Ni Putes Ni Soumises. Media and Women with Other Gender? Thiéblemont, Sylvie
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www.ssoar.info Ni putes ni soumises. Media and women with other gender? Thiéblemont, Sylvie Veröffentlichungsversion / Published Version Zeitschriftenartikel / journal article Empfohlene Zitierung / Suggested Citation: Thiéblemont, S. (2014). Ni putes ni soumises. Media and women with other gender? ESSACHESS - Journal for Communication Studies, 7(2), 15-25. https://nbn-resolving.org/urn:nbn:de:0168-ssoar-413368 Nutzungsbedingungen: Terms of use: Dieser Text wird unter einer CC BY-NC Lizenz (Namensnennung- This document is made available under a CC BY-NC Licence Nicht-kommerziell) zur Verfügung gestellt. Nähere Auskünfte zu (Attribution-NonCommercial). For more Information see: den CC-Lizenzen finden Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/deed.de Dossier Ni putes ni soumises. Médias et femmes d’un autre genre ? Professeure des universités Sylvie THIÉBLEMONT CREM, Université de Lorraine FRANCE [email protected] Résumé : Depuis 2000, émergent de nouveaux mouvements de femmes, à l’image de Ni putes ni soumises (NPNS), qui donnent une nouvelle approche du militan- tisme : non pas celui de féministes au sens classique du terme, mais de femmes por- tant des revendications auprès des médias et via les médias sur les conditions de vie des habitants des banlieues. Aussi de nombreux médias vont-ils participer à la mé- diatisation de NPNS et à ses discours, et lui servir en quelque sorte de lieu de « fa- brique » à destination de l’opinion publique. Mots-clés : médiatisation, représentations, féminisme, banlieues, fabrique *** Ni putes ni soumises. Media and women with other gender? Abstract: Since 2000, new women's movements emerge like Ni putes ni soumises (NPNS) who give a new approach to activism: not the one on feminists in the classi- cal sense of the term with the connotations it carries, but women carrying claims in the media and through the media on the living conditions of the residents of the suburbs. So, many media will take part in the mediatization of NPNS and its dis- courses, and will serve in some way as a place of “factory” for the public opinion. Keywords: mediatization, representations, feminism, suburbs, factory *** Fort de son émergence dans les espaces public et médiatique entre 2000 et 2007, via Le Monde et Elle, voire certaines chaînes de télévision1, le mouvement Ni putes 1 Ce corpus est composé de 11 documents télévisuels (2003-2007) sous quatre formes distinctes : le documentaire, le débat, le reportage et le divertissement et de 28 journaux télévisés (2000-2007) retenus selon les critères de pertinence suivants : prises de parole par les porte-parole du mouvement sur leurs ESSACHESS. Journal for Communication Studies, vol. 7, no. 2(14) / 2014: 15-25 eISSN 1775-352X © ESSACHESS 16 Sylvie THIEBLEMONT Ni putes ni soumises… ni soumises (NPNS) a non seulement été sur le devant de la scène dès 2000 de par ses revendications adossées à un problème public (Felstiner, Abel & Sarat, 1991 ; Neveu, 1999 ; Céfaï, 2002, texte en ligne) – celui du sort des femmes vivant dans les banlieues, femmes immigrées ou d’origine immigrée, mais pas seulement - et s’est revendiqué un mouvement non féministe, mais à la fois féminin et mixte, voulant de la sorte se démarquer d’autres mouvements déjà connus (Les Chiennes Gardes, La Meute, etc.). Rejeter les questionnements autour du féminisme et des questions de genre tel que discuté par d’autres mouvements de femmes ou d’intellectuelles, a été l’un des axes de leur projet, par effet fortement médiatisé, ces militantes estimant que cela était réservé à une forme d’élitisme dont elles voulaient se défaire. À la suite du Monde et Elle, d’autres médias ont donc relayé leurs propos, participé à leurs ren- contres, universités populaires, conférences, et leur ont permis de démontrer que certaines questions (respect de la femme, lutte contre les violences conjugales etc.) liées au genre pour d’autres collectifs, pouvaient ne pas l’être pour elles. Et lors de la nomination de la présidente du mouvement Fadela Amara, en 2007, à la fonction de secrétaire d’État chargée de la Politique de la Ville dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy, si le mouvement connaît certaines turbulences et tensions, perd en quelques mois de sa starification, pour laisser la place, dans les médias, à un autre mouvement qui émerge certes plus tard, celui des FEMEN, pour autant, il continue d’exister, de militer et d’asseoir ses prises de position particulières quant aux ques- tions sur les habitant(e)s des banlieues et les féminismes. Ce n’est donc pas par opposition systématique au sexe masculin que ces mili- tantes se sont fait connaître auprès de divers publics, mais davantage par un en- semble de propositions destinées à tous les citoyens, en priorité des banlieues. Ce dont Fadela Amara a toujours témoigné, notamment dans son premier ouvrage Ni putes ni soumises (2003)2 lorsqu’elle expliquait que le but recherché de leur mobili- sation était la construction d’un mouvement citoyen au sein duquel les revendica- tions devaient transcender le genre, le sexe, l’ethnie, la race et les religions. 