JEUDI 17 NOVEMBRE 2011

Loi de finances pour 2012

SOMMAIRE

MISE AU POINT AU SUJET D’UN VOTE ...... 1 RAPPELS AU RÈGLEMENT ...... 1 DÉPÔT D’UN RAPPORT ...... 2 RENVOI POUR AVIS ...... 2 LOI DE FINANCES POUR 2012 ...... 2 Discussion générale 2 Question préalable 16 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

SÉANCE budget, socle financier de la République. J’ajoute que la majorité, minoritaire encore toute la nuit dernière, a du jeudi 17 novembre 2011 systématiquement eu recours aux scrutins publics.

22 e séance de la session ordinaire 2011-2012 Nous dénonçons ces passages en force répétées au seul bénéfice de manœuvres partisanes, les machinations de la nouvelle gouvernance, ce véritable hold-up sur notre ordre du jour et le temps de travail sénatorial. (Applaudissements à droite) PRÉSIDENCE DE M. JEAN -PATRICK COURTOIS , M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission VICE -PRÉSIDENT des lois . – Je me félicite que Mme Des Esgaulx ait retrouvé la sérénité qui a pu parfois lui manquer lors SECRÉTAIRES : de notre intéressante nuit de débat… Le Sénat M. ALAIN DUFAUT , M. FRANÇOIS FORTASSIN . fonctionne conformément au Règlement, à la loi et à la Constitution. La séance est ouverte à 14 h 30. M. . – Nous nous interrogeons... Le procès-verbal de la précédente séance, Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – Et l’article 29 constitué par le compte rendu analytique, est adopté ter ? sous les réserves d'usage. M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois . – La Conférence des présidents a légitimement décidé que le débat sur Mise au point au sujet d’un vote l’intercommunalité irait jusqu’à son terme ; notre proposition de loi a été adoptée et suscitera à n’en pas M. . – J’entendais voter au petit douter l’intérêt des députés, puisque notre collègue matin la proposition de loi abrogeant le conseiller M. Jacques Pélissard a dit la trouver intéressante et territorial, et non m’abstenir. convergente avec la sienne. M. Philippe Dallier . – Nous avions compris ! La nouvelle opposition sénatoriale est en phase M. le président. – Acte vous est donné de cette d’apprentissage. Elle a pratiqué hier l’obstruction, pour mise au point. certains de ses membres avec talent ; on a bien senti que pour d’autres c’était une première… J’ai apprécié tout cela en connaisseur… Rappels au Règlement Mme Des Esgaulx a parlé de « panique » ; voyez- vous ici une assemblée paniquée ? Elle a parlé de Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – Depuis « manipulation », de « passage en force ». Mais que l’élection de M. Bel, nous subissons l’incapacité de la s’est-il passé ? Notre collègue a fait de nombreuses majorité sénatoriale à respecter le calendrier qu’elle a interventions, de nombreux rappels au Règlement ; les elle-même fixé. Il y a quinze jours la Conférence des membres de son groupe ont renchéri ; la vérification présidents, réunie à notre demande, a prolongé dans du quorum a été demandée, qui nous a fait perdre une la panique le débat sur la proposition de loi de heure -tout cela pour que le vote sur le texte n’ait pas M. Sueur sur l’intercommunalité. Il est vrai que la lieu. Nous avons donc demandé, conformément au majorité était minoritaire en séance. Règlement, de modifier l’ordre du jour. Le Sénat est maître de son ordre du jour ! La demande a été mise Mme Nathalie Goulet . – Excellente proposition de au vote par le président de séance, qui a loi ! scrupuleusement appliqué le Règlement. Le scrutin Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – Hier soir, la public fait partie du Règlement. Conférence des présidents a reporté au 9 décembre la Le texte voté à 5 heures et quart est très important, discussion de la proposition de loi de Mme David puisque le conseiller territorial cristallise le cumul des relative au repos dominical ; là encore, la majorité était mandats, porte atteinte à la parité, crée la confusion, minoritaire en séance. La même Conférence a décidé porte tort aux régions. que l’examen de la proposition de loi sur le droit de vote des étrangers serait poursuivi en dehors de Bref, le fonctionnement normal de la démocratie l’espace réservé. Elle a aussi décidé d’inscrire à notre dans une assemblée qui a changé de majorité… ordre du jour une réforme de notre Règlement, sans M. François Trucy . – Je demande une rectification que le dialogue avec l’opposition eût été engagé. du compte rendu analytique d’hier : lors du scrutin Faisant fi de ses décisions sur les horaires, un éminent public sur la question préalable opposée à la membre du groupe socialiste, vice-président du Sénat, proposition de loi relative au repos dominical, c’est moi a demandé à 23 h 30 de prolonger le débat sur le et non M. Pointereau qui ai dit : « J’espère que conseiller territorial, repoussant ainsi l’examen du M. Guérini a bien voté ! »

1 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

M. le président. – Un erratum sera publié. la commission de l’économie et à la commission des lois. Mme Nicole Borvo Cohen-Seat . – Le propre du débat parlementaire est de déboucher sur un vote. J’observe que nous avons fait preuve d’une certaine discrétion... Loi de finances pour 2012

M. Philippe Dallier . – Qui a dû vous coûter ! M. le président. – L’ordre du jour appelle la Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. – … alors que discussion du projet de loi, adopté par l’Assemblée chaque sénateur UMP s’est expliqué à plusieurs nationale, de finances pour 2012. reprises, parfois de façon agressive. Ce n’est pas de bon augure. Il vous faut aussi renoncer à vouloir empêcher un président de commission de s’exprimer, Discussion générale au prétexte qu’il n’est plus de votre groupe... Mme Valérie Pécresse, ministre du budget, des Nous nous efforçons de bien organiser le débat comptes publics et de la réforme de l'État, porte-parole mais vous ne pouvez prétendre empêcher la majorité du Gouvernement . – Un budget reflète d’abord une d’aller jusqu’au vote. réalité : la croissance mondiale qui ralentit -d’où la M. François Fortassin . – J’ai suppléé M. Mézard révision de la prévision de croissance- mais aussi hier à la Conférence des présidents, qui était sereine 35 années de laxisme budgétaire. Au tournant des et consensuelle. Certaines interventions m’étonnent années 2000, l’Allemagne dégageait un excédent donc. budgétaire égal à 1,1 % du PIB alors qu’en France la baisse des impôts et l’augmentation des dépenses Sénateur depuis onze ans, j’ai déjà vu la majorité creusait le déficit structurel. Depuis des décennies, d’autrefois être minoritaire en séance sans que cela ne nous dépensons trop, ce qui impose de faire des suscite des réactions de rosière effarouchée. économies. Tel est le socle de notre stratégie, qui (Sourires) prévoit un déficit de 5,7 % en 2011, qui sera tenu ; de J’ajoute que vous ne devriez pas vous accrocher à 4,5 % en 2012 et de 3 % en 2013. La crise est une l’ubuesque conseiller territorial, qui a contribué à votre crise de confiance ; les meilleures réponses sont la échec en septembre. constance et la détermination. M. Philippe Dallier . – Cessons de nous mettre Avec l’effort supplémentaire de 7 milliards annoncé mutuellement en cause. Nous avons seulement dit hier par le Premier ministre, nous sécurisons l’objectif de que la durée prévue pour le débat n’était pas 4,5 % en 2012 et du retour à l’équilibre en 2016 ; suffisante. l’effort cumulé atteint 115 milliards d'euros, dont les deux tiers sur les dépenses. Notre stratégie accorde M. Philippe Marini, président de la commission une priorité absolue à la baisse des dépenses des finances . – Passons au budget. publiques, en commençant par celles de l’État. Son M. Philippe Dallier . – C’est ce que j’allais budget baisse dès 2011 de 200 millions, 1,5 milliard proposer. l’an prochain. C’est sans précédent depuis 1945. Ces décisions ne pèseront ni sur la croissance, ni sur l’emploi ; elles sont équitables car elles demandent Dépôt d’un rapport plus à ceux qui peuvent plus. Des réformes, encore des réformes, toujours des M. le président. – M. le Premier ministre a réformes : tel est notre credo . Cinq ans de non- transmis au Sénat, en application de l’article 67 de la remplacement d’un départ à la retraite sur deux ont loi du 9 décembre 2004 de simplification du droit, le permis de supprimer 150 000 postes de rapport sur la mise en application de la loi du 20 juillet fonctionnaires. L’an prochain, la masse salariale 2010 tendant à l’élimination des armes à sous- baissera de 120 millions d’euros ; c’est historique. Les munitions. Ce rapport a été transmis à la commission dépenses de fonctionnement baisseront de 10 % entre des affaires étrangères. 2011 et 2013. Nous avons déjà supprimé 300 000 m² de locaux, 10 000 véhicules de fonction. Avec 3 500 emplois supprimés en 2011 et 2012, les Renvoi pour avis opérateurs de l’État participeront à l’effort collectif. Les réformes ont aussi permis de maîtriser les M. le président. – J’informe le Sénat que le projet dépenses sociales : celle des retraites fait économiser de loi, adopté par l’Assemblée nationale, de finances 5,5 milliards dès 2012 ; la maîtrise de l’Ondam a pour 2012, dont la commission des finances est saisie rapporté 11 milliards depuis 2008 au fond, est renvoyé pour avis, à sa demande, à la commission des affaires étrangères, à la commission A effort d’intérêt général, engagement national ! des affaires sociales, à la commission de la culture, à Chaque acteur public prendra donc sa juste part de

