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RÉSORS DE LA HARENTE LIMOUSINE RANDO GALLO -ROMAINE T C LE CHEMIN LA CHAPELLE DE LAPLAUD DE L’O CÉAN Fidèles à l’une de nos mission de mise en valeur du patrimoine local, nous vous présentons l’un de ces nombreux monuments ruraux , autant modestes que remarquables, riches d’une longue histoire et qui méritent d’être (re)découverts

es ertains sites parlent par leur majesté, d’autres par leur simplicité: mar - Laplaud en fait partie. Situé à quinze kilomètres à l’ouest de Chas - LcLheurs senon, Laplaud ne fut jamais une grande place. Cette terre fut tou - partiront à la décou - verte d'un tronçon du Che - tefois seigneurie, paroisse, puis commune jusqu’en 1845. Elle portait min de l'Océan qui menait Cchâteau à Chambes, dont les murs sont baignés par le cours de la . autrefois du Pont Sigoulant LCaplaud n’est plus aujourd’hui qu’un des hameaux les plus modestes de à La Rochelle. Plusieurs la grande com - 1 chemins ont été réouverts à mune de Rou - l'occasion, grâce à la colla - boration des communes de mazières, à Roumazières et de Saint- laquelle il est Laurent-de-Céris. Chaque rattaché. Le ci - participant amène son metière est pique-nique de midi. désaffecté de - 9h00, départ de Chantrezac (RdV devant l'entrée du puis 1945 et le Centre Équestre, Chez-Mas - dernier office a son) ; 12h00, pique-nique été donné à sorti du sac, au Chène-Vert l’église en (Le-Vieux-Cérier / Turgon, 1985. A cette près RD 28) ; 16h30, décou - verte de la Chapelle de Boi - époque l’édi - saugeais ; 17h30, retour en La chapelle de Laplaud, sur la commune de Roumazières- fice menaçait car à Chantrezac (participa - Loubert - Photo JCB ruine. Il est tion aux frais : 2€) maintenant sauvé, depuis que des travaux de couverture et de ravalement CASSINOMAG intérieur ont été conduits par la commune, sollicitée par quelques per - Publication des sonnes attachées à ces lieux. Amis de Chassenon Association loi 1901 DANS LA NUIT DES TEMPS ème siège: Longeas L’origine de Laplaud semble remonter au XII siècle, quand la terre de 16150 CHASSENON Chambes voit s’installer une nouvelle famille, qui cédera Laplaud aux 06 86 88 89 54 moines de Lesterps. Un oratoire plus ancien existait peut-être déjà à cette [email protected] www.amis-chassenon.org date. C’est l’époque où les grandes abbayes limousines, Saint-Martial, Les - Suite page 2 Bulletin d’information des Amis de Chassenon - Numéro 19 - Septembre 2011 terps … multiplient leurs établissements le long coté nord sur l’ancien cadastre, est aujourd’hui dé - des chemins qui mènent à l’Atlantique où se déve - moli. L’église adopte un plan d’une grande simpli - loppent salines et installations portuaires. Laplaud cité. Le sanctuaire carré, étroit, est vouté en arc est lié à un gué sur la Charente, lui-même facilité brisé, percé d’une fenêtre dans l’axe et soutenu par par la déclivité du lit de la rivière qui limite la hau - deux contreforts massifs rajoutés du coté Sud. Ces teur d’eau à cet endroit. A 3500 m au nord de La - contreforts sont composés d’anciennes pierres plaud, la chapelle du Couret (commune de Manot) tombales, dont certaines sont en brèche de Chas - présente une architecture tout à fait semblable. senon (!). La nef, plus haute et sensiblement plus Perdue au milieu des brandes, elle dépendait de large, couverte en charpente, ne reçoit la lumière l’abbaye Saint-Martial et se situait au carrefour des qu’à la jonction du chœur par deux fenêtres chemins de long parcours « de Manot » (est/ouest) étroites éclairant chacune un autel secondaire. Le ème et « des Meules » (nord/sud). Au XVI siècle, La - clocheton en charpente est établi sur la nef, du coté plaud devient église seigneu - du chœur. riale et paroissiale, à l’arrivée L’ensemble peut dater de la des Barbarin sur la terre de fin du XII ou du début du ème Chambes. René Barbarin XIII siècle, mais une réfec - ème ème construit, ou reconstruit, le tion du XV ou du XVI château de Chambes et réha - siècle a laissé des traces. bilite l’église de Laplaud, qui L’ouverture d’une fenêtre la - devient le lieu de sépulture térale dans le chœur a permis de la famille. En 1780, Jean d’installer un lavabo litur - Barbarin est ruiné. Il vend le gique. Les deux ouvertures château de Chambes et se re - latérales de la nef sont de fac - tire à Manot dans un corps ture légèrement différente de 2 de ferme. Après la Révolu - celle du chœur ; elles ont été tion, Laplaud n’est plus positionnées en fonction des qu’une modeste paroisse, de Une silouhette encapuchonnée qui sem - contreforts surajoutés et doi - faible étendue et très peu ble s’extraire du mur de la chapelle - vent dater de l’installation peuplée. Mais le site reste Photo JCB des autels secondaires, entre connu car il est fréquenté jusqu’à la seconde guerre lesquels apparaissent au sol deux grandes dalles mondiale à l’occasion des dévotions à Notre-Dame funéraires, probablement celles de la famille Bar - de Laplaud. Des pratiques individuelles ont tou - barin. Le mur sud de la nef présente de nom - tefois perduré jusque dans les années 1960. Elles breuses traces de reconstruction, avec remploi de ont laissé des traces discrètes sur l’architecture de pierres moulurées ou sculptures. Des pierres de la chapelle : aux angles extérieurs du sanctuaire, taille en arkose sont utilisées dans les maçonneries les pierres d’arkose qui forment chainage présen - les plus anciennes, aux angles du chœur et autour tent une série de stries à hauteur d’homme, trace du porche d’entrée. Le reste de la maçonnerie est de prélèvement de poudre siliceuse : était-ce pour élevé en pierres de remploi et moellons associant reconstituer le lait guérisseur de la Vierge, comme la pierre bigarrée de Roumazières, l’arkose, le gra - cela est attesté dans d’autres lieux en ? nite et même, donc, l’impactite de Chassenon. On retrouve tous ces types de pierre en plus du cal - LE LANGAGE DES PIERRES caire dans le dallage de la nef, qui a eu la chance L’église de Laplaud est isolée sur une petite butte, de ne pas être remplacé par une dalle en ciment. à 100 mètres du lit de la Charente. Elle est environ - L’autel principal est une grande dalle calcaire de née au nord-est par la Fontaine de la Vierge ou 1 m 90 de large et les deux autels secondaires sont Fontaine de l’Ane, au sud-est par l’emplacement en arkose. Un bénitier mouluré en calcaire et un la - de l’ancien cimetière et au sud-ouest par un corps vabo octogonal en granite complètent ce mobilier de ferme habité. Le presbytère, qui apparaît du lapidaire.

