Commune de Villefort (48800)

Plan Local d’Urbanisme

Rapport de présentation

Janvier 2006

1 SOMMAIRE

EN GUISE DE PRÉAMBULE ...... 4

DU PROJET À LA RÈGLE ...... 4 DÉVELOPPEMENT DURABLE ET PLANIFICATION URBAINE ...... 5 LES ÉLÉMENTS DE PORTÉE JURIDIQUE ...... 6 Les principes et objectifs du droit de l’urbanisme ...... 6 La loi Montagne ...... 6 Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) Rhône-Méditerranée-Corse ...... 7 Les servitudes d’utilité publique ...... 7 PARTIE I : ...... 8 DIAGNOSTIC TERRITORIAL ...... 8 1. SITUATION DE LA COMMUNE DE VILLEFORT ...... 9 2. DE LA VILLA MONTIS FORTIS À VILLEFORT ...... 12

2.1 LES ORIGINES COMMUNALES ...... 12 2.2 LA COMMUNE AU FIL DU TEMPS ...... 14 2.2.1 La géologie et l’économie ...... 14 2.2.2 Les échanges et l’économie ...... 14 2.2.3 La place historique de l’agriculture ...... 15 2.3 LE PATRIMOINE HISTORIQUE ...... 16 2.3.1 Le patrimoine archéologique ...... 16 2.3.2 Les monuments historiques ...... 16 3. ETAT INITIAL DE L’ENVIRONNEMENT ...... 17

3.1 ANALYSE ENVIRONNEMENTALE ...... 17 3.1.1 Le contexte géologique ...... 17 3.1.2 Le contexte climatique ...... 18 3.1.3 Un réseau hydrographique dense ...... 19 3.1.4 La sensibilité du milieu et le patrimoine naturel ...... 20 3.2 LE DIAGNOSTIC PAYSAGER ...... 25 4. LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL ...... 26

4.1 LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DU CANTON DE VILLEFORT (CCCV) ...... 26 4.2 LE SYNDICAT DU MONT LOZÈRE ...... 28 4.3 LE SYNDICAT À LA CARTE DES LICHÈRES ...... 28 4.4 LE SYNDICAT DÉPARTEMENTAL D’ELECTRIFICATION ET D’EQUIPEMENT ...... 28 5. DE LA MOSAÏQUE AU PROJET DE TERRITOIRE ...... 29

5.1 LES DYNAMIQUES DÉMOGRAPHIQUES ...... 29 5.1.1 Des soldes naturel et migratoire négatifs ...... 30 5.1.2 Une population vieillissante ...... 31 5.1.3 Structure des ménages ...... 31 5.2 LA STRUCTURE SOCIO-ÉCONOMIQUE ...... 32 5.2.1 Le contexte socioprofessionnel ...... 32 5.2.2 Les secteurs d’activités représentés ...... 33 6. DE LA COMMUNE AU BASSIN DE VIE ...... 39

6.1 LE TERRITOIRE VÉCU ...... 39 6.1.1 Territoire vécu et topologie ...... 39 6.1.2 Territoire vécu et voies de communication ...... 40 6.1.3 Territoire vécu et services aux personnes ...... 40 6.1.4 Les usages et les déplacements ...... 41 6.2 LE(S) TERRITOIRE(S) PERTINENT(S) ...... 43 6.2.1 Les réseaux ...... 43 6.2.2 De l’aménagement du territoire à l’aménagement de la mobilité ...... 46

2 7. HABITAT ET RENOUVELLEMENT URBAIN ...... 47

7.1 MORPHOLOGIE URBAINE ET DÉVELOPPEMENT DE L’URBANISATION ...... 47 7.2 ANALYSE DU BÂTI ...... 49 7.3 LE PARC DE LOGEMENTS ET SES PERSPECTIVES ...... 52 7.4 LES ESPACES PUBLICS TÉMOINS DE L’HISTOIRE ...... 54 8. LES PRESSIONS EXERCÉES SUR LE MILIEU ...... 56

8.1 LES PRÉLÈVEMENTS ET REJETS DANS LE MILIEU ...... 56 8.1.1 L’eau potable ...... 56 8.1.2 L’assainissement ...... 57 8.2 LES DÉCHETS MÉNAGERS ET ASSIMILÉS ...... 57 8.3 LES RISQUES ET LEUR GESTION ...... 59 8.3.1 Les risques d’inondation ...... 59 8.3.2 Les feux de forêts ...... 59 8.3.3 Les mouvements de terrain ...... 60 PARTIE II : ...... 61 PRESENTATION DU PROJET D’AMENAGEMENT ET DE DEVELOPPEMENT DURABLE ...... 61 1. LES ENJEUX DU PADD ...... 62

1.1 RESPECTER LES GRANDS PRINCIPES DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ...... 62 1.2 DÉVELOPPER UNE POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL GLOBALE ET TRANSVERSALE ...... 62 2. LES ORIENTATIONS GÉNÉRALES DU PADD ...... 63

2.1 LE RENOUVELLEMENT URBAIN ...... 63 2.2 LES EXTENSIONS URBAINES ...... 63 2.3 LA VALORISATION DES PAYSAGES ...... 64 2.4 ESPACES PUBLICS ET STATIONNEMENT ...... 64 2.5 LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ...... 65 2.6 LES PISTES D’AMÉNAGEMENT ...... 65 3. LA TRADUCTION DU PADD ...... 67

3.1 LA DIVISION DU TERRITOIRE EN ZONES ...... 67 3.1.1 Les zones urbaines ...... 67 3.1.2 Les zones à urbaniser ...... 70 3.1.3 Les zones agricoles ...... 72 3.1.4 Les zones naturelles et forestières ...... 72 3.2 LES CRITÈRES POUR MAÎTRISER L’URBANISATION ...... 74 3.2.1 Les éléments pris en compte ...... 74 3.2.2 Les objectifs pour les dix années à venir ...... 75 3.2.3 Les espaces ouverts à l’urbanisation ...... 75 3.2.4 Urbanisation future, eau et assainissement ...... 76 3.3 LA MISE EN ŒUVRE DU PLU ...... 78 PARTIE III : ...... 80 LA PRISE EN COMPTE DE L’ENVIRONNEMENT ...... 80 1. LE CADRE TECHNIQUE ET RÉGLEMENTAIRE ...... 81

1.1 LA PRÉSERVATION DE L’ESPACE MONTAGNARD ...... 81 1.2 LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT, DES PAYSAGES ET DU PATRIMOINE ...... 82 1.2.1 La Loi Paysage ...... 82 1.2.2 Les espaces boisés classés ...... 82 1.2.3 Les éléments du patrimoine identifiés par l’Etat ...... 83 2. LES DISPOSITIONS ENVIRONNEMENTALES DU PLU ...... 84

2.1 LE MAINTIEN DE LA BIODIVERSITÉ ...... 84 2.2 PAYSAGE ET IDENTITÉ ...... 84 2.2.1 La préservation des éléments naturels remarquables ...... 85 2.2.2 La préservation du paysage urbain ...... 85

3 2.2.3 La protection du patrimoine bâti ...... 87 En guise de préambule

Le rapport de présentation est la première pièce du Plan Local d’Urbanisme (PLU). Elaboré à partir du diagnostic communal et de l’étude paysagère, il permet de mesurer et d’exposer les enjeux attachés au territoire, ses atouts, ses handicaps, ses contrariétés et ses complémentarités. En effet, le rapport de présentation doit 1 : 1°) exposer le diagnostic établi au regard des prévisions économiques et démographiques et préciser les besoins répertoriés en matière de développement économique, d’aménagement de l’espace, d’environnement, d’équilibre social de l’habitat, de transports, d’équipements et de services ; 2°) analyser l’état initial de l’environnement ; 3°) expliquer les choix retenus pour établir le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), exposer les motifs de la délimitation des zones, des règles qui y sont applicables et des orientations d’aménagement ; 4°) évaluer les incidences des orientations du plan sur l’environnement et exposer la manière dont le plan prend en compte le souci de sa préservation et de sa mise en valeur.

Du projet à la règle

Cette étude est élaborée conformément au nouveau cadre législatif en vigueur : - la loi Solidarité et Renouvellement Urbains du 13 décembre 2000, - la loi Urbanisme et Habitat du 2 juillet 2003. L’analyse du territoire communal a été conduite de façon à prendre en compte les principes fondateurs du développement durable : - la prise en compte des milieux naturels, - la prise en compte des ressources naturelles, - les dynamiques, les enjeux (atouts et faiblesses) et les mutations attachés au territoire communal et intercommunal. Cette analyse s’appuie sur un territoire donné, une organisation spatiale et humaine et des dynamiques. Elle a été nourrie par des réunions thématiques et des visites de terrains avec les acteurs ayant vocation à intervenir sur le territoire.

1 Article R123-2, Code de l’Urbanisme

4 Dans un premier temps, nous nous sommes attachés à lire et comprendre le territoire et les stratégies des familles d’acteurs ayant vocation à intervenir (acteurs institutionnels et membres de la société civile). Cette dynamique permet d’appréhender les projets et leurs incidences sur le territoire : le diagnostic, au-delà des données existantes, a favorisé l’émergence d’une première vision stratégique du territoire d’étude. Elle est enrichie par la rencontre avec les personnes publiques associées et la concertation avec les citoyens.

Développement durable et planification urbaine

Cette nouvelle dimension de la planification urbaine fait partie intégrante de notre démarche dès le diagnostic communal qui inspirera le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD). « L’approche française du développement durable s’est principalement focalisée sur l’angle environnemental, forte d’une sensibilité partagée et d’une réglementation abondante en ce domaine, alors que le développement durable se conçoit comme un processus de développement prenant en compte à la fois, l’environnement, le social et l’économique, ces trois piliers auxquels s’est joint plus récemment celui de la gouvernance. »2

« Le développement est durable s’il est conçu de manière à en assurer la pérennité du bénéfice pour les générations futures »

Approches urbaine, patrimoniale, économique, sociale et participative, réunies dans une démarche aussi transversale que possible permettront une meilleure prise en compte des trois sphères (social, économique et environnemental) pour un projet de territoire porteur de développement durable.

2 Le développement durable. Approche méthodologique dans les diagnostics territoriaux. Françoise Rouxel et Dominique Rist. Collections du Certu. 3e trimestre 2000 - Introduction page 7.

5 Les éléments de portée juridique

Le plan local d’urbanisme entre dans la catégorie juridique des documents d’urbanisme. A ce titre, il est soumis au respect des dispositions générales applicables aux documents d’urbanisme ainsi qu’aux normes supérieures de l’ordonnancement juridique qui régissent l’utilisation et l’occupation du sol. Les services de l'Etat portent à la connaissance de la commune les dispositions particulières applicables au territoire de la commune ainsi que les études techniques disponibles en matière de prévention des risques et de protection de l’environnement.

Les principes et objectifs du droit de l’urbanisme

L’article L110 du Code de l’Urbanisme pose pour principe fondateur en matière d’aménagement et d’urbanisme l’harmonisation et la cohérence des actions d’aménagement qui doivent orienter les politiques d’urbanisme des collectivités locales (gestion économe du sol, protection des milieux naturels et des paysages, adaptation de l’offre foncière aux besoins effectifs). L’article L121-1 du Code de l’Urbanisme fixe les principes fondamentaux assignés aux documents d’urbanisme : principe d’équilibre entre l’extension de l’urbanisation et la protection des espaces naturels, agricoles et forestiers ; principe de diversité des fonctions urbaines et de mixité sociale ; principe de respect de l’environnement.

La loi Montagne

La commune est concernée par la loi du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la Montagne. L'urbanisation en continuité avec les bourgs et villages existants constitue un des objectifs prioritaires de la loi. Elle vise également à la préservation des terres nécessaires au maintien et au développement des activités agricoles, pastorales et forestières, la préservation des espaces, paysages et milieux caractéristiques du patrimoine naturel et culturel montagnard ainsi qu’à l’équilibre entre le développement de l’économie touristique et les grands équilibres naturels. A cet égard, la capacité d’accueil des espaces destinés à l’urbanisation doit être compatible avec la préservation des espaces naturels.

6 Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) Rhône-Méditerranée-Corse

Les SDAGE ont été institués par la Loi sur l’eau du 3 janvier 1992, qui stipule dans son article 1er que la protection de l’eau, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général. Les orientations fondamentales d’une gestion équilibrée de la ressource en eau et les objectifs de qualité et de quantité des eaux définis par les SDAGE ‘’s’imposent’’ aux documents d’urbanisme des communes situées dans son périmètre par un rapport de compatibilité (L124-2 du Code de l’Urbanisme, L212-1 et L212-3 du Code de l’environnement). La loi prévoit que les programmes et les décisions administratives dans le domaine de l’eau doivent être compatibles ou rendus compatibles avec les dispositions des SDAGE. Dans cette optique, le SDAGE Rhône-Méditerranée-Corse fixe les mesures permettant de définir les objectifs, règles collectives et actions prioritaires pour l’eau et les milieux ainsi que les mesures permettant de répondre en toute équité aux besoins de développement durable des activités humaines dans le respect des équilibres naturels. Les dispositions du PLU de Villefort devront être compatibles avec les dispositions du SDAGE Rhône-Méditerranée-Corse.

Les servitudes d’utilité publique

Les services de l'Etat portent à la connaissance de la commune les servitudes d’utilité publique. Régies par des législations particulières, elles grèvent l’occupation et l’utilisation du sol communal.

7 PARTIE I :

DIAGNOSTIC TERRITORIAL

8 1. Situation de la commune de Villefort

A 580 mètres d’altitude sur le flan oriental du Mont Lozère, la commune de Villefort, surnommée « Clef des Cévennes », est une véritable zone de passage entre le bassin méditerranéen et le Massif Central. Elle constitue une zone de contact entre la vallée de la Cèze et la vallée de l’Altier.

D’une superficie de 836,34 hectares, implantée en zone périphérique du Parc National des Cévennes, Villefort, chef-lieu de canton, est située à la frontière du Gard et de l’Ardèche, à l’est du département de la Lozère. La commune est membre de la Communauté de Communes du Canton de Villefort (CCCV) composée des communes du canton, exception faite de Pied-de-Borne et de La Bastide-Puylaurent. Entourée, dans un rayon de 30 km, par les communes de Génolhac (30) au sud, Le Pont-de-Montvert (48) au sud-ouest, (07) à l’est, Le Bleymard (48) à l’ouest et (48) au Nord, Villefort est limitrophe des communes de Saint-André- Capcèze, , Prévenchères et Pied-de-Borne.

Villefort en Languedoc-Roussillon Villefort en Lozère

Villefort

Villefort

Cartes : source IGN et INSEE

9 La commune de Villefort s’est construite et aménagée au-dessus d’un riche réseau hydrographique, provenant pour partie, du Mont Lozère, véritable « château d’eau naturel ». Elle est bordée au sud, par la vallée de la Cèze qui se profile entre les contreforts du Mont Lozère et le Serre de Mâlons. A l’extrême nord-ouest, le Grattassac bloque une grande partie de l’horizon, pour laisser place, en fond, au lac artificiel de Villefort. A l’ouest, une entité granitique, partie du Mont Lozère, se distingue.

Les limites communales (Fond de carte IGN)

10 Villefort en zone périphérique du Parc National des Cévennes

Villefort

11 2. De la villa Montis fortis à Villefort

L’histoire de la commune épouse les contraintes et atouts de la géophysique du site : porte des Cévennes sur la faille de Villefort, carrefour et lieu de passage historique, de la voie Régordane aux routes départementales, Villefort vit au rythme des reliefs qui la composent.