2 N° 22 jeudi 17 novembre 2011 l’effort. Outre le gel des dotations, les députés ont acté revenu. En 2000 comme en 2007, avec un million une baisse des concours de l’État aux collectivités d’euros de revenus, on pouvait ne payer aucun impôt ; territoriales de 200 millions ; c’est raisonnable, bien on paiera désormais au moins 320 000 euros. C’est ce que votre commission des finances juge insoutenable Gouvernement qui a restauré la progressivité de une baisse d’un millième du budget consolidé des l’impôt. acteurs locaux... L’heure est à la responsabilité Le rabot transversal sur les niches, de 10 % en partagée, dont aucune collectivité publique ne peut 2011, sera de 15 % en 2012. Mais ce gouvernement s’exonérer. Sur 240 milliards de dépenses totales, les préserve les avantages fiscaux et sociaux qui collectivités ne peuvent-elles supporter un effort de soutiennent la croissance et la cohésion sociale, 200 millions ? comme ceux relatifs aux services à la personne ou à Nos priorités sont peu nombreuses, mais ce sont l’investissement outre-mer. Les exonérations de de vraies priorités ; cela change tout. La première charges sur les bas salaires ont atténué le coût des concerne l’innovation. Depuis 2007, l’université a 35 heures ; il ne faut pas les supprimer. changé de visage ; le CIR a été triplé ; des Nous examinons chaque dispositif pour proposer investissements d’avenir à hauteur de 35 milliards. maintien, réduction ou suppression. C’est pourquoi Notre deuxième priorité, c’est la compétitivité. La nous avons décidé de supprimer le dispositif Scellier, suppression de la taxe professionnelle est le meilleur qui a pu avoir des effets pervers. investissement de l’État depuis longtemps ; vous notez vous-même, madame la rapporteure générale, que les Mme Nicole Bricq , rapporteure générale de la gagnantes de cette réforme sont les PME et l’industrie. commission des finances . – Voilà longtemps que nous le disons ! La protection des plus fragiles est notre troisième priorité ; nous aurons réévalué de 25 % le minimum Mme Valérie Pécresse, ministre . – Nous vous vieillesse et l’AAH, créé le RSA : pour un couple avec proposerons aussi de rationnaliser le crédit d’impôt deux enfants qui gagne un Smic, c’est 256 euros de développement durable et le prêt à taux zéro « plus ». plus par mois ! Les dépenses sociales financées par A cela s’ajoutent une fiscalité comportementale : des l’État ont augmenté de 37 % en cinq ans, alors que les taxes de santé publique tendant à prévenir les gouvernements voisins ont fait des politiques de comportements à risque, ou la taxe sur les loyers solidarité les premières victimes de la crise. Pas en exorbitants des petites surfaces, notamment en Île-de- France. France. Ces taxes comportementales sont une innovation de ce budget. La quatrième priorité concerne les missions régaliennes -la justice, l’intérieur et la Défense- car le Vous le savez, la réforme des retraites sera premier devoir de l’État est la sécurité. La Cour des accélérée, tout comme celle de l’assurance maladie. Il comptes a constaté que la part des policiers présents faudra donc demander aux Français des efforts sur le terrain avait augmenté de 10 % entre 2005 et supplémentaires -ils seront les plus équitables 2009. possibles. Le temps que nos finances publiques retrouvent l’équilibre, les grandes entreprises subiront Face à la crise, la vérité est que la hausse des une hausse de 5 % de l’impôt sur les sociétés et les impôts n’a pas d’avenir autre que complémentaire. foyers les plus aisés seront touchés par le gel des Certes, j’entends les appels au grand soir fiscal barèmes de l’impôt sur le revenu, de l’ISF et des droits fusionnant l’impôt sur le revenu et la CSG. Mais il de succession. faudrait au préalable s’interroger sur le maintien du quotient familial et les effets sur la progressivité de M. François Marc . – Tout cela est provisoire ! l’impôt. Votre grand impôt sur les personnes pèserait Mme Valérie Pécresse, ministre . – Mais nous sur les familles et les classes moyennes. continuerons à protéger les Français les plus fragiles. Notre politique fiscale répond à une exigence D’où l’exclusion de la TVA à 7 % de l’alimentation et d’équité. Elle taxe plus fortement les contribuables les des services destinés aux handicapés par exemple. plus aisés, en commençant par les revenus du Nos dépenses sociales ne peuvent augmenter plus patrimoine -qui subiront une taxation plus élevée de vite que la création de richesses, mais les revenus de 15 % qu’en Allemagne. remplacement suivront, eux, la hausse des prix ; il en ira de même pour les minima sociaux. M. François Marc . – Cela reste à prouver ! L’année 2012 sera décisive pour atteindre Mme Valérie Pécresse, ministre . – En revanche, l’équilibre en 2016. Grâce à l’Assemblée nationale, le les classes moyennes sont moins taxées en France. déficit sera réduit de un milliard pour s’établir à Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la 79,7 milliards. Le Gouvernement proposera des commission des finances . – Faux ! amendements prenant en compte l’incidence de la baisse des prévisions de croissance sur les recettes Mme Valérie Pécresse, ministre . – Grâce au -moins 3,9 milliards, dont 2,7 au titre de l'impôt sur les plafonnement des niches, nous avons donné un coup sociétés. Ils traduiront aussi un ajustement à la hausse d’arrêt inédit à l’optimisation fiscale sur l’impôt sur le de la compensation de la réforme de la taxe

3 N° 22 jeudi 17 novembre 2011 professionnelle ; et les effets du plan annoncé par le La situation des marchés financiers est complexe, Premier ministre. Au total, le solde sera amélioré de les marchés secondaires étant très sensibles aux un milliard d’euros par rapport à la rédaction initiale et variations de taux. Je souligne que la France se s’établira à 78,8 milliards d'euros. finance à un taux inchangé, c’est-à-dire dans des conditions favorables. Nous suivons toujours Chacun est appelé à prendre sa juste part. L’heure attentivement l’évolution du marché avec nos amis est au sérieux et à la responsabilité. Il faut donc allemands et prendront nos responsabilités. poursuivre les réformes trop longtemps différées, pour progresser sur le chemin du désendettement. La Jeudi dernier, une agence de notation a diffusé par France sera au rendez-vous de ses engagements ! erreur un communiqué sur la dette française. J’ai (Applaudissements à droite) immédiatement saisi les autorité européenne et nationales des marchés car toute erreur en ce M. François Baroin, ministre de l'économie, des domaine peut être lourde de conséquences. Nous ne finances et de l'industrie . – (Applaudissements à laisserons passer aucun message négatif qui ne droite) L’actualité économique est particulièrement correspondrait pas à la réalité. Les investisseurs nous chargée ces dernières semaines. Sans revenir sur conservent leur confiance, ils pourront continuer à le l’excellente présentation faite par Mme Pécresse, je faire vu notre détermination à réduire le déficit, en vue veux replacer ce budget dans le fil de la stratégie de l’équilibre à l’horizon 2016. suivie depuis plusieurs années. Nous sommes conscients de la difficulté du travail parlementaire dans Nous préserverons ainsi notre modèle social, dont un tel contexte. le financement ne peut reposer sur la dette. La zone euro traverse de très fortes turbulences M. Philippe Marini, président de la commission mais j’insiste sur les avancées obtenues lors de des finances . – Très bien ! l’accord du 26 octobre : les pays dont la situation est M. François Baroin, ministre . – L’économie problématique ont engagé des efforts sans précédent, mondiale est en phase de ralentissement, mais la qu’il s’agisse de l’Espagne, de l’Italie, du Portugal ou croissance française a encore atteint 0,4 % au de l’Irlande. La France aussi doit s’adapter, pour troisième trimestre de 2011, après le ralentissement respecter son engagement de réduire son déficit. Le temporaire du deuxième trimestre. La consommation a ralentissement de la croissance est mondial. L’accord rebondi, l’investissement a progressé de 0,4 %. Cela du 26 octobre avec la Grèce a été accepté par le montre que la stratégie du Gouvernement -réduire le gouvernement d’union nationale, ce dont nous nous déficit sans porter atteinte au pouvoir d’achat des félicitons. Un nouveau plan d’aide de 100 milliards a Français, principal moteur de la croissance- porte ses été décidé, de même qu’une participation du secteur fruits. privé du même montant. Nous avons réduit notre prévision de croissance, à Nous avons également décidé de renforcer les l’instar de ce qu’ont fait les Allemands. Ce moyens du FESF ; l’effet de levier du nouveau ralentissement s’explique par la conjoncture mondiale, mécanisme sera de trois ou quatre, l’objectif étant qui va réduire nos exportations. Heureusement, le d’atteindre 1 000 milliards. La France souhaite que ce maintien du pouvoir d’achat des ménages devrait fonds ait le caractère d’une banque, mais vous soutenir la consommation. Tels sont les éléments du connaissez les réserves de l’Allemagne. La feuille de cadrage économique que je voulais vous présenter. route a été fixée la semaine dernière au président du Fonds, qui doit trouver les investisseurs nécessaires. Voilà qui justifie ce projet de loi de finances et les dispositions rectificatives qui vous seront présentées. Il Avec nos partenaires de la zone euro, nous faut tenir un discours de vérité, et réformer sans porter voulons garantir la solidité des banques européennes, atteinte à notre modèle social ni à notre croissance. avec des fonds propres atteignant 9 % des (Applaudissements sur les bancs UCR et UMP ; engagements -nous leur demandons un effort de M. Philippe Marini, président de la commission des 106 milliards, dont 8,8 milliards pour les banques finances, applaudit aussi)) françaises ; un calendrier a été fixé. Nous veillerons à éviter toute raréfaction du crédit. Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la commission des finances . – D’ici la fin de l’année, Le sommet du G20 à Cannes a été à la hauteur nous aurons examiné quatre lois financières. Notre des enjeux, sur la base d’un jugement réaliste adapté déficit devrait passer de 5,7 % de PIB fin 2011 à 4,5 % à la situation de chaque État, qu’il s’agisse des pays fin 2012. Mais la marche de 2013 -un retour à 3 %- est excédentaires, comme la Chine et le Canada, ou des la plus périlleuse car depuis 1960 la France n’a jamais pays déficitaires. Le but est d’éviter le basculement réduit son déficit de 1,5 point de PIB en un an ! vers la récession. Les États se sont accordés sur une réforme du système monétaire international -je salue à Le Gouvernement improvise. L’évolution de la ce propos l’attitude des autorités chinoises. Les situation européenne sera décisive. La France se moyens du FMI seront renforcés, en cas de besoin, finance aujourd’hui aux conditions faites à l’Italie il y a pour qu’il joue son rôle de rempart contre les risques six mois : la situation est très critique ! Le 26 octobre le systémiques. Gouvernement n’a pas réussi à convaincre nos

