VIVRE LE BOCAGE GUIDE CITOYEN DU BAZOIS 2016 DU BAZOIS GUIDE CITOYEN EN BAZOIS DES GUIDES CITOYENS ?

Depuis 2006, le Bazois a engagé à son cadre, création de parcours pé- SOMMAIRE une démarche d’intégration des ci- destres commentés, découverte des • LE CONSTAT...... 02 toyens dans la mise en valeur des territoires communaux, exploitation Le bocage vu de loin, typologie du paysages de proximité. Une dizaine artistique et culturelle des paysages. bocage, la dégradation du bocage de « groupes paysages citoyens » Depuis 2014 a été lancé, dans le cadre • HISTOIRE DU BOCAGE...... 08 se sont formés dans les villages au d’un contrat de territoire entre la CCB • LA PAROLE DES HABITANTS..... 14 cours des cinq premières années. et le Département de la Nièvre, la Qu’est-ce que le bocage évoque Aujourd’hui, l’expérience touche à sa réalisation de GUIDES CITOYENS qui pour vous ? Les haies vous- fin. Elle a porté ses fruits : rapproche- ont l’ambition de présenter le ter- semblent-elles utiles ? Que dire de ments d’habitants autour de problé- ritoire sous une forme originale. La l’entretien des haies ? Comment matiques paysagères, amélioration structure des guides est la suivante : voyez-vous évoluer le bocage ? du petit patrimoine local, toujours lié Qu’en pensent les enfants ? • LA CARTE DU BOCAGE • constat de l’état de la question, EN BAZOIS...... 18 • historique permettant de mieux comprendre les processus anciens et actuels, • LA PAROLE • parole libre donnée à un large panel d’habitants sur le sujet, DES NATURALISTES...... 24 • cartographie thématique, • LA LOI AU SECOURS • éclairage de multiples « spécialistes », DU BOCAGE...... 30 • informations sur la législation et la réglementation, • ENTRETIEN ET UTILISATION • ouverture à des aspects spécifiques et expériences locales ou extérieures

ECONOMIQUE DE LA HAIE...... 34 DU BAZOIS LES GUIDES CITOYENS en lien avec le thème. • AILLEURS…...... 36 • POUR ALLER PLUS LOIN...... 37 Vivre Le Bocage en Bazois Le premier de ces « guides citoyens » est intitulé Vivre le bocage en Bazois. Le bo- cage, parure identitaire de ce territoire d’élevage, est patiemment entretenu par ses agriculteurs et les autres « travailleurs du paysage ». Aujourd’hui, le bocage est sérieusement atteint. Nous souhaitons que ce guide contribue non pas à figer le paysage, réalité mouvante, mais à faire en sorte que toutes les interventions sur lui soient plus raisonnées et respectueuses de ce développement durable qu’il ne faut pas seulement souhaiter, mais qui demande des engagements personnels et collectifs. Les auteurs du guide : Sophie FEYRY, Janine GOURIO, Pierre PÉRÉ, Jean-Louis et Marie-Thérèse RAMBERT, avec la participation active d’habitants du Bazois. LE BOCAGE VU DE LOIN

Le bourg de . Vue sur l’écluse d’Anizy et le Château. Du premier à l’arrière plan : haie classique de bord de route Haies et arbres alignés structurent le paysage de la « rapée » ; haie arbustive , ligne d’arbre du Canal puis du chemin de confluence Aron-canal : du premier à l’arrière-plan : fer, bois de La Chapelle entre l’église et le château. • haie très dégradée sur une rupture de pente avec, à droite les premiers arbres qui tapissent la rive concave et très pentue de la racle Canal-Aron, • haie jardinée de la maison éclusière, • bosquet du remblai du canal, côté contre-halage, • ripisylve de l’Aron. Le constat

Châtillon-en-Bazois. Vue dans les environs de Mingot, haies de types variés, de nombreuses haies ont été supprimées : grands arbres rési- duels, barbelés en limite de parcelles.

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 1 HAIES BASSES HAIES BASSES AVEC QUELQUES ARBRES HAUTS Typologie A

Limanton, Haie pléchée à Montembert Limanton, Les Mocrées La technique ancienne du pléchage retrouve des amateurs qui se Ancienne haie pléchée, aujourd’hui rapée mécaniquement, forment auprès de ceux qui l’ont pratiquée dans leur jeunesse. reconnaissable à ses branches mères couchées.

Limanton, Les Mocrées Dans certains secteurs de La haie présente trois strates bien distinctes : un chêne de Le bocage a totalement disparu. haut jet domine des petits arbres et une haie basse râpée. Les cultures s’étendent jusqu’à l’accotement de la route.

2 | Guide Citoyen du Bazois 2016 Entre Aunay et Les maillesdubocagesont très larges. Les haiesbassessedégradent, lesgrands arbres seraréfient.et Aunay Entre vers enBazois. (croissant, serpe,cognée, scie) ont desnomslocaux trèsplécheur di- du outils Les Guide Citoyen duBazois 2016 |3

Aquarelle Michel Perrot. Le constat HAIES HAUTES, BOSQUETS LONGS ET BOSQUETS DE BORD DE RIVIÈRE Typologie B

Châtillon-en-Bazois Tamnay-en-Bazois Haie haute au second plan, calibrée à hauteur de machine (3 à 4 m), réduite La haie arborée au second plan ne tient plus son rôle de limite au premier plan à une haie basse râpée. A droite, la haie a disparu. parcellaire mais protège les troupeaux.

Mont-et-Marré Prairie d’embouche et lignes arborées complexes. Les arbres des bordures de parcelles situées à droite et à gauche du cliché rejoignent la ripisylve, (bosquet de bord de rivière). La ripisilve de l'Alnain présente des hauteurs d’arbres très variables et les arbustes en taillis alternent avec des sections dégagées, témoignant de la variété des combinaisons entre actions humaines et naturelles : abandon à la nature ou nettoyage des rives, exploi- tation des arbres du rivage ou encore plantation ordonnée d’espèces à croissance rapide. Les parcelles enlacées par les petits méandres de cette rivière et celles, plus longues, qui se trouvent isolées en bordure du remblai du canal sont souvent laissées à elles-mêmes.

4 | Guide Citoyen du Bazois 2016 Lignedegrands platanes bordant lecanal. Mont-et-Marré Se dressant àproximité del’étang deFleury.Tintury, à isolé Chêne Typologie C ET ARBRESDEPLEINCHAMPISOLÉS HAIES DEJARDINS l’arrière-plan. Haie de jardin aupremier plan(rosier ancien) et haiemixteà Mont-et-Marré le boisdeChâtillon-en-Bazois enarrière-plan. crotbordd’unmare) (unepleureurau petite Saule isolé avec Châtillon-en-Bazois Guide Citoyen duBazois 2016 |5

Le constat LA DEGRADATION DU BOCAGE

Châtillon-en-Bazois, Blanzy Châtillon-en-Bazois Série de haies basses, arbres de plein champ et, bien visible au Le talus a perdu la protection de sa haie. Il est en train de centre du cliché, talus sinueux correspondant à une ancienne haie. se raviner. Le passage des bovins d’une parcelle à l’autre ag- grave l’érosion. On remarque à droite le mouvement harmo- nieux du chemin creux avec sa double haie entretenue.

Brinay En Bazois Bocage dégradé, lignes d’arbres de plein champ en limite de Le pinceau de l’artiste accentue l’impression de « massacre » parcelle, haie basse entretenue mais interrompue. de la haie routière. Des arbres ont été tronçonnés à moins d’un mètre du sol. A l’arrière-plan, les silhouettes élancées et décharnées ressemblent à des « ragasses », arbres régulière- ment ébranchés des bocages de l’Ouest.