2.1 Les origines communales

Villefort aurait d’abord été une exploitation agricole pendant la période gallo-romaine, avant de se transformer en bourg puis en ville fortifiée dont elle tire son nom : Villafortis qui deviendra Villefort en 1371. Le développement démographique et économique de la commune (transformation en bourg) a été favorisé par sa situation sur le tracé de l’axe historique d’échanges Nord/Sud, la Régordane. «Camin Regourdan», le chemin de la Régordane, est un chemin charretier historique reliant la province romaine (Nîmes) à l’Auvergne, ou selon certains, ancienne route de Montpellier et Nîmes à Alès et au Puy3. Parcouru par les premiers nomades et les troupeaux, cet axe trouve son origine bien avant les romains et existe dès le IIIe siècle av. JC. C’est d’ailleurs ce point qui soulève des interrogations quant à l’origine véritable de la commune. La Régordane suit l’accident géologique de la faille de Villefort, s’étirant d’Alès jusqu’au massif du Tanargue. Le chemin est très fréquenté par les pèlerins, marchands et les voyageurs jusqu’au XIVe siècle. A partir de la moitié du XVIIIe siècle, avec la prospérité cévenole, le chemin redevient un axe fort d’échanges commerciaux. A l’époque médiévale, cet axe jouit d’une forte fréquentation et se positionne comme un axe économique majeur : Villefort apparaît comme une zone de passage permettant de relier les ports méditerranéens aux grandes foires de Champagne.

3 Ch. Almeras, Villefort et ses alentours, Langogne, 1951

12 Le chemin de la Régordane du Puy à Saint Gilles4 ‘’Parmi les chemins du monde, il en est dont l’existence est aussi vieille que les voies naturelles qu’ils empruntent ; ils ont l’âge des vallées et des cols ; ils sont faits de la même chair que la terre qu’ils ont creusée. Les générations se repassent ces commodes itinéraires, se lèguent ce capital humain que sont les routes et leur histoire se confond avec l’Histoire. »

Paul Morand - Méditerranée - 1938.

Le tracé de la Régordane Il suit une faille longitudinale entre Alès et Pradelles, liée géologiquement à une dislocation et à une translation entre le massif du Mont Lozère à l’Ouest et le plateau de Montselgues à l’Est. De vallées en vallées, le chemin transite par une série de 7 à 8 cols (variant de 400 à 700 mètres). Un profil en montagne russe : des passages à gués, des ponts et 170 rivières, ruisseaux valats enjambés, ...

4 Extrait des « Chemins de tolérance ». Tome 1

13 2.2 La commune au fil du temps 5

Les jeux de succession transmettent les terres dans le patrimoine de la famille des Morangiès, célèbre famille du Gévaudan, au XVIe siècle. D’abord villa de Montisfortis, puis Villafortis, et enfin Villefort, les terres de Montfort relevaient anciennement de l’Abbaye de Saint-Gilles. La commune faisait partie du riche patrimoine de la maison de Châteauneuf-de-Randon. Le Castel Viel (Castrum de Montisfortis – château du Mont fortifié) était le fleuron du territoire dominant les terres d’un sommet proche du Collet de Villefort. Pour se protéger de l’agresseur, Villefort fut fortifiée et défendue par plusieurs tours (XVIIe). Les périodes de guerres de religions font tomber Villefort sous l’influence protestante. Ils y développent les axes de communications entre les Cévennes, la Haute Ardèche et le Gévaudan. Toutefois, le soulèvement des Protestants du Midi et la prise du village marquèrent les esprits par l’incendie de la commune qui dévasta même l’église. Après la Révolution, la commune intègre le département du Gévaudan (1790), ancêtre de l’actuel département de la Lozère.

2.2.1 La géologie et l’économie Au-delà de la vocation agricole, l’économie locale s’est dynamisée avec l’exploitation des richesses minières dans une zone géologique d’importance. Cette dynamisation de l’économie s’est réalisée à partir du milieu du XVIIIe jusqu’au début du XXe siècle. Plomb argentifère, filon cuivreux et barytes sont exploités. Des recherches minières montrent la présence d’or, d’uranium, d’arsenic et d’autres richesses des sols et sous-sols qui ne manqueront pas de renouveler les convoitises minières, même si à l’heure actuelle aucune exploitation n’est en activité.

2.2.2 Les échanges et l’économie Au cœur d’un passage naturel entre des entités géographiques, Villefort est un lieu d’étape et d’échanges. Artisans, commerçants et agriculteurs fournissent l’ensemble des emplois. La place forte occupée par la commune sur la Régordane permet une affluence naturelle d’acheteurs potentiels. La commune resta une place forte tant qu’elle fut animée par ses commerçants et artisans, par ses foires et marchés.

5 Histoire de Villefort et de son canton, A. Laurans, J-L. Maurin (1990)

14 Le manque d’entretien des routes, la diminution du commerce liée à la baisse d’attractivité de l’axe de la Régordane au profit de la vallée du Rhône, engendre un déclin démographique sans précédent : 2 136 habitants en 1806 contre 620 en 1999. Les travaux de constructions du chemin de fer et l’aménagement du barrage du Chassezac ont permis une revitalisation du tissu social et économique.

2.2.3 La place historique de l’agriculture La châtaigne devient le poumon économique du secteur : son fruit et surtout son bois apportent prospérité à la terre cévenole aux XVIIe et XVIIIe siècles. Outre la châtaigne, les ressources agricoles sont composées essentiellement de seigle, d’avoine et d’orge mais également de vignes. Cependant, les conditions climatiques difficiles rendent la ressource agricole et l’économie locale fragiles. L’exode rural, la baisse du prix de la châtaigne et l’augmentation du coût des transports provoqua une déprise agricole importante entre les XIXe et XXe siècles. Les effets paysagers et environnementaux sont caractérisés par un fort déboisement de châtaigneraie, hêtre et fayard au bénéfice de résineux. Le déboisement aura tout de même permis d’alimenter pendant quelques temps une fonderie industrielle (XIXe). En contrepartie, les conditions climatiques ont permis le développement d’une ingénierie agricole : maîtrise de l’eau, mise en culture des terres vont nécessiter l’intervention humaine. La maîtrise du milieu se traduisant par un patrimoine rural spécifique avec ses terrasses, ponts et viaducs.

D’hier à aujourd’hui, la géologie tient une place prépondérante dans l’organisation spatiale et économique du territoire communal. La faille de Villefort, phénomène grandiose des grands moments de l’histoire alpine du Languedoc-Roussillon, a non seulement sculpté les paysages mais elle a induit un mode d’organisation humaine, économique et culturelle qui se retrouve à chaque époque de l’histoire communale.

15 2.3 Le patrimoine historique

La commune de Villefort est riche d’un patrimoine historique varié qu’il convient de préserver et de mettre en valeur.

2.3.1 Le patrimoine archéologique

La Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) relève la présence d’un site d’intérêt archéologique sur le territoire communal. Il s’agit de l’état actuel des connaissances, qui ne préjuge en rien d’éventuelles découvertes à venir et qui est susceptible de mise à jour.

Eglise de Villefort Epoque : Moyen-Âge Site n°48 198 001 H Coordonnées Lambert III : X=727.105 Y=3238.830

2.3.2 Les monuments historiques La commune de Villefort présente plusieurs monuments ou sites dont l’intérêt patrimonial historique ou paysager justifie qu’ils bénéficient d’une protection particulière. Ces Monuments Historiques et Sites constituent des servitudes d’utilité publique grevant le territoire communal.

Immeuble gothique rue de l’Eglise Localisation : parcelle n°132 au nouveau cadastre (anciennement 218), Section AC Protection : Inscription à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH) par arrêté du 12 février 1993.

Immeubles rue Louis Gagne Localisation : parcelles n°190, 191, 218 et 225 (ancien cadastre) Protection : Site inscrit par arrêté du 23 octobre 1942.

16 3. Etat initial de l’environnement

3.1 Analyse environnementale

Géologie, reliefs et paysage ont façonné un territoire physique, social, économique et culturel à fort caractère. L’analyse de ce contexte favorisera sa prise en compte dans les perspectives d’aménagement et les projets futurs de la commune.

3.1.1 Le contexte géologique Le cadre géologique général du territoire communal, appartient à la formation du Massif Central. Ce dernier représente de nos jours les traces, datant de l’ère primaire, de l’ancienne chaîne Hercynienne qui couvrait, à cette époque, une très grande partie de l’Europe. Le cadre géologique particulier est rythmé par de nombreuses failles découpant le territoire en multiples entités géologiques singulières, particulières et encore mystérieuses. La faille principale, la "faille de Villefort" croise la "faille du Mont Lozère" quasiment à l’emplacement de la commune.

La faille de Villefort Visible d’Alès à Langogne, la faille de Villefort sépare le granit à l’ouest du micaschiste à l’est. Elle est responsable de la quasi-totalité des dénivellations dans le secteur. « Peu avant le collet de Villefort, elle se sépare en deux branches qui encadrent une lame de granit écrasé large d’environ 200 mètres appelée "rondelle de saucisson" 6 par les géologues régionaux (…). La faille qui la limite à l’ouest passe sous la nouvelle école primaire et poursuit son trajet vers le nord formé par une petite vallée entaillant le Grattassac. La cassure qui la limite à l’est, longe la rue de la Bourgade un peu à l’ouest et traverse la Palhères en amont du Pont de Saint-Jean7 ». Partout les traces de cet accident séparent le granit du micaschiste en laissant, par endroit, des filons quartzeux ou quartzobarytiques déborder. Le bourg lui, se situe en plein cœur de cette zone géologique d’importance.

6 Contraste entre la couleur claire du granit et le gris des berges micaschisteuses. 7 Extrait de l’ouvrage ‘Quand le passé laisse un message… Histoire de Villefort et de son canton’. Alain Laurans, Jean-Louis Maurin.

17 Au niveau du village, le socle formé de roches granitiques et cristallophylliennes (gneiss et micaschistes) est couvert partiellement de couches sédimentaires, reflet de la submersion en date de l’ère secondaire sur une grande partie de la zone. Ainsi le village est construit en plein cœur d’un métamorphisme de contact. Il est important de souligner dès à présent, la vulnérabilité de la zone face aux risques de mouvements de terrain ou géologiques.

Villefort

Failles majeures

Roches sédimentaires continentales

Roches sédimentaires métamorphiques et plutoniques

Source : Géologie du Languedoc Roussillon. Jean Claude Bousquet - BRGM. Les Presses du Languedoc. 1997. Page 120

La faille du Mont Lozère ou faille du Bleymard « Cet accident passe au Col du Montat à l’ouest de Villefort, et suit le Valat de l’Argalas qui débouche à la Lampe. Passant sous la gare, il est marqué par une source au coteau du Rat, (…) traverse dans le village la "rondelle de saucisson" et se dirige vers le sud est (…) ». Au niveau de la gare, une autre faille issue de celle du Mont Lozère glisse vers l’Est. Au sud, une autre représentation des multiples accidents vient couper la D 901 et la route des Balmelles.

3.1.2 Le contexte climatique Zone de contact, Villefort se situe en frontière de deux zones climatiques : la zone méditerranéenne et la zone océanique, la limite approximative étant le Collet de Villefort. D’une manière plus générale, les Cévennes constituent une articulation entre la circulation de vents tempérés et de vents tropicaux. A cela s’ajoute un relief contrasté avec de forts différentiels en matière d’altitude.

18 Ces deux causes réunies expriment l’instabilité retrouvée dans l’air et les forts contrastes climatiques de cette région. La matérialisation positive de ce cadre se retrouve dans la richesse des biotopes de la zone. C’est en automne que le régime pluviométrique est le plus élevé. Les précipitations peuvent atteindre une moyenne horaire de 30 à 130 mm. Le printemps est considéré comme la deuxième période pluvieuse, même si les précipitations y sont beaucoup moins torrentielles et beaucoup moins soutenues. La position altitudinale de la commune (580 m) permet à ses habitants de jouir d’un climat fort appréciable : à l’abri des fortes chaleurs de la zone méditerranéenne (tout en n’échappant pas aux sécheresses typiques de cette zone d’influence) et exempté des faibles températures hivernales.

3.1.3 Un réseau hydrographique dense Les Cévennes sont arrosées par les pluies venant de l’océan par vent d’ouest, mais surtout par celles venant par vent de sud, de la méditerranée. La constitution rocheuse du Tanargue et du Mont Lozère, favorise la filtration des eaux. Ils sont assimilables à de véritables châteaux d’eau particulièrement bien approvisionnés pour irriguer l’ensemble de la zone. La Borne, le Chassezac et l’Altier – qui passe au Nord du Village pour alimenter le lac de Villefort, ouvrage hydraulique initialement et chaînon du tourisme local – façonnent le paysage. Au sud-ouest, la Palhères naît dans le cirque de Costeilades, longe le village de Villefort pour se jeter dans l’Altier au niveau de la colline de Saint- Loup. Deux ruisseaux torrentiels, la Devèze et les Chaufours en provenance du sud- ouest du territoire se réunissent avant d’entrer dans le village, en se jetant dans les Sédariès, plus long et tout aussi torrentiel. La particularité du village est qu’il s’est construit depuis le XVIIe siècle, non pas en bordure des cours d’eaux, mais au- dessus d’eux, et notamment sur les Sédariès. La généralisation de la couverture en galerie voûtée, s’est effectuée au XIXe siècle et a contribué à l’aménagement de la commune. Le régime hydrologique des cours d’eau se caractérise par un étiage très marqué en été, de fortes crues de type pluies cévenoles en automne et un régime régulier à bon débit pendant les périodes hivernale et printanière. Ces données nous amènent là encore à souligner l’exposition de la commune aux risques d’inondation.

19 3.1.4 La sensibilité du milieu et le patrimoine naturel

Par sa position au pied du Mont Lozère, la richesse du réseau hydrographique et la richesse de ses boisements abritant une faune et flore de qualité, le territoire de Villefort profite d’un cadre écologique particulièrement intéressant. Dans le cadre de l’élaboration du PLU, il s’agit dès lors de prendre en compte les zones présentant ces qualités, cette sensibilité et conserver l’équilibre écologique de la zone. L’inventaire du patrimoine naturel en Languedoc-Roussillon établi par la DIREN recense deux zones classées en Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF), un site inventorié par le muséum d’histoire naturelle comme site susceptible de figurer au réseau Natura 2000 ainsi qu’un site inscrit.

Les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique et Faunistique (ZNIEFF) Il existe deux types de ZNIEFF : I et II. Aucune ZNIEFF de type I ne concerne le territoire communal. Les ZNIEFF de type II réunissent des milieux naturels formant un ou plusieurs ensembles possédant une cohésion élevée et entretenant de fortes relations entre eux. Ces grands espaces remarquables sont susceptibles d’aménagements si leur intégration dans le site et leurs impacts sont maîtrisés. Les ZNIEFF ne sont que des outils d’aide à la décision et au partage des connaissances scientifiques mais elles sont un paramètre important à prendre en compte dans l’élaboration des documents d’urbanisme car elles constituent un élément d’expertise environnementale.

20 21 La ZNIEFF n° 8018 de la Forêt domaniale du Mont Lozère allant jusqu’à Génolhac

La flore de la forêt domaniale du Mont Lozère : C'est notamment dans les tourbières ou sur les pelouses d'altitude que l'on recense une flore rare, à affinité montagnarde particulièrement intéressante. Citons notamment :  Salix pendandra : ce petit peuplement de Saule se trouve à la limite méridionale de son aire de répartition dans le Massif Central. Cette station est unique dans le Parc des Cévennes.  Oxycoccus palustris : station importante et unique pour le Parc National des Cévennes. Il s'agit de la station la plus méridionale du Massif Central.  Carex limosa : espèce protégée.  Saxifraga cuneifolia, Juncus trifidus et Pulsatilla vernalis : deux stations seulement en Lozère.  Senecio fuchsii : il s'agit de la seule station connue du département.  Streptopus amplexifolius : trois stations connues en Lozère.  Saxifraga prostii : espèce endémique mais possédant plus de 10 stations dans le département.

La faune de la forêt domaniale du Mont Lozère : Les tourbières abritent de très nombreux limicoles de passage : Courlis cendré (Numenius arquata), Petit gravelot (Charadrius dubius), Chevalier sylvain (Tringa glareola), Bécasseau minute (Calidris minuta), Bécassine des marais (Gallinago gallinago)... et deux rapaces nicheurs : le Busard cendré (Circus pygargus) et le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus). La Grenouille rousse (Rana temporaria) et le Lézard vivipare (Lacerta vivipara) ont été recensés en limite de leur aire de répartition.

