Monographie de la commune

d’Escoubès-Pouts

arrondissement d’Argelès

canton de

département des Hautes-Pyrénées

1887

I La commune d’Escoubès-Pouts se trouve au nord de l’arrondissement d’Argelès, tout-à-fait à l’extrémité du canton de Lourdes ; elle est ainsi dans la partie du département servant de borne ou de limite aux trois arrondissements de , de Bagnères et d’Argelès.

Les limites sont : A l’est, la commune d’Arrayou ; au nord, les communes d’, canton d’ , arrondissement de Tarbes, et de Paréac ; au sud, les communes de Lahitte et d’Arcizac ; et à l’ouest, les communes de Bourréac et Paréac.

La superficie du territoire de la commune d’Escoubès-Pouts est de 262 ha 47 a Cette commune est à 7 kilomètres de Lourdes, chef-lieu de canton ; à 20 kilomètres d’Argelès, chef-lieu de l’arrondissement ; et à 17 kilomètres de Tarbes, chef-lieu du département.

Le sol est assez accidenté ; il se divise en plaines et coteaux. Ces coteaux sont des ramifications des derniers contre-forts de la chaîne des Pyrénées.

Les roches qui constituent les divers monticules sont de nature argileuse ou ciliceuse. On n’y trouve aucune pierre calcaire.

Je n’ai rien découvert de remarquable sur le territoire de la commune d’Escoubès-Pouts, rien de ce qui peut arrêter la curiosité

Il n’existe ni carrières, ni mines.

La commune d’Escoubès-Pouts n’est traversée par fleuve, ni aucune rivière. Seul un grand ruisseau, appelé l’Echez, l’arrose ; il entre par la partie sud de son territoire, pour sortir par le côté nord-est. Son débit est très peu considérable ; à peine peut-il faire marcher quelques usines de peu d’importance, telles que moulins, scieries.

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Malgré les nombreux filets d’eau (petits ruisseaux) qui s’y jettent, les crues de l’Echez, dans cette partie de son cours, ne sont pas trop à craindre. Les riverains ne les redoutent que lorsque le foin ou le regain sont sur pied. Comme alors les eaux sont terreuses, le fourrage se salit et ne vaut plus rien. Il est à remarquer que, le lit de l’Echez se trouvant très étroit, en même temps que peu profond, ce ruisseau déborde assez facilement. Mais généralement les dégâts de ce petit cours d’eau se bornent à la perte d’une certaine partie du fourrage.

Aucun canal ne traverse la commune ; il n’y a pas non plus de lac.

Pour les eaux potables, on est assez bien partagé : on se sert de l’eau de quelques puits et surtout de l’eau de diverses sources. L’une et l’autre de ces eaux paraissent d’assez bonne qualité. Certaines personnes cependant supportent qu’elles sont un peu trop salines. Mais ce ne sont que des suppositions, car on ne s’est pas encore avisé de les faire analyser.

En fait de sources thermales, il n’en existe point. Il y a seulement deux ou trois petites fontaines qui donnent une eau qu’on croit être ferrugineuse ; mais pas plus que pour les eaux potables, on ne les a pas fait soumettre à l’analyse.

D’après la carte de l’Etat-Major, la commune d’Escoubès-Pouts est, je crois, à 544 mètres d’altitude. Le climat est très tempéré ; d’abord, à cause de son altitude, ensuite et surtout parce qu’elle (la commune) est protégée, contre les ardeurs du soleil et les vents froids, par le voisinage des montagnes et des collines, par les coteaux qui se trouvent de tous côtés.

Il pleut souvent dans cette contrée ; mais il ne tombe de grandes quantités d’eau qu’à la saison des orages. Comme le terrain est de nature argileuse, la terre conserve son humidité pendant plusieurs jours ; ce qui appelle de nouveau la pluie.

Les vents soufflent souvent du côté de l’ouest ; quand ces vents se font sentir un peu vivement, ils amènent la pluie. Les vents du nord-est, au contraire, nous présagent le beau temps. Les vents les plus violents nous viennent du sud. Ceux-là, comme dans la nuit du 31 décembre 1874 au 1 er janvier 1875 causent de grands ravages. La température est entre 12 degrés au-dessous de zéro et 28 degrés au-dessus.

