D'observations Pluviométriques
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COMPTE RENDU D'OBSERVATIONS PLUVIOMÉTRIQUES DANS LE JURA FRANÇAIS Par M. NOISETTE INSPECTEUR ADJOINT DES EAUX ET FORÊTS ASSISTANT A LA Ire SECTION DE LA STATION DE RECHERCHES ET EXPÉRIENCES DE L'IiCOLE NATIONALE DES EAUX ET FORSTS a O COMPTE RENDU D'OBSERVATIONS PLUVIOMÉTRIQUES DANS LE JURA FRANÇAIS AVANT-PROPOS Au cours de l'année 1912, M. Cuif, inspecteur des Eaux et Forêts à la Station de recherches de l'École nationale des Eaux et Forêts à Nancy, proposa d'entreprendre dans le Jura des observations pluviométriques analogues à celles qui avaient eu lieu précédemment dans les Vosges. Le but de ces recherches était l'étude de la répartition des précipitations atmosphériques à travers le Jura français depuis la plaine bressane jusqu'à la région des hautes chaînes au sud de Pontarlier. L'Administration des Eaux et Forêts ayant le 5 novembre 1912 approuvé le projet, M. l'inspecteur Cuif organisa le dispositif des expériences et procéda à l'installation d'une série de postes d'observations échelonnés de l'ouest à l'est sur une ligne partant d'Arbois pour aboutir au Mont-d'Or en passant par le massif forestier de la Joux. Les observations confiées à des préposés des Eaux et Forêt s commencèrent le 1er janvier 1913 et se poursuivirent normale- ment jusqu'en août 1914, date à laquelle elles furent presque partout à peu près interrompues. La plupart des observateurs obligés de rejoindre les armées abandonnèrent les recherches, qui ne furent continuées, très irrégulièrement d'ailleurs, que dans quelques rares postes. Cette situation dura jusqu'en 1919. A ce moment, M. l'inspecteur Perrin, appelé à diriger les travaux de la ire section de la Station de recherches, estima 158 OBSERVATIONS PLUVIOMÉTRIQUES DANS LE JURA FRANÇAIS très utile de donner suite aux travaux, en partie arrêtés, en raison du grand intérêt qu'ils présentaient pour la détermina- tion des conditions climatiques dans cette région forestière. Il chercha en conséquence à remettre en marche les postes montés par son prédécesseur, M. Cuif, mais il se heurta alors à quelques difficultés provenant des nombreux changements surve- nus dans le personnel depuis 1914. Malgré l'obligation de laisser définitivement de côté quelques postes supprimés ou dépourvus de titulaires, la Station de recherches put néanmoins faire reprendre les observations sur presque toute la ligne primitive le Ier janvier 1920. Malheureusement bien vite il apparut diffi- cile de les poursuivre aussi longtemps qu'on l'aurait désiré : la réorganisation du service et les mutations des préposés en résultant, les pertes et dégradations du matériel depuis 1913, enfin l'impossibilité, où faute de personnel se trouvait à ce moment le chef de la ire section de la Station de se déplacer pour adapter le dispositif à la nouvelle situation, amenèrent, au bout de trois années, la Station de recherches à arrêter le 31 décembre 1922 cette série d'expériences qui ne pouvaient plus être conduites suivant les directives du plan initial. L'examen des feuilles de renseignements recueillies fit aban- donner l'espoir de répondre, à l'aide de ces documents incom- plets, à toutes les questions du programme que l'on s'était proposé au début et pour lequel la période envisagée de dix an- nées était nécessaire. Il y avait trop de lacunes pendant les années 1915 à 1919 pour qu'on pût établir un travail détaillé sur la pluviosité du Jura et son influence sur les phénomènes végétatifs. On dut en particulier éliminer tout ce qui se rappor- tait aux orages, à la grêle, à la durée des pluies, à la compa- raison des procédés de mesures nivométriques, car les instruc- tions précises données en 1913 sur ces sujets délicats sem- blaient avoir souvent été perdues de vue. Toutefois, nous n'avons pas voulu classer définitivement dans les archives toute cette documentation sans chercher à ,en tirer parti. Limitant nos vues, nous n'avons retenu que les résultats des cinq années 1913, 1914, 1920, 1921 et 1922 pendant lesquelles la majorité des postes a fonctionné. L'étude et la comparaison des données se rapportant à cette période, long OBSERVATIONS PLUVIOMÉTRIQUES DANS LE JURA FRANÇAIS 159 travail auquel nous nous sommes livré à temps perdu, nous a quand même permis d'établir au point de vue pluviométrique quelques relations entre les différentes stations. Mais il importe de faire remarquer ici une fois pour toutes, que la période discontinue envisagée est trop courte pour qu'on puisse attribuer aux chiffres trouvés des valeurs abso- lues exactes et les considérer comme représentant, en chaque point pris isolément, des moyennes conformes à la réalité et applicables à toute époque. Notre compte rendu se borne à exposer ce qu'on pouvait extraire de ces observations troublées par les événements, en attendant que des expériences plus heureuses et plus complètes apportent des renseignements susceptibles de servir de base solide aux intéressants