ADLFI. Archéologie de la - Informations une revue Gallia

Corse | 1997

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/adlf/23277 ISSN : 2114-0502

Éditeur Ministère de la Culture

Référence électronique Corse, 1997, ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], consulté le 15 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/adlf/23277

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© ministère de la Culture et de la Communication, CNRS 1

SOMMAIRE

Résultats significatifs en Corse pour l’année 1997 Joseph Cesari

2A – Corse-du-Sud

Altagène – Presa-Tusiu Fouille programmée (1997) François de Lanfranchi

Communes de , , , Sant’Andréa-d’Orcino et Sari-d’Orcino Prospection inventaire (1997) Henri Marchesi

Canton des Deux-Sevi Prospection inventaire (1997) Fabrice Nicolle

Canton de et Prospection inventaire (1997) Hélène Paolini-Saez

Canton de Sainte-Marie-Sicché Prospection inventaire (1997) Franck Leandri

Coti-Chiavari – Statue-menhir de Portigliolo Prospection inventaire (1997) Franck Leandri et Joseph Cesari

Canton de Tallano-Scopamène Prospection inventaire (1997) Denis Luciani

Commune de Sondage (1997) Michel-Claude Weiss

Sartène – Rinaiu (ou Renaghju) Fouille programmée (1997) André D’Anna, Henri Marchesi, Pascal Tramoni et Frédéric Demouche

Sartène – Vallée de l’Ortolo Prospection aérienne (1997) Gilles Giovannangeli

Sartène – Village de l’Ortolo Sondage (1997) Gilles Giovannangeli

Sollacaro – I Calanchi-Sapar’Alta Fouille programmée (1997) Joseph Cesari

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2B – Haute-Corse

Aléria – Cité antique Relevé d’architecture (1997) Robert Thernot

Cagnano – Monte Castello Prospection inventaire (1997) Albert Mattei

Castello-di-Rostino – U Castellu Sondage (1997) Daniel Istria et Toussaint Quilici

Commune de L’Île-Rousse Prospection inventaire (1997) François Allegrini-Simonetti

Lucciana – di Tanghiccia Découverte fortuite (1997) Laurent Casanova et Henri Marchesi

Lumio – A Fuata Sondage (1997) Pierre Neuville

Manso – Aghjale Fouille préventive (1997) Michel-Claude Weiss

Oletta – Castiglione Fouille programmée (1997) Michelle Salotti et Élisabeth Pereira

Commune d’Olmeta-di-Capocorso Prospection inventaire (1997) Pierre-Joseph Comiti

Olmeta-di-Capocorso – A Grotta Scritta Relevé d’art rupestre (1997) Michel-Claude Weiss

Olmi-Cappella – La Mugliunaccia Fouille programmée (1997) Daniel Istria, François Allegrini-Simonetti, Louis Ambrogi, Pierre-Joseph Comiti, Marie-Pierre Ruas et Jean-Denis Vigne

Penta-di-Casinca, , Pruno – Les usines corses de tanin Prospection inventaire (1997) Pierre-Jean Campocasso

Commune de Prunelli-di-Fiumorbo Prospection inventaire (1997) Daniel Istria

Pruno – Monte Taglio Sondage (1997) Dominique Mauny

Rogliano – Grotte de la Coscia Fouille programmée (1997) Eugène Bonifay

Rutali – A Ferrera (Pianu) Sondage (1997) Pierre-Jean Campocasso, Pierre-Joseph Comiti et Roland Chessa

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Communes de Saint-Florent et de Santo-Pietro-di-Tenda Prospection inventaire (1997) Frédéric Janny

Santo-Pietro-di-Tenda – Monte Revincu Fouille programmée (1997) Franck Leandri et Frédéric Demouche

Palasca – Statue-menhir d’U Zitellu Prospection inventaire (1997) Franck Leandri

Sisco – La grotte de la carrière San Michele Sondage (1997) Hélène David

Commune de Vescovato Prospection inventaire (1997) Laurent Casanova

Domaine public maritime

Au large d’ – Épave du port de L’Amirauté Fouille programmée (1997) Hervé Alfonsi

Eustatisme et néotectonique holocène entre Ajaccio et Calvi Prospection thématique (1997) Jacques Collina-Girard

Au large de Ersa – Barcaggio : épave La Giraglia Fouille programmée (1997) Martine Sciallano

Au large de Saint-Florent – Épave U Pezzo Sondage (1997) Patrick Dumoulin

Au large de Saint-Florent – Anse de Fornali : épave Fornali Fouille programmée (1997) Pierre Villié

Corse – Carte archéologique Prospection inventaire (1997) Hélène Bernard

Projets collectifs de recherche

Mégalithisme de la Corse Projet collectif de recherche (1997) André D’Anna, Franck Leandri, Henri Marchesi et Pascal Tramoni

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Résultats significatifs en Corse pour l’année 1997

Joseph Cesari

1 La campagne de fouille dans le gouffre de Castiglione (, Haute-Corse), sous la responsabilité scientifique de Michèle Salotti, a concerné le dépôt fossilifère de la galerie « Castiglione 3 ». Le point fossilifère « 3 CG » a encore livré de nombreux restes de Mammifères, d’Oiseaux, de Reptiles et d’Amphibiens. Les découvertes de 1997 sont encore fertiles par la présence de nouvelles espèces pour la Corse dont plusieurs Oiseaux et un Reptile : la Cistude. Cette tortue, n’ayant jamais été signalée dans les gisements pléistocènes de Corse, se voyait attribuée à une origine anthropique. La faune présente, comme plusieurs datations par la méthode des isotopes de l’uranium ont confirmé en 1997, l’âge Pléistocène moyen de différents points fossilifères du gouffre de Castiglione, y compris le point Castiglione « 3 CG ». Le gisement paraît aussi présenter une fossilisation continue. De nouvelles datations ont ainsi été obtenues pour des restes fossiles du Pléistocène moyen (sup. à 350 000 ans BP) et de l’Holocène (présence d’éclats d’obsidienne associés à des charbons datés de 7 000 ans BP).

2 Dans la grotte de La Coscia (Haute-Corse, Rogliano), l’équipe d’Eugène Bonifay propose plusieurs éléments de conclusion sur la présence humaine dans la grotte. Nous retiendrons que cette anthropisation est « contemporaine du Paléolithique moyen continental en milieu insulaire strict et permanent ». Les principaux indices sont constitués par : • l’existence de foyers aménagés, rencontrés devant le porche de la grotte, à différents niveaux sur une stratigraphie de 2,20 m d’épaisseur ; • la présence d’un petit ensemble lithique « débité ou apporté devant la grotte » ; • le caractère monospécifique des restes osseux ramenés dans la grotte qui forment un amas sur 6 m2 et 1,70 m de hauteur. Cet amas est presque entièrement constitué par des ossements de bois de Cervidés (85 %) répartis en deux couches, alors que 152 bois de chute et une quinzaine de crânes représentent 98 % de l’ensemble ; en outre, le fait que tous les restes de Cerfs, à 100 %, appartiennent à des mâles, indique une sélection sexuelle spécifique de ces animaux qui prouve l’origine anthropique de cet amas osseux.

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3 Les travaux menés sur le site d’l Calanchi (Corse-du-Sud, ) par Joseph Cesari se sont poursuivis dans le secteur sommital du site où la présence de deux structures circulaires, véritables bastions, qui renforcent l’enceinte en gros blocs de granite barrant la colline, paraissent se rattacher au faciès terrinien du Chalcolithique insulaire. Une première étude systématique du mobilier lithique terrinien de la « Terrasse Nord de Sapar’Alta », portant sur un total de 3 000 pièces, a été entreprise dans le cadre d’un diplôme universitaire.

4 Dans le Cap Corse, sur la commune de Sisco, Hélène David a repris l’étude d’une sépulture collective secondaire, contenue dans une faille de la falaise de cipolins de la carrière de San Michele. Du point de vue paléoanthropologique, les restes de plus d’une quinzaine d’individus ont été identifiés malgré un assez mauvais état de conservation consécutif à un épais encroûtement calcitique. Le mobilier datant qui les accompagnait, permet de situer le fonctionnement de cette sépulture au Chalcolithique et au Bronze ancien.

5 Les travaux de Franck Leandri sur le Monte Revincu (Haute-Corse, Santo-Pietro- diTenda) ont permis d’identifier trois groupes de 37 structures mégalithiques formées par : deux dolmens, quatre à six coffres possibles, trois cercles de pierres et 22 structures rectangulaires d’usage indéterminé. Une datation 14C sur des charbons de bois en provenance des premiers niveaux d’occupation les rattache au Néolithique moyen de l’île.

6 Le projet collectif de recherche sur le mégalithisme, coordonné par André D’Anna, a été poursuivi et plusieurs opérations lui sont rattachées. Nous soulignerons la découverte en 1997 de deux nouvelles statues-menhirs : la première, « U Zitellu », en Haute-Corse, localisée par Franck Leandri sur la commune de Santo-Pietro-di-Tenda et la seconde, en Corse-du-Sud, localisée par Franck Leandri et Joseph Cesari sur la commune de Coti-Chiavari.

7 L’importante opération de relevés architecturaux réalisée par le Service régional de l’archéologie et la Conservation régionale des Monuments historiques sous la responsabilité de Robert Thernot s’est achevée sur le site antique d’Aléria. Ce relevé- inventaire du site urbain a permis d’établir la cartographie complète des vestiges exhumés et de constituer un fonds documentaire informatisé sur les types de bâtiments et les modes de construction du site. Un relevé photogrammétrique réalisé par André Carrier (CNRS) offre une vision détaillée de la morphologie du plateau d’Aléria et des structures de la ville antique.

8 Les sites médiévaux de I’Ortolu (Sartène, Corse-du-Sud) et de la Mugliunaccia (OlmiCappella, Haute-Corse), respectivement fouillés par Gilles Giovannangeli et Daniel lstria, ont livré d’intéressantes observations : • le premier sur l’équipement et la production d’une forge active aux XVe-XVIe s. ; • le second sur l’organisation spatiale d’un groupement villageois des XIIe-XIVe s., qui s’était superposé à un habitat défensif de l’âge du Bronze.

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AUTEUR

JOSEPH CESARI Drac Corse (service régional de l’archéologie)

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2A – Corse-du-Sud

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Altagène – Presa-Tusiu Fouille programmée (1997)

François de Lanfranchi

1 L’étude archéologique de la torre de Tusiu, a été poursuivie ; cette forme tronconique est arasée au niveau de l’étage. Elle mesure une dizaine de mètres de rayon et est conservée sur 2 m de hauteur. Dans son état originel, elle pouvait s’élever de 6 à 8 m au- dessus du niveau du sol. Une entrée s’ouvrant au nord, face au village protohistorique, donne sur un couloir à partir duquel se fait la distribution des pièces.

2 À gauche, un escalier permettait d’accéder à l’étage. À droite, une loge (LI), séparée par un mur du diverticule Dl, sorte de boyau très étroit. Dans l’axe du couloir, une salle (SI) donne accès au diverticule Dl à droite, et à gauche au diverticule D2, découvert cette année. Ce dernier se prolonge par une loge L2. Le plan, extrêmement classique, est comparable à celui des nuraghi de Sardaigne. La stratigraphie et les structures. L’étude stratigraphique (couloir, loge LI, diverticule Dl et salle SI) a mis en évidence deux modes d’occupation : l’un, primaire, a suivi immédiatement la construction du bâtiment au Bronze moyen, les autres occupations, regroupées dans une phase secondaire, se suivent. L’éboulement de l’étage a lieu à la fin du Bronze moyen, ou au tout début du Bronze récent. Sur ces amas de blocs, les groupes humains, porteurs de cultures différentes de celles du Bronze moyen, ont agencé sommairement les pierres des éboulis dans le but de réaliser des structures de combustion. Le remploi du site est bien attesté au Bronze récent, au Bronze final, à l’âge du Fer et au Moyen Âge.

3 Le remplissage des diverses pièces varie en fonction de leur destination. Dans le diverticule Dl, la couche 3, correspondant à l’occupation primaire de la stratigraphie, offre un sédiment en rapport avec les structures de combustion qui reposent sur l’affleurement rocheux. Les soles en argile et les productions cendreuses et charbonneuses, notamment, se retrouvent aisément.

4 Les couches 2a et 2b sont des strates charbonneuses et cendreuses juxtaposées, scellées par des éboulis qui portent des traces de réoccupation.

5 Dans la loge LI, le remplissage est dû essentiellement au fonctionnement de structures de combustion qui sont restées localisées dans ce secteur depuis le Bronze moyen.

6 La salle SI restitue des structures du Bronze moyen (l’occupation primaire).

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7 Située entre le couloir et la loge LI, une structure de combustion a été construite à l’aide de grosses pierres juxtaposées constituant une bordure de forme rectangulaire.

8 À l’intérieur, un apport d’argile pétrie réalisa la sole d’un foyer.

9 Dans le diverticule Dl, sur un affleurement de la roche en place, des structures de combustion ont été inventoriées. Autour, des plats à feu, dont certains contenaient encore des produits calcinés, attestent la polyvalence du diverticule. Des récipients de type jarre pouvaient contenir des céréales qui sont actuellement en cours de détermination. Dans l’étude de la torre, nous observons que toutes les structures se rapportent à des activités diversifiées dans lesquelles l’agriculture occupe une place importante. Les meules et les broyeurs évoquent effectivement des travaux de meunerie. Quant aux grandes jarres, elles peuvent avoir servi à la conservation de céréales ou de tous autres produits.

10 Les dernières mesures d’âge radiométrique montrent que l’occupation primaire date bien du Bronze moyen.

11 Dans le couloir, F12, à l’entrée de la loge L1, qui n’est en somme qu’une partie du diverticule D1, les mesures d’âges obtenues sont celles du Bronze récent. (Ly-7090, 3045 ± 45 BP, soit -1393, -1163 av. J.-C.). Durant cette période, le couloir avait perdu sa destination première qui consiste à distribuer les diverses pièces du rez-de-chaussée, pour servir de siège à des foyers qui occupaient non seulement la totalité de la surface du couloir mais, également, celle des marches de l’escalier.

Laboratoire et Intervalle de Fiche Localisation Dates corrigées datation BP confiance

Échantillon no 1 Couche 3a, Code Labo : Ly-7927 Dates les plus Intervalle 95 % Fiche -116 cm centre du Date 14C BP : probables : Confiance (-1735, 9108 diverticule 3361 ± 46 -1670,-1661, -1637 -1528)

Échantillon no 2 Couche 3b, Code Labo : Ly-7928 Dates les plus Intervalle 95 % de Fiche -124 cm entrée du Date 14C BP : probables : -1379, confiance (-1414, 9109 diverticule à partir de la 3079 ± 45 -1342, -1319 -1204) chambre

Code Labo : Ly-7929 Dates les plus Intervalle de Fiche Échantillon no 3 Couche 3b, Date 14C BP : probables : -1589, confiance (-1632, 9110 -140 cm 3258 ± 44 -1516, -1469 -1431)

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INDEX chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtGTWPtWn8qu nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrty4H1kWI4Yw Année de l'opération : 1997

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Communes de Calcatoggio, Cannelle, Casaglione, Sant’Andréa-d’Orcino et Sari-d’Orcino Prospection inventaire (1997)

Henri Marchesi

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Ministère de la Culture

1 Les communes prospectées occupent la vallée de la Liscia dans la basse Cinarca où nous voulions réaliser une étude de l’évolution du peuplement et son éventuel rapport avec le développement du pouvoir comtal. En effet, la Cinarca est la région d’origine du principal lignage nobiliaire du sud de la Corse, les Leca, mais elle reste encore très mal connue du point de vue archéologique. Cette étude s’est appuyée sur le fichier carte archéologique du SRA, complétée par le dépouillement du cadastre des cinq communes ainsi que la bibliographie archéologique se rapportant à la micro-région. Le plan terrier, dressé ici en 1793, a été étudié à partir des clichés du service régional de l’inventaire général. 45 sites archéologiques ou indices de sites ont été recensés sur les cinq communes : Calcatoggio : 15 ; Cannelle 4 ; Casaglione 11 ; Sant’Andrea-d’Orcino : 7 ; Sari-d’Orcino : 8.

2 L’occupation la plus ancienne est attestée par les niveaux inférieurs du site du Monte Lazzu (Casaglione) datés du Néolithique moyen, mais ce site, étudié et publié par M.- C. Weiss, a surtout livré une occupation néolithique final. Le Castellu di Cinarca (Casaglione) a connu une occupation à la fin du Néolithique (tessons et industries lithiques). Les autres stations néolithiques recensées ne peuvent, en raison de la rareté du mobilier qu’elles ont livré, être datées précisément. Le dolmen de Tremica, vide de tout vestige est dans le même cas. Le Castellu di Cinarca est le seul habitat connu de l’âge du Bronze, il présente sur son versant est les ruines d’un mur d’enceinte en pierres sèches, attribué à cette époque, ainsi que de nombreux tessons de céramiques

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modelées caractéristiques. Ce site pourrait avoir été occupé à l’âge du Fer. Cette période n’est actuellement connue que par une sépulture sous abri du Monte Lazzu.

3 La plupart des vestiges antiques ont disparu ou ne sont plus observables aujourd’hui. Nous sommes donc dépendants des quelques mentions anciennes dans la littérature spécialisée pour tenter de reconstituer l’occupation à cette époque. Lors de l’urbanisation du bord de mer au lieu-dit Tiuccia (Casaglione), plusieurs amphores antiques, disparues depuis, ont été trouvées à proximité du rivage. Ce secteur, qui correspond au mouillage actuel du golfe de la Liscia, le plus abrité des vents dominants, pouvait déjà être utilisé comme un petit port naturel dans l’Antiquité. Le site de Rinzana (Sant’Andrea-d’Orcino) a livré anciennement une sépulture en amphore sous tuiles et deux sépultures sous tuiles plates qui pourraient indiquer la présence d’une petite nécropole rurale.

4 Quatre sites pourraient correspondre à des habitats, un site près de la mer à Orcino (Calcatoggio) et le Castellu di Cinarca qui a livré en surface des fragments d’amphores mélangés à de la céramique plus récente. Quelques tessons de céramique indiquent une présence au Ier s. apr. J.-C. sur le site de San Giovanni Battista (Sari-d’Orcino). À la fin du XIXe s. un important mobilier céramique a été découvert au lieu-dit Villana sur la commune de Cannelle. Les sites antiques se trouvent tous à une altitude plus basse que les villages actuels, ils évitent les versants au profit de la vallée proprement dite. Les sites recensés, par leur pauvreté et leur état de conservation, semblent refléter une occupation antique très peu dense.

5 Avec 30 sites médiévaux et/ou modernes, c’est l’époque du véritable essor du peuplement de la vallée avec la fondation des villages actuels. Les céramiques recueillies en prospection ne remontent cependant jamais au-delà du XIIIe-XIVe s. Ce réseau d’habitats villageois groupés est complété par une trame religieuse, l’église pievane au centre du terroir et des églises ou chapelles secondaires disséminées dans les villages et la campagne. L’habitat seigneurial est mal connu faute de fouille. Le Castellu di Cinarca présente des murs arasés jusqu’au sol. La céramique médiévale est abondante en surface : modelées locales, majoliques vert et brun (pichets, bols à la croix), sgrafittos polychromes, majoliques à décors bleu..., monochromes glaçurées, acroma depurata, etc. La découverte d’un fragment d’enduit peint, rouge, appartenant à la bordure d’un décor mural témoigne d’une certaine qualité dans la décoration des salles du château. Le Castellu di Montalbi est encore plus mal connu, bien que signalé dans les archives et le plan terrier.

6 À l’Époque moderne, le paysage est complété par la fondation de quelques nouvelles chapelles, la construction des tours littorales et la création de hameaux, dont certains sont rapidement abandonnés comme celui de Borgomani par exemple. Dans son Dialogo nominato , l’évêque du Nebbio, Agostino Giustiniani, dresse au début du XVIe s. un tableau de l’occupation de la vallée que l’on retrouve sans grand changement sur le plan terrier à la fin du XVIIIe s.

7 Cette prospection-inventaire a permis de multiplier par deux le nombre de sites recensés et décrits. La répartition chronologique des sites inventoriés montre que c’est à la fin du Moyen Âge que le peuplement de la vallée s’affirme et se renforce. Pour les époques antérieures, les chiffres sont plus difficiles à commenter, le vide de la Protohistoire ne s’explique pas, la rareté des sites néolithiques non plus, l’occupation

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antique correspond mieux à ce que l’on connaît par ailleurs sur la côte occidentale de la Corse.

