenoael, et d’un ancien dirigeant, Denis Leclabart.

18 À bien y réfléchir, la gratuité devrait être est parfois important, concède Olivier de Kervenoael. le Credo des chrétiens. Après tout, le Salut nous a été Les activités du trésorier peuvent être lourdes: faire les donné gratuitement, sans qu’on ait rien eu à faire. comptes, établir les budgets, voir les banques et cher- D’ailleurs, même la vie nous a été donnée, sans avoir cher des dons en permanence : c’est lancinant. Pour à payer une addition quelque part. Nous sommes la Roumanie, c’était un véritable travail qui nécessitait vivants, debout et libres, sans contrepartie. des compétences, mais nous aurions été incapables Alors pourquoi ne pas donner de son temps, sans de payer un véritable comptable pour l’effectuer. » argent en retour ? Le bénévolat et l’humanitaire sé- duisent depuis longtemps. Autrefois surtout prati- Compétences et appétences qués par les congrégations religieuses, ils sont deve- Fort de ce constat, nous serions tentés de clamer nus presque un atout pour un Curriculum Vitae bien haut et fort qu’hors du bénévolat point de salut, et calibré. Et c’est tant mieux. Le Secours catholique que l’entreprise devrait elle-aussi laisser un peu de ne pourrait survivre sans ses 63 000 bénévoles. Et place au gratuit. Mais cela n’est pas si simple. Si dans pourtant, leur travail est considérable. Les associa- la plupart des cas le bénévolat permet de faire vivre tions de bénévoles prennent souvent le relais là où une association, la situation peut parfois devenir em- les pouvoirs publics ne peuvent plus grand-chose : barrassante voire conflictuelle, car ne pas embaucher social, exclusion, éducation… Olivier de Kervenaoel, un salarié, c’est parfois se passer des compétences cheveux grisonnants et yeux clairs, s’est engagé dans requises et menacer de couler l’association en ques- le bénévolat depuis sa retraite, prise il y a quinze ans : tion : « Je pense qu’il y a deux positions, explique « Je me suis investi dans de nombreuses activités Denis Leclabart, dirigeant d’entreprise. D’un côté, il y bénévoles : j’ai été trésorier d’un groupe de réflexion a le bénévole, et de l’autre il y a la personne qui fait sur le chômage et l’accompagnement des chômeurs, appel au bénévolat. Le bénévole n’a pas de problème : je me suis occupé de la gestion d’une association hu- il a choisi d’être là, il a ses propres motifs de satis- manitaire en Roumanie, et aujourd’hui, dans un re- faction. C’est une forme, en quelque sorte, de rému- gistre moins intellectuel et plus ancré dans l’humain, nération. Le bénévole tire un profit personnel de son je fais des maraudes auprès des sans-logis. » Autant activité qui est la satisfaction d’un besoin d’aider les d’activités qui sont des services rendus à la société. autres, ou, parfois, de reconnaissance. En revanche, Le bénévolat est le seul moyen pour ces associations celui qui fait appel au bénévolat n’y a peut-être pas d’exister, car elles n’ont pas les moyens de payer les toujours intérêt. Il ne disposera en effet peut-être pas services d’un salarié : « Le volume de travail exigé de toute la compétence nécessaire. » « Vous avez reçu « Tout travail gratuitement, mérite salaire » donnez gratuitement »

Denis Leclabart, 64 ans Olivier de Kervenoael, 80 ans

Ancien Président Directeur Général 1954 : diplômé de l’École Centrale (PDG) d’une entreprise familiale, (Ingénieur), puis officier de marine George, à la retraite depuis 2010 (réserve)

Membre des Entrepreneurs 1993 : retraite, premières activités et dirigeants chrétiens (EDC) de bénévoles, notamment pour la Roumanie Nombreux investissements bénévoles, notamment dans Loisirs 2009 : début des activités pour et Culture des Jeunes. les personnes sans-abri au sein Chef de groupe des scouts de France du Secours Catholique pendant six ans.