4 N° 22 jeudi 17 novembre 2011 partenaires sur le rôle du FESF et de la BCE ; les Vous répétez aussi que la hausse générale des mesures prises par l’Union européenne n’ont pas impôts n’a pas d’avenir. Tous les contribuables qui convaincu les investisseurs. subissent le gel du barème de l’impôt sur le revenu apprécieront ! Comme il est difficile de comprendre comment s’est enclenchée cette fuite en avant, nous avons décidé de Certains vont même devenir contribuables alors multiplié les contacts bilatéraux. Sous la présidence de qu’ils ne l’étaient pas ; ils perdront ainsi le bénéfice M. Arthuis nous sommes allés à Berlin, Bruxelles et La des allégements d’impôts locaux. Haye : il faudra continuer à coordonner nos politiques. Le plan Fillon II reposerait, en début de parcours, (M. Philippe Marini, président de la commission des sur les recettes, puis sur les dépenses ? Vous vous finances, le confirme) En effet, les effets contentez en fait, pour 2013, de déclarations déflationnistes des économies budgétaires ne seront d’intentions : les 6 milliards annoncés ne reposent sur pas soutenables si les pays excédentaires ne rien ! La Commission européenne elle-même vous relancent pas leur activité. L’Allemagne et la Chine ont exhorte à documenter vos annonces. Ne vous pris des engagements en ce sens à Cannes. Que le défaussez pas de vos responsabilités ! gouvernement nous en dise plus à ce sujet. Vous vous êtes engagés à revoir vos hypothèses Sur la gouvernance de la zone euro, le « paquet » de croissance mais vous manipulez le taux d’évolution adopté devrait être appliqué à droit constant ; mais on des dépenses publiques : 0,5 % au lieu d’1,4 % ! envisage désormais une modification des traités ! Ce Pourquoi ne pas annoncer 0 % ? Vous auriez eu l’air qui était impossible devient possible : où est la plus vertueux mais pas plus crédible... cohérence ? C’est pourquoi le Gouvernement concentre ses Le discours du Gouvernement est en décalage attaques sur le candidat socialiste, l’accusant de nuire avec ses actes. Ses plans successifs attesteraient sa aux intérêts du pays. réactivité mais ils ne rassurent en fait personne. Surtout, le Gouvernement devrait anticiper. Au lieu de Or, d’autres choix fiscaux sont possibles. Vous cela, il parie toujours sur un improbable retournement avez dit que les écarts de taxation entre grandes et de la conjoncture ! Pourquoi avoir attendu le 24 août petites entreprises, entre capital et travail, étaient pour annoncer des mesures qui auraient dû figurer inacceptables. Soutenez donc nos amendements ! dans le collectif de juin ? Dès le 26 avril, la commission des finances avait montré qu’il faudrait Nous ne proposons pas un contre-projet budgétaire 10 milliards d’euros de plus pour 2012. Les mais nous voulons éclairer les enjeux de 2012, comme le Sénat l’avait fait pour l’année 2002. C’est la vocation hypothèses macro-économiques retenues étaient trop pédagogique de ce débat optimistes, avait constaté la Commission européenne, mais le Gouvernement ne cherchait sans doute qu’à Lorsque nous désapprouverons la politique du gagner du temps. Gouvernement dans un domaine, nous voterons Selon l’accord du 26 septembre, les budgets contre les crédits. devraient être construits sur des hypothèses émanant La charge de la dette augmente rapidement, au d’économistes indépendants. Or, avec des hypothèses point de menacer notre modèle social. Une hausse de légèrement moins favorables que celles du 1 % des taux augmenterait les intérêts de 14 milliards Gouvernement, il faudrait 15 ou 17 milliards de plus ! en dix ans. Le Gouvernement instrumentalise-t-il la crise ? Je ne veux pas le croire ! Le Gouvernement communique beaucoup sur l’investissement, en particulier sur la recherche. Selon le Gouvernement, la gauche voudrait Mme la ministre me prête même des propos que je augmenter massivement les prélèvements, la droite n’ai pas tenus. Mais on pourrait attendre quelques réduire massivement les dépenses. Mais il faut une résultats des 5 milliards en faveur des entreprises ! stratégie équilibrée. De 2007 à 2012, le Gouvernement a augmenté les prélèvements nets de 17,5 milliards. M. Berson montre que l’effort réel de recherche En 2011 et 2012, leur hausse atteindra 2 points de n’est pas de 9 mais de 5 milliards. PIB, soit 40 milliards, alors que la baisse des M. Philippe Marini, président de la commission dépenses est limitée à 1,5 point. des finances . – Ce n’est pas rien ! Ainsi, la réduction du déficit repose plus sur la Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la hausse des recettes. Mme la ministre disait tout à commission des finances . – Dans l’éducation l’heure que les recettes fiscales ne sauraient être nationale, les dépenses relatives aux heures qu’un outil complémentaire. Elle critiquait sans doute supplémentaires représentent 40 000 emplois à temps la politique du Gouvernement... plein, plus de la moitié correspondent à des emplois Il est inexact d’imputer à la crise l’augmentation du pérennes, destinés à pallier la désorganisation induite déficit public. C’est en réalité la crise qui vous a par la suppression de 66 000 postes depuis 2007. obligés à cesser de démanteler les recettes publiques.

5 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

Mme la ministre attribue à la RGPP une baisse Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – Bien sûr que historique de la masse salariale de l’État. Mais elle non ! repose en grande partie sur le gel du point d’indice. M. Philippe Marini, président de la commission Les services déconcentrés de proximité paient le prix des finances . – Sur les donations et successions, vous de la RGPP, plus que les services centraux. Il est voulez abaisser la franchise à 50 000 euros. Combien inacceptable de demander des efforts aux collectivités, de mètres carrés ce montant représente-t-il ? Est-ce sans aucun dialogue. cohérent, pour un parti qui se veut le défenseur des Je pense que notre débat ne sera ni monotone ni classes moyennes ? ronronnant. Nous expliquerons aux Français pourquoi Vous mettez en cause la fiscalité des groupes il faut refuser des ajustements budgétaires sans vision d’entreprises. Small is beautiful , dit-on. Mais si l’on claire de l’avenir, et inégalement partagés ! veut de l’emploi et des centres de décisions pour (Applaudissements à gauche ; Mme Nathalie Goulet conquérir les marchés mondiaux, il faut compter sur applaudit aussi) les grandes entreprises ! Vous concentrez la fiscalité M. Philippe Marini, président de la commission sur chaque société d’un même groupe : ce n’est ni des finances . – Un budget inédit, dans un contexte moderne, ni réaliste ! Cela se combinera-t-il avec la inédit, sera examiné par un Sénat inédit… Le budget surtaxe exceptionnelle de l’impôt sur les sociétés ? est inédit car il a déjà été corrigé pour tirer les Vous proposez aussi de revenir sur la loi de conséquences de la crise. L’Italie devra refinancer finances rectificative de juin pour modifier la fiscalité 200 millions d’euros de dettes au cours du deuxième du patrimoine. Vous rejetez toutes les économies des trimestre 2012. Cette crise nous concerne tous ! Il plans Fillon I et II, et préférez augmenter les faudra s’évader de contraintes trop rigides et prélèvements de 12 milliards ! contradictoires. Le FESF ne suffit pas. La BCE, comme le FMI, seront nécessairement les lieux J’étais très largement d’accord avec la première d’élaboration de nouvelles stratégies. partie de votre propos, mais pas avec la suite… Sur les crédits du personnel de l’éducation nationale, nos Que chacun mesure la gravité du débat différences sont emblématiques : comment sera budgétaire ! L’heure n’est pas au dénigrement compensée la promesse de votre candidat ? systématique. Tous, nous devrions espérer pour la France le succès du Gouvernement. En mai et juin Le Gouvernement fait la preuve de son courage. Il 2012, il faudra faire en sorte que la France conserve a repris des propositions de la commission des sa souveraineté et sa cohésion sociale, tout en finances du Sénat. Enfin, on a accepté de toucher aux renouant avec la croissance. taux de TVA. J’appelle à soutenir le passage à 7 % du taux réduit de TVA, sauf produits de première Un Sénat inédit, ai-je dit. Après tout, si le débat nécessité, sans se laisser impressionner par les public en est enrichi, si nous débattons avec lobbies . pondération et en argumentant, nous contribuerons à la crédibilité de la France. Ce n’est pas une affaire de Mme Nathalie Goulet . – Inch’Allah ! groupes politiques, c’est l’affaire de la France ! M. Philippe Marini, président de la commission Le discours du rapporteur général appelle quelques des finances . – La suppression des exonérations sur critiques. Vous dites que le Gouvernement a les heures supplémentaires nuirait bien plus au augmenté les prélèvements. Mais vos amendements pouvoir d’achat. représenteront 12 milliards de plus au total. Je crois aux économies générales plutôt que Mme Nicole Bricq , rapporteure générale de la ciblées. Cela étant dit, les efforts du Gouvernement commission des finances . – Ce ne sont pas les vont dans la bonne direction. Son honneur et celui de mêmes qui paieraient ! sa majorité, c’est de tout faire, quelles qu’en soient les conséquences, pour que la situation en mai 2012 soit M. Philippe Marini, président de la commission aussi saine que possible et que les choix du peuple des finances . – Vous aviez commencé avec l’examen français puissent s’appliquer. Espérons que nos du projet de loi de financement de la sécurité sociale débats seront constructifs. A coup sûr nous entrerons M. Jean- Claude Lenoir – Dix-sept taxes en plus ! l’an prochain dans un monde nouveau. (Applaudissements sur les bancs UMP et UCR) M. Philippe Marini, président de la commission des finances . – Ce qui m’importe, c’est que la majorité M. Aymeri de Montesquiou . – La crise et les ait supprimé les exonérations en faveur des heures cures d’austérité adoptées par nos voisins ont fait supplémentaires. comprendre que les largesses de l’État étaient payées par les citoyens. Nul n’oserait aujourd’hui proposer la Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – C’est grave ! semaine de 35 heures et la retraite à 60 ans ! Les M. Philippe Marini, président de la commission ardeurs politiciennes devraient se modérer. Il faut du des finances . – Est-ce opportun, alors que la courage et de la justice. consommation est le petit moteur de la croissance ?

