DICTIONNAIRE DES BALLETS 1 FERDINAND R E Y N A

PRÉSIDENT FONDATEUR

DU BALLET CLUB

DICTIONNAIRE DE S DICTIONNAIRES DE L'HOMME DU XX' SIÈCLE

IBRAIRIE LAROUSSE IRUE DU MONTPARNASSE, ET BOULEVARD RASPAIL, 114, - 6" @ 1967, Augé, Gillon, Hollier-Larousse, Moreau et Cie Librairie Larousse, Paris Il est interdit d'exporter le présent ouvrage au Canada, sous peine des sanctions prévues par la loi et par nos contrats. La révolution qui a bouleversé tous les arts au début du XXe siècle n'a pas épargné le ballet. Dès 7909, les de Serge de Diaghilev ouvrirent à Paris l'école moderne de danse et de choré- graphie, et le nouveau ballet allait bientôt s'illustrer sur les routes du monde entier. Diaghilev, en premier lieu, appela près de lui les peintres et les musiciens, dont il sut découvrir très tôt le grand talent. Décors et partitions allaient revêtir un éclat qui nous laisse encore éblouis. Qui, avant lui, avait eu cette audace? Personne, sauf peut-être Louis XIV, qui fit collaborer les plus grands artistes de son temps. Les danseurs aussi furent choisis parmi les meilleurs. Ceux-là mêmes qui, arrivés à l'âge d'enseigner, prirent une place prépondérante dans tous les continents. C'est ainsi qu'on note aujourd'hui la pré- sence, au Japon, d'une compagnie de ballets académiques, de pure tradition classique, le Komaki Ballet, qui présente , le Lac des cygnes, Daphnis et Chloé au pays du no et du kabuki. A la mort de Diaghilev, des compagnies se formèrent un peu partout avec l'ambition de prendre cette brillante succession. Pieuse illusion, car on ne continue pas Diaghilev. En effet, toutes ces compagnies ont, tour à tour, présenté des ballets, intéressants, certes, mais combien différents de forme, de musique et d'esprit des merveilleuses créations des prestigieux Ballets russes. L'art chorégraphique, comme la peinture et la musique, comme la vie elle-même, est en constante évolution. Il y a loin des œuvres d'un Michel Fokine à celles d'un ou d'un Maurice Béjart, et un retour vers le passé ne saurait être concevable. La métamorphose est continuelle. La diffusion du ballet dans le monde, son prestige grandissant devaient amener la parution de nombreux livres, qui lui sont consa- crés notamment en France, en Angleterre, en Amérique. Parmi toute cette littérature, il restait, sans doute, une place pour un ouvrage comme celui-ci, qui donne du ballet une synthèse assez complète de sa naissance jusqu'à sa forme actuelle. Mais la longueur de cet ouvrage étant limitée, il a fallu faire un choix. La technique acadé- mique est d'abord exposée dans des lignes simples et claires : fixée initialement par Louis XIV, elle s'exprime dans toutes les écoles et sur toutes les scènes du monde dans un vocabulaire français. Grâce est aussi rendue aux maîtres du XVe siècle, qui, les premiers, ont noté les pas et permis par là le développement de l'art chorégraphique. Le lecteur est ainsi convié à suivre les grandes étapes du ballet, riches et pittoresques, depuis son éclosion dans le Ballet comique de la reine, sous Catherine de Médicis, jusqu'à sa transformation en ballet mélodramatique, sous Louis XIII, puis sous Louis XIV, avec les ballets de J.-B. Lully. Sous Louis XV, par l'œuvre admirable de J. G. Noverre, chorégraphe et lettré, le ballet-pantomime sera imposé. C'est la grande époque du ballet, qui se répond alors en France, en Italie, au Danemark, en Suède, à Vienne et à Saint-Pétersbourg. Salva- tore Vigano, à la Scala de Milan, pousse au plus haut point la théorie de Noverre. Le ballet romantique succède, avec le chausson de danse, la pointe et le tutu. et Giselle en sont les deux chefs-d'œuvre. A DICTION NAIR E DES BALLETS

la fin du XIXe siècle, le génie chorégraphique du Français Petipa, la musique de Tchaïkovski et les grandes étoiles italiennes nous donnent les grands ballets de leur époque : le Lac des cygnes, la Belle au bois dormant, Casse-noisette. Puis les Ballets russes de Serge de Diaghilev, comme nous l'avons dit, ouvrent à Paris l'école moderne du ballet. Enfin sont présentées et analysées les oeuvres modernes du XXe siècle, à l'élaboration desquelles danseurs et danseuses ont vaillamment contribué. Certains d'entre eux, créateurs de telle ou telle école, ont acquis la renommée et parfois la gloire dans les nombreux modes d'expression du ballet moderne. Tout en voulant donner l'essentiel de l'art chorégraphique, nous nous sommes arrêtés, en toute objectivité, aux chefs-d'œuvre les plus significatifs. Nous avons voulu aussi rendre un juste hommage au corps de ballet de l'Opéra de Paris, qui se place, avec ses étoiles jeunes et pleines d'ardeur, au premier rang des grands serviteurs de la danse. Les illustrations qui accompagnent le texte de cet ouvrage ont été l'objet d'un choix difficile et délicat; nombreuses sont celles qui nous donnent une image fidèle et touchante des plus célèbres ballerines, des danseurs très illustres ainsi que des moments les plus attachants de la grande aventure du ballet. Puisse ce petit livre être lu avec plaisir et avec profit par tous ceux qui souhaitent s'initier à la vraie nature de ce monde magique, profond et infiniment émouvant qu'on appelle le ballet. C'est notre vœu le plus sincère.