INDEX

Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtH8P95EucZz, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt2Da0ASe5sL, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtkWTHVxnZWN, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtHlenwSnkDM, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtGTWPtWn8qu, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtW9SpIgIk7Q, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtZTmusVUU24, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtAQyKm9qosx, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtPSEEZSBEJp nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtqG7cIVV73e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt5kA5N7kjtd, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtWDhZYEDMl0, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtHBylWH10KS, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtbnTVuVytcX

AUTEURS

HENRI MARCHESI Drac Corse

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Canton des Deux-Sevi Prospection inventaire (1997)

Fabrice Nicolle

1 Trois grands secteurs géographiques de ce canton ont été prospectés : • le secteur des collines entre Piana et Cargèse : malgré des conditions de prospection favorables, il n’a livré aucun site ; • le secteur compris dans les Calanche de Piana (Foce d’Ortolo, Capu d’Ortu) et jusqu’au col de San Martino : il a livré des traces d’une structure en coffre (?) (crête des Conti) qui semble en relation avec les occupations médiévales (Ghineparu, Castellu, Foce d’Ortolo etc.) ; • le secteur de la vallée d’Evisa et Porto : il a permis le recensement de quelques nouveaux gisements attribuables aux périodes pré et protohistoriques et au Moyen Âge. Le Castello d’Evisa paraît occupé dès la fin du Néolithique. Le château seigneurial, dans un espace stratégique, a peut-être été intégré dans un réseau de contrôle de l’espace au cours du bas Moyen Âge.

2 La prospection de ces trois zones n’a livré aucun monument mégalithique. Au total, malgré l’ampleur du territoire parcouru, seuls neuf nouveaux gisements ont été découverts ; ce qui porte le nombre total de sites et monuments recensés dans les Deux- Sevi à 52, toutes périodes confondues.

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lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtHlenwSnkDM, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtAQyKm9qosx

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Canton de Figari et Sotta Prospection inventaire (1997)

Hélène Paolini-Saez

1 Les communes de Sotta et de Figari ont fait l’objet d’un premier travail de prospection- inventaire.

2 Quelques sites nouveaux ont été recensés. Ils ont été communiqués par des membres de l’association « U Casteddu » de Figari. Grâce à leur collaboration, nous avons pu rassembler quelques gisements découverts récemment.

3 La densité des sites des deux communes est à peu près égale : 15 sites pour la commune de Sotta et 12 pour la commune de Figari. Pour la commune de Sotta, les chapelles, les structures mégalithiques et les castelli sont les plus fréquents. Pour la commune de Figari, le recensement actuel ne permet pas de dégager de structures dominantes ; chapelles, structures mégalithiques, castelli, sites néolithiques ou romains sont tous présents. Généralement, les zones de basse altitude sont les plus fortement occupées.

INDEX

lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtqu02wbHDbw, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtjgKSGFTK6a nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 Année de l'opération : 1997

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Canton de Sainte-Marie-Sicché Prospection inventaire (1997)

Franck Leandri

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Afan

1 La rive sud du golfe d’Ajaccio fait partie des zones prioritaires de prospections définies par le SRA de Corse lors de la mise en place du programme « Carte archéologique ». L’opération réalisée en 1997 avait pour principal objectif la mise en forme et la vérification des données bibliographiques actuellement disponibles ainsi que la réalisation d’une cartographie précise sur la frange littorale des communes concernées.

2 Mis à part le débouché du Prunelli, la rive sud du golfe d’Ajaccio ne paraissait pas avoir constitué un véritable secteur attractif ; elle semblait coupée des grandes voies de communications de l’île de par la longueur des cheminements permettant de rejoindre les zones d’échanges traditionnelles de l’Ornano et de la vallée du Taravo. La présence d’étangs sur le littoral, vecteurs de paludisme, a de plus constitué un obstacle important à l’époque historique. Malgré ces contraintes, il faut souligner que certaines collines et les petites dépressions ont été cultivées jusqu’au moment du développement touristique, tandis que, dans les parties élevées du relief, on a pratiqué l’élevage de petits troupeaux.

3 Soixante-dix sites ont été recensés sur la frange littorale des communes de GrossetoPrugna, Coti-Chivari, et , entre la vallée du Prunelli et la plage de Cupabia. Il s’agit essentiellement de sites d’époques moderne et médiévale et d’épandages antiques ou préhistoriques. Plusieurs restes de fortifications protohistoriques ou médiévales ont été recensés sur les hauteurs. Parmi les résultats significatifs, il faut souligner la localisation d’une statue-menhir anciennement mentionnée à Portigliolo (commune de Coti-Chiavari).

4 Les résultats de cette prospection n’illustrent pas l’occupation humaine de la rive sud du golfe d’Ajaccio, mais il s’agissait de dresser un premier état des gisements

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archéologiques avant de poursuivre la prospection systématique de cette zone fortement soumise à la poussée urbaine.

INDEX chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtHlenwSnkDM, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtZTmusVUU24, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtAQyKm9qosx, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtPSEEZSBEJp Année de l'opération : 1997 lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtlKctxSSi7T, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxqBGz5o6UZ, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtlEXXmzv7UR, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtgAXbVR8D8Y nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8

AUTEURS

FRANCK LEANDRI Afan

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Coti-Chiavari – Statue-menhir de Portigliolo Prospection inventaire (1997)

Franck Leandri et Joseph Cesari

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Afan

1 Un groupement de monolithes et une statue-menhir furent détruits en 1986 lors de travaux d’urbanisme au lieu-dit Pozzaccio sur la rive sud du golfe d’Ajaccio. De cette découverte mentionnée pour la première fois par l’un d’entre nous (Cesari 1992), il ne semble plus subsister qu’un monument qui vient d’être répertorié dans le cadre d’une prospection-inventaire.

2 On peut s’étonner du choix d’un tel secteur éloigné des grands axes de communications de l’île, de par la longueur des cheminements qui permettent de rejoindre les zones d’échanges traditionnelles de l’Ornano et de la plaine du Taravo par la Bocca di Gradello. Toutefois, le lieu de la découverte domine l’un des rares espaces attractifs de la rive sud d’Ajaccio. Il s’agit d’une petite dépression favorable à la pratique de l’agriculture au débouché de ruisseaux saisonniers.

3 Les environs de ce secteur sont très difficiles à prospecter en raison du relief formé de piémonts abrupts et hérissés de roches dénudées qui atteignent parfois 700 m. Le couvert végétal est un maquis très dense et contribue à créer un espace répulsif pour l’habitat. La conjonction de ces différents facteurs pourrait expliquer l’absence de vestiges préhistoriques dans un rayon d’environ cinq à 8 km.

4 Description du monument : • Hauteur hors du sol : 155 cm ; • Largeur moyenne : de 39 à 48 cm ; • Épaisseur moyenne : de 22 à 31 cm ; • Largeur des épaules : 39 cm ;

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• Largeur de la tête : 34 cm ; • Nature de la roche : granite.

5 Ce mégalithe aurait été découvert couché sur le dos ce qui expliquerait le mauvais état de conservation des attributs sculptés sur la face. La statue-menhir présente une silhouette massive aux formes rebondies s’évasant légèrement à la base. La tête est arrondie, les épaules sont courtes et fuyantes et le fût est régulier. Le visage circulaire avec le bloc nez-arcade sourcilière quasiment effacé, est bien indiqué par le creusement de la roche. La bouche est figurée en creux, le menton est ovalaire et en relief.

6 Sur les côtés, les oreilles paraissent indiquées par deux faibles bourrelets. La figuration des bras jusqu’au coude, en relief et repliés latéralement, est l’une des particularités de ce monument, cependant les mains sont absentes ou effacées. Cette représentation rappelle la statue-menhir de Filitosa XII (Grosjean 1956).

7 Dans le dos, une nuque bombée et arrondie a été sculptée. Elle est complétée par la représentation classique des omoplates en léger relief, prolongées par la colonne vertébrale en creux sur 70 cm. Deux gravures symétriques en arc de cercle sont disposées sous les omoplates et semblent figurer des côtes. La statue-menhir présente une arme dont le relief est très érodé. C’est un poignard à pommeau en béquille (?) dans son fourreau, que soutient un baudrier scapulaire comparable à celui d’Apazzu II ; cette statue se rattache au groupe du Taravo. Une bande périphérique à la statue, en léger relief et large de 30 cm, peut s’interpréter comme un motif vestimentaire original. Il pourrait s’agir d’une ceinture, presque effacée, sur la partie droite du dos.

Fig. 1 – Statue-menhir de Portigliolo, vues de face et de dos

Cliché : F. Leandri (Afan).

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Fig. 2 – Dessin de la statue-menhir de Portigliolo

Dessins : F. Leandri (Afan).

INDEX chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 Année de l'opération : 1997 lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtgAXbVR8D8Y

AUTEURS

FRANCK LEANDRI Afan

JOSEPH CESARI Drac Corse (service régional de l’archéologie)

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Canton de Tallano-Scopamène Quenza Prospection inventaire (1997)

Denis Luciani

1 Les prospections ont concerné une dizaine de sites de haute montagne situés sur le plateau du Coscione, la vallée de l’Asinao et les aiguilles de Bavella.

2 Ces régions, situées à des altitudes de 1 500 m en moyenne, étaient habitées au moins l’été jusqu’à une période récente. Le plateau de Coscione comptait plus de 30 pasciali. Les prospections ont permis de déceler parmi de nombreux indices toponymiques les traces matérielles de deux castelli : U Castellu (Bucchi neri), Bambiolu et probablement un troisième, Pampalonu. Ces sites témoignent de l’existence d’un habitat fortifié médiéval en haute montagne.

INDEX

lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtrdJsiPOy0f chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtAQyKm9qosx nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 Année de l'opération : 1997

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Commune de Renno Sondage (1997)

Michel-Claude Weiss

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Université de Corse

1 Les travaux conduits à Renno ont permis de récupérer deux morceaux d’une statue- menhir trouvée par un ouvrier, le 15 juin 1906, dans une carrière, au lieu-dit « Pino » et mentionnée par F. Octobon en 1931. Le monolithe avait été débité pour servir de pierre de construction, l’un de ses fragments apparaissant en façade de la remise de M. Tarsilus Susini, à Renno.

2 L’extraction du fragment sculpté (fragment 1) de la statue-menhir a pu se faire aisément en raison de ses dimensions réduites et de sa position dans le mur de la maisonnette. À la suite de ce premier travail, il fut décidé de sortir un bloc voisin dont la face visible était particulièrement régulière. Cet élément (fragment 2) s’avéra être un autre morceau du monolithe.

3 Le fragment 1 est un morceau de la partie supérieure de la statue-menhir. Il est en granite local (longueur : 37,5 cm ; largeur actuelle : 47 cm ; épaisseur : 29 cm).

4 La face antérieure, pas vraiment régulière, est assez bien conservée, sauf la partie inférieure qui a subi quelques enlèvements non négligeables et qui, de surcroît, a été cassée en bout. Le cou a disparu en grande partie. L’épaule gauche semble être bien marquée. L’autre a été brisée. Le reste du fragment laisse voir des pectoraux nettement dégagés. À la partie inférieure de cette sculpture, deux reliefs verticaux prolongent l’évidement central qui laisse voir un relief partant de l’extrémité supérieure du vestige, au niveau du cou, pour aboutir à la base des pectoraux. Cette sculpture présente sa plus grande largeur à l’extrémité supérieure du fragment ; par la suite, elle va en s’amenuisant. Elle est quelque peu dégradée, en particulier dans sa partie inférieure. Quant au fût, il est très épais.

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5 La face postérieure montre actuellement un aspect plutôt irrégulier. Le cou est assez bien conservé. Cette face donne l’impression d’avoir été moins bien travaillée que l’autre, un peu négligée même. La face latérale gauche est brisée, sauf au niveau du cou et au départ de l’épaule. Enfin, la face latérale droite a disparu.

6 Le fragment 2 correspond à un morceau du fût de la statue-menhir. Il est brisé du côté le plus épais. La face 1 est régulière, presque plate (en fait, très légèrement convexe). La face 2, régulière, est légèrement convexe. La face latérale la plus épaisse est brisée aux deux extrémités mais apparemment préservée au centre où elle serait pratiquement aplatie. L’autre face latérale est régulière. La section du fût est donc plutôt asymétrique, un côté étant plus épais que l’autre (circonférence actuelle : 135 cm ; longueur : 30,5 cm ; largeur : 52 cm ; épaisseur maximum : 22 cm ; épaisseur minimum : 17 cm).

7 Ces deux morceaux appartiennent au même monolithe. Le granite est de même nature et, si l’on constate une différence d’épaisseur entre le fragment 1 (29 cm) et le fragment 2 (22 cm), cela ne saurait surprendre ; l’étude des statues-menhirs insulaires montre que la partie située au niveau des épaules peut être plus massive que la zone du fût. Le relief vertical placé au niveau du cou et des pectoraux rappelle la sculpture des monolithes de Luzzipeu et Santa Maria, sculpture qui apparaît sous le menton, à partir du cou donc, et rejoint la pointe du V correspondant aux clavicules.

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Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtGTWPtWn8qu nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtWWQS75V5Bc lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtTW2w1fWLWy

AUTEURS

MICHEL-CLAUDE WEISS Université de Corse

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Sartène – Rinaiu (ou Renaghju) Fouille programmée (1997)

André D’Anna, Henri Marchesi, Pascal Tramoni et Frédéric Demouche

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : CNRS

1 À l’issue de la campagne, 102 m2 ont été traités portant à environ 150 m 2 la surface explorée.

2 La stratigraphie observée en 1995 a été confirmée dans ses grandes lignes. Dans les secteurs fouillés, elle se présente sous une forme moins complexe que dans la partie sud du site, avec seulement les deux cycles principaux. Sous quelques lentilles situées immédiatement sous la surface actuelle, le cycle sédimentaire supérieur, constitué de limons sableux, est ici divisé seulement en deux horizons localement séparés par un sol. À la base du cycle, un autre sol a été identifié. Le cycle inférieur, constitué d’un ensemble de couches sableuses faiblement limoneuses, de couleur brun à brun-jaune, est relativement homogène. Il est également divisé en deux horizons principaux. Le sol de la base du cycle est difficilement lisible.

3 Les propositions de mise en phases chronologiques avancées en 1995 restent valables. Les phases 1 et 2 correspondent aux deux niveaux du cycle inférieur et livrent les vestiges d’une occupation du Néolithique ancien cardial. Les phases 3 et 4, dans le cycle supérieur, correspondent au site mégalithique. Il n’y a aucun élément de datation mais les diverses comparaisons permettent de situer cet épisode entre la fin du Néolithique et le début de l’âge du Bronze. La phase 5 correspond à différentes traces probablement en relation avec la destruction d’une partie des alignements et avec l’activité des chercheurs de trésor ; dans la partie nord de la zone fouillée, trois tessons d’une assiette de majolique polychrome de Montelupo (Toscane) du XVIIe s. pourraient dater cette phase. La phase 6 correspond aux remaniements récents et subactuels : de petites lentilles charbonneuses superficielles (vestiges de débroussaillements) et une cuvette

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remplie de limon sableux jaune, peuvent correspondre aux travaux de J. Liégeois en 1975 et aux activités plus récentes.

4 La céramique des phases 1 et 2 est relativement homogène, mais la forte fragmentation, déjà constatée en 1995, reste un handicap pour la détermination des formes et de l’organisation des décors (16 tessons décorés recueillis en 1997, soit un total actuel de 26). L’ensemble de la série permet de préciser largement l’image de la vaisselle cardiale et de confirmer les premières observations. On notera de nouveaux types de décor : impressions tangentielles à la coquille de cardium (seules les impressions au pétoncle étaient jusqu’ici présentes), lignes d’impressions par déroulement du bord de la coquille, impressions courtes du bord. Ainsi l’ensemble des thèmes identifiables à Renaghju se rapporte au style Basi-Pienza-Filiestru (Cardial géométrique) : triangles à remplissage d’impressions, chevrons emboîtés, chevrons non margés, bande brisée, triangles en réflexion décalée séparés par une bande réservée, bandeaux verticaux margés, registres horizontaux (?). En plus des impressions à la coquille, on remarquera quelques décors plastiques, essentiellement des cordons. La série comporte quelques formes identifiables : coupes ou jattes tronconiques, gobelets ovoïdes, marmites hémisphériques ou cylindrosphériques.

5 L’industrie lithique cardiale comporte un peu plus de 1 300 objets dont près de 300 outils sur rhyolite locale, sur obsidienne et diverses natures de silex importés. Bien que peu nombreux, les indices permettant de restituer la chaîne opératoire de l’exploitation de ces roches allochtones depuis les premières phases de mise en forme des nuclei jusqu’à leur abandon, sont présents sur le site. L’outillage comporte principalement des flèches tranchantes (une cinquantaine), des éclats et lames retouchés, des troncatures, des pièces à coches.

6 Plusieurs nouvelles structures associées à ce niveau cardial ont été dégagées parmi lesquelles on retiendra plus particulièrement plusieurs petites fosses et cuvettes et des structures de pierres chauffées de type « four à accumulateur ». Les diverses observations permettent de supposer que cet habitat cardial occupait une superficie minimale d’environ 1 000 m2.

7 Pour ce qui concerne le gisement mégalithique, les décapages ont permis de compléter la description de 20 monolithes qui étaient partiellement visibles au début de l’opération et qu’il convenait de dégager complètement mais, surtout, de mettre au jour 20 nouveaux monolithes totalement enterrés, invisibles jusqu’ici, et qui viennent compléter le plan d’ensemble. À l’issue de cette campagne, le site compte 140 monolithes dont 21 menhirs-stèles, 33 menhirs, 44 petits menhirs, soit un minimum de 98 menhirs de différents types ; plusieurs fragments de monolithes débités indiquent que le nombre total de menhirs était à l’origine plus important. Différentes dalles, en plus de celles du coffre partiellement fouillé en 1975, témoignent probablement de structures démantelées. La campagne 1997 a confirmé la complexité de l’évolution du site mégalithique qui compte au moins deux phases principales d’aménagement. La première (phase 3), encore mal caractérisée, comportait l’ensemble des petits menhirs dont l’organisation, difficilement lisible, intégrait des alignements en courbes et des files plus ou moins rectilignes qui semblent associées à des petits coffres ; cette phase peut être rapportée à la fin du Néolithique. La structure générale de la phase la plus récente (phase 4), probablement du début de l’âge du Bronze, est maintenant relativement claire ; les alignements comportaient quatre files de grands

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menhirs orientées sensiblement nord-sud. Par comparaison avec le modèle observé à Pallaggiu, le coffre de Renaiu pourrait être attribué à cet état.

INDEX chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtH8P95EucZz, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtGTWPtWn8qu Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtpcidlJh1uU

AUTEURS

ANDRÉ D’ANNA CNRS

HENRI MARCHESI Drac Corse (service régional de l’archéologie)

PASCAL TRAMONI Afan

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Sartène – Vallée de l’Ortolo Prospection aérienne (1997)

Gilles Giovannangeli

1 Un survol de la vallée de l’Ortolo a permis à Gilles Giovannangeli de réaliser des prises de vue sur différents sites et tout particulièrement sur le site de San Giovanni et du village déserté de l’Ortolo. Ces clichés sont en cours d’exploitation.

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lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtpcidlJh1uU nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 Année de l'opération : 1997

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Sartène – Village de l’Ortolo Sondage (1997)

Gilles Giovannangeli

1 Sur ce site de pente exposé à l’ubac, deux tours, plus d’une vingtaine de maisons ainsi que diverses structures aménagées s’étagent entre 300 et 350 m d’altitude à proximité d’un point d’eau. Après six ans de fouilles programmées, la chronologie de l’occupation médiévale du site s’affine. Le démarrage de ce village ne paraît pas antérieur au milieu du XIVe s. C’est autour d’une grosse boule granitique, sur laquelle un petit ouvrage défensif avait été érigé, que les habitats et les aménagements les plus anciens ont été identifiés. Si ces premières structures sont modestes, le matériel recueilli est déjà très varié, notamment les céramiques importées en provenance de l’aire italienne (Ligurie, Pise, Latium...) ou ibérique (Valence). Huit petites monnaies des XIIIe et XIVe s. témoignent aussi de cette diversité d’influences (Gênes et Bonifacio, bien sûr, mais aussi Pise, Rome et le royaume de Valence).

2 Le village connaît ensuite un essor spectaculaire au XVe s. avec une véritable apogée à la fin du XVe s. De belles maisons ancrées sur rochers sont bâties sur les hautes terrasses à l’ouest ou dans la partie centrale du site.

3 C’est dans les premières décennies du XVIe s. (en tout cas avant les années 1530) qu’a lieu l’abandon rapide et définitif du village avec un regroupement des habitants au cœur de la piève de Sartène dans la vallée voisine.

La forge du village : « a stazzona »

4 Depuis deux ans, les fouilles ont moins porté sur les habitats que sur leurs abords pour tenter de mieux cerner l’organisation de l’espace villageois et certaines activités artisanales encore mal connues. Un sondage en cours concerne notamment une petite construction isolée à proximité du point d’eau. Avec ses murs arrondis et grossièrement appareillés, ce petit bâtiment (dimensions intérieures : 4,90 m x 3,80 m) évoque davantage un « fond de cabane » que l’architecture des belles maisons du village. Le matériel recueilli et les aménagements intérieurs ont permis d’identifier ici une forge villageoise. Près du mur nord, une vasque creusée dans un bloc de granite (L. : 0,97 m ; l : 0,60 m ; profondeur : 0,35 m) était destinée à refroidir le métal. Appuyés

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contre le mur sud, les vestiges d’un grand foyer rectangulaire (base de pierres entourant une sole d’argile malheureusement dégradée par des racines de chênes) sont en cours de dégagement. Après décapage des niveaux de destruction dans la partie orientale du bâtiment, un sol d’occupation a été reconnu : plusieurs milliers de déchets de forge ont été recueillis sous forme de scories ou de battitures. Ils étaient associés à des céramiques fines et modelées du XVe s. bien documentées désormais sur le site. Dans ce niveau d’occupation, la présence d’objets métalliques, de fer mais aussi de bronze (fers à cheval, clous, plaquettes, boucles), témoignent des multiples activités d’un forgeron de village.

