REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE Union-Discipline-Travail MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET BOIGNY

UFR : SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE INSTITUT D'E(T1HNO-S OCIOLOGIE THESE UNIQUE DE SOCIOLOGIE Options : Sociologie du sport Sociologie des migrations

SUJET:

LE FOOTBALL EN COTE D'IVOIRE : LA PROBLEMATIQUE DE L'EMIGRATION DES JEUNES FOOTBALLEURS.

Présenté par: GBEH Gué Binka Sous la direction de : Professeur TOURE lsmaïla Maître de recherches de Sociologie

ANNEE ACADEMIQUE 2013-2014 DEDICACE:

A l'Eternel mon DIEU et SAUVEUR,

Tu es mon bouclier, Tu es ma gloire et Tu relèves ma tête. C'est Toi qui me donnes la force et le courage de résister à toute épreuve de la vie.

A mon défunt père GBEH Gué Gaston,

Tu as toujours cru en moi et j'aurais sincèrement voulu que tu sois là au moment où je réalise notre rêve commun. Tu restes pour moi l'incarnation de la persévérance et du travail bien fait.

A ma mère GOALEBEU Bertine,

Contre toute sorte d'épreuve, tu m'as soutenu en prière et m'as apporté toute ton affection. Merci Maman.

III SOMMAIRE DEDIDACE III LISTE ALPHABETIQUE DES SIGLES ET ABREVIATIONS V LISTE DES TABLEAUX VIII LISTE DES GRAPHIQUES .X LISTE DES PHOTOS ET CARTE XI REMERCIEMENTS XII

INTRODUCTION 15 PREMIERE PARTIE: CADRE METHODOLOGIQUE 19 1.1. La justification du choix du sujet 20 1.2. La délimitation du champ d'étude 22 1.3. La problématique 56 1.4. La définition des concepts 63 1.5. La méthode d'analyse et les techniques d'enquête 75 1.6. Les difficultés rencontrées 84 DEUXIEME PARTIE: LA PRESENTATION DU FOOTBALL EN COTE D'IVOIRE 86 II.1. La généralité sur le football dans le monde 87 11.2. L'introduction du football en Afrique 99 ll.3. Le football en Côte d'lvoire 109 II.4. La Présentation des clubs ayant participé à la super-division 2012 .137 11.5. L'historique de la migration en Côte d'Ivoire 157

TROISIEME PARTIE: L'EMIGRATION DES JEUNES A TRAVERS LE FOOTBALL EN COTE D'lVOIRE 181 III.1. Le profil des émigrants par le football .182 IIl.2. Le parcours et la carrière des jeunes footballeurs 200 III.3. Le projet migratoire des jeunes 214 III.4. Les acteurs et les réseaux de l'émigration des jeunes footballeurs 241 III.5. Les motivations et attentes des joueurs candidats à l'émigration 257 III.6. Les enjeux de l'émigration des footballeurs 261 CONCLUSION 266 BIBLIOGRAPHIE 270 ANNEXES 281 TABLE DES MATIERES 297

IV LISTE ALPHABETIQUE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AFAD: Académie Football Amadou Diallo AFAF: Associations de Football Affiliées à la Fédération Ivoirienne du Football AFC: American Football Conference AIODM-CI : Alliance Internationale pour les Objectifs du Millénaire-Côte d'Ivoire AMAFCI: Amicale des Arbitres de Football de Côte d'Ivoire AOF : Afrique-Occidentale Française ARCC : Autorité de Régulation du Café et du Cacao ASBA: Association Sportive des Bétés d' ASEC : Association Sportive des Employés de Commerce ATCI: Agence des Télécommunications de Côte d'Ivoire BCC : Bourse du Café et du Cacao BNI: Banque Nationale d'Investissement CAF : Confédération Africaine de Football CAN : Coupe d'Afrique des Nations CCA : Commission Centrale des Arbitres CDC : Centre Cyrille Domoraud CIDT : Compagnie Ivoirienne pour le Développement des Textiles CIES : Centre International d'Etudes du Sport CNC : Conseil National du Civisme CNJ : Conseil National de la Jeunesse CNLAD : Comité National de Lutte Anti-dopage CNMJ: Conseil National du Mérite de la Jeunesse CNO-CI: Comité National Olympique de Côte d'Ivoire CNP : Comité National Provisoire CNS : Conseil National des Sports COMSI: Conseil de !'Ordre du Mérite Sportiflvoirien CONCACAF: Confédération de Football d'Amérique du Nord, d'Amérique Centrale et des Caraïbes

V CONFEJES : Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports des Etats et Gouvernements ayant le Français en partage CONMEBOL : Confédération Sud-Américaine de Football CRA : Commission Régionale des Arbitres D2 : Deuxième Division D3 : Troisième Division DAAF : Direction des Affaires Administratives et Financières DCQ: Département Compétitions et Qualifications DCOM : Direction de Communication DIE: Département des Ivoiriens de I'Etranger DTN : Direction Technique Nationale EFYM : Ecole de Football Y éo Martial ESB : Entente Sportive de FC: Football Club FDPCC : Fonds de Développement et de Promotion des Activités des Producteurs de Café et de Cacao FF : Franc Français FFF : Fédération Française de Football FGCCC: Fonds de Garantie des Coopératives Café-Cacao FIF: Fédération Ivoirienne de Football FIFA : Fédération Internationale de Football Associations FRC : Fonds de Régulation et de Contrôle Café-Cacao IAFC : Ivoire Académie Football Club IES : Institut d'Ethno-Sociologie IFAB : International Football Association Board INJS : Institut National de la Jeunesse et des Sports JCA: Jeunesse Club d'Abidjan JCAT: Jeunesse Club d'Abidjan LERSTD: Laboratoire d'Etudes et de Recherches en Sociologie du Travail et du Développement

VI LPF: Ligue Professionnelle de Football LONACI: Loterie Nationale de Côte d'Ivoire MAM : Membres Associés Mobilisés MTN: Mobile Technology Network OCAS: Olympie Club d'Abidjan de Santelli OFC: Confédération de Football d'Océanie OISSU : Office Ivoirien des Sports Scolaire et Universitaire ONG: Organisation Non Gouvernementale ONS: Office National des Sports PIC: Planification Industrielle Christian RC: Racing Club RCA: Racing Club d'Abidjan RGPH: Recensement Général de la Population et de l'Habitat RTI : Radio Télévision Ivoirienne SIR : Société Ivoirienne de Raffinage SOGEPIE : Société de Gestion du Patrimoine Immobilier de l'Etat SOTRA : Société des Transports Abidjanais UEFA: Union des Associations Européennes de Football UFA: Union des Fonctionnaires d'Abidjan UFOA: Union des Fédérations Ouest-Africaines de Football UFR: Unité de Formation et de Recherche USCB : Union Sportive des Clubs de Bassam USFSA : Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques USI : Union Sportive Indigène

VII LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Présentation du district d'Abidjan 24 Tableau 2 : Récapitulatif des théories sociologiques de la migration 54 Tableau 3 : Répartition des enquêtés par clubs 82 Tableau 4 : Quelques dates importantes dans le développement du Football 92 Tableau 5 : Liste des présidents de la FIF A 98 Tableau 6 : Liste des membres du Comité Exécutif de la CAF 101 Tableau 7 : Liste des associations membres de la CAF et leur différente zone 103 Tableau 8 : Liste des Présidents de la CAF 108 Tableau 9 : Liste des Présidents de la FIF 136 Tableau 10: Palmarès de l'ASEC 139 Tableau 11 : Liste des Présidents del' ASEC 142 Tableau 12: Palmarès du STELLA 144 Tableau 13 : Liste des Présidents du STELLA Club 145 Tableau 14: Palmarès de l'USCB 147 Tableau 15: Liste des Présidents de l'USCB 148 Tableau 16: Palmarès du SEWE Sport 150 Tableau 17 : Palmarès de la JCAT 152 Tableau 18: Population étrangère en Côte d'Ivoire selon Je pays d'origine aux trois derniers recensements 162 Tableau 19: Population ivoirienne à l'extérieur de la Côte d'Ivoire 164 Tableau 20: Répartition des potentiels émigrants par tranche d'âge 182 Tableau 21 : Niveau d'instruction des jeunes footballeurs 184 Tableau 22 : La relation entre l'âge de début de la pratique du football et l'organisation sportive 203 Tableau 23 : Raisons du changement des clubs 217 Tableau 24 : Les raisons de changement de club selon quelques caractéristiques sociales des jeunes footballeurs 220

VIII Tableau 25 : Relation entre les objectifs de départ et la profession du parent 229 Tableau 26 : Tests Khi-deux de la relation entre les objectifs de départ et l'âge des jeunes 230 Tableau 27: Relation entre les objectifs de départ et l'âge des jeunes 231 Tableau 28 : Tests Khi-deux de la relation entre les objectifs de départ et l'âge des jeunes 233 Tableau 29 : Relation entre les perceptions et le salaire des jeunes footballeurs 236 Tableau 30 : Relation entre niveau d'instruction et certains motifs de départ des jeunes 238 Tableau 31: Tests Khi-deux de la relation entre niveau d'instruction et certains motifs de départ des jeunes 239 Tableau 32 : Relation membre de la famille exerçant une influence sur les jeunes et la profession du parent 245 Tableau 33 : Corrélation entre l'influence du parent et la situation matrimoniale des jeunes 249

IX LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Le groupe ethnique des joueurs 186 Graphique 2 : Le pays d'origine des joueurs 187 Graphique 3 : La situation matrimoniale des joueurs 190 Graphique 4 : La religion des joueurs 192 Graphique 5 : La profession des parents des joueurs 194 Graphique 6 : La ville habitée par les jeunes footballeurs 196 Graphique 7 : Les quartiers d'Abidjan habités par les joueurs 197 Graphique 8 : L'âge de début de la pratique du football 201 Graphique 9 : Le nombre de matches joués par les jeunes 207 Graphique 10 : Le nombre de clubs ayant employé les joueurs 208 Graphique 11 : Le salaire des joueurs au niveau local 212 Graphique 12: La mutation des footballeurs au niveau local 215 Graphique 13 : La destination de choix des jeunes 223 Graphique 14 : Les objectifs de migration des jeunes 226 Graphique 15 : Les perceptions des jeunes footballeurs 235 Graphique 16 : Le membre de la famille qui encourage le départ des jeunes 242 Graphique 17 : La personne du club impliqué dans le départ des jeunes 251 Graphique 18 : La personne susceptible de trouver un club pour les jeunes 255

X LISTE DES PHOTOS ET CARTE

•!• CARTE Cartographie du district d'Abidjan 25

•!• PHOTOS Photo 1: L'équipe de l'ASEC 2012 143 Photo 2: L'équipe du STELLA Club d'Adjamé 2012 146 Photo 3: L'équipe de l'USC-BASSAM 2012 149 Photo 4: L'équipe du SEWE Sport de San-Pedro 2012 151 Photo 5: L'équipe de JCAT 2012 153 Photo 6: L'équipe de l'AFAD 2012 156 Photo 7 : Ignace WOGNIN à SCO Angers 1957-1958 170 Photo 8 : Jean TOKP A en équipe en France 171 Photo 9 : Touré SEKOU en équipe en France 172 Photo 10: MANGUE Cissé en équipe en France 173 Photo 11 : Marna OUA TT ARA en équipe en France 174 Photo 12 : Laurent Pokou en équipe en France 175 Photo 13 : L'équipe nationale de la Côte d'Ivoire à la CAN Sénégal 2012 177

XI REMERCIEMENTS

Cette thèse est un processus de longue haleine au cours duquel de nombreuses personnes ont, chacune à sa manière, rendu son aboutissement possible. En effet, tout au long de la conception et de la rédaction de ce travail nous avons bénéficié du concours, du soutien et de l'aide de nombreuses personnes que nous tenons à remercier sincèrement. D'abord nous voudrions en tout premier lieu, remercier le Professeur TOURE Ismaïla, Maître de Recherche, qui a accepté la direction scientifique de ce travail. Nous exprimons toute notre reconnaissance à Professeur pour avoir dirigé et fourni les bases théoriques et méthodologiques de cette thèse. Objectif et rigoureux, il nous a témoigné son soutien, sa disponibilité permanente et a su nous faire partager cette passion de la recherche qui l'anime. Il a bien voulu nous transmettre une partie de son

savoir et de son expérience. Ensuite, nous remercions sincèrement les assistants du Professeur TOURE Ismaïla pour leur implication permanente dans le travail. Nous exprimons notre gratitude au Dr DOUMBIA Mohamed pour son implication dans la réalisation de cette recherche. Cette thèse est l'aboutissement d'un chemin que nous avons parcouru ensemble, car il a très souvent consacré son temps à la lecture de ce travail. Nos remerciements vont également aux de Drs ESSE Diby Clémence, KOUTOU Claude, KAM Oleh pour leurs critiques, commentaires et suggestions qui

ont permis d'enrichir le travail. Nous exprimons notre reconnaissance au Dr N'GUESSAN Djedje Daniel auprès de qui nous travaillons depuis 2010 comme Moniteur chargé du r= cycle. En tant que Chef du Département de Sociologie, il nous a appelé à ses côtés et nous a donné l'occasion d'être constamment en contact avec tous les enseignants de l'Institut d'Ethno- Sociologie (IES) où chacun, en ce qui le concerne, nous a prodigué des conseils; ce qui a contribué à l'achèvement de ce travail. A travers le Chef de

département, nous remercions le Dr KABLAN Cléopâtre responsable du 3ème Cycle

pour les conseils. XII Nos remerciements s'adressent également au Dr Raffaele POLI chercheur au Centre International d'Etudes du Sport (CIES). Ses conseils précieux et son soutien ne nous ont jamais fait défaut. Il a mis à notre disposition des documents et des sites internet relatifs à notre sujet. Nous tenons également à remercier tous les enseignants de l 'IES et tous les étudiants du Laboratoire d'Etudes et de Recherches en Sociologie du Travail et du Développement (LERSTD) pour leur intervention enrichissante sur les différentes étapes de ce travail chaque fois que nous avons fait une présentation en laboratoire Nous voudrions aussi remercier très sincèrement les personnes qui, d'une manière ou d'une autre, nous ont aidé dans la réalisation de ce travail. Ce sont: - Monsieur TANO Konan Inspecteur de la Jeunesse et des sports qui nous a fourni les premiers ouvrages sur la sociologie des loisirs et du sport mais surtout pour les orientations qu'il a données s'agissant de cette discipline scientifique. Il a facilité notre contact avec ses collègues de l'Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) ; - Messieurs KOUAKOU N'dri, SINKO Zéli et VLEI Richard... tous responsables de la Commission Centrale des Arbitres (CCA) ; monsieur DEROU Michel Président de la Commission Régionale des Arbitres d'Abidjan (CRA), monsieur NAHI Léonard Président de l'Amicale des Arbitres de Football de Côte d'Ivoire (AMAFCI) et monsieur Berna DOUMBIA Instructeur CAF-Inspecteur FIFA. A travers eux, nous remercions tous les arbitres de football de Côte d'Ivoire qui nous ont encouragé à persévérer afin d'achever ce travail qui, pour eux, représente une fierté pour le corps arbitral ivoirien. Cette thèse est avant tout le résultat d'un travail de collaboration avec de nombreuses personnes ressources. Il s'agit de: -l'ex-Directeur Général de la FIF, le Secrétaire Administratif de la Ligue Professionnelle (LFP) et la Commission de Communication de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF),

XIII - des Présidents et/ou Secrétaires de clubs ou encore les responsables des centres de formation, des joueurs de football, des pensionnaires des centres de formation, des cadres de l'INJS. Chacune de ces personnes a permis de faire avancer cette recherche et nous leur en sommes grandement reconnaissant. Certains d'entre eux, en nous permettant d'officier les matches d'entrainement pendant la période de la pré-enquête, en servant d'intermédiaires auprès de nouveaux informateurs nous ont particulièrement soutenu. Pour n'en citer que quelques-uns, nous voudrions remercier: monsieur SIABA Ervé et toute l'équipe dirigeante de l'EFYM; messieurs KAE Oulaï, GBONKE Tia, YEO Martial, GRAGBE Fidèle ...

Tous nos remerciements à notre épouse Madame GBEH née DODO Kékadé Marie Béatrice et nos deux enfants GBEH Gué Steven, GBEH Ange Cédric et GBEH Maël Emmanuel pour l'amour, l'affection, le sens de compréhension et la patience dont ils ont fait preuve. Toutes choses qui ont constitué pour nous une source de motivation et d'inspiration. Nous n'oublions pas les autres membres de la famille dont Messieurs GUE Gbê, DELI Prosper, DELI Nicolas, DELI Goueu Jacquet, GOUE Emmanuel et surtout ceux « du monde des ONG » que sont Mesdames AKPOE Yvette, DIOUF née DIAKITE Kolthoum, DJOMAND Désirée, KINDO Marie Laure ; monsieur KRA Kouassi Eugène pour leur apport financier. A tous ceux et celles qui n'ont pas été nommés ici, sachez que nous vous sommes reconnaissant pour votre soutien de tout genre. Que DIEU vous bénisse ! ! ! ! !! !

XIV INTRODUCTION

Depuis une trentaine d'année, la migration internationale s'est intensifiée; ce qui a occasionné un regain d'intérêt des questions liées à ce phénomène. Ainsi, les questions de migration se retrouvent de plus en plus au cœur des préoccupations scientifiques actuelles. La migration, on le sait se manifeste sous plusieurs forme. Elle peut être liée à la famine, à la guerre, à la pauvreté, mais également au sport notamment le football. En effet, lors de ces dix dernières années, l'on a assisté à une forte migration des footballeurs locaux vers l'Afrique du nord, l'Europe et l'Asie où les championnats sont jugés plus attractifs et financièrement rentables. Entre 1997 et 2007, le nombre de joueurs étrangers dans les cinq grands championnats européens 1 (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne et France) est passé de 463 à 998 • L'Afrique n'est pas en marge de ce vaste mouvement de départ vers l'Europe dans la mesure où, déjà en 2007 des pays africains avaient un nombre important de footballeurs professionnels dans le championnat européen : le Sénégal et le Cameroun (25 joueurs chacun), suivis du Nigeria (21 ), de la Côte d'Ivoire ( 17), du Ghana (10) et de l'Afrique du Sud (8)2. Au cours de la saison 2011-2012, 90 footballeurs nés en Afrique, disposant d'une double nationalité ou pouvant en disposer ont été inscrits pour la Ligue des champions UEF A. Apparu sous sa forme codifiée en Angleterre en 1863, le football ne se limite plus à l'aspect purement technique et tactique. Le football est aujourd'hui une véritable industrie qui génère des fonds importants devenant ainsi un moyen d'enrichissement. En effet, les chiffres d'affaire des clubs les plus prestigieux du football européen et le salaire de certains joueurs sur le marché mondial illustrent cet aspect du football. En 2012, le Real Madrid était classé en tête des clubs les plus riches au monde avec un budget de 479,5 millions d'euros soit environ 311 milliards

Meyer (M.J), 2008, « Rêves et dérives du foot business », publié par : le site http://www.jeuneafrique.com/ Art icle/LIN270 1 8rvesessen isO/reves-et-deri ves-d u- foot-business. -Actual ite _l nfo. htm I du 28/01/2008. 2 Meyer (M J), 2008 (op-cit) 15 675 millions de Francs CFA; suivi de FC Barcelone avec 450,7 millions d'euros soit environ 292 milliard 955 millions de FCFA; Manchester United : 367 millions d'euros soit 238 milliard 550 millions de FCFA; Bayem Munich : 321,4 millions d'euros, soit 208 milliard 910 millions de FCFA; Arsenal: 251,1 millions d'euros soit 163 milliard 215 millions de FCF A et Chelsea : 249,8 millions d'euros soit 162 milliard 370 millions de FCFA. Au niveau des joueurs professionnels, pour la saison 2011/2012, Le joueur du football argentin professionnel, Lionel Messi était Je footballeur le mieux payé du monde avec environ 33 millions d'euros (43,5 millions de dollars) soit 28 milliard 275 millions de FCFA de salaire par an suivi par David Beckham de l'Angleterre avec 31,5 millions € (26,2 millions f) soit 20 milliard 475 millions de FCFA; Cristiana Ronaldo du Portugal avec 29,2 millions € soit 18 milliard 980 millions de FCFA et le Camerounais Samuel Eto'o 23,3 millions € (19,4 millions f) soit 15 milliard 145 millions de FCFA. Ces chiffres traduisent bien l'intérêt de la« vente» et de l'exode des joueurs. Au vu de ce qui précède , la plupart des responsables de clubs et de centres de formation, des parents et d'anciens joueurs s'organisent de plus en plus en réseaux de migration; Je football étant devenu l'un des moyens d'ascension sociale le plus sûr. Certes les exemples de réussite ne manquent pas, mais l'on assiste également à des désillusions et surtout à la montée dans ce milieu d'une nouvelle forme d'exploitation humaine que Nicolas Femandez cité par Meyer' met en parallèle avec l'exploitation des matières premières du continent africain. Il souligne qu'il y a beaucoup d'argent dans le football mondial, mais très peu revient en Afrique. Avec la montée en puissance des académiciens de l 'ASEC Mimosas en 1994, la Côte d'Ivoire est devenue l'un des premiers pays africains "producteurs et exportateurs" de joueurs dans le monde. Un nombre considérable de jeunes ivoiriens évoluent dans les championnats prestigieux et lucratifs que sont la (Angleterre), Je Calcio (Italie), (Espagne), la Bundesliga (Allemagne), et la

3 Meyer (J M), 2008, (op-cit). 16 Ligue I (France). Le regard positif porté sur ces footballeurs professionnels a suscité, favorisé et accentué l'émigration des joueurs vers ces championnats jugés plus lucratifs. L'émigration des jeunes footballeurs, dirigée principalement vers l'Europe et les autres championnats du monde footballistique ont gagné en ampleur ces dix dernières années. Elle reste pourtant modeste, puisqu'elle ne représente encore dans les pays des cinq grands championnats (Big5) que moins de 1 % des immigrants provenant des pays hors OCDE. Elle prend souvent un caractère tragique en raison des barrières administratives et financières et physiques mises en place par les pays de destination: depuis une dizaine d'années, un nombre important de jeunes footballeurs ivoiriens candidats à l'émigration dépensent des sommes énormes et tentent, parfois au péril de leur vie et sans certitude de réussir, de passer les frontières des pays d'accueil. Dans les années 60 jusqu'à une période plus récente (1999), l'émigration ivoirienne des footballeurs avaient pour destination principale l'ancienne métropole coloniale (le championnat français). Or, aujourd'hui, la direction des fluxs, leur ampleur et les profils socio-économiques des émigrants se diversifient : des destinations comme les pays de l'Afrique du nord ou les pays d'Asie apparaissent et l'on constate une augmentation de la proportion des migrants peu performants ainsi que moins jeunes. Au niveau la Côte d'Ivoire, la proportion dans l'émigration des footballeurs parfois issus des centres de formation non formels a augmenté. L'Europe et dans une moindre mesure les pays de l'Afrique du nord restent des zones de destination privilégiées. Ce travail sur l'émigration de ces jeunes footballeurs se subdivise en trois grandes parties : • La première partie est consacrée aux considérations méthodologiques • La seconde partie présente le football ivoirien. Elle s'intéresse aux généralités sur le football, au contexte de naissance de ce sport en Côte d'Ivoire, à son organisation et à son fonctionnement.

17 • La troisième partie concerne l'émigration des jeunes en Côte d'Ivoire à travers le football. Comme indiqué ci-dessus, elle s'intéresse aux facteurs déterminants de l'émigration, aux réseaux sociaux présents dans le milieu du football ivoirien et qui facilitent et incitent les jeunes au départ vers les autres championnats du monde entier. Elle met également en exergue les motivations collectives et individuelles des jeunes eux-mêmes.

18 , PREMIERE PARTIE:

LE CADRE METHODOLOGIQUE

\.. ..il 1.1. LA JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Les raisons du choix de ce sujet sont de deux ordres : Nous sommes étudiant et arbitre de football (grade fédéral) de Côte d'Ivoire. Avec notre statut d'arbitre de football, nous avons pu éveiller notre curiosité sur la

question de l'émigration et du recrutement des jeunes footballeurs ivoiriens à partir de constats empiriques. En effet, à la fin ou au cours d'une saison sportive régulière, lorsqu'un joueur se distingue par ses performances dans le championnat national ou dans un centre de formation, il est automatiquement mis sur le marché la saison

sportive d'après. Au delà de cet intérêt personnel, l'on constate une prolifération des centres de formation; environ 300 à Abidjan" et à la création de nouveaux clubs de football presque sur toute l'étendue du territoire national; environ 5 clubs par an. A cela s'ajoute la question de la "vente" des joueurs sur le marché professionnel qui est presque devenu un phénomène de "mode". Même s'il est difficile de dire avec exactitude le nombre de joueurs qui émigrent« avec la balle» (Poli, 2004), leur présence dans les championnats étrangers montrent que, nombreux sont les jeunes ivoiriens qui partent chaque année vers d'autres continents ou pays à la recherche d'un club mieux organisé et/ou nanti. A titre d'exemple, au cours de la saison 2002-2003; 1,16% des joueurs évoluant dans les ligues de l'UEFA étaient des ivoiriens. Environ dix après, c'est-à-dire en 2011- 2012; 8 footballeurs ivoiriens sur 90 africains soit 8,8% ont participé à la Ligue des Champions UEF A. Aborder une recherche centrée sur l'émigration des jeunes footballeurs qui se manifeste pour le moment à une échelle réduite de visibilité dont les acteurs sont pour la plupart des émigrants clandestins, nous paraît opportun. En Côte d'Ivoire, même si les migrations ont fait l'objet de nombreux travaux de sociologues, ces études se sont rarement orientées vers la migration à travers le football ; les sociologues préoccupés

' http://www.blogdeniszodo.com/article-25927190.html 20 surtout par d'autres problèmes sociaux liés au travail, au développement rural, à la santé, à l'éducation, à la culture etc. Peu nombreux sont donc les sociologues qui tentent de soumettre la réalité sportive à la réflexion scientifique. Les études menées sur les aspects techniques et tactiques du football en Côte d'Ivoire sont l'œuvre des étudiants de l'Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS). Les productions universitaires quant à elles concernent les mémoires et une thèse à l'Institut d'Ethno-sociologie. Le phénomène de l'émigration des jeunes footballeurs en Côte d'Ivoire est donc très peu documenté. Par ce travail, nous voulons élargir le champ de réflexion sociologique sur le football ivoirien. Au regard de ce qui suit, il s'agit donc à travers cette étude d'analyser les facteurs sociaux et culturels qui déterminent le départ des jeunes footballeurs ivoiriens vers les autres championnats du monde. A cet objectif général découlent quatre objectifs spécifiques qui sont : 1) Définir le profil des jeunes footballeurs 2) Identifier le projet migratoire des potentiels candidats à l'émigration 3) Identifier les acteurs, les circuits légaux et les réseaux sociaux de l'émigration 4) Déterminer les enjeux de l'émigration et les motivations des jeunes.

21 1.2. LA DELIMITATION DU CHAMP DE L'ETUDE

Les exigences méthodologiques imposent au chercheur de délimiter le champ d'investigation scientifique de son étude. Dans le cadre de ce travail, il s'agit du champ géographique et du champ sociologique.

1.2.1. Le Champ géographique Cette étude s'étend sur l'ensemble du territoire du district d'Abidjan. Les raisons qui nous ont motivé sont le fait que la ville Abidjan, faisant partie intégrante de cette circonscription territoriale, est la capitale économique de la Côte d'Ivoire et par conséquent constitue le centre de la quasi-totalité des activités économiques, sociales, culturelles et sportives. L'essentiel des activités du sport se déroule dans le district d'Abidjan. Les différentes fédérations existant en Côte d'Ivoire: le football, le basketball, le handball, le tennis, le golf, la boxe, le cyclisme, le sport auto et moto, le tennis de table, la natation, le karaté-do, le sport-boule, le cyclisme, le taekwondo, l'athlétisme y ont leur siège. Comme dans toutes les autres villes, le football est le « sport roi » à Abidjan. En 2000, la ville d'Abidjan comptait 29,2% des clubs ayant participé aux championnats de Dl et de D2. Tout comme les clubs de Dl et D2, la concentration à Abidjan est encore plus forte pour les centres de formation football : 43,2%. Le 31 mai 2001, les communes de la ville d'Abidjan fournissaient 30 des 35 AFAF (Poli, 2001). En 2003, sur 260 centres de formation de football, Abidjan totalisaient 145 dont 74 AFAF. En 2010, sur les 14 clubs qui participent à la Ligue I, 10 soit 71,42%, reçoivent les matches à Abidjan. En 20 l 2 tous les matches de la super-division se jouent à Abidjan, et ce sur deux stades : le Parc des sports et le stade Champroux. Outre cela, il faut souligner qu'Abidjan concentre les 2/3 des infrastructures de football ivoirien répondant aux normes de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF), de la Confédération Africaine de Football (CAF) et de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA). Ce sont: le stade Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan, le

22 stade Champroux et le Parc des Sports, qui accueillent les compétitions nationales, continentales et internationales. Il existe également des stades à petite échelle dans les quartiers de la ville d'Abidjan où se disputent les matches de la Ligue 2, de D3, de la Division d'Honneur. Sur ces stades, certains clubs et des centres de formation de football font leurs séances d'entrainement. Le choix de la ville d'Abidjan se justifie pour nous dans la mesure où dans cet espace, sont réunies les conditions de la pratique de ce sport. Ainsi toutes les questions relatives au football en général et en particulier celle de l'émigration des joueurs y sont abordées et Abidjan demeure la ville par excellence où tout le mécanisme de transfert des footballeurs est mis en place. Le district d'Abidjan, collectivité territoriale de type particulier dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière a été créé en 2001 par la loin° 2001- 478 du 9 Août 2001. Communauté urbaine composée de treize communes (, Adjamé, , , Bingerville, , , , Plateau, Port bouët, Treichville, et ), le district d'Abidjan est une mégalopole 2 moderne d'une superficie de 21 19 Km , soit 0,6% du territoire national. Il est cerné d'un plan d'eau qui occupe 15% de sa superficie. Ville cosmopolite de l'Afrique de l'Ouest, Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire depuis 1960, compte aujourd'hui plus de 5 millions d'habitants. Avec 3 660 682 en 2003, Abidjan représentait 20,3 % de la population nationale avec un taux de croissance de 3,7% contre 3,3% au niveau national. 2 La densité est de 1 475 hab. /Km2 contre 48 hab. /Km au taux national. Le taux d'Urbanisation est de 95,8% contre 42,5% au niveau national. Le taux d'immigration est d'environ 40%, en majorité des ressortissants des pays de la sous région. La population est composée de plus de 160 nationalités. Elle couvre 12 850 ha d'aires protégées, soit 6% de la superficie du district,

23 Comme indiqué dans le tableau ci-dessus, le district regroupe les 10 communes d'Abidjan et 3 sous-préfectures. Ses limites, telles que présentées sur la carte ci• dessous, sont celles du département d'Abidjan.

Carte 1 : Cartographie du district d'Abidjan

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E JACQUEVILLE U SU D CO M O f

Source : http://www.districtabidjan.org/district.php

La question qui demeure est celle de savoir, quelles sont les populations concernées par le phénomène de l'émigration des jeunes footballeurs dans la ville d'Abidjan.

1.2.2. Le Champ sociologique

A ce niveau, il est question pour nous, d'une part de déterminer la population à l'étude et d'autre part le champ de connaissance scientifique dans lequel s'inscrit notre travail.

25 Concernant la population à l'étude, nous disons que l'analyse des déterminants sociaux de l'émigration des jeunes nécessite le recours à différentes cibles au sein de la communauté sportive ivoirienne. Ce recours à différentes couches sociales du monde du sport en général et particulièrement celui du football ivoirien se justifie par le fait que les informations recueillies auprès d'elles nous permettent de mieux appréhender le phénomène de l'émigration et surtout les réseaux facilitateurs de ce phénomène. Dans le cadre de cette étude, la première catégorie sociale comprend les joueurs des équipes A des six clubs ayant accédé à la Super-division 2012 et recevant leurs différents matches à Abidjan. Ce sont les premiers à être concernés par l'émigration. Parce que participant au championnat le plus en vue sur le plan local, ils font l'objet de toutes les convoitises; aussi bien au niveau national qu'au niveau international. En tant qu'acteur principal, leur opinion et vécu sur l'émigration contribuent à situer leur motivation et à connaître toutes les personnes physiques et/ou morales impliquées dans leur probable départ vers l'extérieur.

Pour compléter les données recueillies auprès de ces jeunes, nous nous sommes entretenu avec d'autres entités sociales que sont: - Les responsables de la Fédération Ivoirienne de Football - Les présidents ou les secrétaires des clubs concernés par/ 'étude - Les anciens joueurs professionnels - Les agents de joueurs - Les pensionnaires d'un centre de formation.

Le statut dévolu à ces personnes dans les différentes organisations sportives (Fédération, club ... ) dans lesquelles elles exercent, leur confère le pouvoir de décision. Chacun à son niveau joue un rôle déterminant dans le départ des jeunes vers les championnats les mieux organisés ou leur maintien dans les clubs locaux. Le choix de ces catégories sociales s'est avéré nécessaire compte tenu de leur implication directe dans le processus de l'émigration des jeunes et par conséquent la qualité d'information que nous pouvons recueillir auprès d'elles. 26 En plus des acteurs du football, il y a également les parents de footballeurs. Le recours à cette catégorie sociale dans l'émigration des jeunes nous permet d'avoir leur perception et leur influence sur la décision d'émigrer des joueurs. Au niveau du champ scientifique, cette étude se positionne au carrefour de plusieurs sociologies spécialisées que sont la sociologie des loisirs qui intègre la sociologie du sport, la sociologie du travail et la sociologie des migrations. L'objet d'étude de la sociologie des loisirs couvre une réalité complexe et protéiforme. Le sport qui se compose d'une large mosaïque d'activités, de pratiques, de fonctions, d'espaces de mises en scène et d'emplois fait partie de l'objet d'étude de cette discipline scientifique. Le développement du sport moderne, qui a commencé dès la fin du XIXème siècle pour connaître un essor remarquable au début du XXème siècle, amène les sociologues à parler de plus en plus de sociologie du sport quand il s'agit d'un travail de recherche se focalisant sur une réalité sportive telle que le football. Il nous semble alors important, en évoquant le football de nous référer à la sociologie du sport.

La sociologie du sport selon Falcoz (2005), s'intéresse au fonctionnement de la réalité sportive. Elle cherche à analyser les relations qui existent entre le sport, ou de manière générique les activités physiques et sportives, et la société. Elle vise à décrire le sport en tant que fait social, à expliquer la réalité sportive composée d'actions, de pratiques et de comportements hétéroclites et à comprendre les interactions qui s'établissent entre cette pluralité sportive et les organisations ou structures sociales.

Quant à la sociologie du travail, elle a pour but de questionner les rapports que

tissent les hommes et les femmes en milieu de travail, en partant du postulat que ces rapports sont multiples, complexes, et concernent à la fois le temps du travail et le temps hors travail, le "dedans" et le "dehors" de l'entreprise, de l'atelier, du lieu de travaii6.

6 Georges Friedmann, Pierre Naville, Traité de sociologie du travail, Paris : Armand Colin, 1970, 3e édition, tome I : 467 page. 27 Le "dedans" se déploie autour de l'ambiance de travail, des subjectivités au travail (plaisirs et souffrances; tensions et harmonies ... ), des modes de gouvernance, des styles de management ou des types de commandement, etc. En jeu sont les conflits, les modes de résistance, les façons effectives d'organiser le travail dans l'atelier, souvent de façon informelle et opératoire, les pratiques de travail, les tours de main, le rapport parfois ambigü de l'humain à son poste de travail, les modes d'apprentissages et de qualification, la qualification du travailleur et la qualification du poste de travail...

Le "dehors" se rapporte aux incidences du travail sur la vie familiale, les loisirs ou les identités sociales conçues comme coextensives des identités professionnelles (Dubar, 2000) : « l'identité n'est autre que le résultat, à la fois stable et provisoire, individuel et collectif, subjectif et objectif, biographique et structurel, des divers processus de socialisation qui, conjointement, construisent les individus et définissent les institutions ». On peut le dire, le temps hors travail met en exergue la spécificité du travail en tant qu'activité humaine, notamment par le fait qu'il est une contrainte. Cette dimension du travail interroge aussi les rapports du milieu de travail avec son environnement local.

L'accès au "dedans" et "dehors" du marché du football professionnel pousse des footballeurs ivoiriens à émigrer vers les championnats du monde entier. Ce flux migratoire qui prend de plus en plus d'ampleur en Côte d'Ivoire, sera analysé à partir de la sociologie des migrations.L'objet de cette sociologie spécialisée est de décrire et d'expliquer le phénomène migratoire (passage d'un lieu d'habitation à un autre), ses causes et ses conséquences que sont la redéfinition des pratiques culturelles des migrants ( dont l'acculturation), des réseaux de sociabilité (intégration, désintégration, marginalisation sociale).

28 Selon Jansen (C), cité par Piché ( 1978), les études sur les aspects sociologiques de la migration portent sur cinq grands thèmes: (1) l'explication du volume, de la direction et de la distance; (2) la migration "différentielle" ; (3) la motivation; ( 4) l'intégration et la mobilité professionnelle liée à la mobilité spaciale. A ces cinq thèmes, nous ajoutons l'intention et la prise de décision d'émigrer.

C'est au sein de ces différents champs spécialisés de la sociologie que nous dégageons des modes d'approches théoriques en rapport avec notre sujet qui structurent les productions scientifiques actuelles. Ce sont : l'approche marxiste du sport, l'approche fonctionnaliste du sport, l'approche structuro-constructiviste du sport et les théories sociologiques des migrations que sont: l'approche de répulsion/attraction, l'approche des réseaux de migration, l'approche des institutions et enfin l'approche de transnationalisme.

1.2.2.1. L'approche marxiste du sport

Selon les marxistes, l'institution sportive est « un appareil idéologique d'Etat» déterminé par les rapports de production de l'économie capitaliste qui permet la domination des classes dirigeantes et « l'appareil d'Etat bourgeois». Ils développent l'idée selon laquelle le sport est un sujet d'ordre politique dont l'Etat se sert pour contrôler les masses dans un contexte plus large de domination institutionnelle. Pour les auteurs de cette approche sociologique du sport, l'essor des exercices physiques s'inscrit tout au long du XIXème siècle dans le cadre plus global d'une économie des corps destinée à accroître leurs rendements au profit de la productivité industrielle et bourgeoise'. La genèse du sport est contemporaine de l'avènement du capitalisme. Elle lui est liée, et son développement est déterminé par le développement de ce système économique lui-même. L'approche marxiste du sport a commencé à se développer dans les années 1960 et appréhende les contextes socio-économiques dans lesquels se sont fondées les

7 GRAS L, 2004, Le sport en prison, sports en société, Editions Harmattan, 282 p (Sports en Société) 29 activités physiques institutionnalisées. Selon Brohm ( 1993) cité par Baillet (2001 ), Elle revêt quatre principaux aspects: le premier concerne la question de la contradiction entre l'idéologie sportive pacifiste et humaniste et la pratique réelle du sport de compétition « qui est la jungle des intérêts les plus sordides, la lutte de tous contre tous ». Le second a trait au système sportif qui se structure comme une entreprise capitaliste moderne à caractère monopoliste. Le troisième insiste sur le fait que l'appareil sportif est « l'agence idéologique» de l'Etat de la société capitaliste. Enfin, le dernier concerne le statut du corps dans la société industrielle, un corps « étroitement contrôlé, codifié et surveillé ». C'est Brohm qui développe les aspects idéologiques et capitalistes de l'institution sportive dans Les Emeutes sportives : critique de la domination. Pour lui, le sport est « un appareil idéologique d'Etat» dans la mesure où il est une nouvelle forme de religion : le sport-spectacle. « Cet opium du peuple, qui mobilise des centaines de millions de supporteurs fanatisés, des foules énormes de partisans de l'inutile et du dérisoire, des hordes bruyants de fidèles inconditionnels, lesquels peuvent à ! 'occasion se transformer en meutes sanguinaires ».

Pour Brohrn la«[ .... ] théorie critique du sport est fondée sur trois axes principaux: 1) Le sport n'est pas simplement du sport, c'est un moyen de gouvernement, un moyen de pression vis-à-vis de l'opinion publique et une manière d'encadrement idéologique des populations et d'une partie de la jeunesse, et ceci dans tous les pays du monde, dans les pays totalitaires comme dans les pays dits démocratiques.

2) Le sport est devenu un secteur d'accumulation de richesse, d'argent, et donc de capital. Le sport draine des sommes considérables, je dirais même, qu'aujourd'hui, c'est la vitrine la plus spectaculaire de la société marchâüde mondialisée", Le sport est

devenu une marchandise-clé de cette société. 3) Dernier point, l'aspect proprement idéologique. Le sport constitue un corps politique, un lieu d'investissement idéologique sur les gestes, les mouvements. On le

8 Jacques Gleyse, « Brohm Jean-Marie. Sociologie politique du sporl » Corps el culrure [En ligne], Numéro 1 1 1995, mis en ligne le 11 mai 2007, Consulté le 14 mars 2013. URL: http://corpsetculture.revues.org/275 30 voit par exemple pour les sports de combat. C'est aussi une valorisation idéologique de l'effort à travers l'ascèse, l'entraînement, le renoncement, le sportif étant présenté comme un modèle idéologique. Par ailleurs, le sport institue un ordre corporel fondé sur la gestion des pulsions sexuelles, des pulsions agressives, dans la mesure où, paraît-il, le sport serait un apaiseur social, un intégrateur social, réduirait la violence, permettrait la fraternité, tout ce discours qui me semble un fatras invraisemblable d'illusions et de mystifications. Nous avons donc radiographié le sport à partir de ses trois angles: politique, économique, idéologique" ». Dans une analyse intitulée « Sociologie politique du sport», Brohm (1966) avait déjà opéré une critique radicale du sport. Pour lui,« la fonction sociale et politique du sport lui est dictée par sa place dans le tout des rapports sociaux [ .. .}. Dans un univers impérialiste agonisant, rongé par ses terribles contradictions, le sport n'a pas tardé à devenir l'opium de la fraternité entre les peuples, de la compréhension universelle des oppresseurs et des opprimés ». Brohm présente le sport comme« l'appareil d'Etat bourgeois» parce que pour lui, l'histoire du sport s'inscrit totalement dans le développement du capitalisme, tant à l'échelle nationale qu'à l'échelle internationale. Il n'est donc pas étonnant que les sociétés libérales et des démocraties populaires aient eu, quant au fond, les mêmes institutions sportives axées sur la production de champions, la compétition à outrance, l'organisation scientifique du travail sportif, l'étatisation de l'élite.

Dans les années 1970, la critique néo-marxiste apparaît avec un aspect plus radical. Elle dénonce les rapports sociaux capitalistes, surtout leur « dimension concurrentielle et agressive, dont l'institution de la compétition sportive serait une forme concrète » Baillet ( op-cit). Ces analyses, ont ji al?J?rofondies par Brohm, inspirée par la pensée de chercheurs européens, qui ont travaillé sur l'imposition de la culture des pays capitalistes incarnée par le sport international. Elles font référence au freudo-marxisme, de l'école de Francfort qui a schématisé cette nouvelle dimension de l'aliénation par le sport. On peut représenter la schématisation dialectique_ le

9 Jacques Gleyse (op-cit). 31 schéma explicatif de type dialectique sous la forme suivante" : X ( S, S (a et non a) ---. X---. S (a et non a).

Dans ce schéma, le X est expliqué par son insertion dans le système S, lequel système, mû par des contradictions internes, produit un ensemble de pratiques et de représentations (X) qui est le reflet des contradictions internes infrastructurelles, et cet ensemble de pratiques et de représentations, une fois intériorisé par les individus, participe de la reproduction du système infrastructure! dont les contradictions demeurent. Pour reprendre notre exemple, l'organisation contemporaine du sport (X) est à considérer comme le produit historique (---. X) du système de contradictions qu'est le mode de production capitaliste (a et non a), et l'intériorisation de cette manifestation superstructurelle contradictoire (X) par les individus aliénés permet la stabilisation et la reproduction du système infrastructure! fondamental (a et non a) dont les contradictions ne peuvent plus être dépassées, puisque déjà admises inconsciemment par les individus sous des formes plus ou moins sublimées.

Brohm contrairement aux sociologues empiristes qui récusent en particulier le matérialisme historique, estime toujours nécessaire, au vu de tout ce qui précède, de comprendre la place du sport dans le capitalisme en étudiant sa genèse, ses structures, son fonctionnement, son développement et ses effets économiques, politiques, et culturels.

Reprenant les travaux du sociologue Brohm (JM), Bourg ( 1998) appréhende la détermination des revenus des joueurs de football par une dynamique de rapport de forces de type marxiste. Pour cet auteur, une analogie peut ainsi être faite entre les structures du football professionnel et celles du processus de production capitaliste. Le marché du football est ainsi bipolaire. D'un côté, on retrouve les apporteurs de capitaux (les dirigeants), et l'autre, les apporteurs de performances (les athlètes). Dans ces conditions, pour reprendre Brohm, on peut dire que la sphère capitaliste a intégré la sphère sportive dans sa logique : principes de rendement, de productivité,

10Berthelot, 1990 et 1996, Les propositions qui suivent s'inspirent de la formalisation des six schèmes d'intelligibilité d'un phénomène social donné. 32 de concurrence, de spéculation, etc. En effet, il n'est pas rare que les joueurs de football se plaignent d'être traités comme des «esclaves» ou « du bétail». Les dirigeants négocient leur transfert avec le plus offrant et les obligent ensuite à signer en les menaçant de ne plus les faire jouer ( et donc de perdre toute leur valeur marchande) s'ils refusent.

Nous constatons à travers cette théorie que le marché du football professionnel présente des caractéristiques particulières. Il y existe un rapport de force interactionnelle, agoniste et antagoniste entre toutes les entités économiques et sociales (associations, clubs, entreprises, fédérations, publics, footballeurs ... ). Gutmann (A) cité par Augustin J.P (2009) critique cette approche marxiste du sport. Il considère d'abord que les marxistes du sport ne parviennent pas à déceler, pour des raisons idéologiques, les formes d'exploitation du corps de l'athlète, la soumission de l'entraineur, le chauvinisme qui font rage dans les pays socialistes; il estime ensuite que les thèses freudo-rnarxistes sur ! 'aliénation, ! 'écrasement de la personnalité et la sublimation sexuelle chez les sportifs, ne peuvent véritablement se vérifier. Une autre critique de l'approche marxiste du sport est faite par Defrance (1970) qui rappelle que des sociologues freudo-rnarxistes ont mis en exergue non pas les fonctions positives du sport, mais ses effets négatifs, c'est-à-dire ses dysfonctions. A partir de cette critique, ce développe une nouvelle approche du sport : le fonctionnalisme du sport.

1.2.2.2. L'approche fonctionnaliste du sport

Cette approche cherche à montrer à travers le sport que l'individu est bien le produit de la société. Concentrée sur l'analyse et la description des structures et du fonctionnement de l'organisation sportive pour en comprendre sa stabilité, elle pose la question de la finalité et de l'utilité des pratiques sportives pour le bon fonctionnement de la société.

Les études de Pociello C sur le sport citées par Corneloup (2002) marquent fortement l'approche fonctionnaliste. Il accorde un intérêt majeur à la fonctionnalité 33 du sport. En effet, pour lui, le sport doit s'étudier à partir de deux dimensions fondamentales qui lui donnent toute sa place dans la société : le sport révèle des propriétés physiques et techniques sur lesquelles se construisent les activités. Mais le sport renvoie aussi à un ensemble de propriétés symboliques qui lui donnent toute sa dimension en termes de significations, de valeurs, d'images, de représentations et d'émotions. Le sport ne peut jamais se réduire à une approche technique à partir du moment où le geste et le mouvement expriment des symboliques et à cause des lectures sociales, des jeux de sens ou encore des enjeux politiques, culturels et sociaux que recouvrent ces pratiques sportives. On peut dire avec Corneloup ( op-cit) que Pociello refuse alors de n'étudier le sport qu'à l'intérieur du système. Même s'il reconnaît la présence d'une certaine autonomie à ce système, il insiste sur la nécessité d'aborder le sport comme un « fait social total». Le sport est un phénomène et une pratique de société, ce qui nécessite de lier intimement sport et société. Constamment, la société et les individus viennent bousculer le système sport, modifier les logiques de jeu, déplacer les espaces de pratique ...

Dans une perspective fonctionnaliste, il y a chez Pociello cette volonté durkheimienne de montrer que « l'acteur, c'est la société» dans la mesure où le sport est bien au service de la société pour son maintien, sa stabilité et la formation des liens sociaux, identitaires et symboliques. On citera pour démonstration deux phrases emblématiques de cette vision, très classique sur un plan sociologique, des relations entre sport et société: « Le sport est bien le produit saturé d'informations sur la société qui a forgé ses structures, qui l'imprègne de ses normes et le pénètre de ses valeurs. Il le lui rend bien, en stricte réciprocité, par l'efficacité idéologique du jeu des métaphores qu'il lui offre» (ibid, p.267).

Pociello insiste sur le rapport entre sport et société en mettant un accent particulier sur la fonction sociale de cette activité humaine. Pour lui, « Les mythes unificateurs du sport peuvent servir une société dualisée, éclatée, en quête éperdue d'unité et d'identité. Dans une société où toutes les formes d'intégration entrent en crise (luttes sociales, travail, culture) et où les formes d'intégration par/ 'école succombent même

34 sous l'évidence de l'exclusion, les pouvoirs publics locaux et l'Etat se dispenseront• ils de soutenir les fonctions mobilisatrices et intégratrices de ses grands spectacles ?

Ceci est peu probable».

Defrance (2000) s'inscrit également dans l'approche fonctionnaliste du sport. Il décrit les fonctions physiques et symboliques du sport en étudiant le développement de nouvelles modalités de courses à pied de longue distance dans les années 1970 en France, alors que l'athlétisme« officiel» de piste est en difficulté (crise du demi-fond et de fond). Massivement pratiquées par des individus issus des classes moyennes et supérieures, souvent regroupés dans des associations indépendantes, très critiques à l'égard de la fédération d'athlétisme, les pratiquants des courses sur route présentent symboliquement la course libre comme « le monde athlétique renversé » (1985) : « Vous savez, au stade ou hors du stade, il n'y a pas de comparaison. Je le dis parce que je connais un peu les deux aspects de la compétition. Sur piste, il faut presque toujours courir le couteau entre les dents, presque comme des bêtes. Pas de ça en marathon où l'on ne court pas contre, mais avec » (1989, p. 88). Les luttes symboliques, à propos d'une même pratique, s'appuient sur un système d'oppositions duales ( courir pour soi/compétition contre les autres ; plaisir/douleur ; esprit pacifique/esprit agressif, etc.) qui révèlent le fonctionnement plus général des processus de disqualification par des pratiquants d'une modalité concurrente d'une discipline souvent proche sur le plan moteur.

Defrance (op-cit) reconnaît que l'approche fonctionnaliste est indispensable mais non suffisante dans la compréhension des logiques sportives. Il rappelle que les sociologues freudo-marxistes ont utilisé l'analyse fonctionnaliste en mettant en exergue non pas les fonctions positives du sport, mais ses effets négatifs, c'est-à-dire

ses dysfonctions.

35 1.2.2.3. L'approche structuro-constructiviste du sport

Dépassant les approches holistes et individuelles du social, Bourdieu (1979) développe l'approche structura-constructiviste du sport. Selon Baillet (op-cit), Bourdieu incarne très bien cette approche structura-constructiviste. Il a théorisé la relation entre les diverses disciplines sportives et les classes sociales. Il montre dans son ouvrage la Distinction, que le fait de pratiquer un sport ou de ne pas pratiquer aucun sportif, n'est pas seulement dû à des motifs d'ordre économique, mais tient aussi à des facteurs d'ordre culturel et symbolique. En effet, la perception du profit que l'individu peut requérir de la pratique d'un sport l'incitera ou pas à exercer ce sport. De même, la tradition familiale, l'acquisition de certains codes culturels permettent d'accéder et de pratiquer certains sports,

Dans son article intitulé « comment peut-on être sportif», Bourdieu (1984) considère l'ensemble des pratiques et des consommations sportives proposées aux agents sociaux comme une offre destinée à rencontrer une demande sociale. L'un des principaux objectifs de cette approche vise à définir les facteurs historiques et culturels, propres au champ sportif, qui déterminent à une période donnée l'univers de ces pratiques et les modes de consommation dont il fait l'objet. Par là Bourdieu (op-cit) envisage de traiter l'histoire et la logique du sport d'une manière relativement autonome, presque indépendamment de l'histoire des grands événements politiques et économiques. Première phase déterminante et explicative des origines du sport, cette approche a donné lieu à des multiples productions scientifiques visant à définir les relations entretenues entre l'offre de la pratique et la demande sociale.

Sous l'impulsion notamment de Bourdieu (op-cit), ses disciples ont examiné les différences culturelles pertinentes entre les pratiques. Considérant que les individus susceptibles de choisir un sport ont eux-mêmes des caractéristiques culturelles prédéterminant leurs choix, c'est-à-dire des dispositions, des goûts, un habitus. Ils ont étudié alors les relations entres différents sports et ont construit un « champ des pratiques sportives» Baillet (op-cit). Ils ont mis chaque sport en rapport avec les

36 différents groupes sociaux qui le pratiquent, et avec les autres disciplines sportives. Enfin, ils ont projeté les divers sports sur la structure sociale à partir de leur mode de recrutement. Les disciples de Bourdieu distinguent les groupes sociaux, selon le volume de ressources, économiques et culturelles. Pour eux, chaque groupe sportif dispose d'une différenciation, qui oppose ses fractions en capital économique à d'autres surtout dotées en capital culturel (Defrance, op-cit),

D'autres études s'inscrivant dans cette théorie d'inspiration Bourdieusienne ont été annoncées par Gras (op-cit), Ces travaux scientifiques ont essayé de dégager les caractéristiques sociodémographiques et culturelles des pratiquants de plusieurs disciplines sportives afin de mesurer le poids de ces caractéristiques sur les pratiques sportives. L'hypothèse rejoint l'idée selon laquelle l'intensité des pratiques, la nature des disciplines sportives, leur mode d'appropriation et les effets ou profits escomptés sont déterminés d'une part par la position occupée par les pratiquants dans l'espace social mais aussi par le niveau de leurs capitaux corporels, économiques, culturels et relationnels. Suivant ces caractéristiques et selon la distribution de ces capitaux, la demande de la pratique varie. Ces études menées sous l'impulsion de Bourdieu et son équipe montrent que l'espace des pratiques sportives est structuré suivant les positions occupées par les agents dans le champ plus large de la société.

Dans le but de déterminer le rapport entretenu entre le « macrocosme » social et les « microcosmes» sportifs, l'approche structure-constructiviste du sport prend en compte des variables telles le sexe, l'âge, la catégorie socio-professionnelle, niveau de diplôme. Outre ces variables, sont pris en compte le positionnement politique, la "vision du monde", les pratiques culturelles. Il importe aussi de préciser que l'utilisation de la notion d"'habitus", définie par Bourdieu, apporte un éclairage décisif pour expliquer les préférences sportives et la cohérence des choix sportifs avec d'autres choix culturelles. Les orientations sportives sont guidées par! 'ensemble des représentations, pratiques et des idéologies transmises par les groupes d'appartenance et par les expériences vécues. A cet effet, Bourdieu écrit « Il va de choix qu'à chaque moment, chaque nouvel entrant doit compter avec un état

37 déterminé des pratiques et des consommations sportives et de leur distribution entre les classes, état qui ne lui appartient de modifier et qui est le résultat de l'histoire antérieure de la concurrence entre les agents et les institutions engagées dans le champ sportif».

