Rapport de prospection thématique :

Les ateliers de potiers de Pabu.

(Côtes d'Armor)

Le Bozec Erwan 2001

■VlflL; MK Introduction :

Cette première campagne de prospection sur les ateliers de potiers de Pabu (fig.l) s'inscrivait, en 2001, dans le cadre d'un mémoire de DEA d'Archéologie et d'Archéosciences. Ce travail avait pour but d'évaluer le potentiel de différentes sources pour retracer l'histoire de cet artisanat sur cette commune.

Des résultats très intéressants ont été obtenus dans les séries du dernier quart du XV13I0 conservées aux Archives Départementales des Côtes d'Armor1. En parallèle à cette recherche de documents, il semblait opportun de rechercher des vestiges archéologiques de l'activité des potiers; d'associer des formes, des éléments typo logiques, à cette activité sur la commune de Pabu.

La prospection n'a concerné que le hameau de Kerez. Tous les potiers (à une ou deux exception près) mentionnés dans les documents du XVIII0 habitaient ce hameau (orthographié "Keranraix" dans ces documents). Jusqu'à l'abandon de l'activité potière, aii alentour/de 1910, c'est à cet endroit que les , potiers, en majorité, étaient installés. ' > ~ /

Cette année, trois parcelles labourées (fig.2) ont pu être étudiées ainsi que deux jardins. Les résultats seront présentés dans cet ordre c'est à dire selon l'ordre de progression de la campagne de prospection.

1 La partie du Dea consacrée aux archives est jointe en annexe. 1 Kerfarrt

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Figure 1 : Extrait de la carte IGN ( ) et localisation de Pabu.

2 Site n° 1

La première parcelle prospectée est située dans le hameau de Kerez, au croisement de le RD 54 en direction de Pommerit-Le-Vicomte et de la VC 12 qui mène au hameau de Kerez.

Les derniers remembrements agricoles ont regroupés différentes parcelles (fïg.3) : section A feuille n°2, parcelles n° 312, 998, 310, 318, 308 et 307, pour une superficie totale de 29 300 mètres2.

L'examen du cadastre du XIX° s. montre également qu'il y a eu des remaniements importants dans ce secteur. Outre la modification du parcellaire, on peut noter la disparition, l'enfouissement d'un ruisseau par dessus lequel ou près duquel, la RD 54 a été installée.

La présence de cette source en eau a du être un élément non négligeable quant à l'implantation des potiers dans ce secteur. Rappelons qu'au XIX°-XX° et que d'après certains documents du XYIII° s. les potiers de Pabu s'approvisionnaient en argile sur la commune voisine de Pommerit-Le-Vicomte, plus précisément au Bois Lucas, séparé du territoire de Pabu par le ruisseau du Frout.

Ce sont un peu plus de 4 300 tessons qui ont été découverts dans cette parcelle. Ils se répartissent en trois groupes de pâtes : rouge/brune, grise et beige.

Une partie de ces fragments a pu être triée par type de pâte et par forme, une autre partie par pâte uniquement et une dernière partie n'a fait l'objet d'aucun tri. Les résultats de ces comptages se répartissent ainsi :

Tessons triés par pâte et par forme :

Rouge : 1 016 Grise : 747 Beige : 457 2 220 tessons

Tessons triés par pâte :

Rouge : 849 Grise: 592 Beige : 421 1 861 tessons

Tessons non triés :

288 tessons

4 370 tessons

En considérant les deux premiers comptages il apparaît que le groupe des pâtes rouges est, et de loin, le plus représenté : il représente à lui seul 45 % du nombre de tessons collectés, devant le groupe des pâtes grises (33 %) et celui des pâtes beiges (22 %). Figure 2 : Localisation des trois parcelles labourées prospectées. ^Krrîm o fEE

Site n°2

Section A Feuille n°2

Echelle : 1 /2500 Site n°l

Figure 3 : Extrait du plan cadastrale et localisation des sites 1 et 2. Répartition des tessons par type de pâte.

22%

45% E Rouge El Grise □ Beige

33%

Les résultats obtenus lors du comptage par type de pâte et par forme sont assez difficilement exploitable à l'heure actuelle. Ce double comptage devra être poursuivi dans la mesure ou il permet d'obtenir une idée assez précise de la diversité de la production et du lien (éventuel) entre la fonction (et donc la forme) et le mode de cuisson. A titre d'exemple on mentionnera la découverte de 10 fragments d'oreilles en pâte beige, 1 seul en pâte rouge et aucun en pâte grise.

Le tableau de saisie (fig. 4) de ce double comptage permet également d'enregistrer la présence de tessons pouvant être considéré comme des ratés de cuisson. Plusieurs types de défauts ont pu être identifié ; traces de collage entre différents pots, défauts de glaçure (bulles...), coulées de glaçure sur la tranche du tesson...

Ces défauts ne signalent pas systématiquement la présence de structures de production. Rien ne permet de penser qu'un vase qui aurait présenté des traces de collage avec un autre pot n'aurait pu être commercialisé. En revanche, les tessons présentant des coulées de glaçure sur la tranche sont des indices plus probants. On peut difficilement envisager qu'ils proviennent d'un site de consommation, à moins qu'ils ne proviennent de remblais déplacés.

Ce dernier type de défaut est répertorié de la même façon sur les trois groupes de pâte : 13 tessons dans chaque groupe.

Le traitement typologique de l'ensemble des tessons découverts dans cette parcelle est toujours en cours. Outre-la quantité de tessons il faut faire face à d'autres difficultés. Les fragments qui peuvent servir à une base typologique ne sont que rarement d'une taille suffisante pour obtenir un diamètre et une inclinaison fiable.