Fig. 1 – Plan de la forge

Relevé : G. Giovannangeli.

Le premier noyau défensif

5 Les fouilles du plus ancien noyau d’habitats au caractère défensif bien marqué dans la partie nord du site se sont poursuivies. Un sondage implanté dans un couloir rocheux à la base de la tour nord a livré une belle stratigraphie avec des niveaux du XIVe et du début du XVe s. Ce couloir est barré à son extrémité occidentale par un mur de blocage à double parement qui subsiste sur un peu plus de 2 m de haut. Ce rempart rustique renforçait le caractère défensif du périmètre étudié. Le mobilier recueilli en stratigraphie évoque davantage le quotidien de petits gentilhommes à cheval que celui des paysans ou des artisans de village (vaisselle de luxe du XIVe s. en provenance de plusieurs ateliers méditerranéens, fragments de verre fin, plaquettes en os à caractère décoratif, carreaux d’arbalète, boucles de harnais...).

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6 La découverte d’un dé à jouer miniature en os de moins de 6 mm de côté avec celle l’an dernier d’un pion (de jeu d’échecs ?) en pâte de verre bleuté conforte cette hypothèse et apporte un témoignage intéressant sur les jeux de hasard et de société des occupants de la tour nord.

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Sollacaro – I Calanchi-Sapar’Alta Fouille programmée (1997)

Joseph Cesari

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Ministère de la Culture

1 Le dégagement de la partie sommitale de l’enceinte du gisement des Calanchi a été poursuivi. La zone la plus élevée de la colline est enclose par un péribole qui développe, sur plus de 100 m de périmètre, un mur en élévation adapté aux contours sinueux de la topographie et qui s’articule sur les enrochements naturels, dont les négatifs et les stigmates d’exploitation prouvent qu’ils servirent de carrière. Le parement externe de cette véritable enceinte est en appareil mégalithique (dict. de l’archéo. grecque et romaine, de R. Ginouvès et R. Martin, 1985), formé par juxtaposition et empilement de gros blocs polygonaux. L’enceinte était renforcée dans sa partie nord par deux plates-formes semi-circulaires, qui paraissent constituer deux bastions défensifs en forme de tours. Ils étaient placés aux extrémités nord-est et nord-ouest de la courtine qui protégeait le secteur le plus vulnérable du gisement. Cette courtine rattrapait le dénivellement topographique et sa structure mettait en œuvre deux types de murs : l’enceinte mégalithique, en parement externe, était doublée à l’intérieur par une maçonnerie en mœllons de granite irréguliers, qui formaient un mur à double parement. Le dénivelé de plus de 2 m, entre le bastion nord-ouest et celui au nord-est, avait contraint les bâtisseurs à réserver un escalier étroit et raide d’environ six à huit marches (dont il subsiste encore les trois premières), dans l’épaisseur interne de la courtine.

2 Sur le point culminant du site (85 m au NGF), les fouilles ont révélé l’arase d’une construction dont le plan semi-circulaire est partiellement conservé et qui présente trois éléments principaux : • Vers l’intérieur de l’enceinte, un gradin en demi-cercle s’oppose à la déclivité naturelle de l’affleurement rocheux et forme une assise de fondation en mœllons de granite polygonaux. Ce gradin est contrebuté au sud par l’enrochement naturel en élévation ;

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• Sur ce gradin est fondé le mur d’une structure circulaire conservé sur environ 195°. Bien que son appareil soit à double parement de gros mœllons polygonaux soigneusement ajustés, il ne permet pas de l’inscrire dans le type isodome ; • Si l’on ferme cette structure, on obtient le cercle d’une tour d’environ 8 m de diamètre. Une telle bâtisse englobait une partie de l’enceinte linéaire en appareil mégalithique, dont il avait été nécessaire de modifier le tracé par un décrochement, afin d’établir une base quadrangulaire qui servait d’assise à la tour sur environ 165°. L’espace utile pour obtenir cette base de plan trapézoïdal (24,75 m2), avait été gagné en aplanissant le socle rocheux, en avant de l’enceinte mégalithique. Le mur de soutènement de cette base, en léger décrochement (2,20 m au nord-ouest et 4,50 m au nord-est), est édifié en grands blocs régularisés qui tendent vers la forme parallélépipédique. La même technique avait été employée pour asseoir le troisième monument circulaire localisé au sud-ouest du gisement. Afin d’ajuster sa fondation au niveau supérieur de l’affleurement rocheux, on avait eu recours à la construction à l’intérieur de l’enceinte, d’une massive plate-forme quadrangulaire en véritable appareil mégalithique. Cette troisième tour, également de faible diamètre (environ 10 m), est en position de balcon sur la plaine et l’embouchure du Taravo, elle couronne au sud-ouest le principal chaos rocheux au centre du gisement, sur un à-pic d’une vingtaine de mètres.

3 La conservation différentielle des arases, et la réutilisation des constructions dans la partie sommitale de l’enceinte, rendent difficile l’interprétation chronologique des architectures du dispositif poliorcétique complexe qui s’est développé en plusieurs phases. Un relevé méthodique des structures défensives et de la topographie de ce secteur (6 500 points actuellement stockés sur fichier informatisé) est en cours d’élaboration.

4 Enfin, bien que peu développé (environ 1,5 m2) et de faible puissance (1 m maximum), le remplissage interstitiel des zones réservées entre le mur d’enceinte mégalithique et le mur intérieur, est composé par un sédiment riche en rejets cendreux, charbons de bois, et fragments de céramiques caractéristiques du faciès terrinien, avec une discrète présence d’éléments campaniformes de style international. On notera aussi de rares fragments, lithiques et céramiques, attribuables au Néolithique basien, qui semblent en position secondaire. L’absence de remontage indique qu’aucun vase n’a été abandonné ou brisé sur place, puis dispersé. La diversité des formes et des pâtes, qui permet d’inférer la présence de plusieurs dizaines de récipients, autant que leur forte fragmentation (tesson moyen : 36 mm de longueur), plaide pour l’identification d’un dépotoir et d’une vidange de foyers. Tel aurait été le fonctionnement de cette petite loge en couloir à un moment donné de son utilisation.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 33

Fig. 1 – Vue partielle prise de l’ouest sur l’enceinte sommitale nord-est

Cliché : J. Cesari (SRA).

Fig. 2 – Vue prise de l’ouest, sur l’ensemble du secteur sommital de l’enceinte sud-est

Cliché : J. Cesari (SRA).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 34

Fig. 3 – AA’, coupe transversale nord-sud au niveau de l’enceinte et du monument sommital nord- est ; BB’, coupe transversale nord-sud au niveau des murs d’enceinte (extérieur et intérieur) de l’enceinte nord-est

Relevé : J. Cesari (SRA).

INDEX chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrt6v7rFwj0do, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtGTWPtWn8qu, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtU9wwh3D5FE nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtUH3WxK2oEH Année de l'opération : 1997

AUTEURS

JOSEPH CESARI Drac Corse (service régional de l’archéologie)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 35

2B – Haute-Corse

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Aléria – Cité antique Relevé d’architecture (1997)

Robert Thernot

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Afan

1 Clôturant la campagne de relevés de la ville antique d’Aléria, menée pour le compte de la Conservation régionale des Monuments historiques, la dernière tranche du relevé s’est déroulée au cours du mois de novembre 1997. Cette opération a permis de dresser la cartographie complète des vestiges exhumés et de constituer un fonds documentaire sur les types de bâtiments et les modes de construction du site.

2 Les éléments ayant fait l’objet de l’intervention de 1997 sont situés à 120 m au sud de la zone du forum, relevée en 1994. Un petit amphithéâtre d’époque romaine, les vestiges des différents états du rempart (archaïque, hellénistique, et romain), une zone d’habitat antique, ainsi qu’un four à chaux médiéval ont été relevés, décrits et photographiés dans la continuité des principes retenus pour la première phase. Le relevé s’accompagne en effet d’un fichier de description des structures et d’une couverture photographique.

3 Le relevé photogrammétrique réalisé par André Carrier, ingénieur-topographe du CNRSCRA de Valbonne, offre une vision détaillée de la morphologie du plateau sur lequel est installée la ville antique. Le recalage du plan des vestiges sur ce fonds topographique permet de discerner certains aspects de la logique de l’implantation urbaine par rapport au relief.

4 Le rebord occidental du plateau est la partie la plus élevée de celui-ci, culminant entre 57 et 60 m d’altitude. Il est marqué par une pente abrupte plongeant vers la plaine alluviale du Tavignano. Le versant oriental en pente douce, ouvert vers les étangs et la mer, se subdivise en deux entités en hémicycle séparées par une zone plane, étirée d’ouest en est, occupant la partie médiane du plateau, à une altitude moyenne de 51 m. C’est sur ce méplat que le forum et les constructions qui l’encadrent ont été implantés.

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Au nord et au sud de cet ensemble monumental prévalent deux orientations différentes des rues et des îlots, conditionnées par les formes du relief. À l’est, un autre quartier s’organise suivant une trame d’orientation intermédiaire entre les deux précédentes. Au contact des trois quartiers, le plan trapézoïdal du forum et de ses abords permet une articulation entre ces diverses trames. Le rôle charnière joué par le forum sur le plan de l’organisation spatiale est en adéquation avec ses fonctions religieuse, politique, économique et sociale, qui en font le centre de la vie urbaine. Les vestiges urbains du plateau d’Aléria illustrent le caractère adaptable du modèle urbain classique du monde romain, capable d’intégrer au mieux des contraintes géographiques particulières.

Fig. 1 – Site antique d’Aléria

INDEX nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtaodMT8j83O Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtZTmusVUU24 lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtWtoOnZpYxm

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 38

AUTEURS

ROBERT THERNOT Afan

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 39

Cagnano – Monte Castello Prospection inventaire (1997)

Albert Mattei

1 La prospection systématique du site castrai du Monte Castello a permis de dresser le plan des murs arasés des fortifications et des bâtiments, ainsi que de préciser la situation et l’étendue des épandages de céramiques médiévales qui se trouvent en surface aux alentours du château mélangés aux éboulis formés par la démolition des murs.

INDEX

lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtevSdJu3dZm chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtAQyKm9qosx nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 Année de l'opération : 1997

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 40

Castello-di-Rostino – U Castellu Sondage (1997)

Daniel Istria et Toussaint Quilici

1 La rocca de Castello di Rostino est perchée sur un mamelon rocheux à 610 m d’altitude, situé au centre d’un large cirque de montagnes culminant à 1 156 m et se terminant en bordure du Golo par des terrasses alluviales fertiles. Il s’agit d’une position privilégiée qui permet de commander un vaste terroir, jadis voué aux cultures des céréales, de la vigne et du châtaignier. La fortification fait partie, aux XIIIe-XIVe s., d’un réseau de sept castelli contrôlant les territoires des pievi de haute Balagne et de la moyenne vallée du Golo.

2 Le castrum de Castello-di-Rostino est cité pour la première fois dans la documentation écrite en 1289. Il appartient alors à Roberto, marquis de Massa et de Corse. Ces marquis, qui ont dominé l’île aux XIe et XIIe s., sont les descendants de l’une des plus illustres familles du nord de l’Italie : les Obertenghi.

3 Le site est constitué d’un village d’au moins seize maisons, protégées par une succession de trois remparts, et dominé par la rocca proprement dite. Celle-ci compte parmi les plus importantes de l’île de par sa superficie et la complexité des structures qui la composent. L’ensemble s’organise autour de deux donjons et comprend au moins cinq pièces et une citerne. Ces vestiges sont dans un assez bon état de conservation. Malgré la proximité des villages modernes, ils ne semblent pas avoir fait l’objet de destructions importantes après la fin du Moyen Âge.

4 Le sondage a été implanté dans la salle 1 de la rocca en raison de sa position centrale et sommitale et des relations stratigraphiques, entre cette construction et les autres bâtiments, qui pouvaient être déduites de l’observation des murs conservés en élévation. Cette salle 1 est une pièce trapézoïdale d’environ 60 m2. Elle possédait au moins deux étages et était couverte par un toit de lauzes très vraisemblablement à deux pans.

5 Les travaux ont permis de mettre en évidence deux grandes phases d’occupation :

• la plus récente peut être datée de la première moitié du XIVe s. environ. Un niveau d’occupation, très riche en ossements d’animaux, était associé à une très grande structure de chauffe comprenant un foyer à même le sol et un potager attenant, installé à 1 m de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 41

hauteur sur une petite plate-forme rocheuse. Ce niveau reposait sur un sol de propreté lié à la construction de la pièce. Cinq trous de poteaux, destinés très probablement à caler les chandelles de l’échafaudage, y ont été mis au jour ; • sous ce sol, daté du début du XIVe s., se trouvaient les vestiges d’une précédente construction. On peut penser, pour différentes raisons, qu’elle était constituée de parois de bois reposant sur un solin de pierres. Deux nouveaux sols liés à cette construction et associés à des foyers ont été dégagés. Le plus ancien a pu être daté du milieu ou de la seconde moitié du xiie s. environ, grâce à la découverte d’un fragment de cruche de type « a vetrina sparsa », provenant du Latium. Les constatations archéologiques, comme la documentation écrite, nous permettent de supposer que cette construction fut détruite et incendiée à la fin du XIIIe s., et plus exactement en 1289, lors du siège du château par Luccheto Doria.

INDEX

Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtWWQS75V5Bc chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtAQyKm9qosx lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrt7vhvPwrJT8

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Commune de L’Île-Rousse Prospection inventaire (1997)

François Allegrini-Simonetti

1 La prospection inventaire réalisée sur la commune de L’Île-Rousse a pour une grande partie été motivée par des observations anciennes concernant des découvertes archéologique antiques. Nous avons donc, d’une part, prospecté sur la base de ces documents et, d’autre part, nous avons étendu la recherche à l’intégralité de la commune toutes périodes confondues.

2 Pour les sites néolithiques, peu d’éléments nouveaux sont à apporter hormis la présence d’indices de site dans le périmètre de Capu Curboriu. Ces sites sont rares sur la commune, ils se résument actuellement au site de la Pietra et, éventuellement, au pseudo dolmen de Trepiedi.

3 L’occupation antique a été révélée lors des différentes phases de la construction de la ville dès les années 1760. Les déblais issus de ces travaux contenant du matériel archéologique ont multiplié les zones d’épandage, notamment dans le secteur de la mairie, utilisés en comblement du bastion nord. D’autres zones d’épandage, situées à l’ouest, pourraient être plus anciennes. D’après l’étude du matériel collecté, la chronologie antique du site indique une occupation qui couvre toute la période impériale.

4 Aucun site médiéval nouveau n’a été recensé, les arases de la chapelle Santa Agata et la tour, toutes deux visibles sur l’îlot principal, paraissent être les seuls témoins du passé médiéval et bas-médiéval du territoire de l’Île-Rousse. Les sites d’époque moderne, en dehors de la ville et des remparts, sont principalement constitués des restes de batteries remontant à la période paoline de la cité.

5 Le principal objectif était de mieux connaître le potentiel archéologique de la commune de l’Île-Rousse ; néanmoins, il semble que le plus important apport de cette opération ait été la confirmation d’un passé antique et médiéval déjà entrevu par les anciennes découvertes.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 43

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtLS8d882K7k Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtH8P95EucZz, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtZTmusVUU24, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPSEEZSBEJp

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Lucciana – Foce di Tanghiccia Découverte fortuite (1997)

Laurent Casanova et Henri Marchesi

1 L’exploitation d’une sablière au nord de l’embouchure du Golo, et en arrière de la plage, a provoqué la découverte fortuite de plusieurs centaines de tessons de céramiques antiques.

2 Le site se trouve à environ 1 km au nord de l’embouchure du Golo, en bordure d’un bras mort, la Foce di Tanghiccia, et à environ 250 m à l’ouest du rivage actuel. L’exploitation a provoqué l’apparition d’une étendue artificielle d’eau saumâtre dans laquelle une drague extrait le sable qui servira à la fabrication d’agglomérés pour la construction. C’est au cours de ces travaux que des tessons de céramiques sont apparus en abondance. La profondeur à laquelle ils sont prélevés ne peut être exactement précisée ; il semble, d’après les techniciens de la sablière, qu’ils proviennent d’une profondeur comprise entre 1 et 2 m sous le niveau actuel. Les tessons présentent souvent une couleur grise due à l’altération des pâtes par l’eau salée.

3 Le mobilier recueilli est constitué notamment de 9 fragments de tegulae et de 18 imbrices, seuls indices de constructions enfouies. Le lot de céramiques que nous avons pu récupérer présente une certaine variété typologique et chronologique.

4 122 tessons d’amphores, dont quelques éléments de formes (anses, lèvres et fonds) montrent de nombreux types de pâtes qui attestent de la variété des amphores présentes sur le site. Quelques formes ont pu être identifiées ; il s’agit d’amphores gauloises, d’amphores tarraconaises (forme Dressel 2.4), de Bétique (forme Dressel 20) datées du Ier s., d’une amphore orientale (Dressel 43 ?) datée des Ier-IIe s. et d’amphores africaines cylindriques datées des IIe-Ve s. Signalons aussi la présence d’un pied pointu d’amphore de forme non identifiée contenant encore de la poix. Plusieurs tessons de panses portant de larges cannelures extérieures appartiennent probablement à des amphores orientales.

5 Bien qu’en moins grand nombre, la vaisselle de table et de cuisine est aussi représentée : deux tessons d’un même vase de forme ouverte, engobe intérieure noire de type étrusque et décor peint floral noir sur la face extérieure non revêtue, pâte très fine beige orangée (IVe-IIIe s. av. n. è. ?), plusieurs tessons de céramique sigillée tardo-

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 45

italique (Ier s.), deux tessons de panses appartenant probablement à de la céramique sigillée orientale, un fragment de médaillon de lampe à huile montrant le train arrière d’un lion, des tessons de panses de céramiques communes à pâte claire, un bord de gobelet et une panse de céramique à paroi fine généralement datée du Ier s, un marli d’un grand bassin portant une série d’impressions concentriques (production africaine ?), deux tessons informes de céramique modelée locale, le bord d’une urne en céramique modelée varoise, etc.

6 Ce lot céramique montre une très longue occupation du site durant toute l’Antiquité. En l’absence de fouille, la nature de celui-ci ne peut être précisément définie, mais la proximité de la plage et d’un ancien bras du Golo laisse supposer l’existence d’un port ou tout au moins d’un débarcadère, en relation avec la cité de Mariana. Les fragments de céramique étrusque pourraient témoigner de l’antériorité du site par rapport à celle-ci. Le lot semble indiquer dans son ensemble un commerce actif avec toute les rives de la Méditerranée.

INDEX

nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtq6ld0rakNf chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtZTmusVUU24 lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtertaR26mdg Année de l'opération : 1997

AUTEURS

LAURENT CASANOVA Afan

HENRI MARCHESI Drac Corse (service régional de l’archéologie)

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Lumio – A Fuata Sondage (1997)

Pierre Neuville

1 Le site de A Fuata est un gisement de piémont côtier, de faible altitude (239 m), se situant sur un éperon jalonnant une ligne de crête et distant du rivage d’1,750 km.

2 L’installation couvre le sommet et le versant ouest de l’éminence concernée, s’étageant sur une dizaine de replats naturels dont six au moins ont été fréquentés, sinon occupés, dès la Préhistoire. L’ensemble ayant pu abriter un groupe humain assez conséquent.

3 Le mouvement de terrain constitue un point stratégique important permettant le contrôle des deux passages existants entre le cirque de Calvi et la dépression d’ (Teghjele). Celui du nord étant emprunté par la RN199, celui du sud-est par la D71. Il domine également le Monte Ortu de 26 m, sis à moins d’un millier de mètres, au sud- ouest, par 240°.

4 Les travaux ont consisté en une série de trois sondages d’1 m2 chacun, localisés sur deux des six replats ou terrasses ayant livré des vestiges de surface attribuables à un Néolithique restant à préciser.

5 La première, s’étirant sur 21 m de long et 13 m dans sa plus grande largeur et d’une superficie approchant les 200 m2, est subdivisée en trois plates-formes délimitées par des blocs en place ou alignés. Deux sondages y ont été implantés. Le premier n’a livré qu’une couche totalement remaniée de 24 cm d’épaisseur d’où ont été exhumés 4 objets lithiques et 32 tessons de céramique de même nature que ceux relevés en surface. Le second, installé sur une partie du terrain paraissant nettement aménagé, a permis la mise au jour de deux niveaux en place. Le premier a donné 62 objets lithiques et 187 fragments céramiques. Parmi les pièces lithiques, on peut isoler 2 éclats d’obsidienne et une pointe de flèche perçante à pédoncule et crans droits, en rhyolite. Le deuxième niveau, moins riche, n’a cédé que 2 objets lithiques et 72 tessons de céramiques. Il a été essentiellement marqué par une zone cendreuse laissant présager l’apparition d’un foyer.