Abeilles (les), ballet en un acte d'après avec l'interprétation de Peter Van Dijk la Vie des abeilles de Maeterlinck, mu- (Faust), Nina Vyroubova (Archisposa), Ma- sique de Stravinski (Scherzo fantastique), rilyn Burr (Bellastriga), Christa Kempf chorégraphie de Léo Staats, décors et cos- (Marguerite), etc. tumes de Dethomas. Première mondiale Académie royale de danse, institution Opéra de Paris, 1917. Principaux inter- fondée en 1661. — Le privilège accordé à prètes à la création : Carlotta Zambelli et ses fondateurs spécifiait qu'elle avait pour Jeanne Schwarz. objet de rétablir la danse dans sa perfec- Le décor montrait l'intérieur d'une ruche tion. Ses statuts avaient été contresignés en noir et or, où des abeilles, plaquées par le roi Louis XIV, danseur passionné, contre les parois, se détachaient en groupes et l'Académie était composée de treize pour danser. Le chorégraphe avait voulu membres choisis parmi les maîtres les plus revenir aux traditions du XVIIIe siècle en célèbres : Pierre Beauchamp, Hilaire d'Oli- composant son ballet avec des mouvements vet, Henri Prévost, Nicolas Delorge, etc., de lignes géométriques. qui donnaient des cours gratuits, ouverts Abraxas, ballet du compositeur Werner aux amateurs. L'institution, qui jouissait de Egk, chorégraphie de Luipart, décors et privilèges considérables, ne tarda pas à costumes de Znamenacek. Première mon- se transformer en une corporation très fer- diale Staatsoper de Munich, 6 juin 1948. mée. J. G. Noverre avait élaboré, en 1760, Principaux interprètes à la création : un projet pour lui rendre sa vitalité et son Marcel Luipart, Solange Schwarz. efficacité, mais sans résultat. Elle cessa Janine Charrat fut appelée, un an plus d'exister en 1780. tard, à l'Opéra de Berlin pour reprendre ce ballet (8 octobre 1949). Académie royale de musique. Créée à Dans Abraxas, la légende de Faust s'écarte Paris en 1669 par l'abbé Perrin et le mar- de la tradition connue. Le diable, ici, est quis de Sourdéac, elle avait pour objet une femme, Bellastriga. Elle est envoyée de représenter des opéras écrits sur des par Satan sur la Terre pour tenter Faust. textes en langue française, mais Lully eut vite fait de s'emparer du privilège pour Impuissante à le vaincre, elle appelle lui seul. Archisposa, la propre amante de Satan. Faust succombe et signe le pacte qui devra L'Académie royale de musique fut le ter- le conduire à sa perte avec Marguerite. Le rain de rencontre des partisans de toutes personnage de Bellastriga était interprété les querelles (Lully, Rameau, Gluck). Elle par la danseuse allemande Suse Preiser, subsiste aujourd'hui sous le nom d'Acadé- celui d'Archisposa par Janine Charrat, et mie nationale de musique. La dénomina- Faust par Gabor Orban. tion Opéra prévalut parmi toutes celles Ce ballet, d ans cette version, a constitué qui désignaient cette institution : Académie un triomphe sans précédent en Allemagne. nationale, Opéra national, Académie impé- Il a été donné plus de cent fois dans les riale de musique, etc., et enfin, en 1871, théâtres de ce pays au cours d'une saison. théâtre national de l'Opéra. Abraxas a été repris, en 1965, au théâtre académique (École de danse), appelée d'État d'Hambourg, avec la chorégraphie aussi École de danse classique. Ses ori- et la mise en scène de Peter Van Dijk, gines remontent à l'Académie royale de décors et costumes d'Ekkehard Grübler et danse, fondée sous Louis XIV (1661). action (pas d'), scène de pantomime, Pillar of Fire. En 1950, Diana Adams est incluse dans un ballet entre les danses, engagée comme première danseuse au dans le dessein de développer et de rendre New York City Ballet, où elle interprète claire la trame de l'action. — Il y a des brillamment tous les grands rôles des bal- pas d'action dans le premier acte de lets de Balanchine. Elle compte parmi les Giselle, dans la Fille mal gardée et dans plus célèbres étoiles américaines. Co ppélia. Adélaïde ou le Langage des fleurs, adage, ensemble d'exercices ou bien par- ballet au scénario romantique imaginé par tie d'un ballet exécutés avec lenteur. — A Maurice Ravel pour ses Valses nobles et l'Ecole de danse académique, les exercices sentimentales, composées d'abord pour d'adage se placent habituellement à la fin piano seul et orchestrées ensuite à la de- de la leçon, après les exercices à la barre mande de Mlle Natacha Trouhanova, qui et au milieu. Le professeur compose lui- les dansa au théâtre du Châtelet en 1912, même ses exercices en les improvisant, ou sur une chorégraphie d'Yvan Clustine. bien il fait répéter les adages du réper- Repris et réglé en 1917 pour l'Opéra de toire. L'adage, dans un ballet, consiste Paris par le chorégraphe Ambrosini, et en généralement en un pas de deux, et cons- 1938 par , qui s'écartait assez titue presque toujours le moment culminant du livret original avec une nouvelle choré- de l'émotion poétique et de l'expression graphie, ce ballet offrait un beau pas de dans la danse. Le rôle de deux protago- deux entre la muse (Lycette Darsonval) et nistes passe de l'un à l'autre, et il en ré- le poète (Serge Lifar). sulte ainsi un tout inséparable. Pour Carlo Adventure de Tancrède en la forest Blasis, la parfaite exécution d'un adage enchantée, ballet de cour mélodrama- était le nec plus ultra de l'art, et le cri- tique en trois actes, organisé par Por- tique André Levinson, un siècle après, chère, intendant des plaisirs nocturnes de exprimait le même sentiment. Louis XIII, créé le 12 février 1619, choré- 'Adam Miroir, ballet de Jean Genet, graphie de M. de Belleville, musique de livret et chorégraphie de Janine Charrat, Guedron, machines de Francini, décors et musique de Darius Milhaud, décors de Paul costumes de Daniel Rabel. Delvaux, costumes de Jacques Fath. Pre- Au cours de ce spectacle, on opérait à mière mondiale théâtre Marigny, 1948, vue des changements de décors et l'on pré- par la compagnie des Ballets de Paris de sentait des ballets de chevaliers et de per- . sonnages fantastiques. L'ensemble de cette 'Adam Miroir, ballet de caractère freudien, représentation marque un progrès sur les se déroule en une poursuite entre l'état de précédents réalisées à la cour de France, conscience et de cauchemar. Seul person- et ce par sa tenue théâtrale, plus logique, nage, Roland Petit, vêtu en matelot, dan- et par son découpage en actes et scènes sait dans un couloir de miroirs, où parais- plus harmonieusement agencés. saient les reflets d'autres danseurs. Œuvre Aeneas, ballet en deux tableaux, musique non destinée au grand public, elle appar- d'Albert Roussel, livret de J. Weterrings, tient à la catégorie des ballets psycholo- chorégraphie de Serge Lifar. Première giques, où la danse a moins de place que mondiale théâtre national de l'Opéra, l'expression de l'état d'âme des person- 4 avril 1938. Principaux interprètes à la nages. création : Serge Lifar (Aeneas), Mlle Su- ADAMS (Diana), danseuse américaine zanne Lorcia (Didon). Cette œuvre avait (Stawton, Vermont, États-Unis, 1926). Élève été montée par la compagnie des Ballets du Ballet Art School à New York, elle de Monte-Carlo en 1932, puis en 1935 au débute dans l'opérette Oklahoma. Enga- palais des Arts à Bruxelles par le maître gée ensuite par le Ballet Theatre, elle se de ballet Katchiurovski. Albert Roussel y taille un beau succès avec Hélène de Troie, évoque l'histoire d'Enée et son passage ballet de David Lichine, musique d'Offen- dans l'antre de la sybille de Cumes, qui lui bach, puis dans Foll River Legend et dans annonce sa destinée de fondateur de la Ville éternelle. Le héros, dépassant alors Cette œuvre, issue de l'esprit révolution- tout appel du plaisir et des joies terrestres, naire, représente bien la tendance artis- et même le douloureux souvenir de la reine tique de l'ère stalinienne. Didon, commence à vivre pour l'œuvre que AGLIÉ (Fil ippo San Martino, comte d'), les dieux lui ont confiée. Le rôle du prota- poète, compositeur de musique et choré- goniste, Serge Lifar, était prépondérant graphe piémontais (Turin 1604 - id. 1667). dans ce ballet, conçu et présenté dans le Favori de la régente Marie-Christine de style d'une pantomime expressive à l'allure France, duchesse de Savoie, il excella dans martiale et énergique. La partition musi- l'organisation des fêtes à la cour de Turin. cale est l'une des plus puissantes de l'au- Il régla une quarantaine de ballets, com- teur, notamment pour ses chœurs et ses posés de parties lyriques et de parties danses. dansées : la Force de l'amour (1626), la Âge d'or (V), ballet en trois actes et cinq Circé (1627), le Prométhée voleur du feu tableaux, livret de A. V. Ivanovski, mu- céleste (1630), qui établirent sa renommée sique de Dimitri Chostakovitch, décors et de chorégraphe, ainsi que le ballet des costumes de V. L. Khodasevich, chorégra- Montagnards, présenté à la cour de France phie de V. T. Vainonen. Première mondiale en 1631. D'Aglié traita tous les genres de

Une scène du ballet le Tabac (Turin 1645), par Filippo San Martino d'Aglié. CI. collection Reyna.