Les diverses causes ci-dessus font que Escoubès-Pouts est assez sain. On ne voit pas les épidémies y exercer des ravages comme dans certaines localités.

II La population d’Escoubès-Pouts, d’après le recensement de 1886, est de 195 habitants. Elle a diminué, depuis 1876, de 75 habitants. Cette diminution doit être attribuée à l’émigration vers la ville. Je crois cependant que cette désertion des gens de la campagne pour aller se fixer dans les grands centres tend à s’arrêter. J’espère donc, pour Escoubès-Pouts, qu’à moins d’évènements imprévus, la population ne diminuera pas davantage.

Cette commune se compose de deux sections Escoubès et Pouts. C’étaient deux communes distinctes qui ont été réunies par Ordonnance royale, n° 12656, en date du 8 mars 18746. Il n’y a que deux hameaux, d’un ménage chacun, le hameau du moulin et le hameau de Loumès, le premier est à ½ kilomètre du centre du village, l’autre, à 1 kilomètre et ½. Escoubès se divise en trois quartiers : Mégère, Route départementale et Bernet. Il y a donc en tout six groupes dont la population respective est de : 1° Escoubès – Quartier Mégère, 22 feux et 75 habitants 2° ______– ______Route départementale, 8 _____ 46 ______3° ______– ______Bernet, 5 _____ 19 ______4° Section Pouts 7 _____ 40 ______5°Hameau du Moulin 1 _____ 7 ______6° ______de Loumès 1 _____ 8 ______Coteaux 44 feux et 195 hab ts

2 La commune d’Escoubès-Pouts, pour ce qui regarde les élections municipales, ne forme qu’un seul collège électoral. Le chiffre de sa population ne lui donne droit qu’à dix Conseillers, qui élisent le Maire et un seul adjoint.

Les fonctionnaires de la commune sont : Le curé ou desservant, l’instituteur et l’institutrice. On peut y ajouter le valet commun.

Pour les cultes, la commune d’Escoubès-Pouts, est desservie par un prêtre catholique, résidant au chef- lieu, Escoubès, et faisant le service de la Section Pouts et des hameaux.

Pour les finances, elle fait partie de la Perception d’Arcizac, canton de Lourdes, chef-leu d’arrondissement, laquelle perception dépend à son tour de la Recette particulière d’Argelès.

Pour les postes et télégraphes, elle est desservie par les bureaux de Lourdes, chef-lieu du canton.

La valeur du centime est de huit francs ...... 8. 00

Les revenus ordinaires de la commune sont 1° Cinq centimes additionnels ...... 34. 00 2° Attribution sur patentes ...... 3. 04 3° Impôt des chevaux et voitures ...... 0. 88 4° Produit de la taxe sur les chiens ...... 11.00 5° Prix de ferme d’un pré appartenant à la commune...... 100.00 6° Prix de ferme d’une lande appartenant aussi à la commune ...... 36.00 7° Taxes de pâturage...... 174.00 8° Partage annuel de thuyes et fougères . . . 82.00 9° Vente des châtaignes des châtaigneraies de la commune...... 121.00 ______

Total...... 555, 92

III Il se récolte à Escoubès-pouts :

(1° Froment ...... 520 hectolitres (2° Seigle ...... 38 ______Céréales (3° Orge...... 48 ______(4° Méteil ...... 66 ______(5° Maïs ...... 910 ______Graines alim res (6° Haricots ...... 56 ______Tubercules (7° Pommes de terre . . . . 390 ______

(1° Trèfle incarnat t . . . . . 60 quintaux (2° Trèfles de toute nature 65 ______Fourrage (3° Saifoin ...... 140 ______(4° Foin provenant des Prairies naturelles . . . 2085 ______

Plantes textiles (1° Lin (graines ...... 4 hectolitres et oléagineuses (filasse...... 3 quintaux

Cultures arborescentes (1° Noix...... 80 hectolitres et Oléagineuses

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(1° Pommes ...... 90 hectolitres (2° Prunes ...... En grande quantité Fruits (3° Cerises...... ég (4° Poires ...... Peu (5° Pêches et abricots. . . . ég (6° Châtaignes ...... 300 hectolitres

Vins (1° Vin...... 80 hectolitres

Comme on le voit par le tableau ci-dessus, les principales cultures sont celles du froment et du maïs. Les prairies naturelles sont encore bien plus considérables que les prairies artificielles.