6 La seconde terrasse, située à moins de 80 m au sud du sommet et une dizaine de mètres en contrebas, couvre moins de 20 m2. Appuyée, au sud, au pied d’un immense bloc rocheux de plusieurs mètres de haut, elle est fermée sur le reste de son pourtour par un

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alignement de blocs d’assez grandes dimensions. Elle a pu abriter un habitat permanent. Le sondage qui y a été conduit a permis la mise au jour, sous un niveau remanié de 8 à 10 cm, de trois strates en place. L’ensemble a laissé 36 objets lithiques divers et 351 fragments céramiques desquels on a pu séparer 7 bords, 1 col, 1 carène et 2 fragments de fonds. 118 tessons sont de teinte brune, voire noire pour trois. Cette poterie aux surfaces lisses pour une grande part est très homogène et n’est pas sans faire penser à celle des plus basses couches du Monte Lazzu, pour l’épaisseur, et à celle de Basi pour la coloration. Une amorce de structure a été repérée en couche 3.

7 Les résultats obtenus permettent de penser que l’on se trouve en présence d’une installation de plein air où ont été mises à profit aussi bien les plates-formes ouvertes que celles abritées.

Fig. 1 – Planimétrie générale du site

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INDEX chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtH8P95EucZz nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtWWQS75V5Bc lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrt2KeHPGgTne Année de l'opération : 1997

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Manso – Aghjale Fouille préventive (1997)

Michel-Claude Weiss

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Université de Corse

1 Le site de l’Aghjale intéresse le versant nord de la vallée du Fangu et, plus précisément, la partie haute du hameau de Mansu. Placé à proximité d’un petit cours d’eau affluent du Fangu, le ruisseau de Capu Rossu, il est sur un léger adoucissement d’un terrain pentu dominé par la Punta a u Corbu (1 123 m). C’est assurément un endroit propice à l’établissement humain.

2 L’analyse archéologique a concerné environ 5 m2. Plusieurs US ont pu être identifiées. La zone archéologique semble avoir eu l’aspect de replats étagés, à proximité d’une ligne de rassemblement des eaux.

3 Le matériel archéologique recueilli, peu abondant, paraît homogène et renvoie à une phase avancée du Néolithique (Néolithique terminal-Chalcolithique). En effet, on note la présence des éléments significatifs suivants : des vestiges lithiques (nucléus, micro- esquilles, etc.), une céramique parfois fine et polie et, dans ce cas, comparable à celle du Néolithique terminal-Chalcolithique du Monte Lazzu, d’autres éléments céramiques (cannelures, cordons en relief, préhensions) non étrangers au cadre proposé.

4 Le site ne semble donc avoir été occupé qu’à la fin du Néolithique. Alors que des éléments historiques sont disséminés à la surface du sol, on ne retrouve pas de tels vestiges dans les niveaux explorés. Pas de mélange : les sols préhistoriques sont bien scellés.

5 Un aménagement très net est placé sans doute au point le plus bas de la série de replats. Il concerne la partie est de la fouille. Une structure de pierres et blocs, avec en particulier une sorte de dalle importante, structure de forme angulaire, vient mourir sur la roche en place en enserrant une cavité relativement profonde. Cet aménagement est borné par trois blocs encore en place et un quatrième qui s’est effondré mais est

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 50

toujours visible. Il est possible que d’autres blocs de cette limite aient été enlevés accidentellement.

6 On a l’impression qu’un tel ensemble a été mis en place en particulier pour la protection d’une zone d’activités et en raison de la proximité des eaux de ruissellement du talweg.

7 Un autre aménagement est également à considérer. La base se présente comme un sol d’occupation net, avec un empierrement assez ou très serré, comprenant avant tout des éléments de petite taille (5 à 8 cm), au sein duquel se tient une structure sans doute quadrangulaire, empierrement limité à l’est par des pierres allongées ou petits blocs.

8 Ce type d’empierrement rappelle tout à fait ceux dégagés sur le site de A Petra (L’Île- Rousse) ou sur celui de A Revellata (Calvi) et souligne qu’il s’agit là de l’aménagement caractéristique des sols argileux. Le reste de la surface, au sud, est privé de pierres.

9 Trois activités sont clairement attestées sur le site de l’Aghjale : • la taille de la pierre. En effet, les seuls éléments lithiques découverts en place révèlent tous la taille sur place de la roche locale (rhyolite) : nucléus, petit éclat cortical, micro-esquilles. Cela montre à l’évidence l’existence d’un ou de plusieurs ateliers de taille. Ce fait n’est guère étonnant car nous sommes ici dans un secteur de roches volcaniques, essentiellement rhyolitiques ; • la meunerie. Des morceaux de meules ont été repérés à différents niveaux, ce qui indique le traitement vraisemblable des céréales ; • la poterie. L’existence de filons d’argile sur le site même laisse supposer le travail sur place de la céramique. Cette idée est confortée par la présence très proche d’un talweg et donc de l’eau.

INDEX

Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtcJxzOpgs7T chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtH8P95EucZz, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt6v7rFwj0do lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtu2l9oNJp0X

AUTEURS

MICHEL-CLAUDE WEISS Université de Corse

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 51

Oletta – Castiglione Fouille programmée (1997)

Michelle Salotti et Élisabeth Pereira

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Université de Corse

1 Le point fossilifère « 3 CG » a encore livré de nombreux restes de Mammifères, d’Oiseaux, de Reptiles et d’Amphibiens. L’année 1997 a encore été fertile en nouvelles espèces pour la Corse dont plusieurs Oiseaux et un Reptile : la Cistude. Cette tortue n’avait jamais été signalée dans les gisements pléistocènes corses et la théorie voulait que sa présence soit d’origine anthropique.

2 La faune mise au jour et plusieurs datations obtenues par la méthode des isotopes de l’uranium ont confirmé l’âge Pléistocène moyen de plusieurs points fossilifères de « Castiglione 3 » dont « 3 CG ».

3 Mais le gisement de Castiglione est à un autre titre exceptionnel : la fossilisation semble y avoir été continue. Des datations ont été obtenues pour des restes fossiles du Pléistocène moyen (supérieur à 350.000 ans) à l’Holocène (obsidienne associée à des charbons âgés de 7 000 av. J.-C. et os actuels).

4 D’autre part, l’année 1997 a en partie été consacrée à l’interprétation des phénomènes tectoniques qui ont abouti à la fracturation du massif. Les observations de F. Rouzaud (SRA Midi-Pyrénées) ont montré que les sédiments fossilifères occupent des fractures tectoniques dont les parois sont plus ou moins calcifiées suivant leur âge. Une chronologie relative de l’âge des différentes fractures, et donc des différents dépôts, a pu être établie.

5 D’importants travaux de laboratoire et d’analyses paléontologiques ont débuté en octobre 1997 : • Thèse d’É. Péreira : « Le peuplement mammalien de Corse, post-glaciaire exclus : son contexte environnemental, biologique et physique », université de Corse ; • Thèse d’A. Louchard : « L’avifaune de Castiglione et de Macinaggio », université Lyon-I.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 52

• DEA de S. Hervet : « Mise en place de la faune de tortues actuelles (y compris celles de Castiglione) », université -I.

230 n/ 234 U/238 Échantillons U ppm 234 u’238 u 230nf’234 u Âge (en m.a.) 232 Th ur = 0

Cast. 1-1 0,113 ± 0,055 1,138 ± 0,055 0,075 ± 0,05 1,4 ± 0,1 1,141 8,4 (0,6/-0,5)

Cast. 3 EF (2) 0,036 ± 0,002 1,057 ± 0,084 0,872 ± 0,061 11’1 ± 1,7 1,104 213,5 (+38/-44)

200,1 Cast. 3 EF (3) 0,029 ± 0,001 1,312 ± 0,063 0,889 ± 0,063 12,6 ± 2,3 1,548 (+739,1/28,1)

Cast. 3 EF (4) 0,035 ± 0,001 1,093 ± 0,045 0,883 ± 0,064 15,4 ± 5,73 1,171 216,9 (+77,4/43)

Cast. 3 CG 6 0,135 ± 0,002 1,000 ± 0,014 0,554 ± 0,016 41,0 ± 7,2 1,001 87,6 (+4,3/4,1)

201,3 Cast. 3 CG 6 0,056 ± 0,002 0,990 ± 0,036 0,842 ± 0,045 21,4 ± 604 0,983 (+47,4/-30,9)

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtscy1MSmNrH Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtxl5WwXcoAk, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtMcu4ux1v4T, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrte1hYeBqffx

AUTEURS

MICHELLE SALOTTI Université de Corse

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Commune d’Olmeta-di-Capocorso Prospection inventaire (1997)

Pierre-Joseph Comiti

1 Cette prospection-inventaire visait, plus particulièrement, à rechercher et répertorier les travaux miniers et les établissements métallurgiques maintes fois attestés sur la commune d’Olmeta du Cap Corse, au nord du golfe de Saint-Florent. La documentation, dès le début du XVIe s., révèle que le minerai de fer (de la magnétite), était extrait dans la région et réduit dans des bas-foyers situés à la marine de Negro (commune d’Olmeta du Cap Corse). Après des tentatives d’exploitations au XVIIe s., la fin XVIIIe s. et surtout le XIXe s. connaissent un regain des activités minières et métallurgiques. Nos recherches sur le terrain ont permis la localisation de six travaux miniers distincts et d’une forge à bas-foyer située sur la rive droite de la rivière d’Olmeta.

2 Trois de ces mines sont attribuables à une période antérieure au XVIIIe s., et deux au XIXe s. Confrontée à la documentation écrite et archéologique, cette étude permet de mieux connaître une région qui tient un rôle majeur dans les secteurs des activités minières et métallurgiques de la Corse du bas Moyen Âge et de la période moderne. De nombreux autres vestiges miniers ont été visités : ce sont principalement des travaux de recherches d’amiante, la plupart effectués dans les années 1950. Plusieurs moulins actionnés par la force motrice des eaux de la principale rivière et un village ruiné, dénommée Cassaccie, ont été localisés.

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INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtKtNvvtoBmx chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPSEEZSBEJp nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 Année de l'opération : 1997

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Olmeta-di-Capocorso – A Grotta Scritta Relevé d’art rupestre (1997)

Michel-Claude Weiss

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Université de Corse

1 Les relevés et l’étude des peintures et gravures rupestres d’Olmeta-du-Cap eurent lieu en août, septembre et octobre 1997. Il convient de rappeler qu’une analyse d’ensemble des sites d’art rupestre actuellement recensés dans l’île, en utilisant donc une seule méthodologie, n’avait pas encore été entreprise jusque-là. Cette première partie de l’étude est celle des relevés systématiques destinés à constituer le corpus exhaustif des figures d’art rupestre intéressées.

2 La position de la Grotta Scritta I et de la Grotta Scritta II dans l’ensemble naturel qui les environne n’est pas exempte d’enseignements. En effet, ces deux cavités du versant ouest du Cap Corse se tiennent dans une zone schisteuse, au point de jonction de la base d’un massif rocheux percé de nombreuses anfractuosités et du départ d’une ligne de séparation dominant une courte vallée où se tient le ruisseau dit « du Couvent » (de ), au nord, et une autre dépression, au sud, accueillant un cours d’eau plus réduit, le ruisseau du Salto. On retrouve là, du moins pour les gravures, la situation géographique préférentielle des rochers présentant ce type de documents.

3 La Grotta Scritta I est la cavité qui renferme les peintures préhistoriques. Ce n’est pas un véritable abri sous roche, plus simplement un taffonu comme il en existe tant dans l’Île. De taille respectable, haut de 2,30 m environ, ce taffonu est parsemé de petites cavités. Sa partie inférieure, par où on accède, est inclinée et plutôt irrégulière, de toute façon peu favorable au stationnement.

4 En ce qui concerne les motifs reconnus, attribués, avant cette étude, à une phase placée entre le Néolithique terminal-Chalcolithique et le Bronze ancien, il convient de

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distinguer les éléments décrits anciennement (en particulier par R. Grosjean et A. Beltran) et ceux que nous venons de mettre en évidence lors de cette campagne. En effet, l’étude de 1997, en dehors d’une nouvelle lecture des premiers motifs, nous a donné l’opportunité de révéler plusieurs taches réduites ou points, parfois groupés, un trait court, une portion de figure ancienne recouverte par un motif complexe, enfin, deux graffiti placés dans la partie supérieure de la surface ornée et obtenus par grattage de la roche.

5 La chronologie relative de ces tracés s’appuie sur la détermination de superpositions (deux ou trois cas) et sur la nature ou l’état de conservation des peintures.

6 L’analyse des superpositions nous indique deux, voire trois phases. Quant à l’étude des couleurs, elle suggère nettement l’existence de cinq teintes ou nuances. Bien entendu, il est difficile de dire si ces teintes différentes correspondent à des moments de réalisation vraiment distincts, seule l’appréciation de superpositions (appuyée par l’étude stylistique des signes) nous permettra de proposer des hypothèses crédibles.

7 La Grotta Scritta II, contrairement à la précédente, est un authentique petit abri sous roche aménagé, utilisé jusqu’à une date assez récente, en particulier entre les deux guerres comme l’attestent plusieurs dates gravées sur la roche étudiée.

8 Cette cavité contient un faible remplissage. Large de 4,50 à 5 m environ, profonde de 3 m, sa hauteur moyenne est de 1,40 m. Elle est ouverte au nord. La roche qui supporte les gravures, assez irrégulière, représente dans l’abri une petite superficie. Il est à remarquer que les graffiti récents sont particulièrement abondants sur les parois et la voûte. Aucun relevé précis des signes de cette cavité n’avait été effectué jusque-là, seulement quelques dessins sommaires d’un petit nombre de motifs.

9 La roche gravée de la Grotta Scritta II se caractérise par l’association de tracés de plusieurs époques et de formes diverses. En schématisant quelque peu, on pourrait les classer de la façon suivante : • les signes géométriques, nombreux, parfois simples, souvent cruciformes mais pouvant correspondre aussi à des motifs assez complexes. Ils n’appartiennent pas à une seule phase car la technique ayant rendu possible leur réalisation est variable : incision fine, incision marquée ou très marquée, percussion ou martelage. Certains de ces signes sont anciens mais d’autres, tracés sans doute par imitation à une époque subactuelle, voire actuelle, n’entament la roche que très légèrement. Le trait est presque toujours rectiligne, très rarement curviligne. À noter le très petit nombre de types de signes ; • une incision longue et profonde, nettement plus longue (30 cm) et profonde (3 cm) que les autres, comparable à des tracés trouvés ailleurs dans l’île. Cependant, ici, cet élément coupe une incision considérée comme ancienne ; • les lettres ou initiales, parfois associées à une date, assez abondantes et d’obtention récente ; • les dates, qui renvoient pour la plupart à l’entre-deux-guerres (1919, 1920, 1925, 1930), et à une période d’exploitation des terres environnantes par les bergers et cultivateurs. Il semblerait y avoir également une indication chronologique plus ancienne, 1731. On mentionnera enfin un enlèvement de forme quadrangulaire, de 6 cm sur 5 cm, qui aurait été fait par des visiteurs dans les années quatre-vingt afin d’emporter un signe gravé.

10 Au total, 64 motifs ont été retenus, toutes périodes confondues.

11 Avant l’analyse minutieuse des documents recueillis, nous pouvons dire que les tracés de la cavité d’Olmeta-du-Cap illustrent plusieurs phases : une phase ancienne, avec des incisions bien marquées (assez profondes et larges) qui rappellent celles de plusieurs

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autres sites corses d’autant que les motifs sont très semblables ; une phase avec des motifs comparables, une bonne réalisation mais un trait incisé indiscutablement plus léger ; une phase au cours de laquelle la gravure est obtenue par percussion, par conséquent laisse voir un trait plus large ; une phase correspondant à l’époque moderne, avec une date produite par martelage ; une phase subcontemporaine, voire contemporaine, avec des initiales, des dates, des incisons fines ou maladroites et aussi la trace d’une dégradation (enlèvement d’une portion de roche). L’étude ultérieure nous dira si certaines de ces phases peuvent être confondues ou non. Il n’est pas possible de situer précisément les phases anciennes, du moins pour le moment.

INDEX nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtkE81jqVGMB Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtH8P95EucZz, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtGTWPtWn8qu lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtKtNvvtoBmx

AUTEURS

MICHEL-CLAUDE WEISS Université de Corse

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Olmi-Cappella – La Mugliunaccia Fouille programmée (1997)

Daniel Istria, François Allegrini-Simonetti, Louis Ambrogi, Pierre-Joseph Comiti, Marie-Pierre Ruas et Jean-Denis Vigne

1 Le village, perché sur un éperon calcaire très escarpé, est divisé en deux secteurs. Une partie haute comprenant 3 ou 4 maisons ainsi qu’un réduit fortifié et une partie basse où l’on peut dénombrer 14 structures protégées par un rempart en pierres sèches percé d’une seule porte. La circulation à l’intérieur du village se faisait par des chemins grossièrement aménagés à même la roche ou soutenus par des murets. Le caractère accidenté du relief et l’exiguïté de cet espace intra muras ne permettent pas d’imaginer la présence de jardins à proximité immédiate des maisons. De même, l’unique source du secteur se trouve en dehors du périmètre défensif, à quelque 200 m au pied du site.

2 Les deux premières campagnes de fouilles avaient permis d’explorer une partie du secteur haut du site. En 1997, les efforts ont porté sur deux autres structures (D et F) qui ont été fouillées en totalité.

3 De plan trapézoïdal, elles sont appuyées contre la paroi rocheuse et sont construites en mœllons de calcaire extraits sur place, liés à la terre argileuse. La structure D comportait un étage sur plancher. Chacun de ses niveaux était accessible depuis l’étroite ruelle par une large porte. Les toits, très certainement à un seul pan, étaient systématiquement couverts de lauzes prélevées dans une carrière distante d’environ 1,5 km.

4 Les sols, très riches en mobilier archéologique, étaient simplement en terre. Ils reposaient soit sur le socle rocheux, soit sur un niveau de terre rapporté de manière à obtenir des surfaces relativement horizontales. Les foyers rencontrés sont de trois types : à même le sol et limité simplement par quelques pierres ; entièrement construit, dans un angle de la maison, avec une sole parfaitement plane en lauzes ; sur un lit d’argile d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur contenu dans un coffrage de lauzes et probablement de bois. Ce dernier type préfigure le « fucone » moderne. Il était installé à l’étage de la maison D.

5 Si les restes osseux ont, cette année encore, constitués la plus grande part du mobilier recueilli, les objets métalliques ont particulièrement attiré notre attention en raison de

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leur diversité et de l’abondance des armes (plaquettes de brigantines, côte de maille, pointe de lance, carreaux d’arbalète...). Une petite activité métallurgique a été reconnue à proximité de l’un des deux foyers. Un examen plus approfondi du mobilier, notamment des scories, devrait permettre de préciser la nature de cette activité.

6 La céramique est peu différente de celle rencontrée les années précédentes. La production locale est toujours majoritaire face aux importations de majoliques archaïques pisanes. Plusieurs formes ont pu être reconstituées, notamment des plats et des cruches.

7 Les informations recueillies jusqu’à ce jour nous permettent de situer l’occupation du site entre la fin du XIIIe et le milieu du XIVe s. Toutes les structures fouillées à l’heure actuelle semblent avoir été construites au même moment mais leur abandon n’est pas simultané puisqu’un petit dépotoir a été constitué dans les maisons D par les habitants de la structure A et qu’une partie des lauzes du toit a été prélevée après son effondrement.

Fig. 1 – 1, bol de majolique archaïque pisane ; 2, marmite ; 3, 4, 5, plats

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INDEX

Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtAQyKm9qosx lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtHfg4JS6wN6

AUTEURS

DANIEL ISTRIA CNRS

JEAN-DENIS VIGNE CNRS

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Penta-di-Casinca, Morosaglia, Pruno – Les usines corses de tanin Prospection inventaire (1997)

Pierre-Jean Campocasso

1 Entre la fin du XIXe s. et les années 1960 une production de tanin s’implante en Corse. Les installations des usines sont encore nettement visibles au sol, et malgré l’absence de sources écrites, les techniques de l’archéologie industrielle devraient permettre de comprendre l’activité de ces établissements.

2 Le premier atelier est repéré dans la commune de , au lieu-dit « Fabrica vecchia », dans les années 1870. Les traces de cette unité ont pratiquement disparu, à l’exception d’une partie du canal d’amenée d’eau et du bâtiment de production, totalement réaménagé pour servir d’habitation.

3 Les usines de Barchetta, de Folelli et de Pruno sont installées entre 1880 et 1910 par la société de Champlan. Elles présentent un bon état de conservation des coursiers et d’une partie des bâtiments. L’organisation des trois sites est assez comparable. Ils occupent une superficie de 2 et 4 ha divisée en deux parties principales : le chantier et l’usine. Ces établissements présentent les caractéristiques des édifices industriels du XIXe s.

4 Entre 1928 et 1932, des industriels anglais implantent une nouvelle usine à Ponte- Leccia. Elle se compose d’une infrastructure en fer et d’un montage en briques creuses, avec de nombreuses ouvertures à l’est et à l’ouest. Ce qui témoigne de grandes transformations dans l’architecture et l’organisation des bâtiments industriels en quelques années. Le profil de la cheminée, véritable emblème de l’activité, est révélateur de cette évolution. Un puissant édifice en brique rouge, habillé de corniches à la base et au col équipait Barchetta, Folelli et Pruno, celui de Ponte-Leccia était plus modeste et en tôle.

