du 17/06/10 au 15/07/10 | un gratuit qui se lit 31

Festivals d'été et Saisons nouvelles

Politique culturelle La réforme des collectivités territoriales 6, 7 Les conversations de Salerne 8 2013, Mucem 9 Festivals Le Off, 10, 11 Théâtre 12, 13 Danse 14 Pluridisciplinaire 15 Musique lyrique 16, 17 Musique classique 18 à 21 À l’ombre Jazz 22, 23 Actuelles 24 à 27 des stades Voilà que la douce saison estivale s’annonce, la promesse de Musiques Actuelles 28 fraîches soirées passées dans les cours à dévorer, émerveillé, les Jazz 30,31 spectacles et les mots. En ce début d’été toutes les villes de la Baroque 32 région préparent leurs cimaises, font résonner les usines et les Contemporaine 33 cloîtres, montent les plateaux et les ponts lumière. Le public Récitals 34 prépare ses agendas, tout en gardant un œil sur les saisons qui De chambre 36, 37 s’annoncent, aux abonnements à prévoir pour l’année prochaine. Opéra 38 Il n’y aura pas assez de soirées, pas assez de journées même Arts de la rue 40, 41 pour rassasier toutes nos envies, et lire tous les livres ! Jeunesse 42 Théâtre Vive le début d’été et ses promesses ! Pourtant, certains déser- La Criée, Martigues, Nîmes, Avignon 44 tent les lieux de spectacle pour regarder la coupe du monde, cet Port-de-Bouc, Scènes et Cinés 45 événement qui occupe jusqu’aux conversations des ministres, Théâtre des Ateliers, 3bisf, les Bernardines 46 des journalistes, des people. Nettement moins d’ailleurs celles Le Gymnase, la Minoterie, des passants, les matchs n’étant pas passionnants. Et pour cause, les Bernardines, les Bancs publics 47 les footballeurs font aujourd’hui de bien piètres héros. Danse Un édito contre le foot ? Encore ? Non. Mais à l’heure où les MOD, Châteauvallon, le Toursky, collectivités territoriales peinent à tenir leurs engagements le Ballet d’Europe 48, 49 d’investissements pour la culture, à l’heure où les chantiers Fin de saisons 50, 51 s’accumulent, où Marseille Provence 2013 a pris un retard consi- Saisons dérable dans le démarrage des travaux, voilà qu’on nous annonce La Criée, le Gyptis, Gymnase/ Jeu de Paume, Arles 52, 53 qu’on va recouvrir le Vélodrome, et l’agrandir pour 2016. 150 Les Salins, le Sémaphore, Scènes et Cinés, Nîmes 54, 55 millions de travaux a minima ! 200 € par habitant ! La Ville de Théâtres en Dracénie, Théâtre Durance, Cavaillon 56, 57 Marseille, sous la pression des clubs de supporters qui voudraient Pavillon Noir, Opéra de Marseille, SMCM, GTP 58, 59 d’ailleurs un stade encore plus grand, rembourserait cet investis- sement à raison de 5 millions par an sur 30 ans ! Cinéma Certes l’OM est deux fois champion ; mais l’OL paie son stade, Cinécole, la Quinzaine, AFLAM 60, 61 Les Rendez-vous d’Annie, tournage de P. Faucon 62, 63 l’équipe de Lille le sien. Pourquoi devrait-on engloutir de l’argent Arts visuels public dans un équipement qui ne sert qu’une équipe privée, aux Au programme 64, 65 salaires mirobolants ? Pourquoi l’OM ne verse-t-elle qu’une faible Spécial photo 66, 67 redevance pour l’utilisation exclusive du stade ? La Capitale Musée Granet, Artéum, Palais Carli, Ap’Art 68, 69 culturelle a besoin de cet argent public, et les associations spor- Voyons Voir, Sm’Art, Arts éphémères 70 tives aussi, qui voient fondre leurs subventions. Rencontres Un édito contre le foot ? Non. Mais on aimerait pouvoir dire À vous de lire, CIPM, Libraires à Marseille 72, 73 simplement, sans paraître élitiste ou bégueule, que ce sport Prix des lycéens et apprentis, au programme, adhérents 74, 75 spectacle pas toujours très propre n’est qu’un divertissement peu formateur, et qu’on ne voit pas pourquoi il faut tant qu’il nous Festival du livre de la Canebière 76 à 79 coûte… La pression exercée par les lobbies de supporters sur les politiques n’a rien de l’épopée glorieuse, et entraîne un consensus contre lequel il est temps d’oser s’élever. RetrouveZ nos éditions précédentes AGNÈS FRESCHEL sur www.journalzibeline.fr 06 POLITIQUE CULTURELLE LA RÉFORME DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES Centralisme, Socialisme et Culture Le 26 mai se tenait à la Friche une grande réunion publique organisée par le Parti Socialiste à propos de la réforme territoriale, et de ses conséquences sur le monde culturel. Artistes, directeurs de structures, chargés de mission des collectivités territoriales, tous étaient là, attendant l’arrivée de Laurent Fabius, retardé par les mouvements sociaux pour la défense des retraites. Il arriva tout de même, mais laissa ainsi à Jean-Noël Guérini puis à © Agnès Mellon Michel Pezet l’occasion d’expliquer clairement la coûter cher, et faire perdre du temps. «Les élus retour sans précédent au centralisme, avec en plus réforme et ses dangers. locaux démêlent les conflits, écoutent les besoins un État en mauvaise santé.» Michel Pezet rappela des citoyens, des associations et des entreprises. le bilan positif du Département 13 et de la Région Suppression de la compétence 75% des investissements nationaux se font Paca en matière culturelle, et précisa qu’on ne peut générale localement. Et on veut faire croire qu’on paye les sans danger, ni sans réforme constitutionnelle, Les conséquences en seraient énormes. Il faut dire élus de proximité à ne rien faire ?» supprimer le «principe de subsidiarité» : celui-ci est que la culture en régions est financée par les inscrit dans la Constitution, et veut que la collectivités locales ou territoriales. Malgré la La loi et l’argent responsabilité d’une action publique soit allouée à décentralisation la grande majorité des dépenses Pour conclure le Président du Conseil Général la plus petite entité capable de résoudre le de l’État (les crédits centralisés) restent à Paris, et affirma que «si cette réforme s’applique, les acteurs problème d’elle-même. Cette recherche du niveau les dépenses des Directions Régionales (Drac) du culturels seront laissés à l’abandon», que «ce sera un pertinent d’action publique devrait, selon Michel Ministère ne représentent pas plus de 20% des Pezet, rendre simplement illégale la suppression de © Agnès Mellon © Agnès budgets de la culture en régions, et moins encore la compétence générale des collectivités si on exclut de ces statistiques l’Île de France. La territoriales. réforme des collectivités territoriales ne pourrait Mais est-ce vraiment le problème ? Que les qu’aggraver fortement ces inégalités entre Paris et collectivités gardent ou non le droit d’intervenir «Province», mettant à bas les bénéfices de 25 ans dans le champ culturel, par exception comme l’a de décentralisation, qui ont permis l’émergence laissé entendre le Président Sarkozy, n’a pas une puis l’affirmation d’une vie culturelle souvent plus grande importance. La diminution des recettes inventive, et démocratique, qu’à Paris. (suppression de la taxe professionnelle, diminution De quoi est-il question dans «cette prétendue des droits de mutation) et l’alourdissement réforme qui n’est en fait qu’une entreprise de vertigineux des charges obligatoires (la moitié du régression», comme l’affirme Jean-Noël Guérini ? budget du CG 13 est consacré au versement des De diminuer le pouvoir des collectivités territoriales minima sociaux, dont 67% aux Marseillais) «qui sont actuellement majoritairement de gauche» empêcheront de fait les collectivités d’intervenir en vue «d’éliminer l’opposition et de recentraliser le hors de leurs missions obligatoires. Le CG 13 et la pouvoir», mais aussi d’éviter «que le Sénat bascule Région PACA parviennent à maintenir un budget à gauche», les grands électeurs étant justement ces constant (dire qu’on s’en réjouit alors que cette élus locaux dont le gouvernement veut diminuer le stagnation est déjà si préjudiciable !), mais de nombre. Guérini balaya ensuite l’argument nombreux départements ont appliqué une économique avancé par le gouvernement, diminution de 20% de leurs subventions aux expliquant que les émoluments des élus associations culturelles, et n’investissent plus du représentaient «0.01% du budget des collectivités», tout. que «diviser par deux leur nombre n’allait pas diviser L’arrivée de Laurent Fabius sur scène lui permit de leur coût», et qu’en revanche construire de rebondir sur cette idée d’illégalité de la réforme, nouveaux services à l’échelle des métropoles allait en rappelant que le Conseil Constitutionnel «où

siègent Giscard et Chirac», n’allait pas des mesures et un programme, s’opposer à une «réforme qui favorise rappelant que le monde culturel la droite». «Cette réforme politicienne, attendait de la gauche qu’elle ait une véritable régression territoriale, a pour vision de la culture. but de détruire les magnifiques acquis Laurent Fabius répliqua que le PS y d’une décentralisation chère aux travaillait. Que la troisième étape de Français. La levée de bouclier a la décentralisation n’était pas provoqué une réaction du Président et envisageable si cette réforme fait germer cette idée d’exception pour s’appliquait. Que «si on n’arrivait pas la compétence culturelle. Mais à mettre un coup d’arrêt durant ce conserver cette compétence si rien ne mandat il faudrait y revenir après change au niveau financier ne sert à 2012». «Nos concitoyens ont de plus rien. Un effet de ciseau est imposé aux en plus conscience des liens entre ce collectivités, à qui on coupe les qu’ils vivent et les phénomènes recettes tout en augmentant les nationaux», assura-t-il, et pour cela charges. Vous pouvez disposer des plus il affirma «boire du petit lait quand il belles compétences du monde, sans entendait parler vraiment de moyen elles sont un leurre. Les politique.» Le gouvernement agit conserver permettrait même de pour «le tout fric» et pour «le bénéfice responsabiliser les collectivités qui de 5% de la population, c’est seront obligées de diminuer leurs effectivement une question subventions tout en conservant une d’idéologie.» Répondant donc aux compétence illusoire... Il faut donc sollicitations sur une vision nationale mettre en cause l’étranglement qui aille au-delà d’un simple combat financier.» sur la réforme territoriale, il dessina quelques lignes d’un programme «en Le programme culturel cours d’élaboration» visant à «renouer du PS ? le dialogue avec les artistes pour Vint ensuite, rapidement, le temps remettre au centre la vie culturelle», des questions, dans une rencontre qui «entrer dans une décentralisation se voulait ouverte. Elles furent nouvelle avec plus de moyens intelligentes, nombreuses, inquiètes. financiers et juridiques donnés aux Chacun semblait d’accord pour se collectivités territoriales, sans diminuer battre contre la réforme, le Synavi le rôle de l’État» et «une redéfinition appelant les députés à «voter contre des missions du Ministère de la Culture une loi qui renforcera les inégalités qui devra devenir aussi un ministère territoriales», et demandant comment des territoires.» agir. Mais chacun s’interrogea Sollicité, Laurent Fabius s’avança, également sur la pertinence des donc. «La culture est un pivot du politiques décentralisées de la développement, y compris du strict culture. Ainsi Raphaël Imbert, point de vue économique. Nous directeur de Nine Spirit, remercia le voulons la mettre au centre du projet CG de programmer des actions tel que nous allons le bâtir.» Mais il culturelles en collège, mais rappela ne calma pas pour autant les que les élus locaux ont tendance à inquiétudes. Celles de Pierre Grafféo, exiger des artistes des actions sans directeur du Sémaphore, qui rapport réel avec leur activité. expliquait qu’en 2012 son théâtre Annette Breuil, directrice des Salins, serait déjà mort. Ou de ceux qui rappela que les élus locaux, y compris déplorent la paupérisation déjà à les élus PS, diminuaient l’œuvre pour tous les artistes : «dans régulièrement les budgets de la deux ans il faudra des années pour culture, et que le PS au niveau remonter la pente.» national «restait souvent silencieux Le soupçon que le parti socialiste quant à son programme pour la s’interesse au monde culturel surtout culture». Raoul Lay, directeur de lorqu’il a besoin de son appui pour l’Ensemble Télémaque, s’excusa de combattre une réforme flottait trouver le propos «un peu léger», discrètement dans l’air. Reproche demanda à Laurent Fabius de parler injuste ? en termes idéologiques, d’annoncer AGNÈS FRESCHEL ET RENÉ DIAZ 08 POLITIQUE CULTURELLE AP-HM

L’assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, avec ses 15000 agents, ses 3500 lits et plus d’un milliard de budget, est le premier employeur de la région. Quand elle initie un projet culturel, c’est avec une ampleur inaccoutumée : ses Conversations de Salerne sont ambitieuses, et promettent de devenir dans les années à venir un laboratoire pertinent Le corps est esprit L’idée est de construire une pensée autour de la santé. Parce que les hôpitaux sont des lieux où des questions existentielles cruciales se posent quoti- diennement, interrogations liées à la naissance et à la mort, au rapport au corps et au genre, à l’esprit et à la santé mentale, à la foi aussi, historiquement. Mais la référence à Salerne est loin d’être innocente: il est aussi question de bâtir une culture méditerra- néenne de l’hôpital, une alternative à l’homogénéisation de l’OMS qui repose sur un modèle économique et idéologique anglo-saxon. De construire des rencontres médicales qui ne se centrent pas sur la diffusion des techniques, des savoirs et de l’hygiène, mais sur la place humaine du patient à l’hôpital. Avec pour ambition affichée de contribuer à infléchir le référentiel de l’OMS, afin © AP-HM qu’il puisse «bénéficier d’un rayon de soleil du Sud.» plaçant l’humain au centre, retrouver l’Humanisme. que. Christophe Haleb, chorégraphe, en résidence Dans ce projet-là, l’AP-HM n’avance pas seul : Puis Rafik Khalil rappela l’histoire, les Grecs et leur à l’Hôpital Psychiatrique Montperrin (pavillon 3bisf), centres universitaires, les Hôpitaux de Marseille Asclopeion, les premiers hôpitaux publics musul- expliqua l’importance de l’art en ces lieux, qui s’associent à l’Université de la Méditerranée et à mans, le moyen-âge en Europe et ses léproseries, parlent différemment du corps, de l’espace et du ses 74 labos, mais aussi aux hôpitaux universitaires puis les premiers établissements ouverts conçus au temps. de Bab-el Oued (Algérie), Rabat (Maroc), Tunis retour des Croisades… Quelques conceptions hu- Autant de Conversations qui ont donné à chaque (Tunisie), Alexandrie (Égypte), Beyrouth (Liban), manistes du soin furent développées : le courant patient potentiel, puisque nous sommes tous un Gênes (Italie) et Barcelone (Espagne). Les conver- holiste qui appelait à un approfondissement du jour ou l’autre voués à occuper ces lits de malades, sations auront lieu jusqu’en 2016 à Marseille chaque rapport médecin/patient dès les années 30, l’impression qu’il n’est pas perçu par l’univers année, et dans une des autres villes du pourtour l’hygiène de l’eau en Tunisie, la prise en charge des hospitalier comme une mécanique qui se coince, méditerranéen. Avec pour point d’orgue 2013, puis- infirmiers, fondée sur le soin aux personnes et non mais comme un être symbolique doté d’un esprit et que le projet est labellisé par la Capitale Culturelle, aux maladies… de sens. Rassurant, et formidable. et un thème pour chacune des 16 conversations. L’après-midi fut consacré à des échanges autour de AGNÈS FRESCHEL Les problèmes abordés mettront le patient et la l’éducation et l’art à l’hôpital. De la place des en- prise en compte de sa culture au centre des inter- seignants auprès des enfants malades, des «soins www.ap-hm.fr rogations. Par exemple on se demandera quelle est culturels» auprès d’adolescents en difficulté psychi- la culture alimentaire de l’hôpital, pourquoi les repas y sont insipides, et si on ne peut y concevoir une nourriture méditerranéenne qui échappe aux normes gustatives anglo-saxonnes… À Beyrouth, en novembre, il sera question de religions et de Pourquoi Salerne ? spiritualité, à Rabat du Beau à l’hôpital, puis de la L’École a une légende idéale… Elle rapporte que le foyer médical de Salerne, ville de la côte amalfienne, prise en compte de la famille, de la diffusion des a été fondé conjointement par un Grec, un Romain (Salernus), un Juif et un Sarrasin à l’époque de la savoirs thérapeutiques… chute de l’Empire Romain. Quoi qu’il en soit, à côté d’un hôpital bénédictin fondé au VIIe siècle, une université est attestée dès le IXe siècle : on y traduit activement Le premier jour les textes grecs, on y enseigne bien sûr, et on observe, examine, Le 29 mai à l’Alcazar a donc eu lieu la première soigne les patients, tout en rassemblant et diffusant les savoirs. conversation : L’Humain à part-entière. Il y fut La médecine est pratiquée et enseignée par les deux sexes, question le matin de «médicalisation et humani- dépasse les doctrines religieuses, œuvre à ce que les langues de sation dans l’histoire de la médecine et de l’hôpital». publication ne soient pas un obstacle, et répand les pratiques Pierre le Coz précisa les divers sens du mot héritées ou découvertes. L’École de Salerne voit son apogée au culture: la recherche de valeurs universelles XIe siècle, avec l’arrivée de Constantin l’Africain, et la fondées sur les Humanités s’oppose aux cultures publication par Trotula d’un traité des maladies des femmes… anthropologiques particulières, mais la prise en Miniature représentant l'École de Médecine de Salerne à partir compte des diversités culturelles, leur étude d'une copie du Canon de la médecine d'Avicenne approfondie pourrait rejoindre l’universel et, en MARSEILLE PROVENCE 2013 | MUCEM POLITIQUE CULTURELLE 09 Investir pour 2013, et après Il est plus que temps. De confirmer Pourtant, il confesse que certaines difficultés provien- après !». Ces dépenses correspondent, pour Marseille, nent d’un état d’esprit particulier à Marseille, qui transforme «aux besoins dont a fait part Monsieur Latarjet» : le CG clairement les engagements quant l’inquiétude en une paralysie méfiante, et non en force financera à sa demande une partie du Palais Long- aux investissements prévus pour positive. Il est vrai qu’ici personne ne semblait croire champ, de l’Ilot 3 de la Friche, de l’aménagement de 2013… et d’avancer les travaux. à la candidature, et que depuis chacun fait la moue l’espace du J1, la salle de concert du Palais Carli devant les avancées. «Il faut absolument coordonner (Conservatoire) et cela pour un montant de 5 millions Si Bernard Latarjet affirme qu’il n’y a «aucune difficulté les projets, nous avons un besoin de cohérence et de po- d’euros, en dehors des 19,5 Md’€ du MuCEM (déjà voté). quant au budget de fonction-nement et au programme litique commune qui sorte des prés carrés politiques» L’autre partie des dépenses se concentrera sur la ville des activités de préfiguration de 2013», s’il avance «ne affirmait Michel Pezet. d’Arles : outre les travaux du Museon Arlaten (30 Md’€) pas avoir d’inquiétude sur les engagements», l’État Car cette conférence de presse sur les investissements et du Théâtre Antique (7 Md’€) déjà votés, «le Conseil devant confirmer son programme d’investissement pour Marseille 2013 avait lieu au Conseil général 13, général votera le 18 juin une enveloppe supplémen- dans les prochains jours, ainsi que la Ville de Marseille, Michel Pezet voulant «lever les malentendus» sur la taire pour l’extension du Musée départemental Arles il avoue aujourd’hui son «inquiétude quant aux délais». confiance et l’engagement du CG envers l’association Antique». Les résultats formidables du MdAA, à la La «gestion du compte à rebours est extrêmement Marseille Provence 2013. «Nous ne savons pas où en grande pertinence, à la muséographie magistrale, aux tendue. C’est encore jouable, mais de nombreuses est le calendrier, il n’y a pas de plan de financement actions pédagogiques exemplaires, et au succès épées de Damoclès sont entre les mains des maîtres inscrit dans le temps. Mais cela concerne les enga- phénoménal (216.000 visiteurs de l’exposition César) d’ouvrage, et flottent au-dessus des têtes.» gements de la Ville de Marseille et de l’État : pour ce expliquent cet investissement supplémentaire, financé Et lorsqu’on lui demande, étant donnés les problèmes projet c’est Monsieur Latarjet qui a tout fait, et il a tou- totalement par le Conseil général, et destiné en grande de la Criée, de l’Opéra de Marseille, les retards d’allu- jours eu le soutien entier du Conseil général, depuis le partie à la barge romaine de 30m de long découverte mage du MuCEM etc… si des solutions de repli sont début de la candidature.» dans le Rhône, et qu’il conviendrait de sortir, de res- prévues, sa réponse est claire «Nous réfléchissons forcé- Un soutien qui se traduit aujourd’hui en budgets sup- taurer et d’exposer. ment à des plans B, mais la grande expo par exemple plémentaires : on sait que le Conseil général 13 a Une entreprise passionnante… qui ne suffit pas à ex- dépend de la rénovation du Palais Longchamp. Non maintenu les sommes globales allouées régulièrement pliquer le déséquilibre territorial : si Arles et Marseille seulement aucun plan B n’est envisageable pour une ex- à la culture -investissement et fonctionnement- et voté ont grand besoin du CG, elles ne sont pas les seules position de cette ampleur, mais aucun échec n’est des budgets spécifiques de fonctionnement (12,5 Md’€) qui nécessitent des investissements culturels. La possible. Vous imaginez-vous que nous puissions ren- pour Marseille 2013 sans entamer ces dépenses cou- disparition de la taxe professionnelle va faire plonger voyer les tableaux à l’Ermitage, au British Museum ou rantes. Jean-Noël Guérini annonce à présent «les bien des territoires. au Moma avec un mot d’excuse ?» investissements spécifiques pour préparer 2013. Et AGNÈS FRESCHEL Regards neufs sur le MuCEM En prélude à l’inauguration du Musée des que 60 artistes âgés de moins de 30 ans de partage qui animent Imaginez main- Comité artistique : actOral / Civilisations de l’Europe et de la Médi- ont été choisis par un comité artistique tenant, quid de la création ? Dès les montévidéo, A.M.I, Daki Ling, terranée en 2013, les jeunes créateurs composé d’acteurs culturels du territoire premiers instants, le collectif Wagon- DFragment, FID Marseille, La MesÓn, entrouvrent la porte du Fort Saint-Jean attentifs à mettre en valeur leurs pro- Landscaping nous plonge dans «un L’Officina / Festival Dansem, MuCEM, pour 4 jours. Un événement car les ruines jets et à créer des passerelles avec les jardin éphémère, imaginatif et contem- OSF Production du Fort sont rarement accessibles au jeunes et le monde professionnel : ainsi, porain, inspiré des folies du 18e siècle», public. L’initiative est portée par Mar- de nombreux étudiants spécialisés en invitation à regarder différemment l’envi- Imaginez maintenant seille Provence 2013 et s’inscrit dans le arts et culture participent aux prépara- ronnement naturel du Fort, terrasses en Du 1er au 4 juillet cadre de la manifestation nationale Ima- tifs de l’opération et contribuent à son pierre blanche, pelouses sèches et Fort St-Jean, Marseille ginez maintenant du ministère de la bouillonnement… ruines, revisité au travers d’un parcours www.imaginezmaintenant.com Jeunesse et des Solidarités actives. Quel- Au-delà des valeurs de transmission et déambulatoire, sonore, visuel et aro- matique. Surprises, surprises… La visite Une liquidation, Last Cie © Elise Tamisier continue avec le projet in situ de Last Compagnie autour de sa prochaine créa- tion Une liquidation d’après un texte de

Les beatboxers Liliane Giraudon (à découvrir à Act’Oral MicFlow et Tiko 2010), la programmation d’artistes de la © X-D.R. scène émergente régionale en musiques actuelles (avec le festival Mimi). Avec la projection en boucle à la Caserne de 8 courts et moyens-métrages (avec le FID Marseille) ou encore les œuvres de 4 chorégraphes du bassin méditerra- néen (avec L’Officina)… Jour et nuit les formes artistiques se succèderont tou- tes les 30 minutes pour nous faire goûter maintenant aux délices du futur MuCEM, lieu emblématique de l’histoire et de l’avenir de Marseille. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 10 FESTIVALS AVIGNON OFF Complètement OFF ! Du 8 au 31 juillet, le Festival Off, Petit Chien accueille Le Jeu de la continue à multiplier spectacles et Mémoire de Gérard Vantaggioli, dans événements (1100) avec plus de 900 lequel Stéphanie Lanier, seule en compagnies dans 123 lieux (105 en scène, joue un voyage intérieur 2009). Le Off dépassera-t-il également captivant. Motobécane par la Cie le nombre de billets vendus en 2009, Macartan avec Bernard Crombey, succès soit 1,2 millions ? du festival 2009, y sera également Mené par l’association Avignon Festival repris. & compagnies, sous la présidence La scène belge des Doms a concocté à désormais entérinée de Greg Germain, nouveau un programme appétissant avec le Off poursuit ses efforts de pour la 1ère fois l’accueil d’un spectacle coordination et de structuration. Au jeune public, Boites du Nuna Théâtre, et risque de perdre quelquefois en qualité 5 autres spectacles à aller voir les yeux artistique, il tente de devenir le plus -presque- fermés. D’autant que les Doms grand festival de théâtre du monde, en restent les seuls à accueillir les rivalisant avec son principal concurrent, compagnies dans des conditions le Festival Fringe d’Edimburg, qui Simples mortels d’Alain Timar au Théâtre des Halles © Manuel Pascual financières décentes… Mais le lieu accueille 2000 spectacles en août. femmes ouvrières à la Manufacture des Sur la scène du Balcon, Serge Barbuscia précisément dédié au jeune public, reste Cette édition est dédiée à André tabacs de Marseille. reprend J’ai soif et la Cie Uppercut Huis le Festival Théâtr’Enfants, qui offre 14 Benedetto : Greg Germain, rappelle que Alain Timar présente au Théâtre des Clos, dans une mise en scène simple propositions artistiques à partager en le fondateur du Off «en présentant Halles ses deux dernières créations. fondée sur le talent des jeunes acteurs, famille, du 7 au 24 juillet. L’Auguste Statues en 1966, a créé un appel d’air Simples mortels adapté du roman de qui tourne dans la région depuis trois Théâtre présentera L’Arche part à 8 h, et dans lequel d’autres artistes se sont Philippe de la Genardière, un objet ans. À la Fabrik’Théâtre, qui vient le collectif 2 Temps 3 mouvements engouffrés». Une exposition lui sera étonnant entre dépression et lumière, et d’apprendre son interdiction d’organiser reprendra sa remarquable création Sous consacrée à l’Espace Vaucluse. Rhinocéros de Ionesco revisité en langue des concerts et autres évènements trop nos yeux. Le Village du Off, situé dans l’école coréenne (surtitré). 6 autres spectacles sonores, le festival continue avec DELPHINE MICHELANGELI Thiers, sera un nouveau lieu de réflexion seront présentés, dont Menschel et notamment 3 créations du Kronope dont et de rencontre. Ouvert au public, aux Romanska de Hanokh Levin par la Cie la dernière Rumeurs… Les possédées de Festival Off, Avignon artistes, aux professionnels, il abritera le La jolie Pourpoise et La Madone des Loundun, entre vérité historique et Du 8 au 31 juillet Bar du Off, les débats professionnels et Dancings par la Cie la Bouche d’ombre. société d’aujourd’hui. Le Théâtre du www.avignonleoff.com les chroniques critiques, une salle d’exposition retraçant 40 ans de théâtre et de danse en Belgique Francophone, des rencontres danse, des forums. Réjouissances alternatives Les salles incontournables Plus éphémères ou plus confidentiels, certains lieux accueilleront Le programme papier, tiré à 130 000 exemplaires, ne sortant des cartons que des compagnies qui méritent pourtant un éclairage fort et durable le 1er juillet et le 15 juin sur le site, Le Musée Fujak offre une programmation originale riche de dégustation de 8 plats de maître, vins d’excellence et Zibeline a opéré une sélection forcément talents. Signalons, entre autres, un événement du 11 au 13 comédiens fabuleux autour de la Fontaine. non exhaustive de spectacles reconnus juillet Autour de la folie avec spectacles, films, débat et La Cie Illico/Thomas Lebrun multiplie son ancrage dans le ou alléchants, dans les théâtres établis performance, Les Phasmes, trio d’improvisation du collectif festival en jouant d’une part dans le Off à l’Espace Pasteur de la ville. Inouï les 21 et 22 juillet et Reconstitution de Gabily avec Alain Allone #3 puis la Constellation consternée, et en intervenant Au Théâtre des Carmes 6 spectacles Cesco-Resia du 23 au 29. dans les Sujets à vif avec la création du solo Parfois, le corps alimenteront le festival, dont l’Asticot de La Manufacture pour la dixième saison, combine une n’a pas de cœur. Shakespeare avec Clémence Massart. En programmation pointue à un vrai lieu de vie et de rencontres, Et une bonne surprise : le chapiteau Mazouing au centre de clé de voûte et fin de soirée du 15 au avec notamment Christian Mazzuchini dans Mythomane loisirs de la Barthelasse renaît sous la houlette de la Cie Onstap. 24, Urgent Crier, autour de l’œuvre d’après Serge Valletti et les soirées Nightshot où se mêlent Leur duo gagnant Parce qu’on va rien lâcher sera bien sûr poétique de Benedetto mis en scène par théâtre, musique et vidéo. présent, à côté d’invités tout aussi talentueux, dont le génial Claude Djian, avec chaque soir un thème Au Théâtre de la Poulie, la Cie du Grand soir débarque avec La Hamid Ben Mahi dans La géographie du danger, un solo «coup et des intervenants différents dont Vie de Galilée de Bertolt Brecht, un cabaret débridé, lyrique et de poing» sur le parcours d’un sans-papiers. Bernard Lubat et Philippe Caubère. musical dans lequel on ne devrait pas s’ennuyer. De l’autre côté DE.M. Le Théâtre du Chêne Noir, qui reste en des Remparts, la Cie Mises en Scène continue à affirmer ses La Peau dure au 23 place des Carmes © X-D.R. dehors de l’adhésion au Off, reçoit une liens entre artistique et social avec sa nouvelle création La foule d’artistes : Jean-Michel Ribes, Répartition des mouches de Jean Cagnard, mise en scène par Jérôme Savary, Romane Bohringer, Michèle Addala, à l’Entrepôt. Tandis que le Théâtre des François Bourcier, Daniel Mesguich, Remparts accueille une mise en scène limpide et forte créée Marc Hollogne, Michel Dussarat, Diana au Gyptis à Marseille : La Chute de Camus, portée avec talent Dobreva, Patrick Robine… À noter, la par Philippe Séjourné, de la Cie Tetra Art. dernière création de Gérard Gélas avec La Cie Fraction de Jean-François Matignon présente au 23 Olivier Sitruk et Jacques Frantz, place des Carmes La Peau dure de Guerin dans une version Ernesto Che Guevara, la dernière nuit et le déambulatoire en appartement. Du 9 au 11 juillet à la Maison très sensible Carmenseitas d’Edmonde des Vins, la Cie de l’Imprimerie s’associe au Délirium et au chef Franchi, mis en scène par Agnès étoilé Christian Etienne pour créer Fables, un objet surprenant Régolo, qui retrace la mémoire des et gourmand, véritable braquage des sens, qui réunit une AVIGNON FESTIVALS 11 La performance dans le viseur Du 7 au 27 juillet, le 64e Festival d’Avignon, dédié à Alain Crombecque, directeur du festival de 1985 à 1992, entend réaffirmer sa place de laboratoire de la création contemporaine En associant le metteur en scène suisse Christoph Marthaler et l’écrivain Olivier Cadiot, deux artistes qui circulent hors des sentiers balisés du théâtre, les directeurs du Festival désirent sans doute retourner aux fondamentaux qui ont fait la réputation d’Avignon : un goût du risque, de la performance, de la danse, un appétit de nouveaux talents et un intérêt affirmé pour les représentations du monde. Du côté des textes Le répertoire a néanmoins une place dans cette édition, La danseuse malade, Boris Charmatz © Fred Kihn. notamment avec la reprise de La Tragédie du Roi Richard monologue Un Mage en été, «une drôle de chose entre Et encore… II, créé en 1947 par Jean Vilar, dans la Cour livre ouvert et performance» interprété par son double Pour finir but not least : le Festival d’Avignon donne d’Honneur. Denis Podalydès, dans le rôle-titre du scénique Laurent Poitrenaux, à l’Opéra théâtre du 21 toujours l’occasion d’assister à des cycles passionnants spectacle mythique du festival, sera mis en scène par au 27. de lectures, à des petites formes de danse, à des expos Jean-Baptiste Sastre, qui s’appuie sur une nouvelle (voir p 65), à des rencontres (voir p 74), théâtre d’idées traduction de Frédéric Boyer. François Orsoni monte Performance, danse et rock ou prise de paroles des artistes quant à leur travail. C’est Baal de Brecht avec Clotilde Hesme et Valérie Dreville Rodolphe Burger est le ciment rock de cette édition. là aussi (surtout ?) que le théâtre de demain se pense revient avec Didier Galas, dans Délire à deux de Plusieurs rendez-vous, sans compter la création et se fabrique. Ne vous privez pas de ces bonheurs Ionesco. Le Procès de Kafka sera revisité «façon Buster musicale du Nid de Cadiot, vont ouvrir sans aucun doute offerts en journée… Keaton» par Andreas Kriegenburg. Et le metteur en le festival à un nouveau public. Un Bal du 14 juillet sur DELPHINE MICHELANGELI ET AGNES FRESCHEL scène flamand Guy Cassiers revoit L’Homme sans les bords du Rhône en entrée libre, la reprise du qualités de Robert Musil : un monument de la Cantique des Cantiques le 16 (créé à l’origine pour Festival d’Avignon littérature par un des plus grands metteurs en scène Bashung) au temple St Martial (un coup de fouet au Du 7 au 27 juillet actuels, à l’écriture scénique proprement bouleversante. Cycle de Musiques Sacrées !) et un singulier Concert 04 90 14 14 14 Quant à Stanislas Nordey, un autre habitué du festival, Dessiné à la Cour le 24 juillet. Pascal Dusapin, musicien www.festival-avignon.com il «fait le pari d’une aventure un peu commando» avec rôdant parfois hors des chapelles françaises de la My Secret Garden, sur un texte de Falk Richter. musique contemporaine, sera également de la fête, avec un Concert le 19 juillet au Cloître des Carmes. Mélange de genres Puis, un véritable défilé d’artistes performers, dans des Les artistes associés, aux univers opposés mais styles différents et souvent radicaux, sur les planches finalement très complémentaires, ne s’étaient jamais du festival. L’espagnole Angélica Liddell («pour ceux éprouvés avant cette édition. À eux deux, ils vont qui veulent vivre des expériences physiques fortes») «musicaliser» le festival et lui offrir, de surcroit, de livrera une geste artistique de 5 heures sur la violence belles échappées humanistes. faite aux femmes dans La Casa de la Fuerza. Massimo Christoph Marthaler, dont l’univers est pétri d’airs Furlan revisitera l’événement de l’Eurovision avec 1973. d’opéra fredonnés, d’un imaginaire d’entomologiste La plasticienne chorégraphe Gisèle Vienne créera This expérimentateur, et de références visuelles décaties, is how you will disappear. La bande déjantée de inaugurera le festival avec sa scénographe Anna Philippe Quesne, proche de la démarche de Marthaler, Viebrock, en créant un mini-événement inspiré et créé fera le buzz, on l’espère, comme l’an passé avec La exclusivement pour la Cour d’Honneur : Papperlapapp. Mélancolie des Dragons, avec Big Bang. Julie Andrée T. Puis l’intrigant Schutz vor der Zukunft (se protéger de divaguera sur le Rouge dans une expérience plastique et l’avenir), monté à l’origine dans un hôpital à Vienne, Jean-Lambert Wild offrira une Fable d’après la Chèvre sera repris dans un dispositif déambulatoire au Gymnase de Monsieur Seguin au Gymnase Mistral. du collège (très) privé Champfleury, un nouveau lieu Côté danse le Festival renoue avec une programmation extra-muros. ambitieuse et variée, avec trois chorégraphes Olivier Cadiot, qui verse nettement plus dans l’écriture incontournables Anna Teresa De Keersmaeker, Josef textuelle, s’avancera pourtant lui aussi sur des Nadj et Alain Platel (qui inaugurera une nouvelle salle territoires moins écrits : après avoir fait une halte dans du festival à Vedène du 9 au 12 juillet), puis le groupe le décor de Marthaler au Palais des Papes avec une acrobatique de Tanger, toujours sublime, les lecture de l’Affaire Robinson, crée une boite à images recherches facétieuses de Pierre Rigal. Quant à Boris dans Un Nid pour quoi faire avec 9 acteurs Charmatz, l’artiste associé 2011, il présentera deux performers, autour de l’histoire un peu folle de l’exil facettes de son travail, dont La danseuse malade avec d’un roi d’aujourd’hui au Gymnase Gérard Philipe. Il Jeanne Balibar. monte ensuite, avec son complice Ludovic Lagarde, le 12 FESTIVALS THÉÂTRE Chartreuse pointue Pour la 37e saison, le Centre national des écritures et 4 sept., dans le cadre du 20e anniversaire d’Inouï du spectacle de la Chartreuse a concocté du 7 Productions, le groupe inclassable Volapük en juillet au 4 sept. un programme riche de parcours concert et les performances musicales de Piero artistiques transdisciplinaires et de talents nova- Coiffard dans Répercussions. teurs, voire performers. À noter le renouvellement DE.M. de la collaboration avec le Festival d’Avignon, dont le spectacle La Mort d’Adam (deuxième mélopée de l’Hypogée) de Jean Lambert-Wild créé du 8 au 15 Cloitre St-Jean © X-D.R. Rencontres d’été juillet et Car j’étais avec eux tout le temps, un Du 7 juillet au 4 sept parcours sonore de Sébastien Roux et Célia Houdart, La Chartreuse, Villeneuve-Lez-Avignon avec Laurent Poitrenaux. 04 90 15 24 24 Une pléiade d’expérimentations, très technolo- www.chartreuse.org giques, sont programmées en ces murs médiévaux peuplés de silence et de chapitres sans voix : Le Bardo par la Cie Haut et court, pour 1 spectateur tres du Globe, auront lieu des micro-débats, des toutes les 6 minutes ; Distorsions urbaines, une ins- échanges avec le public, des lectures, des instal- tallation performance du groupe t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e lations, dont Astéroïde, performances avec mon 2010. Tout le mois de juillet, dans le cadre de Théâ- ordinateur conçu par Valérie Cordy. À noter, les 3 Le courant passe Les Comités d’entreprises sont Nénéka, Rosa la Rouge de Claire aujourd’hui fort rares à faire leur Diterzi et Marcial di Fonzo Bo, des travail culturel, préférant promouvoir fables sur la perception de l’art (Le des artistes Zenith que la création RoOua ou le peuple des rois), une contemporaine ! Le CCAS, Caisse journée avec Villeneuve en scène Centrale d’Activités Sociales des (avec L’opéra Pagaï et la Cie personnels électriciens-gaziers, Oposito). Tout cela en entrée libre

persiste dans les hautes missions Festival Contre courant 2009 © Eric Raz (sur réservation !), sur l’Île de la d’éducation populaire, et de soutien à Barthelasse, entre deux mondes, la création, que s’étaient fixés les CE avec deux ou trois propositions par dans les années 70, en particulier en soirée. proposant chaque année depuis 7 ans A.F. un Contre courant passionnant, lieu où la réflexion sur l’art n’est jamais Contre courant, Avignon éloigné du politique, et du social. Du 9 au 17 juillet Pour preuve cette année encore ? Un 06 80 37 01 77 Brecht, Jean la Chance de la Cie www.ccas-contre-courant.org L’itinérance se pose Villeneuve en scène s’affirme aujourd’hui comme l’événement phare du Théâtre Itinérant. De l’autre côté du Rhône, à Villeneuve les Avignon, sous la Chartreuse, hors du four (passionnant !) du festival et du off, Villeneuve en scène propose une autre pléthore, mais avec un sens différent de l’accueil : des chapiteaux, des guinguettes, des spectateurs assis en famille sur l’herbe haute entre deux spectacles… mais surtout 25 spectacles de choix jouant presque tous les jours de 10h à minuit, une journée professionnelle, trois belles propositions jeune public… Au programme ? Le Buchinger’s boot marionette qui revient, un texte inédit de Vaclav Havel, Kaina Marseille de Catherine Zambon, les ArTpenteurs qui montent le délicieux texte de Roy Lewis Pourquoi j’ai mangé mon père… du théâtre visuel, du théâtre de texte, et beaucoup d’histoires venues du monde entier et transportées avec enthousiasme et générosité ! A.F.