19 Deux problèmes peuvent donc se poser avec le re- offertes gracieusement aux plus nécessiteux. C’est cours aux bénévoles : une question de compétence par exemple une tradition dans les cabinets d’avocats (comment vérifier s’il est habilité à ce poste ?) mais américains. Voilà qui paraît noble et bon. Et pourtant, aussi une question d’autorité : « Les règlementations là encore, la question peut se poser car en réalité, on sont aujourd’hui de plus en plus complexes, poursuit s’aperçoit assez vite que cet apparent don gratuit est Denis Leclabart. Aussi la personne faisant appel au en fait la meilleure campagne de publicité que ces so- bénévolat doit avoir conscience de ce qu’elle est en ciétés aient trouvée pour dorer leur image marketing. droit d’attendre d’un salarié et d’un bénévole. Il est pour moi plus facile d’exiger des horaires de la part Les deux modèles s’apportent et se complètent mu- d’un salarié que d’un bénévole. Le salarié ne sera tuellement : payer un employé, c’est s’assurer une peut-être pas là dans le but de l’association mais à un certaine compétence et efficacité. Compter sur des poste où ses compétences seront essentielles. » Si une bénévoles, c’est avoir plus de mains d’œuvre pour association, une entreprise ou une institution a pour rendre service aux autres. Être salarié, c’est savoir but d’être efficace et utile, elle ne peut pas perdre que son travail est reconnu et apprécié. Etre béné- toute son énergie à gérer ses membres. « L’enfer est vole, c’est avoir le doux plaisir d’être utile à d’autres pavé de bonnes intentions » et renoncer à la rému- et de faire partie d’un mouvement : « Quand on est nération, c’est parfois renoncer à une harmonisation retraité, et que l’on dispose donc et de temps et d’un des rapports et à la reconnaissance du travail fourni, revenu, je trouve qu’il est bon de s’engager auprès entraînant affects, frustrations et crises de légitimité. des autres, confie Olivier. Je pense aussi que l’on sent en soi un certain appel, un appel à se lever de sa chai- se. Certains aiment le bridge ou le golf, il est souvent La valeur morale plus intéressant d’aller vers les autres. » ne vient pas des mécanismes « Dans tout acte, il y a du bon et du mauvais, et il faut peser chacun des deux et prendre la moins mauvaise mais du moteur des solutions » conclut Denis Leclabart. En effet, aucun modèle n’est ni mauvais ni vertueux en soi. La valeur morale ne vient pas des mécanismes mais Quant à la gratuité dans l’entreprise, elle existe déjà. du moteur. En effet, de nombreuses boîtes pratiquent de plus en plus le « pro bono », comprenez des heures de travail Charlotte de Certeau et Rémi Guillou Actu cinéma

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Habemus Papam : Ail-ail-ail !

Comme tout film italien qui se respecte, complet en organisant une compétition de volley- Habemus Papam charme au premier chef. Oh, mais ball, et mène un pape fraîchement désigné sur la qu’ils savent se montrer légers et pleins de poésie voie de la vérité personnelle. Eh oui, l’Église est ces Italiens ! Ma ! Commé-céagréaaable-cé-péti-gou- quand même un peu larguée par rapport au monde dépeeesto ! Hélas, il n’est pas la peine d’être un d’aujourd’hui (le personnage du pape le dit lui-mê- expert en cuisine ni de parler italien pour com- me à un moment). La vie, la vraie, se trouve ailleurs, prendre que le propos de ce film remarquablement vous comprenez. C’est ce que semble exprimer une interprété et somme toute assez distrayant est de des très belles chansons du film, admirablement in- renverser un plat de pâtes sur la tête de l’Église : terprétée par la grande chanteuse Mercedes Sosa : comprenez son Saint Père. En témoignent dans la « Todo cambia » (tout change). Certes, Tout change, salle les rires épileptico-sardoniques devant les messieurs les Pépone d’aujourd‘hui. Mais l’Amour, lui, cardinalices et touchantes maladresses, habilement ne passera jamais. Et il se trouve incidemment que mises en scène. Une fois ouvertes les portes du c’est par l’Eglise qu’il a choisi de passer, avec toutes Vatican (oh que c’est beau), la charge commence, ses pauvretés. Les moqueries faussement attendries mezzo voce bien sûr. Tenez-vous bien : un psychanalys- du camarade Moretti n’y pourront rien changer. te, plein de cette légère distance qui passe aujourd’hui pour de l’intelligence, déniaise un conclave au grand Bertrand Leblanc-Barbedienne Humeurs Passagères