Le traitement des données (principalement le comptage) sur les deux autres parcelles cultivées prospectées n'est pas achevé. On se limitera par conséquent à des observations générales.

4 Figure 4 : Les fiches d'enregistrement des comptages du sire 1.

Pâte: rouge Glaçure Défaut de cuisson 0 1 2 Décor Collage Glaçure Vase A B A/B A B A/B haut bas intérieur extérieur coulure bulle coulure et bulle _èvre 67 15 10 3 40 4 3 1 2 2 147 Anse 34 4 2 1 1 42 Oreille 1 1 Vlanche 1 1 2 Bec tubulaire 1 2 3 3ec pincé 0 Fond 48 4 1 1 26 1 1 83 Panse 345 60 23 15 109 4 9 1 1 3 9 3 582 Réchaud 1 1 3ointe 0 Cuve 1 1_ Pied 0 Couvercle 0 Bord 13 13 Anse 0 T.C.A 11 1 1 13 Brique 3 3 Tuile 24 1 1 26 Tomette 10 1 11 Epis de faîtaqe 0 ndéterminé 78 1 6 1 1 1 88 Total 635 84 38 23 184 6 13 6 0 0 2 4 13 6 2

Pâte: grise Glaçure Défaut de cuisson 0 1 2 Décor Collage Glaçure Vase A B A/B A B A/B haut bas intérieur extérieur coulure bulle coulure et bulle Lèvre 39 24 4 1 12 1 1 1 3 8 2 Anse 36 4 3 2 1 46 Oreille 0 Vlanche 1 1 2 Bec tubulaire 1 1 2 Bec pincé 0 Fond 47 7 2 4 13 1 2 1 3 4 84 Panse 318 40 23 10 56 4 3 2 2 3 7 14 486 Réchaud 0 Pointe 0 Cuve 1 1_ Pied 0 Couvercle 0 Bord 3 1 4 Anse 0 T.C.A 1 1 Brique 1 1 Tuile 1 1 Tomette 1 1 1 3 Epis de faîtaqe 0 Indéterminé 15 2 1 2 20 Total 460 80 36 18 83 5 3 2 3 2 3 5 13 28 747

Pâte: beige Glaçure Défaut de cuisson 0 1 2 Décor Collage Glaçure Vase A B A/B A B A/B haut bas intérieur extérieur coulure bulle coulure et bulle Lèvre 17 16 3 38 1 3 1 7 Anse 24 1 3 1 Oreille 4 6 Manche 1 1 1 Bec tubulaire 1 Bec pincé Fond 17 1 1 27 1 1 Panse 111 16 9 2 98 3 6 1 6 2 1 Réchaud Pointe Cuve Pied 1 Couvercle Bord 3 1 Anse T.C.A 2 Brique Tuile 2 Tomette Epis de faîtaqe Indéterminé 13 2 1 2 Total 196 35 14 5 172 5 11 2 0 0 0 1 13 1 Figure 5 : Extrait du plan cadastral et localisation du site 3. Site n°2.

Le site n°2 est situé en face du précédent (fïg. 2 et 3). Ici également deux parcelles ont été regroupées : parcelles n° 295 et 296. Elle est encastrée entre l'ancienne (à gauche)et la nouvelle (à droite) route de Pommerit-Le-Vicomte. Elle offre une superficie totale de 15 750 m2. Sans qu'il soit possible de donner des chiffres précis, cette parcelle est beaucoup moins riche que la précédente.

Site n°3.

Cette parcelle (fig.2 et 5) d'une superficie totale de 14 198 m2 n'a pu être prospectée qu'en partie. La zone labourée est d'environ 4 000 m2, le reste étant en prairie. Pour ce site les comptages ne sont pas terminés.

Les sites suivants ont été "découverts" suite à un appel lancé dans le bulletin municipal de Pabu. Les deux sites ainsi localisés, ont, du fait de leur intérêt, monopolisé notre attention.

Site n°4.

Ce site est situé dans un jardin, au 24 du hameau de Kerez (fig. 6, photos 7 et 8). Il s'agit d'un four rectangulaire, probablement le dernier encore en élévation sur la commune et qui est menacé de disparition du fait des intempéries.

Côté rue, on peut seulement distinguer une butte de terre couverte par un massif ornemental. En revanche, du côté du jardin, on peut voir des éléments maçonnés : un muret d'un peu plus de 8 mètres de long, pour une hauteur maximale conservée d'environ lm50. A la base de ce muret et au centre, un regard rectangulaire a été aménagé. La hauteur de cette ouverture ne peut être précisée dans la mesure ou la base se situe sous le niveau du sol actuel. La largeur est d'environ 35 cm. Aucune autre dimension du four n'est pour l'heure accessible.

Cette ouverture correspond au regard qui permettait au potier de suivre l'évolution de son feu et de ses céramiques lors de la cuisson. D'autre part le sommet de la butte est couvert de fragments de céramiques.

On peut rappeler que le seul four mentionné avec quelques précisions dans les archives du XVIH° avait cette forme rectangulaire :

"au bout du levant de la cour un mauvais four a pot contenant dans chacune de ses deux longères de maçonnerie dix neufpieds ( environ 6m50 ) hauteur inconnu".

Ce four doit dater des dernières années d'activité des potiers sur la commune c'est à dire de la fin du XIX0 ou du début du XX° siècles.

Site n°5.

