Du Même Auteur

Première Glanée, Poésies et Chansons, Société libre d'Edition- des Gens de Lettres, 1901. (Epuisé).

Saumur et le Grand Saumur, Etude historique, archéolo- gique et économique, Prose et Poésies, Imprimerie " La Semeuse Paris et Etampes, 1905. (Epuisé).

La Société du Berry, Historique et Annuaire, Editions Charles Delagrave, Paris, 1924.

Le Berry Historique, Chronologie populaire et anecdotique, Imprimerie J. Garderault, Issoudun (Indre), 1928. (Epuisé).

CONFÉRENCES BERRICHONNES Jean de Berry - Jacques Cœur - Geofroy Tory - Bourdaloue - Jean Méry Grand-Maréchal Bertrand - George Sand - Maurice Rollinat

CRÉATION Le Billet Berrichon, Chronique périodique, Prose ou Poésie.

COLLABORATION A de nombreuses Etudes agraires, économiques et sociales, et à divers Journaux et Revues littéraires, de Paris et du Berry.

EN PRÉPARATION Encyclopédie Berrichonne, 2 Partie. Les Parlementaires Berrichons. (Depuis 1789.) Les Gloires Berrichonnes, Etudes biographiques. L'Homme-Aigle, Vie Passionnée du Grand Condé. Nos Tyrans, Poésies, Rondes et Boutades. Au Caprice du Rêve, Prose et Poésies.

JACQUES CŒUR

Gust. Levy del. et sculp. d'après un portrait gravé en 1653.

EDITION ORIGINALE CHARLES GABILLAUD

Alphabétique - Bibliographique Biographique - Etymologique - Généalogique Géographique - Historique

Lettre-Préface de M. ADRIEN BLANCHET Membre de l'Institut de France

(Et Portrait de Jacques Cœur)

COLLECTION " LES ANNALES BERRICHONNES " 14, Rue Oudinot, PARIS (7

1930

( Tous droits réservés) Lett re- P réf a ce

Paris, 1 Mars 1930.

Cher Monsieur,

Vous m'aviez, à diverses reprises, fait part de votre projet, si justifié, si louable aussi, de doter le Berry d'une sorte d'Encyclopedie historique, d'un format pratique, qui serait le complément utile et né- cessaire de votre BERRY HISTORIQUE. Récemment, vous m'avez communiqué les premières épreuves de votre nouvelle œuvre, en m'expliquant que vous ne cherchiez pas à donner une rédaction personnelle, mais que vous préfériez emprunter le texte, en le rajeunissant le moins possible d'ailleurs, aux auteurs anciens, qui, plus près de la plupart des personnages dont ils parlent, pouvaient les connaître beaucoup mieux et comprendre plus aisément le milieu, les intrigues et les luttes de leur temps. Certes, cette idée, qui peut fort bien se défendre, m'a surpris tout d'abord ; mais j'ai trouvé un certain charme dans la réalisation de votre programme. A l'imitation de certain romancier moderne, qui, par une fiction difficile, mais séduisante, replaçait ses lecteurs dans le Passé en le déroulant de nouveau, comme un film vivant, vous parviendrez à re- plonger ceux qui consulteront votre livre, dans les siècles dont cha- cun de vos volumes évoquera les personnages. Je glisse sur l'Antiquité et le Moyen-âge que les travaux de l'éru- dition moderne ont beaucoup modifiés, sinon toujours dans les lignes essentielles, du moins très souvent dans une quantité de détails. Mais pour les XVI et XVII siècles, recourir surtout à Moréri, ce n'est pas une conception mauvaise en soi. Encore que l'abus des Capitales et une ponctuation trop simplifiée nous déconcertent souvent, il faut re- connaître qu'il y a, dans ces vieux textes, une saveur très différente de notre prose moderne. La langue a évolué ; le sens critique aussi. Nos révolutions ont changé nos manières de penser, et, quand nous ne découvririons, dans la vie de divers personnages, que peu de faits dignes d'intérêt, nous nous apercevrons que l'abbé Moréri et ses con- tinuateurs, d'ailleurs certainement débiteurs du P. Anselme, ont trou- vé dans les généalogies de leurs personnages, une quantité de détails, qui, fastidieux en apparence, font ressortir nettement la continuité des familles et par conséquent le développement et la pérennité de la nation française. Je suis persuadé aussi que vos lecteurs, en groupant les biogra- phies de divers savants, dont plusieurs illustres, pourront comprendre les influences de tant de professeurs étrangers, qui contribuèrent à faire de Bourges, au cours du XVI siècle, la métropole française du droit. Vous laissez la parole à vos vieux auteurs et votre méthode a le précieux avantage de vous apporter, sans contrainte, une impartialité presque parfaite. Mais vos lecteurs devront tout de même réfléchir au sujet de la répercussion des conseils de l'Allemand Melchior Wolmar, professeur de grec à l'Université de Bourges, conseils re- cueillis avec avidité par Jean Calvin, venu de Noyon pour étudier pla- cidement, -conseils qui contribuèrent tant à troubler les consciences, à semer la discorde en France, à ensanglanter nos villes et nos cam- pagnes. L'internationalisme répand peut-être des idées qui élargissent l'entendement individuel et qui peuvent améliorer l'humanité. Mais on ne saurait éviter de penser que les influences extérieures doivent être acceptées avec une extrême prudence. Etre citoyen de l'Europe et citoyen du Monde, c'est fort bien et chacun l'est plus ou moins. Mais être citoyen de sa véritable patrie, c'est encore mieux, car c'est plus conforme à l'idée de nos pères, à l'esprit de notre race. Et, pour parvenir à garder cette idée fondamentale, rien n'est meilleur que de nous grouper sous le drapeau d'une petite patrie provinciale, à l'instar de ces vieux régiments de l'ancien régime, qui portaient des noms de Provinces. Tout en étant de la grande armée des patriotes de France, nous pouvons nous rassembler d'abord sous la bannière du contingent du Berry ! Vos livres nous y aideront en nous rappelant, en nous apprenant le passé du Berry, si glorieux et si français déjà dès le temps de Cé- sar. Veuillez croire à mes sentiments bien cordialement dévoués.