La référence à ces théories sociologiques du sport nous semble pertinente pour deux raisons. En premier lieu parce qu'elles constituent un modèle adapté pour traiter la manière dont le football est structuré en Côte d'Ivoire, est utilisé par les institutions et responsables qui ont en charge la gestion de ce sport. Plus précisément, elles vont nous servir de jeter un regard sociologique sur les enjeux que soulève ce sport en matière organisationnelle, infrastructurelle et d'encadrement.

Par ailleurs, ces approches se révèlent également appropriées pour traiter des principes d'accessibilité des jeunes aux clubs et centres de formation de football et les principes qui sous-tendent leurs choix culturels, leur représentation sociale du phénomène et surtout leur « vision du monde footballistique ».

Outre ces approches théoriques ci-dessus mentionnées qui concernent la sociologie du sport, la formulation de théories de migrations est nécessaire dans la mesure où nous considérons qu'au-delà des approches de la sociologie du sport, il importe d'élaborer les approches fournissant un cadre explicatif à la question de migration des footballeurs ivoiriens. Dans cette perspective, il s'agit pour nous d'exposer les théories sociologiques de migration. Avant d'y parvenir, nous allons parcourir les différentes théories économiques qui ont inspirées les sociologues de migration. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous évoquons les quatre théories économiques de migration : la théorie néo-classique, la nouvelle économie des migrations, la théorie du double marché du travail et la théorie des systèmes mondiaux. Ces approches ont été abordées dans un travail commun d' Ambrosetti E et Tattolo G (2008).

38 1.2.2.4. La théorie néoclassique de la migration

11 Développée initialement par Lewis et Harris et Todaro , la théorie économique néoclassique, au niveau macro, affirme que « les migrations internationales, comme les migrations internes, sont provoquées par des différences géographiques entre l'offre et la demande de travail. Les pays richement dotés en travail relativement au capital ont un salaire d'équilibre bas, alors que les pays où le travail est rare relativement au capital ont un salaire de marché élevé. Le différentiel de salaire qui en résulte provoque le déplacement de travailleurs du pays à bas salaires vers le pays à hauts salaires » (Massey et al., 1993). On peut certes dire qu'en général, les migrations se produisent des pays pauvres vers les pays riches, mais une telle généralisation n'explique pas pourquoi les migrations se produisent à un moment et pas à un autre, depuis un pays donné et non depuis un autre à niveau de revenu équivalent, vers un pays et non vers un autre. L'introduction, au niveau micro, des« coûts de migration » peut améliorer la capacité prédictive du modèle, mais il est presque impossible de mesurer les« coûts psychologiques » que doivent supporter les migrants qui abandonnent leur pays. Dans la théorie néoclassique macro, les facteurs culturels ne trouvent pas de place: d'ailleurs une des critiques principales faites à cette théorie est celle de ne pas prendre en compte d'autres facteurs à part les différences de salaire entre les pays d'accueil et de départ des flux migratoires. Les facteurs politiques, sociaux et culturels y sont donc ignorés : il s'agit d'une des plus grandes limites de cette théorie. Au niveau micro, l'émigration est un fait personnel de l'individu qui entend de cette façon maximaliser son propre revenu dans le cadre d'un bilan positif coûts/bénéfices concernant le transfert. Dans cette théorie l'homme agit comme une sorte d'homo economicus.

11 AMBROSETII E., TOTIOLO, 2008, « Le rôle des facteurs culturels dans les théories des migrations », Actes du Colloque Démographie et Cultures, Association Internationale des Démographes de Langue Française, Québec. 39 On retrouve cette logique dans toutes les théories qui se sont succédées ou qui se sont superposées en cherchant à identifier lesdits facteurs d'attraction/répulsion (push/pull factors) censés influer sur la mobilité des individus. Dans le modèle microéconomique, très similaire à celui du macro, une des conditions qui pousse certains individus à prendre la décision d'émigrer est le capital humain (éducation, expérience, formation, connaissance de la langue, etc.) dont ces individus disposent (Massey et al., op-cit), On peut donc interpréter cette richesse en capital humain, comme un aspect culturel indispensable à la décision individuelle d'émigrer. On trouve dans cette théorie, des facteurs culturels en même temps que des aspects économiques, malgré que ces derniers aient été davantage considérés. Les limites de la théorie néoclassique de la migration internationale sont bien connues, notamment son incapacité à prendre en compte l'environnement politique et économique international, tout comme les effets économiques au niveau national et les décisions politiques qui influencent les décisions individuelles de migrer ou pas. La reconnaissance des limites de la théorie économique néoclassique a conduit à la proposition de théories alternatives telles que la nouvelle économie des migrations et la théorie des systèmes mondiaux et la théorie du double marché du travail.

1.2.2.5. La nouvelle économie des migrations

Partant d'une analyse micro, la nouvelle économie des migrations (Stark et Taylor, 1989), est considérée d'une manière« novatrice» comme l'économie qui oriente les migrations de travail. Les choix migratoires sont considérés non plus comme des décisions individuelles, mais comme des décisions prises au niveau du ménage ou de la famille, visant non seulement à maximaliser les revenus, mais également à diversifier les risques. Il s'ensuit que la moitié de l'émigration peut également être constituée de contextes d'activités mal payés et précaires, dans lesquels de toute façon l'agrégat domestique réussit à se doter de moyens alternatifs d'accès aux ressources primaires. Les remises d'argent provenant de l'étranger peuvent financer le lancement d'activités économiques dans la patrie d'origine, l'achat de propriétés

40 immobilières, la poursuite d'études d'autres parents, ou ils peuvent constituer une sorte d'assurance contre le chômage, le vieillissement, la détérioration des conditions de vie des parents restés dans la patrie.

La nouvelle économie des migrations, en partant d'un point de vue microéconomique à l'intérieur des ménages ou des familles, nous décrit une véritable « culture des migrations » existante dans certaines communautés, afin de partager le risque de pauvreté et d'augmenter le bien-être. Il s'agit d'une stratégie à la fois économique et socioculturelle, car la division du travail et des tâches dans les familles amènent certains de ses membres à émigrer. Ici, le choix des personnes vouées aux migrations ne sont pas seulement économiques, mais elles subissent aussi l'influence des facteurs sociaux et culturels qui caractérisent la famille et la communauté d'origine, et qui rendent la migration plus souhaitable pour certains de ses membres. Pour certaines familles qui vivent dans les zones rurales des pays en développement, la migration serait donc une véritable stratégie économique et sociale car pour faire face aux risques et aux incertitudes de l'économie locale, on envoie un membre de la famille à l'étranger (Massey et al. Op-cit). Selon cette approche, en outre, la comparaison entre différents ménages dans la même communauté et l'impression de «privation relative» qui peut en dériver proportionnellement aux écarts socio-économiques entre les familles constituent un encouragement à l'émigration. Après ces observations, il apparaît donc encore plus difficile de considérer les migrants comme isolés de leur propre contexte culturel d'origine. Dans les migrations il ne faut pas non plus ignorer les contraintes sociales auxquelles sont soumis certains individus dans leur pays d'origine et qui pèsent si lourd dans la décision d'émigrer. Analysant encore le contexte d'origine des femmes turques, Abadan-Unat cité par Ambrosetti E. et Tottolo G (2008) s'aperçoit que même lorsqu'elles participent efficacement aux activités productives, elles sont exclues du droit de propriété, ne participent pas aux transactions du marché et exercent peu de contrôle sur l'argent. Par conséquent, il est permis de supposer que la participation massive des femmes

41 aux flux migratoires turcs n'est pas seulement l'effet d'une demande particulière de force de travail en Allemagne ou ailleurs, ou de leur rôle moins important dans la réalité économique d'origine, mais pourrait être la réaction des femmes contre leur situation subalterne dans leur pays d'origine. Il faut entendre par situation subalterne: la discrimination sexuelle, l'assujettissement et le travail physique pénible, non rémunéré. Les recherches de Morokvasic ( 1980) sur les Yougoslaves montrent aussi que souvent les motivations individuelles n'indiquent rien d'autre que la volonté de fuir l'oppression et la discrimination subies dans la société d'origine. Selon une étude de Macek et Mayer (1972), 32% des femmes contre 8% des hommes émigrent de la Yougoslavie pour des raisons familiales ou plutôt à cause de conflits familiaux, c'est• à-dire du divorce, de la violence physique et psychologique. Et c'est ainsi que des femmes en nombre croissant migrent toutes seules, parce qu'elles tentent aussi de fuir la société patriarcale. Ceci met en évidence un aspect complètement nouveau : la décision d'émigrer n'est plus liée au départ du conjoint ou d'un parent. Cependant, la vision la plus commune des phénomènes migratoires est celle qui les connecte à d'importantes causes structurelles agissant au niveau mondial et plus particulièrement dans les pays de provenance : la pauvreté, le manque de travail ou la très faible rémunération des emplois, la surpopulation des pays du tiers-monde, les guerres, les famines, les catastrophes écologiques, les régimes dictatoriaux, les persécutions des minorités, poussent un nombre croissant d'individus à émigrer vers l'Occident (Ambrosini, 2005). Donc, ce sont des facteurs socio-historiques de grande ampleur qui provoquent les courants migratoires, et non des micro-décisions individuelles ou d'entreprises particulières (Wallerstein, 197 4 ; Castells, 1989). Dans cette approche, les enquêtes et les réflexions se sont multipliées, focalisées entre deux espaces théoriques complémentaires inhérents au processus d'expansion du capitalisme contemporain et au fonctionnement du marché du travail à une échelle globale: c'est-à-dire à la théorie des systèmes mondiaux (Wallerstein, 1983) et à celle de la théorie du double marché du travail (Piore, 1979).

42 1.2.2.6. La théorie des systèmes mondiaux et la théorie du double marché du travail

Inspirée du cadre théorique marxiste, cette théorie des systèmes mondiaux postule que les origines de la migration et l'encouragement à la mobilité pour des couches plus nombreuses de la population, est de nature contraignante et il représente une conséquence de la pénétration d'une économie capitaliste à l'intérieur de pays « périphériques » non capitalistes. A mesure que la terre, les matières premières et le travail dans les régions périphériques deviennent des marchandises, des flux migratoires en découlent inévitablement. Car « la substitution de l'agriculture marchande à l'agriculture de subsistance sape les relations économiques et sociales traditionnelles ; ! 'utilisation d'intrants modernes produit des récoltes à haut rendement et à bas prix, qui évincent les producteurs non capitalistes des marchés ». De même la salarisation d'un nombre croissant de paysans, pour les besoins des mines, puis des entreprises multinationales, « sape les formes traditionnelles d'organisation économique et sociale basées sur des systèmes de réciprocité et des rôles fixés d'avance, et crée des marchés du travail basés sur de nouvelles conceptions individualistes, sur Je gain privé et sur Je changement social. Ces tendances favorisent vraisemblablement la mobilité géographique du travail dans les régions en développement, avec souvent des conséquences internationales » (Massey et al., op-cit). C'est donc la déstructuration des sociétés du sud, par Je colonialisme puis Je néocolonialisme, qui « libère » une main-d'oeuvre qui va alimenter les marchés du travail des pays du nord. L'introduction des méthodes intensives d'exploitation des terrains, le monnayage du travail, l'apparition de nouveaux modèles de consommation et, pour finir, la féminisation de la force de travail, constituent une combinaison qui déstabilise considérablement les économies

et les sociétés traditionnelles. En d'autres termes, la pénétration des relations économiques capitalistes (zones centrales) avec un besoin croissant de main-d'œuvre peu rémunérée, dans les sociétés non capitalistes (zones périphériques, par exemple certains pays de l'Amérique latine, 43 de l'Asie et des Caraïbes) catalyse les mouvements migratoires à travers la formation d'une population « mobile ». Celle-ci acquiert une sorte d'habitude à l'émigration fondée sur des possibilités occupationnelles, quelles qu'elles soient, offertes par des économies plus florissantes. Ainsi, d'après la théorie des systèmes mondiaux, la migration est davantage susceptible de se produire entre les puissances coloniales d'hier et leurs anciennes colonies, facilitées par leurs communs aspects culturels, linguistiques, administratives, ainsi que par l'efficacité des moyens de transport et de communication qui les relient. Sassen-Koob (1984) montre comment dans les pays périphériques l'expansion industrielle de la production pour le compte d'acheteurs étrangers offshore (délocalisés) provoque des taux croissants de mobilité, surtout de femmes affectées à un emploi mal rémunéré et flexible dans les centres urbains locaux. En outre, ce processus crée un clivage des systèmes traditionnels de production et de redistribution des biens, systèmes basés sur l'unité des groupes familiaux et des groupes de cohabitation, sur la transmission de petits lots de terrain d'une génération à l'autre, sur l'usufruit commun de la production, sur la réciprocité des échanges sociaux. Parmi les facteurs explicatifs des migrations selon la théorie des systèmes mondiaux 1 'on trouve la présence de la culture représentée par les liens culturels entre les sociétés occidentales (capitalistes) et les pays en développement. Dans plusieurs cas, il s'agit de liens qui datent de très longtemps (Massey et al., op-cit), En particulier on trouve jusqu'à présent des liens culturels entre les pays jadis colonisateurs et leurs anciennes colonies. L'organisation des systèmes scolaires, de l'administration publique, la langue, sont parmi les facteurs qui facilitent la circulation entre les ex-puissances coloniales et leurs anciennes colonies. Il suffit de penser à titre d'exemple aux migrations des pays des anciennes colonies françaises d'Afrique vers la France : Sénégal, Mali, pays du Maghreb etc. La connaissance de la langue et un système scolaire similaire, ainsi que de liens culturels jamais coupés facilitent davantage les migrations vers ce pays. Quant à la théorie du double marché du travail, elle examine de quoi est constituée la demande de travail dans les économies avancées. Selon Piore (1979), 44 « l'immigration n'est pas causée par des facteurs de répulsion (push) dans les pays d'origine (bas salaires ou chômage élevé), mais par des facteurs d'attraction (pull) dans les pays d'accueil (un besoin chronique et inévitable de travailleurs étrangers) ». La migration internationale résulte d'une demande permanente de travailleurs étrangers, inhérente à la structure économique des pays développés. En effet, dans les pays d'accueil, les hiérarchies de salaires sont aussi des hiérarchies de prestige. « Si les employeurs veulent attirer des travailleurs pour des emplois situés au bas de l'échelle, ils ne peuvent se contenter d'élever les salaires. Si les salaires les plus faibles sont augmentés, il en résultera de fortes pressions pour une augmentation équivalente des salaires aux autres niveaux de la hiérarchie» (Massey et al., op-cit). D'où une « inflation structurelle », et une forte incitation à faire venir des travailleurs étrangers, non sensibles (du moins au début) aux exigences de statut social des sociétés d'accueil. Les immigrants sont des targe! earners, des travailleurs qui visent un objectif précis (accumuler suffisamment d'argent pour construire une maison, lancer une affaire ou acheter une ten-e chez eux). Ils acceptent donc les emplois considérés comme « dégradants » dans les sociétés d'accueil. En outre, le marché du travail dans les pays industrialisés fonctionne d'une manière « duelle », parce qu'il est structurellement constitué d'un côté par une catégorie stable de travailleurs qualifiés, bien rétribués et protégés, et de l'autre, par une catégorie de travailleurs non protégés, affectés à des tâches humbles et fatigantes, employés d'une manière flexible (Piore, op-cit). Ces caractéristiques sont nécessaires et inéluctables dans un système

productif qui répond à une demande fluctuante et saisonnière et qui, en phase de récession, doit pouvoir facilement licencier pour réduire les frais. Piore soutient que, dans le passé, cette demande de travail flexible mal rétribuée était satisfaite pour les femmes et les adolescents nationaux. Mais, plus récemment, l'accroissement des taux d'instruction et d'emploi féminine, l'apparition toujours plus fréquente de femmes chefs de famille, ont amené les femmes autochtones à occuper des professions plus stables, mieux rémunérées et plus prestigieuses. Par

conséquent, ce fait a engendré de vastes segments du marché du travail à basse 45 qualification et a incité un nombre croissant d'immigrés à répondre à cette demande. La théorie du double marché du travail, prévoit parmi les facteurs déclenchant la migration dans les pays d'accueil, que les travailleurs étrangers ne s'attachent pas à des questions de statut social et de prestige de l'emploi pour pouvoir accepter les emplois du bas de l'échelle des professions. Dans ce cas, c'est ainsi un facteur culturel et social, qui est l'existence de statuts sociaux bien définis, qui est parmi les causes de la segmentation du marché du travail et des migrations. On trouve des exemples parmi les migrants Mexicains, Chinois et Cubains aux Etats-Unis (Zlotnik, 2003) qui sont recrutés surtout dans le deuxième secteur. On pourrait penser aussi aux immigrées ukrainiennes et plus en général en provenance de l'Europe de l'Est en Italie. La rémunération médiocre est légitimée par le transfert du modèle des relations patriarcales dans le milieu familial vers celui du travail, opération possible seulement dans les «entreprises ethniques». Anthias (1983), citant en exemple le cas des petites entreprises familiales qui parmi les Grecs chypriotes ont proliféré en Angleterre, met en évidence que c'est justement le travail des femmes et filles des entrepreneurs qui garantit le succès économique de ces activités. Cette théorie de la mobilité contribue donc d'une manière incontestable à expliquer des événements et des contextes apparemment sans connexion, à insérer les actions individuelles dans un cadre politico-économique plus approprié. Elle explicite également quelles dynamiques macros conditionnent les choix et les trajectoires individuelles. Seraient exclus du champ d'observation les agrégats domestiques, c'est-à-dire le milieu primaire où les individus se confrontent, évaluent les situations, réfléchissent sur les décisions à prendre et élaborent le choix migratoire qui dérive d'exigences liées à la subsistance et au développement du groupe familial. On a constaté que, d'un point de vue économique, la migration internationale est considérée comme un mouvement international de travailleurs, et les théories économiques ne visent ainsi qu'à expliquer les migrations de travail.

Si ces théories sont utiles pour saisir les déterminants économiques généraux permettant de rendre compte de l'ampleur et de la direction des flux internationaux 46 des travailleurs, elles ne fournissent pas des outils nécessaires à la compréhension des facteurs sociaux et culturels qui pèsent sur la décision d'émigrer des footballeurs.

1.2.2.7. Les théories sociologiques de la migration

Dans le panorama des déterminants des migrations, il existe quatre théories sociologiques qui font appel aux niveaux macro (surtout différentiels économiques et politiques) et micro ( calcul coût-bénéfices). Entre ces deux niveaux, le méso (relationnel) s'est inséré. Toutes ces théories abordent les aspects culturels du flux migratoire. Ce sont l'approche de répulsion/attraction, l'approche des réseaux de migration l'approche des institutions, et enfin l'approche de transnationalisme.

1.2.2.7.1. L'approche répulsion/attraction

Selon Lee12, la migration est causée à la fois par des facteurs positifs (pull factors) qui caractérisent les lieux de destination et par des facteurs négatifs aux lieux de départ (push factors). Ainsi, aussi bien la zone de départ que la zone d'arrivée sont caractérisées par un ensemble de facteurs positifs et négatifs. Plus grande est la différence entre les deux facteurs dans les lieux de destination et d'origine, plus probable est la migration. En outre, selon cette approche, les migrants qui répondent surtout aux facteurs d'attractions des lieux de destination tendent à être positivement sélectionnés selon l'âge, l'instruction et les motivations ; alors que ceux qui répondent aux facteurs de répulsions des lieux de départ tendent à être sélectionnés

négativement. En plus, cette théorie reconnaît un rôle important joué par la famille, en tant qu'unité décisionnelle, qu'institution qui supporte la réalisation du projet migratoire et aussi en tant acteur directement impliqué dans la migration. Donc dans cette

12LEE E. S., 1966, « A theoryofrnigration », Dernography, vol.3, n.l, p. 45-47. 47 théorie, l'immigration implique souvent le groupe familial et non seulement le travailleur comme affirme les théories sociologiques. Ici, le rôle joué par la famille et par les réseaux des migrants dans les pays d'accueil est très important, Les travaux de Zlotnik (op-cit) abordent dans Je même sens en mettant un accent particulier sur la parenté. Pour lui, les groupes de parenté qui ont déjà émigré, aident les membres de leur famille une fois qu'ils arrivent dans les pays de destination. Il s'agit d'une véritable assistance (pour trouver un logement, un emploi etc.) pendant la période initiale d'adaptation. Cette idée des groupes de parenté a été petit-à-petit élargie par celle des réseaux de migration « qui inclut tous les liens interpersonnels entre migrants, anciens migrants et non migrants des zones d'origine et de destination.

1.2.2.7.2. La théorie des réseaux sociaux

Dans les théories des réseaux, les migrations sont interprétées comme un effet du fonctionnement des circuits relationnels et interpersonnels entre immigrés et migrants potentiels. A travers les liens de solidarité entre migrants, un flux migratoire peut se perpétuer même en l'absence des facteurs qui l'ont initialement provoqué. Massey et

13 al. , dans la publication sur l'émigration mexicaine vers les États-Unis Return to Atzlan. remarquant que les sollicitations du marché peuvent être déterminantes pour donner naissance à un mouvement migratoire, mais ne sont ensuite qu'indirectement en rapport avec sa persistance, démontrent comment la migration profite du développement des ressources sociales. Dans les théories des réseaux, la culture a un rôle fondamental car la migration change Je système de valeurs et la culture dans les communautés de départ des migrations (Massey et al., op-cit). Avant la migration la domination des médias occidentaux génère la fascination des pays du Sud pour l'Occident qui au-delà de

13 MASSEY D. S., 1988, « Economie development and international migration in comparative perspective », Population and development review, vol.14, N° 3, Sep., pp. 383-413. 48 l'attirance d'une amélioration matérielle relève souvent davantage du mythe ( « imaginaire migratoire »). Ensuite, les goûts et les préférences des migrants sont bouleversés par le contact avec la culture des pays riches. Ils sont affectés par le consumérisme des sociétés capitalistes et le mode de vie occidentale. Une fois rentrés dans les pays d'origine, ils ont du mal à se réadapter au style de vie local et souvent ils émigrent à nouveau. Pour les jeunes, la migration devient presque un rite de passage à l'âge adulte : ces sont les meilleurs qui vont partir et puis diffuser la culture des pays de destination dans leur pays d'origine. Cette théorie stipule également que des groupes constitués d'un ensemble de structures sociales servant à l'accueil et à l'insertion résidentielle et/ou socio professionnelle des migrants peuvent augmenter la probabilité qu'un individu migre. Ces groupes appelés réseaux sont de deux types : les réseaux permanents et institutionnalisés et les réseaux fluides. Les réseaux fluides sont des réseaux informels qui se forment au gré des rencontres selon les opportunités que rencontre le migrant. Ces réseaux ne sont pas forcement liés à la communauté d'origine du migrant. Leur importance dans le processus migratoire réside dans le fait que les migrants s'appuient sur eux pour réduire les coûts liés au processus de migration, qu'ils soient d'ordre financier ou psycho-social. Ils constituent de ce fait un capital social sur lequel peut compter le migrant pour l'accès au travail du marché étranger. En outre, en réduisant les coûts et les risques liées à la migration, ils augmentent la probabilité de migrations ultérieures. C'est ainsi que l'existence des réseaux permettent aux flux migratoires de se maintenir même si les raisons qui ont initiés ces

mouvements ne sont plus actuelles. Un autre aspect lié au réseau de migration, c'est l'existence d'une culture de migration. Une étude menée par Kandel et Massey", montre pour la première fois à travers des données quantitatives l'existence d'une culture de la migration au Mexique. À travers plusieurs régressions logistiques, les auteurs testent la probabilité

14 KANDEL W., MASSEY D. S., 2002, « The Culture of Mexican Migration: A Theoretical and Empirical Analysis », Social Forces, Vol. 80, No. 3. (Mar.), pp. 981-1004. 49 que les jeunes mexicains entre 9 et 15 ans qui vivent dans la région du Zacatecas ont l'habitude de partir aux Etats-Unis pour y travailler et/ou s'y installer. Toutes choses égales par ailleurs, les jeunes mexicains ont plus de probabilité de migrer aux États• Unis dans leur avenir, si un des membres de leur famille nucléaire ou élargie ont déjà émigré. Les réseaux permettent également au flux migratoire de se maintenir mais leurs fonctions divergent selon que les flux sont internes ou externes, selon qu'ils se situent en amont ou en aval du processus. En effet, leur fonction étant de réduire les coûts induits par la migration et ceux-ci augmentant avec la distance, ils devraient intervenir différemment dans le cadre de la migration interne ou internationale (surtout sud-nord). Dans le cadre de la migration interne, comme c'est le cas au Sénégal, ils peuvent se positionner comme un tremplin pour la migration internationale (Fall, 2003). En plus de ces réseaux interactifs de caractère informel, des réseaux formels peuvent intervenir comme les institutions privées et les organisations de volontariat.

1.2.2.7.3. L'approche des institutions

Cette approche est développée par Guilmoto et Saudron (2000). Pour eux, il s'agit d'une théorie qui tient compte du rôle des « entités intermédiaires dans la prise de décision des migrants» (Guilmoto et Saudron (op-cit). L'approche institutionnaliste suggère d'examiner dans quelle mesure l'intensité et la régularité des échanges migratoires sont associés à la formation d'une institution spécifique. Pour Guilmoto (1999), la migration comme tout échange, n'est pas "gratuite". Elle n'est pas un simple déplacement "sans friction" de main d 'œuvre. Au contraire, ce sont les coûts de cette transaction qui conduiront progressivement à la formation d'une institution régulant la migration. Cette approche met en évidence les différentes formes d'articulation entre la migration proprement dite et les organisations sociales/agences. Ces unités sont de formats très variables selon les environnements culturels et l'on peut, sans prétendre à l'exhaustivité, citer la famille étendue, le lignage patrilinéaire, 50 le groupe villageois, la secte ou la confrérie, la caste, le groupe ethnique, voire des groupes dotés d'une moindre conscience collective que peuvent constituer des nations entières, des groupes religieux ou des classes d'âge ... Ce sont principalement ces organisations collectives qui définissent les modalités de la migration, les règles et les sanctions, à travers un contrôle du groupe sur place et à éviter les comportements opportunistes de la part particuliers. Leur rôle est donc de parvenir à canaliser une part de l'épargne des migrants vers des investissements collectifs (infrastructures agricole, scolaire, religieuse, routière ... ) et vérifier que l'effet global de la déperdition migratoire ne soit pas trop pénalisant pour la communauté. Au regard de ce qui précède, on peut dire que ces institutions se chargent de supporter, soutenir et promouvoir la migration qui finalement devient moins dépendante des causes initiales (économiques) (Massey et al., op-cit). Il est important ainsi de souligner comme dans ces approches les facteurs culturels sont présents : en effet, la culture des pays de départ et de destination de flux migratoires joue un rôle fondamental car elle influence la façon dont les institutions se développent. Dans le cadre ivoirien, les réseaux migratoires, provenant en majorité de pays où le football est mieux organisé, ont trouvé un appui et un support logistiques et infrastructurels auprès des institutions sportives ( clubs, centres de formation de football, association d'anciens footballeurs professionnels et d'agents de joueurs) qui ont favorisé l'installation et la capacité d'insertion des potentiels émigrants. Une évolution de la théorie des réseaux et de l'approche des institutions est représentée par l'approche du « transnationalisme».

1.2.2.7.4. L'approche du« transnationalisme »

Au centre de l'attention apparaît la figure sociale des transmigrants qui entretiennent de nombreuses relations (familiales, économiques, sociales, politiques etc.) dans différents lieux et créent des « domaines sociaux » à travers les frontières

51 nationales, en exerçant diverses activités tant dans leur lieu d'origine que dans la société d'accueil. Raisonner en termes de transnationalisme signifie en fait dépasser ou fondre les catégories traditionnelles d'émigrants et d'immigrés et cesser de concevoir la migration uniquement comme un processus avec un lieu d'origine et un lieu de destination. Grâce à la diminution du coût des transports et des communications, la possibilité de mener une vie duelle a été envisagée par les immigrants. Dans les domaines sociaux, les individus et les familles adoptent plusieurs langues, maisons, styles de vie et se déplacent régulièrement entre les deux pays, tissent des relations qui, à travers les frontières, s'approprient différents cadres de référence, des cultures, des identités plurielles. La culture est donc ici celle propre aux pays de départ et d'accueil des flux migratoires. Considérons par exemple le cas des migrations de travail des jeunes Philippines et des « mères transnationalistes » latines émigrées aux États-Unis (Decimo, 2005). Citons comme exemple italien, bien que moins important, les immigrés sénégalais adhérents de la confrérie islamique murid, actifs dans le commerce ambulant grâce à l'entrecroisement de l'appartenance religieuse, de l'organisation communautaire, de la solidarité interne et des stratégies commerciales'<. Nous pouvons rappeler le cas, étudié par Schmoll (2003), des femmes tunisiennes qui gèrent de florissantes activités commerciales entre Naples et

leur pays d'origine. Le transnationalisme, plutôt qu'identification de nouvelles formes de migrants, est proposé comme une perspective qui sert à l'interprétation, comme un angle visuel en mesure de mieux appréhender des processus déjà partiellement présents, mais conceptualisés d'une manière inadéquate : ce qui est également valable à propos des

réseaux. Somme toute, on peut dire que ces quatre approches sociologiques de la migration exposent plus ou moins directement un effet contextuel au départ de la migration et

15 RICCIO B., 2002, "Etnografia dei migranti transnazionali. L 'esperienza senegalesc trainclusione cd esclusione", in: Stranieri in llalia. Assimilati ed esclusi (Colombo A. e Sciortino G.), lstituto Cattanco, li Mulino, Bologna, pp. 169-193. 52 mettent surtout l'accent sur les aspects culturels de la migration. Pour ces approches ci-dessus mentionnées, bien que les facteurs économiques soient toujours importants dans la décision de migrer, il faut dépasser les limites des théories économiques de migration et chercher à prendre en compte des facteurs incitateurs et d'explication de la décision à migrer. Parmi ces facteurs, on peut citer par exemple, le besoin d'échapper à des situations dangereuses, la recherche d'un meilleur climat et l'influence des réseaux sociaux. Nous pouvons résumer ces approches sociologiques de la migration dans le tableau ci-dessous.

53 Tableau 2 : Récapitulatif des théories sociologiques de la migration

THEORIES PRINCIPAUX ASPECTS CULTURELS AUTEURS Sociologie Réseaux - Massey, 1988 - Les réseaux de migrations sont une extension de ceux fondés sur la - Massey et al. 1987 parenté, en incluant aussi ceux qui résultent de l'amitié ou de la - Kandel et Massey, communauté d'origine. 2002 - La migration change les systèmes de valeurs et la culture dans les pays de destination.

Répulsion/ Attraction - Lee, 1966 - Les groupes de parenté aident les membres de leurs familles une fois

- Zlotnik, 2003 qu'ils arrivent dans les pays de destination.

Transnationalisme - Decimo, 2005 - Les individus et les familles adoptent plusieurs langues, maisons, styles - Riccio, 2002 de vie et se déplacent régulièrement entre deux pays, ils s'approprient - Schmolt, 2003 des différentes cultures et des identités plurielles. Institution - Guilmoto et - La culture des pays de départ et de destination de flux migratoires joue Sandron, 2000 un rôle fondamental car elle influence la façon dont les institutions se développent.

Source : Notre élaboration d'après Zlotnik, 2003

54 Pour comprendre la migration des jeunes footballeurs ivoiriens, comme nous l'avons vu, les théories sociologiques de la pratique sportive et les théories sociologiques de migrations ont été utilisées comme unité d'analyse. L'analyse des approches théoriques sur le sport a permis d'une part de montrer que la pratique sportive est un objet d'étude remarquable en sociologie et, le nécessaire détour par la sociologie générale pour comprendre les principes qui organisent la production de connaissance dans ce champ sportif; d'autre part d'adopter une position en rapport le football. Ces cadres de réflexion, bien qu'importants pour la compréhension de la démarche scientifique, ne peuvent à eux seuls permettre d'analyser l'émigration des footballeurs en Côte d'Ivoire ; nous avons donc recours aux théories sociologiques des migrations qui ont apportés des éclairages diversifiés pour comprendre les facteurs qui déterminent la décision de migrer les jeunes footballeurs qui est au centre de la problématique de notre étude.

55 1.3. LA PROBLEMATIQUE

Le football occupe dans le monde contemporain une place qui n'est plus à démontrer. Il est devenu dans nos sociétés, l'un des événements sportifs les plus suivis, y compris dans les pays qui ne participent aux compétitions de la FIF A. Il est aussi un fait social à retombée économique très importante. Selon une étude d'Eurostaff6 publiée par Tain F (1999), le football mondial représente un marché de plus de 1.200 milliards d'Euros. Aujourd'hui le football est pratiqué dans tous les pays du monde entier. Cette présence s'illustre à travers les compétitions à caractère mondial et le nombre important d'associations membres de la Fédération Internationale de Football Association (FIF A). Riche de ses 208 associations membres, la FIFA a été surnommée, les "Nations Unies du football". Sur la seule période 1975-2002, plus de 60 associations nationales ont été acceptées en tant que 7 membres 1 . L'importance du football est indiscutable dans la société moderne du XXIe siècle vu qu'il met en contact des pays, petits ou grands, riches ou pauvres, éloignés l'un de l'autre ... Le 30 juin 2002, alors que le Brésil et l'Allemagne discutait la finale du "Mondial", une agence de communication d'Amsterdam, KesselsKramer, et une société de production japonaise organisaient un match amical entre Montserrat et le Bhoutan, soit les deux plus mauvaises équipes nationales classées par la FIF A à l'époque. De tous les continents, c'est en Europe que l'on trouve les championnats les mieux structurés et l'UEFA (Union des Associations Européennes de Football) est mondialement reconnue comme la plus puissante et la plus lucrative de toutes les confédérations sous l'égide de la FIFA. Elle représente près de 60% des 30 Milliards

16 Eurostaff, (1999), Un marché en or; distribution et industrie des sports et des loisirs, Une société d'études de marché et de conseil en France 17 http://fr.fifa.com/aboutfifa/federation/associations.html ( 17 Août 201 1) 56 18 d'Euros du budget du football mondial . Comme le souligne Dennemont (2004), la Premier League (Angleterre), le Calcio (Italie), la Liga (Espagne), la Bundesliga (Allemagne) ou la (France) représentent l'élite des championnats professionnels européens. Ces championnats alimentent, partout dans le monde, les rêves les plus fous de migration de jeunes footballeurs. Bien que la migration des footballeurs ne date pas de maintenant, il faut noter que depuis la professionnalisation du championnat de France à partir de la saison 1932/1933, le flux migratoire de joueurs de football vers l'Europe a augmenté. L'exemple de la Ligue professionnelle de la France illustre cette évolution de l'émigration des footballeurs professionnels en Europe. En effet, entre 1960 et 1985, le nombre de footballeurs « importés » présents dans les équipes françaises du premier niveau est relativement stable. Certes, la présence d'expatriés a été plus forte dans les années 1970 que dans les années 1960, mais le nombre moyen par club ne dépasse jamais les trois unités. La situation a changé à partir de la fin des années 1980, lorsque le nombre de footballeurs non-nationaux tolérés est passé à cinq". Entre 1995 à 2005, la part de joueurs africains et d'Europe de l'Est diminue dans un premier temps au profit de celle de footballeurs d'Europe de l'Ouest (surtout de Belgique) et, plus encore, d'Amérique latine (surtout d'Argentine et de Brésil). La part des footballeurs d'origine africaine, parmi les expatriés entre 2000 et 2005 est passée de 33, 1 % à 46,1 %. L'augmentation la plus notable pendant la saison sportive 2002/2003 concerne respectivement le Cameroun avec 214 footballeurs professionnels soit 18,58%, le Nigéria 145 soit 12,59%, le Ghana 106 soit 9,20%, le Sénégal 92 soit 7,99% et enfin la Côte d'Ivoire 71 soit 6,16%. Lors de la saison 2005- 2006, 71,8 % des footballeurs expatriés évoluant des les ligues de l 'UEF A provenaient du reste du monde excepté l'Europe, un pourcentage qui n'avait plus été atteint depuis 1965.

18 CONFEJES, 2002, Rapport du comité de pilotage chargé de l'évaluation des programmes de la CONFEJES et du CIJF par un groupe d'experts indépendants. 19 Poli R, 2010, Football et migration: L'importation des footballeurs africains en France sur la longue durée 57 Comme le souligne Poli (2004), lors de la saison 2002/2003, dans les contingents de 1.358 clubs professionnels ou semi-professionnels participant à 78 ligues des 52 pays appartenant à l'Union des Associations Européen de Football (UEFA) figurait 5.334 joueurs ayant migré internationalement« avec la balle». En Afrique où le prix d' «achat» des joueurs est relativement bas, cette migration est de plus en plus importante. Elle concerne aussi bien ! 'Europe que l'Asie et l'Amérique. Poli a dénombré un effectif total de 1153 joueurs de 43 pays africains en Europe en 2003-2004. L'émigration des joueurs ou l'achat des joueurs s'apparente à l'exploitation de matières premières. Selon les Ministres de la Jeunesse et des Sports, membres de la CONFEJES20 « le flux migratoire de jeunes joueurs de football des pays du Sud vers ceux du Nord devient de plus en plus important et s'amplifie en s'entourant peu à peu d'une opacité sur les conditions de recrutement, de séjour et d'évolution de la carrière de ces joueurs». En Côte d'Ivoire où le football est introduit depuis 1919 par le biais de la colonisation, il est omniprésent sur le territoire national. Le football se pratique par des jeunes de plus en plus nombreux à l'intérieur des clubs, des associations de quartier, des centres de formation etc.

La Fédération Ivoirienne de Football (FIF) créée le 20 Août 1960 est une structure autonome rattachée au Ministère de la Promotion de la Jeunesse, des sports et loisirs. Elle a, à charge l'organisation et la gestion de ce sport, Depuis son accession à l'indépendance en 1960, la Côte d'Ivoire a, à travers diverses organisations (Coupe nationale, Championnat national, Compétitions continentales et internationales), accordé un intérêt particulier au football. Bien avant cette époque, des clubs comme la Jeunesse Club Abidjan Treichville (JCAT, 1936), le stade d'Abidjan (1936), l'Africa Sport National (27 Avril 194 7), l'Association Sportive des Employés de Commerce (ASEC) (1948), existaient déjà et participaient à un championnat inter-club dans le cadre del' Afrique Occidentale Française (AOF). Depuis leur création jusqu'à ce jour,

2° CONFEJES, 2000, Conférence des Ministres de la jeunesse et des sports des pays ayant le français en partage déclaration de Bamako. 58 ces clubs forment des jeunes au métier de footballeurs. Parmi ces jeunes footballeurs, l'on retrouve toutes les catégories de joueurs c'est-à-dire les minimes, les cadets, les juniors et les séniors.

Il a fallu attendre exactement le 14 Février 1994 pour assister à la création du premier centre de formation : "L'Académie Mimos-Sifcom". La création de ce centre de formation est le début d'une nouvelle ère pour le football ivoirien. En effet, le 7 Février 1999, les jeunes footballeurs de l' ASEC, tous issus du centre de formation "Mimos-Sifcom", âgés de moins de 18 ans en majorité, remportent, la Super coupe d'Afrique en battant ! 'Espérance de Tunis par le score de 3 buts à 1 (3-1 ). A la suite de ce succès, une véritable explosion des centres de formation a été observée en Côte d'Ivoire. Selon la liste élaborée par la Direction Technique Nationale en 2003 qui concerne les Associations de Formation Agréées par la FIF (AFAF), la Côte d'Ivoire comptait à cette date indiquée 260 centres dont 145 à Abidjan": Dix ans après, la FIF a enregistré au total 620 centres de formation

Quant aux footballeurs expatriés, même si les responsables de la structure qui gère le football ivoirien ne donnent pas un chiffre exact, il s'avère que plus d'une centaine de jeunes ivoiriens ont migré partout dans le monde pour trouver un club de football. Selon le site Internet www.aficahit.com 22/12/2008, les "footeux" ivoiriens ont aujourd'hui assailli la planète football. Dans chaque contrée du monde on trouve au moins un ivoirien. Et chaque année, le nombre de ces joueurs ivoiriens s'accroît à travers le monde entier. En 2010, un recensement effectué dans 36 ligues Européennes, a dénombré 61 footballeurs professionnels ivoiriens (Bosson, Roger, Poli, Ravenel, Loîc, 2010). Même si déjà dans les années 50, des footballeurs ivoiriens comme WOGNIN Jean et Jean TOKPA étaient présents dans le championnat de France, la révolution qui crée ce flux de migration a commencé au début des années 2000, dans le sillage du vaste mouvement d'exil des Académiciens de l 'ASEC Mimosas. Ce départ des jeunes à la recherche d'un club à travers le monde s'est intensifié avec l'explosion de à Guingamp et la bonne

21 DTN, 2003, Lite des Associations de Formation Agréées par la FIF 59 prestation des internationaux ivoiriens dans les différents championnats européens. Aujourd'hui, le footballeur ivoirien est une denrée appréciée et convoitée. On le retrouve dans les clubs de football en Europe, en Asie, en Amérique et même en Océanie ; avec le plus gros contingent en France (24 ivoiriens en 2008). Quand on prend en compte les joueurs qui ont émigrés grâce aux réseaux clandestins, à ce jour l'on dénombre près de 200 footballeurs ivoiriens qui exercent leur talent hors du

continent africain.

On peut le dire, il existe un engouement perceptible, chez les jeunes en Côte d'Ivoire pour la pratique du football ; ce qui fait aujourd'hui de la Côte d' Ivoire un pays "producteurs" de joueurs. Elle «exporte» des jeunes ivoiriens sur le marché mondial. Chaque année, au moins une dizaine des jeunes ivoiriens migrent partout dans le monde, à la recherche d'un club de football. A travers cet investissement, ils aspirent à un avenir meilleur à travers le projet d'une carrière professionnelle dans le

football. Ils s'identifient à des footballeurs professionnels ivoiriens des clubs les plus structurés du football mondial qui ont des salaires « faramineux ». Le journal sportif « Le SPORT» (n° 1926 du Mercredi 19 Août 2009) par exemple a publié leur différent salaire en 2009. Ce sont :

- Didier DROGBA : environ 310 mi liions FCF A par mois ; - Kolo TOURE : environ 300 millions FCF A par mois ; - Yaya TOURE: environ 196 millions FCFA par mois; - Kader KEITA : entre 180 et 190 millions FCF A par mois ; - : 131 millions FCFA par mois ; - Bakary KONE : 118 millions FCF A par mois ; - : entre 80 et 90 millions FCF A par mois ; - Emmanuel EBOUE: entre 70 et 80 millions FCFA par mois; - : 65 millions FCF A par mois ; - N'DRI : 60 millions FCF A par mois.

60 A priori, ces chiffres et l'image de ces joueurs présentent le football professionnel comme "!'Eldorado" ; un paradis où l'on peut facilement changer ses conditions socio-économiques et par conséquent celle de sa famille. Pourtant la réussite dans ce domaine est bien souvent difficile à atteindre contrairement à ce que font croire certains responsables. En effet, les difficultés

d'ordre sportif, pratique et financier relatives à l'émigration font que les jeunes n'ont pas la chance de faire une carrière à la hauteur de leur idole. Elles sont liées en grande partie à l'étroitesse du marché du football professionnel. La sélection des meilleurs joueurs laisse sur la touche de nombreux jeunes à l'issue des tests d'essai. Il se pose alors à leur niveau le difficile problème du retour au pays ou de l'intégration dans le pays d'accueil. Ceux qui ne sont pas retenus n'ont en général pas pour perspective de réintégrer le pays d'origine. Les jeunes malgré cette réalité, sont prêts, avec souvent la complicité des parents

et encadreurs, à tous les sacrifices pour émigrer. Ils constituent des "proies" pour les recruteurs peu scrupuleux ou des escrocs qui profitent de leur naïveté et l'argent

22 économisé par toute une famille . Peu d'entre eux arrivent pourtant à réaliser leur rêve alors que la majorité reste dans la clandestinité et dans une situation sociale et économique précaire. Seulement, Serge Lebri, adolescent ivoirien arrivé en 1995 pour tenter une carrière en France avec le Football Club de Nantes et expulsé à sa majorité en 1999, fait découvrir à l'opinion publique le "trafic des mineurs, constituant une

23 dérive du recrutement à l' étranger . Toutefois, cela ne semble pas ébranler les jeunes dans leur volonté d'accéder au marché mondial du football.

En effet, au moment où devenir footballeur professionnel devient de plus en plus difficile, les jeunes footballeurs ne cessent d'user de tous les moyens pour migrer vers les pays ayant un championnat mieux organisé. En plus, alors qu'aucun joueur ne peut être recruté avant 18 ans selon les règlements de la FIF A, nombreux sont les jeunes de

22Syfia infos, 2002, Enquête menée au Cameroun: dans la peau du parent d'un jeune footballeur; http ://www.syfia.info/index.php5? view=article §action=voir§idarticle=4888

23 Exposition, 28/08/2009, « Football et Migration». 61 moins de 18 qui partent du pays sans se tenir compte du risques que cela comporte. Arrivant souvent directement de la Côte d'Ivoire ou d'un pays intermédiaire avec un simple visa touristique, les jeunes joueurs sont pris à l'essai. Ceux qui ne sont pas « vendus » ou naturalisés repartent dans la nature et se retrouvent sans papier, expulsables à la majorité.

Dans ce contexte où accéder à un club professionnel devient de plus en plus incertain en dépit des aléas de la réussite, la question fondamentale qui se pose est de savoir qu'est ce qui explique la volonté des jeunes footballeurs à émigrer, en dépit des nombreux risques qu'ils encourent? Concrètement, il s'agit pour nous de savoir si la volonté des jeunes footballeurs à émigrer est-elle essentiellement due à la recherche d'un mieux être ou alors au goût

à !'venture? Etant donné que les jeunes ne disposent pas de ressources nécessaires pour partir vers d'autres pays, quels sont les circuits et les réseaux par lesquels émigrent• ils? Quels sont les acteurs dont les agissements et comportements pèsent sur la prise de décision d'émigrer des jeunes footballeurs? Quel est le rôle des institutions du football national dans la gestion du phénomène d'émigration des jeunes footballeurs en Côte d'Ivoire? Toutes ces interrogations nous amènent à formuler la thèse suivante :

Bien que la recherche d'un mieux-être soit déterminante dans la volonté des jeunes footballeurs de partir vers les championnats du monde entier, l'ampleur qu'a prise l'émigration par Je football ces dix dernières années en Côte d'Ivoire est Je fait de l'existence de réseaux constitués d'acteurs sportifs dont l'intervention pèse sur la prise de décision des jeunes. Outre ces réseaux, l'implication de la famille en amont du processus d'émigration incite les jeunes à prendre tous les risques pour émigrer.

62 En appui à la thèse, nous évoquons trois hypothèses qui sont les suivantes :

1- Le flux de migration des jeunes footballeurs a augmenté parce que qu'en plus de la prolifération des centres de formation et des clubs de football qui favorise l'accès de ces jeunes au métier de footballeur, les réseaux d'incitation et d'accompagnement animent le « commerce» de ces jeunes.

2- La décision d'émigrer des jeunes footballeurs dépend de la représentation sociale qu'ils ont du football professionnel. Mais la mise en exécution de cette décision est la conséquence du harcèlement dont les jeunes sont victimes de la part de la famille.

3- Le respect des dispositions de la FIF A concernant le transfert des jeunes footballeurs de moins de 18 ans est difficilement applicable parce que les institutions de gestion du football ne sanctionnent pas les auteurs véreux.

La question centrale de cette étude, la thèse et les hypothèses ci-dessus mentionnées contiennent des concepts qu'il importe d'élucider.

1.4. LA DEFINITION DES CONCEPTS

Pour Durkheim (1934), « toute investigation scientifique porte sur un groupe déterminé de phénomènes qui répondent à une même définition. La première démarche du sociologue doit donc être de définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien, de quoi il est question ». Suivant cette logique, Touré I (1978) ajoute que « ce principe se présente comme la règle essentielle du sociologue étant donné que tout discours scientifique doit utiliser des concepts clairs et précis afin de se démarquer de la confusion qui peut caractériser le sens commun». Dans le cadre de cette étude, nous-nous conformons à cette exigence en définissant, selon la méthode bachelardienne, les concepts en rapport avec notre travail. Ce sont: 63 - La migration avec ses concepts induits que sont l'immigration, l'émigration

et les réseaux de migration Le football.

1.4.1. La migration

Selon le Dictionnaire Larousse ( 1977), la migration vient du latin « migratio », de « migare », changer de séjour. C'est le déplacement de populations, de groupes humains importants, qui passent d'un pays ou d'une région à l'autre pour s'y établir, sous l'influence de facteurs économiques, sociaux ou politiques. Il désigne aussi le déplacement en groupe et dans une direction déterminée, qu'entreprennent périodiquement certains animaux. Pour le dictionnaire général des sciences humaines (1975), la migration est le déplacement cyclique, se faisant le plus souvent en groupe, entrepris par certaines espèces animales à des distances parfois considérables. Ce déplacement peut être vertical (plancton et certains vers marins) ou horizontal (le plus souvent par voie aérienne). Quand il n'est pas lié, comme c'est généralement le cas, au cycle ou au comportement reproducteur, il est motivé par la recherche de nourriture. Il y a lieu de distinguer la migration véritable où il y a retour cyclique au point d'origine (poissons, papillons), la période cyclique migratoire étant bien souvent l'année, et l'invasion ou exode massif qui est une migration sans retour (Lemmings, Criquets). Il se dit aussi du déplacement de certaines cellules, de certains organes à l'intérieur du corps d'un organisme vivant (p.ex. : migrations des leucocytes, migration de protozoaires parasites, migration du testicule). Le dictionnaire de sociologie (1991,1995) quant à lui définit ce concept comme le déplacement de populations d'un pays ou d'une région à l'autre. Plusieurs cas de figure : changements définitifs de résidence, mouvements saisonniers ou journaliers (migrations alternantes entre lieu de travail et lieu de résidence). Il s'agit ici de mouvement relativement permanent ou régulier de groupes plus ou moins étendus sur une distance suffisante. Les problèmes posés tiennent aux notions de « permanent ou 64 régulier» et à la notion de «distance» et selon les Nations Unies, le seuil est d'un an. Comme nous le constatons dans cette définition, il s'agit de la migration humaine. Selon le rapport des Nations Unies sur les migrations internationales en 2005, une migration humaine est un déplacement du lieu de vie d'individus. C'est un phénomène probablement aussi ancien que 1 'humanité. Les statistiques officielles évaluent entre 185 et 192 millions Je nombre de migrants internationaux pour les années 2000 pour les personnes ayant quitté leur pays pour vivre et se fixer dans un autre pays pour au moins un an. Ce chiffre augmente de 2 % par an, malgré les restrictions à l'immigration qui ont vu le jour dans de nombreux pays. Il mesure un stock et comprend la migration volontaire et la migration forcée. Les migrations internes aux pays sont également en augmentation, mais on parle alors plutôt de déplacements de populations (qui sont également volontaires ou forcés). Selon le rapport sur la migration internationale des Nations Unies de 2006, 190 millions d'individus vivent dans un pays autres que Jeurs pays d'origines. Ce nombre s'agrandit chaque année à cause des crises économiques et environnementales et de l'oppression politique. Les démographes considèrent que les migrations seront une importante variable d'ajustement d'ici 2050, échéance à laquelle 2 ou 3 milliards d'individus supplémentaires sont attendus sur la planète, alors que les effets des modifications climatiques se feront probablement déjà sentir et que certaines zones ne pourront plus nourrir une population supplémentaire. Malgré la difficulté de donner une définition à la migration et la différence de point de vue des différentes disciplines sur les facteurs de migration, nous pouvons trouver une définition qui concilie les différentes conceptions de la migration dans le Glossaire de la migration de 2007 de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Selon ce glossaire la migration est « le déplacement d'une personne ou d'un groupe de personnes, soit entre pays, soit dans un pays entre deux lieux situés sur son territoire. La notion de migration englobe tous les types de mouvements de population impliquant un changement du lieu de résidence habituelle, quelles que soient leur cause, leur composition, leur durée, incluant ainsi notamment

65 les mouvements des travailleurs, des réfugiés, des personnes déplacées ou déracinées». A travers cette définition, on remarque que la migration peut prendre diverses formes; au nombre desquelles on a la migration de travail, l'immigration et

l'émigration.

» La migration du travail:

La migration du travail est généralement définie comme un mouvement transfrontière motivé par le souhait des migrants d'obtenir un emploi à l'étranger. Il n'existe cependant aucune définition universellement acceptée de la migration du

travail. Des instruments internationaux tels que les conventions des Nations Unies et de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) utilisent des définitions différentes. D'après la Convention Internationale des Nations Unies sur la Protection des Droits de tous les Travailleurs migrants et des membres de leur famille, un travailleur migrant est une personne qui est appelée à exercer, exerce ou a exercé une activité rémunérée dans un Etat dont il ou elle n'est pas un citoyen. La Convention se réfère donc simplement à ! 'activité rémunérée dans un pays étranger, sans préciser la source

de la rémunération. Dans les instruments de !'OIT, un travailleur migrant est défini comme une personne qui migre d'un pays vers un autre (ou a migré d'un pays vers un autre) afin d'être employée autrement qu'à son propre compte. Tandis que la Convention internationale des Nations Unies sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille concerne entre autres les travailleurs indépendants, tel n'est pas le cas des instruments de ! 'OIT relatifs à la protection des

travailleurs migrants. Selon l'Organisation Internationale de la Migration la migration du travail est définie par comme étant« un déplacement à travers des frontières d'un pays étranger

pour la recherche d'emploi». 66 D'après Messina & Lahav (2006) la migration du travail est « le mouvement de personnes, des non nationaux ou des étrangers à travers des frontières ayant des objectifs autres que le voyage ou la résidence à coutt terme ». Dans cette définition, le but du déplacement à travers les frontières des pays étrangers peut-être autre que la migration de travail tout en étant le voyage ou la résidence à comt terme. Les deux définitions cadrent néanmoins avec la définition de la migration que nous avons

évoquée plus haut. Ces définitions ci-dessus indiquées passent sous silence les migrations saisonnières de travail qui peuvent se passer non seulement à l'intérieur d'un pays, mais aussi à travers des frontières entre deux ou plusieurs pays. Ces migrations du travail ont toujours été les caractéristiques des sociétés ouest africaines au sein desquelles beaucoup se déplaçaient saisonnièrement pour aller travailler dans les régions fertiles ou dans les pays côtiers de la sous région où l'économie est prospère. Cette migration est généralement temporaire. Elle est définitivement « un déplacement à court ou long terme d'une région à une autre pour des raisons de travail». Comme définition, nous retiendrons ce dernier car elle prend en compte les deux points de vue et tous les deux aspects de la migration : l'immigration et l'émigration.