Le dernier site repéré cette année correspond à un dépotoir de potier (fig. 6, photos 1 à 6). Lors de la rectification récente d'un talus, ce dépotoir a été partiellement endommagé. Des dalles de ciment ont été installées pour éviter l'éboulement de terre dans le champ voisin. L'excès de "terre" (en fait de céramique) enlevé lors de ces travaux à été redéposé à quelques mètres de là, au bord d'un chemin. C'est de là que provient l'essentiel des fragments que l'on présentera ici. ,

5 On peut estimer le volume de ce dépotoir à environ 45 m3. Outre des fragments de céramiques on y trouve des fragments d'argiles cuites. Selon la propriétaire du terrain, un four se trouverait à proximité immédiate, contigu au dépotoir.

Ce dépotoir est particulièrement important puisqu'il nous permet de jeter les bases de la typologie des céramiques produites à Pabu.

Dans la mesure ou les tessons les plus importants ont été ramassés, il ne parait pas opportun de comptabiliser les fragments.

La question majeure concernant ce dépotoir est celle de la chronologie. Une datation moderne (XVI°-XVII°) paraît probable, en tout cas plausible : présence de nombreuses formes ouvertes (assiettes, écuelles, jattes...) et d'au moins un fragment de réchaud. D'autre part, peut on considérer l'absence de mention de production par exemple d'assiette ou de réchaud au XVIII0 et au XIX°-XX° comme un élément significatif pour exclure une datation aussi tardive et pour envisager une datation XVI-XVII0 s.? Avant même la fouille de ce dépotoir un travail sur le mobilier provenant des sites de consommation situés aux environs de Pabu permettrait sans aucun doute de poser des jalons chronologiques nécessaires.

Figure 7 :

N° 1 : bol ?

0 ouverture : 14.2 cm

0 fond : 11.4 cm pâte rouge au cœur et à l'extérieur, grise à l'intérieur, quelques petites tâches de glaçure sur le fond.

N° 2 : bol ?

0 ouverture : 16.4 cm

0 fond : 9 cm pâte grise glaçure verte couvrante à l'intérieur, quelques coulées à l'extérieur et sur le fond.

N° 3 : pot 0 ouverture : 21.8 cm pâte rouge aucune trace de glaçure

N° 4 : pot 0 ouverture : 22.6 cm pâte brune aucune trace de glaçure

N° 5 : pot 0 ouverture : 13.6 cm pâte rouge aucune trace de glaçure

6 Figure 6 : Extrait du plan cadastral et localisation des sites 4 et 5. N° 6 : pot à anse 0 ouverture : 18 cm pâte rouge glaçure verte limitée à la lèvre

N° 7 : pot 0 ouverture : 19.6 cm pâte orangée glaçure couvrante à l'intérieur, quelques taches à l'extérieur, décor composé de lignes incisées (courbes, droites).

N° 8 : forme indéterminée

0 ouverture : 7.6 cm pâte rouge aucune trace de glaçure

N° 9 : forme indéterminée

0 ouverture : 8 cm pâte grise aucune trace de glaçure

N° 10 : jatte 0 ouverture : 25.6 cm pâte rouge glaçure verte couvrante à l'intérieur quelques taches à l'extérieur

N° 11 : jatte 0 ouverture : 24 cm pâte rouge glaçure brune couvrante à l'intérieur quelques taches à l'extérieur

N° 12 : assiette

0 ouverture : 24.6 cm pâte orange glaçure verte / brune couvrante à l'intérieur, partielle à l'extérieur, décor ondé le long du marli.

7 6

10

12

Echelle : 1 cm = 3 cm.

Figure 7 : Le mobilier provenant du dépotoir. Légende des photos :

Site n° 4 : Le dépotoir.

Photo I : Vue latérale du dépotoir délimité par un muret et les dalles de ciment.

Photo II : Le dépotoir vu de face.

Photo III : Photo de détail de la base du muret. On peut voir des tessons qui débordent de dessous le muret ce qui permet de penser que le dépotoir à une hauteur minimale au moins égale à la hauteur du muret. (Le mètre est bloqué à 50 cm.).

Photo IV: Le dépotoir vu le long de la clôture de panneaux de ciment. On notera les bouleversements occasionnés par la pose de cette clôture.

Photo V et VI : Vue du sommet du dépotoir et des tessons de poteries qui le jonchent. (Le mètre est également bloqué à 50 cm.).

Site n° 5 : Le four.

Photo VII : Vue d'ensemble de la butte formée par le four. L'échelle donnée par la propriétaire (Mme Moisan) permet de se faire une idée de l'emprise du four.

Photo VIII : Détail du muret, du mode de construction et du regard (en bas à gauche).

8 Photo I

Photo n Photo m Photo y

Annexe:

Extraits du mémoire de DEA "Archéologie et Archéosciences".

Histoire d'argile et d'hommes : les potiers de Pabu (22). Archéologie d'une société artisanale et rurale.

Erwan LE BOZEC

Mots-clés : archives, XVIIIe siècle, potiers, outillage, matières premières, production, commercialisation, diffusion, prospection.

Résumé : La recherche de données nouvelles sur les ateliers de potiers de Pabu a été motivée par le manque d'informations fiables sur le sujet. Il s'agissait de voir dans quelle mesure la connaissance de cette activité pouvait être approfondie. Deux directions ont été privilégiées, la recherche de texte et la localisation de lieux de production. Dans les deux cas les résultats obtenus sont plus que satisfaisants et prometteurs. Ce sont ces premiers éléments qui sont présentés ici.

Keywords : archives, XVIIIth century, potters, tools, productions, commercialization, diffusion, prospecting.