théâtre de l'Opéra de Leningrad, 26 oc- ballets alors à la mode : le ballet allégo- tobre 1930. rique et moral (la Vérité ennemie des Dans ce ballet se développe une action apparences) [1634], le ballet comique (le touffue de caractère romanesque et poli- Ballet des alchimistes) [1640] et le ballet tique, où la danse expressive et la danse d'actualité (le Tabac). Un des plus célèbres de caractère alternent. Galina Oulanova ballets de d'Aglié fut le Gris de lin (1653), y incarnait une jeune communiste euro- présenté à la cour de Turin, puis à Paris, péenne. La partition a été la première à la demande de la reine Anne d'Autriche. parmi celles qui ont été composées par Ces ballets étaient caractérisés par de Chostakovitch pour le ballet. curieuses inventions scéniques. et en trois parties distinctes, avec sara- bandes, gaillardes, branles doubles du Poitou — cette succession de rythmes que l'on appelait combat (agon) à la fin du XVIIe siècle. Agon a été repris en 1958 par le Royal Ballet de Londres avec la chorégraphie de Macmillan et les décors de N. Georgiadis. Les interprètes princi- paux en étaient A. Linden et D. Blair. AKESSON (Birgit), danseuse et choré- graphe suédoise (Ma)mo 1908). Disciple de Mary Wigman, qu'elle suit dans ses tour- nées en Amérique, puis engagée au Ballet royal suédois de Stockholm, elle signe pour ce théâtre plusieurs chorégraphies, telles que Sisyphus (1957), Minautor (1958) et Rytes (1960). Elle jouit d'une grande considération comme chorégraphe dans les pays nordiques. ALBERT (Albert Ferdinand Descombes, dit), danseur et chorégraphe français (Bor- deaux 1789 - Fontainebleau 1865). Il dé- buta à Paris au théâtre de la Gaîté, entra en 1803 à l'Académie impériale de danse Agon, de Stravinski, par le New York City Ballet, chorégraphie de George de Paris, où il fut premier danseur de 1817 Balanchine. A l'extrême gauche, Suzanne à 1835 et chorégraphe de 1829 à 1842. Il Farrell. CI. Lipnitzki. travailla à Londres, à Vienne et à Naples. Chorégraphe, il composa notamment : le Séducteur au village (ballet-pantomime, Agon, « ballet pour douze danseurs », musique de Schneitzhëffer, Opéra de Paris, musique d'Igor Stravinski, chorégraphie 1818); Cendrillon (ballet-féerie, musique de George Balanchine. Première mondiale de A. Sor, Opéra de Paris, 1823); Daphnis New York, 1957, par le New York City et Céphyse (musique de L. de Saint-Lubin, Ballet. Principaux interprètes à la créa- Opéra de Vienne, 1830); le Corsaire (mu- tion : Arthur Mitchell, Edward Villela, Alle- sique de L. Bochsa, Londres, King's Thea- gra Kent, Violette Verdy. ter, 1837); la Jolie Fille de Gand (musique Lors de la première audition, la critique de A. Adam, Opéra de Paris, 1842). Albert avait sévèrement jugé la partition d'Agon, a publié à Paris, en 1834, l'Art de la écrite selon la technique sérielle, l'esti- danse à la ville et à la Cour. mant « sèche, didactique, décevante et ALDRIDGE (Robert), danseur et maître de péniblement désarticulée ». En réalité, il ballet irlandais (Dublin 1738 - Edimbourg s'agit d'une suite d'airs sur le modèle des danses de cour du XVIIe siècle. 1793). Il a composé des ballets à Dublin et à Londres, ouvrant ensuite une école à George Balanchine, à qui étaient dédiés ces airs, en conçut un ballet, qui eut un Edimbourg. C'est le premier maître qui grand succès. La critique musicale n'avait enseigna la danse en Angleterre. pas saisi exactement le sens de ces modèles Aleko, ballet en quatre tableaux, livret de danses, puisqu'il est évident qu'une et chorégraphie de Léonide Massine, mu- simple audition sans le maître de ballet sique de Tchaïkovski (trio en la majeur), ne pouvait atteindre son véritable objectif. décors et costumes de Marc Chagall. Le chorégraphe a donc partagé son ballet Première mondiale Mexico, Palacio de entre huit danseuses et quatre danseurs, Bellas Artes, 1942, par le Ballet Theater. Aie ko fut présenté aussitôt après au Metro- (Yvette Chauviré), l'Egyptienne (Solange politan Opera House de New York, avec Schwarz) et la reine de Babylone (Suzanne les interprètes suivants : George Skibine, Lorcia), constituaient trois soli se terminant Alicia Markova, Antony Tudor, Rosella en pas de deux admirablement bien réglés. Hightower. Aleko, jeune homme qui n'aime Assez divers de style et soutenu par une pas la vie des grandes villes, se joint à musique grandiose, ce ballet était intéres- une tribu gitane et tombe amoureux de sant. Zamphira, fille du chef. Mais Zamphira, ALGAROFF (Youli), danseur russe (Sinfe- coquette, trouve un autre amoureux parmi ropoli, Crimée, 1918). Fils de musiciens, les gens de sa tribu. Aleko, fou de jalou- il commence ses études à Berlin avec sie, tue Zamphira et son amant. Le père Mme Edvardova et les poursuit à Paris chez de Zamphira, au lieu de se venger, se Mme L. Egorova. En 1946, il danse son contente de le bannir de sa tribu. C'est une premier rôle important dans le ballet œuvre intéressante par le parfait accord Stenka Razine. De 1946 à 1949, il est entre la chorégraphie, l'interprétation d'ar- engagé à l'Opéra de Lyon, puis au Ballet tistes exceptionnels, parmi lesquels la jeune des Champs-Élysées et au Nouveau Ballet Rosella Hightower aux débuts de sa bril- de Monte-Carlo, où il interprète les grands lante carrière, et la valeur des décors de rôles classiques. Premier interprète d'Apol- Marc Chagall. lon Musagète (musique de 1. Stravinski, Alexandre le Grand, ballet héroïque en chorégraphie de Françoise Adret), Youli trois tableaux, un prologue et un épilogue, Algaroff a été depuis 1952 premier dan- musique de Philippe Gaubert, chorégra- seur étoile à l'Opéra de Paris, où il a joué phie de Serge Lifar, décors et costumes tous les grands rôles du répertoire en par- de P. R. Larthe. Première mondiale Opéra fait interprète du style romantique, à la de Paris, juin 1937. Interprètes principaux fois réservé et doué d'une belle présence. à la création : Suzanne Lorcia, Yvette Chauviré, Solange Schwarz et Serge Lifar. ALGO (J ulien), danseur et chorégraphe suédois, d'origine allemande. En 1927, il Sur une suite symphonique du compositeur, est au théâtre municipal de Hanovre, sous Inscriptions pour les portes de la ville, à la direction de Y. Georgi. De 1927 à 1931, laquelle il ajouta quelques pages pour une il compose de nouvelles chorégraphies pour variation de bravoure, Serge Lifar mon- Petrouchka, le Train bleu, les Petits Riens. trait d'abord Alexandre partant à la conquête du monde, l'oracle lui annon- Ses principaux ballets sont : Tahi, musique çant l'épreuve du nœud gordien et, s'il de F. Petyrek, et le Masque du chat, mu- en triomphait, la maîtrise absolue de l'uni- sique de Bruno Stürmer, créés à Duisburg en 1928; Visions, pour l'International vers. Arrivé en Grèce et ne pouvant défaire Ballet de Londres en 1949. Il a obtenu son le nœud, il le tranche de son glaive. Il assiège Jérusalem, où les juifs gémissent plus grand succès comme chorégraphe à et se lamentent. Ayant pris la ville et choisi l'Opéra finlandais d'Helsinki et à l'Inter- national Ballet de Londres. Plus connu pour épouse la plus belle fille de Judée, Alexandre poursuit sa conquête et arrive dans les pays nordiques, il s'est acquis en Finlande un très bon renom. en Égypte, où il fait reposer dans une oasis son armée. Un prêtre le sacre Dieu Algues (les), ballet en quatre tableaux et fils de Zeus. A Babylone, enfin, au de L. B. Castelli, chorégraphie de Janine cours d'une orgie, la reine réussit à l'em- Charrat, musique concrète de Guy Ber- poisonner en lui offrant la coupe de l'ami- nard, décors et costumes de L. B. Castelli. tié. Zeus apparaît dans une éclatante Première mondiale théâtre des Champs- lumière et appelle à lui le héros, son fils. Élysées, en 1954, par les Ballets de Janine Pour conter ces exploits de guerre et Charrat. Principaux interprètes à la créa- d'amour, Serge Lifar s'attacha plutôt à tion : Janine Charrat, Peter Van Dijk, une composition de masse, se réservant Maria Fris et Jacques Chazot. pour lui le seul rôle d'homme. Les trois Un jeune homme, simulant la folie, se fait rôles de femmes, la jeune fille de Judée interner dans un asile pour rejoindre sa Adeline Genée, que se préparait la renais- sance du ballet anglais. ALLAN (Maude), danseuse canadienne (Toronto 1883 - Los Angeles 1956). Emule d'Isadora Duncan, son souvenir reste lié à la Vision de Salomé, de Richard Strauss, qu'elle dansa à Vienne, se présentant pieds nus, enveloppée dans des voiles, ce qui provoqua un grand scandale. Les années de ses plus grands succès se placent entre 1903 et 1917, où on la vit sur toutes les scènes du monde. Sa dernière tournée date de 1923. Depuis 1928, elle était profes- seur de danse en Angleterre en même temps que journaliste. Elle a laissé un ouvrage, Ma vie et la danse, publié à Londres à la fin de sa carrière. ALLARD (Marie), danseuse française (Mar- seille 1742 - Paris 1802), femme de Gaétan Vestris et mère d'Auguste Vestris. Elle débute à l'Opéra dans Zais, de Rameau. Son grand pas de deux avec Dauberval restera célèbre. Elle interprète Armide de Lully, les Indes galantes, Castor et Pollux et Hippolyte et Aricie de Rameau, le Devin du village de J.-J. Rousseau; ensuite, les Marie Allard. CI. Pic. premiers ballets d'action : Médée et Jason de Noverre, la Chercheuse d'esprit de Gardel, et, en 1779, les Petits Riens de bien-aimée, devenue folle. Mais son sub- Mozart (chorégraphie de Noverre). terfuge est découvert, et il doit rentrer au sein de la société, qui sera pour lui, désor- allégro, ensemble de mouvements fonda- mais, une prison. Dans ce ballet, Janine mentaux de la danse constitué spéciale- Charrat avait peut-être trop insisté sur ment de pas et de mouvements vifs comme l'atmosphère de cauchemar inhérent au déboulés, pas de bourrée, sauts, batterie. sujet. L'œuvre avait des mérites certains; allongé, pose déterminée (presque tou- cependant, le malaise qui s'en dégageait jours une arabesque), qui doit être exé- la rendait difficilement supportable au cutée le corps en ligne horizontale. public. Alhambra Ballet, ballets donnés à Allongé. l'Alhambra Theater de Londres depuis 1871 jusqu'à 1914, avec les danseuses Pie- rina Legnani, Ekaterina Geltzer, Judith Espinoza, Emma Palladino et le danseur Tikhomiroff. Les ballets présentés à l'Alhambra étaient de style « fin de siècle » : The Beauty and the Beast (la Belle et la Bête) [1898], Soldiers of the Queen (les Soldats de la reine) [1900], Ail the Year Round (1904) et The Dance Dream (1911). Il faut rap- peler que c'est à l'Alhambra et à l'Empire Theater, où triomphait l'étoile danoise Aima ou la Fille du feu, ballet en Mordkine en 1940, il est premier danseur quatre actes, livret de Deshayes, musique au Ballet Theatre de Mme Lucia Chase de G. Costa, chorégraphie de Fanny Cer- en 1943, date à laquelle il présente aussi rito et Jules Perrot, décors et costumes de sa première chorégraphie Pelléas et Méli- W. Grieve. Première mondiale Her Majes- sande, musique de Debussy. Il dirige ty's Theater, Londres, 1842, avec l'inter- actuellement l'école de danse classique prétation de Fanny Cerrito et Jules Perrot. fondée par sa femme à La Havane. L'auteur du livret, reprenant un thème cher AMAYA (Carmen), danseuse et choré- au ballet romantique, montre Belfégor, graphe espagnole (Grenade 1909 - Bagur esprit infernal, tirant de la matière la sta- 1963). Déjà sur les scènes des cafés-concerts tue d'une fille très belle, Alma, qu'il anime. à peine âgée de six ans, elle étonne même Cependant, elle redeviendra statue si elle ses compatriotes par sa verve et son feu cède aux passions qu'elle suscite. Après endiablé. Et lorsque vient le jour où elle avoir séduit nombre d'hommes, Alma réunit toute sa famille en une compagnie, tombe enfin amoureuse d'un chevalier c'est le triomphe. Son Cuadro flamenco, espagnol, succombe à l'amour et redevient avec les Romerito, la Faraona et le roi du de pierre. flamenco, El Gato, fait fureur à Barcelone. Ce ballet est resté célèbre pour le pas de Cependant, elle connaîtra ses plus grands Fascination réglé par Perrot et l'interpré- succès en Amérique du Sud, où elle soulève tation qu'il en fit lui-même avec l'éblouis- littéralement les foules. A New York, en sante Cerrito, à un moment où la « cerri- 1941, et à Paris, en 1948, au théâtre des tomania » faisait des ravages parmi le Champs-Élysées, elle conquiert, en un soir, public anglais. son public. Jean Cocteau n'a pas hésité ALONZO (Alicia), danseuse et choré- à comparer l'impression suscitée par graphe cubaine (La Havane). Elle a com- Amaya et les siens à celle des Ballets russes mencé ses études dans son pays natal, les au Châtelet. Fascinante, passionnée, popu- poursuivant ensuite à New York avec les laire, Carmen Amaya a laissé l'image de maîtres Fedorova et Vilzak à l'école de la gitane presque à l'état sauvage, dont le feu instinctif a séduit, dit-on, même l'American Ballet, ainsi qu'à Londrès avec Arturo Toscanini. Vera Volkova. Révélée au grand public un soir qu'elle avait remplacé au pied levé AMBOISE (Jacques d'), danseur américain Alicia Markova dans Giselle, au Ballet (Dehan, Mass., États-Unis, 1934). Élève de Theatre à New York, elle obtint un l'American Ballet, il débute en 1947 dans triomphe. Elle a poursuivi depuis lors, en le ballet Pastorella de L. Christiensen pour étoile, une carrière des plus brillantes, le groupe du Ballet Society. Depuis 1947, interprétant Romeo et Juliette du choré- il fait partie du New York City Ballet, dan- graphe Antony Tudor, le Pas de quatre de sant brillamment les Quatre Tempéraments, Jules Perrot (version d'Anton Dolin). Elle a Fanfare, Interplay, Western Symphony. été une saisissante Terpsichore dans Apol- Technicien hors pair, aux girations étour- lon Musagète de Stravinski-Balanchine. dissantes dans ce dernier ballet, il a inter- Parmi ses chorégraphies, sont à citer : prété l'Après-midi d'un faune (version Essais symphoniques, d'après un thème de Jerome Robbins) à côté de l'étoile Tana- Haydn; le ballet Lydia, sur une musique quil Leclercq, donnant à son personnage d'A. Nugué, en 1951. « Une des plus émou- toute l'intensité d'un charme à la fois mo- vantes Giselle de notre époque », a écrit la derne et primitif, émerveillé de la beauté critique à propos de l'interprétation de ce qui le surprend. rôle par Alicia Alonzo; elle est la seule AMI EL (Josette), danseuse française danseuse cubaine qui s'est distinguée dans (Vanves). Élève de l'école de danse de le ballet classique et compte parmi les l'Opéra, elle débute d'abord à l'Opéra- grandes danseuses contemporaines. Comique et passe ensuite au palais Gar- ALONZO (Fernando), danseur cubain, nier. Elle est nommée étoile en 1958. mari de la précédente. Avec la Compagnie D'une ligne techniquement parfaite, elle Josette Amiel avec Peter Van Dijk dans le Lac des cygnes. CI. Lipnitzki.