ADRIEN BLANCHET, Membre de l'Institut de France. AVERTISSEMENT

L'accueil si bienveillant que les Originaires et Amis du Berry ont fait au Berry Historique (épuisé en moins d'un an), m'a créé un devoir, du moins à ce qu'il m'a semblé par la nombreuse correspon- dance que j'ai reçue depuis lors : celui de compléter cette nomen- clature chronologique, en contre-partie, par une nomenclature alpha- bétique et référencée, de manière à permettre au Lecteur, s'il le dé- sire, de recourir aux sources mêmes, soit à titre de contrôle, soit pour avoir de plus amples détails sur les articles relatés. Et cela m'a amené à vouloir constituer une sorte de Dictionnaire strictement berrichon. Pour en activer la réalisation au moins partielle, car... « qui sait si nous vivrons demain ? »..., j'ai divisé l'Encyclopédie Berri- chonne en trois parties. Le présent volume en constitue la Première Partie : il a été com- posé d'après les documents des XVII siècle et antérieurs, le dernier en date étant le Grand Dictionnaire Historique, de 1694. La Deuxième Partie, qui paraîtra dès que possible, sera com- posée d'après les documents du XVIII siècle, les derniers consultés étant : Trois Siècles de Littérature Françoise, de 1774 ; et le Nouveau Dictionnaire Historique de 1786. (1). La Troisième Partie sera composée d'après les documents des XIX et XX siècles et les renseignements personnels recueillis jus- qu'à nos jours. Au total, les trois parties, référencées, formeront donc une bi- bliographie berrichonne aussi complète que possible. Une Table Générale sera établie à la fin du troisième volume, car certains articles du premier, ou du second, se trouveront automati- quement complétés par les apports du ou des suivants.

(1) Le 2 volume contiendra notamment une importante Bibliographie historique, géo- graphique et ecclésiastique berrichonne, d'après la Bibliothèque Historique de la France, ouvrage considérable, de 1719. J'aurais pu me borner à consulter les documents modernes, ce qui eût été plus simple et plus commode ; je ne l'ai pas fait, afin d'être toujours plus près de la source documentaire, et d'éviter, au- tant que possible, les erreurs et déformations qui se perpétuent, peu ou prou, dans les reproductions successives. J'ai respecté le plus possible les vieux textes dont la naïveté même est parfois amusante, mais j'en ai supprimé les passages ou- tranciers, et je me suis efforcé de les rendre intelligibles en en mo- dernisant l'orthographe, sans en altérer le fond, n'ayant pas d'au- tre prétention que de concentrer des matériaux, pour en éviter la recherche en de multiples documents, introuvables pour le grand public. Laissant aux compétences (et le Berry n'en manque pas) le mé- rite de faire de l'érudition, je me borne à faire de la vulgarisation, à l'intention de mes compatriotes désireux de s'instruire ; et si, par hasard, les érudits berrichons y découvrent quelques points de re- père, je n'aurai pas perdu mon temps, même pour ces derniers. Il m'a paru intéressant, au surplus, curieux même, de montrer, par les textes des époques successives, la physionomie des différents stades de notre histoire ; on remarquera que dans la composition ty- pographique ancienne, les Majuscules étaient nombreuses, et rares les virgules. « Compilation », dira-t-on ? Tout ouvrage de fonds est forcément une compilation, et l'es- sentiel est que cette compilation soit utile. D'ailleurs, comme précédemment, je me permets de faire appel à l'indulgence du Lecteur, en considération de mon nouvel effort, et de mes intentions si bienveillamment appréciées d'autre part par M. ADRIEN BLANCHET, Membre de l'Institut de France, le plus émi- nent numismate de notre époque, le «Berrichon de cœur» dont la science historique et archéologique fait autorité dans le Monde, et auquel j'adresse l'hommage déférent de mon infinie gratitude ! Soyez sans crainte, cher et grand Ami : la leçon de régionalisme patriotique qui se dégage de la belle « Lettre-Préface » dont vous avez bien voulu honorer l'Encyclopédie Berrichonne, sera méditée et comprise de mes compatriotes, et « notre Berry » petite patrie cœur de la grande, vivra éternellement dans l'esprit de tous les descendants des vaillants Berruyers ! C. G. A La Mémoire des Grands Historiens Berrichons

des XVIe et XVIIe siècles

JEAN CHAUMEAU, Seigneur de Lassay et du Portal de Milly, dates de naissance et de mort inconnues jusqu'à ce jour : « Histoire de Berry, contenant l'origine, l'antiquité, gestes, prouesses, privi- lèges, libertés des Berruyers, avec particulière description du pays », in folio, Lyon, Gryphius, 1566. (Cet ouvrage contient 79 armoiries des Maires de Bourges.)

PHILIPPE LABBE, Jésuite, né à Bourges le 10 juillet 1607, mort à Bourges le 25 mars 1667 : « Histoire de Berry abrégée, dans l'éloge panégyrique de la ville de Bourges », in douze, Paris, Meturas, 1647. ( Il y a dans ce volume le blason des armoiries des familles no- bles du Berry.) «Pouillé des Bénéfices de l'Archevêché de Bourges », in quarto, Paris, Alliot, 1648.

GASPARD THAUMAS DE LA THAUMASSIERE, Sieur de Puy- ferrand, écuyer, avocat au Parlement, né à en 1631, mort à Bourges le 15 juillet 1702 (ou 1712) : « Décisions sur les Cou- tumes de Berry », in quarto, Bourges, Toubeau, 1667. « Anciennes et nouvelles Coutumes de Berry et celles de Lorris commentées », in folio, Bourges, Toubeau, 1679. « Histoire de Berry », in folio, Bourges, Toubeau, 1689. (Ouvrage considérable divisé en douze livres : le premier contient l'histoire de l'antiquité de Bourges, de ses rois, ducs et duchesses ; les malheurs, sièges, épidémies, incendies que cette ville a soufferts; de son Université et des hommes célèbres en doctrine. Le second donne la description de l'ancienne et nouvelle cité de Bourges. Le troisième traite des privilèges des maires, échevins, bourgeois, et de ce qui s'est passé de plus considérable de leur temps. Le qua- trième, du patriarcat de l'église cathédrale, de sa primatie sur les deux Aquitaines, et rapporte les éloges des prélats de cette église, depuis St-Ursin. Le cinquième renferme tout ce qui touche les cinq villes royales du Berry : Issoudun, Dun-le-Roi, Mehun-sur-Yèvre, Vierzon, et Concressault, avec la généalogie de leurs seigneurs. Le sixième contient ce qui regarde la ville de Sancerre et la généalogie de ses Seigneurs. Le septième représente ce qui concerne la prin- cipauté déoloise ou du Bas-Berry ; et la baronnie, comté et duché de Châteauroux, avec la généalogie des princes du Bas-Berry. Le huitième rapporte ce qui touche les baronnies de Graçay, Boussac, Lignières, et Saint-Aignan, avec les généalogies de ceux qui les ont possédées. Le neuvième concerne les baronnies et châtellennies d'Aubi- gny, Culant, Lury, et autres. Le dixième renferme l'histoire des ab- bayes du Diocèse. Les onzième et douzième comprennent le Nobiliai- re de la province.) « Nouveaux Commentaires sur les Coutumes générales des Pays et Duché de Berry », suivis d'un « Traité du Franc-Alleu de Berry » (avec grand portrait et armoiries de l'Auteur), chez Jean-Jacques Chris- to, Juge-Consul des Marchands, Imprimeur et Marchand-Libraire, à Bourges, 1701. (Ce très important et savant ouvrage établit notamment, avec preu- ves historiques à l'appui, « Qu'en Berry toutes les Personnes sont li- bres »). AGNES SOREL, Surelle, Suret ou Soreau (Voyez SURELLE).