6 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

Les dépenses publiques représentent 55 % du PIB, règne la City, temple du capitalisme, nos amis les prélèvements obligatoires 47 % : cette différence conservateurs ont taxé les plus gros contributeurs, illustre 30 années de médiocres compromis. Les sans craindre de faire fuir quiconque. Les transactions moyens financiers doivent être laissés dans le secteur financières sont de l’économie virtuelle et en marchand, plutôt que réinjectés dans un État rapportent rien à la richesse nationale. Un banquier boursouflé. quittera-t-il une place financière en raison d’une taxe à 0,001 % ? Ne nous laissons pas abuser par les lobbies En 2012, les recettes de l’État ne couvriront que financiers, d’autant qu’une telle taxe nous rapporterait 79 % de ses dépenses. Il faut gérer l’État comme une 12 milliards. entreprise, pas comme le monde d’ Alice aux pays des merveilles ! Mais le vrai gisement réside dans les dépenses, surtout si nous évitons de susciter un sentiment M. Philippe Marini, président de la commission d’injustice, qui rendrait inopérante toute politique des finances . – Excellente formule ! fiscale. M. Aymeri de Montesquiou . – Il faut réduire la « Un pour tous, tous pour un » devise des dépense ; car en augmentant encore les impôts, on les mousquetaires, (sourires ) doit devenir celle des rendrait confiscatoires. Sachons nous attacher au Français ! (Applaudissements à droite et au centre) déficit structurel, comme le Canada l’a fait. Mme Nathalie Goulet . – Bon sang ne saurait Les escarmouches entre l’Assemblée nationale et mentir ! notre commission ne sont pas à la hauteur des enjeux. Pourquoi ne pas privilégier le critère de nationalité M. Éric Bocquet . – La position de la France plutôt que de résidence pour l’impôt sur le revenu ? De semble en voie de dégradation : le AAA ne paraît plus même, les multinationales dont le siège social est situé en avoir pour longtemps. Au demeurant, nos en France devraient payer l’impôt sur les sociétés. obligations à dix ans se placent à 3,22 % contre Pouvez-vous l’obtenir ? 1,77 % pour l’Allemagne. Quant aux niches fiscales, chacune trouvera des Nous débattons aujourd’hui d’une hypothèse défenseurs. Un coup de rabot généralisé de 15 % d’école, pas de la réalité. Et de quoi débattre, s’il n’y a rapporterait 10 milliards et serait plus facilement pas d’alternative ? Comme Mme Thatcher, vous accepté. mériteriez le surnom de Tina : « There is no alternative ! » (Rires) La crise nous incite au courage car la perte de la note AAA serait désastreuse. La compétitivité de nos Notre décision peut-elle au moins éclairer nos entreprises est en chute libre. Le rapport du Forum de concitoyens ? Depuis quelque temps, le Davos nous a rétrogradés du quinzième au dix- Gouvernement dit que la crise a empêché les réformes huitième rang mondial. de déployer leurs effets. A juste titre, la Cour des comptes a constaté que l’exonération des heures A l’opposé des PME allemandes et italiennes, les supplémentaires coûtait au pays plus qu’elle ne lui nôtres ont du mal à s’internationaliser ; elles sont bien rapportait. Seules les entreprises en ont bénéficié. plus taxées que nos grandes entreprises. Leurs charges sociales sont largement supérieures à la La réforme de la transmission de patrimoine ? moyenne de l’OCDE. Je milite pour que le financement Passons sur l’exonération du conjoint survivant, qui des branches famille et maladie de la sécurité sociale aide les familles modestes à affronter le moment du repose sur la TVA. Pour rendre nos entreprises deuil ; le reste a surtout profité aux contribuables les compétitives, il faudra du temps. plus aisés. Avec la dernière réforme de l’ISF, celui-ci ne pèse plus sur les personnes possédant jusqu’à Les heurts idéologiques ont empêché la mission 1,3 million d’euros et les autres bénéficient d’un très commune Assemblée nationale-Sénat de s’accorder : bel allégement de la facture. c’est consternant ! La réforme de la fiscalité locale ? Le patronat L’hypothèse de croissance a enfin été révisée. Il français a enfin trouvé un gouvernement disposé à faut dès à présent prévoir des recettes supprimer la taxe professionnelle -une revendication supplémentaires. Soyez innovants, courageux, justes : du CNPF depuis 1977. Le nombre de chômeurs a-t-il les Français vous suivront. Le prochain président de la diminué ? L’activité économique est-elle repartie ? République, quel qu’il soit, ne pourra mener une politique très différente de l’actuel. Ne nous perdons Pour les ménages, la taxe d’enlèvement des pas dans des querelles idéologiques, car les ordures ménagères augmente tandis que la révision différences ne sont que de façade avec des des valeurs locatives est en panne. Le statut d’auto- prélèvements déjà excessifs. entrepreneur est-il probant ? Le chiffre d’affaires moyen se limite à quelque 700 euros par an ; il assure Les prélèvements ne peuvent pas être globalement quelques recettes de poche et réduit le travail au noir, augmentés, ils sont déjà trop lourds par rapport à nos mais c’est surtout un moyen de déguiser des plans concurrents. Il faut les orienter vers les hauts revenus sociaux ou de l’emploi précaire. et les grandes entreprises. En Grande-Bretagne, où

7 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

Pour le livret A, le rétablir n’est pas brillant, sinon défis structurels à long terme et mieux diriger l’épargne que des banques privées ont reçu des dizaines de vers l’investissement. La crise actuelle mérite mieux milliards d’épargne populaire, sans profit pour l’habitat que les gesticulations cannoises. Que nos concitoyens social par exemple. Ainsi, l’argent a été mis sous la voient l’Europe comme un espace d’espérance ! coupe des marchés financiers, sans résoudre aucun Le quinquennat se clôt sur l’échec d’une politique des maux dont souffre notre société. qui a déséquilibré nos finances, aggravé les inégalités, Changer de politique en changeant de budget reste pesé sur la croissance, mis à mal le pouvoir d’achat notre but. Nous ne voterons pas ce projet de budget ! des Français et mis en péril la crédibilité de la France. (Applaudissements sur les bancs CRC) Il faudra en changer. (Applaudissements à gauche) M. . – Nous examinons le projet de Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – Le budget budget dans un environnement dégradé depuis que la pour 2012 s’inscrit dans une crise planétaire, crise des subprimes a explosé en 2008. véritablement systémique. Le Gouvernement est à la barre du navire France et le président de la Sans être en première ligne sur le front des République sur le pont. Il fait preuve de réactivité. La turbulences budgétaires, la France est juste derrière. prétendue caducité invoquée montre que certains en Le déficit de 25 millions en 2011 nous place dans une sont restés aux vieux réflexes. Preuve de la réactivité situation très fragile, mais l’objectif affiché pour 2013 de la majorité présidentielle, certaines mesures du reste fixé à 3 %. Opposition et majorité partagent la plan Fillon ont déjà été intégrées à ce budget, à volonté de rendre notre dette publique acceptable pour l’Assemblée nationale. les marchés, car le AAA est crucial. A l’opposé d’un capitaine de pédalo, (exclamations La réduction du déficit budgétaire ne peut reposer à gauche ) le président de la République a fait preuve sur la croissance : même si la hausse de 1,7 % est d’une témérité remarquée au G20. confirmée en 2011, une stagnation est prévisible l’an prochain. Il sera donc inévitable d’accroître les Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la recettes fiscales, mais en respectant cette fois la commission des finances . – Dites-le aux marchés ! justice sociale. Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – La Mme Bricq a souligné le gâchis fiscal et responsabilité commande de ne pas renoncer aux l’improvisation du Gouvernement. Le programme de mesures nécessaires, même impopulaires. La vérité stabilisation 2009-2012 devait inverser la tendance à est que nous sommes tous responsables d’avoir laissé la hausse des dépenses, ce qui ne sera pas le cas. La filer la dette. Notre déficit est structurel à 60 % et crise n’explique pas tout. résulte des politiques suivies par les gouvernements successifs, de droite et de gauche. Mais d’un mal Nous avons souvent mis en garde contre la loi naîtra un bien : on ira vers plus de gouvernance Tepa. Aujourd’hui, il est trop tard, même si vous avez européenne, ce qui ne diluera pas pour autant la commencé à reprendre vos cadeaux fiscaux : la loi France dans une entité supranationale. La France ne Tepa nous coûtera encore 9,3 milliards en 2012. Et sera jamais aussi forte qu'au sein d'une Europe forte. vous persistez à maintenir un cap vous ayant conduits à l’échec. Seules des finances saines sauveront notre indépendance envers les marchés. Il est toujours Que pouvez-vous encore offrir à nos concitoyens pénible d’entendre certaines vérités, l’essentiel est de après cinq ans de pouvoir ? L’austérité. Pourtant, la ne pas léguer à nos enfants des dettes abyssales. commission des finances du Sénat a montré qu’une autre politique était possible, empreinte de rigueur et Ce projet de budget réduira de 15 % le déficit de de justice. Le groupe RDSE soutiendra ses avis. Nous l’État et de 40 % celui de la sécurité sociale. Tous les voulons soumettre tous les revenus de l’épargne au pays européens réduiront leurs dépenses publiques, barème progressif de l’impôt sur le revenu. Pourquoi notamment en ne remplaçant pas tous les départs à la ne pas avoir pérennisé les contributions retraite. Cette politique nous a conservé le AAA, exceptionnelles de 3,5 % sur les hauts revenus ? Nous partagé avec seulement une douzaine de pays dans le le ferons. monde. Juteux pour certains, les dispositifs d’incitation à Cet effort doit être partagé par les collectivités l’investissement immobilier n’ont pas fluidifié le territoriales, qui contribueront à concurrence de 20 % à marché. l’économie, ce qui correspond au poids qu'elles représentent dans le budget de l'État hors charges de La restauration des finances publiques est la dette et pensions. La répartition de ces 200 millions indispensable mais il ne faut pas sacrifier la a réduit leur incidence, en stabilisant les transferts croissance. Les politiques européennes doivent donc dont la hausse des prix était prévue, mais en converger, sans se concurrencer. Dès 2007, j’avais sanctuarisant la DGF. La clause de revoyure pour le publié un rapport intitulé La coordination des politiques RSA aura un effet pérenne en faveur des en Europe : le malaise avant la crise . Ce titre était départements. prémonitoire. L’Europe doit prendre en compte les

