LeMonde Job: WMQ1208--0001-0 WAS LMQ1208-1 Op.: XX Rev.: 11-08-97 T.: 11:24 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 32Fap:99 No:0280 Lcp: 196 CMYK
CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16341 – 7,50 F MARDI 12 AOÛT 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI
Les Etats-Unis obtiennent une reprise du dialogue a SANTÉ L’obésité entre les Israéliens et les Palestiniens devient Beyrouth accuse M. Arafat d’être impliqué dans la tension au Liban sud un fléau REPRENANT une médiation abandonnée depuis près de quatre mois, l’envoyé spécial des Etats-Unis dans les pays au Proche-Orient, Dennis Ross, a réussi, semble-t-il, à réamorcer, di- manche 10 août, un début de dia- SIPA occidentaux logue israélo-palestinien sur les questions de sécurité. Pour la pre- C’EST UN CRI d’alarme que Il y a 50 ans, mière fois depuis deux mois – et no- lance, dans les colonnes de l’heb- tamment depuis l’attentat qui en- domadaire médical britannique deuilla Jérusalem, fin juillet –, des The Lancet, le professeur Per l’Inde représentants des services de sécuri- Bjorntorp de l’université de Göte- té des deux parties se sont ren- borg : l’obésité est en passe de de- LE 15 AOÛT 1947, l’Inde et le Pa- contrés, en présence d’officiels amé- venir un fléau mondial. kistan accédaient à l’indépendance. ricains. L’agence Reuter croit même La France, le Royaume-Uni, l’Al- Le Monde commence aujourd’hui la savoir que le chef de l’Autorité pa- lemagne compteraient chacun publication de six portraits de té- lestinienne, Yasser Arafat, s’est en- entre cinq et dix millions d’obèses. moins de la fin de l’Empire des Indes tretenu, dimanche soir à Ramallah Dans les pays d’Europe de l’Est, la britanniques : l’Anglais Edward Behr, en Cisjordanie, avec deux hauts res- proportion d’adultes obèses at- ex-officier de renseignement ; Kush- ponsables israéliens, dont Ami Aya- teint parfois, dans la population want Singh, qui vécut les émeutes de lon, chef des services secrets. féminine, 40 à 50 %. Selon le pro- Lahore ; Gopal Godse, qui tenta de La coopération entre l’Autorité fesseur Bjorntorp, entre 3 et 8 % de tuer le Mahatma Gandhi ; Mrinal palestienne et Israël en matière de l’ensemble des dépenses de soins Sen, cinéaste bengali ; Teddy Young, sécurité avait pratiquement cessé en de M. Ross, restait difficile à inter- Les Palestiniens, eux, insistent sur le Dans un entretien au Monde, le pre- dans les pays européens sont dé- le dernier planteur de thé ; le pre- raison de la politique de colonisa- préter lundi. Dans leurs déclarations fait que la reprise du dialogue doit mier ministre, Rafic Hariri, accuse sormais consacrés au traitement mier ministre indien Gujral, qui vé- tion des territoires menée par le publiques, les Israéliens ont laissé aller au-delà des questions de sé- M. Arafat d’être impliqué dans ce de l’obésité, soit « au moins au- cut la partition au Pakistan. gouvernement de Benyamin Néta- entendre que rien n’était changé et curité et inclure une relance des regain de tension. tant » que pour le cancer et le sida. nyahou. La reprise d’un dialogue is- qu’ils attendaient des « actes » des pourparlers de paix. Au Liban sud, Lire page 8 raélo-palestinien, sous les auspices Palestiniens en matière de sécurité. la situation ne cesse de se dégrader. Lire page 2 Lire page 20
a Fusion Crédit Les Lapons, cibles de l’extrême droite norvégienne Le phénomène suisse-Winterthur STOCKHOLM en particulier leur Parlement, le Sametinget, aide financière « trop importante » de l’Etat correspondance élu pour la première fois en 1989 par cette pour exercer cette activité séculaire, dans Le rapprochement entre les numéros techno L’avenir de la Norvège vu par Thorstein Jo- population autochtone, conformément à une une région aux conditions climatiques deux suisses de la banque et de l’as- hansen est sombre comme un hiver polaire. « loi lapone » adoptée par l’Assemblée natio- hostiles. LA MUSIQUE techno conti- surance donnera naissance à l’un « Si les Lapons continuent à avoir d’autres nale. Essentiellement consultatif, le Sametin- « Le problème, avec le Parti du progrès, c’est a nue de traîner, en France, sa des premiers groupes financiers mon- droits que le reste des Norvégiens, dit-il crû- get déplaît à Carl Hagen, car il risque, selon qu’il exploite à son avantage le manque de mauvaise réputation liée à la diaux. p. 10 ment, dans dix ans, ça sera comme en Bosnie. lui, de susciter des ambitions identiques chez connaissances des Norvégiens sur notre histoire consommation d’ecstasy et à la Nous allons nous tirer dessus à coups d’AG3 », d’autres « groupes ethniques ». « Douze mille et notre mode de vie », a commenté Sven clandestinité dans laquelle ont le fusil-mitrailleur équipant l’armée du Pakistanais vivent dans la seule ville d’Oslo et Roald Nistoe, président de la Fédération nor- longtemps été tenues les raves, ces royaume. Thorstein