La Loutre (Lutra lutra) est aussi présente (à plus de 1200 m d'altitude). Dans les milieux rupestres niche le Faucon pèlerin (Falco peregrinus).

Les vastes hêtraies-sapinières abritent une population de grands mammifères : cerfs (Cervus elaphus) et chevreuils (Capreolus capreolus) ainsi que le Pic noir (Dryocopus martius), le Grand-Tétras (Tetrao urogallus), le Faucon hobereau (Falco subbuteo) et la Bondrée apivore (Pernis apivorus).

22 La ZNIEFF type II n° 8014 des Gorges du Chassezac, de la Borne, Vallée de la Palhères et Vallat de Chalondres.

Sa délimitation a été dessinée à partir des limites morphologique et paysagère de la zone. Elle est située à la confluence de l’Altier, du Chassezac et de la Borne au sein d’une vallée escarpée. Le caractère naturel de ces vallées a été conservé, excepté l’aménagement hydroélectrique sur la commune de Pied-de-Borne. Dans sa partie villefortoise, la zone est occupée par un couvert végétal déjà analysé dans le cadre de l’étude paysagère. Pin sylvestre, châtaigner ou genêt purgatif occupent la majorité des espaces. Au bord de l’Altier, la ripisylve à dominante de frênes, de peupliers et de saules s’étire. Le Muséum d’Histoire Naturelle propose de maintenir le site en l’état et notamment de veiller à l’intégrité et à la tranquillité des zones de nidification des oiseaux rupestres.

Le site Natura 2000 des Hautes Vallées de la Cèze et du Luech Bien que situé au sud du territoire communal à la frontière de la commune de Saint- André-Capcèze, la prise en compte du site dans le cadre de l’élaboration du PLU est souhaitable, les limites de la zone n’étant pas définitives, elles pourraient empiéter sur le territoire communal, dans son extrémité sud. Site cévenol en versant méditerranéen, son importance écologique provient notamment de la présence d’habitat aquatique et de faunes multiples : Barbeau méridional, Ecrevisse à pied blanc, Castor ou encore Loutre (seul site des versants méditerranéens). Spiranthe d’été et Pin de Salzmann sont les principaux habitats d’exception des populations animales locales.

Le lac et le barrage de Villefort Le Lac de Villefort est inscrit à l’inventaire des sites pittoresques par arrêté ministériel du 31 août 1972, conformément à la législation sur les sites du 2 mai 1930 modifiée par la loi du 28 décembre 1967. Il est aussi concerné par la loi relative au développement et à la protection de la Montagne (loi n°85-30 du 9 janvier 1985 modifiée en juillet 2003). Le barrage de Villefort, à vocation hydroélectrique, est concerné par l’inventaire régional des zones humides.

23 Le lac d’une superficie de 136 hectares est organisé en quatre zones : - Zone A pour la baignade et la circulation des bâteaux à moteur et à voile, - Zone B pour la navigation à voile et à rame, - Zone C pour la baignade et la pêche, - Zone D pour la baignade, la pêche et la navigation à voile et à rame.

Le lac de Villefort

De nombreuses activités humaines y sont développées, outre sa vocation énergétique : pêche, chasse, pisciculture, tourisme et loisirs cohabitent au travers d’un zonage particulier de fonctionnalité. Le potentiel du site constitue pour partie un des enjeux de développement et d’aménagement à l’échelle communale et intercommunale. La Communauté de Communes a un rôle majeur dans le devenir du site et le développement touristique du territoire. La Garde-Guérin, le château de Castanet bénéficient d’une protection au titre des Monuments Historiques. Bien que situé en dehors du territoire communal, la prise en compte de ce patrimoine doit être effective pour chaque projet situé dans la zone de visibilité de l’ouvrage.

24 3.2 Le diagnostic paysager

Le diagnostic paysager réalisé dans le cadre de l’élaboration du PLU consiste en une analyse sensible du territoire, à partir de sa découverte, l’identification de ses composantes et la description des unités paysagères. Le diagnostic paysager se compose de la description du patrimoine paysager et de ses éléments remarquables. Il permet l’évaluation de l’évolution du paysage. Outil de reconnaissance et de re-connaissance du territoire, c’est aussi un outil d’aide à la décision afin d’accompagner les décideurs dans leur stratégie d’aménagement et de développement dans une perspective de développement durable et de prise en compte des spécificités du territoire. De l’analyse aux enjeux, le paysage est acteur à part entière du Projet d’Aménagement et de Développement Durable de la commune. Joint au rapport de présentation, il constitue une partie importante de l’analyse sensible du territoire.

25 4. Le contexte institutionnel

Du territoire donné (le canton, la commune) au territoire vécu, les échelles d’action et de réflexion évoluent. La commune de Villefort appartient à plusieurs structures ayant vocation à intervenir dans la gestion du territoire communal.

4.1 La Communauté de Communes du Canton de Villefort (CCCV)

D’une superficie de 166 km² pour une population de près de 1300 habitants, la Communauté de Communes du Canton de Villefort est constituée de 5 communes du canton de Villefort : Villefort, Saint-André-Capcèze, Pourcharesses, Prévenchères et Altier. Si Villefort est la commune la moins vaste du territoire communal, elle est la plus peuplée, constituant la commune centrale de la Communauté de Communes.

La Communauté de Communes du Canton de Villefort

Prévenchères

Pourcharesses

Altier Villefort

Saint-André-Capcèze

Source INSEE. Fiche cartographique. Communauté Communes Villefort

26 Compétences obligatoires : a) Aménagement de l’espace : 1) schéma directeur du plan d’eau de Villefort, 2) études pour gérer les espaces intercommunaux, 3) mise en place des actions nécessaires à leur réalisation (DFCI). b) Développement économique : 1) mise en oeuvre d’une ferme éolienne sur la commune de Prévenchères, 2) études, acquisitions, réalisations et promotion de zones d’activités économiques à vocation intercommunale, 3) mise en place d’une politique cantonale de développement touristique pour la mise en valeur des sites existants ou à créer, comprenant la promotion, les études de faisabilité, les acquisitions et les réalisations ayant un impact sur la vie économique du canton de Villefort, 4) gestion de l’Auberge « La Régordane » à la Garde Guérin (arrêté préfectoral modificatif du 19 décembre 2002 après délibérations des Conseils Municipaux des communes de la Communauté).

Compétences optionnelles 1) Equipements culturels et sportifs Etudes et réalisations d’équipements sportifs ou culturels à vocation intercommunale (salle de sports, musées....) 2) Politique du logement et du cadre de vie Construction d’un foyer d’accueil pour handicapés à Prévenchères.

Compétences facultatives 1) Réalisation d’actions visant au maintien des services publics en milieu rural Participation à la réalisation à Villefort d’un immeuble abritant les services de la gendarmerie, 2) Actions de promotion de l’enseignement scolaire sur le territoire communautaire Mise en place d’un réseau d’écoles.

Compétences facultatives exercées sous mandat Grosses réparations de la voirie communale (section entretien).

27 4.2 Le Syndicat du Mont Lozère

Le Syndicat du Mont Lozère a compétence pour la gestion du projet d’aménagement touristique du Mas de la Barque sur le Mont Lozère.

4.3 Le Syndicat à la carte des Lichères

Le Syndicat à la carte des Lichères a compétence pour la collecte des déchets ménagers et assimilés.

4.4 Le Syndicat Départemental d’Electrification et d’Equipement

Le SDEE a compétence pour la gestion à l’échelle départementale des déchets ménagers et assimilés jusqu’à la stabilisation.

L’intercommunalité se révèle d’autant plus un outil indispensable pour l’aménagement et la valorisation du territoire qu’aucune des communes ne dispose des moyens financiers et logistiques permettant une approche globale des enjeux intercommunaux. Il reste néanmoins à souhaiter que le périmètre de cette intercommunalité se rapproche au plus près des enjeux à prendre en compte et des moyens à mettre en oeuvre. La fragilité de ce territoire et les enjeux qui lui sont attachés (démographie, économie, cadre de vie, services aux personnes et services publics) nécessitent l’émergence de synergies permettant de générer une véritable intelligence collective supérieure à la somme des intelligences qu’elle réunit. Cette dimension de la démarche sera mieux à même d’intégrer les dynamiques à prendre en compte et notamment les différences en matière de territoire donné et de territoire vécu.

28 5. De la mosaïque au projet de territoire

5.1 Les dynamiques démographiques

L’évolution démographique de la commune de Villefort et de son canton dévoile une diminution progressive de sa population de 1800 à nos jours. La population de la commune s’élevait à 2450 habitants en 1806. La commune offrait à sa population une situation de centralité dans la ruralité des bords du Mont Lozère. La population actuelle est de 620 habitants (recensement de 1999). Villefort, comme l’ensemble des communes des zones rurales de basse et moyenne montagne, a connu un exode rural massif à la fin du XVIIIe siècle et dans la période suivant la Deuxième guerre mondiale. Toutefois, la position de chef-lieu de canton de la commune, cumulée à la présence d’un secteur tertiaire fort doté d’activités commerciales et artisanales, permet à la commune de résister plus que la plupart des autres communes à vocation purement agricole. Malgré tout, l’évolution démographique de la commune est en proie à un déclin en ce qui concerne au moins sa population permanente. Deux périodes font exception à cette baisse démographique : - de 1855 à 1872, grâce à la construction de la ligne de chemin de fer Brioude/Alès ; - de 1958 à 1964, grâce à l’aménagement hydroélectrique du Chassezac. Mais les pics démographiques n’ont été qu’éphémères. Les tendances lourdes de la démographie du chef-lieu de canton se retrouvent sur celles du canton. Elles ne rejoignent toutefois pas la tendance départementale sur la période 1990-1999 qui retrouve, pour sa part, une perspective de développement démographique grâce à une arrivée de familles avec enfants et de retraités.

Evolutions démographiques

Canton de Villefort Commune de Villefort 5000 2000 4000 1500 3000 1000 2000 1000 500 0 0 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999

29 5.1.1 Des soldes naturel et migratoire négatifs

Signes du déclin de la démographie communale et cantonale, les indicateurs des soldes migratoires et naturels sont négatifs. La situation communale est la plus préoccupante. Tous ses indicateurs sont en dessous du niveau cantonal et du niveau départemental. Signe du vieillissement de la population, le taux de natalité est faible : il est de 10,9‰ alors que la moyenne nationale se situe à 12,8‰. A l’inverse, les taux de mortalité sont très élevés : 17,7‰ pour une moyenne nationale de 9,1‰. Le département de la Lozère retrouve un regain d’intérêt pouvant être affecté, d’une part, au cadre de vie privilégié, d’autre part, au niveau de services et d’équipements performant et à la présence d’une aire urbaine. Le solde démographique est positif, la variation migratoire supporte et dépasse la variation naturelle (2221 contre -1565 soit +656 individus). Le taux de variation s’élève ainsi à +0,1% sur la période 1990-1999. La commune de Villefort ne répond pas à cette tendance. Sa position géographique ne lui permet pas de bénéficier d’une aire urbaine à proximité et d’axes de communication suffisamment forts. Son attractivité est relative, sa position de chef-lieu de canton et sa vocation touristique et culturelle lui permettent d’envisager d’impulser une politique de développement agissant favorablement sur ces indicateurs pessimistes : -1,34% de taux de variation sur la période 1990-1999, il était de -1,52% sur la période 1982-1990. Source INSEE RGP 1999

Un seul indicateur réduit ce pessimisme puisque le mouvement migratoire négatif sur la période 1990-1999 se réduit par rapport à la période précédente. Il passe en effet de -0,94% à -0,49%.

30 5.1.2 Une population vieillissante La pyramide des âges de la population communale traduit, elle aussi, une tendance pessimiste qui conforte l’analyse de l’évolution de la population. La part des 0-4 ans et des 15-29 ans est en baisse, traduisant le départ des forces vives et la baisse de la natalité. La population est vieillissante, les personnes âgées sont plus nombreuses en 1999 qu’en 1990, notamment les 75-94 ans. Seuls les hommes de la tranche des 30-44 ans voient leur part progresser. Ils représentaient 19,8% de la population communale en 1990 alors qu’ils représentent 23,1% aujourd’hui.

Evolution de la pyramide des âges selon le sexe 100% 80% 60%

40% 95ans ou + 20% 75-94ans 0% 60-74ans 45-59ans 30-44ans 15-29ans en 90 en 99 en en 90 en 99 en 0-14ans Femmes Femmes Hommes Hommes

Source INSEE fiche profil RGP 99

5.1.3 Structure des ménages La caractéristique des ménages sur la commune ne diffère pas de celle des échelles territoriales (communauté de communes, département, région, ). La majorité des ménages est constituée d’une seule ou de deux personnes. Toutefois, la population communale se différencie par une surreprésentation des ménages d’une seule personne au détriment des ménages à deux personnes : 28,4% des ménages de la commune sont composés de deux personnes contre 31 à 34,9% dans les autres entités. 42,9% des ménages de la commune sont composés d’une seule personne alors qu’ils représentent 31% en France ou 31,7% en région Languedoc- Roussillon. Taille des ménages 100% 80% 60% 40% 20% 6 pers et plus 5 personnes 0% 4 personnes 3 personnes

LR 2 personnes Lozère France Région Canton Villefort Villefort 1 personne Source INSEE fiche profil RGP 99

31 5.2 La structure socio-économique

5.2.1 Le contexte socioprofessionnel La population active de la commune compte 242 individus : parmi eux, 87,6% ont un emploi. La part des inactifs s’élève à 11,6%, ce qui est supérieur aux moyennes nationale, départementale et cantonale. La baisse de l’activité économique remarquée sur la période 1982-1990 ne s’est pas maintenue sur la période suivante.

L’activité professionnelle de la population masculine de Villefort prend un caractère stable et durable dans sa forme. Les Contrats à Durée Indéterminée et les emplois du tertiaire, dont la fonction publique, ont un poids plus que prépondérant (84,8%) face aux emplois précaires ou à durée limitée (15,1%). Néanmoins, le taux d’activité de la population active masculine de Villefort est plus instable que celui de l’ensemble des départements français, à commencer par celui de la Lozère. Alors que sur le département, les taux d’activités suivent le rythme des phases d’activité d’une vie, les taux d’activités de la commune subissent quant à eux des effets démographiques négatifs (vieillissement, soldes migratoires et naturels négatifs) et des effets de crises économiques. Le reflet en est l’oscillation du taux d’activité des hommes entre 30 et 60 ans.

Taux d’activité masculine sur la commune et le département

Taux d'activité Tx d'activité des hommes en Lozère 100 90 100% 80 70 80% 60 50 60% 40 40% 30 20 20% 10 0 0%

-19 -24 -29 -34 -39 -44 -49 -54 -64  hommes 90 15 20 25 30 35 40 45 50 55-59 60 65 et plus  15-19 25-29 35-39 45-49 55-59 hommes 99

Source INSEE, fiche profil RGP 99

La situation des femmes s’améliore nettement par rapport à la situation de 1990, sans toutefois arriver à la parité remarquée sur le département en terme de taux d’activité. De plus, la forme d’emploi des femmes reste moins stable que celle des hommes puisque seulement 65,3% des femmes occupent un CDI ou un emploi public.

32 La courbe des taux d’activités des femmes dévoile une féminisation des emplois sur la commune par rapport à la situation de 1990. D’une courbe relatant un système d’organisation du travail dans le ménage basé sur des concepts anciens, la courbe de 1999 rejoint la tendance nationale et départementale de l’accès des femmes au travail.

Taux d’activité féminine sur la commune et le département

Taux d'activité Tx d'activité des femmes en Lozère 100 100% 90 80 80% 70 60 60% 50 40 40% 30 20% 20 10 0% 0 15-19 30-34 45-49 60-64 femmes 90 Femmes 90 -19 -39 -59 5 5 5 Femmes 99 1 25-29 3 45-49 5 femmes 99

Source INSEE, fiche profil RGP 99

5.2.2 Les secteurs d’activités représentés

Au porte des Cévennes, Villefort a été un centre actif jusqu’au début du siècle dernier. Doté d’un fort passé médiéval, la commune a connu un développement tourné vers le commerce et les échanges. Les ressources naturelles ont également été un vecteur important de développement de la vallée. Avant de parler de la ressource en eau, il est important de souligner l’importance du patrimoine géologique et notamment sa richesse en minerais métalliques. Portée par les géologues, l’exploitation du plomb argentifère, du filon cuivreux et de la baryte donna lieu à une importante activité économique tournée vers l’industrie de l’extraction et de la transformation des minerais. Cette activité a débuté en 1770 pour s’épuiser de nos jours.