Villeneuve en scène Du 3 au 23 juillet 04 32 75 15 95 www.villeneuve-en-scene.fr Du theatre in vivo avec Opera Pagai © X-D.R. Pagai Opera avec vivo in theatre Du Grand public dans les Cours

Les Trois Mousquetaires © R. Dauphin Depuis vingt et un ans, à quelques pas Séra. Avant-dernier spectacle, le 10, Un de la suractivité avignonnaise, le de la Canebière, l’opérette marseillaise festival Théâtre Côté Cour, à Salon, pro- de Vincent Scotto est complètement meut un théâtre populaire au rythme dépoussiérée par la troupe des Car- d’un spectacle tous les deux jours. Il boni: Fred Muhl signe-là une mise en offre ainsi un rendez-vous grand public scène vive, rythmée, enjouée qui alliant plaisir et exigence dans le cadre touche au but, l’émotion se transfor- exceptionnel des Cours d’Honneur et mant souvent en éclat de rire général. Renaissance du Château de l’Emperi. Puis place aux stars pour clore le festi- Au programme cette année, du théâtre val, le 12, avec un classique du vaudeville, classique et musical, quatre pièces à Chat en Poche de Georges Feydeau : commencer par la création 2010 de la Valérie Mairesse, Jean Benguigui, Arthur Cie Comédiens et Compagnie, La Nuit Jugnot, Gérard Rinaldi… joueront des des rois de Shakespeare, qui fait l’ou- quiproquos autour d’un Faust d’antho- verture le 5 juillet : les douze comédiens logie ! allient jeu de masques, danses, acro- DO.M. baties et musique avec la farce et la poésie dans un spectacle total. Puis le 21e festival Théâtre Côté Cour 8, les fameux Trois Mousquetaires se Du 5 au 12 juillet trouveront transformés par une mise en Château de l’Emperi, Salon scène moderne, mais toujours en 04 90 56 00 82 costume et fidèle au texte de Dumas, http://theatrecotecour.perso.neuf.fr de la dynamique et ludique Cie Qué Douces nuits… Le Festival des nuits de l’Enclave des sa chorale du Delta et le Congo Square Papes embrasse tout autant le théâtre swinguer les rues. Bien avant que l’An- que la musique, la littérature que la tioch Chambers Ensemble ne clôture peinture. Par la voix de Marie-Christine les festivités… Entre deux représenta- Barrault, les poèmes de Robert et Clara tions, on pourra participer aux conférences Schumann rencontrent le quatuor Lud- de Jean Lacouture et Bruno de Cessole, wig, celle de Francis Huster fait renaître déambuler dans la cité au rythme du La Traversée de Paris de Marcel Aymé. grand orchestre de Michel Zenino ou Quand ce n’est pas Knock de Jules Ro- découvrir au Salon de l’Enclave les mains qui prend corps avec le théâtre œuvres d’Yvon Taillandier et les scul- Kronope (voir Zib’17) ou Albert Camus ptures de Jean-Alexandre Delattre. Le avec la Cie Tetra-Art (La Chute, voir thème de l’exposition ? La musique, le Zib’24). Nuits de la littérature ou Nuits théâtre, l’écriture et la peinture bien théâtrales ? toujours le même amour du sûr ! texte avec la création Madame Shakes- M.G.-G. peare, lettres imaginées par Anca Visdei, où l’on retrouve deux acteurs aux Festival des nuits de l’Enclave Molières : Sonia Vollereaux et Nicolas des Papes, Valréas Vaude. La musique aussi berce les nuits Du 16 juillet au 15 août à l’heure où l’on inaugure l’orgue 04 90 28 12 51 restauré de l’église Notre dame de www.festivaldesnuits.com Nazareth, où Coline Serreau fait chanter 14 FESTIVALS DANSE Un festival d’exceptions Vaison Danses fête ses 15 ans digne- reste la meilleure ambassadrice du ment avec un programme de choix. style Odissi, plurimillénaire. Le Fuente- Dans un des plus beaux théâtres ro- ovejuna de la compania Antonio mains de la région, le Festival poursuit Gades mêle, quant à lui, flamenco et la politique qui a fait son succès, en danses espagnoles (les 21 et 22 proposant des spectacles qui peuvent juillet), tandis que l’Africa Umoja (27 ravir un public large, du touriste inter- juillet) nous plonge dans l’énergie tel- national aux habitants de cette lurique des danses Zoulou sud-africaines. Provence vallonnée… tout en misant Trois propositions accompagnées de sans concession sur une exigence es- musique live, spécificité trop rare… thétique chorégraphique et musicale : L’univers contemporain de Sidi Larbi quiconque a assisté aux éditions pré- Cherkaoui, qui depuis quelques années cédentes sait la grande qualité technique explore les échos traditionnels qui de ces représentations où l’équilibre peuvent nourrir sa danse, rencontre Madhavi Mudgal & Dancers © Ajay Lal sonore n’a rien à envier à la précision celui de Maria Pages : ils ont élaboré s’affrontent avec les élans de leur Vaison danses des éclairages. Un travail de pros, un flamenco fluide comme le sable, désir, dans un univers trop champêtre, Du 9 au 27 juillet envié par bien des festivals. pour explorer des dunes communes ou sur des bancs de bois… Et puis il 04 90 28 74 74 Le programme est à la hauteur du (Dunas le 19 juillet). Le Ballet Preljocaj, y aura le Cirque invisible, spectacle www.vaison-danses.com perfectionnisme technique : côté heureux familier de ce théâtre magique, magique, tout public mais réservé aux international, le festival de Vaison-la- vient danser son programme Stravinsky : poètes : Jean-Baptiste Thiérrée et Romaine s’ouvre le 9 juillet avec Noces et Le Sacre du printemps (le 16 Victoria Chaplin restent, après 30 l’univers indien de Madhavi Mudgal, juillet), sans musique live, mais avec ans, de sublimes maîtres d’œuvre (les qui avec sa création pour 26 danseuses la violence émouvante des corps qui 12 et 13 juillet)… A.F. Développement décentralisé Non content de produire chaque année, l’hiver, un présente une malicieuse Stratégie de l’échec (voir des festivals de danse contemporaine les plus Zib’24). On retrouve également le monde particulier aventureux qui soit, le Centre de développement de Fabrice Ramalingon (Languedoc-Roussillon) et chorégraphique Les Hivernales prend depuis 2005 Espaço Contratempo, la création 2009 de Kubilai ses quartiers d’été en invitant chez lui, durant deux Kahn Investigations (voir Zib’25). Pour finir vos semaines au cours du Festival d’Avignon, des soirées à 21h la Cie Dorina Fauer dans un trio de compagnies promues par les régions… voisines danseurs acrobates : la programmation de danse d’une manière ou d’une autre ! Ainsi le Piémont, qui belge, élaborée avec le voisin des Doms, est n’est pas loin, et la Wallonie (le théâtre des Doms toujours fructueuse… Et bien sûr, comme toujours est tout proche, qui programme du théâtre belge) et aux Hivernales, des stages émaillent les journées, bien sûr le Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes, et des rencontres nombreuses font parler la danse ! Cie Dorina Fauer © D. Fauer promeuvent chacun une ou deux compagnies qui A.F. travaillent dans leur territoire. Quoi de mieux pour décentraliser les échanges ? Les Hivernales servent Quand les régions s’en mêlent donc chaque jour de plateau interrégional de la Les Hivernales, Avignon danse… Cela commence dès 10h avec la Cie Du 11 au 23 juillet (relâche le 17) piémontaise Tecnologia Filosofica, puis à 11h30 le 04 90 82 33 12 Collectif 2 Temps 3 Mouvements (PACA) qui www.hivernales-avignon.com Bienvenue chez vous Le titre du festival peut paraître bien Cie M'Bolo © X-D.R Malade imaginaire très remuant, la Cie modeste… Mais Danser dans le canton Marie Hélène Desmaris, qui propose signifie vraiment inscrire l’art dans la aux enfants un conte dansé japonais, réalité d’un territoire. En travaillant et la Cie Gabonaise M’Bolo, qui tra- avec les enfants de Jouques, mais vaille sur un mythe des origines qui aussi en tournant en Afrique, la Cie rejoint par certains aspects la démar- Campo fait des rencontres, qu’elle met che de C(h)oeur de pierre. en rapport avec l’histoire et le patri- A.F. moine du pays où elle vit. Ainsi de la pièce C(h)oeur de pierre qui prend ses Danse dans le canton appuis dans les murs médiévaux et les Meyrargues, Peyrolles, Saint-Paul décors naturels, et la musique de les Durance, Pertuis Baroque Graffiti ; la Cie Campo invite du 24 juin au 31 juillet aussi d’autres artistes à rejoindre sa 04 91 42 21 46 démarche : la Cie le Souffle avec un http://cie.campo.free.fr PLURIDISCIPLINAIRE FESTIVALS 15 Le Var met son été en quatre Attentif à la spécificité de son territoire, vaste et création d’Oïnos dans l’Atrium du Conseil général : de François Rossé, reprise le lendemain à Marseille. contrasté par ses paysages et ses populations, le 300 enfants des écoles du Var encadrés par quelques La tournée départementale des arts de la rue, organisée département du Var conçoit depuis plusieurs années chœurs constitués et Musicatreize créeront cette œuvre par Karwann, a débuté le 5 juin et se poursuit jusqu’au des événements culturels qui irriguent ses pays enclavés 20, avec la Cie Transphalt, l’Orphéon Théâtre et le Bus et s’adressent à tous : en été, plus de 50 manifestations expo (voir Zib’ 29) : Saint Maximin (le 19 juin) et Le sont offertes aux habitants, mais aussi aux nombreux Cannet des Maures (le 20 juin) accueilleront ces touristes. Horace Lanfranchi, Président du Conseil journées poétiques et pédagogiques, relevant d’une général du Var, précise clairement son objectif, qui est autre conception de l’art en espaces publics. de «mettre la culture à portée du plus grand nombre» en Comme chaque année lui succèdera la Tournée Opéra : diminuant «les obstacles financiers» et «l’éloignement c’est l’ensemble de la Maison toulonnaise qui part sur géographique». Et pour cela, cette année, un nouveau les routes, en commençant par le Ballet le 3 juillet à La festival s’ajoute aux trois tournées estivales. Celle, le 8 à Régusse, le 11 au Plan de la Tour, et en Les 25 et 26 juin la ville de Toulon va animer ses places, continuant par l’Orchestre : Flayosc le 16, Cabasse le

ses ruelles et ses marchés grâce au savoir-faire de Lieux Le SNOB et CieLucas Glisssssssssendo © Vincent 18, Cuers le 20 et Tourrettes le 21. Enfin, pour publics, Centre National des Arts de la Rue : au conclure, dans l’immense basilique de Saint Maximin, programme, après deux jours d’interventions urbaines le Choeur se joindra au Chœur régional PACA pour discrètes pour entrer dans l’ambiance (les 23 et 24 interpréter Marie Magdelena de Massenet (le 21). juin), la fanfare glissante de Glissendo, la dernière Pour le troisième temps de cette valse, la passionnante création de Kubilaï Khan Investigations (voir p 40), Tournée Jazz en août… nous y reviendrons ! un concert de public initié par Pierre Sauvageot, un A.F. FlashRue où Caroline Selig entraîne les volontaires dans des actes incongrus qui secouent les habitudes… En En lieux et places de Toulon tout une trentaine de compagnies, venues de toute Du 23 au 26 juin l’Europe et des rives méditerranéennes, pour la première Tournées départementales d’été, Var édition d’un festival destiné à grandir. Jusqu’au 27 août Autre forme d’intervention durant ce week-end : la www.var.fr Les mômes font leur festival À Auriol et Aubagne, Festimôme réinvente l’espace d’Europe et d’ailleurs. De quoi transformer les enfants en coups de poing (Et ta Sœur ?). La carte de France se urbain par le spectacle à travers 40 représentations adeptes de l’art, d’autant que Festimôme ménage une dessine avec Fanfan la Marguerite et son Le mini gratuites dans les rues, les jardins et sous chapiteaux. scène à ciel ouvert où ils peuvent s’initier à différentes cabaret, le conteur Philippe Allari, Momo seul avec sa 9 lieux pour accueillir 7000 festivaliers curieux de disciplines, participer à des jeux anciens et, surtout, guitare (Une journée dans la vie de Colia), la ménagerie découvrir l’inventivité de 13 compagnies venues rencontrer vraiment les artistes. Car le môme est un de puces savantes de la Cie Les petits miracles, Big spectateur avisé dont les questions surprennent souvent Noise et son Train d’en(fer)faire ou encore Nacim Juan Postcard © X-D.R. les grands ! Battou et son Premier pas bourré d’énergie hip-hop. Le Dans cette déferlante de saltimbanques qui compose la OFF, lui, accueille les enfants des centres aérés cartographie du IN, on lorgnera du côté de l’Espagne d’Aubagne, son Festiminimôme pour les tout-petits de avec Los 2 Play qui fait son Comeback en écrivant «un 3 mois à 4 ans, avec la complicité de la Cie Tapage nouveau chapitre de l’histoire du cirque» et Sebas qui piéton et de l’association Au bout du conte. mêle dans Gestio théâtre d’objets, cirque et ancien M.G.-G. théâtre forain. De l’Argentine aussi avec les circassiens d’Eguap pour une Rodando a saco vertigineuse, et de la Festimômes Belgique représentée par Les Daltoniens, vices Du 19 au 21 juillet, Auriol champions du monde de human beatbox 2006 (Tag) et Du 28 au 30 juillet, Aubagne Les royales Marionnettes qui n’ont pas peur de donner www.arteuro.fr en public un pugilat familial en deux actes et trois Culturel et durable Pour la 4e année consécutive, le festival de l’Etang d’Art L’Atribu (le 3 à 14h30 et le 4 à 16h30), la dernière prend ses aises à Saint-Chamas, proposant, sur trois création de Christine Hinque, Tabous, (le 3 à 14h30 et lieux distincts -le terrain de boules, la Poudrerie et le 4 à 11h), le cabaret La Vie de Galilée de Brecht de la l’Ecole du Port, un marché du monde et solidaire, une Cie Le Grand Soir dans lequel joue notre collaborateur guinguette et ses apéros-concerts, un salon Aménager philosophe Régis Vlachos (le 3 à 16h30), ou encore le et construire durable, des après-midi consacrés au retour de la Cie Kamaléon avec Odalo (le 4 à 11h et théâtre et, bien sûr, des soirées-concerts fournies. Cette 16h30) et les impros de la Cie A l’Improv’istres (le 4 à année, notez la création d’un «village festival» qui 14h30). Laissez-vous charmer, vous avez de quoi faire ! regroupe l’espace jeunesse, le marché du Monde et DO.M. solidaire, la guinguette. Au menu, les plateaux-concert (avec, entre autres, la venue de Rona Hartner, des Festival de l’Etang d’art Patates Rats ou de The Washing Machine Cie), la fanfare Les 2, 3 et 4 juillet, dans les rues de la ville, dès 11h le 3 juillet, l’espace Saint-Chamas jeunesse et ses animations-jeux… Notez aussi les 06 85 42 37 03 plateaux théâtre à la Poudrerie, avec les sketchs de www.etangdart.fr Hartner Rougier Rona © Amanda 16 FESTIVALS MUSIQUE LYRIQUE L’estampille Foccroulle Quatre nouvelles productions lyriques et la commande d’un opéra de chambre en création mondiale font l’affiche du Festival d’Aix Avec l’aboutissement de la Tétralogie l’an voit son destin magnifié par une créa- dernier et l’adieu au Berliner Philharmo- tion scénique durant le prestigieux niker, la page Lissner semble définitivement festival aixois. Les marseillais en ont tournée à Aix et Bernard Foccroulle im- découvert, en mars, une version musi- prime son sceau exclusif à la 62e édition cale (voir Zib’ 28). La mise en scène de du festival d’art lyrique. Thierry Thieû Niang devrait exalter le C’est à la sauce baroque que sont naturel- texte d’inspiration antique d’Alberto lement mitonnés l’«Acte de ballet» Mangel et une partition qui «fait la part Pygmalion et les fragments d’Hyppolite belle aux percussions… à la luminosité et Aricie de Rameau dirigés par l’ino- des deux pianos» et dont «l’orchestration xydable William Christie, ses Arts réverbère cette clarté en miroir au duo de Florissants et Sophie Karthäuser comme trompette et trombone, fil conducteur du soprano de proue. On retrouve Trisha tissu instrumental.» Brown, (depuis son mémorable Orfeo) Le Rossignol et autres fables de Stravinsky © DR M. Cooper pour une mise en scène «chorégra- Concerts phique» qui fait sa marque de fabrique. Un nouveau cycle de résidence sympho- Festival d’Aix La présence dans la fosse du Freiburger nique est initié pour quatre ans. Le Grand Théâtre de Provence, Barockorchester indique assurément London Symphony Orchestra dirigé par Archevêché, Grand Saint-Jean que le Don Giovanni mozartien et l’Al- Sir Colin Davis joue avec la soprano du 1er au 21 juillet ceste de Gluck pencheront du même Sophie Koch (Nuits d’été de Berlioz, le 08 20 922 923 versant. On attend pour le «Fourbe de 17 juillet) et le violoniste Nikolaj Znaider www.festival-aix.com Séville» une vision dynamisante du (Concerto de Beethoven, le 18 juillet). metteur en scène prodige russe Dmitri Une série de concerts est proposée aux Tcherniakov (direction Louis Langrée festivaliers en parallèle aux productions et Andréas Spering) et la soprano Véro- d’opéras. On y découvre de jeunes musi- Voix et Voies nique Gens dans le rôle de l’«Orphée au ciens «Lauréats HSBC» de l’Académie Vocal Deliria Extended, né de la rencontre de quatre chanteurs d’influences diverses, féminin» (mise en scène Christof Loy et Européenne de Musique ou «Révéla- nous conduit vers un mode oral singulier : le Camerounais Gino Sitson, direction Ivor Bolton). tions de l’ADAMI», à côté d’Eric Le Sage l’improvisatrice Emilie Lesbros, la Grecque Maria Simoglou et le contre-ténor Le XIXe siècle étant, cet été, banni des et Helmut Deutsch (pianos) pour un Alain Aubin ouvrent et bouclent le 7e festival De Vives Voix (le 1er juillet à 21h à plateaux aixois, on effectue un bond hommage à Schumann (11 juillet), Jordi l’Auditorium de la Cité de la musique et le 9 juillet à 22h15 au Théâtre de la séculaire pour découvrir le fantastique Savall et Hesperion XXI pour un flori- Sucrière, 15e arr.). Entre-temps, on découvre des Chants de la Mer Noire (le 5 juillet conte lyrique Le Rossignol (1914) de Stra- lège méditerranéen (14 juillet), le Gabrieli à 21h à l’église St Laurent), quand Lo Cor de la Plana et l’occitan Manu Théron, vinsky: l’oiseau enchanteur imaginé par Consort dans Monteverdi (15 juillet) et un Anis del Mundo (Sylvie Paz et Bruno Allary) présentent leur dernière création Andersen est flûté par la séduisante immanquable récital du baryton Matthias avant Kabbalah et leur Klezmer revisité (le 8 juillet de 19h30 à 0h30, la Sucrière). soprano russe Olga Peretyatko alors que Goerne dans Schumann et Brahms (19 Le dernier concert affiche aussi Fred Nevchehirlian en quintette pour des titres le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra na- juillet). de son album Monde nouveau, Monde ancien (le 9 juillet à 20h30, la Sucrière). tional de sont dirigés par Kazushi JACQUES FRESCHEL J.F Ono, pour une mise en scène fabuleuse et féerique du québécois Robert Lepage. De Vives Voix, Marseille Le Conte moderne Un retour d’Oscar du 1er au 9 juillet Strasnoy (parmi les sept commandés par 04 91 62 78 57 Musicatreize et Roland Hayrabedian) www.lesvoiesduchant.org Pauline enchanteresse À la suite de Djamileh de Bizet en 2009 (voir Zib’ 22), de Prusse) alors qu’elle fuyait Napoléon III. Le dernier Bérengère Mauduit, Cyril Costanzo, Céline Laly, l’association qui fait vivre l’Opéra au village de Pour- Sorcier est plein de légèreté et de fantaisie et la mise Camille d’Hartoy, Laury Littolff), en partie constituée rières retourne à la source de Pauline Viardot après la en scène signée Bernard Grimonet souligne les de jeunes talents du CNIPAL et l’orchestre, réduit à six représentation en 2008 de son «opéra de salon» Cendril- références au Second Empire et l’esprit bouffon proche instruments, sont dirigés par Luc Coadou. lon composé en 1904. d’Offenbach. La distribution (Pierre Villa-Loumagne, Et chacune des représentations est précédée d’un repas Pauline Viardot (1821-1910) triompha, comme sa sœur Premiere repetition © X-D.R gastronomique et convivial, sous les arbres, devant le La Malibran, sur les scènes européennes dans Rossini, couvent rénové où ont lieu les représentations, au Meyerbeer, Gounod… C’est une figure féminine impor- parfum enchanté des soirées d’été provençales. tante et méconnue de l’histoire musicale. Ses multiples JACQUES FRESCHEL talents de pianiste, cantatrice, pédagogue et compositrice fascinèrent ses contemporains qui fréquentaient régu- Le dernier Sorcier lièrement ses salons, de Tourgueniev à Saint-Saëns, Berlioz, Conférence les 5 et 6 juillet Liszt, Clara Schumann, Delacroix, George Sand… Représentations les 15, 17, 19, 21 et 23 juillet. C’est avec curiosité qu’on attend les représentations Couvent de Pourrières (83) d’un opus oublié que la musicienne composa lors de 06 98 31 42 06 son exil à Baden Baden (créé en 1867 à la cour du roi www.loperaauvillage.fr Le cru d’Orange

©Yves Berge Raymond Duffaut, directeur général musicalement mais nombriliste com- des Chorégies, a présenté dès avril me une cantatrice ! Souhaitons à la l’édition 2010 de ce Festival presti- cuvée 2010 le même succès qu’à gieux dans les salons du magnifique l’édition 2009 ! Les retransmissions château de Beauregard (Jonquières, en prime time ont vu exploser l’audi- Vaucluse). Au programme, les plus mat : Paillasse et Cavalleria ont été grandes voix lyriques : Roberto Ala- vus par 2 500 000 téléspectateurs. Un gna et Catherine Naglestadt dans volet pédagogique permet aussi à des Tosca (15 et 18 juillet), deux jeunes collégiens de participer à un travail talents au devenir lumineux dans de sensibilisation et de création en Mireille, Nathalie Manfrino et Florian lien avec les Chorégies. En l’absence Laconi (4 et 7 août), un récital excep- du Président Thierry Mariani, Patrick tionnel, duo de feu avec Nathalie Menucci, à la gouaille communica- Dessay et Juan Diego Flores (17 tive, se félicita le 4 avril d’apporter juillet), et le concert symphonique son «regard bienveillant mais vigilant emmené par le brillant pianiste turc sur ce moment important de la saison Fazil Say, qui s’attaque au 1er concerto lyrique.» Il se réjouit d’être «l’artisan de Tchaïkovski (6 août). Au pupitre d’une opposition politique», clin d’œil quatre chefs reconnus de la nouvelle à Mario Cavaradossi résistant au terri- génération : Mikko Franck, Alain Alti- ble Scarpia dans Tosca : résister en noglu, Giovanni Antonini, Kwamé culture semble un mot d’ordre essen- Ryan, dirigeront deux orchestres ma- tiel du nouveau Vice-président à la jeurs, le Philharmonique de Radio Culture ! Un moment convivial qui France et Bordeaux-Aquitaine. On annonçait des soirées inoubliables. saluera l’enthousiasme et l’engagement YVES BERGÉ de M. Duffaut lors de la conférence : il a rappelé que les Chorégies sont Les Chorégies d’Orange auto-financées à 85% ! Et cité les Du 15 juillet au 6 août aides : Conseil général du Vaucluse, www.choregies.asso.fr Conseil régional Provence-Alpes Côte d’Azur, Ministère de la Culture et de la Communication, Caisse des dépôts, espérant bien sûr un plus de la Ville d’Orange, si particulière… Pour la mise en scène de Mireille, Robert Fortune, né à deux pas de Maillane, proposera «un chant d’amour à la Provence.» Nadine Duffaut signera une Tosca sobre mais engagée avec un Scarpia plus complexe, insistant sur le personnage de Tosca, superbe 18 FESTIVALS MUSIQUE CLASSIQUE à jamais C’est un peu loin, de l’autre côté de l’autre Rhône, mais tellement excellent… Les formations musicales publiques de Radio France participent naturellement aux 25 ans du Festival de Montpellier. L’Orchestre National de France joue avec les Sœurs Labèque (15 juillet), le Chœur de Radio France chante Reger et Bernstein (19 juillet), l’Orchestre Philharmonique est dirigé par Kirill Petrenko dans la 14e symphonie de Chostakovitch (28 juillet), quand la Maîtrise ou les percussionnistes du National enchantent en région à Collioure, Sète, Bédarieux, Narbonne… Mais que de belles œuvres lyriques à redécouvrir ! Andromaque de Grétry est mise en scène par Lavaudant et dirigé par Hervé Niquet (12 et 13 juillet). On exhume ensuite, en version de concert, Les Hauts de Hurlevent de Bernard Hermann (14 juillet), Piramo et Tisbe de Hasse avec Europa Galante et Vivica Genaux (22 juillet), Artemisia de Cavalli par La Venexiana (24 juillet), L’Étranger de Vincent d’Indy avec Cassandre Berthon et Ludovic Tézier (26 juillet) ! On entend, comme de coutume, de merveilleux solistes : les pianistes Alexandre Korobeinikov (20 juillet), Boris Berezovsky (17 & 29 juillet), Fazil Say (23 juillet), le violoniste Vadim Repin (29 Fazil Say © Luc Jennepin juillet), la soprano Sandrine Piau (16 juillet)… une Fiesta criolla baroque, un circuit d’orgues, de Festival de Radio France, Montpellier Sans oublier la prestigieuse cheville ouvrière du jeunes solistes, du jazz et du reggae, des musiques du 12 au 30 juillet festival : l’Orchestre National de Montpellier électroniques… Franchir le Rhône n’est pas le 04 67 02 02 01 dirigé par Alain Altinoglu, Laurence Foster, Rubicon ! www.festivalradiofrancemontpellier.com Enrique Mazzolla… Et bien d’autres festivités : JACQUES FRESCHEL Orgue, cordes et vents Depuis 1951 ! Quatre ans déjà que le Festival d’Or- les doigts de Jean-Marc Aymes et Le Festival estival, loin d’adopter un gue de Bouc-Bel-Air s’est installé son ensemble Concerto Soave, très tempo de retraité, joue les prolonga- dans le paysage musical estival. Du 2 actif dans la région, pour un program- tions à la Tour Royale avec le pianiste au 4 juillet les tuyaux du très bel me autour des instruments baroques niçois Olivier Gardon dans Schumann, orgue Jean Daldosso sonneront sous entre Vienne et Venise (3/7 à 20h30). Debussy, Chopin (23 juin) et un L’association orgue saxophone est à spectacle mêlant des poèmes roman-

Andre Rosssi © X-D.R. découvrir tant les timbres se marient tico-symbolistes (récitant Robin bien et permettront au jazzman Renucci) à des musiques concordantes Raphaël Imbert, auteur d’un mémo- pour pianos (Vera Tsybakov et Ro- rable album Bach/Coltrane, de main Hervé, 28 juin). dialoguer avec André Rossi à coups On grimpe ensuite à la Collégiale de d’improvisations mystiques autour Six-Fours pour entendre résonner les des deux compositeurs spirituels, sur voix sombres du Chœur du Patriarcat Cuncordu e Tenore de Orosei © X-D.R. les magnifiques jeux de fonds ve- Orthodoxe de Moscou (4 juillet) et le chef-d’œuvre mozartien (versant lumi- loutés (2/7 à 20h30). Et comme le neux du Requiem) la Messe en ut mineur par l’ensemble Le Palais royal (9 veut la désormais tradition, un concert juillet). L’un des plus grands quatuors à cordes actuels constitue le pic du exclusivement improvisé à l’orgue festival : les tchèques du Kocian se joignent au clarinettiste Michel Portal seul clôturera cette quatrième édition pour un programme Haydn, Grieg et Mozart (10 juillet). Les chants sardes de avec le duo Marc Pinardel &Vincent Cuncordu e Tenore de Orosei célèbrent leur île natale avant qu’on dévale vers Dubois, paire d’improvisateurs juste- Châteauvallon pour suivre les célèbres sœurs Labèque et des percussions ment hors pairs qui construiront le basques dans un Boléro échevelé (17 juillet). programme avec l’aide du public! JACQUES FRESCHEL (4/7 à 18h). À noter que le même jour aura lieu la messe du festival 60e Festival de Musique de Toulon et sa Région avec la chorale paroissiale. jusqu’au 29 juillet FRÉDÉRIC ISOLETTA Office du tourisme de Toulon 04 94 18 53 07 Office du tourisme de Six-Fours 04 94 07 02 21 Eglise saint-André, Bouc Bel Air http://musiquetoulon.pagespro-orange.fr 04 42 94 93 78 FESTIVALS 19 Ah ? ça ira ? Eve Ruggieri a une façon de raconter la musique de Marseille le 30 juin, une comédie musicale de classique qui passe mieux en direct qu’à la télé. Danièle Martini sur Casanova (décidément les Elle la connaît vraiment, se régale des intrigues et érotomanes ont la côte en ce monde), une pièce anecdotes, aime les interprètes, et son côté snob sur Le petit Groom de chez Maxim’s (sic), le vidéo souvent insupportable à l’écran laisse place sur glam show multi sensoriel (sic) de la Dombasle, et scène à une simplicité véritable… C’est pourquoi la pièce du chroniqueur des grosses têtes, devenu l’on attend avec impatience sa présentation de la historien puisqu’«enfant il fût (sic) élevé dans le

Belle Hélène dans les Carrières de Lacoste, où l’on Emma Re © Manuela Giusto château de Léonard de Vinci et s’endormait dans le retrouvera aussi avec plaisir le Ballet d’Europe qui lit du génie.» Et messieurs dames, savez-vous que ne cesse de démocratiser la danse classique de le génie ne se transmet pas par le simple contact création… Mais à part cela que dire du Festival de des draps sacrés, ou de la cuillère en argent, ou de Lacoste ? Cet événement est parrainé par Pierre la fréquentation du gotha parisien ? Cardin depuis 10 ans, est destiné à divertir les AGNÈS FRESCHEL riches en villégiature dans le Luberon, qui ne daignent condescendre à se mêler au tout venant Festival de Lacoste d’Orange ou d’Avignon. Dire que le festival ose sans Saint Bris ou, dans un autre registre de sévices, à Du 14 juillet au 6 août rire prendre pour caution coquine le Marquis de Arielle Dombasle ? On retrouve là on ne sait com- 0892 707 507 Sade, seigneur du château de Lacoste… Mais ment Julien Lestel et ses deux compères du BNM www.festivaldelacoste.com qu’aurait donc fait le marquis jacobin à Gonzague qui réussissent par ailleurs à se faire passer l’Opéra Chausson, violon Liszt et les vignes

Au cœur du Vaucluse, au Château St-Estève d’Uchaux, un festival dédié au et moutons piano romantique a acquis, depuis une douzaine d’années, un solide renom. Depuis 2008, on se rend, la paille aux talentueuse violoniste Amanda Favier, Son cadre et sa convivialité n’y sont pas étrangers. Au bout d’une allée filant cheveux, à la Chèvrerie de Lançon secondée par le comédien François à travers les vignes, la maîtresse des lieux Thérèse Français accueille un public pour écouter de jeunes instrumentistes, Castang, fait partager les aventures polyglotte qui s’installe, entre chien et loup, contre la bastide où trône un issus d’établissements et conservatoires historiques et romanesques de son Fazioli de concert à la sonorité lumineuse. Cet été, les «grands mélomanes» supérieurs européens, dans des réci- précieux instrument : un Matteo Goffriler goûtent notamment à Chopin et Schumann, enchaînent un double concert en tals de musique de grange… oups !… de 1723. Un spectacle plébiscité : se revigorant, à la pause, autour d’une paella, à l’aide de quelque crû du de chambre ! On découvre, entre deux «De Venise à Venise, itinéraire d’un vignoble. On attend, en ouverture (le 27 juin), le pianiste Tristan Pfaff et le charrettes, la flûtiste Emmanuelle violon gâté.»(le 18 juillet à 17h à duo Ophélie Gaillard (violoncelle) & Edna Stern (piano), avant un récital de Calà, Isabelle Durin au violon, le l’église Ste-Juliette). Rachel Kolly d’Alba (violon) accompagnée au clavier par Christian Chamorel violoncelliste Alexandre Lacour et J.F (2 juillet), les pianistes Jacopo Salvatori, Maurizio Baglini (9 juillet)… les pianistes Jérémie Honnoré, JACQUES FRESCHEL Camille Jauvion, Marina Milinkovitch, Musique à la Ferme Iren Seleljo dans de belles Sonates, du 15 au 20 juillet Trio et opus pour piano à quatre mains 04 90 42 74 76 Liszt en Provence de Schumann, Chausson, Ravel, Grieg, Lançon de Provence Château Saint Estève, Uchaux (les 15, 17 et 20 juillet à 21h)… www.musiquealaferme.com Du 27 juin au 20 août En programme phare, la jeune et 04 90 40 60 94 www.liszt-en-provence.com

20 FESTIVALS MUSIQUE CLASSIQUE

Early music Grand public De la musique ancienne à l’affiche des trois La 5e édition des Nuits Musicales Sainte Victoire premiers concerts des Musicales du Luberon ! En affiche à nouveau (après La Traviata et Carmina feu d’artifice antithétique, la manifestation débute Burana en 2009) des opus «populaires» au pied de le jour de la fête nationale par une œuvre austère la montagne chère à Cézanne. On découvre une et sacrée, au demeurant magnifique. Les Vêpres de chorégraphie de Carmen sur la musique de Bizet, la Vierge de Monteverdi sont religieusement l’opéra de Puccini La Bohème et les concertos Les «revisitées» par le Gabrieli Consort dirigé par Paul Quatre Saisons de Vivaldi avec pour récitante dame Mc Creesh (le 14 juillet). En attendant le Stabat Eve Ruggieri. Les chanteurs, danseurs et mater de Vivaldi chanté par la mezzo Romina instrumentistes de l’Opéra National d’Ukraine Basso accompagnée du Venice Baroque Orchestra sont dirigés par Grigori Penteleïtchouk. Concerts (le 25 juillet) et un concert du Deller Consort, à 21h30. dont on célèbre cette année le 60e anniversaire (le J.F. 29 juillet). Concerts à 21h. J.F. La Bohème à Peynier les 23 et 25 juin et à Rognes le 30 juin > Musicales du Luberon Carmen Suite à Peynier les 24 et 26 juin Eglise St-Luc, Ménerbes et à Rognes le 29 juin Du 14 juillet au 4 août Les Quatre Saisons à Mimet le 27 juin 04 90 72 68 53 et au Tholonet le 28 juin > www.musicalesluberon.com 04 77 61 26 40 www.nuits-sainte-victoire.com Le Venise Baroque orchestra © X-D.R Grigori Penteleitchouk © X-D.R. Penteleitchouk Grigori

Grande boucle Le festival itinérant Les Floraisons Musicales débute à Châteauneuf-du-Pape avec l’Orchestre d’Harmonie de Lecce (27 juin) avant le Trio Franck Bridge -violon, violoncelle et piano (6 juillet)… Un tour de quelques 26 concerts avec étapes à Boulbon, Moustiers-Ste-Marie, Porquerolles, la Ste-Baume, Valréas, Vaison, Bollène et Bagnols-sur-Cèze. J.F.

Les Floraisons Musicales jusqu’au 17 octobre 04 90 303 600 www.floraisonsmusicales.com On en pince ! Depuis 2001, l’«association pour le rayonnement de la guitare» Aguira organise un Festival de Guitare Tour à Lambesc qui réunit des artistes de renommée internationale, aux châteaux de Valmousse et Pontet-Bagatelle, réputés pour leurs crus. Cet été symphonique on entend l’Argentin Juan Falu, Pedro Soler dans L’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix dirigé son flamenco orthodoxe, Antonello Lixi pour des par Jacques Chalmeau présente un programme programmes baroques et Valérie Duchateau dans autour de la «Symphonie Classique». Dix concerts un hommage à Django Reinhardt. On n’oublie pas gratuits affichent, dans les villes et villages du pays le compositeur et virtuose Jorge Cardoso de Cézanne, des mouvements de symphonies de (directeur artistique) dont on découvre deux Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Mendelssohn Concertos, le soir de la clôture du festival, en guise et Prokofiev. d’anniversaire, avant l’interprétation par le français J.F. Gérard Abiton du célèbre Concerto d’Aranjuez avec l’orchestre Aguira (3 juillet). Concerts à 21h. Tournée d’été J.F. du 20 juin au 4 juillet Pays d’Aix 10e Festival international de Guitare www.grandtheatre.fr du 27juin au 3 juillet > Lambesc 04 42 92 44 51

www.festivalguitare-lambesc.com © X-D.R. Falu Juan

De l’autre côté À l’ombre du grand frère, le Festival Côté Cour propose à Aix un programme audacieux et original, invitant jeunes talents et artistes confirmés Balkanes, le 2 juillet 21h15, Cour de l’Hôtel de Ville soirée exceptionnelle au Cloître des Oblats. ouvre les festivités avec des chants de Bulgarie. Un Adventura Trio, (Isabelle Bonnadier, soprano, Barbara hiver de cochon, le 10 juillet à 21h15, d’après Un hiver Morel, piano, Marie-Hélène Vuillermet, clarinettes et à Majorque de G. Sand et F. Chopin, est défendu par percussions le 20 juillet à 21h15) propose un voyage Cécile Auclert, comédienne, Mélanie Gadenne au piano musical au cœur de mélodies populaires ayant inspiré et Xavier Chatillon au violoncelle (voir Zib’30). les classiques dans la Cour de l’Hôtel de Ville. Puis ce Sudden Jazz et Sudameris, le 17 juillet à 21h15, sera au tour de Dona Kuj, une musique brésilienne au mêlera jazz, classique, slam (Aïssa Malouk), pour une charme contagieux le 23 juillet à 21h15 au Cloître Balkanes © X-D.R. des Oblats. Enfin, La Serva Padrona de Pergolese clôturera le festival le 27 juillet à 21h15 : l’orchestre de chambre Mozaïque, dirigé par Marie-Christine Thomasset, accompagnera les tribulations de Serpina (Raphaële Andrieu, soprano), Uberto (Cyril Rovery, baryton) et Vespone (Alain Iltis, comédien). YVES BERGÉ

Côté Cour, Aix du 2 au 27 juillet 06 83 60 19 80 www.festival-cotecour.org Campra l’Aixois À tout seigneur tout honneur, c’est Campra qu’on (3 juillet), on plonge dans ses Œuvres à Grand Chœur célèbre au 14e Festival des Musiques Patrimoniales pour l’Église (4 juillet), ses Petits motets à voix d’hommes initié par Guy Laurent et les Festes d’Orphée ! Il faut (6 juillet) et ses Œuvres pour la scène (8 juillet). dire que, s’il est un musicien aixois ayant réussit une J.F. formidable carrière parisienne, c’est à André Campra (1660-1744) que l’on pense. D’autant qu’on célèbre Aix en baroque cette année le 350e anniversaire de sa naissance. Un du 3 au 8 juillet musicien, formé à la Maîtrise de la cathédrale Saint- Concerts à 18h à la Chapelle du Sacré-Cœur Sauveur et dont la longue vie mouvementée mériterait Conférence illustrée le 4 juillet à 16h (entrée libre) d’en faire le roman ! Quoiqu’il en soit, après un 04 42 99 37 11 panorama de L’esprit français du Moyen âge à nos jours www.orphee.org Impérative mémoire ! C’est avec une pugnacité qui l’honore que Michel inachevé du compositeur juif Aldo Finzi traqué par les Pastore défend l’urgence du Festival Musiques fascistes italiens. Son Shylock shakespearien, véritable Interdites, avec l’idée que l’art, première chose qu’elles procès du racisme, est complété d’un Psaume attaquent, est «un remède contre les dictatures». gigantesque. Ces opus composés en 1943-44 sont Figure de proue de la 5e édition, Fabrice Lucchini, servis par les voix de Dmitry Ulyanov, Sandrine dans un exercice où il brille, déclame les vers des Eyglier, Cyril Rovery, Renée Auphan, l’Orchestre de Fleurs du mal (sait-on que l’œuvre a été officiellement l’Opéra et le Chœur Ad Fontes dirigés par Gian Paolo interdite en France jusqu’en… 194 ?). A son «parlé- Sansogno (le 9 juillet). chanté», Sandrine Piau répond d’un soprano cristallin Pour une poignée d’euro, on se souvient enfin de par quelque poème Baudelairien mis en musique par Joseph Beer, compositeur austro-hongrois, caché à Debussy, Fauré ou Duparc (le 10 juillet). Nice durant l’occupation, ayant miraculeusement On ne manquera pas la représentation d’un opéra échappé à la déportation. Des extraits de son opéra Sandrine Piau © Antoine Le Grand-Naive Stradella à Venise (musicien également pourchassé en son temps) sont chantés par Ute Gfrerer et le jeune ténor prometteur Kévin Amiel (le 11 juillet). JACQUES FRESCHEL

5e Festival des Musiques Interdites Opéra de Marseille du 9 au 11 juillet 04 91 55 11 10 www.espaceculture.net Exposition jusqu’au 13 juillet et Conférence de Gottfried Wagner le 10 juillet à 14h30 au CRDP 22 FESTIVALS JAZZ Un parfum Freedom Le Charlie Free Festival est le premier rendez-vous populaires, classiques ou actuelles pour une Fiesta jazz de l’été, à ne pas manquer. Il se déroule durant Nocturna. le 1er week-end de Juillet, dans un cadre excep- Le 3 juillet : Un trésor de propositions pour ce tionnel et une ambiance très chaleureuse. Les samedi avec François Cordas, un 4tet aux influences soirées très conviviales sont placées sous le signe transatlantiques. Puis la fanfare Samenakoa compo- du développement durable, et le parfum jazz de sée de 11 musiciens inclassables suivie de Sashird l’été s’y fait délicieusement sentir... Lao, un trio qui propose une furieuse mixture de La 13e édition annonce une programmation intéres- jazz groovy et de world music. Enrico Rava avec sante et variée ! Des artistes de stature internationale ses 8 musiciens et embrassera enfin la pluralité des donneront à entendre, à rêver et aussi à sentir le jazz. monde tel qu’il bat ou respire. Le 4 juillet : Des accents traditionnels jusqu’aux Le 2 juillet : À 19h les musiciens de La Mécanique sons jazz les plus débridés, le Florent Pujuila 5tet e des Fluides, spécialistes de la rue, transporteront Z produit une musique explosive et charnue. La 3 Odean Pope © X-D.R. de l’émotion parmi le public pour inviter à partager fanfare sera marseillaise et déjantée, avec les 12 Charlie Jazz Festival la magie des lieux en fanfare. Puis MELC, groupe musiciens de Wonderbrass. Puis Mina Agossi Domaine de Fontblanche, Vitrolles invité en résidence de création cette année au chanteuse franco-béninoise au répertoire original Du 1er au 3 juillet Domaine de Fontblanche, proposera des ballades et depuissant. Enfin Odean Pope, saxophoniste 04 42 79 63 60 sonores urbaines alliant électronique et acoustique. post-coltranien qui a côtoyé les plus grands, sera www.charliefree.com Danzas avec l’ensemble international de 9 musi- entouré de 7 «All Stars» américaines. Un événe- ciens réunis par Jean-Marie Machado fera découvrir ment pour clôturer le Festival. un répertoire jazz inédit qui puise dans les musiques DAN WARZY Ça jazze Longchamp Palace aussi à Toulon Chaque année le Festival organisé par la Ville de plus grand nombre venu là pour célébrer le 10e Le jazz aussi animé l’été les places toulonnaises… Marseille s’étoffe, s’agrémente de manifestations anniversaire de cette manifestation. avec 18 concerts gratuits et itinérants, tous les gratuites, d’expositions, (6 cette année !), de Ouverture des grilles à 19h30, jusqu’au bout des soirs dans un lieu différent à partir de 21h30, mais discussions avec les artistes. Chaque année aussi nuits ! La chanteuse et contrebassiste Esperanza aussi des concerts apéritifs à 17h30. Un aperçu, les soirées à Longchamp s’allongent et rassemblent Spalding inaugurera la scène des Jardins du Palais non exhaustif de l’excellente programmation : un public de plus en plus nombreux, éclectique, du Longchamp le 20 juillet. La 2e partie de la soirée Glenn Miller Memorial Orchestra (swing), touriste de passage au mordu du jazz, en passant nous fera découvrir le sextet d’Al Jarreau. Le 21, ce Orlando Maraca Valle New All Stars Project avec par des Marseillais de tous les coins de la ville… Il sera au tour d’Omri Mor qui fera entendre sa David Sanchez (Latin jazz cubain), Elie Portal faut dire que l’ambiance est belle, la restauration musique puisée en diverses sources et influences avec le All Jazz Sextet (Hard-bop), Memory Big sur place possible, le lieu magique… Avec des et devra exercer tout son talent pour faire patienter Band de Marc Mary en hommage à Ella Fitzgerald afters au Pelle Melle, après minuit, pour vous un public venu pour l’extraordinaire Freedom Band et Count Basie (swing), Marcel Sabiani 4tet avec rassasier jusqu’au bout. avec Chick Corea, Kenny Garrett, Chris McBride, le saxophoniste Jerry Bergonzi. Le coup d’envoi sera donné le 19 juillet dès 20h Roy Hanes qu’il n’est plus nécessaire de présenter. Un concert à ne vraiment pas manquer ? le 21 sur le Cours d’Estienne d’Orves. Un Brass Band de Une excellente soirée en perspective ! Le 22 juillet juillet à 21h30 Place Besagne le Fly Trio, trois rue en ouverture de cette soirée gratuite sera suivi c’est la trompette à quart de ton d’Ibrahim musiciens incontournables, Jeff Ballard (bat), de la prestation des élèves et enseignants de la Maalouf qui sonnera, suivie par le concert du Mark Turner (sax), Larry Grenadier (ctb). D’autres classe de jazz de la Cité de la Musique de bassiste talentueux Richard Bona. La 5e soirée (le ? Térez Montcalm, chanteuse à la voix rauque, en Marseille. Le Magic Malik Orchestra s’appropriera 23) sera ouverte par Yaron Herman, pianiste élu en 4tet, Steve Laffont trio (manouche), Michel ensuite la scène pour faire goûter sa musique au 2008 aux Victoires du Jazz puis du Manu Katché Jonasz trio, le concert coup de cœur et concert de 4tet avec, en invités, la chanteuse marseillaise clôture avec le Will the Blue Griot sextet avec Al Jarreau © Rocky Schenck-hallway Marion Rampal et le guitariste Sylvain Luc. Willy Caid (blues-soul). La soirée de clôture du samedi 24 rendra hommage Et tous les concerts à l’heure de l’apéritif sont à Django Reinhardt avec le guitariste Birelli tentants ! S’il ne fallait en entendre qu’un ce serait Lagrène et Didier Lockwood, l’éclectique celui des 4 Essentials, le 4tet de Thierry Maillard violoniste dans une formation en 4tet. La seconde avec le violon de Dedora Seffer le samedi 24, partie sera assurée par Maceo Parker et son grand Place Puget. orchestre qui animera les jardins dans un final très D.W. funky. DAN WARZY Festival Jazz à Toulon du 16 au 25 juillet Jazz des 5 continents 04 94 09 71 00 Du 19 au 24 juillet www.jazzatoulon.com Expositions Espace Bargemon, BMVR Alcazar, Maison Blanche, Fly Trio © Robert Lewis le Passage de l’Art, CAMàYEUX, Espace Culture de juin à septembre 04 95 09 32 57 www.festival-jazz-cinq-continents.com Ouverture des grilles dès 19h30 - Accès handicapés, contact la veille au ou contact@festival-jazz-cinq- continents.com 50 ans de stars à Juan La scène mythique de la Pinède Gould David Sanborn, Georges Benson, à l’aura internationale fête son jubilé. Spokfrevo orchestra, Chucho Valdès Doyen des Festivals européens de jazz, & the afro-cuban messangers, Monty ce lieu légendaire -pour décor l’étendue Alexander & Harlem Kingston Express, de la mer- affirme avec force et moyens Dee Dee Bridgwater, Melody Gardot, un éternel renouvellement. Un pro- Hommage à Django Reinhardt avec Le gramme fabuleux qui déplacera de Manoir de mes Rêves, Avishaï Cohen, nombreux amateurs du 14 au 25 juillet. Paco de Lucia, Joshua Redman double Antibes s’apprête à accueillir un nom- trio, Roy Hargrove 5tet, Keith Jarrett, bre impressionnant de musiciens Gary Peacock et Jack Dejohnette, Kyle reconnus de la Terre entière. Marcus Eastwood, Diana Krall, Black Dub, Miller sera pour cet anniversaire un Brooklyn Funk Essentials, Maceo parrain d’exception, le «Master of Parker, Manu Katché, Marcus Miller, Ceremony». À l’affiche Jamie Cullum, Liz McComb... et la coupe n’est pas pleine ! Car trois scènes OFF fonctionneront tous les soirs ainsi que des Jam- Sessions à l’Eden Jazz Club. Des expositions : 1960-2010 Jazz et Brooklyn Funk Essentials © Andrea Davis Kronlund Juan s’affichent à la Médiathèque com- munautaire, Le Jazz selon Sacha Chimkewitch aux Bains-Douches, Oeuvres lumineuses d’Alexandre Mediantsev à l’Hôtel Garden Beach. Un petit tour à Juan ? Vous y resterez 12 jours ! D.W.