Johansen est candidat du onze mille Vietnamiens dans l’ensemble du végienne des Lapons. Présent aussi en Suède, immenses rassemblements qui cé- a Agriculture : Parti du progrès, formation d’extrême droite, pays ; eux aussi pourraient réclamer leurs en Finlande et en Russie, bien qu’en nette- lèbrent le culte de la dance music. aux élections législatives du 15 septembre. Il propres assemblées élues », affirme le chef du ment moins grand nombre, le peuple lapon Pourtant, la grande fête Boréalis, un bon cru 1997 brigue un mandat dans le comté du Finn- parti xénophobe. – qui se donne le nom de Same – estime que qui a attiré très officiellement à mark, dans le Grand Nord. C’est là, sur ce ter- A l’entendre, il conviendrait également de sa culture traditionnelle et son identité sont Montpellier 20 000 personnes, dans Les rendements en blé et betteraves ritoire plus étendu que la Suisse, que vivent démanteler le Comité des droits lapons, dé- menacées par le progrès industriel et techno- la nuit du 9 au 10 août, s’est dérou- s’approcheraient des records de 1996 et une bonne partie des quarante mille à signé par le gouvernement. Dans un rapport logique. lée sans incident. Le succès de cette les vendanges sont précoces. p. 5 soixante mille Lapons norvégiens. présenté en janvier, cet organisme a préconi- La sortie de Thorstein Johansen n’a pas été musique et ce qu’elle engendre Pour tenter de combler son déficit de po- sé une participation accrue de cette minorité condamnée par les autres partis politiques avaient été le sujet d’un colloque, pularité dans le Finnmark, le Parti du pro- à la gestion des terres et des eaux du Finn- norvégiens, ni n’a provoqué une baisse de la en juin à Poitiers, où professionnels a grès, qui a le vent en poupe dans le reste du mark, propriétés à 96 % de l’Etat. L’enjeu est popularité de l’extrême droite. D’après les et universitaires avaient tenté de Stabilisation pays, a lancé une campagne de séduction au- considérable en raison des ressources miné- derniers sondages, la formation de M. Hagen décrypter ce phénomène de société. près des habitants d’origine non lapone, ma- rales de cette région. Oslo est obligé de serait en passe de devenir le deuxième parti Dans nos pages consacrées à l’été des loyers joritaires dans le comté. Son chef, Carl Ivar consulter le Sametinget avant d’y attribuer du pays, avec environ 20 % d’intentions de des festivals, lire aussi l’article Selon l’étude publiée par la Direction de Hagen, s’est rendu sur place ces derniers des licences d’exploitation à des compagnies vote (contre 6,3 % au scrutin de 1993), der- consacré à Felix Mendelssohn, célé- l’habitat et de la construction (DHC), la jours, flanqué de plusieurs autres députés, minières. M. Hagen déplore que les Lapons, rière les travaillistes au pouvoir. bré en trois concerts à Salzbourg. tendance à la stabilisation des prix des pour y prêcher la « bonne parole ». Princi- qui vivent notamment de l’élevage de rennes pale cible : les droits accordés aux Lapons. Et (190 000 têtes dans le pays), reçoivent une Benoît Peltier Lire pages 17 et 18 loyers est générale. p. 6 a Trois dirigeants La bombe des 35 heures Le maître de l’ETA expulsés DURANT la campagne des légis- socialiste, s’il y a un dossier avec le- de la perche Les autorités dominicaines ont expulsé latives, Lionel Jospin avait pris soin quel le gouvernement risque gros vers l’Espagne trois dirigeants « histo- de ne faire aucune promesse qu’il – jusqu’à l’échec – c’est donc riques » de l’ETA. Deux sont encore à ne pourrait honorer. Annonçant d’abord celui-là. Or, le compte à re- Saint-Domingue. p. 4 qu’en cas de victoire il relancerait la bours est maintenant enclenché : politique salariale, mais seulement dès le mois de septembre prochain, avec prudence, ou encore qu’il res- lors de la conférence sur les salaires, pecterait les critères de convergence l’emploi et la durée du travail, le a Mariage de Nantes du traité de Maastricht, mais seule- gouvernement devra commencer à ment en tendance, il peut au- manier cette bombe des 35 heures. et Saint-Nazaire jourd’hui arguer qu’il a strictement Une bombe ?... La formule n’a ef- tenu parole. fectivement rien d’excessif. Pour Les deux villes unissent leurs atouts Et, de fait, la politique écono- s’en convaincre, il suffit de relever pour devenir une métropole de taille mique et sociale qu’il a suivie depuis les extrêmes précautions que SERGUEÏ BUBKA européenne. p. 7 son accession à l’Hôtel Matignon a prennent désormais tous les diri- suscité peu de critiques dans le geants socialistes, et de nombreux A 33 ANS, il demeure le maître pays, en dehors de quelques mou- ministres, quand ils évoquent le su- incontesté de la perche. En rem- vements d’humeur dans certains jet. Tous, en effet, soulignent que le portant son sixième titre mondial a Mars : le défi milieux socialistes, lors de la ratifi- gouvernement a raison