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L'usine Dodane Par Les Frères Perret

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L'usine Dodane Par Les Frères Perret à la découverte de ... l’usine d’horlogerie Dodane Raymond Dodane - Auguste Perret 1938-1943 7 avenue de Montrapon à Besançon Parcours autour de l’usine Ce carnet de lecture conçu par les Conseils d’Archi- tecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) du Doubs et de la Haute-Saône propose une décou- verte sensible et analytique de l’usine d’horlogerie Dodane en abordant ses divers aspects : la com- mande du maître d’ouvrage et les fonctions du lieu (une usine d’industrie horlogère) ; l’implantation du projet ; la composition ; le système constructif ; le tra- vail de l’architecte Auguste Perret, et la protection de - Situation : l’édifice. 7 avenue de Montrapon à Besançon, Doubs, Franche-Comté Ni recette, ni programme verrouillé, ce carnet invite à - Dates de construction : construire d’autres parcours sur d’autres territoires, à 1939 -1943 partir d’autres bâtiments. - Programme : Usine d’horlogerie, logement du direc- e Représentatifs de l’architecture du XX siècle, cet édi- teur, parc, piscine et tennis fice illustre le passage du classicisme au moder- - Maître d’ouvrage : Raymond Dodane, horloger nisme, des thèmes tels que Modernité/Tradition, - Concepteur : Savoir-faire local/Architecture industrielle, Auguste Perret, architecte et ses frères Contraintes/Réalisations peuvent être abordés. Gustave et Claude - Architecte d’opération : D’autres actions de sensibilisation à l’architecture André Boucton sont proposées sur le site du CAUE du Doubs <www.caue25.org>. Un maître d’ouvrage qui souhaite marquer la modernisation de l’horlogerie Dans le cadre du programme “histoire des arts” étude du XIXe siècle : la constitution de ce qu’on appelle aujourd’hui le patrimoine industriel. Le passage de l’artisanat à l’industrialisation, ici le cas de l’horlogerie du Haut-Doubs ; le développement industriel et la modernisation, la poursuite du développement des villes. L'horlogerie a longtemps été une À Morteau, dans les années 1930, activité d'appoint pour les paysans Raymond Dodane, qui vient de du Haut-Doubs. Pendant les longs prendre la direction de l’entreprise mois d’hiver, ils fabriquaient à do- familiale, décide de transférer la micile des pièces pour les horlo- fabrication de sa marque dans une gers suisses. Apparaissent ainsi usine moderne à Besançon, capi- les fermes-ateliers (XVIIe-XIXe) tra- tale régionale de l’horlogerie de- vaillant pour des établissements puis le XVIIIe (époque (assemblant les différentes pièces Fermes-ateliers du Haut-Jura (39) d’immigration à Besançon d’horlo- d'une montre) installés principale- gers suisses frappés par le chô- ment au Locle et à La Chaux-De- mage dans leur pays). Fonds. L'activité se diffuse en Soucieux d’être à l’avant-garde, il suite à Morteau, Montlebon, Les refuse un projet de l’architecte bi- Gras, Villers-Le-Lac, Charque- sontin Noé, qu’il juge trop clas- mont, Maîche... Jusqu’au milieu sique, et fait appel à Auguste du XXe de nombreuses entre- Perret. C’est Claude Dodane, son prises artisanales sont dissémi- Ateliers d’horlogerie à Morteau (25) © CAUE du Doubs frère, élève de Raoul Dufy qui lui nées dans le Haut Doubs appelé présente Auguste Perret, un des aujourd’hui le pays horloger (la si- architectes les plus représentatifs tuation est la même dans le Haut- de l’architecture moderne qui s’im- Jura pour l’horlogerie comtoise). pose alors. Claude conseille et participe à la décoration de l’édi- fice en particulier des apparte- ments. Usine d'horlogerie Odo à Morez (39), Cretin Léon et Duboin Joseph (architectes), 20e siècle © Région Franche-Comté, Inventaire du patrimoine, ADAGP Une situation hors les murs, caractéristique du développement de la ville au XXe Dans le cadre du programme “histoire des arts” étude du XXe siècle et notre époque : la constitution de ce qu’on appelle aujourd’hui le patrimoine industriel. Le passage de l’artisanat à l’industrialisation, ici le cas de l’horlogerie du Haut-Doubs ; le développement industriel et la modernisation, les formes du développement urbain dans la première moitié du XXe siècle. Le site retenu pour cette construc- Sur ce côté oriental de Besançon, tion est le flanc Est de la colline de l’urbanisation des années 1930 Montrapon. Ce secteur, alors à garde un aspect rural avec de peine urbanisé, est un quartier grands domaines clos —Grange bien exposé et à proximité de la Huguenet, Grange de la Baume, gare. Clos Munier— et un habitat sou- Jusqu’au début des années 1950, vent modeste, où s’intercalent l’urbanisation a été contenue dans quelques villas, ateliers et entre- la première couronne par la ligne pôts. de chemin de fer Dijon-Belfort —Il Après la Seconde Guerre mon- s’agit d'un urbanisme de densité diale et jusqu'à la fin des années moyenne au bâti semi continu 1960, la forte poussée démogra- constitué de maisons individuelles, phique —mêlant natalité élevée, de petites cités-jardins ou petits exode rural et immigration— crée immeubles organisés