L’industrie florissante de la laine et la vocation agricole des terres alentours ont donné à Villefort une vocation de commerce et d’artisanat. Au XIXe siècle, Villefort est considérée comme l’entrepôt et la place de marché principale de la zone : lieu de passage à l’embranchement de deux grandes routes et de contact où l’on échange entre les territoires du Gard et de l’Ardèche avec ceux de la Haute-Loire, de la Loire et du Puy-de-Dôme.

33 Toutefois, l’économie de toute la région est en difficulté dans le courant du XIXe siècle. L’exode rural marque fortement la démographie et par là même l’économie de la vallée. Deux évènements vont contribuer à une nouvelle dynamique : - la construction de la ligne ferroviaire dans la deuxième moitié du XIXe siècle. - l’aménagement du Chassezac et la construction du barrage de Villefort au XXe siècle, ont relancé l’économie locale. Les travaux ont débuté en 1960 : boom démographique et économique ont accompagné la période des grands travaux. Croissance éphémère, Villefort retrouva toutes ses difficultés liées à son économie traditionnelle.

L’activité économique est essentiellement tournée vers le secteur tertiaire. Sa position de chef-lieu de canton lui affecte une part non négligeable d’emplois publics.

Un aperçu de l’inventaire communal de l’INSEE sur les 36 équipements principaux donne une vue d’ensemble de l’attractivité du pôle des services : Villefort bénéficie de l’ensemble des services nécessaires. Services de proximité et de gamme supérieure assurent à la commune son rôle de chef-lieu de canton et de berceau de la communauté de communes : bureau de poste, écoles, gendarmerie, commerces de proximité, banques, SNCF, EDF … Elle présente cependant un grave et préoccupant déficit concernant les services de santé.

34 Inventaire communal des équipements principaux (source INSEE)

Distance à Communes équipées la de taille équivalente Équipement du département commune en % fréquentée Nombre % Région France Services généraux Garage 2 - 55 29.7 65.0 59.9 Artisans du bâtiment Maçon 5 - 92 49.7 87.2 65.6 Électricien 2 - 46 24.9 65.0 46.6 Alimentation Alimentation 2 - 51 27.6 76.5 53.7 générale, épicerie Boulangerie, 2 - 54 29.2 75.2 57.6 pâtisserie Boucherie, 3 - 36 19.5 47.4 33.4 charcuterie Services généraux Bureau de poste 1 - 57 30.8 74.4 46.5 Librairie, papeterie 1 - 10 5.4 15.8 8.4 Droguerie, 2 - 16 8.6 9.4 10.1 quincaillerie Autres services à la population Salon de coiffure 2 - 28 15.1 46.6 37.0 Café, débit de 5 - 128 69.2 87.2 87.2 boissons Bureau de tabac 1 - 80 43.2 81.6 74.0 Restaurant 6 - 124 67.0 65.0 67.7 Enseignement public du premier degré École maternelle ou OUI - 91 49.2 94.9 85.8 classe enfantine Enseignement du second degré premier cycle public ou privé Collège public OUI - 13 7.0 3.8 2.8 Fonctions médicales et paramédicales (libérales) Dentiste 1 - 19 10.3 26.5 10.4 Infirmier ou 3-4 - 40 21.6 69.7 33.8 infirmière Médecin généraliste 1 - 37 20.0 54.3 33.5 Pharmacie 1 - 32 17.3 32.1 18.1

L’activité agricole

35 Les activités agricoles connaissent une croissance limitée en raison des conditions naturelles défavorables. Le taux de boisement de la commune est de 69%. Les bois et forêts couvrent une surface de 506 hectares dont 318 hectares de forêt de feuillus et 185 hectares de forêt de résineux sur les 836,34 hectares que compte la commune. En 2000, seuls 35 hectares sont laissés à l’agriculture. Une partie de l’agriculture locale est concernée par le périmètre d’appellation d’origine contrôlée (AOC) «Roquefort». En 2000, le recensement agricole a dénombré 4 exploitations agricoles dont aucune n’atteint une taille professionnelle. La superficie totale des exploitations dont le siège se situe dans la commune a fortement diminué entre les trois derniers recensements : 278 ha en 1979, 173 ha en 1988 et 72 ha en 2000. De nos jours, la commune compte un seul agriculteur professionnel, à la veille de la retraite. Le classement en zone agricole de la propriété de la Gravière a pour objectif de favoriser la reprise éventuelle de l’exploitation. Seul l’engagement dans des procédures contractuelles et partenariales entre acteurs publics et privés permet d’envisager la relance de l’activité. La recherche du maintien des exploitations, voire la reprise d’anciennes parcelles actuellement en friche pourrait être au cœur d’un programme ambitieux. Cette situation se retrouve avec plus de pertinence sur le territoire de l’ensemble de la Communauté de Communes. La perspective paysagère de la zone s’en trouve affectées, les paysages se referment.

L’agroalimentaire Fumerie de truites, abattoirs de poulets et de lapins, l’agroalimentaire se développe. La pisciculture sur la retenue du barrage (lac de Villefort) est soumise à la législation sur les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE). Autorisée pour une durée de 5 ans par l’arrêté préfectoral n° 95-1221, l’exploitation devra renouveler sa demande d’exploitation pour poursuivre son activité.

L’activité touristique

36 L’aménagement du Chassezac, outre ses aspects hydroélectriques, a eu un impact positif en terme de tourisme. Le plan d’eau de Villefort est utilisé comme vecteur de développement : sports nautiques, village de vacance, gîtes, campings, Villefort devient un centre de cure d’air, un lieu de tourisme vert. Tourisme vert, tourisme culturel, pêche, autant d’atouts pour faire de Villefort une commune à économie saisonnière, dont le maintien de son capital naturel et culturel est le gage de sa vocation à se développer.

L’hébergement touristique de Villefort témoigne de l’engagement à un développement raisonné puisque aucun centre touristique de "masse" n’a jusqu’alors été implanté. 50 emplacements de campings viennent soutenir les 2 hôtels proposant 28 nuitées. Le village de vacances dans le quartier de la Fonderie actuellement en gérance, connaît quant à lui des difficultés économiques. Elles ne garantissent pas l’effectivité d’une éventuelle reprise. La majorité des touristes occupent les 273 résidences secondaires qui assurent l’essentiel des modes de résidences touristiques. De nombreux visiteurs à la journée viennent pondérer la masse touristique présente sur le territoire : animations culturelles, sportives, découverte du patrimoine naturel et bâti d’exception. Il s’agit plutôt d’un tourisme familial estival et d’un tourisme de nature. Classiquement, les périodes touristiques répertoriées s’étendent pour le " tourisme de masse " du 15 juillet au 15 août. Une période plus large, englobant la première période, s’étend entre la mi-juin et la mi-septembre. Les vacances de la Toussaint sont également propices à l’activité touristique (pèlerinage).

Toutefois, le marché touristique est en mutation depuis quelques années. Outre les périodes citées, un tourisme de proximité se développe dans le cadre de week-ends de découverte/nature (champignon, pêche, randonnée, …). La clientèle est issue principalement des départements du Gard, de l’Hérault et des Bouches-du-Rhône. Un des caractéristiques principales de cette clientèle réside dans l’absence de réservation préalable et de prévisions de séjours mettant à mal les habitudes commerciales et organisationnelles de l’offre touristique.

37 Séjours plus courts, plus nombreux, peu prévisibles, rendus possibles par l’augmentation de la mobilité des personnes et la planification des temps de travail et de loisirs (35 heures). Seule l’apparition des gîtes et tables d’hôtes sur le territoire communal offrant plus de souplesse dans leur gestion permet de capter cette clientèle. Malheureusement, l’offre touristique ne suit pas cette mutation sociale : - l’offre en hébergement est insuffisante hors période estivale, - l’offre de services marchands (commerces, artisanat, loisirs) est quasi absente de novembre à février, - pas de coordination entre les services marchands (Cf. «épisode des boulangers de Villefort»), mettant en lumière les problèmes de stratégie d’acteurs, - peu de communication et de mise en valeur promotionnelle du tourisme local.

Cette situation met en lumière l’inadéquation actuelle de l’offre touristique avec les nouveaux rythmes de l’activité touristique.

38 6. De la commune au bassin de vie

Quand l‘art de vivre se fait aménageur « Le fond de trame de notre temps n’est plus celui des années cinquante... La société se réorganise sur le territoire. La France accueille plus de touristes qu’elle ne compte d’habitants, le lien domicile travail perd son primat (…) et l’on exclut plus durement ceux qui restent dans l’ancien bloc domicile travail. Le territoire se réaménage. »8

De la gestion des lieux (territoire donné) à la gestion des flux (territoires vécus) : le territoire dans tous ses états.

6.1 Le territoire vécu

L’appartenance identitaire, culturelle ou géographique est étroitement liée aux notions de transports et de déplacements, de pôle d’activités qui nourrissent l’émergence de nouveaux usages, d’un nouveau territoire au-delà des limites administratives : le territoire vécu. C’est sur la base du territoire vécu que les projets d’aménagement et de développement pourront être appréhendés dans une recherche de cohérence et d’efficacité. Villefort, ville de passage, est au confluent d’un réseau routier desservant les départements limitrophes du Gard et de l’Ardèche.

6.1.1 Territoire vécu et topologie Le Mont Lozère au sud-ouest, le tracé sinueux et difficile de la D901 jusqu’à la RN88 reliant la commune à Mende isolent le territoire du reste du département de la Lozère. Il semble se concentrer le long de la faille de Villefort, s’ouvrir sur le Gard et l’Ardèche. Ces conditions topologiques sont confortées par les infrastructures routières qui épousent les contours des reliefs et facilitent ou limitent les échanges.

8 2002-2020 : Des territoires en mouvement- DATAR. In article Jean Viard - Chercheur au CNRS et Président du Groupe Prospective de la DATAR « temps libres et Dynamiques spatiales.

39 6.1.2 Territoire vécu et voies de communication Le chemin de la Régordane a laissé place aux routes départementales D901 vers Mende et l’Ardèche (Les Vans, Aubenas, ...) et D906 vers Alès et Langogne. Ces axes permettent le développement des échanges et donc une appartenance commune à un espace. La diversité des destinations proposées par ce réseau routier et sa capacité à desservir des pôles d’activités divers posent question : existe-t-il un ou plusieurs territoire(s) pertinent(s) ? Un périmètre peut-il prétendre à toutes les pertinences ? Cette question renvoie à l’offre en services aux personnes.

6.1.3 Territoire vécu et services aux personnes S’il est un domaine dans lequel la commune de Villefort appartient à plusieurs territoires pertinents, l’offre en services aux personnes en est une bonne illustration.

La santé Radiologie, chirurgie lourde ou légère, médecins généralistes ou spécialistes, le territoire pertinent va de Mende à Montpellier. Qu’il s’agisse de la commune ou de la Communauté de Communes, l’offre en la matière est dangereusement déficiente.

L’offre commerciale Les Vans, Mende, Langogne : l’absence de moyenne surface de Génolhac à Mende rend complexe le dessin des contours d’une aire de chalandise cohérente avec un territoire, qu’il soit communal ou intercommunal.

Les services publics Villefort dispose d’une offre de base satisfaisante pour sa population et celle de la Communauté de Communes : écoles maternelles et primaires, collège, Trésor Public, ...

Que l’on soit écolier, étudiant, actif ayant un emploi, retraité, homme ou femme, le territoire est à ce jour multiforme tant les offres sont dispersées et rendent indispensable une grande capacité à la mobilité.

40 6.1.4 Les usages et les déplacements Elaborer une stratégie de déplacements, c’est aussi prendre en compte de nouveaux usages liés aux territoires vécus. En réponse à cette situation, les modes de déplacements des Villefortois ne sont pas éloignés de ceux des communes de l’ensemble de la Lozère et des territoires ruraux. L’usage de la voiture apparaît comme le mode de déplacement le plus usité.

M ode de déplacements

3 % 1 1 %

1 9 %

1 % 6 6 %

Pas de déplacements M arche à pied 2 r o ue s Voitures particulières T ransports en commun

Source INSEE, base de donnée transports et déplacements RGP 99

L’essentiel des déplacements s’effectue sur les D906 et D901. Langogne, Les Vans, Mende, Génolhac ou encore Alès, ces itinéraires sont utilisés dans le cadre des déplacements domicile-travail, des déplacements domicile-étude et des déplacements motivés par l’accès aux services aux personnes (zone de chalandise, service santé, ...).

Déplacements des actifs du domicile au travail, Source INSEE 99, Expl. Compl. Actifs de Villefort vers Actifs à destination de Villefort Total actifs sortants 24 Total actifs entrants 120 DESTINATION nbre d'actifs nbre d'actifs DESTINATION 07053 4 07053 CHANDOLAS LAVEYRUNE 07136 4 07136 LAVEYRUNE SAINTE-MARGUERITE-LAFIGERE 07266 4 07266 SAINTE-MARGUERITE-LAFIGERE VANS (LES) 07334 4 07334 VANS (LES) BORDEZAC 30045 4 30045 BORDEZAC GENOLHAC 30130 4 30130 GENOLHAC GRAND-COMBE (LA ) 30132 4 30132 GRAND-COMBE (LA ) PONTEILS-ET-BRESIS 30201 4 4 30201 PONTEILS-ET-BRESIS SENECHAS 30316 4 30316 SENECHAS ALTIER 48004 0 16 48004 ALTIER 48013 4 48013 BADAROUX PIED-DE-BORNE 48015 4 4 48015 PIED-DE-BORNE BASTIDE-PUYLAURENT (LA ) 48021 4 48021 BASTIDE-PUYLAURENT (LA ) LANGOGNE 48080 4 48080 LANGOGNE MENDE 48095 8 4 48095 MENDE POURCHARESSES 48117 36 48117 POURCHARESSES PREVENCHERES 48119 4 48119 PREVENCHERES SAINT-ANDRE-CAPCEZE 48135 4 12 48135 SAINT-ANDRE-CAPCEZE VILLEFORT 48198 160 160 48198 VILLEFORT

 75,8% des actifs de Villefort travaillent dans la commune.  51,7% des actifs travaillant à Villefort viennent de l’extérieur sans toutefois occasionner de longs déplacements.

41  Les déplacements scolaires plus longs s’effectuent une fois par semaine (A/R). L’utilisation massive de la voiture conduit à s’interroger sur sa place dans la commune et sur l’organisation des modes alternatifs de déplacements intra-muros tout comme sur l’offre de stationnement. En période estivale, Villefort retrouve sa vocation de passage : la traversée de la commune par la D901 bordée de platanes offre une perspective accueillante pour un arrêt fraîcheur. Le stationnement de part et d’autre de la route constitue une gêne pour les déplacements des piétons. En la matière, les possibilités offertes aux automobilistes se concentrent autour des espaces publics et notamment autour de la place du Portalet. L’impact de cet usage cache la fonction principale de cette place, à savoir un espace public. « Si cette situation s’impose au détriment de l’usage des espaces publics, il convient néanmoins de tempérer cet impact qui ne s’exprime vraiment qu’un mois par an les jours de marchés ».

Rue des Jardins, Place du Bosquet, Rue de Chazalet, Place du Portalet : l’omniprésence de la voiture un jour d’été 2003.

42 6.2 Le(s) territoire(s) pertinent(s)

6.2.1 Les réseaux Des infrastructures routières de qualité Zone d’échange traditionnelle, Villefort apparaît au carrefour de nombreuses destinations entre les autoroutes A7, A9 et A75. Les infrastructures routières départementales ont été requalifiées lors de l’aménagement du Chassezac, au nord du territoire. Trois départementales (D901, D906 et D51) pour desservir trois départements (la Lozère, le Gard et l’Ardèche), les agglomérations d’Alès et de Nîmes, les unités urbaines de Mende et d’Aubenas. Cette situation conforte l’idée d’un territoire à la fois passage et carrefour.