Jazz à Juan Du 14 au 25 juillet 04 97 231 111 www.jazzajuan.com Beau prélude ! En avant-goût de la 3e édition du Fes- groupe Point de Vue, messager d’un tival Jazz à Saint Rémy, 3 événements jazz très actuel, et le Kenlix Quartet, majeurs mobiliseront les mélomanes de facture plus classique. éclairés ; le 20 juin, dans le parc du Le 10 juillet, le jazz sera associé au somptueux Château de Roussan, une travail des artistes plasticiens en créa- aubade gracieuse sera proposée, à partir tion dans le cadre du Festival d’Art de 15h30 avec Tzigal Swing et Pené- contemporain AP’ART (voir p 67) : une quet Time ; lui succédera, à partir de joute musicale dans laquelle deux 18h30, un concert du Jan Van Naeltwijk groupes, l’un itinérant, l’autre assigné à Quintet, suivi d’une «grignoterie». demeure sur la place de la Mairie, s’af- Le 26 juin, à 20h, le jazz résonnera fronteront dans un duel impitoyable ! sous les étoiles, scintillant sur les JEAN-MATHIEU COLOMBANI Jardins de l’Hôtel de Sade avec le Concert Jeunes Talents, en collabo- http://jazzasaintremy.free.fr ration avec l’IMFP de Salon, avec le Sur l’île ! Des concerts que l’on n’entend nulle Rampal, Dave Liebman, Drew Gress, part ailleurs ? Étant données la sidé- John Abercrombie, Billy Hart, Marc rante beauté du lieu, l’Île de Porquerolles, Copeland, Eric Cosaque & Cie et et la variété époustouflante de la pro- Philippe Cantinol, la compagnie des grammation, cela pourrait être vrai : musiques à ouir, l’Ensemble Batuca-

Archie Shepp, Marc Ribot, Wayne da, Gilles Defacques… Dockery, Steve McCraven, Aldo Ro- D.W. mano, Géraldine Laurent, Fabricio Bosso, Henri Texier, les lauréats du Festival Jazz à Porquerolles tremplin Jazz à Porquerolles, Sylvain du 12 au 18 juillet Luc et les frères Chemirani et Sté- 06 31 79 81 90 phane Belmondo, Rokia Traoré, Marion www.jazzaporquerolles.org 24 FESTIVALS MUSIQUES ACTUELLES

la musique répétitive un bon vieux classique. Reste à finir en beauté : la nuit des gratte-ciel Nuits de folie qui s’écroulent dans la mer (11/7) sonnera comme un doux euphémisme ! Blixa Bargeld, chanteur des Einstürzende Neubauten, groupe phare industriel du Berlin alternatif des années 90 pacsé à Alva Noto, l’homme électro germanique et précédés du couple rock surchauffé Double Nelson. De quoi vaciller ! FRÉDÉRIC ISOLETTA

Festival MIMI Du 1er au 14 juillet Concerts à 21h15 Iles du Frioul, Marseille Billetterie embarcadère vieux port de 17h à 19h45 www.amicentre.biz La ferme !

Addictve TV © X-D_R Du 1er au 14 juillet les îles du Frioul vont connaitre Krautrock de Faust. Suivra la nuit de Nchan (8/7), une effervescence à marquer d’une pierre blanche. fondateur du projet Sisygambis, disparu Et pour cause, le Festival MIMI fête ses 25 ans tragiquement l’année dernière, transfusion de avec comme nouveauté un partenariat avec l’image et de la musique aux confins du monde Seconde Nature, l’école supérieure d’art d’Aix-en- associée aux créatifs anglais Addictive TV. Le Provence et le soutien de Marseille Provence 2013 lendemain (9/7), stop aux plumes dans le derrière! pour un parcours d’installations plastiques et La nuit anti-plumes décape les musiques du sonores sur toute l’île de Ratonneau. monde sans complexe sous les combos de Lieu de croisement interstellaire des arts, l’hôpital Cannibales et Vahinés (Résidence de création) et Caroline accueillera cinq nuits de folie autour des de Zun Zun Egui, des malgaches et japonais venus musiques innovantes. La nuit d’outre-manche… Entre le minimalisme du Klokobetz/Krautrock ouvrira les festivités (7/7) compositeur de la scène New-Yorkaise Arnold sur la rencontre insolite de Labyala Nosfell, Dreyblatt et l’auteur phare de danse et de théâtre inventeur du langage Klokobetz, conteur moderne, outre-Atlantique Carl Hancock Rux qui mélange et l’Art-errorist Jean Hervé Péron, co-inventeur du blues et opéra, la nuit de la Boucle (10/7) fera de

Plein soleil Bigoin © Franck Slim Magic Du 12 au 18 juillet se tiendra la quinzième édition du Festival les Suds à Arles. Car chaque été depuis Les Festives de Font-Robert vont vous dérouter ! 1996, en plein cœur des Rencontres Internationales de la Photo (voir p 66), la cité arlésienne devient Avec le blues country de Magic Slim, dernière aussi le terrain de jeu des musiques du monde. Avec, toujours, la présence exceptionnelle de grandes voix légende vivante du Chicago blues, et Honeymen du «monde» dans le magnifique Théâtre antique comme Salif Keïta, Diego El Cigala et Gogol Bordello au château du marquis de Piozin à Peyruis le pour son gipsy punk (15/7 à 21h30). Les Suds vous convient aussi à des créations du festival (Giovanna premier soir (15/7 à 21h), le ton semblera donné Marini, A Tres Votz), à une Carte Blanche Sacem avec Titi Robin & Faiz Ali Faiz et Emel Mathlouthi, dès l’entrée… mais suivra une soirée pourtant et à d’intéressants concepts : Les nouveaux Moments précieux (par exemple le pianiste contemporain complètement différente quelques milliers de François Rossé accompagnant le koto japonais Mieko Miyazaki le 15/7 à 19h30) dans la Cour de kilomètres au sud, direction l’Amérique latine avec l’Archevêché, et une Rencontre entre musique du monde et monde virtuel : jeu vidéo The Lapins le son des Caraïbes de Maraca + Diabloson cette Crétins™ - La Grosse Aventure et la fanfare Vagabontu aux anciens Ateliers SNCF pour la Nuit des Forges fois à la Ferme de Font-Robert (16/7 à 21h). tous les soirs après les soirées Suds. Retour chez nous avec une clôture variété chanson Le séjour en terre arlésienne peut comme toujours être ponctué de stages de musique, de chant et de danse pour française en compagnie du champion de surf à ses

Emel Mathlouthi © X-D.R tous niveaux, sans oublier la cuisine camarguaise, heures Tom Frager and Gwayav et Joyce Jonathan le yoga, la calligraphie arabe... En somme, une toujours à la Ferme (17/7 à 21h). Trois soirées, bonne partie de la terre a rendez-vous en Arles : de trois concerts et trois couleurs différentes pour l’Argentine à la Chine en passant par le Liban, le cette dix-septième édition : histoire de satisfaire pays d’Oc, la Vendée, la Suisse, les USA, la Tunisie, tous les goûts au cœur de l’amphithéâtre de l’Italie, le Mali, la Roumanie, le Pakistan, la Gambie, verdure niché au milieu d’une ferme du XVIe siècle, l’Ukraine, l’Angleterre, le Trinidad et l’Andalousie ! un lieu et une programmation qui valent le détour! FREDERIC ISOLETTA FRÉDÉRIC ISOLETTA

Les Suds Festives Font Robert Arles Châteaux-Arnoux Saint-Auban (04) du 12 au 18 juillet du 15 au 17 juillet 04 90 96 06 27 04 92 64 02 64 www.suds-arles.com www.theatredurance.com FESTIVALS 25 Métisse le son Robion cité C’est désormais jusqu’à six qu’il faudra compter pour de musique du monde prévoit une mosaïque riche profiter pleinement des soirées du Festival Nuits avec des escales en Algérie, Côte-d’Ivoire, France, du monde Métis, tout simplement deux fois plus que l’édition Guinée, Tunisie, Roumanie ainsi qu’aux États-Unis 2009 ! Implantée sur Miramas, la programmation et aux Comores. Un rendez-vous pré-estival très Rit et Papet J © Abed Abidat riche, qui comptera sur la présence de Sam Karpénia, Papet J et Rit, Alatoul, Dobet Gnahoré (la chanteuse ivoirienne primée au Grammy Award 2010), Accords de Cordes, Lo Cor de la Plana, Cie théâtre Djumbé, Fanfare Vagabontu, Joe Driscoll et Sékou Kouyaté, Katell Boisneau et Prince Abdou. Se succèderont dans un esprit de fête et de partage concerts, déambulations de fanfares, mais aussi spectacles de contes dans divers lieux comme les arènes d’Entressen, le théâtre de la Colonne, le collège Miramaris et le Comœdia… sans compter que les trois derniers jours de la manifestation se dérouleront au plan d’eau de Saint-Suspi, toujours à Miramas. À noter que ce festival est… gratuit ! F.I. Les Nuits Métis Du 22 au 27 juin Miramas 04 90 17 48 38

www.nuits-metis.org Malinowski © Cybele Sarah Blasko Du 15 au 24 juillet, la quatorzième édition du Festival des musiques du monde de Robion va faire des heureux. Question métissage, on ne peut La Crau est à nous ! mieux faire : musique russe, blues, hindi, latino, 6 ans d’existence déjà ! Le domaine magnifique de de Crau au bord de l’étang, le Festival verra se méditerranéenne… De quoi contenter les adeptes l’Etang des Aulnes est un formidable lieu de succéder le premier soir sous le son des cigales de ce rendez-vous vauclusien festif et convivial. convivialité, et les Aulnes Rouges offrent une Eiffel, General Electriks, Quand la diva s’en mêle Entre le très accueillant théâtre de verdure, la place programmation de qualité oscillant entre pop, rock et un after au son des platines (9/7). La finale du Jules Ferry et la jolie cour de la Roumanière, il sera et chanson festive. Les 9 et 10 juillet à Saint-Martin tremplin, et excusez du peu, les toujours fringants plus qu’agréable de déambuler aux sons russes de Pigalle, la fameuse révélation Yodelice et rien que Davaï et Divano Dromensa (15/7 19h et 21h30), pour vous Mickey3d et sa bande se succèderont Miss W White and the drunken piano et Rupa & avec en bonus une fanfare et des animations qui april fishes (16/7 19h30 et 21h30), Yasmina et ponctueront ce week-end, à noter sur son agenda Sarah Blasko (17/7 19h30 et 21h30), Zaman estival (10/7) ! De quoi (re)découvrir ce lieu Fabriq (22/7 19h), Maka duo et Novalima (23/7 accueillant et festif doté d’un menu attractif et 19h30 et 21h30) et pour finir les Cocosunshine alléchant. et… Susheela Raman (24/7 19h30 et 21h30). F.I. Direction ? Robion ! F.I. Les Aulnes Rouges Pigalle © X-D.R Les 9 et 10 juillet Festival de Robion Navettes gratuites au départ de St Martin de Crau Du 15 au 24 juillet 04 90 47 06 80 04 90 05 84 31 www.lesaulnesrouges.fr www.myspace.com/festivalderobion Sous les oliviers Le Festival Le Mas en Concert souffle sa 8e bougie Jordana (24/7), Les 4 barbu(es) (29/7), du 29 mai au 13 août, au Mas des Escaravatiers, à Revolver (31/7), soirée Cinéma Brut (5/8), Pony Puget-sur-Argens. Une belle édition ! L’art et la Pony Run Run (6/8), Pool Party (7/8) et Hindi musique se mêlent dans un lieu d’exception à ciel Zahra (13/8) succèderont au Mas des ouvert sous les oliviers… Avec une programmation Escaravatiers.

On pour des artistes reconnus et une Off pour ceux The Gladiators © X-D.R. F.I. en devenir, Le Mas invite une pléiade d’artistes alternatifs qui valent le déplacement. Carl Craig Le Mas en concert (25/6), The Gladiators (1/7), Brigitte Fontaine Jusqu’au 13 août (8/7), Plasticines + Hyphen (16/7), Biologik 04 94 81 56 83 Solar System (17/7), Jil Is Lucky (23/7), Camélia www.lemas-concert.com 26 FESTIVALS MUSIQUES ACTUELLES Places musicales Une manifestation chasse l’autre sur les théâtres de verdure. Au program- d’écouter, les concerts sont gratuits, le vaste territoire d’Agglopole Pro- me cette année, de la rumba congolaise et les groupes invités vous baladent vence : sitôt Lire Ensemble terminée, avec Papa Dixon (à Salon le 18 juin), d’un style à l’autre avec un vrai sens voilà que Les Musicales prennent place du rock avec Clan D et Boogie Bala- de la fête ! dans les 17 communes, en y propo- gan (à La Barben le 19 juin) et DO.M. sant des concerts, en partenariat Garage Express (à Charleval le 3 avec le Portail Coucou et l’Institut juillet), du reggae avec Toko Blaze Les Musicales d’Agglopole musical de formation professionnel (à Pelissanne le 2 juillet) et Drunc- Provence (IMFP). C’est l’occasion, renouvelée ksoul (à Eyguières le 4 juillet) et du Jusqu’au 4 juillet lors de chaque manifestation, de jazz manouche avec Noto Swing (à 04 90 44 85 85

(re)découvrir les villes et villages du Sénas le 20 juin et Lançon le 27), www.agglopole-provence.fr Toko Blaze © X-D.R territoire par le biais de concerts Tzwing (à Vernègues le 25 juin et donnés sur les places, parvis et dans Saint-Chamas le 26). Prenez le temps Le port s’anime Les Nuits des Iguanes Après s’être promené dans quelques lieux emblé- Concert événement donc, pour lequel on vous con- matiques de la ville, des bords de l’Étang au Palio, seille fortement de réserver… À noter une nouveauté: Les Nuits d’Istres, ex Estivales, reviennent s’instal- la formule dîner-concert, les repas étant concoctés ler intégralement dans le cadre magnifique du par le chef étoilé istréen Sébastien Richard… Cie Entre Ciel et Terre © Francis Leclerc Pavillon de Grignan, lieu magique s’il en est, où DO.M. cigales et musique s’unissent pour offrir des soirées exceptionnelles. Et gageons qu’elles le seront, si Les Nuits d’Istres l’on en croit les têtes d’affiche annoncées : Vanessa Les 4, 5, 8 et 12 juillet Paradis revient à Istres (elle était déjà présente en Pavillon de Grignan, Istres 2001) pour un concert acoustique le 5 juillet ; 04 42 81 76 00 quelques jours plus tard, le 8, c’est au tour de www.istres.fr Jacques Higelin de prendre place sous les arbres séculaires du Pavillon, Iggy Pop © 2005 Getty Images pour un concert Coup de À Port-Saint-Louis, aux confins du Rhône et de la foudre, rapport au titre de Méditerranée, se trouve le Citron Jaune, Centre son séduisant dernier al- National des arts de la rue mené par la compagnie bum ; le dernier concert Ilotopie. C’est lui qui, en partenariat avec la ville, enfin, le 12 juillet, devrait égaiera les mercredis de juillet dès 19h, avec des être d’anthologie avec la spectacles de musique, de théâtre de rue et de venue d’Iggy Pop. Et non cinéma en plein air, le tout se déroulant dans le seulement l’iguane, mais respect des normes eco-responsables, de la aussi The Stooges, grou- restauration au tri des déchets. pe mythique reformé en Dès le 7 juillet, la fanfare tzigane décapante Fanfa- 2003 (mais pas sous sa ra Lui Craciun donnera le ton, suivie des acrobaties forme originelle, James du trio de la cie Le Cubitus du Manchot et d’un Williamson intégrant la concert pop rock des Little Midgar. Le 14, le duo formation suite au décès Les Dithyrambes vous prouvera que le punk peut de Ron Asheton en 2009). être précieux, avant que la délirante Rosie Volt, acrobate de la glotte, ne vienne chanter à gorge déployée La Natür c’est le bonhür ! Le 21, après le p’tit bal à 6 francs 6 sous de Dj muzett, la filde- Diams et brillant fériste Lucy Boulay présentera Pétule, petit bijou C’est au pied du château, dans le parc, qu’a lieu styles très divers : c’est Diam’s qui ouvre le bal le de prouesses techniques et poétiques interprété chaque année depuis quatre ans le Festival de 15 juillet, suivie le lendemain de la Miss Météores avec une marionnette. Et pour le dernier mercredi Solliès-Pont, à mi-chemin entre Hyères et Toulon. Olivia Ruiz ; puis changement radical de genre du mois, après les rythmes endiablés de Cocosun- Quatre soirées pour quatre concerts, quatre avec la troupe de Mozart l’opéra rock qui chante shine, ne ratez pas la danse prodigieuse de Lara pointures de la scène musicale française, dans des quelques chansons du spectacle au profit de Castiglioni avec le feu, Entre terre et ciel… l’association Un sourire, un espoir pour la vie de Olivia Ruiz © Sylvain Piraux DO.M. Pascal Olmeta (le 17). Pour finir c’est Dany Brillant qui fera chalouper les festivaliers sur les rythmes Les Mercredis du Port salsa dont il a le secret le 18 juillet. Les 7, 14, 21 et 28 juillet DO.M. Dès 19h Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis Festival du Château 04 42 48 40 04 Du 15 au 18 juillet www.ilotopie.com 04 94 13 05 87 www.festivalduchateau.com FESTIVALS 27 Manox for all La mode est au vert C’est dans le cadre privilégié du Théâtre de Verdure et du Parc d’Albertas que le festival Les Arts Verts s’installe chaque année depuis 2003, avec un programme qui fait alterner les rendez-vous musicaux, d’humour et de cinéma en plein air. Et les stars de la chanson française seront présentes cette année encore : Marc Lavoine (le 9/7), Vanessa Paradis (les 16 et 17/7), Calogero (le 20/7) et Alain Souchon (le 21/7) ! Seule touche d’humour (mais irrésistible !) Noëlle Perna/Mado la niçoise fera son show le 12/7. Mais le festival sait aussi offrir des moments gratuits, ce sera le cas notamment avec l’hommage à Luis Mariano, L’Homme à la voix d’or, de Robert Giraud et sa troupe (le 3/7), le concert jazz du groupe Béattitude (le 6/7), la comédie musicale Destination ailleurs de la cie Equinoxe (le 29/7) et le concert du vibraphoniste Michel Terrioux en quintet (le 2/8). Enfin, et parce que le ciné en plein air est toujours un moment agréable, ne ratez pas les projections de Mamma Mia ! (le 19/7) et de La famille Suricate (le 18/7). Manu Dibango © Didier Pallages Dans le Parc de la Drouille à Manosque, en scène de The Stars, Paul Di Anno et Tim Festival Les Arts Verts l’association À l’Affiche organise le festival Musiks Bogert; le dernier soir, place aux sons métissés du Du 1er juillet au 2 août à Manosque depuis 25 ans. Cette année, jazz et des rythmes africains avec Smod et Manu Gemenos rallongeant les festivités d’un jour et renouant avec Dibango. Et puis, tous les après-midi, de 15h à 0 892 683 622/0 892 390 100 www.mairie-gemenos.fr la gratuité complète des soirées, le festival verra 17h30, c’est au plan d’eau des Vannades qu’ont lieu Alain Souchon © X-D.R. se succéder tous les soirs des artistes connus et les siestes et apéro musicaux, belle mise en reconnus, à raison de deux concerts par soir : le 17 condition avant d’aborder ces soirées endiablées ! juillet, la pop alternative de Siméo précèdera le reggae du bien nommé Julian Marley ; le Musiks à Manosque lendemain, Raul Paz enchantera la soirée, Du 17 au 22 juillet partageant l’affiche avec Dj Tounga ; puis, le 19, Office de tourisme soirée française et groovy avec Tété et la fanfare 04 92 72 16 00 funk Le Gros tube ; le 20, les énergiques et sympathiques musiciens du groupe Bratsch partageront la scène avec In the club ; le 21, le rock des Robertes chauffera la piste avant l’entrée Panier gourmand 17 ans que ça dure : la Fête du Panier se déroule dans le plus vieux quartier de Marseille, toujours en plein air et toujours gratuite ! Avec le parcours Le Panier, de l’Art à la Manière jusqu’au 26 juin, l’accent est mis sur la découverte d’un patrimoine inédit avec notamment des vernissages et rencontres avec des artistes installés dans les ruelles sinueuses. Départ en petit train ou calèche. Ceux qui comptent s’y rendre seulement la nuit profiteront des Poum Tchack (18/6 à 23h place des Pistoles), suivis de Superfunk et Alif Tree (18/6 à 20h place des 13 coins) en attendant le lendemain soir la fanfare à mobylettes Tobrogoï, Mars / Haïf, Rona Hartner et les Dubs Pistols (de 20h30 à 0h30 le 19/6 place des Pistoles), ou Sac à Boulons et Les Enjoliveurs «Ole Maestro» (18/6 à partir de 20h30 place de Lenche). F.I.

Fête du Panier, Marseille Les 18 et 19 juin www.fetedupanier.org 28 MUSIQUE ACTUELLES Concert sonique Hors des sentiers battus et des tournées formatées, le GRIM nous offrait un concert one-shot atypique de Lee Ranaldo et Jean-Marc Montera, goûté sans retenue par un parterre plus que nombreux d’amateurs du genre. Et c’est bien d’une traite et cul- sec qu’il fallait consommer cette hypnotique performance guitaristique de haut-vol, une heure presque en apnée, immergé dans le flot vidéo aquatique qui servait de fond à la prestation des deux guitaristes de talent. Retenant son souffle, le public assis à même le sol s’est laissé initier à ce rite quasi chamanique où la guitare ne sait plus ce qu’elle est, pendue dans un premier temps au bout d’une corde et tournoyant au dessus des spectateurs concentrés. Lee Ranaldo, adepte des expérimentations sonores (en bon co-fondateur des Sonic Youth qu’il est) ne laisse pas de répit à sa guitare : frottée à l’archet, battue à la baguette, effleurée de ses mains, elle n’en finit plus de vibrer, d’offrir distorsions et réverbérations, s’effaçant peu à peu dans la pénombre qui n’en fait que plus ressortir le motif visuel de la vidéo de fond. Jean-Marc Montera répond à cette immersion sonore tantôt par une guitare Lee Ranaldo © X-D.R. électrique frottée à l’archet, tantôt par une guitare transe musicale laissera dans son sillage des sèche paradoxale, presque incongrue, qui ramène auditeurs conquis, ravis d’avoir flotté pendant une une poésie légère en guise de bulles d’air dans ce flot heure sur ce flux rare et intemporel. électrique. Étonnante, envoutante et réussie, cette PASCALE FRANCHI Jeune homme recherche appartement C’est sur une terrasse face au Palais «chez Daniel» qui va le contredire. En réunissant une Mina May s’installe alors quand la nuit est bien noire, Longchamp qu’a eu lieu le 4 juin centaine de personnes toutes heureuses d’être là, le avec toutes les influences pop rock et tendances indi groupe composé d’Antoni (basse-claviers-guitare), rock presque psyché par moment, plongeant le concert remarqué de Mina May Concertmate (basse-claviers), El Pulpo (batterie) et l’assistance dans une ambiance vraiment cool. Un Le concept singulier des concerts en appartement Flashing Teeth (voix, guitare), formation née à Toulon concert trois fois réussi donc, malgré quelques petits se poursuit cette année avec beaucoup de succès. en 2000, a su confirmer la pertinence d’une formule problèmes techniques annoncés par moment, et à Initié par La Grosse Production, ce type de rendez- en devenir. Les décibels ont commencé à ronfler peine éprouvés… Une belle soirée à domicile, à vous à la fois intimiste et convivial est une entreprise avec les deux derniers nommés (guitare acoustique retrouver sur le CD qui sort actuellement. qui tourne, et ce n’est pas la prestation de Mina et voix pour l’un, synthé et improvisations SONIA ISOLETTA May, soutenu par Tandem (scène de musiques électroniques pour l’autre) pour un avant-gout de actuelles du Var), au cœur du quartier Longchamp solos délicieux en attendant la bande au complet. CD Mina May. Label Silverstation Records L’Afrique du Sud pour autre chose…

En ces temps où le ballon rond semble omniprésent Mahotella Queens © X-D.R. rythmique (basse-batterie-percussions-guitare- dans les médias, Châteauvallon a eu l’idée claviers) digne d’éloges, mettant en valeur de subtiles singulière d’inviter, ce 4 juin, sur scène, des légendes orchestrations et des grooves lancinants, quasi de la musique Sud-Africaine pour un concert riche hypnotiques. Au chant, la voix qui rappelait celle des en émotions, montrant un visage autrement moins griots ou des shouters servait de contrepoint parfait tapageur du pays dont tout le monde parle. aux attaques franches, pleines de punch, avec une La première partie, un peu courte, s’ouvrait avec les sonorité pourtant douce et feutrée à l’instrument et Mahotella Queens, trio d’une fraîcheur réjouissante mettait en valeur un propos engagé, un regard évoluant sur des harmonies vocales colorées humaniste sur la vie : une fin de concert généreuse typiques d’un certain attachement aux chants en somme et d’un immense professionnalisme dont traditionnels relevés, çà et là, d’un humour très la rigueur et la qualité n’ont pas échappé à un théâtralisé. auditoire visiblement conquis par ces délices sud- La deuxième partie, heureusement plus longue, africains. beaucoup plus orientée «urbaine» dans ses sonorités EMILIEN MOREAU empruntant au jazz et au blues, était emmenée par le talentueux Hugh Masekela au bugle (parfois doublé aux claviers) et au chant porté par une section

30 MUSIQUE JAZZ Sculpture et malaxage poétique musiciens, chacun prenant des risques espagnol qui a réalisé Buscando la luz, créatifs en solo, se sentant appuyé par sculpture monumentale d’une dune pi- les autres pour donner le meilleur. Et quée de fleurs qui est représentée sur tous possèdent une grande maîtrise de la pochette du dernier CD du Quartet leur instrument. Dans ce contexte, Résistance Poétique. Bruno Angelini, au piano, se montre ex- DAN WARZY trêmement imaginatif. Mauro Gargano, avec sa contrebasse à tête de lion, Le concert a eu lieu le 22 mai devient un orfèvre par son jeu d’une au Moulin à Jazz à Vitrolles grande lisibilité même à grande vitesse. CD : Buscando la luz – Sébastien Texier au saxophone alto Christophe Marguet Quartet et aux clarinettes ne manque pas non Résistance Poétique / 2010 plus d’inventivité. Enfin, Christophe Abalone Productions/ Le Chant Marguet à la batterie, leader de cet du Monde / Harmonia Mundi ensemble, et conducteur de cette alchimie, apporte toute son expérience CD : Itrane - Christophe Marguet pour que ses compositions, tout comme Quartet Résistance Poétique / 2008 Christophe Marguet © Gérard Tissier des fleurs, puissent être butinées jus- Abalone Productions/ Le Chant Le temps passé ensemble a nourri ce apprivoisés par Christophe Marguet qu’à en extraire tout le nectar possible du Monde / Harmonia Mundi quartet d’une complicité en évolution. et ses complices, produisant une cohé- de l’invention créative. Par ce biais, c’est www.christophemarguet.net Les territoires musicaux mouvants, ex- sion vitale. Ainsi, une solidarité instinctive là un magnifique hommage rendu à plorés depuis plus de 3 années, ont été et toute naturelle s’est établie entre les Eduardo Chillida, le sculpteur basque La boîte à jazz Quoi de mieux qu’un pianiste de jazz pour parler de nombreuses « chapelles » et de s’en imprégner tout jazz surtout lorsqu’il s’agit de piano ? En talentueux en restant au-dessus pour se forger une identité artis- et fidèle admirateur, le musicien Antoine Hervé, que tique unique. l’on a souvent vu aux côtés de J.F. Zygel à l’écran, est Dresser la liste des musiques l’ayant influencé n’est venu présenter sa quatrième et dernière leçon de jazz pas un exercice facile tant il semble avoir synthétisé au Théâtre Denis à Hyères ce samedi 12 juin, consa- dans son jeu toutes les formes et tous les styles crée cette fois à un monument encore vivant : le musicaux : de la modalité grégorienne au minimalis- pianiste américain Keith Jarrett. me américain en passant par le contrepoint baroque Le propos était clair et concis sans être dénué parfois et la musique folk, sa musique s’est construite sur un d’un humour décapant et mettait en évidence une sens rythmique, harmonique et mélodique très forts. passion non dissimulée pour l’univers artistique foi- En bon pédagogue, Antoine Hervé a repris au piano sonnant que ce grand musicien a su construire en et avec beaucoup de toucher le répertoire du maître, plus de deux cents enregistrements. Ainsi, apprenait- mettant en valeur ses différents aspects afin on que tantôt adulé comme génie, tantôt critiqué d’éclairer un public d’amateurs sans doute déjà pour son tempérament extrême et jusqu’au-boutiste, avertis. il avait débuté comme d’autres avant lui « sur la EMILIEN MOREAU

route », en prenant soin de visiter au passage de © X-D.R. Herve Antoine Quartet onirique Un public nombreux était là pour sou- de la musique. Le piano, loin d’agir en tenir et écouter le 4tet de Christian seigneur du château, a décuplé le sen- Brazier, ensemble constitué des musi- timent de cohésion de cet ensemble ciens à l’origine de la création du tandis que Jean Luc Di Fraya poussait dernier CD Circumnavigation: Perrine le talent des musiciens jusqu’au bord Mansuy aux claviers, Christophe de leurs limites… pour notre plus grand Leloil à la trompette et au bugle, Jean plaisir. Un concert inoubliable. Luc Di Fraya, batterie et chant et… le DAN WARZY compositeur à la contrebasse. Une Christian © Alain Brazier Paparone grande sérénité se dégageait de la Ce concert a été donné formation, et tout au long du concert au Cri du Port le 20 mai 2010 le public a baigné dans un monde CD : Christian Brazier Quartet onirique. Une invitation au voyage dans Circumnavigation Label CELP l’espace et dans une intemporalité Musiques presque religieuse, parfois incantatoire, www.christianbrazier.com induite par le caractère très mélodique

32 MUSIQUE BAROQUE Du Baroque fort ! Programmer dans un même concert la très conséquente Missa Votiva de Zelenka et l’Ode pour l’anniversaire de la reine Anne de Haendel, et ce dans l’église du Sacré Chœur à l’acoustique plus que capricieuse, relevait de la gageure ! Difficile en effet de mettre en valeur l’écriture ciselée et brillante de «l’anglais» d’outre Rhin et de travailler la belle matière quasi organique du natif de Bohème et ses multiples plans sonores avec un ensemble aussi compact. Le chœur OPUS 13, à la justesse irréprochable, dirigé avec vigueur par Marie-Hélène Coulomb, resta cependant confiné dans un ton monochrome sans mettre en relief les ondulations contrapuntiques des deux compositeurs. Soulignons pourtant le travail de précision de ces choristes (vocalises impeccables, équilibre des pupitres), qui insufflèrent aux solistes un vent d’enthousiasme. Philippe Martin, baryton au timbre chaleureux avec de beaux aigus, Lucie Roche superbe voix d’alto, chaude, suave, et Cynthia Ranguis soprano tout en délicatesse et rondeur illuminèrent de leur sensibilité les deux œuvres. Regrettons toutefois que l’Orchestre de Chambre de Toulon et du Var, à cause de quelques traits violonistiques mal assurés et d’un problème d’accord entre les cordes-bois et continuo, n’ait pas été à l’unisson des chanteurs. CHRISTOPHE FLOQUET © Danielle Lorin Violes et tags En fait d’opéra «miniature», comme formé un couple lumineux à la West l’annonçait le programme du Théâtre Side Story, alors que Yukimi Yama- Tonton et le foot de Lenche, l’adaptation de Zoroastre moto et Geoffroy Bussière figuraient de Rameau a duré près d’1h45, soit un négatif ténébreux à leur duo princier… Alors qu’on prétend que la France davantage que Didon et Enée de annonçant La Flûte enchantée ! Aux entière mange des pizzas et boit des Purcell ! C’est que Jean-Paul Serra, images projetées de fresques-portraits, packs de bière face à des équipes directeur de l’ensemble Baroques- graffitis «in progress» filmés à la loupe, cathodiques qui se disputent un ballon, Graffiti, possède un naturel modeste. l’œuvre a retenti de ses antiques feux la vie continue ailleurs… Ainsi aux Certes, avec ses claviers enrobés de baroques, mais nous a aussi paru très Pennes-Mirabeau, «l’orgue de lignes de basses de violes (Christo- proche… Il faut dire que la mise en es- tonton» réunissait autour de lui de phe Oudin et Jean-Christophe pace de Renaud Marie Leblanc, superbes musiciens, dans un concert Deleforge) et d’un violon virtuose modeste elle aussi, repose sur quel- baroque de belle tenue. L’orgue de (Sharman Plesner), on est loin de ques accessoires symboliques, et une tonton ? en fait, l’oncle d’Isabelle l’opulent orchestre de Rameau qui subtile direction d’acteurs qui mène Chevalier, l’organiste Alain Corellou, tonne de coutume dans ses sympho- ces jeunes interprètes vers l’essence amateur éclairé d’orgue et de jazz, nies. Mais le bon goût et la minutie des même de leur personnage. avait sacrifié à sa passion son salon, en artistes ont compensé cette mutilation, On attend dorénavant les prolonge- avait découpé la mezzanine pour Dulcisona © G. Basso offrant au cortège vocal une intimité ments de ce travail entrepris sur l’opus, installer son acquisition, l’orgue du solos ou des duos, l’interprétation en pas toujours équilibrée, mais assez comme l’introduction de ballets qui collège Provence. À sa mort, l’énorme est réfléchie, subtile. Aigus aux belles probante. iraient puiser du côté de l’Afrique… À instrument sera placé dans l’église extensions, notes aériennes de la Sur scène, une jeune soprano promet- suivre ! Saint-Blaise des Pennes Mirabeau, où soprano qui sait aussi donner de beaux teuse Eleonora de la Pena et le ténor JACQUES ET AGNÈS FRESCHEL il prend toute son ampleur. Ainsi, le 12 passages graves, à l’instar du baryton. léger Vincent Le Lièvre-Picard ont juin, il était sans doute ravi de vibrer Les instrumentistes sont aussi © Touhid Ster sous les doigts experts d’Isabelle remarquables, un violoncelle magistral Chevalier, nièce du fameux mélomane et virtuose (Anne-Garance Fabre dit (magnifique improvisation sur J. P. Garrus) et une organiste au jeu précis Sweelinck). Le concert suivait trois et délié. Les différents univers mouvements correspondants aux baroques, graves ou enjoués étaient univers baroques abordés, Allemagne servis avec une intelligence musicale (Schütz, Buxtehude, Bach), Angleterre remarquable… Un choix de concert (le (Purcell, Handel), Italie (Patta, 4e) dont la jeune association des Amis Monteverdi). Le baryton Jean-Paul de l’Orgue peut se féliciter ! Juchem venait compléter avec talent MARYVONNE COLOMBANI l’Ensemble Dulcisona, donnait la réplique à la soprano Anne Périssé Concert donné le 12 juin en l’église dit Préchacq. Les voix des deux Saint-Blaise aux Pennes-Mirabeau chanteurs se tissent avec intelligence, se fondent dans les belles sonorités du violoncelle, puis s’en échappent avec brio. Ils arpentent les différentes époques, les différentes langues avec le même bonheur. Que ce soit des CONTEMPORAINE MUSIQUE 33 Féérie finnoise Musicatreize continue l’aventure des Sept Contes bouche fermée, bruités, grandes lignes mélodiques, musicaux qui se conclura cette année avec Un thèmes populaires, dissonances acerbes… avec de Retour d’Oscar Strasnoy au Festival d’Aix (voir p. beaux soli de Jean Manuel Candenot, basse, et 16). Mais pour l’heure l’ensemble proposait une Rodrigo Ferreira, haute-contre. L’ensemble vit le version concert d’Antii Puuhaara, l’histoire d’un jeune récit, des bâillements à la naissance d’Antii aux finlandais abandonné par son père adoptif, riche multiples crescendi dramatiques ; la direction marchand. Il parcourt le pays rencontrant forêt soutenue de Roland Hayrabédian fait naître une hostile, sorcière, géant… au péril de sa vie (texte musique aux mille palettes : tuilages, legato lyrique, d’Erik Söderblom). Le comédien Olivier Boud- pizzicati étourdissants, bruissements d’une forêt rand, voix du narrateur et du marchand, change de terrible. Les instruments de chambre se jouent des timbre et vit le récit avec émotion. La musique de difficultés rythmiques et mélodiques, tandis que Tapio Tuomela, pour huit chanteurs, violon, alto, clarinette, accordéon et harpe apportent de belles violoncelle, clarinette, harpe, accordéon, est d’une touches populaires ou impressionnistes : les grande variété : harmonies subtiles, sons planants procédés par amplification et variations sont d’une Antii Puuhaara © Yves Berge extrême difficulté dont se sortent avec honneur les musiciens. Un travail polyphonique et contrapunctique, conduit en présence du compositeur : on attend avec impatience la version scénique au Gymnase le 4 novembre ! YVES BERGÉ

Ce concert s’est joué aux Archives et Bibliothèque Départementales Gaston Defferre, à Marseille, le 11 juin Lumineux ! Au théâtre des Bernardines l’ensemble Télémaque le 29 mai dernier s’est produit avec bonheur dans un programme exigeant Même si le titre Concert des psaumes peut nous À part, avant-gardiste ou tout simplement hors du paraitre reposant, il n’en est rien ! Dès les premières temps, la formation inédite de ce quatuor (au début mesures échappées du magnifique théâtre, Preludium, seulement un trio comprenant le 4e mouvement) a Postludium and Psalm de la jeune compositrice été dictée par la présence d’instrumentistes dans un hollando-polonaise Hanna Kulenty a donné le tournis camp en Allemagne en 1940. Inspiré directement à l’auditoire. Mais pas aux deux interprètes. Jean- d’une citation extraite de l’Apocalypse selon Saint- Marc Fabiano (accordéon) et Guillaume Rabier Jean, le très spirituel compositeur avignonnais éloigne (violoncelle) ont su maîtriser l’œuvre toute en l’auditeur du temporel à travers des rythmes striés virtuosité, véritable dialogue aux confins des possi- complexes et des couleurs mystiques dans les huit bilités timbriques des instruments, donnant parfois mouvements qui composent l’œuvre. Cette profes- l’illusion auditive d’un scintillement électroacoustique sion de foi très difficile d’exécution a trouvé avec ! Le violoncelle fut ensuite rejoint par la clarinettiste l’Ensemble Télémaque des interprètes formidables Linda Amrani, le violoniste Yann Le Roux-Sèdes qui ont su non seulement se jouer des difficultés et le pianiste Hubert Reynouard pour le monument techniques dantesques mais également se fondre qu’est le Quatuor pour la fin du temps d’Olivier dans un univers mystique coloré chambriste en étant Messiaen. en parfaite osmose entre eux. Ce qui est une véritable prouesse, étant donnée la partition, et nécessite une complicité de longue date. Avec les interven- tions éclairées du directeur artistique Raoul Lay et une telle envolée musicale, le temps s’est vu suspendu pour un auditoire conquis, tout heureux d’avoir participé à cet événement. FREDERIC ISOLETTA