AGUILANNEUF, nom d'une cérémonie des anciens Druides, prê- tres des Gaulois, qui cueillaient le gui de chêne le premier jour de l'an, et allaient par les campagnes voisines de leurs forêts, criant à haute voix : A gui l'an neuf (ou) Au gui Druides l'an neuf. (1) Les en- fants chantent encore ces mots la veille du jour de l'an, pour souhaiter une heureuse année, dans quelques endroits des provinces de Bour- gogne, de Picardie (et de Berry), qui ont le plus retenu des anciennes coutumes des Gaulois. Voici quelle était autrefois la cérémonie de cueillir le gui : Les Devins marchaient les premiers avec les taureaux du sacrifice, suivis des Bardes qui entonnaient des cantiques et des hymnes à leurs Divi- nités et de leurs Disciples initiés aux Mystères. Puis le Héraut vêtu de blanc, avec le chapeau de même, et le Caducée en main, qui était une branche de verveine entortillée de la figure de deux serpents joints ensemble. Après le Héraut marchaient trois Druides de front, dont le premier portait le vin dans un vase, le second le pain pour le sacrifice, et le troisième la main ou la coudée de justice. Ces trois étaient suivis du Chef ou Prince des Druides qui marchait seul avec une soutane blanche, et par dessus une robe de fin lin et une ceinture d'or, le chapeau blanc en tête, la houpe de soie blanche, et les bandes pendantes derrière. Si le Roi était dans le pays, il allait avec le Prince des Druides, suivi de la Noblesse et du Peuple. Alors le Chef des Druides montait sur l'arbre et avec une faucille d'or coupait le gui que les autres Druides vêtus d'aubes de lin recevaient dans une nappe blanche. Il n'était cueilli qu'au mois de Décembre qu'on appelait « sacré » pour cette raison. On l'envoyait aux Grands, et. on le distribuait au Peuple pour étrennes au premier jour de l'an, comme une chose très sainte et un remède à tous les maux. De là vient qu'on le portait pendu au cou, à la guerre et ailleurs ; et l'on en tenait aussi sur les portes des maisons, en ayant toujours de réserve dans les Temples. C'était le gui de chêne dur appelé « Rouvre » et par les latins Robur, qui ne vient jamais pour être semé ni planté, mais de la fiente et émutis- sement des ramiers ou grives qui s'en repaissent. (Pline, H. l. 16. c. 44.) On a depuis donné le nom d'Auguilanneuf à une quête que l'on fai- sait en plusieurs Diocèses le premier jour de l'an, pour les cierges de l'église. Elle se faisait par des jeunes gens de l'un et de l'autre sexe qui choisissaient un Chef qu'ils appelaient leur Follet et sous la conduite duquel ils faisaient des extravagances dans l'église, qui ap- prochaient des impiétés de la .Fête des Fous. Cette mauvaise coutume fut abolie l'an 1595 par une ordonnance du Synode ; mais on la pra-

(1) Traduction en Français car, au temps des Druides, le Français n'existait pas. liqua ensuite hors des églises, ce qui obligea un autre Synode en 1668 de défendre cette quête que l'on faisait dans les maisons avec trop de licence et de scandale, les garçons et les filles y dansant et chantant des chansons dissolues. On donnait aussi le nom de Bache- lettes à ces folles réjouissances, peut-être à cause des filles qui s'y, assemblaient, et que l'on appelait Bachelettes. (J.-B. Thiers, traité des Jeux).

AIMOIN, Religieux de l'Abbaye de Fleury-sur-Loire, de l'Ordre de Saint-Benoît, était Gascon, et Ojolbaud le reçut dans cette Abbaye vers l'an 970. Il ne manquait ni d'esprit, ni de prudence. Ces qualités le firent aimer. Abbon succéda à l'Abbé Ojolbaud, il eut aussi beau- coup d'amitié pour Aimoin dont la réputation était déjà très-grande. Cet Abbé fit un voyage en Gascogne et il voulut qu'il l'y accompagnât. Ils s'arrêtèrent quelque temps chez Annentrude mère d'Aimoin ; en- suite ils allèrent à l'Abbaye de la Réole où l'Abbé fut massacré. Ce fut en 1004. L'année d'après Aimoin composa la vie du même Abbon, qu'il dédia à Hervé, Trésorier de Saint-Martin de Tours. Il publia aus- si un ouvrage des miracles de St-Benoît, il l'adressa à Gauzelin, Abbé de Fleury et depuis Archevêque de Bourges. On lui attribue encore des vers touchant la fondation de Fleury, que le Sieur Duchesne a publiés dans le III volume des Ecrivains de l'Histoire de France, et un Sermon pour les Fêtes de St-Benoît. Mais le plus illustre de ses ouvrages est une Histoire de France qu'on a vou- lu attribuer à Aimoin de St-Germain-des-Prés. On ne doute plus au- jourd'hui qu'elle ne soit de celui de Fleury qui la dédia à l'Abbé Ab- bon, comme on le voit dans la préface. Il est sûr qu'il la fit un peu avant le voyage de Gascogne. Sigebert la lui attribue aussi. Elle con- tient quatre livres. On y ajouta, après sa mort, un cinquième qui finit en 1165. (Sigebert, de Script. Eccl. ch. 101. Vossius, de Hist. Lat. Du Chesne, Valois, Du Breuil, Labbe, Judic. de Aimoino.)

AIRI ou AIRY, (Concile de) Airiacum ou Aireyo, Château dans le Diocèse d'Auxerre en Bourgogne. En 1020 on y célébra un Concile où Robert Roi de France se trouva avec Gauzelin Archevêque de Bourges, et Léotéric qui l'était de Sens. La Chronique de St-Pierre- le-Vif de Sens en fait mention. (Gr. Dict. Histor. 1694.)

ALBÉRIC, Archevêque de Bourges, a été un des plus doctes et des plus vertueux Prélats du XII siècle. Il avait été Scolâtre de l'Eglise de et Evêque de Châlons ; mais il n'eut pas cette prélature et il obtint celle de Bourges en 1136. Il eut part aux grandes affaires de son temps et il mourut en 1140. (Robert, in Supl. Chron. Sigeb. Jean Chenu, in Chron. Antist. G all.) ALBI (Concile de), sur le Tarn, Albia, Alba ou Albiga, ville de France dans le haut , Evêché suffragant de Bourges. On dit que vers l'an 1241 Zoën Evêque d'Avignon, et Légat du Saint-Siège, assembla à Albi les prélats des Métropoles de Narbonne, de Bourges et de Bordeaux ; ils firent ensemble divers règlements contre les Albigeois. Mais il est plus sûr que ce Concile ne fut assem- blé qu'en 1254, par ordre du Roi Saint-Louis, comme il est marqué dans les Actes. (Roger de Hoveden, ad ann. 1176. Bini. Labbe, in Concil. collect. Dom Luc d'Acheri, T. II. Spicileg. Nouguier, Hist. des Evêq. d'Avign. De Marca, Hist. de Béarn, li. 8.)