Montagnes, pommes et découvertes

Ai-je jamais déplacé des montagnes ? restez… La moindre de nos postures vis à vis de la vie Des montagnes de linge sale peut-être... Et encore ! elle-même, de notre vie, cela définit précisément notre Au comptoir du teinturier ou chez ma tendre maman. relation au Christ incandescent. La Passion de Jésus, Mais de vraies montagnes? Non, ça, jamais ! Et pour- cela compose un catalogue vénérable de toutes nos tant. Dussé-je vous surprendre, je m’en sens profon- bassesses quotidiennes, de tous nos manquements dément capable, par la foi. Comme ces choses sont consentis, transfigurés par l‘amour. Désespère-t’on de difficiles à évoquer lorsqu’on ne sait pas où les autres la vie ? Nous désespérons de Dieu. La moque-t-on ? en sont exactement. Subsiste toujours le risque de Nous moquons Dieu. Lui sommes-nous infidèles en manquer de délicatesse, de paraître plus avancé sur renonçant plus ou moins complaisamment à ce qui un chemin, qui, quoi qu’on puisse prétendre, demeure fait notre liberté ? Nous abjurons Dieu. Et pourtant, une nuit noire pour nous tous. J’écris ces lignes quel- comme cette vie semble naturellement prompte à ques heures à peine après avoir reçu le sacrement de seconder le plus minuscule élan de tendresse ou de réconciliation. Je me suis confessé si vous préférez. Et noblesse en nous. Mais pour des raisons qui nous dé- lorsque vous sortez de notre bonne église (oui, vous passent infiniment, Adam a croqué dans une Granny savez, le grand édifice sur la place où vous faites votre Smith juste après la date limite de sommation. Et marché), et que vous êtes nimbé du pardon de Dieu, depuis, il faut bien avouer que nous sommes tous 21 tout, absolument tout vous semble plus juste, plus un peu ‘pommés‘. beau, plus pur, plus vibrant, plus simple et plus mysté- rieux. La vie qui s’ouvre devant vous redevient cette immense page blanche que vous seul devez écrire à « J’existe ! Est-ce votre manière bien à vous, qui est bonne parce qu’elle chose négligeable ? » est vôtre. La plus attristante erreur de notre époque - qui en commet quelques autres - c’est le mépris suf- fisant dans lequel elle tient, par la moquerie, le cé- Voilà qui donne à notre existence quelque chose rémonial de la miséricorde. Quelle rencontre éblouis- d’étrangement funeste, même et surtout quand la sante s’y loge discrètement. Quelle tendresse dans la vie nous sourit. La peur que cela cesse, bien sûr… voix du Père. Quelle chaleur aussi. Par la note aiguë Cependant, vue du ciel, c’est à dire du recoin le mieux du pardon, dans le vacarme du monde auquel s’ajoute abrité et le plus silencieux de chacun d’entre nous le bourdon de mon orgueil personnel, je comprends (même si nous sommes abominables pour les autres enfin que j’existe. J’existe ! Est-ce chose négligeable ? ou pour nous-mêmes), l’existence est véritablement Je ressors de ce bain de lumière comme intimement auguste et majestueuse. C’est un cadeau royal que pénétré du sentiment de vivre de manière profon- Dieu nous fait à chacun. Aussi, quand, tels des dément personnelle. Les contemporains du Christ enfants, nous cassons nos jouets, et nous en voulons jouirent d’un insigne privilège. Comme je les envie. d’abord à nous mêmes d’avoir agi ainsi, la consolation Mais je vois aussi que la vie même est le Christ. Et, suprême, c’est la main de feu que Dieu pose sur no- que d’une manière différente, mais en rien inférieu- tre épaule en disant, ‘va, je sais bien que tu ne l’as re, je le côtoie en permanence, ce roi de tendresse, pas fait exprès.’ Je connais des personnes qui se que je le veuille ou non. J’ai presque honte, croyez- font un devoir de « tout essayer ». C’est une manière moi, d’évoquer cela sans la prudence, la culture pour eux de manifester leur éveil et leur liberté. ou la sagesse nécessaires. Mais enfin, si je voulais Ce sont des gens curieux, qui aiment les découvertes exprimer ce que je ressens, j’emploierais une méta- et m’apparaissent comme des chercheurs de vérité. phore grammaticale. Le sujet, Jésus-Christ, égale Je les prends au mot. le « verbe », vivre. Je ne fais que paraphraser ma- Essayez donc le pardon de Dieu, avec la même ouver- ladroitement St Paul dans sa lettre aux Philippiens. ture d’esprit. Rien qu’une fois. Et on en reparle. Et vous feriez mieux d’interrompre cette lecture pour vous plonger dans l’Evangile. Poursuivons, si vous Bertrand Leblanc-Barbedienne GARCHES 2011 juillet_Indica 14/09/11 08:58 Page22