Yann Le Roux-Sedes © Agnes Mellon 34 MUSIQUE RÉCITALS Romances gourmandes Dans l’imposante Station Alexandre, du récital était donné. La Grande ancienne huilerie de structure Eiffel Coquette dévoile la sûreté technique de remarquablement restaurée, Lucile la soprano, mélodie aux terribles Pessey, soprano et Amandine Habib, intervalles et un piano sautillant, com- piano, nous invitaient à un joli menu : plice parfait. Le Lazzarone, évocation des romances, airs d’opéras, anecdotes oisifs bienheureux de Naples, une voix croustillantes et recettes du chef Ros- égale dans tous les registres. La pianiste sini. Le maître italien, après ses succès énonce la recette du risotto au (Barbier, Tancredi, Moïse), ne supporte champagne puis enchaîne une Danza pas l’échec de Guillaume Tell et l’ascen- diabolique de belle virtuosité. Les airs de sion de Meyerbeer : il ne composera plus la Cenerentola et du Barbier font ap- d’opéras, il n’a pas 40 ans ! Il donne alors précier la maîtrise de Lucile Pessey dans © Yves Bergé des dîners somptueux où se presse le un feu d’artifice de vocalises. Dans Une décor théâtral aux saveurs italiennes, Rossini à l’usage des gourmands Tout-Paris ; il officie lui-même à la cuisine caresse à ma femme, la pianiste effleure prolongeait la soirée en proposant le a été proposé à la Station Alexandre imposant, à ses hôtes de «tourner le dos» le clavier avec tendresse, hommage à fameux Tournedos Rossini: tournedos, le 5 juin pour ne pas dévoiler ses secrets l’épouse supportant ce mari extravagant. foie gras, sauce aux truffes ! Un opéra culinaires ! Révérence de cet art de vivre dans la bouffe à consommer sans modération ! «Après la paresse, il n’existe pas de plus jolie romance finale : Trinquons à la vie YVES BERGÉ belle occupation que de manger» : le ton ! Le chef du Barocco, restaurant mitoyen, Verdict de l’histoire L’oubli dans lequel a sombré pendant plus de deux mais également le mal-être de cet homme, au Cour : sa direction du Concert des amateurs lui valut en siècles le «mulâtre» Joseph de Bologne, adoubé par tempérament amoureux mais voué au célibat, au génie 1775 par l’Almanach Musical la qualification de «meilleur son père mais appelé Chevalier de Saint-Georges avéré (qu’il dut, comme tous les «noirs parisiens» de orchestre symphonique de Paris, voire d’Europe» ; ce qui surtout pour ses qualités d’escrimeur, fait froid dans le l’époque, prouver en s’attaquant avec excellence à tous n’empêcha pas Louis XVI, quoiqu’à contrecœur, de lui dos. L’œuvre musicale de cet homme étonnant, fruit de les domaines), mais jamais accepté entièrement par la refuser la direction de l’Académie Royale de Musique l’amour d’un riche planteur et d’une esclave, vaut en suite aux plaintes de trois de ses membres. Alain Aubin © maxminniti effet d’être entendue. Les talents de soliste, de chef Ce qui frappe, avant tout, dans ces airs inconnus, c’est d’orchestre et de compositeur du jeune guadeloupéen leur lyrisme, appuyé par un recours à des thèmes et émigré à Paris ne faisaient pas l’ombre d’un doute motifs désarmants de simplicité, la souffrance non malgré les préjugés raciaux de l’époque (on se rappelle dissimulée de la berceuse Dors mon enfant, («ta mère a notamment de la nouvelle impulsion par Louis XV, en bien assez de sa douleur» !), visiblement pétrie de 1762, au Code Noir). souffrances et de déceptions très personnelles, qui Aussi Jean-Paul Serra, directeur de l’ensemble n’est pas sans évoquer les thématiques romantiques qui Baroques-Graffiti et donc habitué à un autre lui succèderont. Un compositeur à redécouvrir répertoire, a tout de même tenu à proposer, avec le d’urgence ! contre-ténor Alain Aubin, des partitions de la BNF, SUSAN BEL inédites pour la plupart,. Et à les mettre en parallèle avec des airs de Mozart, qu’on eut plaisir à réentendre. Ce récital a eu lieu le 4 juin à la villa Magalone, Cité de la La musicalité fut évidemment au rendez-vous, servie par Musique de Marseille des lectures enflammées de textes resituant l’époque Choral ensoleillé Cocktail détonant ! Nous les avions déjà applaudis lors du vient du lyrique, il vient du jazz… Rencon- La fin des années scolaires suit le rythme L’exécution est propre, pas de «queue» festival Durance Luberon au château de tre improbable de deux univers, et un talent des spectacles de fin d’année. Les dans les passages syncopés, la musique la Verrerie, (voir Zib’ 22). Ils reviennent fou ! Cathy Heiting, soprano, (la grandis- parents sont prêts à se pâmer devant les n’évite pas les difficultés, les textes sont avec la même verve, le même entrain, le sime Katia Kalchnikova), Jonathan performances de leurs chérubins. Chuuuut intelligents et sensibles. Aucune puérilité même humour. Le costume a changé, les Soucasse, pianiste, aux coiffures si ! La représentation commence ! Un petit dans le propos, qui ne cherche pas à morceaux sont plus ramassés, mais expressives (la caricature du musicien discours de bienvenue, et les héros du édulcorer la réalité. On dépasse large- l’approche désopilante reste intacte. Elle romantique est inénarrable !) s’en donnent jour entrent en scène… Cette année, ment le cadre scolaire ! D’ailleurs, un à cœur joie, inventent d’extraordinaires dans le cadre du Festival choral acadé- disque réalisé lors des quatre concerts biographies d’artistes qui satisferont les mique, un artiste de la région, Daniel (120 à 150 choristes différents par Opera Molotov © AlietteCosset esprits de clocher les plus pointilleux… Beaume, a composé Il pleut du soleil. concert) sortira fin septembre… Histoire C’est dionysiaque à souhait, mais ne Les chorales de 21 collèges, préparées d’avoir plus qu’un souvenir ému ! vous y trompez pas, la rigueur musicale par leurs professeurs, ont interprété avec M.C. est là ! beaucoup d’enthousiasme des chansons M.C. qui évoquaient les ombres et les lumières Ce concert a eu lieu du 18 au 25 qui hantent la vie des enfants du monde mai à Rousset, La Penne-sur- À venir : Opéra Molotov est en tournée : douceur des marées qui entraînent au Huveaune et Miramas le 18 juin à Trets, le 31 juillet rythme des oiseaux, écume, «parfum dans le cadre du Festival choral à Puyloubier, le 23 sept à Saint-Lo, d’enfance», mais aussi horreur des académique et le 25 à Cornillon Confoux enfants soldats, des enfants esclaves. http://duoheitingsoucasse.com

36 MUSIQUE MUSIQUE DE CHAMBRE Au nom du père et de la fille Lorsque les ailes des orgues de l’église Saint Jean de alors prend une ampleur inconnue, et l’interprétation de Malte s’ouvrent, le silence se fait dans la nef qui Bernard Foccroulle, particulièrement dans le Prélude et embaume encore des fragrances d’encens. Bernard fugue en la mineur, est simplement magistrale. Foccroulle présente le programme avec clarté et Ce grand musicien s’incline alors avec une douceur simplicité, livrant au public, en bon pédagogue, les clés complice devant sa fille, Alice Foccroulle. Toute de de la musique qu’il va entendre. Le propos musical mesure et de sensibilité, la voix de cette jeune artiste, glisse de Schütz à Bach, en passant par Matthias qui maîtrise parfaitement les lignes, résiste à la puis- Weckmann, Dietrich Buxtehude, Purcell. Une palette sance des orgues, s’impose avec des nuances cristallines, extraordinaire de couleurs se dessine alors, les orgues de beaux graves de soprano, des finales parfaites. Le sonnent comme une multitude d’instruments, flûte, propos est tenu jusqu’à la dernière syllabe, l’ultime cornemuse, hautbois, orchestre entier, dans de lettre, rendant l’intelligence subtile des textes. Son fulgurants emportements. On passe d’univers intimistes, interprétation de The blessed Virgin’s Expostulation de empreints de méditation, aux thèmes baroques de la Purcell, avec son invocation déchirante à Gabriel et à mort inéluctable, d’un monde de miroirs, rendus par la des cieux étrangement vides, fut superbe d’expressivité. construction même de certaines pièces de Buxtehude, Il est difficile d’être l’enfant de parents célèbres : Alice qui livre la première pièce autobiographique de l’orgue Foccroulle réussit le pari d’être elle aussi une très dans son choral funèbre et déploration sur la mort de grande artiste. Quelle belle transmission ! son père. Et puis survint Bach : souverain, l’instrument MARYVONNE COLOMBANI Bernard Foccroulle © Johan Jacobs Festival virtuose Festival de haute volée que celui du Tholonet, les autres lieux n’excédait pas celui de places de d’une manière simple, claire et construite, pour un Autour des claviers. Choisis avec discernement, cinéma ! L’artiste de la soirée était, à l’instar des public éclectique dans lequel il y avait de nombreux les jeunes artistes invités à cette manifestation, font concerts précédents, exceptionnelle. Sarah Lavaud, enfants. Faire partager son art, le commenter pour preuve d’un talent rare. Ainsi, dans la charmante qu’on avait pu découvrir l’an dernier à La Roque que chacun apprenne à entendre les œuvres, petite église du Tholonet, la «soirée russe» permettait d’Anthéron, en hommage au double bicentenaire de participe d’un beau souci de démocratisation de la à un public littéralement sous le charme de découvrir cette année, interprétait des œuvres de Chopin et de culture. Partagé par les organisateurs du festival. Thomas Gould au violon et Alastair Beaton au Schumann. Partitions difficiles et exigeantes. La Ainsi, elle nous emporta des obscures clartés du piano. Qualité des silences, pianissimi étourdissants jeune artiste eut la gentillesse de présenter les Nocturne op.62 de Chopin aux lignes sinueuses et du violon, qui sut concilier finesse émotion et brillant ; implications du programme choisi, mettant en chromatiques de la Barcarolle op. 60, et de sa jeu plein du piano, aisance des trilles. La sonate n°1 lumière les oppositions et les échos des œuvres et ce lumière radieuse, aux Mazurkas de l’op. 24 où le en fa mineur op.80 de Prokofiev, d’un lyrisme cœur de la Pologne vibre. Puis c’était le cycle des sombre, brisant les conventions classiques, était Thomas Gould © Sussie Ahlburg pièces brèves de Kreisleriana op.16 de Schumann, rendue avec une intensité bouleversante. Le compo- exercice de miniature hautement acrobatique, puisqu’il siteur russe sera repris lors des bis, pour la cinquième exige de la pianiste de se glisser très rapidement des cinq mélodies. Auparavant, la sonate à Kreutzer dans de nouveaux rythmes, de nouveaux univers. Un de Beethoven entraînait les deux musiciens dans bel empâtement de la matière musicale, et une une joute virtuose où tous les registres semblent légèreté virtuose, la pianiste semble devenir un passés au crible. Un concert d’une haute exigence centaure d’un nouveau genre, ne faisant qu’un avec pour des artistes d’exception ! le piano. Quel festival vivifiant ! Le dernier concert du festival se tenait le 13 juin dans MARYVONNE COLOMBANI la nouvelle salle de Palette. Bondée. La gratuité y est sans doute pour quelque chose, même si le prix dans Un festival intimiste Le Clos d’Albizzi à Cassis propose Avignon à celui du Roy René s’attache à pour la quatrième année ses «verres faire découvrir aux spectateurs l’évo- musicaux», dans une ambiance convi- lution de la musique du XIIe au XVe viale et bon enfant. Le vin de la siècle, le passage de la monodie à la propriété est offert en fin de concert. polyphonie, le rôle de l’improvisation, Celui-ci se déroule dans les chais, jusqu’aux «stars» du XVe, comme Dufay. préparation à l’ivresse musicale ? Le 23 Initiation à la facture des instruments, mai, c’était l’ensemble Mescolanza, souvent reconstitués d’après la composé de trois spécialistes de la documentation du Moyen Âge, noyer, musique médiévale, Stéphanie Mahue, buis, épicéa… sans compter la belle soprano et flûte à bec, Julien Fer- histoire d’amour pour une guiterne… rando, orgue et clavicyterium (clavecin Un très joli concert, avec des musiciens primitif évoquant une harpe à clavier) talentueux, et une vraie démarche et Jean-Michel Robert, luth. Leur historique. programme, Autour des instruments M.C. médiévaux, du temps des papes en MUSIQUE 37 Orgue romantique Afin de célébrer la restauration du Grand Orgue le facteur d’orgues Jacques Nonnet à qui avaient entamée en 2007, les amis de l’Orgue de Notre- été confiés les travaux de restauration, un concert Dame du Mont ont proposé du 27 au 30 mai, en trompette et orgue fut proposé le samedi 29 mai. Le collaboration avec Marseille Concerts, un duo Gérard Occello-Chantal de Zeeuw, qui, en programme d’inauguration. bientôt vingt ans de collaboration, a su faire ses Frédéric Chopin, en 1839, avait joué pour les obsè- preuves, a proposé pour l’occasion de très belles ques du chanteur Nourrit les «Astres» de Schubert pages de Vierne, Franck, Boëllmann, Mel Bonis, que sur l’orgue alors présent dans l’église Notre-Dame les sonorités XIXe de l’orgue (d’aujourd’hui 30 jeux !) du Mont. Ses remarques, peu flatteuses, sur ce ont su rendre remarquablement. On pourra regretter Gerard Occello © Agnes Mellon dernier ont poussé le curé à commander le bel que les jeux très harmoniques, moins «rugueux» que instrument que l’on connaît au facteur d’orgues ceux d’un orgue baroque, se soient un peu moins Ducroquet. Inauguré en 1847, il était alors doté de pliés à l’écriture de Bach. Mais la prestation de qualité 24 jeux sur 2 claviers et pédalier. Après la des deux musiciens fit aisément oublier ce décalage des pièces jouées ce soir-là devrait bientôt être bénédiction de l’orgue le 27 mai, suivie d’un récital de timbre. disponible… On l’attend avec impatience ! par Daniel Roth, puis la conférence du 28 mai par On nous signala qu’un enregistrement de la plupart SUSAN BEL De la manière à la matière, Le chant opus 2&3 de la terre Suite et fin de l’enregistrement des sonates pour David Galoustov s’étant foulé le poignet (gauche !) Beethoven, Liszt, Chopin, Brahms et piano et violon de Beethoven par le label Lyrinx à la peu avant le 8 juin, on n’eut pas le plaisir d’entendre Debussy en tête à tête avec Zhong Criée. Si le concert d’ouverture du 26 mars s’était la sonate n°10, trop difficile. Le reste de la prestation Xu: conversation aux accents ch- avéré enthousiasmant, malgré l’écriture un peu (et la reprise, pour la peine, de la sonate du Printemps) toniques dans la cité arlésienne ! A convenue des sonates de l’opus 12, les pièces fut cependant admirable. On espère avoir bientôt l’image d’Yggdrasil dans les eddas proposées le 19 mai et 8 juin, composées plus l’occasion d’entendre cette ultime sonate : pour scandinaves, le pianiste chinois tardivement (à l’exception de la sonate n°4, qui, la enregistrer l’intégrale, il faudra bien qu’ils nous la construisit une véritable «muraille de première, avait bénéficié d’un accueil favorable de la jouent ! signes» faisant sourdre des entrailles critique) faisaient preuve d’une plus grande maîtrise SUSAN BEL de la terre un monde musical inouï, d’écriture, et d’un génie éclos. L’apparition d’un Caroline Sageman © Frederique Le Calvez arrachant des graves de son Steinway véritable dynamisme, du contraste si Beethovenien des harmoniques célestes. Enraciné entre les mouvements, d’une organisation savante de dans le sol, le virtuose ne fit qu’un avec motifs simples, de particularités rythmiques, de son instrument : sublime dans La vallée tensions harmoniques peu conventionnelles et d’un d’Obermann du maître hongrois, lyrisme bien présent dans les mouvements lents ne chirurgical dans la Sonate 28 de permettaient pas de s’y tromper : nous étions bien Beethoven, Zhong Xu embrasa la face au «style héroïque» du compositeur, dont les chapelle du Méjean dans l’Isle joyeuse deux solistes David Galoustov et Caroline de Debussy. Tellurique ! Sageman n’ont oublié aucune des nombreuses CHRISTOPHE FLOQUET subtilités. Leur exécution remarquable de la sonate n°9, dite sonate à Kreuzer (ironie du sort : Kreuzer, la Ce concert a eu lieu à la jugeant inintelligible, refusa de la jouer), à l’écriture Chapelle du Méjan, Arles, le délicieusement concertante, a tout simplement 4 juin ébloui le public. 38 MUSIQUE OPÉRA Tu es le père… Il y avait soixante-quatre ans qu’Hamlet d’Ambroise Thomas n’avait pas été représenté sur le Vieux-Port! Le drame shakespearien, revisité à l’aune du romantisme par le compositeur de Mignon, a trouvé dans cette nouvelle production de l’Opéra de Marseille (coproduite avec l’Opéra National du Rhin) un souffle neuf. Dans un décor unique (Vincent Lemaire), dont les hauts murs froissés paraissent ceux d’une maquette fraîchement retirée d’un dépôt pour ouvrages négligés, les héros se meuvent vers leur lugubre destin. À la mesure d’une mise en scène austère et puissante (Vincent Boussard), le spectre fantastique du paternel assassiné marche aux cloisons, appelle son fils à la vengeance avec la voix du Commandeur (Patrick Bollière). Le couple félon (somptueuse Marie-Ange Todorovitch et Nicolas Cavallier impeccable) panique quand l’immense portrait du Roi devient miroir. Et quand son cadre reste vide, façon Yves Klein, le héros médite au seuil de son abyssal «Être ou ne pas être ?»… Enfin, lorsque Sommets Ophélie se noie dans une baignoire, rappel loufoque du lac originel, personne ne songe à rire : Duchamp germains fait place à Delacroix ! Il faut dire que Patricia Ciofi, en grande forme, est Dernier concert de la saison : éblouissante dans cette scène de folie. On salue Wagner et Richard Strauss aussi la performance de Franco Pomponi qui, malade, a rempli son contrat jusqu’au tomber du font trembler les murs de rideau tandis que son baryton le trahissait (le 1er juin). l’Opéra de Marseille… Le Chœur de l’Opéra s’est une nouvelle fois Tout débute par l’énoncé du fameux distingué, montrant, aux moments clés, puissance, © Christian Dresse 2010 thème du Désir de Tristan et sa nuances et théâtralité. Et la direction souple et «résolution» harmonique équivoque. élégante de Nader Abassi semble avoir été du goût Illico, on se laisse embarquer par la de l’Orchestre maison dans les interludes aux machine symphonique, son hypno- séduisants échos de harpes, saxophone ou tique balancement qui, à pas comptés, clarinette… conduit au climax volcanique avant JACQUES FRESCHEL que la tension, doucement, regagne le silence initial… On a beau connaître les musts wagnériens sur le bout des Tardifs et flamboyants oreilles, rien n’y fait : le sorcier allemand nous manœuvre à sa guise ! Le Festival de Musique sacrée de Marseille s’est Stabat Mater de Pergolèse. Grands «classiques» D’autant que le 12 juin, dans le vais- achevé sur un programme pour le moins coloré : les baroques, menés avec énergie, musicalité et seau (aucunement fantôme !) de l’Opéra Laudate Pueri et Nisi Dominus de Vivaldi et le fameux générosité par l’Orchestre Régional de Cannes retenant son souffle, un Maître

Pascale Beaudin © Pierre-Etienne Bergeron (dirigé par Philippe Bender) et deux solistes Chanteur envoûte l’Orchestre Philhar- robustes : la jeune soprano Pascale Beaudin, très monique de Marseille. Klaus Weise prometteuse, et Marie-Ange Todorovitch (mezzo) dompte la bête, maîtrise nuances et qu’on ne présente plus. dynamiques, en garde sous le pied, L’occasion pour un public nombreux de redécouvrir soigne les textures et tisse les l’œuvre sacrée de Vivaldi, qu’on connaît moins que hachures polyphoniques au fil d’un son répertoire instrumental. À tort ! La fougue lyrique souffle romantique vigoureux, comme du prêtre roux, plus mesurée, et le climat dans le triptyque de Tannhäuser et son éminemment poétique de chaque air (le quatrième légendaire combat du vice et de la verset du Nisi Dominus, tout en rythme et procédés vertu. somnolents, est une pure merveille !) valent le détour. Avec la monumentale Symphonie Le célèbre Stabat Mater, bien que beaucoup plus alpestre de Richard Strauss, le chef connu et entendu, a suscité un enthousiasme mérité incarne le joueur de flûtiau : on du public. Il eut par ailleurs l’intérêt de faire le lien s’éveille avec le soleil et l’on grimpe entre le lyrisme fougueux du compositeur italien le dans sa course vers des sommets plus célèbre du premier XVIIIe siècle à la puissance lumineux… avant la descente orageuse dramatique du jeune Pergolèse, qui annonce la et le retour à la paix. Olympien ! Ou période classique. Asgardien, c’est selon. Très beau concert ! JACQUES FRESCHEL SUSAN BEL

40 ARTS DE LA RUE MARTIGUES | SIRÈNES | TRETS | MERLAN Sous les vents martégaux Les noms ne vous diront peut-être rien, évocateurs ture, «pour se réapproprier le temps et la rêverie, ouvrir de contrées lointaines, association de termes poéti- l’esprit» selon E. Faye, «se nourrir de la lenteur du dépla- ques… Flûtes de Nantong, gomgom, moulin batteur, cement et laisser la puissance de l’esprit faire le reste» moulin de Bali, harpe éolienne… Sur le site unique de pour C. Garcin, aucun des deux n’étant à proprement la Pointe de Bonnieu, à Martigues, le bout du parler des auteurs de récits de voyages. Parlant de monde n’était pas loin. C’est là que dans le cadre de ses ouvrages Nous aurons toujours Paris (Stock), Mes l’Odyssée, Pierre Sauvageot, compositeur et néan- Trains de nuit (Stock) et L’Homme sans empreintes moins directeur de Lieux Publics, a imaginé son (Stock), E. Faye évoque un «bric à brac emmêlé», des Champ Harmonique, un parcours auditif hors du impressions à classer dans lesquelles il faut remettre commun, et hors du temps, qui donnait à entendre de l’ordre pour retrouver «le merveilleux, l’innocence une partition pour vent et instruments au gré d’une de l’enfance». C. Garcin parle plus volontiers d’investir (trop) courte marche symphonique. Il a bien sûr fallu des lieux plus ou moins rencontrés lors de ses compter avec les caprices du premier concerné, le voyages et qui déclenchent l’écriture (notamment vent, violent par moment, ou trop calme parfois, mais pour La Piste Mongol, Verdier, Carnets japonais, qui toujours créait des mélodies uniques, y compris Escampette et Itinéraire chinois, Escampette). quand le bruit des vagues s’en mêlait… Ce furent des D’anecdotes en lectures, ils convinrent que l’imagi- moments véritablement magiques pour chacun, des naire faisait autant voyager que la géographie… concerts qui s’apparentaient souvent à une expé- DO.M.

rience sensorielle inédite. Et comme dans un ballet © Do.M mystérieux dont la chorégraphie serait restée libre, Dans le cadre de l’Odyssée de Martigues, les marcheurs cheminaient silencieux et attentifs, Un peu plus tard à la médiathèque Louis Aragon, Champ Harmonique s’éprouvait avançant puis reculant d’un pas, sourire aux lèvres Eric Faye et Christian Garcin se retrouvaient au sur la pointe de Bonnieu du 26 mai au 6 juin, et yeux plissés, ou recueillis dans un transat lors du côté de Pascal Jourdana pour discuter de la notion tandis que E. Faye et C. Garcin étaient reçus concert de harpes et gomgoms éoliens... Un spec- d’écrivains voyageurs. Les deux auteurs soulignèrent à la médiathèque Louis Aragon le 4 juin tacle total on vous dit ! l’importance des voyages en tant que moteurs d’écri- Trets envie La Manière En ce 5 juin, Trets connaissait une animation que le intensité expressive et savoir entraîner un public hété- seul soleil n’expliquait pas. Attroupements autour de roclite avec soi. Une ovation plus que méritée remercie Kubilaï fresques en graff qui se dessinent sous les yeux des les jeunes danseurs. passants, illustrateurs BD (le Distant District) qui La place Audric enveloppée par la belle silhouette du travaillent... Des échos de jazz : après les étranges château de Trets allait recevoir ensuite un spectacle Knofils, c’est la Banda du Dock qui approche. étonnant : Antoine le Menestrel avait décidé d’aban- Station à l’ombre des grands platanes, les musiciens donner le sol et prenait les toits et les murailles du dansent, la douceur du jour prend des accents brés- château pour surface de danse. Poésie insensée de iliens… on aurait sans doute aimé plus de monde pour cet homme perché sur le faîte ameutant les oiseaux une démonstration de cette qualité. La foule plus qui s’affolent autour de lui en une ronde ailée, plumes Soto ni deru ni © Vincent Lucas Soto nombreuse applaudit la performance du GUID (Grou- blanches qui jouent avec le vent… puis c’est la des- pe Urbain d’Intervention Dansée du Ballet Preljocaj) cente plus acrobatique que dansée, les gargouilles Qu’ils soient dans la rue ou sur scène dont les six danseurs présentent des extraits de s’apprivoisent, le mur semble s’aplanir, une amou- les KKI imposent leur style : urbain en chorégraphies du chorégraphe. Fragments remarqua- rette est contée… Enfin, au bout du fil tendu en chaussures de ville, acrobatique et blement choisis : ses différents univers sont abordés, travers de la place un gâteau d’anniversaire est offert nerveux, pulsé par une musique rock et la palette est large, inventive. Les architectures à un habitant ému. 84 ans. C’est ce que nous souhai- soignée, servi par un rapport à mouvantes se déploient avec fluidité et évidence tons au moins à cette initiative, qui donne vie aux l’espace réfléchi, et des interprètes aux malgré les défauts du sol sur lequel les artistes pierres et réconcilie les gens avec leur patrimoine. qualités athlétiques. Soto ni Deru, créé évoluent, malgré aussi la difficulté d’être pertinents M.C. le 2 juin lors de la sirène sur le Parvis dans les différents discours, de garder la même de l’Opéra de Marseille -et repris lors © Jean-Claude Carbonne de En Lieux et places à Toulon (voir p 15)- fait preuve de toutes ces qualités, et suscite dans le public une approbation épatée, mais froide. On est loin du côté foisonnant, parfois foutraque, de certaines sirènes… mais loin aussi de leur émotion. Le flot incessant de mouvement et de son n’emmène pas vraiment avec lui, et les corps ne semblent pas jouer ensemble. Ils restent fermés sur eux- mêmes, dans une solitude autiste dont on ne sait si elle exprime le désespoir des villes ou la singularité des trajets. Un propos à préciser, peut-être ? A.F. Tribulations urbaines La ville est un laboratoire d’expérimentations pour les collectifs Ici-Même (Grenoble) et Safi (Marseille). Avec le théâtre du Merlan, ils proposent Les Traversées pour sortir des sentiers battus… Six jours de tribulations diurnes et nocturnes pour urbains en mal d’aventures à en croire le matériel de survie des participants au Dessous d’un chantier de Safi. Munis de sac à dos, baskets ou chaus- sures de marche, bouteilles d’eau et casse-croûte, appareil photo, les marcheurs entamèrent 1h30 de balade dans le 14e arr., entre la Rose et la Busserine. Ethnologues de la banlieue dont le seul contact avec la «population locale» se résuma à un bref échange avec trois gamins à vélo, et les regards sombres et surpris d’une équipe de sportifs… L’invitation «à arpenter cet incroyable territoire pour partager avec eux ce moment d’utopie fragile qu’est la métamorphose d’une ville» (sic !) se révéla bien vide. Entre barres HLM, terrains vagues, carcasses de voitures carbonisées, les «spectateurs» ont eu à franchir quelques broussailles épaisses, traverser deux ou trois îlots d’herbe folle avant d’atterrir sur le seul espace vivant de la visite : un jardin associatif en lieu et place d’un gymnase désaffecté, réapproprié par les habitants à l’initiative des plasticiens de Safi qui œuvrent depuis deux ans auprès des associations. Un vrai acte artistique et citoyen qui a permis d’avaler la pilule ! De retour au théâtre, le groupe s’essaima entre la buvette et L’Hypermédiathèque proposée par Ici-Même (assemblage évolutif et subjectif de publications, Dvd, CDRom et bornes multimédia comme autant de prolongements de leurs actions en France et à l’étranger) avant d’assister à une soirée cinéma concoctée par l’association Peuple et culture Marseille. Des films sélectionnés «autour de la question de l’image par rapport à la ville» aux format, technique et esthétique divers mais ayant tous une démarche documentaire, une analyse «fictionnelle du réel». Avec, entre autres, Brilliant city du collectif D-Fuse (ovni visuel et sonore), Munster Lands de Valérie Jouve (qui laissa perplexes les amateurs de Grand littoral) et Under construction de Zhenchen Liu produit par la célèbre École du Fresnoy. M.G.-G.

Les Traversées Théâtre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 30 www.merlan.org

© X-D.R 42 JEUNESSE AUBAGNE | LE REVEST | SIMIANE Une journée particulière Dans la vie des Aubagnais Chaud dehors est une trophées de la vie de trois énergumènes râleurs qui parenthèse poétique à vivre au plus près des artistes. les actionnaient, grossiers, bricoleurs de génie et Car le secret des arts de la rue est de privilégier la doux rêveurs : un coureur cycliste à tête d’ampoule, proximité et l’interactivité avec le public qui joue le la carpe de Tonton Fernand, Mémé et son chien jeu à tous les coups ! Louis-Do Bazin alias Roger (Cie («Une sacrée peau de vache, la vieille»)… Un caphar- Le Montreur) fut un formidable maître de ballet pour naüm invraisemblable pour dire les souvenirs et les des spectateurs médusés qui se sont vu offrir une coups de gueule d’une famille (à peu près) comme mini barre de danse devant «permettre aux gens tout le monde. Le soir venu, le ThéâtreFragile frustrés d’acquérir grâce et volupté.» Mais ils n’étaient embarquait l’assemblée dans son exil gris et noir fait pas au bout de leur surprise quand, après des de caisses de bois et de seaux en plastique, frêles exercices d’échauffement, ils découvrirent que cet embarcations pour rappeler la réalité des traversées outil recelait une mini marionnette en mousse qu’ils sans nom. Derrière les masques sans bouche, sous devaient à leur tour manipuler ! Tout le monde s’est les guenilles, des cœurs battaient : une humanité appliqué avec joie à répéter sauts et soubresauts, sauvée, palpitante à l’heure où les artistes convièrent entrechats et étirements prodigués par un Roger bon le public à partager une écuelle de soupe chaude. enfant et drôle. Mais quand il s’est agi de s’affranchir Patrick et sa famille étaient tout émus devant ce de l’apesanteur en faisant «le grand Icare», la partie spectacle si généreux : «C’est excellent dans tous les n’était pas gagnée aux dires de Laurence, une jeune sens du terme, c’est magnifique» répétait-il boule- spectatrice enchantée : «Qu’est-ce qu’on nous fait versé. Mais déjà le public s’enfonçait dans la nuit pas faire !…» pour voir le spectacle pyrotechnique et sonore de la Même incrédulité et bonheur face au Filoscope, la Cie Entre ciel et terre enflammer le ciel… machine agricole de la Cie Carabosse qui regorgeait M.G.-G. de ferrailles, de vieux jouets, de chromos jaunis et son fameux manège aérien ingénieux créé avec trois Chaud dehors a été proposé par le Théâtre appendices de Tour Eiffel, des rails et des glissières. Comœdia les 4 et 5 juin à Aubagne

Des objets suspendus y défilaient comme les © X-D.R Paradise in meet We À fond la gomme ! Sésame ? Moteur ! Des acteurs-musiciens sur scène, des comédiens-réalisateurs sur pellicule et des réalisateurs-acteurs-bruiteurs en chair et en os ! La recette de La Cordonnerie est originale et savoureuse. Son spectacle, Ali Baba et les 40 voleurs, mêle habilement un film muet tourné en studio et en décor naturel, un accompagnement musical en direct sur le plateau par des visages que l’on aperçoit parfois à l’écran, et, surprise, les bruitages réalisés en direct par Samuel Hercule, l’homme-orchestre… On croirait assister à la post-synchronisation et le jeune public découvre attentif le backstage d’un film. Avec tact et ingéniosité, La Cordonnerie a pris quelques libertés avec Les Mille et une Nuits et offre une version plus contemporaine. L’histoire se déroule dans un paysage aride (Nevada ? Texas ?), à une époque indéterminée (années 50 ? 60 ?), dans un décor de désolation (une station- service sortie de nulle part). Là, tous les soirs Ali Baba et son frère Cassim regardent des westerns à la télévision et rêvent de cow-boys, mais leur rencontre inopinée avec 40 voleurs aux allures de Bikers va bouleverser leur vie. Désormais leur destin a la couleur de l’or… Au récit filmique de deux héros malhabiles et timides se superpose un motif musical qui agit comme un refrain, © X-D.R. une histoire d’amour qui © X-D.R. Une manière bien étrange d’envisager pneus et mêle le vrai et le faux, chambres à air… Les trois clowns de la compagnie l’écran et la scène sous barcelonaise Chaperton s’en donnent à cœur joie, nos yeux, le crissement de détournant ces objets de la vie quotidienne à des fins la paille évoquant le pas loufoques et poétiques. Comme dotés d’une vie de l’un, le craquement propre, les pneus traversent la piste, adoptent d’un bol de corn flakes le attitudes et caractères, deviennent des personnages petit déjeuner de l’autre. à part entière, enfants malicieux, gros durs, grands La Cordonnerie réussit à timides… Ils se transforment en bateau hors bord, en ganser avec finesse un costumes incroyables, du petit gilet (un chic fou !) au spectacle nostalgique et scaphandre… Que dire de la fleur et du bourdon fantasque. entreprenant, des calamars géants, des phoques et MARIE GODFRIN-GUIDICELLI autres bestioles… Les numéros s’enchaînent, et si le rire n’est pas toujours du plus léger le spectacle est très inventif et renouvelle le numéro de clown. Et les mimiques des trois larrons sont impayables ! Ali Baba et les 40 voleurs M.C. a été donné les 7 et 8 juin au PôleJeunePublic au Goma Gom a été joué le 29 mai Revest à Simiane Collongues

44 THÉÂTRE NÎMES | CRIÉE | MARTIGUES | AVIGNON | SÉMAPHORE | FOS Je pense aux accidents… Questions d’échelle La Criée se délocalisait sur le beau plateau des Salins pour accueillir Les Fausses Confidences de Marivaux mises en scène par Didier Bezace. Le public du Centre Dramatique National, malgré le déplacement forcé, malgré la diffusion télé du spectacle qui aurait pu dissuader, et bien qu’il lui fût possible d’être remboursé, était là, prouvant une fois de plus son attachement à Son Théâtre, et à sa programmation. Quant au spectacle, il fait paradoxalement partie de ces pièces qui passent mieux à l’écran que sur scène. Pourtant la théâtralité en est magistralement mise en abîme : le cadre de scène, les jeux de rideaux, la trappe du souffleur sont utilisées par Dubois, valet manipulateur et démiurge, comme des accessoires de sa mise en scène. Pierre Arditti cabotine avec génie, et donne une lecture de Dubois tout à fait © Alain Monot centrale, les autres personnages apparaissant On sait Bruno Geslin attiré par des auteurs singuliers surimpression, les corps qui se meuvent, nus ou à comme des pantins entre ses mains. Enfant amer de dont il triture les œuvres qu’il met ensuite en scène moitié, simulacres d’accident, de rapports sexuels, Scapin et père bourru de Figaro il domine ses -Pierre Molinier, Joë Bousquet, Tony Duvert plus tout se confond. Bruno Geslin ne signe pas là une maîtres… qui paraissent bien pâles. Jouant avec plus récemment-, c’est notamment le cas avec Crash(s) ! adaptation littérale du texte de Ballard ; c’est une ou moins de bonheur sur le registre de la farce les Variations, spectacle très librement adapté du célèbre performance scénique qui tient plus du vertige silhouettes secondaires dessinent un patchwork peu Crash de James Graham Ballard. Dans la grande salle sensoriel, une avalanche de mots, de sons, d’images cohérent, avec parfois de beaux éclats. Quant aux des expositions du Stade des Corbières, des épaves qui mélangent l’horreur et l’érotisme, comme dans deux amoureux ils disposent de peu de marge de de voitures accidentées font face à la scène ; drôle de un cauchemar dont on se réveillerait subitement, manœuvre, la dramaturgie de Didier Bezace les drive-in défoncé qui déjà met dans l’ambiance les dans une voiture accidentée… soumettant à des élans dont ils ne sont pas maîtres. spectateurs qui s’engouffrent dans les habitacles DO.M. Reste qu’Anouk Grimberg fait de fort jolies choses, sonorisés… Sur scène une voiture accidentée, deux sourires subtils, hésitations, tremblements, ruptures danseurs et une comédienne, un guitariste qui Crash(s) ! Variations a été joué du 31 mai vocales… admirables à l’écran, mais qui ne passent balance de longs riffs, et puis le texte de Ballard, cru, au 4 juin à la salle des expositions du pas le 8e rang, et échappent à une bonne moitié de nerveux, scandé par l’un des personnages, soutenu Stade des Corbières, Nîmes la salle. Question d’échelle encore : l’escalier par la musique hypnotique et les images vidéos en monumental, aristocratique, qui sort des coulisses pour l’épilogue, fait un peu mal au cœur en cette période de «réforme» des politiques publiques appliquées au spectacle. Les Théâtres Nationaux Cygne blanc sur lac noir doivent-ils continuer à dépenser autant d’argent dans les décors ? Peut-être au fond ne faut-il pas, au moins Librement inspiré de la tétralogie policière Red riding savamment orchestré. Nous assistons à la terrible là, y renoncer… quartet de David Peace consacrée à la ville de Leeds descente aux enfers d’une enfant imaginaire victime AGNÈS FRESCHEL dans les années 80, et première partie d’un travail de la brutalité du monde, dans laquelle Jean- entamé depuis 3 ans avec le romancier anglais, Swan François Matignon, metteur en scène doué pour le Les Fausses confidences ont été jouées est une variation sur l’histoire du petit chaperon rouge clair-obscur, brosse un acerbe portrait politique et à Martigues du 2 au 5 juin au pays du punk et de la Dame de Fer. Entre Sex musical des années Thatcher. Cinq personnages, Pistols et Bacon, politique néo-libérale et éventreur diablement interprétés par Michèle Dorlhac, du Yorkshire, corruption politique et industrielle, se Tanguy Matignon, Roland Pichaud, Thomas joue devant nous un puzzle fragmenté mais Rousselot et Sophie Vaude, magistrale, traversent

© D.M cette histoire de corruption politique et industrielle où l’homme est un loup pour l’homme. Dans une scénographie implacable et très cinématographique -l’utilisation de la vidéo est sculpturale-, l’intrigue se déroule en rouge et noir, laissant notre imaginaire de spectateurs dénouer les fils d’une condition humaine virant au cauchemar. Un spectacle de sensations, brutal mais sans misérabilisme, archi visuel et quasi olfactif (le fer brûle aux enfers) qui donne absolument envie de découvrir la seconde partie de ce portrait millefeuille, qui sera montée en 2011 par la compagnie Fraction. DE.M.

Swan s’est joué au Théâtre des Halles, Avignon, du 3 au 5 juin © Brigitte Enguerand © Brigitte

Pluvieuse Russie Qu’est-ce qui pourrait les empêcher de jouer ces fous-là ? Apparemment pas le match de l’équipe de France, ni la pluie qui tombait inlassablement ce jour-là sur le Domaine de Lavalduc, bien avant leur entrée sur herbe et durant tout le premier acte, transformant le public endurant en forêt de parapluie et autres protections bienvenues. Ils sont comme ça au Théâtre de l’Unité, ils jouent. Tchekhov en l’occurrence, Oncle Vania plus particulièrement dont le décor se retrouve être naturel, bottes de foin rajoutées, et dans lequel les dix-sept comédiens jouent avec énergie, de et avec les libertés qui leur sont accordées, devant et derrière la scène improvisée, le désespoir de Vania et de sa nièce Sonia, s’appuyant sur les didascalies délivrées en voix off, sur le personnage rajouté et si juste d’Olga Knipper qui raconte entre les scènes les secrets d’écriture de son «cher Anton»… Toujours guidée par Hervée de Lafond (elle joue Vania !) et Jacques Livchine (qui a adapté le texte, en assume complètement les délirants à-côtés et le met en scène) qui font preuve une fois de plus d’une inventivité sans limites, la troupe offre une pièce qui se savoure parmi les odeurs et les bruits de la nature, jusqu’à crier au final, alors que la nuit est finalement installée, «je fais quoi là ?», en lieu et place du plus commun «qu’ai-je fait ?». Réponse autour du bortsch fumant préparé par le moujik Livchine durant la pièce… DO.M.