Abstract : The research for new data on potter's workshops of Pabu was motivated by the lack of accurate information on the subject. It's purpose has been to explore to what degree the knowledge of this craft could be deepend. Two directions have been chosen above ail, the research of text and the location of places of productions. In both cases, the results are more than satisfactory and promising. Here are the first elements

1 Introduction

L'artisanat céramique, implanté sur le territoire de la commune de Pabu depuis l'époque gallo-romaine jusqu'au début du XXe siècle, a suscité, depuis longtemps l'intérêt des historiens et des archéologues. L'étude que j'entreprends ici a pour finalité de démontrer, si besoin est, le potentiel très important (et très largement inexploré) que recèle Pabu quant à l'artisanat de la céramique en Bretagne. Cette étude s'articule en deux points : l'étude des archives et la prospection. La consultation de ces différentes sources a pour objectif d'établir de nouvelles pistes de recherches sur les ateliers de potiers de Pabu, recherches qui trouveront une concrétisation dans la fouille de structures de production.

2 Historique des recherches

Les premières informations, à caractère historique et ethnographique datent de 1859. Sigismond Ropartz2 publie cette année là : " Guingamp. Etudes pour servir à l'Histoire du Tiers-Etat en Bretagne ". Les indications qu'il livre, quoique brèves, seront reprises et parfois déformées dans les publications suivantes. La première d'entres elles semble s'apparenter à la légende. Peu avant la Révolution, les Etats de Bretagne auraient envoyé cinq " élèves potiers " à la faïencerie de Quimper, l'un d'eux serait revenu au pays, riche de " procédés nouveaux et inconnus jusque-là à Pabu

S. Ropartz mentionne également l'existence d'un aveu conservé dans les archives de la seigneurie du Poirier, dont le siège se situait à Kermoroc'h, à quelques kilomètres à l'ouest de Pabu. Ce document de 1498 qui a depuis disparu des fonds des Archives Départementales des Côtes d'Armor, faisait état d'un . . y;(

2 ROPARTZ 1991, p. 190. 9 " Droit de terragepour la potterie despottiers, tant en la lande de Bezouet qu'ailleurs en l'étendue du fief". L'auteur commente ce document en ajoutant qu'il prouve que l'artisanat céramique " avait une certaine importance dans ce quartier

Depuis S. Ropartz, ce document a systématiquement été utilisé pour prouver l'existence de potiers à Pabu au Moyen-Age. Or dans ces deux lignes, les seules extraites de l'aveu, rien ne permet d'établir de liens avec Pabu, Pabu relevant du fief de Munehorre et non de celui du Poirier.

D'autres documents confirment l'implantation de potiers au Moyen Age aux environs de Guingamp si ce n'est à Guingamp même. Les comptes municipaux de Guingamp fournissent les noms de plusieurs potiers et " fesour de tuiles " actifs à Guingamp durant la seconde moitié du XVe siècle:

- potiers : Jehan Lavenant, mentionné de 1468 à 1470, Jehan Le Roy, mentionné de 1440 à 1445,

- tuiliers : Jehan Le Piller, 1452-1454, YvonLe Guenel, 1452, Rolland Le Quéré, 1464-1465, Jehan Stehesan, 1452-1454.

3 L'étude historico-etnographique de René-Thérèse Salaun , " La poterie de Pabu, près Guingamp ", rédigée en 1942 et publiée en 1954, demeure essentielle. Cet article contient de nombreux détails, notamment technologiques, recueillis auprès de ceux qui furent les derniers acteurs et les derniers témoins de cet artisanat.

Depuis, deux articles publiés dans Le Pays de Guingamp ont contribué à la connaissance de l'histoire de Pabu et plus particulièrement de ces potiers.

Le premier4 concerne la requête des habitants de la "dixmerie" de Trivis, paroisse de et future commune de Pabu, à l'évêque de Tréguier en décembre 1711. Leur souhait est de voir la chapelle de Pabu érigée en église paroissiale ou au moins tréviale. Leur argumentation repose principalement sur la distance entre la dixmerie et le bourg de Ploumagoar où se trouve le prêtre. Du fait du trajet, ils ne peuvent par exemple assister aux offices, ou encore, les malades ne reçoivent pas toujours la visite du prêtre et peuvent mourir sans avoir reçu les sacrements...

On y apprend également que le village est composé de plus de 180 foyers et de plus de 900 âmes dont les trois quarts sont marchands potiers ou voituriers (soit près de 350 potiers). La description dans ce document des conditions de vie de l'ensemble de la population est plutôt sombre, en ce qui concerne les potiers, on peut y lire:

Ceux d'entre les habitants qui pour leur commerce sont obligés de percer et de mannier continuellement la terre par les mauvaises exhalations qui en sortent deviennent presque tous éthiques ou poulmoniques. " -" Plusieurs (marchands potiers) cependant l'hiver ne mangent un repas dans vingt et quatre heures, lors que la glace empêche (...) de travailler àfaire les pots..."

Le second5 article présente le récit fait devant le sénéchal et juge de la juridiction de Munehorre d'une bagarre opposant François Prigent à Louise Le Bars et son fils François Trivis, tous potiers de leur état

3 SALAUN 1954. ' L'y 4 ANONYME 1994, p.25-26. - j.' 5 LE PETIT 1994. 10 qui s'affrontent verbalement et physiquement le 29 mars 1776. Le conflit a pour origine la volonté du premier de faire cuire ses pots dans le four commun de Keranraix, projet qui s'oppose à celui, identique, formulé par les seconds.