~ L'immigration

L'immigration désigne l'entrée, dans un pays, de personnes étrangères qui y viennent pour y séjourner. Le mot immigration vient du latin migratio qui signifie « passage d'un lieu à l'autre ». Arrivée dans un pays de population originaire d'un autre pays, l'immigration désigne le mouvement de personnes d'un pays quelconque vers un autre pays dans le but de s'y établir, (CRDI, 1995). Il s'applique aux personnes à qui les autorités de l'immigration ont accordé le droit de résider en permanence. Cependant, dans la grande majorité des cas, les populations n'attendent guère cette autorisation avant leur établissement. Pour Lawin (2000), c'est un concept qui s'applique généralement aux personnes nées à l'extérieur du milieu hôte mais peut 67 aussi s'appliquer à un petit nombre de personnes nées dans le milieu, de parents qui sont originaires d'autres localités. Par conséquent, les immigrants sont classés selon la période d'immigration dans le but de faire la distinction entre les personnes arrivées récemment et celles qui y résident depuis un certain nombre d'années (Monde et développement, 200 l ). La désignation du statut d'immigrant reçu est accordée à vie, aussi longtemps qu'une personne réside dans le pays d'accueil. Comme indiqué ci-dessus, vue du côté du pays de départ, la migration correspond à l'émigration.

);,- L'émigration

Selon le Dictionnaire Larousse (1977), le concept d'émigration vient du mot latin « emigratio » qui est une action d'émigrer (lat. emigare ), changer de demeure. Il désigne l'action de quitter son pays pour aller se fixer dans un autre pays. En biologie, l'émigration désigne le déplacement sans retour qui affecte tout ou une partie d'une population animale (criquets, lemmingo) à la suite d'une augmentation importante de la densité de cette population. Ce dispositif éco• éthologique de régulation numérique des populations est sous la dépendance de facteurs physiologiques et psychologiques complexes et n'a pas encore reçu d'explication satisfaisante. La classification proposée par Nina Glick Schiller24 et reprise par Swanie Potot (1994), à partir de l'identité sociale des migrants qui distinguent trois types de migrants (les émigrés, les crossborders et les transmigrants) présente le profil de l'émigré comme suit: L'émigré « s'installe physiquement et socialement dans le pays d'arrivé. Il maintient certes des relations avec sa communauté d'origine mais sa position sociale trouve son sens dans sa situation à l'étranger. Il passe d'un modèle culturel à un

24 BASCH Linda, GLICK SCHILLER Nina and BLANC-SZANTON Cristina (1994), Nations Unbound: Transnational

Projects, Postco/onial Predicaments and Deterritorialized Nation-states, Bâle, Gordon & Breach Publishers, 335 p.

68 autre et construit son foyer dans son nouveau pays. Son allégeance est tournée vers l'Etat dans lequel il immigre». Dans le cadre de cette étude, l'émigration désigne l'action de quitter son pays pour aller s'établir dans un autre pays afin de s'y installer sur une période déterminée, tout en restant socialement inscrit dans son pays de départ. Tout comme un « crossborder », il détient un certain nombre de savoir-faire liés à sa mobilité et possède des connexions dans le pays de départ et celui qui l'accueil. Cette émigration est facilitée par des réseaux de migrations créés et qui travaillent à cet effet.

};> Les réseaux de migration

Dans le cadre de cette étude, la définition du concept de réseaux de migration concerne les « réseaux sociaux ». Cette notion est relativement récente dans une perspective migratoire. Pour par Massey ( 1988), les réseaux migratoires sont définis comme « ensembles de liens interpersonnels qui raccordent les migrants, les migrants précédents et les non migrant des zones d'origine et de destination, à travers les liens de parenté, d'amitié et d'affinités d'origine». Le Dictionnaire des Sciences Humaines (1994) reconnaît à l'Ecole de Chicago la mise en évidence de l'importance des réseaux dans les relations sociales. Pour (Gresle & al., 1994) le réseau est une : "configuration observable, et relativement durable, réunissant par des liens de nature et de fonctions un certain nombre d'individus à l'intérieur d'un groupe, d'une situation ou d'une société plus large. L'analyse des communautés paysannes par Thomas et Znaniecki [ .. .} a mis en évidence l'importance des réseaux dans l'organisation des relations sociales entre individus. [ .. .] Les relations y sont d'avantage marquées par l'influence que par l'autorité."

69 Dans le champ de la géographie, Milton Santos (1997) définit le réseau comme une infrastructure matérielle qui permet le transport d'individus, de matière ou d'informations, et comme une construction sociale qui donne du sens au réseau. Quant à Colonomos cité par Potot (2003), le réseau dans le champ des études transnationales est : « une organisation sociale composée d'individus ou de groupes dont la dynamique vise à la perpétuation, à la consolidation et à la progression des activités de ses membres dans une ou plusieurs sphères sociopolitiques. Défini par la multiplicité quantitative et qualitative des liens entre ses dif érents composants, le réseau ne suppose pas nécessairement, contrairement à l'institution, un centre hiérarchique et une organisation verticale. Sa structure large et horizontale n'exclut pas pour autant l'existence de relations de pouvoir et de dépendance dans les dif érentes associations internes et ou dans ses relations avec les unités politiques externes ». Dans le cadre de cette étude, en parlant du réseau, nous-nous referons au terme 25 "réseau social" attribué à John A. Barnes , qui dans une étude sur un village de pêcheurs norvégiens tente de rendre compte des liens d'amitié et de connaissance que les habitants ont construits. La structure sociale observée peut se lire sur fond de relations interpersonnelles qui se nouent dans des sphères d'activité plutôt qu'en 26 termes de rôles et de statuts des membres d'un groupe. Elizabeth Bott appliquera ce concept à l'étude des rôles conjugaux dans des familles londoniennes. Elle montre qu'en contexte urbain les relations entre amis, parents et voisins constituent des structures intermédiaires, organisées, entre l'individu et les institutions. Elle introduit les concepts de "réseau serré" ("close-k:nit network") et de "réseau lâche" ("loose-k:nit network"), montrant ainsi que, plus le réseau est serré plus il opère une pression normative sur ses membres. Mais ce n'est qu'à partir des années soixante que des chercheurs ont donné un nouveau champ d'application au concept de "réseau social", à partir d'études sur les

25 Barnes (J.A), 1954, "Class and committers in Norvegian island parish", Human relations, n° 7, pp. 39-58. 26 Bon, (E), 1971, Family and social networks. Roi es, norms and externat relationships in ordinary urban families, New-York, The Free Press, Mac Millan Company. 70 phénomènes d'acculturation et de changement liés à l'urbanisation en Afrique. Pour ces chercheurs la notion de réseau se présente comme une catégorie abstraite, une représentation du social et des relations sociales plutôt qu'un modèle de relations". C'est un cadre qui permet d'explorer des pratiques comme l'accès au marché du travail, les formes de sociabilité, etc. ; et ce sont les types de liens qui sont privilégiés dans l'analyse : réseau personnel total ou partiel, sous ensemble comme le voisinage, le milieu de travail ... Pour Gurak & Caces (1992), Massey (op-cit) ou Kritz (1992) le réseau migratoire n'est pas nécessairement hautement institutionnalisé, il est plutôt un ensemble de relations qui tournent autour d'un principe organisateur qui sous-tend le réseau : échanges réciproques ou objectifs communs. Les réseaux sociaux ne sont généralement pas définis par des nonnes rigides, ce qui leur permet une adaptation plus facile à leur contexte socio-spatial que des groupes institutionnalisés. Les réseaux sociaux sont différents des groupes sociaux (bien qu'une fami lie puisse recouvrir partiellement un réseau) en cela qu'ils sont plus enclins à changer de forme et de fonction. L'appartenance à un réseau en tant que membre est variable dans le temps et dépend essentiellement du principe organisateur qui sous-tend le réseau ainsi que des nécessités perçues comme principales par les membres du réseau. On peut cependant noter l'existence de réseaux plus institutionnalisés d'élites (élite institutional networks) qui permettent la migration de personnel qualifié, qui peuvent être le fruit des multinationales. Le fonctionnement de ces réseaux sert d'infrastructure à la circulation migratoire des travailleurs qualifiés (Salt : 1992, 1983-1984 et Findlay :

1990). D'autres types de réseaux calqués sur les réseaux légaux existent de façon illégale, mais fonctionnent sur le même modèle. Katuszewski & Ogien (1981) montrent l'importance des réseaux de parenté dans la constitution des réseaux de migrants en se basant sur une étude concernant les migrants algériens : "C'est en

27 Fortin S, 2002, Trajectoires migratoires et espaces de sociabilité : stratégies de migrants de France et de Montréal, Ph.D, université de Montréal. 71 considérant à la fois l'aspect ouvert du réseau de parents étudié, son extension possible en dehors des limites géographiques distinguant la France de l'Algérie et le fait qu'il repose sur des unités de type nucléaire susceptibles de s'agréger selon les circonstances que l'on analysera certaines relations entre les membres du réseau". Gurak et Caces (op-cit) vont dans le même sens en notant que, plus les liens entre les acteurs d'un réseau sont faibles, plus il est difficile de maintenir l'arrangement social lorsque la distance entre les acteurs augmente. De ce fait, le plus souvent, les réseaux observés sont familiaux ou amicaux. Dans leur étude sur la communauté chinoise d'Ile de France, Guillon, Ma Mung, Taboada-Leonetti (1994) relèvent l'importance particulière des réseaux familiaux dans la structuration et le fonctionnement de cette communauté. Isabelle Taboada-Leonetti envisage plusieurs formes de solidarités qui débouchent sur plusieurs types de réseaux sociaux. " Des niches communautaires, à l'image de celles qu'élaborent toutes les vagues migratoires à leurs débuts, mais au sein desquelles peuvent se développer des formes d'entreprenariat ethnique et des classes de notables plus durables. Des réseaux communautaires stratifiés et fonctionnels, s'implantant en partie territorialement dans des quartiers de sortes de " colonies " immigrées, et qui pourraient conduire à terme à la constitution de minorités ethniques. Ou encore de réseaux élargis binationaux, constituant un espace migratoire s'appuyant à la fois sur le pays d'origine et sur le pays de résidence [ ... ] enfin d'espaces migratoires transnationaux, sur le modèle des diasporas ... " (Guillon, MaMung, Taboada-Leonetti, op-cit : 75). Kritz & al. (op-cit) notent que les réseaux de migration ne sont que rarement à l'origine de flux migratoires. Ce sont le plus souvent les contextes historiques et économiques (tel que le recrutement direct dans le pays d'origine par des entreprises ou l'Etat d'accueil) qui génèrent des flux migratoires, lesquels peuvent ensuite être maintenus et structurés par des réseaux sociaux. Les auteurs insistent sur l'importance des acteurs migrants dans la construction des réseaux migratoires. Au regard de ce qui précède, on peut dire que le réseau social désigne les liens sociaux anciens et/ ou nouveaux significatifs qu'entretient le migrant: les liens que le migrant peut maintenir, ceux qui s'estompent ou s'achèvent, ceux qu'il réussit à 72 construire dans son milieu d'accueil. Dans le contexte de la migration, les réseaux de sociabilité du migrant renvoient aux divers réseaux sociaux, c'est-à-dire à la famille, à la parenté, aux amis, aux nouvelles solidarités, etc. Le rapport du migrant aux autres acteurs sociaux tient compte des réseaux sociaux antérieurs à la migration (famille, amis du milieu d'origine), des nouveaux réseaux créés dans le milieu d'accueil et du rapport à d'autres acteurs sociaux. En parlant de « réseau social» dans cette recherche, il s'agit de réseaux constitués et organisés pour faciliter le départ (légal et/ou clandestins) des jeunes footballeurs ivoiriens.

1.4.2. Le football

Le Dictionnaire Robert définie le football comme un:« sport d'équipe (d'abord appelé football association) qui se pratique avec des équipes de onze joueurs, où l'usage des mains est interdit, sauf au gardien de but, et où il faut faire pénétrer un ballon rond dans les buts adverses». 22 joueurs, un terrain long de 90 à 120 mètres, large de 45 à 90 mètres, un ballon de 68 à 70 cm de circonférence, d'un poids compris entre 410 et 450 grammes et d'une pression comprise entre 0,6 et 1,1 atmosphère (600 à 1100 g/cm"); deux buts de 7,32 m de largeur sur 2,44 m de hauteur; un quatuor arbitral qui conduit 28 le match pendant 90 mn conformément aux 17 lois; on appelle cela le football . Comme nous pouvons le constater, le mot football renvoie à un éventail de pratiques très diversifiées, de ! 'amateur au joueur professionnel, du supporteur d'un club précis au spectateur des grandes rencontres internationales. C'est ! 'emprise croissante du football-spectacle qui tient actuellement lieu de phénomène de société digne d'attention. Selon Ignacio cité par Montbaerts (1999), le football est un sport populaire par excellence pour les uns qui y trouvent un condensé des meilleures qualités de l'être

28 Football, nov-déc 2000, et 4 et 5 et 6 zéros, R de réel, volume F. 73 humain (solidarité, camaraderie, générosité, courage, volonté, virtuosité), activité pernicieuse pour les autres qui le considèrent comme la mère de tous les défauts (agressivité, violence, fanatisme, chauvinisme, tricherie, corruption). Il est le sport le plus universel, objet de passions proprement planétaires. Il est le phénomène le plus universel, beaucoup plus que la démocratie ou l'économie de marché, dont on dit pourtant qu'elles n'ont plus de frontières. Incarnation d'un Etat, l'équipe nationale de football devient l'image symbolique de la nation et, grâce à la couverture planétaire que lui assure la télévision, elle contribue fortement, à répandre l'image d'un pays, au même titre que les facteurs culturels. Dans le système des jeux et des sports, le football occupe une place singulière, peut-être unique, en raison de la variété des qualités que requiert sa pratique et met en œuvre son spectacle. Il est avant tout "agôn" Geu de compétition), mais l'"alea" (le hasard) y tient une place déterminante. Il combine des schèmes ( corporels et intellectuels: la force, la grâce, l'énergie, le réflexes ... ) que d'autres pratiques valorisent isolement. Comme on peut le constater à travers ces définitions, le football n'est pas seulement un jeu; il constitue un fait social total. Car en l'analysant dans toutes ses composantes : ludiques, sociales, économiques, politiques, culturelles, technologiques, on peut mieux déchiffrer nos sociétés contemporaines, mieux identifier les valeurs fondamentales, les contradictions qui façonnent notre monde ; et mieux les comprendre. Etudier le football sous l'angle de l'émigration des jeunes footballeurs nécessite une démarche scientifique appropriée qui permet d'expliquer les faits tels que vécus. Il faut donc expliciter la méthode d'analyse de ces faits, mais aussi et surtout les techniques utilisées pour collecter les données.

74 1.5. LA METHODE D'ANALYSE ET LES TECHNIQUES D'ENQUETE

Pour Aktouf (1987), la méthode est la procédure logique d'une science, c'est-à• dire l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en œuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable. Par conséquent, elle est constituée d'un ensemble de règles qui, dans le cadre d'une science donnée, sont relativement indépendantes des contenus et des faits particuliers étudiés en tant que tels. Pour atteindre l'objectif de cette étude, la méthode dialectique est celle qui est retenue.

1.5.1. La méthode d'analyse: La méthode dialectique

Pour Grawitz (1996), « la méthode dialectique est la plus complète, la plus riche et, semble t-il, la plus achevée des méthodes conduisant à l'explication en sociologie. Elle part des constatations très simples, des contradictions qui nous entourent [. . .} elle représente ensuite une tentative d'explication des faits sociaux, c'est-à-dire qu'elle est directement liée à la notion de totalité». La méthode dialectique est à l'origine du repérage des contradictions et la mise en évidence des distorsions dans l'ensemble de données. Elle recherche les incohérences des choses, les oppositions, les ambivalences qui constituent souvent l'essence de la réalité. L'idée de la contradiction ou de dualisme est au cœur de l'argumentation. Cette approche privilégie l'analyse des rapports sociaux sous leurs multiples angles et recherche ainsi les facteurs endogènes susceptibles de favoriser les changements. Entant que méthode de la connaissance sociale, elle se prête à l'analyse des implications sociologiques qui sous-tendent les contradictions inhérentes au phénomène de l'émigration des jeunes footballeurs.

75 Elle nous a permis de saisir : La contradiction entre le discours des acteurs des réseaux de migration et les difficultés auxquelles les jeunes sont confrontés ; - L'écart entre les attentes des parents et responsables de clubs, et les moyens mis en œuvre pour la formation des jeunes footballeurs ; - Les contradictions au niveau du rôle des responsables des clubs et centres de formation de football dans le processus de l'émigration des jeunes footballeurs. Au-delà de l'aspect contradiction, la méthode dialectique prend en compte à la fois les démarches historique, comparative et structuraliste. La démarche historique a permis de retracer l'évolution du départ des footballeurs ivoiriens dans les championnats européens depuis les années 1950. Le recours à la méthode comparative a permis également d'analyser les comportements et les pratiques des acteurs du football impliqués dans l'émigration des jeunes. Elle a consisté à faire des recoupements et des rapprochements pour identifier les similitudes et les différences entre les mécanismes mis en place et les

pratiques d'un club à un autre. La méthode structuraliste a permis de décrire le mode de fonctionnement expliquant la cohérence des actions des membres de la FIF, des clubs et des centres de formation et tout autre organisation sportive concernée. Nous-nous sommes référés à cette démarche pour mettre en exergue les rapports de « productions » des footballeurs dans les clubs locaux, les rapports de force entre les différents acteurs et la dynamique d'exploitation des jeunes footballeurs par les acteurs des réseaux de

migration. Pour analyser le phénomène de l'émigration des jeunes footballeurs à travers cette méthode, nous avons choisi des outils pratiques qui vont nous permettre de recueillir des données auprès de la population cible. Ces techniques de collecte utilisées se résument à la recherche documentaire, à l'observation directe, à l'entretien

semi-directif et aux questionnaires.

76 1.5.2. Les techniques de collecte de données

Les techniques sont un ensemble d'outils mis à la disposition de la recherche et organisés par la méthode dans un but bien précis. Pour Aktouf, « C'est un moyen précis pour atteindre un résultat partiel, à un niveau et à un moment précis de la recherche. Cette atteinte de résultat est directe et relève du concret, du fait observé, de l'étape pratique et limitée. Les techniques sont, en ce sens, des moyens dont on se sert pour couvrir des étapes d'opérations limitées (alors que la méthode est plus de l'ordre de la conception globale coordonnant plusieurs techniques). Ce sont des outils momentanés, conjoncturels et limités dans le processus de recherche : sondage, interview, sociogramme, jeu de rôle, tests ... ».

1.5.2.1 La recherche documentaire

C'est une démarche systématique, qui consiste à identifier, récupérer et traiter des données publiées ou non. Elle nous permet de prendre connaissance du contenu des documents administratifs, des Revues, Articles, ouvrages généraux et spécialisés qui traitent du sujet.

La recherche documentaire nous a permis d'avoir des informations concernant l'organisation et le fonctionnement des clubs faisant l'objet de cette étude. Les documents spécialisés nous ont également permis d'avoir des informations sur le football (son histoire, son évolution, les organisations mondiale, continentale et nationale de gestion du football).

Les documents administratifs nous ont fourni des informations sur les données statistiques des clubs et des centres de formation en Côte d'Ivoire. Cependant, les études sociologiques sur l'émigration des jeunes à travers le football sont peu nombreuses. Nous avons néanmoins sélectionné et exploité quelques documents écrits

relatifs à notre objet d'étude.

77 Au niveau théorique, l'étude de certains ouvrages et articles relatifs à l'état des connaissances scientifiques, nous a permis de dégager des modes d'approche théorique des études antérieures sur le sport et la migration.

Sur le plan méthodologique, la démarche a été la même ; elle nous a conduit à l'étude de certains ouvrages relatifs à la méthode d'analyse et aux techniques d'enquête qualitatives et quantitatives qui nous ont permis d'approfondir nos connaissances en la matière.

Toute cette documentation, il faut le rappeler, émane de plusieurs sources aussi variées que diverses. Il s'agit notamment:

- Des bibliothèques de l'Institut d'Ethno-sociologie, de l'Institut de la Jeunesse et des Sports, du Ministère de la Promotion de la Jeunesse et des Sports

- De la presse sportive

- Des ouvrages mis à disposition par des personnes ressources et des ouvrages de sociologie du sport achetés par nous-mêmes

- Des recherches sur l'internet.

La recherche documentaire a été d'un apport essentiel tout au long de cette recherche surtout au niveau de la conceptualisation du problème de recherche. Néanmoins, nous lui avons adjoint une autre technique d'enquête qui est l'observation

directe.

1.5.2.2. L'observation directe libre

Selon Dantier (2008), au départ de toute enquête sociologique ( que son objet consiste en l'étude des aspects morphologiques et écologiques apparemment le mieux observables, ou, au contraire, qu'elle veuille atteindre les niveaux « profonds » de la réalité sociale - les attitudes, par exemple, ou les valeurs collectives) l'observation directe est libre. Pour lui, cette technique correspond à l'inévitable phase «phénoménologique » de l'enquête et fait largement place à l'intuition de l'enquêteur qui saisit les phénomènes auxquels il s'intéresse dans leur double liaison avec 78 l'ensemble social encore confusément perçu, d'une pait, avec son expérience propre, d'autre part.

A travers une simple observation du siège des clubs, des terrains d'entrainement, des équipements sportifs disponibles (maillots, ballons, ... ) et du personnel de l'encadrement, cette technique nous a permis de comprendre certaines réalités du football ivoirien. Par ailleurs elle nous a été utile dans la mesure où elle a servi à une organisation progressive des hypothèses de recherche et une première et provisoire délimitation du champ d'étude qui rend ainsi possible l'enquête. Elle a permis d'identifier au niveau national le niveau de championnat le plus attient par le phénomène, les niveaux d'implication de chaque acteurs. Elle a consisté parfois à visiter les centres de formation de football, à aller suivre les matches des équipes, à discuter et à observer le fonctionnement des clubs et surtout les interactions des jeunes footballeurs avec leur entourage. L'observation directe ne permet pas à elle seule d'appréhender les stratégies et mécanismes en cours dans le milieu du football ivoirien quand il s'agit de l'émigration des jeunes. Ainsi, elle doit être complétée par l'entretien semi-directif.

1.5.2.3. L'entretien semi-directif

Cette technique va permettre d'appréhender les logiques de l'émigration des jeunes joueurs et l'implication des responsables (Responsable de la direction technique du football, de la Ligue professionnelle de football, de centre de formation et des Présidents de clubs ... ) dans le phénomène ainsi que celle des parents. L'entretien se fera à travers des questions contenu dans un guide d'entretien qui permet de respecter une certaine linéarité sans s'en tenir à une formulation stricte. Ceci permet aux catégories sociales concernées par l'entretien de s'exprimer

librement.

79 L'entretien se fera autour des questions liées aux motivations, aux attentes, à l'investissement et à l'implication de ces différents responsables des jeunes joueurs; chacun en ce qui le concerne dans l'émigration des jeunes. Compte tenu du caractère qualitatif des informations à recueillir au cours des différents entretiens, nous avons élaboré trois types de guide et ce, en fonction des personnes ressources auprès de qui les informations sont collectées. Il s'adresse respectivement: • aux responsables de la Fédération Ivoirienne de Football en vue de connaître l'implication de cette organisation qui a, en charge, la gestion du football ivoirien, dans le phénomène de l'émigration des jeunes joueurs, les mécanismes et les règles mis en place pour contrôler et/ou maîtriser le flux migratoire des jeunes. • aux responsables des clubs afin de mettre en évidence leur politique de formation des jeunes dans les clubs et les stratégies qu'ils mettent en place dans leur structure respective pour faciliter le départ des jeunes vers les championnats les mieux organisés. • enfin aux responsables des quelques centres de formation de football afin de comprendre leur motivation à créer ses structures qui sont les lieux de recrutement des jeunes potentiels candidats à l'émigration. La collecte des données à travers les entretiens ne permet pas d'obtenir les informations quantitatives. Nous avons donc compléter les information issues des entretiens par le questionnaire adressé aux jeunes joueurs des clubs de football participant à la super-division au titre de la saison sportive 2012 dont l'ensemble des matches se jouent dans le district d'Abidjan.

80 1.5.2.4. Le questionnaire

Pour Grawitz ( op-cit), « le questionnaire est le moyen de communication essentiel entre l'enquêteur et l'enquêté ». li permet à l'enquêteur d'obtenir les informations de sa population cible. Son utilité se justifie par la nature des informations que l'ont veut obtenir à partir de l'hypothèse et en fonction de l'objectif visé. Cette technique est appropriée pour le recueil de données quantitatives relatives à notre sujet. Nous avons utilisé un questionnaire standardisé qui comporte à la fois des questions ouvertes et des questions fermées. Vu la sensibilité du sujet et le refus de certains dirigeants de nous permettre d'interviewer les joueurs, nous avons interrogé certains enquêtés hors des regroupements. L'administration de ce questionnaire a été effectuée auprès des jeunes joueurs des clubs suivants : l'Association Sportive des Employés du Commerce (ASEC), la Jeunesse Club d'Abidjan Treichville (JCAT), le Stella Club d' Adjamé, SEWE Sport de San-Pédro, l'Union Sportive des Clubs de Bassam (USCB), l'Académie de Football Amidou Sylla (AF AD). Ce questionnaire est composé de rubriques suivantes : • L'identification et les caractéristiques des enquêtés • La Carrière et le parcours footballistique des enquêtés • Le projet migratoire des enquêtés • Les réseaux de migrations • Les motivations et les attentes des jeunes. La sélection des enquêtés a consisté en la détermination de l'échantillon de l'étude. • L'échantillonnage

Selon Beaud (1996), « il n'est pas toujours possible ni nécessaire d'étudier toute la population (que ce soient des étudiants, des lecteurs ou des boîtes d'ananas sortant d'une usine) pour bien la connaître. On peut recueillir les informations utiles

81 sur une fraction (échantillon) de l'ensemble (population) pour procéder à des généralisations ». A cet effet, en raison de l'objectif de l'étude qui vise à comprendre des déterminants sociaux de l'émigration des jeunes footballeurs ivoiriens, nous avons considéré les populations de footballeurs dans leur ensemble. Cependant, en raison de la récurrence de l'émigration dans les meilleurs clubs de l'année, nous avons porté l'étude sur les footballeurs des clubs de Ligue 1 ayant participé à la super-division 2011-2012 et recevant les matches dans le district d'Abidjan. Les données de la FIF indiquaient que ces clubs comptaient 120 jeunes footballeurs. Vu le nombre peu important de ces jeunes, nous avons pris comme base de sondage l'ensemble des 120 jeunes footballeurs repartis sur 6 clubs dont l'ASEC, l'AFAD, la JCAT, le STELLA CLUB et le SEWE Sport, Ce sont:

Tableau 3 : Répartition des enquêtés par clubs

CLUBS EFFECTIF

SUPER- AFAD 28 DIVISION ASEC 24

JCAT 18

USC-BASSAM 18

STELLA CLUB 18

SEWE-SPORT 18 TOTAL 120

Source : Recensement au niveau des clubs

82 '

La qualité de l'échantillon dépend aussi de la procédure de sélection de l'échantillon c'est-à-dire de la méthode. Pour notre étude, nous avons choisi la méthode de l'échantillonnage par choix raisonné qui est l'une des méthodes de l'échantillonnage non probaliste. L'une des raisons qui justifient le choix est lié aux caractéristiques de la population enquêtée. La priorité est donnée aux footballeurs des meilleurs clubs les plus durement touchés de chaque saison sportive. De nombreux éléments recueillis auprès des acteurs du football ivoirien ont démontré que le phénomène d'émigration des jeunes joueurs est récurent parmi les meilleurs del 'année sportive en cours.

1.5.2.5. Le traitement et l'analyse des données

Les données recueillies à l'issue de ces enquêtes, sont traitées à l'aide d'outils informatiques. Les données collectées à travers l'enquête par questionnaire ont été saisies et traitées d'abord avec le logiciel Epidata Tools. EpiData Tools est un programme de saisie de données. Son but est d'aider à la création de versions informatiques de questionnaires d'enquêtes, en en facilitant la saisie. Il a été dévéloppé et testé pour assurer une saisie et une documentation. L'idée fondamentale est d'aider à la création de fichiers de données brutes de bonne qualité

pour l'analyse ultérieure. Ainsi les données saisies ont été transférées sur SPSS. 16 et parfois sur Excel pour les différents tableaux et graphiques. Les données qualitatives ont été saisies dans le logiciel Word; traitées manuellement compte tenu du nombre réduit des entretiens. Avec les interviews, nous avons défini des codes qui correspondent aux questions pour les rendre plus claires. Les différentes étapes de notre travail ne se sont pas déroulées sans difficultés. Il nous semble opportun de les mentionner tout en indiquant comment nous avons pu

les surmonter.

83 1.6. LES DIFFICULTES DE LA RECHERCHE

Toute recherche scientifique, quelle qu'elle soit ne peut pas se faire sans difficultés. En effet, dans le déroulement de notre étude, nous avons connu des difficultés de tous ordres :

);la- Les difficultés liées à la documentation

Elles ont été de véritables obstacles pour la réalisation de notre travail. Cette étude présente une limite essentiellement d'ordre documentaire. Il s'agit dans un premier temps de la rareté des documents relatifs à notre sujet. Les ouvrages que nous avons consulté à cet effet sont pour la plupart d'ordre général et traitent de la question migratoire des joueurs de football à l'échelle mondiale. Pour palier ces difficultés, nous avons engagé des correspondances avec des chercheurs d'autres disciplines ayant fait déjà une recherche sur le football ivoirien. Cette initiative bien qu'elle ait permis d'obtenir quelques informations utiles sur le sujet, s'est avérée également limitée. Nous avons donc eu recours aux articles publiés sur Internet qui dans bien des cas, sont limités scientifiquement.

);la- Les difficultés financières

Elles ont été l'une des raisons principales pour lesquelles nous n'avons souvent pas pu respecter le calendrier que nous nous imposons pour la réalisation de cette thèse. Les deux premières années de cette thèse ont été très difficiles. Pour augmenter nos ressources financières, nous eu recours à l'aide d'ONG que sont "Women'life", l'Alliance Internationale pour les Objectifs Du Millénaire (AIODM-CI) et le Réseau des Associations pour la Promotion de la Jeunesse en Côte d'Ivoire (RAPROJECI) ainsi qu'à la générosité des collègues du corps arbitral.

84 };,, Les difficultés du terrain

Elles sont nombreuses, mais nous n'évoquons que celles qui nous paraît la plus importante à savoir: l'instabilité de la population à l'étude. En effet, chaque année, on assiste au départ de presque la quasi-totalité des jeunes évoluant dans les clubs sélectionnés pour l'étude si bien que l'échantillon varie avec le temps. Aussi, est-il presqu'impossible d'avoir aux footballeurs professionnels ivoiriens quand ils viennent à Abidjan pour des matches en sélection nationale. A la faveur du retour à la normalité socio-politique, nous avons décidé de cibler les clubs évoluant uniquement dans le district d'Abidjan et les anciens footballeurs professionnels. Le départ chaque année de quelques ou presque la quasi-totalité des jeunes du club qui fait l'objet de

l'étude. Outre cela, il faut mentionner, que pour des raisons qui leur sont propres, certains joueurs ont refusé de répondre aux questions qui leur ont été posées dans le cadre de

l'enquête.

85

1 DEUXIEME PARTIE: LA PRESENTATION DU FOOTBALL IVOIRIEN 11.1. LES GENERALITES SUR LE FOOTBALL

11.1.1. L'historique du football

Quand on lit ! 'histoire du football relatée par des auteurs de nationalités différentes, on a toujours l'impression que chacun aimerait montrer que le football a pris naissance dans son pays. Si la "soule" ou le "gioco del calcio" étaient déjà le football, la France et l'Italie pourraient s'en disputer la paternité. Mais il n'en est pas moins vrai si l'on se réfère au football codifié, il faut indiscutablement reconnaître que ce dernier a pris naissance en Angleterre. Par ailleurs, il est important de souligner que l'évolution des jeux (Gillet B, 1986) est parallèle à l'histoire des civilisations.

11.1.1.1. Les origines du football

Les jeux de "ballon au pied" ont existé dès !'Antiquité. Ce sont des jeux et non des sports. Comme ci-dessus mentionné, l'évolution du football est fonction des grandes civilisations.

11.1.1.1.1. Les origines du football en Asie

Dans son livre K'ong fon tseu, Conficiuis (551 av JC- 479 av JC) parle de jeux de ballon et notamment de jeux pratiqués en utilisant les pieds et la tête. En Chine, pendant le règne de !'Empereur Cheng-ti (32 Av J-C) on jouait un certain football: le Tsu-Chu, ce qui signifie "frapper une balle en cuir avec des pieds". Les chinois accomplissaient également des exercices avec un ballon : "Cuju ", qu'ils utilisaient pour jongler et effectuer des passes ; cette activité pratiquée sans buts et en dehors de toute compétition servait à l'entretien physique des militaires. Les premiers textes concernant le "Cuju" datent de la fin du Ille siècle av. J.-C. et sont 87 considérés comme les textes les plus anciens liés au sport chinois. L'enthousiasme était tel que les poètes et les historiens de ! 'époque citaient les noms des plus illustres footballeurs et en faisaient des héros nationaux. Au Japon, à la même époque, on parle également d'un jeu qui s'apparentait au football connu sous le nom de "Kemari" (dont on a des illustrations au XIXe siècle)

mais qui était pratiqué par les nobles. Un autre jeu coréen était pratiqué par les nobles dans la cour de l'empereur. Ce 29 jeu existe encore de nos jours mais il est pratiqué par la gente féminine et consiste en un jeu de passe d'une balle (avant en bambou puis en peau et enfin en tissu) avec

les pieds, sorte de jongle ou de gymnastiquef

11.1.1.1.2. Les origines du football en Europe

~ Rome et Grèce

La civilisation de ! 'Extrême-Orient fut ramenée vers le Proche-Orient par les guerres d'Alexandre le Grand. Il en fut de même pour les jeux. Ainsi, on pratiquait dès l'antiquité à Rome un jeu connu sous différentes appellations : "la pila paganica,

la pila trigonalis, lafollis et Harpastum". La situation est identique chez les Grecs qui connaissent ainsi plusieurs jeux de balle se pratiquant avec les pieds : aporrhaxis et phéninde à Athènes et épiscyre à Spartes. Tous ces jeux antiques semblent être à l'origine de ceux qui se sont prolongés au moyen âge en Italie, tels que "Gioco del Calcio" et en France ce qu'on appelait la

"Soule" ou "Chaule". En Italie, l 'Harpastum donna naissance au "Gioco del Calcio", Le jeu était pratiqué par l'élite de la société et même par les plus hauts dignitaires de l'église. Les papes, Léon X, Urbain VII furent en leur temps des champions du jeu Florentin.

29 La gente féminine qui participe à ce jeu porte des robes spéciales. 30 Magoun, Francis Peabody ( 1929). Football in Medieval England and Middle-English filera/Ure. The American

Historical Review, vol 35, No. 1. 88 Dans ces jeux et particulièrement celui dénommé l"'Harpastum", il y avait un terrain de dimensions assez réduites par rapport au futur jeu de Soule. Mais dans le premier comme le deuxième, le but consistait à ramener le ballon dans son propre camp.

).> France

L'"harpastum", exportation de la civilisation romaine, se transforme en Soule ou Choute. Comme dans le cas d'Harpastum, le but du jeu consistait à ramener le ballon dans son camp. Les extrémités d'une rue, deux églises de villages voisins, les places publiques constituaient les camps de chaque partie en compétition. On allait "chauler" les dimanches après-midi après les vêpres, et les grandes rencontres se situaient aux environs de Carnaval. Le football trouve également ses racines dans la soule (ou chaule) médiévale. Ce jeu sportif était pratiqué dans les écoles et universités mais aussi par le peuple des deux côtés de la Manche : en Bretagne et en Normandie. La première mention écrite de la soule en France remonte à 1476 et son équivalent anglais date de 1747. Dès le XVIe siècle, le ballon de cuir gonflé est courant en France. Longtemps interdite pour des raisons militaires en Angleterre ou de productivité économique en France, la soule, malgré sa brutalité, reste populaire jusqu'au début du XIXe siècle dans les îles Britanniques et dans le grand quart nord-ouest de la France. Le jeu est également pratiqué par les colons d'Amérique du Nord et interdit par les autorités de la ville de Boston en 1657. Nommée football en anglais, la soule est rebaptisée folk football (football du peuple) par les historiens anglophones du sport afin de la distinguer du football moderne. Cette activité est en effet principalement pratiquée par le petit peuple comme le signale un ancien élève d'Eton dans ses Reminiscences of Eton (1831): J cannot consider the game of football as being gentlemany; after all, the Yorkshire common people play itl2. (« Je ne peux pas considérer le football comme un sport de gentlemen ; après tout, le petit peuple du Yorkshire y joue ».

89 Les compagnons de Guillaume le conquérant l'auraient introduit en Angleterre après la bataille de Hastings du 16/10/1066.

};> Angleterre

A en croire Emile Souvestre (1836), ce seraient les compagnons de Guillaume le Conquérant qui auraient introduit le jeu après la bataille de Hastings. En Angleterre, le 13 Avril 1314, Edouard II prit l'arrêté suivant : « Etant donné qu'il est fait beaucoup de bruit dans la cité par la suite de bousculades autour de grandes balles, pouvant provoquer beaucoup d'accidents - ce que Dieu défend - nous commandons et défendons, de par le roi et sous peine d'emprisonnement, que de tels jeux soient pratiqués à l'avenir dans la cité ». Il y eut aussi l'arrêté du 12 Juin 1349 qui demandait de se servir de flèches et d'arcs, de javelins, plutôt que de s'adonner à des jeux stupides, tels le football. Mais c'est en 1823 que le football se dessina enfin sous sa forme future, en se distinguant définitivement du Rugby. Le football grandit alors rapidement en

Angleterre.

Le "Highway Act" britannique de 1835 interdisant la pratique du folk football sur les routes le contraint à se replier sur des espaces clos. Des variantes de la soule se pratiquent déjà, sur des terrains clos. Ce sont sur les terrains des écoles d'Eton, Harrow, Charterhouse, Rugby, Shrewsbury, Westminster et Winchester, notamment, que germa le football moderne. Les premiers codes de jeu écrits datent du milieu du XIXe siècle (1848 à Cambridge). Chaque équipe possède ses propres règles, rendant les matches problématiques. La Fédération anglaise de football (Football Association) est créée en 1863. Son premier objectif est d'unifier le règlement et c'est elle qui

ouvre l'ère du football contemporain.

S'inspirant des exemples du cricket et du baseball, ces deux sports collectifs déjà structurés avant l'émergence du football, les Britanniques codifient et organisent

90 le football. Des ligues professionnelles aux championnats et autres coupes, le football n'innove pas. Le premier club non scolaire est fondé en 1857 : le Sheffield Football Club. Le Sheffield FC dispute le premier match interclubs face au Hallam FC (fondé en 1860) le 26 décembre 1860 à seize contre seize. Ces deux clubs pionniers se retrouvent en décembre 1862 pour le premier match de charité. La Youdan Cup est la première compétition. Elle se tient en 1867 à Sheffield et c'est l'équipe de Hallam FC qui remporta le trophée le 5 mars 1867. La première épreuve à caractère national est la FA Challenge Cup 1872. Le professionnalisme est autorisé en 1885 et le premier championnat se dispute en 1888-1889. La Fédération anglaise tient un rôle prépondérant dans cette évolution, imposant notamment un règlement unique en créant la FA Cup, puis les clubs prennent l'ascendant. La création du championnat (League) n'est pas le fait de la Fédération mais une initiative des clubs cherchant à présenter un calendrier stable et cohérent. L'existence d'un réseau ferroviaire rend possible cette évolution initiée par William McGregor, Président d'Aston Villa. Ce premier championnat est professionnel, et aucun club du Sud du pays n'y participe. L'Angleterre est alors coupée en deux : le Nord acceptant pleinement le professionnalisme et le Sud le rejetant. Cette différence a des explications sociales. Le Sud de l'Angleterre est dominé par l'esprit classique des clubs sportifs réservés à une élite sociale. Dans le Nord dominé par l'industrie, le football professionnel est dirigé par des grands patrons n'hésitant pas à rémunérer leurs joueurs pour renforcer leur équipe, de la même façon qu'ils recrutent de meilleurs ingénieurs pour renforcer leurs entreprises. Pendant cinq saisons, le championnat se limite aux seuls clubs du Nord. Le club londonien d'Arsenal passe professionnel en 1891. La ligue de Londres, parce qu'opposée au professionnalisme, exclut alors de ses compétitions les Gunners d'Arsenal qui rejoignent la League en 1893. La Southern League est créée en réaction (1894). Cette compétition s'ouvre progressivement au professionnalisme mais ne peut pas éviter les départs de nombreux clubs vers la League. Les meilleurs clubs encore en Southern League sont incorporés à la League en 1920.

91 Tableau 4 : quelques dates historiques dans le développement du football

DATE/PERIODE EVENEMENT Antiquité Références faites à des jeux qui sont des ancêtres éloignés du football ( on retrouve dans l'écriture chinoise et japonaise, dans la Grèce et la Rome classique).

Moyen-âge Indications à propos du jeu : Iles Britanniques, Italie et France 1314 Edition du Roi Edouard II d'Angleterre, interdisant le jeu football parce qu'il gêne le tir à l'arc. 12 Juin 1349 Interdiction du jeu s'apparentant au football. 1561 Richard Mulcaster, Instituteur anglais mentionne le jeu dans un traité sur l'instruction de la jeunesse, influencée par le de "Calcio" à Florence.

1580 Giovanni Bardi publie un jeu de lois du jeu de "Calcio". 1680 En Angleterre, le football s'acquiert le patronage royal du Charles. 1823 Le football commence à se distinguer du Rugby. 1848 Etablissement des premières règles du Cambridge. 1863 Fondation de la Fédération d 'Agleterre. 1868 Création de l'organisation qui allait devenir la FIF A. 1877 Formation des associations en Grande-Bretagne afin de s'assurer du code uniforme.

1883 Les quatre associations Britanniques acceptent un code uniforme et forment ! 'International (FIF A)

92 1885 Feu vert pour le professionnalisme en Angleterre. 1886 La Fédération Anglaise se met à former des officiels de matches.

1892 Organisation de la première compétition de football en Inde.

1899 La Fédération d'Angleterre envoie sa première équipe représentative à l'étranger ; une équipe Allemande visite l'Angleterre.

1900 Le football a commencé à se reprendre véritablement. 1904 Création de la Fédération Internationale de Football Association

1905 Les français claquent la porte et l'USFSA quitte la FIFA.

1924 et 1928 Jeux olympiques qui suscitent la création l'idée de création de la FIF A.

1930 RIMET lance la machine Coupe du monde baptisée du nom .

1932 La FIF A installe son siège social à Zurich en Suisse. 1937-38 Les lois actuelles sont placées dans un nouveau système de codification en toutefois se fondant sur les lois en vigueur auparavant.

1974 La Coupe du monde baptisée« Weltmeisterschaft » en Allemagne.

1978 Organisation de la Coupe du Monde en Argentine 1982 Organisation de la Coupe du Monde en Espagne. 1986 Organisation de la Coupe du Monde en Mexique.

Source adaptée : www..com

93 11.1.2. Le football contemporain

11.1.2.1. De 1868 à la création de la FIFA

Le football tel qu'il est pratiqué de nos jours, est né vers la fin du 19ème siècle en Angleterre. En dehors de la Grande Bretagne, le football était propagé par les marins, soldats, marchands, mécaniciens et même les prêtes dans le monde entier. En effet, le Danemark fut le deuxième pays d'Europe à avoir une association nationale de football. En Italie, un opticien suisse fonda l'un des premiers clubs et le Prince de Savoie un autre. En Amérique du sud, le premier club fut créé en Argentine. L'Inde fut Je premier des pays asiatiques à adopter Je jeu (football moderne). Un exemplaire des lois du jeu arriva dans ce pays en 1883 par le biais d'un professeur d'un collège de Calcutta et vers 1892, il eut dans le pays la première compétition. C'est seulement après 1900 que Je football a commencé à se rependre véritablement au point qu'il s'est avéré nécessaire de mettre en place une organisation internationale pour sa gestion d'où la création de la FIFA.

11.1.2.2. La FIFA: Création et organisation

La Fédération Internationale de Football Association (FIFA)31 est une association de fédérations nationales fondée en 1904 ayant pour vocation de gérer et faire la promotion du football dans le monde. Son siège est situé depuis 1932 à Zurich, en Suisse, et son Président actuel est Joseph . La FIF A est une association à but non lucratif.

31 «Associations» [archive],fifa.com, 10 juin 2011

94 11.1.2.2.1. Histoire de la FIFA

La FIF A est fondée Je 21 mai 1904 à Paris au 229, rue Saint-Honoré sous l'impulsion de l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques dans ses locaux. Les membres fondateurs sont: les Pays-Bas, la Belgique, la Suède, Je Danemark, la Suisse, l'Espagne et la France. Un an plus tard, l'Allemagne, l'Italie, l'Autriche et la Hongrie rejoignent la FIF A. Les Britanniques refusent d'abord d'être membres mais rejoignent finalement la FIFA quelques mois plus tard. S'engage alors un bras de fer entre l'USFSA française et la Football Association anglaise. La première est fondatrice de la FIF A et hostile au professionnalisme. La seconde a donné son feu vert au profesionnalisme dès 1885. Le débat ne se fait pas sur cette question, mais sur l'interprétation des textes fondateurs de la FIF A n'acceptant qu'une fédération, et une seule, par nation. C'était la stratégie voulue par l 'USFSA afin de tuer les ligues concurrentes françaises.

N'étant pas reconnues par la FIF A, ces fédérations sont notamment interdites de matches internationaux. Ainsi, l'USFSA demanda à la FA de ne présenter qu'une seule fédération à la candidature à la FIFA pour représenter tout Je Royaume-Uni, et pas les quatre fédérations (Angleterre, Écosse, Pays de Galles et Irlande) qui demandaient leur adhésion groupée à la FIF A. Un vote des membres fondateurs trancha la question, et la France fut mise en minorité. Vexés, les Français claquèrent alors la porte et l 'USFSA quitta la FIF A. Nous sommes en 1905. La France ne reste pas longtemps hors du giron de la FIF A et c'est Je Comité français interfédéral, principal concurrent de l'USFSA qui rejoint la Fédération internationale.

La Coupe du monde, trophée majeur de la FIF A, est "l'enfant" de Jules Rimet, alors Président de la fédération internationale. Enchanté par le spectacle donné par l'équipe d'Uruguay aux Jeux olympiques de 1924 et 1928, Rimet lance la machine Coupe du monde en 1930. L'Uruguay qui fête alors son centenaire en 1930 est un candidat idéal pour l'organisation du premier rendez-vous mondial. Le trophée de la 95 Coupe du monde est baptisé du nom de Jules Rimet. La Coupe Rimet prend définitivement la route du Brésil après son troisième succès dans l'épreuve en 1970, comme le prévoyait le règlement. Un nouveau trophée fut donc forgé pour l'édition 1974. Le terme de « FIFA World Cup » est plus récent. Jusqu'en 1990, la Coupe du Monde s'intitula Weltmeisterschaft en Allemagne (1974), Mundial en Argentine (1978), Espagne (1982) et Mexique (1986) puis Mondiale en Italie en 1990. Le crochet par les États-Unis est fatal à cette sympathique tradition linguistique, et la Coupe est désormais baptisée « FIFA World Cup », qui est une marque déposée. Le français étant une langue officielle de la FIF A au titre que l'anglais ( comme l'allemand et l'espagnol), la terminologie « Coupe du Monde FIF A » est également acceptée.

Créée à Paris, la FIF A déménage à Zurich en 1932 en raison du statut de la Suisse et des graves soucis financiers de la Fédération depuis le krach boursier

32 d'octobre 1929 . Avec l'augmentation importante des sources de revenus (droits TV, publicités et produits sous licence principalement), la situation financière est aujourd'hui excellente. Ainsi, la FIF A a annoncé en avril 2004 qu'elle prévoyait un bénéfice de 144 millions de dollars sur 1,64 milliards de dollars de revenus sur la période 2003-2006 (cycle de quatre ans incluant la Coupe du monde 2006).

11.1.2.2.2. L'organisation de la FIFA

La FIF A rassemble 208 fédérations. Un certain flottement fut noté durant les vingt dernières années au niveau des adhésions de nouveaux membres. Les Iles Féroé danoises ou certains DOM-TOM français reçurent l'autorisation de leur fédération d'origine (danoise, française) pour adhérer. Conscient des dangers d'une telle politique (Catalogne, Pays basque, Québec ... ), la FIF A a décidé de mettre fin à ces pratiques. Elle n'acceptera désormais plus de nouveaux membres sans indépendance politique claire au préalable. Cette décision n'est évidemment pas rétroactive. Ainsi les lies Féroé, Tahiti ou la Nouvelle-Calédonie ont conservé leur statut actuel de même que l'Écosse et le Pays de Galles. Le cas particulier de l'Irlande du Nord (qui fait à la fois

32 FlFA - De Paris à Zurich, 30 ans de tribulations 96 partie du Royaume Uni et de la nation Irlandaise) n'est toujours pas tranché. 8 états souverains ne sont pas membres de la FIFA (Monaco et Vatican en Europe, Kiribati, Etats Fédérés de Micronésie, Iles Marshall, Nauru, Palaos, et Tuvalu, en Océanie). Afin de gérer au mieux le football au niveau continental, des confédérations ont été créées. Les confédérations sont au même rang la FIF A quand il s'agit de problèmes internes au continent. Ainsi, la FIF A qui organise pourtant la Coupe du Monde, n'est pas décisionnaire pour fixer les calendriers des préliminaires ni leur formule. Les confédérations indiquées ci-dessous sont souveraines dans ce domaine. Ce sont : • l'AFC pour l'Asie • l'UEFA pour l'Europe • la CAF pour l'Afrique • la CONMEBOL pour l'Amérique du Sud • l'OFC pour l'Océanie • la CONCACAF pour l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale et les Caraïbes • la NF-Board pour les fédérations non affiliées avec la FIFA S'il existe plusieurs Confédération, les règles du jeu restent universelles. Sur ce point, la FIF A est inflexible. Les règles du football ne sont pas édictées par la seule FIF A, mais sont discutées et votées par une vieille institution britannique nommée International Football Board (IF AB). La FIF A y dispose de quatre voix tandis que les fédérations d'Angleterre, d'Écosse, du pays de Galles et d'Irlande du Nord y comptent une voix chacune.

Le Néerlandais Carl Anton Wilhelm Hirschmann occupe le poste de Président par intérim de 1918 à 1920. Jules Rimet, qui a été Président de 1920 à 1954, occupa la fonction tout d'abord à titre provisoire jusqu'au 1er mars 1921. , Président de 1955 à 1961, est tout d'abord Président par intérim jusqu'au 9 juin 1956. Après la présidence d'Arthur Drewry, le Suisse Ernst Thommen assure un intérim de six mois. Le titre de président honoraire est décerné, après leur présidence, à Jules Rimet, et Joâo Havelange. 97 Tableau 5 : Liste des présidents de la FIF A

No PERIODE D'ACTIVITE NOM NATIONALITE

1 23 mai 1904 - 1906 Robert Guérin France Daniel Burley 2 1906 - 24 octobre 1918 Angleterre Woolfall

Carl Anton Wilhelm 3 24 octobre 1918 - 1920 Pays-Bas Hirschmann

4 1920 - 21 juin 1954 Jules Rimet France

21 juin 1954 - Rodolphe William 5 Belgique 7 octobre 1955 Seeldrayers

7 octobre 1955 - 6 Arthur Drewry Angleterre 25 mars 1961

25 mars 1961 - 7 Ernst Thommen Suisse 28 septembre 1961

28 septembre 1961 - 8 Stanley Rous Angleterre 11 juin 1974

9 11 juin 1974 - 8 juin 1998 J oâo Havelange Brésil

10 depuis le 8 juin 1998 Sepp Blatter Suisse

Source adaptée : www.fifa.com

98 11.2. L'INTRODUCTION DU FOOTBALL EN AFRIQUE

En Afrique, on jouait le football presque exclusivement dans les capitales et il n'y avait aucun lien entre les équipes des différentes régions du continent. A la veille des indépendances, à peine quatre nations africaines sont membres de la FIF A : l'Egypte, l'Ethiopie, le Soudan et l'Afrique du Sud.

11.2.1. L'histoire du football africain

Le football a fait son apparition en Afrique au milieu du l 9ème siècle d'abord dans les pays côtiers avant de s'étendre à tout le continent. Loisir des "Blancs", puis instrument de « civilisation » utilisé par les colonisateurs pour ses vertus de sobriété, d'obéissance, d'altruisme et de coopération, le football sera popularisé par l'enthousiasme collectif des africains qui veulent, dans un premier temps, imiter les nouveaux maitres des lieux. Les premières équipes africaines se mettront en place aux alentours des années 1910 (particulièrement en Afrique du Sud) dans les villes portuaires et dans les zones d'exploitation minières. Dès 1923, l'Egypte est membre de la FIFA. A partir de cet instant, très rapidement, en dehors de sa visée ludique, le football africain a été rapidement traduit en valeurs monétaires et a fourni des revenus supplémentaires utiles aux joueurs dans les colonies. Il arrivait d'ailleurs régulièrement que les deux équipes qui s'affrontaient décidèrent du partage des revenus générés par le match à hauteur de 60 % pour les vainqueurs contre 40% pour les vaincus. Dans les zones urbaines, les formations étaient la plupart du temps combinées aux mutuelles d'aide, et jouaient un rôle social de premier plan. Les travailleurs migrants, par exemple, trouvaient dans leur club la chaleur et la convivialité familiales qu'ils ont laissées dans leurs foyers, en zone rurale. Il faut attendre 1956 pour que les quatre pays africains membres (Egypte, Soudan, Afrique du Sud et l'Ethiopie) s'entendent pour organiser une compétition continentale et créer une Confédération

99 Africaine de Football (CAF) afin de se faire entendre et faire respecter l'Afrique dans

le milieu du football.

11.2.2. La CAF : création, organisation et fonctionnement

Les 9 et 10 Juin 1956 à Lisbonne au Portugal, les délégués africains (Egyptien, Ethiopien et Soudanais) se retrouvent au congrès de la FIF A. Isolés, peu écoutés ils décidèrent de s'organiser en créant au sein de la FIF A une Confédération Africaine de Football pour que leurs voix soient mieux entendues. Les pionniers de cette nouvelle structure du football africain en juin 1956 sont : Abdelaziz Abdallah Selem (Ingénieur Agronome, vice-président de la Fédération Egyptienne de Football), le Docteur Abdel Halim Mohamed (soudanais) et Yednekatchen Tessema haut fonctionnaire Ethiopien. Sept mois après la rencontre de Lisbonne, les pères fondateurs de la CAF se retrouvent au G-hôtel de Khartoum au Soudan le vendredi 08 Février 1957, pour y tenir leur premier congrès qui marque la naissance officielle de la CAF. Les sept membres africains ayant participé à la fondation de cette confédération sont: Abdelaziz Abdallah Selem, YoussoufMohamed, Mohamed Latif, Dr Abdel Halim Mohamed, Abdel Rahim Shaddad, Mohamed al Badawi (soudanais)

et W. Feil (Afrique du sud). La CAF prend vite une grande importance grâce à la popularité du football sur le continent. Mais c'est avec ATO Yednekatchen Tessema, élu Président de la CAF en 1972 à Yaoudé, que le football africain a pris un départ fulgurant. Le siège de la Confédération se trouve au Caire en Egypte 5 Gabalaya street 11567 EL BORG CAIRO. L'Assemblée Générale se réunit tous les 2 ans lors de la phase finale de la CAN. Quant au Comité Exécutif, il est renouvelé tous les 4 ans. La

CAF compte 5333 pays affiliés.