Oncle Vania à la campagne a clôturé la saison de Scènes et Cinés au Domaine de Lavalduc les 11 et 12 juin

Oncle Vania a la campagne © X-D.R Enfant de la balle C’est l’histoire d’un type, et peut-être que, du monde du cirque, balance à d’une famille… D’un nom synonyme de tout va sur les coulisses peu reluisantes, fête pour la plupart des gens, et de raille l’atavisme… mais avec suffisam- cauchemar pour ce type qui le porte et ment de distance pour faire rire sans le trouve parfois un peu lourd. Prénom: apitoyer, faire prendre conscience, Warren. Nom : Zavatta. Ça doit nor- avec de la tendresse malgré tout, tout malement suffire à déclencher en chacun en s’inclinant. «J’ai un immense respect de nous la ritournelle incontournable pour toi pépé, mais j’aurais préféré avoir de la Piste aux étoiles : Warren est le un grand-père» glisse à la fin du spec- petit-fils d’Achille, artiste reconnu, tacle cet artiste accompli qui jongle, clown adulé, mais grand-père absent crache du feu, roule sur les ballons, fait pour sa famille, et notamment pour claquer le fouet et joue du saxo… Il Warren, enfant et jeune homme adm- rêvait de jouer la comédie, c’est chose iratif mais qui n’eut jamais rien en faite. retour. Aigri Warren Zavatta ? Non, le DO.M. spectacle agit comme un baume sur ses blessures, cette fêlure qu’il exo- Warren Zavatta a joué Ce soir dans rcise à chaque représentation. C’est un votre ville au Théâtre le Sémaphore hommage qu’il rend à son grand-père, à Port-de-Bouc dans le cadre hommage particulier puisqu’il casse des Nuits circulaires le 21 mai l’image bien huilée, légèrement magi- 46 THÉÂTRE ATELIERS | 3 BIS F | BERNARDINES Massacre à la perceuse Le Théâtre des Ateliers a présenté Les Dingues de sur un plateau de tournage, au coin d’une rue ou dans Knoxville de Joël Jouanneau par La compagnie un hypothétique désert. Chacun a son histoire ou son d’entraînement. Création enlevée, déjantée, portée fantasme : femme fatale, cow-boy de pacotille, détective par la belle énergie des élèves-comédiens en formation privé... Les saynètes s’enchaînent de façon burlesque professionnelle pour une année sous la vigilance et quasiment aléatoire sous la direction d’un meneur de artistique d’Alain Simon, maître des lieux. Depuis jeu. Deux clowns ponctuent ces moments, jouant aussi 1995, chaque année, 10 apprentis comédiens bien les cactus du désert que la guenon accrochée à bénéficient d’une formation gratuite de 900 heures à sa liane : grand moment ! Scènes de drague, l’issue d’une audition. Une belle aventure riche d’intimidation, comiques, mais la noirceur n’est jamais d’expériences multiples, de rencontres constantes avec loin. Le tout rend compte de l’incohérence de notre le public et des créateurs contemporains, de séminaires. monde jusqu’à la scène finale où le détective se Les Dingues de Knoxville est une comédie foldingue, transforme en tueur à la perceuse ! © X-D.R. sans histoire précise, avec un fil conducteur qui tourne CHRIS BOURGUE autour de l’univers burlesque de Jerry Lewis, des Marx Inscriptions en cours pour la formation 2010/2011- Brothers ou des Pieds Nickelés. Les personnages Les Dingues de Knoxville s’est joué prochaine audition en septembre. viennent d’univers différents et se rencontrent peut-être du 8 au 16 juin au Théâtre des Ateliers, Aix. www.theatre-des-ateliers-aix.com Mytholalies... Soirée emblématique de la mission du 3bisf, lieu quitte la scène. femme éternelle (?), par la performeuse vocaliste (sic) d’arts contemporains sis au cœur de l’hôpital Jean-Pierre Raffaeli lui, assume malicieusement la Miriam Palma sur un texte de Lina Prosa en italien psychiatre d’Aix, qui a vu se succéder et se croiser figure mythique du conférencier table-tableau-verre puis en grec, parfois emphatique, impossible à saisir action et réflexion, création et parole autour de l’idée d’eau-didactisme poli. Remise à niveau des littéralement. Perplexité immédiatement dépassée de Sacrifice, en écho à une expérience menée à connaissances et problématiques ancrées dans la par la dernière proposition de la soirée, dérangeante Palerme au centre Amazzone (une affaire de création contemporaine : le mythe comme contenu à souhait : Sacrificale/Notte trasfigurata est un film femmes?). Iphigénie ouvre la danse sur les pieds nus dynamique et transformationnel, comme consensus de Federico Stampa dont les extraits d’une d’Anne-Marie Chovelon, en lourde robe de à briser, de quoi donner du grain à moudre à l’artiste; vingtaine de minutes offrent la vision énigmatique princesse, fendue dans le dos : ruissellement de la limpide, passionnant, un peu frustrant car borné par d’un homme scarifié qui semble s’immoler sombre chevelure qui cache parfois le visage, galop l’impératif horaire en pleine évocation de ces femmes volontairement ; ses paroles de bénédiction comme circulaire et percussions font d’abord craindre le pire qui de Rebecca Horn à Louise Bourgeois font le une litanie l’accompagnent et… la nuit s’installe. C’est tautologique sur le mythe et le primitif... puis le corps détour par la réinvention permanente du sacré pour beau ou grotesque selon l’humeur, peut-être grand... trouve son chemin dans un singulier tremblement, donner une forme à leur questionnement, leur Le mythe n’est pas mort ! bras et sein droits dénudés, plus proche de la angoisse... MARIE JO DHÖ Bacchante que de la vierge : tête renversée en Retour à Iphigénie, devenue souffle et voix, exécutée arrière, ce n’est pas la victime mais la guerrière qui comme une partition où se lit quelque chose de la Mito a été proposé au 3bisf le 11 juin Chauffe mollets ! Mogador et le Châtelet sous la coupole des meugle en cadence, deux marmottes sifflent et remarqué, ce convive blême à petite moustache noire Bernardines! C’est gonflé, mais comme le dit Elfriede soufflent ; ça y est, le rythme est en place et c’est le en train de manger sa soupe ; on les avait entendus ces Jelinek invitée à mettre son grain de sel en situation moment de tout dérégler ; bien joué ! on l’avait propos d’auberge peu amènes sur les étrangers... Le «Ce qui est si précieux c’est de pouvoir tout se © Richard Roux fringant se métamorphose en grinçant, les maquillages permettre...» Pas évident de les mettre sur scène ces coulent, le funiculaire tombe, on reparle de la servante quarante jeunes tous issus du Département Arts du séduite et noyée, la violence se déchaîne et révèle des Spectacle et Musicologie de l’Université de Provence ; talents singuliers (la biche foudroyée, grand moment), la chapelle est devenue nef avec praticable flanqué de les claques joviales sur les cuisses folkloriques spectateurs et chœur où officient les musiciens en déclenchent des batailles dérangées, il en faut de peu direct ; la table d’autel (du Cheval Blanc) est à sa place que les bras se tendent à l’oblique et que les talons pour les sacrifices barbares ; l’opérette est une école claquent pour d’autres danses. Terrifiant comme un de la cruauté, on le sait depuis Valère Novarina, mais beau travail de fin d’année ! quand elle est viennoise, créée à Berlin en 1930 et MARIE-JO DHO revisitée par Angela Konrad, elle vous laisse tout chose entre rires moisis et surprises en cascade. Faut avoir Au Joyeux Tyrol, d’après l’Auberge du Cheval Blanc envie d’y croire à ces servantes en costumes tyroliens et l’œuvre d’Elfriede Jelinek, a été présenté (très chou) et chaussures de rando qui vous accueillent aux Bernardines du 8 au 13 juin en chantant, à ces démêlés juridico-amoureux autour de la combinaison qui s’ouvre par devant ou par derrière (coquin), à ces chassés-croisés de villégiature multipliant les incarnations d’acteurs... Première demi- heure : trop de mollets qui courent sur scène, de chœurs un peu lourds et peut-être une certaine hésitation à habiter vraiment cette fantaisie alpestre, et puis le troupeau de vaches affalées (très féminin) GYMNASE | BANCS PUBLICS | MINOTERIE THÉÂTRE 47 Apéritifs durables Chroniques de l’alcoolisme ordinaire, Les nouvelles brèves de comptoir entraînent le public dans une tournée des bars plus qu’enlevée. Jean-Marie Gourio a une nouvelle fois recueilli et adapté ces Seule phrases qu’on saisit parfois au vol si l’on traîne au zinc. On reste d’ailleurs perplexe et un tantinet avec ce fatras admiratif : comment s’y prend-il ? les a-t-il réellement entendues, ces répliques qui tuent, et qui tirent tous plastique azimuts, inspirées par la lecture du journal, la météo, les sujets de l’époque : mondialisation, écologie, Obama, crise… ? En réalité, on n’a pas vraiment le temps de se poser ces questions. Jean-Michel Ribes mène sa troupe tambour battant dans une ivresse millimétrée. Les verres se remplissent et se vident à toute allure, les vannes fusent non-stop, on s’esclaffe, on oublierait presque de respirer entre deux. Un bistrot, une scène et des personnages différents que les 8 comédiens jouent à fond, les jours de la semaine se succèdent jusqu’au lundi suivant, retour à la case départ et fin de la virée. Bref, ça tourne. Et grisé par ce flux continu, vaguement écœuré par ses relents de racisme, de violence et de connerie, ému pourtant par ce que cette philosophie © Fabrice Duhamel de comptoir suggère de résignation et de solitude, on Elle se tient assise dans ce qui pourrait être un sas, direction d’acteur. D’actrice en l’occurrence. Edith sort de là titubant, comme si on avait abusé de cloison translucide en fond de scène, issue en Mérieau campe avec finesse la jeune employée ; «rumsteck sans steak». lanières plastifiées côté cour, sachets de non sans humour, elle donne corps à toutes les voix FRED ROBERT supermarché multicolores partout sur le sol. Seule qui la traversent. Ainsi prennent vie tous ceux qui sur sa chaise, en blouse et talons plats, elle défroisse diraient s’ils étaient là : le père parti battre campagne, Les nouvelles brèves de comptoir ont été représentées puis découpe méticuleusement des sacs plastique. la mère et son Robert (le dictionnaire), et tous les au théâtre du Gymase du 1er au 12 juin Et elle parle. Elle, c’est La Petite. Employée dans une autres, Glenn, Simon, Benoît le Portoricain et Paul le grande surface, elle rêve d’être actrice. Alors, là, gros lourd et la sœur du maire de secteur… La © Brigitte Enguerand pendant sa pause, au fond du magasin, elle répète comédienne restitue brillamment la richesse d’un son rôle, celui d’«une revenante dans une histoire texte universel ancré dans un quotidien des plus d’Antiquité», un tout petit rôle, une apparition. Et, prosaïques, un texte aux multiples registres et dont déplissant sa robe de scène (toute de sacs plastique l’oralité résonne, comme un écho du fatras de nos elle aussi), elle dévide à voix haute le fil de sa vie et existences ordinaires. convoque les autres Tous tant qu’ils sont. Pour la FRED ROBERT mise en scène de ce monologue, 1er mouvement de la pièce de Suzanne Joubert, Xavier Marchand a Tous tant qu’ils sont a été représenté choisi la sobriété et l’efficacité. Une économie de à La Minoterie dans le cadre mouvements et d’effets que souligne la simplicité du de Hors Piste, carte blanche décor tout en suggestion, et qui met en valeur la à Xavier Marchand, du 20 au 22 mai Une minute dans la bouche La petite forme présentée par Charles glaise, de cri, de primalité digestive, dévoration. Innommable ? On reste sur on était allé au terme, jusqu’à l’expul- Eric Petit aux Bancs publics confirme laisse pantois. Reste qu’il manque au une faim paradoxale et équivoque, sion, mais non au bout, en évitant la son talent, et celui de ses deux comé- milieu l’accomplissement de l’acte de comme si lors de ces quarante minutes rencontre concrète et la jouissance. En diens. Dans un cadre très intime, dos se disant de plus que cet effroi-là, si à dos sur des tabourets, Guillaume © X-D.R spécifique -homosexuel, masculin et Clausse et Thomas Cerisola conve- franchement déviant, jusqu’au crime- rsent comme sur Internet, échangeant intéresse au fond fort peu… quelques invitations d’un érotisme cru A.F. à une rencontre dévoratrice. Les images fonctionnent à l’envers, euphé- Le Di@ble en bouche s’est joué mismes dévoilant en termes sexuels le aux Bancs Publics du 3 au 5 juin désir d’une dévoration qui n’a rien de métaphorique, où la jouissance régres- sive, cannibale, force les portes de l’effroi. Slashs et smileys qui s’énon- cent ne rendent pas plus virtuels l’énoncé concret de ce monstrueux appétit de Di@ble en bouche. La fin, de 48 DANSE MOD | CHÂTEAUVALLON | TOURSKY | BALLET D’EUROPE L’éclat fané d’une légende Meredith Monk à la Friche ! la légen- est la reprise de morceaux anciens de américaine, performeuse, chanteuse, avec trois de ses consœurs de son membre active et singulière de la Ensemble vocal. Elles aussi chan- Judson qui dans les années 70 jeta la tent/dansent, a minima quant aux danse et les arts dans une esthétique gestes, s’accompagnant sur trois nouvelle, vient en France, triomphe à orgues électriques successifs. Leur Paris, est encensée dans Le Monde... travail de recherche, descendant vocal On l’attendait comme on espère une de La Monte Young ou de Cage à sa révélation, qui ne fut pas tout à fait à période Fluxus, est très daté, d’un l’œuvre, même si la salle lui réserva un radicalisme vieux de quarante ans. Une accueil enthousiaste, dû davantage à pièce de musée, qui n’a plus rien de ce qu’elle représente qu’à la réalité de révolutionnaire… ce qu’elle proposa. AGNÈS FRESCHEL Meredith Monk a 68 ans : dans Girl- child revisited elle reprend une pièce À venir ancienne qui parcourait sa vie à Dans le cadre du Festival de Marseille, rebours, vers le nirvana (elle est boud- MOD programme Musings, un hom- dhiste), en partant d’une vieillesse mage que Foofwa d’Imobilité rend à feinte (perruque blanche et gestes Merce Cunnigham, John Cage et ralentis) pour se dépouiller et retrouver Rauschenberg et qu’il veut «vivifiant en trois étapes un état d’enfance. Au plutôt que funèbre». passage elle faisait démonstration de sa technique vocale, tessiture folle mais Le 26 juin à 18h aux Bernardines surtout grande variété de bruitages, © V. Sladon. 04 95 04 96 42 râles et souffles. Dans la version revi- ment au piano, accords plaqués en femme : elle ne parcourt plus vraiment www.marseille-objectif-danse.org sitée, la voix a perdu beaucoup de sa boucles, du très mauvais «répétitif sa vie à l’envers mais impose une brillance, mais les gestes restent précis américain», agace rapidement, mais vieille petite fille dans une blancheur et laissent s’affirmer une performeuse n’empêche pas de percevoir avec qui n’a rien de virginal et paraît, comme d’une présence folle. L’accompagne- émotion le trajet grinçant de cette en Inde, mortuaire. La deuxième pièce Fluidité et lumière Danse devant La danse de Jean-Charles Gil cherche une s’aventure vers une grande simplicité, pistant la grâce évanescence, sur des terrains peu fréquentés. Avec du mouvement, les arrondis et l’ampleur, tout en le miroir son Ballet d’Europe pétri de technique classique il refusant autant que faire se peut les tensions et Si vous pensez que le flamenco n’est qu’un genre © Agnès Mellon crispations imposées aux corps. Son Extra-vaganza, certes brillant mais surtout figé, destiné à des fondée pour l’essentiel sur un pas de deux rapide, aficionados aux principes cloisonnés, allez au Tours- joue des proximités de deux corps qui s’enlacent, se ky l’an prochain, et ce que vous y verrez et entendrez portent et s’accompagnent, sans cesse en contact vous en démontrera de façon éclatante le contraire ! et en mouvement, suivant de près la dynamique Cette année, la compagnie de Joaquin Grilo a en- entraînée de Vivaldi. Ou la délaissant, pour trouver chanté la salle, tant par la beauté d’exécution bien un coulé surprenant… Puis le rideau du fond de la sûr -guitare magique (Juan Requena et Martin Cartonnerie s’ouvre, laissant apparaître les arbres par Leiton à la basse), percussions inventives (Paquito les fenêtres, et une lumière qui baigne la scène Gonzales), chants rauques et emportés à souhait devenue blanche. Les danseurs entrent, leurs (José Antonio Valencia et Carmen Grilo), danse costumes aux lignes simples, fluides toujours, ont pris virtuose (Joaquin Grilo)- que par la force du propos. une teinte unie, saumonée. Ils dansent sur Avec Leyenda personal, l’ancien chorégraphe du Theodorakis, et la voix rauque de Maria Farantouri Ballet National d’Espagne livre sa vie, au cœur d’une vient compliquer le jeu : terrienne, comme blessée, longue rêverie née d’un vieil album de photographies. elle donne du grave à une danse qui ne s’évapore Naissance par la fente oblongue d’un long rideau où plus, et tourbillonne différemment. Les sept se jouent les transparences des fantômes du passé, interprètes n’en finissent pas de combiner leurs hymne à la femme, mère, patrie, dénonciation des énergies, fuguant, s’assemblant en différentes lignes. manipulations, des coercitions de toute sorte, pauvre- L’enchaînement des chansons permet à de courts té, arbitraire… le danseur devient pantin, qui peu à tableaux de dessiner de nouveaux sentiments, tous peu s’extrait des ficelles qui le retiennent. La cons- différents, mais indéfinissables. On s’y laisse plonger, cience éclot, la danse se libère, éblouissante. on s’y perd, et puis cela finit déjà, sans qu’on sache M.C très bien jusqu’où on est allé… Vers la lumière ? AGNÈS FRESCHEL Leyenda personal a été dansé au Toursky dans le cadre du Festival Flamenco Extra-vaganza a été dansé le 10 juin à la Friche et de Mai-Diterranée Désopilante Carmen Après 1h25 de l’incroyable Olivier Martin-Salvan, Bizet en rit encore ! Il faut dire que l’acteur-chanteur lyrique ne ménage pas ses efforts pour donner corps à une ribambelle de personnages et revisiter les scènes en cascade. Derrière le prétexte d’une audition pour la création de Carmen, le spectacle tire le portrait sans concession d’une équipe artistique, la caricature avec un malin plaisir en traquant ses défauts, ses menus travers avec une drôlerie de tous les instants. On assiste à une vraie performance d’Olivier Martin-Salvan qui explose dans la parodie comique, endossant tous les rôles à la vitesse d’un éclair et mimant toutes les expressions, même les plus fugaces, jusqu’à réaliser lui-même les bruitages du rideau de scène, de la vachette dans l’arène… le tout dans une harmonie parfaite avec la pianiste Lucie Deroïan qui enveloppe la partition d’une sensualité torride et légère à la fois. Dans le halo de la poursuite, le jeune ténor Louis Bosis s’apprête à relever le rôle-titre de Don José, mais il lui faudra d’abord être sa doublure et bien avant encore vivre d’incroyables (més)aventures ! Car créer Carmen n’est pas une sinécure et le stress de la première provoque des décharges émotionnelles auxquelles le spectateur compatit en riant goulûment. Malgré quelques faiblesses d’un texte désopilant -qui transforme la manufacture de tabac en fête foraine et les cigarières en «barbapapières»- et quelques chutes d’adrénaline rythmique, O Carmen est un opéra clownesque jubilatoire dont la facétie joue à jeu égal avec la tendresse, et le mordant avec l’amour des artistes. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

O Carmen de L’Incroyable compagnie a été joué du 3 au 5 juin au CNCDC Châteauvallon

À venir Le festival de Châteauvallon se poursuit dans l’amphithéâtre au cadre splendide, pour des spectacles à l’horizon infini… jusqu’au 31 juillet, avec Shakespeare par Jean-Baptiste Sastre, Ron Carter, le Ballet de l’Opéra de Paris, le Boléro par l’Opéra de Toulon… Nouveau festival 2010 de Châteauvallon, Ollioulles 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com O carmen © S. Marchal Étincelants L’ensemble 18 de l’ERAC s’apprête à s’offrir aux regards des professionnels, et du public, au terme de trois ans de formation. Prêts à se lancer sur le marché des acteurs, si difficile à conquérir, même lorsqu’on est bourré de talent et qu’on a reçu une formation de pointe ! Deux bonnes raisons donc pour aller les voir : ils sont très forts, et ils en ont besoin ! Une autre ? ils ont travaillé avec Catherine Marnas, à partir de textes de Koltès, et Si un chien rencontre un chat prend naissance dans ces rencontres improbables et indécises, animales, entre des êtres qui s’attirent et se repoussent… Une dernière ? À La Criée comme au Cloître Saint-Louis les représentations sont gratuites. Sur réservation ! A.F. © Pierre Grosbois Si un chien rencontre un chat La Criée, Marseille Cloître Saint-Louis, Avignon Du 22 au 26 juin Du 8 au 12 juillet 04 96 17 80 31 04 90 14 14 14 www.theatre-lacriee.com www.festival-avignon.com Double festival Les Carboni depuis 5 ans posent leur Posada, sorte Scotto plein de verve et d’allant, les Carboni de théâtre portatif à mi-chemin entre les tréteaux et accueillent Clémence Massart dirigée par Caubère le chapiteau, au cœur du Panier pour un festival de lui-même, la Visite de la Vieille Dame, fable cruelle proximité qui prend le risque du populaire. Puis ils mise en scène par Caroline Ruiz, Ali Bougheraba s’en vont à Noves réitérer l’aventure… en emmenant dans un auto solo guidé par Didier Landucci (les avec eux une partie de leurs invités. Au programme bonimenteurs)… et aussi : Moussu T e lei Jovents cette année ? Outre leur Sarvil, l’Oublié de la qui s’essaient également à l’opérette marseillaise ! Canebière, un spectacle sur le parolier de Vincent De joyeuses soirées de partage en perspective, Sarvil, l'oublié de la Canebière © X-D.R ponctuées de débats sur la place du théâtre dans la ville. A.F.

Les 13 Paniers Esplanade de la Major, Marseille Du 23 au 26 juin Off in Noves Théâtre de Verdure, Noves Du 30 juin au 3 juillet 04 91 90 33 52 www.lescarboni.com L’esprit de Brecht Certaines rigidités dans la doxa brechtienne rendent à lui, faisait éclater, systématiquement, les normes frileux les metteurs en scène qui voudraient du jeu bourgeois ! La Cie du grand soir propose une s’emparer de ces textes, et se voient imposer des version de La Vie de Galilée, son texte le plus interdits musicaux, de jeu, d’adaptation, et des philosophique, qui renoue avec l’esprit cabaret, les raideurs aussi quant à l’interprétation des préceptes songs de Eisler, mais l’humour aussi des jeux avec le esthétiques de distanciation… Pourtant Brecht, quant quatrième mur. Et surtout l’esprit révolutionnaire ! Avec Régis Vlachos, notre collaborateur philo, en scientifique obstiné… A.F.

Cabaret Galilée Salle des Lices, Marseille Le 1er juillet Théâtre de la Poulie, Avignon du 8 au 31 juillet

© X-D.R. 06 85 82 29 25 www.compagniedugrandsoir.fr FIN DE SAISONS 51

Cabeceo ? Agenda musique Pour la 6e édition, La Rue du Tango seille, le 2 juillet avec l’AKDmia et AIX Marseille (19/6), Airbourne (22/6), s’installe rue du théâtre français Paroles du Corps, le 9 Danse et Re- Cloître des Oblats : Voce Corpus Jeff Mills (2/7) jusqu’au 23 juillet tous les vendredis cherche [Mordida du port] et Esa, le 16 par le groupe Aldilà et Natya.O’cie, 04 95 04 95 09 soir de 21h à 1h. Les associations de Almassilia et le 23 bal de clôture, Des- chorégraphie de Brigitte Faragou www.cabaret-aleatoire.com tango marseillaises qui y participent pedida, avec toutes les associations. (26/6) Espace Julien : Ed Mudshi before organisent chacune une soirée, avec Complétant les soirées dansées, des Résa au 06 15 97 04 65 & after Dj Scream (18/6), JAF en bal, démonstration et initiation gratuite : rendez-vous émaillent la programmation, fête (19 et 20/6), Ile Aiye, Ketubara, le 25 juin avec les Trottoirs de Mar- comme la projection du documentaire CHÂTEAU-GOMBERT Tambores de libertade (9/7) Une histoire du tango de Caroline Neal Musée du Terroir Marseillais : La 04 91 24 34 10 Carel Kraayenhof © X-D.R. suivie d’un débat et d’un buffet latino- soprano Isabelle Bonnadier www.espace-julien.com américain en partenariat avec l’ASPAS chante Le cabaret de Satie, de la La Machine à Coudre : Sabot, Das (le 5 juillet à la Cité de la Musique), et mélodie au café-concert, de Simple (19/6) le concert, suivi d’un bal tango, du grand l’opérette à la chanson, avec Simon 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com bandonéoniste Carel Kraayenhofdans Lebens au piano (le 10/7 à 21h30) : Mary (19/6), un concert solo qui fera entendre les 04 91 68 14 38 Le Lounge Raymonde Howard, Milkymee, œuvres de Piazzola, Pugliese entre autres, Anything Maria (25/6), Jostle ainsi que ses propres compositions (le GARDANNE (26/6) 6 juillet à 20h30 à l’auditorium de la Musiques à Gardanne : Patrick Fiori (26/6) www.myspace.com/lelounge13006 Cité de la Musique). 04 42 65 79 00 L’Intermédiaire : Leila and the DO.M. bottle button (17/6), Signal www.laruedutango.fr MARSEILLE boombass invite comik utopik Station Alexandre : Le pianiste (18/6), Space Link (23/6), Samba Romain Hervé joue des Polonaises reggae (24/6), Messenger (30/6), Rapt et regard et Mazurkas tirées de son dernier 04 91 47 01 25 disque Chopin, danses polonaises (le www.myspace.com/intermediaire Pour finir la saison et avant de partir en tournée, en particulier à Vaison (voir p 14), 18/6) La Méson : La Mal coiffée & Los le Ballet Preljocaj offre en son Pavillon Noir trois représentations de Noces et 04 91 00 90 00 Ayas (19/6), Boogie Balagan du Sacre. Créées à 12 ans d’intervalle (1989 et 2001), elles possèdent la même www.station-alexandre.org (20/6), Flamenco fait Méson énergie tellurique, puisée dans les accents irréguliers de la musique de Stravinsky. Montévidéo : L’Ensemble C (27/6), Tablao Flamenco La Rubia & Dans les chœurs pour Noces, dans l’argument sacrificiel pour le Sacre. Deux Barré ? rend hommage à Varèse présentation de la 3e esquisse de pièces qui parlent de la violence faite aux corps des femmes, par des hommes en en interprétant Octandre (1923) et Quand le silence crie (2/7), Melc proie à un désir qui les dépasse. un choix de quelques opus satellites (5/7), A.F. plus contemporains(le 20/6 à 14h) 04 91 50 11 61 04 91 04 69 59 www.lameson.com Noces, Le Sacre du www.grim-marseille.com Poste à Galène : The Last, Nation Printemps Villa Magalone : Christine Lecoin, all Dust (19/6) Pavillon Noir, Aix Claveciniste, joue un programme 04 91 47 57 99 Du 30 juin au 2 juillet réunissant deux musiciens français 0811 020 111 du XVIIIe siècle : Forqueray et VITROLLES www.preljocaj.org Royer (le 18/6) Domaine de Fontblanche : Fête 04 91 39 28 28 de la musique avec Les durs à www.citemusique-marseille.com cuivre, Docteur Lester brass band Cabaret Aléatoire : Travesti (le 21/6) Le sacre © J.-C. Carbonne Monsters feat Beat Torrent, Le 04 42 79 63 60 Catcheur et la Pute (18/6), Jack de www.charliefree.com 52 SAISONS GYMNASE | JEU DE PAUME | ARLES Sur tous les fronts Une fois de plus Dominique Bluzet produits d’appel : les spectateurs s’abonnent pour les annonce en ses théâtres une saison têtes d’affiches, puis viennent voir des créations pléthorique, éclectique et… contemporaines. Souvent même ils les préfèrent !» passionnante ! Au menu Un petit bilan ? Avec ses 70 000 spectateurs, ses Un avant-goût ? Côté répertoire un Marivaux par 12 500 abonnés, ses 3.400.000€ de subventions, ses Jean-Pierre Vincent, le Richard II de Sastre si vous 141 représentations de 28 spectacles, dont 1 l’avez raté à Avignon, Châteauvallon, Nîmes ou…, un production et 6 coproductions, le Gymnase/Jeu de Goldoni et un Gozzi (L’Oiseau Vert, magique), deux Paume s’affirme année après année comme le plus comédies de Musset par Frédéric Plain, un Neveu gros pôle théâtral de la région, à tous les égards… Il de Rameau adapté et mis en scène par Nicolas faut dire que la programmation a de quoi satisfaire Vaude, un Songe d’une nuit d’été importé depuis Alger chacun, et ce n’est pas la saison nouvelle qui le par Ivan Romeuf et son complice M’Hamed démentira. Benguettaf. Un peu plus près de nous un Genet par D’abord parce que, contrairement à la tendance Antoine Bourseiller revenu en ses murs, et Premier actuelle des autres théâtres pris à la gorge par les amour, un dernier Beckett proposé par Sami Frey ; diminutions de budget, les deux salles augmentent puis la reprise de Vers toi Terre Promise de Grümberg, leur nombre de spectacles : 32 l’an prochain, pour et tout près le très drôle et beau Livre d’or de Jan une saison qui commence en septembre et s’arrête d’Hubert Colas. en juin, histoire que le théâtre dure toute l’année Parmi les autres créateurs (précieux !) de notre scolaire. Et puis le menu témoigne toujours du même région seront présents Roland Hayrabédian pour la équilibre savant entre musique et théâtre, répertoire version scénique d’un conte contemporain finlandais et création, entre divertissements, souvent bons, et (voir p 33), et beaucoup de créations jeune public : spectacles plus exigeants, le tout pimenté par Michel Kelemenis avec une pièce dansée sur Matisse, quelques compagnies régionales, et agrémenté d’une Marie Provence avec un texte de Wajdi Mouawad, bonne dose de propositions jeune public «à qui il est Caroline Ruiz avec un texte de Gilles Cailleau… Mellon © Agnes Kelemenis Michel Matisse, et Henriette indispensable de donner le goût du spectacle dans Et côté divertissement, puisque sans lui il n’est point Le Gymnase,Marseille les salles mêmes où ils reviendront adultes». de joie : Michel Boujenah on vous l’a dit, mais aussi Le Jeu de Paume,Aix Dominique Bluzet d’ailleurs ne dissimule pas ses La Vie parisienne d’Offenbach, Edouard Baer, un Saisons 2010/2011 motivations : «Programmer Michel Boujenah est Feydeau, le Quatuor et les Bonimenteurs. De quoi 0820 000 422 rentable : il remplit la salle et rapporte de l’argent, ce qui satisfaire chacun, et fuir l’ennui inhérent à notre www.lestheatres.net me permet d’en investir ailleurs, dans la création ou le complexion… soutien aux tournées. D’autres spectacles ne sont pas AGNÈS FRESCHEL tout à fait rentables, mais fonctionnent comme des Belles manipulations Il sera question de manipulations de civilisation à venir… Et si le Théâtre toutes sortes, au cours de la saison d’Arles, conformément à son conven- prochaine au Théâtre d’Arles. Sous des tionnement, s’attache à faire découvrir formes très diverses, ce sera la «les écritures contempo-raines» sous thématique que Valérie Deulin nous toutes leurs formes (sauf musicale !), invite à suivre, sa «construction architec- notez quand même la présence de turale» qui promet quelques très beaux Tartuffe, dans une mise en scène dé- rendez-vous. Avec deux propositions pouillée qui laisse la part belle aux insolites intitulées Inventer c’est penser à acteurs de Gwenaël Morin. côté (A. Einstein) : l’approche singulière Enfin, deux temps forts émailleront la du corps de Julie Nioche qui nous saison : dans le cadre de Terres de plonge dans Nos solitudes ; et un cirque un temps magie nouvelle. Et, pour «OTNI», le spectacle de deux artistes débuter la saison sous de bons aus- un brin dérangés, un spectacle de câble pices, la proposition Cirque & Entresorts et d’épée de Halory Goerger et avec, entre autres, La Curiosité des Antoine Defoort. Avec la fidélité aussi, anges de l’Entreprise, Les Cousins, la et le retour notamment de la Cie Cie Anomalie qui créera là son Mister Théâtre de Nénéka (appréciée la saison Monster après une résidence… dernière avec Jean la chance) avec Baal Le developpement de la civilisation © Sergio Chiossone DO.M. de Brecht mis en scène par François compagnies étrangères sont invitées, Guedes danseront Matrioska. Le Suisse Orsoni ; et la création du GDRA, Nour, notamment Peeping Tom et sa dernière Dorian Rossel met en scène un projet Théâtre d’Arles pour laquelle ils étaient en résidence création, 32, rue Vandenbranden. Belge fou, Soupçons, librement adapté du Saison 2010/11 au Théâtre l’année dernière, et qui s’est aussi mais moins connu par chez nous, documentaire de Jean-Xavier de Les- 04 90 52 51 51 nourrie d’histoires d’habitantes du Inne Goris signe la mise en scène du trade Staircase avec comédiens et www.theatre-arles.com quartier de Griffeuille à Arles ; la Cie Muur d’après un texte de Pieter de musiciens. L’Argentin Daniel Veronese Chatha et son Kawa conçu et Buysse. Les Portugais de la Cie adapte et met en scène Une maison de chorégraphié par Aïcha M’Barek et Materiais Diversos, sous la direction poupée d’Ibsen sous un titre pro- Hafiz Dhaou… De nombreuses artistique et chorégraphique de Tiago metteur : Le développement de la LA CRIÉE | LE GYPTIS SAISONS 53 Beaucoup plus qu’un baroud d’honneur C’est fait. Le ministère en a décidé ainsi, moins fascinant Nicolas Bouchaud : et la saison à venir sera la dernière de Noli me tangere, d’après les paroles du Jean-Louis Benoît à la tête du Théâtre Christ adressées à Marie Madeleine… National de la Criée. Quant à sa bref un choix de grands metteurs en succession elle n’est pas encore scène français présents sur les Théâtres décidée, et les supputations vont bon nationaux. train, de Robert Cantarella à Macha Sans oublier la Salle des fêtes de Makeïeff en passant par Simon Deschamps/Makeïeff, un texte de Abkarian. L’autre incertitude, de taille, O’Neill mis en scène par Célie Pauthe est liée à la date de fin des travaux : la et coproduit par la Criée, la visite du réouverture (enfin !) du Grand CDN voisin (Nice) avec la création de Théâtre est attendue pour mars, toute Daniel Benoin sur Kerviel (Le roman l’équipe actuelle a misé sur le respect d’un trader, de Jean-Louis Bauer), de cette échéance, Jean-Louis Benoit y Frédéric Belier-Garcia qui revient avec prévoyant même sa création dès le 8 une autre comédie de Hanokh Levin, mars … En attendant bien sûr le Petit François Rancillac qui s’est penché sur Théâtre continue de fonctionner, avec Le Bout de la route, première pièce de une incursion à l’Auditorium du Pharo Giono, écrite au temps encore (concert de Dianne Reeves) et à La lumineux où il se souvenait de Jean le Friche, dans la Cartonnerie où le texte Bleu… Courtisane © Cie Emilie Valantin de Serge Valletti sur la «ratonade» des Côté non dramatique on pourra voir Théâtre viendra décliner son joli et au pouvoir. ouvriers italiens en 1893 à Aigues cette année sur le grand plateau le univers pour enfants rêveurs ; le Et la création ? Ce sera la dernière de devrait trouver un décor propice (Sale Ballet National de Marseille dans la collectif D’Ores et déjà viendra jouer Benoît en ces murs… et il a choisi août, mis en scène par Patrick Pineau). reprise de Moving Target, pièce qui fit la Notre terreur, une histoire des procès Labiche. Un pied dans le crime est un La saison 2010/2011 devrait amorcer réputation internationale de Frédéric de 1793 mis en scène par Sylvain vaudeville grave, qui dynamite par la un retour à la normale et, avec 23 Flamand (aucun créateur de la région Creuzevault ; qui proposera aussi puissance du rire et la mécanique spectacles programmés, retrouver une à part cela ! en ces temps de disette Product, une pièce sur une femme comique les préoccupations partie de son potentiel en termes de pour les cies régionales…) ; et Lyrinx amoureuse d’un terroriste d’Al-qaïda ; mesquines des bourgeois du 19e siècle, public. Il faut dire que la saison est viendra continuer d’enregistrer en puis Benoît Lambert viendra créer qui ressemblent tant aux nôtres (ah les exigeante, ménageant des exclusivités public en invitant les plus grands Que Faire ? le retour, écrit par son problèmes de voisinage ! ah les qu’on ne retrouve pas ou presque pianistes de son écurie, c’est-à-dire complice Jean-Charles Massera dénonciations !). Une autre façon dans la région : ainsi Patrice Chéreau Philippe Bianconi, Marie-Josèphe Jude, d’après le texte programmatique de d’interroger notre rapport à l’histoire, mettra en scène le Rêve d’automne de Bruno Rigutto, Mûza Rubackyté, Lénine, mais aussi Robespierre, Jaurès, et à la conscience intime du juste… Jon Fosse, Médée sera portée par Caroline Sageman et Katia Skanavi ! Deleuze et quelques penseurs de la AGNÈS FRESCHEL Catherine Germain mise en scène par révolution ; et Emilie Valantin Laurent Fréchuret, Arias passera par Politiques ! proposera quelques contes grivois de La Criée là, ainsi que Paul Desvaux qui monte Enfin quelques spectacles plus La Fontaine (il en écrivit beaucoup…), Saison 2010/2011 un texte de Fabrice Melquiot sur modestes dans leurs moyens, mais ce qui rappelle un des actes de 04 91 54 70 54 Pollock, Yves Beaunesne avec son Récit d’une grande exigence artistique : censure les plus violents, qui aboutit à www.theatre-lacriee.com de la Servante Zerline d’Hermann Zone d’éducation prioritaire de Sonia un reniement public de notre Broch porté par la sublime et Chiambretto mis en scène par fabuliste… rocailleuse Marilù Marini, la création du Hubert Colas sera créé dans le cadre Bref, des spectacles politiques, qui génial François Sivadier avec le non d’Actoral ; Et il me mangea du Vélo interrogent notre rapport à l’histoire Sous le signe du désir Saison après saison le Gyptis défend sa conception Arakélian dans des airs de bravoure de Rossini à musicaux d’Alain Aubin. Musique encore avec My du théâtre. Centrée sur des valeurs indiscutables, qui Gounod… GGGeneration des Ateliers du Possible, un spectacle l’amènent à faire travailler les artistes de la région, à Nettement moins glamour, mais tout aussi féminin, de théâtre qui s’offre comme un concert de rock, un donner à entendre de grands textes dramatiques ou Une Opérette à Ravensbrück que Germaine Tillon documentaire historique, une analyse sociologique... musicaux, et à faire venir un public de plus en plus écrivit en captivité, pour rester debout : une mise en Musique toujours avec La Disgrâce de Jean Sébastien nombreux, et populaire, dans un lieu où les spectacles scène de Danielle Stephan sur des arrangements Bach, que Serge Barbuscia a créé en son Balcon, et qui sont mis à sa portée. La saison sera encadrée, en Ulysse © Leo Ballani - Groupe Grenade met en jeu la liberté des artistes, face aux directives octobre et en mai, par les lutins de Grenade en ou- des commanditaires… et une drôle de Folisophie verture (Ulysse de Gallotta recréé par Josette Baïz) (Michel Massé) pour ne pas se prendre au sérieux, et les adultes de la compagnie qui créeront Gare même quand on parle métaphysique… Une saison centrale en clôture. Entretemps trois grands textes équilibrée, non ? de répertoire : un Dom Juan en forme de road movie A.F. par la Cie la Naïve de Pertuis, Le Jeu de l’amour et du hasard de Philippe Calvario et la création de Le Gyptis Françoise Chatôt, Roméo et Juliette, mettront cette Saison 2010/2011 saison sous le signe du désir… Ce que ne démentira 04 91 11 00 91 pas le double récital de soprani, Brigitte Peyré et www.theatregyptis.com Murielle Tomao, accompagnées par Marie France 54 SAISONS LE SÉMAPHORE | LES SALINS Résistance culturelle Si Pierre Grafféo est très soucieux du devenir de ce ! ou le métier de vivre, Serge Valletti pour sa prochaine théâtre qu’il dirige depuis vingt et un ans, à l’instar de création Roméa et Joliette ou encore Paul Fructus nombre de directeurs de lieux culturels (voir page avec le spectacle À quoi on joue?. La programmation 7), il peut toutefois se réjouir du bilan positif de la se promène sur l’autre rive avec le Théâtre National saison qui se termine, durant laquelle le taux de Algérien et la Cie l’Egregore dans une mise en scène remplissage fut de 85%, 55% des spectateurs venant commune de M’Hamed Benguettaf et Ivan Romeuf de la ville même. La saison prochaine inscrit tout du Songe d’une nuit d’été, et du côté de la Tunisie avec naturellement la thématique des valises dans cette Sarkha, spectacle interprété par les artistes de l’Ecole période trouble. 22 spectacles sont programmés nationale des arts du cirque de Tunis dans le cadre de (contre 19 la saison dernière) pour 47 représen- Terres de cirque (programmation due au théâtre des tations, 25 compagnies faisant une halte à la scène Salins, théâtre d’Arles et festival des Elancées). Tout port-de-boucaine, grâce notamment à la recon- cela n’est qu’un avant-goût, prenez le temps de duction des différents partenariats avec l’Office de découvrir le reste… tourisme, les centres sociaux et aérés, la médiathèque DO.M. Boris Vian, les collèges et lycées… De belles rencontres s’annoncent, notamment avec Le Sémaphore, Port de Bouc des artistes de la région fidèles au théâtre, tels le Saison 2010/11 clown Proserpine pour le fameux bal du début qui 04 42 06 39 09 ouvre la saison, Catherine Marnas et la Cie Parnas www.theatre-semaphore-portdebouc.com pour Le Banquet Fabulateur, Sam Karpienia, François Cervantes et la Cie l’Entreprise avec Silence dans le cadre d’artistes aux collèges, Joëlle Cattino et la Cie Dynamo Théâtre, pour la deuxième année consé- cutive en résidence au Sémaphore, avec Hey Mambo Sarkha, cirque de Tunis © Amine Frigui © Amine Tunis de cirque Sarkha, Fi du pessimisme ! Le bilan de la Scène nationale de Martigues en terme actuelle qu’il permet de découvrir (avec, Emilie Salins, le théâtre d’Arles, le Sémaphore à Port-de- de fréquentation est bon, le nombre de billets émis Lesbros, Oh ! Tiger Mountain, Mekanik Kantatik…). Bouc et le Festival Les Élancées sur Ouest Provence: est le même que lors de la saison précédente, qui Mais aussi le retour de Francesco Tristano, associé à Terres de cirque, une programmation commune de avait enregistré un bond de 20% en un an. À savoir Rami et Bachar Khalifé et Murcof pour un concert cirque contemporain durant le mois de février, 34700 (dont un tiers concerne les enfants), avec 83% unique alliant musique méditerranéenne et électro ; chaque lieu accueillant plusieurs spectacles. de «remplissage» de la salle ; les abonnés quant à eux l’ensemble vocal aixois Ad Fontes avec une version Et ce n’est qu’un aperçu ! sont au nombre de 2500, soit un tiers de la billetterie originale de Carmina Burana interprétée par 100 DO.M. totale. La programmation, éclectique, est le reflet choristes, professionnels et amateurs ; les chansons pour Annette Breuil du «bouillonnement créatif» des de Jeanne Cherhal et de Karimouche ; et un peu de Théâtre des Salins, Martigues artistes : «ils sont passionnants à regarder, à écouter, il baroque et de classique avec l’Ensemble Café Saison 2010/11 faut le dire !», c’est ce que l’on constate en découvrant Zimmerman, le duo Nicholas Angelich et Hélène 04 42 49 02 00 une programmation qui fait la part belle à l’adaptation Desmoulin, le concerto Soave… www.theatre-des-salins.fr de la littérature d’une part, et à la musique actuelle Sans oublier un nouveau rendez-vous impulsé par les d’autre part. Sin Sangre © Rodrigo Gomez Rovira Assises littéraires… Quel moment privilégié que celui qui permet la redécouverte d’un auteur, de son œuvre, par le biais d’une mise en scène, d’une mise en musique ou en images… Et quels auteurs ! Catherine Marnas adapte Lignes de faille de Nancy Huston, Guy Cassiers s’attaque au chef-d’œuvre de Malcolm Lowry Sous le volcan, Zabou Breitman adapte La Médaille, le roman de Lydie Salvayre, Christine Letailleur revisite Hiroshima mon amour de Marguerite Duras, Wajdi Mouawad est l’auteur et le metteur en scène de Littoral, Sin Sangre d’Alessandro Baricco se trouve confronté à la Cie Teatrocinema, l’écriture de Philippe Djian se fond dans la musique et le chant de Stéphane Eicher lors d’une balade intimiste…

