LA LIBERTÉ MUSIQUE 33 SAMEDI 6 MARS 2010

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DAN BERGLUND, LAVIE APRÈS E.S.T. L’innocence retrouvée JAZZ Après la mort du pianiste Esbjörn Svensson dans un accident de plongée en 2008, ses compagnons au sein d’E.S.T. (le Rencontre. Une dizaine d’années après la séparation des Innocents, JP Nataf plus important trio de jazz de la décennie) s’assume en artiste solo et a pris plaisir à bricoler un folk chez lui. ont dû chercher de nouvelles voies artis- tiques. Le contrebassiste Dan Berglund a STÉPHANE GOBBO pour sa part choisi de se tourner vers un uni- vers beaucoup plus rock à la tête d’un groupe qui mêle avec brio une instrumentation acoustique avec des effets électroniques savamment maîtrisés. Le résultat est une musique «post jazz» aux atmosphères denses et nostalgiques, quelque part entre Pink Floyd et Radiohead, parsemée de quelques perles mélodiques, comme ce Song for E, hommage ému au regretté pianiste. ES u > Dan Berglund's Tonbruket,ACT,distr. Musikvertrieb. Un monde parfait, Fous à lier, L’autre finistère. Quelques titres, parmi d’autres élégantes LES RÊVERIES DE FRANÇOIS COUTURIER ritournelles pop, qui ont fait le JAZZ Partenaire de Didier Lockwood, Michel succès des Innocents, groupe Portal, John McLaughlin et plus récemment discographiquement actif d’Anouar Brahem, François Couturier reste entre 1989 et 1999. En no- pourtant l’un des pianistes de jazz français vembre dernier, le chanteur et les moins connus du grand public. Une dis- guitariste JP Nataf publiait son crétion qui s’explique sans doute par son deuxième album solo, Clair, approche très poétique du piano qui doit cinq ans après un premier en- autant, sinon plus, à la tradition classique registrement passé injuste- qu’au jazz proprement dit. Avec Un jour si blanc, il déroule ment inaperçu. Entre-temps, il le fil de ses rêveries de promeneur solitaire, au long de aura passé «cinq belles an- belles improvisations nourries de réminiscences littéraires nées», comme il le dit, à partici- ou cinématographiques. Un univers impressionniste d’une per à divers projets et à collabo- grande beauté, dont les nuances claires-obscures s’accor- rer avec des artistes comme dent à merveille aux couleurs de l’hiver. ES Jeanne Cherhal, Barbara Car- > François Couturier, Un jour si blanc, ECM, distr. Phonag. lotti, Helena Noguera, Thiéfai- ne, Albin de la Simone, Ber- trand Belin ou encore Philippe ,INDISPENSABLE ÉLECTRON LIBRE Katerine. «J’ai fait plein de pro- POP «Quand nous enregistrons, nous jets qui ne marchent pas», rigo- n’avons pas de plan préétabli.» Cofondateur le-t-il. Rencontre avant son avec son ami d’études du col- concert fribourgeois de ce soir. lectif Hot Chip, avoue sans détour que définir la musique de son groupe L’écriture de Clair s’est faite sur n’est pas chose aisée. Avec son quatrième plusieurs années; malgré cela, le album, la formation londonienne confirme en résultat est cohérent dans sa tex- beauté son statut d’électron libre de la pop ture, très folk et souvent acous- «J’ai enregistré beaucoup de brouillons, sans vraiment réfléchir.» RICHARD DUMAS british. Enivrant dès la première écoute, One Life Stand tique. Parce que tous les travaille une matière électro-pop pour lui donner tour à morceaux ont finalement été enre- tour la forme d’un hit disco (Thieves In The Night), d’un gistrés en même temps, durant que je pouvais être un artiste faisais le tri dans tout ce que Cela fait dix ans qu’on s’est sé- hymne taillé pour les stades (Brothers) ou d’une ballade une même session? solo. Du coup ça m’a libéré car j’avais enregistré et qu’il fallait parés et en plus on n’a jamais éthérée rappelant le bouleversant Antony Hegarty JP Nataf: Pas du tout! La plus l’air de rien, pour Les Inno- finir quelques morceaux avant joué sur scène les chansons du (Slush). Trois pépites parmi beaucoup d’autres. SGo ancienne chanson de l’album a cents, il y avait toujours un