Jusqu’à présent, le système de culture était l’assolement biennal. Mais on commence à pratiquer l’assolement triennal. Tous ceux qui l’ont essayé, s’en trouve fort bien.

La première année on donne à la terre le maïs ; après le maïs, les pommes de terre ; et à la troisième on ensemencera le froment. La jachère est inconnue à Escoubès-Pouts.

Le territoire d’Ecoubès-Pouts étant très morcelé, on ne peut faire usage de machines agricoles. Les labours se font encore avec la charrue simple.

Comme nous l’avons vu, il y a très peu de vignes. Le philloxéra n’a pas fait son apparition dans la commune.

Les principaux animaux domestiques sont les vaches qui servent pour traîner la charrue et pour tous les autres travaux agricoles, en même temps qu’elles donnent des veaux et qu’elles fournissent du lait pour les besoins du ménage.

Les troupeaux de moutons et de brebis ne sont pas très nombreux. Dans presque toutes les maisons, il y a des porcs. Toutes ont des poulets. L’espèce chevaline n’est pas nombreuse. Pas de chèvres.

A Escoubès-Pouts, il n’y a pas de chasseur. Il n’existe pas non plus de pêcheur de profession. Le ruisseau qui traverse la commune, l’Echez serait très poissonneux, s’il n’était pas empoisonné tous les ans.

On ne possède ni mine, ni carrière exploitée. Les usines se bornent à deux moulins et à une scierie, mus par l’eau de l’Echez.

Pour les voies de communication, il n’y a que la route départementale, n° 4, de Pau à Bagnères-de- Bigorre, construite depuis environ cent ans, et les divers chemins vicinaux ordinaires qui relient Escoubès-Pouts aux communes voisines. Ces chemins vicinaux sont en assez bon état, ayant été rectifiés et améliorés pendant ces dernières années.

Un petit pont se trouve jeté sur l’Echez. L’inondation du mois de juin 1875 l’ayant emporté en partie, il a été reconstruit à la fin de cette année 1875.

Aucune voie ferrée ne traverse la commune. La gare la plus proche est celle de Lourdes.

Pour communiquer avec le chef-lieu de canton Lourdes, on a la route départementale, n°4, dont il a été déjà question ; pour aller à Argelès, chef-lieu de l’arrondissement, on prend ladite route jusqu’à Lourdes, et de là à Argelès on suit la route nationale, n°21, de Paris à Barèges ; pour se rendre à Tarbes , chef-lieu du département, on prend encore la route départementale jusqu’à la rencontre du chemin de grande communication n°7, de Cheust à , et on rejoint la route nationale, n°21, après le village de , qu’on suit jusqu’à Tarbes.

En fait de voitures publiques, il n’y a qu’une, à deux roues et un cheval ; mais beaucoup de voitures de diverses sortes, allant de Bagnères à Lourdes, traversent la commune, surtout pendant la belle saison.

Il n’y a pas maintenant de commerçant à Escoubès-Pouts.

4 Il n’existe pas de foires, ni de marchés. Les produits que la commune vend, consistant en veaux gras, cochons gras ou autres, volailles, œufs, maïs, pommes de terre, châtaignes, haricots, etc. sont conduits ou transportés aux marchés et foires de Lourdes, rarement à Tarbes et à Bagnères.

Pour les mesures on se sert, pour les grains, les pommes de terre, et les châtaignes d’une mesure de 25 litres ; les quatre font l’hectolitre.

Pour le vin on parle de l’hectolitre, mais le plus souvent on se sert de double décalitre, appelé ici canme.

Quand on veut mesurer du lait ou de l’huile, on prend le litre ou le demi-litre.