… et musicales Cette année, carte blanche à Fred Nevchehirlian qui programme un Incisif par trimestre, des coups de cœur pour de jeunes artistes issus de la musique SCÈNES ET CINÉ | NÎMES SAISONS 55 Y’a pléthore ! Les théâtres de Scènes et Cinés affirment une belle vitalité avec une program- mation qui fait la part belle au théâtre et au jeune public Cette vitalité est due à une volonté politique, comme l’ex- avec deux de ses pièces, Cœur @ prendre et Carmenseitas… plique Yves Vidal, le président de Scènes et Cinés, qui veut Et pour le côté répertoire, Alain Gautré met en scène Le «maintenir l’engagement et les moyens en faveur du spec- Malade imaginaire, Isabelle Andreani Il faut qu’une porte tacle vivant au même niveau que la saison précédente», et soit ouvert ou fermée de Musset, Nicolas Briançon La Nuit ce en pleine «période trouble quant au devenir de la culture des rois de Shakespeare, Renaud Marie Leblanc Phèdre de et de la création». La programmation enregistre une baisse Racine… Sans oublier les «têtes d’affiche», parmi quantitative de spectacles (24 de moins que lors de la saison lesquelles Pierre Richard, Gérard Jugnot, Francis Huster… précédente), mais «aucun sacrifice par rapport à l’accompa- gnement des artistes et des publics» souligne Mokhtar La jeunesse Benaouda, le directeur. Une baisse qui n’a pas d’effets né- Concoctée par Françoise Marion, la programmation Vers toi terre promise © Christine Sibran gatifs sur la fréquentation : 51 504 billets ont été vendus jeunesse est des plus ambitieuses, faisant alterner les shwin, la venue de l’École Nationale des Arts du Cirque de pour la saison 2009/2010 contre 54 485 en 2008/2009, propositions pour les tout-petits (dès 18 mois, tels Où va Tunis avec Sarkha et le très attendu Epicycle de la cie mais avec un taux de remplissage plus important, 80% l’eau d’Alban Couleau et Ikare de la CieAnima Théâtre) CirkVOST, sous chapiteau… Dans le domaine des arts de contre 78,4. et les plus grands, riche, diversifiée, alliant théâtre, installa- la rue, notez que la 2e édition de Carrément à l’Ouest, en tions, musique, danse… On retiendra particulièrement octobre, en partenariat avec le Citron Jaune, à Port-Saint- Le théâtre en force pour les 6 ans et + la création de la Cie québécoise Le Louis, fera une large place aux femmes avec le Blöffique Entre répertoires classique et contemporain, les scènes Carrousel, Nuit d’orage, d’après Stormy Night de Michèle Théâtre et ses œufs en fourrure, l’univers BD de Lili Jenks du territoire accueillent de grands rendez-vous, et notam- Lemieux (l’année dernière le magnifique Le Bruit des os qui (les 2 compagnies seront en résidence au Citron), la ment Oh les beaux jours de Beckett dans une mise en craquent avait enchanté le public fosséen), le spectacle mystérieuse Mademoiselle de la Cie Jeanne Simone… scène de Michel Abecassis (dont on avait pu apprécier pluridisciplinaire Première neige de la Cie Kopergietery et Enfin, en début de saison, le chorégraphe israélien Emanuel Pièces Détachées/Oulipo l’année dernière), une mise en Vélo Théâtre, La confidence des oiseaux de la Cie Le Gat, toujours en résidence à la Maison de la danse à Istres, scène de Charles Tordjman sur un texte de Jean-Claude Guetteur, le retour de la danse d’Itinerrances avec son présentera à l’Olivier sa dernière pièce, Brilliant Corner, Grumberg, Vers toi terre promise, Un homme est un homme très beau Les Ailes de Mademoiselle Philomène, et à partir avant sa création à la Biennale de la danse de Venise. Pour de Bertolt Brecht revisité par le Cartoun Sardines Théâtre, de 9 ans Une chenille dans le cœur de la Cie Viesavies, les le reste, sachez que le programme est consultable sur le Catherine Marnas et son Banquet fabulateur, le retour du 10 millions de Km2 de la Cie Skappa ! ou encore l’adapta- site de Scènes et Cinés, et les abonnements possibles ! Théâtre de Romette bien connu des spectateurs de Scènes tion du roman Oh Boy ! de Marie-Aude Murail par Lionel DO.M. et Cinés (Krafff, l’Opéra de Quat’sous…), avec L’Opéra du Dragon Erdogan. d’Heiner Müller, la dernière création du Théâtre de Pain Traces, Wajdi Mouawad et son voyage initiatique Littoral, Les festivals Scènes et Cinés Ouest Provence la mise en scène de Patrick Pineau sur un texte de Serge La 13e édition des Élancées est programmée du 11 au 20 Saison 2010/11 Valletti sur le massacre des ouvriers italiens d’Aigues Mortes février : parmi les quelques éléments connus à ce jour, www.scenesetcines.fr en 1893, Sale août, la venue pour la 1re fois d’Edmonde Franchi notons la création du duo Montalvo-Hervieu Lalala Ger- Les créations priment La saison à Nîmes s’annonce Joliette, la reprise du Timon d’Athènes, Shakespeare and slam Beaunesne, que les Nîmois ont la chance de bien con- équilibrée, entre théâtre, musique mis en scène par Razerka Ben Sadia-Lavant après le naître, Le Récit de la servante Zerline de Hermann Broch, et danse, et les deux Festivals succès de la saison passée, Merlin d’après Merlin ou la terre celle de Jean-Baptiste Sastre après sa création à Avignon dévastée de Tankred Dorst par le collectif Les Possédés, le cet été, La Tragédie du roi Richard II de Shakespeare, ou encore flamenco et Japonais retour de François Morel au théâtre avec Instants celle de Christophe Lidon, La Serva Amorosa de Goldoni… Après Bruno Geslin, qui sera présent lors du concert Critiques avec Olivier Saladin et Olivier Broche, le retour Et comme toujours à Nîmes un programme musical de théâtral du groupe Coming Soon qu’il met en scène, c’est de Patrice Thibaud et Philippe Leygnac qui après Cocorico choix : René Martin reconduit La Folle nuit sur deux jours au tour du chorégraphe Alain Buffard de s’associer au reviennent avec Jungles. Une mise en scène de Yves au lieu d’un ; un seul opéra au programme, Semiramide de Théâtre de Nîmes, association qui sera reconduite pour Rossini dans une mise en scène de Kirsten Harms ; une la saison 2011-2012. Avec Tout va bien, dont la création a Tout va © Marc bien Domage d’Alain Buffard opérette, Une éducation manquée d’Emmanuel Chabrier, lieu au Festival Montpellier danse le 21 juin, et Les Inconsolés avec, en contrepoint, La Voix humaine de Francis Poulenc d’autre part. Autres grands rendez-vous dansés, le retour d’après Jean Cocteau ; et la création d’un spectacle musical de la chorégraphe et danseuse Anne Lopez (après Duel écrit et improvisé de Mozart à Wolff conçu par Nicolas et La Menace la saison passée) et la Cie Les Gens du quai Stimbre, Du vent dans l’horloge ; du jazz avec un concert pour leur dernière création Feu à volonté ; la création 2010 de Stéphane Kochoyan lors de la 5e édition de L’Agglo au de la cie de Philippe Decouflé ; une carte blanche à rythme du jazz… Laurent Pichaud au Muséum de Nîmes pour un parcours Enfin, deux grands rendez-vous devraient retenir votre inédit Une notre trace… Et la Merce Cunningham Dance attention : le Festival Flamenco qui s’installe pour la 21e Company qui se produira avec trois pièces majeures : année, et la passionnante biennale L’Expérience Japonaise. Pond Way, Quartet et Antic Meet : la date est exception- Nous y reviendrons en détail ! nelle, la troupe mythique devra se dissoudre deux ans DO.M. après la mort du maître. En théâtre aussi l’on attend de belles choses, entre écri- Théâtre de Nîmes tures contemporaines et classiques : Listen to me de Saison 2010/11 Gertrud Stein conçu et joué par Emma Morin, la création 04 66 36 65 00 de Serge Valletti pour la Cie l’Heure du Loup Roméa et www.theatredenimes.com 56 SAISONS THÉÂTRE DURANCE | THÉÂTRES EN DRACÉNIE | CAVAILLON Si jeune et pourtant… Le Théâtre Durance entame sa qua- avec deux spectacles musicaux ébou- trième saison sous le signe de la riffants : Tatouage et Cabaret Brecht pluridisciplinarité, entre pépites et Tango Broadway, Jean-Louis Foulquier découvertes, avec l’envie d’offrir des fera son retour sur les planches le spectacles à voir en famille et de temps d’avaler sa Première gorgée de soutenir la création régionale. Pas bière et autres plaisirs minuscules, moins de 8 projets y trouvent place : adaptée des récits anamnestiques de Kelemenis & cie pour Disgrâce, la Cie Philippe Delerm. Robin Renucci et Chatôt-Vouyoucas qui reprend Le Marianne Basler accorderont leurs médecin malgré lui de Molière, Alain voix pour faire entendre les dialogues Jaume et Alain Soler qui s’accordent à finement alambiqués de Sacha Guitry jouer Hymnesse, la Cie Onstap en dans Désiré… tournée avec Parce qu’on va pas lâcher, Dans le genre inclassable, le spectacle le Ballet national de Marseille et son de cirque chorégraphié L’iceberg de triple programme Sextet / Inverses / L’Éolienne, né de la rencontre entre la Tempo vicino (1er avril), le Théâtre du chorégraphe Florence Caillon et le balcon pour La disgrâce de J.-S. Bach. journaliste d’investigation Denis Ou encore la création de la Cie Robert, ne devrait laisser personne de Clandestine qui pose la question au glace. Tout comme Le Chagrin des ogres Tatouage, Alfredo Arias © Gabriel Rocca © Gabriel Arias Alfredo Tatouage, jeune public Quoi ? C’est quoi ? et le de la Cie Artara déconseillé aux moins Nomade village qui poursuit son de 16 ans qui met en scène l’inquiétu- lors que la Cie Propos de Denis Théâtre Durance, Château-Arnoux projet danse-vidéo Des corps de ville de et la désolation d’adolescents Plassard aura signé le top départ de la Saison 2010/2011 dans le cadre du projet CAT-Confron- d’aujourd’hui. Sans oublier Jean-Luc saison, le 2 oct, avec Les cadavres se 04 92 64 27 34 tations Artistiques Transfrontalières. Revol qui revisite à la sauce des années regardent dans le miroir. www.theatredurance.com Bref des rencontres et des événements, 50 Le préjugé des vaincus : airs endia- M.G.-G. des projets un peu fous ou surpre- blés, couleurs vives… aussi alerte que nants… la prose subtile de Marivaux ! Et tant L’iconoclaste Alfredo Arias viendra d’autres choses encore à découvrir dès L’eau à la bouche Il y a des signes annonciateurs d’une belle saison : des Du lancement au bouquet final, le cirque fait son jongle avec les illusions d’optique et les arts metteurs en scène talentueux, des artistes créatifs, chemin depuis les australiens Circa qui réinventent le numériques dans Cinématique jusqu’à Aurélien Bory des textes à vous couper le souffle, des œuvres à cirque-danse dans un spectacle poétique et sensuel, qui s’interroge Questcequetudeviens ? découvrir… Petit aperçu de quelques temps forts la performance acrobatique et urbaine Traces de la Entre-temps place au théâtre avec le très lyrique de Théâtres en Dracénie. Cie Les 7 doigts de la main, Adrien Mondot qui pamphlet d’Olivier Py, leçon prodiguée aux apprentis Creation 2010 Angelin Preljocaj © JC Carbonne comédiens dans Epître aux jeunes acteurs ; l’exploration des farces conjugales de Feydeau par Alain Françon, la reprise triomphale de Peter Pan mise en scène par Alexis Moati. Le talentueux Denis Podalydes se démultiplie dans Le cas Jekyll et Catherine Marnas adapte Lignes de faille de Nancy Huston, ou le compte à rebours de 60 ans d’histoire familiale perçue par les yeux des enfants… D’entrechats en sauts de biche, Draguignan accueille Marie-Claude Pietragalla en solo, Raphaëlle Delaunay et son jazzistique Bitter sugar, l’ombre planante de Joseph Nadj sur Les corbeaux, l’ode au flamenco de Stéphanie Fuster et la création 2010 d’Angelin Preljocaj pour 20 danseurs, moitié Ballet moitié Bolchoï, pour parler d’Apocalypse… Quant au programme musical il jongle avec des sonorités diverses, de Christophe en concert aux Variations Diabelli de Beethoven dans la pièce de théâtre musical pour enfants Boucle d’Or et les 33 variations (Cie Les Rémouleurs), en passant par Leonardo Garcia Alarcon qui croise les Madrigaux de Monteverdi et les Tangos d’Astor Piazzolla… M.G.-G.

Théâtres en Dracénie,Draguignan Saison 2010/2011 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

L’éclat du risque Ne vous y trompez pas : l’an dernier le cœur de Cavaillon avait l’art de flamber, cette fois la maison semble prendre l’eau… et le slogan de saison, emprunté à Alain Badiou, appelle à «réinventer le risque et l’aventure, contre la sécurité et le confort». Un beau pari, pour la petite Scène Nationale, qui propose une programmation revitaminée, avec un nombre de spectacles revenu à son niveau d’avant les coupes budgétaires… et un choix d’artistes osé. Il faut dire que le public vauclusien suit Son théâtre avec une fidélité qui fait plaisir à voir. Et que ce lieu collabore avec la plupart des scènes avignonnaises (les Doms, les Hivernales, les Halles…), parcourt le territoire avec ses Nomades, et se montre parti- culièrement attentif à sa mission de pôle régional, qui l’amène à soutenir la création qui s’élabore ici. Au programme donc 35 spectacles exigeants : côté danse Nathalie Pernette ouvre la saison avec ses Miniatures de rue, Denis Plassard vient danser son roman photo, Kader Attou chorégraphie les Chants plaintifs de Gorecki ; côté surprise les atypiques de Grand Magasin, as des Déplacements de problèmes. Quelques spectacles que nous avons vus et vous recommandons ? le Photo Romance de Lina Saneh et Rabih Mroué, Abeilles habillez-moi de vous (Philippe Dorin et Sylviane Fortuny) pour vos enfants, le Phèdre de Renaud-Marie Leblanc, La Commission centrale de l’Enfance de David Lescot. Et encore : Seuls, la pièce la plus bouleversante de Wajdi Mouawad ; le malicieux Comme je l’entends, confession ironique d’un guitariste contemporain (Benjamin Dupé). Et puis des créations, tout aussi engageantes : Olivier Py qui continue son travail passionnant sur Eschyle, Raoul Lay qui avec Renaud-Marie Leblanc va tenter une remixture théâtrale du Pierrot Lunaire de Schoenberg, Ex Nihilo qui transporte ses explorations jusqu’à Séoul, et le Villa Olga de Catherine Zambon qu’Alexandra Tobelaim met en scène… Vous voulez encore attiser vos désirs ? Le Turak théâtre vient avec ses Fenêtres éclairées et ses Nouvelles et courtes pierres, Julien Bouffier revisite Hiroshima mon amour de Duras, Aurélien Bory demande Questcequetudeviens ? Emmanuel Demarcy Mota retrouve Fabrice Melquiot pour dire leur désir commun d’embrasser Petula Clark… Et bien d’autres surprises ! Alors abonnez-vous, la billetterie est ouverte ! AGNES FRESCHEL

La Scène Nationale,Cavaillon Saison 2010/2011 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com Hiroschima mon amour © Marc Ginot 58 SAISONS PAVILLON NOIR | OPÉRA DE MARSEILLE | SMCM | GTP D’un air bravache Le Centre chorégraphique national affiche très différents, avec en particulier Le Prince une belle santé insolente : avec des de verre de Claude Brumachon, les abonnés en hausse de 12%, un taux de petiteshistoires.com de Kader Attou, ou le remplissage de plus de 100% et 25000 travail plastique de Yann Giraldou. Et spectateurs, le Pavillon Noir remplit ses quelques propositions plus radicales missions en un contexte difficile, profitant comme celles de Nacera Belaza, Miguel du succès des tournées du Ballet Preljocaj, Guttierrez, Bouchra Ouizguen ou Robyn qui sont bénéficiaires (plus de 50% de Orlin : si vous aimez sortir d’une salle recettes propres), pour programmer plus bouleversés, ne ratez pas le Madame de spectacles en ses murs sans augmenter Plaza de la Marocaine et le Daddy, I’ve les tarifs, multiplier les actions pédago- seen… de la Sud-Africaine. giques et les manifestations à entrée libre, AGNÈS FRESCHEL coproduire et accueillir trois artistes en résidence. Pavillon Noir, Aix-en-Provence La nouvelle saison propose 16 spectacles Saison 2010/2011 de 19 chorégraphes, dont 10 femmes Le Prince de verre, Claude Brumachon © X-D.R 0811 020 111 (Germaine Acogny, Bouchra Ouizguen, Yann Giraldou, et bien sûr les Affluents et danseurs et 10 du Bolchoï, autour de www.preljocaj.org Robyn Orlin, Nacera Belaza…). Une le Ballet Preljocaj. Ils reprendront les deux l’Apocalypse de Jean, et de la musique de parité stricte qui fait aussi la part belle aux parties d’Empty Moves, et danseront au Laurent Garnier. compagnies d’ici : Grenade, le Ballet Grand Théâtre voisin la nouvelle création D’autres bonheurs ? une grande attention d’Europe, le Ballet National de Marseille, de Preljocaj, conçue pour 10 de ses portée au jeune public, initié à des styles Samson, Hélène, Andrea, Cartel Wozzeck… de la Timone Quelle belle saison que celle promise par l’Opéra de Marseille ! On y retrouve sept productions lyriques, neuf grands concerts… et des têtes d’affiches majeures C’est dans le rang des ténors qu’on les distingue, au faîte de leur gloire : Roberto Alagna inaugure le rôle du Cid de Massenet et Juan Diego Florez remplira les travées pour un récital de prestige. Côté répertoire le directeur Maurice Xiberras n’oublie pas, à côté du Rodrigue cornélien, deux genres très français : le Grand-opéra de Saint-Saëns Samson et Dalila (en version de concert) avec Olga Borodina et la folle opérette d’Offenbach La belle Hélène où Mireille Delunsch est mise en scène par Jérôme Savary… en cadeau de Noël ! L’Italie vériste est très présente avec Andrea Chénier de Giordano, toujours sans notre Roberto national pour le rôle titre, mais chanté par le Serbe Zoran Todorovitch. On redécouvre avec plaisir le diptyque coproduit Quatuor Modigliani © Andrew French avec les Chorégies d’Orange en 2009 : Cavalleria Rusticana de Mascagni et I Pagliacci de Leoncavallo avec Béatrice Quatre-vingt-dix printemps que la toujours jeune Uria Monzon. Alagna (décidément !) tenait les deux principaux rôles au pied du mur vauclusien : il laisse sa Société de Musique de Chambre de Marseille affiche des place aux ténors Luca Lombardo (enfin à Marseille !) et Vladimir Galouzine. formations musicales que la mélomanie universelle prise Si l’on retrouve le Don Giovanni mozartien mis en scène par Frédéric Bélier Garcia, on attend une nouvelle d’ordinaire sur des scènes capitales ! De novembre à avril, les amateurs phocéens remonteront à nouveau, en J.D.Florez © X-D.R. production du chef d’œuvre expressionniste Wozzeck d’Alban Berg mis en scène par Guy Joosten. file indienne, les marches qui mènent à l’Auditorium de Hormis la prestation du fameux ténor péruvien, les la Faculté de médecine de la Timone. Une chance (cosa concerts affichent de grands solistes tels les pianistes rara !), son acoustique est remarquable pour un genre Bertrand Chamayou, Cyprien Katsaris, Mikhaïl musical qui exige attention et finesse d’écoute. Rudy, notre «local» Edouard Exerjean, le violoniste Mais pour ouïr Jean-Claude Pennetier dans les Nemanja Radulovic, le guitariste Emmanuel Ross- Concertos de Chopin (transcription de l’orchestre pour felder, tous dans de grands Concertos du répertoire quatuor à cordes), les Quatuor Zemlinsky, Renoir, avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille. De Signum, Modigliani, les pianistes Emmanuel Strosser, nombreux récitals de musique de chambre et des Martin Helmchen, le clarinettiste Romain Guyot, le artistes du CNIPAL circonscrivent, dans le somptueux violoncelliste Raphaël Pidoux, l’altiste Maxim Rysanov Foyer art-déco du théâtre municipal, un programme ou l’Ensemble Raro, il faut se lancer, adhérer pour la prometteur. Avec une programmation de produc- saison et devenir «Sociétaire» (car point n’est possible tions lyriques unique dans les saisons régionales, et de louer un concert à l’unité), afin de découvrir de des inquiétudes qui demeurent, à ce titre, sur les stupéfiants opus de Mozart, Beethoven, Brahms, travaux indispensables à l’horizon de plus en plus Schumann… Et il ne s’agit pas d’adhérer à une société proche de 2013… Pour l’heure l’ouverture des secrète et inaccessible ! Les tarifs pour neuf récitals vont locations se fera le 6 juillet à 8h. Sonnez matines ! de 90 à 180 €, avec une gratuité pour les enfants de JACQUES FRESCHEL sociétaires de 7 à 14 ans, même si vous en avez une ribambelle… Opéra de Marseille JACQUES FRESCHEL Saison 2010/2011 04 91 55 11 10 Adhésions Espace Culture 04 96 11 04 60 www.opera.marseille.fr ou Harmonia mundi 04 91 33 08 12

Mention Bach Après Mozart et Beethoven, Dominique Bluzet et Françoise Jan convoquent le Kantor de Leipzig au Grand Théâtre de Provence Autour de grandes fresques sonores, la Engerer, Philippe Giusiano, David Fray, Messe en si ou la Passion selon Saint Jean, Bruno Fontaine, Iddo Bar-Shai, Edna on entend les Variations Goldberg (Zhu Stern, des violoncellistes Ophélie Gaillard Xiao-Mei), son Magnificat (Musicatreize), et Henri Demarquette, des mezzo- des Motets (Accentus) et Concertos Bran- sopranos Angelika Kirchschlager et debourgeois(Les Siècles), des pièces d’orgue Jennifer Larmore, des chefs Tugan (Bernard Foccroulle) ou d’orgue «à bre- Sokhiev (et le Mahler Chamber Or- telles» (l’accordéon de Richard Galliano), chestra) ou Jos van Immerseel (Anima les frasques de Jean-François Zygel… Eterna), de jeunes et brillants quatuors à Hormis ce fil rouge sonore, on attend la cordes Modigliani, Psophos et Chiaros- Résidence printanière de l’Orchestre et curo (dont certains sont affichés au des Chœurs de Radio France, et l’on Théâtre du Jeu de Paume)... retrouve l’Orchestre Français des Jeunes Le «sacro-jazz classico-swing» de Raphaël ou celui de Xavier Roth. Imbert et du Quatuor Manfred trouve sa place dans un cortège de noms tels Spectacles que Steve Coleman, Didier Lockwood, Deux opéras sont offerts sur le grand Bireli Lagrène, Carla Bley… De nom- plateau aixois : la reprise de la formidable breux spectacles «jeunesse» parachèvent production du festival d’Aix 2009 Orphée le programme, toujours dans le souci de aux Enfers d’Offenbach et une Italienne fabriquer le public de demain, et de lutter à Alger dans le pur style virevoltant de contre le vieillissement du public des Rossini… En bada, un concert mis en musiques classiques : la troisième saison espace, une relecture très libre de la Flûte qui devrait voir le public affluer vers les enchantée mozartienne. Une large place sièges vermillon du Théâtre. est faite à la danse, avec de grands ballets : Car avec près de 65000 spectateurs la dernière création de Preljocaj bien sûr, pour 4500 abonnés en 2009-10, il est en collaboration avec le Bolchoï, mais clair que le Grand Théâtre de Provence a aussi le Cendrillon de Michel Kelemenis donné une ampleur nouvelle à la vie commandé par le (grand !) Ballet du Grand musicale. Même si les musiciens de la Théâtre de Genève, Frédéric Flamand région y trouvent difficilement une place, qui reprend Moving Target avec le Ballet contrairement aux chorégraphes, le GTP National, et puis encore Mourad Mer- offre aux habitants, à des prix qui n’ont zouki, Antonio Gades et Carlos Saura, rien à voir avec ceux pratiqués dans les Gallotta… mêmes murs par le Festival d’Aix, l’occa- Et une excellente surprise : le légendaire sion d’entendre et de voir des spectacles Slava’s Snowshow, grand spectacle de musicaux d’exception. clown féérique de la Cie Licedei, qui JACQUES ET AGNÈS FRESCHEL tourne depuis 15 ans et totalise plus de 3 millions de spectateurs, viendra faire Le Grand Théâtre de Provence, tomber sa neige en novembre… Aix Saison 2010/2011 Solistes en rafales 04 42 91 69 69 Côté récitals, que dire de la qualité des www.legrandtheatre.net interprètes et des formations invités ? Des pianistes Hélène Grimaud, Brigitte OFJ Kwame Ryantheatre © Grand de Provence/Agnes Mellon 60 CINÉMA CINÉCOLE | LA QUINZAINE | AFLAM

Le nom des gens de Michel Leclerc © Michael Crotto Douze à la Deux jours après l’annonce du pal- marès cannois,l’Alhambraa présenté 12 des 22 films sélectionnés pour la 42e Quinzaine des réalisateurs. En ouverture, Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaut, soutenu par la région PACA et distingué par le Art Cinema Award. Lily pleure, On achève bien le plaisir s’empiffre sur la tombe de sa mère, tue les animaux, confectionne pan- C’est une sélection particulièrement réussie qu’a qui aurait pu se passer du mélo de la séquence toufles et porte-clés en fourrure, présentée la commission Cinécole : ce marathon finale. enchaussette les arbres, dort avec de cinéma, collaboration de 28 ans entre l’Aca- Pour finir, le dernier film du doyen du cinéma, un dindon, détourne les objets quo- démie de Nice, Cannes Cinéma et la ville de Cannes, Manuel Oliveira (102 ans), L’Étrange Affaire Ange- tidiens de leur fonction, dit ce qu’elle s’est déroulé les 22 et 23 mai à l’espace Miramar. lica, conte fantastique où un photographe qui doit pense, ne connaît ni le dégoût du Issus de toutes les sélections du Festival, les prendre un cliché d’une jeune fille morte la voit lui sexe ni celui des cadavres, artiste quatorze films étaient variés. Les 330 participants, sourire dans son objectif. Des scènes oniriques instinctive, sans limite, insupporta- enseignants, étudiants et lycéens, ont pu réfléchir, pour prolonger la nuit de cinéma de la centaine ble, inadaptée. Amenée à s’occuper rêver, pleurer et rire. de spectateurs qui ont tenu le coup des 28 heures d’elle après la mort de leur mère, sa Deux comédies les ont ravis : Le Nom des gens de projection de ce superbe marathon. sœur aînée, l’urbaine, la pudique de Michel Leclerc, un film au rythme enlevé où l’on ANNIE GAVA Clara, résignée à une existence lisse voit même Jospin avec une réplique qui tue : «un auprès de son avocat de mari, bas- jospiniste aujourd’hui, c’est aussi rare qu’un canard Autres coups de cœur cule dans cet univers et reconsidère mandarin sur l’île de Ré» ; Sound of Noise, pre- Des hommes et des dieux (prix Éducation Natio- sa vie. Malgré quelques complais- mier long métrage des Suédois Olaf Simonsson nale) de Xavier Beauvois, pour sa grandeur d’âme ances, servi par le jeu généreux de et Johannes Stjärne Nilsson, satire déjantée des et ses plans serrés sur les beaux visages des Ludivine Sagnier, de Diane Kruger institutions musicales. Construit comme un thriller, moines, pour la liberté et la force de l’engagement et les créations plastiques de Valé- le film fait se succéder gags et inventions absur- face au chaos et la haine la plus abjecte. rie Delis, le film réserve de jolis des sur un rythme trépidant, servi par un casting Tournée de Mathieu Amalric, pour ses images et moments de fusion sororale mais de comédiens musiciens sauf Sanna Persson, la créatures felliniennes entre burlesque mélanco- laisse le spectateur dans l’inquié- tête du gang qui a décidé d’exécuter une œuvre lique et New Burlesque, surtout lorsque les tude de l’«hiver sans pantoufles» qui musicale apocalyptique en utilisant la ville comme masques et les faux-cils tombent. suivra inéluctablement ces instants instrument… Le nom des gens de Michel Leclerc, pour Sara solaires. Musique encore dans le documentaire de Renaud Forestier. Nul ne lui résiste, même Arthur Martin Au programme, deux autres films Barret et Florent de la Tullaye, Benda Bilili : de (Jacques Gamblin), quadragénaire timoré ; bien français peu novateurs parlant 2004 à 2010, de Kinshasa aux Eurockéennes de éloignée du prosélytisme politique cette Bahia d’amour et de désir. Celui de Katel Belfort, les réalisateurs aident et filment l’ascen- Benmahmoud qui couche avec ses adversaires de Quillévéré, Un poison violent, prix sion musicale et humaine de Papa Ricky qui rêve droite pour les convaincre ! Tous les partis pris du Jean Vigo 2010, sur fond de de faire du Staff Benda Bilili le groupe de musi- film sont poussés jusqu’au bout, sur un rythme catholicisme breton, crise de couple ciens handicapés le plus célèbre du monde. Un effréné et avec allégresse. et émois adolescents, dont le sujet film qui parle de solidarité, de musique, d’amour, MURIEL BENISTY ET ANDRÉ GILLES semble tiré de l’épître de St Paul aux une vraie leçon de vie, qui a été le Coup de cœur Galates, cité lors de la confirmation de Cinécole. Entre nos mains de Mariana Otero suit durant Cleveland trois mois les projets, les questionnements des Une Palme d’Or contre Wall Street employées d’une entreprise de lingerie féminine : © Christopher First va-t-on sauver la PME en constituant une scop ? un peu Marseillaise Même si le documentaire est lent à démarrer, Cette année, la Palme d’Or du court métrage a cette galerie de portraits fait réfléchir sur la solida- récompensé un film d’animation, Chienne rité ouvrière. d’histoire de Serge Avedikian. L’univers gra- Autre fait de société abordé par Illegal : les sans phique développé dans le film est le fait d’un papiers. C’est à une dénonciation féroce que se artiste marseillais, Thomas Azuélos, illustra- livre Olivier Masset-Depasse qui, ayant découvert teur pour la presse, dessinateur et scénariste qu’il habitait tout près d’un centre de rétention, en de BD qui développe une œuvre originale. Vous Belgique, a mené une enquête solide avant pouvez lire, entre autres, Abigaël Martini, les d’écrire un scénario de fiction. À travers l’histoire aventures d’une stagiaire commissaire à de Tatiana, superbement interprétée par Anne Marseille. Coesens, le réalisateur a voulu montrer la situa- YUGEN tion terrible que vivent des gens, seulement parce qu’ils n’ont pas de papiers. Un film coup de poing http://azuel.free.fr CINÉMA 61

Quinzaine Tanger, muse

The Light Thief cinématographique d'Aktam Arym Kubat C’est sur Une Fenêtre à Tanger, court métrage d’Yves de Peretti, que s’ouvrait le 27 mai, à l’Alcazar, le cycle Tanger Rêvée proposé par AFLAM. Une Fenêtre à Tanger, c’est une rencontre, celle de Matisse avec l’art oriental. Et par extension, celle des artistes avec cette ville. Avant Matisse, il y a eu Delacroix ; après, Jean Genet, Roland Barthes, Paul Bowles et Jack Kerouac, Joseph Kessel. Et puis des cinéastes. Car une des facettes de la beauté de Tanger, c’est son animation, faite pour le cinéma. Elle provoque des pulsions de l’image, comme l’exprimait Hicham Ayouch après la projection de son film Fissures au cinéma Variétés. Si la forme, proche du Dogme, et l’absence de scénario pouvaient déconcerter, le désir d’immersion dans la nuit tangéroise était contagieux. L’attraction que crée Tanger sur les hommes, surtout ceux de passage, a parcouru de la jeune héroïne : «Car les tendances de la Tanger Rêvée. Dans Loin, d’André Téchiné, Serge ne peut s’empêcher de quitter chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de Tanger et Sarah puis de revenir sans cesse vers elles. Dans Juanita de Tanger, l’esprit s’opposent à la chair.» Celui de Louis ladite Juanita, espagnole tangéroise des années où la ville était zone internationale, Garrel, Le petit tailleur, court métrage en noir et les regarde aller et venir, ces passants de Tanger, elle incapable de tant d’errance. blanc, gracieux et nostalgique, à l’ombre de la Le film de Farida Belyazid, première femme réalisatrice marocaine, a cette vieille Nouvelle vague : cafés parisiens, citations mélancolie sans tristesse des films d’Almodovar, l’interprétation de Mariola littéraires, voix off, jeunes gens beaux et amoureux. Fuentes y étant pour beaucoup. Bien loin de cette douce France, The light Thief La période internationale de Tanger, propice aux échanges et donc aux trafics, est d’Aktam Arym Kubat élargit l’horizon dans un souvent au cœur de ces oeuvres. La ville fut le cadre de films d’espionnage français Kirghizstan balayé par les vents sibériens et par teintés d’exotisme et de romance dans les années 30. Dans ce registre joliment ceux de l’histoire, contrée où de nouveaux enjeux suranné, AFLAM proposa Gibraltar de Fedor Ozep, Alerte en Méditerranée de Léo économiques bousculent les équilibres des com- Joannon et, plus proche de nous, L’Homme de la Jamaïque de Maurice Canonge. munautés villageoises et où les rêves lumineux Si les deux premiers suivent les aventures d’officiers occidentaux, en proie aux d’un cœur pur ne peuvent qu’être éteints par les crimes et aux charmes de la ville autonome dans un classicisme presque scolaire, mafieux universels. Dire le monde tel qu’il va et le dernier, qui date de 1950, a le bon goût de prendre le sujet à l’envers : une femme tel qu’il ne va pas, c’est aussi le propos de Jean- peut-elle faire d’un trafiquant un homme rangé ? Stéphane Bron dans Cleveland vs Wall Street, Car dans la Tanger rêvée par les cinéastes, une Tanger interlope, les tentations offrant par ce reportage-fiction aux habitants de sont permanentes. Tanger et son statut international, c’est un peu Chicago et la Cleveland, expropriés à la suite de la crise des prohibition : un vivier à films noirs. Arcady s’y est essayé dans Dernier Eté à Tanger subprimes, le procès que les puissantes banques avec un Thierry Lhermitte en détective privé entraîné par une femme fatale dans de Wall Street leur ont refusé, démontant à travers une série de crimes obscurs. L’épaisseur du casting (Lhermitte, mais aussi Hanin, le témoignage de ces pauvres gens démunis et Lindon et Villeret) ne suffit toutefois pas à éviter les travers caricaturaux du crédules la mécanique vicieuse du capitalisme réalisateur. AFLAM fut bien plus inspirée en projetant Cronenberg et son halluciné financier. Précis et implacable. et hallucinant Festin nu, adapté du roman de William Burroughs, ou encore Mais le film le plus audacieux de cette sélection Tresses de Jillali Ferhati qui entrelace crime passionnel, vengeance et politique. demeure Le quattro volte de Michelangelo Fram- RÉMY GALVAIN martino, un petit joyau de cinéma à l’éloquence Le festin nu taiseuse qui rend l’œil intelligent. Olmi et Tati de David Cronenberg réunis. Sans musique, sans dialogue, sans histoire © 20th Century Fox autre que celle du cycle des saisons, des événe- ments infimes et essentiels de la vie de ce village perché de Calabre. De la mort du berger à la naissance d’un chevreau, de l’abattement d’un arbre centenaire au travail des charbonniers. Plans fixes qui arrêtent le temps et où advient soudain l’altération, la différence, les prémisses du passage, la révélation d’une correspondance poétique ou même un gag. La Quinzaine, cette année encore, a donné un aperçu de la diversité du travail des jeunes réali- sateurs dont on espère qu’il trouvera, par les voies impénétrables de la distribution, un chemin vers un public plus large. ÉLISE PADOVANI 62 CINÉMA LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE | PHILIPPE FAUCON

Le 19 juin, de 15h à 23h, à l’occasion de sa sortie Du 2 au 4 juillet, à Ginasservis, l’association Sans en DVD, la Friche la Belle de Mai propose à la Tambours Ni Trompettes propose le festival Un salle Seita la projection du documentaire la Pas de Côté à Espigoule inspiré de l’An 01, la République Marseille en présence du réalisateur bande dessinée de Gébé et du film de Jacques Denis Gheerbrant. Entrée libre. Doillon : projection de films, installations et concerts, 04 95 04 95 04 pour commencer les vacances en refusant la fuite www.lafriche.org > en avant… de Ritwik Ghatak Ritwik de http://stnt-espigoule.org

Du 5 au 12 juillet, troisième Caravane des ciné- mas arabes en Région : projections en plein air d’une sélection de six films venant d’Algérie, du Liban, du Maroc, et de Palestine. Ainsi on pourra Gappo Aar Takko Jukti

(re)voir Mascarades de Lyes Salem (à Apt et Le > Du 7 au 12 juillet,21e édition du FID Marseille. Vingt Luc) ; Caramel de Nadine Labaki (à Briançon) ; films en compétition internationale dont 19 pre- Number one de Zakia Tahiri (à Port-de-Bouc) ; mières mondiales et treize premières mondiales L’Anniversaire de Leila de Rashid Masharawi en compétition française, seront projetés dans La Republique Marseille, Le centre des rosiers de Denis Gheerbrant (aux Mées) ; Le Mélange de Faouzia de Magdi différents lieux de Marseille, Le Gymnase, les Ahmed Ali (à Cannes) et Le Sel de la Mer Variétés … Du 24 juin au 27 juillet, l’Institut de l’Image à Aix d’Annemarie Jacir (à Arles). S’ajoutent cinq écrans parallèles, une rétrospec- propose «Des reprises pour l’été», parmi les- Aflam tive du cinéaste indien, Ritwik Ghatak ; un salut quelles Shirin de Kiarostami, Senso et L’Étranger 04 91 47 73 94 déjanté à Lévi- Strauss, Anthropofolies; une pro- de Visconti, Les Poings dans les poches de www.aflam.fr > grammation autour des rapports théâtre et Bellocchio, Cris et chuchotements de Bergman. Le sel de la mer © Pyramide Films cinéma, Du rideau à l’Ecran, une autre consacrée Trois films plus rares : dans La Rumeur, de Wil- à « paroles et musique » et un programme pré- liam Wyler, deux amies dirigent une institution senté par Fotokino, que peuvent voir les enfants, pour jeunes filles ; Mary, une élève insolente et Les Sentiers. menteuse, lance la rumeur que les deux professeurs S’ajoutent à ce programme des séances spéciales ont une relation «contre-nature» ; Performance en partenariat avec différents structures ainsi que de Nicolas Roeg, Donald Cammel avec Mick des tables rondes. Jagger et enfin Le Démon des femmes d’Aldrich. FID Marseille Institut de l’Image 04 95 04 44 90 04 42 26 81 82 www.fidmarseille.org www.institut-image.org Dehors le cinéma ! Variétés des Après son ouverture le 11 juin durant le 2e Festival les vacances sur un petit air décalé (le 2 juillet) ; rencontres du livre de la Canebière (projection du film avec l’ADDAP 13, à la Belle de Mai, Salut Cousin Le 21 juinà 19h 30 au cinéma Variétés à Marseille, Egyptien Le mélange de Faouzia), Tilt propose de Merzak Allouache le 6 juillet, et Le Grand projection de Orpailleur en présence de Marc jusqu’au 14 août le quinzième festival Ciné plein- Voyage d’Ismael Ferroukhi le 13 juillet. Les Barrat et des acteurs Tony Mpoudja et Julien air : 27 films qui viendront illuminer 10 lieux et enfants auront aussi leurs séances avec La Courbey. Rod, jeune Parisien d´origine guyanaise feront «pétiller les yeux» de tous ceux qui seront prophétie des grenouilles (La Capelette le 7 juillet) et deux de ses amis se retrouvent au cœur de la à Marseille cet été : durant la fête du Panier, le 19 et L’Âge de Glace 3 (Les Archives le 9 juillet). Dans forêt amazonienne, dans le milieu hostile et juin Interstella 5555 de Leiji Matsumoto et Daft le cadre magnifique du Théâtre Silvain enfin archaïque des chercheurs d’or clandestin... Punk ; dans le jardin des Archives départe- réinvesti (Malmousque), on pourra voir Slumdog Le 23 juin à 20h, en collaboration avec l’associa- mentales un film de la chorégraphe Blanca Li sur Millionnaire de Danny Boyle, sur un orphelin, tion Femmes en Noir Marseille, projection du une world battle de hip hop, jubilatoire (le Défi le Jamal Malik, qui remporte un jeu télévisé (le 5 documentaire d’Eyal Sivan, Jaffa, la mécanique 25 juin), et Jour de Fête de Tati, pour commencer juillet) ; Le Mépris de Jean-Luc Godard, de l’orange. À la fin du XIXe siècle, plusieurs vagues incontournable leçon de cinéma d’immigration juive arrivent en Palestine. La Jour de fete de Jacques Tati désinvolte, lyrique et révolutionnaire culture des agrumes va passer de la propriété des (le 12 juillet). Puis il y aura Conver- Palestiniens à celle des cultivateurs arabes et saciones con Mama de Carlos Oves, juifs, pour devenir, dès 1948, un monopole israélien. l’occasion d’une soirée organisée Des Palestiniens et des Israéliens acceptent d’évo- par La Rue du Tango. Looking for quer ce passé devant la caméra du réalisateur… Eric de Ken Loach, d’autres Le 25 juin à 20h en collaboration avec La Région projections pour enfants… Nous y Paca et Comic Strip Production, projection en reviendrons ! avant-première d’Un Ange à la mer en présence Et n’oubliez pas vos chaises, vos du réalisateur Frédéric Dumont et de deux des coussins, et quelques victuailles à acteurs, Anne Consigny et Olivier Gourmet : partager… Louis, 12 ans, vit au Maroc heureux avec son père, Tilt sa mère et son grand frère. Sa vie change le jour 04 91 91 07 99 où son père lui révèle un terrible secret… http://cinetilt.org Cinéma Variétés 04 91 53 27 82 Tournage Un jeudi férié… Pas pour tout le rendu Patrick Mennucci venu en- monde ! Dans un centre de boxe, à courager l’équipe de ce film, qui Saint-Marcel, à Marseille, une équi- n’aurait pu se faire sans l’aide sub- pe de trente personnes travaille sous stantielle de la Région. «Le message la direction de Philippe Faucon: c’est de ce film qui raconte la prise en le quatrième jour de tournage du main de jeunes paumés par une neuvième film du réalisateur de La cellule islamiste est très fort.» Sujet Trahison, le troisième tourné dans la risqué ? «Notre Région n’est pas le région après Samia et Dans la vie. pays de Bisounours ! Ce n’est pas un Pascal Ribier, l’ingénieur du son, territoire idyllique et il faut regarder qui a souvent travaillé avec Eric les problèmes en face» précise le Rohmer, discute avec le directeur de chargé à la Culture. Ce que confirme production, Laurent Lecêtre. Philippe Philippe Faucon : «Un producteur Faucon est satisfait de son acteur m’a proposé un scénario que j’ai principal, Rashid Debbouze, dont entièrement retravaillé : cela a été c’est le premier rôle. «Je l’ai repéré une écriture difficile mais le sujet est dans un spectacle comique ; il a de très actuel et même si le scénario réelles qualités de comédien et j’ai est un peu risqué, à partir du mo- pensé qu’il pourrait jouer Ali, un ment où casting a été fait, grâce à jeune issu d’un quartier défavorisé Kamel Laadaili (qui joue Rachid, le qui cherche désespérément un em- frère d’Ali) et à Zohra les choses ont ploi.» Ali va se faire manipuler par un été plus faciles.» intégriste, devenir intolérant et entrer Le tournage d’Un fils perdu qui aura en conflit avec sa famille, en parti- duré deux semaines dans la région, culier avec son frère qui fréquente se poursuit à Lille puis à Bruxelles une «Française». Zohra Addiou qui où se jouera la suite du destin joue Aicha, la mère d’Ali, finit son d’Ali…. À suivre ! Les films aidés par premier jour de tournage. «Elle s’en la Région Paca ont fait un malheur est très bien sortie» précise Philippe cette année à Cannes. Faucon. Rashid Debbouze lui aussi ANNIE GAVA a été parfait dans la séquence tour- née la veille dans un lycée où s’est