Bulletin d’information des Amis de Chassenon - Numéro 19 - Septembre 2011 La nudité de l’architecture permet de découvrir plis du manteau est bien gothique. La Vierge al - quatre petits personnages sculptés en haut-relief laite l’enfant tenu serré contre son sein gauche dé - sur les pierres d’embrasure des fenêtres latérales. nudé. L’enfant est tout emmailloté et semble sortir Situés en hauteur, ils se font discrets. A l’intérieur, de la crèche. Cette statue a certainement fait l’objet dans la fenêtre nord de la nef, un écuyer à genoux de nombreuses dévotions. Elle rappelle aussi, et une tête à couvre-chef, probablement la marque d’une certaine manière, tous les rites d’abondance des seigneurs-donateurs. A l’extérieur, deux pe - des civilisations traditionnelles, dont les déesses- tites têtes apparaissent mères trouvées à Chas - dans les fenêtres nord senon sont une image et sud, un homme plus ancienne. coiffé au bol et un On a découvert au sol la autre, encapuchonné base d’une autre sta - qui, par la position des tuette de calcaire dont le bras semble véritable - corps a disparu. A l’exté - ment « sortir » de la rieur, deux culots portés pierre. Serait-ce l’auto - par des têtes entourées portrait du maitre d’ange, apparaissent en d’œuvre des travaux hauteur sur le contrefort de réhabilitation sud-ouest de la façade : menés dans l’église à la portaient-ils cette sta - fin du Moyen Âge ? tuaire autrefois ? Et, rem - ployée dans le mur sud LA VIERGE AU LAIT de la nef, une troisième A l’intérieur, une sta - tête semblable à celle des 3 tuette de la Vierge al - culots, au regard exor - laitant l’enfant Jesus bité … est placée au sommet Laplaud garde bien des du tabernacle en bois secrets. Ses origines, ses de l’autel principal. sculptures, sa dévotion C’est Notre-Dame de nous intriguent et don - Laplaud. De petite di - nent envie de compren - mension, elle est en dre. Laplaud mérite calcaire, repeinte ré - d’être découvert. Une représentation de la Vierge tellement plus hu - cemment à l’occasion Laurent PELPEL maine que la pompe habituelle - Photo JCB des travaux menés sur le tabernacle. Cette Vierge pourrait être datée du Nota - Le lecteur qui voudra en savoir plus pourra se référer à l’ou - ème vrage d’André Berland et de Monique Langlais « Roumazières-Lou - XIV ou du XV siècle. Elle appartient à l’art po - bert, 2000 ans d’histoire ». Et merci à M. et Mme Michel Hinard pulaire, ce qui la fait paraître plus archaïque. Elle qui ouvrent si gentiment l’édifice à la demande du visiteur. semble assise, mais le siège n’apparait pas. Le vi - sage est plus grand que nature et frontal, comme Retrouvez l’article dans son intégralité sur www.amis- celui des madones romanes. Mais le traitement des chassenon.org