Aquarelle Michel Perrot. Aquarelle

6 | Guide Citoyen du Bazois 2016 HISTOIRE DU BOCAGE

Il est difficile de se faire une idée de la forme et de l’éten- due du bocage en Bazois jusqu’à la fin du Moyen Age. A partir du XVIème siècle, de nombreuses sources comme les descriptions de contrées, les plans-terriers, les in- ventaires, les reconnaissances de droits et les contrats d’exploitation donnent une meilleure idée du dévelop- pement du bocage en Bazois. Nous défendrons ici l’idée que deux formes héritées de bocages coexistent aujourd’hui : • le bocage des grands domaines, à larges mailles, est le plus ancien. C’est celui qui recule le plus rapidement HISTOIRE aujourd’hui. Histoire du bocage • le bocage des communautés rurales, villageoises ou familiales, à petites mailles, s’est surtout développé DU BOCAGE autour des hameaux au XIXème siècle. Son recul est moins systématique.

Le bocage du Bazois : déjà une longue histoire

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 7 LE TEMPS DU GRAND BOCAGE ARISTOCRATIQUE

Avant 1789, les petites parcelles des membres des communau- Avec plus d’un siècle de retard sur l’Angleterre, la tés sont rarement encloses ou le sont temporairement, dans ébauche un mouvement « d’enclosures » lié pour une part à le cas de rotations culturales décidées et gérées en commun. la croissance de la demande urbaine de viande. Les commu- C’est dans les grands domaines que naît le bocage comme nautés villageoises réagissent souvent négativement (conflits système paysager. juridiques). Les baux à bordelage fournissent au seigneur C’est à eux que s’applique l’adage repris par le juriste niver- une rente foncière qui se détériore très vite aux XVIIème et nais Guy Coquille (vers 1595) « qui bouche il garde ». Il veut XVIIIème siècles. dire par là que celui qui enclot ses terres de haies vives (ou Ces mêmes baux restent pourtant essentiels pour les com- « bouchures ») en assure la pleine possession individuelle. munautés familiales comme celle de Panneçot (commune de Les domaines se spécialisent alors dans l’élevage et, très lo- Limanton). Elles y voient une garantie de leur survie. En même calement, après 1770, dans l’élevage charolais. Le bocage temps, elles sont minées de l’intérieur par la poussée de re- à larges mailles entoure de nouvelles grandes parcelles vendications individualistes qui font évoluer leur propre vision nommées « L’Embauche », « Les Closeaux », « les Clos », du bocage. « les Clous », « Le Grand Pré », « Les Pâtureaux », « La Prairie » ou, plus explicite encore, « La Prairie de fauche ». Ces par- celles sont souvent prises sur les espaces de gestion collective. Des systèmes coûteux d’irrigation des prés de fauche sont mis en place. Le grand bocage en péril

8 | Guide Citoyen du Bazois 2016 LE TRIOMPHE DU MODÈLE BOCAGER AU XIXÈME SIÈCLE

La Révolution Française redistribue en partie la grande pro- Les habitants des villages et des hameaux s’inspirent des priété mais modifie peu les modes de vie et les paysages. notables en créant à leur tour un bocage, le petit bocage po- Les grands exploitants mettent une conduite rigoureuse pulaire. Ce petit bocage a aussi son origine dans l’enbocage- du bocage au service de leur activité de gros éleveurs : dé- ment des petites parcelles de jardins entourant les maisons fense des grandes parcelles « modernisées » contre les de maîtres des domaines, dès le XVIIIe siècle. En période de dernières formes de droit coutumier, protection du bé- pénurie croissante de bois, la petite paysannerie voit d’abord tail, appoint fourrager. Les transferts d’animaux se font sur dans la haie arborée une ressource, surtout pour le chauffage. des voies élargies, de mieux en mieux empierrées. Ces dé- Par ailleurs l’engouement est général pour l’accès au statut placements sont comme guidés par un nouveau réseau de propriétaire. Les micro-propriétaires considèrent la pos- de haies dont une des fonctions est de limiter les divaga- session d’une haie de belle allure, entretenue autour de leurs tions des troupeaux et l’orniérage des bords de champs. petites parcelles à proximité de leur maison (jardins et ouches) comme un signe de prestige. Ce mouvement doit beaucoup, La « révolution de l’élevage » se poursuit. C’est la grande avant 1880, au modèle social du notable rural, lui-même truf- époque de l’embouche, soutenue par l’État et le Conseil Gé- fé de références à l’ancienne aristocratie. Le mouvement de néral : encouragement aux foires et création des comices, sé- création du bocage populaire par la petite paysannerie est une Histoire du bocage lection des races, fermes-modèles comme celle de Poussery à conséquence inattendue et encore peu étudiée de son accès à , nouvelles réglementations, impulsion au dévelop- un espace d’expression politique par l’institution du suffrage pement des canaux puis des chemins de fer. universel à partir de 1848.

Le maillage moyen entretenu

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 9 LES PREMIERES ATTEINTES AU SYSTÈME BOCAGER DE 1880 AUX ANNÉES 1960

Le système ancien du grand bocage reste actif, mais les in- cidences paysagères du dépeuplement des campagnes sont grandes : l’entretien des haies se poursuit avec de moins en moins d’actifs, ce qui tend à privilégier les modes d’entretien mécanique, eux-mêmes destructeurs d’emplois. Progressive- ment, et plus tard dans le petit bocage, le plessage (voir plus haut les images de haies « pléchée ») est abandonné par les travailleurs des campagnes. À la fin des années 1960, l’entre- tien de toutes les haies est assuré par les nouveaux tracteurs privés ou communaux équipés de broyeurs (épareuses), qui remplacent l’homme et, pour d’autres tâches, les appareils à traction hippomobile. L’automobile facilite les échanges à dis- tance et les progrès des télécommunications et des médias assurent le brassage des modèles paysagers. En marge de notre sujet et plus globalement sur le plan de la densité en arbres et en arbustes, deux mouvements s’op- posent :

• La progression quantitative de l’arbre à grande échelle. La Le maillage moyen entretenu chute de la pression locale sur son utilisation comme éner- gie et l’effondrement de la population des ouvriers agricoles font reculer l’entretien minutieux de la haie et plus généra- lement des petits espaces boisés : l’arbre gagne certaines parcelles trop petites pour une exploitation mécanique rentable, d’anciens espaces d’usages communs comme les Triomphe de l’élevage charolais « chaumes », les « rues » les plus larges ou les bords de ri- jusque dans le petit bocage vières (la ripisylve) retrouvent une allure « naturelle » fores- tière. Le petit bocage privé et populaire né dans la phase précédente se densifie en arbres à l’intérieur des petites parcelles de jardins. • La dégradation des haies du grand bocage et des ouches en périphérie des hameaux et des villages. De fait, on observe un début d’appauvrissement de la haie, une atteinte à sa continuité et à la complémentarité de ses strates. L’arbre ne régresse beaucoup que dans le bocage à larges mailles.

10 | Guide Citoyen du Bazois 2016 UN RECUL RAPIDE DU GRAND BOCAGE DEPUIS LES ANNÉES 1960

Depuis les années 1960, la Bour- annexe des récits de contes, la haie plient en Bazois. En 2015, le collectif gogne a perdu le quart de son bo- devient le lieu d’une vision urbanisée « Nivern’haies » est créé en Niver- cage. Les transformations du bocage de la « nature » ou d’une vision nos- nais central. Il regroupe de nou- esquissées dans la phase précédente talgique de la petite patrie. Elle se veaux acteurs issus de la société s’accélèrent au point de renforcer le charge de symboliques multiples. On civile, porteurs d’initiatives éparses contraste entre grand et petit bo- l’érige en terrain privilégié du combat développées dans les quinze der- cage : le triomphe du broyeur unifor- pour la préservation de cette même nières années. Ces acteurs locaux mise l’allure du bocage. La haie basse nature. prônent d’appliquer à la défense et taillée au carré se généralise, souvent à la promotion de la haie de nou- Avec un succès inégal, la région Bour- associée en Bazois à quelques grands velles formes de citoyennetées de : gogne investit dans l’aide à la conser- arbres. L’exploitation complète de vation des bocages. En 2003, La • l’expérience du développement lo- la haie disparaît ainsi que sa gestion Communauté de Communes du Ba- cal, des cheminements de vie per- pluri-décennale. zois crée une commission paysage. A sonnels ou collectifs, Une mutation de la représentation partir de 2008, les actions concertées •  des engagements associatifs di- culturelle de la haie s’opère : jadis au- de pléchage, nées à l’initiative du Parc vers autour de la biodiversité ou de Histoire du bocage xiliaire du quotidien rural et support naturel régional du Morvan, se multi- la protection de la faune.