Les dépositions des protagonistes et de différents témoins permettent plusieurs observations:

- il existe des fours communs que tous les potiers peuvent utiliser à tour de rôle, - un "usage", un règlement a été établi pour l'utilisation de ces fours6, - au moment de cuire leurs poteries, les potiers emploient des journaliers, chargés de transporter les pots et le combustible, - le four est suffisamment grand pour que deux des protagonistes se battent à l'intérieur.

L'archéologie a également apporté sa contribution à l'étude de la poterie de Pabu. En 1971, Bertrand Chiché publie les résultats d'une fouille de sauvetage menée sur deux fours de potiers gallo-romains découverts au hameau du Grand Kermin à Pabu7. Cette découverte va confirmer l'hypothèse de l'ancienneté de cette activité dans ce secteur.

Puisqu'on connaît l'existence de potiers aux époques contemporaine et moderne et que l'on a la preuve qu'il y en avait à l'époque gallo-romaine, il est tentant d'admettre qu'il y en avait aussi au Moyen-Age.

Récemment, les analyses pétrographiques effectuées par Pierre-Rolland Giot8 ont permis d'identifier des céramiques médiévales découvertes sur l'Ile Lavret (archipel de Bréhat), qui par leur composition minéralogique sont considérées comme étant des produits des ateliers de Pabu.

3 Nouvelles données

3.1 L'étude archivistique : les potiers à la fin du XVIIIe siècle.

Le dépouillement des archives de la seigneurie de Munehorre9, dont relevait Pabu sous l'Ancien Régime, s'est révélé très positif en ce qui concerne le dernier quart du XVIII0 siècle. Une cinquantaine de documents, principalement des inventaires après décès, apportent des informations touchant différents aspects de l'artisanat céramique dont :

- l'outillage, - les matières premières : (argile et combustible) origine et prix, - la production : inventaire des formes et estimation du prix de vente, - la commercialisation : moyens de transport et liste des foires fréquentées par les potiers au lendemain de la Révolution...

L'essentiel du fond de cette juridiction est constitué par des documents de la fin du XVIII siècle. Il convient cependant de mentionner l'existence de quelques indices relatifs à l'artisanat de la poterie à la fin du XVIIe. L'élément le plus probant date de mars 1692 : un aveu rendu par Yves Trivis "marchand pottier" dans lequel il est fait mention d'un "droit de guét et de cuittes de four (?) ".

6 Un autre élément vient confirmer l'idée d'une "communauté" de potiers, la présence d'une statue de Saint - Quentin datée XVIP-XVni0 siècle dans l'église de Pabu. 7 CHICHE 1971. ■ -vliL 8 GIOT et QUERE 1987, p. 154. 9 AD 22 B 2836 à B 2840, Minutes de la juridiction de Munehorre 1725 - 1789. 11 (!

3.1.1 L'organisation du travail et l'outillage

Il convient tout d'abord de noter qu'il n'existe pas d'atelier à proprement parler. Le travail de l'argile se fait à l'intérieur même de l'habitat ; il n'existe pas de lieu spécialement destiné au travail de la terre. Il en est de même pour le stockage de la production. Les produits finis peuvent être entreposés à l'intérieur de l'habitation, dans la cuisine ou dans le grenier, parfois à l'extérieur, dans des granges dont l'utilisation n'est pas exclusivement destinée à la céramique.

Les indications concernant les fours ne sont pas très nombreuses. Néanmoins, il est clair qu'il existe deux types de four, les fours "privés" qui sont utilisés par un ou deux potiers et les fours "communs" qui peuvent l'être par l'ensemble de la communauté. Enfin, il faut souligner que dans la plupart des cas, ces potiers sont également des agriculteurs qui exploitent des parcelles de terre.

Les outils mentionnés dans ces documents interviennent aux différents moments de la chaîne opératoire : le transport des matières premières

- 1773 : "des espèces de manequins pourporter du fumier et de l'argile", - 1779 : "une paire de paniers a argile", - 1781 : "despaniers a argille", - 1785 : "une paire de hars10 a argille et deux paires de crochets pour bois etjoncs". la préparation des argiles

- 1773 : "une mauvaise table pour acomoder de l'argile", -1777 : "une table pour demeller de l'argile",

- 1781 : "une mauvaise table de bois pour pétrir la terre a faire pots",

- 1785 : "une table composée de madrier pour pétrir la terre a pots ", - 1785 : une table composée de mauvais madriers pour pettrire la terre a pots",

-1781 : "une pelle de bois pour manier la terre a pot". la production des pots le tournage

- 1770 : "les ustensiles a faire pots",

- 1771 : "les ustensiles a faire pots",

- 1773 : "trois mettiers a faire pots",

- 1774 : "une mauvaise tournouaire'1 pourfaire des pots",

- 1775 : "un mettier a faire pots",

- 1779 : "deux mettiers a faire pots",

- 1781 : "deux tours pourfaire des pots",

- 1781 : "un tour a faire pots", -1781 : "trois mettiers a faire pots",

- 1784 : "un mettier a faire pots",

- 1785 : "un mettier a faire pots",

- 1785 : "quatre mettiers a pots",

- 1785 : "un mettier a faire pots",

- 1785 : "un mettier a faire pots et le piédestal d'un autre",

- 1785 : "deux mettiers a faire pots", - 1785 : "quatre toures et leur pied destal",

10 des Probablement paniers . 11 une tournette pour la finition des pots ? 12 -1787 : "un tour pourfaire pots", - 1787 : "le plus mauvais des deux mettiers a faire pot". le moulage