interprète des rôles classiques et modernes. vais goût écrasant allait de pair avec une Parmi ses créations, il faut citer : Pas de grande vitalité et une puissance théâtrale quatre (1959), Symphonie de Gounod, incontestables. chorégraphie de Flemming Flindt (1964). Vladimir Bourmeister a choisi Josette Amor y de la muerte (Del) [De l'amour et de la mort], ballet en deux tableaux Amiel comme interprète du rôle d'Odile- et un interlude, argument de A. Finistère, Odette dans le Lac des cygnes, qu'il a musique de Granados (arrangement orches- monté à l'Opéra. Son Cygne noir, au troi- trai d'Ernest Schelling), chorégraphie sième acte, est un chef-d'œuvre de séduc- d'Anna Ricarda, décors et costumes de tion magique. Celia Hubbard. Première mondiale théâtre Amor, ballet en deux actes et dix-sept de Monte-Carlo, 1949, par le Grand Ballet tableaux, argument et chorégraphie de du marquis de Cuevas. Principaux inter- L. Manzotti, musique de R. Marenco, dé- prètes à la création : Tamara Toumanova, cors et costumes d'Edel. Création à la Anna Ricarda, George Skibine. Scala de Milan, 17 février 1886. Princi- L'argument s'inspire, en partie, d'un épi- paux interprètes à la création : Antonietta sode de la vie de la duchesse d'Albe, Bella, Ernestina Operti, Enrico Cecchetti. connue pour ses liaisons et notamment Ce colossal ballet comportait soixante- pour celle qu'elle eut avec Goya. Le toréa- douze danseuses, trente-deux danseurs, dor symbolise toute la passion espagnole, soixante-quatre mimes, quarante-huit en- et Manola, la danseuse, la jalousie impla- fants, quarante-huit choryphées, trois cent cable et féroce. Ce sera en effet la jalousie cinquante figurants, un éléphant, des che- qui incitera Manola à prévenir le duc, qui vaux, des boeufs, évoluant sur la scène et fera abattre le toréador par ses hommes servant au tableau du triomphe de César. de main. Amor a appartenu à cette catégorie de La chorégraphe a réglé ses ensembles en ballets typiques manzottiens, dont le mau- s'appuyant, mais légèrement, sur les danses classiques et populaires espagnoles; et elle agrandie et stylisée. Il s'agissait dans a composé un merveilleux pas de deux l'ensemble d'un grand pas de deux, mais plein de lyrisme entre la duchesse et le bien développé avec fraîcheur et charme, toréador, pas de deux qui s'enchaîne sur évoquant le mythe de la belle Psyché, qui des musiques bien choisies. Tamara Tou- perdit l'amour d'Éros, fils de Vénus, pour manova avait marqué le rôle de la du- avoir été curieuse et méfiante. La choré- chesse d'un caractère hautain et passionné, graphie de Jean Babilée, quoique essen- selon l'esprit castillan que la chorégraphe tiellement dictée par la musique, n'était voulait évoquer dans son œuvre. Ce rôle pas simplement une traduction visuelle de a été repris par la suite par Marjorie Tall- celle-ci, mais une libre et poétique inter- chief, dans un autre esprit, mais avec le prétation. L'Amour et son amour laissait même succès. bien présager pour la future carrière de Amour et son amour ("J, ballet en trois Jean Babilée chorégraphe. tableaux, livret et chorégraphie de Jean Amour et son destin ("), ballet en deux Babilée, musique de César Franck (poème actes et huit épisodes de Serge Lifar et symphonique Psyché), décors et costumes Dimitri Parlic, chorégraphie de D. Parlic de Jean Cocteau. Première mondiale et Serge Lifar, musique de Tchaïkovski théâtre des Champs-Élysées, Paris, 1948, (Symphonie pathétique), décors et costumes par la compagnie des Ballets des Champs- de Georges Wakhevitch. Première mon- Élysées. Interprètes principaux : Jean Ba- diale théâtre de l'Opéra de Vienne, 1957, bilée, Nathalie Philippart. par le Grand Ballet du marquis de Cuevas. C'est la première chorégraphie de Jean Principaux interprètes à la création : Nina Babilée, dont Jean Cocteau suggéra le Vyroubova, Genia Melikova, Jacqueline titre, ébauchant décors et costumes. La Moreau et Serge Golovine. toile de fond représentait une carte céleste, Le destin, en visiteur sublime, maître invi-