La paille et les fourrages secs sont évalués au moyen du quintal dit du pays (50 kilogr), par opposition au quintal métrique.

Pour les longueurs et les surfaces, on parle encore de l’empan, et de la canne (8 empans) et de la canne carrée (64 empans carrés). Mais pour les volumes, il n’est question que du mètre cube.

IV Je n’ai rien trouvé qui pût me mettre sur la trace de l’étymologie du nom du chef-lieu, Escoubès, à moins qu’il ne vienne de balai de bruyère, qu’on appelle, idiome du pays, escouve . Ce ne serait pas une origine bien noble, mais nous ne sommes pas maître de choisir nos aïeux.

Quant à la section Pouts, son nom vient de sa position. Pouts, en patois du pays, doit signifier Puy, tertre éminence. Pouts se trouve en effet, sur une élévation de terrain, sur un coteau.

Les archives de la Mairie, ayant été malheureusement mal tenues, on n’y trouve presque rien se rapportant à l’histoire de la commune.

Il n’y a qu’une pièce présentant un certain intérêt. C’est un extrait du livre terrier des Seigneurs de Bigorre, portant la date du 20 octobre 1621 .

Il résulte de cette pièce que la commune d’Escoubès faisait partie du fief du Seigneur de Laloubère.

On y trouve les confrontations du territoire de l’ancienne commune d’Escoubès qui ne diffèrent que fort peu des limites actuelles.

Escoubès faisait partie de la Seigneurerie de et de Paréac, appartenant au Seigneur de Laloubère.

« Ledit Seigneur de Laloubère tenait la cour de Justice à Julos, où les habitants d’Escoubès – étaient tenus d’aller plaider - en première instance leurs causes concernant ladite juridiction, sous peine d’encourir la loi payable par ceux qui auraient fait le transport de juridiction. Pour le regard de la haute justice et grande loy appartient à sa majesté sy sont créés deux consuls audit lieu d’Escoubès chaque année et lesquels sont tenus de praiter le serment entre les mains dudit Seigneur ou son Baile. Sont experts pour estimer tous les dégats qui se font audit lieu des fruits pour le bétail et semblables causes, et ladite communauté à droit de sassembler pour traiter de leurs affaires comme département de taille suivant la mande qui leur est envoyée par les gens d’Etat. »

« Disent qu’ils tenus (les habitants d’Escoubès) d’aller moudre au moulin Carrier que ledit Seigneur possède audit lieu et encas aucuns des habitans seront atteints d’aller moudre sans avoir attendu vingt quâtre heures ladite mouture dudit Seigneur ou ses procureurs encourent la confiscation de leur farine. : Sijoint, sont tenus de faire deux jours de manœuvre, et chaque habitant toutes les années, l’une à couper les foins et préos , que ledit sieur à audit lieu, et l’autre à faner ou sen accorder avec ledit sieur et prend aussi pour le droit de guet trois souls bons de chaque habitant. »

« Disent qu’ils tiennent en affièvement sept carthes ou terre audit lieu … pour raison desquelles pièces payent et font de fief audit sieur de Laloubère, à la fête de la circoncision de nôtre Seigneur dix sols bons faisant quinze sols tournois, trois sacs une cartère froment, trois sacs et une carthère àvoine annuellement. »

5 « En outre ont droit de paissage et gisten a leur bétail en la montaigne appelée le port des Angles avec les habitants de la Baronnie des Angles sous les confrontations et ont meme servitude et usage que lesdits habitants dicelle sans pour ce payer aucun droit ni change. »

« Auxquels biens, droits, franchises, utilités et immunités supplient sa majesté les maintenir continuer et confirmer. »

« Le vingt cinquiême novembre mil six cent douze en la Comté de Bigorre, par devant moi notaire soussigné présents les témoins bas nommés la présente déclaration a été vue et lue de motà en présence des consuls, manans et habitants dudit lieu. »

