Valse Avec Bachir
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PLAZA146.qxd:Layout 2 28/10/08 12:57 Page 1 BELGIQUE-BELGIË P.P.5. / 550 7000 MONS 1 Président : Elio Di Rupo Avant-première lundi 15/09 à 20h en présence des réalisateurs Editeur responsable :André Ceuterick-ASBL Centre de Diffusion Cinématographique Montois Rue Nimy 12 - 7000 MONS PLAZA146.qxd:Layout 2 28/10/08 12:57 Page 2 Editorial A Cannes, Sean Penn, Président du Jury, avait promis de privilégier les oeuvres originales et authentiques qui portent un regard fort sur le monde d'aujourd'hui. Il a tenu parole puisque « Entre les murs » de Laurent Can- tet et « Gomorra » de Matteo Garrone culminent au palmarès de cette 61ème édition. Ces deux films représentent cette nouvelle tendance confirmée du cinéma visant à abolir ou confondre les li- mites entre le réel et la fiction. L'un reconstruit, à partir d'un livre document, l'histoire de la vie scolaire d'une vingtaine de jeunes « difficiles » d'un lycée du 20ème arrondissement de Paris; l'autre plonge audacieusement sa caméra dans un quartier miséreux de la banlieue de Naples où la mafia locale, la Camorra, organise des trafics en tous genres et règne par une sordide violence. Dans les deux cas, du cinéma élémentaire et essentiel, sans digressions romanesques ni actes spectacu- laires: l'imaginaire se nourrit si intensément du vécu qu'il parvient à en donner une vision « autre » parfaite- ment crédible. Alors que dans le même ordre d'idée, le jury cannois a également distingué « Le silence de Lorna » des Frères Dardenne, déjà à l'affiche, et « Che » de Steven Soderbergh qu'on verra beaucoup plus tard, on ne comprend vraiment pas comment il a pu ignorer la très étonnante « Valse avec Bachir » : un documentaire animé conçu par l'israélien Ari Folman comme une enquête personnelle et historique pour retrouver « sa » mémoire effa- cée des massacres de Sabra et Chatila pendant la première guerre du Liban. Dans une forme totalement iné- dite, Folman évoque, la culpabilité, la peur et la folie des hommes dans un tourbillon de haine et de violence. Toujours en provenance de Cannes (Semaine de la Critique), mais en marge de toutes préoccupations socio- politiques, voici « Rumba », une tragi-comédie burlesque déjantée et sensible de Abel, Gordon & Romy qui fait « grincer de rire » dans l'esprit de Buster Keaton et de Jacques Tati: du « belge drôle » à ne pas manquer. André Ceuterick Gomorra Dès le 03/09 – sortie nationale Matteo Garrone a raté de peu la Palme d'Or à Cannes, qu'il aurait autant mé- rité que le très pertinent « Entre les murs » de Laurent Cantet avec qui il par- tage le seul point commun déterminant d'immerger son sujet dans un authentique réalisme social, ici sordide et impitoyable. Tiré du roman épo- nyme de Roberto Saviano, conçu comme une enquête basée sur des faits réels, « Gomorra » investit une banlieue napolitaine régie par la mafia lo- cale, la Camorra. Rien à voir avec l'univers mythique des films de Scorsese ou encore avec la légendaire trilogie des Parrains de Coppola. On plonge dans les bas-fonds populaires où tout est primaire et basique. Nous assistons à quelques jours de la vie d'une cité où fleurissent les trafics en tous genres. Les bandes rivales exercent leur répression par une violence sourde et brutale, d'autant plus effrayante qu'elle est filmée sans effets spectaculaires. Dans chaque clan, les rôles sont bien distribués: hommes de main, encaisseurs, chauf- feurs, négociateurs d'affaires... Et les plus jeunes sont embrigadés pour faire le guet, transporter la marchandise, surveiller les stocks d'armes… Tous font par- tie d'une machine infernale parfaitement huilée et dont les entreprises criminelles ont des répercussions au plus haut niveau de la gestion de la Société… Fidèle à l'esprit du roman, Garrone réalise un film-choc, avec caméra portée et mise en scène parfaitement fluide, aussi rigoureux qu'un vrai documentaire, aussi De Matteo Garrone D passionnant que la meilleure fiction, pour mettre en exergue, sans la moindre Avec Salvatore Abruzzese, complaisance, un système qui gangrène le fonctionnement de la Société. Une A Gianfelice Imparato, édifiante et implacable démonstration. s Maria Nazionale,… F André Ceuterick Italie, 2008, vo ss-tt, 2h15 h PLAZA146.qxd:Layout 2 28/10/08 12:57 Page 3 Entre les murs ui n- li- Dès le 01/10 – sortie nationale ne Surprenante Palme d'Or au dernier Festival de Cannes (la 1ère nt française depuis le très contesté « Sous le soleil de Satan » de es Maurice Pialat, il y a 24 ans), « Entre les murs » représente pour- tant, presque idéalement, une cuvée 2008 dominée par une ten- u- dance hyperréaliste où le documentaire et la fiction sont e- étroitement liés. Ici, la démarche de Laurent Cantet (qui retrouve le style et le ton de es ses 2 premiers longs métrages « Ressources humaines » - 1999 et nd « L'emploi du temps » - 2001) se nourrit des matériaux bruts du premier çu pour reconstruire efficacement