L'Amour et son destin. Décor de G. Wakhevitch. CI. palais de la Découverte. sible mais toujours présent, qui ordonne delas est hantée par le fantôme d'un et détruit et annonce aussi la fin de notre farouche et volage gitan qu'eljë a jadis existence terrestre, est là. Il a fait son aimé et qui l'empêche de s'unir à son choix. Il faudra que l'homme désigné fiancé, Carmelo. Les exorcismes échouant, suive ce destin, et c'est la séparation déchi- Carmelo, d'accord avec Lucia, jeune gitane, rante de deux êtres qui s'aiment. Mais imagine d'évoquer le spectre. Celui-ci l'homme résistera pour tenter d'y échap- apparaît et commence à faire la cour à per. Pour un instant, il y parvient dans Lucia. Carmelo et sa belle échangent alors un monde de vitesse, d'oubli, d'ivresse et un baiser, qui brise le charme maléfique. de passion. L'homme, luttant pour gagner Dans la célèbre partition de Manuel de sa liberté, se croit victorieux, mais la Falla, citons la Danse de la frayeur et sombre couronne de lauriers le brûle, et, surtout la Danse rituelle du feu. Serge Lifar tôt ou tard, il sera vaincu définitivement. régla sa version de l'Amour sorcier à La femme qui l'aime et qui a suivi son cher l'Opéra de Paris en 1943. Le danseur amant de loin le retrouve et hélas! c'est espagnol Antonio en a fait aussi une ver- pour recueillir son dernier soupir. C'est sion saisissante. l'heure de la séparation, et le héros est Amours de Jupiter (les), ballet en cinq porté victorieusement par des archanges tableaux, livret et chorégraphie de Roland noirs dans le royaume inconnu de l'impré- Petit, musique de Jacques Ibert, décors et visible. costumes de Jean Hugo. Première mondiale Les deux chorégraphes ont réalisé une théâtre des Champs-Élysées, 1946, par conception grandiose de ce ballet, très la Compagnie des Ballets des Champs- variée, sur la prolixe symphonie de Élysées. Interprètes principaux à la créa- Tchaïkovski. tion : Jean Babilée, Ethery Pagava, Vio- Amour sorcier (!'), ballet-pantomime en lette Verdy. un acte, argument de G. MartÍnez Sierra, Ce ballet présente les quatre métamor- musique de Manuel de Falla, chorégraphie phoses de Jupiter, selon Ovide : le maître de la Argentina. Première mondiale de l'Olympe se transforme, tour à tour, en Teatro Lara, Madrid, 1915. taureau pour enlever Europe, se montre L'Amour sorcier fut joué à Paris, au Tria- en cygne à Léda, il tombe en pluie d'or non-Lyrique, en mars 1928, par le théâtre sur Danaé et, devenu aigle, il enlève Gany- de Mme Beriza. L'action se déroule en mède. Ces quatre épisodes sont traités Andalousie, chez les gitans. La belle Can- d'une main légère, avec élégance et fraî-