« Ledit notaire ai retenu le présent acte présent Domenge de Bachis de Borriac et Pascau de Bulan d’, lesquels et lesdits habitans ont déclaré ne savoir écrire et moi notaire susdit en foi de quoi me suis soussigné. Vivé notaire. Signé. Et de ladite production et remise ayant été concédé acte le procès appointé en droit et ordonné letout être communiqué au substitut du fermier général. Lequel substitut ayant vu ladite production aurait conclu comme sensuit :

Vu le présent dénombrement avec l’acte de reconnaissance faite par les habitants dudit lieu descoubès au Seigneur direct dudit lieu et autres productions n’empêche que le Seigneur dudit lieu soit maintenu en la possession des terres par lui déclarées et dénombrées en laissant la douziême dicelles au sieur d’ibos ou sous fermier suppléant ou payant la valeur dicelles si mieux ledit sieur n’aime bailler homme mourant et confiscant dans le mois. Fait à Tarbes le seiziême juillet mil six cent dix-neuf. Barrère, signé. »

« Surquoi le dixseptiême jour du mois d’août audit mil six cent dix neuf avec mure délibération du Conseil à été prononcé seavoir entre.

Entre Jean d’Ibos sieur de Lagarde comme ayant droit et cause de maître, Jaque Garsalan conseiller et secrétaire du roy adjudicataire général de la ferme de l’entier domaine de Navarre demandeuse en exibition des titres prestations d’homages , déclarations de menus cens et autres devoirs appartenant à sa majesté dans le Comté de Bigorre, joint à lui le substitut du procureur général du roy, d’une part et Pascal de Vambré sindic des Consuls manans et habitants du lieu descoubès assignés et déffendeurs d’autre. »

« Sous commissaire susdit, vu le procès sindicat … avons maintenu et maintenons lesdits sindics , habitans et consuls dudit lieu descoubès en la possession et jouissance desdits biens communs mentionnés par ledit dénombrement à la charge du droit d’indemnité contingent à sa majesté pour lequel adjugeons audit d’Ibos audit nom le douziême desdits biens communs si mieux iceux habitants n’aiment lui en payer sa légitime valeur pour en jouir et disposer suivant un contrat et bail dudit Garsolan ou bienbailler et nommer homme mourant et confiscant dans huitaine, laquelle passée n’y seront plus reçus à se pourvoir pour la justice basse jusques à quinze sols tournois seulement devant les Consuls et bailes dudit lieu de Julos et pour le surplus de ladite justice tant civile criminelle que politique devant les Consuls de la ville de Tarbes et officier du roy, en la cour du sénéchal de ladite Comté … Donné à Tarbes les an et jour susdits. Noguès, signé.

Le Jean d’Ibos ayant droit et cause dudit sieur de Garsoulan et comme tous fermier des droits extraordinaires à provenir de la reformation et recherche des droits et domaines du roy et amortissement au Comté de Bigorre confesse avoir eu et reçu comptant de Vincent danère député du sindic dudit lieu descoubès la somme de dix livres à laquelle j’ai composé avec ledit sindic pour la valeur de la douzième partie des biens possédés par ladite communauté et à moi adjugés par la sentence ci-dessus écrite pour le droit d’indemnité sur iceux Contingent à sa majesté et suivant loption faite par ledit sindic de ne vouloir bailler homme mourant et confiscant de quoi je tiens quitte ledit sindic et communauté par la présente écrite d’autre main et signée de la mienne. Fait à Tarbes le vingt octobre mil six cent vingt un. Jean d’Ibos ainsi, signé. »

On n’a pu me donner le nom d’aucun homme remarquable de la commune.

Le patois de Bigorre, où se rencontrent des expressions béarnaises, l’idiome qu’on parle. Les chansons sont la plupart en français.

Les mœurs, qui se sont très adoucies depuis une cinquantaine d’années, sont encore un peu réfractaires aux idées libérales, de même qu’aux sentiments nobles et élevés, comme la générosité, l’abnégation, le dévouement, le patriotisme. Il y a beaucoup trop de place pour la superstition, les idées rétrogrades, l’égoïsme.

6 Tous les habitants d’Escoubès-Pouts appartiennent au culte catholique.

Les costumes sont ceux du pays bigourdan avec le berret béarnais pour les hommes.