ALBIGEOIS, fanatiques qui se cantonnèrent dans le Diocèse d'Albi en Languedoc. C'étaient proprement des Vaudois, disciples de Pierre Valdo ou de Vaud, ainsi nommé parce qu'il était natif de Vaud qui est un petit village du Dauphiné sur le Rhône, près de Lyon. Les Albigeois eurent d'abord le nom de Bons-Hommes, mais on découvrit leur malice, et Gilbert de Lyon les condamna la première fois dans un Concile de Lombez, en 1176. Cet anathème ne leur fut qu'un sujet de mépris. Deux ans après, Pierre Cardinal accompagné des Archevêques de Bourges, de Narbonne et de divers autres Mis- sionnaires, vint dans le Languedoc pour les ramener à leur devoir. L'année suivante le Concile Général de Latran employa encore les foudres de l'Eglise contre ces novateurs. En 1206, Diégo Evêque d'Osme en Espagne, suivi de Saint-Domi- nique son Diocèsain, Arnaud Abbé de Citeaux, Pierre de Châteauneuf et d'autres, entreprirent de prêcher contre les Albigeois. Ils avaient pour protecteurs le Comte de Toulouse et tous les Princes voisins qui les soutenaient, ou par intérêt, ou par inclination, ou par politique. Pierre de Châteauneuf avait le titre de Légat du St-Siège. Raymond de Toulouse le chassa du Languedoc et le fit assassiner lorsqu'il se jetait dans un bateau pour passer le Rhône. Cette affaire eut des suites fâcheuses. Le Pape excommunia le Comte et on courut aux ar- mes contre les Albigeois. On publia pour cela la Croisade. Ce fut en 1210. (Jean-Paul Perrin, Hist. des Vaudois. Pierre Moine des Vaux- de-Cernay, Hist. des Albig. Catel, Hist. des Comt. de Toulouse. Guil- laume le Breton, Guillaume de Puilaurent, Sandère, Pratcole, Baro- nius, Sponde, Bzovius, Rainaldi, De Marca.)

ALBRET (Charles I Sire d') Comte de Dreux et Vicomte de Tartas, Connétable de France. C'est lui qui obtint en 1389, de Char les VI son cousin, la permission d'écarteler ses armes de celles de France. Il accompagna en 1390 Louis II Duc de Bourbon en Afrique, et il s'y trouva au siège de Tunis. En 1402 il fut fait Connétable de France, après la mort de Louis de Sancerre; et il fit divers progrès sur les Anglais en Gascogne. Cependant n'étant pas agréable à la faction de Bourgogne, il fut démis de sa charge en 1411 et ne fut rétabli que trois ans après. Mais en 1415 il fut tué à la bataille d'Azincourt où il commandait l'avant-garde de l'armée de France. Il avait épousé Marie Dame de Sully et de Craon veuve de Guy VI Sire de la Trémouille et fille unique de Louis Sire de Sully. De cette alliance sortirent deux fils et deux filles, (Gr. Dict. Histor. 1694.)

ALBRET (Charlotte d') Duchesse de Valentinois était la fille d'Alain Sire d'Albret Comte de Dreux, et de Françoise de Brosse de de Bretagne. C'était une Princesse qui avait de la beauté et de l'es- prit mais qui était plus illustre encore par les qualités de son âme. Le Roi Louis XII la maria à César Borgia fils du Pape Alexandre VI. Elle prit part aux malheurs de son mari, mais elle n'en prit point à ses désordres et à sa conduite. Elle en eut une fille unique nommée Louise de Borgia qu'elle éleva avec grand soin et qui fut mariée à Louis de la Trémoille veuf de Gabrielle de Bourbon ; après la mort de ce Seigneur elle prit une seconde alliance avec Philippe de Bour- bon Baron de Busset. Charlotte Duchesse de Valentinois se retira dans le Berry, au château de la Mothe-Feuilly près de la Châtre, et elle y vécut dans l'exercice de la piété la plus exemplaire, ayant la consolation de voir très souvent la Bienheureuse Jeanne de France Fondatrice de l'Ordre de l'Annonciade, à Bourges. Les Auteurs parlent très avantageuse- sement de cette Dame qui mourut le 11 Mars 1514. (P. Hilarion de Coste, Elog. des Dames Illustres.)

ALCIAT (André) Jurisconsulte de Milan à qui le public a de si grandes obligations pour avoir chassé la barbarie des interprètes du Droit, et avoir remis cette science dans son beau lustre, vivait dans le dernier siècle (XVI La libéralité du Roi François I l'attira en France où il enseigna à Avignon, à Bourges et à Orléans ; depuis ayant passé les monts, il enseigna encore à Padoue, à Bologne, à Ferrare et à Pavie où il mourut l'an 1550. Il nous a laissé plusieurs ouvrages de Droit et ces Emblêmes si ingénieux qui font voir qu'il n'ignorait rien des sciences humaines. Nous avons diverses éditions de ses Ouvrages. Jean Impériali met sa mort en 1559, mais il y a apparence que c'est une faute d'impres- sion, car l'épitaphe d'Alciat qu'on voit à Saint-Epiphane de Pavie marque sa mort en 1550. (Gr. Dict. Histor. 1694.) M. de Thou marque cette mort d'Alciat en 1551. Voici comme il en parle : « Ce fut aussi cette année que mourut André Alciat Milanois, qui unit le premier la Juriprudence avec la connaissance des Belles- Lettres et de l'Antiquité. Il enseigna premièrement le Droit à Bourges puis à Avignon, où il excita les François par son exemple à illustrer cette science. « Sur le déclin de son âge il quitta la France pour s'en retourner en Italie, et après avoir enseigné publiquement à Bologne, puis à Ferrare où le Duc Hercule II l'avoit invité à venir par des libéralités considérables, il se retira enfin à Pavie où il mourut le 12 Janvier, âgé de 58 ans, 8 mois et 4 jours, comme il paroît par son horoscope que fit Cardan, et fut enterré à Saint-Epiphane ». (Forster, in vit. Jurisc. Joannes Imperialis, in elog. do ct. De Thou, Hist. li. 8.)

ALIX Comtesse de Toulouse dite aussi HELE, HELENE ou ELUTE, était fille d'Eudes I surnommé Borel Duc de Bourgogne, et de Ma- thilde de Bourgogne-Comté fille de Guillaume II surnommé Tête- Hardie. En premières noces elle épousa Bertrand Comte de Toulouse et de Tripoli, tige des Comtes de Tripoli. Mais ce dernier étant mort, elle prit une seconde alliance avec Guillaume III de ce nom, et elle en eut Guy Comte de Ponthieu. Hugues II frère de cette Alix laissa Eudes II qui de Marie de Champagne eut Alix de Bourgogne femme d'Archambaud de Bour- bon VII puis d'Eudes de Déols Sieur de Châteauroux, duquel étant en core veuve elle se fit Religieuse à Fontevrault où elle mourut après l'an 1200. (Gr. Dict. Histor. 1694.)