L'Amour sorcier. Je tableau, théâtre Colon, Buenos Aires. CI. th. Colon. cheur, sans pompe, mais sans transpositions son retour en Russie, peu après, qu'elle arbitraires des éléments de la fable; triomphe enfin dans le ballet Vert-Vert du Roland Petit, alors au début de sa carrière, chorégraphe Mazilier et dans un pas de a obtenu avec ce ballet un des succès les trois avec Fanny Elssler et Carlotta Grisi. plus justifiés. Ce succès la suit aussi à Londres, et elle retourne encore en Russie. Elle n'y reste Amphion, cantate-ballet, livret de Paul pas, ayant perdu son protecteur, et s'ins- Valéry, musique de A. Honegger, choré- talle définitivement à Paris. C'est là que la graphie de L. Massine, décors et costumes mort la surprend. de A. Benois. Première mondiale Opéra de Paris, 1931, par Ida Rubinstein et Anatole ange (saut de I'), saut qui s'exécute les Vilzak. bras ouverts, les jambes réunies, pliées en Ce spectacle, fastueux pour les décors, les arrière. — Le saut de l'ange appartient costumes, la mise en scène et d'une grande à la catégorie des sissonnes ouverts. Exé- tenue artistique, présentait l'épisode my- cution : on part de la cinquième position ; thologique d'Amphion, le musicien bâtis- on fait un plié, on saute en l'air les deux seur de Thèbes. La danse se concentrait genoux réunis et l'on retombe sur une autour d'un récitant mime et d'un chœur jambe, en arabesque. chantant. Les murs de la ville étaient repré- sentés par des groupes de danseurs évo- luant avec des mouvements gymniques plu- tôt que classiques. Ce n'était pas un ballet, mais un genre de cantate liturgique ani- mée. Aux sons harmonieux des chœurs et des instruments, le chaos s'ordonnait et aux rochers se substituait l'architecture vivante d'une Acropole, symbole de l'ordre et de l'esprit créateur. ANDERSSON (Gerd), danseuse suédoise (Stockholm 1932). Elle fut élève de l'école du Royal Ballet de sa ville natale et pro- mue soliste en 1953. Depuis 1958, elle est une des étoiles de cette compagnie. ANDRÉANI (Jean-Paul), danseur français (Rouen 1930). Élève de l'Opéra, nommé étoile en 1954, il a créé de nombreux rôles Saut de l'ange. ' dans les ballets de Serge Lifar, tels Blanche-Neige (1951), Grand Pas (1953), Roméo et Juliette (1955), Symphonie (de Ange gris ("), ballet en un tableau, argu- Gounod-Balanchine, 1959), le Lac des ment du marquis de Cuevas, chorégraphie cygnes (1961), Pastorale (G. Skibine, de George Skibine, musique de Claude 1961). Debussy (Suite bergamasque), décors et costumes de Sebire. Première mondiale ANDREYANOVA (Elena Ivanovna), dan- casino de Deauville, 1953, par le Grand seuse russe (Saint-Pétersbourg 1819 - Paris Ballet du marquis de Cuevas. Principaux 1857). Élève à l'école du Ballet impérial, interprètes à la création : Marjorie Tall- elle débute en 1837, mais sans succès, chief, Katleen Gorham, George Skibine, écrasée par la présence de son aînée Serge Golovine. Marie Taglioni. Bien que protégée par le Dans les décors d'un parc d'été, on fête les directeur du Théâtre-Impérial, Geodonov, fiançailles de la fille d'une femme jeune elle ne passe pas la rampe. Elle danse à encore. Les deux promis s'en vont en pro- l'Opéra de Paris, en 1845, passant, l'année menade dans le bois. La mère s'assied sur suivante, à la Scala de Milan. C'est à un banc, et le souvenir de l'homme qu'elle a aimé jadis vient à elle. Mais ce n'est pas logue, de Francis Poulenc, chorégraphie de l'ange gris du passé, c'est l'ange de la Serge Lifar, décors et costumes de M. Brian- mort qui, se substituant à lui, va l'étreindre. chon. Première mondiale Opéra de Paris, Les jeunes gens reviennent et envahissent 1942. Principaux interprètes à la création : la scène. Ils croient que la mère s'est Serge Lifar, Solange Schwarz, Serge Peretti endormie et repartent sur la pointe des et Yvette Chauviré. pieds. L'extrémité d'une petite ville bourgui- Un admirable pas de deux, l'accord entre gnonne à la lisière d'un bois. Au lever du la musique de Debussy et le drame délicat, rideau, le petit jour, la scène s'anime, les mais poignant, imaginé par le marquis de paysans vont aux champs. Et l'on assiste à Cuevas, étaient parfaits. C'est une de ses la libre transposition musicale et dansante plus exquises réussites. de six fables de La Fontaine : l'Ours et les Deux Compagnons, la Cigale et la ANGIOLINI (Gasparo), danseur, choré- Fourmi, le Lion amoureux, l'Homme entre graphe et compositeur de musique italien deux âges et ses deux maîtresses, la Mort (Florence 1731 - Milan 1803). Il composa et le Bûcheron, les Deux Coqs. ses premiers ballets à Turin, en 1757. A Le ballet s'achève avec le retour des Vienne, il rencontra le chorégraphe autri- paysans et le repas de midi avec leur sei- chien Hilferding, un des premiers qui gneur. Il est à noter que, dans ce ballet, mirent au point la formule du ballet-panto- les animaux n'ont au fond qu'un rôle pure- mime ou d'action. Chorégraphe au théâtre ment symbolique. de la Cour, Angiolini écrivit en 1761 le livret et composa la chorégraphie d'un bal- ANISIMOVA (Nina Alexandrovna), dan- let de Gluck, Don Juan ou le Festin de seuse et chorégraphe soviétique (Lenin- pierre, vrai manifeste du ballet-pantomime, grad 1909). Élève de Vaganova, elle se puis régla les danses de Cythère assiégée révèle au théâtre Kirov par un tempéra- et d'Orphée de Gluck. L'activité chorégra- ment merveilleux. En 1928, elle interprète phique d'Angiolini se poursuivit à Vienne, brillamment Flamme de Paris, puis, en où il régla, entre 1763 et 1765, ses ballets 1935, compose sa première chorégraphie héroïques : Cléopâtre, Tétis et Pélée, importante : Suite espagnole, sur des mu- Iphigénie. Il présenta ensuite son ballet siques d'Albeniz, Granados, Sarasate, Sémiramis (musique de Gluck). En 1766, interprétée par les danseurs Georgievsky Angiolini remplaça son maître Hilferding et Préobraienski. Son premier ballet fut à Saint-Pétersbourg, où il créa la choré- Noces andalouses d'après Mérimée, mu- graphie et la musique de Didon aban- sique de Chabrier, Albeniz, etc. D'elle donnée. Son activité continua avec les aussi la chorégraphie de Gayané, musique Chinois en Europe, puis avec un ballet de Khatchaturian, au théâtre Kirov en folklorique russe. Chorégraphe attitré du 1942. En 1950, elle présente une nouvelle Théâtre-Impérial, il revint temporairement version de Shéhérazade. Cette artiste est en Italie, où il travailla en 1772 à Venise, très appréciée en Union soviétique. puis à Milan, au Théâtre-Ducal, aujourd'hui Annabel Lee, ballet en un tableau du la Scala. Il eut là de vives polémiques chorégraphe George Skibine, d'après un avec J. G. Noverre. Il quitta définitivement la Russie en 1788. Revenu à Milan, il tra- poème d'Edgar Poe, musique de Byron vaille à la Scala. Mais la Révolution fran- Schiffman, décors et costumes d'André Del- fau. Première mondiale Deauville, 26 août çaise est là. A l'entrée de Napoléon dans 1951, par la compagnie du Grand Ballet la ville, Angiolini montre ses sympathies du marquis de Cuevas. trop prononcées pour les Français. Lorsque les Autrichiens reviendront, il est relégué Ce ballet, qui n'exige que deux interprètes et quatre figurants, met en scène les aux bouches de Cattaro. Il sera libéré par amours juvéniles de l'infortuné poète amé- les Français. ricain et de Virginia Clemm, sa fiancée, Animaux modèles (les), ballet en un puis sa femme, que la mort lui ravit préma- acte, un prologue, six scènes et un épi- turément. Au cours du ballet, le poème d'Edgar Poe est chanté dans sa traduction comme un danseur classique et commence de Stéphane Mallarmé. Annabel Lee, sa véritable grande carrière. Après la œuvre délicate et poétique que la compa- guerre, il revient en Europe, où il est gnie du Grand Ballet du marquis de l'hôte des grands festivals et des plus Cuevas a portée sur les scènes du monde importants théâtres. A la Scala de Milan, entier, a été créée par George Skibine et Antonio règle le Tricorne et Capriccio par sa femme, l'étoile Marjorie Tallchief. espagnol. En 1953, il forme sa propre Ils ont repris ces mêmes rôles au théâtre compagnie et règle ses ballets dans un national de l'Opéra-Comique de Paris au style théâtral très classique espagnol : cours de la saison 1957. entre autres, une merveilleuse version de l'Amour sorcier. ANTONIO (Antonio Ruiz, dit), danseur espagnol (Séville 1922). Élève de Realito, aplomb, attitude du danseur qui main- il débute à Liège en 1928, à six ans, avec tient la ligne harmonieusement équilibrée sa cousine Rosario. Leur succès est fou- en position stable, au début, dans l'évolu- tion d'un mouvement et surtout dans sa droyant. Avant la guerre ils passent en conclusion. Amérique, puis Antonio entreprend des tournées avec Carmen Amaya et la Argen- Apollon Musagète, ballet en deux ta- tinita. Abandonnant alors ses exhibitions, bleaux d'Igor Stravinski, chorégraphie de qui relevaient du music-hall, il se présente A. Bolm, avec l'interprétation de A. Bolm,

