Ciné-Danse : Histoire Et Singularités Esthétiques D'un Genre Hybride
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THÈSE DE DOCTORAT de l’Université de recherche Paris Sciences et Lettres PSL Research University Préparée à l’École normale supérieure Ciné-danse : Histoire et singularités esthétiques d’un genre hybride Screendance: History and Aesthetic Singularities of a Hybrid Genre École doctorale n°267 Arts & médias Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et École normale supérieure Spécialité : Arts (études cinématographiques) SOUTENUE PAR : COMPOSITION DU JURY : Sophie Walon M. Vincent Amiel Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne le 9 décembre 2016 Président du jury Mme Martine Beugnet Université Paris 7 – Diderot DIRIGÉE PAR : Rapporteuse M. Jean-Loup Bourget M. Laurent Guido École normale supérieure Université de Lille 3 Rapporteur Mme Isabelle Launay Université Paris 8 – Saint-Denis Ciné-danse : Histoire et singularités esthétiques d’un genre hybride Sophie Walon À Shane Remerciements À Jean-Loup Bourget d’abord, pour avoir dirigé mes recherches dans un équilibre parfait entre exigence et liberté, pour sa disponibilité, sa sympathie, ses conseils, ses suggestions, ses corrections et ses prêts (largement prolongés) de documents. À Isabelle Launay pour avoir codirigé cette recherche avec une rigueur intellec- tuelle qui m’a été indispensable ; pour ses remarques précises et précieuses qui m’ont aidée à aller vers un engagement plus grand et plus exigeant avec les œuvres. À Élise Domenach, ma professeure à l’École normale supérieure de Lyon, pour m’avoir encouragée à me lancer dans cette voie de recherche. À ceux qui ont écouté, lu et commenté avec bienveillance mes premières hypo- thèses, en particulier Élise Domenach, Giusy Pisano, Marie-Madeleine Mervant-Roux, Reidar Due, Nikolaj Lübecker, Andrew Klevan et Douglas Rosenberg. À tous les membres du département d’histoire et de théorie des arts de l’ENS pour leur soutien amical tout au long de mes premières années de recherche et d’enseignement. À Marisa C. Hayes et Franck Boulègue pour leur invitation annuelle au festival international de vidéo-danse dont ils sont les organisateurs, pour tous les documents et les films qu’ils m’ont fournis et pour tous leurs conseils et leurs suggestions qui m’ont été d’une si grande aide au cours de ces années de recherche. À Marie Cadalanu, pour avoir partagé avec moi des journées de travail et des moments de doute et pour avoir relu si minutieusement l’ensemble de ce texte. À ma famille et mes amis pour leur patience et leur soutien. À mes parents, pour tout. À Shane pour son soutien indéfectible et pour les nombreuses heures de vision- nage partagées avec moi. v Avertissements Sauf mention contraire, j’ai traduit moi-même toutes les citations de l’anglais au français. En règle générale, je privilégierai les titres de films originaux à leur traduction française, que je mentionnerai toutefois à la première occurrence, excepté pour certains titres, soit parce qu’ils sont transparents, difficilement traduisibles, très connus ou bien parce qu’ils font l’objet d’une énumération qui rendrait un système de double-titre fastidieux. Je proposerai toujours une traduction française des passages que je cite, excepté lorsqu’un extrait est uniquement mentionné en note de bas de page. La qualité médiocre de certaines illustrations est due au fait que certains films n’ont pas bénéficié de restauration ou bien que je n’ai pas pu m’en procurer une version DVD. L’index situé à la fin de cet ouvrage comporte les titres des ciné-danses citées et les noms de leur réalisateur, le nom de certains chorégraphes régulièrement évoqués ainsi que les titres de films de danse qui ne sont pas des ciné-danses mais que j’ai commentés de manière plus ou moins substantielle ou qui sont particulièrement importants dans le cadre de cette étude. vii Résumé La ciné-danse est une forme artistique hybride qui entrelace étroitement les propriétés techniques et esthétiques de la danse et du cinéma. Ce n’est pas un genre nouveau : d’une certaine manière, la ciné-danse existe depuis les tout débuts du cinéma. Mais elle est théorisée pour la première fois au milieu des années 1940 par Maya Deren qui propose aussi avec A Study in Choreography for Camera (1945) un film-manifeste qui s’est avéré déterminant pour la reconnaissance et le développement de cette catégorie la plus transdisciplinaire du film de danse. Néanmoins, c’est seulement à partir des années 2000 et surtout depuis le début des années 2010 que les festivals spécialisés se sont multipliés et que le genre a commencé à recevoir un éclairage théorique. Cette thèse contribue ainsi à ce tout jeune domaine de recherche que sont les screendance studies en proposant un premier panorama historique de la ciné-danse et en examinant certaines de ses spécificités formelles et dramaturgiques dont beaucoup n’avaient pas encore été analysées. Cette étude prend notamment le parti d’explorer la ciné-danse sous l’angle inaperçu de son