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Vacances scolaires : de 10h à 12h, du lundi au samedi Mercredi 2 nov. : messe à 9h, l’Église fait mémoire des fidèles défunts. Procession vers le cimetière puis bénédiction des Baptêmes sépultures des prêtres et religieuses. Pour vous accompagner, des réunions de préparation sont prévues. Les inscriptions se font tous les samedis du mois de 10h à 12h. Présentez-vous au presbytère au moins six semaines avant Notre livre de vie la date envisagée. Contact presbytère : 01 47 41 01 61 Baptêmes : Cyrian Le Guernic, Marilou Baltzli, Valentine Dubie, Oscar Hautmont, Gabriel Barré, Ambre Mariages Dubrule, Corentin Guerif, Crystal et Noah Esnault- Vous désirez vous marier à l’église. Présentez-vous au presbytère Bonogo, Mathias Lohez, Isaure Van Moere, Virgile er e Dulon, Maëlie Souffleur, Anakine Wadgi-Roussel, le 1 ou le 3 samedi du mois de 10h à 12h, au moins neuf mois Ana Tam Ravel, Alexandre Laurent, Jennifer avant la date envisagée. Contact presbytère : 01 47 41 01 61 Leblanc, Charlotte Allard, Clémentine Vidart- 23 Bodin, Cyprien Thomann, Novan Tissot, Chiara Blanco, Alicia Gomot, Victoire Dulac-Le Goff, Alexandre Dore, Max Maurus de Fraiteur, Romain Pénitence/Réconciliation Maurus de Fraiteur, Margaux Dore, Louis et Vous pouvez recevoir ce sacrement : Apolline Dubouchet, Juan-Diego Garzon Cortes, Louise-Marie Scherrer, Naomi Bordet, Kiara - soit le samedi de 11h à 12h Bordet, Eva Saramito, Cassandre et Gabriel - soit après les messes de semaine Saramito, Iris Delaloy, Blanche Merite, Antoine - soit sur rendez vous le Roy Saint-Martin, Eugénie Desandre, Margot Jaud de la Jousseliniere, Yann Samba Dhelot, Romane Piera, Gabriel Bessette, Clotilde Goetz, Gabriel Devic, Tristan Bouvier, Mathilde Gerlier, Augustin Queru, Gaspard Bungert, Elise Cassin, Sacrement des malades Octave Bourdais, Maëlys et Mathilde Bodet, Prenez contact avec la paroisse au 01 47 41 01 61 Aurélien Scano, Juliette da Silva, Marine Alain, Ambre Seguy, Manon Ledieu, Vadim Heidet, Flore Marouani, Célia Hamy, Kylian Michelin, Églantine Obsèques Belanger Prenez contact avec une entreprise de pompes funèbres qui vous Mariages : indiquera les démarches à accomplir et nous contactera pour les Loïc Binard et Charlotte Verdier, Stéphane Ballot et Émilie Lieurey, Yoann Richard et Odile Goy, obsèques religieuses. Un prêtre de la communauté vous accueillera. Patrick Abi Dergham et Yvette Khuri, Cyrille Her- binet et Jennifer Leblanc, Christophe Andouart et Isabelle Franceschi, Guillaume Goret et Marie- Anne Chatel Arnoux, Luis Alves et Élodie Souffre, Mickaël Deshoum de Castro et Céline di Maria, École catholique de Garches Julien Diericks et Sandra Desfausses (Sous contrat avec l’État, mixte du jardin d’enfant au CM2 ) Obsèques : École Jean-Paul II 24 rue de Marnes - 92380 Garches Jean-Pierre Barrié, Louis Schira, Hélène Arnaud, Tél. : 01 47 41 08 72, Mme Oliva, directrice / site : www.ecolejp2.com Paulette Rousseau, Antoinette François, Michel Huet, Paulette Alainguillaume, Paul Gaudin, Michel Richard, Antoinette Ramier, Georges Coindet, Alain Poirrier, Marguerite Yvetot, Marie- Directeur de la publication : Bertrand Auville / E.mail : [email protected] Françoise Fossé, Georges Para, Antoinette Mallet, Rédacteur en chef : Charlotte Reynaud / E.mail : [email protected] Louise Foubert, Roland Cardin, Marcela Boisselot, Jacques Hennekinne, Georges Gateau, Jean-Paul Conception graphique : Xavier Trannoy / E.mail : [email protected] Byron, Odette Ferry, Marcelle Chabrier, Jean- Imprimeur : imprimerie Chauveau /Dépôt légal : octobre 2011 Pierre de Leglise, Bertrand Viard. Prière

« Je vous choisis, aujourd’hui, ô Marie, en présence de toute la Cour Céleste, pour ma Mère et ma Reine. Je vous livre et consacre, en toute soumission et amour, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m’appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande Gloire de Dieu, dans le temps et l’éternité ».

Saint Louis-Marie de Grignion de Montfort