De l’effet de liaison à l’effet de développement : la relation n’est pas toujours mécanique

La D901 et la D906 sont les deux axes structurants du territoire. De Villefort à Bessèges, cet itinéraire présente un intérêt majeur sur le plan touristique car il offre des perspectives sur les châteaux de la Vallée de la Cèze (dont Aujac). La D901 et la D906 supportent l’ensemble du trafic de transit. Infrastructures de qualité, leur attractivité provient de leur position sur des traversantes Nord/Sud et également par les liaisons qu’elles assurent avec les RN 88 et 106.

43 A ce titre, la D901 semble être promise à un nouveau développement dans sa fonction de liaison avec la RN88 reliant Lyon à Toulouse et qui est au centre des préoccupations de l’Etat par sa mise à 2x2 voies. Les reliefs escarpés qu’elle emprunte, sa sinuosité, conjugués à la déprise économique et sociale du bassin de Bessèges montrent que la D51 n’a pas bénéficié des mêmes préoccupations d’aménagement.

Le réseau ferré : 7 liaisons régionales et grandes lignes par jour Villefort bénéficie d’une desserte ferroviaire sur l’axe Paris/Marseille via Clermont- Ferrand. Si l’offre ne rencontre pas une adhésion pour les liaisons locales (Génolhac, La Bastide, Mende), elle offre toutefois une palette de destinations vers les agglomérations de Nîmes et Paris via Clermont-Ferrand.

Le tourisme vert dispose là d’un outil de premier ordre, témoin l’opération du train cévenol expérimentée en 2003 depuis Alès. Toutefois, la ligne étant peu fréquentée, sa rentabilité pose la question de son maintien. Dans le cadre des nouvelles dispositions en matière de décentralisation, les liaisons régionales sont désormais dans le champ de compétences des régions. Cette proximité de décision pourrait être de nature à favoriser une démarche de service public détachée de l’approche de stricte rentabilité.

La gare de Villefort

44 Le chemin de fer des Cévennes et de la Lozère aux agglomérations

PARIS

CLERMONT-FERRAND

Naussargues

Saint-Chély-d’Apcher

Marvejols

La Bastide Monastier MENDE

Bagnols-les-Bains

La Canourgue Villefort

Génolhac

ALES

MONTPELLIER

BEZIERS NÎMES

Grandes lignes

TER

45 Le car : une offre peu adaptée aux territoires vécus L’offre en la matière remplit son rôle concernant les transports scolaires organisés et financés par le Conseil Général. En revanche, l’organisation spatiale des services aux personnes et aux entreprises rend complexe la structuration d’une offre pertinente.

6.2.2 De l’aménagement du territoire à l’aménagement de la mobilité Il s’agit de penser l’organisation de la vie économique, sociale ou culturelle non plus selon une logique de découpage (un canton, une commune, ...) mais selon une logique de polarisation (un pôle et son attractivité) : salariés, demandeurs d’emploi, consommateurs, usagers des services publics, sportifs ou vacanciers, chacun ‘’dessine son territoire vécu’’. Cette redéfinition des territoires liée aux mobilités qui s’y exercent nécessite de sortir des champs habituels de l’expertise tels qu’ils sont pratiqués à travers l’analyse des systèmes dominants : les transports et les navettes domicile travail. Concernant Villefort, l’approche se complexifie par : - la présence forte de touristes qui dessinent des territoires de liberté au défi de toute logique de rapidité et de destination, - une topologie qui allonge les temps de déplacements, - une topologie qui rend complexe la réalisation d’infrastructures routières performantes, - un réseau routier accidentogène, - l’absence d’un réseau d’unités urbaines favorisant l’émergence d’un réseau de transports en commun, - la mixité des usages du réseau : économie, tourisme, …

Si la relation entre l’effet de liaison et l’effet de développement n’est pas mécanique, l’attrait économique d’un territoire dépend aussi pour partie de la facilité de déplacements : les caractéristiques topologiques de la Lozère obligent à se doter d’uneorganisation territoriale facilitant les déplacements en les maîtrisant. La recomposition territoriale (communautés de communes, pays) devra intégrer cette dimension en recomposant une géographie de l’action plus proche du territoire vécu.

46 7. Habitat et renouvellement urbain

La commune de Villefort est dotée d’un centre bourg qui s’étire le long de la RD901 et qui représente la quasi-totalité de l’espace bâti. Fortifié, le centre dévoile les stigmates d’un bâti d’exception.

7.1 Morphologie urbaine et développement de l’urbanisation

« Dans ce passage obligatoire entre Midi Méditerranéen et Massif Central, une petite ville marché devait s’établir et se développer, vivant des échanges, des foires et du tourisme9. » « Villefort que traversent journellement 150 à 250 mulets est triste d’aspect : c’est une longue rue entourée de châtaigniers10. » Ville rue, Villefort alignait autrefois ses maisons le long d’une unique voie qui allait du Faubourg des Cévennes (au sud) à celui de La Bourgade ou de la Montagne (au nord). La ville fermée par deux portes, entourée de remparts, était cernée par les ruisseaux voûtés au XIXe siècle pour le passage des routes départementales D901 et D906 en 1840. Le bourg médiéval, qui dépendait de l’évêque d’Uzès, doit son développement et son aménagement à la présence du chemin de la Régordane, important axe de commerce, supplanté, à la fin du XIVe siècle, par la vallée du Rhône. Villefort se profile dans sa vallée si étroite qu’il a fallu voûter son ruisseau pour pouvoir tracer l’unique route qui la traverse. A partir de 1840, on constate d’importantes modifications dans la topographie de la ville : destruction des portes fortifiées, couverture de deux ruisseaux, création d’un nouvel axe et d’une esplanade ombragée de platanes.11

9 Villefort et ses alentours. H. Alméras. Langogne. 1951 10 La Lozère de la Préhistoire à nos jours. Editions Jean-Michel Bordessoules Edition 2002. Page 274. 11 Image du Patrimoine. Canton de Villefort. Page 33

47 Rue de La Bourgade

Rue de l’Eglise

Centre historique

Avenue des Cévennes

Les maisons alignées le long d’une unique voie

Hormis la période 1958-1964, la commune n’a pas connu d’extension urbaine significative. L’apport important de main-d’œuvre lié à l’aménagement hydroélectrique du Chassezac a nécessité l’ouverture de nouveaux secteurs à l’urbanisation. De part et d’autre de la Palhères, deux quartiers nouveaux ont été créés : la Vignette et le quartier de la Lampe. Ce choix a été guidé par la topologie du site : après le bourg centre, les deux rives de la rivière par leur exposition et leur caractère se révélèrent accueillantes.

48 7.2 Analyse du bâti

Le bourg centre est occupé par une architecture typiquement régordanienne avec des maisons aux portails doubles. Ces maisons d’artisans ou de marchands se caractérisent par la présence de portes bâtardes jumelées en arc segmentaire associées à une porte piétonne rectangulaire. R+1, R+2 voire R+3, elles se caractérisent aussi par l’usage commercial ou marchand du rez-de- chaussée, aujourd’hui remplacé la plupart du temps par un garage ou un espace habité. Une architecture typiquement régordanienne

L’urbanisation nouvelle des années 1960 se caractérise exclusivement par un habitat individuel de type pavillonnaire : ce sont les quartiers de la Vignette et de la Lampe. La vocation touristique de la commune a donné lieu à l’émergence d’un bâti destiné aux loisirs et aux courts séjours : en entrée sud de la ville et dans le quartier de la Fonderie, deux villages de Les villas dites EDF à la Vignette et au quartier de la Lampe vacance proposent une forme de bâti adaptée à cet usage.

Entrée Nord de Villefort : village de Village de vacances du vacances en cours de reconversion quartier de la Fonderie

49 Le bâti remarquable De son passé, Villefort n’a conservé que quelques maisons. La rue de l’Eglise était jusqu’au siècle dernier la rue principale du bourg. C’est le long de cette voie très étroite que l’on trouve les maisons les plus anciennes et les plus remarquables (du XIVe au XVIIe siècle). La rue de l’Eglise, la place de l’Ormeau et la place de l’Eglise présentent un bâti urbain remarquable à l’architecture romane et gothique (une rareté en Lozère) et Renaissance. La présence de bâtiments sur galeries (place de l’Eglise) ainsi que des arcs dits "régordans" en rez-de-chaussée sont également une caractéristique de ce quartier.

La maison gothique (classée et qui justifie à elle seule l’instauration un périmètre de protection) et l’hôtel de Ville témoignent de l’histoire.

« Cette maison construite dans un bel appareil régulier de grès présente des vestiges de baies gothiques pouvant dater du XIVe siècle, exemple unique dans le canton d’architecture civile médiévale ». Images du Patrimoine. Canton de Villefort. Page 36

Rue de l’Eglise : maison aux baies gothiques

C’est probablement au milieu du XVIIe siècle que l’on a construit l’élégant hôtel qui abrite aujourd’hui la mairie, rue de l’Eglise. Trois corps de bâtiment entourent une petite cour séparée de la rue par un mur de clôture. Le rez-de- chaussée est occupé par des salles voûtées en berceau donnant directement sur la rue par des ouvertures de boutiques. L’escalier en vis enfermé dans une tourelle en surplomb porté par une trompe d’angle est un des rares exemples d’architecture savante dans ce canton rural.

Images du patrimoine. Canton de Villefort. Page 36 50 La rue de La Bourgade offre les mêmes détails d’architecture avec une moindre densité. Autour notamment de la place de l’Ormeau, datant des XVIIIe et XIXe siècles, le long de la RD 901, un bâti aux façades étirées et bourgeoises offre une ambiance méridionale liée à son alignement de platanes. Le Pont Saint-Jean, enjambant la Palhères, possède une arche principale en arc brisé, épaulée par une arche secondaire contre la rive gauche. Il servait de lien entre le bourg et la Chapelle Saint-Jean. Construit sans doute à la fin du Moyen Âge, il est encore aujourd’hui dans un très bon état de conservation.

Images du Patrimoine. Canton de Villefort. Page 34

Les modes d’urbanisation de la commune sont très liés à l’histoire et à l’économie. Le XVIIIe siècle en est un exemple : révocation de l’Edit de Nantes et contexte économique difficile expliquent en partie l’absence de nouvelles constructions au cours de cette période. En dehors du bourg ancien, un bâti contemporain (fin XIXe - début XXe) présente certains éléments d’architecture marquants dans le paysage urbain : quartier de la Gare, quartier de l’Affenadou, quartier de la Chapelette.

51 7.3 Le parc de logements et ses perspectives

Les caractéristiques de l’habitat sur la commune, le reflet de la situation démographique communale

Commune de Villefort 2000

1500

1000 Evolution du mode d'occupation du parc, INSEE RGP 99 Nombre de résidences principales Nombre de résidences secondaires 500 1982 1990 1999 1982 1990 1999 0 Villefort 302 285 275 260 299 282 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999 Canton 713 704 726 814 999 1119

Le parc de logements compte 591 logements en 1999. Il est en recul de 21 logements par rapport à 1990. La diminution du nombre de résidences principales occupées (-22 entre 1982 et 1999) s’accompagne de la même tendance pour les résidences secondaires (-17 entre 1990 et 1999). Parallèlement, le nombre de logements vacants augmente sur la dernière période de 6 unités, portant le total à 34 logements vacants sur la commune. Villefort connaît une situation de quasi parité entre les résidences secondaires et les résidences principales. Ailleurs, le taux de résidences secondaires dépasse de 10 points celui des résidences principales, signe d’un recul de l’attractivité économique de la zone et d’une augmentation de son attrait touristique.

L’inadaptation de l’offre L’offre en logement apparaît comme inadaptée à la structure de la population. En effet, la typologie du logement communal, répondant aux besoins des populations antérieures, se distingue par un nombre élevé de pièces : 63,3% des logements comportent 4 pièces ou plus. Parallèlement, la structure des ménages est aujourd’hui composée en majorité d’une ou deux personnes (respectivement 42,9% et 28,4%) et ne se reconnaît ainsi pas dans cette typologie du logement communal. De plus, l’inadaptation du parc est ressentie avec plus d’acuité pour les populations jeunes recherchant un premier logement. A ce titre, bien que le taux d’immeubles collectifs et le taux de locataires (33% et 42%) soient élevés, l’offre locative, notamment sociale, semble insuffisante. Des actions volontaristes pourraient permettre de répondre à ce besoin et permettre l’adaptation de l’offre à la structure des ménages.

52 La réalisation d’une nouvelle gendarmerie fait partie des projets immédiats. Propriété de l’évêché, ce bâtiment pourrait être acquis par la commune pour réaliser des logements conventionnés.

La bientôt ancienne gendarmerie

Perspective d’avenir, dans un contexte de dégradation du bâti Le peu de réserve foncière, la situation géographique de Villefort au cœur de reliefs tourmentés ne permettent pas une extension de l’habitat pavillonnaire. Certains lotissements les plus récents pourront se développer, mais aucune ouverture à l’urbanisation massive n’est envisageable. La perspective d’avenir en matière d’habitat réside plus dans la modernisation du parc actuel. En effet, son vieillissement et sa dégradation notamment en centre-ville appellent une mobilisation particulière. Le bâtiment de l’actuelle gendarmerie appelé à changer d’affectation, offre une opportunité, si ce n’est l’opportunité, de réaliser un ensemble de logements conventionnés au centre ville : les accès et places de parking existent et la situation dominante du bâtiment constituera probablement une offre locative très attrayante.

Les outils de réhabilitation Opération CHARME pour les extérieurs de locaux commerciaux, Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat (OPAH), sont autant de dynamiques dont les collectivités (commune et communauté de communes) peuvent se saisir pour envisager un traitement qualitatif, voire une requalification de l’habitat dans le bâti ancien. Ce type d’initiative se justifierait probablement à l’échelle intercommunale. Conjointement à une stratégie de réhabilitation et de requalification de l’habitat ancien, la préservation du niveau de services aux personnes sera un objectif prioritaire.

53 7.4 Les espaces publics témoins de l’histoire

Places de l’Ormeau, de l’Eglise, du Portalet et du Bosquet constituent avec les rues et avenues le réseau des espaces publics communaux. Les places, dans leur configuration et aménagements actuels jouent-elles leur rôle d’espace public ?

De place en place : le chemin de l’Histoire

La Place de l’Ormeau accueillait deux fois par

e e semaine, aux XVII et XIX siècles, le marché du Clédou, abondamment pourvu en châtaignes, graines, légumes bestiaux et viandesLa de Place boucherie. de l’Eglise est bordée à droite par Avant d’accéder à l’église (édifice l’anciennede 1842), halleil es t aux châtaignes et à l’ouest par la possible de remarquer la situation d’unerue de des l’église portes qui suit le tracé de la voie Régordane. e détruite au début du XIX siècle. Ce parcours est remarquable par ses maisons à façades des XIVe, XVe, XVIe et XVIIe siècles et par la mairie, hôtel du XVe siècle. La place garde ses caractéristiques d’espace public : espace d’échanges, lieu de passage pour accéder à la Place de l’Ormeau mairie (rue de l’Eglise) et parking ; c’est aussi un lieu d’histoire.

Place de l’Eglise

La Place du Portalet, récemment restaurée, accueille un transformateur d’électricité et grossit les espaces dévolus au stationnement. C’est sur cette place que fut exécuté le 13 juillet 1794 l’abbé Hilaire, prêtre réfractaire.

Place du Portalet

54 L’Avenue puis Place du Bosquet date du XIXe siècle. Partie urbaine de la D901, morphologiquement plus proche de l’avenue (appellation initiale), du mail et de la promenade que de la place, joue le rôle d’espace public et confirme, si besoin est, la vocation et la culture de passage et d’échanges attachées à la commune. Stationnement et commerces confèrent à cet espace une attractivité conforme à la tradition historique de passage et d’échanges de Villefort.