AMBIGAT, Prince vertueux et puissant, Roi de toutes les Gaules (à Bourges) vivait du temps que Tarquin l'Ancien régnait à Rome, vers l'an 3464 du Monde. Nous ne savons pas s'il eut quelque fils qui lui succédât à la Couronne ; mais Tite-Live nous apprend que deux de ses neveux, fils de sa sœur, se signalèrent par les fameuses Colo- nies de Berruyers, Auvergnats, Autunois, Sénonois, Chartrains, et autres peuples voisins qu'ils conduisirent : Ségovèse dans l'Allema- gne, et Bellovèse dans l'ltalie. (Voyez Bellovèse et Ségovèse). (Tite- Live, liv. 5. Dupleix, Mémoire des Gaules li. 2. ch. 36).

AMBOISE (Pierre d'), Sieur de Chaumont, de Meillant, de Preuil- ly, de Sagone, Chevalier, Conseiller et Chambellan des Rois Charles VII et Louis XI, fut heureux par lui-même et par ses enfants. Il laissa neuf fils et huit filles qu'il avait eus d'Anne de Bueil (et Sancerre) son épouse. Il mourut l'an 1473. (Gr. Dict. Histor.. 1694.)

AMBOISE (Charles d') II du nom, Sieur de Chaumont, de Sa- gonne, Chevalier de l'Ordre de St-Michel, fut successivement Grand- Maître, Maréchal et Amiral de France en 1502, 1504 et 1508. Depuis il fut Gouverneur de la Ville de Paris, du Duché de Milan, de la Seigneurie de Gênes, et de la Province de Normandie. Il commanda l'avant-garde à la bataille d'Agnadel en 1509, et depuis il prit plu- sieurs places sur les Vénitiens. En 1502 il avait été Lieutenant-Général en Lombardie ; il assista à l'entrée que le Roi Louis XII fit à Gênes le 26 Août 1502, et cette ville s'étant révoltée il contribua beaucoup à la soumettre en 1507. Il mourut de maladie à Corrège en Lombardie l'an 1511, âgé de 38 ans, ne laissant de son épouse Jeanne de Gravile Dame de Mar- coussis, héritière de Louis Malet Amiral de France, que GEORGES D'AMBOISE tué à la bataille de Pavie en 1525 sans avoir été marié. (Gr. Dict. Histor. 1694.)

AMBOISE (Georges d') Cardinal, Archevêque de Rouen Ministre d'Etat sous le Roi Louis XII, était fils de Pierre d'Amboise Sieur de Chaumont et d'Anne de Bueil (et Sancerre). Il s'avança par son mérite et par les qualités de son esprit dans les grands emplois. Il se mit dans les bonnes grâces du Roi Louis XII lorsqu'il n'était encore que Duc d'Orléans et il travailla avec un zèle infatigable pour le faire sortir de la Grosse Tour de Bourges après la bataille de Saint-Aubin-du- Cormier. Son zèle le porta même un peu loin, car il fut arrêté ; puis ayant recommencé de réclamer la liberté du Duc d'Orléans, il y réussit avec beaucoup d'honneur. Avant cela il avait eu l'Evèché de Montauban, en 1484, puis l'Archevêché de Narbonne; et ensuite on le fit passer à celui de Rouen en 1498. César Borgia fils du Pape Alexandre VI lui apporta le cha- peau de cardinal, l'an 1498, dans le temps que le Roi Louis XII lui avait confié les affaires du royaume. Il persuada à ce Monarque d'aller entreprendre la conquête de Milan qui lui appartenait légitimement, à cause de Valentine sa grand-mère : ce qui fut exécuté en peu de temps, l'an 1499. Ensuite, les Milanais s'étant révoltés, le Cardinal d'Amboise eut soin de les aller remettre à leur devoir. Sa prudence et ses conseils contribuèrent si heureusement aux desseins du Roi et à la valeur de ses troupes, que l'Etat de Milan fut reconquis en 1500 et le Duc Louis Sforce, le Cardinal Ascagne et grand nombre d'autres personnes de considération furent faits prisonniers. Dans cette occasion, un jour de vendredi saint, le Cardinal d'Amboise reçut à pardon le peuple de la ville de Milan et lui donna absolution de sa félonie ; agissant en personne,comme dit Guichardin, qui avait la langue et l'autorité du Roi. Cependant comme le Pape l'avait fait son Légat en France, il s'employa durant la paix à réformer quelques Ordres religieux, par- ticulièrement celui de St-François; et après la mort d'Alexandre VI il aurait sans doute été mis à sa place, si le Cardinal de la Rovère qui fut Jules II n'eût empêché cette élection pour se mettre lui-même la tiare sur la tête. Le Cardinal n'avait souhaité cette élévation que pour l'avantage et la gloire de son maître, qu'il avait servi dans les affaires très importantes en France, en Italie et en Allemagne, où il fut trouver l'Empereur Maximilien, cherchant les avantages du Roi ; il lui acquit même le nom glorieux de Père de son Peuple. L'an 1510 que la Cour était à Lyon, le Cardinal d'Amboise y tomba malade et il y mourut dans le Monastère des Célestins, le- 25 Mai. Le Roi témoigna un déplaisir extrême de cette mort, et tout le monde pleura la perte de ce sage pilote de la France, Ministre sans orgueil et sans avarice, et Cardinal avec un seul Bénéfice, qui n'ayant considéré que la gloire du Roi et l'avantage de ses peuples, s'est ac- quis mille bénédictions de la postérité. Son cœur fut enterré dans l'église des Célestins de Lyon où l'on voit son portrait au côté droit du grand Autel ; et son corps fut porté à Rouen où est son tombeau dans le chœur de l'église cathédrale. (Baudier et des Montagnes, en sa vie. Claude de Seissel, en la vie de Louis XII. L'Auteur de la vie du Chevalier Bayard, ch. 41. Guichardin Ciaconius, Onuphre, Frizon, Aubery, Génébrard, Sponde, Hilarion de Coste, Du Bouchet, Du Tillet, Robert, Sainte-Marthe, Mézeray, Du- pleix).

AMBOISE (Jean d') Evêque de Langres, a été un des plus célè- bres Prélats du XV siècle. Il était fils de Pierre d'Amboise Sieur de Chaumont, et d'Anne de Bueil (et Sancerre), et frère du Cardinal Georges d'Amboise. Il eut d'abord l'Evêché de Maillezais et les Abbayes de St-Jean d'Angely et de Bonnecombe ; et il fut transféré à l'Evêché de Lan- gres en 1481. Le Roi Louis XI le fit Lieutenant-de-Roi en Bourgogne et l'employa dans les affaires importantes. Jean d'Amboise ne négli- gea pas celles de son Diocèse. Il publia des Ordonnances synodales en 1491 et il mérita les titres glorieux de Père des Pauvres, de Dé- fenseur de la Religion, et de Protecteur de l'Eglise. Il mourut à Dijon le 20 Mai 1498. (Robert et Sainte-Marthe, G all. Christ.)