d’avoir pris aux championnats du monde cation à Amsterdam du pacte de pour priorité économique de modi- d’Athènes, l’Ukrainien Sergueï de Sojourner stabilité, et de quelques grince- fier le partage de la valeur ajoutée. Bubka entre dans la légende. Sa Après le succès de la mission Pathfinder, ments de dents dans les milieux pa- Avec des profits qui d’année en an- performance offre une belle les responsables de la Nasa envisagent tronaux, lors de l’annonce de la ma- née se taillaient une part toujours conclusion au rassemblement joration exceptionnelle de l’impôt croissante et des salaires réduits à la d’athlètes organisé en Grèce, où d’envoyer le petit robot escalader une sur les sociétés. portion congrue, l’économie fran- l’équipe de France a remporté « colline » haute de 18 mètres. p. 15 Dans un domaine, pourtant, – et çaise a trouvé là l’une des raisons de deux médailles, mais a déçu le der- il est décisif puisqu’il s’agit de l’em- son asphyxie. Depuis son arrivée au nier jour. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, ploi – M. Jospin n’a pas eu cette ministère des finances, Dominique 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; prudence. En pleine campagne, il a Strauss-Kahn ne cesse donc de rap- Lire page 12 à 14 Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, en effet accepté de prendre l’enga- peler que sa stratégie pour relancer et notre éditorial page 9 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, gement – cela figure noir sur blanc la croissance repose sur une inver- 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; dans la plate-forme socialiste – de sion de tendance : il faut, dit-il, re- Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; International ...... 2 Aujourd’hui ...... 12 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. « ramener progressivement la durée lancer les salaires pour stimuler la France ...... 5 Jeux...... 14 légale du travail de 39 heures à consommation, et donc l’activité Société ...... 6 Météorologie ...... 15 35 heures, sans diminution de sa- économique. Régions...... 7 Abonnements ...... 16 laire ». Cette promesse, il faudra Horizons...... 8 Carnet...... 16 donc aussi la tenir. Ou bien le pre- Laurent Mauduit Entreprises ...... 10 Culture ...... 17 mier ministre devra se dédire. De Finances/marchés ... 11 Radio-Télévision ..... 19 l’avis d’une figure éminente du Parti Lire la suite page 9 LeMonde Job: WMQ1208--0002-0 WAS LMQ1208-2 Op.: XX Rev.: 11-08-97 T.: 11:16 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 32Fap:99 No:0281 Lcp: 196 CMYK
2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 12 AOÛT 1997
PROCHE-ORIENT L’envoyé logue, sur les questions de sécurité. des services secrets israéliens, Ami liens et militants du Hezbollah se d’être impliqué dans ce regain de spécial des Etats-Unis au Proche- b LE CHEF de l’Autorité palesti- Ayalon, et Yitzhak Molho, l’un des sont affrontés tout le week-end. tension au Liban. b UNE DÉLÉGA- Orient, Dennis Ross, a convaincu, di- nienne, Yasser Arafat, a notamment négociateurs des conversations de b DANS UN ENTRETIEN accordé au TION de cinquante Palestiniens d’Is- manche 10 août, Israéliens et Palesti- rencontré, dimanche soir à Ramal- paix. b LA SITUATION a continué à Monde, le premier ministre libanais, raël a entamé une visite, vendredi niens de renouer un début de dia- lah, en présence de M. Ross, le chef se dégrader au Liban sud, où Israé- Rafic Hariri, accuse Yasser Arafat 8 août, en Syrie. Les Etats-Unis réamorcent le dialogue israélo-palestinien Une réunion entre membres des services de renseignement des deux parties, à laquelle participaient les américains, a eu lieu dimanche 10 août. Les Palestiniens veulent que ce genre de rencontre ouvre la voie à des entretiens d’ordre politique
TEL AVIV M. Ross, dimanche soir à Ramal- nienne a décidé que tous les sujets [selon laquelle des négociations de notre correspondant lah. Un membre du cabinet de devaient être discutés avec M. Ross graduelles créeraient la confiance « Nous sommes manifestement à M. Arafat a indiqué qu’une nou- afin de parvenir à des résultats po- qui permettrait aux deux parties un moment très difficile et il faudra velle rencontre entre membres sitifs », a affirmé le ministre de de contourner les questions liti- beaucoup de travail pour faire face des services de renseignement de- l’information, Yasser Abed Rabbo. gieuses liées à tout accord final] à la situation et l’orienter dans la vait avoir lieu lundi et que ces réu- En soirée, après une nouvelle ne tenait plus ». « Le temps est bonne direction. J’ai le sentiment nions devaient ouvrir la voie à des rencontre entre MM. Ross et Né- donc venu de faire pression sur les qu’il y a un souhait de trouver les rencontres d’ordre politique. Shaï tanyahou, des sources gouverne- deux parties pour qu’elles passent moyens de progresser, mais cela re- Bazak, porte-parole