Place du Bosquet

Cet inventaire retrace pour partie l’histoire communale ... qui continue de s’écrire. Par exemple, cet espace situé sur le tracé de la Place du Bosquet présente toutes les caractéristiques et les usages d’une place, même s’il n’est pas nommé en tant que tel. Au cœur d’une galerie marchande et d’habitations récentes, habitants, clients et passants écrivent une histoire nouvelle en s’appropriant l’espace.

55 8. Les pressions exercées sur le milieu

8.1 Les prélèvements et rejets dans le milieu

8.1.1 L’eau potable La commune de Villefort est alimentée en eau potable par un réseau public de distribution d’eau potable, géré en régie directe par la commune. La ressource en eau provient de plusieurs captages : - les prises d’eau superficielle du Pouget Sud et Nord, d’un débit de 35 à 66 m³ par jour (mesure en 2003), - les 3 captages d’eau superficielle des Montats, d’un débit variant de 28 à 96 m³ par jour (mesure en 2003) - le double captage souterrain des Lèches, d’un débit allant de 160 à 348 m³ par jour (mesure en 2004) - les captages souterrains des Sédariès Central, Sud et Nord, d’un débit de 287 à 658 m³ par jour (mesure en 2004). Les périmètres de protection de ces captages n’ont pas été arrêtés mais un rapport établi par hydrogéologue agréé a permis de les définir. Leur régularisation est en cours. L’eau prélevée est stockée dans 5 réservoirs qui alimentent le réseau de distribution : - le réservoir du Pouget, d’une capacité de 200 m³ - les 3 réservoirs des Sédariès, d’une capacité respective de 300, 25 et 10 m³ - le réservoir des Lèches, d’une capacité de 25 m³. La consommation annuelle d’eau potable sur la commune de Villefort s’élève à 168 000 m³ en 2004, soit une consommation quotidienne moyenne de 460 m³ pour une ressource en eau de 510 à 1168 m³ par jour et une capacité de stockage de 560 m³. L’eau est vendue aux 491 abonnés à hauteur de 43239 m³ en 2004, soit un quart de l’eau consommée. Cette différence s’explique par le fait que les bâtiments et services publics ainsi que les fontaines municipales nécessitent une alimentation en eau importante distribuée gratuitement.

56 8.1.2 L’assainissement

La commune se dote d’un schéma d’assainissement des eaux exposant les zones d’assainissement collectif et individuel. La commune dispose d’un réseau public d’assainissement de type séparatif, exploité par la société SAUR France. Trois maisons individuelles situées en zone naturelle (parcelles n°37, 90 et 133) sont pourvues d’un dispositif d’assainissement autonome. Il n’est pas prévu de les raccorder au réseau public. Le réseau est connecté à la station d’épuration de Villefort, d’une capacité de 2000 Equivalents Habitants (EH), située sur la route de Pied-de-Borne. Les eaux usées sont traitées par des activées à aération prolongée, dénitrification et prétraitement physique. Les boues sont ensuite déshydratées de façon mécanique et valorisées. Les effluents sont rejetés dans le ruisseau des Lichères. L‘arrêté préfectoral n°02-1104 du 2 juin 2002 vaut pour l’épandage agricole des boues qui sont actuellement utilisées par les exploitants agricoles de la Communauté de Communes.

8.2 Les déchets ménagers et assimilés

Le département de la Lozère a mis en oeuvre un dispositif de gestion des déchets ménagers et assimilés. La collecte, hors tri sélectif, est assurée par les structures intercommunales. Concernant Villefort, c’est le Syndicat à la carte des Lichères qui l’assure. Après la collecte, le Syndicat Départemental d’Electrification et d’Equipement (SDEE) assure la gestion et le traitement des déchets. Les compétences du SDEE : - gestion de l’ensemble des transits, - transport des déchets des centres de transit à l’usine de stabilisation, - gestion du centre d’enfouissement technique, - collecte des déchets issus du tri sélectif, - gestion de l’usine de stabilisation. Les bilans quantitatifs, commune par commune, sont en cours d’élaboration.

57 Le reste des ordures est stocké au centre de transfert de Villefort en cours de rénovation. Il a été aménagé en mai et juin 2003. La seconde tranche et la fin des travaux sont programmées pour l’automne 2003. Jusqu’au 1er juillet 2003, la Société SITA SUD (siège social à Montfavet, Vaucluse), récupérait les bennes sur le site de Villefort. Les ordures étaient traitées dans la déchèterie de Saint-Brès (Gard). Depuis le 1er juillet 2003, le Syndicat des Lichères est entré dans le schéma départemental. Le SDEE qui, depuis cette date, gère les déchets en Lozère, vient récupérer les bennes (il sous-traite avec la Société ENVIRONNEMENT 48) sur le site et gère également le tri sur le canton. Les déchets sont stabilisés à Mende dans l’usine mise en service par le SDEE le 1er juillet 2003.

De la collecte au traitement12 : la gestion communale et départementale des déchets ménagers et assimilés.

Organisation départementale actuelle Organisation départementale du transfert et du traitement de la collecte et du traitement des ordures ménagère des ordures ménagères Plan Départemental d’Elimination des Déchets Ménagers

12 Source : cartographie SDEE

58 8.3 Les risques et leur gestion

Le dossier départemental des risques majeurs recense pour la commune les risques connus suivants : - inondation (commune prioritaire), - feux de forêts, - mouvements de terrain (commune prioritaire), - rupture de barrage.

8.3.1 Les risques d’inondation La commune est soumise à un risque fort d’inondation. Depuis l’étude réalisée en 1992 qui concerne uniquement le ruisseau des Sédariès, une nouvelle étude hydraulique a été réalisée en 2003 à la demande de la commune. Les objectifs de l’étude : - mettre à jour les données de débit en intégrant la pluviométrie des 10 dernières années, - vérifier les capacités hydrauliques des ouvrages en place (diagnostic), - proposer des solutions pour palier les risques de mise en charge des ouvrages. Les conclusions de l’étude : Compte tenu du débit du ruisseau des Sédariès estimé pour la crue centennale, la buse en place est sous dimensionnée. Deux variantes de travaux ont été proposées. Les zones à risque concernent aussi les parcelles susceptibles d’être inondées par la rivière de Palhères et le ruisseau des Chaufours. Les aires naturelles de camping ‘’La Vignette’’ et ‘’La Gravière’’ sont toutes deux classées en zone à risque (arrêté préfectoral du 3 juillet 1995).

8.3.2 Les feux de forêts La commune fait partie de la zone rouge définie par le Schéma Départemental d’Aménagement des Forêts contre l’Incendie (DFCI). Depuis 1973, 4 feux se sont déclarés pour une surface cumulée de 383 hectares brûlés. L’état des équipements DFCI est bon : la commune possède 3 pistes incendie, des travaux de reprofilage de pistes ont été réalisés en 2002. La réalisation d’une nouvelle caserne de pompiers est prévue en entrée sud de ville.

59 8.3.3 Les mouvements de terrain

Une carte des risques naturels géologiques a été réalisée en novembre 1985 par le CETE Méditerranée. Ces risques sont liés au passé minier de la commune.

60 PARTIE II : PRESENTATION DU PROJET D’AMENAGEMENT ET DE DEVELOPPEMENT DURABLE

61 1. Les enjeux du PADD

Le projet d’aménagement et de développement durable a pour objet de définir les orientations d’urbanisme et d’aménagement retenues pour l’ensemble de la commune. Défini à partir des besoins, atouts et enjeux identifiés dans le diagnostic territorial, le PADD doit s’inscrire dans le cadre d’une vision globale du développement du territoire visant à assurer le développement durable de la commune.

1.1 Respecter les grands principes du développement durable

La commune de Villefort inscrit sa politique de développement et d’aménagement dans le respect des trois grands principes du développement durable :

- la protection de l'environnement d'abord qui permet de ménager les ressources dont nous disposons et d'assurer la pérennité du monde dans lequel nous vivons, - le développement économique ensuite qui organise la production de richesses et permet d’assurer : - la cohésion sociale enfin qui passe par la solidarité et qui permet une répartition équitable des richesses produites, pour les générations présentes et à venir.

1.2 Développer une politique de développement territorial globale et transversale

Avec l’optique d’un développement urbain équilibré, la commune de Villefort s’engage dans une gestion du territoire conforme aux impératifs du développement durable : consommation raisonnée du foncier, renouvellement urbain, optimisation de réseaux. Il s’agit d’élaborer un projet de territoire global et transversal qui transcende les logiques sectorielles (habitat, déplacements, équipements, développement économique, vie sociale...). Amélioration du cadre de vie, préservation et mise en valeur de l’environnement, des paysages et du patrimoine naturel et bâti, valorisation des espaces publics comme lien social, préservation de l’identité communale dans une perspective actuelle comme à venir, sont autant de pistes qui orientent la définition du projet de territoire de la commune.

62 2. Les orientations générales du PADD

L’analyse du territoire communal et des dynamiques intercommunales conjuguée à l’association des familles d’acteurs ayant vocation à intervenir sur le territoire (élus, maires des communes limitrophes, représentants des artisans et commerçants, du monde associatif) pour l’élaboration du rapport de présentation favorise l’émergence d’un projet de territoire par la compréhension des atouts et handicaps du territoire d’étude. C’est ainsi que des pistes d’aménagement et de développement prenant à la fois en compte les enjeux immédiats et les perspectives ont pu s’exprimer. Les choix stratégiques prioritaires visent d’abord à maintenir et renforcer la centralité de la commune en matière d’offre en services de proximité. Cet enjeu passe autant par une vision intercommunale de l’aménagement du territoire que par le développement de ses spécificités. Les complémentarités seront privilégiées aux concurrences. L’interaction entre aménagement et développement s’impose comme le moteur d’une nouvelle dynamique territoriale.

2.1 Le renouvellement urbain

La topographie de moyenne montagne du territoire communal laisse peu de place à des capacités d’extension. Plus que d’organisation spatiale, c’est dans le renouvellement urbain que réside pour partie le potentiel d’aménagement de la commune. Le peu de disponibilité foncière oblige à élaborer une stratégie de densification du tissu urbain et de rénovation du bâti ancien en vue de revitaliser le centre ancien. La tendance démographique étant à la baisse, des actions significatives devront être conduite pour structurer une offre équilibrée entre logements conventionnés et habitat individuel. Il s’agit de favoriser l’émergence d’une offre locative ciblée et performante et le développement de l’habitat collectif.

2.2 Les extensions urbaines

Les extensions urbaines doivent être envisagées dans la perspective d’une part, de préserver la logique spatiale de l’espace urbain, d’autre part, de préserver le rapport intime liant l’urbain et le naturel qui caractérise la commune.

63 Les extensions urbaines sont ainsi délimitées en continuité des espaces urbanisés, dans une préoccupation de gestion économe des sols et de préservation de la commune contre le mitage de l’environnement. Il s’agit également d’ouvrir à l’urbanisation les terrains disponibles et nécessaires en respectant la topologie naturelle du sol et en prenant en compte la réalisation des voiries et réseaux (eau potable, assainissement, électricité, télécommunications). Sur la base d’un taux de croissance de +0,1% par an correspondant à la dynamique démographique départementale, la population de Villefort pourrait atteindre près de 700 personnes à l’horizon 2015, soit 80 nouveaux résidents. Compte tenu de la capacité résiduelle du bâti existant, sur la base moyenne de 1000 m² pour une construction nouvelle et d’un taux de rétention foncière de l’ordre de 30%, il convient d’ouvrir à l’urbanisation 5,3 hectares de terrains pour l’accueil des nouveaux résidents. Pour répondre à ces besoins, le présent PLU ouvre à l’urbanisation 10,92 hectares dont 4,68 hectares de zones d’habitations et 6,24 hectares de zones d’activités économiques pouvant accueillir des habitations d’accompagnent de l’activité.

2.3 La valorisation des paysages

Un paysage entretenu et mis en valeur constitue un atout majeur pour accroître l’attractivité touristique et la qualité de vie de la commune. Préserver et mettre en valeur le patrimoine naturel et bâti et notamment le patrimoine lié à l’eau, respecter les limites topographiques et naturelles des sites, aménager les entrées de ville, mettre en place un réseau de découverte de l’environnement, … sont autant de pistes permettant le maintien de la qualité et la valorisation des paysages communaux.

2.4 Espaces publics et stationnement

L’offre en espaces publics de qualité et la réhabilitation des espaces publics comme lieux d’échanges et de rencontres créant du lien social s’avèrent être des outils indispensables au développement touristique, à l’attractivité du territoire ainsi qu’à l’amélioration du cadre de vie. Cette requalification des espaces publics passe par la rationalisation du stationnement des véhicules qui encombrent les espaces publics.

64 2.5 Le développement économique

L’accroissement de la capacité et de l’attractivité économique et touristique de Villefort nécessite une offre en équipements satisfaisante : création de zones d’activités économiques pour l’accueil de nouvelles entreprises, développement des équipements touristiques, de loisirs, culturels et sportifs constituent autant d’enjeux indispensables à la santé économique de la commune. Le tourisme tient une place de premier ordre dans les perspectives de développement du territoire. Ce n’est cependant pas le seul : le lac de Villefort symbolise à lui seul la synthèse des potentialités du site : loisirs et pisciculture s’y marient dans une harmonie pouvant à terme favoriser un développement équilibré entre activités agroalimentaires et tourisme. Nouveaux rythmes de vacances, durée des séjours, 35 heures, axes de communication performants sont autant de chances à saisir, autant de motifs pour infléchir les pratiques de façon à ce que l’offre soit en adéquation avec la nouvelle demande. L’action prioritaire sur laquelle reposera pour partie le devenir du territoire, au-delà des limites communales, consiste en la structuration d’une offre qualitative et quantitative des services de santé : il est prévu la réalisation d’un pôle santé pour un territoire dont le périmètre reste à déterminer.

2.6 Les pistes d’aménagement

Conformément aux lois Solidarité et Renouvellement Urbains et Urbanisme et Habitat, le Projet d’Aménagement et de Développement Durable se nourrira des enjeux identifiés dans le rapport de présentation. Le PADD doit définir les orientations générales d’aménagement et d’urbanisme retenues pour l’ensemble de la commune : c’est l’expression d’un projet urbain. Le PLU peut, en outre, comporter des orientations d’aménagement relatives à des quartiers ou à des secteurs à mettre en valeur, restructurer ou aménager.

Le projet de requalification de l’actuelle gendarmerie en logements conventionnés serait une action de nature à apporter une réponse pertinente à cet enjeu tant en terme d’offre que de mixité sociale, le bâtiment étant situé dans le centre historique.

65 Jouxtant le collège, le terrain de football offre un espace pour des aménagements sportifs de loisirs et de culture à proximité du centre-ville. Une réflexion est conduite sur l’équipement sportif et notamment la réalisation d’un gymnase. Le devenir du Village de Vacances situé dans le quartier de la Fonderie (anciennes fonderies) sur la route du Mas de la Barque et du Mont Lozère se révèle aujourd’hui incertain en terme de rentabilité. Il n’est pas assuré que l’actuel gérant renouvelle son engagement lors du prochain bail. Il existe à proximité un site susceptible d’accueillir un nouveau terrain de football. La réussite de l’atelier relais, siège d’une fumerie de poissons et d’un abattoir de volailles, peut constituer une piste pour accompagner l’installation de jeunes entrepreneurs dans un projet de type développement local : la production locale tournée vers le ‘’Monde’’.

66 3. La traduction du PADD

3.1 La division du territoire en zones

Pour répondre aux objectifs du PADD, le territoire communal est découpé en zones à vocations différenciées. Le PLU institue 4 types de zones : - les zones urbaines : elles correspondent aux secteurs déjà urbanisés de la commune et aux secteurs où les équipements publics existants ou en cours de réalisation ont une capacité suffisante pour desservir les constructions à implanter. - les zones à urbaniser : elles correspondent aux secteurs de la commune destinés à être ouverts à l’urbanisation après réalisation des équipements de viabilité. - les zones agricoles : elles correspondent aux secteurs de la commune, équipés ou non, à protéger en raison du potentiel agronomique, biologique ou économique des terres agricoles. - les zones naturelles et forestières : elles correspondent aux secteurs de la commune, équipés ou non, à protéger en raison soit de la qualité des sites, des milieux naturels, des paysages et de leur intérêt, notamment du point de vue esthétique, historique ou écologique, soit de l’existence d’une exploitation forestière, soit de leur caractère d’espaces naturels.