5 Le bâtiment des autoclaves, d’une superficie moyenne de 100 m2, est véritablement le centre de l’usine. Il renferme les appareils essentiels de la fabrication, et se trouve en relation avec tous les autres ateliers. Au pied de la cheminée était disposé le local des chaudières et des fours alimentant les machines motrices à vapeur. Malheureusement,

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les outils de production ont été démontés à la fermeture des usines. Les seuls éléments conservés sont les systèmes électriques de Barchetta et de Pruno. L’éclairage était fourni par une turbine hydraulique verticale alimentée par une prise d’eau et un coursier. L’appareil de Barchetta, installé en 1914, est très intéressant. La conduite forcée est composée de cylindres en fer riveté, d’un diamètre supérieur à 1,50 m. Elle conduit l’énergie à la turbine qui actionne, à l’aide d’un axe, une grande roue. Cette dernière transmet le mouvement à un alternateur, placé dans la pièce supérieure, par une large lanière de cuir.

6 Les rails des chantiers facilitaient l’acheminement des produits sur le site. Les bûches étaient transportées dans des wagonnets vers l’atelier des coupeuses, première étape de la production. Les machines débitaient le bois en copeaux, qui étaient ensuite montés par un élévateur jusqu’aux tapis roulants des autoclaves. Ces grandes « marmites » de 4 à 5 m de haut étaient au nombre de six à huit.

7 Après le chargement des copeaux et de l’eau, les cuves étaient chauffées par des fours en brique réfractaire placés dessous, jusqu’à 120°. Le mélange passait d’un autoclave à l’autre, dans une opération qui durait environ huit heures. À la sortie, le produit était une pâte liquide de couleur cacao et d’une teneur d’environ 50 % en tanin.

8 Le tanin se stockait dans des cuves en bois ou en ciment dont l’usine de Pruno conserve quelques exemplaires. Ce produit, exporté par le port de , était surtout utilisé pour la préparation des cuirs, mais aussi comme révélateur dans la photographie et entrait dans la composition de certaines encres d’imprimerie.

9 L’implantation industrielle sur les sites de Barchetta, Folelli et Ponte-Leccia est à l’origine d’un peuplement de fonds de vallées. L’activité des tanins s’est développée dans la Castagniccia. Cette situation a engendré le seul exemple industriel insulaire à employer principalement une main-d’œuvre locale. Ce qui entraîne, pour la première fois dans l’île, la constitution d’une classe ouvrière.

10 Malgré la pauvreté des sources écrites, l’étude des traces au sol, des témoignages oraux et des photographies a fourni des informations diverses, d’ordre technique, mais aussi économique et social, permettant une approche concrète de l’activité. Ces usines sont représentatives des tentatives d’industrialisation au XIXe s., et dans la première moitié du XXe s., avec l’utilisation des dernières innovations techniques.

INDEX

lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtgvNpCJroHw, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtvXD2opQfib, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt5R0qXIvI7p Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt59R77d1H15

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Commune de Prunelli-di-Fiumorbo Prospection inventaire (1997)

Daniel Istria

1 Une prospection inventaire a été réalisée sur la commune de Prunelli-di-Fiumorbo à la demande du président de « Fiumorbo Association Culturelle ». L’opération a porté sur l’intégralité du territoire communal et s’est déroulée en deux étapes : inventaire du patrimoine bâti antérieur à 1940, et prospection archéologique.

2 Au-delà du simple inventaire, ce travail s’est orienté vers une étude de l’organisation de l’espace rural sur une longue durée. Notre attention s’est portée principalement sur la dynamique du peuplement et l’évolution du paysage agraire en tentant de faire ressortir en premier lieu les phases de rupture et de continuité dans l’occupation du sol.

3 Le territoire de la commune de Prunellidi-Fiumorbo est un secteur géographique bien individualisé limité au nord et au sud par deux cours d’eau importants et, à l’est, par le rivage marin. La frange littorale est occupée presque en totalité par l’étang de Gradugine qui se prolonge à l’intérieur des terres par le marais de Canna. La plaine, longue de 5 à 6 km, est en partie inondable. Vers l’ouest, au niveau de la zone de contact entre le massif granitique et le socle schisteux, le relief est plus accidenté. L’altitude augmente rapidement jusqu’à environ 1 000 m.

L’évolution du peuplement

4 Trente-cinq sites ont été répertoriés. L’occupation pré et protohistorique est concentrée dans la partie haute du terroir bien que quelques indices permettent de soupçonner la présence de petits sites en zone de piedmont.

5 À l’inverse, les vestiges antiques sont principalement localisés en plaine. On soulignera surtout l’existence de deux établissements importants : Office de développement agricole et rural de la corse, qu’il faut peut-être interpréter comme un atelier de tuilier du IVe-Ve s. de n. è. et le site de Sala, un habitat occupé durant les Ier et IIIe s. de n. è. À cette époque le terroir de plaine a été structuré par la mise en place d’un parcellaire

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orthonormé, repéré grâce à l’étude cartographique et la photographie aérienne, et des canaux semblent être creusés pour assécher certaines zones humides.

6 Les villages actuels, installés sur les hauteurs, semblent se mettre en place durant le Moyen Âge, mais les documents écrits ou archéologiques manquent totalement pour préciser la date exacte de leur fondation. Toutefois, à cette époque, la plaine n’est pas abandonnée. Des chapelles de style roman sont construites çà et là alors que de nouveaux parcellaires sont peut-être mis en place vers les XIIIe-XIVe s. dans le sud de la plaine du Fiumorbo et sans doute au XVIe s., au nord, autour du domaine de Migliacciaru qui a fait l’objet d’une concession agraire avant 1553.

L’inventaire du patrimoine bâti

7 Cent constructions ont été recensées. De manière générale, les édifices rencontrés s’inscrivent dans la typologie régionale. Il s’agit presque toujours de constructions sobres, aux volumes simples et aux dimensions plutôt modestes. Les murs sont parfois construits en schiste mais, le plus souvent, c’est le granite qui est utilisé. On distingue des maisons paysannes, des casone, des tours et des bâtiments liés à une exploitation viticole. Cependant, quelques structures, notamment les fours à pain, présentent des particularités locales. Aucune construction sûrement antérieure au début du XVIIe s. n’a été rencontrée à l’exception de deux tours de la fin du XVIe s. situées dans le village même de Prunelli et d’une maison qui constituait probablement le centre de l’exploitation agricole de Joanne Maroxello au XVIe s.

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Fig. 1 – Carte de localisation des sites recensés

1, San Giovanni ; 2, La Cursa ; 3, Santa Maria ; 4, San Gavino ; 5, Calzarello ; 6, Cana; 7, San Francescu ; 8, Querciolo ; 9, Migliacciaru ; 10, Buccaroni ; 11, Prunelli village ; 12, Caserne ; 13, Lorone I ; 14, Lorone II ; 15, Sala 2 ; 16, Sala 3 ; 17, Santa Maria ; 18, Mignataja I ; 19, Mignataja II ; 20, Abbazia ; 21, Erbajolo 1 ; 22, Strada romana 1 ; 23, Strada Romana II ; 24, Erbajolo II ; 25, San Damiano ; 26, Santa Violetta ; 27, O.D. A.R.C. ; 28, I Furnelli ; 29, Argiccia ; 30, Piani di i Chialzi ; 31, Petrajolo ; 32, Sala 1 ; 33, Quercietta ; 34, Castellu di Petrapola ; 35, Turrioni ; 36, Casa torra di Mezzanuru ; 37, Camulino.

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtzvk6sPph4u Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtHlenwSnkDM, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtZTmusVUU24, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtAQyKm9qosx, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtPSEEZSBEJp nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8

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Pruno – Monte Taglio Sondage (1997)

Dominique Mauny

1 Le gisement du Monte Taglio se situe au sommet du mont dominant la rive droite de la basse vallée du Fiumalto, commandant les voies de passage vers la vallée d’Orezza et au-delà, l’accès à l’intérieur de l’île par les cols traversant la chaîne du San Petrone.

2 Cette position a une altitude de 681 m, le matériel recueilli en surface, ainsi que les restes d’organisation du site (enceinte, terrasses et abris sous roches), nous avaient amenés à conclure provisoirement à une occupation pouvant aller de l’âge du Fer à l’âge du Bronze.

3 Un sondage stratigraphique de 3 m2 a été réalisé sur une terrasse située à l’intérieur de l’enceinte. Une stratigraphie a pu être établie dans les différents carrés, elle se compose de quatre couches.

4 La couche superficielle comprenait de nombreux graviers. Il est difficile d’établir s’il s’agit d’une couche en place ou remaniée. Les vestiges recueillis (céramique caractéristique de l’âge du Bronze, éclats et armature tranchante en silex notamment) confirmeraient plutôt la dernière hypothèse.

5 La couche no 2 est moins nette, elle a été localement perturbée par des traces de feu et par une souche d’arbre.

6 Dans la couche no 3, le sédiment devient plus foncé, plus gras et plus homogène (les cailloux sont de moins en moins nombreux). Ces caractéristiques se confirment dans la couche no 4. Ces deux dernières strates pourraient donc contenir une occupation humaine encore en place.

7 Une zone particulièrement riche en vestiges a pu être constatée, ainsi qu’une concentration de galets. La céramique présente deux catégories. La première, caractéristique du Bronze ancien a été trouvée dans la couche no 1 ; la seconde, qui pourrait être de facture néolithique, se trouve dans les trois autres couches. L’obsidienne est répartie de façon homogène contrairement au silex que l’on ne trouve que dans la couche superficielle.

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8 En ce qui concerne l’organisation, il faut noter au centre du sondage, un carré (environ 30 cm de côté pour une profondeur de 35 cm) délimité par des pierres disposées en chant plus ou moins inclinées, il pourrait s’agir d’une structure de calage de poteau. Un niveau de dalles plates a par ailleurs été observé.

9 Notre hypothèse de départ concernant la datation de ce site a pu être étendue au Néolithique final ou récent. Quatre éléments nous permettent d’avancer cette affirmation : la présence de silex et de rhyolite, la quantité d’obsidiennes et la découverte d’une céramique plus caractéristique du néolithique. Pour l’interprétation des structures en pierres, il paraît prématuré d’en déduire une construction précise.

INDEX

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Rogliano – Grotte de la Coscia Fouille programmée (1997)

Eugène Bonifay

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Université de Corse

1 La fouille du site de la Coscia a été poursuivie en 1997, uniquement dans la zone nord de la grotte.

2 Elle a intéressé deux ensembles stratigraphiques : • la « structure D », (carrés L-M-0 1 4-5-6-7) ; • l’ensemble D’, (carrés K-L-M-0 1 8-9-10) ; soit une surface d’environ 21 m2 qui a été partiellement fouillée.

3 Au terme de cette fouille pluriannuelle, et avant d’envisager une poursuite des recherches sur ce site, il est utile d’établir un « bilan » des résultats obtenus à la Coscia depuis 1993.

Rappel historique

4 Découvert par le géologue F. Ottmann en 1954 (Ottmann 1956), le site de la Coscia (Abri sud) a été partiellement fouillé par R. Grosjean et E. Bonifay en 1956, puis de 1969 à 1971 par E. Bonifay.

5 L’étude géologique et topographique précise de ce site, reprise en 1992, (E. Bonifay, M. F. Bonifay), a montré qu’il a existé à la Coscia, au Würm ancien, une très vaste grotte creusée par la mer et qu’à l’origine cette grotte devait avoir une ouverture de 70 à 80 m sur le front de mer et une profondeur probable d’une centaine de mètres. La reprise des fouilles dans la partie nord du site amena, en 1992, la découverte d’une partie pénétrable appelée « grotte nord-ouest » qui se prolonge, à l’extérieur, par une terrasse et un talus externe. C’est dans cette zone (grotte et terrasse), qui comporte une vingtaine de mètres d’épaisseur de remplissage, qu’ont été découverts d’importants

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vestiges archéologiques (foyers) et de très riches faunes fossiles au cours des fouilles entreprises depuis 1993 dans les niveaux du Würm ancien.

Stratigraphie

6 L’abri sud, contient des dépôts continentaux (2 à 3 m) superposés à des formations marines littorales de l’Eutyrrhénien (interglaciaire Riss-Würm, niveau 1) : des sables dunaires consolidés en grès (2), puis, au dessus, des brèches (3) et une couche rouge, sabla-argileuse (4a) scellée par un plancher stalagmitique (4b), qui passe latéralement, à l’extérieur, à la croûte rougeâtre devant la grotte nord-ouest. Dans l’abri, le plancher 4b est surmonté par des formations récentes (niveaux 5, 6), mais entre l’abri sud et la grotte nord-ouest, un chenal de ravinement est empli par une série d’éboulis et de brèches de 4 à 5 m de puissance, contenant de faibles paléosols rougeâtres (méso- Würm et, peut-être, Würm récent).

7 La grotte nord-ouest, découverte en 1992, comporte un puissant remplissage séparé en trois séquences : • dans la « zone sud-ouest », une séquence ancienne (plus de 300 000 ans, datation U/Th, Mons, Belgique, noo 5748), stratigraphiquement antérieure à la séquence du secteur nord, comprend des niveaux sabla-limoneux jaunes à rougeâtres (couches 2, 3, 4 ayant 1,5 m de puissance totale) surmontés par un plancher stalagmitique (niveau 1, de 0,3 à 0,5 m) ; • dans la « zone nord », une séquence du Würm ancien, plus ancienne que 60 000 ans (datation U/Th, Mons noo 5908) repose sur des dépôts marins littoraux de l’Eutyrrhénien (interglaciaire Riss-Würm), et comprend, à son sommet, sur 2 m d’épaisseur environ, des sables dunaires et blocailles (couche E) surmontés par la « structure » D (tumulus sous grotte), puis par les couches C (limons jaunes), B (limons argileux rouges qui passent, à l’extérieur, à l’encroûtement gréseux rouge, et enfin par un plancher stalagmitique (0,03 à 0,15 m) ; latéralement, entre la structure D et l’entrée, se développe la couche d’ (0,3 à 1,5 m d’épaisseur) – blocailles dans un sable éolien jaune, très riche en ossements. • enfin, dans l’ensemble de la grotte un effondrement récent, épais de 7 à 8 m, comporte de gros blocs rocheux mis en place durant l’Holocène (vers 3 500 ans BP, datation U/Th, Mons noo 5906 et 5909).

8 La « terrasse », à l’extérieur devant le porche de la grotte nord-ouest, formée par la continuation de la séquence du Würm ancien de la zone nord de la grotte, repose aussi sur les dépôts marins de l’Eutyrrhénien dont la base se trouve sous le niveau actuel de la mer. Cette série sédimentaire du Würm ancien est scellée par un encroûtement de grès rouges à rougeâtres (0,5 à 1,5 m d’épaisseur) qui a protégé les dépôts de l’érosion. La partie supérieure des dépôts de la terrasse a livré des structures de combustion : six foyers structurés répartis dans les couches 5, 6 et 7 (campagnes de fouilles de 1993 à 1996).

9 Les corrélations entre la terrasse et la grotte ne sont pas établies avec précision, mais il apparaît que l’ensemble II de l’extérieur doit correspondre à la couche E de la grotte et l’ensemble Ill de l’extérieur aux couches B, C, D et D’de la grotte.

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Faunes et flores

10 Les faunes de la Coscia sont très riches ; on les trouve dans l’abri sud (couches 2 à 4a) et dans la grotte (zone sud-ouest et zone nord) : • Mammifères (déterminés par M.-F. Bonifay) : ils sont dominés par l’abondance des restes de Cervidés (Cervus cazioti : jusqu’à 85 % de la totalité des objets inventoriés, dans certains niveaux) et par la présence de deux Canidés (Cynotherium sardus et Vulpes ichnusae), d’un Mustélidé (cf. Lutra sp.), de Lagomorphes (Prolagus corsicanus, très abondants dans certains niveaux), de Rongeurs, d’Insectivores et de Cheiroptères. • Oiseaux : très abondants dans certains niveaux et très variés : dans l’abri sud, C. Mourer- Chauviré a déterminé près de 80 taxons. L’étude des Oiseaux provenant du remplissage de la grotte nord-ouest est en cours ; • Reptiles, Batraciens, Poissons : présents, mais rares ; • Mollusques : gastéropodes pulmonés terrestres sont très abondants dans certains niveaux.

11 Les très nombreux charbons de bois récoltés dans le remplissage de la grotte nord- ouest et dans les foyers sont en cours d’étude.

Actions anthropiques

12 La présence de l’Homme du Paléolithique moyen est marquée par l’existence d’un tumulus sous grotte (structure D) et de structures de combustion (foyers) à l’extérieur, par l’existence d’une petite série lithique atypique, ainsi que par les caractères de la faune dans certains niveaux.

La structure D

13 C’est un tumulus sous grotte, de forme allongée, qui couvre une surface de 6 à 8 m2 et a une épaisseur actuellement connue de 1,70 m. Ce tumulus est formé, en alternance, par des couches extrêmement riches en ossements et bois de Cervidés (Cervus cazioti, niveaux Da et De) et de lits de blocailles décimétriques (niveaux Db et Dd, dont la base n’est pas encore atteinte). Il était surmonté, au sommet, par un petit « feu » marqué par de nombreux charbons de bois et quelques ossements partiellement brûlés. La fonction de cette structure n’est pas connue : elle est très probablement d’ordre cultuel (sépulture ou dépôt intentionnel de bois de Cervidés ?).

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Fig. 1 – Plan partiel de la surface de la structure D

Relevé et DAO : E. Bonifay.

Les faunes

14 Le faciès « anthropique », pour lequel nous prendrons comme exemple le niveau Da, est marqué par une forte dominance du Cerf (82 % de l’ensemble des restes inventoriés), la rareté des Oiseaux et des Lagomorphes (4 à 5 % pour chacun d’eux), la quasi-absence des autres groupes ; les proportions de squelette crânien et post-crânien sont respectivement de 65 % et 35 % des restes de Cervidés. Ces caractères se retrouvent dans les niveaux Da, De et d’.

15 Par ailleurs, les Cervidés sont représentés uniquement par des mâles (les 31 crânes entiers ou fragmentaires trouvés à la Coscia portent tous des bois ; le squelette post- crânien, tout au moins tous les éléments qui ont été jusqu’ici étudiés, entrent dans les variations des mâles).

16 Les faunes de la Coscia montrent donc un tri spécifique (Cerfs dominants), anatomique (sur-représentation du squelette crânien et des bois) et sexuel (uniquement des mâles). Ces caractères ne peuvent provenir que de l’action de l’Homme, en l’absence de grands prédateurs capables de produire une telle accumulation de restes osseux et de bois.

Le lithique

17 Il n’y a pas de véritable outillage lithique à la Coscia. Certains cailloux débités ou de provenance plus ou moins lointaine, marquent cependant le passage de l’Homme du Paléolithique moyen dans la grotte.

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18 Du point de vue pétrographique, on trouve, soit à l’extérieur, dans les couches constituant la « terrasse », soit dans les niveaux du Würm ancien à l’intérieur de la grotte (couche D’ surtout), des éléments ne se trouvant pas dans la roche encaissante, mais qui peuvent provenir du socle géologique du Cap Corse : on voit, dans les « écailles de Macinaggio », série très complexe de roches mésozoïques (Jurassique) ayant subi un métamorphisme parfois très poussé, toutes sortes de faciès allant des calcaires ou des marna-calcaires à peine « recuits » à des roches complètement transformées par le métamorphisme alpin. Parmi ces éléments on peut noter : • un fragment de quartz (couche 5, foyers 1-3, noo) ; les filons de quartz les plus proches existent à 2 ou 3 km autour de la Coscia ; • un fragment de jaspe (couche 5, foyers 1-3, noo 653) ; un filon de jaspe se voit près de la plage de Tamarone, à quelques centaines de mètres au nord de la Coscia ; • un petit bloc décimétrique (nucleus) de calcaire silicifié (sorte de chaille) dont l’affleurement existe pas dans les environs de la grotte (couche, noo) ; • un nodule décimétrique de calcaire noir (couche Da, noo 981) dont l’affleurement n’est pas connu dans la zone de la Coscia ; • deux galets (couche 7, foyer F6, noo 1924 et 1925) et un fragment de galet (couche 5, foyers F1-3) de façonnement marin en grès schisteux micacé, roche inconnue à l’affleurement dans la zone de la Coscia, mais qui doivent provenir d’une plage littorale.

19 Du point de vue typologique, il n’y a aucun support retouché à la Coscia, donc aucun « outil » au plein sens du terme. Les nucleus existent, en calcaire local généralement, ou en calcaire noir (noo 981) ; le reste représente des « éclats » le plus souvent atypiques, parfois d’origine anthropique douteuse. Cette pauvreté tient à l’absence de matières premières de bonne qualité en Corse. Même le quartz local, dans la zone de Macinaggio, se prête très mal à la taille. Mais l’absence d’outils typiques est aussi une constante dans toute la Préhistoire corse, y compris dans les ensembles holocènes (depuis le « Prénéolithique » jusqu’à l’âge du Bronze) où le seul objet comparable, sous ses différentes formes, aux industries continentales, est la pointe de flèche.