-1789 : "des moules pourfaire des thuiles". le séchage des pots

- 1779 : "trois bouts de planche pour soutenir la poterie", -1781 : "vingt et un bouts de planche pour mettre les poteries a secher", -1781 : "deux mauvais escabeaux et dix bouts de planche pour tenir les pots a secher", -1785 : "six bouts de planche et six plateau de terre pour mettre les potteries a secher", - 1787 : "quelques bouts de planche pour mettre les poteries a secher",

- 1782 : "contre le pignon au couchant de laditte maison un fourneau a trois services de grosse taille et de maçonne propre pour secher des pots

les outils liés au plomb

-1785 : "une cuillère defer pour fondre le plomb ".

la cuisson des pots

- 1781 : "le four a cuir pots (...) composé de deux mauvaises longères de maçonnerie, embouchure de même et couvert de mauvais pots ",

- 1782 : "au bout du levant de la cour un mauvais four a pot contenant dans chacune des ses deux longères de maçonnerie dix neuf pieds deux tiers hauteur inconnu" soit un four rectangulaire d'environ 6m 50.

le transport des produits finis

-1770 : "les ustensiles a les (lespots) transporter aux marchés", -1779 : "deux paires de paniers a pots", -1781 : "des paniers a pots", -1784 : "unepaire de manequins a pots", -1785 : "une paire de paniers a pots".

3.1.2 Les matières premières

Les mentions relatives aux matières premières, l'argile, le plomb et le combustible permettent plusieurs observations.

La paroisse voisine de Pommerit-le-Vicomte apparaît comme une zone d'approvisionnement importante tant en argile qu'en combustible. A plusieurs reprises l'on rencontre des mentions de dettes dues par des potiers décédés à des paroissiens de Pommerit. Ces dettes concernent l'achat et la livraison de différentes quantités de "terre a pot" et de "chauffage pour les pots". L'argile est extraite du Bois Lucas ( Coat Lucas à la limite entre Pabu et Pommerit).

L'argile est indiquée sous différentes appellations et sous différentes unités : "de la terre a faire pots, "de l'argile", " de la terre jaune", "de la terre blanche". Quatre unités de poids sont mentionnées dans les textes : la charretée, la charge, la tourte et la plate.

Les précisions concernant la valeur de chacune de ces unités permettent de restituer l'équivalence de trois d'entre elles : 1 charretée = 5 charges = 40 tourtes. 13 La plupart des inventaires après décès indiquent différentes quantités de bois sans que soit spécifié l'usage qui en est fait. En revanche les joncs, genêts, bruyères et triques sont très certainement destinés à l'alimentation des fours.

Aucune quantité de plomb n'est précisée dans les actes. Il est néanmoins certain qu'il était employé. Outre la mention d'une cuillère pour le fondre, le plomb est cité parmi les dettes et à plusieurs reprises le notaire décrivant le stock de marchandise laissé par un mort, précise qu'il y a des poteries "non cuis ny vernis" ou "non plombés".

On rencontre différentes mentions de cendre sans que la destination de celle-ci ne soit précisée. Il est très probable qu'elle ait eu une certaine utilité pour les potiers. La cendre a été utilisée dans différents centres artisanaux, notamment à Lamballe12, pour l'élaboration de la glaçure. Mélangée au plomb fondu, la cendre permettait d'obtenir une poudre qu'il suffisait de fixer aux pots préalablement humectés.

3.1.3 La production

La production des ateliers de Pabu peut être abordée à travers deux types de mentions. Il y a tout d'abord la description du stock de poterie produite par le potier et la description de la vaisselle à l'usage du foyer:

- céramiques n'apparaissant que dans la rubrique production asseteau13 (grand, moyen, petit) brique corgne ou trompe de terre plataine poêlon "a enfans" pot à miel (moyen, petit) tuile tuile à pavage tuile carrée tuile "plieère"

- céramiques mentionnées parmi les productions et les biens consommés buie à eau (de différentes grandeurs) casserole écuelle plat pot (grand, moyen, petit) pot de chambre ribotte14 terrine

- céramiques consommées charnier plat à lait

12 HAMON 1969, p 206. 13 Très probablement l'affaiteau que l'on retrouve dans le catalogue des productions des Tuileries et Briqueteries de Saint- Ilan près de Saint-Brieuc vers 1930. C'est une tuile ronde ou triangulaire qui semble ne se distinguer de la tuile faitièrë' que par l'absence de système d'emboîtement. 14 Baratte. 14 pot à lait cuve (petite) demy chopine de terre plat (petit, ovale) "en terre de Bordeaux" assiette "en terre de Bordeaux" écuelle "en terre de Bordeaux" bouteille en "fayance" poteau en "fayance" beurrier en "fayance" assiette en "fayance" assiette en "terre brune" gobelet (petit) en "terre brune" burette en "terre grise"

Certaines de ces formes sont quasi systématiquement rencontrées : les buies à eaux, les écuelles, les ribottes, les terrines...En revanche d'autres marchandises sont rarement mentionnées : les trompes de terre, les poêlons à enfants. Des produits allochtones sont également recensés dans ces inventaires. On y rencontre des objets de faïence, de "terre brune" et de "terre grise", probablement des grès et enfin des céramiques en "terre de Bordeaux". Lors de l'étude consacrée, dans le cadre d'un mémoire de maîtrise, à la céramique fine de Landévennec j'avais déjà pu mettre en évidence la présence de céramiques médiévales et modernes que je proposais d'attribuer à l'Aquitaine15.

Les indications précises de prix16 permettent de dresser le tableau suivant (Fig.l) qui indique la valeur, exprimée ici en deniers, de différentes poteries neuves ou usagées.