Trois destins d’un chemin de bocage au grand Anizy (voir page 12)

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 11 L’EVOLUTION D’UN PETIT BOCAGE EN BAZOIS

Le bocage au Grand-Anizy, commune de Limanton, vers 1830. 1| Les mailles bocagères ont une taille moyenne de 1 ha. Toutes les parcelles sont entourées de haies, à l’exception notable des micro-parcelles allongées (jardins et ouches), à proximité des maisons ou- vrières du Grand-Anizy. Les haies limitent également les chemins dont la largeur est mal hiérarchisée.

Le bocage au Grand-Anizy, vers 2010. En 180 ans, quelques haies de chemin et 2| de parcelles restent en place mais le recul du bocage est évident : • D’anciens chemins ont été abandonnés. Les haies qui les bordaient ont dispa- 1| ru ou sont repérables par des arbres alignés ou encore enserrent de longs bosquets développés sur l’emprise an- cienne du chemin, par défaut de pas- sage et d’entretien (voir photo page 11). • Le parcellaire s’est élargi à distance des maisons et s’est réduit à proximité. • De nouvelles haies ont été implantées sur les bords de la large route rectiligne qui mène depuis le milieu du XIXe siècle de Panneçot à Moulins-Engilbert. • Une partie des jardins et des ouches a été limitée par des haies basses.

Au final, les haies sont moins nombreuses mais les espaces boisés ont progressé. 2|

12 | Guide Citoyen du Bazois 2016 LA PAROLE DES HABITANTS

En 2014-2015, nous avons collecté la parole d’un panel d’habitants du Bazois. Chacun s’est exprimé librement et nous avons tenu à retranscrire fidèlement les propos recueillis. Il nous a fallu trier dans la masse des témoi- gnages. • Des agriculteurs : Lucien, retraité à Châtillon-en-Bazois, Sylvain, éleveur à Mont-et-Marré, Bertrand, jeune éle- veur et céréalier à Achun, Didier, céréalier à Tintury. • Un résident secondaire : Joël à Mont-et-Marré LA PAROLE • Des enseignantes : Stéphanie à Châtillon-en-Bazois, Eliane, retraitée à • Un employé municipal : Stéphane à Châtillon-en-Bazois. DES HABITANTS • Une habitante native du Bazois : Annie à Mont-et-Marré. • Une nouvelle habitante : Martine à Limanton.

• Un bûcheron : Gilles, retraité à Mont-et-Marré. La parole des habitants • Des élèves d’une classe de CP : Gatien, Louise, Céleste et Adam.

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 13 QU’EST-CE QUE LE BOCAGE EVOQUE POUR VOUS ?

Je viens d’un endroit où il n’y a pas de haies, il n’y a que des champs avec des clôtures et des « C’est tellement beau dans le paysage » barbelés et je trouve bien de les voir ici, si elles Martine disparaissent c’est dommage. Stéphanie

Randonneurs sur un sentier en Bazois

C’était forcément utile et c’est plus joli que les barbelés dans le paysage. Gilles

Par rapport aux visiteurs, c’est joli d’avoir de petites haies. Une haie taillée rentre bien dans le paysage. On n’a plus de grosses haies hautes. Je trouve qu’une commune avec des haies taillées est une commune bien entretenue. Sylvain

Le plaisir de marcher avec la protection des haies, les paysages fractionnés, pour le plaisir des yeux, pour les odeurs. Surtout, quand on a une vue d’en haut, ça fait une mosaïque de couleurs. Joël

14 | Guide Citoyen du Bazois 2016 LES HAIES VOUS SEMBLENT-ELLES UTILES ?

Elles sont utiles contre l’érosion, elles n’ont pas « A chaque saison, les haies ont leur utilité » un rôle drainant, mais quand il y a de la neige ça Sylvain évite d’avoir des grosses congères, les animaux s’abritent au bord des haies. Bertrand On est conscient de l’utilité maintenant. Il y a des gens qui nous sensibilisent dessus et c’est intéressant. On s’aperçoit que c’est bien utile et on comprend aussi pourquoi les agriculteurs Au printemps, suite à des petites pluies ou des les gardent. Ça fait partie du paysage autour de coups de vent, les bêtes se mettent à l’abri der- nous donc c’est important d’expliquer aux en- rière les haies ou sous les arbres. En été, c’est fants leur utilité. pour se protéger du soleil ou de l’orage. En au- Continuer à sensibiliser, mais pas seulement les tomne, elles protègent du froid. enfants, les habitants aussi. Sylvain Stéphanie La parole des habitants

Si les Anciens avaient mis et entretenu des haies, Démonstration de pléchage, Montapas, février 2016 c’est pour quelque chose… A force de faire tout ça, on doit participer au réchauffement de la planète. Puisqu’il n’y a plus de racines quand on les arrache, l’eau ruisselle partout et n’est plus absorbée. Vers le lavoir du Balais, c’est beaucoup plus inondé qu’avant, quand il y avait des haies hautes. Gilles

Contre les inondations, contre le vent, contre tout en fin de compte, c’est vraiment une bar- rière naturelle. Annie

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 15 QUE DIRE DE L’ENTRETIEN DES HAIES ? « C’est un travail contraignant, c’est difficile, mais il faut le faire » Bertrand

Il faut le faire tous les ans ou les 2 ans. Un pré en général c’est 2 heures, voire 3 heures avec des haies tout autour. J’ai toujours dit depuis tout ga- Haie coupée à la tronçonneuse, récupération en bois de min que c’est un boulot qui est dur, mais quand chauffage, régénération en cépée Dun-sur-Grandry on l’a fini, on est fier de l’avoir fait. Bertrand

On a de plus en plus de contraintes, qu’elles soient économiques, environnementales, on fait avec, tout en essayant de préserver le plus pos- sible. Il faut dépenser le moins possible pour s’en sortir donc on est amené à faire des choses qui ne plaisent peut-être pas à tout le monde, mais qui sont faites par nécessité, genre : arracher des haies, regrouper des parcelles, enlever les mares. Il y a certaines choses qui se sont faites et qui se font un peu moins aujourd’hui. Dans ma commune, il y a de la verdure, il y a tout ce qu’on peut rêver en habitant la campagne. On est assez verni de ce côté-là, c’est assez joli, c’est vrai que ça nous coûte de l’argent de pouvoir garder un paysage comme ça. Si on n’est plus là demain en tant qu’éleveurs ou même céréaliers, le paysage deviendra de la friche, des ronces, des arbres par- tout, je ne sais pas si les gens en sont conscients. Dans ma jeunesse, les haies étaient en général toutes simples, c’était Didier des haies bocagères, des noisetiers, des petits arbustes, quelquefois des arbres qu’on laissait pousser plus ou moins haut. De temps en Les agriculteurs sont fiers d’entretenir le paysage. temps, quand les agriculteurs avaient le temps ils les coupaient en Il y a de plus en plus de personnes qui apprécient hauteur, jamais ils ne les coupaient très bas. Ce n’était pas des haies la nature. Ce n’est pas un sacrifice d’entretenir les pléchées comme dans le Morvan, c’était des haies droites. D’ailleurs il y haies pour les agriculteurs, ça se fait naturelle- en a encore. Il y a des trous, le gibier passe au travers, il faut bien aussi. ment. Souvent ils ont mis des fils de fer à côté de la haie. Sylvain Eliane

16 | Guide Citoyen du Bazois 2016 COMMENT VOYEZ-VOUS EVOLUER LE BOCAGE ?

Il y en a qui supprime les haies, mais on essaie « Les haies diminuent d’année en année » de faire attention parce que c’est important au Bertrand niveau de l’érosion, c’est important de les garder parce qu’après on n’a plus de gibier.