3.1.1 Les zones urbaines

Le classement en zone urbaine des terrains équipés en voirie et réseaux et urbanisés s’impose. La typologie des zones urbaines retient 4 types de zones : Ua, Ub, Ue et Ut. Cette nomenclature est fondée sur la vocation de chacune des zones délimitées. Les zones urbanisées à vocation d’habitat sont différenciées selon l’âge et les caractéristiques du bâti : le centre historique du village aux constructions typiques et traditionnelles et les quartiers périphériques d’urbanisation récente à caractère pavillonnaire. Les zones d’activités et les zones touristiques et sportives recouvrent les activités existantes et les terrains équipés destinés à ces occupations et utilisations du sol. Cette dissociation des espaces urbanisés permet d’imposer des règles d’urbanisme différenciées adaptées à leur environnement et spécificités. Les contraintes de l’insertion environnementale des constructions s’expriment principalement aux travers de prescriptions architecturales.

67 La zone Ua

D’une superficie de 7,96 hectares, elle recouvre le bâti ancien et correspond au centre historique de la commune. De la voie ferrée (à hauteur du Chemin des Fangousses) au début de la Route de Mende au nord et de l’Avenue de la Gare au nord/ouest, elle comprend l’Avenue des Cévennes et ses abords, les Places de l’Ormeau, de l’Eglise, du Portalet et du Bosquet. Cette zone destinée principalement à l’habitat est desservie par les équipements : voirie, réseaux d’eau potable, d’assainissement, d’électricité. La réglementation de la zone vise à conserver et mettre en valeur les caractéristiques et l’harmonie des constructions anciennes. La politique de densification des espaces urbanisés conjuguée à la volonté de préserver les caractéristiques architecturales et l’organisation spatiale du centre ancien ont mené à établir un coefficient d’occupation des sols maximal dans le centre historique.

La zone Ub

D’une superficie de 30,61 hectares, elle correspond aux quartiers plus récents de la commune où l’implantation des constructions s’organise sous forme discontinue. Elle recouvre les secteurs pavillonnaires de la commune qui se sont développés en continuité du centre ancien vers le sud et sur les rives de la Palhères. Elle comprend les secteurs Uby d’assainissement autonome, d’une superficie de 0,70 hectares. Rive droite de la Palhères, elle couvre :  les terrains d’extension pavillonnaire du quartier de la Fonderie jusqu’au quartier de la Gare pour rejoindre le centre ancien,  le quartier des Sédariès et les abords du Chemin des Fangousses,  le quartier du Chazalet. Rive gauche de la Palhères, elle couvre :  les terrains d’extension pavillonnaire de la rue de Gleyzette au quartier de La Lampe, en passant par le quartier de La Vignette.

Cette zone, desservie par les équipements de viabilité des terrains, est vouée principalement à l’habitat. Dans les secteurs Uby (quartier de La Lampe), les constructions doivent être équipées d’un dispositif d’assainissement individuel.

68 La réglementation applicable vise à assurer la cohérence architecturale de ces quartiers avec le quartier ancien, tout en permettant un développement de l’urbanisation sous forme d’habitat individuel (pavillonnaire). Dans cette optique et pour une urbanisation plus aérée, le COS est fixé à 0,75.

La zone Ue

D’une superficie de 4,44 hectares, elle correspond aux secteurs d’activités existants ou aptes, en l’état, à accueillir des activités : il s’agit de terrains équipés, qui peuvent accueillir des activités économiques commerciales, artisanales et de services dont la proximité est dérangeante pour les habitations (nuisances sonores, odeurs, …).

Elle recouvre :  entre l’Avenue des Cévennes et la voie ferrée, les parcelles n°27, 28, 47, 369, 370, 372 et une partie de la parcelle n°371,  dans le quartier de La Lampe, la parcelle n°46,  au Pré de la Foire, les parcelles n° 192, 193, 194, 198, 199, 200 et 161 bordant l’Avenue de la Gare ainsi que les parcelles n°117 et 153 en bordure de la Palhères,  dans le quartier de la Gare, la parcelle n°180 en bordure de la voie ferrée,  en entrée de ville nord, les parcelles n°104, 105, 354 et 368, situées de part et d’autre du pont Saint-Jean et de la rue de Gleyzette,  en entrée de ville sud, le long de la RN901, les parcelles n°404 et 409. Actuellement vierges, ces terrains présentent un enjeu majeur pour leur impact visuel en entrée de ville.  au nord du village, la parcelle n°10 et une partie de la parcelle n°296 délimitées par le Chemin Départemental n°51, l’ancien Chemin de Villefort et le ruisseau de Mazimbert,  au lieu-dit Bayard, l’hôtel du Lac et ses dépendances (parcelle n°19).

Les activités admises sur ces terrains sont très diversifiées (artisanales, commerciales et de services) pour permettre une offre d’accueil d’entreprises variées. Le COS, fixé à 0,75, est plutôt élevé compte tenu de la surface restreinte de la zone et de sa dispersion.

69 La zone Ut

D’une superficie de 6,46 hectares, elle correspond à des secteurs destinés à des équipements à vocation touristique, sportive et de loisirs. Elle couvre :  au lieu-dit Las Coustelles, les terrains situés entre la RD906 et les rives du lac, de la limite communale avec Pourcharesses jusqu’au ravin,  dans le quartier des Sédariès, le camping municipal. Elle comprend les secteurs Ut1 d’une superficie totale de 2,24 hectares, accueillant ou destinés à des équipements sportifs (stade municipal, terrains de tennis, gymnase) implantés sur les parcelles n°111, 114, 151 et 152 (en bordure de la Palhères) et la portion sud de la parcelle n°91 (en bordure de la voie ferrée). Pour optimiser l’occupation des terrains ouverts à l’accueil de ces activités tout en préservant une certaine aération des constructions, le COS est fixé à 0,75. Les villages de vacance de la Fonderie et des Sédariès sont classés en zone Ub. Leurs constructions permanentes participent du paysage urbain de la commune. Implantés en entrées de ville, la réglementation d’urbanisme et architecturale de quartiers doit s’homogénéiser avec les quartiers pavillonnaires proches.

3.1.2 Les zones à urbaniser

Elles sont délimitées en vertu des nécessités d’extension des zones urbaines pour accueillir les nouvelles populations et permettre le développement des activités économiques. La classification des zones AU et AUe est basée sur la vocation des terrains qui seront ouverts à l’urbanisation.

La zone AU

D’une superficie de 5,19 hectares, elle désigne les terrains destinés à l’urbanisation ultérieure de la commune. Ces terrains ont vocation à recevoir un développement de l’urbanisation essentiellement sous forme d’habitat individuel.

Elle recouvre :  dans le quartier de La Vignette, les parcelles n°38 et 39 en continuité de la zone Ub existante,

70  dans le quartier de Chazalet, les parcelles n°103 et 448, situées en continuité du cimetière,  en entrée sud du village, les parcelles n°119 et 394 (en partie), situées en continuité du bâti existant, le long du Chemin de Fangousses.

Elle comprend les secteurs AUc, d’une superficie de 3,36 hectares, dans laquelle l’urbanisation doit se développer dans le cadre d’opérations d’ensemble avec plan d’aménagement du secteur. Ces secteurs couvrent :  entre les quartiers de La Lampe et de La Vignette, les parcelles n°50, 51 et 55 situées entre la rue de la Vignette et la Palhères,  au lieu-dit Le Martinet, les parcelles n°172 et 177 (en partie) implantées en bordure de la Route du Mas de la Barque.

De manière générale, des coupures d’urbanisation sont maintenues ou aménagées aux abords de la zone AU. Dans un contexte de densification du tissu urbain contraint par un mode d’urbanisation de type pavillonnaire, le COS est fixé à 0,75 dans la zone AU.

La zone AUe

Non équipés, les terrains sont destinés à recevoir des activités économiques (artisanales, commerciales et de service), incompatibles avec la proximité d’habitations. Sa superficie couvre 4,39 hectares. Elle recouvre les parcelles n°178, 179, 181, 188 et en partie les parcelles n°177, 182 et 186. Ces terrains sont situés en contrebas de la voie ferrée, entre la route du Mas de la Barque et le Valat des Chanaux En vue d’optimiser l’occupation du sol sans toutefois permettre une urbanisation massive des terrains, le COS est fixé à 0,75.

71 3.1.3 Les zones agricoles

La zone A

Elle couvre une superficie de 9,04 hectares correspondant aux espaces agricoles à protéger de l’urbanisation pour leur valeur économique et environnementale. Elle recouvre plusieurs secteurs :  un secteur situé au lieu-dit la Gravière, en entrée de ville nord et le long de la Palhères et qui se prolonge au-delà de la zone Ue,  un secteur situé au lieu-dit Le Fenadou, longeant le VC 1. De façon générale, sont admises les constructions liées aux exploitations agricoles et les constructions liées aux équipements d’infrastructure et services publics. Il n’est pas fixé de COS mais le regroupement des habitations et bâtiments d’activités est posé comme condition à l’urbanisation pour prévenir l’étalement et le mitage du paysage.

3.1.4 Les zones naturelles et forestières

La zone N

Elle recouvre des espaces naturels, sites et paysages qu’il convient de protéger de toute urbanisation. Sont classés en zone naturelle 767,55 hectares, soit près de 92% du territoire communal, exprimant l’extrême sensibilité environnementale de la commune. Cette zone recouvre les éléments forts du paysage villefortois et vise à préserver une couverture végétale riche et variée abritant une faune et une flore abondante et sensible. Aucune construction n’est admise hormis les constructions liées à la gestion et à l’ouverture au public de ces espaces, à des ouvrages d’infrastructures ou à des équipements de service public. Sont également admises les opérations de rénovation et d’amélioration des constructions existantes à usage d’habitation ou d’activité, sans qu’en soit permis toute extension. Elle comprend : - le secteur Ni, situé le long de la Palhères (nord de la parcelle n°154), d’une superficie de 0,16 hectares. Toute urbanisation y est proscrite dans la mesure où ce secteur est soumis à de forts risques d’inondation en cas de crue de la rivière. - le secteur Nc correspondant à l’emprise du cimetière municipal, d’une superficie de 0,37 hectares.

72 3.1.5 Vocation et superficie des zones du PLU

ZONES DU PLU VOCATION SUPERFICIES % en hectares

Zones U Zones urbaines 50,17 6,00

Ua Habitat/ centre ancien 7,96 0,95

Ub Habitat/ extensions 30,61 3,66 pavillonnaires Uby Assainissement autonome 0,70 0,08

Ue Activités économiques 4,44 0,53

Ut Activités touristiques, de 4,22 0,51 loisirs et sportives Ut1 Equipements sportifs 2,24 0,27

Zones AU Zones à urbaniser 9,58 1,15

AU Habitat 1,83 0,22 AUc Habitat maîtrisé (opération 3,36 0,40 d’ensemble)

AUe Activités économiques 4,39 0,53

Zones A Zones agricoles 9,04 1,08

A Agriculture 9,04 0,70

Zones N Zones naturelles 767,55 91,77

N Naturelle et forestière 767,02 91,71 Ni Inondable 0,16 0,02 Nc Cimetière municipal 0,37 0,04

TOTAL /// 836,34 100

73 3.2 Les critères pour maîtriser l’urbanisation

L’ouverture à l’urbanisation s’inscrit dans une stratégie prenant compte des paramètres physiques et humains. L'élaboration du diagnostic a permis de définir les critères qui ont guidé les choix en matière d'organisation spatiale de la commune. Il comprend un diagnostic paysager qui définit les enjeux à prendre en compte. Les critères retenus relèvent de plusieurs motifs : leur conjugaison a favorisé la cohérence de la démarche par une consommation maîtrisée de l'espace.

Les motifs réglementaires Le Porter à Connaissance de l'Etat fixe les servitudes et lois qu'il convient de prendre en compte. La commune étant concernée par la loi Montagne, l'urbanisation dans la continuité a guidé les choix opérés.

La stratégie communale L’espace urbain de la commune est organisé en village-rue dont les extensions urbaines se prolongent vers l’ouest. Cette organisation spatiale résulte d'une implantation humaine historique qui s'est opérée au creux des vallées, le long de l’axe de la voie Régordane et à proximité de l'eau. L'activité agricole ayant disparu, les logiques d'implantation ont évolué vers un mode d'occupation privilégiant l'habitat individuel et la logique foncière. Cette situation a conduit à la définition de critères pour encadrer les nouveaux modes d'occupation et maîtriser leur impact environnemental.

3.2.1 Les éléments pris en compte

Les extensions urbaines recouvrent des secteurs jusqu’ici naturels. Les choix opérés en matière d’ouverture à l’urbanisation ont pris en compte les éléments suivants : - la topologie du sol dans une commune de moyenne montagne, - l’optimisation des investissements consentis en matière de voirie et réseaux, - la ressource en eau, - l’urbanisation dans la continuité (loi Montagne), de manière à éviter le mitage de l’environnement,

74 - les enjeux paysagers définis dans le diagnostic, - les accès des personnes et des secours, - la prise en compte de la silhouette du village (architecture, organisation spatiale), - la proximité d’axes de communication fréquentés. La prise en compte de ces éléments réduit de façon conséquente l’offre en matière de foncier constructible et l'impact sur l'environnement. Des coupures d’urbanisation sont aménagées ou maintenues aux abords des zones à urbaniser.

3.2.2 Les objectifs pour les dix années à venir

Dans le même temps, des objectifs ont été définis pour les dix années à venir : - favoriser l’arrivée de nouveaux habitants, de préférence permanents, - disposer d’une offre maîtrisée et attractive de terrains constructibles, - favoriser la réhabilitation du bâti ancien, - densifier le village à proximité des services, - maintenir et développer les activités existantes, - favoriser le développement touristique en relation avec le Lac de Villefort. Ces objectifs trouvent leur traduction dans les choix opérés en matière de zonage.

3.2.3 Les espaces ouverts à l’urbanisation

L’ouverture à l’urbanisation de 9,58 hectares dont 5,19 hectares voués à l’implantation d’habitations permettra la réalisation de 30 à 40 nouvelles unités d’habitat individuel, sur la base moyenne de 1000 m² pour une unité d’habitation avec un taux de rétention foncière de l’ordre 30% et une réserve de 30% pour les aménagements (accès, stationnement, ...). Pour une moyenne de 2 personnes par ménage, cela correspond à un apport de population de 60 à 80 personnes qui se répartiraient en résidents secondaires et principaux, souhaitant que la progression des résidences principales soit plus importante. Le reste des terrains ouverts à l’urbanisation est affecté à l’accueil d’activités diverses (4,39 hectares destinés à l’accueil d’activités et permettant la réalisation d’habitations d’accompagnement de l’activité). Cette disponibilité foncière doit constituer un facteur d’attraction permettant l’implantation d’entreprises diverses sur le territoire communal et son développement économique.

75

Superficie de la commune 836,34 ha

Espaces urbains 59,75 ha

dont :

Espace urbanisé 50,17 ha

Ouverture à l’urbanisation 9,58 ha

Espaces naturels et agricoles 776,59 ha

3.2.4 Urbanisation future, eau et assainissement

L’assainissement Un schéma général d’assainissement est en cours d’élaboration. La commune dispose d’un réseau public d’assainissement. Trois maisons individuelles situées en zone naturelle (parcelles n°37, 90 et 133) sont pourvues d’un dispositif d’assainissement autonome. Il n’est pas prévu de les raccorder au réseau public. Les constructions existantes ou futures comprises dans le périmètre d’un secteur Uby doivent être pourvues d’un dispositif d’assainissement particulier. La station d’épuration de Villefort a une capacité de traitement de 2000 Equivalents Habitants (EH) pour une population permanente de 620 habitants (triplée en été). Cette capacité permettra d’assurer les besoins sanitaires des 60 à 80 nouveaux arrivants envisagés sur la commune.