AMBOISE (Pierre d') Evêque de Poitiers, était fils de Pierre Sieur de Chaumont-sur-Loire, et d'Anne de Bueil (et Sancerre), et frère du Cardinal Georges d'Amboise. Il fut premièrement Religieux puis Abbé de Saint-Jouin de Marnes, et on l'élut Evêque de Poitiers, le 21 Novembre 1481. Son mérite particulier et la faveur de son frèr e le firent estimer à la Cour où il mourut à Blois, le 1 Septembre 1505 Son corps fut enterré dans la chapelle de la maison èpiscopale de Dissay qu'il avait fait bâtir et où l'on voit son épitaphe. (Sainte- Marthe, Gall. Christ. Jean Bessi, des Evêq. de Poit.)

AMBOISE (Louis d') Evêque d'Albi, était quatrième fils de Pier- re d'Amboise Sieur de Chaumont, et d'Anne de Bueil (et Sancerre) et frère du Cardinal Georges d'Amboise. Son mérite le fit considérer à la Cour des Rois Louis XI, Charles VIII, et Louis XII. Il fut Lieutenant-de-Roi en Languedoc, dans le Comté de Roussillon et en Bourgogne où il travailla beaucoup pour l'établissement du Par- lement. On l'éleva sur le siège de l'Eglise d'Arles en 1437, après la mort du Cardinal Jean Jofroy ou Geofroy. Il remplit les devoirs de l'Epis- copat avec tant de débonnaireté, qu'il en fut surnommé le Bon. Louis d'Amboise procura divers avantages à son Diocèse. Il fit la dissolution du mariage du Roi Louis XII et de Jeanne de France, et il mourut en 1505. (Gaguin, Epist. 37, 38, et 44. Sainte-Marthe Gall. Christ. Frizon, Aubéry, Catel.)

AMBOISE (Jacques d') Evêque de Clermont, Abbé de Cluny, de Jumièges et de Saint-Allyre de la même ville de Clermont, était fils de Pierre d'Amboise Sieur de Chaumont, de M eillant, de Preuilly, et d'Anne de Bueil (et Sancerre), et frère de Georges Cardinal d'Am- boise, premier Ministre d'Etat sous le règne de Louis XII. Il prit d'abord l'habit de Religieux de Saint-Benoît, et il devint Abbé de Jumièges en 1476, de Cluny en 1481, et enfin Evêque de Clermont en 1505. Jacques d'Amboise travailla à remplir les devoirs de son Minis- tère, et il employa la plus grande partie de ses revenus pour son Eglise. Il fit couvrir sa cathédrale de plomb, il fit faire les chaires du chœur, et il remplit la sacristie de divers ornements magnifiques. Il songeait à lui faire d'autres biens quand il mourut à Paray-le- Moineau dans le Diocèse d'Autun, en 1516. Son corps fut enterré dans l'église de Cluny. (Robert et Sainte-Marthe, Gall. Christ).

AMEDEE VII, surnommé le Rouge ou le Roux, soutint avec gloire ses droits contre les Seigneurs de Beaujeu et le Marquis de Sa- luces ; il donna secours au Roi de France Charles VI, s'empara du Comté de Nice, quoique ce ne fut pas par une voie légitime; il mou- rut d' une chute de cheval en la forêt de Lorme-sur-Thonon, en poursuivant un sanglier à la chasse. Ce fut le 1 novembre 1391, en la 30 année de son âge. Ce Prince épousa Bonne de Berry fille de Jean de France Duc de Berry, et il en eut : Amédée VIII, premier Duc de Savoie ; Bonne, femme de Louis de Savoie Prince d'Achie ; et Jeanne mariée à Jean-Jacques Paléologue fils de Théodore II Marquis 'de Montfer- rat. La Comtesse prit une seconde alliance avec Bernard Comte d'Armagnac. Amédée laissa encore un fils naturel nommé Hum- bert qui eut beaucoup de mérite. (Guichenon, Hist. de Savoie.)

AMICIE de Courtenay Comtesse d'Artois, Dame de Conches et de Mehun-sur-Yèvre, était fille unique et héritière de Pierre de Courte- nay Sieur de Conches, et de Pernelle de Joigny. Elle fut accordée avec Pierre, second fils de Thibaud VI Comte de Champagne et Roi de Navarre, mais ce Prince étant mort peu de temps après elle fut pro- mise en 1259 à Robert II Comte d'Artois, petit-fils de Louis VIII Roi de France. Le mariage se fit par dispense du Pape Urbain IV, l'an 1262, et elle fut mère de Philippe d'Artois; de Robert mort jeune; et de Mahaud qui épousa Othon IV Comte de Bourgogne. Elle mourut en 1275 à Rome et y fut enterrée en grande pompe dans l'église de St-Pierre. {Du Bouchet, Hist. de Court. Sainte-Marthe, Hist. Généal. de la Mais. de France.)