du premier mentales israéliennes citées par la directement à la formulation d’un querra beaucoup de travail. » Ces ministre, Benyamin Nétanyahou, radio d’Etat estimaient que accord de paix final », en avaient propos de l’envoyé spécial améri- a refusé de confirmer ou démentir M. Arafat ne s’était toujours pas conclu M. Clinton et ses collabo- cain, Dennis Ross, dimanche la réunion de dimanche soir, dé- engagé à lutter contre le Hamas et rateurs, tout en reconnaissant 10 août, en Israël, après une pre- clarant : « L’essentiel, ce sont les le Djihad islamique, comme le qu’Israéliens et Palestiniens n’y mière série d’entretiens avec le actes sur le terrain de l’Autorité pa- souhaite par l’Etat hébreu. Ces parviendraient pas seuls. premier ministre israélien, Benya- lestinienne, qui doit mener la sources soulignaient qu’en l’ab- min Nétanyahou, le chef de l’Etat, guerre aux terroristes. » sence d’un tel engagement la ve- ESCALADE VERBALE Ezer Weizman, et le président de nue de Mme Albright dans la région L’arrivée de M. Ross dans la ré- l’Autorité palestinienne, Yasser « S’ATTAQUER AU TERRORISME » pourrait être remise en cause. gion avait été précédée d’une es- Arafat, en disent long sur la diffi- Après un premier entretien de Mme Albright avait annoncé, calade verbale entre Israéliens et culté de la tâche. deux heures trente avec M. Néta- mercredi à Washington, qu’elle se Palestiniens, alimentée notam- Une rencontre n’en a pas moins nyahou, M. Ross avait déclaré : déplacerait vers la fin du mois si la ment par le fait que les services is- eu lieu dans la soirée, entre des re- « Le président [Bill Clinton] et le mission de M. Ross était couron- raéliens de médecine légale n’ont présentants des services de ren- secrétaire d’Etat [Madeleine Al- née de succès. Le New York Times apparemment pas réussi à identi- seignement palestiniens, israé- bright] veulent que je me concentre a rapporté samedi dans quelles fier les kamikazes de Mahané Ye- liens et américains, M. Arafat sur les questions de sécurité. C’est circonstances et sur quelles bases houda. le marché de Jérusalem où ayant donné son accord à une ce que je ferai », a-t-il dit. Bill Clin- M. Clinton a décidé, dès le mois a eu lieu l’attentat du 30 juillet. telle réunion à la condition que les ton et Madeleine Albright re- des progrès dans le processus diplo- torité palestinienne, à Ramallah, de juin, de relancer les bons of- M. Arafat a affirmé que les offi- Etats-Unis soient représentés. Se- connaissent qu’il y a une « dimen- matique, l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, « ne s’est pas limi- fices américains. Après une vaine ciers israéliens de renseignement lon l’agence Reuter, M. Arafat a sion politique qui doit être abordée, doit s’attaquer au problème du ter- tée aux questions de sécurité », a tentative de médiation de lui avaient indiqué être convain- lui-même rencontré le négocia- mais ils comprennent aussi que les rorisme », a plaidé M. Nétanya- tenu à préciser M. Arafat. « Nous- M. Ross, le président américain et cus que les deux terroristes ve- teur israélien, Itzhak Molho, et le questions de sécurité constituent hou. mêmes, nous avons intérêt à ce qu’il ses conseillers se sont ralliés, se- naient de l’étranger. Il n’en est chef des services secrets, Ami une base essentielle du processus », La rencontre de plus de trois y ait une situation de sécurité », a- lon le journal, à l’idée que « la pré- rien, nos services de sécurité n’ont Ayalon, qui accompagnaient a-t-il ajouté. « Pour rendre possible heures avec le président de l’Au- t-il ajouté. « La direction palesti- misse des accords d’Oslo de 1993 pas transmis une telle information à l’Autorité, a rétorqué, en subs- tance, M. Nétanyahou. Autre exemple de l’ambiance de Beyrouth implique M. Arafat dans la dégradation de la situation au Liban profonde méfiance qui prévaut entre les deux parties : lorsque le LE PREMIER MINISTRE libanais estime bollah » chiite libanais qui a tiré vendredi des « Raisins de la colère » contre le pays du Il n’empêche que, sur le terrain, la situation Conseil législatif palestinien a ap- que la dégradation de la situation au Liban roquettes sur le nord d’Israël. « Que l’on soit Cèdre. Cet accord prévoit notamment que les s’est encore dégradée à la fin de la semaine. pelé, samedi, à la création d’un sud est liée à l’impasse israélo-palestinienne. d’accord ou non avec ses thèses, ce qui est sûr belligérants épargneront les populations ci- Un soldat israélien a été tué et trois autres « service national », d’une durée « Les Israéliens, a déclaré au Monde, di- c’est que le Hezbollah revendique toujours les viles israéliennes et libanaises. ont été grièvement blessés, dimanche, lors de six à douze mois, auquel se- manche 10 août, Rafic Hariri, lors d’un entre- opérations [anti-israéliennes] dont il est l’au- d’un accrochage avec le Hezbollah dans la raient