surtout à une pénurie de logements qui partir de voies et chemins préexis- change l'échelle d’urbanisation, de tants—. Plan de la ville au début du XXe Situation de l’usine sur la vue aé- hauts et longs immeubles –des rienne actuelle barres– sont alors édifiés. Vues du quartier depuis le toit terrasse de l’usine Un cahier des charges peu courant Raymond Dodane demande à l’ar- Auguste Perret implante donc le chitecte d’associer dans le même bâtiment comme certaines édifice deux fonctions : travailler granges domaniales dans une et se loger. Le programme prévoit grande parcelle close en ne lui ainsi, outre l’espace nécessaire à donnant que peu de contact avec l’ensemble des opérations de fa- la rue. Il marque ainsi fortement brication des montres (montage, l’entrée de l’usine. Cette position réglage, contrôle, habillage, expé- du bâtiment, perpendiculaire et en dition), de réserver une part du bâ- léger retrait par rapport à l’avenue timent au logement du directeur et de Montrapon permet de protéger de sa famille. les appartements familiaux tout en leur donnant une bonne orienta- tion. Combinée à la forme géné- rale allongée et étroite de l'édifice, elle permet une utilisation optimale Vue de l’usine depuis l’avenue Montrapon © Région Franche-Comté, In- ventaire du patrimoine de l’éclairage naturel traversant, en particulier pour l’atelier de fa- brication. L’implantation, à l’extré- mité nord-ouest de la parcelle, laisse libre un maximum de terrain pour l’aménagement d’un parc privé. Entrée de l’usine Plan de masse de l’ensemble redessiné © Agence Tardy Les entrées de chacune des deux f o n c t i o n s Le 1er niveau : les bureaux administratifs sont gérées de façon distincte. La L’escalier aux murs de béton lavé façade-pignon côté rue propose distribuant les différents niveaux de l’usine une entrée centrale qui dessert par un large escalier l’ensemble du bâ- timent —sous-sol : cave et chauf- ferie ; entresol : vestiaire, sanitaires, conciergerie, buanderie ; premier étage : appartements du directeur ; second étage : bureaux ; troisième étage : l’atelier—. La fa- çade côté jardin propose un accès au parc, réservé au directeur, par un escalier donnant sur le balcon A gauche de l’entrée de l’usine, le jar- prolongeant son logement. din à la française offre un accès par- ticulier au logement Le 2e niveau : l’atelier de fabrication Une composition classique Dessin de la façade sur jardin © Perret A l’image des monuments an- tiques, les façades de l’usine se composent d'un soubassement, d'un corps de bâtiment et d'un at- tique. Chacun a un traitement dis- attique tinct. Le soubassement présente des baies presque carrées, le corps du batiment des ouvertures verticales qui élancent la façade vers le haut la façade et l’attique, corps du bâti de grandes baies carrées compo- sant un bandeau horizontal qui permet un bon éclairement naturel de l’atelier. Une corniche débor- dante ferme le tout. La symétrie, soubassement Ainsi, l’édifice intègre des réfé- l’alternance identique et répétée rences classiques réinterprétées, de pleins et de vides, la verticalité seuls le système constructif en des baies dominent. On retrouve béton et la toiture terrasse acces- cette géométrie dans les parterres sible montrent du premier coup du jardin dessiné à la française — d’œil la modernité de Perret. buis taillés et ordonnés, allées sy- métriques—. Composition rigoureuse des façades Dans le cadre du programme “histoire des arts” étude au travers de l’œuvre architecturale de Perret du thème “arts, ruptures, continuités” et des champs antropologique et esthétique : - Le vocabulaire architectural classique et lien au passé. - Auguste Perret et son style sans ornement. - Auguste Perret et ses contemporains : le béton armé, l’absence d'ornement, la séparation structure-enveloppe, la nu- dité du béton, le toit-terrasse, les principes du Mouvement moderne. Vue du jardin depuis le toit-terrasse Un système constructif poteau-poutre en béton Les façades révèlent ce qui est de l’ordre de la structure (ce qui main- tient le bâtiment debout) et ce qui est de l’ordre de l’enveloppe (ce qui protége des intempéries). La structure se compose ici de po- teaux et poutres en béton armé ce qui autorisent un aménagement in- térieur dégagé de l’ossature por- teuse (espace traversant pour l’atelier) et d’ouvrir de nombreuses baies. Ce principe, déjà utilisé en 1903 par Auguste Perret pour l’im- meuble de rapport de la rue Fran- klin à Paris, est appelé par les modernes le plan libre. L’enve- loppe, elle, se compose de pan- neaux préfabriqués en béton lavé, accrochés à la structure porteuse par une structure secondaire. Une œuvre architecturale intégrale Auguste Perret conçoit et dessine Dans le cadre du programme “histoire des arts” non seulement le bâtiment et le étude au travers de l’œuvre architecturale de Perret du thème “arts, créations, cultures” et des parc (jardin, piscine, tennis) mais champs antropologique, scientifique et tech- aussi l’ensemble du mobilier et des nique et esthétique : éléments de décor intérieur.
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