mo- de les mixer. Un soir, je dîne dernier album. Et puis il y a > Hot Chip, One Life Stand,Astralwerks, distr. EMI. été enregistrée en 2005, la plus ment où avec Jean-Chri (Jean- avec Jean-Chri et je lui dit que quand même beaucoup d’an- récente quelques semaines Christophe Urbain, ndlr) on se je cherche quelqu’un pour finir ciens morceaux qu’on a du avant sa sortie. Et je ne me suis montrait nos maquettes, qui mon disque. On a alors passé plaisir à jouer et qui donneront CHRISTIAN WICKY LE «LONESOME COW-BOY» jamais dit que j’allais dire ceci avaient chacune leur style et à en revue plein de gens, on a bu je pense du plaisir aux gens. FOLK Deuxième échappée en solitaire pour ou être influencé par cela, que partir desquelles on bricolait des coups et je lui ai fait écouter Christian Wicky, chanteur et guitariste des je voulais tel son. De toute ma- autre chose. Et même si je n’ar- quelques titres. Et à chaque fois Avec Clair et sa couleur très folk, Favez. Sur le second album de son projet nière, un artiste dit toujours un rive aujourd’hui plus à écouter il me donnait un conseil intelli- très américaine, vous semblez par parallèle The Sad Riders, le Lausannois s’est peu la même chose durant sa Fous à lier, notre album qui a eu gent, ce qui fait que je lui ai pro- contre vous éloigner de l’univers entouré de cinq excellents musiciens – dont carrière, mais sous des formes le plus de succès mais que l’on posé de travailler avec moi. Il pop des Innocents….. des membres du groupe alémanique Coal, différentes. Pourquoi on aime n’a pas pu finir comme on vou- me connaissait, il savait ce que Cela vient du fait que depuis son frère Grégory (Chewy, Pendleton) et le un disque de Dylan plutôt lait, il y a des chansons de Jean- j’étais capable de faire en dix ans, j’ai passé beaucoup de clavier des Favez Jef Albelda – pour plonger qu’un autre? C’est en général à Chri qui m’ont marqué alors mieux ou ce qu’il ne fallait pas temps seul avec une guitare. En au cœur de cette musique américaine qu’il vénère, ce cause du producteur ou des qu’il ne s’agissait que de ma- toucher. C’était la personne 2004, comme mon premier al- country-folk mélodique et souvent mélancolique dont il musiciens. Chez des artistes quettes enregistrées chez lui. idéale. bum n’a pas marché et que la est, de ce côté-ci de la Sarine, un des plus admirables comme Dylan ou Cohen, dont Du coup, pour l’album Post- tournée n’a pas duré long- défenseurs. Admirable, on vous dit! SGo on ne se dit jamais qu’ils n’ont Partum, on a gardé des ma- Est-ce que ça vous a donné envie temps, il a fallu que je libère ra- > The Sad Riders, In the End We Always Win,Two Gentlemen, distr. plus rien à dire, c’est une quali- quettes, comme celle d’Un de retravailler ensemble? pidement mes musiciens afin Irascible. En concert ce soir à Lausanne (Le Bourg) et le 12 mars à Guin té dans le son qui fait qu’on monde parfait. C’est ce que j’ai On avait juste refait deux qu’ils aillent gagner leur croûte. (Bad Bonn).Autres dates sur www.myspace.com/thesadriders/. aime ou non tel ou tel disque. voulu retrouver sur Clair. Pour concerts ensemble, un peu par Donc très vite je me suis retrou- Car un disque, c’est avant tout ce disque, j’ai enregistré beau- hasard. Mais c’est clair qu’on a vé seul… et j’y ai pris goût. de la musique. coup de brouillons sans vrai- envie de rejouer ensemble, Avant, quand j’enregistrais une »Pour Clair, c’est peut-être ment réfléchir, chez moi. même s’il ne viendra pas sur la maquette, je savais qu’au final notes en stock de la méthode que vient la co- tournée puisqu’il prépare un elle allait être jouée par un hérence. Comme j’avais été ras- Jean-Christophe Urbain vous a disque avec des chansons qu’il groupe, ce qui n’est pas pareil. I THESE NEW PURITANS Pour son second album, le quar- suré par les retours du premier néanmoins donné un coup de trimbale depuis un bout de > JP Nataf, Clair,Tôt ou Tard, distr. tette anglais joue la carte