Bertrand Le bocage se dégrade, se rétrécit. Il est assassi- né pour développer des cultures intensives. Ça s’est terriblement dégradé depuis qu’on a ache- A notre grand désespoir elles disparaissent, je té notre maison, il y a 20 ans. Entre chez nous et pense qu’il faut vraiment mobiliser entre autres le Balais, il n’y avait que des haies, maintenant, les agriculteurs qui sont souvent propriétaires, il y en a de moins en moins il en reste des tron- pour conserver les haies. Déjà en bordure de çons. Les haies disparaissent pour l’argent. Les route je pense qu’il serait inutile d’abattre les agriculteurs font ce qu’ils peuvent pour survivre haies. aujourd’hui au détriment du paysage. C’est la loi du marché. Annie

Joël La parole des habitants

Le dernier massacre ça a été le remembrement Haies arborescentes arrachées (Châtillon-en Bazois) d’ vers 71-72 et après est venu le remem- brement à Châtillon-en-Bazois en 74 et puis à Montapas. C’était un gaspillage monstre. C’était bien d’avoir des grandes parcelles mais il y avait moyen de les calculer pour déplacer les haies. Lucien

C’est extrêmement difficile de revenir dans l’autre sens, mais j’en connais qui arrachent et qui replantent. A côté de chez moi sur un do- maine privé qui est loué, je crois que c’est le propriétaire qui replante et son employé fait l’entretien. Martine

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 17 18 |GuideCitoyen duBazois2016 LE BOCAGE DANS LE BAZOIS LE BOCAGE DANS LE BAZOIS Sardy-Les- Sardy-Les-Epiry

EtangsEtangs de de BayeBaye et et de de Vaux Vaux Epiry LaLa Collancelle Collancelle Epiry o MontreuillonMontreuillon

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Mont-et-MarréMont-et-Marré Dun-sur-Grandry ChougnyChougny Dun-sur-Grandry Savigny SermentraySermentray Savigny Les LesChaumes Chaumes Mathé Mathé Montapas RignyRigny Montapas OugnyOugnyLe PetitLe Petit Massé Massé StSt Benin Benin des des Champs Champs Mingot Mingot Le Petit Neuzilly Vouavre Saint-Péreuse Le Petit Neuzilly Bernière Vouavre Saint-Péreuse Bernière Frasnay Frasnay Tamnay-en-Bazois Champeau Tamnay-en-Bazois Champeau Vers Château-Chinon/

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Le bocage villageois Bois / forêt Mailles de moins de 2 ha Bois / forêt Limite de la CCB LESLEGENDE TROIS TYPES DE BOCAGE Le bocage intermédiaire EtangEtang Limite communale Le bocage villageois Mailles de 2 à 10 ha Le bocage villageois Bois / forêt Mailles de moins de 2 ha Limite de la CCB Mailles de moins de 2 ha Centre bourg Le grand bocage Canal du Nivernais Le bocage intermédiaire Mailles de plus de 10 ha Canal du Nivernais Le bocage intermédiaire Hameau Etang Limite communale MaillesMailles de 2 à 10 de ha 2 à 10 ha Route secondaire Zones de très fort recul actuel du bocage Centre bourg RivièreRivière Le grand bocage LEGENDE Progrès des cultures, arrachages de Axe routier majeur Le grand bocage Canal du Nivernais MaillesMailles de plus dede 10 plus ha de 10 ha haies systématiques Hameau Le bocage villageois LEGENDE Bois / forêt LimiteLimite de la CCBde la CCB Zone de très fort recul actuelMailles de dumoins bocagede 2 ha Route secondaire Zones de très fort recul LEGENDE actuelProgrès du bocage des cultures, arrachageRivière Le bocage villageois LEGENDE Bois / forêt Progrès des cultures, arrachages de Mailles de moins de 2 ha Axe routier majeur Limite de la CCB Le bocage villageois systématique de haies Le bocage intermédiaire Bois / forêt Limite de la CCB haies systématiques Mailles de moins de 2 ha Etang Limite communale Mailles de 2 à 10 haLe bocage villageois Bois / forêt Limite communale MaillesLe bocage de moinsintermédiaire de 2 ha Limite de la CCB Etang Limite communale Mailles de 2 à 10 ha Le bocage intermédiaire Etang Limite communale Mailles de 2 à 10 ha Centre bourg Le grand bocage Le bocage intermédiaire Centre bourg Etang LimiteCentre communale bourg MaillesLe grand de bocage 2 à 10 ha Canal du Nivernais Mailles de plus de 10 ha Canal du Nivernais Centre bourg Mailles de plus de 10 ha Hameau Le grand bocage Canal du Nivernais Hameau Guide Citoyen duBazois 2016 |19 Mailles de plus de 10 ha CentreHameau bourg Le grand bocage Hameau Canal du Nivernais Route secondaire Zones de très fort recul Route secondaire Zones de très fort reculMailles de plus de 10 ha actuel du bocage RouteHameau secondaire Zones de très fort recul Rivière actuel du bocage Progrès des cultures, arrachages de AxeRoute routier majeur secondaire actuel du bocage Rivière haies systématiques Rivière RouteAxe secondaire routier majeur Progrès des cultures, arrachagesProgrèsZones dedes très cultures, fortde recul arrachages de Axe routier majeur haies systématiques haiesactuel systématiques du bocage Rivière Progrès des cultures, arrachages de AxeAxe routier majeur routier majeur haies systématiques

La cartographie COMMENT VOYEZ-VOUS EVOLUER LE BOCAGE ?

Dans ma commune, le bocage n’a pas beaucoup Autour de chez moi elles ne disparaissent pas, après je évolué. Par contre, dans d’autres communes n’ai pas le recul. Je suis arrivée dans la Nièvre il y a 15 ans. du canton, depuis la PAC1 de 92, le paysage a Même la commune les entretient à côté de chez nous, évolué. Les exploitations ont grandi, le matériel alors que ce sont des haies privées, le long de la route. a grossi, avec plus de mécanisation. Pour faci- C’est intéressant ça nous aide à vouloir les garder plutôt liter le travail, des haies ont été enlevées. Avec que les enlever. la nouvelle PAC, les agriculteurs sont plus avisés par rapport à la diversité, à la conservation des Stéphanie arbres et de quelques haies. Ils ont une nouvelle écoute, une nouvelle sensibilisation. Pas tous les On a tendance à les rogner. Quand elles n’y sont plus on agriculteurs, bien sûr, mais beaucoup. n'a plus besoin de les entretenir. Sylvain Stéphane

Haie plèchée à la maison du Bazois (Alluy)

1. PAC : Politique Agricole Commune

20 | Guide Citoyen du Bazois 2016 QU’EN PENSENT LES ENFANTS ?

Et puis des fois les oiseaux peuvent faire des nids dedans. Ça abrite les animaux. « C’est pour séparer les Céleste champs et aussi c’est C’est utile il y a les baies, il y a le à gratter, pour les petits animaux comme ça les oiseaux peuvent manger. qui habitent dedans » Louise Gatien

C’est bien, pour nourrir les animaux, les oi- seaux, le blaireau, la belette. Adam La parole des habitants

Fruits rouges et nids dans un chemin près de l’école

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 21 LA PAROLE DES NATURALISTES Sophie LAMIRAULT, habitante du Bazois s’est spécialisée dans l’étude de la faune et de la flore.