La ressource en eau et les motifs de délimitation des zones à urbaniser Pour son alimentation en eau potable, la commune compte 10 captages. La ressource en eau potable est apparue comme un critère déterminant dans l’ouverture à l’urbanisation des terrains.

76 Les 3 captages souterrains des Sédariès : Les mesures effectuées au cours des mois de juin et juillet 2004 montrent que le débit des captages varie entre 287 et 658 m³ par jour. Le double captage des Lèches : Les mêmes analyses exposent que le débit des captages des Lèches oscille entre 160 et 348 m³ par jour. Les 2 prises d’eau superficielle du Pouget : Une étude menée sur les mois juillet et août 2003 conclue que les captages ont un débit allant de 35 à 66 m³ par jour. Les 3 captages des Montats : La même étude démontre que le débit varie entre 28 et 96 m³ par jour.

Ces variations permettent de formuler deux hypothèses, une hypothèse basse et une hypothèse haute. Ces hypothèses permettent de calculer la ressource en eau potable disponible pour alimenter le réseau de Villefort ainsi que la capacité résiduelle permettant d’accueillir des populations supplémentaires.

Hypothèse basse En additionnant le débit le plus bas de chaque captage, la ressource en eau potable s’élève à 510 m³ par jour soit 510.000 litres. En 2004, le volume d’eau consommé par les habitants de Villefort (y compris les estivants) s’élève à 168 000 m³, soit une moyenne de 460,3 m³ par jour. La capacité résiduelle est donc de près de 90 m³ par jour. A raison d’une consommation moyenne de 150 litres par jour et par personne, la ressource en eau permet d’accueillir une population supplémentaire de 600 individus.

Hypothèse haute En additionnant le débit le plus haut de chaque captage, la ressource en eau potable s’élève à 1168 m³ par jour soit 1.168.000 litres. Au regard du volume d’eau consommé moyen de 460,3 m³ par jour, la capacité résiduelle s’élève à près de 707 m³ par jour. A raison d’une consommation moyenne de 150 litres par jour et par personne, la ressource en eau permet de recevoir une population de 4700 personnes supplémentaires.

77 Conclusion La ressource en eau potable, dans l’hypothèse haute comme dans l’hypothèse basse, permet de satisfaire à l’objectif fixé par la commune pour les 10 années à venir d’accueillir 60 à 80 nouveaux résidents permanents.

3.3 La mise en œuvre du PLU

Le PLU est un instrument d'urbanisme réglementaire qui consiste à contrôler et à diriger les initiatives publiques ou privées. Il n'a pas pour objet de résoudre les problèmes qui sont du ressort de l'urbanisme opérationnel. Son application dépend de la volonté politique d'aménagement, de la mise sur le marché foncier de terrains adéquats et d'une gestion rationnelle des espaces urbanisables La commune dispose de divers moyens pour mener une politique d'aménagement sur son territoire.

Les acquisitions foncières Afin de réaliser un certain nombre d'aménagements (création ou élargissement d'une voie publique, installation d'intérêt général, …), la commune a prévu des emplacements réservés sur le document graphique du PLU. Dès lors, les propriétaires de ces terrains partiellement ou totalement réservés par un PLU, doivent lorsqu'ils souhaitent vendre ces derniers, obligatoirement faire sous peine de nullité, une déclaration préalable à la Mairie, comportant obligatoirement le prix et les conditions de l'aliénation projetée. La collectivité ou le service public au bénéfice duquel le terrain est réservé doit se prononcer dans un délai d'un an à compter de la réception en mairie de la demande du propriétaire. Si la collectivité souhaite acquérir le bien mais qu'un accord amiable sur le prix n'a pu être trouvé, alors celui-ci est fixé par le juge de l'expropriation.

78 Liste des emplacements réservés

n° Localisation de Destination de Bénéficiaire de l’emplacement réservé l’emplacement l’emplacement réservé réservé

Rue de la Vignette Elargissement de la Commune 1 Parcelles n°75 et 76 (en voie de Villefort partie) (visibilité) Section AB

Rue de la Vignette Elargissement de la Commune 2 Parcelles n°434 et 436 (en voie de Villefort totalité) et n° 432 et 435 (en partie) Section AC

Parcelle n°176 Extension du cimetière Commune 3 Section AC municipal de Villefort

79 PARTIE III :

LA PRISE EN COMPTE DE L’ENVIRONNEMENT

80 1. Le cadre technique et réglementaire

1.1 La préservation de l’espace montagnard

La loi du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la Montagne comporte un certain nombre de dispositions destinées à préserver l’environnement caractéristique de l’espace montagnard : - les terres nécessaires au maintien et au développement des activités agricoles, pastorales et forestières doivent être préservées ; - les espaces, paysages et milieux caractéristiques du patrimoine naturel et culturel montagnard doivent être préservés ; - l'urbanisation doit se réaliser en continuité avec les bourgs, villages, hameaux, groupes de constructions traditionnelles ou d’habitations existants, sauf si le respect des dispositions ci-dessus ou la protection contre les risques naturels imposent la délimitation de hameaux nouveaux intégrés à l’environnement ou de zones d’urbanisation future de taille et de capacité d’accueil limitées ; - l’équilibre entre le développement de l’économie touristique et les grands équilibres naturels doit être assuré.

En outre, la Loi Montagne protège les parties naturelles des rives des plans d’eau naturels ou artificiels d’une superficie inférieure à 1000 hectares par une bande inconstructible d’une largeur de 300 mètres à compter de la rive. Toutes constructions, installations, routes nouvelles, extractions et tous affouillements y sont interdits, à l’exception des bâtiments à usage agricole, pastoral ou forestier, les refuges et gîtes d’étapes ouverts au public pour la promenade et la randonnée, les installations à caractère scientifique, les équipements d’accueil et de sécurité nécessaires à la pratique de la baignade ou des sports nautiques ainsi que l’adaptation, le changement de destination, la réfection et l’extension des constructions existantes (article L145-5, Code de l’Urbanisme).

81 1.2 La préservation de l’environnement, des paysages et du patrimoine

1.2.1 La Loi Paysage La Loi du 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en valeur des paysages pose pour principe fondamental la préservation et la mise en valeur de l’environnement, des paysages et du patrimoine naturel et bâti. Il s’agit de prendre en compte le paysage dans toutes les opérations d’aménagement (études d’impact). Elle met à disposition des communes des mécanismes de protection des éléments remarquables du paysage. Le PLU peut « identifier et localiser les éléments du paysage et délimiter les quartiers, îlots, immeubles, espaces publics, monuments, sites et secteurs à protéger, mettre en valeur ou à requalifier pour des motifs d’ordre culturel, historique ou écologique et définir, le cas échéant, les prescriptions de nature à assurer leur protection » (article L123-1-7° du Code de l’Urbanisme). Ce classement permet d'avoir une réglementation relevant de l’article L442-2 du Code de l’Urbanisme concernant les Installations et Travaux Divers (ITD). « Tous travaux ayant pour effet de détruire un élément identifié par un plan local d’urbanisme en application du 7° de l’article L123-1 et non soumis à un régime d’autorisation doivent faire l’objet d’une autorisation préalable » : accord du maire et/ou de la commission locale désignée.

1.2.2 Les espaces boisés classés L’article L130-1 du Code de l’Urbanisme permet au PLU de protéger les boisements, les talus boisés ou les arbres isolés significatifs ou remarquables par un classement en Espaces Boisés Classés (EBC). Ce classement en EBC peut notamment être utilisé pour les boisements et les haies : - de grande importance paysagère (en tant que repère visuel et élément structurant de l'identité communale), - de valeur historique indéniable, - d'intérêt public incontestable pour l'accompagnement paysager qu'ils (ou qu'elles) représentent (comme trame verte dans le pôle urbain, poumons verts à proximité des zones urbanisées), - pour les cheminements de randonnée.

82 1.2.3 Les éléments du patrimoine identifiés par l’Etat L'Etat ou ses services peuvent établir des zones d'intérêt écologique régional ou national (Parc Naturel, ZNIEFF, Natura 2000...). La commune de Villefort est concernée par ce type de contrainte avec notamment la présence de deux ZNIEFF et de zone du réseau Natura 2000. L'Etat ou ses services peuvent établir des servitudes d'utilité publique régies par des dispositions législatives spécifiques et qui concernent la protection de l'environnement, la santé publique et le patrimoine naturel (Loi de 1930 sur les sites) et bâti (Loi de 1913 sur les Monuments Historiques). Dans un périmètre de 500 mètres autour des immeubles classés ou inscrits comme Monuments Historiques, tous travaux portant sur ces immeubles seront soumis à l’accord préalable de l’Architecte des Bâtiments de France. L'Etat ou ses services peuvent aussi définir des sites archéologiques qui sont soumis à un degré de protection avec un indice 1 ou 2. Les sites archéologiques grevés d'un indice de protection 2 ne peuvent pas être classés en zone constructible.

83 2. Les dispositions environnementales du PLU

Les dispositions du PLU prennent en compte les objectifs de développement qui s’inscrivent naturellement dans la géographie communale en intégrant les éléments caractéristiques et en les mettant en valeur par la prise en compte de la qualité des paysages. Le diagnostic territorial comporte une présentation de l’état initial de l’environnement communal et une étude paysagère qui mettent en exergue les éléments paysagers, patrimoniaux et environnementaux de la commune. Ils identifient les enjeux paysagers : les forces sur lesquelles la commune peut s’appuyer pour valoriser son cadre de vie, les faiblesses qu’elle doit tenter d’enrayer. La commune s’engage dans la préservation et la mise en valeur de son patrimoine naturel et de l’environnement. Les objectifs de préservation de l’environnement ont conduit à la recherche d’un équilibre entre le milieu naturel d’une part et les espaces urbains d’autre part. L’inscription de zones d’urbanisation future a pu être retenue avec la prise en compte des conditions de leur intégration dans l’environnement.

2.1 Le maintien de la biodiversité

Les milieux naturels de la commune abritent une faune et une flore abondantes et variées. Pour préserver cette biodiversité, plus de 767 hectares ont été classés en zone naturelle et forestière inconstructible, soit près de 92% du territoire communal. Ce classement concerne notamment la ZNIEFF des Gorges du Chassezac, de la Borne, Vallée de la Palhères, et Valat de Chalondres, la ZNIEFF de la Forêt domaniale du Mont Lozère allant jusqu’à Génolhac. Le Lac de Villefort, la rivière de La Palhères, les Gorges de l’Altier, les cours d’eau secondaires (ruisseaux des Sédariès, des Lichères, ou de Mazimbert, …) sont également classés en zone naturelle en vue protéger la faune aquatique et leur ripisylve.

2.2 Paysage et identité

L’identité communale de Villefort est fondée sur des paysages et des éléments naturels et bâtis remarquables.

84 2.2.1 La préservation des éléments naturels remarquables

Le classement en zone naturelle permet de sauvegarder les éléments forts du paysage communal et de préserver les grands espaces et les paysages en interdisant l’urbanisation de ces secteurs. Ce classement concerne le site naturel inscrit du Lac de Villefort et ses abords, les rives du Lac de Villefort (136 ha) conformément aux dispositions de la Loi Montagne, la zone humide du barrage de Villefort, les Gorges de l’Altier. Font l’objet de la même protection, les Forêts Domaniales de Bayard (37 ha) et de l’Hôpital-Hospice (40 ha) bénéficiant du régime forestier (servitude relative à la protection des bois et forêts soumis au régime forestier), les monts boisés du Grattassac, de la Chapelle Saint-Loup ou encore du Collet. Aucun espace boisé classé n’est délimité, les boisements, alignements remarquables, structures végétales, ripisylves et autres éléments naturels remarquables étant classés en zone naturelle et forestière.

2.2.2 La préservation du paysage urbain

L’étude paysagère a permis de définir les enjeux paysagers à prendre en compte dans les modes d’urbanisation future. Parmi les principes retenus : - l’urbanisation dans la continuité, selon l’esprit de la Loi Montagne, - le renouvellement urbain, la réhabilitation du bâti, - le maintien des coupures d’urbanisation, - la protection des points de vue remarquables. C’est dans ces perspectives et dans le cadre d’un aménagement urbain cohérent que la municipalité s’est placée pour délimiter les zones d’urbanisation future. Il en résulte une extension mesurée des zones d’urbanisation selon des formes et des modalités compatibles avec l’environnement communal.

Conserver la silhouette villageoise La commune de Villefort se compose de deux grandes entités urbaines qui s’articulent en formant une silhouette en "L" très caractéristique : le centre historique, constitué en village-rue le long de l’ancienne Voie Régordane et les extensions urbaines disposées le long de la Palhères.

85 La délimitation des zones d’urbanisation future respecte l’organisation spatiale du village pour préserver sa silhouette. L’ensemble des zones d’urbanisation future à vocation d’habitat est délimité en continuité de secteurs urbanisés. Il s’agit de stopper l’éparpillement excessif des quartiers d’habitations du notamment à l’absence de document d’urbanisme et de dégager et aménager de nouveaux secteurs d’urbanisation. Les zones d’extensions urbaines retenues par le PLU permettent ainsi d’assurer une forme urbaine cohérente, en évitant le mitage du territoire. Leur délimitation s’efforce d’organiser des coupures vertes permettant une urbanisation aérée et le maintien de la biodiversité, en particulier sur les berges de la Palhères. La zone d’urbanisation future à vocation d’activités économiques est implantée en continuité du bâti existant, en bordure des voies de communication existantes. La municipalité a opté pour ce type de zone excluant les activités industrielles en vue de permettre le développement économique de la commune tout en limitant l’apparition de nouvelles sources de nuisances et d’activités dévalorisantes pour l’environnement communal.

Favoriser l’insertion paysagère des constructions L’insertion paysagère des constructions est un des principaux enjeux du présent PLU : mise en exergue dans le diagnostic paysager et programmée dans le Projet d’Aménagement et de Développement Durable, la maîtrise de l’impact environnemental des constructions est organisée par les dispositions du règlement d’urbanisme. Le PLU trouve ainsi des réponses adaptées à l’impact environnemental conséquence de sa mise en œuvre et inscrit son projet urbain dans un cadre naturel préservé et maîtrisé. Les contraintes de l’insertion environnementale des constructions s’expriment principalement aux travers de prescriptions architecturales. Le règlement s’efforce de maintenir le caractère pittoresque et l’harmonie du patrimoine bâti. Il impose une série de conditions tenant à l’aspect extérieur des constructions dans un souci de respect de l’environnement et de préservation des paysages naturels et urbains. Les constructions et installations nouvelles devront s’intégrer harmonieusement dans l’environnement bâti de façon à créer une homogénéité architecturale avec les autres constructions et respecter les critères d’insertion dans l’environnement.

86 La hauteur des immeubles dans les zones constructibles est limitée de façon à ne pas dépasser les seuils de co-visibilité avec les sites environnants. De même, l’implantation, les couleurs des bâtiments, les ouvertures et les clôtures sont maîtrisées pour réduire l’impact visuel des constructions sur l’environnement naturel et bâti.

2.2.3 La protection du patrimoine bâti

Sur le territoire communal, sont recensés plusieurs Monuments Historiques (maison gothique, immeubles rue Louis Gagne). Leur périmètre de protection est reporté aux documents graphiques faisant figurer les servitudes d’utilité publique grevant le sol communal. Le principe de co-visibilité est appliqué pour maintenir et préserver la qualité architecturale et les perspectives des Monuments Historiques et de leurs abords. L’ensemble des maisons et mas isolés est classé en zone naturelle en vue de protéger ce petit patrimoine lié aux anciennes exploitations agricoles, forestières ou minières de la commune. Il s’agit d’une part, d’autoriser leur rénovation et d’autre part, de les maintenir dans leur position caractéristique d’isolement au sein d’espaces naturels préservés. Le site archéologique de l’Eglise de Villefort fait l’objet d’une protection au titre des dispositions du Code du Patrimoine relatives à la protection des biens culturels et à l’archéologie ainsi que les dispositions du décret n°2004-490 du 16 janvier 2004 relatif aux procédures administratives et financières en matière d’archéologie préventive.

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