Les foyers

20 Les véritables structures de combustion se trouvent à l’extérieur dans les sédiments de la « terrasse ». Jusqu’ici, six de ces structures ont été découvertes.

21 Les trois premières (F1, F2 et F3) forment un ensemble très structuré, chacun d’eux étant entouré d’une bordure discontinue de grosses pierres, le tout étant contenu dans une aire de forme ovalaire entourée par une ligne de blocs parfois posés de chant (structure « semi-circulaire ») occupant au total une surface de l’ordre de 2 à 3 m2 (carrés D-E/20-22). Ces trois premiers foyers se trouvent vers la cote +16,70 m NGF. Chaque foyer occupe une cuvette peu profonde (d’ordre centimétrique à décimétrique) emplie de cendres et de charbons de bois. Les pierres de bordure, ainsi que la « sole » des foyers, sont parfois très fortement rubéfiées par un flux thermique intense. Autour de ces trois premiers foyers ont été trouvés un fragment de galet en grès micacé, un petit éclat de quartz non retouché, ainsi que quelques « éclats » en calcaire local de façonnement anthropique possible.

22 Le foyer F4 se· trouvait dans le carré L22, couche 6, à la cote +15,70 m NGF. C’est une petite aire cendreuse, très lessivée, couvrant environ un quart de mètre carré, sommairement bordée de cailloux dont certains sont fortement rubéfiés.

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23 Le foyer F5, couche 7, carré L24, est à la cote +14,50 m NGF. Il est lui aussi très lessivé, réduit à une aire rubéfiée d’environ 0,40 m de diamètre, dans une cuvette d’environ 0,30 m de profondeur emplie par une couche cendreuse ; quatre blocs décimétriques, dont un fortement rubéfié, entourent sommairement ce foyer.

24 Le foyer F6, couche 7 également mais situé vers la cote+ 14,90 m NGF, à la jonction des carrés J-K/23-24, comprenait une couche de cendres et charbons de bois emplissant une cuvette s’appuyant sur des cailloux sous-jacents. À proximité immédiate ont été trouvés deux galets de façonnement marin très aplatis, en grès schisteux micacé.

25 Dans la grotte, les traces de feu sont rares, très localisées, et non structurées. Le seul « feu » très net se trouvait au sommet du tertre (ou « tumulus ») que constitue la « structure D ». Mais, dans tous les niveaux, on trouve de très nombreux charbons de bois probablement transportés dans la grotte par le ruissellement, depuis les foyers de la terrasse, ou provenant du lessivage de foyers sous grotte.

Conclusions sur la présence humaine à la grotte de la Coscia

26 La grotte de la Coscia livre donc les premières traces de présence humaine contemporaines du Paléolithique moyen continental en milieu insulaire strict et permanent. Ces indices comprennent : • L’existence de foyers aménagés devant le porche de la grotte, à différents niveaux sur 2,20 m de sédiments ; • La présence de la « structure semi-circulaire » autour des foyers F1,F2 et F3 ; • La présence d’un petit ensemble lithique débité ou apporté devant ou dans la grotte, certains en matériaux étranger à l’environnement géologique immédiat du gisement ; • La présence de la « structure D » dans la grotte, sorte de tumulus ou de tertre couvrant une surface d’environ 6 m2, haut de 1,70 m, elle aussi structurée. Deux couches (Da et De) sont formées essentiellement par des ossements et des bois de Cervidés (représentant 81 à 85 % du total des objets inventoriés) ; on y a trouvé 152 bois de chute (environ 98 % du total des bois), et une quinzaine de crânes ; • Le caractère monospécifique des restes ramenés dans la grotte pour constituer la structure D ou la couche d’ ; • Le fait que tous les restes de Cerfs, à 100 %, appartiennent à des mâles : les 31 crânes trouvés jusqu’ici dans la grotte portent des bois, donc sont des crânes de mâles et les os du squelette post-crânien étudiés par E. Péreira (1997) appartiennent tous à des mâles. À la sélection spécifique des animaux « chassés » à la Coscia (une très large majorité de Cervidés) s’ajoute donc une sélection anatomique (le squelette post-crânien est largement sous-représenté dans les niveaux du Würm ancien) et sexuelle (uniquement des mâles).

27 Tous ces indices permettent de conclure à la présence certaine d’Hominidés (très probablement l’Homme de Néandertal) au début du Würm ancien dans le nord de la Corse. Cette présence n’est pas sans poser des problèmes sur les moyens employés par ces Hommes pour parvenir en Corse après avoir traversé le Canal de Corse, entre le Cap Corse et l’archipel toscan, et donc sur le potentiel psychique et technique de ces Hominidés.

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Tabl. I – Corrélations stratigraphiques et évolution morphologique de la zone de la Coscia : histoire géologique du site

INDEX

Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtFS9v4PxyYL, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtT7uGEJ3s0j lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtYuwtXH7cRV

AUTEURS

EUGÈNE BONIFAY Université de Corse

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Rutali – A Ferrera (Pianu) Sondage (1997)

Pierre-Jean Campocasso, Pierre-Joseph Comiti et Roland Chessa

1 La région du Nebbiu et le fleuve Bevinco sont, depuis le début du XVIe s, réputés pour leurs établissements métallurgiques. Une prospection de la zone a confirmé l’existence d’un « haut-fourneau » à Rutali, déjà perçu dans les textes des XVIIe et XVIIIe s. Tout l’intérêt de cet établissement réside dans la technique de production indirecte du fer, reconnue en Corse pour le XIXe s.

2 Ce travail archéologique visait à la réalisation d’un premier plan dans l’optique de mieux comprendre l’organisation du site, et d’établir une chronologie de cette structure qui représente une surface au sol utile d’environ 140 m2.

3 L’édifice, au bord de la rive droite du Bevinco et adossé sur un versant nord, se présente sous la forme d’un vaste quadrilatère de 18 m sur 13 m. Il est divisé en trois pièces. Le centre du bâtiment est occupé par le haut-fourneau. Le creuset donne sur la grande halle de forme rectangulaire, la salle 1 (17 m x 5,80 m), d’où était extrait la fonte. Cette pièce conduit dans la salle 2 (4 m x 5,80 m), et à la salle 3 (7,40 m x 5,60 m). Ces deux pièces, aménagées sur deux et trois niveaux, devaient vraisemblablement abriter des logements pour les résidents, une aire de stockage pour le charbon, les machineries (soufflerie, concassage...). Tout comme les aménagements extérieurs situés à l’ouest du bâtiment, les fonctions de chaque pièce ne peuvent être pour l’instant établies avec précision. Le massif du fourneau mesure 8,50 m de haut, il est soutenu par deux piliers quadrangulaires sur lesquels reposent deux arcs appuyés au mur de façade. L’intérieur du fourneau révèle des profils (trois faces pansues et une quatrième, en façade, droite et verticale) que l’on retrouve dans les établissements de Ligurie ou de Toscane du XVIIe et du XVIIIe s.

4 Le bâtiment se prolonge dans sa partie supérieure, au sud, par la galerie de chargement permettant d’accéder directement au gueulard. Face à cet espace, nous trouvons une structure circulaire qui possède les caractéristiques d’un four de grillage de minerai. Les sondages sont implantés, pour le premier, de part et d’autre du seuil de la porte nord-ouest et, pour le second, devant le fourneau. Seul le sondage 1 a révélé du

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mobilier, dont en particulier une vingtaine d’exemplaires de fragments de céramiques d’importation (Provence et Toscane) datées des XVIIe et XVIIIe s.

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtcqc6DRodJj Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPSEEZSBEJp nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtWWQS75V5Bc

AUTEURS

ROLAND CHESSA Drac Corse (service régional de l’archéologie)

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Communes de Saint-Florent et de Santo-Pietro-di-Tenda Prospection inventaire (1997)

Frédéric Janny

1 La prospection-inventaire menée dans la cadre de la carte archéologique de Corse sur les communes de Saint-Florent et Santo-Pietro-di-Tenda a permis en particulier la mise en évidence de cinq structures mégalithiques de type coffre, l’une étant en relation avec un menhir. L’absence de mobilier céramique, ou lithique, associé à ces structures interdit malheureusement de proposer une datation.

INDEX

lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtMGPO37brT2, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtBZUhjTLh7N nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 Année de l'opération : 1997

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Santo-Pietro-di-Tenda – Monte Revincu Fouille programmée (1997)

Franck Leandri et Frédéric Demouche

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Afan

1 Afin de mieux analyser la situation du site par rapport aux autres monuments mégalithiques et aux sites d’habitat, une prospection-inventaire a été menée parallèlement à la campagne de fouille. Cinq sites mégalithiques nouveaux sont venus s’ajouter à l’inventaire des mégalithes des Agriate parmi lesquels la statue-menhir d’U Zitellu. L’étude de leur répartition montre qu’ils sont localisés aux confins des Agriate et du Nebbiu, sur les principaux points de passages structurants des régions actuelles et probablement des territoires anciens : Nebbiu, Agriate et Ostriconi. Pour affiner ces résultats, des prospections ont été réalisées autour de la plaine de Casta et sur le plateau du Capo Castinco.

2 La planimétrie, la topographie du site et l’inventaire descriptif des structures du site du Monte Revincu ont été réalisés. Le nombre de structures actuellement recensées sur l’ensemble du site est de 40 parmi lesquelles 2 dolmens (A Casa di l’Urco et A Casa di l’Urca), 4 coffres A à D et 6 probables, 3 cercles de pierres et surtout 25 grandes structures rectangulaires de fonction indéterminée mais qui semblent complémentaires des coffres à proximité desquels elles se trouvent. Ces structures masquées sous le maquis semblent avoir été partiellement préservées de tout temps. C’est sur cette dernière catégorie de vestiges que nous avons fait porter nos efforts.

3 La partie centrale du site dit secteur de la Cima di Suarella, fait l’objet d’une étude plus approfondie. Après nettoyage des sondages, des fouilles sur plusieurs structures rectangulaires et le coffre D ont été entreprises. L’ensemble de ces monuments, coffre y compris, est délimité par des dalles plus ou moins volumineuses plantées de chant et,

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parfois, soutenues par de petits murets. Certaines d’entre elles, plus vastes, sont compartimentées (structures 5, 6, 8). Enfin, elles présentent, dans leur remplissage, un empierrement relativement soigné dans lequel aucun dispositif de calage n’est relevé (structures 3, 4, 5, 6, 8). Au regard de la surface fouillée, le mobilier est peu abondant et fragmentaire. Il faut toutefois souligner la présence de faits archéologiques à l’intérieur de ces structures tels que : • la présence d’un petit poste de débitage de quartz (structure 6) à mettre en relation avec la zone de débitage présente dans le vallon de Spizzicciu à environ 150 m à l’ouest de la terrasse centrale ; • les restes de deux structures de combustion (structure 6) ; • la présence d’outils de broyage dans les soubassements et les sols empierrés (structures 5 et 6).

4 Deux mesures 14C ont été effectuées ; l’une à partir d’échantillons de charbon recueillis dans le coffre D (réf : Ly-8396 : 5405 +/- 55 BP soit 4340 = 4073 av. J.-C. en âge calibré) ; l’autre également sur des charbons provenant de l’un des foyers de la structure 6 réf : Ly-8395 : 5355 +/- 55 BP soit 4320 à 4032 av. J.-C. en âge calibré). Si la position stratigraphique des prélèvements, et notamment leur relation avec les structures à l’intérieur desquelles ils se trouvaient, est affinée, elle pourrait correspondre à la première phase d’occupation du site.

5 Au terme de cette première campagne de fouille sur les structures rectangulaires, celles-ci restent encore d’interprétation difficile.

6 L’hypothèse d’une fonction funéraire demeure possible ne serait-ce que par leur proximité avec des monuments mégalithiques à usage funéraire avéré et surtout la découverte récente d’un tronçon de grand menhir de 1,4 m de haut dressé dans la structure 34.

7 L’hypothèse de structures domestiques paraît plus difficile à établir en raison de l’extension très importante de plusieurs d’entre elles (ST5 : 120 m2, ST8 : 200 m2) et de leur proximité avec des monuments funéraires auxquels elles paraissent associées. Le fait que l’on retrouve très peu d’artefacts liés aux couches en place pourrait également renforcer le rejet de cette hypothèse. S’agirait-il alors d’une succession chronologique où le site évoluerait d’une fonction funéraire à une fonction domestique ou l’inverse ? De ces premiers travaux, il convient de rester prudent en raison de la faiblesse des données actuellement disponibles.

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Fig. 1 – Planimétrie du secteur central de la Cima di Suarello

DAO : F. Leandri (Afan).

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtBZUhjTLh7N Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtH8P95EucZz nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV

AUTEURS

FRANCK LEANDRI Afan

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Palasca – Statue-menhir d’U Zitellu Prospection inventaire (1997)

Franck Leandri

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Afan

1 Cette statue-menhir fut recensée lors de la prospection du contexte environnant le site mégalithique du Monte Revincu. Elle se dressait dans les hauteurs du massif de Tenda sur le versant oriental du Monte Fillette qui culmine à 842 m. Aucun chemin n’est indiqué dans ce secteur, pourtant le site est un lieu de passage encore utilisé par les bergers qui, depuis le hameau de Casta, peuvent rejoindre une petite zone de pâturages actuellement quasiment recouverte par un maquis épais. Ce petit col permet également le passage entre la vallée de l’Ostriconi et la plaine de Casta qui constitue la grande zone agricole de la région d’Agriate. Malgré une prospection systématique aucun autre site n’a été recensé dans les alentours mais la lisibilité des lieux est rendue difficile par la densité de la végétation.

2 Description du monument : • Hauteur totale : 222 cm ; • Largeur moyenne : de 30 à 33 cm ; • Épaisseur moyenne : de 16 à 12 cm ; • Largeur à la base : 33 cm ; • Largeur des épaules : 38 cm Largeur de la tête : 42 cm ; • Nature de la roche : granite.

3 La statue-menhir d’U Zitellu est brisée en trois fragments, elle a été taillée dans un granite de très bonne qualité qui ne semble pas provenir de son environnement géologique immédiat.

4 Sa silhouette est gracile et régulière, il s’agit de l’un des monuments les mieux sculptés de l’île. Les épaules sont courtes mais nettement marquées et légèrement saillantes. Le

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fût, de section quasi-rectangulaire, semble avoir été régularisé par bouchardage ; il rétrécit légèrement au niveau de la base en forme de socle.

5 Les attributs sculptés sont très érodés mais visibles dans de bonnes conditions d’éclairage. La partie supérieure du visage paraît avoir été martelée à une époque ancienne, seule la base du menton est conservée, celui-ci se prolonge par un motif subrectangulaire jusqu’au niveau de la ligne claviculaire incurvée. Ces trois éléments anatomiques sont oblitérés mais leurs traces subsistent encore.

6 L’emplacement des oreilles est occupé par deux larges protubérances caractéristiques des statues-menhirs des Agriate.

7 Le schéma pectoral, figuré en creux, est en forme de X et deux cupules quasiment indistinctes de 3 cm de diamètre s’inscrivent à l’emplacement des seins.

8 Dans le dos, la nuque est bombée et arrondie tandis que la figuration des omoplates en relief et de la colonne vertébrale en creux se distingue à peine.

9 La statue-menhir U Zitellu présente toutes les caractéristiques du groupe du Nebbio mais avec une morphologie générale comparable à celle de l’exemplaire de la Curnadoghja (). Les comparaisons s’établissent en particulier pour le dessin de la tête et la base du socle qui avait été interprété sur la Curnadoghja comme la figuration des pieds (Weiss 1966). En outre le motif situé dans le prolongement du menton de la statue-menhir d’U Zitellu est comparable à celui représenté sur l’exemplaire de Luzzipeu () (Grosjean 1955).

10 L’inventaire des statues-menhirs de la Corse vient de s’enrichir de deux monuments supplémentaires dont l’étude apporte de nouvelles données pour la connaissance de ces œuvres de l’art mégalithique insulaire. L’objectif plus général de la recherche s’inscrit dans la collecte d’éléments pour une meilleure caractérisation des groupes micro- régionaux actuellement définis (D’Anna et al. 1995 ; Cesari, Leandri 1996) et dans une analyse plus affinée des contextes géographiques et écologiques. Cette documentation compatible avec la Carte Archéologique Nationale, est établie en vue d’une publication et enregistrée dans une banque de données informatisées afin de servir de base de gestion à la recherche et à la conservation, non seulement des statues-menhirs, mais également de l’ensemble des manifestations mégalithiques de la Corse.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 83

Fig. 1 – Statue-menhir U Zitellu, vue de face

Cliché : F. Leandri (Afan).

Fig. 2 – Dessin de la statue-menhir U Zitellu

Dessins : F. Leandri (Afan).

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INDEX nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtH8P95EucZz lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtzTekqONmjJ

AUTEURS

FRANCK LEANDRI Afan

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Sisco – La grotte de la carrière San Michele Sondage (1997)

Hélène David

1 La cavité sépulcrale se développe selon un axe est-ouest, et s’ouvre dans une faille étroite affectant une falaise de cipolins.

2 Certains dépôts sont scellés par de la calcite. Cette grotte abrite une sépulture collective secondaire, attribuable au Chalcolithique ou au Bronze ancien.

3 Du point de vue paléoanthropologique, les restes de plus d’une quinzaine d’individus ont été identifiés. Il s’agit de sujets adultes et, principalement, immatures ; ces derniers se répartissent dans différentes classes d’âge, à l’exclusion des périnataux.

4 Les différentes régions du squelette sont représentées, à l’exception des extrémités supérieures et inférieures. En ce qui concerne la tête osseuse, plusieurs calottes crâniennes, très incomplètes et érodées, ont été identifiées ; leur âge ne peut être précisé. À ceci s’ajoutent deux crânes presque intacts, appartenant à des individus immatures.

5 Les restes osseux sont très altérés et souvent recouverts par un épais dépôt calcitique. Le mauvais état de conservation de ces vestiges ne permet pas d’étude morphométrique poussée. Quelques données ont néanmoins été obtenues sur des restes céphaliques et une estimation de la stature a été faite sur un fémur. Les manifestations paléopathologiques principales sont des hypoplasies de l’émail dentaire.

6 Le matériel archéologique est peu abondant mais diversifié ; l’absence de céramique est à souligner. Le mobilier métallique comporte trois éléments. Le premier est une « pointe », peut-être en bronze, dont la nature intrusive dans la couche supérieure du gisement ne peut être écartée. On note, de plus, la présence d’une alène losangique à section quadrangulaire et d’une aiguille à chas, toutes deux vraisemblablement en cuivre.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 86

7 La parure est représentée par une pendeloque en défense de suidé. De menus fragments d’émail suggèrent l’existence d’une seconde pendeloque. Par ailleurs, trois canines supérieures de suidé ont été récoltées.

8 Enfin, quatre boutons coniques à perforation en V ont été découverts (fig. 1). L’un est en roche verte (serpentine ?), l’autre en céramique et les deux derniers en os. La mise au jour de ce type de boutons constitue une donnée nouvelle pour la Protohistoire de la Corse.

Fig. 1 – Boutons coniques à perforations en V

9 Ce site se caractérise donc par son implantation dans une cavité naturelle discrète, des pratiques funéraires complexes (sépulture secondaire et regroupements d’ossements) et la présence d’un mobilier archéologique comprenant des éléments inédits dans le cadre insulaire.

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INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtTHDa1hxSY1 Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtGTWPtWn8qu nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtWWQS75V5Bc

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Commune de Vescovato Prospection inventaire (1997)

Laurent Casanova

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Afan

1 Succédant à celle de Penta-di-Casinca, Castellare-di-Casinca et Sorbo-Ocagnano, la prospection-inventaire sur la commune de Vescovato a couvert une superficie d’environ 940 ha. La zone d’étude s’étend du nord au sud, du Golo à la limite communale de . À l’ouest, elle est limitée par les premiers replats du piémont du Sant’Anghjulu (1 210 m) ; enfin, à l’est, elle prend fin avec le rivage de la mer Tyrrhénienne.

2 Aux 8 gisements archéologiques précédemment recensés, cette enquête a permis d’ajouter 43 nouveaux sites. Chronologiquement, ils se répartissent comme suit.

3 L’importante quantité de matériel lithique (obsidiennes et rhyolites) sur les sites de Sinisera, Bernerducciu 1, Bernerducciu 5, Bernerducciu 7 et Valisaccia, atteste la présence de véritables occupations du Néolithique et du Chalcolithique (pour 16 gisements préhistoriques recensés).

4 Pour la Protohistoire, on a relevé parmi les 5 sites et indices de sites, 2 gisements (Valiccelu 2 et Sinisera 2) qui semblent témoigner là aussi d’une occupation pérenne en plaine. Mais c’est véritablement avec l’Antiquité, représentée par 23 sites, que l’on assiste à une véritable colonisation de la plaine. Cette importante occupation s’explique probablement par la présence de la colonie romaine de Mariana située immédiatement au nord de cette zone d’étude sur la commune de Lucciana.

