ARCHIVES DEPARTEMENTALES DU HAUT-RHIN

LE CADASTRE DE 1807 à 1953

Pour toute recherche dans le cadastre, il est indispensable de connaître la lettre de la section et le numéro de la parcelle avant rénovation du cadastre (depuis la rénovation, sections et parcelles sont désignées par des numéros). Pour avoir la concordance entre les anciennes et nouvelles sections et parcelles, consulter les croquis de bornage ou l’état de sections après rénovation si la rénovation a eu lieu entre la fin du XIXe siècle et 1953. Dans les autres cas, consulter le site www.cadastre.gouv.fr pour avoir le plan actuel et comparer avec le plan ancien ; si la configuration des lieux a trop changé, il peut être difficile de faire la comparaison ; dans ce cas, s’adresser au service du Livre Foncier au Tribunal d’Instance dont dépend la commune.

Les limites des documents cadastraux : Ils indiquent les propriétaires successifs d’un bien immobilier. Ils permettent de savoir quand une maison a été construite (dans le cas où la construction a eu lieu après 1823). Ils donnent les changements survenus dans les propriétés (maison agrandie, démolie, incendiée, … ; champ transformé en vigne ; etc.). Ils ne fournissent aucune indication sur les servitudes. Ils doivent être complétés par des documents tels que les volumes de l’enregistrement (sous-série 3 Q, séries AL et W) et des hypothèques (sous-série 4 Q, close en 1899), les archives des notaires (sous-série 6 E), le livre foncier.

Les plans traduisent une situation figée à un moment précis. Pour retracer l’histoire d’un bien immobilier, il convient donc d’avoir recours à d’autres documents cadastraux : - pour le cadastre napoléonien, il s’agit des matrices cadastrales (sous-série 3 P) - pour le cadastre plus récent (depuis 1903, voire un peu plus tôt si le cadastre de la commune a été rénové avant 1903), il s’agit de l’état de sections combiné à la table des propriétaires (série AL).

LE CADASTRE NAPOLEONIEN

Le premier cadastre parcellaire a été créé en 1807 par Napoléon Ier. C’est pourquoi on appelle cadastre napoléonien ce premier cadastre parcellaire, même si le cadastre a été réalisé après le règne de Napoléon.

Toutes les communes du Haut-Rhin ont été cadastrées entre 1808 et 1839. Le cadastre des communes suivantes a été refait avant 1870 : Bitschwiller-lès-Thann en 1866, en 1845, en 1852, en 1869, en 1847.

Les documents sont conservés dans la sous-série 3 P.

Dans le cadastre napoléonien, le territoire d’une commune est divisé en sections portant une lettre de l’alphabet. Les premières sections concernent le non bâti, la dernière section le village. Prenons l’exemple d’une commune divisée en 4 sections : A, B, C et D. Les sections A, B et C sont les champs, prés, forêts, vignes, la section D est le village. Les parcelles sur lesquelles s’élèvent des bâtiments sont colorées en rose sur le plan (en bleu s’il s’agit d’un bâtiment public). Les contours des bâtiments n’apparaissent pas sur le plan (voir illustration n° 1). Dans les communes où l’habitat est dispersé (communes de montagne par exemple), on peut trouver du bâti dans toutes les sections.

L’état de sections donne la nature de chaque parcelle (terre, vigne, pré, maison, jardin, etc.), sa contenance ainsi que le nom du propriétaire à la date de la levée du plan napoléonien (voir illustration n° 2). Le folio de la matrice cadastrale où figure le propriétaire de la parcelle à la date de clôture des matrices cadastrales (1903 ou avant, si la rénovation a eu lieu avant 1903) est indiqué au crayon à côté du nom du propriétaire initial.

Les matrices cadastrales normalisées sont créées en 1823-1824 (voir illustration n° 3). Elles se présentent sous forme de registres reliés dont le nombre varie selon les communes (de 1 à plus de 30 volumes). Elles indiquent les changements survenus jusqu’en 1903 (ou avant si la rénovation a eu lieu avant 1903) : changements de propriétaires et transformation de la nature du bien (construction de maison, transformation d’un champ en chemin ou en vigne, partage de parcelles, etc). Les pages « augmentations et diminutions des matières imposables » en tête du premier volume des matrices cadastrales précisent la date du changement. Chaque page, appelée folio, de la matrice cadastrale recense les biens d’un ou plusieurs propriétaires (les pages sont souvent surchargées). Les propriétaires ne sont pas enregistrés dans l’ordre alphabétique des noms de famille. Une table alphabétique des noms figure à la fin d’un des volumes et renvoie au bon folio. Pour certaines communes, il existe 2, 3 ou 4 séries de matrices cadastrales, qui couvrent des périodes successives. On trouve une liste alphabétique des noms des propriétaires pour chacune des séries de matrices. Quand une parcelle est partagée, les nouvelles parcelles gardent le même numéro suivi d’un petit p. Par exemple, la parcelle 230 de la section C devient après partage C 230p et C 230p, sans qu’il soit possible de savoir comment s’est effectué le partage : Nord-Sud, Est-Ouest, indivision ou propriétaire différent pour chaque étage s’il s’agit d’une maison, etc. Quand l’ensemble des biens d’une personne passe à un autre propriétaire, il y a substitution. Le nom du premier propriétaire est barré et remplacé par le nom de son successeur, la mention « subst. » et la date de la substitution. Trois remarques : - il convient de retrancher 2 ans à la date de mutation inscrite pour avoir l’année exacte de mutation de la propriété - quand un bien est hérité ou acheté par une femme mariée, il est inscrit au nom de l’époux - quand une personne a de nombreux biens, un folio de la matrice cadastrale ne suffit pas ; la liste des biens continue sur un autre folio, dont le numéro est indiqué au bas de la première page.

