Essai Sur La Pratique Hellénique Du Droit Constitutionnel Intermédiaire Christoforos Matiatos
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Essai sur la pratique hellénique du droit constitutionnel intermédiaire Christoforos Matiatos To cite this version: Christoforos Matiatos. Essai sur la pratique hellénique du droit constitutionnel intermédiaire. Droit. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2015. Français. NNT : 2015PA010284. tel-01911241 HAL Id: tel-01911241 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01911241 Submitted on 2 Nov 2018 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. ESSAI SUR LA PRATIQUE HELLÉNIQUE DU DROIT CONSTITUTIONNEL INTERMÉDIAIRE UNIVERSITÉ de PARIS I (Panthéon-Sorbonne) THÈSE Pour l’obtention du grade de docteur en droit public (doctorat d’État) Présentée et soutenue publiquement par Christophoros C. Matiatos Le 13 mars 2015 ESSAI SUR LA PRATIQUE HELLÉNIQUE DU DROIT CONSTITUTIONNEL INTERMÉDIAIRE JURY : M. Pierre AVRIL, professeur émérite de l’Université de Paris II (Panthéon-Assas), président ; Mme Julie BENETTI, professeur à l’Université de Reims-Champagne-Ardenne, (rapporteur) ; M. Jean GICQUEL, professeur émérite de l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) (directeur de recherches) ; M. Philippe LAUVAUX, professeur à l’Université de Paris I (Panthéon-Assas) (rapporteur) ; M. Slobodan MILACIC, professeur émérite de l’Université de Bordeaux. 2 L’Université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. 3 À la mémoire de mes parents. Au Gouvernement français qui a facilité mes études par une bourse, ma gratitude. À Monsieur le professeur Jean Gicquel qui a dirigé cette thèse, ma reconnaissance. À ceux qui m’ont apporté leur concours, mes remerciements, tout particulièrement Maître Epameinondas Sarris, avocat honoraire. À Madame Dominique Landry, tout ce qui lui est dû. 4 « Un usurpateur domestique ne sauroit jamais avoir le droit de son côté ». Phrase de John Locke telle qu’elle fut reprise par l’Encyclopédie. « Un peuple sait donc quand c’est un usurpateur qui le gouverne : un gouvernement sait quand il est usurpateur. » Benjamin Constant « Pendant les Cent-Jours, les préfets distribuèrent l’Acte additionnel à tous les maires. L’un d’entre eux, avec une grande bonne volonté, en accusa réception en ces termes : ‘Monsieur le Préfet. J’ai reçu la nouvelle constitution que vous avez bien voulu m’adresser, je l’ai aussitôt fait publier solennellement. Il en sera de même de toutes celles qu’il vous plaira de m’envoyer dans la suite.’ » Bernadette de Castelbajac 5 INTRODUCTION GÉNÉRALE Consacrer une thèse à la pratique hellénique du droit constitutionnel intermédiaire signifie que son auteur est convaincu de l’existence d’un tel droit, qu’il en a constaté la pratique dans l’histoire constitutionnelle de la Grèce, qu’il considère que cette pratique mérite d’être relevée, étudiée, analysée, et qu’il pense être en mesure d’en faire la preuve tout au long de ce travail. Certes le terme « droit constitutionnel intermédiaire » n’est pas usité1. Pourtant nous considérons qu’il convient parfaitement pour décrire ce que nous allons traiter. C’est-à-dire des règles de droit qui, dans l’histoire constitutionnelle d’un État, ont mis fin à une constitution établie d’une manière non prévue par celle-ci, ont servi pendant une période plus ou moins longue de cadre institutionnel provisoire à l’État en question, pour s’effacer ensuite devant l’ordre constitutionnel définitif créé par elles. Ajoutons que si le terme « droit constitutionnel intermédiaire » est inusité, il n’est pas inconnu non plus. Citons par exemple Maurice Hauriou qui, dans les développements qu’il intitulait « Les ruptures révolutionnaires de la continuité du droit », observait : « La période révolutionnaire est en général assez courte ; […] le droit de la période révolutionnaire prend figure de ‘droit intermédiaire’. Après cette période recommence une nouvelle période de continuité. »2 Nous nous empressons de souligner que le droit constitutionnel intermédiaire ne doit pas être confondu avec le pouvoir constituant dont il n’est que la conséquence sur le plan juridique. Le pouvoir constituant se situe avant le droit constitutionnel intermédiaire, reste toujours « au-dessus » de lui et, s’il fait du droit, il ne l’est pas lui-même. Georges Burdeau remarque à son égard : « En effet, pour le juriste, il ne peut être défini que négativement. C’est un pouvoir de fait qui par conséquent, est extérieur au droit. On peut l’envisager de 1 Il n’est peut-être pas inutile de signaler, afin d’éviter toute confusion, qu’il est parfois question de «‘gouvernement intermédiaire’ (Zwischenregierung), c’est-à-dire [d’] un gouvernement inconstitutionnel bientôt renversé par l’ancien gouvernement qui est ainsi ‘restauré’, ou bien par un autre gouvernement, de fait ou de droit, qui le considère comme illégitime ». Voir ACCOLAS (Louis), Le Rétablissement de la Légalité Républicaine. (Le sort des actes législatifs, administratifs et juridictionnels intervenus sous le régime de Vichy), thèse, Doctorat en droit, Paris, 1946, dact., p. 464. Cette définition d’un gouvernement intermédiaire nous semble trop restrictive. En effet, un gouvernement inconstitutionnel est toujours intermédiaire par rapport au gouvernement qui lui succède, même si ce dernier le considère comme légitime. Nous ne l’utiliserons donc pas. 2 Voir HAURIOU (Maurice), Précis de droit constitutionnel, Paris, Recueil Sirey, 1923, p. 265. 