Y a-t-il une faune et une Dans le Bazois quels sont Chaque niveau et chaque type de haie abrite flore spécifique à la haie? les animaux qui reviennent une faune appropriée Aujourd’hui, les haies jouent un rôle ou qui ont disparu? Tous les animaux représentés ici vivent dans les primordial, le rôle de corridor écolo- Ce sera plus au niveau des ripisyl- haies. Ils les utilisent pour leurs déplacements, gique, qui fait le lien entre les forêts, ves, les haies qui sont en bordure pour se nourrir, se reproduire et aussi comme zone les prairies, etc. Ça permet aux ani- des cours d’eau. On peut parler du de refuge. maux de circuler car ils se sentent à retour du castor d’Europe. Il reprend • La couleuvre à collier va se réchauffer sur une l’abri. Ça sert aussi d’habitat pour cer- sa place d’origine. En 1930, il a été vieille souche au soleil, taines espèces, comme le petit gibier, presque exterminé pour sa fourrure le faisan, le lièvre et le hérisson. Ils • Le petit rhinolophe (tout comme bien d’autres par le piégeage, il a commencé à être espèces de chauve-souris) va utiliser le linéaire ont besoin de ces petites zones tam- relâché et aujourd’hui il recolonise le pon pour se réfugier. Le faucon cré- des haies pour l’écholocation et se repérer ainsi territoire qu’il avait avant. Le castor dans l’espace en pleine nuit. cerelle, qui est un allié pour le monde va tailler dans la ripisylve, le saule…Il • La buse variable utilise une branche haute dé- agricole, va consommer des ron- va refaire des barrages. gagée en guise de mirador afin d’observer ses geurs, ce qui va limiter les attaques Il y a des castors à Châtillon-en-Ba- futures proies. sur les plantations, les cultures. Il y a zois en Bazois. J’étais allée voir une aussi les serpents, les insectes dans personne qui habite au bord de • La fauvette à tête noire trouve les fruits et les la bordure enherbée. l’Aron pour des dégâts dans de pe- baies nécessaires à son alimentation. tits saules qu’elle avait plantés pour Y a-t-il une différence maintenir ses berges. Concernant la «ripisylve» (haie bordant un cours d’eau) : entre les haies basses et La loutre d’Europe revient égale- • Le castor d’Europe va couper des arbres afin les haies hautes pour la ment. Il existe un groupe loutre au niveau Bourgogne, dont je fais par- d’en consommer l’écorce et les feuilles. Les bran- faune? tie. La loutre va apprécier un arbre chages pourront également lui permettre de Dans une haie haute, on peut trouver mort tombé d’une haie ripisylve, elle confectionner des barrages pour régler le niveau des rapaces et d’autres oiseaux qui va avoir sa catiche - son nid- dans les d’eau à sa convenance. vont venir y nicher. souches ou un tronc mort • La loutre d’Europe trouvera un arbre creux. Dans les haies basses, on trouve des Ainsi elle pourra créer une catiche (nid) pour y petits passereaux (des mésanges, élever ses petits. des pinsons…) • Le martin pêcheur se perche afin de guetter les Dans les anciennes haies, il y a une petits poissons qu’il va pêcher. grosse diversité végétale qui va ap- • Les poissons utilisent les racines des arbres porter des fruits pour les oiseaux, les comme zones de refuge. La ripisylve leur procure mammifères. également des zones d’ombres qui permettent Une haie est utile au niveau de de réguler la température de l’eau en cas d’enso- l’ombre pour tous ces animaux. leillement trop important.

22 | Guide Citoyen du Bazois 2016

LA PAROLE DES NATURALISTES La parole des naturalistes

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 23 LA PAROLE DES NATURALISTES Nicolas LESIEUR travaille au parc du Morvan sur les sites Natura 2000.

Les haies sont une des caractéristiques fortes de notre pay- sage. Le maillage ainsi formé par le réseau de haies donne une certaine cohérence au paysage local. La haie actuelle, qui se développe sur un sol acide, se carac- térise par une haie basse (« brosse » en patois) taillée au car- rée et accompagnée d’arbres de haut-jet (châtaignier, charme, chêne, frêne, hêtre, merisier). Les arbustes qui la composent sont principalement le charme, le noisetier, l’aubépine, le pru- nellier, le houx et le sureau. Issue de savoir-faire celtiques, la haie plessée (ou pléchée) est devenue rare. Ces gestes ancestraux consistent à entailler un certain nombre de tiges verticales afin de pouvoir les orienter horizontalement, les tresser entre elles, et laisser repartir les rejets verticaux. Cette technique présente l’avantage de for- mer une barrière naturelle. Les intérêts de la haie sont bien connus : • la régulation climatique, par l’effet de brise-vent qui dépend de la densité et de la hauteur de la haie permettant une di- minution de la vitesse du vent, La haie retient l’eau, ce qui évite un lessivage des terres ; • la régulation hydraulique en favorisant l’infiltration dans le elle ralentit l’écoulement et donc évite ou diminue les crues sol, le stockage dans les nappes phréatiques et l’absorption des rivières (M. BOURAND) progressive des éléments minéraux du sol par les végétaux, • la protection des sols contre l’érosion hydrique et éolienne. D’autre part, le réseau de haies a un impact significatif sur la fertilité des sols (redistribution des éléments minéraux), • une fonction de production de bois de chauffage ou d’outil- lage, espèces alimentaires et médicinales, • l’amélioration du cadre de vie.

24 | Guide Citoyen du Bazois 2016 LA PAROLE DES NATURALISTES

Les haies trop denses perdent leur aspect fonctionnel. Une haie qui fait vraiment « mur » arrête le vent et crée une perturbation juste derrière la haie.

Une haie relativement perméable à un effet brise vent, il n’y aura pas de perturbation jusqu’à 15 fois la hauteur de la haie à l’intérieur de la parcelle. Elle limite l’érosion éolienne et va avoir une influence sur le rendement comme on le verra page 33. La parole des naturalistes

Haie haute séparations entre deux parcelles cultivées.

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 25 LA PAROLE DES NATURALISTES Romain GELOS : spécialiste à la MELA2 travaille sur le Nivernais.

« La MELA soutient le programme « Bocage et paysages » du la région car ils ne le connaissent pas. On facilite leur projet en Conseil régional de Bourgogne. faisant les démarches administratives (les dossiers, le choix des espèces, leur commande et même les entreprises pour la plan- Cette structure fait un inventaire des haies et des éléments re- tation), ils obtiennent des aides de la région et du coup le projet marquables (arbres, mares…) dans 52 communes du sud-ouest du devient possible pour eux. département dans un but de sauvegarde. Une carte dressée pour chaque commune est donnée au maire. L’inventaire est fait à par- Les projets sont d’environ de 1 km-1,5 km par agriculteur, un gros tir de photos aériennes ou en parcourant la commune, ce qui est céréalier a même replanté 7 km de haies. Les plus gros projets sont beaucoup plus long. portés par des céréaliers car ils se rendent compte eux même de l’intérêt des haies. Quelque fois c’est juste paysagé, ils ont envie Ensuite les spécialistes font des propositions aux maires ou aux de voir des haies dans leur paysage, des fois ils sont chasseurs, ils exploitants agricoles dans le but de replanter les haies (30 km de ont compris que c’est un abri pour la faune. » haies ont été replantées sur cette région, principalement chez des agriculteurs ou des particuliers). Ils aident au montage des dossiers. Pour les communes, nous avons d’autres arguments, c’est plus de reconnecter le maillage, faire en sorte qu’il n’y ait pas de trou Ce sont les agriculteurs qui sont demandeurs, il n’y a pas d’obli- dans le paysage. » gation. Ils ne viennent pas encore nous voir, on leur pose la ques- tion quand on les rencontre dans le cadre de nos études sur les communes. On leur donne l’information sur le programme de Perspectives bocagères aux confins du Bazois et du Morvan, vues des hauteurs de Dun-sur-Grandry

2. MELA : Maison de l’Environnement Loire et Allier

26 | Guide Citoyen du Bazois 2016 LA PAROLE DES NATURALISTES

« Pas de sensibilisation avant arrachage. Il Haie champêtre diversifiée n’est pas possible de connaître les agriculteurs qui vont arracher leur haie, quand on voit les engins il est déjà trop tard, les gens ont ré- fléchi, ils savent pourquoi ils veulent arracher, ils savent combien ça va leur coûter. Intervenir à ce stade provoquerait un conflit.