soumis les jeunes Palesti- tien téléphonique, veulent donner l’impression teur », fait-il remarquer. Et d’ajouter : «Il zone dite de « sécurité » que l’Etat hébreu et niennes et Palestiniens à l’issue de que leur problème est un problème de sécurité, semble que ce soient les gens d’Arafat qui ont « Il semble que ce soient sa milice auxiliaire libanaise, l’Armée du Li- leurs études, cette nouvelle a pro- alors qu’il est politique. » Mais M. Hariri n’en lancé les roquettes. » ban sud, occupent dans la partie méridionale voqué en Israël une levée de bou- est pas moins très sévère à l’égard du chef de Point n’est besoin pour cela, indique-t-il, ses gens qui ont lancé du pays. L’artillerie israélienne a aussitôt cliers. L’appel a été présenté dans l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, à qui il d’avoir des bases au Liban sud. « Il leur suffit bombardé des fiefs du Hezbollah jouxtant les médias comme une « loi de reproche de se défausser sur le Liban. M. Ara- d’acheter les engins et de tirer. » Quelques les roquettes » cette zone et des hélicoptères ont ouvert le mobilisation » et interprété fat avait déclaré à la télévision israélienne que heures plus tôt, un dirigeant du Hezbollah, feu sur les ravins empruntés par les miliciens comme une « violation grossière » les auteurs du double attentat-suicide récem- Cheikh Mohamad Yazbeck, avait porté des du Hezbollah. des accords d’Oslo. ment commis sur le marché juif de Jérusalem accusations identiques. « Ce sont Arafat et ses Ledit comité, qui comprend des représen- Quelques heures plus tôt, trois civils liba- L’armée israélienne a levé, di- « venaient de l’étranger ». Il affirmait tenir ses partisans qui ont tiré les roquettes Katioucha tants des Etats-Unis, de la France, de la Syrie, nais avaient été blessés à proximité de ce sec- manche, le bouclage de trois villes informations d’un officier des services de ren- afin de fournir un prétexte à Israël », avait dé- du Liban et d’Israël, s’est réuni à quinze re- teur par des tirs dont la provenance n’avait de Cisjordanie – Djénine, Toulka- seignements israéliens, ajoutant que c’était claré Cheikh Yazbeck. prises jusqu’à présent, à la demande du Liban pas encore été déterminée dimanche soir. Sa- rem et Kalkilya – qu’elle avait im- pour cette raison qu’Israël frappait le Liban. Israël a riposté à ces tirs de roquettes en et/ou d’Israël. Il s’est borné à noter les viola- medi, Israël a mené deux raids aériens contre posé après l’attentat du 30 juillet. M. Hariri – qui s’est entretenu dimanche à bombardant des bases du Hezbollah et d’une tions « volontaires » ou « involontaires », par une base du Hezbollah et une autre du FPLP- La même mesure avait été prise, Damas avec le président syrien, Hafez El As- organisation palestinienne prosyrienne hos- l’une ou l’autre des parties en conflit, de l’ac- CG dans la Békaa, à l’est du Liban. Israël a af- vendredi, pour Jéricho et Na- sad – déplore que le chef de l’Autorité palesti- tile à M. Arafat, le FPLP-commandement gé- cord du 26 avril. N’était l’existence de ce firmé vouloir éviter un embrasement généra- plouse. Le bouclage d’Hébron, de nienne « puise ses informations chez les Israé- néral (FPLP-CG). Bien que la mini-guerre op- comité, dit M. Hariri, les violations de l’ac- lisé au profit d’actions ciblées contre des Ramallah et de Bethléem, et l’in- liens, alors même qu’il sait qu’elles sont posant le Hezbollah à Israël se soit corsée au cord du 26 avril auraient été « multipliées par « concentrations terroristes ». « Quels qu’ils terdiction pour les Palestiniens de fausses ». « M. Arafat, ajoute-t-il, sait très bien cours des derniers jours, M. Hariri ne pense dix ». « Souvenez-vous de la période qui a pré- soient, les terroristes qui ont tiré des roquettes travailler en Israël restent en vi- que le Liban a beaucoup enduré et endure tou- pas qu’elle dégénérera en un affrontement de cédé l’opération “Raisins de la colère”. Les [contre la Haute Galilée] agissent pour le gueur. jours pour défendre la cause palestinienne. Les plus grande envergure. Le principal mérite en échanges de bombardements duraient dix à compte de la Syrie », a déclaré David Bar-Ilan, L’armée a par ailleurs rouvert le Israéliens le tiennent pour responsable de leur revient, selon lui, au comité de surveillance douze jours. Le comité contribue indiscutable- le porte-parole du premier ministre, Benya- passage aux frontières entre la sécurité. Il répond qu’ils [les kamikazes] sont du cessez-le-feu, mis sur pied en vertu de ment à calmer le jeu. Avant sa création, per- min Nétanyahou. Cisjordanie et la Jordanie, et entre venus de l’étranger ! » l’accord sur l’arrêt des hostilités conclu le sonne ne parlait à personne », fait remarquer la bande de Gaza et l’Egypte. – M. Hariri se dit « sûr que ce n’est pas le Hez- 26 avril 1996, après l’opération israélienne le premier ministre. Mouna Naïm (Interim.)