Ces données suggèrent tout d'abord l'existence de différents formats pour un même type d'objet; ainsi le charnier qui doit se décliner en trois tailles : le grand à 600 deniers, le moyen à 480 deniers et le petit à 240 deniers. Le charnier est de loin l'objet le plus coûteux, un grand charnier équivaut à 300 tuiles à 2 deniers la pièce.

La valeur de l'objet semble dépendre, outre de la quantité d'argile nécessaire, du temps nécessaire à sa réalisation et de sa fragilité tant au moment du façonnage qu'au moment de la cuisson.

Ces tarifs montrent clairement que les produits allochtones ont un prix supérieur aux produits des potiers de Pabu. Ainsi un plat de terre de Pabu coûte 14 deniers tandis qu'un plat de terre de Bordeaux en vaut 48.

15LEBOZEC 1999, p.31-34. !6 1 livre = 20 sols (sous) = 240 deniers. 15 Figure 1 : Prix de vente de différentes poteries à Pabu.

Prix en deniers

Objet Neuf Occasion 1774 asseteau 8 1781 asseteau 6 1781 assiette de faïence 24 1785 assiette de terre brune 42 1781 beurrier de faïence 54 1781 bouteille de faïence 84 1774 brique 7 1781 buie à eau 36 1781 buie à eau 24 1784 buie à eau 24 1787 buie à eau 30 1774 casserole 12 1771 charnier 240 1781 charnier 480 1773 charnier et couverture 480 1781 charnier et couverture 480 1774 charnier à lard et couverture 600 1781 couverture pour marmite 12 1781 cruche 12 1781 écuelle 6 1781 écuelle 8 1787 écuelle 6 1781 pipe de terre 7 1781 plat de terre 14 1781 plat de terre de Bordeaux 48 1772 plat de terre de Bordeaux (petit) 24 1773 plat ovale terre de Bordeaux 72 1781 poêlon à enfant 9 1781 pot de chambre 12 1781 pot de chambre 18 1781 pot(grand) 14 1781 pot (petit) 9 1781 saladier de faïence 48 1781 terrine de terre 24

1781 terrine (moyenne) 24 1781 trompe de terre 3 1750 tuile 2 1774 tuile à pavage 2

3.1.4 La commercialisation

La commercialisation des poteries de Pabu peut être abordée à travers deux aspects; celui du mode de commercialisation et celui de la diffusion.

Le cas le plus fréquent correspond à la vente directe, du producteur au consommateur. Le potier se rend directement sur les foires pour y écouler sa marchandise. Dans les autres cas, le potier vend sa production à un "marchand potier" qui se charge de la revendre. Enfin, il semble que dans quelques 16 cas, notamment celui des terres cuites architecturales (et principalement des briques), le potier ne produit que sur commande. Dans la plupart des documents, les terres cuites architecturales sont citées en faible nombre, sauf dans l'inventaire après décès d'un potier qui, avant de décéder, travaillait à la satisfaction d'une commande de deux milles briques pour les religieux de l'Abbaye cistercienne de Bégard.

3.1.5 La diffusion

Le problème de la diffusion est renseigné par un document de la période révolutionnaire. Il s'agit des registres de l'enregistrement des passeports et des visas de patentes du 19 Nivôse an IV au 29 Germinal an VIII. Les déplacements étant contrôlés à cause de la Chouannerie, les potiers de Pabu, comme le reste de la population doivent demander l'autorisation de se rendre aux "différentes foires et marcher ou son estât et son commerce lapel". Sur 86 demandes de passeports, 20 (seulement !) indiquent précisément le lieu de la foire. Il apparaît au travers de cette énumération que l'ouest du département des Côtes d'Armor est le secteur privilégié de la diffusion de ces produits (Fig. 2)

Les localités citées sont : Binic, , Carhaix, , , Guerlesquin, , Plésidy, Plougasnou, , , , Saint-Brieuc, Tréguier.

La diffusion se fait à l'ouest et au sud-ouest du département sur une distance d'environ 50 kilomètres. Elle est plus limitée à l'est, une trentaine de kilomètres, ce qui s'explique par la concurrence exercée par les potiers de La Poterie / Lamballe, Saint-Brieuc se trouvant à la limite des deux zones de productions. L'aire de diffusion des produits de Pabu ne s'est pas modifiée entre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècle. R.-Th. Salaun17 mentionne les foires de Guingamp, Saint-Brieuc, Binic, , Quintin, Mûr, Châtelaudren, Callac, Carhaix, Gourin, Morlaix. Il ajoute à cette liste Saint-Jean- Brévelay, au cœur du Morbihan, a environ 90 kilomètres de Pabu.

17 SALAUN 1954, p.89. 17 )

T-H oo 4 Conclusion.

L'exploration des archives de la seigneurie de Munehoixe correspondait à mes yeux à une première étape dans la quête de données historiques sur les potiers de Pabu. Les résultats, principalement obtenus grâce aux inventaires après décès, ont été très positifs et au-delà de mes espérances. Les informations recueillies touchent à différentes problématiques historiques et archéologiques. Il convient de préciser que d'autres archives ont été très décevantes.

Les registres de baptêmes, mariages et sépultures de l'Ancien Régime ont été consultés avec pour objectif d'acquérir des données de type social sur les potiers, par exemple des preuves d'endogamie. Malheureusement ces registres ne contiennent aucune indication de profession et ne sont donc pas exploitables. Autre archive très décevante les rôles d'imposition18 conservés pour les années 1734, 1751, 1774, 1780 et 1783. Ces documents peuvent permettre de situer le niveau de fortune des potiers et de le comparer au reste de la population. Là encore l'absence de précision quant à la profession des personnes imposées ne permet pas l'exploitation de cette série.