8 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

Le Gouvernement n’oublie pas les collectivités plus en plus. Les gouvernements ont laissé libre cours fragiles : la péréquation va se poursuivre, et même se à la voracité des marchés ; ils se sont satisfaits d’une développer avec le fonds de péréquation communal et régulation par les financiers. Mme Lagarde a déclaré intercommunal, qui verra le jour en 2012. La moitié au printemps que nos banques étaient solides. On sait des intercommunalités et communes isolées recevront ce qu’il en est… une dotation. En 2012, le fonds sera abondé de Malgré le poids de la crise, les deux tiers de la 250 millions d’euros, une somme qui dépassera dette sont structurels. Sur 1 800 milliards de dettes, 2 milliards d’euros par la suite. Je regrette que 500 remontent à l’élection de M. Sarkozy. Mme Bricq n’ait pas souligné ce progrès. Mme Valérie Pécresse, ministre . – Il y a eu une En 2012, 7 milliards d’euros seront économisés, crise. outre les 11 milliards votés dans le collectif de septembre. Le Gouvernement agit avec prudence. M. François Marc . – Les cadeaux fiscaux atteignent 18,41 milliards par an depuis cinq ans. Mme Nicole Bricq , rapporteure générale de la Notre pays aurait dû sortir depuis longtemps de commission des finances . – Avec retard ! l’économie d’endettement. Il flirte aujourd’hui avec la Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – Ce que vous récession, avec un déficit record et une consommation préconisez déstabiliserait notre économie, alors que des ménages en baisse. les 6 milliards de crédits mis en réserve par le Depuis quatre ans, le Gouvernement a pris Gouvernement permettront de soutenir la croissance. l’habitude de se déjuger ; une fois de plus nous Les 5 milliards de recettes supplémentaires que vous sommes dans l’improvisation la plus totale. proposez se limitent à de nouvelles taxations. Où sont les économies ? Vous voulez créer 600 000 emplois Les ministres successifs de l’économie nous ont aidés, recruter des enseignants, opérer un rattrapage garanti depuis 2002 que les baisses d’impôts seraient du Smic, mettre fin à la RGPP… profitables à la croissance. M. Fillon se disait à la tête d’un État en faillite mais M. Guaino considère que les Mme Nicole Bricq , rapporteure générale la déficits créent de la croissance, qui permettra de les commission des finances . – Le meeting est lancé ! résorber ! Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – Il n’y a que M. Philippe Marini, président de la commission des dépenses. Et quelles sont les conséquences des finances . – M. Guaino est un grand keynésien... financières de l’accord conclu avec les Verts ? Refusant la règle d’or, vous ne proposez que des M. François Marc . – Les 500 milliards de dettes hausses d’impôts. Malgré les promesses de supplémentaires sont un vrai fiasco. M. Hollande, les impôts augmenteront encore plus Vous manifestez une grande désinvolture à vivement, sans rien régler. l’endroit des collectivités territoriales, à qui vous Votre première victime sera la famille, que vous transférez des compétences sans les moyens de les considérez comme une vache à lait fiscale. Si vous exercer. Reformant la taxe professionnelle, la loi de arrivez au Gouvernement, ce sera la faillite de la 2009 réduit à néant l’autonomie fiscale des France et des Français ! Vous prétendez collectivités territoriales. Elles financent pourtant les « réenchanter le rêve français », mais vous préparez trois quarts des investissements publics. Pourront- des lendemains qui déchantent ! (Applaudissements à elles encore le faire ? J’en doute, vu l’économie de droite) 200 millions imposée par le Gouvernement. S’agit-il de les faire participer à l’effort collectif ? Mais les M. François Marc . – Le Sénat entame l’examen départements subissent déjà une augmentation de d’un budget obligeant la France à emprunter leurs dépenses obligatoires à concurrence 80 milliards d’euros de plus en 2012, portant d’un milliard d’euros -décidée par l’État ! Nous l’endettement à 87,7 % du PIB. Du jamais vu ! proposerons de conforter la péréquation, dont La crise s’est installée en Occident depuis que la 350 millions de dotation de solidarité aux territoires les société américaine Enron a fait faillite. De nombreux plus démunis. économistes ont alors pointé les dérives du Un sensible rééquilibrage de la fiscalité s’est opéré capitalisme financier. M. Patrick Artus intitulait en faveur des entreprises et au détriment des d’ailleurs l’un de ses livres Le capitalisme est en train ménages : pensez à la taxe professionnelle, au crédit de s’autodétruire. d’impôt recherche, à la TVA sur la restauration et aux Les outils ne manquaient pas pour que le niches fiscales sur l’impôt sur les sociétés. Une Gouvernement puisse agir. A chaque occasion, j’ai dépêche reproduite par Le Figaro ... proposé de renforcer la régulation, de réduire la Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la rémunération des dirigeants et contrer la spéculation. commission des finances . – Quelle lecture ! Peine perdue. M. François Marc . – ...montre que le moral des Résultat de la faiblesse de votre action, la crise patrons de PME est au plus bas depuis dix ans. s’est aggravée en 2008, alors que l’État s’endettait de

9 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

M. Philippe Marini, président de la commission Revenir à la situation de 1997, ce ne serait pas de la des finances . – Ce qui vous réjouit ! rigueur ! M. François Marc . – Les PME enrichissent Une TVA sociale permettrait de réduire l’économie réelle. Le Gouvernement a fini par partiellement les charges sur les salaires. Il reconnaître l’inégalité fiscale entre grandes entreprises n’appartient pas à l’État de payer les impôts des et PME, mais l’avancée qu’il propose est trop contribuables. Les charges des industries de main- modeste : il faut engager une politique de croissance d’œuvre devraient être réparties sur les entreprises de adressée aux PME. Notre pays peut se retrousser les services. La réserve de participation devrait être manches, à condition de soutenir les PME par des augmentée au niveau de la distribution de dividendes ; mesures volontaristes. voilà qui augmenterait le pouvoir d’achat des salariés sans obérer les finances des entreprises : c’est ce que Les experts de Bercy ont identifié plusieurs j’applique en tant que chef d’entreprise. dizaines de milliards qui pourraient être repris sur des niches fiscales susceptibles d’être supprimées. Au lieu Baissons les dépenses et ne touchons pas aux de les mobiliser, le Gouvernement crée une trentaine centrales nucléaires, qui ne posent aucun problème. de taxes nouvelles, prélève 1,1 milliard sur les (Applaudissements sur les bancs UMP) mutuelles, augmente de 800 millions la CSG, alourdit M. Vincent Delahaye . – Le Parlement n’a pas voté les taxes sur les tabacs et l'alcool. Cette cascade de un budget à l’équilibre depuis 1975. « Ils ne mouraient taxes sournoises rend le budget peu lisible. pas tous mais tous étaient frappés » écrivait le L’effort est très déséquilibré : comme l’an dernier, fabuliste. Trop longtemps, nous avons attendu une classes moyennes, jeunes actifs et femmes seront les croissance providentielle, sans comprendre que le victimes de votre budget. A 86 % le plan Fillon pèse modèle des Trente glorieuses était caduc. Nos sur les ménages, tandis que la redistribution au profit créanciers perdent confiance en notre signature ; il des ménages démunis est moins efficace qu’autrefois. n’est pas sûr que les Français souscriraient volontiers Une politique fiscale ne doit pas se réduire à l’annonce aujourd'hui à un emprunt d’État. de cures d’amaigrissement, elle doit comporter des La loi de programmation 2011-2014 a fixé une mesures comprises et admises par tous. trajectoire, mais les marchés nous ont pris de cours ; La majorité sénatoriale veut plus d’ambition pour la excessifs ou pas, ils sont là. Le projet de loi de France et plus de justice pour les Français ! finances pour 2012 sera décisif. Trois voies sont (Applaudissements à gauche) ouvertes : augmenter les recettes, diminuer les dépenses, trouver l’équilibre entre les deux. Le M. Serge Dassault . – Certains confondent la Gouvernement privilégie l’augmentation des recettes : question de la dette et celle de l’équilibre budgétaire. sur les 18 milliards annoncés, deux seulement portent La dette ne pourra diminuer que lorsque nous serons sur les dépenses. Pourquoi ne pas convenir que, pour revenus à un équilibre budgétaire, qui n’augmentera un euro de recettes supplémentaires, il y aurait plus notre dette, et même un excédent, pour pouvoir un euro de dépenses en moins ? rembourser une partie du capital. Depuis 1981, tous les gouvernements de gauche comme de droite, ont Un mot des hypothèses macroéconomiques. La multiplié aides, réductions de charges, allégements croissance en 2012 sera sans doute plus proche de d’impôts, le tout financé par des emprunts. Ce n’est zéro que de 1 %. Le Danemark et les Pays-Bas plus possible car nous n’en avons plus les moyens. Ce construisent leurs budgets sur des hypothèses n’est pas à l’Etat de payer les charges et les impôts volontairement restrictives. Pourquoi ne pas retenir des entreprises ! l’hypothèse moyenne des économistes, soit 0,9 %, et retrancher 0,5 % de prudence ? Le problème c’est qu’avec les 35 heures, on ne travaille plus assez, et cela coûte 24 milliards en Côté recettes, le Gouvernement annonce allégements de charges. 5 milliards d'euros au titre des cessions de participations de l’État ; quels actifs l’État veut-il Nous ne travaillons plus assez, avec nos céder ? La recette est hypothétique, ce qui met en 35 heures. Les allégements de charges nous coûtent doute la sincérité du budget. 24 milliards par an pour ne plus travailler ! Il faut revenir aux 39 heures payés 39 en supprimant les L’UCR appelle de ses vœux une fiscalité favorable allégements. Notre croissance est en jeu, car elle à la compétitivité et à l’emploi. Pourquoi pénaliser la dépend de nos exportations -handicapées aussi par le production, alors que l’impôt pèsera in fine sur les cours de l’euro. consommateurs ? Notre système se caractérise par des subtilités byzantines le rendant illisible. Les Les aides diverses accordées par l’État depuis 65 milliards de niches fiscales rendent notre système 1997 sont devenues difficiles à supporter. Les contrats fiscal de plus en plus dégressif -donc de plus en plus aidés, dont l’efficacité n’est pas mesurable, coûtent injuste. Entre le taux facial et le taux réel de l’impôt sur très cher, de même que la prime pour l’emploi. Le taux les sociétés, l’écart s’accroît sans cesse. réduit de TVA dans la restauration n’est pas justifié.