hyper-sensorialité et des corporéités originales qu’elle façonne. J’y commence par retracer l’histoire plus large dans laquelle la ciné-danse s’inscrit, celle de la danse au cinéma en général et du film de danse en particulier. Puis, je propose d’esquisser plus spécifiquement l’histoire du genre. Je souligne ensuite la fécondité de l’hybridation artistique qui définit la ciné-danse en analysant certaines de ses singularités formelles et dramaturgiques. J’examine notamment l’usage sui generis du gros plan dans ces films, la (re)matérialisation des corps à laquelle ils procèdent par un traitement hyper-sensoriel et synesthésique des images et des sons ainsi que les corporéités étranges qu’ils créent et les implications critiques que celles-ci renferment. Enfin, je me concentre sur un aspect capital de la ciné- danse : les lieux qu’elle investit et les rapports complexes entre corps et espaces qu’elle interroge. Cette thèse brosse ainsi le portrait historique et esthétique d’un art hybride, d’un genre éminemment corporel et sensoriel et d’une pratique in situ. J’y mets au jour des oeuvres expérimentales qui explorent la capacité de ce croisement artistique à mettre en exergue la matérialité des corps ainsi que la sensorialité des films et de l’art chorégraphique. Mots clés Ciné-danse – la danse au cinéma – cinéma expérimental – hybridité artistique – art sensoriel – dramaturgies incarnées – création de corporéités – art in situ – corps et espace ix Abstract Screendance is a hybrid artistic form which inextricably interweaves the techni- cal and aesthetic properties of both dance and cinema. It is not a new genre: in a certain sense, screendance has existed since the very beginnings of cinema. It was first theorised, however, in the mid-1940s by Maya Deren, whose film-manifesto A Study in Choreography for Camera (1945) proved central to the recognition and development of this most transdisciplinary category of dance films. Nevertheless, it is only from the 2000s and even more-so from the 2010s onwards that specialised festivals have proliferated and that the genre has begun to receive theoretical at- tention. This dissertation is thus a contribution to the emerging field of screendance studies: it proposes a historical panorama of the genre and examines its formal and dramaturgical specificities, many of which have not yet been the object of in-depth analysis. This examination aims in particular to explore screendance from the previously unconsidered perspective of its hyper-sensoriality and the original corporealities it constructs. I begin by retracing the larger history within which screendance has grown, that of dance in film and especially that of dance films. I then propose a more specific history of screendace proper. Next, I emphasise the fecundity of the artistic hybridisation which defines screendance by analysing certain of its formal and dramaturgical singularities. More specifically, I examine its sui generis usage of close- ups, its (re)materialisation of bodies through a hyper-sensorial and synaesthetic treatment of images and sounds, as well as its strange corporealities and the critical implications they suggest. Finally, I focus on a crucial dimension of screendance: the places it investigates and its complex interrogations of the relationships between body and space. This dissertation paints a historical and aesthetic portrait of a hybrid art, an eminently corporeal and sensorial genre, a site-specific practice; it celebrates experimental works which explore the richness of an artistic cross-over and highlight the materiality of bodies as well as the sensoriality of dance and film. Keywords Screendance – dance in film – experimental cinema – artistic hybridity – sensorial art – embodied dramaturgies – creation of corporealities – site-specific art – body and space xi In the short space (limited by the financial problems of « film production) of the film I have been able only to suggest the potentialities of such a form. It is my earnest hope that film-dance will be rapidly developed and that, in the interest of such a development, a new era of collaboration between dancers and film-makers will open up – one in which both would pool their creative energies and talents towards an integrated art expression1. — Maya Deren À propos de A Study in Choreography for Camera (1945) 1 « J’ai avant tout conçu ce film comme un échantillon de ciné-danse – à savoir une danse si intimement liée à la caméra et au montage qu’elle ne peut pas être “exécutée” comme telle ailleurs que dans ce film particulier. Dans le court espace de ce film (limité par les problèmes financiers de production) je n’ai pu que suggérer les potentialités d’une telle forme. C’est mon espoir le plus sincère que la ciné-danse se développera rapidement et que, dans l’intérêt de ce développement, une nouvelle ère de collaboration entre danseurs et cinéastes s’ouvrira – au cours de laquelle ils mettront en commun leurs énergies et leurs talents créatifs au service d’une forme d’art intégrée.