COMMENTAIRE dant que M. Nétanyahou n’a eu de cesse, depuis son arrivée au Une visite à Damas réhabilite les Palestiniens de l’Etat hébreu LE « PRÉALABLE » pouvoir, d’affaiblir M. Arafat et de le cantonner dans l’adminis- CERTAINS JOURNAUX arabes y bation d’une majorité qualifiée des d’exclusion palestinienne et arabe. du Mouvement islamique, et DE LA SÉCURITÉ tration de quelques îlots d’auto- ont lu un « message positif »adres- deux tiers de la Knesset et à un ré- Ils étaient, sinon considérés membre lui aussi de la délégation, nomie, soumettant le chef de sé par le président syrien, Hafez El férendum. comme des traîtres, du moins mé- l’occasion d’une « connaissance ré- L’envoyé spécial des Etats-Unis l’Autorité palestinienne à des de- Assad, au « camp de la paix » en Pour les Palestiniens d’Israël – prisés pour avoir accepté le fait ac- ciproque après tant d’années de au Proche-Orient, Dennis Ross, dit mandes parfaitement contradic- Israël. Les intéressés eux-mêmes y plus communément appelés compli israélien. Les liens entre les rupture entre Palestiniens restés en vouloir mettre l’accent sur la « sé- toires : d’un côté, il entend le re- voient la rectification d’une « in- Arabes d’Israël, mais qui familles ont néanmoins été perpé- Israël et leurs frères arabes ». curité ». En clair, il fait pression léguer dans le rôle le plus mineur justice » qui leur était faite depuis contestent cette appellation – le tués et se sont renforcés lors de Damas a veillé à ce que toutes sur Yasser Arafat pour que le chef possible ; de l’autre, il le somme la création de l’Etat d’Israël, en fait d’être invités par le pays arabe l’occupation de la Cisjordanie et de les formations politiques représen- de l’Autorité palestinienne pour- d’exercer un contrôle total sur les 1948. La visite d’une semaine le plus à cheval sur les principes, la Gaza par l’Etat hébreu en 1967. Le tant les Palestiniens israéliens chasse avec plus d’ardeur les isla- Palestiniens des territoires... qu’une délégation de cinquante Syrie, rompt de manière specta- traité de paix israélo-égyptien de soient représentées. Si le Front dé- mistes du Hamas et du Djihad. Affaiblir M. Arafat, c’est affai- Palestiniens israéliens a commen- culaire une aliénation de facto qui 1979 leur a apporté une grande mocratique pour la paix et l’égali- C’est ce que demande le gouver- blir la sécurité d’Israël, car c’est cée, vendredi 8 août, en Syrie est, accroissait leur malaise. Leurs aspi- bouffée d’air. Détenteurs de passe- té, Hadash, alliance de commu- nement de Benyamin Nétanya- ouvrir la voie aux islamistes. En en fait, l’une et l’autre chose à la rations n’étant ni tout à fait les ports israéliens, ils ne pouvaient nistes et de notables, ne fait pas hou. Le premier ministre israélien revanche, conforter M. Arafat fois. Ce n’est sans doute pas un ha- mêmes – puisqu’ils se définissent cependant se rendre dans les pays partie du voyage, c’est de son y met d’autant plus d’insistance dans un rôle d’homme d’Etat, sard si M. El Assad a choisi d’invi- comme citoyens d’Israël – que arabes, où tout document de propre chef : parce que la compo- que le massacre perpétré le mois c’est l’inciter à exercer toutes ses ter la délégation aujourd’hui, au celles des Palestiniens exilés ou oc- voyage portant un visa ou le ca- sition de la délégation lui semblait dernier sur un marché de Jérusa- responsabilités en matière de sé- moment où Damas dit totalement cupés ni tout à fait autres – puis- chet des douanes de l’Etat juif est « incohérente », a déclaré au quoti- lem pourrait bien l’avoir été par curité. Il n’y a pas la sécurité d’un désespérer d’une quelconque paix qu’ils sont Palestiniens et sou- refusé. dien saoudien El Chark el Aousat le deux Palestiniens venus de Cisjor- côté, les négociations de paix de avec le premier ministre de droite tiennent la création d’un Etat secrétaire général du Front, Moha- danie. l’autre, comme le pense M. Néta- israélien, Benyamin Nétanyahou. palestinien –, ils souhaitent la re- DOSAGE POLITIQUE mad Naffaa. Le Front se réjouissait Mais M. Ross, qui fut dans la ré- nyahou. C’est ce que dit Shimon Les autorités syriennes, pour qui connaissance d’une « légitimité Des documents spéciaux ont du à l’idée de dire à la Syrie sa « soli- gion le bras droit du secrétaire Pérès, qui dénonce la triple erreur ce geste est un signe de leur propre longtemps déniée », selon l’expres- reste été délivrés au Caire à la délé- darité dans les circonstances ac- d’Etat James Baker, connaît trop du Likoud : « Ils pensent que la attachement à la paix, affirment sion d’un membre de la déléga- gation qui s’est rendue en Syrie. La tuelles, mais nous ne voulons pas ses dossiers pour se bercer d’illu- paix peut être achetée au rabais, que, quand les pourparlers avec tion, Abdel Wahab Daraouché, démarche est purement formelle. participer à une délégation qui sions. La sécurité n’est pas une va- que la sécurité peut être acquise l’Etat juif se sont interrompus, il y membre du Parti démocratique Les invitations de Damas ont été convoierait des messages sans valeur riable indépendante ; elle n’est avant la paix et que l’on peut a un an et demi, des progrès sen- arabe. adressées en connaissance de du gouvernement israélien au gou- pas « un préalable » aux pourpar- faire la paix lentement. Trois er- sibles avaient été faits, l’ancien Leur nombre devrait atteindre cause. Deux membres de la délé- vernement syrien », a ajouté lers de paix, quelque chose qui reurs majeures : la paix se paie, la gouvernement travailliste israélien 900 000 en l’an 2000, ce qui repré- gation, Saleh Tarif et Naouaf Mas- M. Naffaa. s’obtiendrait en dehors de toute sécurité est une conséquence et ayant accepté, selon elles, le prin- sentera 18 % de la population to- salha, sont des députés du Parti La délégation s’est rendue di- autre considération, comme non un préalable, faire la paix est cipe d’un retrait total du Golan oc- tale de l’Etat juif. Ils étaient près de travailliste israélien et un troi- manche dans le camp de réfugiés semble le croire M. Nétanyahou. un processus romantique qui sup- cupé en 1967. 