Apollon Musagète, avec Henning Kroustam, Simone Kirsten, Mette Mollerup et Kirsten Bundgard, des Ballets danois. CI. Mogens von Havens. R. Page, B. Holmes et E. Reiman. La pre- le Sadler's Wells Theater, Londres. Inter- mière d'Apollon Musagète eut lieu en Amé- prètes principaux à la création : Margot rique, en avril 1928, à un festival de Fonteyn, Robert Helpmann et Harold musique contemporaine organisé par la Turner. Chamber Music Society de Washington, Le livret de ce ballet suit les thèmes de qui avait commandé la partition musicale à l'inspiration musicale imaginée par Ber- Igor Stravinski. lioz. Un poète écrit à sa table, cherchant Le ballet s'ouvre sur un largo solennel en vain l'inspiration. Subitement, une vision annonçant Apollon, que deux déesses cou- le fascine : à la fenêtre apparaissent un ronnent de myrte et qui se dirige vers la hussard, un moine à la sinistre figure et montagne sacrée. Les trois Muses, Calliope, une femme habillée en robe de bal, qui lui Polymnie et Terpsichore l'accueillent, et sourit. Cette vision de beauté symbolise tous dansent un pas d'action, auquel suc- pour le poète l'amour qu'il voudrait expri- cède une variation pour chaque Muse. mer dans son poème. Les apparitions s'éva- Après la deuxième variation d'Apollon et nouissent, le poète, incapable de se son pas de deux avec Terpsichore, Calliope concentrer, s'endort. Il rêve à une salle et Polymnie les rejoignent, et le ballet de bal, il voudrait prendre part aux s'achève par un choral solennel qui voit danses, mais tout le monde l'ignore. Les l'ascension du dieu. danses s'arrêtent, et la femme qu'il avait Ce ballet a été repris par les Ballets russes aperçue à la fenêtre entre. Comme par de Serge de Diaghilev, le 12 juin 1928, enchantement, il se trouve dansant avec au théâtre Sarah-Bernhardt à Paris, dans elle, mais celle-ci n'a de regards que pour la chorégraphie, cette fois, de George le fascinant hussard. Tout le monde quitte Balanchine, et les décors de Bauchant la salle, il reste seul. On entend le son de (interprètes principaux : Serge Lifar, cloches, que l'imagination débordante du L. Tchernicheva, F. Doubrovska). Ensuite poète transforme en jeunes filles dansant par la compagnie de l'American Ballet, le en cercle autour de lui. Une procession 27 avril 1937, et par le Ballet Theatre, le funèbre s'avance ponctuée d'un chant mé- 25 avril 1943. Le théâtre national de lancolique et accompagnée du moine qu'il l'Opéra de Paris présente, à son tour, ce avait vu à la fenêtre. Il se fige, car il aper- ballet le 21 mai 1947 avec les interprètes çoit ùn fantôme surgissant sous le dais A. Kalioujny, Maria Tallchief, J. Moreau, pourpre. Il s'approche du convoi, soulève D. Bourgeois. Il est à noter que toutes ces la tenture, et revoit la femme rêvée. Bruta- reprises ont été présentées avec la choré- lement repoussé par le moine, il s'évanouit. graphie de George Balanchine. Puis c'est une caverne, une orgie à laquelle Ce ballet, dont le sujet illustre la gloire il prend part, soudainement arrêtée par d'Apollon, représente, au point de vue l'apparition de la femme habillée en robe chorégraphique, le sommet de la danse de bal, mais avec un visage d'une repous- classique, intimement liée à la composition sante laideur. Terrifié, il s'enfuit. La femme musicale voulue et réalisée par Igor Stra- le retient, il tombe. La femme reprend son vinski. visage d'avant. L'épilogue nous montre à nouveau, comme au début du ballet, le apothéose, tableau final d'un ballet, poète à sa table, réalisant que le rêve qu'il auquel participe tout l'ensemble d'un corps vient de vivre reflète sa propre vie. Il va à de ballet, avec des figures, souvent por- la fenêtre, plus de vision, rien. Désespéré, tées, de grand effet. il se poignarde. La femme habillée en robe Apparitions, ballet en un prologue, trois de bal revient accompagnée de son compa- scènes et un épilogue, argument de gnon, et ensemble ils emportent le corps Constant Lambert d'après les thèmes de la du poète. Symphonie fantastique de Berlioz (orches- L'interprétation de Margot Fonteyn a lar- tration Liszt), chorégraphie de Frederick gement contribué au succès de ce ballet, Ashton, décors et costumes de C. Beaton. dont la musique a été utilisée, la même Première mondiale, 11 février 1936, par année, par Léonide Massine sous le titre de Symphonie fantastique. Apparitions est un Le chorégraphe américain Jerome Robbins des meilleurs ballets composés en Angle- a créé pour le New York City Ballet une version totalement nouvelle de I 'Après- terre par Frederick Ashton. midi d'un faune, sans s'écarter cependant APPELGREEN (Brita), danseuse suédoise du thème central de Mallarmé et de Nijin- (Stockholm 1912). A quinze ans, elle dé- ski. Ici, le cadre est un studio de danse, au bute à l'Opéra royal de sa ville natale cours d'un après-midi torride. Un jeune dans le ballet Bergakungen de J. B. Orlin. danseur et sa compagne éprouvent les Nommée étoile en 1934, après ses inter- mêmes désirs, mais, cette fois aussi, la prétations de la Belle au bois dormant, le naïade, en collant, s'échappera, et le faune Lac des cygnes, Shéhérazade et Prima Bal- restera seul devant son miroir. lerina, du chorégraphe Algo, cette artiste a joui dans son pays d'un prestige bien arabesque, pose de la danse académique mérité. dans laquelle le corps s'allonge transver- salement : tandis qu'une jambe est levée APPLEYARD (Beatrix), danseuse et choré- étendue en arrière et l'autre appuyée à graphe anglaise (Maidenhead 1918). Élève terre, un bras ou tous les deux conti- de Ninette De Valois, Karsavina et Nijinska, nuent la ligne de la jambe levée en direc- soliste au Vic Wells Ballet, elle a fait tion généralement opposée. — Déjà connue partie du Ballet Markova-Dolin en 1938, dans le ballet du XVIIIe s., l'arabesque et a signé ensuite pour le Windimill entre d'une façon définitive dans le voca- Theater à Londres diverses comédies musi- bulaire académique à l'époque de Carlo cales. Actuellement, elle enseigne la danse Blasis et prend toute sa signification au en Turquie. moment du ballet romantique lorsqu'elle Après-midi d'un faune (!'), tableau cho- devient la pose la plus expressive de l'élan régraphique de V. Nijinski, dansé par lui- poétique. même, d'après le poème de Mallarmé, musique de Claude Debussy, décors et cos- tumes de Bakst. Première mondiale théâtre du Châtelet, 29 mai 1912, par la compa- gnie des Ballets russes de Serge de Dia- ghilev. A l'ouverture du rideau, le faune, étendu à l'orée d'une forêt, aux pieds de l'Etna, semble humer l'atmosphère imprégnée de mille appels au désir. Il joue d'une flûte invisible. Puis, soudain, il se dresse. Un groupe de naïades se baigne dans la rivière. Il les approche, insinuant et doux. Mais timides, elles lui échappent. Le voile léger de l'une d'elles est resté entre ses mains. Il le presse sur sa poitrine et va s'allonger à nouveau sur sa couche syl- Arabesque. vestre, s'abandonnant à un sommeil rem- pli de visions d'une volupté panique et ardente. ARBEAU (Jehan Tabourot, dit Thoinot), Cette chorégraphie suscita un scandale religieux, écrivain français (Dijon 1519- énorme. Langres 1595). Jehan Tabourot, fils L'Après-midi d'un faune a été repris d'Étienne Tabourot, conseiller du roi, avait depuis sa création nombre de fois dans obtenu en 1574 une place de chanoine à le monde entier. Serge Lifar, dans sa ver- Langres, où il publia en 1588 son ouvrage sion à l'Opéra, a supprimé les naïades, Orchésographie et traité en forme de dia- dansant seul en scène. logue par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre et pratiquer l'hon- Faisant appel à un vocabulaire classique, neste exercice des dances. Le ton de son à une technique précise aux enchaînements dialogue didactique est aisé et familier. Les parfaits, le chorégraphe a atteint ce mer- pas sont fixés dans une sorte de tablature, veilleux équilibre d'esprit et de grâce dans laquelle, sous la portée musicale, est aérienne que seul l'académisme parvient disposée la notation alphabétique des à exprimer lorsque la virtuosité et le rêve danses. L'importance du livre réside égale- vont de pair. Servi par un corps de ballet ment dans la description minutieuse des discipliné et plié aux impératifs d'en- danses d'époque : pavanes, moresques, sembles, Attilio Labis s'est révélé un excel- matassins, volta, etc., avec les explications lent et loyal serviteur de la danse classique. musicales des mouvements. L'œuvre est Ses pas de deux avec Christiane Vlassi ont remarquablement illustrée de dessins expli- atteint un grand lyrisme. De plus, les « por- catifs. tées à la russe », habilement introduites désormais sur la grande scène du palais Arcades, ballet en un acte, musique d'Hec- Garnier, ont trouvé en Attilio Labis un tor Berlioz, chorégraphie d'Attilio Labis. fervent admirateur. Arcades est un ballet Première mondiale Opéra de Paris, 9 dé- qui fait honneur à l'Opéra. cembre 1964. Principaux interprètes à la création : Attilio Labis, Christiane Vlassi, ARENA (Antoine des Arens, latinisé en Nanon Thibon, Martine Parmain, Jean- Antonius), théoricien français de la danse Pierre Bonnefous. (Soulliès [Toulon] ? - id. 1544). Il est l'au- Sans sujet, ce ballet est la première cho- teur d'un ouvrage écrit en latin maca- régraphie du danseur étoile Attilio Labis. ronique, intitulé : Antonius de Arena, (musique de V. Espla), Triana, de Albe- niz, et, enfin, son grand succès, l'Amour sorcier, avec Vincente Escudero. Sont res- tées célèbres : la garterana (humoresque), la fregona (la soubrette), sa yota arago- nesa et la « danse de la frayeur » dans l'Amour sorcier. La première, elle travailla à développer les possibilités du ballet espa- gnol dans un cadre classique. La Argentina a été la plus célèbre dan- seuse espagnole de notre époque. ARGENTINITA (Incarnaciân Lopez Juives, dite la), danseuse et chorégraphe espagnole (Buenos Aires 1895 - New York 1945). Dansant d'abord à Madrid dans des ensembles gitans, c'est à Paris, en 1924, qu'elle obtient un triomphe qui la porte, trois ans après, à fonder, avec le poète Federico Garcia Lorca, le Ballet de Madrid. Invitée au Colon de Buenos Aires, elle se produit avec sa sœur Pilar et le grand maître du flamenco, Miguel Albaicin, tou- jours avec le même succès. Fuyant l'Es-

