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Les CinéStories de l’ LE WESTERN ITALIEN

Incendié par la critique, adoré par le public, ¡ VIVA LA REVOLUCIÓN ! le western italien devint un genre culte À l’intérieur du western spaghetti – terme lorsque l’on cessa de le comparer à son méprisant inventé par les critiques homologue américain. Christopher Frayling (1 ) conservateurs américains – apparaît a relié le western all’italiana à ses cinq rapidement un sous-genre passionnant, le véritables sources : le lyrisme de l’opéra, western zapata, prenant pour cadre la l’outrance du péplum, la violence hyperbolique révolution mexicaine de 1910. Franco des fumetti (2) , l’humour grinçant de la Solinas, scénariste de Rossellini, Rosi et comédie italienne et l’ambiguïté tragique Losey, écrit une série de films remarquables du film de samouraï. fixant les canons du genre : El Chuncho , El Mercenario et Tepepa . Dans le cinéma L’AUDACE DES TROIS SERGIO américain, le révolutionnaire mexicain est Saturé par quinze ans de travail dans le une brute pittoresque, légèrement fourbe, péplum, réalise enfin son rêve : servant de faire-valoir au généreux héros Pour une poignée de dollars . Filmé avec un yankee. Dans le western zapata, le budget dérisoire, le résultat, graphiquement Mexicain passe au premier plan ; le gringo irréprochable, dynamite les conventions du devient au mieux un rêveur individualiste, genre. Au cours des dix ans qui suivent, au pire un infiltré au service des grands plusieurs centaines de westerns sont filmés propriétaires. à Almería (Andalousie), au studio Elios (Rome) et en Yougoslavie. Anti-héros PARODIES ET DESCENDANCE souvent poussiéreux, mal rasés et sans Le succès des parodies du duo Hill-Spencer scrupules, les Sartana, Sabata et autres entraîne la mort du genre. Il est remplacé pistoleros peu fréquentables font régner dans les salles de quartier par son premier leur loi qui ne s’apparente guère à celle avatar, le cinéma kung fu. Depuis le début défendue par les shérifs de l’Oncle Sam. Au des années 1990 et les célébrations de soleil et aux grands espaces de Leone, Rodriguez (Desperado, Machete) et de Corbucci – un autre Sergio – répond par la Tarantino (Kill Bill 2, Unchained) , on boue, la neige et les ambiances ne compte désormais plus les œuvres claustrophobiques de Django et du Grand référentielles se réclamant de ce genre Silence . Sollima, un troisième Sergio, prolifique… ajoute une dimension politique aux innovations des deux premiers. Dans Textes de Christophe Champclaux. Colorado et Le Dernier Face à face , il interroge la légitimité d’une loi au service (1) Professeur au Royal College of Art, auteur des ouvrages exclusif des puissants et des bien- anglo-saxons de référence sur le genre, Christopher pensants. Frayling a assuré les commentaires audio des éditions DVD des films de Sergio Leone. (2) Bandes dessinées italiennes. Les CinéStories de l’ LE WESTERN ITALIEN LES INCONTOURNABLES LES (RE)DÉCOUVERTES I 1964 POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS I 1966 COLORADO de de Sergio Leone avec , Gian Maria avec Lee Van Cleef, , Volonté, Marianne Koch Lee Van Cleef était déjà une star, Tomas Milian en devint Par vengeance, Leone oublia de préciser que l’histoire une en incarnant Cuchillo, le rebelle mexicain défiant était de Kurosawa. Le producteur fut condamné à céder le politicien texan. tous ses droits à la Toho pour le Japon. I 1966 de I 1965 ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS avec , , de Sergio Leone avec Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonté Burt n’avait figuré que dans des seconds rôles pour Leone approche du sommet de son art, révélant Lee Van