33 www.cafonlinc.com 100 Les organes de la CAF sont le Comité Exécutif, les Commissions Permanentes, l'Assemblée Générale et le Secrétariat.

• Le Comité Exécutif

Le Comité exécutif élu par l'Assemblée Générale se compose d'un (1) Président et de douze (12) membres. Le Président peut coopter un (1) ou (2) membre ne jouissant pas du droit de vote. L'association nationale à laquelle appartient Je Président ne peut avoir un autre membre au sein du Comité exécutif. L'actuel Président est Je Camerounais qui est assisté de 15 membres

(voir tableau 6).

Tableau 6: Liste des membres du Comité Exécutif de la CAF

NOM ET PRENOM FONCTION

Issa Hayatou (Cameroun) Président

Suketu Patel (Seychelles) 1er Vice-président Almamy Kabele Camara (Guinée) 2eme Vice-président

Adoum Djibrine (Tchad) Membre

Mohamed Raouraoua (Algérie) Membre

Magdi Shams El Din (Soudan) Membre

Tarek Bouchamaoui (Tunisie) Membre

Kalusha Bwalya (Zambie) Membre

Kwesi Nyantakyi (Ghana) Membre

Constant Selemani Omari (RD Membre Congo) Leodegar Tenga (Tanzanie) Membre

101 Slim Aloulou (Tunisie) Membre co-opté

Molefi Oliphant OIG (Afrique du Membre co-opté Sud)

Anouma Jacques (Côte d'Ivoire) Membre Comité Exécutif de la FIFA

Hani Aboo Rida (Egypte) Membre Comité Exécutif de la FIFA

Hicham El Amrani (Maroc) Secrétaire Général

Source adaptée: www.cafonline.com (2012)

• Commissions Permanentes

La Confédération Africaine de Football compte 21 commissions permanentes. Les présidents de ces commissions sont nommés parmi les membres du Comité exécutif. Ces commissions sont : (a) Commission des Finances; (b) Commission d'Audit interne; (c) Commission

102 (n) Commission des Medias; (o) Commission de la Commercialisation; (p) Commission Consultative CAF/ Associations Nationales.

• Assemblée Générale

L'Assemblée Générale est l'organe suprême de la CAF. Elle définit la politique générale et prend les décisions nécessaires à son application. Elle peut revêtir un caractère ordinaire ou extraordinaire et se compose: des représentants des associations nationales affiliées, - des membres du Comité exécutif de la CAF, des présidents et les membres d'honneur, des délégués des unions zonales. L'Assemblée Générale ordinaire se réunit une (1) fois par an. Les associations membres qui la composent sont énumérées dans le tableau ci-dessous:

Tableau 7: Les associations membres de la CAF et leur différente zone

1 CAF Zone 1 1 1 Zone Nord 1

1 Al~érie, Lib~e, Maroc, Tunisie, E~nite 1

CAF Zone 2 Zone Ouest A

Cap-Vert, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mauritanie, Sénégal, Sierra Leone

1 CAF Zone3 ) Zone Ouest B 103 Il Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Nigeria, Togo

1 CAF Zone 4 1 1 Zone Centre 1 !Cameroun, Congo, Congo RD, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, Sao Tomé, Tchad.

1 CAF ZoneS 1 1 Zone Centre-Est 1

Burundi, Djibouti, Ethiopie, Erythrée, Kenya, Ouganda, Rwanda, Somalie, Soudan, Tanzanie

1 CAF Zone6 1 Zone Sud 1 1 1 Afrique du sud , Angola , Botswana , Swaziland , Lesotho , Malawi , Madagascar , Maurice, Mozambique ,Namibie ,Seychelles, Comores , Zambie, Zimbabwe

Source : www.cafonline.com

Depuis sa création jusqu'à ce jour la CAF a connu 5 Présidents qui sont :

• Présidents de la CAF depuis 1957

1) Abdelaziz Abdellalt Salem (1957-1958) En juin 1956, c'est lui qui a pour la première fois proposé, durant le troisième congrès de la FIFA à Lisbonne, l'idée de la création de la CAF. Débouté de sa demande en raison du faible nombre de membres africains (quatre), il a quitté le congrès en disant : « Si nous ne sommes pas tous traités ici sur le même pied d'égalité, il n'est nullement question de notre présence parmi vous » et est accompagné par solidarité par le soudanais Mohamed Abdelhalim, ce qui pousse la FIFA à réagir

104 favorablement à sa demande. Il devint le premier Président de la CAF en 1957 avant d'être remplacé par son homologue en 1958.

2) Gl Mohamed Abdel Aziz Mustapha - Egypte (1958-1967)

Le Général Mohamed Abdel Aziz Mustapha succéda à Abdelaziz Abdellah Salem. Au début de son mandat, il lutta contre la représentation minoritaire de l'Afrique au sein de la FIFA. Grâce à ses appuis politiques, le "Père de la CAF" comme l'appelait son ami Mourhad Fahmy (Secrétaire Général) a joué un rôle important lors des premiers pas de l'organisation. Son règne durera dix ans.

3) Mohamed Abdel Halim - Soudan (1968-1972) Ancien Président de la Fédération Soudanaise de Football (1946-1959), il a été membre du Comité International Olympique, ainsi que du comité exécutif de la FIF A (1958-62 et 1972-1980). Malgré un règne éphémère, il reste une des figures dominante de la CAF. Il occupa le poste symbolique de président d'honneur de la

CAF de 1988 à 1998.

3) Ydnekatcheou Tessema - Ethiopie (1972-1988) Présent dès les premières heures de la création de la CAF, il aura attendu quinze ans pour accéder à la présidence, et réduire l'influence du lobby Egyptien. Ses nombreuses percées électorales sont récompensées à Yaoundé en 1972. Sa parfaite maîtrise du football va renforcer son autorité. Entre autres, on lui doit l'exclusion de l'Afrique du Sud de la FIF A pour Apartheid et le développement des compétitions sur le continent. Il s'est surtout distingué par sa parfaite maîtrise de l'environnement politique africain.

105 5) Issa Hayatou - Cameroun (Depuis 1988)

Hayatou est né en août 1946, à Garoua, dans Je nord du Cameroun. Ce fils de Sultan peul est professeur d'éducation physique de formation et champion national de demi-fond. Il entre dès 1974 à la Fédération nationale de football comme Secrétaire général, alors qu'il n'a que 28 ans. Son ascension sera alors fulgurante. Nommé en 1986, président de la Fédération, il entre au Comité exécutif de la CAF à la faveur de la CAN 86 en Egypte. Quand Y dnekatchew décède en août 1987, la guerre pour sa succession est ouverte. Opposé au Togolais Godefried Ekué, le Camerounais remporte les élections et devient alors, en mars 1988, le Se président de la CAF. En 25 ans de pouvoir, le Camerounais a révolutionné le football africain, qui lui doit son embellie de ces dernières années. Parmi les acquis de l'ère Hayatou, on peut citer : - 5 places à la Coupe du monde ; - l'organisation en Afrique en 2010, d'une phase finale de la Coupe du monde de football ; - 4 sièges pour l'Afrique au sein du Comité exécutif de la FIFA contre un seul par le passé, le passage de 8 à 16 équipes à la phase finale de la CAN; - la création d'une CAN féminine, d'une CAN des moins de 17 ans, d'une CAN des moins de 20 ans ; - la réforme de la Coupe d'Afrique des clubs champions devenue la Ligue des champions qui génère, depuis sa création en 1997, environ 5 milliards de F Cfa chaque année pour les huit équipes finalistes ; - la refonte des coupes africaines à partir de 2004 ; - l'émergence d'un arbitrage de qualité concrétisée par l'arbitrage pour la première fois, d'une finale de Mondial (le Marocain Said Belquola), l'essor de l'arbitrage féminin africain, -la construction d'un nouveau siège de la CAF ;

106 - la construction des académies de football dans chacune des six zones de la CAF et surtout; - l'accroissement substantiel des ressources financières de la CAF (de moins de 10 millions de F Cfa à la fin des années 1980, la CAF compte aujourd'hui dans ses caisses plus de 57 milliards de F Cfa), etc. Le règne d'Issa Hayatou aura connu beaucoup de résultats positifs. En l'espace de quelques éditions, la Coupe d'Afrique des Nations est passée de l'état d'un événement mineur, dans les années 1960-1970, à celui du plus grand challenge sportif continental. La compétition est suivie par toute la planète. La création de la Coupe CAF ( 1992), la Can cadets (1995), la Super-Coupe d'Afrique (1992), la Ligue des Champions (1997), la Can féminine (1998) ont donné un autre engouement sur le continent. Sur le plan international, le parcours en Coupe du Monde du Cameroun en 1990, du Nigeria en 1994 affichèrent les grandes ambitions du football africain qui seront couronnées par les sacres aux Jeux Olympiques 1996 et 2000 du Nigeria et du Cameroun. Le football au niveau des jeunes a fait la fierté du continent, sous Hayatou. Les cadets ghanéens en 1991, 1995 et nigérians en 1993 en remportant le mondial de leur catégorie, ont révélé au monde, le gros potentiel au niveau des jeunes du continent. Les années Hayatou, ce sont aussi les échecs et les promesses non tenues. Les échecs de la candidature marocaine en 1988, 1992 et l'Afrique du Sud en 2000, pour l'organisation de la Coupe du monde, l'échec à la course à la Présidence de la FIFA en 2002, l'absence d'un cadre juridique réglementant l'exode des jeunes africains vers l'Europe34 et la forte ingérence du politique dans la vie des fédérations, ont quelque peu terni le bilan d'Issa Hayatou. En 2013, il s'est représenté et il a gagné les élections pour défendre ses idées-forces : la lutte contre la violence autour du football, le racisme, le dopage, la corruption et les paris clandestins, les licences des clubs, les académies de la CAF au Cameroun, en Éthiopie et au Sénégal, la promotion de la

34 A. Diallo, l'Evéncment-DEC-2001 (Mise en ligne le 26 Juin 2004) 107 femme, la protection de l'environnement, la promotion de la paix à travers le football, un futur centre d'information et de documentation.

Tableau 8 : Liste des présidents de la CAF

No DATE NOM ET PRENOMS PAYS

1 1957-1958 ADBELAZIZ Abdallah Salem Egypte

2 1958-1968 GlAB DE LAZIZ Mostapha Egypte

3 1968-1972 Dr ABDEL Halin Mohamed Soudan

4 1972-1987 A TO Yednekatchev Tessama Ethiopie

5 1988 à nos jours ISSA HAyaTou Cameroun

Source adaptée: www.cafonline.com

Chacun des présidents ci-dessus mentionné a contribué au développement du football africain ; ce qui a eu une incidence sur le football des pays membres de la CAF en général et en particulier le football ivoirien.

108 11.3. LE FOOTBALL EN COTE D'IVOIRE

Depuis son introduction en Côte d'Ivoire, le football évolue dans un contexte sportif qu'il importe de rappeler.

11.3.1. Le contexte sportif de la Côte d'Ivoire

Située en Afrique occidentale, dans la zone entre 1 Oème degré de la latitude Nord, le 14ème et le 8ème degré longitude Ouest, la Côte d'Ivoire couvre une superficie de 322462 Krri2. Elle est limitée au Nord par le Mali et le Burkina Faso, à l'ouest par la Guinée et le Libéria, à l'est par le Ghana et au sud par le Golfe de Guinée. Sur la base du recensement général de la population et de l'habitation en 1998 et du taux d'accroissement démographique (3,3%), la population est estimée à 20 581 770

35 habitants en 2008 . Erigée en colonie française le 10 mars 1893, la Côte d'Ivoire est indépendante depuis le 7 Août 1960. C'est à partir de cette date qu'un système sportif national a été mise en place.

11.3.1.1. Le système sportif de la Côte d'Ivoire

Le système sportif ivoirien est un héritage colonial auquel des changements ont été apportés depuis l'accession du pays à l'indépendance jusqu'à ce jour. Inspiré plus précisément du système sportif français, Il est doté d'une administration d'accompagnement et de contrôle que symbolise le tout-Etat (secteur public : confié et géré par le Ministère de la Jeunesse et des Sports) et le libéralisme (animé par le secteur privé non marchand et le secteur privé marchand). Il est composé de directions Générale, de directions centrales, d'Etablissements Nationaux Publics que sont l'Office National de Sports (ONS), l'Office Ivoirien du

35 Organisation Mondiale de la santé, stratégie de coopération, 2009 109 Sport Scolaire-Universitaire (OISSU), l'Institut National de la Jeunesse et des Sports(INJS) et de services déconcentrés (services extérieurs) implantés dans les régions et les départements. Dans le cadre de la politique sportive d'Etat, avec l'aide des fédérations sportives agréées, le système sportif ivoirien a connu des mutations dans son évolution.

11.3.1.2. L'évolution du sport Civil Ivoirien

En fonction des archives et documents disponibles, nous situons cette évolution en deux grandes étapes :

• 1960 à 1977

Dès l'accession de la Côte d'Ivoire à la souveraineté nationale le 7 Août 1960, la réorganisation générale de tous les secteurs d'activités du pays a créé inéluctablement un besoin urgent de changement du système sportif. Avant 1960, l'existence d'une direction des sports tantôt rattachée au Ministère de l'Education Nationale, tantôt à celui des Forces Armées, est une preuve réelle de l'importance que l'Etat a toujours accordée au sport dans le système éducatif et généralement dans la vie sociale. L'importance des besoins sportifs exprimés par les populations a conduit les autorités publiques et politiques à ériger en 1963, la Direction Générale de la Jeunesse et des sports en Département Ministériel de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports. Parallèlement à l'évolution de la jeunesse et des sports, s'opéraient au niveau des groupements sportifs, des changements profonds. En effet, toutes les activités des diverses ligues fonctionnant conformément aux structures coloniales de l'ancienne A.0.F furent également érigées en fédérations sportives. La mission dévolue à ces dernières étant de promouvoir, de gérer et d'organiser les compétitions sportives civiles sur l'ensemble du territoire et d'en assurer la représentativité. 110 Les dirigeants, pour la plupart peu expérimentés, se virent alors chargés de l'organisation et de la gestion des organismes sportifs fédéraux. Conscients de leur jeune expérience, ils s'inspirèrent des structures et des textes relatifs à la réglementation du sport fédéral français (la loi de 1901, relative aux associations et de l'ordonnance du 28 Août 1945 accordant une délégation de pouvoirs de l'Etat aux organismes fédéraux ; actuellement la loi relative aux associations est classée suivant les références 60-315 du 21 Sept 1960). A partir de 1966 et 1968, des réajustements de méthodes de développement sont intervenus dans tous les secteurs d'activité notamment l'agriculture, l'industrie, le commerce et également le système éducatif. Dans le domaine du sport, les résultats satisfaisants enregistrés au cours des premières années de l'indépendance, ont encouragé les responsables du sport à poursuivre l'action selon les mêmes méthodes d'organisation qui renforcent la politique sportive nationale.

11.3.1.3.La politique sportive en côte d'Ivoire

Le rapport de la sous-commission de la jeunesse et des sports en 1975 cité par T ANOH A ( 1977) expose la politique sportive de 1960 à 1977. Cette politique s'oriente dans plusieurs domaines qu'il convient de distinguer: - La formation des cadres - Le sport scolaire et universitaire - Le sport civil - L'animation sportive - L'équipement sportif La formation des cadres est confiée à l 'INJS. Créé depuis 1961, il a pour vocation la formation des personnels enseignants supérieurs, d'éducation physique et sportive, des dirigeants et des animateurs et des cadres de haut niveau à l'étranger. Quant au sport scolaire et universitaire il est géré par l 'OISSU (Office Ivoirien du Sport Scolaire-Universitaire) créé par décret depuis 1962. Cet office a pour mission 111 d'organiser, de contrôler le fonctionnement et l'activité des associations sportives des établissements scolaires publiques et privés. Le sport civil, l'animation sportive et l'équipement sont gérés par des structures administratives.

•:• Structures politique et administrative du Ministère de la Jeunesse et des Sports (1960-1977)

- Le cabinet du Ministère

C'est du cabinet que partent les directives en matière de politique sportive et de jeunesse et d'activités socio-éducatives. Toutes les décisions techniques et politiques sont prises à ce niveau.

- Le service de l'Inspection Générale

Le rôle essentiel de ce service était de procéder à l'inspection du personnel enseignant d'éducation physique et sportive affecté dans les établissements secondaires.

- La Direction des Affaires Administratives et Financière

Elle comportait plusieurs services qu'il convient de distinguer: - La sous-direction de l'Equipement et des investissements Elle était chargée d'étudier et de planifier les investissements relatifs à l'équipement socio-éducatif et sportif scolaire et civil sur toute l'étendue du territoire. Les projets d'équipements à réaliser sont soumis au cabinet.

112 - Le service du budget et de la comptabilité Il procédait à la répartition des crédits de fonctionnement pour toutes les directions centrales et les services extérieurs centraux, subventionne les associations de jeunesse, des clubs importants et fédérations ; et procède aussi au financement de tout projet important d'équipement sportif ou socio-éducatif, de voyage d'étude ou d'échanges de jeunes spéciaux, de conférences, de réunions à caractère international, etc.

- Le service du personnel Il gérait administrativement tout le personnel employé à la jeunesse et aux sports.

- La direction de la jeunesse et des activités socio-éducatives

Elle comptait une sous-direction et un service spécial.

- La sous-direction chargée des problèmes de l'éducation féminine Celle-ci s'occupe de la répartition du matériel pédagogique dans tous les foyers féminins, de l'animation et du contrôle des stages d'information et du recyclage des maîtresses et monitrices des foyers.

- Le service des activités socio-éducatives Ce service est chargé de concevoir et de diffuser dans les services Extérieurs, les programmes d'activités socio-éducatives (alphabétisation, colonie de vacances ... ).

- La direction de l'éducation physique et des sports Elle était composée de : - La sous-direction de l'éducation physique Cette direction a pour mission: • Affecter le personnel enseignant d'éducation physique et sportive • Veiller à l'application des directives pédagogiques

113 • Organiser des stages d'information et de recyclage pour le personnel enseignant d'éducation physique et sportive • Procéder à la répartition du matériel sportif destiné aux établissements ou aux services extérieurs • Organiser et de préparer les épreuves d'EPS pour les concours et examens scolaires ou professionnels.

- Le service des sports Il avait pour rôle de coordonner les activités des entraineurs nationaux, des conseillers sportifs et de s'occuper de tous les problèmes relatifs au sport civil (administration, associations, fédérations, ligues et préparation des rencontres internationales).

- La direction de la pédagogie et de la formation

- Sous-direction des établissements de formation chargée de diriger : • L'école nationale d'éducation physique et sportive • L'école normale d'éducation permanente • L'école normale supérieure d'éducation physique et sportive Ces écoles forrnent respectivement les maîtres d'éducation physique, les maîtres d'éducation permanente, et des professeurs d'éducation physique et sportive.

- Service de la pédagogie et de la documentation Il s'occupe de la recherche pédagogique tant dans le domaine de l'enseignement sportif que dans celui de la jeunesse et des activités socio-éducatives. Les expériences recueillies sont publiées par le canal d'un bulletin de liaison.

114 - Les services Extérieurs - Les directions régionales Situés au niveau des six régions d'alors, les directions régionales ont pour missions de: • Représenter le département ministériel au niveau régional • Faire appliquer les circulaires et directives du ministère en matière d'animation de jeunesse d'activité socio-éducative et aussi dans le domaine de l'éducation physique et sportive • Coordonner également les actions des Inspecteurs • Programmer des opérations de niveau régional (équipements sportifs ou socio• éducatifs, stages d'information ou de recyclage, etc) • Diffuser, répercuter les notes circulaires et arrêtés ministériels au niveau des chefs d'inspection départementaux.

- Les Inspecteurs de La jeunesse et des sports

Au nombre de 11, les inspecteurs de la jeunesse et des sports sont chargés : • D'animer, d'organiser, de cordonner et de contrôler les activités d'éducation physique et sportive, scolaire et civile et celles de la jeunesse et du socio• éducatif • De planifier l'équipement sportif et socio éducatif de la circonscription • De représenter le Département ministériel au niveau de la circonscription administrative.

•:• Structure politique et administrative du Ministère de la Jeunesse et des Sports (1977 à nos jours) Depuis 1977 jusqu'à ce jour différents décrets portant organisation du ministère ont apporté quelques modifications au niveau des structures dudit ministère.

115 Outre la structure politique (le ministère de la jeunesse et des sports et son cabinet), le sport ivoirien dispose d'une structure administrative composée: de services rattachés, de structures techniques et consultatives, de directions centrales, de directions générales, ainsi que de services extérieurs.

• La structure politique

Elle est animée par le ministre et son cabinet qui comprend : 1 Directeur de Cabinet 1 Directeur de Cabinet Adjoint 1 Chef de cabinet 8 Conseillers techniques 6 Chargés d'Etudes - 2 Chargés de missions 1 Attaché de Cabinet 1 Chef de secrétariat particulier

• La structure administrative Comme mentionné ci-dessus, la structure administrative est constituée de :

• Les services rattachés

Ils sont rattachés au cabinet du ministère. Ce sont les services suivants : L'inspection générale de la Jeunesse, de l'éducation civique et des Sports;

- Le service de la Réglementation et du contentieux - Le service de la médecine du Sport.

116 • Les structures techniques et consultatives

Ce sont: - Le comité National Olympique de Côte d'Ivoire (CNO-CI): Il est chargé de vulgariser, de promouvoir les principes fondamentaux de l'olympisme au plan national dans le cadre des activités sportives.

- Le Conseil National des Sports (CNS). Il est chargé de la gestion du sport.

- Le Conseil de ['Ordre du Mérite Sportif Ivoirien (COMSI). Il est chargé de récompenser des sportifs les plus méritants et les personnes qui se sont distingués par leur contribution au développement du sport au plan national et international. Il est composé d'anciens sportifs, de cadre du ministère, d'anciens dirigeants de clubs sportifs.

- Le Conseil National de la Jeunesse (CNJ) : Il est une entité fédératrice et représentative de toutes les structures de promotion de la jeunesse. Il est chargé de donner son avis sur toutes les questions qui intéressent la jeunesse. Il est présidé par Je Ministre ou son représentant.

- Le Conseil National du Mérite de la Jeunesse (CNMJ) : Il est chargé d'une pait de donner son avis sur toutes les questions relatives à la promotion du programme du Mérite, d'autre part d'aider au financement de la promotion du programme du Mérite.

- Le Conseil National du Civisme (CNC) : Il est chargé de déposer en permanence de symboles permettant de répondre aux exigences de la République et du citoyen, de créer un sentiment d'attachement intime

117 du citoyen aux représentations de la République, d'émettre des avis sur toutes les questions ou textes législatifs au ou réglementaires touchant au civisme.

- Le Comité National de Lutte Anti-dopage (CNLAD) : Crée par le décret n°2005- l l 9 du 24 février 2005, ce comité assiste le gouvernement dans la mise en œuvre de la politique nationale de lutte anti-dopage aussi bien en milieu sportif, scolaire, universitaire qu' associatif. Il veuille à la sauvegarde des valeurs éthiques du sport et à la protection de la santé des sportifs. Il informe le personnel médical sur les classes de substances et les méthodes interdites du dopage. Il est chargé de sensibiliser les fédérations et les associations sportives sur

les méfaits du dopage.

• Les directions centrales rattachées au cabinet

Les directions centrales rattachées au cabinet sont au nombre de six. Ce sont :

- La Direction des Affaires Administratives et Financières (DAAF) ; Elle est chargée de la préparation et de l'exécution du budget, de la gestion des ressources humaines et financières, de la gestion des équipements et du matériel technique, du contrôle et de la gestion des services et établissements relevant du ministère. Elle comprend trois sous-directions : ../ La sous-direction du budget et de la comptabilité ../ La direction des ressources humaines ../ La sous-direction des moyens généraux.

- La Direction de la Planification et de l'informatique ; Elle est chargée de la coordination et du suivi des plans de développement des activités de la Jeunesse, du sport et des loisirs. Elle est également chargée de l'information des services et de la constitution de banques de données informatiques et de la maintenance du matériel informatique er de reprographie. 118 Elle comprend quatre sous-directions : ./ La sous-direction de la planification des activités ; ./ La sous-direction de l'informatique; ./ La sous-direction de la planification des infrastructures sportives ; ./ La sous-direction de la planification des ressources humaines .

- La Direction de la Communication, de la Documentation et des Archives Elle est chargée de la collecte, du traitement et de la diffusion de l'information, la circulation de l'information entre les différents services du ministère, de la gestion des

relations du ministère avec les médias . Elle comprend deux sous-directions : ./ La sous-direction de la communication ; ./ La sous-direction de la documentation

- La Direction de la Réglementation et du Contentieux ;

Elle est chargée : - De la réglementation en matière de la pratique des activités de jeunesse, socio-

éducative, physique et sportive. - De l'examen des demandes d'établissements, des agréments des associations de

jeunesse, du sport et des loisirs. - De l'analyse des contentieux dans les domaines des activités de jeunesse, du sport

et des loisirs - Du respect des normes en matière d'équipements et d'infrastructures de jeunesse,

d'institution socio-éducatives et sportives . Elle est dirigée par un Directeur d'administration centrale nommé par décret pris en conseil de ministre et composée de deux sous-directions. Ce sont : ./ La sous-direction chargée de la réglementation ; ./ La sous-direction chargée du contentieux.

119 - La Direction de la Médecine Sportive.

Elle est dirigée par un directeur central nommé par décret en conseil des ministres.

Elle chargée de : - De l'organisation et de la promotion de la médecine du sport; - De la coordination et du contrôle des services médicaux dépendant du ministère ; - Du contrôle des services médicaux des fédérations sportives nationales et autres

organisations agrées ; - De la surveillance médicale des sportifs de haut niveau ; - Du suivi des pratiquants du sport et des loisirs pour tous, en relation avec le comité national de lutte anti-dopage. Elle comprend quatre sous-directions : ../ La sous-direction de traumatologie; ../ La sous-direction de kinésithérapie ; ../ La sous-direction du contrôle d' Aptitude; ../ La sous-direction de médecine générale. Elles sont chargées par les directeurs d'administrations centrales nommés par décret pris en conseil des ministres. Les directeurs sont assistés par des sous• directeurs nommés par arrêté du Ministre de la Jeunesse, du sport et des loisirs.

• Les Directions Générales

Elles sont au nombre de deux : la Direction Générale de la Jeunesse et la Direction

Générale des sports.

- La Direction Générale de la Jeunesse

Elle est chargée en liaison avec les organisations de la jeunesse et de 1 'éducation civique, de la coordination et de la supervision des activités de la jeunesse. Elle comprend trois directions : 120 - Direction de la vie associative et de la protection de la jeunesse ; - Direction de la promotion de la jeunesse ; - Direction de l'éducation civique des jeunes Toutes ces directions sont dirigées par des directeurs d'administration centrale nommés par le ministre.

- La Direction Générale des Sports

Sa mission est la supervision et la coordination de la politique nationale des sports et des loisirs en collaboration avec leurs structures consultatives du milieu sportif tant au plan national qu' international. En coordination avec la direction de la planification et de l'informatique, elle définit les stratégies en matières de sport, de loisirs et des infrastructures y afférents. Elle comprend trois directions :

- La Direction des Loisirs ;

Elle est chargée : - De la mise en œuvre en matière de création et d'instauration de loisirs; - Du contrôle de toute activité de loisirs au plan national ; - De la formation et du perfectionnement du personnel d'animation et d'encadrement des activités de loisirs ; - De la promotion des activités socio-éducatives. Elle comprend trois sous-directions : ,/ La sous-direction des études et des projets de loisirs ,/ La sous-direction de la promotion des loisirs ,/ La sous-direction des activités socio-éducatives.

121 - La Direction des sports de masse

Elle a été créée par le décret 2006-36 du 08 Mars 2006 portant organisation et attribution du ministère de la jeunesse, de l'éducation civique et des sports. Elle est chargée de l'organisation de la programmation et de l'évaluation de l'éducation physique et sportive dans les ordres de l'enseignement. Elle s'appuie sur trois sous•

directions : ../ La sous-direction del 'éducation physique et sportive ; ../ La sous-direction genre et sport ; ../ La sous-direction de l'animation sportive .

- Direction des sports de haut niveau Créée par décret ministériel, elle comprend cinq sous-directions : - La sous-direction du suivi et du perfectionnement des athlètes ; - La sous-direction de la vie fédérale ; - La sous-direction des compétitions sportives ; - La sous-direction de la professionnalisation du sport ; - La sous-direction de la promotion de l'industrie sportive.

• Les services extérieurs Ils comprennent :

- Les Directions Régionales de la jeunesse, du sport et des loisirs

Ces directions sont chargées de la coordination et de la mise en œuvre des programmes du ministère dans leurs circonscriptions administratives. Elles sont placées sous l'autorité des directeurs régionaux et ont leur siège au chef

lieu de chaque région.

122 - Les Directions Départementales de la jeunesse, du sport et des loisirs

Elles chargées de la mise en œuvre des programmes au niveau des départements. Elles sont placées sous l'autorité des directeurs départementaux et ont leur siège au chef lieu de chaque département.

Comme nous pouvons le constater, parmi toutes ces structures du ministère, c'est la direction des sports de haut niveau qui a en charge la gestion de l'essentiel des activités du football ivoirien.

11.3.2. Historique du football en Côte d'Ivoire

Le football est introduit en Côte d'Ivoire en 1919 par les N'zimas, Appoloniens, et Abourés qui forment la même famille ethnique dans la zone frontalière des deux pays. Aussi tout naturellement, c'est dans les cours d'écoles et en bordure de mer des régions d'Assinie, Grand-Bassam, Grand-Lahou et Bonoua que se disputèrent les premiers matches de football en Côte d'Ivoire par les jeunes africains employés de commerce, de banque, de compagnies maritimes et des sociétés forestières au sein des clubs existants. Mais il a fallu véritablement attendre les années 1930 pour voir les ivoiriens constituer des équipes sans structure. En 1936, les premiers clubs voient le jour. Ce sont notamment : - La Jeunesse Club d'Abidjan (JCA); - Le Racing Club d'Abidjan (RCA); - Le Club des Cheminots, - Le Club du Commerce - L'Union des Fonctionnaires d'Abidjan (UFA) fondée par COFFI Gadeau'";

36 Germain Coffi Gadeau était un écrivain de Côte d'Ivoire, auteur de pièces de théâtre, homme politique né vers 1913 à Bomizambo, près de . Ancien ministre, Grand chancelier de l'Ordre National, il fut 123 - L'Olympic Club d'Abidjan de Santelli (OCAS); - La Planification Industrielle Christian de Robert Champroux ; - L'Association Sportive des Bétés d'Abidjan; - L'Union Sportive des Clubs de Bassam (USCB). Ces clubs ont marqué le début du football ivoirien qui, dans son processus de développement a traversé plusieurs étapes.

11.3.2.1. Les différentes étapes de l'évolution du football ivoirien

De son introduction en Côte d'Ivoire jusqu'à la création de la Fédération Ivoirienne de Football, le football a connu trois grandes périodes d'évolution. Ce sont: de 1937 à 1950, 1951 à 1960 et 1960 à nos jours.

• De 1937 à 1950

Cette période est marquée par l'organisation d'une coupe à l'attention des différents clubs constitués. En 193 7, une coupe dite "Coupe de la colonie" fut instituée entre les différents clubs et remportée par l'Union Sportive de Grand• Bassam. En 1938, des français construisaient un stade appelé "Géo-André"; nom de Georges André, Athlète olympique français et de rugby, c'est l'actuel stade "Félix Houphouët Boigny". Il est à noter que le parc des sports a été le premier grand stade de la Côte d'Ivoire, mais aussi d'autres stades populaires comme : le Clouset (à

l'AITACI) face à la gare de Grand-Bassam. Les DEBELE 1-2 se trouvaient vers le Port Autonome d'Abidjan ; où se trouve l'actuelle SIT ARAIL de Treich ville. Mais c'est seulement à partir de 1946 que le football sur le territoire ivoirien s'organise à l'image de celui de la métropole. Le sous-district d'Abidjan est alors créé en fin 1948 et contrôlait les clubs d'Abidjan, Bassam et .

l'un des membres fondateurs de la Fédération Ivoirienne de Football (Président 1960-1963). Tl est décédé

le 18 août 2000. 124 • De 1951 à 1960

La création du district national du football le 25 Mai 1952 marque le début de la nationalisation du football en Côte d'Ivoire. En effet, malgré l'opposition de Dakar pour la création d'une telle organisation nationale, MOCKET Jean Baptiste, Lucien Y ABOBY, EKRA Mathieu et Coffi GADEAU ont obtenu la naissance de cette structure. Dans la même année et précisément le 30 juin 1952, est créée la Ligue de Football d'Abidjan de l'AOF et qui sera agréée le 28 Juillet 1952 par la Fédération Française de Football (FFF) lors du conseil national de Nancy en France. C'est à l'intérieur de cette structure que messieurs MOCKET Jean Baptiste,

Lucien Y ABOBY, EKRA Mathieu et Coffi GADEAU ont travaillé à la création de la

Fédération Ivoirienne de Football.

• De 1960 à nos jours

A l'image de la Côte d'Ivoire qui en 1960 faisait ses premiers pas en tant qu'Etat en possession de sa pleine souveraineté, le football ivoirien mettait en place la même

année, sa véritable organisation. Il s'agissait entre autres d'identifier tous les acteurs potentiels, d'asseoir l'instance fédérale et d'organiser des compétitions à l'échelle nationale. Les premiers dirigeants fédéraux se recrutaient alors parmi les personnalités politiques sensibles au fait

sportif.

A partir de 1965, s'ouvre une période de quinze ans marquée par l'arrivée des hauts cadres de l'administration qui se succèdent à la tête de la Fédération avec des fortunes

diverses.

De 1980 à nos jours, ce sont des hauts cadres, qu'ils soient du secteur public ou du secteur privé, qui ont pris en main la destinée de la Fédération Ivoirienne de Football.

125 11.3.2.1. La Fédération Ivoirienne de Football

Créée le 20 Août 1960, la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) est, en fait et en droit une union d'association sportive (les clubs de football de la Côte d'Ivoire) qui se sont constitués au fur et à mesure du développement de 1 'activité footballistique afin de répondre à la nécessité d'organiser les compétitions au niveau local. Rattachée au ministère des sports, elle a pour but au plan national:

• D'assurer par tous les moyens le développement, la promotion et le contrôle du sport d'association de football sous toutes les formes • D'encourager la pratique de ce sport, dans un esprit de fair-play • D'organiser les compétitions de football sous toutes ses formes en définissant au besoin de façon précise les compétences concédées aux ligues, zones et

districts créés à cet effet • De coordonner les activités des clubs qu'elle fédère et de s'assurer que leur fonctionnement aux plans administratif et juridique, est conforme aux lois et règlements en vigueur • De constituer et de gérer les équipes nationales de football • D'assurer la réglementation du sport d'association de football par l'établissement de tous les règlements techniques et la délivrance des licences d'appartenance à un club de football et de veiller à faire respecter cette réglementation • D'organiser et de contrôler la qualité de la formation dans le domaine du football, notamment par des cours, conférences, stages et examens se rapportant au football • D'empêcher que les méthodes ou pratiques ne mettent en danger l'intégrité du jeu ou des compétitions ou ne donnent lieu à des abus dans le sport de football.

A cet effet, elle gère le football d'élite (Equipe nationale, Ligue 1, Ligue 2, 3ème Division ... ), le football des entreprises et le football féminin, le , les

126 divisions régionales à travers l'organisation des compétitions nationales et les matchs internationaux de la sélection de Côte d'Ivoire. Au plan international, elle a pour but : • De représenter auprès des organisations mondiales, continentales ou régionales de football, l'ensemble des clubs qui lui sont affiliés • De gérer les relations sportives internationales en matière de football • De défendre les intérêts du football ivoirien partout où besoin sera • De respecter les statuts, les règlements, les directives et les décisions de la FIF A, de la CAF, de l'UFOA et de la FIF ainsi que les lois du jeu afin d'en prévenir toute violation et d'assurer que ces derniers également respectés par ses membres. A l'extérieur, la FIF a également pour fonction de représenter auprès des organisations régionales (UFOA), continentales(CAF) et mondiales (FIFA) l'ensemble des associations qui lui sont affiliées. La FIF comprend deux catégories de membres actifs : • Les clubs affiliés • Les groupements d'intérêts du football reconnus que sont l'association des anciens joueurs, l'association des joueurs en activité, l'association des entraineurs et autres encadreurs techniques, l'association des médecins du football et 1 'association des arbitres de football. Elle comprend également les Présidents d'honneur et les membres d'honneur. Pour la mise en œuvre de sa politique, le FIF dispose des moyens d'actions. Ces moyens sont : • La Ligue professionnelle • La Ligue amateur • Les Ligues régionales • Les Districts

127 Elle est affiliée à la FIF A depuis 1961 et est membre de la CAF depuis 1961 également. Son siège central se trouve à Abidjan dans un « palais en vitre37 » au bord de la lagune ébrié, avenue 1 dans la commune de Treichville. En 2000, elle était représentée dans l'ensemble du territoire national à travers 11 ligues régionales. Avec 6000 licenciés à sa création, la FIF disposait de 2002 à 2007 d'une base de données de 2894?38 licenciés. Selon les statuts, la FIF est dotée des organes suivants : - L'Assemblée générale: elle constitue l'organe suprême (article 31) et par conséquent, définit la politique de la FIF et élit le Président du Comité Directeur. Elle est composée de 162 délégués dûment mandatés par les Présidents des membres actifs de la FIF. Les délégués doivent être en mesure produire la preuve de leur désignation entant que délégué à la Direction Exécutive dans un délai de 8 jours ouvrables avant leur participation à l'Assemblée Générale de la FIF. Le nombre de délégués par chaque membre actif est de 2. Le nombre de voix par membre actif à l'Assemblée Générale se repartit de la manière suivante : ./ Pour chacun des 14 clubs de D 1, trois voix par club ./ Pour chacun des 24 clubs de D2, deux voix par club ./ Pour chacun des 38 clubs de D3, une voix par club ./ Pour chacun des 5 groupements d'intérêt de football, une voix par groupement. L'Assemblée Générale (article 34) est convoquée par le Comité Exécutif une fois par an en session ordinaire au plus tard le 30 juin. L'avis doit être envoyé au moins 2 mois avant l'Assemblée Générale. Elle se tient au siège de la FIF ou en tout autre lieu décidé par le Comité Exécutif. - Le Comité exécutif : Composé outre le Président de la FIF, de 17 membres proposés par lui à l'Assemblée Générale, il est l'organe de gestion et

37POLI R, 2002, Le football en Côte d'Ivoire: organisation spatiale et pratiques urbaines, Editions CIES, Neuchâtel Suisse. 38 Assemblée générale ordinaire de la FIF, 18 Févier 2007, Rapport d'activités. 128 d'administration de la FIF. Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la FIF. Il agit également conformément aux pouvoirs qui lui sont propres et ceux qui lui sont délégués par l'Assemblée Générale. Le Comité Directeur se réunit au moins une fois par mois à compter du jour de sa mise en place et autant de fois qu'il est nécessaire en fonction des activités du moment. Il est convoqué par le Président et organise les compétitions nationales et internationales qui se déroulent sur le territoire de la

Côte d'Ivoire.

- La Direction Exécutive. Le Directeur Exécutif de la FIF est placé sous la responsabilité directe du Président. A ce titre il dirige et veille au bon fonctionnement des différents services techniques, administratifs et financiers de la FIF et coordonne leurs activités. Il gère l'ensemble des relations, au plan administratif, avec les Commissions Permanentes, la Ligue Professionnelle et la Ligue amateur. Il rend compte au Comité Exécutif de l'exécution de ses

attributions. Il est engagé, ainsi que son adjoint sur la base d'un contrat de travail.

Il est notamment, chargé des tâches suivantes: - préparer l'Assemblée Générale ainsi que les séances du Comité Exécutif; - rédiger les procès verbaux de l'Assemblée Générale et des réunions du Comité

Exécutif.

- Les commissions permanentes. Elles sont au nombre de dix-huit. Ce sont : • Commission des Sélections nationales; • Commission des Questions juridiques; • Commission Technique et de Développement; • Commission de la Promotion et Markéting; • Commission de Sécurité; • Commission des Finances; 129 • Commission d' Audit Interne; • Commission Centrale des Arbitres; • Commission de Médecine Sportive; • Commission des Médias • Commission de Contrôle de Gestion • Commission d'Ethique et de Fair-play • Commission du Football Féminin; • Commission du Football d'Entreprise; • Commission du Football Futsal et Beach Soccer; • Commission du statut des joueurs • Commission des associations • Commission Stratégique.

Ces commissions sont des structures techniques qui délibèrent et mènent des activités pour le compte du Comité Exécutif. Les Présidents des autres Commissions Permanentes sont désignés par le Président de la FIF sur proposition des responsables désignés. Les membres des Commissions Permanentes sont désignés par le Président de la FIF sur proposition des responsables désignés. Les attributions particulières sont dévolues à chacune de ses commissions suivant les statuts. Leurs conditions de fonctionnement sont déterminées par les Règlements Généraux de la FIF ou par des Règlements Spéciaux.

- Le Commissariat aux comptes. L' Assemblé Générale désigne, sur proposition du Comité Exécutif, un Commissaire aux Comptes indépendant pour une durée de quatre ans. Il accomplit ses tâches en toute indépendance. Il examine les comptes annuels et dresse un rapport à l'organe suprême de la FIF assorti de ses

observations et propositions.

Depuis sa date de création jusqu'à ce jour, 12 Présidents se sont succédés à la tête de la Fédération Ivoirienne de Football. Ce sont : 130 • Feu Germain Coffi Gadeau (1960-1963)

Il a été à la base de la création de la Fédération Ivoirienne de Football en 1960. Il en devient le premier Président de 1960 à 1963. Pendant quatre ans, il a mis sur pied le championnat national remporté deux fois par l'USC BASSAM (60-61) et par le STADE (62) et l'ASEC (63). En quatre ans, le bureau fédéral dirigé par Coffi Gadeau n'a pu qualifier les éléphants pour une phase finale.

• Feu Mathieu Ekra (1963-1965)

Il fait partie des pères fondateurs de la Fédération Ivoirienne de Football. Au départ de Coffi Gadeau, il prend les rênes de la FIF entant que premier vice-président de Gadeau. De 1963 à 1965, il a joué une Coupe National d'Afrique (CAN) et obtenu une médaille de bronze en 1965. Le Stade d'Abidjan a dominé l'ère Ekra avec deux titres consécutifs de champion de Côte d'Ivoire.

• Feu Ibrahim Coulibaly (1965-1972)

Feu Ibrahim Coulibaly a dirigé la Fédération Ivoirienne de Football pendant sept ans. Il a été le premier président de la FIF à gagner un titre africain, par l'intermédiaire du Stade d'Abidjan, vainqueur de la Cl en 1966. M Coulibaly a été également le premier président de la FIF à intégrer le Comité Exécutif de la Confédération Africaine de Football (CAF). Sous son règne, la Côte d'Ivoire a

participé à deux CAN : celle de 1968 et 1970, avec une médaille de bronze et une

quatrième place.

• Dr Hubert Varlet (1972-1973)

A la fin du mandat de Ibrahim Coulibaly, la FIF a connu beaucoup de problèmes. Pour trouver une solution aux problèmes, il a été décidé la création du 131 Comité National Provisoire (CNP) pour gérer les affaires courantes. Le premier Président de ce comité fut Dr Hubert Varlet qui a fait une année.

• Camille Hoguié (1973-1974)

Il s'est trouvé encore des dissensions au sein du Comité National Provisoire. Pour calmer les esprits, le magistrat Camille Hoguié fut nommé président de la FIF. C'est la première fois qu'un président de la Fédération Ivoirienne a été nommé. Il a

lui aussi fait une seule saison.

• Amani Goly (1974-1980)

Amani Goly, alors Directeur des impôts fut porté à la tête de la Fédération Ivoirienne de Football en 1974. Pendant six ans, il a participé à une seule CAN; celle de 1980 au Nigéria. Mais il faut reconnaître que devant les mauvais résultats des Eléphants (nom de l'équipe national de la Côte d'Ivoire), le Ministre d'alors Laurent Dona Fologo avait suspendu la participation de la Côte d'Ivoire aux phases éliminatoires. En 1980, Amani Goly s'est retiré suite à la création de l'Office National des Sport (ONS) par le Ministère. L e président de la FIF a pris une part active dans la

création de l'UFOA en 1976.

• Jean Brizoua-Bi (1980-1988)

Jean Brizoua-Bi est venu au pouvoir en battant Doffou Kouassi pour le l " mandat et Mondon Konan pour le r= mandat. Il a appartenu au Comité Exécutif de la CAF dirigé par !'Ethiopien Yednachtew Tessema. C'est sous l'ère du magistrat Brizoua-bi que la Côte d'Ivoire a organisé l'édition de la CAN de 1984. C'est aussi sous son mandat que la FIF a construit son siège de Treichville en 1983. Il fut enfin le grand artisan de la venue du sponsor « Craven A » dans le football ivoirien, avec tous

132 les challenges. En tout, M Brizoua a marqué de son empreinte la vie de la FIF durant les huit ans de mandat.

• Emmanuel Ezan (1988-1990)

Emmanuel Ezan a été le premier ancien joueur à devenir président de la FIF grâce au ministre des sports, d'alors, Bernard Ehui Koutouan qui l'a nommé. Malgré l'opposition des présidents de clubs il a été maintenu président. Sous son règne, la Côte d'Ivoire a participé à deux CAN avec des résultats en deçà de l'attente des responsables et du monde sportif ivoirien.

• Réné Diby (1990)

En 1990, place est faite aux élections à la FIF. Diby s'est appuyé sur les clubs de D2 pour battre ses adversaires. Diby s'est appuyé sur les clubs de D2 pour avoir raison de ses adversaires. Mais, il n'a pas pu diriger le FIF, car il a été nommé Ministre des sports suite à son élection au poste de Président de la Fédération de football.

• Ousseynou Dieng (1990-2002)

Dieng Ousseynou a eu le mandat le plus long à la tête de la Fédération Ivoirienne de Football (3 au total). Sous son mandat, la Côte d'Ivoire a remporté pratiquement tous les trophées mis en jeu par la CAF : CAN, coupe des champions, coupe des coupes, coupe CAF et Super coupe mais n'a pas pu qualifier les Eléphants à une phase finale de la coupe du monde. Après les expériences de 1994 et 1998, où l'équipe nationale a échoué par le manque de vigilance de l'organe fédéral, Dieng a été contraint à la démission en 2002 à un an de la fin de son mandat.

133 • Jacques Anouma (2002-2011)

Jacques Anouma a été installé à la tête de la Fédération Ivoirienne de Football par les dirigeants de club le 19 février 2002 dans un contexte où le football ivoirien était en plein doute suite à ! 'échec des "Eléphants" à la CAN 2002. Il devait assurer l'intérim après la démission de M Dieng Ousseynou. Après dix mois de gestion courante de la structure, les présidents ! 'ont élu le 22 décembre 2002 en battant Eugène Diomandé et Noe! Konan Koffi. L'arrivée de Jacques Anouma a été marquée par l'introduction d'une gestion professionnelle de la FIF. En effet, pour une meilleure gestion de la structure, l'équipe dirigée par Anouma a restructuré la FIF en créant de nouveaux organes. Parmi ceux• ci, nous pouvons citer la Direction Générale qui est une innovation. Cette administration, composée de 4839 permanents (donc salariés de la FIF), est l'organe chargé de mettre en œuvre la politique de la fédération telle que définie par le comité exécutif et son Président. La Direction Générale comprend cinq départements : la Direction Technique Nationale (DTN), le Département Compétitions et Qualification (DCQ), le Département Communication (DCOM), le Département Finances et Comptabilité, le Contrôle de Gestion. Au titre des innovations, il a été créé la Ligue

Professionnelle. L'ère Anouma est marquée par la signature de convention avec plusieurs structures et organisations. On peut citer entre autres : - Partenaires leaders : la filière café-cacao à travers le FDPCC, la BCC, le FRC, l' ARCC et FGCCC, Orange Côte d'Ivoire et MTN - Partenaires officiels : la SIR, Pétroci, la BNI, le groupe Bolloré, Côte d'Ivoire

Télécom; - Fournisseurs officiels : Ulhsport, PUMA, Coca Cola ; - Sponsors : LONACI, RTI - Mécènes: Port Autonome d'Abidjan, SOGEPIE, CIDT, ATCI.

39F!F, 2007, Rapport d'activités 134 Toutes ces conventions signées ont permis à la FIF de mobiliser sur les quatre premières années plus de 6 milliards de Francs CFA pour le financement du football. Ces moyens financiers mobilisés ont permis à la FIF d'améliorer le soutien aux clubs. Ainsi, ces clubs bénéficient de subvention annuelle indiquée ci-dessous :

>" 2002-2006 - 12 millions par club de la Dl - 2 millions par club de la D2 - 1 million par club de la D3.

>" 2006-2010 - 33 millions par club de la ligue 1 Orange, soit un taux d'accroissement de

175%; - 5 millions par club de la D2, soit un taux d'accroissement de 150%; 40 - 4 millions par club de la D3, soit un taux d'accroissement de 300% . Outre cette subvention l'équipe fédérale dirigée par Anouma a, au chapitre de la politique de développement du football, mis un accent particulier la détection• formation et les infrastructures. Au niveau de la détection, il importe de relever que grâce au partenariat avec Côte d'Ivoire Télécom conclu depuis le 12 juillet 2002, la compétition des jeunes s'est déroulée de façon satisfaisante sur toute l'étendue du territoire national, dans les catégories junior, cadette, minime et pupille. En termes de statistiques, on dénombrait en 2006, 8115 jeunes joueurs évoluant dans les 368 équipes engagées, à savoir : 251

41 AFAF et 117 clubs . Grâce au Programme Goal 1, la FIF A a alloué des fonds à la FIF pour la construction d'un haut lieu du football à Bingerville : Centre Technique National de Bingerville. Ce centre sert à la formation des cadres techniques, des dirigeants, des arbitres et surtout au regroupement des équipes nationales.

0 ' Rapport FIF, op-cil 41 Rapport FIF, op-cit 135 Outre ce projet, d'importants travaux au stade Félix Houphouët-Boigny et des travaux de réhabilitation de certaines pelouses notamment celles du stade Robert

CHAMPROUX et du Parc des Sports en terrains synthétiques ont été effectués.

Sous le mandat de Jacques Anoma, l'équipe nationale de football: "Les

Eléphants" a participé à deux phases finales de la coupe du monde; celle de 2006 en

Allemangne et 20 10 en Afrique du Sud.

• Augustin Sidy Diallo (2011 à jours)

Augustin Sidy Diallo a été élu président de la FIF le samedi 10 septembre 2011, à l'immeuble de la Caisse de stabilisation (Caistab) à Abidjan plateau, avec 75 voix contre 54 pour Salif Bictogo (Président du STELLA Club d'Adjamé). Il a été membre de la Fédération Ivoirienne de Football sous Dieng Ousseynou et Jacques Anouma. De 1991 à 1994, il occupe le poste de vice-président. Ce passage est sanctionné par le premier et unique sacre des Eléphants à la CAN sénégalaise en 1992. En 2002, il est rappelé à la FIF par Jacques Anouma. C'est encore un succès car la Côte d'Ivoire frôle un second trophée en Egypte (2006). Mieux, les Eléphants se qualifient pour la première fois à une phase finale de coupe du monde. Aujourd'hui, il est à son premier mandat de Président de la FIF et a pu qualifier les Eléphants en finale de la CAN 2012 et 2013. Ces différents présidents de la FIF ci-dessus mentionnés ont chacun à son niveau contribué au rayonnement de ladite structure.

Tableau 9 : Liste des présidents de la FIF

No PERIODE D'ACTIVITE NOM

1 1960- 1963 Germain Koffi GADEAU

2 1963- 1965 Mathieu EKRA

3 1965- 1972 Ibrahim COULIBAL Y 136 4 1972- 1973 Dr Hubert V ARLET

5 1973- 1974 Camille HOGUIE

6 1974- 1980 Amani GOLY

7 1980-1988 Jean-BRIZOUA-BI

8 1988- 1990 Emmanuel EZAN

9 1990 RénéDIBY

10 Î 1990- 2002 Ousseynou DIENG

11 1 :2002-2011 Jacques ANOUMA

12 :201 l- .... Augustin SIDY DIALLO

Source adaptée: WW\\'. fif-ci.com

Cette stru ·ture fédérale dont les Présidents qui se sont succédé depuis 1960 sont mentionnés dan; 1c tableau ci-dessus, est l'organe qui gère tous les clubs en Côte d'Ivoire.

II.4. PRESF.N',_'. TION DES CLUBS AYANT PARTICIPE A LA SUPER• DIVISION 2011

A chaque saison sportive, la FIF organise des compétitions nationales auxquelles prenne 1t part des clubs. Ce sont les championnats de Ligue 1, Ligue 2 et division 3 (D3). c championnat régional, Elites jeunes, le championnat réserve; la coupe Houphouët Boigny, la coupe nationale, le football féminin, le football d'entreprise, le 13 -ach soccer et le futsal. Pour la saison sportive 2011-2012, environ 180 Clubs ont par: icipé à ces compétitions.

Parmi ces impétitions, celles organisées par la ligue professionnelle s'avèrent être les champicinats d'élite au niveau national. Par conséquent, elles attirent l'attention des ol servateurs du football (agent de joueurs, consultants, journalistes sportifs ... ) aussi ien au niveau continental qu'international. C'est généralement, au 137 niveau de ces compétitions que les jeunes footballeurs sont recrutés pour la dcqin:1ti011 des championnats des pays africains et européens.

Ce sont :26 clubs pour la Ligue 2 et 14 clubs de la ligue I repartis sur toute 1 'étendue du territoire national qui ont participé à ces championnats en 2012.

l'ourla Ligue :2. cc sont: AS Tanda. Songon Fe. Stade d'Abidjan, Sabé sport de Bouna. Club omnisports de Korhogo, Moossou FC, Adzopé FC, AS Athlétic dAdjamé, FC Daoukro, Racing Club de Koumassi. Siroco Football Club de San• Pedro. lustitu: de Football Ehou111an Richard. Us Fermier, Lagoké FC, FC San-Pedro, CO 13ouané. COSAP, ES Bafing, AGIR de Guibéroua, SC , Nicla Sport,

Bouaké FC, Club Omnisport Domoraud.

Pour la Ligue 1, cc sont: lAssociaiion Sportive des Employés du Commerce (ASEC-Mirnosas), L'Africa Sports d'Abidjan, le Stella Club dAdjamé, La Jeunesse Club d'Abidjan Trciclwille (JCAT), Le SEWF Sports de San-Pedro. l'Ecole de Football Yéo Martial (EFYM). l'Association Sportive de lIndcnié (AS\) dAbengorou, la Société Omnisport de lArmce (SOA). l'\SS!A WAZ!, l'Académie de Football Amadou Diallo (AFAD), l'Union Sportive des Clubs de Bassam, \'Association Sportive des Clubs de Ouragahio (ASCO). l'Association Sportive de 1 l)\:N(ili\·.LI::. lt.menie Sportive de Bingerville (ESB). Parmi les clubs répertoriés à la Fédération Ivoirienne de Football, ceux faisant l'objet de cette étude sont les six meilleurs clubs connus à l'issue cl"un flfo1ipionnat de cieux poules de sept clubs chacun ayant opposé les 14 clubs de \afLig

mentinnncs. i:11 plus de la première partie du championnat de 11 concernés par cette thèse ont participé également à une super-divisioill0~fi~ journées. Cc sont : 1 · AS [C-M irnosas, le Stella Club cl· Adjarné. le Sewe Spcirt?â~fS~11-Péclro,

\'lJSC-Bassam. \'AFAD et la JCAT.

