LA PROMENADE AU TOURNANT DES Xviiie ET Xixe SIÈCLES (BELGIQUE - FRANCE - ANGLETERRE)
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É T U D E 5 5 U R L E 1 S' 5 .1 È C L E X V 1 1 1 Revue fondée par Ro land Mortier et Hervé Hasquin DIRECTEURS Bruno Bernard et Manuel Couvreur COMITt tDITORIAl Va lérie André, Claude Bruneel (Université catholique de Louvain), Carlo Capra (Università degli studi, Milan), David Charlton (Royal Ho lloway College, Londres) , Nicolas Cronk (Voltaire Foundati on, University of Oxford), Brigitte D' Hainaut, Michèle Galand, Jan Herman (Katholieke Universiteit Leuven), Michel Jangoux, Huguette Krief (Université de Provence, Aix-en -Provence), Christophe Loi r, Roland Mortier, Fabrice Preyat, Daniel Rabreau (Université de Paris l, Panthéon-So rbonne), Daniel Roche (Collège de France), Raymond Trousson et Renate Zed inger (Universitat Wien) GROUPE D 'É TUDE D U 1 S' 5 1 È C L E tCRIREÀ Bruno Bernard [email protected] Manuel Couvreur [email protected] ou à l'adresse suivante Groupe d'étude du XVIII' siècle Université libre de Bruxelles (C P 175/ 01) Avenue F.D. Roosevelt 50 • B -1050 Bruxelles LA PROMENADE AU TOURNANT, DES XVIIIe ET Xlxe SIECLES (BELGIQUE - FRANCE - ANGLETERRE) Publié avec l'aide financière du Fonds de la recherche scientifique - FNRS Ë T U DES 5 URL E 1 8 ' 5 1 È C l E x v 1 1 1 LA PROMENADE AU TOURNANT DES XVIIIe ET XIXe SIÈCLES (BELGIQUE - FRANCE - ANGLETERRE) VOLUME COMPOSÉ ET ÉD ITÉ PAR CHRISTO PH E LOI R ET LAURENT TU RCOT 2 0 1 1 ÉDITIONS DE L'UNIVERSITÉ DE BRUXELLES DAN 5 L A M Ë M E COLLECTION Les préoccupations économiques et sociales des philosophes, littérateurs et artistes au XVIIIe siècle, 1976 Bruxelles au XVIIIe siècle, 1977 L'Europe et les révolutions (1770-1800), 1980 La noblesse belge au XVIIIe siècle, 1982 Idéologies de la noblesse, 1984 Une famille noble de hauts fonctionnaires: les Neny, 1985 Le livre à Liège et à Bruxelles au XVIIIe siècle, 1987 Unité et diversité de l'empire des Habsbourg à la fin du XVIIIe siècle, 1988 Deux aspects contestés de la politique révolutionnaire en Belgique : langue et culte, 1989 Fêtes et musiques révolutionnaires: Grétry et Gossec, 1990 Rocaille. Rococo, 1991 Musiques et spectacles à Bruxe lles au XVIIIe siècle, 1992 Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens (1744-1780), Michèle Galand, 1993 Patrice-François de Neny (1716-1784). Portrait d'un homme d'État, Bruno Bernard, 1993 Retour au XVIIIe siècle, 1995 Autour du père Castel et du clavecin oculaire, 1995 Jean -François Vonck (1743-1792), 1996 Parcs, jardins et forêts au XVIIIe siècle, 1997 Topographie du plaisir sous la Régence, 1998 La haute administration dans les Pays-Bas autrich iens, 1999 Portra its de femmes, 2000 Gestion et entretien des bâtiments royaux dans les Pays-Bas autri chiens (1715-1794). Le Bureau des ouvrages de la Cour, Kim Bethume, 2001 La diplomatie belgo-liégeoise à l'épreuve. Étude sur les relations entre les Pays-Bas autrich iens et la principauté de Liège au XVIIIe siècle, Olivier Vanderhaegen, 2003 La duchesse du Maine (1676-1753). Une mécène à la croisée des arts et des siècles, 2003 Bruxe llois à Vienne. Viennois à Bruxelles, 2004 Les théâtres de société au XVIIIe siècle, 2005 Le XVIIie, un siècle de décadence 7, 2006 Espaces et parcours dans la ville. Bruxelles au XVIIIe siècle, 2007 Lombardie et Pays-Bas autrich iens. Rega rds croisés sur les Habsbourg et leurs réformes au XVIIIe siècle, 2008 Formes et figures du goût ch inois dans les anciens Pays-Bas, 2009 Po rtés par l'air du temps : les voyages du cap itaine Baudin, 2010 HORS StRIE La tolérance civi le, édité par Roland Crahay, 1982 Les origines françaises de l'antimaçonnisme, Jacques Lemaire, 1985 L'homme des Lumières et la découverte de l'Autre, édité par Daniel Droixhe et Pol-P Gossiaux, 1985 Morale et vertu, édité par Henri Piard, 1986 Emmanuel de Croy (1718-1784). Itinéraire intellectuel et réussite nobiliaire au siècle des Lumières, Marie-Pierre Dion, 1987 La Révolution liégeoise de 1789 vue par les historiens belges (de 1805 à nos jours), Philippe Raxhon, 1989 Les savants et la politique à la fin du XVIIIe siècle, édité par Gisèle Van de Vyver et Jacques Reisse, 1990 La sécularisation des œuvres d'art dans le Brabant (1773-1842). La création du musée de Bruxelles, Christophe Loir, 1998 Vie quotidienne des couvents féminins de Bruxelles au siècle des Lumières (1754-1787), Marc Libert, 1999 L'é mergence des beaux-arts en Be lgique : institutions, artistes, public et patrimoine (1773-1835), Christophe Loir, 2004 Voltaire et Rousseau dans le théâtre de la Révolution française (1789-1799) , Ling-Ling Sheu, 2005 Population, commerce et religion au siècle des Lumiè res, Hervé Hasquin, 2008 Des