Arcades, ballet d'Attilio Labis. CI. Lipnitzki.

La Argenfina. CI. d'Ora.

Provencialis de Bragardissima Villa de Solerris, etc., daté de 1536. Ce livre, d'une verve typiquement méridionale, comprend un chapitre d'introduction aux branles et aux basses danses, avec les indications de la mesure musicale, l'ordre de succession des pas et des figures, etc. ARGENTINA (Antonia Mercé y Luque, dite la), danseuse et chorégraphe espa- gnole (Buenos Aires 1888 - Saint-Sébastien 1936). A partir de 1905, après des triomphes dans les plus grands théâtres espagnols, elle fit de longues tournées en Europe. En 1914, elle partit pour l'Amé- rique du Sud. En 1927, elle triomphe au théâtre des Champs-Élysées, seule, dans un récital, accompagnée par un guitariste et par ses castagnettes, dont elle jouait en virtuose. En 1929, elle est avec ses ballets espagnols à l'Opéra-Comique et présente : Juerga (musique de J. Bautista), Sonatina (musique de Halffter), El Contrabandista Cet ouvrage présente, depuis, les origines jusqu'à nos jours, les principaux ballets accompagnés tun » générique qui résume l'œuvre chorégraphique. Le lecteur y trouvera aussi de nombreux articles sur les grands chorégraphes, les maîtres de ballet, ainsi que. sur les danseurs et les danseuses les plus repré- sentatifs de leur époque. Une partie importante de ce dictionnaire est également consacrée à la techni- que de la danse classique, à la musique de ballet et à la mise en scène.

documentde couverture : " Fanfare pour un Prince chorégraphie de John Taras, étoile : Veronica Mlakar. costumes : A. Levasseur. — phot. Serge Lido Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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