10 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

L’imposition de la production représente 15 % de la égaux que d’autres ! C’est le gouvernement Fillon qui richesse annuelle, trois points au-dessus de la a fait exploser la dette. Cela aussi, il faut le dire aux moyenne européenne et quatre points au-dessus du Français. taux allemand, ce qui nous rend peu compétitifs. En On a souvent l’impression de mesures improvisées matière de taxe, l’imagination est au pouvoir, y dont les conséquences ne sont pas mesurées. En compris au Sénat, où dix-sept taxes ont été créées en accélérant la réforme des retraites, vous allez obliger une soirée… les salariés de Renault-Sandouville qui ont quitté Il faut sortir de l’ornière du déficit structurel. M. de l’entreprise dans le cadre d’un dispositif spécifique à Montesquiou a parlé de la TVA compétitivité. Nous revenir travailler quelques mois, pour certains sur voulons aussi réduire les niches et créer une sinon d’autres sites… deux nouvelles tranches de l’impôt sur le revenu. A Votre politique s’attaque au plus grand nombre, aux l’initiative de M. Arthuis, nous proposerons de plus modestes. La taxe sur les mutuelles conduira à remplacer de cette façon la contribution exceptionnelle une augmentation des cotisations, alors que nos de l’article 3. (Mme Nathalie Goulet approuve) concitoyens sont de plus en plus nombreux à ne plus Il faut aussi réduire la dépense publique, qui pouvoir se soigner. Les CCAS sont de plus en plus représente 56 % de la richesse nationale. sollicités. La cohérence du Gouvernement est là : au début du quinquennat, il s’agissait de favoriser les plus Certaines semblent incompressibles : on ne peut hauts revenus ; il faut à présent les épargner. La toucher à la charge de la dette ni à la contribution au contribution exceptionnelle ne fait pas illusion. budget de l’Union européenne, aux rémunérations et aux pensions de retraite, aux dotations aux Nos amendements montrent que nous sommes collectivités. C’est dire qu’on ne pourrait toucher à 240 aussi soucieux que vous d’équilibrer les finances des 360 milliards du budget. Restent les missions de publiques ! Mais nous sommes attentifs à la justice la deuxième partie, où les propositions d’économies ne fiscale. Pourquoi refuser une nouvelle tranche de sont pas légion. Il y a les grandes missions -jamais l’impôt sur le revenu ? En Allemagne, la tranche l’éducation nationale n’a disposé d’autant de crédits, supérieure atteint 45 %, voire 47,5 % avec la cotisation mais ils paraissent toujours manquer- et les petites de solidarité. J’avais cru comprendre qu’il fallait missions, dont on dit que les hausses sont indolores. s’aligner... Quant aux collectivités territoriales, elles Les crédits de l’audiovisuel et de l’aide à la presse sont une nouvelle fois malmenées. augmenteront de 2,7 % ! Est-ce vraiment la priorité en La dette… Le spread entre la France et l’Allemagne temps de crise ? En agissant ainsi, nous n’y arriverons ne cesse de croître. Quelle France nous laisserez- jamais. vous en mai ? M. Sarkozy promettait de réduire en L’effort effraie toujours, mais il est possible. Le cinq ans le chômage à 5 %. Nous en sommes loin, courage est nécessaire car la période électorale n’est alors que les suppressions d’emplois s’accumulent. pas propice à la rigueur, même indispensable. Tel est votre bilan ; tel sera notre héritage, auquel On dit que les sénateurs sont sages. Beaucoup nous nous préparons à faire face avec l’ensemble de sont courageux. la gauche ! (Applaudissements sur les bancs socialistes ; Mme Nicole Bricq, rapporteure générale Mme Nathalie Goulet . – Et courageuses ! de la commission des finances, applaudit aussi) M. Vincent Delahaye . – Après ce débat décevant M. Thierry Foucaud . – Face à la crise, on peut se sur la première partie, j’ai hâte que les courageux se soumettre à la loi des marchés financiers. Depuis réveillent en deuxième partie ! (Applaudissements au 40 ans, la Banque de France n’est plus habilitée à centre et à droite) faire d’avances au Trésor public. Résultat, nos M. Marc Massion . – Ce budget est déjà caduc comptes publics n’ont cessé de se dégrader. Le parce que le Gouvernement s’est obstiné longtemps à remède préconisé aujourd'hui est pire que le mal : maintenir son hypothèse de croissance de 1,75 %. Et il voyez la Grèce, l’Espagne, le Portugal, où chômage et récidive avec une hypothèse à 1 %, alors que la récession s’aggravent. Un tiers des communes Commission européenne annonce au mieux 0,6 %. portugaises sont au bord du dépôt de bilan… N’y a-t-il donc aucune concertation entre Bruxelles et Le Gouvernement nous administre l’amère potion Paris ? de l’austérité. La crise a bon dos, pour un Vous refusez le mot « rigueur », mis à part M. Le gouvernement qui a multiplié les cadeaux fiscaux, Maire. Il sait de quoi il parle puisqu’il prépare le projet allégé l’ISF et renforcé le bouclier fiscal, supprimé la de l’UMP... Autre tabou : la récession. Y a-t-il un risque taxe professionnelle et autorisé la niche Copé. Vous de récession en 2012 ? Vous devez dire la vérité aux allez prendre 2 milliards de plus aux salariés ou Français ! retraités : aux uns les cadeaux dispendieux, aux autres les efforts ! Mal nommée, la loi Tepa nous Sur le creusement de la dette, vous mettez les coûtera encore plus de 9 milliards d’euros en 2012. gouvernements de gauche et de droite dans le même Chaque année, M. le président de la commission des sac. Mais, comme disait Coluche, certains sont plus

11 N° 22 jeudi 17 novembre 2011 finances soutient que cette loi est facteur de tous, le désendettement oblige à mener une politique croissance… plus libérale, où la dépense publique compte moins. Elle représente 56 % du PIB en France, dix points de M. Philippe Marini, président de la commission plus qu’en Allemagne. des finances . – Je suis constant dans mes analyses, vous aussi ! Nous devons être plus réactifs. L’Allemagne a baissé de 30 milliards ses prélèvements obligatoires M. Thierry Foucaud . – Ne cédons pas à la tandis que nous augmentions nos dépenses pression des marchés financiers. La régulation publiques ! Pourquoi y a-t-il 6 000 écoles primaires de promise des marchés n’a pas eu lieu : dans la sphère moins en Allemagne ? financière, « taxe » et « impôt » sont des mots inconnus. Pourquoi n’y a-t-il pas d’audiovisuel public sous les mêmes formes ? M. Philippe Marini, président de la commission des finances . – Vous êtes excessif ! M. . – Ils ont la grosse Bertha ! M. Thierry Foucaud . – Il faut commencer par M. . – L’Allemagne est plus réformer la fiscalité. Le relèvement du taux de compétitive parce que les charges sociales y sont plus prélèvement libératoire ne doit pas faire oublier la faibles : l’euro fort n’est pour rien dans nos difficultés question fondamentale : pourquoi ces formes -voyez les exportations allemandes et leur tissu de d’imposition allégées existent-elles ? PME performantes. Nous entendons privilégier des sources de Pendant des décennies, nous avons laissé filer les financement qui ne doivent rien à la bourse. L’épargne déficits. Le Gouvernement a le courage de réagir. populaire a été confiée aux banques, par le biais de la Mme Bricq propose un équilibre entre augmentation banalisation du Livret A : 60 à 80 milliards dont elles des recettes et baisse des dépenses ; le projet du ont usé et abusé. Nos banques gèrent un flux de Gouvernement doit être plus ambitieux sur ce dernier 1 500 milliards d’euros : ces sommes devraient être point : c’est la seule voie pour sortir de la crise. utilisées au mieux, mais nos PME peinent à obtenir La décentralisation suppose des ressources des crédits. J’ai lu dans La Tribune du 6 octobre, que propres pour les collectivités. Mais elles ont besoin 60 % des appels d’offres ne trouvaient pas de d’une réforme structurelle. financement auprès des banques françaises… Quant aux charges sociales, le financement par Il faudra taxer les transactions financières, mais l’État des 35 heures doit prendre fin, et il faut débattre aussi aller plus loin. On entend dire que les dépenses du temps de travail, de la liberté de travail. J’attends publiques ont crû à l’excès mais c’est une fable. En aussi des économies de fonctionnement et une 1985, les dépenses de l’État représentaient 20 % du réduction du périmètre de l’État. PIB ; la proportion n’a pas changé ! Ce sont les diminutions successives des recettes pendant des C’est la première fois depuis 1945 qu’un années qui ont conduit à la situation d’aujourd'hui. Gouvernement prend des mesures aussi courageuses à l’aube d’une échéance présidentielle. Je l’en félicite. La dictature des marchés, les peuples n’en veulent (Applaudissements sur les bancs UMP) pas et ne manqueront pas de le faire savoir. La France n’a pas besoin d’un Monti ni d’un Papademos, mais M. . – Le diagnostic est partagé, mais d’une nouvelle politique, d’une nouvelle espérance. nous différons sur les moyens de sortir de la crise et Nous ne voterons pas ce projet de loi de finances ! les responsabilités de chacun. Vous donnez (Applaudissements à gauche) l’impression, madame la ministre, que vous venez d’arriver au pouvoir… Mais la droite est au pouvoir M. Philippe Dominati . – Je m’associe au rappel au depuis dix ans. Rien ne sert de remonter au siècle Règlement de Mme Des Esgaulx. Nous avons débattu dernier pour établir les responsabilités ! Une grande cette nuit jusqu’à 6 heures du matin sans rien proposer part des déficits est imputable aux mesures prises de concret aux entreprises ou aux collectivités. entre 2002 et 2007, notamment à la loi Tepa et autres Il y a dix ans, les réserves de change étaient cadeaux fiscaux pour les plus riches -500 milliards de détenues aux deux tiers par les pays développés. A dette supplémentaire depuis 2007. partir de 2005, le rapport s’est équilibré ; aujourd’hui, il Les élus locaux en ont assez d’entendre leur s’est inversé et l’Europe vacille. Le président de la gestion mise en cause. Le renouvellement sénatorial République a assumé ses responsabilités comme l’a montré. président du G20 tout en s’efforçant de faire comprendre aux Français la nécessité de poursuivre M. . – Cela ne prouve rien ! les réformes. M. Claude Haut . – Je suis tout à fait certain Ce débat diffère des précédents car il est placé maintenant que vous n’avez pas entendu le message ! sous le signe de la convergence avec l’Allemagne. On dit souvent au Gouvernement que les collectivités Pour la première fois dans cette enceinte, nul n’a sont responsables du déficit public. dénoncé une politique « ultralibérale ». Impératif pour