138 11.4.1. La présentation des clubs à l'étude

Les six clubs faisant l'objet de cette étude ont chacun en ce qui le concerne une histoire particul ière, une organisation et un fonctionnement qui Je caractérise. Ce sont : 11.4.1.1. L'ASEC Mimosas: historique, organisation et

fonctionnement

L'Association Sportive des Employés de Commerce (ASEC) a été fondée en 1947 par trois commerçants d'origine béninoise: Alfred Seho, Louis Boah et François 42 Ouégnin. père de l'actuel président, l'avocat et homme d'affaires Roger Ouégnin sous 1 · appellation de « Sol Béni ». Ce premier nom du club a été choisi en guise de remerciement à Dieu pour la prospérité des affaires des fondateurs sur le sol ivoirien. Après quelques années, l'équipe a été rebaptisée sous l'appellation actuelle. Le nom .ASEC a été retenu d'une part parce que les fondateurs étaient des commerçants et d'autre part pour donner au club une plus grande envergure populaire. En football, I 'ASEC qui a en son sein toutes les catégories : une équipe A et/ou sénior, une équipe junior, une équipe cadette et une équipe minime reste le club le plus tiré du pays.

Tableau 10: Palmarès de l'ASEC

INTERNATIONAL - Coupe d'Afrique des Clubs Coupe d'Afrique des Vainqueurs Champions de Coupe 1 1971 : Demi-finaliste 1983: Demi-finaliste 1976: Demi-finaliste 1992 : Demi-finaliste 1993 : Demi-finaliste 1995 : Finaliste

'' Poli R .. 2001. Le football en Côte d· Ivoire : Organisation spatiale et pratiques urbaines. Neuchâtel Suisse, 2002 139 Lo compétition devient Ligue des 1 Ctuunpions ' 1998 : Vainqueur 2002 : Demi-finaliste 2006 : Demi-finaliste

: Super Coupe d'Afrique 1 Coupe UFOA l 989: Finaliste 07/02/1999 : Vainqueur 1990: Vainqueur (Compétition arrêtée en 1998)

NATIONAL ·---- . -- - - Champion de Côte d'Ivoire Coupe Nationale 1963. 1970. 1972, 1973, 1974, 1962, 1967, 1968, 1969, 1970, 1975, 1980, 1990, 1991. 1992, 1972, 1973, 1983, 1990, 1995, 1993, 1994, 1995, 1997, 1998, 1997, 1999, 2003, 2005, 2000,2001,2002,2003,2004, 2007,2008,2011 2005,2006,2009,2010 Coupe Félix HOUPI-IOUËT- Coupe de la FIF BOIGNY 1975, 1980, 1983, 1990, 1995, l 996, 1998, 1999, 2005, 1995 2007,2008, 2009,2010,2012 , Lauréat de la Coupe Nationale de 1 'Excellence 1999 de la meilleure association sportive

Trophée remis au nom de la Nation Ivoirienne par son Excellence Henri KONAN BEDIE, Président de la République.

Source : www.asec.org

Le siège social du club se trouve à Abidjan, plus précisément au bord de la lagune à Cocody M'pouto. Sur le même site l'ASEC dispose d'un complexe sportif du nom de « Sol Béni >> où s'entraine le club. Ce complexe. qui s'étend sur une surface de 7 hectares, est également le siège de l'Académie Mimo-SIFCOM. créée en février 1994 à l'initiative du français Jean-

140 Marc Guillou, grâce au soutien d'une qumzaine d'actionnaires privés, de la BIAO (Banque Internationale d'Afrique Occidentale) et jusqu'en 1997 de I' AS Monaco, club qui était intéressé à ce que l' ASEC forme des joueurs pour les transférer à des 43 conditions avantageuses. Le seul achat de l'espace a coûté 3 millions de FF . Entre 2000 et 2001, le complexe du sol béni a été agrandi de trois hectares supplémentaires pour y construire le siège social de l'équipe, qui se trouvait à cette époque au Plateau. De plus, un hôtel où héberger les clubs est en construction sur cet espace. Avec les succès et le beau jeu, l'équipe a acquis une popularité qui dépasse les frontières nationales et touche \ 'ensemble de l'Afrique de \ 'ouest. En 200 l, Avec près de 8.000.000 de sympathisants en Côte d'Ivoire et 15.000.000 dans la sous-région, l'ASEC Mimosas est l'un des clubs les plus populaires d'Afrique. Au total 40.000 adhérents (actionnaires), c'est-à-dire supporters possédant une carte de membre qui peut être acquise à partir d'un montant de l .000 francs CFA par année.

En aoùt 2000 on dénombrait 338 comités de supporters. dont 7 situés à l'étranger (2 au Burkina, 2 Paris, l à News York, I à Naples et I à Rome). l l existe S types de comités : de communes, de quartiers (le plus souvent réunis aussi en comités de

communes), de villages, d'entreprises et d'universités. Chaque année, des recrutements sont organisés afin de sélectionner les meilleurs joueurs. En 200 l, 2.200 jeunes étaient visionnés. Les jeunes ainsi recrutés sont logés à l'Académie Mimo-SlFCOM et les plus jeunes n'ont que l O ans. Le club

emploie SS personnes en plus des joueurs. Jusqu'à ce jour I 'ASEC a connu 19 Présidents dont les noms sont indiqués dans

le tableau ci-dessous.

4' Stades d' 1\friqu1,:. mars 2001. Knrnbiré Elie. cué par Poli op-cit 141 Tableau 11: Liste des Présidents de l"ASEC

PERJODE NOM ET PRENOMS OBSERVATIONS 1948-1950 KOUAMELAN Joseph

1950-1951 SEHO Tronnou Dossevi Alfred

1951-1953 Lucien DOGBO

1953-1954 LOGON François

1954-1956 Louis BOAH

1956-1958 VAQUIER puis Me François OUEGNlN

1958-1960 Me François OUEGNIN

1960-1964 M'BAHIA Blé Kouadio

1964-1969 KAMANO Kata François

1969 -1970 KOUY A TE Marnadou Lanzeni Namogo Pero 1970-1975 COULIBALY

1975-1977 1 Me Emile DERVAIN 1977-1979 I BEGNANA Bogui 1979-1980 1 TOURE Mamadou

1980-1981 1 Victor EKRA

1981-1983 1 ANDOH Claude

1983-1987 1 TOURE Marnadou 1 puis Présidium avec pour porte parole Jean-Jacques BECl-110

1987-1989 1 AHOUA Kangah Michel 1 Depuis le Me Roger Maurice Désiré 19/1 1/1989 OUEGNIN

Source : www.asec.org

142 Photo 1 : L'équipe l'ASEC 2012

PHOTO OFFICIELLE 2012 ',. .

Source: www.asec.org

11.4.1.2. Le STELLA Club d' Adjamé

Le Stella Club a été créé en 1953 par la fusion du Red Star, de l'Etoile d'Adjamé et de !'US Bella. M DOUTIGUI DIOMANDE est le fondateur et premier

Président de ce club Omnisport. Depuis sa création, le STELLA est réputé pour sa formation des jeunes joueurs. Il a offert au football ivoirien, continental et international des joueurs tels que : - Jean Marc BENIE - GADJI Céli - Diaby SEKANA - KANGA Gauthier Akalé - KANDIA Traoré - Jean Jacques GOSSIO ... En 2012, le centre de formation du club est composé de trois catégories: - Minimes : 25 pensionnaires

143 Cadets : 30 pensionnaires Juniors : 25 pensionnaires. La couleur du maillot du Stella est Je Vert-Blanc; ses membres et supporteurs sont surnommés les "Magnan". Le STELLA se définit comme un club populaire parce qu'appartenant à une cité commerciale qui reste l'un des quartiers populaires du district d'Abidjan. Le siège et Je terrain d'entrainement du club sont situés dans la commune dAdjarné entre Je siège social du quotidien « Fraternité Matin» et les 220 logements,

et ce, non Join de la cité Universitaire. Après le stade de l'Université, de SONACO, les équipes de football, séniors, juniors, cadets, s'entrainent actuellement clans un stade situé non loin du siège.

Les « Magnan» sorganisent en comités de quartier, dont J'aire géographique est déterminée par Je comité exécutif, ou en comités d'entreprise. Le secrétariat général du club se charge de coordonner les activités. Parlant de son palmarès. Je Stella est détenteur de plusieurs trophées et de titres aussi bien au niveau du football national que continental.

Tableau 12 : Palmarès du STELLA

INTERNATIONAL

COUPE CAF COUPE UFOA - 1993 : Vainqueur - 1979: Finaliste

111 - 2004 : 8" " de finale - 1981: Vainqueur - 2005 : 8ème de finale - 1987 : Finaliste

COUPE fEDER.A TION CLUB CHAMPIONS

111 - 1997: Vainqueur - 1980 : 16" " de finale - 1982 : 8"111c de finale - 1985 : 16"n"· de finale

N/\TION/\L

144 CHAMPIONNAT DE C.I COUPE FELIX HOUPHOUET B. - 1979 : Champion - 1976 : Vainqueur - 1981 : Champion - 2004 : Y:: finaliste - 1984 : Champion . 2005 : Finaliste COUPE NATTONALE COUPE DES COUPES

. 1967 : Finaliste . 1975 : Finaliste . 1970 : Finaliste - 1976 : 8""'e de finale . 1973 : Finaliste - 1974 : Vainqueur

. 1975 : Vainqueur

. 1980: Finaliste

Source : Secrétariat du Stella Depuis sa création jusquà ce jour. le STELLA a été dirigé par 16 Présidents et un collecti r de présidents. Ce sont : Tableau 13: Liste des Présidents du STELLA dAdjamé

NOM ET PRENOMS OBSERVATIONS

DOUTIGUl DIOMANDE

PAUL GUY DTBO

KOUAME NANAN

BA SOULEYMAN

WOUNE BLEK./\.

DICKO SOULEYMAN puis Me François OUEGNIN

S!DlBEYAYA

AMADOU DlALLO

AKE SIMEON 145 Collectif des pharmaciens (Feu ELINGAND, BADIO LEONARD, AKA AHOUELE)

ALABY

LOUMKADER

N'KOUMO MOBIO

NIANV AS ALBERIC

OSSE GNANSSOU

MAXIMEEKRA

SALIF BICTOGO

Source : Secrétariat du Stella

Photo 2: Equipe du STELLA Club d'Adjamé 2012

Source : www.fif-ci.com

146 11.4.1.3. L'Union Sportive des Clubs de Bassam

L'Union Sportive des Clubs de Bassani a été fondé le 15 Septembre 1948 par la fusion de trois clubs: FCil, PARIS ESSOR et ASAH. L'USCB est parmi les premiers clubs de football à participer à une compétition officielle en Côte d'Ivoire. Dans les années 1960, l'Union Sportive des Clubs de Bassam a régné sur le football ivoirien en imposant sa suprématie à toutes les autres équipes d'alors. L'hégémonie du club de la ville historique et touristique sur le football ivoirien n'aura durée que trois ans. En effet. de 1956 n 1961. l'USCB a été trois fois champion de

Côte d'Ivoire et deux fois vice champion.

Tableau l 4 : Palmarès de l 'USCB

PALMARES ANNEES CHAMPION DE COTE 1956-1957 / 1959-1960 / 1960-1961 D'IVOIRE 1958-1959 VICE CHAMPION

Source . ""'" .uscb.org

Le siège du club est situé à Grand-Bassam au quartier France/Ganamet Ses couleurs sont le Bleu-rouge en référence au couleur du drapeau tricolore du pays

colonisateur: la France. Depuis sa création jusqu'à ce jour, le club a été successivement dirigé par 14

Présidents présentés dans le tableau ci-dessous.

147 Tableau 15: Liste Présidents de l'LSCB

IN° IINOM ET PRENOMS IIMONNl::Y RA Y:vlOND (année) Il 12 IIABOUJEAN 13 IICANGAH HUBERT 14 IICOFFI BILE 1s IIMOCKEY JEAN-BAPTISTE 16 IIAMETHIER JEAN-BAPTJSTE 17 IIAHOUSSI EBA 18 IIABLE FREDERIC 19 IISI-ŒR JEROME 110 IINIAMKE DESIRE IITRAORE MAXIME I'' 1

112 IIPORQUET HENRJ 1

113 IICANGAH GUY 1 114 IIEZALEY GEORGES 1

Source : w,, w.uscb.org

148 Photo 3: Equipe de USC BASSAM 2012

Source : www.fif-ci.com

11.4.1.4.Le SEWE Sport de San-Pedro

Fondée en 1970, Le SEWE Sport est le représentant de la ville portuaire de San-Pedro dans le championnat national de football de Ligue 1. Cette ville côtière est située dans le Sud-ouest de la Côte d'Ivoire, à 348 Km d'Abidjan. L'équipe de la Région du Bas-Sassandra est dirigée par Monsieur Eugène DIOMANDE, un homme d'affaire ivoirien, qui a succédé à Monsieur Glôkonhi André GBAO depuis 2003. Le SEWE Sport arbore le maillot de couleur bleu et blanc et reçoit ses rencontres sur le stade Auguste Denise, du nom de l'ancien ministre d'Etat dans les premières années de l'indépendance de la Côte d'Ivoire. Le SEWE Sport de San-Pedro fait partie des équipes de l'intérieur du pays qui cherchent, depuis son accession à la Ligue 1, à bouleverser l'hégémonie des clubs d'Abidjan sur le football ivoirien. En 2006, il a remporté la Coupe Félix Houphouët-Boigny et a aussi décroché le titre de vice champion de Côte d'ivoire, juste derrière l 'ASEC Mimosas.

149 A cette prouesse de 2006, il laut ajouter les titres de finaliste de la Coupe nationale en 1999, 2005 et 2012. Sur le plan international, cette équipe n'a pas encore participé aux phases finales des compétitions africaines parce qu'étant toujours

éliminée pendant les tours préliminaires.

Tableau 16: Palmarès de SEWE Spo11

PALMARES ANNEES Au niveau national

2012 CHAMPION DE COTE D'IVOIRE 1958-1959 VICE CHAMPION FTNAUSTE COUPE NATIONAL 1999,2005,2012 V AINQVEUR COUPE FELIX 2006.2012 HOUPHOUET BOIGNY Au niveau international CHAMPIONS LEAGUE 2007 ( 1 cr tour), 2013 ... 2006 ( 1 cr tour). 2010 ( 1 cr tour), 201 1 COUPE DE CONFEDERATION (Tour préliminaire). 2012 (Tour préliminaire)

Svurcc aJnptéc: vvvvvv.fi f c i.org

Les objectifs du Séwé Sports de San-Pedro, depuis l'avènement d'Eugène Diomandé à sa tête n · ont pas changé. Les Séwékés (le nom des membres et supporteurs de l'équipe) veulent briser la hiérarchie dirigée par les Mimos (ASEC) et les Oyés (Africa Sports d'Abidjan). Le SEWE Sport impose des oppositions farouches aux équipes d'Abidjan, surtout à domicile, sur le stade Auguste Denise et très souvent dans la capitale économique. On peut ainsi citer quelques prouesses du SEWE face aux équipes d'Abidjan. En 2010, lors de la 18ejournée de Ligue 1. il a contraint J'ASEC Mimosas à un match nul (0 -0). Cette année, lors du tournoi des africains, le SEWE a concédé 3 150 défaites en autant de match. Se classant ainsi à la 4e place, derrière l 'Africa Sports, l' ASEC Mimosas et la JCAT. Aujourd'hui, le SEWE a un nouveau visage, avec le changement au sein de son encadrement technique. En 2012, suite à la superdivision entre les six meilleurs clubs de la saison sportive, le SEWE Sport de San-Pedro est arrivé à se hisser au plus haut du podium du football national. Suite au dernier match joué le samedi l " septembre 2012 au Stade Champroux qui l'opposait à l'Union Sportive des Clubs de Bassam, il a été consacré équipe championne de Côte d'Ivoire 2012.

Photo 4 : Equipe du SEWE Sport de San-Pedro 2012

Source : www.fif-ci.com

II.4.1.5. La Jeunesse Club d'Abidjan Treichville

Fondé le 04 janvier 1932, la Jeunesse Club d'Abidjan Treichville (JCAT) fait partie des premières équipes de football à voir le jour en Côte d'Ivoire. A sa création,

151 le club était nommé Jeunesse Club d'Abidjan (JCA). Les personnalités ayant participées à la création de ce club sont entre autres :

M Bilali GUINDO; - MOH Michel père de MOH Emmanuel. Depuis sa création, il est basé à Abidjan. Son siège actuel se trouve dans le quartier du plateau à l'immeuble Nabil au !"'étage.Sa couleur est le rouge-blanc. Le 10 Décembre 2006. à la demande du Maire de Treichville M Albert AYllCHIA, les membres du Conseil d'Administration du club ont tenu une assemblée génér:dc marquant sa renaissance. C'est seulement à partir de cette date que le club a changé de nom, pour s'appeler désormais la .Jeunesse Club d'Abidjan Treichville

(JCAT). Depuis cette renaissance jusqu'en 2012. c'est Me ADOU qui préside la

destinée de la JCA T. Mais bien avant, différentes personnalités se sont succédées à la tête du club de

la commune de Treichville. Ce sont entre autres: 1998-1999: Me Niamien N'guessan Antoine 1999-2003 : M ANOMA Jacques 2003-2006 : Me Niamien N'guessan Antoine Grâce aux différents présidents ci-dessus et à leurs prédécesseurs, le club a connu

aussi bien au plan national que coruiueutal. u11 modeste palmarcs.

Tableau 17: Palmarès de JCAT

PALMARES ANNEES Au niveau national

2002,2005,2010 VICE CHAMPION

V A[NQUEUR COUPE 1963 NATIONALE FINALISTE COUPE NATIONALE 2008,2010 VAINQUEUR COUPE FELIX 20 Il 152 II.4.1.6.L' Académie de Football Amadou Diallo de Diékanou

L'idée de création de l'AFJ\D. qui émane Monsieur Jacques Anourna, date de 1999. Mais il a fallu attendre les années 2000 pour que commencent les travaux d'aménagement du centre de formation à Djékanou, ville située dans le Centre de la

Côte dIv oirc. à 200 km d'Abidjan et ù 50 km de Yamoussoukro.

Le recrutement de jeunes talents est également lancé sous la direction de techniciens nationaux compétents. Les tc,ts ont lieu sur k::, installations de l 'Instirut National de la Jeunesse et du Sport (INJS) à Marcory. Les joueurs retenus participent à un stage à l'Académie des Sciences et Techniques de la Mer. dans la commune de

Yopougon (Abidjan). A lissue de ceue phase ultime du recrutement. treille-cinq (35) jeunes footballeurs sont ckliniti1 c111<.'1ll retenu, et inti\'.rc lacadérnie de Djèkanou

dénommée: Association Sportive Pythagore (.L\S Pythagore).

Le 27 juin 2005, les membres fondateurs tiennent l'Assemblée Générale

Constiuni: c. 1 · ,1,soci,ll i,i11 i.:st ,·1·~c;,, "''" I' :1p11c·l l.u ion d'Associarion Sportive

Pythagore avec pour couleurs le blanc. 1 · orange et le , cri.

En 2006, le Conseil d'administration autorise le club à participer au championnat des Associations de Foot bal I Affiliées à la FI F (AF AF) à Yamoussoukro dons la catcgoric des jeunes de 14 à 15 ans et au ch;impionnat régiona] dans la zone Centre-Est pour les joueurs de 16 à 17 ans. Des confusions administratives auprès de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) amènent le Conseil d'administration à unifier les deux entités sous ! 'appellation Académie de Football Amadou Diallo,

avec pour couleur bleu et blanc. C'est en 2009 que le Conseil dAdrninistrarion a décidé de professionnaliser le

club et de transférer son siège social à Abidjan. tout en conservant l'appellation de

l'association. Son siège social est alors établit à Abidjan, précisément dans le quartier du Plateau. au 14"m" étage de l'immeuble Belle-Rive. Avenue Lamblin. C'est là que

travaille toute l'administration composée de: 154 - Personnel administratif

- Staff technique

- Manœuvres. Le siège comprend un bureau de comptabilité, un bureau du Manager Général et une salle comprenant trois bureaux destinés au Secrétaire Général, au Secrétaire Général Adjoint et à lAssistante de direction. Outre ce local. l'AfAD dispose d'un siège annexe à Djékanou, derrière I'Hôtel Alliébé. En sept ans d'existence seulement contrairement aux autres clubs, l'AFAD a réussi à se hisser parmi les "grands clubs" du football national en Côte d'Ivoire grâce au talent de ses joueurs issus tous du centre de formation du club. Le club participe alors pour la toute première fois au championnat national Ligue I en 2010 où il reçoit ses matches au stade Champroux de Marcory. Pour cette première participation au championnat d'élite national. l'AFAD a terminé à la sixième

place. En 2011, le nom du club est raccourci en AFAD Djékanou. A l'issue de cette saison sportive (2011 ), elle est couronnée de réussite avec une deuxième place dans le groupe B lors de la première phase, puis un titre de vice-champion, seulement devancé par Africa Sports au classement final de la poule pour le titre. Cette place de dauphin permet à l'académie de participer pour la première fois de sa jeune histoire à la plus prestigieuse des compétitions africaines, la Ligue des champions de la CAF. En 2012, elle termine à la première place de la poule B lors de la phase des poules. puis vice-champion, devancé par le SEWE Sponde San-Pedro.

Club formateur, l'AFAD dispose d'un centre de formation de football situé à Djékanou qui accueille actuellement 26 pensionnaires et disposent de 2 salles de cours. C'est dans ce centre que sont formés les joueurs du club. De sa date de création. de 2005 jusqu'en 2009. l"AFAD a été dirigé par Monsieur Jacques Bernard ANOUMA, président de la Fédération Ivoirienne de Football de 2000à2011. Actuellement le club est dirigé par M TRAORE Sounkalo.

155 Image 6: Equipe de AFAD 2012

Source : www.afad.ci

Depuis plus d'une soixantaine d'années, la plupart des clubs présentés ci-dessus «produisent» des footballeurs professionnels qu'ils mettent à la disposition du football mondial. En effet, la migration des footballeurs africains vers l'Europe remonte bien avant les années de l'indépendance. Dès les années 1930, les clubs européens ont commencé a enrôlé les footballeurs d'origine africaine en général et particulièrement les ivoiriens ; ce qui pose le problème de la migration en Côte d'Ivoire.

156 11.5. HISTORIQUE DE LA MIGRATCON EN COTE D'IVOIRE

Comme l'indique Thomas Faist (1997) toute étude sociologique sur la migration. sur les flux migratoires se doit d'intégrer les différents niveaux d'analyse de certe réalité protéiforme. La migration, l 'inscription des individus dans un projet migratoire ne s'effectue pas au sein d'un espace géographique, d'une société de façon neutre. L'acte migratoire, en raison de sa logique multidimensionnelle, est le lieu de représentations, d'enjeux et d'aspirations singuliers. En Côte d'Ivoire, la migration (immigration/émigration) est un phénomène doté d'une historicité, d'une dynamique

propre à lui octroyer une relative autonomie.

II.5.1. Dimension historique des mouvements migratoires en Côte d'Ivoire

Selon MERABET (2006). l'histoire de la Côte d'Ivoire se confond avec celle des mouvements de populations. De nombreux auteurs ont montré, à partir de l'étude des sources archéologiques, historiques et de la tradition orale, que les premières migrations commencèrent sans doute au premier millénaire lorsque les Sénoufo

s'installèrent dans le Nord. A partir des \ v'èrne et XVI ème siècles. ln chute du grand empire du Mali entraîna le déplacement du peuple Manding (Malinké) qui s'installa dans les régions septentrionales de l'actuelle Côte d'Ivoire occupant une partie de l'ancien territoire des

Sénoufo et y créant de petits royaumes. Le pays a connu aussi l'arrivée d'autres peuples Mandé (Dan, Gouro) dans le centre et l'ouest qui repoussèrent alors vers le sud-ouest et

la côte les populations déjà présentes (Bété, Dida).

/\u sud, les grandes migrations des Akans commencent à la fin du XVème siècle. Ces peuples occupent la grande région que l'on situe aujourd'hui autour d'Abidjan. Ils quittent l'Ashanri (actuel Ghana) et s'installent clans la région de Bondoukou, où leur royaume s'organise au XVIIe siècle. Venant aussi de l'Ashanti, une première vague Agni se fixe en 1680 dans la région d'Aboisso. lis fondent le petit royaume du Sanwi. Euxmêrnes furent assez rapidement chassés et s'installèrent au bord de la Cornoë

157 (région d'Abengourou) pour fonder le royaume du Ndenyé qui tira sa richesse de ses mines d'or, puis, au XXe siècle, de la culture du café et du cacao.

Chassé du Ghana à la suite de querelles de succession au trône de l'Ashanti, la reine Abia Pokou entraîne le clan Akan des Assabouvers vers l'Ouest. Après avoir repoussé les Sénoufo vers le Nord, les Baoulé créent un royaume dans le centre de la Côte d'Ivoire. Installés dans leur capitale Sakassou, au Sud de Bouaké, leurs souverains

régneront jusqu'à la lin du XIXèrne siècle Les premiers Européens. des navigateurs ponugais, arrivent dans le golfe de Guinée à la fin du XVème siècle avec des intentions initialement pacifiques.

Cependant, à partir du XVI ème siècle. les Africains seront déportés en masse vers les Amériques. La traite négrière aura des conséquences dramatiques sur la démographie

des populations touchées. On voit clairement que le territoire de l'actuelle Côte d'Ivoire a connu des vagues successives et anciennes de migrations. Comme souvent, ces mouvements de population résultaient des guerres multiples que se livraient les peuples dans la sous région et de changements de conditions économiques liées souvent aux conditions climatiques (sècheresses. appaunisscmcnt de la terre. etc, ). La période de colonisation a donné naissance à une forme nouvelle de migration. à savoir la migration de travail. En première analyse, on constate que la réalité des flux migratoires est très mal connue jusqu'au début du XXème siècle, dune part, parce que le contrôle exercé par l'administration coloniale ne couvrait pas tout le territoire de l'actuelle Côte d'Ivoire et, d'autre pan, parce que l'on ne disposait à l'époque que de peu de moyens pour mesurer les phénomènes démographiques. Le premier recensement de la Côte d'Ivoire date du 1er décembre 1901 et comptabilise 1 959 360 personnes. L'administration coloniale accordait une grande importance à une connaissance précise du nombre d'indigènes, notamment à partir de 1903 avec l'institution de deux impôts (la prestation et la capitation) supportés par les communautés ,·illageoises et dépendant directement de

l'effectif de leurs habitants. Malgré les réserves quant à ! 'exactitude des chiffres avancés, on peut néanmoins

158 constater que les flux migratoires ne jouaient alors qu'un rôle marginal dans la dynamique de peuplement. << Ainsi. le recc11sc111e111 de I 9F! ne comprabilise qu'une tré: faibl« proportios: d 'mdivi.lu: susceptibles de venir des colonies voisines. Établi sur des critères ethniques, il ne prend explicitement en compte que les ethnies qui couvrent entièrement ou partiellement le territoire ivoirien. Deux des catégories ethniques prises en compte par le recensement peuvent inclure des populations que l'on qualifierait

aujourd'hui non ivoiriennes d'une part celle des Malinké, chiffrée à 187 841 individus, mais concerne principalemem les Diou/a "ivoiriens", d'autre part une

catégorie « autre >> qui rassemble 18 788 personnes, sur un total de I 541 788 individus

recensés. La présence des "11011 lvoiriens'' apparait, d 'apres ce recensement, à ce point marginale qu'elle ne donne pas lieu à une comprobilisalion paniculière par rapport à

la population totale ». Cc n · est qu · :'i partir des années 1920 que 1 'on observe une véritable intensification des flux migratoires. Cette intensification est directement liée au projet colonial de développement de l'agriculture de plantation, dans le sud-est puis dans le centre-ouest du territoire. Les migrants deviennent alors une pièce essentielle du dispositif colonial d'exploitation des ressources agricoles. Selon le principe récurrent de la dualité, la valorisation sociale que leur accorde l'administration coloniale crée un antagonisme fort avec la population autochtone. On voit que la question foncière est alors une clc de lecture mdispensable pour comprendre la complexité des phénomènes

migratoires en Côte d'Ivoire.

La mise en valeur des terres se heurte néanmoins à un véritable problème de main-d'œuvre. la zone forestière souffrant d'un sous-peuplement alors que l'arboriculture nécessite d'importantes ressources humaines. Cela a conduit l'administration coloniale à mettre en œuvre une politique migratoire visant, d'une part, à freiner les mouvements cle populations hors des zones forestières et. d'autre part, à faire appel massivement à la main-dœuvrc des colonies voisines. Cette politique migratoire va instituer le travail obligatoire comme mode principal de gestion de la main-d'œuvre. La Haute Côte d'Ivoire. actuel Burkina Faso. contribue pour plus de la

159 moitié des travailleurs recrutés chaque année dans la colonie. D'après les registres administratifs, leur nombre est de 855 hommes en 1935. JI s'élève à 3 932 dès 1936, passe progressivement à 9 565 hommes en 1939 pour atteindre son pic en 1942 avec près de 36 000 hommes. Autoritairement mis en contact avec l'économie de plantation, ils sont largement investis du rôle de manœuvres agricoles, rôle qu'ils conservent partiellement après 1946. La Seconde Guerre Mondiale ,·a modifier radicalement les rapports entre ! 'administration coloniale et les populations sur place. On assiste à la formation d'une société civile s'émancipant de plus en plus de la tutelle coloniale. Ainsi, se constituent les premiers partis politiques, parmi lesquels le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire qui. principalement dirigé par des planteurs allogènes et baoulé en particulier, joue un rôle de plus en plus prépondérant. On passe donc d'un stade de contrôle autoritaire à celui d'une nécessaire collaboration avec les élites locales. Les immigrés deviendront alors des interlocuteurs privilégiés au détriment des autochtones. Cela provoquera bien sùr des dissensions aiguës que ne cesseront de s · aniser au cours de temps.

L'abolition du travail obligatoire ne ,·a pas pour autant freiner l'arrivée massive de travailleurs de Haute Volta. Ainsi, ne bénéficiant plus de subventions de l'administration coloniale les employeurs de Côte d'Ivoire créent le Syndicat Interprofessionnel pour l'Acherninernent de la Main d'Œuvre (SIAMO) en 195 l. li va permettre de procéder à 16 000 recrutements en 1947, 18 143 recrutements à la veille de l'indépendance en 1959.

Après l'indépendance, l'appel à la migration de travail ne s'est pas démenti. On constate néanmoins une diversification de cet appel à l'immigration. La politique migratoire de la Côte dlvoire au cours cles années 60-80 fut. comme dans beaucoup de pays africains, OLI\ erie à la libre circulation des personnes. Diverses mesures incitatives furent d'ailleurs instaurées afin de favoriser 1 'implantation des migrants, notamment en matière d'acquisition de terres cultivables. Cependant, assez rapidement, on assista au début des années 80 à un mouvement des immigrés burkinabés et maliens vers Abidjan selon un processus identique à l'exode rural ivoirien. l60 Concernant la Côte d'ivoire. c'est bien un facteur démographique, la pénurie de main d'œuvre dans le secteur agricole, qui explique l'appel massif à l'immigration. Parallèlement, la mise en œuvre de programmes ambitieux de développement dans les secteurs sociaux nécessita l'appel à des cadres moyens et supérieurs princi paiement dans le domaine de l'enseignement. Au début des années 1980, on estimait à plusieurs milliers les enseignants non ivoiriens dont 2000 à 3000 dans le secteur public.

A partir des années 90, la croissance démographique naturelle et la crise économique ont amené les autorités ivoiriennes à limiter les migrations, notamment par ! 'institution de la carte de séjour en 1991, voire à mettre en cause les droits économiques des «étrangers» (restriction à l'entrée dans la fonction publique dès 1991 : loi foncière de 1998). La suppression du droit de vote aux étrangers en 1995 signifie en effet la volonté d'affirmer le caractère exclusivement national des droits politiques et civiques en Côte d'Ivoire. Cette situation a provoqué une rupture avec la

politique de large accueil des immigrés conduite depuis 1960.

Malgré cette politique de restitution, et ce, d'après le recensement de la population générale en 1998, le nombre de d'étrangers en Côte d'Ivoire na cessé de

s'accroître. 11.5.1.1. La population étrangère résidant en Côte d'Ivoire

La source principale de données est le recensement de la population ivoirienne de 1998. D'après ce recensement, la population étrangère résidant en Côte d'Ivoire a crû continüment depuis 1975 passant de 1,47 millions à 4 millions de personnes en 1998. Cette évolution, ainsi est présentée dans le tableau ci-dessous.

161 Tableau 18: Population étrangère en Côte d'Ivoire selon le pays d'origine aux trois derniers recensements

1975 l988 1998 Effectif Pourcentage Effectif Pourcentage Effectif Pourcentage ~Pays Burkina Faso 774 096 52,5 1 565 104 51,5 2 210 026 56,0 Mali 353 873 24,0 714 174 23,5 792 009 19,8 Guinnéc 98 789 6,7 224 889 7,4 228 003 5,7 Ghana 47 183 3,2 167 147 5,5 132 002 3,3 Bénin 38 336 2,6 85 093 2,8 108 001 2,7 Togo 13 270 0,9 42 547 1,4 72 001 1,8 Sénegal 20 643 1,4 39 507 1,3 44 001 1,1 Mauritanie 15 195 0,5 20 000 0,5 Nigeria 42 760 \9 51 664 1,7 72 001 1,8 Autres Afrique 48 657 3,3 197537 6,5 200 002 5,0 Non-Afrique 36 862 2,5 - 32 000 0,8 Non déclarés 60 001 1,5 Total 1 474 469 100 3 039 037 100 4 000 047 100

Source: RGPH, 1998

162 Le tableau ci-dessus, au-delà de certaines fluctuations difficilement explicables (et qui tiennent peut-être à des erreurs de dénombrement). fournil trois grandes conclusions :

1) La Côte cl' l voire accuei lie un nombre très important d'étrangers : ceux-ci représentent, en 1998, 26 % des 15,4 millions de personnes recensées.

2) Cette immigration est très majoritairement africaine (99 %). Elle provient essentiellement des pays de la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et plus particulièrement du Burkina Faso (56%), du Mali ( l 9,8%) et de la Guinée (5.8%)

3) La part de population étrangère non africaine na cessé de décroître entre 1975 et 1998 passant de 2,5 % à 0.8% de la population recensée.

A travers ce qui précède, on pourrait dire que la Côte d'lvoire, malgré les mesures de restitution de la politique migratoire à partir de 1990, reste tout de même un pays d'immigration par excellence en Afrique de ! 'ouest depuis l'ère du peuplement du territoire en passant par la période coloniale. A contrario, le flux des émigrés paraît relativement moins important que celui des immigrés.

11.5.1.2. La population ivoirienne résidant à l'étranger

Selon MERABET (2006). les seuls chiffres disponibles sont les résultats du recensement électoral de 2000 fournis par le Département des l voiriens de 1 '1::.tranger (DIE) du Ministère ivoirien des Affaires Etrangères. li correspond donc qu'aux Ivoiriens ayant effectué une démarche en vue de leur inscription sur les listes électorales. Dès lors, le chiffre avancé nest que partiel et ne saurait être représentatif de la totalité de la diaspora ivoirienne. Des entretiens effectués avec le DIE par MERABET (2006) dans le cadre d'une étude sur le profil migratoire de la Côte dIvoire. il ressort quaucune autre estimation n'a été réalisée depuis lors même si un projet de recensement des Ivoiriens de ! 'étranger est en cours d'élaboration.

Le tableau de ci-dessous présente la réalité des ivoiriens vivants à l'extérieur de leur pays d'origine. 163 Tableau 19: Population ivoirienne vivant à l'extérieur de la Côte d'Ivoire

Pays Effectif % Pays Effectif % France 50 000 31,0 Afrique du Sud 400 0,2 Etats-Unis 50 000 31,0 Libye 400 0,2 Mali 17 000 10,5 Arabie Soudite 361 0,2 Italie 15 000 9,3 Tunisie 250 0,2

Grande 7 000 4.3 Israel 230 0, l Brétazne Sénégal 5 000 3, l Danemark 201 0,1 Allemagne 3 211 2,0 Chine 168 0,1 Burkina Faso 2 426 1,5 Inde 141 0, l Canada 1 200 0,7 Ruissie 131 0,1 Suisse l 113 0,7 Ethiopie 110 0,1 Guinée 1 000 0,6 Corée 100 0,1 Gabon 944 0,6 Algerie 97 0, 1 Ghana 853 0,5 Brésil 65 0,0 Belgique 850 0,5 Japon 62 0,0 Espagne 807 0,5 Angola 46 0,0 Marne 766 0,5 Mexique 2g 0,0 Nigéria 533 0,3 Iran 15 0,0 Egypte 471 0,3 RDC 450 0,3 Total 161 430 100

Source. Département des lvoiriens de l'étranger (DIE)

Les données contenues dans ce tableau fournissent un nombre de 161 430 Ivoiriens vivant à l'étranger. Plusieurs remarques s'imposent. D'abord ce nombre est sans doute largement en deçà de la réalité. li ne comprend que les Ivoiriens ayant fait

164 une démarche d'immatriculation consulaire. notamment pour leur inscription sur les listes électorales. JI s'agit donc d'une démarche volontaire. Malgré cette limite évoquée ci-dessus, on peut confirmer que la population ivoirienne vivant à étranger est très restreinte. Elle représente à peine 1 % de la population totale. A titre de comparaison. on estime à plus de 25 % la pan de la population malienne vivant à l'étranger. Les émigrés ivoiriens sont principalement concentrés en Europe ( 49 %) et aux Etats-Unis (31 %). La France est, de loin, la destination européenne privilégiée (31 % de l'émigration totale). Notons, que l'Italie apparaît co111111e une nouvelle destination pour la communauté ivoirienne (près de 10

% du total des émigrés). A contrario, l'Afrique ne représente qu'une pnrt très faible de lémigraiion ivoirienne (20 %). Le Mali fait cependant exception contribuant à près de 10 % de l'émigration totale (50 % de lérnigration africaine).

11.5.2. Historique de la migration des footballeurs

fi .5.2.1. Aspect historique de la migration des footballeurs Africains

L'histoire de la présence de footballeurs africains en Europe n'est pas aussi récente que l'on pourrait penser. Dans le~ années 1930 déjà, des joueurs maghrébins étaient en effet recrutés par des clubs français. li s'agissait pour la plupart de footballeurs marocains, recrutés au travers d'une filière qui s'organisait entre la France et Casablanca, le club de !"US Marocaine en particulier. C'est ainsi qu'en 1938, la « perle noire » Larbi Ben Barek est transféré à ! 'Olympique de Marseille

(Mahjoub 1998). Des années 1930 aux années 1950. dautres footballeurs de !'US Marocaine sont recrutés par des clubs français (Zatelli, Janin, Fontaine, Chicha, les frères Mahjoub, etc.). Durant cette même période, de nombreux joueurs algériens sont également transférés par des clubs professionnels français (Boubekeur, Zitouni, Arribi, Ben Tifour, Meftah, Belaïd, 1-laddad. etc.): Les plus performants d'entre eux 165 sont aussi intégrés à la sélection tricolore. C'est notamment le cas de Rachid Mekhloufi, stratège de !'AS Saint-Etienne et joueur de l'équipe de France jusqu'au moment où. le 14 avril 1958, deux mois avant le début de la Coupe du Monde à laquelle il était destiné de participer sous les couleurs françaises, il décide de quitter l'Hexagone et de se rendre à Tunis pour former l'équipe du Front de Libération ationale (Lanfranchi, Wahl 1996). Il est alors accompagné par 31 autres footballeurs maghrébins qui évoluaient pour des clubs professionnels français (Monaco, Saint• Étienne, Bordeaux, Toulouse, etc.). Conscients du potentiel des joueurs présents dans leurs colonies cl' Afrique occidentale française (AOF), où le football se développe fortement au sein des autochtones, dès la fin de la seconde guerre mondiale les clubs français commencent à prospecter aussi dans cette région du monde. Certes, un joueur d'origine sénégalaise, Raoul Diagne, avait déjà joué pour le Racing Club de France et pour la sélection française dans les années 1930. mais son arrivée dans l'Hexagone n'était pas directement liée au football. Ce joueur. en effet. n'était rien d'autre que le fils de Blaise Diagne, député à l'Assemblée nationale, et s'était embarqué vers la France

pour poursuivre ses études. Ce n'est que dans les années 1950 que des filières de transfert sont mises en

place entre l'Afrique occidentale et la France. A la mcmc époque, les clubs portugais

se meueru aussi à recruta des joueurs provenant de leurs colonies en Afrique. Comme en France. ils sont parfois aussi employés dans l'équipe nationale, à l'image d' Eusebio et de Mario Esteves Coluiia. Ces joueurs avaient été repérés et recrutés au Mozambique à la suite de tournées effectuées par les clubs portugais dans leurs

anciennes colonies africaines (Coehlo.2001 ). Contrairement à la France et au Portugal. où les footballeurs provenant de colonies africaines sont déjà présents avant l "indépendance, les premiers joueurs du Congo ne sont recrutés par les clubs belges qu'à partir de 1960 (Bastin 1998). Une trentaine de joueurs. dont. parmi les plus connus. Kialunda. Bonga Bonga, Kimoni, Kasongo et Assaka, sont ainsi transférés en Belgique. Le climat politique a cependant désormais radicalement changé. Avec les indépendances. pour les dirigeants des 166 nouveaux Etats africains, il n'est plus question que ces joueurs aillent renforcer les rangs de sélection, nationales européennes. A la première phase. assimilationniste. des migrations internationales des footballeurs africains, qui dure de 1930 à 1960, succède ainsi une deuxième phase où les Etats africains mettent sur pieds des sélections nationales et adoptent des politiques protectionnistes pour garder sur place les meilleurs joueurs. Pour les Etats africains, le football devient en effet un moyen privilégié pour affirmer les souverainetés nouvellement acquises et pour exister aux yeux du monde (Augustin 1999). Dans le contexte de la décolonisation et sous 1' influence soviétique, la Confédération africaine de football (CAF) interdit la sélection de joueurs professionnels expatriés pour les matchs entre équipes nationales dans le cadre du Championnat d'Afrique des Nations (CAN). De par 1' interdiction de la sélection de joueurs évoluant en Europe. pour les Etats et les Fédérations de football africaines il devient nécessaire de garder les meilleurs joueurs sur place. C'est pourquoi la présidence congolaise, par exemple, réagit fermement contre l'ébauche d'exode vers la Belgique susmentionnée en légi Férant afin de conserver les joueurs sur le sol national. A partir de 1966, les transferts de joueurs hors du territoire congolais sont soumis à « une autorisation préalable des autorités compétentes, en l'occurrence Je Haut Commissariat à la .Jeunesse et aux Sports du Gouvernement Central».

/\ partir de: cc: 11101111.:nt cl jusque dans les années i 980. les meilleurs joueurs congolais sont retenus dans le pays. Partout en Afrique. les Etats renforcent les obstacles pour empêcher le départ à l'étranger des footballeurs les plus performants. C'est ainsi qu'en 1967, le Malien SalifKeita. interdit de départ depuis son pays, a fuit par Je Libéria afin de s'envoler pour la France. où il va conquérir de multiples

trophées avec 1' AS Saint Etienne. La troisième phase des migrations internationales des footballeurs africains commence au début des années 1980. El le se caractérise par une augmentation du nombre de foot bal leurs africains à 1 · étranger. La présence de joueurs africains s'accroît dans un premier temps surtout en Europe et. à 1 "intérieur de ce continent, dans les anciennes puissances coloniales. Progressivement, la migration de 167 footballeurs africains va concerner d'autres pa; s d'Europe et du monde. L'augmentation du nombre de joueurs africains qui partent à l'étranger est le résultat dun double processus. Le premier processus a trait à l'affaiblissement en Afrique des freins politiques au départ de joueurs à l'étranger. Cet affaiblissement est lié à la décision de la Confédération africaine de football d'admettre les joueurs professionnels expatriés dans les sélections nationales.' ainsi qu'à la nouvelle réglementation mise en place par la FIF A en 1981, qui oblige les clubs européens à 1 ibérer leurs joueurs dans le cadre des matchs de leurs sélections nationales. Dans ce nouveau contexte réglementaire, pour les Fédérations africaines, le fait de disposer de joueurs à l'étranger, au lieu de constituer un handicap pour la mise en place de sélections nationales performantes, devient un atout. Très rapidement, d'une stratégie

« endogénistc » on passe alors à une stratégie « exogéniste » (Poli, Dietschy. 2006). Le deuxième processus explicatif est l'affaiblissement progressif des régimes de quotas en Europe. Cet affaiblissement a donné aux clubs européens de plus grandes possibilités de recrutement à l'étranger. ce qui s'est immédiatement traduit par la recherche de nouveaux avantages comparatifs au travers d'une externalisation de la formation, notamment en Amérique latine et en Afrique. où le rapport entre la qualité et le prix des joueurs est particulièrement favorable. Empiriquement, l'externalisation de la formation de joueurs se traduit par la création de centres dans les pays des continents susrneru ionnés , p<1r des accords de partenariat a, ec des clubs de ces pays visant au transfert de jeunes joueurs en Europe à des conditions avantageuses, ainsi que par la mise en place de réseaux d'observation à l'échelle globale (Poli 2005). A titre d'exemple. Feyenoord a signé des accords de partenariat visant au transfert et au prêt de joueurs avec les clubs dArnerica Belo Horizonte Brésil), de Paramata Power (Australie), de Grarnpus Eight (Japon), de 8'93 Copenhagen (Danemark), d'Helsingborgs IF (Suède), d'Excelsior Rotterdam (Pays Bas), de Westerlo (Belgique) et de Supersport United (Afrique du Sud). D'autre part, le club néerlandais possède une école de football au Ghana. la Fetteh Football Acaderny (Poli 2004a).

168 11.5.2.2. L'histoire de l'émigration des footballeurs ivoiriens

A l'instar des autres pays africains pourvoyeurs de footballeurs en Europe, la Côte d'Ivoire contribue depuis la période coloniale au rayonnement du football international. La présence des footballeurs ivoiriens sur l'échiquier mondial et particulièrement dans le championnat français est perceptible surtout à partir des années 1955. Depuis lors, le nombre des footballeurs ivoiriens ayant émigré est en constance augmentation de sorte à ce qu'aujourd'hui la sélection nationale de football « Les Eléphants» se compose exclusivement de joueurs expatriés. Au vu des résultats des entretiens avec les personnes ressources sur la question, nous pouvons scinder ! 'évolution du phénomène d'émigration des footballeurs ivoiriens en 4 grandes périodes.

> 1955-1970 Quatre personnalités du football ivoirien ont marqués cette période.

•:• lgnace WOGNlN

L 'un des premiers parmi les footballeurs ivoiriens à accéder au football professionnel en France est Ignace WOGNIN, décédé en 1999 à l'âge de 61 ans. Il a été le plus prolifique parmi les attaquants ivoiriens ayant évolué en France. Pendant une dizaine d'année, plus précisément de 1956 à 1966, il a joué dans 4 équipes qui participaient au championnat national français championnat D 1 et 02 confondus. Ce sont : Sète, Angers, Lens et Limoges où il a marqué un total de 101 buts.

169 Photo 7: Ignace WOGNIN à SCO ANGERS 1957-58

Source : Miroir Sprint pour la photo. SCO ANGERS 1957-58. Debout (de gauche à droite) Antoine Pasquini, Claude Bourrigault, Casimir Hnatow, Wladislaw Kowalski, Jules Sbroglia, Eugène Fragassi. Accroupis : Alphonse Le Gall, Amar Rouiai, Stéphan Bruey, Ignace Wognin, Marcel Lonc/e.

•!• Jean TOKPA

Un autre grand attaquant ivoirien s'est illustré dans cette période. Il s'agit notamment Jean TOKP A décédé en 2002 à 68 ans. Il a respectivement joué à Montpellier HSC (1955-1957), Olympique Alès (1957-1959) et RC Paris (1959- 1965).

170 Photo 8: Jean TOKPA en club en France

Source : http://footretro.blogspot.com Débout: André Campo, Jean Pelazzo, Claude Mallet, Yves Delset, Constancio Rebello, Paul Szemereta. Accroupis: Jean Topka, Ali Ben Fadah, Jules Nagy, Roger Ranzoni, Dahman Defnoun

•!• Sékou TOURE

La troisième personnalité a marqué cette période est Sékou Touré.

Ancien Footballeur de Côte d'Ivoire, il est né en mai 1934 à Bouaké. Avant son départ pour le Championnat français, il a été attaquant de l'ASEC et ensuite de l'Africa Sports d'Abidjan, avec qui il remporta la coupe de l'AOF (Afrique occidentale française) en 1958.

Évoluant dans le championnat de France entre 1958 et 1965, il joua pour !'Olympique d'Alès (1958-sept 1959), le FC Sochaux (Oct 1959- Juin 1960), l'US Forbach (Juil 1960-Déc 1960), le SO Montpellier (Déc 1960-Juin 1962), le FC Grenoble (Juil 1962-0ct 1962), l'OGC Nice (Nov 1962-Nov 1963), le Nîmes Olympique (Déc 1963-Juin 1964, le FC Dieppe, et !'AS Béziers (1965-1966).

171 Il a été le meilleur buteur du championnat de France de première division lors de la saison 1961-1962 avec le SO Montpellier en marquant 25 buts en 36 matchs. Il est mort en 2003 à l'âge de 69 ans.

Photo 9: TOURE Sékou en club en France

Source : http://www.pari-et-gagne.com/equipe/equipe-montpellier.html

L'équipe du Monlpe/lier HSC (SO Montpellier), victorieuse du championnat de Ligue 2 (Division 2), promu en Ligue 1 (Division J) et l/2jinaliste de la Coupe de France en 1960161. 2ème Rang: Hervé Mirouze (Entr), Robert Fabre, Georges Calmettes, René Mandaron, Claude Mallet, Nicolas Irnbernon, Serge Aubert, Marc Bourrier 1er Rang: Touré Sékou, Gustave Bettenfeld, Henri Augé, Abderrahman Mahjoub, Frédéric N'Doumbé, Jean

Marcialis

•!• Mangué CISSE

Mangué CISSE Djibrila est footballeur international ivoirien né le 17 Novembre 1945. Au niveau national, il a joué à l' ASEC Mimosas. Tout comme les footballeurs cités plus haut, il a évolué dans le championnat français précisément à Martigues et à Arles. Il a porté à plusieurs reprises les couleurs des« Eléphants» de Côte d'Ivoire. Il a notamment été demi-finaliste de la CAN de 1970 avec la sélection nationale.

172 Mangué CISSE est le père de l'international Français Djibril CISSE.

Photo 10: MANGUE Cissé en club en France

Source : http: www.laprovence.com/article/marseille/mangue-cisse-sen-est-alleC. Farine

NB:Mangué Cissé (accroupi au milieu) et Robert Joubert

Après cette première génération de footballeurs expatriés ivoiriens ayant évolués principalement dans le championnat français, suit celle dont les portes flambeaux sont présentés ci-après.

})- 1970-1980

Cette période a été marquée par la présence des deux footballeurs ivoiriens talentueux dans le championnat français dont Marna OUA TT ARA.

173 •!• Marna OUATTARA

Footballeur international ivoirien, il est né le 22 Juin 1951 à Bouna dans le nord de la Côte d'Ivoire. Après avoir brillé dans le championnat ivoirien avec l'équipe du « Stade d'Abidjan », il part jouer en France. Il arrive en 1972 dans le Ni mes Olympique. Il fut le premier footballeur ivoirien a participé à une coupe d'Europe, et atteint la demi-finale de la coupe de France 1973. En 1974, il s'engage à Montpellier Paillade SC. Il reste dans le même club jusqu'en 1982. Il termine sa carrière de footballeur international en 1985 avec Olympique Avignonnais.

Photo 11: Marna OUA TT ARA en équipe à Montpellier Paillade SC Saison 74-75

ëessoo . ry · Gri)o(.hl T~rr,usc- · Ocslout • Ü\.ktct,u,, Bertin • Sdlv,,ctor 8.\lcklM • rons · Dclm..~

174 •:• Laurent POKOU

Laurent N'dri POKOU de son nom à l'état civil est un football ivoirien surnommé « l'homme d'Asmara » né le 10 Août 1947 à Abidjan dans la commune de Treichville. Il se fait connaître alors qu'il joue avec USFRAN de Bouaké puis à l'ASEC Mimosas, club avec lequel il obtint la plupart des titres figurant à son palmarès. Il quitte le pays, sur encouragement de Pelé pour rejoindre la France en 1973. Son club d'accueil dans le championnat français est le Stade Rennais en 1973. En 1977, il a changé de club pour rejoindre I' AS Nancy-Lorraine où il est resté jusqu'en 1978. Il a terminé sa carrière de footballeur professionnel au Stade Rennais dans les années 1978.

Photo 12: Laurent POKOU en club en France

Source : http://srfc.frenchwill.fr

Accroupis de gauche à droite: Kerveillant, Rabier, Pokou, Grosvalet, Borne ; Debouts de gauche à droite: Klimek, Marchand, Kerjean, lzquierdo, Thoirain, Berlin

175 >" 1980-1999

A partir des années 1980, le phénomène de l'émigrntion des footballeurs ivoiriens a commencé à prendre de l'ampleur, aussi par le volume que par la diversification de la trajectoire des émigrés. Selon les données auprès de personnes ressources, plus de 45% de l'effectif de l'équipe nationale en 1992 était composé de joueurs professionnels ivoiriens évoluant dans les championnats européens. Le début de la grande émigration des footballeurs ivoirien du début des années 1980 est la résultante de deux décisions prises respectivement par le FlF A el la CAF : la mise en place d'un calendrier international obligeant les clubs à mettre les joueurs à disposition des sélections et l'autorisation diruégrer des joueurs expatriés dans les équipes nationales africaines. R. Besson, R. Poli et L. Ravenel (2006) proposent une analyse. statistiques à 1 · appui, de ces mobi 1 ités et plus largement du football africain. R. Poli (2007), reprenant une idée de J .-F. Bayart, avance l'hypothèse d'une stratégie d' « extraversion dépendante» soutenue par les dirigeants africains: bâtir une équipe nationale compétitive composée de joueurs expatriés nés au pays ou à l'étranger au détriment d'une formation solide et d'un championnat local cohérent. l'absence de 1 'une et de l'autre entraînant une migration précoce des meilleurs éléments

affaiblissant par rebond ledit championnat. L.:1 plupart des footballeurs ivoiriens dont la date de début de l'émigrntion est inscrite dans cette période a composé l'équipe nationale jusque dans les années 1994. La sélection qui les a révélés est celle qui a participé à la CAN 1992 au Sénégal. Pour les plus en vue de cette CAN, ce sont, Gouaméné Alain ( 1989), Diaby Sékana ( 1986), Gadji Céli ( 1986), Didier Otokoré ( 1985), Abdoulaye Traoré ( 1985), Tiéhi Joël

( 1987), Zahui François ( 1981 ).