Il y a une grande amélioration sous le rapport de l’alimentation. Si on ne mange pas assez de viandes rouges, en revanche on fait un pain très nourrissant , on mange beaucoup de salé de cochon, d’oie et de canard. On consomme aussi beaucoup de légumes et de laitage.

Depuis quelques années, tous les ménages ne boivent pas de vin ; mais comme il est presque impossible de s’en procurer de naturel, on ne fait peut-être pas une trop grande perte.

Il n’existe pas de monument remarquable. L’église a été bâtie en 1660 ; mais elle ne renferme aucune curiosité. La seule chose qui attire l’attention , c’est une pierre sculptée qui se trouve dans l’épaisseur du mur de la sacristie, façade de l’est. Personne dans la commune ne comprend ce que signifie cette pierre. J’ignore si on l’a fait voir par quelque amateur d’antiquités. Elle a près d’un mètre carré ; trois figures humaines y sont grossièrement sculptées.

Annexe au titre IV Enseignement

J’ai essayé de trouver à quelle époque Escoubès a eu son premier instituteur. Mais il m’a été impossible de me renseigner complètement. Tout ce que j’ai pu apprendre, c’est que de 1812 à 1815, et les années suivantes, il y avait un maître d’école à Escoubès ; il s’appelait Pomiès.

Dès 1817, il a été remplacé par un nommé Jacoumete Pierre âgé alors de 27 ans ;

Cet instituteur est resté à Escoubès, d’où il était natif, jusqu’en 1855, époque à laquelle il a eu maille à partir avec le vicaire d’Escoubès-Pouts. Ce différent divise la commune en deux camps. Le conseil municipal était en grande majorité pour l’instituteur. Malgré cela, ce dernier reçut son changement. Il est vrai que le vicaire fut envoyé curé à Gavarnie et que la commune fut privée de service religieux pendant deux ans.

M. Jacoumete fut remplacé par M. Bazeillac qui ne resta à Escoubès-pouts qu’environ un an. M. Vilon, puis M. Labarrère et M. Cazenave se succédèrent. Il ne restèrent tous les trois qu’une année et demie environ. M. Lalane père d’un employé de la Préfecture, aujourd’hui percepteur à Tournay, arriva après et occupa le poste d’Escoubès-Pouts jusqu’au 1 er février 1867 ; il y resta donc 10 ans (de 1857 à 1867).

M. Lalane eut pour successeur M. Abadie, qui ne resta u’un mois, c'est-à-dire jusqu’au 1 er mars, époque à laquelle celui qui écrit ces lignes fut nommé titulaire à Escoubès-Pouts.

Jusqu’à la fin de l’année 1866, l’école était mixte. Ce n’est qu’alors qu’une jeune institutrice libre se fixa dans la commune, M elle Daressys. Elle fut remplacée dans la même situation par M elle Barrouguère, laquelle fut nommée institutrice communale par arrêté de M. le Préfet des Hautes-Pyrénées en date du 6 mai 1872.

J’oubliais de dire que c’est à Escoubès-Pouts que Melle Barrouguère fut nommée institutrice communale (Création d’emploi).

Depuis lors il y a eu deux écoles à Escoubès-Pouts. Il n’existe plus de cours d’adultes, parce que, dans les petites communes pauvres, il est impossible de réunir les conditions nécessaires pour qu’ils soient subventionnés.

Je ne voudrais aucunement manquer au respect que je dois à tous mes supérieurs. Mais s’il m’est permis de dire ma façon de penser, je ferai remarquer ici qu’en modifiant la réglementation des cours d’adultes, on les a détruits.

Certains, il est vrai, ne s’en plaignent pas, pensant qu’ils n’étaient d’aucune utilité.

7 Pour moi je ne puis partager cette manière de voir ; je crois, au contraire, qu’ils ont rendu de grands services et que le million qu’on y consacrait n’était pas de l’argent trop mal employé.

Beaucoup d’enfants, en effet, quittent l’école à 12 et 13 ans, d’autres, le plus petit nombre de 14 à 15 ans. Si ces enfants disent complètement adieu à leurs livres et à leurs cahiers à 20 et 21 ans, les premiers auront presque tout oublié, les autres ne seront guère plus avancés.