Avec la nouvelle PAC3 il y a des changements qui vont dans le sens du bocage, des change- ments assez conséquents, la haie est reconnue « d’utilité » dans l’agriculture et les exploitants sont obligés de conserver une partie de surface environnementale dont les haies, s’ils veulent toucher leurs aides. Il y a d’autres alternatives à la haie dans cette

surface environnementale, comme les protéa- La parole des naturalistes gineux, tout ce qui est féverole, pois… mais il y Source : M. BOURAND a quand même le volet sensé préserver toutes les haies existantes. On aura toujours le droit d’arracher mais dans des conditions très enca- drées et qui en général obligent à replanter à côté. C’est une belle démarche. Pour que ce soit pérenne il faut que les agricul- teurs retrouvent du sens à leurs haies que ce ne soit pas pour eux que de l’entretien à faire et un coût. »

Romain GELOS

3. PAC : Politique Agricole Commune

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 27 LA LOI AU SECOURS DU BOCAGE

Deux témoignages :

Interrogations de Jean-Philippe téressant pour tous les élus. Il faudrait Bertrand, jeune agriculteur Panier, maire de Biches qu’on arrive à conserver nos bocages. Avec la PAC certains vont avoir une Les haies font partie de nos paysages. Ces haies font partie du patrimoine, c’est suppression d’aides et devont re- Le Conseil Départemental a demandé de l’histoire, il faut absolument les préser- mettre des haies à des endroits, des ver. Pour les propriétaires terriens, il n’y faire l’élagage sur la D132 à tous les ri- petits bocages, des trucs simples mais a pas une législation stricte là-dessus, verains. La commune a loué un lamier et très importants. On a l’obligation de on voit effectivement par endroits des on coupe proprement les troncs. garder, selon un pourcentage de su- arrachages de haies régulièrement, c’est On a un tracteur broyeur et l’employé perficie, des haies, des murs, des arrivé à Biches il n’y a pas longtemps. intervient plusieurs fois par an sur les abords de forêt. Ce sera peut-être dif- Dans ce cas, le pouvoir de police du voies communales pour les haies et puis ficile à mettre en place. Tous les ans on maire ne peut pas fonctionner. sur les chemins ruraux, les chemins de fait une déclaration de nos surfaces. A ma connaissance, je ne connais pas randonnées... Tous les chemins ruraux Tous les 5 ans il y a une photo qui est toute la réglementation, car c’est rela- ne sont pas systématiquement entre- prise de nos terres et ils verront s’il y a tivement complexe. C’est le Code ru- tenus, car certains n’ont pas été suivis des haies supprimées. ral ? j’avoue que je ne sais pas s’il y a depuis longtemps, ils sont enfouis dans des règles précises au niveau des haies la nature, mais j’ai demandé à ce qu’on Ces témoignages font écho au désir de la vives. Un jour, il va falloir qu’on s’y colle. reprenne tous les chemins. Il faut qu’on très grande majorité des habitants du Ba- Pas seulement au niveau de Biches, mais fasse un inventaire et voir ce qu’on peut zois de voir leur bocage protégé. Beaucoup au niveau du territoire, il faudrait qu’on faire pour les rouvrir car il y en a qui se ignorent les leviers légaux qui peuvent être mobilisés. regarde la réglementation, ça serait in- perdent.

Le statut juridique des haies La question de la propriété de la haie est essentielle pour déterminer son statut. Il y a quatre sortes de haies : • les haies entièrement situées sur une parcelle privée, auxquelles il faut joindre les orées de bois et les bosquets allongés occupant une parcelle. • les haies mitoyennes entre deux propriétaires privés, • les haies mitoyennes entre le domaine public (ou le domaine privé d’une collectivité lo- cale) et un propriétaire privé • les haies entièrement situées sur le domaine public.

28 | Guide Citoyen du Bazois 2016 tier. Les espaces boiséset leshaiespeuvent être protégés par : • et lesprotections conventionnelles. Les moyens de protection juridique des haies sont très nombreux. On peut les classer en deux types : Les protections réglementaires DES HAIES LA PROTECTIONJURIDIQUE l’environnement, lecode dupatrimoine, ainsiquelecode fores des collectivités territoriales, lecode del’urbanisme, lecode de dans lecode civil,lecode rural, lecode dela voirie routière, lecode Les règles concernant laprotection deshaiessont dispersées Les protections réglementaires. > >  >  >  >  avec nécessité d’autorisation pour lesabattages. mesures de protection desarbres et deshaies sements communaux peuvent contenir des lesclas et Les planslocaux d’urbanisme (PLU) Les protections deniveau européen haies par lesarrêtés deprotection dubiotope. tral et permet laprotection indirecte decertaines Ce classement est très précis sur leplancadas tion et desautorisations d’arrachage deshaies. qui imposeàla fois desobligations de conserva ralement lié à une procédure de remembrement Le classement par arrêté préfectoral est géné jourd’hui dépassés. circulaire de1994(loi paysage de1993), au Les cahiers derecommandation issusdela paysager ». sélectivede territoirespardésignés leur intérêt« valeur despaysages imposent uneprotection Les directives deprotection et de mise en 4 ------4. D’après un texte de Catherine GIRAUDEL, Université de Limoges (2002) Limoges de Université GIRAUDEL, Catherine de texte un D’après 4. • actuelle : Elles résultent de contrats et tendent à se développer à l’heure Les protections conventionnelles. >  >  >  >  >  >  La convention européenne dupaysage. Les chartesdesparcs naturels régionaux. nant l’arrachage deshaiespar lepreneur. le statut dubailà ferme danslecode rural concer Les contrats relatifs àlamaîtrised’usage. Voir leur droit depréemption. par ici intéressant rôle un jouer peuvent SAFER Les contrats relatifs àlamaîtrise foncière. Les sentes danslaloid’orientation sur la forêt. Les chartes forestières de territoire sont pré font partie. en » 2000 Naturaréglementaires. « contratsLes gestion, ce quin’est pasle cas desprotections permettent deprendre desmesures positives de de gestionbocagers, très intéressants parce qu’ils plans aujourd’hui, vitesse de perte en CTE, : tion financier, lescontrats particuliers d’exploita Notamment lescontrats d’accompagnement Guide Citoyen duBazois 2016 |29 - - -

La loi au secours du bocage POUR S’Y RETROUVER DANS LA JUNGLE DES CODES

Code civil du propriétaire riverain, dont plan simple de gestion, coupes • L’article L350-1 développe la • L’article 671 fixe les distances la responsabilité est engagée faisant l’objet d’une autorisation notion de structure paysagère) de plantations à la limite de en cas d’accident. L’alinéa 2.2 spéciale. La loi autorise aussi la l’État peut prendre des direc- propriété riveraine. décrit Les outils de protection protection des arbres au titre tives de protection et de mise • L’article 672 donne les règles et et de préservation des espaces des monuments historiques en valeur des paysages à condi- conditions légales d’arrachage végétalisés. (rare). Les alignements d’arbres tion de le faire en concertation ou de replantation remarquables sont le plus sou- avec les collectivités territo- Code de l’urbanisme vent protégés au titre des sites riales concernées qui peuvent Code rural • L’article L130-1 concerne les inscrits ou classés. aussi en être à l’initiative. Les associations de protection de • L’article D161-14, 23 et 24 plans locaux d’urbanisme et • L’article L480-1 et 4 précise l’environnement agréées et concerne les plantations les possibilités de classement ce qui doit être fait, s’il y a eu les organisations profession- d’arbres dans l’emprise des che- d’espaces boisés, d’arbres iso- classement, dans le cas d’arase- nelles peuvent y être associées. mins ruraux et fixe la position à lés, de bois, de forêts, de parcs ments abusifs. Leurs dispositions sont oppo- tenir sur les branches et racines à conserver, à protéger ou à • L’article R421-23 précise com- sables aux demandes d’autori- des arbres qui avancent sur créer, de haies ou de réseaux de ment un maire ou un président sations de défrichement, d’oc- l’emprise des chemins ruraux. haies, de plantations d’aligne- de communauté de commune ment. Il peut entraîner le rejet peut engager une procédure cupation et d’utilisation du sol • L’article R411-15 concerne la Code de la voirie routière de plein droit de la demande de classement (voir l’expérience d’autorisation de défrichement d’Autry-Issards plus bas). conservation des biotopes : • L’article R116-2 précise les cas prévue aux chapitres Ier et II haies, bosquets, ... afin de pré- d’actes passibles d’amendes en du titre Ier livre III du code fo- Code de l’environnement venir la disparition d’espèces limite du domaine public. […] ou quand ces biotopes, peu restier qui peut être également • L’article L341-1 et 10 limite exploités par l’homme, sont consulté. L’article L130.1 s’ap- les atteintes des monu- Code des collectivités nécessaires à l’alimentation, à plique aux coupes et abattages ments naturels ou des sites la reproduction, au repos ou à territoriales d’arbres soumis à déclaration classés. Il soumet à autori- la survie de ces espèces • L’article 2212-2 définit la mis- préalable dans les bois, forêts sation les travaux effectués sion de la police municipale qui et parcs situés sur le territoire dans l’emprise des arrêtés de a pour objet d’assurer le bon des communes ou parties de conservation et préservation Code du patrimoine ordre, la sûreté, la sécurité et communes où l’établissement de ces monuments et sites. • Les articles L. 642-1 et 2 per- la salubrité publique. La police d’un plan local d’urbanisme a La loi du 8 janvier 1993 dite loi mettent aux communes et municipale doit assurer en par- été prescrit mais où ce plan n’a paysage a institué la notion de aux communautés de com- ticulier la sûreté et la commo- pas encore été autorisé ainsi structures paysagères pour munes de délimiter des zones dité du passage dans les voies que dans les espaces boisés permettre des protections, ce de protection du patrimoine et lieux publics, ce qui implique classés. Toutefois, cette décla- qui concerne souvent les ali- architectural, urbain et paysa- la prise d’arrêtés prescrivant la ration n’est pas toujours requise gnements d’arbres. Mais il faut ger. Les dispositions de la zone taille et l’élagage des arbres et dans plusieurs cas : enlèvement reconnaître que rares sont les de protection sont annexées haies dépassant sur le domaine d’arbres dangereux ou morts, cas qui peuvent être cités (prise au plan local d’urbanisme. public ; Leur entretien est dans bois exclusivement soumis au d’arrêtés communaux ou pré- la plupart des cas à la charge régime forestier, existence d’un fectoraux).