176 Photo 13: L'équipe nationale de la Côte d'Ivoire à la CAN Sénégal 1992

Source : www.babifoot.net

Contrairement à la génération des émigrés de la période précédente, la France n'était plus la seule destination de ces footballeurs. Les joueurs ont commencé à s'orienter vers d'autres pays. C'est par exemple le cas de l'international Zahoui François qui a débuté sa carrière de footballeur professionnel en Italie avec Ascoli Calcio en 1981. Abdoulaye Traoré a également débuté sa carrière professionnelle en Portugal avec Sporting BRAGA en 1985. A l'exception de Basile BOLI qui a quitté son pays d'origine très jeune pour débuter sa carrière de footballeur dans le club de Romainville en banlieue Parisienne, ces joueurs émigraient après avoir prouvé en championnat national. Jusque là le phénomène était perçu dans la conscience collective des sportifs ivoiriens comme un fait normal.

177 ',> 1999- à nos jours

Les données recueillies dans le cadre des enquêtes, nous indiquent -que Je phénomène d'émigration des footballeurs en Côte d'Ivoire tel que nous l'observons aujourd'hui a commencé à partir de 1999 quand les joueurs de 1 · Académie Mimos SIFCOM sous la Direction de Jean-Marc Guillou se révélèrent à toute l'Afrique. En effet. ces jeunes footballeurs issus du centre de formation de football de 1 'ASEC, cous âgés de moins de \ 8, ont remporté, à la surprise générale la Super-coupe cl' Afrique en battant l 'Espérance de Tunisie le 7 Février \ 999. Les convoitises naissent au grand jour. Tous les clubs nourrissent le rêve d'avoir les jeunes "Académiciens". Dès 2001, la saignée commença. Aujourd'hui, les héros de 1999, qui avaient enflammé pendant deux saisons le championnat ivoirien, sont en majorité en Europe. D'une moyenne d'âge de 23 ans, leurs prestations d'ensemble et leur marge de progression ont convaincu les observateurs qu'ils constirueront les piliers des "Eléphants" pour les équipes qui les auront recrutés. Ce sont le gardien (KSK Beveren), les défenseurs Kolo Abib Touré (Manchester City). Emmanuel Eboué (Galatarasay), (VFB Stuttgart), les milieux Didier Zokora (), Yaya Touré (Manchester City),

Romaric Ndri (Real Saragosse), Gilles Yapi Yapo (FC Bâle), les attaquants Aruna

Diudané (Al-Sai liya), Bakari Koné (Qatar Sports Club). D'autres "Académiciens". Venance Zézéto, Kourouan Tony. Arsène Né, Jocelyn Péhé, Constant Kaiper, Djiré Abdoulaye, Kanté Badjan, Lolo Igor, ont suivis

leurs devanciers sur le marché international du football. li est évident. la génération Guillou a donné une autre vitesse à l'émigration mais la percée figurante de Didier DROGBA sur le marché international de travail de football à partir de 1999 et sa révélation au public sportif ivoirien en 2002 a contribué

au développement rapide du phénomène. La réussite connait cette génération de football qu'on pourrait baptisée « génération Drogba », amène la majorité des jeunes à s'orienter vers la pratique du football qu'ils considèrent souvent à tord ou à raison comme un tremplin pour accéder l //) à« un paradis», où il est possible, et à leurs yeux même facile, de devenir une star et d'acquérir richesse et statut social. Comme nous le constatons, 1 · aspect historique de ! 'émigration est intéressant à plusieurs égards. D'abord il nous permet d'affirmer que l'émigration des footballeurs ivoiriens est le phénomène historique net. 11 prend sa source depuis la période coloniale pour ne prendre de l'ampleur et du volume considérablement qu'à partir des années 1999. Deuxièmement, nous remarquons également que, malgré les mesures de restitution dans le football français entre 1961 et 1963 où les clubs ne pouvaient que recruter un joueur étranger et la nouvelle fermeture frontière jusqu'en 1966, la France est restée la destination privilégiée des footballeurs ivoiriens jusque dans les années 1980. Ceci s'explique a-priori par les relations que le pays colonisateur entretenait avec la Côte d'Ivoire. Comme leurs collègues du championnat français venus d'autres pays d'Afrique, les footballeurs ivoiriens et leurs clubs d'accueil ont joué dans le cas des footballeurs émigrés avant l'indépendance. sur la "double - nationalité" des

joueurs, tous nés sous autorité française, empire colonial. Enfin, au-delà du lien historique que lie la France à la Côte d'Ivoire, c'est

l'arrêt « Bosman » modifiant la donne en créant un marché de travail sponi f européen ouvert à partir de 1996-1997 qui a donné un souffle nouveau au phénomène car ce nesi plus le nombre d<:: footballeurs éuangers qui est limité à trois par club mais

plutôt le nombre de joueurs extra-communautaires. L'arrêt « Bosman » a créé un cadre de facilitation de l'émigration des joueurs africains en Europe et particulièrement les footballeurs ivoiriens. Aussi. grâce à cet arrêt du football Européen, le choix de la France qui semblait représenter J'espace d'accueil pour les footballeurs ivoiriens ne fut pas suivi après 1997. même le changement de destination

avait déjà débuté dans les années 1980. Depuis pratiquement la période coloniale jusqu'à ce jour, les projets migratoires s'insèrent au sein des dotations, historiques, sociales et culturels des potentiels émigrants. Pris dans leur ensemble, ces projets reflètent pour partie les expériences en

179 termes de mutation au niveau national. continental et international, les choix de destinations.

Ce projet peut être apprécié pour les joueurs nationaux à travers la représentation qu'ils ont des mutations qu'ils subissent avant d'accéder à la carrière de footballeur professionnel. Au terme de cette partie de notre travail, il ressort que l'émigration des footballeurs est un phénomène historique qui date des années 50. L'ampleur que ce phénomène a prise ces dix dernières années en Côte d 'Ivoire est due à des facteurs sociaux et culturels à prendre en compte dans la prise de décision des joueurs de partir vers d'autres championnats.

180 TROISIEME PARTIE: L'EMIGRATION DES JEUNES IVOIRIENS A TRA VERS LE FOOTBALL 111.1.LE PROFIL DES JEUNES FOOTBALLEURS

Cette partie s'appuie sur les résultats de ! 'enquête par questionnaire réalisée pendant la saison sportive 201 2 auprès des clubs de la Ligue I ayant participé à la superdivision. Nous analysons, dans cette partie de notre travail, les caractéristiques sociales des footballeurs ivoiriens. li s'agit alors de l'âge, du niveau d'instruction, du groupe ethnique, du pays d'origine, de la situation matrimoniale, de la religion, de la profession des parents et du I ieu de résidence.

l[f.1.1. L'âge des candidats à l'émigration

Pour des raisons I iées à la catégorie des joueurs concernés par ! 'enquête (catégorie sénior pour la plupan), nous avons adopté une répartition par âge qui considère les tranches de 16 à 20 ans, 21 à 25 ans et 26 ans et plus.

Tableau 20 : Répartition des potentiels émigrants par tranche d'âge

Age Fréquence Pourcentage % Pourcentage cumulé%

l 6-20 _'P) 19,16 19,16 21-25 66 55 74,16 26 ans et plus 31 25,83 100 Total 120 100

Source . Données de 1 · enquête (2012)

On remarque une prédominance de la classe d'âge comprise entre 21 et 25 ans soit 55% des enquêtés. Ceux des plus âgés cesi-à-dire de 26 et plus représentent 26% contre 19, 16% pour les moins jeunes de la tranche d · âge 21-25 ans.

182 Plus de la moitié des footballeurs ont un âge compris entre 21 et 25 ans, soit un pourcentage cumulé de 74, 16%. Cette tranche d'âge prend en compte les hommes les plus jeunes ( 14-25) qui sont les plus exposés au chômage et correspond à la population active (catégorie des séniors) au football. appartenant à la classe d'âge de 21 ans et plus. Ces jeunes sont confrontés à des difficultés d'insertion sur le marché de travail. Ainsi, ils sont prêts à s'investir dans le football ; seul moyen pour eux de trouver un travail "au-delà des frontière". Il apparaît que la classe modale est plus jeune chez les joueurs participants aux championnats nationaux. La prédominance des footballeurs interrogés dont l'âge varie entre 21 et 25 ans comme indiquée dans le tableau ci-dessus s'explique par le fait que notre enquête ne s'est intéressée qu'à un niveau de championnat (Ligue l) réservé à la catégorie sénior. Les footballeurs de la catégorie inférieure (Junior) qui y participent sont impérativement reclassés. Comme indiqué ci-dessus, l'exploitation des données de l'enquête montre que 19, 16% des footballeurs ont un âge compris entre 16 ans et 20 ans. Cela est dû au fait que dans le règlement du statut et du transfert des joueurs, la FlFA a indiqué qu'en principe, le transfert international d'un joueur sera autorisé que si le joueur est âgé de 18 ans au moins. li y 'a également le fait que plus un joueur est formé et compétitif sur le plan local, plus il coûte relativement cher et donc il rapporte de l'argent à son club qui lui aurait permis claccéder au marché international de football. En Côte d'Ivoire. les dirigeants des clubs ont compris que le footballeur rapporte au club que si, au moment du transfert, il a plus de 18 ans. Par conséquent, les clubs de la Ligue l cherchent à recruter dans les centres et les clubs de division inférieure. des footballeurs âgés de plus de 20 ans.

IIl.1.2. Le niveau d'instruction des jeunes joueurs

L 'accès au marché de travail du football international et le degré de réussite professionnelle demandent aux footballeurs un talent technique, ainsi qu'un niveau d'instruction relativement élevé. 183 Tableau 21: Niveau d'instruction des footballeurs

Niveau Fréquence Pourcentage % Pourcentage d'instruction cumule% Analphabète 6 5 5,04

Primaire 36 30 35,29

Secondaire 71 59,17 94,96

Supérieure 5 4,17 99,16

Autres 1 0,83 100

Non répondant 1 0,83

Total 120 100

Source: Données de lenquêie (2012)

Le tableau 16 montre que les footballeurs interrogés ont essentiellement un niveau secondaire (59, 16%). Le football moderne exige de plus en plus des acteurs instruits ayant un niveau d'expression et d'écriture correcte. Et ce, dans le souci d'apprendre assez rapidement la langue du club qui engage le footballeur. Le football ne se pratique pas seulement que sur le terrain. La dimension administrative est aussi importante dans les prédispositions technico-tactiques. Un footballeur qui s'engage dans le football moderne est appelé à signer un contrat de travai I dont i I doit comprendre le contenu avant de s'engager. Pour ce fait, les footballeurs ont de plus en plus un niveau d'instruction qui leur permet de savoir lire et écrire. Les joueurs analphabètes et ceux qui ont un niveau d'instruction supérieur sont peu nombreux avec respectivement 5% et 4. 16%. L'exigence d'âge pour accéder au football professionnel ne permet pas aux jeunes de poursuivre les études jusqu'au niveau supérieur sauf si l'organisation de formation de base combine le sport et les études.

184 Les potentiels émigrants qui ont un niveau primaire représentent 30% des enquêtés. De plus en plus, les jeunes abandonnent les classes au profit des centres de formations de football. Cette fréquence est assez proche de la réalité observée dans les centres de formation domiciliés à Abidjan. Le constat descriptif de ce tableau semble clair mais peut apparaître paradoxal : les footballeurs qui ont un niveau d'instruction supérieur au niveau primaire sont beaucoup plus concernés par le mouvement migratoire. Il existerait ces dix dernières années un phénomène d'incitation à la scolarisation lorsque le nombre d'émigrants avec le football augmente. En effet. si les jeunes hommes qui se trouvent sur le marché de travail ont un niveau d'instruction faible+", leur part dans la population des potentiels émigrants par le football a augmenté depuis que le départ des footballeurs évoluant dans le championnat national vers les autres pays à pris de l'ampleur. Il en va de même pour les cieux autres niveaux d'instruction : primaire et supérieur, au détriment de la part des footballeurs analphabètes. On peut en déduire qu'il existe un effet positif de l'émigration sur la volonté de s'instruire des footballeurs et leur motivation à combiner la pratique du football et les études.

111.1.3. Le groupe ethnique des footballeurs

De même que les caractéristiques des potentiels émigrants analysées jusque là, l'appartenance à un groupe ethnique peut influencer une décision d'émigrer.

"AGEPE (2001) · Chômage et sous emploi des jeunes urbains en Côte d'Ivoire, Document de travail n'14, mars 2001 185 Graphique 1 : Le groupe ethnique des joueurs

Non rependant !% Mandé du nord 33%

Krou 27%

------Mandé du sud 23%

Source: Données de l'enquête (2012)

D'après les résultats des enquêtes, on remarque que tous les grands groupes ethniques en Côte d'Ivoire sont présents dans le football local, mais à des degrés différents. A l'excepté des Gur qui, à première vue sont absents, nous avons les mandés du nord, les mandés du sud, les Akans et les Krou. Il convient de préciser que lors des enquêtes, nous avons constaté que les Gur et les mandés du nord s'identifient comme des « Dioulas » ou groupes Malinkés. Ceci étant, en parlant des mandés du nord, nous faisons référence également au Gur. La répartition des footballeurs par groupe ethnique montre la prédominance des Mandés du nord représentés avec 33% des enquêtés. Les Krou constituent 27% des enquêtés. Ensuite, suivent les Mandés du sud estimé à 23% et enfin les Akan à 16% Le fait le plus frappant est la prépondérance massive des Malinkés. Cette situation s'explique par le fait que les malinkés sont apparemment les plus "dispersés" aussi en Côte d'Ivoire que hors des frontières du pays. Ils ont, contrairement aux Krou, Mandés du sud et aux Akans, la plus forte proportion de migrants avec le football parmi les footballeurs professionnels ivoiriens. Les footballeurs appartenant à 186 ce groupe ethnique apparaissent plus déterminés dans leur projet migratoire que les autres. Une analyse de la liste des footballeurs ivoiriens sélectionnés pour la CAN 2013 confirme cette prédominance des Malinkés qui ont constitués 47,82% des footballeurs ayant participés à cette compétition. Cette présence remarquable incite les "jeunes frères" qui sont restés au pays à rejoindre les ainés déjà en activité. Ceux-ci aident leur frère à s'insérer dans un club professionnel. Pour illustrer cet argument, nous pouvons citer l'exemple de TOURE Kolo Habib qui a joué un rôle important dans le transfert de son frère cadet Yaya TOURE.

111.1.4. Le pays d'origine

Quand on parle d'émigration, on pense au déplacement d'individus ou de groupe d'individus mais aussi au départ d'un pays d'origine vers un pays d'accueil. Il convient dans le cadre de cette thèse de préciser que le candidat à l'émigration à partir de la Côte d'Ivoire peut être un joueur originaire d'un autre pays mais qu'au moment des enquêtes, il joue dans l'un des clubs concernés par l'étude. Le graphique ci-dessous montre le pays d'origine des joueurs qui prennent part au championnat national en Côte d'Ivoire. Graphique 2: Le pays d'origine des joueurs

Burki.n,a, Faso

Côte, d.',Iv. oire

Source: Données de l'enquête (2012) 187 90% des candidats à l'émigration sont de nationalité ivoirienne. Depuis 1 .avènemem des centres de formation de football en 2004, les équipes de football au niveau national participant aux différents championnats et compétitions recrutent la quasi-totalité de leurs joueurs au niveau local. L · époque du recrutement de footballeurs à l'extérieur est révolue. La Côte d'Ivoire produit assez de footballeurs capables d'animer le football national. Au-delà du constat. ce chiffre pose le problème de la politique de migration de la Côte d'Ivoire. En effet, aujourd'hui où les pays européens sont perçus par la majorité des jeunes ivoiriens comme le lieu d'accès à l'émancipation, il se pose l'on se pose la question de savoir quelle politique de migration met en place les autorités ivoiriennes pour contrôler le flux qui en découle '.I JI est évident que depuis son indépendance, la Côte d'Ivoire est un des principaux pays d'immigration d'Afrique de l'Ouest. Toutefois, la crise politique de 2002 a engendré un ralentissement de l'immigration et un accroissement de l'émigration. Les émigrés ivoiriens sont principalement des émigrés permanents et, malgré la faiblesse relative de l'émigration ivoirienne, la Côte d'Ivoire est également victime de la fuite des talents, notamment

dans le secteur du football. Selon un rapport de l'OIM (2009). la politique migratoire ivoirienne met l'accent sur la gestion régionale des questions migratoires, le cadre national étant

inapproprié pour juguler tous les problèmes liés aux mouvements de personnes. Le dispositif institutionnel ivoirien de gestion de la migration a été bâti autour de plusieurs ministères selon des attributions spécifiques et la migration n'est pas explicitement prise en compte dans les plans de développement. fl s'avère que les actions liant la migration au développement sur le territoire ivoirien sont davantage menées par des acteurs non gouvernementaux, principalement internationaux. e qui suit révèle que les mécanismes de contrôle mises en place par l'Etat ivoirien sont inappropriés pour gérer la question de ! 'émigration des jeunes footballeurs. Dans nos investigations, nous sommes rendus compte qu'au niveau du

ministère de tutelle: vlinisrère de ln Promotion de la Jeunesse et des Sports, il n'existe jusqu'à ce jour aucun dispositif de contrôle du l'émigration des jeunes 188 footballeurs. Cette situation encourage les agents véreux à sévir dans le milieu du football en stimulant chez les jeunes le rêve démigrer, ce qui constitue un déterminant de la prise de décision t:l de la volonté de partir vers un autre championnat.

Les « non ivoiriens » qui jouent dans le championnat Ligue 1 sont originaires des pays limitrophes. Ce sont essentiellement le Burkina Faso (4%), et les autres pays représentant 6% (GUINNE, NIGERIA et GHANA) des potentiels émigrants qui constituent les « joueurs étrangers » du championnat national. La prédominance des Burkinabé dans les championnats ivoiriens est liée à l'histoire migratoire entre ces deux pays. En effet, la présence burkinabè en Côte d'Ivoire dans tous les secteurs d'activité a également augmenté au fil des recensements. Les trois années de recensement. ils sont autour de 50% de 1 'ensemble des immigrants internationaux de nationalité étrangère en Côte cl' 1 voire (52,3% en 1975, 49, 7% en 1988, 54,3% en 1998). En termes relatifs, la population burkinabè (immigrants et leurs descendants confondus) est estimée de 14.47% en 1988, à 13,42% selon l'enquête de 1993 et enfin à 14.57%. Le football ne reste pas en marge de la présence burkinabè dans tous les secteurs ivoiriens. Quant aux ressortissants des autres pays de 1 'Afrique de l'Ouest, leur présence dans le football ivoirien est en baisse depuis que les centres de formation de football ont commencé ri se prolifërcr en Côte d'Ivoire clan, lcs années 2000.

[Il.1.5. La situation matrimoniale

Comme nous l'avions souligné. la décision migratoire peut intervenir en interaction avec certains facteurs sociaux et culturels. Le fait que le candidat à l'émigration soit marié ou non peut avoir une influence sur sa décision de quitter son lieu de résidence pour une autre destination. Les candidats à l'émigration à travers le football en Côte d'Ivoire présentent une situation matrimoniale différente.

189 Graphique 3 : La situation matrimoniale des joueurs

100%

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0% Célibataire Marié

Source: Données de l'enquête (2012)

Le taux de footballeurs célibataires participants au championnat national est plus élevé que celui de ceux ayant un engagement conjugal. Comme le montre le résultat de l'enquête (voir le graphique ci-dessus), 94% des potentiels émigrants sont des célibataires et seulement 6% sont mariés. De récentes études menées par Flahaux M.L (2000) ont mis en lumière le poids de la situation matrimoniale sur la décision migratoire. L'âge très jeune des footballeurs et les contraintes du football moderne limitent les possibilités de mariage avant le départ. Bien attendu, au vu de certaines difficultés telles que celle liée au regroupement familial, ils préfèrent être libres de tout engagement conjugal pour « décider de partir» sans contrainte. Nous pouvons l'affirmer, les footballeurs qui sont célibataires sont socialement libres dans la prise de décision et pour certains ils envisagent partir définitivement. Ainsi, le fait d'être célibataire permet d'augmenter la probabilité de prendre une décision d'émigrer. Le fait d'avoir une dot à payer ou des cadeaux à donner à la future épouse pousse également les jeunes à la migration.

190 éanmoins, la fréquence des footballeurs mariés n · est pas insignifiante. Cela illustre que malgré le jeune âge des footballeurs, certains assument des responsabilités

familiales surtout qu'en Côte d'Ivoire « une personne mariée ne I 'est pas seulement pour la famille nucléaire». Ces footballeurs qui ont une femme et/ou des enfants au moment de la prise de décision sont moins tentés de partir dans la mesure où la situation sociale crée un environnement garant des normes sociales et favorable à leur éducation d'un point de vu culturel, social et religieux.

lll.1.6. La religion des candidats à l'émigration

La migration internationale par le football s'organise selon des référents nouveaux où la question de la religion est aussi importante que les autres faccteurs.

Comme le souligne Abdou Salam Fall, « la religion, plus exactement la

confrérie est une identité fortement présente dans les modes de sociabilité parmi les migrants de la nouvelle génération contrairement aux migrants de l'ancienne

génération qui mettait 011 devant de la scène des valeurs relatives à la .famille, à 45 l'honneur et à l'ethnie » .

"Abdou Salam Fa\\. Enjeu, et délis de Migration Internationale de Travail Ouest-Africain. ln Cahiers de Migrations. 62 F 191 Graphique 4 : La religion des joueurs

Chrétien 57%

Source: Données de l'enquête (2012)

Les résultats de l'enquête auprès des jeunes joueurs exposent la répartition des religions dans le football ivoirien. Ces résultats montrent que plus de la moitié des footballeurs locaux interrogés (57%) s'identifient à la religion chrétienne. 38% d'entre eux entretiennent des liens avec la religion musulmane et 4% demeure fidèle aux religions traditionnelles ou tribales, qui imprègnent plus ou moins profondément les croyances nationales. En considérant la répartition des religions au niveau national, on remarque également que la religion musulmane est représentée par plus du tiers des ivoiriens (38%). Suit le Christianisme, surtout le catholicisme 22% et le protestantisme (5,5%). Le reste de la population suit où 17% sont dans les religions traditionnelles. L'analyse de la religion sur la représentation des religions dans Je football ivoirien se démarque de la réalité religieuse au niveau national. Tandis qu'au niveau national c'est la religion musulmane qui prédomine sur les autres religions, dans le championnat national, c'est la religion chrétienne qui surclasse les autres religions. 192 li est important de signaler que la religion joue un rôle important dans la prise de décision de migrer des jeunes footballeurs; et cela dans une double dimension d'influence cognitive et de justification spirituelle de J3 décision.

Par influences cognitives. nous faisons référence à « l'ensemble des schémas mentaux» transmis par les responsables des différentes religions ci-dessus mentionnées par les enquêtés. Au vu des données recueillies, nous notons l'importance de la religion aussi bien dans la pratique du football que dans la volonté et la prise de décision d'émigrer. En effet, J3 quasi-totalité des footballeurs ont été convertis à une religion. Cette appartenance à une religion permet de renforcer dans les esprits l'intention de partir et de rappeler à chaque footballeur qu'il trouvera clans n'importe quel pays d'accueil, la même organisation religieuse, avec les mêmes doctrines et principes. Au-delà de cette dimension cognitive. un point essentiel chez les footballeurs entretenus est la légitimation spirituelle accordée à leur projet migratoire. Les responsables religieux sont sollicités pour prier pour une carrière professionnelle. Bien que soucieux pour certains religieux de rappeler aux futurs migrants les risques, ils donnent clans tous les cas leur accord et prie "Dieu" pour que le voyage puisse s'effectuer clans le nom du "Dieu" selon la religion. Cet attachement à la religion est observé à l'occasion des matches. Avant toutes

les rencontres les footballeurs se: retrouvent suit Jans les vestiaires soit sur le terrain pour prier afin que "Dieu" puisse aider à obtenir la victoire. Tous, en tout cas, insiste sur la prière pour soumettre à "Dieu" leur volonté d'accéder au football professionnel.

111.1.7. La profession du parent avant à charge le jeune footballeur

Aujourd'hui, le processus qui aboutit au départ d'un footballeur issu du championnat national vers le marché du football international a un coût aussi bien économique que social. Quelque fois les parents sont mis à contribution pour contribuer aux frais du voyage des jeunes footballeurs et autres dépenses y afférentes. Leur réaction face à la décision du jeune de partir ou au besoin exprimé par eux- 193 mêmes de faire partir leur enfant, est fonction de leur revenu ; par conséquent de leur profession.

Graphique 5 : La profession du parent ayant en charge le jeune footballeur

manoeuvre 10% ouvrier

agent de maitrise 4%

cadre 12%

Activités iibèrales 57%

Source: Données de J'enquête (2012)

Ce graphique illustre la distribution professionnelle du parent ayant en charge le jeune footballeur mais surtout la diversité de leurs emplois. On notera une prédominance des parents exerçant une activité libérale soit 57% des parents des enquêtés. L'essentiel des activités chez ces derniers, comme indiqué par les résultats, se résument en commerce, transport, homme d'affaire, ancien footballeur, coiffeur, ferrailleur, planteur, ferronnier ... Outre cette proportion, 13 % des parents des jeunes footballeurs interrogés sont ouvriers, 12% sont cadres, 9% occupent des postes de manœuvres et 4% respectivement agents de maîtrise et cadres supérieurs. Au-delà de cette catégorisation professionnelle des parents, c'est leur capacité à supporter les coûts de l'émigration qui est en jeu. Il est vrai qu'au cours des enquêtes, il a été révélé que chaque parent a la volonté de s'investir dans le départ de son fils. 194 Seulement, vouloir n'est toujours pas pouvoir. Et cela s'est su à travers ce que nous

ont dit les parents après entretiens. li y'a chez chaque parent quelque soit sa situation socioprofessionnelle, une volonté de contribuer à 1 'émigration de "son en font" mais la capacité de Je faire se ressent différemment selon la profession du parent. Quand il s'agit des parents ouvriers, rnanœuvres et agents Je maîtrises. la capacité de contribuer au départ des jeunes est faible. Malgré cette faiblesse, Je manque de confiance en l'école et en l'emploi des jeunes au niveau national des parents interviewés, poussent la catégorie des parents ci-dessus citée à investir toute leur économie pour aider leur fils à émigrer. Un parent lors d'un entretien a déclaré: «j'ai payé environ J.500.000 FCFA pour que mon fils

puisse quiller le pays el je suis pré! à faire la même chose pour ses frères qui s'intéressent au football ». Nous avons également au fil de nos entretiens. nous en apercevoir qu'il en était pour ceux qui exercent une activité libérale. On Je sait de manière générale, les activités libérales sont attribuées au secteur informel en Côte d'Ivoire. Même si selon

6 une étude sur ce secteur en 2008~ , il représente 76.5% des emplois à Abidjan, on

trouve de plus en plus de pauvres qui y trouvent "refuge". Cette situation financièrement précaire pour cenains d'entre eux ne les empêchent pas d'utiliser tous les moyens possibles pour qu'il aide le jeune à réaliser son "rêve". Ces parents de la "classe moyenne" sont plus investis dans I'émigration des jeunes footballeurs et on pourrait justifier ce fait par une volonté cl' "ascension sociale" comme le disait Bourdieu. A contrario, par leur expérience et leur connaissance, les parents cadres et cadres supérieurs sont ceux qui s'investissent Je moins dans la vie sportive de leur enfant et par conséquent dans la procédure d'émigration. On sent plutôt en penchant pour la scolarité que pour la pratique du football. Ils préfèrent d'ailleurs se référer aux institutions sportives pour le transfert de leur enfant.

'' Etude sur le secteur informel à Abidjan en 208, Caractéristiques des Unités de Productions Informelles à Abidjan en 2008 jCIV-AGEPE-ESIAA2008j

195 111.1.8. Le lieu de résidence des candidats à l'émigration

Les footballeurs de la Ligue 1 saison 2011-2012 ayant participé à la super• division, habitent presque tous dans le district d'Abidjan. Une proportion insignifiante habite la banlieue d'Abidjan ; ce qui est relatif à la participation des équipes des communes périphériques au championnat national. En effet, pour la saison sportive 2011-2012 seulement 2 clubs(! 'Entente Sportive de Bingerville et Union Sportive des Clubs de Bassam) sur 14, soit 14,28% présents dans le championnat représentent ces localités. Graphique 6: La ville habitée par les jeunes footballeurs

0 20 40 60 80 100 120

Il Sériel lil Série2

Source: Données de l'enquête (2012)

Comme l'indique le graphique ci-dessus, 93% des footballeurs jouant en Ligue habitent les différents quartiers de la ville d'Abidjan et seulement 6% sont logés dans la banlieue. Les principaux quartiers d'habitation sont indiqués dans le graphique ci• dessous. Ce sont principalement Yopougon, Abobo, Cocody, Adjamé, Marcory,

196 Treichville, Koumassi et Port-Bouët qui constituent les quartiers où habitent les footballeurs en Côte d'Ivoire.

Graphique 7 : Les quartiers d'habitation des jeunes footballeurs

• Yopougon • Abobo • Cocody • Adjamé I Treichville • Marcoryy I Port-Bouët • Kouassi

38%

11%

Source: Données de l'enquête (2012)

Le graphique montre qu'Abidjan, les communes de Yopougon 38% et d' Abobo 27% sont les quartiers les plus habités par les footballeurs qui animent le championnat local. Après ces deux quartiers vient la commune de Cocody avec 11 %. Les moins habités sont Koumassi et Port-bouët avec respectivement 3%. Quant aux communes d' Adjamé, de Marcory et de Treichville, elles se rapprochent de 6%. Yopougon est le principal quartier d'habitation des joueurs. Du point de vu surfacique, la commune de Yopougon est la plus vaste d'Abidjan. Ce quartier couvre une superficie de 153,06 km2 avec une population estimée à 1.000.000 d'habitants. Les hommes constituent 51 %, les femmes 49 % et les jeunes de moins de 20 ans 56 % avec 125 413 ménages.

197 Malgré les quelques quartiers résidentiels. Yopougon contraste avec des quartiers précaires sans équipements et infrastructures sportives modernes. Néanmoins, on n'y observe une concentration des activités de football. Déjà en 2002, on pouvait dénombrer une trentaine de centres de formation de football réunis au sein 47 de la fédération des Centres de Formation de Football de Yopougon (FCFFY). D'après les résultats des enquêtes, après la commune de Yopougon, c'est celle cl' A bobo qui loge 27% des joueurs. Notons qu' A bobo est une commune située au nord d'Abidjan, en Côte d'Ivoire. C'est l'une des communes les plus peuplées du district (environ 1 500 000 habitants). Elle s'étend sur une superficie de 100 km"; soit une densité de 167 habitants à l'hectare. A vrai dire, ces deux quartiers ne sont semblables mais ils revêtent un certain nombre de caractéristiques communes : fort pourcentage d'habitation sociale ou dégradée, forte présence de l'immigration africaine ou de population autochtone venant de l'intérieur du pays, fort taux de chômage des jeunes, fort nombre de familles nombreuses ou monoparentales, fort nombre de jeunes, souvent en échec scolaire. A Yopougon et A bobo (deux quartiers populaires cl' Abidjan), vivent également des segments de population à petits revenus et parfois situés aux franges de

la précarité. Les enfants qui ont grandi dans ces cieux quartiers ont consacré, pour la plus

part deuue eux, une pan irnportarue de leurs loisirs à «jouer au ballon». Chez ces jeunes, le désir de sortir du milieu d'origine qu'ils jugent défavorables est souvent par la prise de décision daccentué par la prise de décision de partir contre tout obstacle. Jouer au football dans ces deux quartiers populaires correspond, du point de vue des jeunes, à un certain désir de distinction sociale, au présent, mais au futur. Nombre d'entre eux se projenent dans l'avenir comme footballeur professionnel. La pratique du football est alors conçue comme la première étape d'une professionnalisation de

! 'activité.

47 Raffaclc Poli. 2002. Le football en Côte: dlvoirc . Organisation spatiale et pratiques urbaines, Editions CIES. Neuchâtel Suisse. 198 Cette projection de soi fortifie le rêve d'ascension sociale et pèse sur la décision de partir des jeunes footballeurs. Le métier de footballeurs apparaît comme une alternative sûre à la condition de vie difficile des parents. L'attrait pour le statut de footballeur professionnel s'enracine clone dans un élan de déclassement de la condition de vie précaire par les jeunes eux-mêmes mais aussi par les familles en ces milieux populaires. Même si nombreux sont les footballeurs qui habitent Yopougon et Abobo, force est de constater que Cocody qui présente des caractéristiques différentes de ces deux quartiers logent 1 1 % des footballeurs. li y'a 10 ans. cette situation était presque impossible car les "hauts cadres" vivant dans ce quartier ne voyait pas d'avenir de leurs enfants dans le football. Mais plusieurs facteurs ont permis l'élargissement du recrutement social des jeunes footballeurs: l'une en rapport avec l'évolution de l'organisation du football, l'autre en lien avec les évolutions de la structure. En effet, la transformation des conditions d'accès au métier de footballeur en Côte cl' Ivoire, son institutionnalisation à travers les centres de formation et de préformation, les clubs rendent ! 'entrée dans la pratique du football attractive par des groupes sociaux plus riches de Cocody. Le passage d'un apprentissage sur le tas à un enseignement davantage pédagogique, la prise en compte de la scolarisation dans les programmes des centres de formation et des clubs, 1 'encadrement médical de la pratique sont également autant de transformations susceptibles ces dix dernières années de rendre l'accès au football plus compatible avec les attentes éducatives des familles des classes moyennes et supérieures de Cocody. Cette transformation pousse de plus en plus ces parents à s'investir dans la pratique du football de leurs "enfants" et pèsent pour la prise de décision d'émigrer des jeunes footballeurs. lis encouragent les jeunes à la pratique du football et les incitent à trouver un club professionnel.

199 111.2. LE PARCOURS ET CARRlERE DES JEUNES FOOTBALLEURS

Celte partie de la thèse ne vise pas à aborder le parcours et les carrières des jeunes footballeurs du championnat Ligue I saison 201 1-2012 dans toute leur complexité.

En s'appuyant sur les données de ! 'enquête ménage (questionnaire, observation el entretien), elle vise à fournir des éléments sur les parcours sportifs et leurs carrières. Il s'agit de montrer comment se déroule le parcours sporti f de ces jeunes. Aussi, est-il question de montrer quels sont les facteurs ayant un effet sur le maintien dans l'activité footballistique et quel est le poids de cet effet dans la décision d'émigrer des Jeunes. Parmi ces facteurs nous nous referons dans un premier temps à ! 'âge du début de la pratique.

11.2.1. L'âge du début de la pratique

L'analyse des facteurs pesant sur la décision d'émigrer des joueurs locaux se fera à partir d'un certain nombre de variables dont l'âge de début de la pratique du football. Le graphique ci-dessous nous présente les différentes tranches d'âge où les joueurs de ln saison 201 1-2012 ont fait leur premier pas clans la pratique du football.

200 Graphique 8 : L'âge du début de la pratique

SàlOans llàlS,:ms 16à20ans 2là25ans 26ansct Non plus repondant

aSàlOans •tlàlSans •t6ti20ans •21à25ans 26ansctplus aNonrcpondant

Source: Données de l'enquête (2012)

D'après les résultats de l'enquête par questionnaire et de l'observation directe, l'initiation au métier de football débute depuis à l'âge de 5 ans pour la population de footballeurs participant au championnat Ligue 1. La prolifération des centres de formation de football aussi bien formels qu'informels explique l'attrait des« enfants» pour le football ; ils sont d'ailleurs attrayants également pour les adolescents. L'enquête a révélé que l'essentiel des potentiels émigrants ayant débuté la pratique du football entre 11 et 15 ans représentent 48,3% des enquêtés. Les enfants de 5 à 10 font 38,3% contre 10% pour ceux ayant 16 à 20 ans; 1,7% pour les jeunes de 21 à 25 ans et 0,8% pour les jeunes de plus de 26 ans. L'âge, comme nous l'avons déjà indiqué en début de cette partie, est une variable importante voire primordiale dans l'analyse des phénomènes migratoires. La prise de décision de partir du migrant varie considérablement avec l'âge avec laquelle il a commencé à pratiquer le football. Comme l'ont révélé les résultats de cette étude, les potentiels émigrants ayant débuté la pratique du football entre 5 et 10 et ceux de 11 à 15 ans ont plus de change de faire carrière dans le football. Ceci est dû au fait que ces potentiels émigrants 201 disposent suffisamment de temps pour se former dans les centres de formation, ensuite dans les clubs locaux et enfin au niveau international ; ce qui constitue un atout pour prétendre être un footballeur professionnel. Leurs homologues qui font leur premier pas dans la pratique du football à partir de l 6 à 20 ans et plus sont contraints par 1 • âge avancé de se contenter du football local où ils n'arrivent que par les clubs. Ils ne bénéficient pas pour la plupart d'entre eux d'une formation suffisante qui puisse leur permettre de prétendre accéder au football professionnel. 1 ls sont généralement recrutés par des clubs locaux qui les remercient à la fin de la saison suivante. Il découle de ! 'analyse des résultats que la possibilité d'émigrer des jeunes footballeurs qui débutent la pratique du football à partir de 16 à 20 ans est faible au vu des exigences du marché du football international. Cette tranche d'âge, souvent présentée comme la fleur de ! 'âge, constitue la période pour les individus de s'affirmer, de se faire une place dans la société; et non une période d'apprentissage du métier de footballeur. C'est la raison pour laquelle ces derniers préfèrent évoluer au niveau du football local et non émigrer vers des pays qui offrent davantage d'opportunités économiques, sociales et footballistiques. Un résultat, non moins surprenant ici, est leffet de la formation sur la prise de décision d'émigrer des jeunes footballeurs. Cependant, l'analyse du premier pas d'un jeune dans la prut iquc du football révclc que son influeuce seffectue à travers la prise de décision ou non de migration. En d'autres termes, selon qu'un jeune a débuté la pratique du football à un âge compris entre 05 et 15 ans, il a la possibilité de prétendre un jour s'essayer sur le marché international du football : et cela influence sa prise de décision. fi y a alors de différence significative clans la prise de décision de l'émigration à travers le football en Côte d'Ivoire selon qu'on soit arrivé au football dès l'enfance ou à l'adolescence. Au regard des données de ! 'enquête ménage et de ce qui suit. nous constatons que la plupart des footballeurs au niveau local commence la pratique du football à un âge leur permettant de faire carrière aussi bien au niveau national qu'international à condition qu'ils bénéficient d'une formation technique et tactique efficiente. 202 L'organisation qui guide les premiers pas d'un jeune footballeur a une influence sur la suite de sa carrière. En Côte d'Ivoire. les footballeurs de référence (les cadres de l'équipe nationale depuis 2000) qui ont débuté la pratique du football dans le championnat national avant d · émigrer sont pour la plupart issus de l'Académie Mirno-Sifcorn. La formation de base reçue clans ce centre de formation de l'ASEC Mimosas depuis les années 1998 a permis à ces jeunes d'acquérir des connaissances tacrico-technique pouvant leur permettre de se «vendre» sur le marché international du football. Au vu de ce qui précède, le rapport entre le type d'organisation sportive et l'âge de début permet également de déterminer si le joueur a des chances de faire carrière dans le football et par conséquent de prétendre un jour. émigrer vers les championnats les mieux organisés. Tableau 22: Relation entre l'âge de début de la pratique du football et l'organisation sportive

Centre de Club Autre Total ~ c Formation Ag Effectif 33 9 2 44 5 à 10 ans % 75 20,45 4,55 100 Effectif 38 20 0 58 1 1 à 1 ) ans % 65.52 3-t.48 0 100 Effectif 5 7 0 12 16 à 20 ans % 41,67 58,33 0 100 Effectif 0 2 0 2 21 à 25 ans % 0 100 0 100 Effectif 1 0 0 1 26 ans et plus % 100 0 0 100 Effectif 77 38 2 117 Total % 65,81 32,48 1,71 100

Source: Données de lcnquètc (2012) 203 Selon les données de ce tableau, les footballeurs dont le premier pas dans la pratique de football s'est effectué dans un centre de formation sont plus de la moitié des enquêtés. Ils représentent 65, 81 % des enquêtés contre 32,48% pour les clubs. Moins les joueurs sont âgés, plus ils s'orientent vers les centres de formation de football. C'est d'ailleurs ce qui explique que les joueurs, dont l'âge de début de la pratique du football se situe entre 5 et 10 ans sont majoritaires avec 75% et ceux de l l

à 15 ans représentent 65,52%. Ce résultat trouve son explication clans le fait que les centres de formation et les clubs adoptent de plus en plus des stratégies de recrutement basée sur l'âge. Ils privilégient les moins jeunes parce que le règlement sur le statut et le transfert des joueurs de la FIF A indique que la période de formation du footballeur s'étend jusqu'à la saison au cours de laquelle le joueur fête ses 23 ans. Lors de cette période, selon

l'article 20 du règlement sus mentionnée « des indemnités de formation sont redevables à l'ancien club ou aux anciens clubs lorsqu'un joueur signe son premier contrat entant que professionnel. Si le joueur d'un club de la Côte d'Ivoire est recruté par un autre club professionnel, le club formateur a le droit de toucher 22.000 Euros (30.000 dollars) pour chaque année passée par le joueur en son sein entre l'âge de 12 et 23 ans. Dans le meilleur des cas, le club formateur peut ainsi percevoir une

indemnité de formation de 264.000 Euros (360.000 dollars).

L1n dc ux iè rnc urt ic lc du mèrnc r·è:gkrncrll

2 l sur le « mécanisme de solidarité». Cet article stipule que « si un professionnel est transféré avant l'expiration de son contrat, le ou les clubs qui ont participé à la formation et à l'éducation du joueur reçoix ent une partie de l'indemnité versée à l'ancien club (contribution solidarité)». L'annexe 5, du règlement indique que cette contribution doit correspondre au 5% de la somme de transfert payée par le club acheteur. Ce montant doit être versé à l'ensemble des clubs ayant formé le joueur. Le club qui a formé le joueur entre l'âge de 12 ans et 13 ans reçoit 5% de l'argent, tout comme celui qui a formé le jeune entre ses 13 ans et 14 ans. Pour les autres années

204 qui suivent jusqu'à 23 ans du joueur, les clubs formateurs reçoivent 10% de la contribution de la solidarité. Par exemple, le club Français de Levallois, dans les Hauts-de-Seine, a reçu 675.000 Euros lorsque Chelsea Fe a transféré l'attaquant ivoirien Didier DROGBA de l'Olyrnpique de Marseille pendant l'Eié 2004. En 2006, l'ASEC Mimosas a empoché environ 560.000 Euros en guise de contribution de solidarité pour des transferts entre clubs Européens de joueurs formés à l'Académie Mimo-Sifcom. Nous remarquons également que même si les joueurs débutent majoritairement la pratique du football en Côte d'Ivoire dans les centres de formations, les clubs recrutent les joueurs de plus en plus entre 11 et 15 ans ; ce qui représente 38,48% des enquêtés. [l faut également souligner que c'est entre 16 et 20 ans que les clubs recrutent plus de joueurs que les centres de formation. Au niveau de cette classe d'âge (16-20ans) les clubs recrutent 58,33 % des joueurs contre 41,67% pour les centres de formation. li y'a comme une réorientation de la politique des clubs qui sont aujourd'hui pour la plupart des centres de formation ou procèdent un centre de formation afin de bénéficier des avantages sus mentionnées du règlement sur le statut et le transfert des joueurs. L'organisation d · un championnat national de jeunes (Réserves, Elites) où participent la quasi-totalité des clubs du championnat national Ligue I les obligent également à se constituer tous en centre de formation et par conséquent à recruter les moins jeunes. On note également que le niveau de la décision individuelle d'émigrer augmente avec le type d'organisation sportive et l'âge de début de la pratique du football chez des jeunes. Chez les footballeurs ayant démarré la pratique intensive avec un centre de formation entre 5-10 ans, le niveau de prise de décision augmente tout au long de la carrière local. La conséquence de l'augmentation de la décision individuelle avec l'âge (5-10) est la capacité d'affronter les obstacles; le football étant désormais la seule issue de réussite sociale pour le jeune.

205 Chez les jeunes footballeurs ayant débuté la pratique dans un club, la situation est légèrement différente. cest entre 16 et 20 ans qu'ils commencent la pratique intensive du football. On note par ailleurs que la décision individuelle n'augmente pas avec les jeunes ayant débuté la pratique du football dans un club et ce. avec un âge avancé (plus de 16 ans). C'est plutôt les jeunes de 5 à 10 ans qui présentent les niveaux les plus élevés de décision individuelle. Même si, tel que signifiée, la formation de base est déterminante dans le maintien des joueurs dans le football afin d'espérer un jour émigrer, l'expérience acquise dans différents clubs au niveau national et international, lors des matches officiels joués, au cours d'entrainement et du niveau de championnat auquel le club participe est un élément du parcours et de la carrière qui peut avoir un poids dans la décision d'émigrer ou non des footballeurs locaux.

TTI.2.2. Les effets internes au parcours sportif des jeunes

On l'a déjà indiqué, plusieurs facteurs peuvent avoir un effet différenciateur sur

la poursuite d'une activité sportive. Outre le talent personnel, on peut considérer également quelques effets internes

au parcours sportifpropre,m::nt Jit. Ce sont entre autres le nombre Je matches officiels auxquels ont participés les joueurs, le nombre de clubs qui les a employés. A ces variables, on peut ajouter celles décrivant le contexte dans lequel se déroule la pratique : le niveau du championnat auquel le club participe, les salaires perçus et la

fréquence de l'entrainement.

111.2.2.1. Le nombre de matches officiels joués

L'ambition de la plupart des jeunes footballeurs «semi-professionnels» c'est• à-dire évoluant à un niveau de championnat relativement peu faible, est de passer

206 professionnel. Pour y arriver, les joueurs participent à un certain nombre de matches officiels dont la prise en compte pèse dans sa carrière. On peut dire que les footballeurs du championnat national Ligue 1 de la saison sportive 2011-2012, ont chacun en ce qui le concerne participé à des matches officiels qui puissent leur permettre de construire une carrière professionnelle.

Graphique 9: Le nombre de matches joués par les footballeurs

•OàS a6à10 allàlS a16à20 •21etplus aNonrepondant

19%

7%

Source: Données de l'enquête (2012)

En termes de nombre de matches joués par les jeunes footballeurs au niveau local, le premier constat qui se dégage est celui de la participation de la quasi-totalité des enquêtés à match officiel ; paramètre leur performance. En effet, l'on remarque que tous les footballeurs interrogés ont participé à au moins à un match officiel. Si la prise de décision de migrer est individuelle pour chaque jeune, par contre la traduction de ce rêve en réalité nécessite pour eux d'être psychologiquement, technico-tactiquement, athlétiquement et physiologiquement prêts. La participation à un match officiel témoigne de la disposition requise de ces facteurs.

207 L'analyse du nombre de match officiel joué montre que plus de la moitié des joueurs soit 55% ont joués au mois 21 matches officiels au cours de la saison sportive 2011-2012; ce qui traduit leur capacité d'évoluer dans un championnat d'élite. On remarque également que 19% des footballeurs ont joué entre O et 5 matches ; 10% entre 6 à 10 matches ; 8% entre 16 à 20 matches et 7% entre 11 à 15 matches. Dans l'analyse, il ressort que plus de la moitié des jeunes footballeurs ont la capacité d'intégrer un club au niveau international même si les jeunes parmi eux doivent encore renforcer leur performance afin de prétendre émigrer. Comme nous avons pu le constater, la volonté des jeunes d'émigrer est déterminée leur performance dont l'un des éléments est le nombre de match officiel auquel participe un footballeur. Au regard de ce qui précède, on peut dire que les jeunes footballeurs se donnent les moyens techniques qui puissent leur permettre de légitimer le projet de migration.

111.2.1.2. Le nombre de clubs ayant employé les joueurs

L'analyse ici met l'accent sur le nombre de clubs ayant employé les joueurs aussi bien au niveau local, continental et international depuis le début de leur premier match officiel. Elle se limite à présenter comment se déroule le parcours et la carrière des footballeurs. Graphique 10: Le nombre de club ayant employé les joueurs

Non repondant

6ctplus ... '"

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%

•1113 •4.)6 •6ctplus •Nonrcpondant

Source: Données de l'enquête (2012) 208 Dans ce travail, nous avons vu que la performance personnelle d'un footballeur peut être un déterminant dans sa prise de décision d'émigrer. Mais cette performance s'acquière par la pratique du football dans une organisation sportive soit un centre de formation de football ou dans un club. Cependant le projet de migration des jeunes s'aperçoit déjà à travers leur mobilité dans les clubs au niveau local. On note que 65,83% des footballeurs ont été employés par au moins 3 clubs. 26,87% pour 4 à 6 clubs et 5,83% pour 6 clubs et plus. Le rôle joué par les clubs formels n'est pas à négliger dans la question de migration des jeunes footballeurs en Côte d'Ivoire puisque cette organisation sportive contribue à légitimer la prise de décision de ces jeunes et accroît le désir de partir vers les championnats les mieux organisés. Les résultats liés au nombre de club employeur montre également un lien avec l'âge des footballeurs. Plus on est employé par plusieurs clubs au niveau local, plus l'âge s'augmente et la chance d'émigrer diminue. Si on se réfère à cette logique, s'aperçoit que moins nombreux sont qui ont été employés par 6 clubs et plus. A ce niveau on remarque également que les footballeurs commencent à prendre de l'âge; ce qui affecte considérablement leur volonté de migrer par le football. Après observation, on il importe de dire que plus le nombre de clubs employeur augmente moins le nombre de joueurs diminue. 011 pourrait dire quètre employé par plusieurs clubs au niveau local pèse lourdement sur le risque d'abandon et par conséquent sur ! 'émigration des jeunes.

111.2.2.3. Le niveau du championnat auquel le club participe

Se maintenir à un niveau d'un championnat d'élite n'est pas une chose facile aussi bien pour les clubs que pour les joueurs. On peut cependant, à partir du champ de l'étude, dire que les enquêtés participent tous au championnat national Ligue!. A la question : votre club participe t-i I à un championnat national. 100% des enquêtés

209 ont répondu par l'affirmatif et ils ont précisé que leur club participe au championnat Ligue!. Au niveau local, la Ligue I est le championnat d'élite organisé par la Ligue Professionnelle de Football. Selon les statuts de la F!F, la Ligue Professionnelle de Football est chargée de gérer, au nom de la FIF et sous le contrôle du Comité Exécutif: 1. Le championnat national de Ligue I et 2. Le championnat national de Ligue 2; 3. La coupe nationale et 4. La coupe Félix Houphouët Boigny 5. Les compétitions internationales et toutes autres compétitions arrêtées par le Comité Exécutif.

Plus ou moins long, le passage par le championnat national Ligue I pour accéder au football professionnel est conseillé. Si en termes de résultats certain "cadre" de ! 'équipe nationale de football tel Didier DROG BA ont une réussite sans passer par ce circuit, la Ligue I reste le championnat où ! 'émigration des footballeurs est fréquente.

En effet, né le 1 1 Mars 1978. Didier DROG BA a certes grandi clans le quartier de Yopougon Sicogi à Abidjan mais il a quitté la Cène d'Ivoire à l'âge de 5 ans en 198\ lorsque sa famille l'envoie vivre avec son oncle Michel Goba en France. li y débute sa carrière à ! 'âge de 10 ans au Mans Union Club. C est depuis 2002 qu'il a rejoint l'équipe de Côte d'Ivoire.

Un autre parcourt atypique est celui de F AE Emerse. \lé le 24 janvier 1984 à Nantes Formé au FC Nantes, il a débuté la pratique du football au sein du FC Toutes aides, club de quartier de Nantes. En 1995, il intègre le centre de formation du FC Nantes avant d'être sélectionné en équipe de France espoirs. li s'est tourné finalement vers l'équipe de Côte d'Ivoire 2005.

210 A exception de ces cas isolés, la participation à la LIGUE I est détermanant pour la suite de la carrière professionnel d'un footballeur.

111.2.2.4. Le poids du salaire au niveau local

Parler du salaire des footballeurs du championnat national nous conduit à nous intéresser tout particulièrement à la valeur et à la dimension travail dans le sport en général et le football en particulier. Cette valeur de la force de travail du joueur dépend de l'équilibre de l'offre et de la demande. Elle varie aussi tout comme sa valeur marchande selon les critères suivants : le niveau du championnat, temps de jeu dans les compétitions, la performance individuelle et les résultats collectifs .. Dans notre société contemporaine dominée par le capitalisme, le travail est associé à l'emploi salarié. Etant donné que, comme le stipule Brohrn ( 1997) « le sport est devenu un secteur d'accumulation de richesse, d'argent, et donc de capital. Le sport draine des sommes considérables. je dirais même, qu'aujourd'hui, c'est la vitrine la plus spectaculaire de la société marchande mondialisée. Le sport est devenu une marchandise-clé de celte société» ; le footballeur devient un travailleur atypique du fait qu'il est salarié dans le secteur sportif. Dans ce contexte du «football-travail», la dualisation de l'économie du football entre les clubs des pays de «rêve» des joueurs ivoiriens et ceux du football national sont observables. Tout comme le budget des clubs, la comparaison entre le salaire moyen mensuel brut perçu par les joueurs clans les championnats les mieux organisés permet de rendre compte des énormes disparités existantes. Pour se rendre compte de cette réalité qui est déterminante dans la décision de migrer des jeunes footballeurs, nous avons estimé utile. non pas de faire une comparaison entre les salaires des joueurs de football les mieux payés au monde et ceux du championnat national, mais de présenter la réalité salariale des footballeurs locaux participant au championnat dont le niveau est le plus élevé en Côte d'Ivoire.

211 Le graphique ci-dessous présente la configuration des salaires mensuels des footballeurs du championnat Ligue l.

Graphique 11: Le salaire des joueurs

Non repondant

200 000 FCFA et plus

150 OOOà 200 000 FCFA

100 000 à 150 000 FCFA

50000à 100000 FCFA

0 à 50 000 FCFA

0,0% 5,0% 10,0% 15,0% 20,0% 25,0% 30,0% 35,0%

•sériel

Source: Données de l'enquête (2012)

Lors des enquêtes ménages, nous avons interrogé les footballeurs sur leur salaire comme étant un élément déterminant dans la pratique de ce sport. Le graphique ci-dessus montrent que 32,50% des enquêtés ont un salaire qui oscille ente 100.000 FCFA et 150.000 FCFA; 25% sont payés entre 150.000FCFA et 200.000FCFA et 15,83% touchent mensuellement plus de 200.000 FCFA. Nous remarquons une prédominance des footballeurs qui reçoivent un salaire à partir de 100.000 FCFA. D'autres par contre touchent un salaire inférieur à 100.000 Fcfa. Selon des résultats, ce sont 6,67% de joueurs qui perçoivent un salaire mensuel inférieur ou égal

à 50.000 F CF A.

