SITE INSCRIT SITES PROTÉGÉS DE LA HAUTE-VIENNE

Ancienne demeure fortifiée de Rochelidou

Commune:

Site inscrit par Arrêté ministériel du: 5 décembre 1944

Superficie: 3 ha

Situation: 3 km au nord-ouest de Nouic, 18 km au sud-ouest de e site comprend les vestiges d’une stratégique de la forteresse de Rochelidou Lfortification médiévale implantée sur fut telle qu’il fallut édifier à proximité une un éperon rocheux dominant un bastide pour reprendre aux Anglais le méandre du ruisseau de la Puelle et face à sa château. Le village de La Bastide, situé à 750 confluence avec le ruisseau de Châteaubrun, mètres au sud de Rochelidou, existe ainsi qu’une portion de la vallée au nord de toujours. l’ensemble bâti. La présence « encore remarquable, au cœur d’un paysage bien L’itinéraire de long parcours emprunté par le préservé, de ruines importantes parmi celles Prince Noir, déjà utilisé dès le Xe ou XIe siècle des châteaux médiévaux subsistant en et à l’origine de liaisons économiques et Haute-Vienne » a motivé la protection de religieuses au Moyen Âge, explique la Rochelidou. Un chemin communal présence de fortifications comme celle de traversant le corps de logis d’ouest en est et Rochelidou, apparaissant aujourd’hui isolées longeant le pied de la motte portant un en pleine campagne. donjon ruiné permet de rejoindre les berges Au XIVe siècle, la famille de Saint-Martin, des cours d’eau et de franchir, par un petit seigneur des lieux, possédait sur ses terres le pont relativement récent, le ruisseau de la droit de haute justice. Rochelidou formait en Puelle. Rochelidou, connu au moins jusqu’au effet très anciennement une seigneurie XVIIe siècle sous le nom de Les Moulins, se distincte et beaucoup plus importante que trouva sur l’itinéraire du Prince noir, fils celle du Fraisse, voisine de trois kilomètres, à d’Edouard III roi d’Angleterre, lorsque celui- laquelle elle fut rattachée au XVIe siècle. ci quitta Bordeaux le 6 juillet 1356 dans Justicier sur six ou sept paroisses, le seigneur l’intention de se rendre à Bourges avec sept des Monstiers devint dès cette époque le mille de ses hommes. Contraint par les vassal le plus puissant et le plus riche de toute troupes françaises d’obliquer vers l’ouest la baronnie, élevée plus tard en duché de puis vers le sud, il arriva à où la . La demeure fortifiée de rencontre entre les deux armées se solda par Rochelidou fut alors délaissée, les seigneurs la fameuse bataille au cours de laquelle Jean préférant s’installer au château du Fraisse, le Bon, roi de , fut fait prisonnier. augmenté depuis de nombreux et Durant la guerre de Cent Ans, l’importance somptueux bâtiments.

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Bâtiment d'accès de l'ancien logis

Le porche d'entrée

Le bâtiment d’accès de ce logis s’organise de carré. La situation défensive et notamment part et d’autre d’un pavillon central abritant la motte castrale, l’organisation des un porche, flanqué côté cour intérieure d’un bâtiments contigus et des murs formant une escalier droit desservant le premier étage. enceinte dominant la confluence de deux Doté de meurtrières, il abritait au premier vallées témoignent de cette vocation passée. La fortification, élevée au XIIe siècle sur un étage, au-dessus du porche, une salle servant Plusieurs baies ouvertes essentiellement sur promontoire rocheux, occupait un site de prétoire où les seigneurs rendaient justice. la cour intérieure à l’époque où le logis fut naturellement défensif dans un méandre La rusticité du donjon comparée aux utilisé en tant que résidence, et dont on serré du ruisseau de la Puelle face à sa équipements de confort du logis laisserait distingue nettement les encadrements de confluence avec le ruisseau de penser que la tour constitue l’ultime vestige style Renaissance, ont été condamnées au fil Châteaubrun. de la fortification ancienne. Or, des du temps. L’ensemble bâti (demeure seigneuriale et documents attestent d’une campagne de dépendances) formait au Moyen Âge un fer reconstruction en 1588, sans doute plus à Les bâtiments en moellons de granit, à cheval ouvert à l’est, mais protégé par ce des fins symboliques que défensives ou de couverts de belles toitures homogènes en donjon carré à l’origine haut de cinq à six résidence, le château étant alors un lieu de petites tuiles courbes, ne dessinent plus un étages. Implantée sur un tertre isolé de la prestations d’hommages très ritualisés. fer à cheval ouvert uniquement vers l’est, cour par un fossé, la tour dominant le vallon Originellement, Rochelidou était en effet autorisant ainsi des vues sur la campagne d’une dizaine de mètres surveillait le dépourvu de résidence seigneuriale et bocagère vers le sud. Des prairies laissant passage d’une ancienne route à la l’utilisation du logis a pu être datée des XVe - parfois place à quelques bois de feuillus confluence des ruisseaux. Un barrage XVIIe siècles. couvrent les coteaux alentour. L’absence permettait alors de hausser le niveau des d’éléments bâtis dans le paysage eaux. Les côtés ouest et sud, plus Le caractère fortifié du site de Rochelidou environnant renforce le caractère isolé du vulnérables du fait d’un relief plus doux, reste aujourd’hui perceptible, malgré la site. étaient protégés par un large fossé encore couverture de lierre qui envahit le donjon visible et par une autre butte, proche mais indépendante de l’ensemble bâti, qui aurait peut-être porté également un ouvrage défensif. La route de Lesterps à Bellac, empruntée au XIVe siècle par le Prince Noir, passait sous le porche en plein cintre percé dans le corps de logis principal, traversait la cour cadrée par les dépendances, passait au pied du donjon puis franchissait le ruisseau de la Puelle près de sa confluence avec le ruisseau de Châteaubrun. à partir de la fin du XVe siècle, la chaussée très bien conservée d’un étang, creusé au nord de Rochelidou de part et d’autre du ruisseau de Châteaubrun, servit de passage à la route. L’accès au site s’effectue encore de nos jours côté ouest, par ce chemin demeuré communal passant sous le porche.

Ruisseau de Châteaubrun à l'amont de Rochelidou

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