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Musique rock

The Jaded Hearts Club, la recette du supergroupe

© D.R.

Ingrédients de choix : le leader de Muse, “Matt” Bellamy, s’associe à () ou encore Graham Coxon (Blur) au sein du Jaded Hearts Club, supergroupe de fines gueules du rock anglais. C’est Jann Wenner, fondateur de l’iconique magazine , qui eut le premier l’idée de cette appellation, supergroupe, pour qualifier Cream. Cette formation reine du milieu des années 1960 comptait Eric Clapton à la guitare, Ginger Baker à la batterie et Jack Bruce à la basse. Alors, cela fait quoi aujourd’hui d’appartenir à une telle lignée ? De faire partie d’un super-groupe ? “Oh, on ne le ressent pas comme cela ; ici tout le monde est cool, en mode détente et laisse de la place à l’autre”, décrit Miles Kane, dans une interview par Zoom avec l’AFP, alors qu’il sirote son thé dans son appartement de l’Est londonien. Ce stakhanoviste de la scène rock anglaise n’a pas de quoi être impressionné. Il a déjà fait partie d’une autre formation “all-stars” aux côtés d’Alex Turner (leader des Arctic Monkeys) avec The Last Shadow Puppets. Pour le Jaded, tout est parti en 2017 de l’anniversaire des 40 ans d’un des musiciens les moins connus de la bande, Jamie Davis, guitariste britannique vivant à Los Angeles, qui avait géré le label de Coxon.

Stella et Paul McCartney Au départ, Davis veut un groupe reprenant les Beatles. Mais il est effaré par le ratio tarifs/niveau des musiciens proposés. Plan B : il ouvre son carnet d’adresses alors que LA est envahie de musiciens anglais. On imagine la tête des convives quand apparaît cet attelage au nom inspiré de l’album Sgt Pepper’s lonely hearts club band. L’affaire prend de l’épaisseur quand le Jaded remet cela pour un défilé de Stella McCartney à Los Angeles un an plus tard. D’autant que Paul McCartney les rejoint sur scène. Gros buzz. Le supergroupe se produira à intervalles irréguliers, en fonction des agendas de chacun, et enregistrera un live, en vinyle, pour une opération caritative. Mais 2020, année de pause pour Muse, bien avant que la pandémie ne sévisse, donne du temps à Bellamy, qui décide de produire le premier album studio du Jaded (You’ve always been there, sorti vendredi chez BMG). Il se charge même du teasing : “Un combo cool de reprises obscures intéressantes”, lâche-t-il au NME, presse musicale britannique de référence. Le Jaded s’éloigne en effet de l’univers des Beatles pour revisiter façon rock des bijoux soul, connus (I put a spell on you, Reach out, I’ll be there, Fever) ou beaucoup moins en vue du grand public.

“Envie de mettre ma veste” Kane est particulièrement fier de la réinterprétation de Love’s gone bad, composé par le trio de génie de la , Eddie et Brian Holland, Lamont Dozier. “C’est un titre moins connu, et il me fait me sentir bien, me donne envie de mettre ma veste, de sortir dans la rue”, se réjouit-il, mimant le geste d’enfiler son blouson de cuir. Le trentenaire est un vrai fan de soul. “Les Four Tops (qui avaient magnifié Reach out, I’ll be There) font partie de mes groupes favoris, je ne chante pas sur celle-là, mais les potes s’en sont bien sortis.” Quand on lui demande quel serait son titre de northern soul (version britannique de la soul américaine) préféré, il se met à chantonner Seven days too long, interprété par Chuck Wood en 1967 (pas sur l’album). À propos de chanter, la Covid-19 prive d’ailleurs le Jaded de son ADN, la scène, ce qui désole Kane : “Cet album était parfait pour les concerts, les festivals, c’est extrêmement frustrant.”

AFP