212 Nous pouvons déduire au vu de ces chiffres qu'il existe une disparité au niveau du salaire mensuel des joueurs au nive~u national. Cette disparité est assez grande au niveau d'un même championnat où les clubs ont presque les mêmes sources de revenus: la subvention allouée par la FIF qui s'élève à 50 millions de FCFA par an. Au niveau du football national, si 15,83% des joueurs gagnent plus de 200.000 FCF A par mois, une grande majorité de footballeurs doivent se contenter de revenus plus modestes. Une enquête qualitative auprès· des responsables des clubs, des parents des footballeurs et certaines personnes ressources a confirmé ces salaires et montré que ces bas salaires constituent l'un des facteurs qui poussent les jeunes à émigrer. Et que la volonté croissante d'émigrer de la part de ces footballeurs s'inscrit a-priori dans une politique visant à augmenter la demande de travail afin d'en· augmenter les revenus. Ces données confirment la thèse de Lewis (1954) et Todaro qui stipule que « les migrations internationales comme les migrations internes sont provoquées par des différences géographiques entre l'offre et la demande de travail. Les pays richement dotés en travail relativement au capital ont un salaire d'équilibre bas, alors que les pays où le travail est rare relativement au capital ont un salaire de marché élevé. Le différentiel de salaire qui en résulte provoque le déplacement de travailleurs du pays à bas salaires vers le pays à hauts salaires. Au niveau du football, en plus de la disparité salariale, le manque d'une «assurance» dans le métier de footballeur au niveau national où d'une saison à une autre le footballeur peut changer de club ou même rester sans club, poussent les jeunes à mettre tout en œuvre, à travers un projet migratoire.

213 m.s. LE PROJET MIGRATOIRE DES JEUNES

L'émigration des jeunes footballeurs est encore une de celles qui sont moins connue; cette assertion est d'autant plus vraie parce que jusqu'ici, il n'existe pas encore de données sur ce phénomène. Après avoir présenté les profils des potentiels émigrants, nous poursuivons nos analyses en les dirigeants vers les projets de départ de ces jeunes joueurs qui constituent ce que nous appelons « les potentiels émigrants » ou « les candidats à l'émigration». Toutefois, il est vrai que cette émigration étant récente et méconnue intéresse peu les spécialistes en la matière. Le projet migratoire dont nous faisons allusion dans ce chapitre pose la question de l'intentionnalité des jeunes joueurs. Si celle-ci se construit en fonction des expériences acquises (d'un savoir-faire), elle dépend aussi du pouvoir-faire des footballeurs, de leur capacité à accomplir leur autonomie. Cette dimension de l'intentionnalité est liée à la distinction entre ce qui est de l'ordre du possible et du probable, sachant qu'entre le savoir et le pouvoir se glisse le rêve, l'imagination, une fantasmagorie du futur. Nous allons essayer d'établir les relations entre ces trois niveaux : les expériences accumulées, le pouvoir (au sens de capacité) et l'onirique, niveaux auxquels il faudrait ajouter les interactions. Pour y arriver, nous présentons d'abord un aperçu historique de la migration en Côte d'Ivoire.

214 111.3.1. La relation entre la mutation interne et la prise de décision d'émigrer

Pour Moustapha (2007), l'opération de transfert pose problème par sa construction et sa complexité. En effet, à des règles internes se superposent des règles internationales parfois divergentes. A des autorités nationales, s'ajoutent des autorités internationales. La mondialisation du marché, donc l'ouverture des frontières du football l'arrêt« Bosman », la pluralité des nationalités et l'emprise du droit rendent les transferts plus complexes.

Pour revenir à notre étude, il ne s'agit pas d'aborder la question de transfert dans toute sa complexité mais d'une part de montrer que l'expérience vécue par les joueurs sur ce plan au niveau national les fortifie dans la position de partir ou non et d'autre part saisir les raisons évoqués par eux-mêmes qui militent en faveur de la prise de décision de quitter Je pays pour une autre destination. En prenant pour base de données que les 120 enquêtés, on peut dire qu'il existe Je transfert/mutation de joueurs entre les clubs au niveau national dans le mesure où plus de ma moitié des footballeurs de la Ligue 1 ont quitté au moins une fois leur club pour un autre. Graphique 12: La mutation des footballeurs au niveau local

• oui • non • Non rependant

68%

Source: Données de l'enquête (2012) 215 D'une manière générale, il est intéressant de constater que 68% des enquêtés ont quitté au moins une fois leur club pour un autre club contre 31 % qui n'ont jamais vécus l'expérience d'une mutation d'un club à un autre au niveau local. Ce résultat indique qu'il y'a une mobilité des footballeurs au niveau du championnat national. Ce résultat montre également que les jeunes footballeurs renforcent leurs compétences dans au moins deux clubs locaux avant de prétendre les parfaire à l'international, or tout se passe aujourd'hui comme si c'est seulement dans les clubs européens qu'on peut recevoir une formation de qualité. C'est surtout à des fins d'exploitations des footballeurs en tant que main-cl'œuvre de moindre coût que les clubs Européens affluent en Côte d'Ivoire. Ce constat est renforcé par Poli(2004) quand il dit que ! 'objectif de recrutement du jeune footballeur en Afrique n'est pas de garder le joueur sur le long terme, mais plutôt de le transférer contre de l'argent dès qu'une occasion se présente. En règle générale, en effet, les clubs poursuivant cette stratégie « stratégie de la plus-value» sont très actifs dans le transfert de footballeurs depuis des continents et des pays ou le rapport entre qualité et prix des joueurs est particulièrement avantageux ... Dans ce rapport de coût/avantage, les raisons évoquées par les joueurs susceptibles de partir dans un autre club ou pas sont nombreuses.

216 Tableau 23 : les raisons du changement de club

Perspective Meilleure Sur conseil Après Recherche Total de carrière rémunération d'un démarches de d'une agent de responsable de formation S:"b joueur club efficiente g ? ...... •. Effectif 45 2 2 2 2 53 Oui % 84,9 3,8 3,8 3,8 3,8 100

Effectif 0 2 0 0 0 2 Non % 0 100% 0 0 0 100%

Effectif 45 4 2 2 2 SS Total % 81,8 7,3 3,6 3,6 3,6 100

Sourcc : Données d.:: lcnquêic (2012)

217 Le tableau ci-dessus montre que les mutations ou transferts des jeunes footballeurs évoluant dans le championnat national répondent à des raisons liées au contexte national du football. La mobilité de ces jeunes d'un club à un autre au niveau local est motivée par des raisons aussi diverses que variées selon le projet de migration.

Dans cette étude, les raisons évoquées par les jeunes footballeurs sont au nombre de cinq: une perspective de carrière, une meilleure rémunération, sur conseil d'un agent de joueur, après démarches de responsables de club et enfin la recherche d'une formation efficiente.

Pour la majorité des jeunes footballeurs (84,9%) de ceux qui ont une fois fait l'objet d'une mutation au niveau local. Je désir de quitter son club initial pour un autre est lié à une perspective de carrière. Si les footballeurs qui on une fois changé de club affirment à 84.9% que c'est dans une perspective de carrière qu'ils ont muté. la situation est radicalement différente pour ceux qui sont toujours restés dans leur club où 100% des joueurs déclarent que c'est seulement pour une meilleure rémunération qu'ils peuvent aller d'un club à un autre.

Pour les autres raisons avancées: meilleure rémunération, conseil d'un agent de joueur, après démarches de responsable du club, et recherche cl 'une formation efficiente, on remarque une constance quant il la réponse avancée par les jeunes footballeurs. lis représentent respectivement 3,8% pour les raisons ci-dessus mentionnées.

L'étude des raisons de mutations ou de transferts des jeunes il lustre chez eux la recherche d'un perfectionnement en vue d'une probable carrière réussie au niveau international. Cela permet d'affirmer que la mutation quand elle se fait au niveau national, ne reflète pas forcement un facteur financier au vu des difficultés financières des clubs et du niveau bas des salaires, mais elle répond à l'exigence d'une perspective de carrière pour les jeunes.

218 111.3.2. Les raisons de la mutation selon quelques caractéristiques sociales des jeunes footballeurs

Plusieurs raisons expliquent la prise de décision d'un footballeur « aller» d'un club à un autre aussi bien au niveau local qu' international. Contrairement à ce que pense l'opinion publique, il n'y a pas seulement que le transfert des footballeurs vers les championnats Européens. Au niveau local, il existe chaque saison sportive une mutation interne des footballeurs entre les différents clubs qui animent le football ivoirien. Aux raisons financières présentées comme seul facteur de changement de club pour un footballeur, viennent s'ajouter des raisons sportives qui s'inscrivent dans une perspective de carrière internationale pour les jeunes. Ces raisons varient selon les caractéristiques sociales des footballeurs.

219 Tableau 24: Les raisons de changement de club scion quelques caractéristiques sociales des jeunes footballeurs

Caractértsriq ues Raisons de changement de club sociales des jeunes footballeurs Perspective Meilleure Sur conseil Après Recherche Total x2 P-value de carrière rémunération d'un agent démarches d'une de joueur du responsable formation de club efficiente Age 16-20 4 0 0 0 1 5 21-25 27 2 0 2 1 32 8 0.2 .., 26 et plus 14 2 0 0 18 Niveau d'instruction Analphabète ·'' () 0 0 0 3 Primaire 11 :! 0 2 0 15 12 0.7 Secondaire 30 2 2 0 2 36 Autres 1 () 0 0 0 1 Situation matrimoniale 44 4 0 1 2 51 4 0.00 Célibataire 1 0 2 1 0 4 Marié Total 45 4 2 2 2 55

Source : Donnccs de 1 · enquête ( :2012)

220 L'analyse des raisons mises en avant pour justifier le changement de club au niveau du championnat national de football en Côte d'Ivoire nous permet de mieux apprécier l'intention et la volonté de migration des jeunes vers les championnats les mieux organisés.

La raison principale (84,9%) évoquée est une perspective de carrière; ce qui sous-entend devenir un jour un footballeur professionnel. A côté de cette raison, la recherche d'une meilleure rémunération justifierait également le fait de changer un club.

La recherche d'une formation efficiente, le fait que les responsables de club puissent faire les démarches dans le sens de permettre à un footballeur de changer de club et le conseil donné par un agent de joueur (3,8%) sont aussi une cause de la mutation interne au niveau des clubs.

Les raisons financiers ne sont pas suffisamment évoquées pour justifier la mutation interne. Seulement 3,8% des jeunes ont fait allusion à cette raison. Le peu d'intérêt pour la raison financière se justifie par le fait que la mutation se pratique clans des conditions d'un football non professionnel qui ne garanti pas un meilleur avenir aux jeunes footballeurs.

Contrairement à ce qui est courant d'entendre dans le milieu du football ivoirien sur les motifs du changement de club. ici la majorité des jeunes affirment

qu'ils ne peuvent changer de club seulement c1uc: dans une: perspect i v e de carrière. Cette mutation varie selon les caractéristiques sociales des jeunes footballeurs. Avant d'analyser le rapport entre la mutation interne et ! 'âge des jeunes par exemple, nous pouvons indiquer que de la majorité des potentiels émigrants qui ont une fois muté ont un âge compris entre 21 et '.25 ans. Ce qui signifie que les footballeurs ayant muté ce sont les footballeurs de la catégorie de seniors qui changent plus de club. En termes du niveau d'instruction, on peut constater que les jeunes footballeurs interrogés qui ont le niveau primaire et ceux qui ont niveau secondaire sont ceux qui ont le plus changé de club au niveau du football local.

221 En effet, sur 45 jeunes qui ont changé de club et qui affirment avoir muté pour des raisons de perspective de carrière 11 ont le niveau primaire et 30 le niveau secondaire.

Les tests de corrélation fait n'ont indiqué aucune signification entre l'âge, le niveau d'instruction et la mutation interne. Ce paradoxe pourrait s'expliquer par le fait que les jeunes qui ont un niveau primaire et secondaire qui pratiquent le football n'ont que football comme la seule alternative pour la réussite sociale. Si l'on peut supposer que la tranche d'âge la plus représentée est celle des «seniors» qui constituent la population active du football, les résultats montrent au contraire que ce sont les plus âgés (26 ans et plus) dont l'appui d'un responsable de club constitue une raison de mutation. En précédant à une analyse des raisons attribuées à la mutation interne et à la situation matrimoniale, les résultats montrent que pour une grande proportion des jeunes footballeurs du championnat national Ligue 1, la perspective d'une carrière (44 sur 45), est considérée comme étant la raison la plus importante. Cette cause principale est suivie par ordre dimponance de meilleure rémunération, recherche d'une formation efficiente et après démarches d'un responsable de club. Comme nous l'avons mentionné plus haut dans le chapitre les caractéristiques sociales des jeunes footballeurs, les célibataires sont libres de tout engagement social.

Cette a liberté » est un élément incitateur de migratiun qui conforte les jeunes dans leur volonté et prise de décision d'émigrer. Les tests de corrélation ont montré cette importance de la situation matrimoniale dans le projet de migration des jeunes footballeurs. ce qui s'aperçoit déjà au niveau des mutations internes.

222 111.3.3. La destination de choix des jeunes migrants

Dans cette partie, nous chercherons d'une part à savoir si les jeunes footballeurs-candidats ont une destination préférée et, si oui, quels sont les motifs de ce choix; et d'autre part déterminer le poids de la destination sur la volonté et la prise de décision de migrer.

Graphique 13 : la destination de choix des candidats à l'émigration

Non rependant N'importe quelle 1% Arabie Saoudite destination 8% 12%__ ......

Chine 5%

Espagne Qatar 13% 15%

7% Belgique 10%

Source: Données de l'enquête (2012)

La majorité des potentiels candidats à l'émigration à travers le football ont mentionné, comme indiqué dans le graphique· ci-dessus, l' «Europe» ou les pays européens (53%) comme destination souhaitée. Ce sont au total pour la France 23%, l'Espagne 13%, le Belgique 10% et l'Italie 7%). Cette destination privilégiée est suivie de pays de l'Asie mais en premier lieu les pays du golf avec le Qatar 10% et Arabie-Saoudite 8%. 223 L'importance du choix de la destination européenne pour les jeunes est confirmée par les réponses données par parents à la question de « Donnez-nous le nom de 3 clubs dans lesquels vous aimerie: le voir jouer pendant sa carrière (dans/ 'ordre de préférence) l>. Pour les parents, ils préfèrent voir leur "enfants" évolués dans les clubs européens. A la fin de la plupart des entretiens, nous-nous rendu compte que ce sont qui sont les principaux conseillers. En effet, dès le premier pas de leur "enfant" dans le football, ils lui inculquent l'idée que ! 'Europe est la meilleure destination pour un footballeur professionnel. Cette préférence des pays européens pour les parents est consolidée par les salaires des footballeurs professionnels ivoiriens évoluant dans les championnats européens et la propagande que fait la presse aussi nationale qu 'internationale autour des revenus mensuels et annuels de ces footballeurs professionnels. Cette même réalité est traduite par les responsables de club et les agents de joueurs qui tous "luttent" pour que leur protégé puisse jouer dans un championnat d'un pays Européens. En toute fois reconnaissant qu'il n'est pas facile d'accéder à aux clubs de ces pays, ils pensent que cest la destination de rêve et par conséquent le lieu de mettre tout en œuvre pour que son "protégé" y arrive dans sa carrière ; les autres pays étant des destinations de transit. Dans ce choix de destination européenne. la France reste le pays où la majorité

Je, jeunes ruutbalku1~ iv oiricns souhui tcnt trouver un club professionnel. Cc sont 23% des enquêtés qui préfèrent émigrer en France dans leur quête de club professionnel. Même si la recherche d'un pays où il y a de meilleurs perspectives et des possibilités de gain plus importants qu'en Côte d'Ivoire conditionnent le choix des jeunes, force est de reconnaître que la préférence pour la France trouve sa justification dans les aspects culturels, linguistiques et historiques. En effet, le poids du passé colonial entre la Côte d'Ivoire et la France et ses implications (système éducatif, les relations entre les individus, l'héritage sportive, le critère linguistique ... ) constituent des éléments importants du le choix de destination des jeunes. A ces éléments il faut ajouter le fait qu'en Côte d'Ivoire aujourd'hui que

224 ce soit au niveau des centres de formations de football que les clubs, la France est le pays qui a le plus de partenaires. Outre la destination européenne, il y a une réorientation des flux de migration vers l'Asie; nouvelle "eldorado" de football qui attire aujourd'hui les jeunes foot bal leurs. Destination impossible il y a encore quelques années, les pays d'Asie et particulièrement les pays du Golf sont devenus une destination souhaitée par les jeunes footballeurs. Présentés comme mode naissance vouée à se généraliser au niveau du football mondial, ces pays sont aussi les destinations des jeunes footballeurs évoluant dans le championnat ivoirien. Parmi ces pays d'Asie, la Qatar (15%) et l'Arabie Saoudite (8%) restent les premières destinations de choix de des enquêtés. Après ces cieux pays, la Chine est donc devenue la nouvelle destination des jeunes footballeurs (5%) en se référant aux «stars» qui y vont à la recherche d'un dernier gros contrat. Mais en ce qui concerne les footballeurs privilégiant le sportif. se retrouver en Chine tient à une seule explication selon Franck Belhassen ". «Certains joueurs noru pas le choix. lis n'ont pas d'offre, pas de contrat, mais doivent gagner leur vie. lis n'ont jamais rêvé de jouer là-bas dans leur jeunesse ». Le choix de la probable destination des jeunes foot bal leurs est fonction des objectifs précis.

lll.3.4. Les objectifs de la migration des jeunes footballeurs

Aider la famille, devenir une star du football et être autonome sont les trois objecti Cs principaux du projet migratoire des jeunes foot bal leurs.

'' Franck Belhassen est un agent de joueur agréé par la Flf'A depuis ~00-1. 225 Graphique 14 : Les objectifs de migration des jeunes

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0% Aider la famille Devenir une star Etre autonome Autre Non rependant du football

Source: Données de l'enquête (2012)

Le désir d'aider la famille (51 %) est la première des raisons qui pousse et incite les jeunes à prendre la décision de migrer. Au-delà du simple fait d'aider la famille cet objectif évoqué par les potentiels émigrants met en exergue d'une part le rôle que veulent jouer les jeunes dans la famille et d'autre part Je poids des jeunes sur la famille. En effet, compte tenu de la faible part des parents des jeunes footballeurs pouvant occuper un emploi qualifié (activités libérales 57%, ouvriers 13%, manœuvres 10%, cadre supérieur 10% et agent de maitrise 4%) et disposer de ressources régulières, ils vivent pour la plupart dans des quartiers populaires où l'accès au meilleure condition de vie est limité. Comme nous l'avons déjà souligné, dans cette condition de vie, le football s'offre aux jeunes comme la seule alternative de réussite à travers lequel ils comptent sortir la famille de la« galère».

226 Lors de nos entretiens avec les parents. certains ont affirmé que « mon fils est

1111 investissement pour la fomille ; sa réussite est une bonne chose pour taule Lo famille vu que la situation est de plus en plus difficile ». Les jeunes footballeurs cherchent à avoir un pouvoir dans la famille et dans leur communauté. Outre le fait que les jeunes désirent sortir la famille de la pauvreté, il y a également qu'au vu des difficultés socio-économiques. les parents pensent que l'émigration de leur fils est un soulagement: « une fois qu'il parti, c 'es! comme un poids qui quille sur narre tête ». L'émigration des jeunes devient alors une stratégie pour les parents pour combler Je retard accusé par Jeurs enfants sur les autres possédant un capital culturel pouvant être d'accéder à un emploi de qualité. Le second objectif, purement sportif à première vue est: "devenir une star du football" (25%). L'image que les potentiels émigrants se font d'eux même légitime la prise de décision et les incite à partir pour un autre pays, et ce à la recherche d'un bien-être. Pendant ces dix dernières années. il existe en Côte d'Ivoire une certaine construction sociale du migrant qui alimente Je rêve des jeunes au niveau local. Selon cette construction, la star du football présente les signes visibles de ce qui est considéré comme la réussite sociale : vêtements de marque, création d'entreprise et/ou de fondation, argent dépensé généreusement. constructions des immeubles ou contributions à des réalisations communautaires. Par conséquent, pour les jeunes footballeurs, émigrer pourrait leur permettre de se construit une identité de star du football ; ce qui pourrait, en référence aux footballeurs professionnels ivoiriens accéder à I'« Eldorado». Après vient "être autonome" (22%) et enfin autre (2%). L'objectif "être autonome" est lexpression de la détermination des jeunes de se constituer un capital social afin de prendre leur libené vis-à-vis des parents. Comme nous l'avons rappelé, la majorité des jeunes connaissent, de la position socio-professionnelle de leurs parents, une situation socio-économique difficile. lis sont pour la plupart d'un faible niveau d'instruction, ils sont sortis du circuit scolaire. Outre ces difficultés, les jeunes sont d'une sous qualification importante et sont confrontés à un problème d'insertion professionnelle qui devient de plus en plus 227 problématique. Par conséquent, ils nont .1a111a1s été indépendants. Ils sont généralement suivis, encadrés par la famille et les membres de l'environnement proche dans lequel ils vivent. Même quand, ils ne vivent plus avec les parents, ils dépendent financièrement de leur famille.

En cohérence avec les conditions de vie des parents et du jeune footballeur lui• même, le travail (football professionnel) reste le facteur principal de construction et de développement de l'autonomie. Le fait de pouvoir travailler au niveau du football international entant que professionnel, quelle que soit la destination ou le niveau de championnat, donne le droit à un salaire valorisant ; symbole de réussite sociale. Les ressources mobilisées à ce niveau permettront aux jeunes de s'affirmer et de construire son univers en toute autonomie.

Dans ces conditions, l'éloignement du cercle familial pour une période plus ou moins longue se présente comme la seule alternative pour prendre son autonomie d'où la justification de la prise de décision de migrer malgré la connaissance des contraintes liées à un tel projet.

Les enquêtes qualitatives auprès des parents, ont révélé leur souci de voir leur enfant prendre son autonomie pour le « bonheur» de toute la famille.

Les données nous permettent de mettre en évidence une relation directe entre la profession du parent.

228 Tableau 25: Relation entre les objectifs de départ des jeunes et la profession du parent

Aider la famille Devenir une star Etre autonome Autre Total du football

~p 10 Manœuvre Effectif 6 1 3 % 118 3,4 15,8 9,9 1 14 Ouvrier Effectif s 2 6 13,9 % 9,8 6,9 31,6 50 Agent de maîtrise Effectif 1 1 3 s % 2,0 3,4 15,8 5,0 10 Cadre Effectif 4 5 1 % 7,8 17,2 5,3 9,9 Cadre supérieur Effecti r 5 s % 9,8 5,0 1 57 Activités libérales E ffecii r 30 70 6 % 58,8 69,0 31,6 50 56,4 2 101 Total Effectif SI 29 19 % 100 100 100 100 100

0._0111.oce: Enquét,» de 11u!11af!,C!S 2012

229 Tableau 26: Tests du Khi-deux de la relation entre les objectifs de départ des jeunes et la profession du parent

Valeur Ddl Signification asymptotique (bilatérale) Khi-deux de Pearson 26,0 15 0,04 Rapport de vraisemblance 25,9 15 0,04 Association linéaire par linéaire 4,3 1 0,04 Nombre d'observations valides 101

a. 18 cellules (75,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de , 1 O.

Les résultats des enquêtes montrent une signification entre les objectifs du départ des jeunes et la profession du parent qui prend en charge le jeune footballeur. Comme nous l'avons déjà dit. la mise en relation des objectifs des jeunes et de la profession des parents montre que la majorité des jeunes footballeurs comptent migrer pour aider la famille. Ce sont 58,8% des jeunes dont le parent exerce une activité libérale qui projette émigrer pour aider la famille. Si la fréquence des jeunes dont la parent exerce une profession stable est faible (agent de maitrise 2%. cadre 7,8% t cadre supérieur 9,8%), ce sont 11,8% des jeunes dont le parent est manœuvre et 9,8 ouvriers qui pensent que la migration répond au besoin d'aider la famille. Quand le parent présente une situation socio-professionnelle instable, la raison principal du « fils» est d'aider les parents à sortir de la pauvreté. Pour les jeunes footballeurs dont les parents bénéficient d'une profession mieux rémunérée, le projet de migration vise 1 'objectif cl· autonomie vis-à-vis des parents qui sont des « décideurs absolus ». 69% des jeunes footballeurs dont les parents exercent une activité libérale disent vouloir migrer pour devenir une star de football et seulement 31,6% lient leur volonté de départ pour l'extérieur à un besoin d'autonomie.

230 Parmi ceux dont le parent a une profession stable, ce sont 3,4% dont les parents sont agent de maitrise et 17,2% parent cadre qui pensent émigrer pour devenir une star du football. On peut dire au vu de ce qui suit qu'il y a une forte tendance d'émigrer pour les jeunes dont les parents présentent une situation socio-professionnelle instable. C'est le désir du jeune footballeur d'élever le niveau de vie de sa famille qui détermine son intention, la prise de décision et la mise en exécution de son projet migratoire. Outre la situation professionnelle du parent, nous remarquons une signification entre 1 'objectif du départ et ! 'page des potentiels migrants.

231 Tableau 27: Relation entre les objectifs de départ des jeunes et ! 'âge des jeunes

Objectif de départ des jeunes Age Total

16-20 21-25 26 ans et plus

Aider la famille Effectif 7 30 20 57

% 33,3 50,8 66,7 51,8

Devenir une star Effectif 12 12 6 30 du football % 57, 1 20,3 20 27,3

Etre autonome Effectif 1 16 4 21

% 4,8 27,1 13,3 19,1

Autre Effectif 1 1 2

% 4,8 1,7 1,8

Total Effectif 21 59 30 Il 0

% 100 100 100 100

Source: Données de 1 'cuquôrc (2012)

232 Tableau 28: Tests du Khi-deux de la relation entre les objectifs de départ des jeunes et ! 'âge des jeunes

Valeur del! Signification asymptotique (bilatérale)

Khi-deux de Pearson 17.~ 6 0,008 Rapport de vraisemblance 17.1 6 0,009

!Association linéaire par 2,4 1 0, 115 linéaire

Nombre d'observations 110 valides a. 4 cellules (33,3%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de ,38. Source: Données de l'enquête (2012)

Au vu des résultats obtenus, il existe une signification entre les objectifs de départ des jeunes vers les autres championnats et l'âge de ses jeunes. Les jeunes foot bal Jeurs âges de 21-25 ans constituent la tranche d'âge exprimant la volonté de quitter le pays à travers Je football et aller « se chercher ailleurs» : 50,8% de ces Jeunes disent vouloir migrer pour aider les parents. Parmi les jeunes de cette tranche d'âge, ce sont 20,3% qui veulent émigrer pour devenir une star du football et 27, 1 % pour être autonome. Pour les jeunes âgés de 16-20 ans, c'est le rêve de devenir une star du football qui justifie Je projet de la majorité (5 7. 1 % ) contre 33 .3% aider la fami lie et 4,8% être autonome. A cet âge les jeunes sont sous 1 · emprise des parents et ne pensent prendre leur autonomie. Plus ils prennent de l'âge, plus Je degré de vouloir aider la famille augmente et devient une raison principal pour émigrer. L'objectif de 66,7% des jeunes âgés de 26 ans et plus est bien attendu d'aider la famille.

233 Les jeunes qui pensent migrer pour aider la famille sont probablement âgés proportionnellement que les jeunes de 16 à 20 ans.

Dans ce chapitre sur les objectifs de la migration des jeunes footballeurs, ont peut le dire, presque tous les enquêtés font référence à la famille. Mis en relation la profession du parent et l'âge des enquêtés, on remarque que la majorité des jeunes footballeurs désir émigrer pour apporter de J'aide à la famille. Grâce aux résultats qualitatives, il nous a été donné de constater également d'autres prennent la décision

sous la pression des parents qui « veulent leur footballeur professionnel dans la famille».

Cette situation montre que même si la décision d'émigrer est généralement individuelle, au niveau du football en Côte d'Ivoire. la volonté de jeunes de partir est un acte social. L'émigration à travers le football prend de plus en plus une dimension sociale.

Cette dimension de la migration s'aperçoit à travers les objectifs que se sont fixés les jeunes et également à travers leurs perceptions.

111.3.3. Les perceptions du football professionnel chez les jeunes

Selon les jeunes, l'accès au football professionnel permet de s'enrichir fnci lcmcnr. Il constitue cgalcrncru un 111u) c:11 de lutte contre Je chômage et un moyen pour quiner son pays d'origine et essayer sa chance de réussite dans un autre pays.

234 Graphique 15: Les perceptions des jeunes footballeurs

Moyen pour Moyen de Moyen pour autre Non rependant s'enrichir lutte quitter facilement contre le son pays chômage d'origine

Source: Données de l'enquête (2012)

Les perceptions des jeunes footballeurs sont multiples, indissociables et s'interpénètrent. Comme bous l'avons déjà dit, ces perceptions relèvent également de différents facteurs ; à la fois économiques, sociaux, politiques et culturels. Toutefois, la cause évidente évoquée par les jeunes est économique, est à rechercher dans les conditions de pauvreté dans lesquelles vivent la plupart des jeunes. Pour plus de la moitié (55%), leur décision d'émigrer trouve sa réponse dans le fait que le football professionnel permet de s'enrichir facilement. En effet, la suivie pour la plupart des jeunes au niveau national dépend du salaire qu'ils perçoivent dans leur différent club. Nous l'avons déjà vu, ces salaires sont dérisoires et ne permettent d'assurer un bien-être social aux jeunes.

235 Tableau 29: Relation entre perceptions et salaire des jeunes footballeurs

Salaire perçu au niveau local Que pensez-vous du football professionnel? Total Moyen pour Moyen de lutte Moyen pour autre s'enrichir contre le quitter son pays facilement chômaae d'origine 0 50 000 FCFA à Effectif 6 0 0 2 8 % 9,8 0 0 8 7 50 000 à 100 000 FCFA Effectif 12 3 1 3 19 % 19,7 17,6 9,1 12 16,7 100 000 150 000 FCFA à Effectif 21 9 4 4 38 % 34,4 52,9 36,4 16 33,3 150 000 à 200 000 FCFA Effectif 10 5 5 10 30 % 16,4 29,4 45,5 40 26,3 200 000 FCFA et plus Effectif 12 0 1 6 19 % 19,7 0 9,1 24 16,7 Total Effectif 61 17 11 25 114 % 100 100 100 100 100

Source: Données de 1 "enquête (201 ~)

236 Selon des données de ce tableau, ce sont plus, de la moitié des jeunes footballeurs (61/120) pour qui l'accès au football professionnel répond à un souci de s'enrichir facilement. Il existe une signification entre le salaire perçu et le fait de considérer le football professionnel comme un moyen de s'enrichir facilement. Ce sont principalement ceux dont le salaire oscille 100.000 Fcfa et 150.000 Fcfa (34,4%) qui sont majoritairement représentés.

Ce même motif qui détermine la prise de décision des jeunes est évoqué également par ceux qui ont un salaire de 50.000 Fera à 100.000 Fcfa et 200.000 Fcfa et plus (19,7%). Ce résultat peut s'expliquer par le fait que les jeunes qui ont ces salaires vivent pour la plupart dans leur propre maison et ont un engagement social. Même quand ils

sont encore sous la couverture sociale des parents. ils ne vivent plus ensemble avec ces derniers. Par contre, Le faible taux de ceux qui déclarent émigrer pour s'enrichir facilement est enregistré au niveau de jeunes footballeurs qui perçoivent 150.000 Fcfa à 200.000 Fcfa ( 16,4%) et moins de 50.000 Fcfa (9,8%). Cela s'explique par le fait que le jeune vit en famille où les dépenses sont assurées par le père ou le parent responsable du foyer. Ce sont 17 jeunes footballeurs qui lient l'accès au football professionnel à la

lutte contre le chômage. Là encore, 1 'on se rend compte LJUC: 1,;e sont les jeunes qui touchent entre 100.000 Fcfa et 150.000Fcfa qui sont majoritaires. Cependant quitter simplement son pays d'origine constitue le dernier motif évoqué par les jeunes (11/120 enquêtés). On le sait, la Côte d'Ivoire n'est tradionnellement pas pays d'émigration. Ainsi, la prise de décision d'émigrer aujourd'hui répond à des motifs bien précis dont le niveau de salaire perçu au niveau du foot bal I national. On peut le dire, le salaire est alors un facteur explicatif de la prise de décision des jeunes d'émigrer.

li y'a comme un autre facteur, le niveau d'instruction des potentiels émigrants. Le tableau ci-après montre les résultats des analyses. 237 Tableau 30: Relation entre niveau d'instruction et certains motifs de départ des jeunes

Niveau d'instruction Que pensez-vous du football professionnel? Total Moyen pour Moyen de Moyen pour autre s'enrichir lutte contre quitter son facilement le chômage pays d'origine Analphabète Effectif 2 l 6

% 4,5 0 20 4 5, 1 Primaire Effectif 25 4 5 2 36 % 37,9 23,5 50 8 30,5 Secondaire Effectif 37 13 3 17 70 % 56, 1 76,5 30 68 59,3 Supérieure Effectif 1 0 0 4 5 % 1,5 0 0 16 4,2 Autres Effectif 0 0 0 1 1 % 0 0 0 4 0,8 Total Effectif 66 17 10 25 118 % 100 100 100 100 100

Source : Do1111<'.:~ de l'enquête (2012)

238 Tableau 31: Test khi-deux de la relation entre niveau d'instruction et certains motifs de départ des jeunes

Valeur ddl Signification asymptotique (bilatérale} Khi-deux de Pearson 29,09 12 0,004 Rapport de 27,30 12 0,01 vraisemblance Association linéaire par 6,39 1 0,01 linéaire Nombre d'observations 118 valides a.13 cellules (65,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique

minimum est de ,08. Source: Données de l'enquête (2012)

La corrélation de la perception du football chez les jeunes avec le niveau d'instruction montre globalement le niveau secondaire, et ce, en fonction des deux premiers motifs énumérés par les jeunes: moyen pour s'enrichir 56, 1 % et moyen de lutte contre la pauvreté 76,5%. Cependant, nous constatons un faible pourcentage (30%) au niveau de moyen pour quitter son pays d'origine. C'est plutôt la moitié des jeunes ayant un niveau primaire (50%) qui pensent que le football professionnel est un moyen pour quitter son pays dorigine. S'agissant des jeunes ayant un niveau supérieur, il faut dire, bien qu'ils ne soient pas nombreux, ils ont une représentation sociale différente du football. lis ne lient pas l'accès au football par le fait de s'enrichir facilement (1.5%), de lutter contre le chômage (0%) et enfin quitter son pays (0%). Ils trouvent autres motifs (16%) à l'accès au football. Selon les résultats de l'enquête. ces jeunes footballeurs pensent que le football professionnel est un moyen pour eux de faire connaître un pays, de s'ouvrir d'autres portes de réussite et surtout être un modèle pour la jeunesse. 239 Comme nous ! 'avons déjà dit, ce que confirme le tableau ci-dessus, les jeunes potentiels émigrants sont globalement peu instruits. Compte tenu du fait que l'accès au football reste la seule opportunité pour sortir de la situation sociale précaire

(réaliser 111011 rêve); ces jeunes qui ont un niveau moins élevé sont motivés dans leur prise de décision par des raisons économiques. Ce faible niveau d'instruction affecte leur prise de décision. On remarque par contre chez les jeunes instruits (même s'ils sont minoritaires), un degré d'attachement avec leur pays d'origine. Au-delà des raisons économiques

(qu'ils évoquent peu), ils pensent que l'accès au football professionnel est un « moyen pour s'ouvrir d '01,11res portes», «faire connaître son pays à l 'extérieur » et « être un modèle pour la jeunesse». On peut le dire, le désir de partir trouve sa source dans "l'imaginaire migratoire". Le discours des jeunes fait ressortir une envie irrépressible d'aller ailleurs, considéré comme lieu d'enrichement facile. Le football professionnel est perçu comme un moyen par lequel réussir sa vie est garanti. Les potentiels émigrants pensent que la réussite est au bout du voyage et la lin justifie les moyens. Partir constitue une fierté, une revanche par rapport à la société qui valorise de plus en plus la réussite économique. Cette situation révèle d'une situation marquée par l'échec scolaire, la non scolarisation, l'absence d'emploi et un football non professionnel au ni veau local. Cet "imaginaire migratoire" qui joue un rôle catalyseur de leur prise dé décision de partir ou de rester est intluencé par le niveau d'instruction des jeunes footballeurs.

e 240 Tll.4. LES ACTEURS ET RESEAUX DE L'EMIGRATfON DES JEUNES FOOTBALLEURS

Quitter son pays d'origine pour aller s'établir dans un autre pays suppose d'utiliser les moyens dont l'accès n'est pas aussi simple que de circuler d'un club à l'autre au niveau national. Dans le cadre d'une émigration, il faut savoir où aller, qui voir, quoi faire, comment, avec qui. A chaque étape du processus migratoire, Je joueur s'appuie sur les relations sociales parce qu'elles sont indispensables à son projet. os enquêtes par questionnaire menées aussi auprès des joueurs, l'entretien avec les responsables de clubs, les parents de footballeur. les anciens footballeurs professionnels, les agents de joueurs et l'observation directe nous font observer que plusieurs acteurs ont une influence sur la décision des jeunes footballeurs d'émigrer. Divers acteurs comprenant la famille des footballeurs, le Président et secrétaire de clubs et les agents de joueurs sont présents à des niveaux différents dans la prise de décision des jeunes. L'émigration des jeunes footballeurs à travers le football s'apparente ainsi à un véritable "marché fructueux" où chaque acteur s'implique depuis le départ du processus dans l'intention d'en tirer profit.

111.4.1. L'influence des structures familiales dans le projet migratoire des

La famille exerce une influence bio-phycho-sociale sur le développement du jeune : une influence parce que la famille est le contexte développemental le plus puissant, celui ou I' individu établit ses premiers I iens d 'anacheméni, liens , ~ prototypiques pour les autres par la suite (Cloutier, 1988). La famille exerce une influence sociale par la culture, la langue et les valeurs qu'elle propose dans le contexte socio-économique où elle se trouve. Dans le discours de la plupart des parents. on observe une récurrence de l'idée "aider sa famille". On attend en effet du candidat à l'émigration qu'il aide à soutenir financièrement sa famille: « si mon fils trouve un club en Europe. il va nous aider 241 financièrement». La mobilisation de la famille prend donc l'allure d'une initiation des jeunes depuis l'enfance, d'une forme d'investissement économique, et d'un harcèlement. La sphère familiale constitue en effet en Afrique en général et en Côte d'Ivoire, l'un des lieux sociaux où se prennent les décisions les plus significatives de la vie de l'individu. De ce point de vue, il est donc légitime que pour un projet qui implique une séparation avec la famille, que celle-ci s'associe à l'entreprise. La très grande majorité des jeunes interrogés avoue avoir reçu un appui de nature financière ou psychologique d'un membre de la famille. A travers le graphique ci-dessous, les résultats de l'enquête montrent que les parents d'une manière générale influencent considérablement sur leurs «enfants», en parlant des footballeurs, dans la prise de décision d'émigrer.

Graphique 16: Le membre de la famille qui encourage le départ des jeunes

Membre de la famille qui encouragent le départ

70,00

60,00

50,00

40,00

30,00

20,00

10,00

0,00 Non les frères l'oncle la famille le père la mère repondant

• Pourcentage 13,33 16,67 10,83 0,83 57,50 0,83

Source: Données de l'enquête (2012)

242 Dans la réponse à la question relative aux personnes de la famille qui encouragent les jeunes à partir vers les autres championnats, on observe une récurrence de "la famille". Les membres de la famille de 57,50% des enquêtés communiquent permanemrnenr avec leur fils a fin de le pousser à prendre la décision d'émigrer. Considérant le père 13,33%; la mère 16.67; les frères 10,83; l'oncle 0,83%, la mobilisation de la famille pour ! 'émigration des joueurs prend donc l'allure d'un d'investissement total, dans un contexte où le père et la mère devraient s'employer à freiner cette tendance naturelle de la recherche d'indépendance du jeune. Même si d'une manière générale la sphère familiale reste l'un des lieux sociaux où se prennent les décisions les plus significatives de la vie de l'individu, on remarque à travers les résultats de ! 'enquête que ce sont les mères et ensuite les pères qui communiquent plus avec les joueurs sur leur probable émigration. De ce point de vue, il n'est donc pas légitime que pour un projet migratoire des jeunes, les parents (père et mère) ne protègent pas le lien effectif avec leur enfant pourtant on s'attend à ce qu'ils jouent ce rôle déterminant au bien-être des jeunes footballeurs. Dans le cadre du projet de migration des footballeurs, la mobilisaifbn de la famille revêt un aspect particulier dans la mesure où comme Baumrind ( 1991) l'a démontré, les enfants et adolescents traités de façon démocratique par leurs parents sont compétents que leurs pairs. La grande majorité de nos interviewés (enquête par entretien) qui sont les responsables de clubs avouent recevoir la pression des parents mais surtout celle de la mère. Ils ont confirmé que même s'ils reconnaissentque cette pression des parents contribue à ! 'émigration non contrôlé des jeunes, elle à souvent été un facteur d'engagement des jeunes dans le club. L'ampleur de cette complicité de la famille dans l'émigration des jeunes footballeurs ne peut être appréhendée qu'en tenant compte de certains facteurs qui caractérisent les parents. Il existe une explicitation de cet investissement des parents pour que leur fils puisse quitter le pays: et cela est en partie fonction de leur situation professionnelle,

243 111.4.1.1. La relation entre la profession des parents et leur compi(!Tité pour l'émigration des jeunes footballeurs

Comme nous l'avons souligné, la cellule familiale joue un rôle actif dans l'augmentation des flux migratoires des jeunes footballeurs en Côte d'Ivoire. Le harcèlement quotidien que la famille en général mais surtout la mère et le père exerce sur les jeunes pour émigrer est fonction de la situation socio-professionnelle des parents.

244 Tableau 3? : Membre de la famille exerçant une in fluence sur les jeunes croisé avec la profession des parents

le père la mère les frères l'oncle Famille Total

I~ rofession des rarents Effectif 0 1,00 0 0 10,00 11,00 Manœuvre % 0 5,88 0 0 15,38 9.91

Effectif 2.00 3,00 1.00 1.00 7,00 14.00 Ouvrier % l~,50 17,65 8.33 100.00 10.77 12.61

lélfcctif 2.00 0 0 0 3.00 5.00 Agent de maîtrise <1/o l~.50 0 0 0 4.62 4.50

l:fkctif 2.00 1.00 4.00 0 6.00 13,00 Cadre , .., .., , % 1 ~.50 5.88 _'l_'l ••) J 0 9.23 11.71

l:ITcctif 0 3.00 0 0 2.00 5.00 Cadre supérieur % 0 17.65 0 0 3.0X 4,50

Ufo:tif 10.00 9,00 7.00 0 37.00 63.00 Activités libérales % 62,50 52,94 58,33 0 56,92 56,76

lôffcctif 16,00 17,00 12.00 1,00 65,00 111.00 Total 100,00 100,00 100.00 100,00 100,00 100.00 ~ % ~ -- Source : Données de 1 · enquête (2012) 245 Les données du tableau ci-dessus et concernant la rroïession des parents des footballeurs montrent que 56,76% des parents exercent une activité libérale : commerçants, chauffeurs, ménagères, boutiquiers ... 12,61 % sont ouvriers, cadre 11,71 %, 9,91 % manœuvre, 4,5% respectivement agent de maîtrise et cadre supérieur. En regardant de plus près les résultats, on note que ce sont les parents exerçant une activité libérale qui harcèlent le plus leurs enfants à émigrer. Dans cette catégorie socio• professionnelle, ce sont les pères 62,5% et ceux que les enquêtés qualifient de « famille» 56,92% qui exercent plus de pression conuairement aux autres c'est-à-dire les ouvriers, les manœuvres, les agents de maîtrise, les cadres et les cadres supérieurs. Cette situation prouve son explication dans le fait que dans la catégorie des

personnes exerçant une activité libérale, le niveau de vie est précaire. Pour la « famille» évoquée par les footballeurs, le père et la mère, l'émigration des jeunes est une solution pour sortir de la pauvreté. L'exemple des footballeurs professionnels ivoiriens ayant "réussis" dont les réalisations sont visibles à Abidjan joue un rôle important clans le

comportement des parents. Contrairement à ce qui précède, on remarque que le parent qui exerce une fonction formelle (travail salarié), même s'il est manœuvre, harcèle peu son enfant. Les données du tableau le démontrent : parents manœuvres représentent 9 .9 l %, parents ouvriers 12,6 l %, parents agent de maîtrise -1.5%. parents cadres I l. 71 % et parents cadres supérieurs 4,5%. Cette opposition conflrme une appréhen~ion qui confère un statut particulier :i l'emploi salarié, symboliquement associé à la modernité et à la réussite (Bazin et Gnâbeli, 1997). Etant donné que le travail salarié consacre donc un ancrage dans la modernité .. et suppose, en même temps, un revenu régulier et stable ainsi que la possibilité de recourir à des aides exceptionnelles de ! 'employeur en cas de nécessité, les parents exerçant ce type d'activité socio-professi011nelle ne sentent pas la nécessité d'obliger leurs enfants à émigrer; le parent se sentant capable d'assurer à la famille une sécurité sociale. Comme nous l'avons dit plus haut. L'émigration est une conjugaison à plusieurs facteurs. li y a dans la décision d'émigrer des footballeurs la complicité des parents, active ou silencieuse. Cette complicité commence depuis leur investissement dans la pratique du 246 football ; ce qui se traduit par une aide de plusieurs ordres, en fonction des différents capitaux, économique, social et culturel en possession. Mais nous pouvons observer un comportement nettement différencié des parents à l'égard de leurs enfants candidats au départ en fonction de leur situation socio• professionnelle. Alors que nous constatons un harcèlement de la part des parents exerçant une activité libérale. les travailleurs sont visiblement absents dans la prise de décision des jeunes footballeurs. Le soutien des pères et mères dans une connivence parents-enfants est très clair. Le rôle joué par la famille est déterminant dans le phénomène d'émigration des jeunes footballeurs mais en plus de la pression des parents, nous sentons évoquer ici la question du poids des dirigeants et secrétaires de clubs. Les entretiens avec certains parents des jeunes footballeurs et ceux avec les anciens footballeurs professionnels ont mis en évidence leur (parent ou famille) rôle dans le projet migratoire de leurs enfants. Ces parents, par actions, contraignent les jeunes~~Jprendre la décision d'aller se trouver un club professionnel en Europe où ailleurs dans l~1~1onde, vu que cela puisse apporter un revenu supplémentaire à la famille. Au niveau des parents biologiques, c · est la mère ( 16.6 7%), qui depuis la petite enfance, amène leur enfant à aimer le «ballon»; ce qui peut faire de lui à footballeur professionnel dans l'avenir. Une mère interrogés de déclaré «je lui ai acheté son premier bal/un l/Vl/1'11 / 'lige de dcu: uns ». [11 effet, le~ 111è:re~ jouent un rôle détcrmiuaru dans le choix de la pratique sportif de leur enfant, voire même le financement du départ du migrant. Elles sont actrices du processus migratoire de leurs enfants. Parce que généralement confrontées à divers problèmes de famille (polygamie, absence prolongée et décès du père de ! 'enfant. .. ). les mères sont prêtes à tout pour faire partir leurs enfants. Interrogé, une mère témoigne : « je ferrai tout pour que mon enfant partejouer en Europe et devienne comme les enfants des autres». Ce sont elles qui vont consulter les marabouts et les pasteurs pour con fier le projet de leur fils à Dieu. Les pères quand à eux influencent la décision d'émigrer des jeunes. Généralement, après le départ d'autres enfants du même quartier ou d'une famille proche, le père fait tout 247 pour amené Je sien à prendre la « bonne décision ». «J'ai aidé mon fils à JJrendre la . '"~i;Ii bonne décision. JI a décidé de s'adonner définitivement a11 football et pourquoi pas, de partir unjour en Europe». L'accès au football professionnel est considéré également par le père comme une chance de réussite pour Jeurs enfants. Mais à la différence des mères, les pères ont une idée des risques auxquels ils exposent leurs enfants. Un père interrogé déclare : « Même si ce n'est pas facile de trouver un club en Europe. je préfère qu'il soit là-bas comme les autres. Un jour au l'autre il pouffa jouer dans un bon club et venir nous aider». Comme nous ! 'avons déjà dit. la majorité des parents interrogés exerce une activité libérale, mais ils arrivent quand même à soutenir financièrement le projet migratoire des jeunes. Quand même ils n'ont pas la possibilité de foire financièrement face au départ de leur entant, ils ont recours à l'emprunt ou à la vente d'objets de valeur. Cet effort, parfois au-delà des capacités des parents, est en réalité un moyen d'harcèlement qui a des effets immédiats sur les jeunes footballeurs; dans la mesure où émigrer devient pour eux une dette envers les parents. (.

Hl.4.l.l. L'influence des parents et situation matrimoniale des jeunes footballeurs

Ai niveau de ! 'analyse du poids des parents dans la prise de décision de migrer des

jeunes Iuotbal lcurs, il n0L1S semble important de mettre en rclru ion lïntlucnce de ces parents avec la situation matrimoniale des jeunes footballeurs. Cette forte influence des parents se vérifie à la lecture du tableau ci-dessous dans lequel 1 'on peut observer que ceux qui décident sous l'influence des parents sont principalement ceux qui ne sont pas mariés.

:ie

248 Tableau 33: L'influence du parent en fonction de la situation matrimoniale des jeunes footballeurs

Célibataire Marié Total

I~nfluence du parent Je père Effectif 13 3 16 o/o 81,3 18,8 100 la mère Effectif 19 1 20 o/o 95 5 100 les frères Effectif 13 0 13 o/o 100 0 100 l'oncle Effectif 1 0 1 o/o 100 0 100 Famille élargie Effectif 66 3 69 o/o 95,7 4,3 100 Total Effectif 112 7 119 o/o 94,1 5,9 100-

Source : Données de 1 · enquête (2012)

Parmi les parents des jeunes footballeurs qui influencent leur prise décision de partir ou de rester. de sont la famille élargie (famille selon les enquêtés), le père, la mère, les frères et l'oncle qui sont Je plus souvent mentionnés. Cette influence a un degré élevé et bas selon que le jeune footballeur est marié ou il est célibataire. Selon le tableau ci-dessus ce sont les jeunes célibataires qui sont Je plus influencés par les parents. Ce sont au total 94,1% des enquêtés célibataires qui reconnaissent subir la pression des parents. Parmi les parents qui harcèlent les jeunes on retrouve en premier lieu les frères (100%) suivi ceux de la famille élargie (95,7%). Au niveau de la famille restreinte. cest la mère qui a un degré d'influence élevé sur les jeunes célibataires (95%) suivi du père (81.3%) 249 La forte influence sur les célibataires s'explique par le fait que ceux-ci vivent sous la domination de la famille aussi bien restreinte qu'élargie.

111.4.2. Les acteurs du champ fuotballistigue impliqués dans l'émigration

des jeunes

De nombreuses personnes dans le champ du football ivoirien sont des acteurs actifs ou passifs qui s'impliquent dans la prise de décision des jeunes footballeurs de quitter le pays pour une autre destination. On distingue les acteurs au niveau des clubs qui emploient ces jeunes ou qui participent à leur formation. Ce sont les secrétaires et les

Présidents de clubs.

111.4.2.1. L'influence des présidents, des secrétaires et entraineurs de

clubs

L'acquisition des compétences et connaissances technico-tactiques des -footballeurs ,.11, se réalisent à l'intérieur des organisations sportives dans lesquelles l'initiatio1't'êst souvent

précoce comme nous l'avons signifié plus haut. Les responsables de ces organisations sportives (clubs) ont une influence

signitïcative sur les joueurs. L ·engageme1ll Je ces "p0res » dans la socialisation des jeunes à travers la formation et leur implication dans la vie quotidienne soumettent les

joueurs à toute leur volonté. Le Président. le Secrétaire et l'entraineur (coach) jouent un rôle déterminant dans la prise de décision des jeunes. l ls jouent à des degrés di fférents d'incitateurs, et d'intermédiaires pour organiser le départ des footballeurs ivoiriens vers les autres

championnats et particulièrement les championnats européens. L'histogramme ci-dessous montre le niveau d'implication de chacun de ses acteurs.

250 Graphique 17: La personne du club impliqué dans le départ des jeunes

Personne du club impliqué dans le départ des jeunes 60

50

40

30 • Sériel

20

10

0 le secrétaire du le président du Coch Autre Non rependant club club

Source: Données de l'enquête (2012)

En prenant en considération les personnes du club qui s'impliquent et influencent le départ des jeunes, on remarque que ce sont, en premier, les présidents de club qui organisent les départ des jeunes. 48,33% des enquêtés reconnaissent le poids du président du club dans leur décision de départ. Il est certain que cette implication des présidents s'explique par le fait que dans la gestion courante des clubs de football en Côte d'Ivoire, les présidents de clubs sont les « hommes à tout faire ». Tout se résume pratiquement en la personne du président et les autres membres de l'administration des clubs sont placés sous un lien de subordination. Ce sont les présidents de club, qui pour certains sont des hommes d'affaires, d'anciens démarcheurs de clubs européens ou de hauts fonctionnaires de l'administration, qui ont des contacts avec les clubs à l'extérieur du pays.

251 lis possèdent pour chacun. un réseau qu'ils activent quand le besoin se fait sentir et en crée de nouveaux. On peut le dire, la quasi-totalité des présidents possèdent des relations privilégiées avec des recruteurs des clubs Européens. Si ces relations perdurent et sont entretenues de part et d'autres cest parce que les clubs et par ricochet le président gagne de l'argent et en notoriété auprès de 1lpopulation dans ce « commerce ». Le départ des jeunes du centre de formation de football de l 'ASEC en 2002 a permis au club d'empocher plusieurs millions d'Euros (30% du montant net provenant de ces futurs transferts). Aussitôt le SE WE-Sport a été équipe championne 2012 de la Cote d' 1 voire que son Président s'est lancé sur le marché international du football pour trouver un club aux meilleurs joueurs de son équipe. Après les Présidents, suivent les entraineurs appelés communément «Coach» dans le milieu du football ivoirien. 30% des en quêtés affirment que ce sont les entraineurs qui au niveau du club, influencent leur décision d'émigrer. Cette affirmation trouve son explication dans le fait que les entraineurs, dans les clubs, sont soumis à divers influences extérieures paniculièrernen: des présidents et des parents. lis sont ceux que les parents et les présidents utilisent pour échanger avec les joueurs sur la question de lem probable départ. Aussi faut-il dire qu'ils sont pour la plupart d'anciens joueurs ou des personnalités ayant servis le football· ·à1bun niveau supérieur. lis disposent alors un réseau constitué lors de leur parcours et t8rrièrc. Par exemple, clans les années 2002. l'ancien entraineur de Servette et de Xa,n'a;:~Jean-Marc Guillou par ailleurs formateur à l'Académie Mimosifcorn a favorisé l'émigration de plus d'une quinzaine de jeunes footballeurs ivoiriens dans le club du KSK Beveren en

Belgique. La troisième catégorie de personnalité à œuvrer pour le départ des jeunes au niveau des clubs au niveau national sont les secrétaires de clubs. Ce sont 12.5% des footballeurs interrogés qui évoquent que les secrétaires de clubs participent activement à la création de conditions favorables pour leur départ du championnat ivoirien. Une division des tâches dans les clubs de football en Côte d'ivoire. donne aux secrétaires les rôles de gestionnaire 252 des procédures administratives. De l'obtention d'une licence de joueur à la F!F au contrat de transfert, les secrétaires sont présents. Ce sont les secrétaires qui entretiennent la correspondance avec les clubs partenaires ou les clubs désireux de «décrocher» un talent dans le club local. Ceux que les jeunes ont mis dans la catégorie de « autre» sont en réalité les anciens footballeurs ivoiriens. Dans une perspective de reconversion en agent de joueµr, certains footballeurs professionnels prennent des contacts avec leurs « jeunes frères i.au niveau national et leur propose leur service afin de leur trouver un club. Selon les résultats, ces joueurs en activité ou les anciens professionnels ivoiriens s'impliquent pour une probable

émigration de 4, 17% des enquêtés.