Le local où se tient l’école des garçons, ainsi que le logement de l’instituteur a été construit en 1861 ou 1862 ; la dépense s’est montée à près de 4000. f . L’état n’a accordé qu’un secours de 1000. f .

Pour l’école des filles, la commune n’ayant pas de local, c’est M elle l’institutrice qui a affermé une maison particulière.

Pour désintéresser la maîtresse, le conseil municipal lui vote une indemnité de logement.

La commune n’ayant qu’une population de 195 habitants, on ne peut espérer un secours de l’Etat pour la construction d’une école de filles.

Je pense qu’il n’est pas utile de s’occuper ici de la salle d’école des filles, pour la raison que ce local n’appartient pas à la commune et que, d’un autre côté, l’école d’Escoubès-Pouts sera probablement, d’ici à quelque temps, transformée en école mixte.

Quant à la salle d’école des garçons, elle est très suffisante pour la destination actuelle ; mais si l’on devait y réunir les deux sexes, elle n’aurait pas les dimensions voulues. Il faudrait l’élargir. Il serait également très utile pour ne pas dire nécessaire d’assainir le logement de l’instituteur. Pour y réaliser ces améliorations-là, une somme de 3000. f serait nécessaire.

La situation financière étant déplorable, il faudrait demander à l’Etat de contribuer à la dépense dans la plus large mesure.

La fréquentation scolaire laisse encore à désirer. Sur 8160 présences possibles, il y a eu pendant l’année scolaire 1885-86, 2448 absences. Il faut dire que la commission scolaire n’a jamais fonctionné. C’est à ses seules ressources qu’on laisse l’instituteur. Lorsqu’il a fallu exécuter la loi sur la laïcité, dans certaines localités arriérées, l’instituteur a eu de grandes difficultés à vaincre. Mais lorsqu’il se sentait appuyé par ses chefs, il ne craignait pas la lutte, et, le plus souvent, il a fini par assurer le triomphe de la loi.

Depuis au moins dix ou douze ans, il n’ay a pas eu de conscrit illettré à Escoubès-Pouts. Il n’y en a donc pas eu en 1886. Il ne s’est pas présenté non plus de conjoint ne sachant pas signer son nom pendant l’année dernière et les années précédentes .

Une bibliothèque scolaire a été fondée à Escousbès-Pouts le 1 er janvier 1882. C’est sur ma demande, plusieurs fois renouvelée, que le conseil municipal nota la somme nécessaire pour l’acquisition de l’armoire et d’un certain nombre de livres de classe. Le Ministre de l’Instruction publique a fait une concession de livres au commencement de l’année 1885. Le département avait également accordé une somme de cinquante francs, comme encouragement. La bibliothèque possède 67 volumes ; ils sont encore en bon état.

Le nombre des prêts a été de 49 en 1885 et 35 en 1886.

La caisse des écoles n’est pas créée, le conseil municipal n’ayant rien voté pour cet objet. Une caisse d’épargne scolaire avait fonctionné pendant six ans ; le montant des dépôts avait dépassé cent francs. Depuis quelque temps, il n’y a pas de versement. C’est que les parents n’ont pas compris les services que pourrait rendre cette institution.

( Traitement fixe ...... 200. ) traitement de ( Eventuel ...... 163. ) 1250. f l’instituteur en 1886 ( Complément du traitement légal . . . 837. ) ( 2 ème huitième sur la liste de mérite . . 50. ) traitement de )...... 600. f l’inst ce (n. cl.) )

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Indemnité de logement à l’institutrice ...... 32. f

Le mobilier scolaire est dans un mauvais état ; le matériel d’enseignement est insuffisant.

Escoubès-Pouts, le 14 avril 1887 L’instituteur Vaqué

Monographie photocopiée par Michel Sauvée, et retranscrite par Roger Roucolle

NB – ce texte est la propriété des Archives Départementales des Hautes-Pyrénées. Sa reproduction et sa vente sont interdites.

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