30 | Guide Citoyen du Bazois 2016 LES ZONES DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT PROTEGENT-ELLES AUSSI LES HAIES BOCAGERES ?

• L’art. L581-4 précise que toute publicité • les zones Natura 2000 contiennent indirectement, le maintien de mail- est interdite sur les arbres. des règles précises sur la conserva- lages bocagers. La plantation et l’en- tion des haies. Elles ne sont présentes tretien des haies peuvent faire partie • Les ZNIEFF ou Zones d’intérêt éco- qu’en marge du Bazois, en Sud-Mor- des contrats d’agriculture durable logique, faunistique et floristique, van. dans certains départements. ne sont que des inventaires, mais ils doivent être inscrits dans tous les • L’Etat et l’Union Européenne • Les aides de la PAC 2014-2020 fa- dossiers accompagnant les docu- peuvent aider au financement de vorisent l’arbre et la haie champêtre. ments d’aménagement. boisements linéaires. Les mesures Elles s’appuient sur la notion de sur- agro-environnementales de l’UE ont face d’intérêt écologique. également favorisé, directement ou

AU DELA DE LA LOI,

LA FORCE DES ACTIONS COLLECTIVES La loi au secours du bocage

Il y a de très nombreuses actions qui vont dans le sens d’une protection et d’une va- lorisation du bocage, à commencer par la réalisation du guide citoyen du bocage en Bazois. • La région Bourgogne proposait un programme semblable jusqu’en 2016 : « APPEL A PROJETS : BOCAGES ET PAYSAGES ». Aujourd’hui, nous ignorons si la grande région Bourgogne-Franche-Comté poursuivra ce programme en 2017. • Des associations multiples se sont déjà engagées dans cette voie. La dernière en date est « Nivern’haies », créée à Rouy en 2015 et qui se donne pour tâche d’exercer une vigilance citoyenne et d’alerte sur les atteintes les plus graves au bocage. Elle a organisé une première « fête de la haie » à Rouy en 2015 avec une balade com- mentée par un historien du paysage, un naturaliste et un agriculteur intervenant en compagnie d’un technicien de la Chambre d’agriculture de la Nièvre. • Bien d’autres associations l’ont précédée. Parmi elles ont peut citer La MELA dont le travail a été détaillé page 26, • Dans le grand nombre des expériences nous avons choisi de n’en sélectionner que deux, l’une menée à bien par un maire, l’autre par une CUMA (pages 34 à 36). Elles peuvent inspirer des acteurs locaux bien différents désireux d’agir dans ce sens.

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 31 ENTRETIEN ET UTILISATION ECONOMIQUE DE LA HAIE

Autrefois : L’entretien de la haie se faisait manuellement pendant l’hiver par taille régulière. Pour densi- fier les haies vives, on procédait par pléchage. La technique consiste à coucher des arbustes que l’on incise au pied pour les entrelacer entre des pieux.

Dans le Bazois, depuis quelques années et à l’initiative du parc du Morvan, des journées sont organisées, permettant à des amateurs de dé- couvrir et pratiquer les gestes des anciens afin de faire perdurer ce savoir-faire. Plécheurs au travail

Aujourd’hui : L’entretien est de nos jours entièrement mécanisé et utilise largement le broyeur (épareuse). Ce type d’entretien est mis en œuvre pour des raisons économiques (coût du matériel) et de moyens humains (rapidité de l’opération).

Cependant, cette technique est loin d’offrir des résultats satisfaisants si les conditions de mise en œuvre ne sont pas respectées (coupe annuelle en saison de pousse du bois jeune hors période de Entretien des haies avec une tronçonneuse en hauteur au bout d’un bras nidification sur des branches de 2cm de diamètre Le lamier à scies et la tronçonneuse permettent un travail de bonne qualité. maximum). De plus, cette technique ne permet pas de valoriser le bois produit. Nicolas Lesieur

Entretien au broyeur (épareuse)

32 | Guide Citoyen du Bazois 2016 GAIN DEPRODUCTIVITE HAIE ET à 11stères deboisdéchiqueté). considère qu’1kmdehaiespeut fournir de7 formes, bûchesouboisdéchiqueté (on diverses sous utilisé chauffage de bois de Elle a également une fonction de production éléments minéraux). sur la fertilité dessols(redistribution significatif des impact un a haies de réseau Le de boischauffage. céréales, économie d’énergie pour lebétail ouapport des rendement productivité: de de leur habitation, la haie apporte un gain les hommesaux environs desbâtiments ou Pour protéger les cultures, le bétail et même Une subtile interpénétration des forêts et des haies hautes entre Bazois et Morvan, Morvan, et Bazois entre hautes haies des et forêts des interpénétration subtile Une aux limites des communes de Chougny et de Dun-sur-Grandry de et Chougny de communes des limites aux D. SOLTNER, d’après les travaux de VATES. de travaux les d’après SOLTNER, D. sur le rendement d’un champ de céréales de champ d’un rendement le sur Influence de la haie brise-vent brise-vent haie la de Influence Guide Citoyen duBazois 2016 |33

Entretien et utilisation L’EXPERIENCE DES CUMA5 : COMMENT VALORISER LA HAIE COMME PRODUCTRICE DE BOIS DECHIQUETE

Une CUMA propose les estimations suivantes (en 2014) : • 100 mètres linéaires de haies bocagères = 15 à 60 map* humides (*mètre cube apparent de plaquettes) • Coût de production agricole d’un map sec : 22 € HT • 4 map secs = 1 tonne sèche de plaquettes = 360 litres de fioul = 3 500 kWh d’électricité • Coût de l’énergie / kWh, en tenant compte du rendement des appareils : > Bois déchiqueté = 2.6 cts / kWh > Fioul domestique = 6.3 cts / kWh > Électricité = 10.5 cts / kWh • Coût d’une chaudière à bois déchiqueté de 30 kW : 8 000 à 16 000 € HT Source : FD CUMA du Calvados

On notera que certains baux ruraux peuvent contenir des clauses qui limitent la liberté de laisser monter les haies, condition première pour produire du bois. Broyage des branchages, démonstration CUMA et Chambre d’Agriculture de la Nièvre La chambre d’agriculture de la Nièvre cherche à va- loriser et à encourager les solutions de gestion raison- née des haies comme productrices de bois déchiqueté.

La CUMA nivernaise TERREAU a pris beaucoup d’importance dans le domaine du broyage à grande échelle. Créée en 2001 par 9 agriculteurs pour andainer et étaler le fumier, elle a évolué vers la fonction com- post. Elle traite entre 11 et 13000 map dans la Nièvre. Cette CUMA regroupait 283 adhérents en 2015. Elle intervient aussi dans le Cher, l’Yonne et la Saône-et- Loire. Elle a un salarié. Elle dispose d’un tracteur de 280 CV acheté d’occasion et d’une déchiqueteuse de 234000 €. La charge de est largement cou- verte.

