Le Mémorial De La Déportation Des Juifs De France Édition 1978
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Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France Serge Klarsfeld, édition de 1978 Notices des convois Mises à jour par Jean-Pierre Stroweis Notices du Mémorial de la Déportation des Juifs de France (1978) 1 PRÉSENTATION Ce document reprend l’introduction, la notice technique, les notices des convois de déportations, les biographies, la bibliographie et les illustrations rassemblées et rédigées par Serge Klarsfeld et qui accompagnent les listes nominales des déportés et victimes dans l’édition originale de 1978 du Mémorial de la Déportation des Juifs de France. Ces noms sont désormais accessibles grâce au Mémorial de la Déportation des Juifs de France en ligne situé à https://stevemorse.org/france . Il nous a paru utile de présenter ici à nouveau ces textes très informatifs reprenant les échanges de télex des responsables allemands entre eux et avec les dirigeants de l’administration de Vichy, l’analyse historique, les témoignages et l’humanité des commentaires de Serge Klarsfeld, notamment concernant les enfants déportés. Ils démontrent pas à pas la mise en place de la « solution finale » en France et, accessoirement, l’état de la recherche historique en 1978. Ces notices et les listes qui les suivent ont donné pour la première fois et à un large public les moyens d’appréhender la machine de déportation, convoi par convoi, et ce qui a conduit à l’extermination de près de 80 000 Juifs de France. Pour beaucoup de familles des victimes, ce Mémorial a surtout permis de retracer enfin quel fut le sort de leurs proches. Après la parution de l’édition de 1978, Serge Klarsfeld a poursuivi ses recherches, découvrant de nombreuses autres sources, accumulant de nouvelles informations sur chaque convoi qui ont également servi à compléter et corriger bon nombre de noms difficilement lisibles sur les listes de déportation, souvent en piètre état. Cette version des notices a donc été actualisée en fonction de l’état actuel des recherches : • Le nombre des partants de chaque convoi reprend les chiffres publiés par l’édition de 2012 du Mémorial, même si ces chiffres fluctuent encore très légèrement depuis. • Nous avons récapitulé dans une table ci-dessous les intervalles de matricules attribués à Auschwitz pour les hommes et femmes de chaque convoi, avec quelques corrections. • Les données de 1978 sur le nombre de survivants de la déportation en 1945 se sont avérés incomplètes : environ mille rescapé.e.s supplémentaires ont été identifié.e.s, portant le pourcentage de survivants de 3% à environ 5%. Nous indiquons en notes les résultats des recherches publiées dans Le Mémorial des 3943 rescapés Juifs de France (Alexandre Doulut, Serge Klarsfeld, Sandrine Labeau, éditions FFJDF, 2018). • Les notices, biographies et bibliographies ont également été reformattées et annotées par moi- même. Mes ajouts sont présentés en couleur bleu. Les noms de famille sont écrits en majuscules, afin de les distinguer des prénoms. Les nom, prénom et âge des victimes mis à jour sont signalés par un astérisque (*) et sont à peu près cohérents avec les données du Mémorial en ligne. • Nous avons ajouté la provenance des déportés de chaque convoi ou liste en fonction du pays dans lequel se trouve leur lieu de naissance et selon les découpages des frontières de 2021. Cela complète le décompte par nationalité que les Allemands ont arrêté de noter sur les listes de déportation à partir du convoi 57. • Pour commodité, nous avons également ajouté des références vers les descriptions des convois préparées par le Mémorial de Yad Vashem à https://www.yadvashem.org/fr/recherche/convois-de-france.html . Jean-Pierre Stroweis Jérusalem, Juin 2021 Notices du Mémorial de la Déportation des Juifs de France (1978) 2 A la mémoire de Julien AUBART, résistant, arrêté et torturé par la Gestapo en octobre 1942, déporté à Auschwitz le 13 février 1943 à l'âge de 21 ans, médaille militaire, croix de guerre 39-40, médaille de la Résistance, chevalier de la Légion d'honneur, mort le 2 juillet 1977 à l'âge de 56 ans. Il était le plus pur et le meilleur de sa génération, celle qui avait connu Auschwitz. C’est en lui que s'incarnaient pour nous les valeurs morales les plus respectables qu'il était possible de dégager du passage de millions d'êtres humains dans l’univers concentrationnaire. Il avait livré victorieusement certaines des batailles les plus dures qu'un homme n’ait jamais livrées pour défendre sa dignité. Il était l'un des seuls à avoir conservé intactes dans ses oreilles les plaintes des petits enfants séparés de leurs mères, les rares rauques des S.S., les soupirs des camarades frappés à mort ; intactes dans ses yeux les visions abominables des crimes systématiques dont le peuple juif et les hommes épris de liberté avaient été victimes. Il était notre mémoire fidèle, notre conscience intransigeante, notre