Remember Shakti» Celebrating the 40Th Anniversary of Shakti
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Autour du monde / Luxembourg Festival 2013 Mardi / Dienstag / Tuesday 19.11.2013 20:00 Grand Auditorium «Remember Shakti» Celebrating the 40th anniversary of Shakti John McLaughlin electric guitar Zakir Hussain tabla Shankar Mahadevan vocals Uppalapu Srinivas mandolin Vinayakram Selvaganesh kanjira, ghatam, mridangam ~90’ sans entracte / ohne Pause / without intermission Veuillez noter que les photos et enregistrements audio et/ou vidéo sont strictement interdits pendant toute la durée de ce concert. Wir weisen darauf hin, dass Photo-, Video- und Audioaufnahmen während des Konzerts ausnahmslos verboten sind. Please note that photos, video and audio recordings are strictly prohibited during this concert. Backstage 19:15 Salle de Musique de Chambre Indian music – introduction and workshop with Rakivan Ayyappan (E) Dans le cadre de Luxembourg Festival «May the Force be with you!» Remember Shakti Philippe Gonin 1969, un jeune guitariste anglais débarque à New York après avoir reçu un appel téléphonique qui ne se refuse pas: Tony Williams l’invite à se joindre à son groupe, Lifetime. Très vite John McLaughlin fait sensation à New York et sa réputation lui donne l’occasion de participer à des séances studio qui deviennent his- toriques: Miles Davis l’engage sur deux albums majeurs, «In A Silent Way» et «Bitches Brew». Jouer avec Miles est, en cette fin d’années 1960, une aubaine pour une quantité impressionnante de jeunes musiciens. Nombreux sont ceux qui participent en- suite à l’histoire d’un courant parmi les plus significatifs du jazz des seventies, le jazz fusion. Pour autant, McLaughlin résistera aux demandes du trompettiste et n’intégrera jamais véritable- ment son groupe. Pour autant, l’histoire ne fait pas exception et le jeune sideman est vite appelé à une carrière brillante. C’est d’ailleurs Miles qui aurait, le soir même d’un concert donné par le Lifetime à Boston, glissé à l’oreille du guitariste: «John, il est temps que tu formes ton propre groupe maintenant…». S’il se consacre d’abord, pour des raisons contractuelles, à son superbe «My Goal’s Beyond» qui sort en 1971, le guitariste, déjà auteur de deux albums solos, ne tarde pas à suivre ce précieux conseil. Album magique aux deux faces contrastées, l’une acoustique et en solo – avec quel- ques ‹overdubs› toutefois – l’autre enregistrée avec Dave Liebman à la flûte, Badal Roy aux tablas, Charlie Haden à la contrebasse, Jerry Goodman au violon et Billy Cobham à la batterie, on sent déjà dans «My Goal’s Beyond» se dessiner une influence in- 2 dienne. Sans doute est-elle due à une rencontre fondamentale dans la vie (spirituelle et musicale) de McLaughlin. Guidé par Larry Coryell, il rencontre au printemps 1970 Sri Chinmoy dont il devient le disciple. Son maître spirituel lui donne le nom de Mahavishnu… de Maha, le créateur, et Vishnu, le conservateur. Sur une version de la pochette du disque (le vinyle original), il est d’ailleurs inscrit Mahavishnu John McLaugh-lin et, aux côtés du guitariste, trône un portrait de Sri Chinmoy. De fait, le nouveau groupe de McLaughlin s’appellera The Mahavishnu Orchestra. Mahavishnu C’est d’abord avec Billy Cobham que répète McLaughlin. Vinrent ensuite se joindre à eux Jerry Goodman, Jan Hammer et Rick Laird. Le guitariste et le batteur, non contents d’avoir enregistré ensemble la face deux de «My Goal’s Beyond», avaient également participé aussi «Spaces» de Larry Corryel et au très rock «Tribute to Jack Johnson» de Miles (les deux hommes se re- trouvent ensuite en 1984 sur «You’re Under Arrest» avec, notam- ment, un brûlant «Katia»). Le Mahavishnu Orchestra se place d’emblée au sommet de ce qui prendra le nom de ‹jazz fusion›. L’ensemble se produit – grâce à un producteur avisé – en pre- mière partie de groupes rock (tels Blüe Oÿster Cult). Le groupe va atteindre des sommets dans l’indispensable «Birds of Fire» (l’album atteint la 15e place du Top 100 du Billboard!). Musique hindoustanie, musique carnatique Le 30 décembre 1973, le Mahasvishnu Orchestra ‹première ma- nière› donne son dernier concert. Chacun poursuit sa route, et déjà McLaughlin a en tête un autre projet. Et si d’autres Maha- vishnu voient le jour, c’est dans une musique proposant une autre fusion qu’il trouve une voie nouvelle, plus imprégnée que jamais de cette essence spirituelle indienne qui l’habite depuis quelques années. Le projet musical vise à combiner non seule- ment les langages et les instruments de la musique indienne avec le jazz mais aussi de fusionner les deux pôles de la musique in- 3 dienne: le Nord et le Sud… Si la première (la musique hindous- tanie) est plutôt axée sur l’expression et le sentiment, la seconde (musique carnatique) est plus volontiers portée sur la structure