AMIOT (Jacques) Evêque d'Auxerre, Grand Aumônier de France, était de Melun-sur-Seine où il naquit le 30 Octobre 1514. On dit qu'il était fils de Nicolas Amiot corroyeur, et de Marguerite d'Amours. Etant encore petit garçon il s'enfuit de la maison de son père de peur d'avoir le fouet. Il n'eut pas fait bien du chemin qu'il tomba ma- lade dans la Beauce et demeura étendu au milieu des champs. Un ca- valier passant par là en eut pitié, le mit en croupe derrière lui et le mena de cette sorte jusqu'à Orléans où il le mit à l'hôpital. Comme son mal n'était que lassitude, le repos l'eut bientôt guéri ; il fut renvoyé en même temps avec seize sols qu'on lui donna pour lui aider à se conduire. C'est en reconnaissance de cette charité que ce grand hom- me fit depuis, par son testament, un legs de douze cents écus à cèt hôpital. Cependant, ses seize sols le conduisirent à Paris où il ne fut pas longtemps sans être réduit à gueuser. Une dame à qui il deman- dait l'aumône le trouvant de bonne façon le prit chez elle pour suivre ses enfants au collège et porter leurs livres. Il se servit de cette occasion, et avec ce génie merveilleux que la nature lui avait donné pour les Lettres, il s'avança beaucoup dans les Sciences. Il étudia sous Jacques Tusan, Pierre Danes et Oronce Finé Pro- fesseurs royaux, et il acquit une si particulière connaissance de la langue grecque qu'il l'enseigna depuis publiquement dans l'Univer- sité de Bourges. Cependant, dans la perquisition exacte qu'on faisait des premiers partisans des nouvelles opinions, Amiot eut cela de commun avec plusieurs autres Hommes de Lettres, qu'on le soupçonna de les favoriser, quoique dans le fond il fût très-innocent. Il se vit con- traint de sortir de Paris et il se retira en Berry chez un Gentilhomme de ses amis qui le chargea de l'éducation de ses enfants. Durant le temps qu'il y fut, le Roi Henri II logea par hasard dans la maison de ce Gentilhomme. Amiot étant prié de faire quelque chose à l'honneur du Roi, il composa une Epigramme grecque qui lui fut présentée par les enfants de la maison. Aussitôt que le Roi eut vu ce que c'était, « c'est du Grec » dit-il en jetant le papier ; « à d'autres ». Le Sieur de l'Hôpital depuis Chancelier de France qui ac- compagnait le Roi dans ce voyage, ayant ouï parler de Grec, ramassa ce qu'il avait jeté, lut l'Epigramme, en fut charmé, et il dit au Roi que si ce jeune homme avait autant de vertu que de génie et de savoir, il méritait d'être précepteur des enfants de France. Voilà le premier pas de la fortune d'Amiot et ce qui le mit en crédit. Depuis, on lui donna l'abbaye de Bellozane, et c'est sous ce nom qu'ayant suivi le Cardinal de Tournon, puis Odet de Selve Ambassadeur de Venise, il eut ordre en 1551 d'aller à Trente où il prononça devant tout le Concile cette protestation si hardie et si judicieuse qui nous reste. C'était la plus difficile commission qu'on pût donner à un homme de ce temps-là. Il s'en acquitta pourtant très bien. A son retour, il commença d'exercer sa charge de précepteur des enfants de France, auprès du Dauphin qui était dans la neuvième année de son âge. C'est celui qui fut depuis le Roi François II. Amiot le fut aussi de Charles IX et de Henri III. On lui donna l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne et l'Evêché d'Auxerre en 1570. Il y succéda au Cardinal Philibert Babou. (Voyez Babou.) En 1560, il avait été pourvu de la charge de Grand-Aumônier de France. On dit qu'un jour, durant le souper du Roi Charles IX, la conversation étant tombée sur le sujet de Charles-Quint, on loua cet empereur d'avoir fait son précepteur Pape. C'était Adrien VI. On exagéra cette action d'une manière qui fit impression sur l'esprit du Roi qui dit en regardant Amiot que si l'occasion s'en présen- tait, il en ferait bien autant pour le sien. Quelque temps après la charge du Grand-Aumônier de France ayant vaqué, le Roi la lui donna, quelque soumission qu'il fit pour s'excuser de l'accep ter. Mais cette nouvelle ayant été portée à la Reine-Mère qui avait destiné cette charge ailleurs, elle fit appeler Amiot dans son Cabinet où elle le reçut d'abord avec ces effroyables paroles : « J'ai fait bouquer les Guise et les Châtillon, les Connétables et les Chance- liers, les Rois de Navarre et les Princes de Condé, et je vous ai en tête, petit prestolet ». Amiot eut beau protester de ses refus ; la con- clusion fut que s'il avait la charge il ne vivrait pas vingt-quatre heures. C'était le style de ce temps-là. Les paroles de cette femme étaient des arrêts. Le Roi était entier dans ses sentiments jusqu'à l'opiniâtreté. Entre ces deux extrémités, Amiot prit le parti de se cacher, pour se dérober également à la colère de la mère et aux libéralités du fils. Cependant, il ne paraissait point à la table du Roi ; au quatrième jour ce Prince commande qu'on le cherche, mais ce fut en vain. Alors Charles IX se doutant de ce que ce pouvait être, entra dans une telle fureur que la Reine qui le craignait fit dire à Amiot qu'elle le laisserait en repos. Ce grand homme fut encore Bibliothécaire du Roi ; et ayant eu le chagrin de voir mourir les trois Monarques dont il avait eu l'hon- neur d'avoir été précepteur, il se retira dans son Diocèse et il y mourut le 7 février 1593, âgé de 79 ans. Il avait traduit de grec en français les œuvres de Plutarque, quelques livres de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, l'Histoire éthiopique d'Héliodore, les Amours de Daphnis et Chloé de Longus, etc. (Rouillard, Hist. de Melun. De Thou, Hist. li. 8 et seq. Sainte-Marthe, in élog. et Gall. Christ. La Croix du Maine et du Verdier, Bibl. Franc. Us. de l'Hist.)

AMIRAL de France, c'est le Chef de la marine et des armées na- vales. Ce mot vient de l'Arabe Amir ou Emir qui signifie Seigneur, Gouverneur ou Chef d'armée. Il a sa juridiction à la Table de Marbre du Palais à Paris, et porte pour marque de sa dignité deux ancres passées en sautoir derrière l'écu de ses armes. Voici ce que l'Histoire nous fournit touchant les Amiraux de France (Berrichons) : XXVIII. Louis de Culant possédait la charge d'Amiral en 1423 et en 1436. XXXI. Jean III du nom, Sieur de Bueil (ou Beuil) et Comte de Sancerre, fut honoré de cette dignité l'an 1450, et ensuite créé Che- valier de l'Ordre de St-Michel l'an 1469. XXXV. Charles d'Amboise II du nom, Sieur de Chaumont (et Meillant), fut pourvu de la charge d'Amiral par la résignation de Louis Malet, son beau-père, en 1508, et mourut en 1511. XXXVI. Louis II du nom, Sieur de la Trémouille (et Bommiers) exerça la charge d'Amiral de et de Bretagne en 1512. XXXVII. Philippe Chabot, Comte de Charny (Brion-Buzançais) fut pourvu de la charge d'Amiral en 1526. (Gr. Dict. Histor. 1694.)

ANCYRE (Concile de) dite aujourd'hui Angori, Anguri ou Enguni, autrefois Ancyra, ville métropolitaine de Galatie dans le Patriarcat de Constantinople, a été honorée par la célébration d'un Concile très important pour la discipline. Il fut tenu par dix-huit Prélats vers l'an 314. Vital d'Antioche y présida. On choisit cette ville comme la plus commode pour y faire venir les Evêques de l'Asie-Mineure, du Pont, de la Cappadoce, de l'Arménie, de la Cilicie et de la Syrie. Ils y réglèrent ce qui regardait la pénitence de ceux qui étaient tombés dans l'idolâtrie durant la persécution, et divers autres points de Dis- cipline exprimés en vingt-quatre Canons. M. Gabriel de l'Aubépine (et de Châteaineuf-sur-Cher) Evêque d'Orléans a fait d' excellentes Notes sur le XVII de ces Canons, qui est contre ceux qui avaient commis des crimes horribles de bestialité. (Gr. Dict. Histor. 1694.)

ANDRE, Religieux de l'Ordre de Fontevrault, a vécu au com- mencement du XII siècle. Il écrivit vers 1120 une Relation de la mort du Bienheureux Robert d'Arbrissel, Fondateur du même Ordre de Fontevrault, qui mourut le 26 Février 1117 (à l'Abbaye d'Orsan près Linières-en-Berry). Ce fut peu de temps après que Bauldric ou Bal- deric eut composé la Vie du même Saint, qu'il dédia à Pétronille Abbesse de Fontevrault. (Gr. Dict. Histor. 1694.)