volumes des Etudes sur le XVIII" siècle sont désormais accessibles en ligne (www.editions-universite-bruxelles.be). ISBN 978-2-8004-1512-3 D/2011/0171/17 © 2011 by Ëditions de l'Université de Bruxe lles Avenue Paul Héger 26 - 1000 Bruxelles (Belgique) Imprimé en Belgique EDITIONS@u lb.ac.be La promenade : un objet de recherche en plein essor Laurent TURCOT & Christophe LOIR Promenade, se promener, déambuler, errer, se déplacer, se balader, circuler, flâner, marcher ; autant de mots que l’on utilise à loisir comme synonymes, mais qui, à y regarder de plus près, rendent compte de réalités et de déterminants bien différents. Comprendre un mot, et qui plus est dans une époque antérieure, c’est surtout tâcher d’habiller le vocable de référents historiques, de le remettre dans son contexte pour voir se dégager une subtilité étymologique qui renvoie à une réalité. Le déplacement dans l’espace urbain a une longue histoire, il existe une généalogie entre les substantifs français évoqués plus haut. Plutôt qu’une union par des liens synonymiques, il semble qu’il s’agisse d’une hiérarchie familiale séparée par des générations successives. Par exemple, la promenade engendrerait la flânerie qui à son tour engendrerait la ballade et l’errance. Il nous manque, à ce jour, de grandes monographies sur l’histoire des déplacements qui permettraient de tracer d’un geste sûr et précis une ligne entre ces mots, un peu comme un dessin à numéro dont l’image finale ne se révèle que quand le dessinateur a relié tous les points et prend de la distance par rapport à son ouvrage. Le titre du présent ouvrage renvoie à la promenade et c’est le mot que nous tâcherons d’habiller au mieux. Une question s’impose : qu’est-ce que la promenade ? Que veut dire se promener ? L’époque ici étudiée touche à la période moderne et plus particulièrement au long XVIIIe siècle, soit de la fin du XVIIe siècle aux premières lueurs des lampes au gaz du XIXe siècle. La fin duXVII e siècle constitue, pour la langue française, un moment où se structurent et se formalisent la grammaire, l’orthographe et, plus déterminant pour notre propos, le sens des mots. Pourtant, comme le disait Jean Paulhan : « Tout a été dit. Sans doute. Si les mots n’avaient changé de sens ; et les sens, de mots » . Les premiers dictionnaires rendent compte d’une double identité du Jean PAULHAN, Clef de la poésie, Paris, Gallimard, 944, p. 23. 8 LA PROMENADE AU TOURNANT DES XVIIIe ET XIXe SIÈCLES mot promenade. Dans le Dictionnaire de l’Académie (694), il est écrit : « Promenade. Action de celuy qui se promene. Allons à la promenade. Il est à la promenade. Il signifie aussi, le lieu où l’on se promene. Il y a de belles promenades autour de sa maison. La promenade n’est pas belle » 2. Deux éléments sont à considérer : . le déplacement et 2. le lieu. C’est cette double définition qui constitue le cœur des études qui ont été faites sur la promenade. Le chevalier de Jaucourt dans l’Encyclopédie va plus loin et expose sa fonction médicale pour ensuite signaler son aspect récréatif : « exercice modéré, composé du mouvement alternatif des jambes & des piés, par lequel on se transporte doucement & par récréation d’un lieu à un autre » 3. Pourtant, il faut encore chercher plus loin, « promenoir » « cours » et « se promener » sont les autres substantifs qui permettent de comprendre la réalité plurielle de cette promenade d’Ancien Régime. Jean Nicot, dans son Thresor de la langue francoyse tant ancienne que moderne de 606 donne quelques exemples pour que le lecteur se représente bien le mot « pourmener » : « Se pourmener ordinairement en la Cour de parlement […] Se pourmener par les chemins […] Se pourmener et secoüer de costé et d’autre, […] S’en aller pourmener » 4. En 694, le Dictionnaire de l’Académie attache au mot « promener, se promener » la définition suivante : « Promener, se promener. Marcher, aller, soit à pied, soit en carrosse, soit à cheval &c. pour faire exercice ou pour se divertir. Il se promene dans son jardin. Allons nous promener au cours. Ils se sont allez promener en carrosse, par eau, sur l’eau. Il fait beau se promener ». Ici, c’est vraiment l’action de la promenade, le déplacement qui est évoqué tandis que pour le mot « promenoir » on évoque plutôt l’espace concerné : « Lieu où l’on se promene. Je sçay où sont les beaux promenoirs » . Peu à peu, au cours du XVIIIe siècle, le mot « promenoir » est considéré comme vieilli 6 et n’est plus utilisé ; le sens originel qui lui est donné se fond et se confond dans le mot « promenade ». Pourtant, un autre vocable reprend à son compte la spécificité du lieu : « Cours » qui, au XVIIe siècle, est directement issu d’un espace curial qui s’insère dorénavant dans l’espace public .