Cleef. la télévision jusqu’à ce remarquable film. I 1966 LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND I 1967 LA MORT ÉTAIT AU RENDEZ-VOUS de Sergio Leone avec Clint Eastwood, , de Giulio Petroni avec Lee Van Cleef, Lee Van Cleef John Philip Law, Luigi Pistilli Le mètre-étalon insurpassable du western italien, bien Hors Leone, LE grand rôle de Lee Van Cleef, écrit écrit, remarquablement filmé, celui qui imposa le genre par Luciano Vincenzoni. aux États-Unis. I 1967 LE DERNIER JOUR DE LA COLÈRE I 1966 EL CHUNCHO de Damiano Damiani de Tonino Valerii avec Lee Van Cleef, avec Gian Maria Volonté, Klaus Kinski, Lou Castel , Christa Linder Le brave Chuncho n’aurait jamais dû faire confiance Un pistolero éduque son successeur. Pendant des années, à ce jeune homme blond arrivé du Nord. John Woo chercha à acquérir les droits du scénario. I 1966 DJANGO de Sergio Corbucci I 1968 SALUDOS HOMBRE de Sergio Sollima avec , Loredana Nusciak, José Bódalo avec Tomas Milian, Donald O’Brien, Chelo Alonso L’image inoubliable de l’homme en noir traînant son Rien que pour le dernier grand rôle de la sublime reine cercueil dans la boue et la superbe chanson de Bacalov. du péplum Chelo Alonso. I 1967 LE DERNIER FACE À FACE I 1969 TEPEPA, TROIS POUR UN MASSACRE de Sergio Sollima avec Tomas Milian, Gian Maria de Giulio Petroni avec Tomas Milian, Volonté, William Berger Orson Welles, John Steiner Un hors-la-loi truculent éduque un paisible professeur , Orson Welles plus un scénario d’université à la loi de l’Ouest, ignorant qu’il crée de Franco Solinas, Petroni ne pouvait pas faillir. un monstre. I 1969 TEXAS de Tonino Valerii I 1968 EL MERCENARIO de Sergio Corbucci avec Giuliano Gemma, Van Johnson, avec Franco Nero, Tony Musante, , L’assassinat de JFK intelligemment transposé donne au beau Giuliano son meilleur rôle dans le genre. Avec El Chuncho , l’autre chef-d’œuvre du western zapata. I 1970 COMPAÑEROS de Sergio Corbucci I 1968 IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST avec Franco Nero, Tomas Milian, Jack Palance de Sergio Leone avec Charles Bronson, Henry Fonda, Le troisième chef-d’œuvre de Corbucci malheureusement , Jason Robards moins connu que les deux autres. Superbe poème funèbre, d’une lenteur toute japonaise. I Échec aux États-Unis, succès en Europe. 1971 IL ÉTAIT UNE FOIS... LA RÉVOLUTION de Sergio Leone avec James Coburn, Rod Steiger, I 1968 LE GRAND SILENCE de Sergio Corbucci Romolo Valli avec Jean-Louis Trintignant, Klaus Kinski, L’œuvre mal aimée de la filmographie du maître, dont Frank Wolff, Vonetta McGee le pessimisme lyrique annonce pourtant son plus grand Esthétique, scénario, interprétation et partition sublimes. film, Il était une fois en Amérique . L’autre chef-d’œuvre de Corbucci. I 1976 KEOMA de Enzo G. Castellari I 1973 MON NOM EST PERSONNE de Tonino Valerii avec Franco Nero, William Berger, Olga Karlatos avec Henry Fonda, , Jean Martin Superbe poème épique influencé par Bob Dylan Contrairement à la légende colportée par Leone et Hill, et Ingmar Bergman. les meilleures scènes du film sont bien réalisées par Valerii, les plus débiles (les grimaces, la prostate !) par Leone.

RESSOURCES DOCUMENTAIRES I BIBLIOGRAPHIE : Il était une fois… le western européen, Jean-François Giré, Bazaar & Co, Paris, 2008. Sergio Leone: Something to Do with Death, Christopher Frayling, University of Minnesota Press, 2012. Spaghetti Westerns: Cowboys and Europeans from Karl May to Sergio Leone, Christopher Frayling, Routlege & Kegan, London, 1981.

I EN LIGNE : http://fr.wikipedia.org/wiki/Western_spaghetti http://www.cineclubdecaen.com/analyse/westernspaghetti.htm http://most-wanted-western-movies.com/spaghetti-western-movies/