Philippe Faucon © A.G 64 ARTS VISUELS AU PROGRAMME

Sans modération Matali Crasset réactive la mémoire du Moulin dans chacune des salles de l’espace d’art : création de contenants en verre et installation artistique comme une évocation symbolique de l’olive, promenade au Verger pour une déambulation poétique, table festive d’objets en verre pour une dégustation imaginaire, réalisation radiophonique avec les étudiants de l’École supérieure d’art de TPM pour se connecter avec la nature extérieure… Observer, transmettre, analyser, entre mémoire et transmission, fictions et récits sont la clef d’une dégustation réussie. M.G.-G. Nature intérieure Matali Crasset jusqu’au 20 septembre Espace d’art Le Moulin, La Valette 04 94 23 36 49

Matali Crasset, première salle Le Verger, centre d’art Le Moulin, 2010 © X-D.R Cousu main Armée simplement de fils, d’aiguilles et de bouts de tissus, Sophie Menuet reproduit le geste familial, fascinée par «la forme ronde du tambour à broder et du tissu que l’on emprisonne». Spécialement pour la ZIP 22 (Zone d’intérêt poétique) l’artiste a imaginé une sculpture-mobilier où les objets du quotidien côtoient des coussins drapés, proposant même des ateliers et des rencontres autour du Tambour brodé . Une installation poétique à broder en commun. M.G.-G. Tambour brodé Sophie Menuet du 19 juin au 31 juillet ZIP 22, Zone d’intérêt poétique, Barjols 04 94 72 54 81 © Sophie Menuet www.plainepage.com Fragmentations La jeune artiste chinoise Zhu Hong décale les angles de vue, déborde des cadres, quand elle n’est pas hors-cadre, privilégie les visions partielles et les éléments tronqués comme si l’invisible primait sur le visible. Son terrain de chasse favori est le musée auquel elle emprunte l’esprit, la solennité et les œuvres : là un sol lambrissé, ici un détail d’un célèbre tableau… Avec elle la visite au musée ne ressemble à aucune autre visite guidée. M.G.-G. Pièce de collection Zhu Hong du 16 juin au 19 septembre Musée Ziem, Martigues 04 42 41 39 60

Zhu Hong, Louvre, Paris IV, 2007, huile sur toile © X-D.R Au menu Le principe de la jeune galerie L’Art à la Bouche est d’exposer des duos d’artistes tous les quinze jours et offrir des fruits et produits naturels à la dégustation : un méli-mélo convivial ouvert aux talents émergents et aux artistes confirmés qui aide à rendre l’art contemporain accessible à tous. Le nouvel accrochage réunit les peintures sur plexiglass de Marc Ingoglia, maître des lieux et directeur artistique du festival Les Arts en chantier à La Ciotat, et Benoît de Souza, sculpteur et céramiste d’art. M.G.-G. Marc Ingoglia et Benoît de Souza du 25 juin au 15 juillet L’Art à la Bouche, Sanary 06 27 89 60 80 / 06 14 58 56 55 Oeuve de Benoit de Souza, scultpeur © X-D.R scultpeur Souza, de Benoit de Oeuve ARTS VISUELS 65 Yayoi Kusama, Room Mirror Infinity on the Fireflies Water, installation. photo © Nancy, Musee des Beaux-Arts Le pois de la vie À l’âge de dix ans Yayoi Kusama est victime d’une hallucination qui ne la quittera plus et qu’elle tentera inlassablement de sublimer dans l’art. Entre psychédélisme et pop’art, toute son œuvre est peuplée de formes de pois multicolores comme sur cette nappe aperçue dans l’enfance. C.L. Infinity Mirror Room Fireflies on the Water Yayoi Kusama jusqu’au 6 juillet Centre de la Vieille Charité, Marseille www.festivaldemarseille.com

D’ombre et de lumière L’abbaye cistercienne du Thoronet, l’une des plus remarquables de l’ordre de Cîteaux, offre son architecture silencieuse à Patrick Berger, Grand Prix national de l’architecture 2004, qui interviendra comme ses prédécesseurs John Pawson, Alvaro Siza et Luigi Snoozi. Toujours identifié par le Viaduc des Arts de la Bastille, l’architecte lèvera le voile sur sa «Leçon d’architecture» le 22 juin… M.G.-G. Leçons du Thoronet 2010 Initiative de la Maison de l’architecture et de la ville Paca Patrick Berger du 22 juin au 31 octobre Abbaye du Thoronet, Var 04 94 60 43 90 www.thoronet.monuments-nationaux.fr

Abbaye du Thoronet © X-D.R

Terra-Mare Il ne faut pas moins de quatre lieux historiques et prestigieux d’Avignon pour embrasser l’œuvre de Miquel Barceló invité par la Collection Lambert à l’occasion de ses 10 ans. Le parcours dans la ville est une invitation au voyage dans l’imaginaire de cet artiste qui aborde la peinture, le dessin, la sculpture et la céramique avec la même ferveur, et s’ingénie à créer une cartographie et un bestiaire aux senteurs d’Orient. De Mare Nostrum à Terra Nostra… M.G.-G. Terra-mare Miquel Barceló du 27 juin au 7 novembre Palais des papes, Grande Chapelle, Musée du Petit Palais, Collection Lambert, Avignon 04 90 16 56 20 www.collectionlambert.com

Miquel Barcelo à Avignon © X-D.R Visuel RousseVisuel Saint-Charles Avignon

Lux, lumière et volupté La nouvelle création éphémère in situ dans la Chapelle Sainte-Anne d’Avignon est signée du plasticien-photographe Georges Rousse qui excelle dans l’art d’habiter les lieux, de les transformer en les transcendant. Le titre de l’exposition emprunté à la formule du lux, unité de mesure de la lumière, résume bien son projet où l’architecture se laisse voir en transparence par un subtil jeu de lattes de bois, de peinture et de photographie. M.G.-G. Georges Rousse du 26 juin au 17 octobre Chapelle Saint-Charles, Avignon 04 90 16 10 51 www.vaucluse.fr 66 ARTS VISUELS SPÉCIAL PHOTO

Arles s’enflamme à nouveau pour la photo. Les R.I.P. en tête. Et au-delà ? Que de belles Les reines du moment restent de toute évidence les Rencontres Internationales de la bien des fulgurances épatantes à quelques distances de l’arène camarguaise. Quelques RIPailles Après sept années bien assumées aux commandes des RIP, François Barré passe la main mais rempile en Arles pour contribuer au futur Centre National du Patrimoine de la Photographie. Si la création photographique actuelle reste le motif de ces rencontres, la formation d’historien du nouveau président, Jean-Noël Jeannerey, teinte un brin cette programmation 2010. Il s’agit de s’intéresser particulièrement à ce que ce médium peut nous apprendre du passé comme des mutations en cours : ainsi du tir photographique forain d’antan, des chambres noires disparues, du déclin et du regain envers le polaroïd, des manipulations d’images officielles (chinoises, revues par Zhang Dali) ? Un colloque prolongera la réflexion sur les rapports entre photographie et art contemporain. Organisée autour de six promenades thématiques la programmation s’avère très éclectique. On relève : l’Argentine en invitée (Léon Ferrari), le rock (Claude Gassian), les clichés d’artistes marcheurs (Marcher-Créer), Peter Klasen, la collection particulière de Marin Karmitz… À découvrir les artistes présentés pour les différents prix par des personnalités de renom, dont le nouveau Prix Luma doté de 25000 euros (idem pour le Prix Découverte) sous la responsabilité du duo Fischli/Weiss… Autre nouveauté de cette édition 2010 : le Village, espace de rencontre du public avec les professionnels de la photographie. Si le budget atteint une «côte d’alerte» (sic), les lieux s’étendent au couvent Saint Césaire récemment restauré par la ville. Finalement la Nuit de l’Année retourne au bercail en centre ville, le 9 juillet. Qui peut crier victoire ? C.L

Rencontres Internationales de la Photographie, Arles du 3 juillet au 19 septembre www.rencontres-arles.com The Swing © Rene et Radka, courtesy galerie Philippe Chaume, a la Maison de la Photographie, Toulon 2010 OFFrez-vous en plus ! Expos, nouvelles propositions, jeune photo et infimes et exceptionnels, le tout (ou presque) éditions Analogues / www.atelierarchipelenarles.com artistes émergents, nouveaux lieux, nouvelles Arles photographique est dans le programme du En écho aux trente-six vues du Mont Fuji d’Hoku- initiatives, trouvailles et alternatives, évènements Off et nocturnement dans la cour de l’Arche- saï, les Quatre Saisons de la Sainte-Victoire de vêché au moment même où Voies Off fête ses 15 Jean-Christophe Ballot à la galerie Huit, mises ans ! L’invité d’honneur, Michel Poivert proposera en livre chez Gallimard et en écritures par Fran- Fort intérieur, une projection exceptionnelle le 10 çois Barré et Peter Handke / www.galeriehuit.com juillet, jour de clôture et de remise du Prix Voies Mireille Loup est chez CIRCA pour la série Mem, Off (doté de 2000 euros) alors que Christian vernissage le 8 juillet plus projection de vidéos Gattinoni et le collectif L’Evadée auront déjà ex- (inédites en France) lors de la Nuit de la Roquette posé Identity Lab en plusieurs lieux. En tout état / www.circa-arles.com de cause l’inauguration du festival est le 3 juillet à Première rétrospective pour Pierre Jahan (1909- Okvisuluigi © Luigi & Luca, exposition Identity Lab, Voies Arles 2010 Off, 21h30, et presque tout est gratuit./ www.voiesoff.com 2003) au musée Réattu avec un catalogue chez Amplifions le plaisir avec deux nouveaux lieux Actes Sud / www.museereattu.arles.fr installés récemment dans le centre arlésien, Diaphane est l’invitée de Regards et Mémoires en dédiés à l’art contemporain et à l’image. Pierre deux volets : Destination Europe à la Roquette et Hivernat ouvrira Le Magasin de Jouets avec Entre- Diaphane en résidences à la Bourse du Travail / vues #1 - concours photographique européen www.regardsetmemoires.com Toujours vibrante, initié par l’association Fetar - avec les séries Ilots la festive, lumineuse et très attendue Nuit de la Temporels de Thomas Jorion et Lieux d’Energie Roquette / http://lanuitdelaroquette.free.fr . de Luca Zanier/ http://lemagasindejouets.fr Mais les problèmes perdurent pour Arles Photo - Dans le second aussi remis à neuf, on joue Col- en particulier la disponibilité d’espaces suffisants lectif E3 avec Virginie Blanchard, Lionel Roux et à la manifestation - qui se voit reportée pour la Thibault Franc/ http://collectife3.free.fr deuxième année consécutive. Un drôle de À l’Atelier Archipel la lumière est dans tous ses paradoxe dans la plus grande commune de états : Street shots new-yorkais de Jan Meissner France ! avec projections lors de la Nuit de la Roquette, C.L conjointement à l’installation de Jean-Blaise Picheral. Bonus : ce sera dans Semaines aux ARTS VISUELS 67 rencontres vous saurez faire… Photographie d’Arles. Mais d’aucuns trouvent propositions de visites, sans restrictions ! Passées les arènes… …à Marseille. Dans le cadre du Festival Jazz des trée les croyances captées par le nikkormat de 5 Continents : 1ère édition de Regards de Jazz à Bernard Plossu / http://musee.allauch.com L’Espace Villeneuve-Bargemon, 130 photos Les Interludes de la jeune photographe chinoise N&B de Martine Montégrandi, Serge Mercier et No et les Tableaux photographiques de Jean Paul Christian Ducasse / www.festival-jazz-cinq- Villegas s’accrochent dans les Ateliers Agora à continents.com. À l’Alcazar-BMVR : Alcajazz, Eyguières, vernissage le 3 juillet / www.ateliers- extérieur nuit tout en couleurs vu par José Assa, agora.fr François Devret, Agnès Mellon, Julie Vola / À Gap, la photo prend de la hauteur au Théâtre de www.bmvr.marseille.fr. Enfin à CAMàYEUX, la Passerelle, avec un face-à-face complice entre Olivier Laurent, Dominique Lepot, Christine Pascal Ragoucy et Bertrand Bodin, vernissage le Arnaudo / www.camayeuxmarseille.com 6 juillet / www.theatre-la-passerelle.eu Simultanément à son exposition parisienne, Ben- Plus bas dans le Lubéron, Oliviero Toscani Steet shots © Jean Meissner à l’Atelier Archipel en Arles 2010 jamin Dubourg présente Autopsie à la galerie 3e parrainera la deuxième édition des Nuits la lumière dans la Chapelle Saint-Charles et Rue, chez Le Corbusier / www.3emeruegalerie.com photographiques de Pierrevert initiées par Sté- interviendra au 1er festival d’art contemporain Pour Vol de Nuits : ateliers d’été avec Lucy phane Kossmann / www.lesnuitsdepierrevert.com AP’art à Saint Rémy de Provence / Vigoureux, et workshop sur la question paysa- René & Radka alias René Hallen et Radka www.vaucluse.fr / www.festival-apart.org ges/ville/nature, les 17 et 18 juillet dirigé par Leitmeritz sont à la Maison de la Photographie de De bonnes raisons pour ne pas garder la Geoffroy Mathieu / [email protected] Toulon / www.toulon.com chambre. De l’argentique authentique à La Poissonnerie À Nîmes, Negpos poursuit son Printemps CLAUDE LORIN avec le collectif marseillais Hors Série / photographique avec PanoraMarocain jusqu’en http://lapoissonnerie.free.fr été / http://negpos.fr Le musée d’Allauch questionne jusqu’à la ren- À Avignon Georges Rousse se joue des effets de Tireurs d’élite La spécialité de Stéphane Marty et Nicolas décrypter les envies de l’artiste, l’écoute et le Strobbel ? le tirage argentique grand format. Leur conseil réciproques sont indispensables à la fait d’arme ? succéder à Jacques Bimbini, figure finalisation de l’œuvre photographique. historique du tirage photo à Marseille, qui leur a Inversement, le Lieu n’expose que des légué 40 ans de ses précieuses archives… photographies réalisées dans son laboratoire, Un an après sa naissance, Rétine argentique fruit de cet «accouchement» intra-muros. Valérie développe une nouvelle activité autour d’un projet Debray a essuyé les plâtres de cette formule sans original : Rétine le Lieu. «Nous sommes une hésitation, séduite par «leur démarche spontanée plateforme créative et collaborative et non une et sincère» tout autant que par le résultat galerie, explique Stéphane Marty. Nous technique. Ses Particules lumineuses sur papier souhaitons rester libres d’accrocher ce que nous sensible ont d’ailleurs déjà convaincu quelques voulons et ce que l’artiste veut». C’est dans ce acheteurs… D’autres artistes succombent déjà à dialogue ténu avec les artistes que le Lieu fait la ce labo photo transformé en quelques clics en différence. Si leur mission «délicate» est de laboratoire d’expressions photographiques : Angelica Julner en juin, Elle-sa © Angelica Julner a la galerie Retine le Lieu, Marseille 2010 Bernard Pesceet André Merian à l’automne. Des pho-tographes qui se sentent comme chez eux dans ce lieu mythique, qui n’a pas pour vocation de constituer un cercle fermé d’initiés Ici tout est en développement : réalisation, formation, transmission, conseil. Ce qui fait sa différence. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Rétine le Lieu, Marseille 04 91 42 98 15 www.retineargentique.com 68 ARTS VISUELS MUSÉE GRANET | ARTEUM | PALAIS CARLI | AP’ART Alechinsky fait bande à l’art L’art contemporain fait son les éblouissements qui ont construit entrée au musée Granet son œuvre. Riche d’un dialogue dans tout l’éclat d’une fécond entre le dessin et la peinture constellation de signes et et les «livres infeuilletables» réalisés en grès ou porcelaine, la muséo- d’images graphie éclaire notre vision de ses Pierre Alechinsky est un jeune hom- peintures acryliques abstraites en- me de 83 ans malicieux, faussement cerclées de «remarques marginales», ébaubi par le raffut provoqué par terme emprunté à l’imprimerie ou son exposition. Un frêle forçat encore à l’art de la tapisserie. Riche ratatiné par son travail du dessin, de aussi de ponctuations textuelles car la peinture et de l’écriture mené si Alechinsky est féru de la prose de depuis les débuts du mouvement Cendrars ou Bonnefoy dont il illustra CoBrA dont il fut un illustre acteur. quelques volumes, il est aussi Le musée Granet révèle les liens écrivain et spécialiste de l’illustra- avec le Sud de son œuvre majeure, tion et de la typographie. Il faut lire sobre et explosive. Liens paradoxaux Deux pinceaux dans le sable pour pour un homme né dans les brumes percer les méandres de sa pensée bruxelloises, mais qui posa son et de son art sans cesse sur la braise. chevalet au pied de la Sainte-Victoire Barbichette grisonnante, lunettes dès 1966… L’exposition met à nu le rondes placées haut sur le front, de sens profond de ses relations au travers, bleu de Chine et cravate Sud nourries dans son atelier près irrévérencieuse, Pierre Alechinsky de Maussane où il s’installa en 1988, irradiait de sa présence l’exposition. Alechinsky, Seculaire, 1996, acrylique sur toile, 158 X 186 cm et dans les «ateliers virtuels» de ses Écho flamboyant à une peinture Les Ateliers du Midi complices éditeurs (Pierre-André «noueuse» qui creuse un sillon sin- CoBrA (COpenhague-Bruxelles- Pierre Alechinsky Benoît à Alès, Fata Morgana à gulier loin des coteries et dont les Amsterdam), mouvement prônant jusqu’au 3 octobre Montpellier et Actes sud à Arles) et vibrations éclatantes secouent ceux la liberté, la spontanéité, Musée Granet, Aix céramiste (Hans Spinner à Grasse). qui les regardent. De face de pré- l’expérimentation de 1948 à 1951 04 42 52 88 32 Ce thème des Ateliers du Midi sert férence, pour ne rien perdre du choc www.museegranet-aixenprovence.fr de socle à une pérégrination dans le qu’elles provoquent. temps, les formes, les signes, les MARIE GODFRIN-GUIDICELLI sources d’inspiration, les combats et Traits d’union L’incontestable sincérité du dessin a déjà initié crayon gris, crayons de couleur, encre de chine, Par leur dextérité technique et leur maturité, les Noir sur Blanc en 2007 et Traits… confidentiels en pierre noire, fusain… jeunes Sandra Ferreri et Anthony Giroud déve- 2008 à Arteum-musée d’art contemporain à On retiendra «trait… particulièrement» la mise en loppent chez le spectateur une claustrophobie Châteauneuf-le-Rouge. Deux jeux de construc- regard de la série sur chiffon d’atelier de Martin tout autant qu’un sentiment d’étrangeté : la tion habiles qui racontaient «l’art du dessin Galtier et les encres Rotring de Thierry Agnone première par l’enchevêtrement de cercles infinis aujourd’hui». Cet été, Traits… très particuliers es- qui ouvrent le bal ; tous deux figurant dans la qui recouvrent la forme initiale (une maison digne quisse un mouvement d’ensemble à travers collection privée d’Anne et Henri Sotta. Les d’Edward Hopper) ; le second par la densité des quatorze artistes qui montrent à quel point le grands formats au fusain de Maurice Maillard traits de crayon à papier d’où naît une nature dessin ne cesse de se renouveler dans ses lignes sont à regarder de préférence de biais et de loin sauvage, mystérieuse. Plus équivoques encore, de force, son imaginaire, ses tensions… D’autant pour saisir l’immatérialité méandreuse de ses les petits dessins à la pierre noire de Soren qu’il décline une palette nuancée de médiums : paysages minéraux (diptyque Le grand torrent). laissent apparaître dans un halo de blanc les contours et les formes de silhouettes inquié- Anthony Giroud, Sans titre, acrylique blanc et crayons a papier sur carton © X-D.R Sandra Ferreri, On the road again with bicycle, crayon sur papier polycarbonate tantes, jeunes filles et bêtes disproportionnées. Comme s’il dessinait la préface d’un nouvel opus de Lewis Carroll. Et tous les autres encore - Robert blanc, Didier Boussarie, Rémy Defer, Joël Lorand, Alix Paj, Véronique Thiery-Grenier, Yannick Papailhau, Alexandra Pellissier - dont le travail s’expose sans fard : dans «une vérité nue sans autre artifice que le trait». MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Traits… très particuliers jusqu’au 17 juillet Arteum, Châteauneuf-le-Rouge 04 42 58 61 53 www.mac-arteum.net Amo di moun païs ! Auguste Chabaud en Provence ou le retour du repos pour donner plus de force à la scène), matière peintre dans le Sud après sa jeunesse à Paris, fauve épaisse, silhouettes réduites parfois à une simple parmi les Fauves. La période qualifiée de «retraite» ligne évocatrice, organisation spatiale géométrique : s’est avérée très fertile du point de vue de sa il y a là une rudesse de la peinture qui le caractérise. production picturale… Pour preuve les quelque 120 Mais la quantité de toiles rassemblées met aussi à œuvres réunies au Palais des arts ! Des toiles, nu ses maladresses formelles, ses tentatives mal- sculptures et dessins traversés par les thèmes chers heureuses (ah, la série de pâles baigneuses !). à l’artiste, avec parfois des réminiscences de cou- Arrêtons-nous plutôt à ses dessins, aquarelles et leurs vives, franches, propres à sa période parisienne : gouaches sur papier boucherie qui révèlent un Signaux en gare de Graveson, La petite fille en rouge. Chabaud libre et spontané. Œuvres audacieuses qui empruntent à la photogra- MARIE GODFRIN-GUIDICELLI phie ses possibles angles de vue. On retrouve ici les vieux métiers (Le colporteur, Le Chabaud en facteur), les traditions rurales (Le retour du trou- Provence peau), les scènes de la vie quotidienne (La foire aux jusqu’au 12 sept chevaux), ses lieux de villégiature familiale (le mas Palais Carli, Martin à Graveson maintes fois évoqué), les campa- Marseille gnes (mas, cour intérieure, écurie), les portraits de 04 91 04 68 32 famille, les paysages qu’il transcende et… des bou- www.regards-de- quets d’une lourdeur indigeste. Son vocabulaire provence.org pictural à l’heure de son retour à la terre est pourtant riche : apposition-superposition de larges touches Anthony Giroud, Sans titre, de couleurs, cerne noir enserrant la forme (sa acrylique blanc marque de fabrique), cadrages osés (il n’hésite pas et crayons à papier sur carton à couper le tronc et la tête d’un des Paysans au © X-D.R. Un monde Ap’art Les Alpilles offrent une semaine d’art contemporain à tous les publics Depuis longtemps, la Provence est une terre d’accueil Pour sa première édition, Ap’art invite près de soixante de festivals renommés, et les Alpilles et ses environs dix artistes. Ils investiront Saint Rémy et ses environs abritent bien des auteurs et des ateliers d’artistes. dans tous types de lieux : châteaux, places et jardins, Mais en s’installant à Saint Rémy Leila Voight n’avait cafés, musées, lycée agricole, chapelle… Ben, Christo pas projeté ce nouveau festival dédié aux différentes (probable-ment en vidéo conférence s’il est retenu formes d’art contemporain. outre-Atlantique), Daniel Spoerri, Robert Combas, «À l’origine j’ai été contactée par Elisa Farran Philippe Ramette, Sophie Elbaz, Orlan (pour la clôture (conservatrice au musée Estrine. NDLR) à propos d’un le 13/07 aux Baux-de-Provence), côtoieront Alain projet de jardin de sculptures sur Saint Rémy. Cette Grosajt, Lionel Scoccimaro, Pierre Pinoncelli, Anne- initiative privée s’est orientée vers plus ambitieux pour Marie Pêcheur qui concevra une installation pour concerner plusieurs lieux dans la ville puis dans ses l’occasion, Joseph Alessandri et Gérard Drouillet environs. Les partenaires privés et les institutions installeront un singulier appartement au musée publiques comme la mairie de Saint Rémy ont Estrine, Georges Rousse viendra d’Avignon pour un rapidement accroché au projet, puis d’autres encore». projet saint rémois… Entre autres réjouissances, Ainsi est né le Festival Ap’art renforcé par les visites d’ateliers et conférences sont à prévoir mais expériences parisiennes de Leila Voight qui avait «l’entité festivalière est pour moi la rencontre avec les organisé plusieurs années de suite Les artistes artistes qui seront-là pour partager avec le public, cassent la baraque lors de la foire d’art contemporain susciter des rencontres, des projets» insiste Leila du quartier Saint Germain, avec la même intention de Voight. «sortir l’art contemporain du public d’initiés» et Toutes ces manifestations sont accessibles «d’inciter des artistes reconnus à inviter de jeunes gratuitement, sauf le dîner palindrome de Daniel talents sans se limiter à une forme d’art particulier». Spoerri à l’Oustau de Baumanière sur réser-vation. Jacques Villegle - Yves, 2007, acier corten © Michele et Yves di Folco Invitée d’honneur, Jessica Lange exposera pour la première fois une série en noir et blanc aux Ateliers de l’Image. CLAUDE LORIN

AP’art Festival international d’art contemporain du 08 au 13 juillet Saint Rémy-de-Provence et Alpilles www.festival-apart.org 70 ARTS VISUELS VOYONS VOIR | SM’ART | ARTS ÉPHÉMÈRES Sur les hauteurs Depuis 2007 Voyons Voir conçoit des commerciales de la vallée en instal- projets en espace naturel qui lant sur les hauteurs, pour le premier combinent résidence d’artistes et une ruine factice de piscine de béton créations in situ. Pour sa directrice, bleu sale dressée en monument Bernadette Clot-Goudard l’intention dérisoire, pour le second, un pseu- est «que ces projets questionnent do-panneau touristico-immobilier l’environnement naturel, mais aussi promouvant un improbable mer- patrimonial, social, économique, veilleux. pour montrer la beauté du territoire, En période estivale, une pertinente aussi bien que ce qui surgit de la alternative aux propositions musé- friction des lieux avec l’art contem- ales, qui peut rebuter les adeptes de porain». Il s’agit aussi de concevoir la sculpture-signal décorative des une alternative à la diffusion de la autoroutes et ronds-points, mais création contemporaine dans les permet de (re)découvrir la géo- galeries et musées, en s’inscrivant graphie du patrimoine en terroir en synergie dans l’économie de l’en- viticole. Jusqu’à l’ivresse ? treprise, en particulier des domaines Caroline le Mehaute, Hic et Nunc, installation etang du domaine de Grand Boise, Trets 2010 © X-D.R. C.L viticoles de la région. Poétique : Caroline Le Méhautélaisse motif et le point de vue en plantant À Grand Boise, quatre artistes ont vivre au gré des mouvements de la un miroir de neuf mètres face à la été accueillis en résidence pendant nature, la lumière et le vent, Hic et sacro Sainte-Victoire. Révision néo Paysages chavirés trois mois. Ils viennent de restituer Nunc, sculpture flottante reflétée hollywoodienne du mythe cézannien. jusqu’au 15 octobre leur vision des lieux sous forme sur l’étang, entre esthétique du zen Critique : Boris Chouvellonet Nicolas Domaine de Grand Boise, Trets d’installations, acte 1 d’une démar- et le sublime romantique. Desplats réinjectent leur expérience Domaine de Saint Ser, Puyloubier che en trois temps. Référent : Fabien Lerat retourne le du passage obligé par les zones www.voyonsvoir.org Partie de campagne Œuvre publique C’est au coeur du parc du Domaine malgré l’évidente influence de Bas- Le Festival des Arts de la Baume que le SM’ART a tenu quiat produit une écriture picturale Ephémères vient salon (du 4 au 7 juin). Un «villa- graphique, urbaine et dynamique, pul- de se terminer, projetant ge d’irréductibles de l’art» avec ses sations instinctives jetées au sol qui tentes blanches dressées en rangs réjouissent les amateurs d’architec- quelques pistes d’avenir serrés abritant 168 artistes euro- tures contemporaines et d’intérieurs pour le parc de Maison péens, 12 galeries et le Groupement zen. Ou encore Dub dont les grands Blanche uni des galeries indépendantes formats s’arrachent comme des Avec la sensibilisation à l’art contem- fédérant 25 aixois. Le GUDGI qui petits pains à la grande joie du col- porain, l’un des enjeux revendiqués exposait un bel ensemble d’œuvres lectionneur Jérémy Martinato qui par la Mairie du 9/10e était celui de la représentatives du travail de Pierre revendique pour sa Bear Galerie une transmission des savoirs. Ainsi du Vallauri depuis 1983, également curiosité éclectique. Dans cet esprit travail effectué en amont dans les directeur du MAC Arteum à Château- de cohabitation il mettait à la vente, ateliers de l’ESBAM, où les amateurs neuf-le-Rouge : séries Micro-tressages, entre autres, les sièges design de font expérience de l’acte de création Tension-Ligatures, Femmafrica mala- Coco dont le dernier spécimen en par la pratique artistique, tout en ayant Yazid Oulab, Bourrak (l’étincelle), 2010 © X-D.R Bourrak 2010 Oulab, (l’étincelle), Yazid frica, sculptures en bronze et en métal métal et peinture Zig Zag Rouge. l’opportunité de confronter leurs pro- figurant l’Homme… Le fondement Valérie Gho, figure montante de la ductions à des œuvres d’art sélectionnées par Thierry Ollat, directeur du [mac]. de SM’ART étant de télescoper les scène régionale, réunissait pièces Du bel argument apporté par Lyse Madar Les parts de l’ombre : matérialités genres, les médiums et les esthé- anciennes, repérées notamment au et fiction, chacun a su tirer un parti singulier, même si les entrées offertes par tiques, le résultat est inégal mais on festival Les Arts en chantier à La la problématique auraient pu se développer encore : alors que certaines découvre de jeunes talents tels Ciotat, et travaux inédits qui affir- œuvres d’artistes reconnus livraient leur relation à la thématique de façon Toma. L chez Art Top Gallery, qui ment une fois encore sa maîtrise elliptique, les productions des amateurs étaient à chercher dans le secret des technique et son inspiration bosquets. Autant Bourrak (l’étincelle) de Yazid Oulab projetait son spectre renouvelée… SM’ART a osseux au sol et la lame de tourbe friable de Caroline Le Méhauté en réussi en cinq éditions à surgissait vers la lumière, autant certains visiteurs se demandaient ce que la devenir une vitrine pour les grappe de Lionel Scoccimaro ou les caillebotis de Sandro Della Noce faisaient galeristes et un vivier pour les perchés dans l’ombreuse canopée ? Pour leur part, les participants de l’atelier collectionneurs. Bref, un trait de Gilles Traquini renversaient la nature de l’ombre en objets paradoxalement d’union avec les artistes. solides et tridimensionnels, ceux de Christiane Parodi captaient des formes M.G.-G. fantomatiques sur des toiles-pièges. Par certains de ses aspects, le projet renoue avec les grandes utopies de l’art www.salonsmart-aix.com public, sans démagogie évènementielle, avec pour ambition «…de s’aventurer sur d’autres sites, d’autres jardins, d’autres territoires publics». Continuons donc à re-poétiser le quotidien, même temporairement ! CLAUDE LORIN Valerie Gho, Une montagne et un ciel © X-D.R Les Arts Ephémères ont occupé Maison Blanche, Marseille 9ème, du 21 mai au 9 juin

72 RENCONTRES LIVRES À vous de débroussailler Le 30 mars dernier Frédéric Mitterrand ceux qui connaissent une œuvre où la annonce une nouvelle fête du livre or-- quête de soi donne les clefs du monde : ganisée par le Centre National du Livre «Nietzsche est un grand malade, on ne et lancée pour «favoriser la lecture» peut pas être au-delà des autres.» Et puis auprès des scolaires et des «publics un peu plus tard : «L’artiste ne peut pas empêchés» (centres hospitaliers et péni- détourner, ni résoudre, les difficultés qui tenciers), mais aussi des voyageurs (gares) sont devant nous. Au fond l’art consiste à et des passants (places publiques). Par les affronter. Puis à les sublimer.» Juste de ailleurs, diverses manifestations sont quoi donner envie de plonger dans La confiées ça et là aux opérateurs du livre… Montagne de l’âme (Seuil), ou dans sa En toute hâte, les divers artisans du livre dernière pièce Ballade nocturne. Et de ont mis en place des rencontres ! Ainsi résister à cette stupide accélération événe- on vit à Marseille Les Oralies des mentielle qui sied si mal à la littérature, contes lus en public qui ont arrêté les en espérant que la deuxième édition, passants et ravi les plus jeunes. À Aix, prévue en mai 2011, saura se construire grâce à l’entregent légendaire d’Annie © Ecritures croisees hors de l’urgence. Terrier, une manifestation autour du blement un roman important… mais la Guy Astic se perdit dans des considé- AGNÈS FRESCHEL Nobel Français le plus présent dans rencontre ne fut pas passionnante, faute rations cinématographiques générales notre région : Gao Xingjian vint dans des moyens (traducteurs, intervenants, assez fades, Gao Xingjian s’exprimant la ville deux fois avant son prix (2000) techniques) que déploient habituelle- assez mal en français, les questions s’éter- À vous de lire s’est décliné et sa naturalisation (1997), s’installa un ment les Écritures croiséespour mettre nisant, et Noël Dutrait, son traducteur également à Martigues an en résidence à Marseille pour y créer à portée de confidence les plus grands et grand spécialiste des Lettres Chinoises, (L’Odyssée voir p 40) son opéra ( 2003) et y réaliser un film, romanciers du siècle. Précédé de son essayant en vain de revenir à la litté- et à Montévidéo à Marseille puis revint souvent à Aix, en particulier court métrage Après le Déluge, dont la rature… mais restant trop poli pour (Manifesten voir p 73) à l’université où un département de beauté plastique se devinait malgré la couper la parole au grand homme qui recherche lui est consacré. lumière du jour qui grisaillait tous les ennuyait l’auditoire. Quelques fulgu- La Montagne de l’âme est incontesta- contrastes, la rencontre emmenée par rances pourtant, que pouvaient entendre Un beau soir de mai Cour de la Charité. Les rencontres du un peu vides, comme au diapason de CIPM n’ont pas toutes la rime suivie et cet «auditoire imaginaire» auquel il est Cap au nord (1) la grâce affirmée du dialogue de ce fait allusion. Les paroles circulent autour vendredi ; à la table, deux compagnons de l’actualité de la publication en Poé- C’est une Escale dépay- de longue route («42 ans» constatent-ils sie-Gallimard de Lycophron et Zétès, sante qu’ont proposée émerveillés) échangent des souvenirs, se traduction du grec de l’Alexandra (autre deux librairies, Aux vents glissent des noms, personnes et lieux, nom de la prophétesse Cassandre), poème des mots à Gardanne, partagent de somptueux silences ; des tragique d’une belle obscurité d’un puis L’Attrape mots à invités se sont décommandés nous dit- auteur alexandrin du IIIe siècle av. JC, Marseille. En accueillant on, l’un est malade, l’autre a déposé un accompagnée de fragments et autres Joseph Boyden, elles ont dessin… de toutes façons «les amis ne textes parus en revue, quelques-uns sous fait vibrer les terres du sont plus ici» morts ou absents ; curieu- le pseudonyme de Zétès, Quignard lui- midi au souffle puissant sement, face à ces deux monstres sacrés même s’incarnant dans le «chercheur». de la nature farouche et du de la radio (Alain Veinstein et ses Nuits Lectures et bâtons rompus, zigs-zags éty- septentrion. L’écrivain ca- Magnétiques) et de la littérature (Pascal mologiques, rien qui pèse ni qui fâche ; nadien est comme ses Quignard, ses prix, sa culture et sa quête peu à peu le poète élabore sous la légère romans, sincère et géné- © Aurelie Éché du rare), les chaises posées sont restées poussée de son complice une petite reux. Il est aussi élégant, affable, bref très séduisant. À Marseille, devant une assemblée page où tremble le sens «l’assignation, je nombreuse pour partie assise par terre, dans un américain fluide que l’excellente ne supporte pas / je suis un homme du traduction de Marguerite Capelle a su rendre, Joseph Boyden a répondu, ou pas saltus, entre sauvagerie de la forêt (silva) et d’ailleurs, aux questions de la libraire Agnès Gateff puis du public conquis. Il a paix du champ cultivé (ager) / poète, non, évoqué son désir d’écrire sur ces gens auxquels personne ne s’intéresse, ces membres

Pascal Quignard et Alain Veinstein © Jean-Marc de Samie plutôt exceptor, préleveur et cueilleur...» du peuple premier qu’il côtoie puisque sa mère est de la tribu Anishnabe. Un peuple où l’on entend bien, comme dans la dont l’existence est rude mais dont la culture connaît aujourd’hui un renouveau musique, le «plus ancien que soi qui erre certain. L’écrivain, a-t-il souligné, se doit de transmettre cet héritage dans ses œuvres, dans la voix». Leçon de liberté raison- comme les anciens le font en enseignant leur langue ou leurs techniques de chasse nable, incitation à chercher la clé jamais aux jeunes du nord de l’Ontario. Il a aussi parlé d’ours, de chasse, d’alcool et de drogue, perdue dans les buissons et quand nasil- de modes de vie entre cree et rap. Il a finalement peu parlé de son dernier livre lent un peu trop fort les talkie-walkie (chroniqué dans Zib’ 30). Une bonne manière de susciter l’envie de découvrir cet des gardiens qui font la fermeture : «je auteur salué par Jim Harrison et plébiscité par le public en Amérique (même les m’arrête ? tu t’arrêtes.» Indiens l’ont bien accueilli, a-t-il confié) comme en Europe. MARIE-JO DHO FRED ROBERT