IIJ.4.2.2. Les agents de joueurs

Selon Poli (2004), les agents de joueurs sont très présents dans le milieu du football

professionnel. Le « Livre Blanc sur le Sport» de la Commission Européenne indique par exemple que « le développement d'un véritable marché européen pour les joueurs et l'augmentation des salaires dans certains sports ont débouché à l'accroissement des activités des agents de joueurs » (2007). Egalement un sondage effectué par !'Hebdomadaire Sport/Foot Magazine auprès des joueurs professionnels évoluant en Belgique en 1999, 68,6% avaient recours aux services d'agents (Centre pour l'égalité des

chances et pour la lutte contre le racisme Belge 2001 ). Cette présence des agents de joueurs sur le plan international se vérifie au niveau du football ivoirien. Au regard de données recueillies auprès de la FlF, il y'a au total 24 agents de joueurs officiels en Côte d'Ivoire. Ce sont des personnes qui ont été-soumises à un test organisé par la FrF et qui après la réussite à ce test possède une lice1itdÏ de la FlF. Chacun de ces agents a sur le terrain au moins 4 à 5 "agents de joueurs auxîfiaires >>. Ce sont ces derniers qui sont en contact permanent avec les clubs, les centres de 'formation de football et les footballeurs au niveau local. ur 253 Visiblement leur nombre n'est pas important mais ils ne sont pas seuls sur le terrain du football ivoirien. Il y'a également la présence des agents sportifs européens qui sont

évalués à environ 3600. Sont également présents, les agents non officiels exerçant dans le football ivoirien dont le nombre n'est pas connu de l'organisation chargée de la gestion du football en Côte d'Ivoire (FIF). Ces agents non officiels qui sont plus nombreux, sont regroupés en trois catégories : L'agent occasionnel: La notion d'agent occasionnel renvoie à des individus qui, sans envisager une carrière d'agent sportif. sont amenés, par moments, à jouer le rôle d'intermédiaire sporti f et à être rémunérés à ce titre. L · agent occasionnel semble majoritaire sur le terrain en Côte d'Ivoire. L'agent entraîneur: L'agent entraîneur est une catégorie d'agent mal connue. Cependant, comme nous l'avions évoqué, les données empiriques et les résultats d'enquête montrent que, dans les clubs participant à la Ligue 1, nombreux sont les entraîneurs qui ont été des anciens footballeurs et qui jouent le rôle d'agent sportif à un moment donné, et pour certains

à être rémunérés à ce titre. L'agent parenté: La majorité des instances dirigeantes sportives qui oiY~'réglementé ! 'activité d'agent sportif ont prévu clans leur règlement la possibilité pour les sto11ifs d'avoir recours à un membre de leur famille pour représenter leurs intérêts. S'il 'est vrai que ce

modèle d'agent sportif a été longtemps très présent dans les sports professionnels, aujourd'hui très peu de sportifs choisissent d'être représentés par un agent-sportif avec qui

ils ont des liens de parenté. Tous les agents « professionnels » né rentrent pas nécessairement dans une des catégories évoquées ci-dessus. 11 existe en effet des agents sportifs vivant de cette seule activité qui n'ont pas été d'anciens sportifs ou entraîneurs. D'autres agents ont fait de cette activité leur unique activité professionnelle, parfois même

sans avoir établi un réseau avant de commencer à exercer. Pour les enquêtés, les personnes susceptibles de leur trouver un club de rêve sont ces agents (officiels et non officiels), qui proposent leur service aux jeunes pour une

éventuelle émigration. 254 Graphique 18: Personne susceptible de trouver un club pour les jeunes

Personne suceptible d'aider les jeunes à trouver un club professionnel

• Sériel

Président de Agent de joueur Responsable du Footballeurs Non repondant club centre de profesionnels formation

Source : Données de/ 'enquête (2012)

Les données du graphique 4 confirment l'omniprésence des agents de joueurs dans le projet migratoire des jeunes footballeurs. Les résultats ci-dessus mentionnés se rapprochent de ceux de !'Hebdomadaire Sport/Foot Magazine (68,6%). Dans le championnat ivoirien, ce sont 64,17% des joueurs qui sont en contact avec un agent de joueur qui se propose comme intermédiaire entre eux et les clubs européens. Ce rôle d'intermédiaire des agents de joueurs est évoqué par une étude sur les agents de joueurs sportifs dans l'Union Européenne. Selon cette étude réalisée en 2009 par la Direction Générale Education et Culture de la Commission Européenne, ! 'agent sportif a avant tout un rôle d'intermédiaire entre sportifs et clubs organisateurs de manifestations dans le cadre d'opération de placement de sportifs. Il met en rapport les intéressés à la conclusion d'un contrat relatif à l'exercice rémunéré d'une activité sportive. L'activité de placement constitue la spécificité de l'activité d'agent sportif (contrats d'images, de sponsoring,

255 l'exercice rémunéré d'une activité sportive. L'activité de placement constitue la spécificité de l'activité d'agent sportif (contrats d'images. de sponsoring, publicitaires) où à la gestion du patrimoine du sportif. L'agent est alors une partie intégrante du marché: il entre dans l'équation du succès commercial et d'un investissement où i I reçoit en contrepartie un pourcentage sur coût de transfert du joueur. Quand nous nous situons au niveau d'un projet d'émigration comme dans le cas des footballeurs qui font l'objet de l'étude, les agents assurent le rôle de conseillers. L'agent conseiller semble être présent dans l'ensemble des activités sportives. Son rôle principal consiste à guider le sportif dans les choix qu'il doit prendre au cours de sa carrière. Licencié ou exerçant sans posséder d'autorisation légale, l'agent conseiller est un initié du monde sportif, ce qui le rend légitime aux yeux des jeunes footballeurs. Lorsqu'il n'est pas un proche du sportif, parent. entraîneur. ou dirigeant sportif. il est souvent recommandé au joueur par le président, ! 'entraineur, le secrétaire général ou un coéquipier. Nombreux sont les footballeurs au niveau national qui disent faire appel à un

agent de joueur pour les aider à prendre « la bonne décision ». Le recours à « l'agent• conseiller » est une étape obligatoire dans leur carrière. Même si I' ! 'agent conseiller n'est pas l'agent « officiel » du footballeur, il apporte au jeune un supplément d'information quel 'agent« officiel» n'est toujours pas en mesure de donner. En considérant ce qui suit, on peut dire que la présence des acteurs dans le quotidien des jeunes est un élément incitateur au départ. Par contre le rôle que jouent ces acteurs ne constitue pas la seule cause du départ des jeunes. D'autres sources de motivation et les attentes des jeunes participent à la consolidation du projet migratoire. Au regard de ce qui précèdent, on peut affirmer que les réseaux constitués de différents acteurs (membres de famille. les présidents et secrétaires de clubs, les entraineurs et les agents de joueurs) ci-dessus mentionnés, sont le principal moyen de reproduction et d'amplification de l'émigration des jeunes footballeurs en Côte d'Ivoire,

car ils tendent à s'élargir et à se densifier au fil du temps. Les réseaux qui entretiennent des relations entre eux. se mettent en place sous l'influence de facteurs structurels qui sont entre autres la non professionnalisation du 256 football, la prolifération des centres de format ions de football, le manque de mesures de contrôle des f1ux migratoires, le chômage des footballeurs au niveau ..

III.4.3. Les relations entre les acteurs des réseaux sociaux de migration des jeunes

La corr+' ·· des réseaux et la massification du phénomène migratoire des jeunes ont donné apparition des relations entre ces réseaux : ces réseaux pouvant être de différents typcs : commerciales. d'autorité, de domination, et subordination, etc. Nous avons également pu apprécier l'existence de relations de domination et de complicité entre les réseaux de migration. La complicité suppose des liens de réciprocité, d'entraide et de coopération entre ces acteurs. En effet. le pouvoir symbolique de ceux qui harcèlent, aident et facilitent l'intention et la décision d'émigrer est présent dans les discours de nos interviewés. Dans notre travail de terrain. nous avons trouvé également des indices de relations asymétriques de pouvoir qui sont synonymes de relations d'exploitation des jeunes. En effet, tous guidés par leur modèle, aujourd'hui grande star du ballon mondial: Yaya TOURE, Didier DROBGA, Kolo TOURE, Kader KEÏTA, Christiano RONALDO ... les jeunes sont conduits. pour la plutard, à la dérive par ces

acteurs de réseaux de migrations.

m.s. LES MOTIVATlONS ET LES ATTENTES DES JOUEURS CANDIDATS A L'EMIGRATION

Contradictoires ou similaires, les motivations et attentes des jeunes footballeurs candidats à l'émigration en Côte dIvoire sont extrêmement diverses d'un footballeur à un autre. Les facteurs responsables de la mobilité des joueurs vers les championnats les mieux

organisés sont variés et parfois complexes à analyser. Les attentes mais surtout les causes de l'émigration diffèrent, bien entendu, selon les

257 joueurs, ce qui n'exclut pas qu'un seul peut évoquer à la fois plusieurs causes ou attentes. Les données recueillies à l'issu de l'enquête par questionnaire sur les motivations et attentes auprès des footballeurs rnigrnnts sont hétérogènes. En premier, des paramètres exogènes à l'espace fooiballistique ivoirien existent. Plus particulièrement, le parcours et l'orientation de la carrière au niveau national constituent un premier élément qui pèse dans la prise de décision et par ailleurs qui les pousse à la mobilité. En outre, l'accessibilité à un championnat professionnel et, plus globalement, la qualité de la desserte des équipements footballistiques et la meilleure performance conditionnent

aussi le déplacement des potentiels émigrants. En dehors de ces facteurs n · appartenant pas au domaine proprement, les motivations de cette population émigrante s'inscrivent clans une dynamique sociale qui se concentre sur l'épanouissement individuel des jeunes et de la famille.

Ill.5.1. La recherche cl' une carrière professionnelle

La volonté d'accéder à une carrière professionnelle motive la quasi-totalité des jeunes (94,8%) à mettre tous les moyens à leur disposition. pour vu qu'ils quittent le championnat

national ; ce qu'il convient de ne pas omettre. Par enchainement, le rôle dascenseur social que procure la pratique du football aujourd'hui sur Je: plan international revêt une importance majeure en raison de la précarisation del 'environnement du football national. À travers les données de l'enquête auprès des joueurs interrogés, on peut comprendre que la volonté affichée de partir coûte que coûte s'explique en grande majorité par la recherche de leur insertion clans un championnat professionnel afin de ressembler à une

star du football international. Par le fait que les opportunités d'emploi au niveau national se font plus rares actuellement contrairement à il y a une vingtaine d'années à cause de la « production» des joueurs dans près de 400 centres de formation de football, on assiste à un véritable « marché» orienté vers l'extérieur. 258 Robert Ferras et Christian Pociello écriv ent sur (;e registre que« le sport dominical glisse peu à peu vers un substitut au chômage, générant des courants migratoires vers les lieux où l'on peut offrir aux joueurs un emploi» (Ferras & Pociello. 1990). Pour sa pan, Raffaele Poli développe lidée de « l'imaginaire des migrants qui vise à rendre compte de la route mentale » (Poli. 2004. p. 75) qui guide les footballeurs clans leurs carrières. Ainsi, il montre que ce déterminant entraîne le comportement migratoire des footballeurs à la recherche du club le plus haut clans la hiérarchie. Dans ce cas. au niveau local, ce sont principalement les dirigeants des clubs, parfois les joueurs eux-mêmes, qui construisent les circuits migratoires. Dans ces footballeurs à la quête d'une carrière professionnelle, il existe une minorité qui envisage émigrer vers les championnats des pays du Maghreb. et plus particulièrement les championnats Tunisien, Marocain, Egyptien. Com111e nous l'avions évoqué, au préalable, les jeunes footballeurs ont été détectés par des recruteurs lors du championnat national Ligue 1. /\ partir de là, les meilleurs se voient proposer des essais au sein des centres de formation des clubs. Si les résultats sont concluants, ils peuvent alors jouer clans le club en signant un contrat de joueur professionnel. Selon nos investigations, après avoir été utilisés

par les clubs d'accueil, ils peuvent être « revendus » à dautres clubs.

111.5.2. La recherche de la notoriété d'un club

Le désir d'intégrer un club professionnel ayant une histoire prestigieuse relayée en Europe par une forte équipe de dirigeants mettant en œuvre une politique de développement ambitieuse attire certains footballeurs. Une valeur affective envers le club motive, certaines fois, les décisions des candidats à l'émigration. Dans ce cas de ligure. la «dimension patrimoniale» quincarne le club de football à travers ses épopées daruan. ses équipements modernes, son staff compétent et ses activités extra-sportives (visites de prisonniers, jumelage du club avec des clubs étrangers ... ) est recherchée par les sportifs migrants mais surtout la gloire qu'a connu un footballeur ivoirien expatrié clans ce club est un facteur

déterminant dans le choix. 259 Au-delà de la performance sportive, les réseaux de sociabilité tissés autour du club par les joueurs professionnels encore en activité et parfois les anciens joueurs professionnels peuvent servir de tremplin à la reconnaissance sociale des joueurs par l'obtention d'un emploi durable. Là encore, cette migration constitue une étape à l'insertion des footballeurs.

111.5.2. La recherche d'un cha 111 pion na t en phase a\'cc le pro jet professionnel

individuel des jeunes

L'absence du professionnalisme dans le football national et le traitement salarial des joueurs est un incitateur à la mobilité des joueurs entendue comme le moyen de progression intégrant une structure d'accueil, proposant des objectifs de travai I et d'atteinte du plus

haut-niveau pour chacun. Par exemple, plusieurs joueurs interrogés font remarquer que leurs clubs ont souvent des difficultés particulières ; ce qui a pour conséquence le payement tardif des salaires. En effet. la plupart des clubs de la Ligue I nont pas d'autres ressources: si ce n'est la subvention de la FlF et ils n'ont pas les infrastructures nécessaires pour proposer aux jeunes

les moyens qui sont à la mesure de leur ambition. Deux principaux facteurs expliquent cette situation. D'une part, l'offre des clubs au niveau national ne permet pas aux jeunes de devenir plus tard comme leur« modèle» et de prendre en charge la famille pour qui le joueur reste le seul espoir. D'autre part, il n'y a aucune perspective au niveau du football national. C'est au vu de ces facteurs que tous les enquêtés ont un projet de partir. Incontestablement, cette volonté de partir à tout prix se concrétise depuis une dizaine d'années en une saignée au niveau national. Cette situation n'est pas sans conséquences pour les jeunes eux-mêmes, le football

national et le pays d'une manière générale.

260 lll.6. LES ENJEUX DE L'EMIGRATION DES JEUNES FOOTBALLEURS

Considérée comme une manifestation de la pauvreté et la non professionnalisation du football national, l'émigration des jeunes footballeurs constitue une préoccupation tant au niveau national qu' international. Le leitmotiv de tous les jeunes footballeurs, dès l'initiation à la pratique du football est de partir un jour rejoindre les championnats des pays où le football offre des opportunités d'emplois mieux rémunérés. Bien attendu, ce phénomène a des conséquences et des impacts à la fois sur le plan socio-économique et sportif.

lll.6.1. Les enjeux sportifs de l'émigration

Du point de vue sportif, lérnigration des footballeurs ivoiriens à travers les championnats les mieux organisés du monde entier jusque là considérée comme un problème devient un atout pour la sélection nationale. Les "Eléphants" (équipe nationale de Côte d'Ivoire) en tire désormais profit de l'expérience acquise (dans les grandes équipes du monde) par lesjoucurs professionnels ivoiriens.

A partir de 1.:e mu111e11L, 1 "émigration des footballeurs devient une arme pour améliorer les performances de la sélection nationale. Selon le dernier classement FIF A 2012, la Côte d'Ivoire occupe le rang de I4en" avant des pays traditionnellement reconnus

111 comme des grandes nations de football que sont la France ( 1 7""'"), le Brésil ( l 8; "), le

Mexique ( 15èrnc)49. Ce bon qualitatif de l'équipe nationale de Côte d'Jvoire est le fait des joueurs professionnels ivoiriens recrutés pour la plupart dans la sélection nationale grâce à la politique transnationale (Poli, 2006) mise en place en 2002 par le Comité Exécutif de la FIF dirigé par M. Bernard .Jacques ANOUMA afin de renforcer la sélection nationale en

1 '' http' fr fif:i cnm worldrank inj; rank ingrahle inck, hunl 261 intégrant des footballeurs partis pour le vieux continent lorsqu'ils étaient enfants: c'est le cas de Didier DROGBA. La Président de la FIF d'alors a fait du recrutement et du rapatriement au sein des sélections nationales des footballeurs ivoiriens expatriés une ligne de politique. En effet, au moment de son entrée en fonction, en février 2002 i I s'est engagé « à traquer tous les ivoiriens évoluant dans les championnats européens et asiatiques » (le Nouveau Réveil,

27.03.2003). La présence de plus en plus importante des footballeurs recrutés en Côte d'Ivoire dans les clubs européens peut être aisément observée à travers ! 'analyse de la composition de la sélection nationale ces dix dernières années. Pour la Coupe du Monde 2006, aucun footballeur sélectionné ne jouait dans le championnat national. Cette situation est pareille pour la CAN. Par exemple pour la CAN Afrique du Sud 2013, sur 23 joueurs sélectionnés, 22 soit 95,65% sont des footballeurs professionnels. Quand le sélectionneur appelle un joueur qui évolue dans le championnat national comme c'est le cas de Sangaré Badra ALI de ! 'Ivoire Académie Football Club (TAFC), une équipe qui évolue en Ligue 2, cela devient un événement sur lequel les consultants sont appelés à se prononcer. Outre le fait que l'émigration permet à l'équipe nationale d'être compétitive, il faut souligner que ! 'extraversion des footballeurs ivoiriens offre un capital hwnain doté d'autres compétences et connaissances à mettre à la disposition du football national. De retour en Côte d'Ivoire après une carrière de footballeur professionnel remplie, les émigrés sont considérés comme possédant un potentiel sportif énorme. Ainsi la plupart dans leur tentative de reconversion, crée du travail sportif à travers les centres de formation de football et/ou les clubs. C'est le cas de Cyrille DOMORAUD qui a crée le Centre Omnisport Cyrille Domoraud (COD). Quand ils ne sont pas propriétaire de centre de formation ou de club, ils embrassent la carrière d'entraineur afin de permettre aux plus jeunes de bénéficier de leur expérience. Les anciens joueurs professionnels de la sélection nationale de la CAN 92 sont presque tous aujourd'hui des entraineurs au niveau des clubs qui participent aux championnats. 262 Si cette stratégie d'extraversion a d'abord porté ses fruits comme mentionnée ci• dessus, elle semble aujourd'hui être devenue un frein considérable au développement d'un football local à! 'exception de la sélection nationale. Aussi est-il évident que la récupération précoce des joueurs au niveau national n'encourage certainement pas les dirigeants du football ivoirien à s'investir dans les projets de développement (les infrastructures de proximité pour les jeunes ou à organiser des compétitions nationales satisfaisantes). En fait, elle place toujours plus le football ivoirien dans la dépendance de l'Europe. Egalement parce les footballeurs émigrent majoritairement à jeune âge et pas toujours dans un circuit légal, ils ont généralement une valeur marchande très basse. Au contraire des Sud-Américains qui peuvent être «vendus» aux clubs européens pour plusieurs dizaines de millions d'euros (Pato, Saviola, Agüero, Gago ou plus récemment Oscar), les joueurs ivoiriens ne se négocient presque jamais au-delà du million d'euros pour leur premier transfert. Main-d'oeuvre bon marché, le footballeur ivoirien est d'abord utile dans les clubs de faible envergure avant de permettre au club vendeur de créer une belle plus-value (C'est le cas de Kolo TOURE, qui n'a presque rien coûté en frais de transfert à Arsenal FC, a été revendu six ans plus tard plus cher à Manchester City). Considéré comme une marchandise, Je foot bal leur professionnel ivoirien est souvent moins bien payé que ses collègues, reste moins longtemps dans un club et se retrouve parfois "éjecté" du milieu. C'est l'exemple de certains footballeurs professionnels qui se tournent vers les pays : ZEZE Venance du « Zézéto ». Enfin, le départ des meilleurs joueurs vers l'Europe fait entrer les clubs locaux dans un cercle vicieux. En effet, comme les championnats sont de moins en moins attrayants les « amoureux du football » préfèrent suivre les matchs de Premier League Anglaise ou de Liga Espagnole à la télévision plutôt que de se rendre au stade, privant ainsi les clubs d'une importante source de revenus. Les sponsors et les chaînes de télévision se désintéressent eux aussi du football local. Et le résultat ne se fait pas attendre. Depuis la victoire de I 'ASEC Mimosas 1999 lors de la finale de la Super-Coupe cl' Afrique, les clubs ivoiriens qualifiés pour les compétitions africaines peinent à se hisser un chemin vers le 263 sacre. Ce sont les clubs du Maroc, d'Algérie, de Tunisie et d'Egypte, Zambie où les championnats sont mieux organisés. qui tirent désormais leur épingle du jeu. Aussi, l'existence d'une possibilité d'émigrer et de jouer dans un club mondialement connu a favorisé la pro! i féraiion des centres de formation de football en Côte d'Ivoire (GBEH, 2004) et la création de plusieurs clubs sur toute l'étendue du territoire. La production des footballeurs à grande vitesse a créé un chômage dans le milieu du football national. La demande de travail dans les clubs est forte au vue du nombre de joueurs produits. Tous les joueurs n'arrivent pas à s'insérer au niveau national pourtant ils n'ont appris que le football comme métier. Une fois le projet d'émigration non concrétisé, les jeunes deviennent un risque social pour l'équilibre société.

111.6.2. Les enjeux socio-économique de l'émigration

Au plan économique, ! 'émigration des footballeurs ivoiriens représente un enjeu majeur pour le football national. Comme nous l'avons déjà souligné, la vente de joueurs devient la première source de financement des clubs ivoiriens avant la subvention de la

FIF. Tous les footballeurs partis des clubs nationaux apportent une somme importante à leur club. Selon le premier point de l'article 17 du règlement sur le statut et le transfert des joueurs de la FIFA, lorsqu'un joueur sous contrat avec un club décide de s'engager pour

un autre club, celui-ci est tenu de verser « une indemnité pour rupture de contrat». Cette indemnité doit être calculée « en tenant compte de tout critère objectif inhérent au cas. Ces critères comprennent notamment la rémunération et autres avantages dus au" joueur en vertu du contrat en cours et/ou du nouveau contrat ». Ainsi que « la durée r~~tante du contrat en cours jusqu'à cinq ans au plus» et« le montant de tous les frais et dépenses occasionnés ou payés par ! 'ancien club». C'est pourquoi avant de céder un joueur, les clubs prolongent souvent son contrat en augmentant fortement son salaire. Cet argent permet aux clubs d'investir dans le football à travers des projets de développement dont l'objectif immédiat est la promotion du club concerné. 264 L'argent qui circule autour du phénomène de l'émigration des jeunes footballeurs ne profite pas seulement qu'aux clubs mais également aux footballeurs eux-mêmes quand ils arrivent à intégrer un club où le traitement salarial est conforme à celui du marché du football international. Ce qui leur permet d'invertir en Côte d'Ivoire dans des secteurs privés, particulièrement dans l'immobilier. L'investissement dans l'immobilier est une réponse à une demande sociale non satisfaite par la famille des footballeurs. Le rôle symbolique d'être propriétaire d'une maison et de pouvoir loger sa famille amène plusieurs joueurs professionnels ivoiriens à investir dans l'immobilier. Outre le secteur de l'immobilier, les footballeurs professionnels investissent de plus en plus dans le social à travers des projets ,de portée tel l'UPC (United Against Malaria), la sensibilisation sur le VIH/Sida. Les footballeurs professionnels associent leur image aux activités de ces projets ; ce qui donne une portée auprès de la population. Les footballeurs professionnels essaient également de s'investir pour la réduction de

la pauvreté à travers la création d'organisation non gouvernementale. Nous illustrons par la Fondation Eboué Emmanuel qui est une fondation à caractère social. Elle œuvre pour favoriser l 'insertion éducative et socio-économique des jeunes de tout horizon ( élèves, jeunes sans emplois, etc.), en les scolarisant et en initiant pour eux des activités génératrices de revenues. « En raison de ce dysfonctionnement du système, la Fondation Eboué Emmanuel apporte sa contribution à l'Etat en vue de lui permettre d'atteindre ses objectifs en matière d'éducation et d'emploi. Par ailleurs faire du système Educatif et la création d'emploi un maillon essentiel de ses projets vu que ces secteurs sont pourvoyeurs de réussite intellectuelle et d'équilibre socio-économique» (Présentation de la fondation).

265 CONCLUSION

Le football en Côte d'Ivoire: Quels sont les déterminants de l'intention et de la décision de départ des jeunes joueurs des championnats nationaux vers les championnats du monde entier? Telle est la question centrale du sujet que nous avons traité dans le cadre de cette thèse. La question de migration a été et -continue d'être au centre de débat et objet de recherche scientifique en Côte d'Ivoire. Les mouvements migratoires constituent un sujet d'étude pour qui veut comprendre aujourd'hui les logiques du développement de ce pays. Considéré comme terre d'accueil pour bon nombre de ressortissants des pays africains et d'ailleurs, la Côte d'Ivoire a basculé depuis une dizaine d'année dans le camp des pays « exportateurs » de jeunes footballeurs dans le monde entier. Cette émigration des footballeurs en provenance de la Côte d'Ivoire et, plus généralement, de l'Afrique concentre un certain nombre de représentations : image d'exploitation des jeunes, de vente de joueurs, de disparités entre les championnats ... L'ampleur que ce phénomène présente au fil du temps, le met au centre d'une part des débats dans le milieu du football aussi bien au niveau national qu'international, et d'autre part de recherches scientifiques. Depuis ces dix dernières années, des chercheurs s'intéressent de plus en plus à ce phénomène mais les études s'orientent vers la production des footballeurs, les réseaux marchands et mobilité professionnelle dans l'économie globale, migrations des footballeurs et mondialisation ... Même si dans certaines de ces études la question liée aux footballeurs professionnels ivoiriens a été abordée, aucune d'entre elles ne s'est véritablement penchée sur une analyse de déterminants de l'intention et de la décision des jeunes footballeurs. L'objectif de cette étude est donc· de jeter un regard sur l'aspect historique de l'émigration des footballeurs ivoiriens, d'étudier les déterminants sociaux de l'intention et de la prise de décision des jeunes joueurs de partir pour évoluer dans les championnats du monde entier.

266 L'analyse du problème tout en se situant au carrefour de plusieurs sociologies spécialisées : sociologie du travail, sociologie du sport et des loisirs et la sociologie des migrations a permis d'aborder l'émigration en terme de conjugaison, conjugaison de personnes, à commencer par l'individu: le footballeur candidat au départ, mais aussi conjugaison au niveau des différents acteurs. Cette conjugaison du jeune footballeur n'est pas qu'une question d'individu ou de groupe; c'est la nature même de l'émigration des jeunes joueurs, individuelle et masculine; qui provoque cette conjugaison de soi avec les autres. Au vu des résultats on peut dire, outre le fait que les effets internes au parcours et à la carrière du footballeur aient un poids sur la décision de départ, le projet migratoire des jeunes lie les uns aux autres car il se décide surtout par les autres. La perception la plus commune du phénomène de l'émigration des jeunes footballeurs en Côte d'Ivoire aujourd'hui est celle qui connecte les jeunes à des micro• décisions individuelles ou de projet personnel et particulier pourtant ce sont d'importants facteurs structurels agissants au niveau national et plus particulièrernent dans l'espace du football; absence de perspective de carrière sportive, la faible rémunération, l'harcèlement de la famille, la persécution des dirigeants de clubs et des agents de joueurs qui poussent les jeunes à vouloir partir par tous les moyens. Même si des différences de richesse, d'opportunités et de structuration des championnats entre la Côte d'Ivoire et les pays d'attraction des jeunes jouent un grand rôle et structure l'émigration avec le football, plus précisément dans la dynamique des flux, il serait nécessaire de dire que celle-ci s'enracine dans des réseaux sociaux. Lesquels sont animés par la famille, le Président, le secrétaire et l'entraineur des clubs et les agents de joueurs. L'offre et la demande du travail au niveau du marché international du football sont le résultat de processus de ce réseau et non pas des déterminants objectifs et autonomes des flux d'émigration des footballeurs. Ainsi, les choix migratoires sont considérés non plus comme des décisions individuelles, mais comme des décisions prises au niveau de la famille ( cellule familiale et famille sportive), encouragés et traduits en acte par les dirigeants de clubs et des agents de joueurs visant à maximaliser les revenus. 267 Il s'en suit également que le projet d'émigration est constitué des contextes sportifs précaires : championnat non professionnalisé, prolifération des centres de formations et de clubs au niveau national dans lesquels les différents acteurs de réseaux d'émigration réussissent à se doter de moyens pour convaincre les jeunes à émigrer. Il apparait donc difficile désormais de considérer les footballeurs comme isolés du contexte sportif, culturel et social d'origine. Dans l'émigration des jeunes footballeurs, il ne faut pas non plus ignorer les contraintes sociales auxquelles sont soumises les jeunes : niveau modeste de vie des parents, le chômage des jeunes sur le plan national. .. , qui pèsent si lourd dans leur décision d'émigrer. Il y'a également le fait qu'au fur ét à mesure que les footballeurs deviennent une «marchandise» au niveau national, le flux s'en est découlé inévitablement. De même, la médiatisation des salaires des footballeurs en Europe « sape les formes traditionnelles économiques et sociales basées sur des valeurs sociales du football et crée des marchés de travail du football mettant l'accent sur de nouvelles conceptions individuelles sur le gain rapide et sur le changement social qui en découle. C'est également la déstructuration du football au niveau national, par une nouvelle forme de «colonialisme» qui libère une main d'œuvre qui va alimenter les marchés du travail des pays où le football est mieux organisé. L'introduction des méthodes intensives d'émigration des jeunes, le monnayage du football au niveau international et surtout la propagande des salaires des footballeurs professionnels 'par les média; l'apparition de nouveaux acteurs, !'harcèlement de la famille et pour finir le non professionnalisme du football, constituent une combinaison qui déstabilise considérablement le championnat national. En termes d'enjeux, la perspective de recherche développée dans cette thèse souligne la nécessité d'intégrer les enjeux socio-économiques et sportifs. Si les enjeux sociaux économiques demeurent essentiels, ils ne peuvent couvrir à eux seuls l'intention et la mobilité des jeunes joueurs. Les conséquences de l'émigration de jeunes joueurs qui

268 ressortent de l'analyse des données de l'enquête sont d'ordre Sportif et socio-économique. Ces conséquences peuvent être interprétées aussi bien sous un aspect positif que négatif. Les aspects négatifs qu'il importe de mentionner après l'enquête sont la valeur marchande très basse des joueurs ivoiriens lors de premier transfert, le désintéressement des sponsors et des chaines de télévision, les championnats nationaux de moins en moins attrayants et la création d'une catégorie sociale de jeunes potentiels chômeurs qui constituerait un danger pour l'équilibre social. Les aspects positifs de l'émigration concernent les retombées économiques en Côte d'Ivoire par les transferts de fonds et l'investissement dans l'immobilier ou dans d'autres secteurs économiques ( commerce, transport, santé, ONG), l'aide financière accordée à leurs familles, le capital social, économique, voire politique acquis par les migrants. Toutes ces questions liées à l'aspect négatif et/ou positif de l'émigration des jeunes footballeurs en Côte pourraient être l'objet de recherches post-doctorales devant déboucher sur la facilitation du développement du football et de la protection des jeunes en réduisant l'émigration clandestine ainsi que le trafic d'une main d'œuvre « bon marché». Nous savons également que le processus de migration comporte plusieurs phases, entre la décision de départ, le transit, l'arrivée et l'intégration dans le nouveau pays ou le retour au lieu d'origine. Dans le cadre de cette recherche, nous avons abordé la problématique de l'émigration des joueurs sous l'angle de l'intention et la prise de décision de départ ; toutes les autres phases pourront nous occuper pour des études futures.

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280 ANNEXES ANNXEl

Questionnaire adressé aux jeunes footballeurs I) IDENTITIFICATION DE L'ENQUETE Reporter le.î Codes

!) Sexe: 00. Masculin 01. Féminin 11_1

2) Age: 00. 10-15 ans 21_1 01. 16-20 ans 02. 21-25 03. 26 ans et plus

3) Niveau d'instruction 31_1 00. analphabète 01. études primaires 02. études secondaires 03. études supérieures 04. autres .

41_1 Groupe ethnique 00. Gur 01. Mandé du nord 02. Mandé du sud 02.Krou 03. Akan 04. autres .

5) Pays d'origine 00. Côte d'ivoire 51_1 01. Burkina Faso 02.Mali 03. autres .

6) Diplômes 00. CEPE 6.01_1 01. BEPC 6.11_1 02. BAC 6.21_1 03. autres (à préciser) 6.31_1

7) Situation matrimoniale 00. célibataire 71_1 01. marié 02. veuf (ve)

2 Reporter les Codes 8) Nombre d'enfants en propre 00. 1 à 2 81_1 01.3à4 02. 5 à 6 03. 6 et plus

9) Religion 91_1 00. chrétien 01. musulman 02. animiste 03. autres ( à préciser)

10) Profession du père et/ou de la mère 00. manœuvre 01. ouvrier 02. agent de maitrise 03. cadre 04. cadre supérieur 05. autres (à préciser) · .

11) Lieu de résidence 111_1 00. Abidjan (quartier. ) 01. banlieue (quartier. )

II. CARRIERE ET PARCOURS FOOTBALLISTIQUE

12) A quel âge avez-vous commencé à jouer dans un club et/ou centre de formation de football? 121_1 00. 5 à JO ans 01. 11 à 15 ans 02. 16 à 20 ans 03. 21 à 25 ans 04. 26 et plus

13) Avec quelle organisation sportive? 00. centre de formation (nature , nom ) 131_1 01. Club (ligue I ( ), D2 ( ), D3 ( )) 02. autres .

14) Combien de clubs vous ont employé jusqu'à ce jour? 00. 1 à 3 141_1 01. 4 à 6 02. 6 et plus 03. autres (à préciser) .

3 Reporter les 15) Quel est votre salaire dans le club? Codes 00. 0 à 50.000 FCFA 151_1 01. 50.000 à 100.000 FCFA 02. 100.000 à 150.000 FCFA 03. 150.000 à 200.000 FCFA 04. 200.000FCFA et plus 161_1

16) Votre club participe t-il à un championnat national? 00.oui 01. non 17.01_1 17.1 I_I 17) Si oui, lequel? 17.21_1 00. Ligue I 17.31_1 01. Ligue II 02. D3 17.4 I_I 03. Elites jeunes 17.51_1 04. championnat réserve 05. autres (à préciser) . 18 18) Si non pourquoi? 19.01_1 19.11_1 19) Quelle est la fréquence de vos entrainements?' 19.21_1 00. une fois par semaine 19.31_1 01. deux fois par semaine 02. trois fois par semaine 19.41_1 . 03. tous les jours de la semaine 04. autres (à préciser) . 201_1 20) A combien de matches officiels avez-vous déjà participé? 00. 0 à 5 Ol.6à 10 02. 11 à 15 03. 16à20 04. 21 et plus III. PROJET MIGRATOIRE DES JOUEURS

21) Depuis ces 5 dernières années, Avez-vous quitté votre club initial pour un 211_1 autre club? 00. oui 01. Non

22) Si oui lequel (à nommer et préciser l'année) 221_1 . 00. local ( ) 01. national ( , ) 02. continental ( ) 03. international( )

23) Quelles sont les raisons de ce changement de club? 23.01_1 00. perspective de carrière 23.11_1 01. meilleure rémunération 23.21_1 02. sur conseil d'un agent de joueur 03. après démarches de responsable du club 23.31_1 04. recherche d'une formation efficiente 23.41_1 05. autres à préciser ..

4 24) Comment avez-vous été recrutés? Reporter les Codes 00. par connaissance 241_1 01. par essai 02. par un agent de joueur 03. par un responsable du club 04. autres (à préciser) . 251_1 25) Avez-vous une fois été l'objet de transfert en Europe? 00. oui O 1. non

26) Si oui à quel âge? 00. 10 à 15 ans 261_1 01. 16 à 20 ans 02. 21 à 25 ANS 03. 26 et plus

27) Quelle était votre destination? 00. France 01. Angleterre 02. Belgique 03. Suisse 04. Autre (à préciser) .

28) Quelle est la raison du choix de la destination ? 281_1 00. Insertion facile 01. Conditions d'accès peu contraignantes 02. Présence d'un parent 03. Appartement trouvé par le club 04. Recommandation de l'agent de joueur 05. Autre (à préciser) .

29) Si non pourquoi ? 291_1 00. Je ne connais personne en Europe 01. Le salaire que je perçois me suffit 02. Je préfère jouer en championnat national 03. Je n'ai jamais été contacté dans ce sens 04. autre (à préciser) .

30) Où aimeriez-vous aller jouer pour la suite de votre carrière ? 30 I_I 00. France 01. Angleterre 02. Belgique 03. Suisse 04. Autre (à préciser) .

5 31) Pourquoi? Reporter_ @_ 00. Facilité de trouver un club Codes 01. Présence d'un parent 31.01_1 02. Présence d'un correspondant 31.11_1 31.21_1 03. Choix des parents 31.31_1 04. Autres (à préciser) . 31.41_1

32) Avez-vous déjà des contacts dans ce cas? 00. oui O !.non 321_1 33) Si non pourquoi?

34) Si oui qui 331_1 00. Joueur professionnel 01. ancien joueur professionnel 02. Autre (à préciser) . 341_1 35) Quels sont les objectifs pour le départ 00. Aider la famille 01. devenir une star du football 351_1 02. Etre autonome 03. Autre (à préciser) .

36) A votre avis, trouver un club serait: 00. Très facile 01. Facile 361_1 02. Difficile 04. Très difficile

IV. RESEAUX DE MIGRA TI ONS DES JEUNES

37) Quelles sont les personnes de votre famille qui vous encouragent à partir à Europe? 00. Le père 371_1 01. La mère 02. Les frères 03. L'oncle 04. Autres (à préciser) .

38) Quelle est la personne de votre club qui s'implique dans votre probable 381_1 transfert? 00. Le Secrétaire du club 01. Le Président du club 02. Le joueur professionnel 03. Autre personne (à préciser) .

6 Reporter les 39) A votre avis, qui va vous aider à partir et trouver un club professionnel ? codes 00. Président de club 391_1 01. Agent de joueur 02. Responsable du centre de formation 03. Autres (à préciser) .

40) Etes-vous en mesure d'aller en Europe sans l'aide de président de club, 401_1 responsable de centre de formation et d'un agent de joueur?

00. oui 01. non 41.1_1 41) Si oui, quels sont vos contacts personnels ? 00. Joueur professionnel 01. Parent 02. Ami de la famille 03. Un correspondant 04. autres ( à préciser) . 42.1_1 42) Qui est-ce qui discute régulièrement avec vous du projet de départ pour l'Europe? 00. Président 01. Secrétaire du club 02. Agent de joueur 43.1_1 43) Comment êtes-vous vu par le Président et/ou secrétaire du club? 1. Source de financement pour le club 2. Espoir l'équipe nationale 3. Autre (à préciser) .

V. LES MOTIVA TI ONS ET ATTENTES DES JEUNES

44) A quel footballeur international ivoirien souhaitez-vous ressembler? 44.1_1 00. Didier DROGBA 01. .Yaya TOURE 02. Laurent POKOU 03. Kolo TOURE 04. Kader KEITA 05. Autres à préciser. .

45)Justifiez . 45

46) Que pensez- vous du football professionnel ? 46.1_/ 00. Moyen pour s'enrichir facilement 01. Moyen de lutte contre le chômage 02. Moyen pour quitter son pays d'origine 03. Autre (à préciser) .

7 ANNXE2

GRILLE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX RESPONSABLES DE LA FIF EN CHARGE DE LA MTN LIGUE I

Sujet abordé Problématique de l'émigration de jeunes joueurs de football en Côte d'Ivoire - « Au fil de votre expérience de responsable à la FIF, vous avez dû rencontrer et/ou vivre bon nombre de cas de départ des jeunes joueurs vers les championnats nantis et mieux organisés. Chaque départ est unique en son genre, mais en vous appuyant sur votre expérience, vous pouvez sans doute citer des exemples de départs ou situer le rôle des différents acteurs et les parents dans ces départs, Vous pouvez illustrer votre propos d'exemples.»

- l'implication de la 1 - A combien estimez-vous actuellement le nombre de joueurs FIF ivoiriens évoluant hors de la Côte d'Ivoire? (Si possible peut• on avoir les statistiques des départ chaque année, c'est-à-dire depuis les 10 dernières années) - Quels sont les procédures à suivre pour le transfert d'un joueur au niveau de la FIF ? Est-ce différent de celles de la FIF A ? Y a-t-il des cas particuliers? - Si oui comment se manifestent-ils? - Au niveau de Ja FIF, quelle sont les personnes impliquées dans le départ des joueurs ? - Pouvez-vous citer différents rôles dévolus à chaque responsable pour facilité le transfert des joueurs ? - Rencontrez-vous des difficultés avec les joueurs ou responsables des joueurs? À quel niveau ? - Quels sont les !liesures mises en œuvre pour faire face à ces difficultés ?

- Rapport avec les 1 - Pendant le transfert, quelles sont vos relations avec les parents

8 parents des joueurs I des joueurs? - Comment cela se passet quand ce sont les parents qui s'impliquent dans les démarches de départ? - Comment se comportent les parents envers vous ? Certains de ces comportements vous semblent-t-ils plus à même de favoriser le départ du joueur, ou l'empêcher? - Si vous estimez que les comportements des parents sont négatifs pour l'enfant, intervenez-vous? Si oui, comment? - Rapport avec les - Pendant le transfert, quels vos rapports avec les responsables responsables des de clubs? clubs - Existe-t-il des responsables de clubs qui, à votre avis font des transferts clandestins ? - Peuvent-ils être à l'origine de l'émigration des joueurs ? Si oui, comment ? - Aident-ils leur joueur à quitter le pays pour un autre pays? Si oui, comment? - Les moyens et les - Quels sont les moyens dont dispose la FIF pour contrôler ou stratégies juguler les départs de joueurs ? - Quelles sont les stratégies que la FIF met en œuvre dans la gestion des départs ? -Ces stratégies sont-elles efficaces ? Si non, pourquoi ? - Synthèse - Quels sont, selon vous, les comportements et/ou attitudes favorables ou défavorables à l'émigration des jeunes footballeurs?

9 ANNXE3

GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX RESPONSABLES DES CLUBS

1. Pouvez-nous faire une brève présentation du club?

}> Date de création ;

}> Nombre de joueurs par catégories ;

}> Nombre de joueurs formés jusqu'à ce jour;

}> Nombre de joueurs évoluant dans le club cette saison :

}> Le personnel du club ;

2. Depuis quelle date êtes-vous responsable du club? Quelle est votre fonction ?

3. Quelle mode de formation pratiquez-vous pour les joueurs de -18 ans ? 4. A quand remonte le début de ce type de formation ? 5. Tous les joueurs formés par vous jouent t-ils le club? 6. Si non quelles sont les destinations des joueurs que vous formez ?

}> Au niveau national

}> Au niveau continental

}> Au niveau international

7. Quelle est la procédure de mise à disposition de vos joueurs sur le plan national?

8. Dans le cas de transfert joueurs hors du pays, quelle est la procédure à suivre? 9. A quand remonte le premier transfert du club? 1 O. Quelle était la destination de ce joueur ? 11. Combien de joueurs formés par le club ont pu quitter le pays pour un autre championnat? 12. Quels sont vos clubs partenaires ? 13. Existent-ils des joueurs de votre club qui vont à l'extérieur sans votre accord ? 14. Si oui, par quel circuit partent-ils?

10 15. Arrivent-ils à s'intégrer dans un club de leur choix? Si non, que leur arrive t-il? Avez-vous de leurs nouvelles (Donnez des exemples d'échec si possible) 16. Quel est le club qui a recruté le plus de joueurs de votre club ? Combien sont-ils ? 17. Etiez-vous satisfait des transferts de joueurs que vous effectuez? Justifiez 18. Quelle appréciation pouvez-vous porter sur le départ des joueurs du championnat national vers l'extérieur ?

11 GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX AGENTS DE JOUEURS

1-Pouvez-vous faire une brève présentation de l'agent de joueur? 2-Quand avez-vous été commencé le métier d'agent de joueur? 3-Combien de footballeurs avez-vous conseillé, transféré depuis que vous en fonction? 4-Quelle est la destination que conseillée à vos joueurs ? 5-Quels sont les procédures administratives qui vous sont exigées avant le transfert d'un joueur?

6- Ces procédures sont-elles toujours respectées?

7- Si non pourquoi

8- Si oui justifiez 9- Pouvez-vous indiquez le niveau d'implication des parents de joueurs et celui de la FIF dans ces procédures ? JO- Les footballeurs que vous contactez sont issus de quelle organisation sportive? Club ?/Centre de formation? 11- Avant de transférer un joueur, quelles sont vos relations avec les clubs ? 12-Pouvez-vous nous dire qui du responsable du club, d'un parent, d'un entraineur, d'un secrétaire de club et du joueur vous contacte pour le transfert d'un footballeur? 13- Quelle est votre opinion en ce qui concerne les transferts/départ de joueurs pour l'étranger? Justifier votre réponse.

12 ANNXE4

GU1DE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX PARENTS DES JEUNES FOOTBALLEURS

l. Identification et caractéristique des parents Nationalité - Profession - Religion - Etes-vous marié ? - Nombre d'enfant nés où? - Lieu d'habitation? 2. Etes-vous favorable pour que votre fils pratique le football ? Si oui pourquoi ? Si non pourquoi ? 3. Donnez-nous le nom de 3 clubs dans lesquels vous aimeriez le voir jouer pendant sa carrière ( dans l'ordre de préférence) 4. Aviez-vous une fois été contacté par un agent de joueur pour le transfert de votre enfant? Si oui quel a été l'aboutissement de ce contact? 5. Que pensez-vous du départ des joueurs dans les championnats européens? 6. A quel joueur expatrié ivoirien, voulez-vous que votre fils ressemble? Justifiez cette position. 7. A quel joueur international souhaitez-vous que votre enfant s'identifie comme modèle? Justifiez votre réponse. 8. Etes-vous-disposez à laisser partir votre fils à la recherche d'un club mieux organisé? Si pourquoi? 9. Avez-vous des contacts hors de la Côte d'Ivoire? Si oui, de quel type? (une famille, un agent, autres) 13 1 O. Comment jugez-vous la possibilité pour votre enfant de trouver un club professionnel (très facile/facile/difficile/très difficile. 11. Avez-vous une connaissance des procédures de transfert des jeunes joueurs ? 12. Que pensez-vous de la pratique du football?, (peu important, important, très important). Cette question peut être posée en début d'entretien. 13. Impliquez-vous dans la pratique du·football de votre enfant? Si oui justifiez votre réponse 14. Pensez vous que votre fils est suffisamment armé pour embrasser une carrière de footballeur professionnel ? Si oui justifiez votre réponse.

14 ANNXE5 GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX ANCIENS FOOTBALLEURS PROFESSIONNELS

1. Identification et caractéristique des anciens footballeurs professionnels Nationalité - Profession - Religion - Etes-vous marié ? - Nombre d'enfant nés où? - Lieu d'habitation? 2. Quand, où et avec quel club avez-vous commencé à jouer au football? 3. Quels sont les différents clubs qui vous ont employés au niveau national? 4. En quelle année avez-vous entamé la 'carrière de footballeur professionnel? 5. quel a été le premier club au niveau international ?/ préciser le pays. 6. Quel fut la modalité du recrutement (par essai, par agent de joueur)? Payement d'une indemnité au club? 7. Avec l'aide financière de qui avez-vous pu faire le premier voyage? 8. Dans vos débuts, chez qui étiez-vous. hébergé ? 9. Etiez-vous satisfait des conditions du premier transfert? Si oui, pourquoi Si non, justifiez 1 O. Quelles sont difficultés auxquelles étiez-vous confrontées au début de votre carrière professionnelle ? 11. Que pensez-vous de l'émigration des footballeurs ivoiriens ? 12. Dans quelle activité exercez-vous aujourd'hui?

15 LA TABLE DES MATIERES

DEDIDACE .111 SOMMAIRE .IV LISTE ALPHABETIQUE DES SIGLES ET ABREVIATIONS V LISTE DES TABLEAUX VIII LISTE DES GRAPHIQUES X LISTE DES PHOTOS ET CARTE XI REMERCIEMENT XII INTRODUCTION 15

PREMIERE PARTIE: CADRE METHODOLOGIQUE 19

1.1. La justification du choix du sujet.. 20 1.2. La délimitation du champ d'étude 22 1.2.1. Le champ géographique 22 1.2.2. Le champ sociologique • 25 1.2.2. 1. L'approche marxiste du sport 29 1.2.2. 2. L'approche fonctionnaliste du sport 33 1.2.2. 3. L'approche structure-constructiviste du sport. 36 1.2.2. 4. La théorie néoclassique de la migration 39 1.2.2. 5. La nouvelle économie des migrations .40 1.2.2. 6. La théorie des systèmes mondiaux et la théorie du double marché de la migration , .43 1.2.2. 7. Les théories sociologiques de la migration .47 1.2.2. 7.1. L'approche répulsion/attraction .47 I.2.2. 7.2. La théorie des réseaux sociaux .48 1.2.2. 7.3. L'approche des institutions 50 1.2.2. 7.4. L'approche du transnationalisme 51

297 I.3. La problématique 56 I.4. La définition des concepts 63 I.4.1. La migration 64 1.4.2. Le football 73

I.5. La méthode d'analyse et techniques d'enquête 75 I.5.1. La méthode d'analyse: la méthode dialectique 75 I.5.2. Les techniques de collecte de données 77 I.5 .2.1. La recherche documentaire 77 I.5.2.2. L'observation directe libre 78 1.5.2.3. L'entretien semi-directif. 79 I.5.2.4. Le questionnaire : 81 I.5.2.5. Le traitement et l'analyse des données 83

1.6. Les difficultés de la recherche 84

DEUXIEME PARTIE: LA PRESENTATION DU FOOTBALL EN COTE D'IVOIRE ET DU CADRE DE L'ETUDE 86

II. l. La Généralité sur le football 87

II.1.1. L'histoire du football. 87 II.1.1.1. Les origines du football. 87 II.1.1.l.l. Les origines du football du football en Asie 87 II.1.1. l. l. Les origines du football du football en Europe 88 II.1.1.2. Le football contemporain 94 II.1.1.2.1. De 1868 à la création de la FIF A 94 II. l.1.2.1. La FIF A : création et organisation 94 II.1.1.2.1.1. L'histoire de la FIFA 95 II. l .1.2.1.2. L'organisation de la FIF A 96

298 II.2. L'introduction du football en Afrique 99 II.2.1. L'histoire du football africain 99 Il.2.2. La CAF, création, organisation et fonctionnement. 100

II.3. Le football en Côte d'Ivoire 109 Il.3.1. Le contexte sportif de la Côte d'Ivoire 109 II.3.1.1. Le système sportif de la Côte d'Ivoire 109 II.3.1.2. L'évolution du sport civil ivoirien 110 II.3.1.3. La politique du sport en Côte d'Ivoire 111 Il.3.2. Historique du football ivoirien 123 II.3.2. l. Les différentes étapes de l'évolution du football ivoirien 124 II.3.3. La Fédération Ivoirienne de Football 126

II.4. La présentation des clubs ayant participé à la super coupe 137 II.4.1. Présentation des clubs à l'étude 139 Il.4.1.1. L' ASEC Mimosas : historique, organisation et fonctionnement 139 II.4.1.2. Le STELLA Club d'Adjamé .143 II.4.1.3. L'Union Sportive des Clubs de Bassam .147 II.4.1.1. Le SEWE Sport de San-Pedro 149 II.4.1.1. La Jeunesse Club d'Abidjan Treichville 151 II.4.1.1. L'Académie de Football Amadou Diallo 154

II.5. L'historique de la migration en Côte d'Ivoire 157 II.5.1. La dimension historique des mouvements migratoires en Côte d'Ivoire 157 II.5.1. l. La population étrangère résidant en Côte d'Ivoire 161

II.5.1.2. La population ivoirienne résidant à l'étranger. 163 II.5.2. L'historique de la migration des footballeurs 165 299 II.5.2.1. L'aspect historique de la migration des footballeurs africains.165 II.5.2.2. L'histoire de l'émigration des footballeurs ivoiriens 169

TROISIEME PARTIE: L'EMIGRATION DES JEUNES A TRAVERS LE FOOTBALL 181

III.l. Le profil des potentiels émigrants. par le football 182

IIl.1.1. L'âge des candidats à l'émigration 182 III.1.2. Le niveau d'instruction des jeunes footballeurs 183 III.1.3. Le groupe ethnique des footballeurs 185 III.1.4. Le pays d'origine 187 III.1.5. La situation matrimoniale 189

III.1.6. La religion des candidats à l'émigration 191 III.!. 7. La profession des parents des candidats à l'émigration 193 III.1.8. Le lieu de résidence des candidats à l'émigration 196

III.2. Le parcours et carrière des jeunes footballeurs 200 IIl.2.1. L'âge de début d'initiation au métier de footballeur. 200 III.2.2. Les effets internes au par~ours sportif des jeunes 206 Ill.2.2.1. Le nombre de matches joués 206 III.2.2.2. Le nombre de clubs ayant employé les joueurs 208 III.2.2.3. Le niveau de championnat auquel le club participe 209 Ill.2.2.4. Le poids du salaire au niveau local. 211

III.3. Le projet migratoire des jeunes .. : 214 III.3 .1. La relation entre la mutation interne et la prise de décision d'émigrer. 215 III.3 .2. Les raisons de la mutation interne selon quelques caractéristiques sociales des jeunes footballeurs 219

300 III.3.3. La destination de choix des jeunes émigrants 223 III.3.4. Les objectifs de la migration des jeunes footballeurs 225 III.3.5. Les perceptions du football professionnel chez lesjeunes 234

III.4. Les acteurs et réseaux de l'émigration des jeunes footballeurs 241 III.4.1. L'influence des structures familiales dans le projet migratoire 241 III.4.1.1. Relation entre la profession des parents et leur complicité dans l'émigration des jeunes footballeurs 244 III.4.1.2. Influence des parents et la situation matrimoniale des jeunes footballeurs 248 III.4.2. Les acteurs du champ footballistique impliqués dans l'émigration des jeunes footballeurs 250 III.4.2.1. L'influence des Présidents, des secrétaires et des entraineurs de clubs 250 III.4.2.2. Les agents de joueurs 253 III.4.3. Les relations entre les acteurs des réseaux de migration 257

III.5. Les motivations et les attentes des joueurs candidats à l'émigration : 257 III.5. 1. La recherche d'une carrière professionnelle 258 III.5.2. La recherche de la notoriété du club 259 III.5.3. La recherche d'un championnat en phase avec le projet professionnel individuel des jeunes 260 III.6. Les enjeux de l'émigration des jeunes footballeurs 261 III.6.1. Les enjeux sportifs 261 III.6.2. Les enjeux socio-économiques 264 CONCLUSION 266 BIBLIOGRAPI--IIE 275 ANNEXES 291 301