volonté sans défaillance et, dans le combat permanent contre l'impunité des criminels nazis et contre le néo-nazisme, il était le plus valeureux d'entre tous. Il ne souvenait pas en paroles, mais en actes courageux. Julien AUBART nous donne la force d'aller jusqu'au bout. Sur la photo ci-dessous, il proteste à Cologne, devant le bureau de l'ancien responsable n° 1 de la Gestapo en France, le S.S. Obersturmführer Kurt Lischka, contre l'impunité de ce criminel nazi. En cette circonstance, Julien Aubart et son camarade de déportation, Henri Pudeleau, avaient été arrêtés, frappés par les policiers allemands et condamnés à une amende par le tribunal de Cologne. Fig. 1 Julien Aubart en mai 1973 à Cologne Notices du Mémorial de la Déportation des Juifs de France (1978) 3 INTRODUCTION Au terme d'un travail éprouvant de deux années, la publication de ce document représente avant tout un acte de piété et d'hommage envers plus de 80 000 Juifs, qui ont été victimes en France de la persécution du Reich du Reich hitlérien et de ses complices de Vichy. Cet ouvrage contient les noms de presque toutes les victimes et les renseignements d'état-civil qui permettent de les identifier et de dresser le bilan de cette tragédie, comptabilisée ici par de rigoureuses statistiques. Il contient aussi l'histoire détaillée de chaque convoi de déportation -notre ouvrage commençant au départ de France, à la constitution du convoi, et s'arrêtant à l'arrivée au camp d'extermination ; des ouvrages de qualité, en particulier ceux du Centre de Documentation Juive Contemporaine de Paris, le CDJC, permettent de prendre connaissance de ce qui s'est passé avant le départ ; d'autres ouvrages de ce qui s'est passé après l'arrivée au camp1. Tous ces ouvrages sont cités dans notre bibliographie. Ce livre contient aussi la plupart des noms des Juifs morts des mauvais traitements subis dans les camps d'internements en France. Ce bilan a pu être établi en prenant contact avec toutes les archives départementales, préfectorales ou municipales compétentes pour les localités où ont été installés de pareils camps. Il contient en outre la liste de nombreux Juifs fusillés ou exécutés sommairement par les nazis en France. Nous avons pu établir cette liste, en consultant toutes les listes, dressées en 1944-45 par les communes et les préfectures, de personnes exécutées ou abattues dans le territoire correspondant, et en relevant les noms indiscutablement juifs, tout en examinant les circonstances de chacune de ces tragédies. Ce volumineux document comble une immense et douloureuse lacune. Avant sa parution, il était impossible d'avancer des chiffres exacts, d'avancer même les chiffres les plus simples et les plus nécessaires : le nombre total de déportés, leur répartition par sexe et par âge. À Auschwitz, le 18 juin 1975, le Président de la République française n'a-t-il pas dressé un bilan complètement erroné : « 110.000 Français, dont 48.000 Juifs ont été déportés à Auschwitz.2 » Les noms des déportés s'effaçaient progressivement sur les listes originales de déportation, pour la plupart conservées au CDJC. Bientôt, il n'aurait même plus été possible de lire ces noms, dont beaucoup ont dû être déchiffrés par nos soins à la loupe. Pourtant, parmi ces déportés, plus de 2/3 d'étrangers, des familles entières, dont ne subsistaient plus de leur passage sur la terre que ces noms sur ces listes en voie de disparition totale. Et personne pour parer à cet anéantissement, sinon une initiative individuelle, privée de moyens financiers, mais résolue depuis des années à empêcher l'oubli et la destruction. « Vous vous souviendrez. Le souvenir est un enseignement de sagesse et un message d'amour... Le souvenir secoue la poussière du tombeau ; le culte des regrets est un rachat du sépulcre : la vraie mort c'est l'oubli. A l’heure suprême, ce leur fut une consolation de s'endormir sur 1 Adam Rutkowski, expert du CDJC, a préparé un ouvrage sur la vie au camp de Drancy, qui attend sa publication. 2 Il n'y eut que 2 825 Français non-juifs déportés de France à Auschwitz (et parmi eux d'ailleurs un certain nombre de Juifs, voir notice 83). Par contre, environ 70 000 Juifs ont été déportés de France à Auschwitz, dont environ 23 000 Juifs français et 47 000 Juifs étrangers. Par ailleurs plus de 5 000 autres Juifs ont été déportés de France dans d'autres camps d'extermination (Maidanek, Sobibor) et, parmi eux, environ 1 000 Juifs français. Notices du Mémorial de la Déportation des Juifs de France (1978) 4 l'assurance d'avoir été mieux que de simples passants, puisqu'ils devaient trouver le bon asile de notre cœur qui se remémore. » (Office du Souvenir). Fils d'un déporté assassiné à Auschwitz, ayant échappé moi-même par miracle à un destin aboutissant à la rampe de Birkenau, je me suis imposé, depuis des années, avec l'aide de mon épouse, allemande et non juive, de mettre fin à l'impunité des criminels nazis, qui ont déporté les Juifs de France.