La recherche de documents sera poursuivie dans deux directions : la recherche de textes antérieurs au XVIIIe siècle et de textes concernant les XIXe et XXe siècle. En ce qui concerne le premier objectif les archives des communautés religieuses de Guingamp doivent être dépouillées, notamment celles des carmélites qui semblent avoir eu de nombreuses possessions à Pabu. Les fonds des seigneuries voisines de celle de Munehorre peuvent également être riches d'information.

En ce qui concerne le XIXe et le XXe siècle quelques données ont déjà été recensées, par exemple la présence de Charles Le Quéré, un potier, au Conseil Municipal de Pabu durant 46 années de 1814 à 1860. Témoignage de l'implication politique d'une communauté encore forte durant cette période.

Le recensement des sites de production à travers la prospection doit également être étendue avec un recours plus important à la toponymie. Une première remarque peut être faite à ce sujet. Un des hameaux de Pabu porte le toponyme au combien révélateur de "La Poterie". Or dans aucun des documents du XVIIIe siècle je ne trouve de mention de potier habitant ce hameau. Est-ce un simple hasard ? ou cela veut-il dire qu'à une époque indéterminée mais antérieure au XVIIIe siècle le centre de l'activité des potiers était justement ce hameau de La Poterie ?

Une autre source mérite également d'être explorée, il s'agit des documents iconographiques. L'article de R.-T. Salaun19 comprenait déjà quelques illustrations. De juillet à octobre 2000, le Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Brieuc présentait une exposition sur Etienne Bouillé (1858-1933). Ce peintre installé à Guingamp vers 1890, nous a laissé deux toiles particulièrement intéressantes au sujet des potiers de Pabu20 : " Le repas des potiers " (Fig. 6) et " Les potiers au travail " (Fig. 7). La première montre l'intérieur d'une maison de potier avec comme détail instructif l'aménagement particulier du foyer : des planches couvertes de poteries21 maintenues au-dessus du foyer par des murets de pierres. Sur la seconde toile on peut voir un couple de potiers qui semble travailler à l'achèvement de pots : disposés de part et d'autre d'une tournette ils ajoutent un col à des vases rangés sur des planches de bois.

Figure 6 : " Le repas des potiers Etienne Bouillé.

18 AD 22 Série 20 G 390. 19 SALAUN 1954. 20 SIMON-HAMEL 2000, p.29, 31-32. 21 Détail qui n'est pas sans rappeler les " bouts de planche pour mettre les poteries a secher " des documents du XVIIIe siècle. 19 (Côlléctid^psTrticuïière. Reproduction interdite. )

ETRTJOGRAPHIE. 20 Sources manuscrites:

Archives Départementales des Côtes d'Armor

Séries Anciennes (avant 1790)

Série B Cours et Juridictions Fonds de la seigneurie de Munehorre

B 2832 - 2833 : Audiences, 1731/1790 B 2834 : Matières extraordinaires,1761/1790 B 2835 : Dépôts, 1764/1788

B 2836 - 2840 : Minutes, 1725/1786

Série E Seigneurie, Familles...

E 2410 - 2411 : Titres Généraux

Série G Clergé Séculier Fonds des paroisses 20 G 390 : Paroisse de Ploumagoar, dîmerie de Trivis : impositions, requêtes des habitants, rentes et fondations, travaux dans l'église, dans les chapelles et le presbytère, 1620/1790

Séries Révolutionnaires 11790 - 1800")

Série L Documents administratifs et judiciaires 29 L 2 et 8 Enregistrement des passeports, visas et des patentes (an IV - an VIII) 100 L 106 Comité de surveillance et comités révolutionnaires : listes des membres et délibérations.

Séries Modernes 11800 - 19401

Fonds relatifs à la commune de Pabu

Série M Administration Générale et Economie 3 M 388 : documents concernant les mânes, adjoints et conseillers municipaux (an XIII - 1935) 6 M 331 Listes nominatives de la population de Pabu de 1836 à 1936 (lacunes 1896 et 1901)

ANONYME, 1994, " A Monseigneur, Monseigneur Lillustrissime et Révérendissime Evecque et comte de Tréguier (décembre 1711) ", dans Le Pays de Guingamp, juin 1994, p. 24-32.

CHAPELOT, GALINEE et PILET-LEMIERE, 1987 La céramique (Ve-XIXe s.) Fabrication - Commercialisation - Utilisation., Actes du premier congrès international d'archéologie médiévale (Paris, 4-6 octobre 1985), Caen, 260 pages.

CHICHE B., 1971, " Une officine céramique d'époque gallo-romaine à Pabu ", dans Annales de Bretagne, n°78, p. 197-209. COLIN-GOGUEL Fl., 1975, " Les potiers et tuiliers de Manerbe et du Pré d'Auge au XVIIIe ", dans Annales de Normandie, n°2, p.99-119.

GIOT P.-R. et QUERE G., 1987, " Quelques productions médiévales de Bretagne : les incidences des caractéristiques minéralogiques. ", dans Cbapelot, Galinée et Pilet-Lemière, " La céramique (Ve-XIXe

- - s.) Fabrication Commercialisation - Utilisation. ", p. 149-156. ' v ('.•• •

HAMON M., 1969, La Poterie, Hier et Autrefois., Ed. Les Presses Bretonnes. 21 HANUSSE Cl., 1982, " L'outillage du potier de terre aux XVIIe et XVIIIe siècles à Sadirac (Gironde), d'après les sources écrites ", dans Archéologie Médiévale, n°12, p. 289-296.

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