François, Après un long séjour à l’hôpital, notre vice-prési - tes Amis de Chassenon dent François Gouaud est rentré à son domicile. Tous ses Amis de Chassenon souhaitent que son pensent à toi état s’améliore, lui dont l’absence aux activités de l’Association se fait douloureusement sentir. Qu’il soit assuré de toute notre affection.

Bulletin d’information des Amis de Chassenon - Numéro 19 - Septembre 2011 LES RAIDS BARBARES EN LIMOUSIN (III E SIÈCLE ) A l’occasion de la Journée des Amis de Chassenon, dimanche 21 août, le limougeaud Jean-Pierre Loustaud, docteur en histoire, littérature et langues anciennes, est venu parler des raids barbares en Limousin, mis en évidence par une découverte archéologique sur les bords du Rhin

Neupotz : ce nom ne vous dit peut-être rien… de pillards alamans se répandent dans l’est de la C’est pourtant dans un délaissé du Rhin sur le ter - Gaule, mais l’origine des objets retrouvés dans le ritoire de cette bourgade située à une vingtaine de butin de Neupotz notamment laisse à penser que kilomètres de Spire ( Noviamagus dans l’Antiquité), leur incursion descendit loin dans le Sud, jusque en Allemagne, que fut mis au jour, dans les années vers le Béarn. Suivant certainement les itinéraires, 1980, le plus important trésor de pièces métal - jalonnés de bornes, du cursus publicus , leur chemin liques d’époque romaine découvert en Europe. passait nécessairement par le Limousin et Li - L’Or du Rhin ? Pas tout à fait puisqu’aucune des moges- Augustoritum avec son pont sur la Vienne. Les coute - las à lame courbe re - trouvés à Neupotz en sont en quelque sorte la si - gnature. Ils sont en 4 A droite, le butin des Ala - effet en mans et ci dessus, les tous point coutelas (en noir) du butin comparés aux cou - identiques telas limousins à ceux mis au jour pièces retrouvées n’était de ce métal. En revanche, dans des sépultures gallo-romaines du Limousin de nombreux objets en argent, bijoux, objets sacrés, et étudiées notamment par Guy Lintz et Domi - et surtout en fer pour un total de plus d’une demi- nique Vuaillat ( Gallia , 45, 1988, p. 165-175). On re - tonne : outils domestiques, artisanaux, agricoles, cense treize coutelas de ce type « à lame ondulée », armes, etc. Et en particulier, cela nous concerne en provenance pour la plupart du nord du Limou - plus précisément, deux coutelas à lame ondulée, sin gallo-romain (5 en Haute-Vienne et 6 en Creuse armes que l’on connaît pour être propres à la cité pour deux seulement en Corrèze). Jean-Pierre des Lémovices, le Limousin donc. Loustaud note que « sur l’ensemble des coutelas ré - On sait que de nombreux raids barbares eurent pertoriés à ce jour en Gaule, seuls ceux des Lémovices – ème lieu au III siècle : les tribus germaniques fran - les plus nombreux – sont véritablement comparables à chissaient le limes non pas dans un but de coloni - ceux pillés par les Alamans de Neu - sation, mais plutôt pour effectuer des raids avec potz » et qu’ il y a « quelque pro - comme seul but le pillage des régions traversées. babilité pour qu’ils aient bien été Or, pour rentrer en pays « barbare », il leur fallait rafflés lors d’une traversée du Li - à nouveau franchir le Rhin, lourdement chargés mousin » sur un couloir de 300 à donc ; l’affaire n’était pas sans risques, matériels 350 km de large s’étirant de la Rhé - et/ou militaires car des légions romaines étaient nanie-Palatinat et de la Suisse mé - postées le long du limes . ridional jusqu’en Aquitaine et au Au cours de l’hiver 259-260 apr. J.C., des bandes Piémont pyrénéen » .

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