6 différents points de vue, mais alors qu’il est à la fois du domaine du sociologue, du philosophe et de l’historien, il échappe totalement à l’analyse juridique.»1 Le droit constitutionnel intermédiaire est, lui, du droit. Bien sûr, comme toute autre branche du droit, et sans doute bien plus que d’autres, il subit l’influence des circonstances historiques, des rapports de force politiques, de l’évolution sociale, de la situation économique et des pressions diplomatiques. Mais il reste un phénomène essentiellement juridique et c’est œuvre de juriste que nous voulons faire en nous consacrant à son étude. Il est vrai que cela ne sera pas toujours facile, et que nous n’ignorons pas les risques si bien décrits par Santi Romano : « Toute recherche qui touche à la période, pour ainsi dire, formative de l’État et du gouvernement conduit, par sa nature même, sur les plus hauts sommets et aux limites extrêmes du droit constitutionnel : un pas plus haut et plus avant, et on se trouvera ou dans le royaume des nuages ou dans le domaine de disciplines bien différentes. »2 Ajoutons que nous sommes parfaitement conscients de nous aventurer sur un terrain dont les juristes se méfient avec raison, quand ils ne refusent pas absolument de s’y risquer en déclarant qu’ils n’y sont point chez eux. Rappelons à cet effet ce qu’écrivait Carré de Malberg : « À la suite d’un bouleversement politique […] il n’y a plus, ni principes juridiques, ni règles constitutionnelles : on ne se trouve plus ici sur le terrain du droit, mais en présence de la force. »3 Et plus loin : « il n’y a point place dans la science du droit public pour un chapitre consacré à une théorie juridique des coups d’État ou des révolutions et de leurs effets.»4 Il allait même jusqu’à déclarer que : « le droit, l’ordre juridique, ne trouve à s’appliquer efficacement et utilement que dans les milieux sains et équilibrés. »5 1 Voir BURDEAU (Georges), Essai d’une théorie de la révision des lois constitutionnelles en droit positif français, Thèse pour le doctorat, Faculté de droit de Paris, Mâcon, J. Buguet-Comptour, 1930, p. 79. 2 Voir ROMANO (Santi), « L’instaurazionne di fatto di un ordinamento costituzionale e la sua legittimazione », in Archivio giuridico « Filippo Serafini », vol. LXVIII (nouv. s. IX), 1902, Modène, p. 3. [« Ogni indagine che tocca il periodo, per dir cosi, formativo dello Stato e del Governo trasporta, per la sua stessa natura, sui piu alti culmini ed agli estremi confini del diritto costituzionale : ancora un passo piu in alto o piu avanti, e ci si trovera o nel regno delle nuvole o nel campo di ben altre discipline. »] 3 Voir CARRÉ de MALBERG (R.), Contribution à la Théorie Générale de l’État, réimpression (1ère éd. 1922), Paris, CNRS, 1962, vol. 2, p. 496. 4 Ibid., p.497. 5 Ibid., p.497, note 10. 7 Que l’on nous permette pourtant de soutenir que c’est sans doute dans les milieux malsains et déséquilibrés que le droit et l’ordre juridique sont le plus nécessaires, précisément pour y amener la santé et l’équilibre. Après un bouleversement politique, toujours subsistent des principes juridiques, des règles constitutionnelles, ceux du droit constitutionnel intermédiaire. On se trouve encore sur le terrain du droit, le terrain du droit constitutionnel intermédiaire. Et c’est dans les circonstances exceptionnelles et leurs conséquences constitutionnelles, que la valeur normative du droit apparaît d’une manière particulièrement remarquable1. Il est vrai que tout juriste en général, et tout constitutionnaliste en particulier, ne peut que ressentir un profond malaise devant l’effondrement de l’ordre constitutionnel d’un État. Cela est compréhensible. Voir des règles de droit proclamées intangibles avec conviction, appliquées avec rigueur pendant fort longtemps, interprétées avec respect et étudiées avec zèle, s’écrouler du jour au lendemain, ne plus être le droit, ne plus être appliquées, ne mériter ni interprétation ni étude, est chose fort pénible à supporter et il est naturel de refuser de se pencher sur cela2. Mais, en ce qui nous concerne, nous pensons sincèrement que les juristes devraient tirer une profonde satisfaction de constater que, si une règle constitutionnelle est abrogée ou annulée, cela se fait aussi par règle constitutionnelle, et pour qu’elle soit remplacée par une autre règle de même nature.