et l’improvisation. La musique indienne dans son ensemble repose sur des modes mélodiques mais aussi des modes rythmiques (les tâlas). Les râgas sont un mode d’expression reposant sur un cadre mé- lodique – qu’il ne faut pas confondre avec une gamme ou un mode – et sont typiques de la musique classique indienne. Chaque râga est lié à un sentiment, une saison, un moment du jour. Cette théorie du moment a (malheureusement?) été quelque peu malmenée par la notion occidentale de concert… Il serait trop long de développer ici les caractéristiques spéci- fiques de chacune de ces musiques tant elles reposent sur une théorie complexe souvent fort éloignée de notre solfège occi- dental. La différence entre la musique de l’Inde du Nord et celle du Sud est toutefois assez sensible. Ce sont en tous les cas des musiques savantes, reposant sur des règles et une grammaire pré- cises. Le jazz et la musique indienne. «My Goal’s Beyond», par bien des aspects, préfigurait déjà ce qui devint Shakti: la face en groupe de l’album proposait déjà des sonorités mêlant improvisation jazz et couleurs instrumentales indiennes. Mais cette expérimentation, cette tentative de fusion n’est pas nouvelle dans le monde musical de la fin des sixties. Dans le monde de la pop, The Beatles bien entendu et le sitar de George Harrison sur «Norvegian Wood» avaient déjà montré la voie en 1965. Suivirent «Love you to» dans «Revolver» et «Within You Without You» dans «Sgt Pepper’s» (respectivement en 1966 et 1967). Eux-mêmes entraînés dans le sillage d’un leader spirituel en la personne du Maharishi Mahesh Yogi – décédé en 2008 –, la rencontre avec la musique de Ravi Shankar créa aussi une émulation évidente – avec quelques autres facteurs qu’il n’est pas utile de développer ici – pour ce monde musical apportant un caractère résolument méditatif et spirituel, par ailleurs marques indélébiles de la période. 4 Le jazz ne fut pas écarté de ce courant. La rencontre avec l’Inde eut lieu également ne serait-ce qu’avec «India» de Coltrane, lui qui tentait de réunir en un seul geste créateur les universaux de la musique trouvait aussi une partie de sa quête dans les échelles modales de cette musique. Il y eut également l’Indo Jazz Suite de Joe Harriot (en compagnie du compositeur indien John Mayer décédé en 2004 et qu’il ne faut pas confondre avec le guitariste homonyme) pour double quintette: une formation de jazz dou- blée d’une autre composée de cinq musiciens indiens. Ajoutons le projet allemand intitulé «Jazz Meets India» (album enregis- tré le 23 octobre 1967 à Villingen – Allemagne – réunissait Irene Schweizer au piano, Uli Trepte à la contrebasse, Mani Neumeier à la batterie, Dewan Motihar au sitar et au chant, Keshav Sathe aux tablas, Kusum Thakur au tambura, Manfred Schoof à la trompette et Barney Wilen aux sax soprano et ténor, album hau- tement recommandé!). Shakti Shakti, puisqu’il s’agit du nom choisi pour ce nouveau groupe, est un mot sanskrit qui signifie la force, la puissance, mais est également le nom de la déesse qui la symbolise, Shakti, épouse d’Indra. La première incarnation du groupe réunissait John McLaughlin à la guitare, Zakir Hussain au tabla, Lakshmina- rayana Shankar au violon, Ramad Rhagavan, mridangam (absent de l’album «Handful of Beauty»), et Thetakudi Harihara Vinayakram au ghatam et mridangam. La fusion est ici parfaite. La guitare de McLaughlin est, soulignons-le, le seul instrument occidental de l’ensemble. Cette première formation œuvra du- rant quatre années (de 1974 à 1978). Le groupe produira trois albums entre 1976 et 1977 («Shakti» et «Handful of Beauty» en 1976, «Natural Elements» en 1977). Après la séparation du groupe, Hussain et L.Shankar, accompagnés par Vinayataram, produiront quelques albums dans l’esprit de Shakti mais c’est McLaughlin et Zakir Hussain qui, à l’aube du 21e siècle se réuni- ront à nouveau pour fonder Remember Shakti, dernière incarna- tion en date. 5 Zakir Hussain éternel alter ego? Aux côtés de McLaughlin depuis la première formation, Hussain apparaît, au sein de Shakti, comme le parfait alter ego du guita- riste. Il est à l‘origine le seul représentant de la musique hin- doustanie du Nord dans un ensemble où les autres musiciens viennent du sud. Musicien virtuose, on ne compte plus les nombreuses collaborations qui l‘ont vu jouer aux côtés de Ravi Shankar ou de formations telles Ancient Future (groupe formé aux Etats-Unis en 1978 proposant une sorte de ‹world fusion›) ou Bustan Abraham (groupe israélien de musique instrumentale, également ancré dans une mouvance world fusion, séparé depuis 2003). Parfois acteur (il joue dans trois films), il a également (et entre autres) composé la musique de One Dollar Curry de Vijay Singh. Remember Shakti Il a fallu attendre près de vingt ans pour que McLaughlin éprouve le besoin de faire revivre ce projet.