12 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

Mme Valérie Pécresse, ministre . – Je n’ai pas dit département. Le PIB par habitant est compris entre cela ! 16 000 et 17 000 euros, contre 30 000 en métropole. M. Claude Haut . – M. de Courson reconnaît Quelque 250 000 personnes vivent dans des pourtant que les collectivités ne sont pas en cause. logements insalubres. Nous sommes donc loin du rapprochement des conditions de vie avec celles de la M. Bruno Sido . – Il n’en sait rien, il n’est ni maire ni métropole. Après les événements de 2009, le président d’un conseil général ! Gouvernement s’était engagé à lancer une politique de M. Claude Haut . – Je lui transmettrai... croissance endogène. L’idée était bonne, mais les moyens n’ont pas suivi. Le Gouvernement estime que En n’indexant pas les dotations aux collectivités au 90 % des objectifs sont réalisés ou en cours de l’être. moins sur l’inflation, vous cassez l’un des rares outils Tout est dans la nuance ! d’investissement et de croissance qui fonctionnent encore. La part de l’investissement public local est en Où est la cohérence de la politique outre-mer, baisse : il est tombé de 75 % à 63 %. Un rapport de favoriser la résorption du chômage ? Les dépenses Bercy, publié très opportunément, conclut à une forte fiscales ont diminué de 5 millions d’euros, alors que la augmentation des effectifs de la fonction publique réduction des niches n’a pas les mêmes effets partout. territoriale, mais je vous renvoie au rapport de la Cour Ne pénalisez pas trop les territoires ultramarins, où la des comptes sur les budgets de communication des dépense fiscale joue un rôle privilégié ! ministres ! La même Cour a d’ailleurs souligné, en L’abattement de l’impôt sur les sociétés outre-mer 2010, la rigoureuse gestion des collectivités et la devrait favoriser l’autofinancement dans un modération de leurs frais de personnel. environnement où les crédits bancaires sont difficiles à La Conférence nationale des exécutifs, lieu de obtenir. Il faut au moins conserver l’abattement au concertation entre l’État et les collectivités, ne se réunit profit des entreprises situées dans les zones franches plus. Il faudrait la réunir car la situation financière des et qui réinvestissent leurs bénéfices. départements est grave. Ce sont eux qui subissent la Arrêtez de considérer que les outre-mer coûtent moitié de l’effort de 200 millions demandé aux très cher à l’État, sous prétexte qu’ils absorbent 46 % collectivités ! des dépenses et économisent 20 % du déficit : leur M. François Marc . – C’est incompréhensible ! population représente 4,2 % des Français avec une zone maritime de premier ordre. Met-on ces richesses M. Claude Haut . – Les départements ont pourtant dans la balance ? Il est temps de rompre avec la vision à faire face à des dépenses sociales qu’ils ne cartièriste : les outre-mer ne quémandent pas ; ils maîtrisent pas, en augmentation annuelle moyenne de veulent améliorer les conditions de vie. Encore faut-il 8 % depuis 2004. Pourtant ils continuent à innover et à que les acteurs locaux ne soient pas entravés par des investir. Et ils sont confrontés à un nouveau normes européennes ou par la rareté du crédit. phénomène : les banques ne prêtent plus aux collectivités ; cela nuira à la croissance. Les Les recettes fiscales peuvent jouer un grand rôle départements peuvent-ils, sans financement pérenne, mais leur gestion incombe à l’État. Un rapport de la continuer à verser les allocations individuelles sans Cour des comptes a montré en juillet que les bases solution de financement pérenne, ou rendre cette cadastrales sont peu fiables et que les abattements charge à l’État ? Le temps d’un nouveau contrat entre accordés par l’État ne sont pas compensés. État et collectivités est venu, de même qu’une nouvelle En 2006, le Conseil d’État a condamné l’État en phase de la décentralisation et une péréquation raison du retard pris dans le cadastre à Kourou. renforcée. (Applaudissements sur les bancs socialistes) J’espère que nos propositions recueilleront votre assentiment. (Applaudissements à gauche) M. . – La crise oblige à mettre en place des plans d’austérité. Mais sont-ils équitables ? M. Jean-Claude Frécon . – Je commencerai par le Peut-on traiter comme des économies avancées les premier fonds de péréquation communale ou territoires d’outre-mer, plus proches de pays en voie intercommunale qui utilisera le potentiel financier des de développement, et au bord de l’explosion ? communes, comparé à la moyenne de la strate démographique. Nous redoutons une nouvelle usine à Après la Guyane en 2008 et la Guadeloupe, la gaz. Martinique et la Réunion en 2009, c’est Mayotte qui s’embrase et le feu ne s’éteint pas. Il y a des tensions Ensuite, les potentiels fiscal ou financier sont en Nouvelle-Calédonie et la Polynésie est au bord de amplement modifiés. la faillite. Aucune simulation n’a été réalisée. Des garanties Les raisons sont connues : la vie chère et la préserveront les dotations de solidarité, qui doivent se pauvreté, car un quart des ménages sont sous le seuil situer entre 90 % et 120 % de la dotation antérieure. de pauvreté outre-mer. Le taux de chômage avoisine Sans contester toute évolution du système, comment 30 % à la Réunion et 60 % dans certaines parties du établir les budgets pour l’an prochain ?

13 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

J’en viens aux strates démographiques. M. Richard Yung . – Il est temps d’instaurer un fédéralisme budgétaire pour valoriser la croissance. Il Le potentiel fiscal sera conforme à la moyenne ne s’agit pas seulement de surveillance comptable des nationale, mais le potentiel financier sera comparé à la budgets. M. Verhofstadt plaide en ce sens. moyenne des quinze strates retenues pour les dotations d’État, et le potentiel fiscal et financier pour M. Philippe Marini, président de la commission la péréquation horizontale par rapport aux sept strates des finances . – C’est un fédéraliste : on peut l’être ou retenues pour la répartition des crédits du fonds ! ne pas l’être... On pourrait utiliser un système de progression M. Richard Yung . – Je le suis depuis 40 ans. On logarithmique, comme l’a prévu notre commission des prêche parfois dans le désert, mais cela viendra. finances, ce qui serait sans doute apprécié par notre Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la ancien collègue Yves Fréville. commission des finances . – Il y a des utopies M. Philippe Marini, président de la commission fondatrices. des finances . – Certainement ! M. Richard Yung . – Le budget européen doit M. Jean-Claude Frécon . – Le déficit de l’État financer certaines dépenses d’avenir. Il faudra donc atteint un niveau record. L’objectif de 3 % concerne... débattre des ressources propres pour l’Union 2013, alors que nul ne sait qui établira le budget. européenne. J’observe que les collectivités locales participent M. Philippe Marini, président de la commission pour 4 % à la dette publique, la sécurité sociale pour des finances . – De nouveaux impôts. 10 %, l’État pour 86 % ! (Applaudissements sur les M. Richard Yung . – En matière d’impôt sur les bancs socialistes) sociétés, l’harmonisation ne requiert pas d’efforts M. Philippe Marini, président de la commission majeurs. Il faut aussi une taxe sur les transactions des finances . – C’est lui qui finance les dotations ! financières, même si la City nous fait de gros yeux. D’ailleurs, elle ne fait pas partie de la zone euro. M. Richard Yung . – Visiblement, le budget n’intéresse guère la droite... M. Philippe Marini, président de la commission des finances . – C’est là que les transactions ont lieu ! Je replacerai le budget dans le cadre européen. M. Richard Yung . – Nous pourrons ainsi réduire M. Philippe Marini, président de la commission l’endettement sans casser la croissance, comme on l’a des finances . – On l’a fait au début de la discussion. fait en Grèce : le malade est guéri, il est mort ! M. Richard Yung . – J’y reviens. Nous avons besoin d’une politique budgétaire Ce budget est censé s’inscrire dans le programme européenne plus ambitieuse. En Europe, il n’y a pas de stabilité 2011-2014 validé en juin par la que l’Allemagne. Avec la CDU et Mme Merkel, nous Commission européenne, lequel reposait sur des avançons trop peu et trop tard. Je crois à des hypothèses de croissance qui n’ont plus cours. rapprochements positifs avec le SPD de Sigmar Gabriel, en vue de 2013 et 2014. (Applaudissements à Le sommet européen d’octobre a proposé qu’à gauche) l’avenir, les budgets soient fondés sur des estimations de croissance indépendantes. C’est une bonne idée. M. Jean-Vincent Placé . – Nous vivons la crise structurelle d’un modèle de développement obsolète, L’idée a été émise de revoir en cours d’année des mais le Gouvernement ne semble pas en avoir budgets dont le déficit est excessif, mais nous conscience. Les écologistes ont toujours mis en garde craignons que la -libérale- Commission européenne contre la course en avant vers la financiarisation de n’en profite pour mettre en cause des acquis sociaux l’économie. Mais la taxe sur les transactions et des systèmes nationaux de solidarité : il y a eu le financières a longtemps semblé une fantaisie précédent du CDI. d’extrême-gauche. Le commissaire européen aux affaires Votre incapacité à analyser la situation est économiques a déjà estimé insuffisantes les mesures étonnante : deux mois après le premier plan d’aide à la annoncées par le Gouvernement. Grèce, il fallait encore restructurer la dette. Le même Par ailleurs, le Conseil européen a évoqué à aveuglement caractérise vos projets budgétaires nouveau la « règle d’or », une idée inopportune que élaborés à la hâte. nous pensions abandonnée. M. Van Rumpuy lui- En 2009, M. Sarkozy déclarait que les paradis même a dit qu’une telle règle était « parfaitement fiscaux avaient vécu et dénonçait les bonus des inutile ». traders. Il vient de promettre de veiller à ce que les M. Philippe Marini, président de la commission pratiques du passé s’arrêtent. Bel aveu d’impuissance. des finances . – Elle ne nuirait pas. J’en viens à vos projets fiscaux : alors que nous affrontons la pire crise depuis 1929, selon vous,