une histoire étonnamment bien maîtri- a- sée. é- Du livre « Document » de François Bégaudeau (dont il a gardé le titre e. original) sur des expériences quotidiennes d'une année scolaire, Can- o- tet a retenu des situations particulières pour établir la trame de son scé- ui nario auquel il a alors intégré des personnages eux aussi inspirés par er. des caractères d'adolescents évoquées dans le bouquin. Le tournage proprement dit fut précédé d'une année « d'immersion pédagogique » non seulement pour l'équipe du film mais surtout pour Bégaudeau lui- ck même, appelé à jouer le rôle du prof, et pour les élèves d'un lycée du 20ème arrondissement de Paris qui ont participé pendant plusieurs mois à des ateliers ouverts d'où sont sortis les plus assidus et les plus volontaires, à la différence près qu'ils ne devaient pas jouer leur propre rôle mais interpréter ceux créés par Cantet: ils l'ont fait avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Laurent Cantet met ainsi en scène, dans une classe réputée difficile, la vie de 25 jeunes tous +/- défavorisés et aux identités bien marquées, du noir rebelle au chinois bon élève, en passant par la « beurette » effrontée, le petit gothique mal dans sa peau, la jolie black provocante, le nouveau faussement timoré, etc., avec ce petit quelque chose de particulier qui peut rendre chacun atta- chant. Le réalisateur fait preuve d'une incroyable intransigeance en mainte- nant systématiquement son film « Entre les murs » alors qu'il est quand même question de beaucoup d'autres choses puisque, en montrant la vie de l'école, on évoque aussi l'école de la vie. La classe, souvent as- similée à un « lieu d'enfermement », devient ainsi, de temps à autre, un espace d'expression, de révolte, d'espoir, d'affirmation de soi, mais aussi de découragement et de résignation. Parce que, entre les murs, comme au dehors, il y a des règles que l'on peut certes discuter et contester mais pas transgresser au-delà des dernières limites, ce que Souleymane, l'un d'entre eux, éprouvera à ses dépens, sans que cela ne satisfasse le prof pour autant. Laurent Cantet enrichit le témoignage de François Bégaudeau de son regard personnel de cinéaste qu'il porte sur une réalité microcosmique, certes circonscrite dans l'espace et dans le temps, mais dont les a priori clairement définis conduisent à une plus large réflexion sur notre société. Bien au-delà de ces murs-là, comme de tous les autres. De Laurent Cantet André Ceuterick Avec François Bégaudeau, Nas- sim Amrabt, Laura Baquela… France, 2008, 2h08 http://entrelesmurs-lefilm.fr/site/ PLAZA146.qxd:Layout 2 28/10/08 12:57 Page 4 Valse avec Bachir Dès le 10/09 – sortie nationale En compétition à Cannes (et étonnement oublié au palmarès), « Valse avec Bachir » est une autobiographie puissante sur le thème de la mé- moire et de la guerre. Outre la qualité du récit, sur le mode documentaire et introspectif, le travail éblouissant de mise en scène et d’animation vaut largement le détour. Ari Folman, un réalisateur israélien, a rendez-vous dans un bar avec un ami. Celui-ci lui raconte que, chaque nuit, il fait le même cauchemar : une meute de chiens le pourchasse. 26 précisément. 26, c’est le nombre de chiens qu’il a dû abattre au cours de la guerre du Liban, en 1982. Ce récit va rouvrir un coin de la mémoire qu’Ari avait complètement occulté. Il se revoit jeune soldat, se bai- gnant à Beyrouth avec deux potes. Pour désocculter complètement son passé, il décide de partir à la recherche d’anciens compagnons d’armes… Le choix du dessin animé pour porter un sujet autobiographique et brutal pou- vait s’avérer risqué. Pourtant, dans la lignée de « Persepolis », la beauté sai- sissante des images assez réalistes, mêlant animation classique et 3D, insuffle une dimension supplémentaire au récit (une sensibilité, une mélancolie, de l’humanité). Au final, « Valse avec Bachir » dégage une force émotionnelle ra- rement observée dans un film d’animation pour adultes. La poésie s’immisce dans des images de guerre. Cet aspect paradoxal n’est cependant pas cho- quant : l’horreur de la réalité, à mille lieues des films héroïques américains, nous rattrape bien vite. Juste de jeunes hommes qu’on envoie, errants, tirer De Ari Folman sur des inconnus et se faire tirer dessus. Après, ils tentent d’oublier. Mais, pour Israël/France, 2008, vo ss-tt, A Ari Folman, le travail d’anamnèse est capital pour se reconstruire une identité 1h27 et, pour les futures générations, de ne pas commettre les mêmes erreurs. A ne www.valseavecbachir-lefilm.com pas rater ! Nadège Herrygers Rumba Avant-première nationale lundi 15/09 à 20h en présence des réalisateurs-acteurs Dès le 17/09 – sortie nationale Très remarqué à la Semaine de la Critique à Cannes, « Rumba » rappelle avec joie que le cinéma d’auteur belge peut aussi faire rire, et beaucoup ! Après « L’Iceberg », la fine équipe Abel, Gordon & Romy revient encore plus forte avec une comédie burlesque colorée et sensible.