1. De la visibilité médiatique de NPNS via la construction d’un problème public Les stratégies communicationnelles des femmes militant à NPNS s’inscrivent, dès le départ de la constitution du mouvement, dans la conception des « régimes du proche » (Thévenot, 2006) et dans celle de l’action collective (Céfaï & Trom, 2001). Aussi représentent-elles très tôt du côté des médias un corps social émergent intéres- sant, d’autant que ce collectif n’est pas simplement le rassemblement de femmes immigrées ou issues de diverses immigrations, mais de femmes vivant dans les quar- tiers et se trouvant confrontées à des difficultés identiques. Certes, il est important de revenir sur la médiatisation singulière de ce mouvement et par effet, du corpus actions de grande envergure et leurs revendications. Concernant les télévisions, il s’agit majoritairement d’Arte, TF1, France 2 et Canal+ qui se déclare partenaire officiel du mouvement dès 2005. 2 Voir Amara, F. et Zappi, S. (2003). Ni putes ni soumises. Paris : Éd. La Découverte. ESSACHESS. Journal for Communication Studies, vol. 7, no. 2(14) / 2014 17 utilisé pour cette étude puisqu’il s’agit de deux types de presse différents, à savoir Le Monde et le magazine Elle3. Ainsi, Sylvia Zappi, journaliste alors chargée de l'immigration, de l'intégration, de la discrimination et de l'intégration au Monde, est une des premières à vouloir « rendre visible un pan de la société, qui parfois, était occulté, voire brouillé, notamment par la publication brute de faits divers »4, et à participer volontairement dès 2000 de la montée en visibilité médiatique de NPNS par des articles réguliers, comme le feront dans la foulée d’autres de ses confrères du même titre ayant le même objectif. Tout en établissant publiquement ses liens en 2003 avec Fadela Amara autour de l’ouvrage Ni Putes Ni Soumises (2003) qu’elle cosigne, elle offre également au mouvement « un accès à un espace de lutte symbo- lique où [ont été] nommés et définis les enjeux qui, à force d’être répétés, [ont fini] par s’imposer dans [les agendas] politique » et médiatique (Wisler, 1999, p. 122). Parallèlement, Valérie Toranian, directrice de la rédaction de Elle, se lie, dès le début de l’existence de NPNS, à Fadela Amara, et met en place un partenariat, via la Fondation Elle, dont le concours « Elle Solidarité Mode » d’avril 2004, est un exemple emblématique5. Par ailleurs, la participation de cette dernière à différents débats sur les conditions des femmes dans les cités, mais aussi dans le monde, est également constitutive du choix opéré pour ce magazine6, avec pour objet des thé- matiques proches de celles que traitent annuellement les intervenants des universités annuelles organisées par NPNS à Dourdan dès 2003. De fait, l’engagement de la journaliste qui dénonçait dans le dossier « Femmes. Les nouveaux combats » réalisé par Le Nouvel Observateur du 27 janvier 2005, le « silence assourdissant face aux violences faites à nos voisines de palier, nos sœurs en droits et citoyenneté » et « ré- clamait d’urgence aide et solidarité », s’est inscrit, à l’image de celui de Sylvia Zap- pi, dans les critères de pertinence qui ont participé de la construction de ce corpus. 3 Ce corpus recouvre 114 textes publiés dans Le Monde et Le Monde Radio Télévision. Concernant le magazine Elle, 54 numéros (2001-2006) ont été retenus en raison des thématiques liées aux conditions des femmes dans les cités. 4 Entretien téléphonique entre Sylvia Zappi et l’auteure, 12 février 2003. 5 Le concours « Elle Solidarité Mode » se veut réservé à des jeunes filles ayant des difficultés à se trouver un avenir dans le système scolaire. Ce concours permet, à plusieurs d’entre elles, d’intégrer une école de stylisme. Une autre opération consiste en un parrainage, dans vingt régions de France, de cent femmes issues de quartiers en difficulté ayant pour projet de créer une micro-entreprise. Tous les projets communs à Elle et NPNS ont figuré sur le site de l’association dans la rubrique « Ce que nous faisons », avant que celui-ci ne soit remanié en 2006 sous la rubrique « Présentation et historique ». 6 Voici quelques exemples significatifs de l’engagement de Valérie Toranian (V. T.) aux côtés de NPNS : animation d’une table ronde par V. T., Festival International de Photojournalisme, « Laïcité, intégration, égalité : les nouveaux combats des femmes », Perpignan, 2 septembre 2003 ; animation d’une table ronde par V. T. et Carla del Ponte, procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, Festival International de Photojournalisme, « La femme du côté des bourreaux et la femme réduite à un butin de guerre », Perpignan, 3 sept.