ANGENNES (Claude d') Evêque du Mans, fils de Jacques Seigneur de Rambouillet et d'Elizabeth Cortereau ; et frère de Charles Cardinal de Rambouillet. Il naquit à Rambouillet le 26 Août 1538. Il étudia à Bourges, à Paris et à Padoue d'où il alla au Con- cile de Trente. A son retour à Paris en 1563, il fut Conseiller au Parlement, et trois ans après le Roi l'envoya à Florence, puis à Rome vers le Pape Pie V. Il était déjà Conseiller d'Etat, et en 1577 le Roi Henri III le nomma Président en la cinquième Cham- bre des Enquêtes. Quelque temps après il fut Evêque de Noyon, puis du Mans après la mort du Cardinal son frère, en 1587. St- Charles a fait son éloge dans une de ses Lettres. Le Roi Henri III l'envoya à Rome, pour obtenir de Sixte- Quint l'absolution de la mort du Cardinal de Guise. Il fut aussi employé pour instruire le Roi Henri-le-Grand, quand il abjura ; et son mérite lui procura des emplois très considérables. Il mourut l'an 1601. (Sponde, A. C. 1589. n. 7. 1593. num. 17. 1594, n. 1. etc. Sainte-Marthe, Gall. Christ. T. II. p. 519, 520. et T. III. p. 824. Le Corvaisier, des Evêques du Mans.)

ANGERS (Concile de) ville de France, capitale de l'Anjou, avec Présidial, Bailliage, Chambre de la Cour des Monnaies, Uni- versité, et Evêché suffragant de Tours. Les Anciens l'ont nommée- Iuliomagus Andicavorum, Andegavorum et Andium, Andegava et Andegavum. Le premier Concile d'Angers fut célébré en 453, pour y régler la discipline de l'Eglise. L'Ordination de Thalasius Evêque de cette ville donna occasion aux Prélats qui s'y étaient trouvés, de s'assem- bler en Concile. On y fit douze Canons que le Cardinal Baronius rap- porte dans le VI Tome de ses Annales. Le premier défend aux Clercs de désobéir au jugement de leurs Evêques, de s'adresser aux Magistrats séculiers sans les avoir consultés, et de sortir du Diocèse sans leur permission. Léon de Bourges présida à cette Assemblée. (Gr. Dict. Histor. 1694.)

ANGOULÊME (ou ENGOULE'ME) sur la , ville de France, capitale de l'Angoumois avec titre de Duché, Présidial, Sénéchaussée, Election et Evêché suffragant de Bordeaux. Les Anciens l'ont nommée diversement : Engolisma, Ecolesina, Æquo- lesina, Aquilimensis, Inculisma et Ratiastum. Hugues XII (Comte d'Angoulême) mort en 1282, eut de Jeanne Dame de Fougères : Hugues XIII qui mourut sans postérité en 1303 ; Guy qui mourut aussi sans postérité en 1307 ; et quatre filles dont Marie qui épousa Etienne II Comte de Sancerre. Angoulême revint à la couronne, Charles V le donna à Jean Duc de Berry son frère. En 1568, l'Amiral de Coligny assisté du Comte de Montgom- méry prit encore Angoulême par composition. Nicolas d'Anjou Marquis de Mézières (en-Brenne) y commandait, et n'avait que qua- tre cents hommes de garnison. Angoulême a un Collège de Jésuites fondé par M. Charles de l'Aubépine Marquis de Châteauneuf (sur-Cher), Garde des Sceaux de France. (Gr. Dict. Histor. 1694.) (Voyez Aubépine.)

ANGUIEN (ou ENGHIEN) que ceux du Pays-Bas nomment En- guien, Angia, petite ville de Hainaut, entre Mons et Bruxelles. C'est la première Baronnie du Comté de Hainaut où l'on fait des tapisseries de toutes sortes. Elle est illustre par l'honneur que di- vers Princes de la maison de Bourbon lui ont fait de porter son nom. Elle entra dans cette maison par le mariage de Marie de Lu- xembourg Comtesse de Saint-Paul Dame d'Anguien, avec Fran- çois de Bourbon, lequel laissa Charles père d'Antoine de Bourbon Roi de Navarre. La Baronnie d'Anguien étant échue en partage à ce dernier, Louis de Bourbon I Prince de Condé son frère aîné en fit transporter le nom à Nogent-le-Rotrou au Perche, et la fit nommer Anguien-le-François. Louis de Bourbon laissa Henri I père de Henri II lequel ayant échangé Nogent-Anguien avec Maximilien de Béthune Duc de Sul- ly, fit donner le nom et le litre de Duché d'Anguien à la Baronnie d'Issoudun-en-Berry. (Gr. Dict. Histor. 1694.)

ANNE de France, Dame de Beaujeu, Duchesse de Bourbon, était fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie sa deuxième femme. En 1471 elle fut accordée avec Nicolas d'Anjou Marquis de Pont- à-Mousson, mais ce traité n'ayant point eu d'effet, elle fut promise deux ans après, par contrat passé à Jargeau le 3 Novembre, à Pierre de Bourbon sire de Beaujeu, depuis Duc de Bourbon, qui l'épou- sa l'an 1474.

Le Roi son père, qui connaissait la merveilleuse conduite et la grande sagesse de la Dame de Beaujeu et qui d'ailleurs.avait beau- coup de tendresse pour elle, l'établit par son testament Gouver- nante du royaume et de la personne du Roi Charles VIII son frère. Cette préférence lui fit des envieux des Grands du royaume qui furent vaincus à la bataille de St-Aubin-du-Cormier en 1488.

La Princesse gouverna sagement, et le Duc Pierre son mari eut part au gouvernement. Elle fut mère de Charles Comte de Clermont mort jeune ; et de Suzanne Duchesse de Montpensier. Elle mourut dans son château de Chantelle le 4 Novembre 1522

âgée d'environ 60 ans, et elle fut enterrée près de son mari, dans la chapelle neuve du Prieuré de Souvigny-en-Bourbonnais. (Phi- lippe de Commines, Robert, Gaguin, Pierre Mathieu, Mézeray).

APHRODISIUS, Egyptien de nation, fut Disciple de St-Pierre, et depuis Evêque de Bourges, selon Volaterran. Il y en a qui croient que ce fut dans sa maison, au grand Caire, que Jésus-Christ fut caché pendant deux ans. (Joseph, Ant. Jud. liv. 18.)

AQUITAINE, que nous pouvons appeler la moderne, c'est- à-dire de la manière qu'elle est aujourd'hui (1694) entre la Loire, l'Océan et les Pyrénées, car divers Auteurs, sous le nom d'Aquitaine, ne comprennent que la Guyenne et la Gascogne. Quelques-uns divi- sent toute l'Aquitaine en trois parties. La première comprend le Berry et le Bourbonnais deçà et delà l'Allier ; la haute et basse Auvergne ; le Velay et Gévaudan, le Rouergue et l'Albigeois ; le Quercy ; le Haut et Bas- ; la Haute et Basse-Marche.

La seconde a le Bordelais et Médoc ; et Aunis ; Angoumois et Périgord ; Agénois et Condomois. La troisième Aquitaine contient l'Armagnac et Bigorre ; Co- minges et Cosserans, Béarn et Basse-Navarre ; Basques et les