14 N° 22 jeudi 17 novembre 2011 fallait-il offrir 2 milliards aux redevables de l’ISF avant M. Jean-Vincent Placé . – La décroissance, j’en de proposer l’austérité ? Vous laissez les agences de parle, vous la faites. notation dicter la politique de la France, mais vous Mme Valérie Pécresse, ministre . – Réduire le n’avez même pas le courage de reconnaître vos déficit sans casser la croissante : tel est la voie que erreurs. Vous préférez ajouter aux mesures injustes nous suivons. des trompe-l’œil qui ne rapporteront pas grand-chose. En 2008 et 2009, le Gouvernement a laissé De cette politique erratique, seul émerge le fonctionner les stabilisateurs automatiques pour faire discours effrayant sur les voleurs de minima sociaux, face à la crise. les profiteurs du RSA ou les malades irresponsables. Comme les dirigeants grecs qui ont renouvelé Les dépenses publiques augmentent de 0,8 % par l’intégralité de leur état-major et qui laissent l’extrême- an, contre 2 % par an au cours des vingt dernières droite entrer au Gouvernement, vous êtes tentés par le années. choix du repli autoritaire. Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la Cette crise est aussi une crise écologique. Les commission des finances . – 4 % en 2009 ! marchés de matières premières sont de plus en plus Mme Valérie Pécresse, ministre . – Dans le rapport touchés. Il est urgent d’agir, de réduire les inégalités et de retrouver le sens commun. J’en appelle à la de Mme Bricq, il est écrit que l’effort porte davantage révolution écologiste, créatrice d’emplois non sur les dépenses que sur les recettes. délocalisables. Combattons la dérégulation financière Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la et l’évasion fiscale. C’est affaire de volonté politique ! commission des finances . – Sur l’ensemble du quinquennat, pas ces dernières années ! Une large contribution climat-énergie pourrait orienter les comportements des individus et des Mme Valérie Pécresse, ministre . – Sans le non- entreprises. Les particuliers ont besoin d’un impôt sur remplacement d’un fonctionnaire sur deux, la masse le revenu lisible, prélevé à la source et progressif, salariale de l’État continuerait à augmenter de assis sur les revenus du capital et du travail. La 800 milliards d’euros : le gel du point d’indice ne suffit refonte des niches fiscales dégagerait de larges pas à la maîtriser ! marges de manœuvre pour le bien public. Les décisions prises en ce domaine auront des La crise aura peut-être pour vertu de décrédibiliser incidences à très long terme, parce que le recrutement définitivement notre vision périmée de l’économie ! de fonctionnaires s’apprécie retraite incluse. Les (Applaudissements à gauche) recettes sont très marquées par la crise : l’impôt sur Mme Valérie Pécresse, ministre . – Nous les sociétés n’a pas retrouvé le niveau de 2007. traversons une période décisive en affrontant des Monsieur Marc, quelles niches fiscales voulez-vous circonstances inédites, comme l’a relevé M. Marini. mettre en cause ? Celles de cohésion sociale sont les Nos choix engagent notre avenir. Le Gouvernement plus critiquées par l’inspection des finances, mais nous fait preuve d’une lucidité sans précédent : tous ses les conservons. De même, le développement prédécesseurs préféraient remettre les ajustements à endogène outre-mer est une priorité absolue du plus tard lorsque la situation était détériorée. On ne président de la République. change pas un budget en cours de discussion, avait proclamé Lionel Jospin après le 11 septembre 2001 ! On ne peut dire que les prélèvements fiscaux ont augmenté et que nous avons multiplié les cadeaux aux Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la plus riches. Notre fiscalité sur le patrimoine est commission des finances . – Mais on change une supérieure de quinze points à celle de l’Allemagne ! équipe qui perd. Nous pourrions donner des leçons de justice fiscale, Mme Valérie Pécresse, ministre . – Nous faisons le nous n’avons pas à en recevoir. choix de la prudence. Il n’y aura pas de troisième plan Les collectivités locales s’endettent, elles doivent de redressement. (On en doute à gauche) Face à la donc participer à l’effort de désendettement. Le crise, nous proposons un budget sincère, qui comporte Gouvernement leur demande un millième de leur une réserve de précaution. budget consolidé ! M. Philippe Marini, président de la commission Monsieur Frécon, le nouveau dispositif de des finances . – Un bon amortisseur. péréquation renforce la solidarité entre collectivités ; il Mme Valérie Pécresse, ministre . – La prévision est a fait l’objet d’une concertation approfondie au comité des fiances locales. un art difficile, peu compatible avec les certitudes. La croissance française est faible, mais elle existe. Il ne Dans le souci de préserver le pouvoir d’achat des faut pas lui porter atteinte. A entendre certains d’entre Français les plus fragiles, nous maintenons à 5,5 % le vous, on pourrait croire qu’ils veulent que la France taux de TVA sur tous les produits de première aille plus mal… nécessité. La fin de l’exonération des heures supplémentaires coûterait 450 euros par an aux

15 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

9 millions de Français qui en profitent et gagnent en On demande 1,1 milliard aux grandes entreprises ? moyenne 1 500 euros par mois. Certes, mais cela représente tout au plus 1 % des profits déclarés des entreprises du CAC 40. M. Thierry Foucaud . – Mais non ! Vous parlez d’efforts partagés. Mais les entreprises Mme Valérie Pécresse, ministre . – Monsieur ont gagné 11 milliards d’euros avec la suppression de Delahaye, revenir à l’équilibre est le seul moyen de la taxe professionnelle, qui n’a fait progresser ni la stabiliser le poids de la dette. croissance ni l’emploi. Les grandes entreprises en Monsieur Yung, tous les pays d’Europe privilégient perçoivent tout le bénéfice. Les aides accordées aux la baisse des dépenses pour diminuer leur déficit. banques l’ont été sans contrepartie. Avec M. de Montesquiou, je regrette que ce débat Chaque loi de finances comporte son lot de taxes national ne se déroule pas sous les auspices de la sur la consommation. Érigé en dogme, le non- devise des mousquetaires : « Un pour tous, tous pour remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la un ! ». retraite n’a rapporté que 4 milliards d’euros en un quinquennat. Mais quels moyens reste-t-il pour nos M. Philippe Marini, président de la commission services publics ? Et que pèsent ces 4 milliards ? des finances . – La commission sollicite une brève Quand la Bourse de Paris perd deux points en une suspension de séance pour examiner la motion séance, comme avant-hier, elle perd quatre fois ce tendant à opposer la question préalable, dont que le Gouvernement est fier d'avoir économisé sur la l’adoption mettrait fin au débat. dépense publique ! La séance, suspendue à 19 h 20, reprend à On dit que l’impôt ne doit pas nuire à la 19 h 50. compétitivité des entreprises ; vous traduisez : moins- disant fiscal. Avec un taux de 33,33 %, l'impôt sur les sociétés en France paraît l'un des plus élevés Question préalable d'Europe ; le Conseil des prélèvements obligatoires a montré ce qu’il en était : sa part dans le PIB demeure M. le président. – Motion n°I-194, présentée par faible et nous dépensons des sommes considérables à M. Foucaud et les membres du groupe CRC. ne pas l'appliquer ! En outre, vous maintenez des En application de l’article 44, alinéa 3, du Règlement, le dispositions favorables à la spéculation, comme la Sénat décide qu’il n’y a pas lieu de poursuivre la niche Copé. (Mme Valérie Pécresse, ministre, délibération sur le projet de loi de Finances pour 2012 proteste) Cette course à la rentabilité financière est un (n° 106, 2011-2012). véritable cancer pour notre industrie. Mme Marie-France Beaufils . – Les annonces se Les collectivités dépensent trop ? Il faudrait réduire multiplient depuis que le débat budgétaire a le millefeuille ? Qu’ont fait de si terrible les élus commencé à l’Assemblée nationale. Le projet de loi de locaux ? Responsables des trois quarts de finances a été élaboré d’après des hypothèses de l’investissement public, les collectivités préserveront croissance peu crédibles. Suivant les exhortations du un peu de croissance, en particulier dans le BTP. FMI et des autres instituts financiers, vous voulez faire L’État ne cesse de ponctionner leurs ressources. Il payer la crise aux plus démunis. L’austérité ne annonce une réforme de la péréquation horizontale résoudra rien. Elle a pour seul objet d’envoyer un -alors que les ressources propres des collectivités sont signal aux marchés financiers. La Grèce, l’Espagne, le en baisse. Portugal et l’Italie en sont les premières victimes. A Le collectif de fin d’année comporte une hausse de terme, les peuples se révolteront contre la dictature la TVA, le gel du barème de l’impôt sur le revenu, la des marchés. Viennent d’arriver à la tête de la Grèce réduction des dépenses publiques : il aurait fallu en un ancien banquier central, à la tête de l’Italie un débattre dès maintenant. Vous réduisez l’ISF et faites ancien commissaire européen. M. Michel Pébereau les poches des assurés sociaux, avec la taxe sur les invite lui-même à d’autres choix. Nous pourrions mutuelles : c’est inacceptable ! débattre d’un projet de loi de finances courageux et volontariste. Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la commission des finances . – La discussion générale a Les Français subissent des reculs sociaux montré que la droite et la gauche ne proposaient pas significatifs. Les projets de loi de finances peuvent être les mêmes choix. Chacun veut continuer à débattre. amendés mais les grandes politiques publiques sont Songeons aussi à l’intense travail fourni par les bloquées, Lolf oblige. Le Gouvernement refuse de rapporteurs spéciaux. Maintenant que vous avez reconnaître que le système capitaliste a montré ses exprimé vos craintes, je vous suggère de retirer la limites. La contribution sur les hauts revenus ne motion. rapportera que 200 millions à titre exceptionnel, alors que le collectif de septembre vient d’offrir de façon M. Thierry Foucaud . – J’ai été surpris par l’attitude pérenne plus de 1,8 milliard sur l’ISF dû par les de la droite, qui essaie de diviser la gauche. ménages les plus fortunés.

16 N° 22 jeudi 17 novembre 2011

Mme Marie-Hélène Des Esgaulx . – Vous n’avez besoin de nous pour cela ! ORDRE DU JOUR M. Thierry Foucaud . – Tous, à gauche, nous retrouvons pour dénoncer l’injustice fiscale et sociale, la réduction arbitraire des dépenses publiques, du vendredi 18 novembre 2011 l’absence de prise en compte des besoins sociaux, la soumission aux marchés financiers.

Pour ne pas laisser le champ libre aux manœuvres politiciennes, nous retirons cette motion. Séance publique Mme . – Grâce à nous. La motion n°I-194 est retirée. Prochaine séance demain, vendredi 18 novembre À 14 HEURES 30, LE SOIR ET LA NUIT 2011, à 14 h 30.

La séance est levée à 20 h 10.

Suite du projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale, de finances pour 2012, (n° 106, 2011-201 2). Jean-Luc Dealberto, Rapport (n° 107, 2011-2012) de Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la commission des finances. Directeur des comptes rendus analytiques

Examen des articles de la première partie.

______

ERRATUM

Au compte rendu de la séance du mercredi 16 novembre 2011 : colonne 12, cinquième ligne, après le scrutin public sur la motion n°2, lire :

M. François Trucy . – J’espère que M. Guérini a bien voté !

17