150 000 à être restés sur leurs sième, Walid Sadek, est député du palestiniens de Yarmouk, où elle a A tort ou à raison, les services de pose un élan, une dynamique. » Damas accuse M. Nétanyahou terres et dans leurs foyers en 1948. parti de gauche, Meretz. Outre la été accueillie par une foule en M. Arafat ont plus ou moins cessé (Conversations avec Shimon Pé- de renier cet engagement, voire De ce fait, à la ségrégation dont ils reconnaissance officielle par la Sy- liesse. Elle doit rencontrer les res- de coopérer avec le gouverne- rès, Robert Littell, Denoël, cité d’aggraver les choses, puisque la ont fait l’objet de jure en Israël jus- rie de ce que M. Daraouché ap- ponsables des organisations pales- ment Likoud dès lors que celui-ci par Le Nouvel Observateur.) Knesset vient d’adopter une légis- qu’en 1966, et aux difficultés et len- pelle « les masses palestiniennes tiniennes hostiles au processus de s’engageait dans une politique lation en vertu de laquelle tout teurs de leur intégration depuis d’Israël », la visite de la délégation paix et à M. Arafat. de colonisation forcenée. Cepen- Alain Frachon changement de statut de ce pla- cette date au sein de la société is- à Damas devrait être, selon Abdel- teau devrait être soumis à l’appro- raélienne, se greffait une forme malek Dahamché, député israélien M. Na. LeMonde Job: WMQ1208--0003-0 WAS LMQ1208-3 Op.: XX Rev.: 11-08-97 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 32Fap:99 No:0282 Lcp: 196 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 12 AOÛT 1997 / 3 La tension persiste dans l’île d’Anjouan, Inde : le Parti du Congrès divisée sur le « rattachement » à la France cherche un second souffle Aucune trace d’intervention de l’armée comorienne n’était visible lundi dans le territoire insurgé A la veille du 50e anniversaire de l’indépendance, L’île sécessionniste d’Anjouan attendait, lundi dernier devait insister sur le respect de l’intégri- mée comorienne et de mercenaires. Toutefois, la formation des Nehru-Gandhi a perdu 11 août, l’arrivée de l’émissaire de l’Organisa- té territoriale des Comores. La tension reste aucun débarquement massif n’a été constaté tion de l’unité africaine (OUA), Pierre Yéré. Ce vive après les rumeurs d’intervention de l’ar- par les journalistes sur place. le soutien des pauvres et des musulmans
MUTSAMUDU dire si le Mouvement populaire an- villages respectifs, dans le but de marquer des points avant la venue NEW DELHI Ce n’est pas la tardive reconnais- de notre envoyé spécial jouanais (MPA) va se scinder en créer un front anti-indépendan- de la délégation de l’OUA, emme- de notre correspondante sance faite à Calcutta de la « res- L’île sécessionniste d’Anjouan a deux factions. tiste. Cette tentative a manifeste- née par l’ambassadeur ivoirien à « C’est la première fois depuis ponsabilité » du parti dans la des- été agitée, pendant toute la fin de Ces apparitions de mercenaires ment échoué, les émissaires de Addis Abeba, Pierre Yéré. Ce der- 1946 que le Parti du Congrès se réu- truction de la mosquée qui va la semaine, par des rumeurs, aussi (blancs et noirs), dont le nombre Moroni ayant été conspués, parfois nier est arrivé, samedi 9 août, à nit alors qu’il n’est pas au pouvoir à redonner confiance aux musul- contradictoires qu’invérifiables, n’aurait jamais dépassé la ving- agressés, dans leurs propres fiefs, Moroni, et devait se rendre à An- Delhi. » Alors que l’Inde s’apprête mans (12 % de l’électorat) dont concernant un débarquement de taine, ont brusquement fait monter ne devant souvent leur salut qu’à la jouan, lundi dans la matinée. à célébrer ses cinquante ans d’une plusieurs leaders ont déjà dénoncé mercenaires à la solde du gouver- la tension entre deux villages de protection de leur proche famille. Le gouvernement comorien en- indépendance acquise de haute cette motion comme « électora- nement comorien. Aperçus en plu- l’ouest de l’île. Les habitants de Si- visage de faire assurer la sécurité lutte, notamment par un Parti du liste ». Quant à la libéralisation sieurs endroits – c’est-à-dire nulle ma accusent ceux de Bimbini d’être UN SENTIMENT D’ABANDON des émissaires africains par les gen- Congrès alors tout-puissant, cette économique, qui a durement tou- part –, ces envahisseurs introu- « pro-takistes » (du nom du pré- Le secrétaire général de la pré- darmes qui sont retranchés dans amère constatation faite par le ché les plus pauvres, le Congrès a vables ont donné l’occasion aux sident comorien Mohamed Taki). sidence, un des fils de l’ancien pré- leurs casernes de Mustamudu de- président du parti, Sitaram Kesri, à plaidé pour sa poursuite, en de- chefs de l’insurrection anjouanaise En fait, selon les observateurs an- sident Ahmed Abdallah a, lui, été puis deux