5. Coopérative d’utilisation du matériel agricole.

34 | Guide Citoyen du Bazois 2016 UNE INTERVENTION DE LA CUMA TERREAU : LA COMMUNE DE MILLAY EST DEVENUE LA RÉFÉRENCE NIVERNAISE EN MATIÈRE D’UTILISATION DU BOIS DÉCHIQUETÉ

Une fois par an, la déchiqueteuse Terreau de la Coopérative d’utilisation de matériel agricole (Cuma) départemen- tale de la Nièvre se rend à Millay afin de transformer en copeaux le BTL (Bois Toutes Longueurs) avec néanmoins un diamètre maximum de 40 cm. Pas moins de 400 stères de bois non tronçonnés, déposés par les adhérents du Groupement d’intérêt écono- mique (GIE) de la Cuma locale, ont été débités en une douzaine d’heures par la puissante machine, pour produire quelque 600 m³ de bois déchiquetés. Cette récolte permet de fournir en bois de chauffage la mairie de Millay à hauteur de 500 m³ par an, pour alimen- ter la chaufferie qui dessert les bâtiments communaux ainsi que la maison de retraite, le restant étant vendu à des particuliers. Le bois fourni par les membres de la Cuma de Millay, principalement des agriculteurs ayant les outils pour permettre son transport jusqu’au hangar, leur est payé 30 € TTC le m³ par le GIE où sont ensuite déduits les frais inhérents à l’utilisation de la déchiqueteuse et ceux de fonctionnement de la structure Cuma et GIE. À cette période, le bois est déchiqueté vert. Ensuite, la machine le propulse à l’aide de sa goulotte sous le hangar de stockage où il s’auto-séchera durant tout l’été, pour atteindre aux environs de septembre, après fermentation, 20 % d’humidité. Présidée par Philippe Camus, la Cuma de Millay, qui a fêté ses 20 ans d’existence, apporte un atout non négli- geable à la gestion du patrimoine forestier en faisant usage des bois non marchands et répond régulièrement à

des appels d’offres sur le département afin de proposer sa récolte. Une récolte qui, au fil des ans, a su se position- Entretien et utilisation ner en qualité, avec un bois classé en M25, garantie d’un taux d’humidité aux normes ». Journal du Centre

Tout un système productif et écologiquement responsable est en train de se mettre en place, il se compose de : • Des plans de gestion des haies réalisés et menés à bien par les agriculteurs, avec l’aide initiale et l’accompagnement de la Chambre d’agriculture. • L’intervention de CUMA locales dont une de déchiquetage capable de traiter de gros volumes. • L’utilisation du bois déchiqueté pour produire de l’énergie ou de la litière à bas coût et à partir des ressources locales. • Un effet positif sur le lieu de vie des animaux élevés. • L’amélioration de la biodiversité, le maintien des corridors écologiques et du maillage bocager.

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 35 AILLEURS… L’EXPERIENCE D’AUTRY-ISSARDS COMMENT UN MAIRE A FAIT CLASSER LE BOCAGE DE SA COMMUNE

Le maire ou le président de la Communauté de communes peut intervenir directement pour aider à la préservation du bocage, que la commune ou la communauté dispose ou non d’un plan local d’urbanisme (PLU). Il peut engager la procédure du classement. Il s’appuie pour cela sur l’article R421-23 du code de l’urbanisme. Dans l’Allier, l’ancien maire d’une petite commune nous a confié les témoignages écrits de l’expérience menée à bien en 2011-2012.

Classement des haies bocagères sur Autry-Issards

Autry-Issards s’enorgueillit de la qualité du bocage et du linéaire au conseil municipal une cartographie des haies à protéger ainsi important des haies sur les 1945 hectares de son territoire. Depuis qu’un règlement de gestion des haies. Une deuxième réunion de nombreuses années nous sommes de tous les combats pour publique a permis d’exposer les conclusions du travail de la com- sensibiliser tous les acteurs sur l’importance du bocage que ce soit mission. pour la qualité de vie, l’attrait touristique, la randonnée et la balade Plusieurs catégories de haies ont été proposées au classement. sur les chemins ombragés (à pied, à cheval, à vélo), la biodiversité Tout d’abord : de la flore et de la faune et maintenant pour l’intérêt économique pour le bois énergie et le « paillage » des stabulations agricoles. • les haies bord de chemins, bord de routes et bord de cours d’eau ; Si le bocage est ainsi préservé nous le devons aux agriculteurs elles sont emblématiques du bocage. exploitant sur la commune car ils sont un des acteurs essentiels de • les haies à proximité du bâti qui jouent un rôle de brise-vent. l’entretien de nos paysages. • les haies perpendiculaires au sens de la pente qui améliorent la qualité de l’eau et luttent contre l’érosion. Dans ce contexte et avec l’appui du Conseil Général qui affiche un programme d’actions en faveur du bocage bourbonnais , le conseil Suite à cette dernière réunion publique le conseil municipal a municipal a décidé de lancer une procédure de classement des délibéré pour statuer. Puis l’ensemble du dossier a été soumis à haies sur le territoire communal. enquête publique. A l’issue de celle-ci, une délibération a été prise en conseil municipal pour officialiser le classement. Tout au long de cette procédure, nous bénéficions de l’appui technique et d’animation de la Mission haies Auvergne ainsi que [Extrait d’un autre document communal] : le classement et des services du Conseil Général. le règlement de gestion imposent la déclaration préalable de travaux. Des procès-verbaux et des amendes sont prévus en cas Elle a démarré par une réunion avec les agriculteurs qui ont globa- d’infraction lement adhérés à la démarche. Puis a suivi une réunion publique d’informations et d’explications sur les motivations et les objec- La procédure entre la première réunion et le classement définitif a tifs. A l’issue de cette dernière, nous avons programmé 4 réunions duré 18 mois, entre 2011 et 2012. « terrain » pour définir concrètement les haies que nous envisa- Jean-Pierre Laloué, ancien maire d’Autry-Issards gions de protéger et nous avons créé une commission commu- nale de classement. Cette commission a pour mission de proposer

36 | Guide Citoyen du Bazois 2016 POUR ALLER PLUS LOIN

Il est impossible de présenter ici une bibliographie et une sitographie importantes. Nous nous contenterons de renvoyer aux sites et aux publications des organismes suivants : • Le conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne (Rue du Moulin des Étangs, 21600 Fénay, 03 80 79 25 99) publie régulièrement une brochure « Territoires naturels de Bourgogne », actes des rencontres annuelles. Les six premiers numéros sont intitulés ; Puisaye-Forterre, Creusot-Montceau, l’Auxois, Haut-Nivernais, Bresse bourguignonne, Tonnerrois. • Alterre Bourgogne (La Bourdonnerie, 2 allée Pierre Lacroute 21000 Dijon, 03 80 68 44 30) anime le Réseau bocages de Bourgogne développe et mutualise des actions en faveur du bocage. Les références contenues dans ses publications sont nombreuses et utiles. Entretien et utilisation

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 37 Contacts

Communauté de Communes du Bazois Maison du Bazois 58110 ALLUY 03 86 84 14 54 [email protected] Photos : Jean-Louis RAMBERT - Aquarelle : Michel PERROT - Graphisme et Impression INORE GROUPE IMPRESSION GROUPE INORE Impression et Graphisme - PERROT Michel : Aquarelle - RAMBERT Jean-Louis : Photos Commission Paysage Responsable : Pierre PÉRÉ 03 86 84 26 02 - [email protected]

Office de Tourisme du Bazois 03 86 84 10 18 - [email protected]

Photo de couverture : Le panorama qui se déploie depuis le promontoire de Notre-Dame du Morvan (appelée locale- ment « La Sainte »), au-delà du hameau de Champausserin, donne une idée de la beauté et de la variété du bocage à mailles intermédiaires qui couvre le contact Morvan-Bazois, en direction de la commune de Maux.