problèmes qui peuvent se rattacher à ces questions de météorologie locale. PREMIÈRE PARTIE DISPOSITIF DES EXPÉRIENCES INSTALLATION ET FONCTIONNEMENT DES POSTES 1° But des expériences. Grâce aux stations météorologiques existant depuis long- temps en France, principalement dans les centres et les vallées, on est arrivé à fixer les caractéristiques des climats régionaux. Mais les données sont encore assez vagues pour les contrées très boisées et montagneuses, où les postes sont rares et trop éloignés les uns des autres : les variations locales, parfois très importantes et dues la plupart du temps à la configuration du terrain ou à la présence de forêts, échappent ainsi aux obser- vations. Or si l'un des facteurs écologiques qui agissent sur la végétation se trouve modifié sur un espace même restreint, la composition et le développement de la flore subissent de ce fait un changement très net; d'où la nécessité, pour ceux qui veulent étudier ces questions si intéressantes dans les régions forestières, de posséder des renseignements précis sur les phé- nomènes météorologiques locaux. Il appartenait à la Station de recherches de rassembler sur ce point une documentation trop souvent insuff sante. Pour résoudre entièrement le problème, il eût fallu se livrer simultanément à. l'étude de tous les facteurs qui entrent en jeu : température, humidité, pluviosité, nébulosité, vent, inso- lation, etc... La réalisation d'un tel programme dépassait malheureusement les moyens dont pouvait disposer la Station de recherches tant en personnel qu'en matériel. OBSERVATIONS PLUVIOMÉTRIQUES DANS LE JURA FRANÇAIS 161 On se contenta donc de recueillir tout d'abord certaines données sur la région du Jura, qui, par l'homogénéité du sol, les différences de reliefs bien marquées, la diversité de la flore, des essences et des peuplements forestiers, offrait à ce point de vue un champ d'expériences tout désigné. Tel fut le but que s'était proposé M. l'inspecteur Cuif en entreprenant l'étude des précipitations atmosphériques sur les différents plateaux du Jura. 2° Dispositif adopté en 1913. L'idée fut pratiquement réalisée par la création de quinze postes d'observations échelonnés de l'ouest à l'est, depuis Arbois jusqu'à Jougne. Cette disposition fut adoptée parce qu'elle traversait à peu près perpendiculairement les trois pla- teaux du Jura nettement marqués sur cette ligne, et qu'elle englobait des régions tantôt très boisées, tantôt nues. Elle pré- sentait en outre l'avantage de pouvoir, le cas échéant, se rac- corder aux travaux du même genre entrepris en Suisse sur le versant est de la chaîne : elle permettait enfin de confier aux préposés forestiers, assez nombreux en cette contrée, des obser- vations qui devaient être facilement contrôlées et conduites dans le même esprit. L'organisation eut lieu à la fin de 1912, d'accord avec MM. les Conservateurs à Besançon et à Lons-le-Saunier, avec le concours du service forestier local. Les 15 postes qui fonctionnèrent dès le Ier janvier 1913 furent les suivants : Poste no i. — Maison forestière des Épines Fleuries (Mon- En plaine tigny-les-Arsures). Au pied du premier pla- Poste no 2. — Mesnav. teau. Poste no 3. — Chilly-sur-Salins. Poste no 4. — Valempoulières. Sur le premier plateau. Poste no 5. — Andelot-en-Montagne . Poste no 6. — Chapois. Sur les pentes du 1 Poste no 7. — Maison forestière de Montrainçons (Supt). deuxième plateau Poste no 8. — Maison forestière du Chevreuil (Supt). (forêt de la Joux) . ANN. FOREST. - T. II. - FASC. I. Il 162 OBSERVATIONS PLUVIOMÉTRIQUES DANS LE JURA FRANÇAIS Poste no 9. — Cuvier. deuxième plu Sur le Poste no so. — Maison forestière de la Tour (Boujailles). teau Poste no IL — Frasnes. Poste no 12. — Vaux et Chantegrue. Sur le troisième plateau Poste no 13. — Les Granges-Sainte-Marie. (Hautes Chaînes) . Poste n° 14. — Les Hôpitaux Vieux. Poste no 1 5. — Jougne. Cette série de stations, distantes les unes des autres de dix kilomètres au plus et judicieusement placées en plaine ou en montagne, à l'intérieur ou en dehors des forêts, aurait certaine- ment donné des renseignements très complets, si toutes avaient pu rester en service pendant une période de dix ans. La marche normale du système ne dura hélas pas longtemps ainsi que nous allons le voir rapidement. 3° Fonctionnement des différents postes. 1 0 Maison forestière des Épines Fleuries (Montigny-les-Ar- sures). — Le poste installé dans la plaine, à la Maison fores- tière des Épines Fleuries, à 1.500 mètres ouest des Arsures (Commune de Montigny), fonctionne en 1913 et s'arrête dès août 1914. En 1920, à la suite de la réorganisation du personnel, le poste n'a pu être remis en service. Pas d'observations depuis 1914. 2° Mesnay. — Le poste installé, au pied du premier plateau, à 200 mètres nord-nord-ouest du clocher de Mesnay, près de la maison du brigadier, a fonctionné régulièrement du 1er jan- vier 1913 à mai 1920, date à laquelle le garde de Mesnay prend la suite du brigadier jusqu'en décembre 1921.