5 Au-delà de trois sites (Sinisera 3, A Torra 2, A Sciencataccia) qui pourraient, au vu du mobilier archéologique (amphores gréco-italiques) témoigner de contacts avec l’Italie centrale ou méridionale, c’est à partir du Ier s. de notre ère que l’on observe la densification de l’occupation. Treize d’entre eux paraissent alors montrer une installation courant du Haut-Empire au Bas-Empire témoignant ainsi de la vitalité du

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mouvement de colonisation au cours de cette période. Cette observation rejoint ainsi l’épigraphie du réscrit de Vespasien (contestation de limites de terrain entre le peuple des Vanacini situé dans le Cap Corse et les colons de Mariana, CIL X, 8038) qui traduit ce phénomène.

6 L’étendue variée des épandages (de 400 m2 à 35 000 m2) semble indiquer la présence de divers types d’occupations allant des sépultures jusqu’à des habitats ruraux importants et peut-être même un vicus (l’ensemble constitué d’I Cardidelli, d’Aghjastrone 1 et 2) ?

7 En revanche, faut-il voir avec l’absence de tesselles de mosaïques, de tegulae mamatae propres à des structures thermales, d’enduits de chaux, de verres de vitrage... parmi les épandages les plus étendus, l’existence de villae sans caractère luxueux ou plus simplement l’état des destructions n’a pas atteint leur pars urbana ?

8 Enfin, 4 sites seulement (Aghjastrone 2, Torra 2, Rangia 1, San Giustu 4) ont livré un matériel tardif.

9 L’étude de la céramique a révélé pour sa part des provenances diverses, variant au cours des siècles. Ainsi, à l’époque républicaine, la céramique provient de l’Italie occidentale et méridionale (campanienne et amphores gréco-italiques). Au premier siècle de notre ère, on observe des importations d’amphores vinaires de Gaule et d’huile d’Ibérie (Bétique et Tarraconaise), la vaisselle de table est représentée essentiellement par de la sigillée tarda-italique et sud-gauloise. À partir du second siècle, c’est la production africaine qui est majoritairement présente, que ce soit par les amphores, la vaisselle de table (Hayes 8a et 8b) comme par la céramique culinaire (essentiellement Hayes 22, 23b, 196, 197).

10 Vraisemblablement, au plus tard au VIe s., on ne relève plus de céramiques importées. Il faut attendre l’époque moderne pour relever à nouveau des implantations humaines (à la Torraccia) et voir une reprise des échanges (importations de majoliques).

Fig. 1 – Carte de localisation des sites recensés

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 90

INDEX

Année de l'opération : 1997 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtH8P95EucZz, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtHlenwSnkDM, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt6v7rFwj0do, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtZTmusVUU24, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtIkSWVMVuqB, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtH5r3FYBpwe, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt0auHUwTKix, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPSEEZSBEJp lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrt34rdeXfYn6

AUTEURS

LAURENT CASANOVA Afan

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Domaine public maritime

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Au large d’Ajaccio – Épave du port de L’Amirauté Fouille programmée (1997)

Hervé Alfonsi

1 Les objectifs principaux de la fouille 1997 étaient : la continuation de l’étude du puits à boulets, avec analyse de l’espace situé entre la sixième porque et la carlingue du grand mât ; la poursuite de la recherche du lest fixe en fer, de nouvelles membrures et porques sur le côté tribord de l’épave : le dégagement et l’étude de l’étambot (fig. 1).

Fig. 1 – Plan des vestiges

Relevé : H. Alfonsi.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 93

2 L’étude de la partie avant de l’archipompe nous a permis d’étudier la zone inférieure du puits à boulets après démontage de deux vaigres. Nous avons pu ainsi observer l’implantation des flasques et la structure qui les prolonge jusqu’à la sixième porque. La poupe du bâtiment a été dégagée sur 8 m entre la dernière porque découverte en 1997 et un étambot apparemment sans gouvernail. Le dernier couple de membrures observé porte vraisemblablement le numéro LIII sur tribord. En plus des ultimes membrures du navire, nous avons découvert un plancher relativement bien conservé avec une partie tangente à la carlingue et une autre au-dessus de cette dernière, posée sur deux cales. Le dégagement de la zone a mis en évidence une onzième porque à 7 m de l’étambot. En étudiant la répartition des porques sur ce navire il nous semble possible d’envisager la présence d’une dernière porque entre la dixième et la onzième, hypothèse que nous vérifierons lors de la campagne 1998.

3 Le massif d’étambot, identifié en 1997, a été dégagé avec difficulté sous plus de 1,50 m de vase, dégagement qui a permis une étude de sa partie haute mais exclue pour cette année toute analyse de la partie basse. L’ensemble dégagé semble se présenter en trois parties. Tout d’abord, une pièce de bois droite en chêne, présentant une légère inclinaison sur l’arrière et ayant une râblure importante sur chaque côté ; il s’agit de la partie basse de l’étambot, conservée sur une hauteur de plus de 1 m. On peut remarquer sur la partie extérieure de l’étambot la présence d’un doublage en plomb. On pense aussi avoir identifié, à 50 cm de la partie préservée en surface, la présence d’une concrétion métallique pouvant être un des fémelots du gouvernail. La présence de plomb et cette concrétion semblent exclure la présence d’un faux étambot. Sur la partie intérieure de l’étambot, on note la présence d’une pièce de bois de chêne de 10 cm de large pour 32 cm d’épaisseur. Ce doit être un reste du contre-étambot, fixé sur l’étambot par un clou de fer dépassant d’une longueur de plus de 40 cm. La longueur de clou de 40 cm devait correspondre à un élément de cette épaisseur fixé sur le contre- étambot. La pièce de bois entr’aperçue fixée dans le fond du navire est peut-être le vestige de cet élément. Il pourrait s’agir de la courbe d’étambot.

4 Cette zone, difficile à étudier du fait de la présence continuelle de vase et de l’absence de lumière, fera l’objet d’une attention particulière lors de la campagne 1998.

INDEX

lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtFaLDz4vxn4 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPSEEZSBEJp nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV Année de l'opération : 1997

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Eustatisme et néotectonique holocène entre Ajaccio et Calvi Prospection thématique (1997)

Jacques Collina-Girard

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Université de Provence

1 Pour étudier les variations du niveau marin depuis le Paléolithique supérieur jusqu’au Néolithique, plusieurs campagnes d’observation de paléorivages immergés ont été effectuées. La première dans la rade de (été 1994), la seconde dans le massif des Maures (été 1995) et la dernière sur le littoral des Alpes-Maritimes (été 1996). Ces missions d’observation ont montré que les points de rupture de pente sur les tombants se répartissent de préférence aux profondeurs de : -55 m, -46 m, -35 m, -25 m, -17/ m, -11 m. Cette répartition est indépendante des géologies locales. Les datations isotopiques obtenues en rade de Marseille suggèrent que le creusement des replats limités par ces points de rupture de pente a eu lieu entre 10 000 BP et l’Actuel. Les replats sont régulièrement décalés de l’ouest vers l’est. Ce décalage d’ensemble prouve la surrection néotectonique de la Provence orientale par rapport à la Provence occidentale (de l’ordre de 2 m/10 000 ans).

2 Lors de la campagne 1997 en Corse (fig. 1), quatre-vingts profils bathymétriques ont été réalisés en plongée sur les tombants situés entre Ajaccio et Calvi. L’analyse statistique de la position des ruptures de pentes relevées sur ces profils a mis en évidence plusieurs replats d’érosion eustatiques (fig. 2). Les profondeurs de ces replats sont proches des valeurs provençales, mais ces profondeurs évoluent du sud vers le nord. La figure 2 montre une dénivellation évidente entre les parties sud (golfe d’Ajaccio) et nord (golfe de Girolata). Au total, les courbes de répartitions bathymétriques des ruptures de pente permettent, par comparaison, de visualiser l’amplitude totale d’un mouvement de surrection dont la valeur est comprise entre 3 et 7 m (pour une distance

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 95

à vol d’oiseau de 70 km). Ces mouvements, contemporains des derniers 10 000 ans, ont donc une amplitude moyenne de 0,3 mm à 0,7 mm par an.

Fig. 1 – Situation du littoral étudié en 1997

DAO : J. Collina-Girard.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 96

Fig. 2 – Répartition bathymétrique des replats d’érosions sous-marins observés sur les profils levés dans le golfe d’Ajaccio et dans celui de Girolata

J. Collina-Girard.

3 Ces résultats novateurs de la campagne 1997 confirment l’intérêt de l’analyse de la morphologie des tombants littoraux et de leur relevé précis en plongée. Ils confirment l’efficacité de la technique mise au point depuis la campagne 1994 sur les littoraux rocheux. Cette nouvelle méthode, efficace sur les falaises calcaires de la région niçoise, a confirmé sa validité sur les côtes granitiques ou rhyolithiques de la Corse. Il serait important que ce travail puisse être poursuivi sur les îles italiennes du golfe de Gêne, relais migratoires probables pour l’homme préhistorique entre la Corse et le continent. L’étude des paléoenvironnements sous-marins autour des îles méditerranéennes est en effet directement liée à celle des mouvements de populations pendant le Paléolithique supérieur (grotte Cosquer) et jusqu’au Néolithique (établissement cardial actuellement insulaire de l’île de Riou). Elle concerne aussi l’archéologie plus classique, puisque les très petites variations du niveau marin intéressent directement l’histoire portuaire pendant les périodes grecque et romaine (fouilles de la Bourse et de la place Jules- Verne à Marseille),

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 97

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtFaLDz4vxn4, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt0ERzSx1ZJ1 Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtwpx5MU2hlw, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtFS9v4PxyYL nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtcYIBmBlBPH

AUTEURS

JACQUES COLLINA-GIRARD Université de Provence

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Au large de Ersa – Barcaggio : épave La Giraglia Fouille programmée (1997)

Martine Sciallano

1 L’épave à dolia dite La Giraglia se trouve à l’extrémité nord du Cap Corse par 20 m de fond (Sciallano 1995). Le but de la campagne 1997 était de dégager les dolia pour les dénombrer et tenter de retrouver du matériel en dessous. Une tranchée est commencée autour du dolium 3. Une fois les mattes de posidonies enlevées, nous nous heurtons à des difficultés pour creuser. Il apparaît que ce qui a été pris pour des rochers, ce sont en fait les fragments des dolia cassés sur place. La tranchée, une fois les fragments de dolia dégagés, sera plus profonde que prévu et atteindra les 80 cm. Aux deux tiers de la progression autour de D3 apparaît du bois : sous 1 m de sédiment quelques extrémités de membrures sont encore en place. Un carroyage de fortune au maillage de 1 x 1 m est immédiatement installé et nous ouvrons une tranchée perpendiculaire à l’axe des membrures. Une autre tranchée perpendiculaire est commencée contre D4 : y apparaissent deux tuyaux appartenant à la pompe de cale ainsi que des fragments d’amphores. Quelques-uns sont d’origine indéterminée ; la majorité provient de Dressel 2-4 de Tarraconaise. Une amphore Dressel 2-4 complété jusqu’au col est retrouvée au sud de D4. Les dolia sont au nombre de sept.

BIBLIOGRAPHIE

Sciallano M. 1995 : Haute-Corse, au large d’Ersa : Giraglia, Bilan scientifique du Drassm 1994, Paris : ministère de la Culture, p. 60.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 99

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtIXS6Hjbly6 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtZTmusVUU24 Année de l'opération : 1997

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 100

Au large de Saint-Florent – Épave U Pezzo Sondage (1997)

Patrick Dumoulin

1 Connue depuis de nombreuses années et régulièrement visitée par les plongeurs du club de plongée devant lequel elle se trouve, l’épave dite U Pezzo, située par 3 m de fond à environ 50 m du rivage, a été longtemps considérée comme sans importance. Lors de leurs séjours en Corse durant l’été 1996. P. Villié et le présent signataire déclarent le site qu’ils reconnaissent comme étant probablement un navire de commerce de la fin du XVIIe s. ou du début du XIXe s., les quelques morceaux de céramiques à glaçure interne verte qu’ont bien voulu laisser les visiteurs sportifs faisant prévaloir cette datation.

2 Le sondage effectué en juillet 1997 révèle une charpente bien conservée de construction typiquement méditerranéenne à simple plan. Limité à sa plus simple expression pour ne pas déstabiliser le gisement, le sondage permet tout de même d’estimer la longueur du navire à 20 m environ.

3 La découverte par G. Méria, chercheur paléographe amateur, aux archives départementales de Haute-Corse dans le fond de la famille Serval d’un acte notarié relatant la perte en 1765 dans le golfe de Saint-Florent d’une pinque répondant au nom de Saint-Étienne. va dans la direction des premières interprétations. Les épaves de navires de fret étant plus rares que celles des navires de combat, le sujet est particulièrement intéressant. D’autant plus qu’il s’agit d’une construction bien rattachée à l’aire géographique méditerranéenne héritière de traditions locales spécifiques. Une demande d’autorisation de fouille programmée a été déposée.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 101

INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtMGPO37brT2 nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtWWQS75V5Bc chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPSEEZSBEJp Année de l'opération : 1997

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Au large de Saint-Florent – Anse de Fornali : épave Fornali Fouille programmée (1997)

Pierre Villié

1 L’anse de Fornali, qui est un mouillage particulièrement protégé des vents du nord qui s’engouffrent dans la baie de Saint-Florent, est repérée sur les cartes les plus anciennes. La découverte de quelques tessons d’amphores conforte la fréquentation du site depuis au moins le IIe s. de n. è.

2 Déclarée en août 1990, l’épave dite Fornali était probablement connue depuis plusieurs dizaines d’années si référence est faite aux pièces d’artillerie encore récemment exposées dans un restaurant de Saint-Florent. Situé dans moins de 3 m d’eau, le gisement se signalait par des bois affleurant le sable. De 1996 à 1997, une fouille a été entreprise par le groupe TechSub, membre de la FFESSM, sous la direction de l’auteur de cette notice.

3 Les seuls vestiges du naufrage qui ont pu être mis au jour sont ceux de la charpente du navire, qui s’étendent sur une surface de 12 x 4 m. En l’absence de membres, ce qui aurait pu être un handicap pour l’étude, les fouilleurs ont eu recours aux traces de clous pour comprendre le mode d’assemblage à recouvrement. La proportion de sept fois l’échantillonnage est une nouvelle fois confirmée. Une portion de quille de 17 x 21 cm, longue de 4 m, prolongée par un fort brion, démontre qu’il s’agit de l’avant du bâtiment. L’élancement de l’étrave, de l’ordre de 4,25 m, indique la fin du XVIe s. ou le début du XVIIe s. Une contre-quille est encastrée sur les varangues à raison d’un couple sur deux. Tout comme sur l’épave Calvi 1 de la même période (Villié 1994), les couples sont liés à la quille au rythme d’un sur deux. Dans les varangues, un canal des anguilliers est réalisé sur chaque bord suivant un débitage par deux coups de scie en biais. Les virures sont épaisses de 3,5 à 4 cm et fixées aux couples par des clous en fer. Le module de 68 cm (distance entre deux couples liés à la quille) met en évidence une appartenance au système de mesure italien et non à celui du royaume de France (un pied vénitien 34,77 cm). Les quatre varangues trouvées en place, situées sur l’écart de liaison entre quille et brion, indiquent un point caractéristique qui en toute logique est

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Corse 103

reconnaissable comme l’emplanture du mât de trinquet. Ceci fait donc ressortir un gréement latin. En conséquence de quoi, le grand mât devait se trouver au centre de la quille.

4 En manipulant les proportions des tables des constructeurs de l’époque et d’autres légèrement plus anciennes, il a été possible de reconnaître au navire les dimensions suivantes : • -longueur de quille sur terre : 12,90 m ; • élancement d’étrave : 4,25 m ; • hauteur d’étrave : 4,30 m ; • maître couple : 5,00 m ; • hauteur d’étambot : 4,00 m ; • quête d’étambot : 0,80 m ; • longueur totale hors éperon : 17,95 m.

5 En comparant ces dimensions à celle de la tartane décrite dans The Heyday of Sail (Gardiner 1995) où les valeurs numériques sont les suivantes : • longueur de quille sur terre : 12,54 m ; • épaisseur de quille : 0,148 m ; • largeur de quille : 0,202 m ; • hauteur d’étrave : 3,96 m ; • hauteur d’étambot : 4,62 m ; • quête d’étambot : 1,470 m ; • largeur du maître couple : 4,95 m ; • longueur totale hors éperon : 17,90 m.

6 Il est indéniable que l’épave de Fornali semble calquée sur une tartane. Si l’on se référé aux mouvements du port de Marseille au XVIIe s., on constate que les tartanes circulant alors avaient un port en charge de 20 à 50 tonnes. L’épave de Fornali, qui devait déplacer environ 50 tonnes, faisait probablement un bâtiment de bonne capacité pour l’époque.

BIBLIOGRAPHIE

Villié P. 1994 : Calvi 1, Paris : De Boccard, 157 p. (De l’archéologie à l’histoire).

Gardiner 1995 : The Heyday of sail: the merchant sailing ship 1630-1650, Londres : Conway Maritime Press (Conway’s history of the ship).

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INDEX lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrtMGPO37brT2 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPSEEZSBEJp nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtSrWQs2w2KV Année de l'opération : 1997

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Corse – Carte archéologique Prospection inventaire (1997)

Hélène Bernard

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : Drassm

1 Une première opération de carte archéologique avait été réalisée en juillet 1994 par deux agents du service, H. Bernard et M.-P. Jézégou, et des équipiers locaux (musée de Bastia et BA 126 de Solenzara) sur deux sites de Haute-Corse. Prenant en compte la densité des déclarations en attente et l’appui d’équipe s locales disponibles (FFESSM, Arsec, Musée de Bastia), une campagne d’un mois en 1997 a été mise sur pied en Corse- du-Sud dans les secteurs du golfe d’Ajaccio et de la côte sud-est de la Corse. Les délais de disponibilité des crédits et des équipiers bénévoles nous ont contraints à choisir la période peu favorable du mois de novembre.

Pointe de La Castagna (Corse-du-Sud)

2 Par 40 à 60 m de fond au large de la pointe de La Castagna, au sud du golfe d’Ajaccio, a été signalée par M. Fage la présence très dispersée de petits récipients incomplets. Les éléments recueillis lors de l’expertise permettent de restituer une poterie sans anses assez effilée, de 60 cm de haut pour 15 cm de diamètre maximum à l’épaulement sous la lèvre. Le col court, 3 cm, a un diamètre de 9 cm (fig. 1). Elle pourrait se rapprocher des jarres à olives hispaniques, mais elle n’en présente ni le gonflement de l’épaulement, ni le fort bourrelet de la lèvre. Le pied, de 5 cm de diamètre, l’apparente au domaine amphorique antique, mais aucune comparaison probante n’apparaît pour le moment dans l’Antiquité tardive des deux bassins méditerranéens. Les comparaisons avec les jarres médiévales attestées dans les voûtes de divers édifices religieux en Espagne comme en Italie ne sont pas plus satisfaisantes.

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Fig. 1 – Poteries sans anses d’origine indéterminée

Cliché : H. Bernard (Drassm).

3 Une épave est indéniablement proche sans que l’épicentre, constitué de la coque et de la cargaison restée en place, n’en ait été trouvé.

Anse de Cacalu (Corse-du-Sud)

4 J. Martini, ancien chasseur sous-marin, nous a signalé ce gisement de la pointe sud du golfe d’Ajaccio. connu dans la région comme « l’épave Cousteau » sans qu’un rapport officiel d’intervention ne soit attesté. Le navire a été drossé sur les secs au débouché de l’anse et le matériel est dispersé sur 200 à 300 m, par 10 à 15 m de fond. Aucune amphore entière ne semble susceptible d’être conservée, mais les nombreux débris attestent une cargaison de Dressel 1B. Une trace de timbrage sur lèvre, malheureusement illisible, a été observée. Une lampe à grènetis a été recueillie dans une anfractuosité de rocher. Les conditions de conservation ne semblent pas favorables à une préservation unitaire de la coque.

Balise des Lavezzi (Corse-du-Sud)

5 Associé à H.-G. Delauze, J. Chiapetti a déclaré une nouvelle épave de marbre dans les bouches de Bonifacio par 36 m de fond, à moins de 100 m à l’est de l’épave Sud Lavezzi 3. Il s’agit d’une cargaison de douze blocs rectangulaires de dimensions modestes, de 2 à 3 m de long en moyenne sur moins de 1 m de large et de haut. Elle s’étend sur 52 m, regroupée en trois points, le plus à l’ouest étant le plus perturbé. C’est une petite cargaison de 48 tonnes d’un marbre gris dont l’analyse est en cours. La recherche d’éléments de datation n’a pu s’indure dans la phase de relever et d’échantillonnage de

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ce nouveau gisement nommé Sud Lavezzi 4, l’éloignement et le fort courant nécessitant un support de plongée plus important.

6 Épaves contemporaines au sud de la côte orientale

7 Dans l’ouest du Toro, par 25 m de fond, J. Chiapetti a déclaré une épave de briques, tuiles et carreaux. La coque en bois s’est naturellement désagrégée, mais la disposition de la cargaison est restée très cohérente grâce au concrétionnement. Originaires d’Italie, les tuiles mécaniques sont marquées « la magona di cesini ». Les carreaux de granito en vogue dans les années cinquante signent un naufrage contemporain.