LES NOUVEAUX DOCUMENTS CADASTRAUX A PARTIR DE 1902- 1903

En 1902-1903, un nouvel état de sections (Flurbuch) est dressé pour toutes les communes (sauf celles pour lesquelles le nouvel état de sections a été réalisé au moment de la rénovation, par exemple en 1897 pour ). Si la rénovation a lieu entre 1903 et 1953, un état de sections est dressé en 1903 et un autre au moment de la rénovation, par exemple en 1947 pour Réguisheim.

Cet état de sections créé en 1902-1903 est tenu à jour jusqu’en 1953 (voir illustration n° 4). Il indique la nature du bien et sa contenance. Il donne le folio de la matrice cadastrale où figure son propriétaire en 1903. Il indique les folios de la matrice cadastrale où figurent les propriétaires ultérieurs ainsi que les dates des changements de propriétaires (ôter 1 ou 2 ans à la date inscrite pour avoir la date effective).

Pour savoir à qui correspondent ces folios, il convient de se reporter à la table des propriétaires tenue à jour parallèlement. En tête de la table des propriétaires, on trouve souvent la liste (tenue à jour jusqu’en 1918) des augmentations et diminutions de matière imposable. Quand la table des propriétaires indique que le propriétaire de la parcelle est Untel et copropriétaires, il convient de consulter les matrices cadastrales pour identifier ces copropriétaires.

L’état de sections indique aussi les changements survenus dans les parcelles : changement de nature ou de contenance, réunion ou partage de parcelle, etc. Désormais, en cas de partage de parcelles, les nouvelles parcelles reçoivent un double numéro permettant de bien les distinguer. Par exemple, la parcelle 230 devient après partage les parcelles 118/230 et 119/230. Les constructions nouvelles sont signalées par l’abréviation C.N. (en allemand Neubau, abrégé en Nb), les démolitions sont signalées par l’abréviation démol. (en allemand Abbruch, abrégé en Abb).

A partir de 1903, les plans partiels levés lors d’un changement de limites ou d’un partage de parcelle, parfois aussi lors d’une construction nouvelle, forment une collection d’esquisses (voir illustration n° 5). Si une esquisse a été levée, elle est mentionnée avec son numéro dans l’état de sections, sous l’abréviation Sk. ou esqu. (pour Skizze ou esquisse). Les collections d’esquisses n’ont pas toutes été versées aux Archives départementales. Elles sont classées soit dans l’ordre croissant des numéros, soit par sections et parcelles.

Quand un bâtiment est une copropriété, une esquisse d’étage est levée (voir illustration n° 6). Son existence est signalée dans l’état de sections, sous l’abréviation St. Sk. ou esqu. ét. (pour Stockskisse ou esquisse d’étage). Elle détaille de quelle partie du bâtiment chacun est propriétaire.

En 1902-1903, les matrices cadastrales précédemment en usage sont closes et remplacées par de nouvelles matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties (Mutterrolle), formées de feuilles volantes reliées par un système amovible. Ce système a un avantage : les feuillets sont dans l’ordre alphabétique des noms des propriétaires. Toutefois, quand il y a changement de propriétaire, le nom du premier propriétaire est barré et remplacé par le nom de son successeur. Le feuillet est ensuite reclassé au bon endroit dans la suite alphabétique des noms. Quand une personne n’a plus aucun bien, le feuillet est retiré du registre et intégré dans un registre des feuillets clos. Ces matrices sont sommaires. Elles ne donnent que le numéro des parcelles possédées par la personne. Ces matrices à la couverture vert foncé couvrent la période 1903-1953.

A partir de 1929 et jusqu’en 1953, des matrices des propriétés bâties sont tenues parallèlement aux matrices citées ci-dessus.

A partir de 1903 et jusqu’en 1975 ont été tenus des états des changements dans les propriétés bâties. Seuls ceux concernant les communes dépendant du centre du cadastre de sont conservés aux Archives départementales.

LE CADASTRE REVISE

Le cadastre napoléonien de certaines communes a été révisé dans les années 1880. Dans ce cadastre révisé, il n’a pas été touché aux sections du cadastre napoléonien. Seuls les numéros des parcelles (ou d’une partie des parcelles) changent. Cette révision concerne les communes suivantes : Aspach, , , , Bitschwiller-lès-Thann, Brinighoffen, , Enschingen, , , Hecken, Husseren-les-Châteaux, Husseren- Wesserling, , Lutter, Montreux-Vieux, , , , , Rosenau, Saint-Louis, Sainte- Marie-aux-Mines, , Ungersheim, Voegtlinshoffen, et . Les documents sont conservés dans la série AL.