de l’expérimentation et album, même s’il ne s’est pas main. A quel niveau? temps. Par contre les retrou- Disques Office. En concert ce soir à convoque entre autres des cordes, des cuivres et un vendu du tout, ça validait l’idée C’était tout à la fin, alors que je vailles du groupe sont prévues. Fribourg (Nouveau Monde). chœur d’enfants pour proposer une ambitieuse sympho- nie pop ne craignant ni les dissonances ni la multiplica- tion des couches mélodiques. Ambitieux mais boiteux. > Hidden, Domino Recordings, distr. Musikvertrieb. coup de cœur MOTORPSYCHO A l’instar de These New Puritans, les prolifiques Norvégiens publient un ambitieux album, une heure de musique divisée en six longues plages. Un trip psychédélique renversant et formidablement maîtrisé. La magie d’un des plus vieux orgues du monde > Heavy Metal Fruit, Motorpsychodelic Tunes, distr. Irascible. e THE KISSAWAY TRAIL Le printemps n’est pas encore là Sion-Valère. Un disque célèbre la 40 édition du Festival international de l’orgue ancien. que vous attendez déjà l’automne, qui devrait voir la sortie attendue du troisième album des fantastiques BENJAMIN ILSCHNER bli. Jusqu’à ce jour où Maurice Wenger, trouvait sa splendeur d’antan, et dans Arcade Fire? Eh! bien ruez-vous sur le deuxième effort Fondateur et direc- fraîchement nommé conservateur de la foulée, les premiers concerts étaient des Danois de The Kissaway Trail, qui avec sa pop teur du Festival in- Valère, décide de le restaurer: «L’orgue mis sur pied. De fil en aiguille est né le baroque et richement orchestrée devrait vous permettre ternational de fut démonté pièce par pièce, instant où festival, qui a passé l’été dernier le cap de profiter pleinement des beaux jours. l’orgue ancien de le suspense devint quotidien, car l’opé- des 40 ans. Un âge respectable, quoique > Sleep Mountain, Bella Union, distr. Irascible. Sion-Valère, Mauri- ration était délicate vu l’état vétuste des insignifiant en comparaison de l’instru- ce Wenger n’a pas volets du buffet, avec lesquels on ment, qui compte parmi les plus an- DANTE EEPROM Installé à Londres, le Marseillais pro- attendu d’être porté croyait ne jamais pouvoir arriver à des- ciens orgues jouables au monde! pose, après quelques remix et plusieurs E.P.remarqués, par la vague de l’in- tination tant les toiles du XVe siècle Les moments phares de cette 40e édi- son premier album. Et force est de constater qu’il fait terprétation «histo- étaient endommagées… Je me décidai à tion sont aujourd’hui réunis sur un preuve d’un savoir-faire certain en matière d’électro et de riquement infor- les accompagner dans la soute du wa- disque reflétant, par la diversité de la beats décapants, qu’ils servent des mélodies ambient ou mée». C’est en 1948 déjà qu’il prit son gon-marchandise pour les garder à por- programmation, toute la magie des disco. Intéressant, à défaut d’être renversant. pari: remettre en valeur l’instrument tée de vue. Drôle de périple!» sons et de l’histoire – des pages secrètes > Yes Is More, InFiné, distr. Disques Office. exceptionnel qui trône en l’église du de la Renaissance à l’intrigant Tango ec- LUKE Trois ans après un album brut et âpre, le groupe château sédunois depuis 1435. L’œuvre picturale est restaurée au clésiastique de Guy Bovet (2008). Pour français revient avec un quatrième effort plus facile. Du Construit par un inconnu, agrémenté Kunstmuseum de Bâle, tandis que prolonger l’écoute, rien de tel qu’une rock mélodique sans frou-frou et plutôt efficace. SGo de magnifiques volets peints, cet orgue l’orgue prend le chemin de Männedorf, visite de ce site enchanteur… I > D’autre part, Jive/Epic, distr. Sony Music. En concert le 10 avril à était pourtant devenu aphone au début dans le canton de Zurich. Une fois révi- > Disque à commander auprès du festival (027 Crans-Montana (Caprices Festival). du XIXe siècle, sa voix tombée dans l’ou- sé et réassemblé, le trésor de Valère re- 323 57 67,[email protected]).