L’entretien entre Pascal Quignard À lire et Alain Veinstein a eu lieu le 28 mai Le chemin des âmes (roman) et Là-haut vers le nord (nouvelles), désormais disponibles au CIPM en poche (Le Livre de Poche) ; Les saisons de la solitude (Albin Michel) RENCONTRES 73 Écritures indociles Emprunter n’est pas voler, n’est-ce pas ? chronique intimo-socio-culturalo Laissons les éditions Al Dante, sans résistante Comme un Fracas; en homme lesquelles les soirées Manifesten de bonne compagnie, il fait rimer n’auraient pas eu lieu, déposer en titre méthodiquement émotion, leur carte de visite programmatique... Ils dénonciation et citation; sont eurent l’art et la manière d’occuper convoqués Beckett et Marat morts un intelligemment l’espace d’une 13 juillet, Duras, Godard, Chaplin et manifestation officielle presque Archie Shepp. Tout y est, c’est improvisée : À vous de lire proposé par dommage... le Centre National du Livre et le Et pour finir, rien moins que la Ministère de la Culture. C’est à rencontre entre une Poétesse perchée sur Montévidéo, et aussi chez deux libraires une malle métallique, une sainte partenaires, que les rencontres ont eu épistolière et un metteur en scène en lieu dans un dispositif fort simple et de caleçon ; Liliane Giraudon et Robert proximité : lectures, projections au Cantarella, liés par les fils de leur MP3 service des textes. En deux soirées, des commun qui distille et envoie le texte surprises, plutôt bonnes et un humour dans l’oreille comme un cœur son flux présent dans la plupart des prestations. sanguin, font un duo réjouissant : lui, Dans l’ordre des apparitions, le pas du Véronique Pittolo © X-D.R. regard inquiet, pantalon plié sur le bras tout sérieux Petit traité de scissiparité de Henri-Pierre bricolée, nous met la Révolution dans la Poche ; maniant gauche, accompagne du bout des lèvres la prose Jeudy et Maria Claudia Galera exposé à deux jeunes le power-point avec une désinvolture feinte, raillant précipitée (sic) de notre héroïne en voyage ; elle, voix (merci l’Erac) façon cantate micro-guitare sèche, ne dans un même élan objets et sujets de la doublure quasi organique, semble soutenir de son laisse pas l’auditeur un instant baisser l’oreille : virtuosité communication, faisant revivre l’ami du peuple Jean souffle les flamboyantes saillies des lettres de Ste quasi rimbal-dada-ienne (le je et l’autre) du voyage en Paul Marat en Lorand Gori ou Badin Aliou, l’auteure Catherine de Sienne ; délicieuse étrangeté ! corps clos de deux sœurs siamoises, artistes en règles au pointe l’éternelle quête du bonheur démocratique et MARIE-JO DHO pinceau menstruel ; où l’on apprend que la mort est la propose malicieusement son projet marketing pour véritable cohérence pendant qu’épidermes poilus, lancer le look «Robespierre ou la mélancolie du Les soirées Manifesten ont eu lieu à L’Odeur globules mignons et tumeurs naissantes en guise guillotiné» ! du Temps, à L’Histoire de L’Œil et à Montévidéo du d’intériorité flottent doucement sur le mur du fond ! Moins caustique, à la table et sans distance Jacques- 27 au 30 mai dans le cadre de À vous de lire La «conférence» de Véronique Pittolo, toute d’aisance Henri Michot lit de manière pourtant fort civile sa Cap au nord (2) Les écrivains contemporains du continent personnages. Afin de mettre à nu et en nord-américain semblent encore lumière ce qui les caractérise, comme sur largement empreints des topoi de la nature une scène de théâtre. Après Boyden, ses sauvage et du struggle for life. Au libraire de échappées sur les rivières gelées, ses chasses Hommage l’Odeur du temps qui lui demandait si à l’orignal ou au castor en Ontario, voici Sukkwan Island en était une nouvelle donc Vann et son Alaska farouche, où la illustration, David Vann a acquiescé. nature violente est le miroir des conflits à de futurs confrères ! Oui, en 2010, un romancier américain humains, et où visiblement il est dur de Depuis quatre ans, le CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias de peut choisir le Wild pour y camper ses survivre… On vous en dira plus le mois l’information) organise en partenariat avec la Fondation Varenne un concours des prochain ! La rencontre, animée par journaux scolaires qui récompense au niveau académique les meilleures productions David Vann © David Vann Corinne Marziou et traduite par des établissements de l’académie, de l’école primaire au lycée, en passant par la prison Emmanuelle Boutet, a permis de pour mineurs de Marseille. Celles-ci sont par ailleurs sélectionnées pour participer au découvrir un jeune auteur dont c’est la 1re concours national et en 2009, l’académie d’Aix-Marseille avait remporté trois des quatre œuvre de fiction, quoiqu’elle ait prix nationaux ! beaucoup à voir avec sa biographie et soit Les lauréats académiques 2010 se verront quant à eux remettre leur prix par le recteur visiblement une entreprise de retrouvailles Jean-Paul de Gaudemar, le 29 juin prochain. À cette reconnaissance institutionnelle, avec un père suicidé. L’occasion joignons un hommage enthousiaste à nos futurs confrères ! Pour qui s’apprêterait à également de saluer son éditeur français s’attendrir sur de gentilles feuilles de chou bricolées avec les moyens du bord à la Gallmeister, qui a su le promouvoir en photocopieuse exsangue du bureau du principal, avec d’émouvantes contributions sur s’appuyant sur le réseau des libraires la fête de fin d’année, c’est l’occasion de découvrir des aventures collectives exemplaires, indépendants et a permis que 60 000 dévoilant à la fois des engagements humains, des expériences pédagogiques et des talents exemplaires soient à ce jour vendus en individuels remarquables. Le professionnalisme de ces journaux, organisés comme de France, contre 3000 aux USA ! petites entreprises de presse, la qualité des maquettes, l’originalité des thématiques, FRED ROBERT l’inventivité et l’exigence rédactionnelles, la diversité des thématiques abordées, étonnent et forcent le respect : amis zibeliniens, sachez que la relève est assurée ! David Vann est venu début juin dans le AUDE FANLO cadre des Itinérances littéraires des Libraires du Sud parler de son roman Le palmarès académique 2010 est à découvrir à partir du 29 juin sur le site du CLEMI Sukkwan Island (éd Gallmeister, 21.70 www.clemi.ac-aix-marseille.fr. euros) à Cavaillon, Marseille, Aix, Le palmarès national 2010 est consultable sur le site de la Fondation Varenne www.cnjs- Manosque et Forcalquier varennes.org 74 RENCONTRES PRIX LITTÉRAIRE DES LYCÉENS | AU PROGRAMME

Libraires du sud /Libraires à Marseille - ARLES 04 96 12 43 42 Service culturel - 04 90 49 39 68 Rencontres avec Nadia Kaci, pour l’ouvrage 5e édition de Sculptures d’été avec les œuvres de Laissées pour mortes : le lynchage des femmes Bernard Lancelle. Au Jardin d’été, ainsi qu’au d’Hassi Messaoud (éd. Max Milo, 2010), le 22 restaurant Les deux fondus et à la Galerie juin à 18h30 à la librairie Regards (Marseille) ; Poche. Vernissage le 25 juin à 18h30 avec une avec Teresa Caillaux de Almeida pour la démonstration-performance de l’artiste. Du 25 publication de sa thèse en portugais et en fran- juin au 25 septembre. çais La mémoire des invasions au Portugal, le 25 Collège international des traducteurs littéraires juin à 17h30 à la librairie Bokks & Co (Aix) ; – 04 90 52 05 50 avec Anne-Marie Garat pour Pense à demain Rencontre/débat avec Emmanuelle Pagano, (ed. Actes Sud), le 25 juin à 18h30 à la librairie révélée par Le Tiroir à cheveux en 2005, et prix Actes Sud (Arles). Wepler 2008 pour Les Mains gamines, et L’Ab- Itinérances littéraires: rencontre avec Marc Kravetz sence d’oiseaux d’eau (POL, 2010). Le 30 juin à autour de son œuvre, le 18 juin à 18h30 à la 18h à la médiathèque. librairie Au Poivre d’âne (la Ciotat) ; avec Jean Museon Arlaten – 04 90 93 58 11 Patrice JuiffPatrice © X-D.R. micro au Riser pour son dernier ouvrage Les espaces du Le musée est fermé pour rénovation jusqu’en vent (éd. Quae), le 18 juin à 18h à la librairie 2014, mais les activités continuent hors les murs : L’Alinéa (Martigues) ; avec Olivier Bass à l’oc- projection-rencontre avec Le Temps des carnavals, Cérémonie festive casion de la sortie de La musique des Kerguelen film de Pierre Willemin, le 3 juin à 18h30 à la La 6e édition du Prix littéraire des lycéens et des apprentis de (éd. La Découvrance), le 18 juin à 18h30 à la médiathèque d’Arles ; exposition Jours de fêtes librairie À l’Encre bleue (Marseille) ; avec Jiang aux ABD Gaston Defferre,Marseille, du 26 mai la Région PACA s’est déroulée dans la liesse le 27 mai au Dock Hong Chen, auteur et illustrateur jeunesse, au 23 décembre. des Suds autour de son œuvre, le 24 juin à 19h à la librai- Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 rie le Lézard amoureux (Cavaillon) et le 25 juin Exposition de Jany Garbouge-Floutier et L’objectif : favoriser la lecture de créations celles de deux sœurs. La mère, personnage- à 15h à la librairie Galerie Gulliver (Carpentras). Laura Jonneskindt, Livres autrement : plus de littéraires et graphiques contemporaines pilier, ne parle pas. C’est un roman de 200 livres pliés (sculptures) de J. Garbouge- auprès des adolescents. Avec différents parte- femmes autour d’un homme absent, le PACA Floutier et des macrophotographies de L. naires de la Région, ce généreux projet frère : «On peut dire que c’est une spécificité Association pour la Journée du Patrimoine de Jonneskindt. Jusqu’au 27 juin. continue de s’affiner. 12 ouvrages d’auteurs haïtienne. Durant l’esclavage la femme Pays, www.journeedupatrimoinedepays.com Palais de Luppé – 04 90 49 94 04 français ou étrangers traduits ont été lus par achetait la liberté pour l’enfant conçu par le À Alleins, L’Oreille au mur, déambulation Exposition Le sentiment de la maison, collec- les élèves de 32 établissements, des forums maître, il n’y avait pas de père, pas de vraie théâtrale et musicale dans les rues du vieux tion d’art contemporain dédiée à Van Gogh. village (04 90 57 35 88) ; à Chateauneuf-les- Jusqu’au 27 juin. littéraires ont permis la rencontre des auteurs » famille. C’est sur la femme que tout reposait. Martigues, expo Les seigneurs de toujours étonnés par la pertinence des Les lycéens l’ont questionnée sur le rôle des Chateauneuf-les-Martigues (04 42 76 89 37) ; à BARJOLS er questions des lycéens (voir Forum à Marti- écrivains dans le pays dévasté. «Le 1 para- Fontvieille visite guidée du prieuré Saint Pierre Plaine Page – 04 94 72 54 81 gues Zib’30). doxe haïtien est qu’il y a beaucoup d’écrivains d’Entremonts (06 07 54 56 69) ; à Marseille, Sans Bord & Sans Urgence : à l’occasion de la Durant la journée de remise des Prix, cha- et peu de lecteurs. Les écrivains doivent y rester visite de l’atelier de Serrurerie-Ferronnerie, fondé parution de cet ouvrage de Guillaume Fayard, que établissement a proposé un retour en très modestes: la littérature ne peut sauver en 1847, Henri Carrera (04 91 37 07 05) ; à la ZIP accueille l’Agence Régionale du Livre et images ou en mots, théâtre, projection... quoi que ce soit. Il y a encore un travail de Trets découverte de La marbrière de Trets et du son réseau des manifestations littéraires. Le 21 autour des livres. Au terme des animations, mémoire à faire sur l’histoire d’Haïti, on n’est sculpteur Christophe Veyrier (04 91 62 55 94). juin de 14h à 17h. les deux Prix ont été décernés par Sophie pas sorti indemne de l’esclavage. Mais depuis Le 20 juin. DIGNE-LES-BAINS Degioanni, conseillère régionale : Prix du le tremblement de terre on ne peut plus cacher AIX-EN-PROVENCE Médiathèque Intercommunale Roman pour Patrice Juiff et son recueil de la misère, l’exclusion. On est dans une logique Librairie de Provence – 04 42 26 07 23 – 04 92 31 28 49 nouvelles La taille d’un ange et Prix de la de survie, le travail sera long. Il ne faut pas faire Rencontre/débat avec Marianne Maury Salon du livre scientifique avec la participation BD à Kris et Vincent Bailly pour Cou- de catastrophisme, mais mouiller sa chemise.» Kauf-mann pour son livre Gloria (éd. Jean- de la librairie La Ruelle, dans le cadre du Festival pures irlandaises, dont Zibeline se fera l’écho Une femme déterminée, et un bel exemple. Claude Gawsewitch, 2007). Le 26 juin dès 15h. de la biodiversité, Inventerre. Le 2 juillet de 10h dans le prochain numéro. CHRIS BOURGUE Librairie Goulard – 04 42 27 66 47 à 18h. Rencontre avec Katherine Pancol pour sa tri- Ecrire à Haïti La Région favorise aussi la culture logie Les Écureuils de Central Park sont tristes le FRONTIGNAN La rencontre avec l’auteure haïtienne Yanick des lycéens grâce au chéquier lundi (éd. Albin Michel, 2010), La Valse lente des Mairie – 04 67 18 50 26 tortues (éd. Lgf, 2009) et Les Yeux jaunes des 13e Festival international du roman noir, avec Lahens était très attendue. Son roman, La lecture et cinéma crocodiles (éd. Lgf, 2007). Le 23 juin dès 16h30. des auteurs de qualité (RJ Ellory, David Peace, couleur de l’aube, est un livre à deux voix, www.prix.livre-paca.org

Mensuel gratuit paraissant Secrétaire de rédaction Musique et disques Histoire et patrimoine Photographe : le deuxième jeudi du mois spectacles et magazine Jacques Freschel René Diaz Agnès Mellon Edité à 30 000 exemplaires Dominique Marçon [email protected] [email protected] 095 095 61 70 imprimés sur papier recyclé [email protected] 06 20 42 40 57 photographe- 06 23 00 65 42 Polyvolantes agnesmellon.blogspot.com Edité par Zibeline SARL Frédéric Isoletta Maryvonne Colombani 76 avenue de la Panouse | n°11 Secrétaire de rédaction [email protected] [email protected] Directrice commerciale 13009 Marseille Jeunesse et arts visuels 06 03 99 40 07 06 62 10 15 75 Véronique Linais Dépôt légal : janvier 2008 Marie Godfrin-Guidicelli [email protected] [email protected] Cinéma Delphine Michelangeli 06 63 70 64 18 Directrice de publication 06 64 97 51 56 Annie Gava [email protected] Agnès Freschel [email protected] 06 65 79 81 10 Attachée commerciale Société 06 86 94 70 44 Nathalie Simon Imprimé par Rotimpress Chris Bourgue Marie-Jo Dhô [email protected] 17181 Aiguaviva (Esp.) [email protected] Élise Padovani [email protected] 06 08 95 25 47 06 03 58 65 96 [email protected] photo couverture Maquettiste LES SUDS ARLES Arts Visuels Philosophie Philippe Perotti © Agnès Mellon Claude Lorin Régis Vlachos [email protected] [email protected] [email protected] 06 19 62 03 61 Conception maquette 06 25 54 42 22 Max Minniti Ont également participé à ce numéro : Livres Sciences et techniques Dan Warzy, Yves Bergé, Susan Bel, Rédactrice en chef Fred Robert Yves Berchadsky Aude Fanlo, Christophe Floquet,

Agnès Freschel [email protected] [email protected] Jean-Mathieu Colombani, Rémy Gal- [email protected] 06 82 84 88 94 vain, Émilien Moreau, Pascale Fran- 06 09 08 30 34 chi, Sonia Isoletta PRIX LITTÉRAIRE DES LYCÉENS | AU PROGRAMME AdhéreZ Stéphanie Benson, Didier Daeninckx, J.-B. avec les auteurs Velibor Colic, Mustapha Pouy entre autres), des projections, des ren- Benfodil et Fawzia Zouari. Le 1er juillet. contres… Du 21 au 27 juin. MARTIGUES LA TOUR-D’AIGUES Musée Ziem - 04 42 41 39 50 à Zibeline Les Nouvelles Hybrides – 04 90 08 05 52 Exposition Pièce de collection de Zhu Hong. Retrouvez nos formules sur www.journalzibeline.fr Le Bruit des mots : durant cinq jours, parcours Jusqu’au 19 septembre. Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! de lecture à voix haute et de rencontres avec des Pour les places gratuites, téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentez auteurs. Du 25 juin au 5 juillet. MORIÈRES-LÈS-AVIGNON votre carte de membre (1 place par carte nominative). Pour les réductions, présentez Association Un peu de poésie – 06 28 43 77 21 simplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent) LE PUY-SAINTE-REPARADE Festival Carambolages avec des jongleurs, des Association de la Trevaresse – 04 42 61 90 41 clowns, des chanteurs, des mimes, des peintres, Auto Partage Provence 2 juillet 2 rue Barbaroux Festival du livre et de la poésie, Rêves pensées, sur des sculpteurs… Le 26 juin de 10h à 1h au parc Vous offre pour Un hiver de cochon le 5% de réduction le thème des femmes. Les 3 et 4 juillet. de l’Espace culturel Folard. 6 mois d’abonnement 10 juillet sur tous les livres gratuit d’essai pour Sudden jazz et Le Greffier de Saint-Yves MARSEILLE PORT-DE-BOUC vous disposez d’une voiture Sudameris le 17 juillet (Marseille 1er) Théâtre Silvain – 04 91 14 54 70 Médiathèque Boris Vian – 04 42 06 65 54 quand vous le souhaitez, pour Adventura trio le 20 librairie générale et Concert de l’Orchestre Philharmonique de Couleur colères, lecture avec l’ADPL et le théâ- à réserver par téléphone ou juillet juridique Provence. Le 18 juin. tre du Sémaphore à partir d’un atelier d’écriture Hommage à Django Reinhardt. Le 8 juillet. conduit par Danielle Gille-Pamart autour du Internet, 24h/24, 7j/7, pour Dona Kju le 23 juillet 10 rue Venture Espaceculture – 04 96 11 04 60 mot résister. Le 17 juin à 14h. selon vos besoins. pour La Serva padrona de 5% de réduction Rencontre/débat avec Rozenn Guilcher pour Spectacle littéraire Safar avec Brigitte Carle, 04 91 00 32 94 Pergolèse le 27 juillet sur tous les livres son premier roman La Fille dévastée (éd. Sulliver) conteuse. Le 18 juin à 21h. www.autopartage- Les concerts ont lieu à en partenariat avec l’association Zingha. Le 24 Des écrivains russes du XXe siècle : Conférence avec provence.com 21h15 Librairie Regards (Marseille juin à 17h. Louis Martinez, écrivain et traducteur de Cour de l’Hôtel de Ville ou 2e) La Cité, Maison de Théâtre – 04 91 53 95 61 grands auteurs russes. Le 29 juin à 18h30. Festival De Vives Voix Cloître des Oblats Centre de la Vieille Charité Lecture de textes écrits lors d’ateliers d’écriture Vous offre 06 83 60 19 80 5% de réduction animés par le poète Patrick Lauin. Le 25 juin à SAINT-CYR-SUR-MER 5 invitations 3bisf (Aix) sur tous les livres 18h et 20h30. Mairie – 04 94 26 26 22 pour la soirée du 5 juillet Entrées et visites gratuites Rencontre/débat sur la question de l’écriture, de Salon du livre qui reçoit une cinquantaine à 21 h à l’Eglise Saint- sur réservations L’histoire de l’œil la transmission et du livre avec les écrivains d’auteurs. Le 26 juin de 10h30 à 20h30, Square Laurent 04 42 16 17 75 (Marseille 6e) Patrick Laupin, Virginie Lou, Anne Brouan, Ferrié. 10 invitations 25 rue Fontange Roger Dextre, Véronique Laupin, la formatrice pour la soirée du 8 juillet Festival international de 5% de réduction et peintre Marie-Laure Genton, Elmone SAINTE-CÉCILE-LES-VIGNES de 19h30 à 0h30 au Théâtre guitare (Lambesc) sur tous les livres Treoopz, libraire, et l’ex-chargée de mission Lire entre les vignes – 04 90 70 78 78 e de la Sucrière Vous offre pour le livre Nadine Etchetto. Le 26 juin dès 3 édition de Lire entre les vignes, salon pluri- 10 invitations 2 invitations par soirées Librairie Imbernon 15h. disciplinaire de l’édition indépendante : dédicaces, pour la soirée du 9 juillet du 27 juin au 3 juillet (Marseille 8e) Fondation Internet Nouvelle Génération atelier d’écriture, rencontres, remise du Prix – 04 91 52 88 26 Première Chance à l’écriture… Le 20 juin dès de 19h30 à 23h au Théâtre 04 42 92 44 51 spécialisée en architecture Lift France 2010, dot.Real ou comment changer 10h le 20 juin. de la Sucrière La Cité Radieuse le monde (réel) par le web : conférence inter- 04 91 62 78 57 Chêne Noir (Avignon) 280 bd Michelet, 3ème nationale pour anticiper, imaginer et construire SAINT-RÉMY Vous offre étage avec des intervenants du monde entier. Du 5 au Musée Estrine – 04 90 92 34 72 La Rue du Tango 5 invitations 5% de réduction 7 juillet au Théâtre de la Criée. Exposition La Réalité retrouvée, la jeune Vous offre dans la limite des places sur tous les livres Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 peinture, Paris, 1948-1958. Jusqu’au 12 septembre. 10 invitations disponibles Apéritif littéraire avec les comédiens du Théâtre pour le concert de Carel pour Ernesto Che Guevara, la Librairie Arcadia (Marseille du Petit Matin, le 21 juin à 19h30 à la Anse de SAINTE-MARIES-DE-LA-MER Kraayenhof dernière nuit 12e) la Fausse-Monnaie, Petit Nice. Domaine Paul Ricard de Méjanes le 6 juillet à 20h30 durant le Festival Off Centre commercial Saint Espace Villeneuve-Bargemon – 04 91 14 58 80 – 04 90 97 10 60 à la Cité de la musique du 7 au 30 juillet Barnabé Village Dans le cadre du Festival Jazz des cinq conti- Festival du cheval : durant 5 jours, animations et 06 83 82 60 65 Au-delà de ce quota 30 rue des électriciens nents, exposition Regards de Jazz, 1re édition : démonstrations équestres sportives, acrobatiques 20 invitations au tarif réduit 5% de réduction 130 photographies en N&B de Martine Monté- et artistiques, corridas à cheval… Du 10 au 14 La Minoterie 04 90 82 40 57 sur tous les livres grandi, Serge Mercier & Christian Ducasse. Du juillet. re tarif réduit pour toutes les 1 juillet au 15 août. représentations L’institut culturel italien Librairie de Provence (Aix) ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00 SALON 8 € au lieu de 12 € (Marseille) 31 cours Mirabeau Exposition Jours de fête en Provence, copro- Association Mémoire & légendes 04 91 90 07 94 vous offre 5% de réduction duite avec le Museon Arlaten, jusqu’au 23 – 04 90 59 33 87 décembre. 24e édition de La reconstitution historique de 3 adhésions annuelles sur tous les livres Passeurs de mémoires, collecte de récit de vie et Salon-de-Provence, un retour festif au cœur du Les Bancs Publics d’une valeur de 32 €, cette solidarité intergénérationnelle : projection, débat, XVIe siècle. Du 24 au 26 juin. 1 place offerte pour 1 place «carte adhérent» Librairie Au poivre d’Âne exposition. Le 25 juin de 9h à 12h30. achetée vous donnera accès à tous (La Ciotat) CIPM – 04 91 91 26 45 SEPTÈMES-LES-VALLONS pour tous les spectacles les services de l’Institut, 12 rue des frères Blanchard Exposition de Jean-Pierre Bertrand De ce qui se Centre culturel Louis Aragon – 04 91 65 29 05 04 91 64 60 00 médiathèque et programme 5% de réduction fera – De ce qui sera fait, jusqu’au 27 juin. Lecture publique, par Gilles Ascaride, de Le culturel. sur tous les livres Lecture, Les Inédits 2010 avec Fernand sultan est dans l’escalier, projet théâtral de la Pavillon Noir (Aix) Demande par mail : Fernadez, Stéphane Nowak, Anne Houdy et troupe du Millénaire. Le 17 juin à 18h30. Vous offre [email protected] La Pensée de Midi Charles-Eric Petit. Le 26 juin à 18h. 2 invitations ou au 04 91 48 51 94 Vous offre BMVR Alcazar – 04 91 55 56 34 SISTERON pour Noces / Le Sacre du 3 exemplaires de De Colloque Le monde en mouvement : trajectoires Service culture – 04 92 61 54 50 printemps Librairie Maupetit l’humain, nature et artifices migratoires vers l’union européenne au XXIe siècle. 8e festival de la bande dessinée : dédicaces, expos, le 3 juillet à 19h30 (Marseille 1er) 3 exemplaires de son Avec la librairie Regards, le 18 juin de 14h à 18h animations, projections… Du 3 au 11 juillet, 0811 020 111 La Canebière numéro Histoires d’un 20 et le 19 de 9h30 à 18h. salle des fêtes de l’Alcazar, médiathèque André 5% de réduction janvier Rencontre avec la Pensée de midi à l’occasion Roman et galerie d’Ornano. Festival Côté Cour (Aix) sur tous les livres par mail : de la soirée de lancement du numéro spécial des Vous offre [email protected] 10 ans de la revue : Histoires d’un 20 janvier, 5 invitations par soir Librairie L’écailler récits. Animée par Thierry Fabre, Renaud Ego, pour l’Ensemble Balkanès le (Marseille 1er) AU PROGRAMME

76 FÊTE DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE

Zibeline s’est associée au Festival du livre de la Canebière, manifestation populaire où le goût d’écrire et d’échanger se conjuguait au plaisir de lire, et d’écouter… Nous publions dans ces pages la nouvelle et l’illustration lauréates des concours lancés par l’association Couleur cactus, animatrice de ces trois jours de festivités organisés par la mairie du premier secteur de Marseille. Dans ces pages également les écrits de quelques participants à notre atelier d’écriture journalistique. Qui, pour certains, n’avaient vraiment pas grand-chose à apprendre de nous ! AGNÈS FRESCHEL ET FRED ROBERT © Agnès Mellon Écrire sur la Canebière L’atelier d’écriture Vue sur Mer animé par Anne Foti pour les adolescents les amène à donner leur point de vue sur un thème. Anne Foti pense qu’écrire permet aux ados Mamanthé de développer leur point de vue et de parler de leurs souvenirs. Ils s’inspirent en effet de photos tirées de livres : une mer grise qui se confond dans le ciel, des rochers, des ne sert pas le thé ! barques de pêcheurs et au loin une vaste végétation… Etant présente à cet atelier j’ai apprécié que les photographies amènent les mots et me permettent de parler des L’association Mamanthé, pont entre les générations souvenirs personnels que m’évoquaient les images. et les cultures… PERLE T. 12 ANS Mamanthé aura bientôt 3 ans et juste sonnelle, pourtant aussi intense que un siècle de moins que son éponyme, profonde, rendait lui aussi un hom- la grand-mère martiniquaise de Mona mage bouleversant à Suzanne Césaire Georgelin, fondatrice de l’association qui a élevé 6 enfants avant de se consa- pour la promotion de la culture créole crer à ses écrits d’essayiste dissidente, Déambulation en région PACA. femme de théâtre et penseuse de la Swing de musique du monde au Square négritude. «Écrire un enfant sous chaque instructive Léon Blum, et soleil décidé à faire bron- bras» a-t-il dit d’elle, citant une poétesse En haut de la Canebière, des stands sont installés pendant les trois jours du festival zer même la sirène bibliophage qui toise russe. Les accents de la Mer… J’y rencontre Pierre Reiff, président de l’association Baro- l’église des Réformés : on est le 12 juin, «J’ai grandi en métropole, poursuit Mona ques-Graffiti, 10 ans d’âge. Un ensemble de musique ancienne qui croise les Festival du Livre de la Canebière. qui ne perd jamais le nord de sa boussole cultures musicales (violon, oud…) et lutte contre les élitismes de la musique savante. Derrière son ministand-librairie de antillaise, mais ma mère fait partie de cette Nora Mekmouche, bénévole de l’association Soleda, éditions solidaires, me littérature caribéenne, crinière cuivrée génération d’après-guerre où la langue présente son collectif de 6 éditeurs marseillais qui mutualisent moyens et compé- assortie à sa peau métisse de Bretonne créole, trop proche de l’oppression coloniale, tences pour obtenir une meilleure visibilité, et militent en faveur de l’engagement martiniquaise, il y a Mona, comme un était une langue interdite de transmission. politique des auteurs. poisson dans l’eau qui remonte vers la - Et vos deux enfants ? Je discute avec Nicolas Genre, salarié de l’Institut d’études occitanes basé à Aix. source. - Ils comprennent déjà tout ce qu’on leur Une association, présente dans 32 départements du Sud de la France, qui promeut «J’ai cru jusqu’à 12 ans que ma mère l’ap- dit en créole ! J’ai un besoin profond de l’Occitan provençal. En effet, deux écoles existent qui ont une appréhension diffé- pelait Man Té parce qu’elle servait du thé faire partager cette culture : “kilti kréyol”. rente de l’Occitan écrit : la graphie Mistralienne utilise une écriture phonétique à tous ses enfants. En fait, son prénom c’était La Bretagne, elle, peut attendre encore un calquée sur le français, «le» s’y écrit «lou», comme il se prononce. Tandis que dans la Félicité mais de toute façon elle a dû passer peu ! ajoute-t-elle.» graphie classique, défendue par l’institut, «le» s’écrit «lo» mais se prononce lou ! beaucoup de temps à servir ses 18 enfants … J’habite une blessure sacrée / J’habite Une jolie rencontre avec Armelle Galtier me permet de découvrir La Vitrine, où et ses 81 petits-enfants, dont je suis, m’ex- un long silence… écrit Aimé Césaire. la poésie est présentée de façon vivante : au 58 rue Jean de Bernardy, les poètes plique Mona, et c’est une manière de lui Et bien même si l’optimisme n’est pas exposent leurs écrits à la vue de tous ! Jusqu’au 19 juin, les passants peuvent y décou- rendre hommage.» dans l’air du temps, j’ai envie de lui vrir les écrits d’Anne Kawala. Nuit et jour, la vitrine étant éclairée la nuit ! Ça tombe à pic, parce qu’hier soir à répondre : Regarde ! C’est en bonne Cerise sur le gâteau, j’ai effectué cette déambulation… à bord d’un pousse-pousse l’Alcazar c’est le romancier, poète et voie de guérison chez Mamanthé… électrique, conduit par Célia Guerri de l’association Proxi Pousse ! essayiste guadeloupéen Daniel Maximin, MARION DE DOMINICIS ROBERT D’ANGELO qui, sans un mot pour son œuvre per- La fête du livre, de la mer et du soleil Le festival proposait des ateliers pour les amoureux de la lecture, mais surtout de l’écriture et de la culture autour de l’écrit La Faute à Voltaire : l’association a tra- association qui existe depuis 1918, vaillé à partir de textes sur la mer écrits fondée par les pêcheurs immigrants de par des participants aux ateliers, mais Catalogne présents à Marseille depuis aussi des textes littéraires. L’équipe a la Grande Peste, et qui ont donné leur enregistré les effets sonores de la mer et nom au quartier des Catalans (7e arr.). fait entendre aux écouteurs ce joli travail Nous avons fini à La Place aux Siestes, poétique… un endroit où chacun peut se reposer Le Comité d’intérêt de quartier était dans des chaises longues et laisser en là avec des livres en rapport avec la ville, partant une petite marque sur les pour échanger autour de la vie du quartier. parasols… Soleda, éditeurs solidaires se sont re- MARCO HORODENSKI ET EMILIA LIMA, groupés pour obtenir une plus grande un couple de jeunes Brésiliens crédibilité, et pouvoir continuer, en en formation «Français Langue Etrangère» particulier, à éditer des livres de photo- avec l’association CIERES, organisme graphies et d’art. d’intégration et d’alphabétisation Le Cercle Catala de Marsella est une des personnes immigrées.

Prix du jury récompensant une illustration de la nouvelle La vague et le rocher de Hélé BEJI, auteure tunisienne publiée aux éditions Elyzad LAURÉAT : FRANÇOIS BEGNEZ, 37 ANS, MARSEILLAIS 78 FÊTE DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE Halicarnasse Les cheveux au vent, comme une nappe sur une corde à linge, A. s’assoit qui couvre sa chaise de jardin. Pourtant, elle continue à regarder ces gens sur une pierre blanche, peu confortable. De minuscules galets crissent sous comme elle regarde la mer. Sur la terrasse, tout le monde est là. L’enfant ses semelles de caoutchouc épaisses. Les pans plissés de sa jupe découvrent mange ses haricots à la main, malgré ses deux rappels à l’ordre. Il a du gras des jambes solides. Elle arrache un brin d’herbe, le coupe et le recoupe en autour de la bouche et quelques ongles noirs de crasse. Le père discute morceaux sans y prêter attention. Elle se sent masculine face à ces moutons avec le mari de l’actualité, du sport, de la voiture, de la fabrication d’un éphémères. Elle pourrait être capitaine, pêcheur, marin pompier, fendre la coffrage pour le ciment. La mère est enchantée des nouvelles plantations mer avec la coque de son bateau. Elle vient là parce qu’elle aime aller au et aimerait des boutures pour son jardin. Ce sera fait. La sœur se plaint, le bout du monde sans prendre la barre. Le cœur à frère se tait. On devise, ni gaiement, ni joyeusement. domicile, rabougri. Le corps au vent frais, franc, fouetté On devise parce qu’il le faut. A. porte le café dans son «Je suis fascinée par les mondes par le sel. Une baguette encore tiède sur la banquette féminins emplis d’une lumineuse plateau en plastique rouge rayé. Les petites cuillères arrière entourée d’une fine feuille légère et bariolée. pudeur, mais aussi de sombres se- sont dépareillées. Au bout de 20 ans les petites cuillères Deux extrémités de ce petit bout de papier ont été crets. Rien n’est plus poétique qu’un sont toujours dépareillées. Le mystère de la disparition enroulées par la boulangère. Il tient bien. «regard» que l’on n’emprunte jamais des petites cuillères l’obsède parfois le soir quand elle par négligence ou par mépris. Rien s’endort. Elle y pense. Elle imagine les différentes Il est bientôt 11h15. Elle va devoir se lever, mettre la clé n’est plus poignant qu’une victime qui pièces de la maison et les lieux où chacun aurait pu les dans le contact, freiner au feu rouge, redémarrer, faire ne se perçoit pas comme telle. oublier. Bon, il n’y a rien à faire, ce n’est pas cohérent. Je suis très touchée d’avoir remporté un créneau, sourire face au visage de l’enfant qui attend ce premier prix et je remercie sincè- Ces petites cuillères ont disparu et rien ne peut tout, mettre la clé dans la serrure, mettre de l’huile dans rement les personnes qui m’ont l’expliquer. On ne peut pas retracer le parcours d’une la poêle, faire cuire, servir, laver, rincer, sécher, remettre encouragée, et se reconnaîtront. » petite cuillère même en se concentrant, les yeux fermés la clé dans la serrure, remettre la clé dans le contact, dans la chambre faiblement éclairée par la lumière du sourire à nouveau face au visage de l’enfant, réveil. l’embrasser, l’encourager, remonter, repartir, refreiner, La mère apprécie le café sans sucre. Elle a des revenir, re, re, re... habitudes que tout le monde se doit de connaître. Elle le redit pourtant chaque dimanche. « J’ai horreur du Ce sera fait, mécanique implacable. Un coup de balai sucre dans le café. Je ne sais pas comment vous faites. dans le salon, un chariot dans un supermarché, Ce n’est pas un vrai café quand il y a du sucre. » récupérer l’enfant, lui poser des questions, lui parler, Quand A. la regarde, elle ne ressent plus ni agacement, l’aider, le laver, accueillir l’homme, lui poser des ni haine. Trop épuisée un jour, elle a sans doute arrêté questions, lui parler, l’aider, les faire manger, manger de la détester. Aujourd’hui, quand l’enfant est cruel, soi-même sans grand appétit. A. traverse les ans, les elle ne se demande pas s’il pourra la détester un jour. temps, les âges. Pas trop tard, le soir, elle se glisse dans Il est tellement à elle. les draps qui ne sont pas les siens. Ils sont à eux, à nous. Le café dure. Les discussions aussi. On ne s’arrête

Elle pose mais ne se repose jamais. Elle s’épile, se © Tonkin Prod jamais de parler en famille. Il n’y a jamais de silence parfume, se maquille, s’habille. Elle prend la pilule aussi gêné. On se cure les dents, on peut se gratter le nez, et fait un frottis une fois par an. Elle a des livres de parler de son furoncle ou de la qualité de sa merde. cuisine. C’est pas si mal. A. préfère quand même être seule face JULIE SURUGUE, 29 ANS, MARSEILLAISE à la mer. Pas besoin de dire son amour, son emploi du LAURÉATE DU PRIX DU FESTIVAL DU LIVRE Personne ne sait qu’elle vient s’assoir sur cette pierre temps, le nom de son coiffeur, la recette de son risotto. DE LA CANEBIÈRE 2010, SUR LE THÈME blanche, sur ce bloc calcifié. Toujours le même, bien « LES ACCENTS DE LA MER » La bise quand tout le monde part et bonne route. qu’il soit inconfortable. Elle ne s’en rend pas vraiment Peut-être même une main sur l’épaule et un sourire. compte. Cela ne la dérange pas tant que ça. Derrière elle, des bunkers abandonnés, effondrés par endroit. Des ronces, de l’urine, Le mari parle peu. Le mari crie souvent contre le présentateur, sur le fils, de petites fleurs sauvages, des inscriptions, rendez-vous d’homos, un la femme du lundi au samedi. Le mari est charmant le dimanche. A. sourit, grillage, des maisons en contrebas. Elle regarde plusieurs heures par arrondit les angles. La plupart du temps, elle est tranquille. Absent, elle semaine la mer, la mer salée, froide. L’évidence de la mer que le temps l’oublie. Présent, elle le fuit, détourne la tête ou baisse les yeux. modifie. Comme A.. Mais ses moutons à elle, les siens, emprisonnés, A. aime congeler les plats qu’elle cuisine. Elle range tout ça dans de petites n’affleurent jamais. Pas de vagues ou alors quand le repas accroche et boîtes en aluminium dont elle rabat les bords sur un couvercle en carton. qu’une légère odeur de brûlé contamine son plat. Elle enrage dans ces Sur le carton, elle écrit le nom de la recette et la date de congélation. moments-là. Ici, elle regarde, se lave les yeux, sort de son corps, gonfle ses Pourtant elle aurait le temps de cuisiner chaque jour. Mais elle préfère poumons et oublie son cœur. s’asseoir sur la pierre blanche, dès qu’elle le peut. Depuis combien d’années va-t-elle là-bas, sur cette pierre blanche ? Elle n’a pas compté. La première Dimanche, le repas de famille revient. Elle quitte sa pierre de calcaire, son fois, elle avait le nez ensanglanté. Le mari l’avait un peu amoché. Chômeur paysage marin pour s’asseoir plus confortablement sur le coussin orange entre deux CDD. Elle n’avait pas fait, elle aurait dû faire, ça n’allait pas. FÊTE DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE 79

Selon lui. Avec elle. Elle avait paniqué, avait roulé encore et encore. Frein La même main lui serre le bras. Elle est moite. à main serré, elle était allée s’asseoir sur cette pierre blanche, un kleenex pressé sur le nez, sans larme dans les yeux, de légers tremblements dans A. a la joue collée sur un morceau de ciment, les mains sur les murs. Elle les jambes. en perçoit les imperfections. L’odeur d’urine est forte. Il s’agite, grogne. Elle ne voit plus la mer. Et pourtant tout est humide. Même elle. Elle n’y aurait Depuis il travaillait et ne la cognait que le soir après le film de 21h. Depuis pas cru. l’arrêt des publicités sur France Télévisions, tout avait avancé d’une demi- Au feu rouge, elle utilise un kleenex. heure. A. ne s’offusque pas, ne se rebelle pas, ne conteste pas. Ce rituel lui est moins douloureux que la pensée de la solitude. Dans sa maison, une Devant l’école, elle attend. Il est là et lui prend la main. À la maison, elle seule assiette, deux en comptant celle de l’enfant, ce serait affreux. sort un plat du congélateur, retire le couvercle en carton. Elle saisit le bloc Mais parfois, lorsqu’assise sur sa pierre blanche elle voit les pêcheurs en froid et le cale dans un plat creux. Il est maintenant dans le four et tourne contrebas, ça lui donne de petites idées. Ils vident, découpent, retournent, encore et encore. L’enfant se régale. Il essaie à nouveau de manger avec ses balancent le tout dans une caisse en plastique. C’est rapide, efficace. Bien doigts. A. le réprimande. sûr, l’odeur de poisson ne disparaît pas comme ça. Elle colle aux mains, Clé dans la serrure, dans le contact. Créneau. Ecole. Maison. pénètre sous les ongles. En frottant, rien ne part totalement. Les mains Cet après-midi, elle prendra une douche puis un long bain. Il est 14h30, la deviennent des ennemies, jusqu’à la folie. Elle le sait bien, le mari lui voisine est là. Sur la nappe cirée de la cuisine, A. a posé deux tasses de café. reproche souvent que ses mains sentent. Le poisson, l’ail, la terre. Ça le La voisine parle beaucoup. Elle lui a apporté des gâteaux arabes. A. ne se dégoûte et il la pousse de sa jambe dans le lit. Les petites idées disparaissent. rappelle jamais des noms. Toujours trop sucré. C’est gentil quand même. - Excusez-moi, M’dame, vous avez pas une cigarette, M’dame ? - Je trompe C. A. se retourne. Elle est un peu éblouie par le soleil et protège ses yeux de C’est tombé comme une pierre dans un lac. sa main droite. Face à elle un homme dégarni. Chemisette saumon rentrée - Quoi ? La voisine se réjouit. Mais depuis quand ? dans le pantalon remonté au nombril. Sa queue est comprimée. Les yeux - Il est merveilleux. Il a des dents superbes. d’A. sont passés dessus. Obligatoirement, en remontant vers le visage. Des - Mais comment ? Pourquoi ? C’est qui ? chaussettes de sport sont glissées dans ses mocassins en cuir ajouré. Autour - C’était aujourd’hui. Ça s’est passé. Il le fallait. de la taille une banane synthétique pendouille mollement. - Raconte-moi. Tu me connais, je suis une vraie tombe. Dis-moi tout. Tu - Non. comptes faire quoi ? Tu as déjà consommé ! Ne me mens pas... Ce n’était Elle ne s’excuse jamais et encore moins de ne pas fumer. pas qu’aujourd’hui. - Bon, ben d’accord. Vous êtes seule ? - Je l’aime. - Oui. - Quoi ? Mais tu le connais depuis quand ? - J’peux m’mettre là alors. - Il n’est pas d’ici. Il est du Nord. La peau vérolée de son visage se déforme dès qu’il ouvre la bouche. - Mais tu vas faire quoi ma chérie ? Tu as une mine terrible, ça se voit. Ça - Non. Je regarde la mer. te donne des soucis. Dis-moi, tu vas faire quoi ? - On a qu’à la regarder à deux. Moi aussi, j’aime la mer d’puis que j’suis ici. - Je ne sais pas. Une substance graisseuse suinte sur son front plissé et sous son nez épaté. - Comment tu ne sais pas ! Mais c’est pas possible ça ! - Non. - Je ne sais pas. -Allez. Vous êtes pas très gentille, Madame. Et pourtant, elle sait bien qu’elle est déjà une ruine parmi les ruines, un Il a des dents sublimes, très blanches et régulières. galet emballé par l’eau salée trimballé sur la grève. Elle ne répond plus. Elle se recule légèrement. Il s’assoit à côté. Elle sent l’odeur acre de ses aisselles. Il ne dit rien. Il pose C. ferme la marche. Il tient la petite main dans la sienne. Ils ont passé le sa main sur son genou. Il n’y a pas de vent aujourd’hui et la puanteur haut portail en fer vert. Les graviers de l’allée crissent sous les roues, sous persiste. Elle se lève. Il saisit son poignet. Elle se dégage d’un mouvement les pieds. Les cyprès se balancent. L’herbe est fraîchement tondue. Il y a sec. de la mousse sur quelques pierres lisses, froides, polies. D’autres pierres Au feu rouge, elle monte le son. « Les démons de minuit ». taillées grossièrement s’entassent si haut, enturbannées de ciment. Ceinturés de murs, ils avancent sous un soleil de plomb. La marche n’en Ce matin, en partant elle avait mis dans son sac un petit couteau de cuisine. finit plus. « Tu n’es pas coupable. C’était un accident. Tu as appelé les Celui qui coupe bien avec un manche en plastique noir et de fines dents secours. Tu ne pouvais rien faire de plus. On est là, ne t’inquiète pas. » régulières. Assise sur sa pierre blanche, elle laisse glisser ses mains sur les petits JULIE SURUGUE graviers. Elle en saisit une poignée et la fait retomber au sol. Elle sent à nouveau son odeur. Une ombre se forme au-dessus d’elle. Elle a entendu le crissement derrière elle. A. fixe l’horizon. Elle abandonne la petite idée d’utiliser la lame en inox. - Ben alors, t’es venue. J’le savais... Viens là, ma cocotte.