8 Au nord-ouest de l’île Maestro Maria (îles Cerbicale) par 6 m de fond, le même plongeur signale une épave de même type mais complètement éclatée dans les rochers. Il s’agit de briques creuses et de tuiles mécaniques marquées « Antonini Pisa ».

Épave Cala Rossa (Corse-du-Sud)

9 Suite à la destruction de repères des enseignures d’origine, un repositionnement de l’épave Cala Rossa, connue depuis 1962 (Tchernia 1969 ; Liou 1975), a été fait avec les inventeurs. Un inventaire du matériel (gréco-italique avec graffiti en latin sur l’épaule) et des documents encore accessibles chez les inventeurs et au dépôt du Drassm à Bastia a été réalisé.

Banc du Benedetto (Corse-du-Sud)

10 Au pied d’un important massif de posidonies, par 4 à 5 m de fond au centre du golfe de Porto-Vecchio, J. Chiapetti a découvert des tessons d’amphores gréco-italiques, associés à un fragment d’hématite attribuable, d’après la pureté révélée par les analyses, à l’île d’Elbe et commercialisée sans doute en tant que colorant. Une deuxième phase d’exploration sera nécessaire pour mieux cerner cette épave profondément enfouie dans les mattes.

11 Ces deux derniers sites, les sites sous-marins du Benedetto et de Cala Rossa sont à mettre en relation avec les implantations terrestres contemporaines de la presqu’île du Benedetto et de la vallée de l’Osu.

Baie de Saint-Cyprien (Corse-du-Sud)

12 A. Ramon et J. Chiapetti ont relevé dans les écueils de la pointe sud de la baie de Saint- Cyprien, au nord du golfe de Porto-Vecchio, par 5 à 6 m de fond, les indices de trois naufrages distincts. La fragmentation, liée au fond rocheux et à la faible profondeur couplée à la cueillette souvenir, ne permet pas pour les deux épaves antiques d’aller au- delà d’une identification grossière : Dressel 1A pour la plus ancienne, dite Saint- Cyprien 1, et amphores africaines un peu plus en terre nommée Saint-Cyprien 2.

13 Une cargaison de blocs de granit gris à grains fins atteste un naufrage sans doute beaucoup plus récent, Saint-Cyprien 3. Il s’agit de barres de 1 à 1,9 m de long et de section légèrement trapézoïdale de 15 x 20 x 15 cm. Une recherche dans les données de l’architecture traditionnelle serait à tenter (linteaux, clôtures ?).

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Au large de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud)

14 L’expertise visuelle de matériel archéologique remonté dans un cadre professionnel de pêche à la langoustine à grande pro fondeur (350 à 500 m), par P.-J. Bouvet a permis d’individualiser, au-delà des objets isolés (une amphore iono-massaliète de module 2, une amphore de Méditerranée orientale, une jarre mono-ansée et une amphore gréco- italique), trois épaves par la multiplicité des objets remontés : Haltern 70 et Dressel 9 de Bétique constituent la cargaison de Porto-Vecchio 1, une très rare épave de Dressel 21-22 (Jurisic 1990) nommée Porto-Vecchio 2 et une épave contemporaine, Porto-Vecchio 3, de céramique culinaire avec série de poêlons et marmites marquées : timbre ovale [—]lTALIANA VE [—] NI/[—]CIA et timbre circulaire MARESA LEONE/[——] FRANCIA.

Au large du Cap Corse (Haute-Corse)

15 Toujours dans ces mêmes grandes profondeurs, un pêcheur de Bastia, G. Romiti, a remonté un dolium timbré C.PIRANUS SOTERICUS in planta pedis assorti de deux timbres carrés : SOTERIC (US). F (ECIT) et un phallus. Il révèle une épave sœur de celle de Ladispoli (Gianfrotta, Hesnard 1987).

Erbalunga (Haute-Corse)

16 Lors d’une plongée en apnée dans le secteur d’Erbalunga, au sud-est du cap Corse, une amphore isolée remplie de monnaies romaines a été trouvée par F. Favale. Les plongées d’expertise avec l’inventeur n’ont pas permis de repérer un contexte archéologique ou une épave qui pourraient être liés à sa présence. Il semblerait donc que l’amphore ait été déplacée et se trouvait en position seconde lors de sa découverte. Le ministère de la Culture a débloqué un premier crédit pour le traitement stabilisateur de conservation. Le nettoyage et la stabilisation définitive du trésor, conditions de sa manipulation pour étude et de la future présentation au public seront réalisés grâce à une importante subvention de la municipalité de Bastia et de la collectivité territoriale de Corse.

17 Le traitement, assuré par P. Mardikian (laboratoire Archéolyse international) (Miquel 1997), a mis en évidence un important pourcentage de monnaies fourrées qui n’a pas été sans incidence sur la complexité des manipulations. D. Schaad, ingénieur au SRA de Midi-Pyrénées, a réalisé une première expertise du trésor dont l’étude exhaustive doit faire l’objet d’une thèse sur la circulation monétaire dans les îles de la Méditerranée occidentale au sein de l’unité AUREUS (groupe franco-espagnol d’étude et d’analyse sur l’économie monétaire antique).

18 Le trésor pèse 32 kg pour un total de près de 21 000 moyens et petits bronzes. Dans le prélèvement aléatoire de 762 monnaies étudiées par D. Schaad (Schaad 1995), ils se répartissent entre la fin du règne de Constantin Ier et la fin du IVe s. L’état de conservation (importante usure liée au frai, rognage des AE3 aux dimensions des AE4 tardifs) plaide pour une constitution dans le dernier quart du IVe s., voire la première moitié du Ve s. L’atelier de Rome occupe la première place dans la répartition des monnaies par atelier, suivi par Aquilée et les ateliers orientaux (Constantinople. Cyzique et Antioche). Les ateliers de Siscia. Thessalonique et Alexandrie sont au même rang qu’Arles. Trêves n’est pas représenté. Cette répartition signe une thésaurisation effectuée dans la circulation insulaire ou continentale de Méditerranée mais en

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excluant la Gaule du Sud. La similitude est forte avec les données numismatiques des fouilles de Mariana et d’Aléria.

19 Les monnaies avaient été regroupées dans une amphore de Byzacène de type Keay XXV (sous-type 2), ce qui corrobore la datation proposée par D. Schaad (Bonifay, Piéry 1995 ; Santamaria 1995).

INDEX

nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtBhWSZf1tw8 Année de l'opération : 1997 chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtxT02uJOogm, https://ark.frantiq.fr/ark:/ 26678/pcrtof7EHNsS2e, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtZTmusVUU24, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt59R77d1H15 lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtSEeAipsBlD, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/ pcrtrGUhVhjmyb, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtNSKWqutEOs, https://ark.frantiq.fr/ ark:/26678/pcrt1ARBDJ13KS, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtFaLDz4vxn4, https:// ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPEwP2Sa6xP, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtqaxEBKYzD3

AUTEURS

HÉLÈNE BERNARD Drassm

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Projets collectifs de recherche

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Mégalithisme de la Corse Projet collectif de recherche (1997)

André D’Anna, Franck Leandri, Henri Marchesi et Pascal Tramoni

NOTE DE L’ÉDITEUR

Organisme porteur de l’opération : CNRS

1 Le projet collectif de recherche « Statues-Menhirs, Menhirs et Mégalithisme de la Corse » associe le service régional de l’archéologie de Corse, le Laboratoire d’Anthropologie des Pays de la Méditerranée occidentale (université de Provence- CNRS, URA 164), le Musée de Préhistoire corse de Sartène. Un premier programme triannuel 1995-1997 a été achevé cette année ; les fouilles de Renaghju (Sartène) et du Monte Revincu (Santo-Pietru-di-Tenda) en constituaient les principales opérations.

2 Cette première phase du projet a permis d’achever le corpus des statues-menhirs de la Corse ; 87 monuments sont actuellement connus. Le pré-inventaire des monuments mégalithiques de Haute-Corse a été également achevé : il compte 43 sites (déduction faite de huit pseudo dolmens) qui totalisent 119 mégalithes différents, isolés ou associés à d’autres mégalithes : 17 statues-menhirs, 58 menhirs, 8 dolmens, 18 coffres, 18 cercles. Sur les 43 gisements, 17 peuvent être considérés comme des complexes mégalithiques résultant d’une association de monuments mégalithes élémentaires. Plusieurs d’entre eux, en plus du Monte Revincu, ont fait l’objet d’approches particulières : /Pinzu a Vergine, Rogliano/I Stanti, Lama/E Culonne, / E Laure, Pieve/Pian di Natu. Ce pré-inventaire permet de constater que la totalité de la Haute-Corse connaît le phénomène mégalithique, même si, dans certaines micro- régions, il reste particulièrement rare. Il tend donc à confirmer l’inégale répartition entre le sud et le nord ainsi qu’entre les micro-régions de Haute-Corse ; ainsi le Nebbio pris au sens large (en incluant la vallée de I’Ostriconi, les Agriates et le bassin de l’Alise) compte plus de la moitié des sites. Indépendamment de cette concentration, les sites sont dispersés et répartis globalement dans presque tout le département. Cependant les deux plaines côtières orientales, qui constituent aujourd’hui les régions les plus

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favorables aux activités agricoles et à l’occupation humaine, restent vides de mégalithes.

3 L’état des connaissances sur le mégalithisme de Corse-du-Sud est paradoxalement à la fois plus avancé et moins précis. Le pré-inventaire comporte 134 sites dont au moins 25 complexes mégalithiques qui totalisent : 678 menhirs, 70 statues-menhirs, 33 dolmens, 30 coffres et 12 cercles, plusieurs sites restent cependant indéterminables. Cette densité nous a conduits à concentrer les prospections de vérification dans la région de Porto-Vecchio et dans le Sartenais. Dans cette dernière micro-région, en plus des fouilles de Renaghju, on mentionnera plus particulièrement les nouvelles approches autour des alignements d’Apazzu et Cauria à Sartène et les nouvelles prospections effectuées sur le complexe de Capu di Locu à Belvédère-Campomoro.

4 Ce plateau, à environ 11 km à l’ouest de Sartène et au sud du golfe de Valinco, recèle dans sa partie nord, un ensemble mégalithique connu depuis la fin du siècle dernier, qui a fait l’objet de plusieurs descriptions aboutissant à une image particulièrement confuse du secteur. Une synthèse des publications et l’ensemble de nos prospections permettent de faire un nouvel état des lieux. Le complexe mégalithique de Capu di Locu est lié à un aquifère perché et se développe de part et d’autre d’un petit talweg coupant le plateau. Nous proposons de reconnaître sur l’ensemble du secteur quatre sites globaux : a Tola, Stantare, Vestoli, Venturoso, chacun comportant plusieurs sites élémentaires.

5 A Tola, sur le flanc nord du talweg, c’est-à-dire sur la pente sud du Capu di Locu, comporte deux sépultures mégalithiques considérées tantôt comme des dolmens, tantôt comme des coffres et un alignement de menhirs. La sépulture de a Tola 1 est sous le sommet d’un contrefort du point culminant ; dans la description d’origine, la chambre rectangulaire, d’environ 2,50 m x 1 m, était ouverte vers le sud-ouest et dépourvue de couverture. Cependant, plusieurs fragments de dalles localisés à proximité peuvent témoigner de son existence. Cette possibilité et l’ouverture probable au sud-ouest permettent de considérer cette sépulture comme un dolmen. En effet, si l’ouverture vers le sud-ouest n’est pas conforme à la majorité des dolmens corses, elle est cependant connue dans quelques cas (par exemple : Arghjola-Sartene). Le mauvais état général actuel de ce mégalithe ne permet pas cependant de valider complètement cette définition. L’utilisation funéraire a été confirmée par les fouilles de Roger Grosjean en 1961. A Tola 2 est à mi-pente, à environ 150 m au sudsud-est de a Tola 1. Déjà très dégradée lors de la première description, cette sépulture reste difficile à définir ; elle ne comporte que deux parois, au sud et à l’est, mais les autres pouvaient être adaptées à la topographie et constituées de pierres empilées. Il pourrait donc s’agir d’un coffre orienté sensiblement est-sud-est – ouestnord-ouest. Là encore, le mauvais état de l’ensemble ne permet pas de juger plus précisément. Le peu de mobilier recueilli par Roger Grosjean en 1961 confirme également l’utilisation funéraire. Environ à 60 m à l’est-sud-est de la sépulture de a Tola, était mentionné l’alignement de Capu di Locu nord. Il comportait 5 bases de menhirs brisés constituant une file d’environ 6 m orientée nord-sud. La file n’a pas été retrouvée mais, à quelques mètres au nord du talweg, un menhir en position secondaire pourrait en provenir.

6 Stantare est le grand menhir décrit par de Mortillet, à environ 350 m au sud de a Tola, sur le flanc sud du talweg, en bordure de l’aquifère et en limite des zones mal drainées. Au pied de ce grand menhir existe un monolithe couché au sol et décrit par Grosjean comme une statue-menhir. Les reliefs, yeux-nez, sont extrêmement météorisés et

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difficilement lisibles, la tête est dégagée par deux épaulements dont un seul est nettement aménagé. Un nouveau relevé de cette statue a été effectué par F. Leandri. En réemploi dans le mur, on compte au moins un autre menhir anthropomorphe et vers le nord quatre menhirs plus petits. Ces sept monolithes témoignent manifestement d’un alignement détruit (alignement de Capu di Lugo 1).

7 Plus au sud, à environ 75 m au sud-ouest du grand menhir, un autre alignement est composé de sept menhirs renversés l’alignement de Vestoli ; il avait brièvement été décrit au début du siècle. Nous avons pu le localiser précisément. Ce monument n’avait manifestement été ni touché ni revu depuis sa découverte et son état actuel correspond exactement à celui qui a été présenté et figuré par Giraux. Les sept menhirs couchés semblent indiquer l’existence d’une file d’une dizaine de mètres de long orientée nord- sud.

8 À l’extrémité sud du plateau, la Punta di Venturoso recèle un important castellu, habitat fortifié a torra, découvert et exploré par R. Grosjean. Des quatre statues-menhirs alors décrites, une seule a été retrouvée sur le sommet du site (Venturoso 1), elle reste très douteuse et il paraît préférable de considérer ce monument comme menhir anthropomorphe plutôt que comme statue-menhir.

9 La mise à jour de la documentation réalisée dans cette première phase du programme permet une nouvelle analyse. La comparaison avec les régions voisines, insulaires ou continentales, met en évidence une différence fondamentale pour ce qui concerne le nombre et la densité des menhirs et des alignements qui constituent une particularité du mégalithisme corse. Six sont situés en Haute-Corse, à l’exclusion du Pinzu a Vergine situé sur un col élevé, ces groupes sont plutôt liés à des plateaux (Capu Castinco) ou à des petits replats comportant localement de bonnes terres agricoles parfois à proximité de celles-ci (E Culonne, U Nativu, Curnadoghja). Tous sont localisés à l’intérieur des terres dans des espaces non liés aux régions maritimes. Tous les autres sites sont situés en Corse-du-Sud, certains sont relativement bien connus mais d’autres restent encore complètement à analyser en détail. Parmi les sites qui ont fait l’objet d’une étude précise, mentionnons plus particulièrement l’alignement d’Aibitretu à (Cesari 1985) qui comportait au moins cinq menhirs situés sur un ancien chemin parallèle au littoral du golfe de Valinco et à environ 1 km en retrait de celui-ci, reliant par un cheminement est-ouest la basse plaine du Baraci à celle du Taravo. Un chemin secondaire venant du littoral rejoignait le chemin principal à proximité de l’alignement. Dans le Sartenais les alignements sont manifestement liés à des espaces ouverts, à proximité de points d’eau et de lignes de partage des bassins versants, et à des cheminements permettant la passage entre les vallées structurales. Cela est particulièrement bien lisible . au sud-ouest de Sartène ou les alignements de Renaghju, Cauria, Apazzu, Pallaghju sont tous situés sur un axe sud-est – nord-ouest, en retrait de la côte et permettant le passage depuis la vallée de I’Ortolo vers la région de et vers la rive sud du golfe du Valinco.

10 La répartition des sépultures mégalithiques, coffres et dolmens, appelle plusieurs commentaires. La densité n’est évidemment pas égale dans toute l’île et plusieurs régions à mégalithes s’opposent à de vastes zones vides. Celles-ci couvrent les secteurs montagneux au centre de l’île, tant au nord qu’au sud, mais également la dépression centrale (Cortenais et vallée du Tavignano), les plaines de la côte tyrrhénienne (Marana, Casinca et plaine orientale), à l’extrême sud, le causse de Bonifacio et, au nord-ouest, la Balagne. Si, pour certaines, on peut évoquer le défaut de prospection,

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pour d’autres, en particulier l’extrême sud, la dépression centrale et la Balagne, la qualité des prospections effectuées permet de conclure à l’absence de sépultures mégalithiques.

11 Pour les différentes régions à mégalithes, on notera : • une forte concentration dans le Nebbio où il s’agit principalement de coffres ; • quelques monuments isolés dans le nord, également des coffres en Castagniccia et en Balagne désertique ; • un groupe diffus de dolmens autour du golfe de Sagone ; • une concentration au sud-ouest de l’île autour du golfe du Valinco (Sartenais et vallée du Taravo) où l’on rencontre principalement des dolmens et quelques coffres ; • une concentration de coffres au sud-est, autour du golfe de Porto-Vecchio et dans la dépression Sotta-Figari.

12 Ces différentes zones sont liées tant à des golfes qu’à de grandes vallées et principalement à leurs basses plaines littorales. À ce titre, on peut observer que la très faible densité actuelle autour du golfe d’Ajaccio et dans les basses vallées de la Gravona et du Prunelli n’a aucune explication objective et pourrait correspondre à un défaut de prospections. Les cartes montrent qu’il existe une relative exclusion entre les types de sépultures mégalithiques, mais les quelques cas d’association connus laissent supposer que des dolmens ont été édifiés après et en partie sur des nécropoles de coffres (Monte Revincu et Cardiccia). Cette constatation, mise en perspective avec le modèle sarde, constitue un élément permettant de développer l’hypothèse, déjà proposée par R. Grosjean, d’une succession chronologique et d’une évolution des types de sépultures depuis les coffres enterrés aux dolmens aériens. Les rares séries de mobiliers semblent conforter cette proposition. Cependant, les coffres ne disparaissent pas avec l’apparition des dolmens et perdurent même très tardivement (Bronze final et âge du Fer). On remarquera donc que, quel que soit le rythme d’apparition des différents modes sépulcraux, il existe une période plus ou moins longue d’utilisation simultanée des différents types, probablement à la fin du Néolithique et au début de l’âge du Bronze et même au-delà. L’association des différents types de sépultures, coffres, dolmens et des alignements de menhirs, n’existe que dans le Sartenais ; ce qui confirme l’intérêt de cette région pour la recherche d’éléments de réponses aux questions de hiérarchie et de chronologie.

13 Dans ce cadre, les groupements de menhirs et les alignements ne se superposent qu’aux groupes du Nebbio et du sud-ouest soit à un groupe à coffres dominant et à un groupe à dolmens dominant. Dans toutes les régions existent des sites mégalithiques qui associent sépultures et menhirs ou statues-menhirs. Globalement, la carte de répartition des statuesmenhirs est concordante avec celles des autres mégalithes, ce qui tend à démontrer l’unité du phénomène.

14 L’évolution chronotypologique du coffre au dolmen en Corse demande à être précisément démontrée, la référence à la Sardaigne et les quelques éléments mentionnés ci-dessus restent de maigres arguments en faveur de l’antériorité des coffres. Cependant, si cette évolution pouvait être néanmoins confirmée, il resterait difficile de la mettre en concordance avec l’évolution culturelle. En effet les différents types de sépultures témoignent plus probablement de la stratification sociale dont elles constituent des manifestations extérieures à un moment donné. L’origine des statues- menhirs s’inscrit dans la même perspective : la complexification de la société à la fin du Néolithique qui, d’une manière continue et c’est bien une des originalités de la Corse,

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montre un passage vers le début de l’âge du Bronze sans réelle rupture. Passage dans lequel le phénomène campaniforme ne joue aucun rôle et qui au contraire semble dépendre totalement de l’évolution interne.

15 En plus de ces questions relatives à l’évolution des sociétés et des cultures préhistoriques, le programme collectif nous a permis de soulever plusieurs questions d’ordre méthodologique. On notera plus particulièrement celle de la fouille de sites cérémoniels tels le Monte Revincu ou Renaghju. Ces gisements dépassent largement la simple notion de site funéraire et leur fouille, si elle doit pouvoir amener certaines réponses à des questions spécifiques, ne semble cependant pas être en mesure de livrer les mêmes renseignements que les habitats et les sépultures elles-mêmes. Si les résultats apparaissent bien décevants à plusieurs égards, comme cela est le cas à Renaghju, ceux acquis relèvent cependant de domaines pour lesquels l’archéologie manque souvent de données. La fouille systématique de tels sites doit donc pouvoir, à condition de bien borner nos systèmes de références, ouvrir d’intéressantes perspectives pour l’approche des sociétés préhistoriques.

INDEX

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AUTEURS

ANDRÉ D’ANNA CNRS

FRANCK LEANDRI Afan

HENRI MARCHESI Drac Corse (service régional de l’archéologie)

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PASCAL TRAMONI Afan

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