LE CADASTRE RENOVE

A partir de la fin des années 1880, le cadastre de certaines communes a été rénové. Dans le cadastre rénové, le territoire de la commune est divisé en sections (en allemand : Flur) plus nombreuses que dans les cadastres napoléonien et révisé. Ces sections portent un chiffre. Les premières sections concernent le village ou la ville, les dernières les terres agricoles et forêts. Par exemple, le cadastre de la commune d’Andolsheim a été rénové entre 1892 et 1897. Dans le cadastre napoléonien, le village formait la section D. Dans le cadastre rénové, il forme les sections 1 à 6.

Les documents sont conservés dans la série AL.

Pour la période 1889-1953, la rénovation concerne les communes suivantes : , Ammertzwiller, Andolsheim, , , Aspach-le-Bas, Aspach-le-Haut, , , , , , , , , , , Bonhomme (Le) , Bourbach-le- Bas, , Brunstatt, Burnhaupt-le-Bas, Burnhaupt-le-Haut, Cernay, Chalampé, , , Didenheim, , Dornach, , , , , , , , , Goldbach, , , , , , Herrlisheim, , , Holtzwihr, , Horbourg, , , Husseren-les-Châteaux (en 1950), , , , , Landser, Leimbach, Lièpvre, , , , , , Michelbach, , , Morschwiller-le-Bas, , , , , , Neuf-Brisach, , , , , , , , , Petit-Landau, , , , Réguisheim, , , Riedwihr, Roderen, , , Rumersheim-le-Haut, , Saint-Amarin, Sainte-Croix-en- Plaine, , Schlierbach, Schweighouse, , Staffelfelden (en 1950), Steinbach, , Thann, , , , Vieux-Thann, , , Walbach, , , , , Wihr-en-Plaine, Willer-sur-Thur, , , , , et .

Le cadastre commence par réaliser un croquis de bornage (voir illustration n° 7). L’ancienne section du cadastre napoléonien figure dans le coin en bas à droite. Les anciennes limites et numéros de parcelles dans le cadastre napoléonien figurent en noir sur le plan. La nouvelle section figure dans le coin en bas à gauche. Les nouveaux numéros de parcelles sont en rouge, ainsi que les nouvelles limites. La suppression d’une ancienne limite napoléonienne est matérialisée par une croix rouge sur le trait noir. Les contours des bâtiments sont nettement dessinés. Les maisons d’habitation sont colorées en rose, les bâtiments agricoles en gris. La nature précise du bien est indiqué : A pour Acker (champ), W pour Wiese (pré), R pour Reben (vignes), Whs pour Wohnhaus (maison d’habitation), NG pour Nebengebäude (dépendances), Ab pour Abort (WC), St pour Stall (étable ou écurie), Sch pour Scheune (grange), Rem pour Remise (remise), Werstatt (atelier), pigeonnier, puits, etc. Le nom du propriétaire figure sur le croquis de bornage. Le cadastre communique la situation nouvelle des parcelles aux propriétaires. Les propriétaires qui sont d’accord signent le procès- verbal de communication (Offenlegung). Une table par sections et parcelles permet de retrouver sous quel numéro est inscrit le propriétaire d’une parcelle précise. Les propriétaires peuvent manifester leur désaccord dans un registre des réclamations. Le cadastre incite les propriétaires qui ne sont pas d’accord sur des limites de parcelles à signer un acte de conciliation ou arrangement à l’amiable (Vereinigungakt) et réalise un lever des parcelles concernées. Des bulletins de propriété sont établis. Ils recensent pour chaque propriétaire les biens immobiliers qu’il possède à la date de la rénovation. A la fin des opérations de rénovation, un plan définitif est levé. Un état de sections et une table des propriétaires sont ouverts. Tout comme le croquis de bornage, l’état de sections après rénovation indique les anciens numéros des sections et parcelles dans le cadastre napoléonien et les nouveaux numéros de sections et parcelles dans le cadastre rénové. CADASTRE NI REVISE NI RENOVE

Dans les communes où le cadastre n’a été ni révisé ni rénové, le cadastre napoléonien reste en vigueur.

PROPRIETES D’UNE PERSONNE

Pour connaître toutes les propriétés immobilières d’une personne dans une commune donnée, il convient de consulter les matrices cadastrales, quelle que soit la période (dans la sous-série 3 P ou la série AL).

Illustrations : 1) extrait de la section D du plan napoléonien de Hombourg en 1824 (cote : 3 P 424) 2) extrait de l’état de sections de Sausheim en 1824 (cote : 3 P 1477) 3) extrait de la matrice cadastrale d’ entre 1828 et 1903 (cote : 3 P 1369) 4) extrait de l’état de sections de entre 1903 et 1953 (cote : AL 62520) 5) esquisse de Lapoutroie en 1937 (cote : AL 68342) 6) esquisse d’étage de Wittelsheim, s.d. (cote : AL 97560) 7) extrait du croquis de bornage d’Andolsheim en 1895 (AL 91245)