semaines. Mais la Coor- l’ouverture de la réunion plénière mandant certes une plus grande de lancer un appel à l’aide à jouanais, ces deux communautés arrêté et sa maison a été incendiée dination des insurgés estime que la des assises du mouvement (la pre- attention aux problèmes des défa- l’« OUA, à l’ONU et à la France pour ont de vieilles querelles de terres à à Domoni. Et, à la suite de la « vi- responsabilité de protéger la délé- mière depuis 1992), traduit tout vorisés, mais sans rien proposer de stopper cette agression » qui les a un régler. Les affrontements ont fait, site » d’un ministre, les habitants gation lui revient. Sur le plan poli- autant la chute de popularité du concret. peu décrédibilisés sur le plan diplo- jusqu’à présent, une vingtaine de du village d’Ouani, peu enthou- tique, cette dernière réclame tou- Congrès que sa volonté de re- Une fois de plus, c’est vers le matique. blessés, dont sept graves, selon le siastes envers le mouvement jours le rattachement à la France, prendre rapidement un pouvoir passé que s’est tourné M. Kesri Par ailleurs, les leaders indépen- Croissant-Rouge comorien. Une contestataire, ont fini par se révol- malgré Paris qui fait la sourde qu’il estime lui revenir de droit. pour galvaniser les délégués en dantistes ont de moins en moins soixantaine de cases ont été brû- ter, érigeant leurs propres barri- oreille, alors que le gouvernement, obtenant la venue très bien prépa- d’emprise sur leurs jeunes militants lées à Bimbini, ainsi que l’école pri- cades – souvent une simple ligne avec l’appui de l’OUA, insiste sur « PAS ENCORE PRÊTS » rée de Sonia Gandhi, veuve de dont les initiatives intempestives, maire. de pierres en travers de la route, l’intégrité territoriale du pays. Mais Après avoir subi sa plus sévère l’ancien premier ministre Rajiv limitées jusque-là à l’érection de Il semble toutefois établi que des troncs de bananiers ou encore la position anjouanaise cache mal défaite électorale en 1996 – et re- Gandhi, héritière de la dynastie et, barricades et à la « surveillance » Moroni a tenté de rallier ses parti- des chiffons. Le lendemain matin, la vraie raison du soulèvement de présentant aujourd’hui moins de à ce titre, symbole d’une gloire des côtes, pourraient éventuelle- sans dans l’île, voire de semer la di- des centaines de jeunes gens des l’île, à savoir le sentiment d’être 30 % d’un électorat qui lui fut ac- perdue. Debout, les délégués lui ment déboucher sur des « chasses vision dans les rangs de ses adver- villages environnants ont chassé les abandonnée par le pouvoir central quis près de quarante-cinq ans – le ont fait une véritable ovation, ré- aux sorcières ». Enfin, la direction saires. Le gouvernement a fait militaires qui gardaient l’aéroport de la République fédérale isla- Parti du Congrès, profondément clamant un discours qu’elle a fait du mouvement semblait être en déposer, par hélicoptère ou par d’Ouani pour y planter le drapeau mique des Comores. divisé et marqué par la corruption de bonne grâce, après quelque hé- proie à la zizanie depuis quelques avion, des ministres et des députés français et éparpiller des pierres sur de ses élites, cherche désespére- sitation. S’exprimant d’abord en jours, sans que l’on puisse encore d’origine anjouanaise dans leurs la piste. Chaque camp tente de J. H. ment un second souffle. hindi, puis en anglais, Mme Gandhi, A quatre-vingt-deux ans, qui est d’origine italienne, s’est M. Kesri, qui a remplacé l’ancien toutefois contentée de relire une premier ministre, Narasimha Rao, adresse de son mari, Rajiv Gandhi, Nouveaux massacres en Algérie, alors que des divergences se manifestent au sein du GIA artisan de la déroute et impliqué assassiné en 1991, exhortant le dans plusieurs affaires de pots-de- Congrès à revenir sur le terrain et LA PRESSE algérienne a affirmé, dimanche les « ennemis » de l’islam doivent être égorgés, méro trois du mouvement, Abdelkader Hacha- vin, n’a pas de solution à proposer. à reprendre à son compte les véri- 10 août, qu’au moins 175 personnes avaient été « du plus jeune des enfants au plus âgé des vieil- ni, une semaine auparavant, « contribuera à ré- S’il a promis aux délégués réunis à tables problèmes de la base. tuées en une semaine en Algérie dans des mas- lards ». Le quotidien saoudien El Hayat, parais- soudre la crise » algérienne. Il juge cependant Calcutta une prochaine re- sacres collectifs de villageois et des attentats à sant à Londres, cite, lui, un autre chef islamiste, que le geste du pouvoir est encore insuffisant et conquête du pouvoir, il a dû ad- REMISE EN ORDRE la bombe que les journaux attribuent aux isla- dissident du GIA, Ali Ben Hadjar, qui demande réclame l’élargissement du numéro deux, Ali mettre que celle-ci n’était pas pour En lui offrant sans trop de préci- mistes armés. « des garanties pour les moudjahidin [combat- Benhadj, détenu dans un lieu secret, et une so- demain et qu’en attendant le sion tous les postes qu’elle pour- Ces nouveaux massacres portent à près de tants] sincères », en prévision d’une éventuelle lution « garantissant l’intérêt et les sacrifices des Congrès allait poursuivre son sou- rait vouloir au sein du Congrès, 800 le nombre des morts depuis les élections lé- trêve. C’est la première fois qu’un « émir » moudjahidin sincères ». tien critique à la coalition du Front M. Kesri s’est abrité sous son aura, gislatives du 5 juin, si l’on s’en tient au bilan (chef) évoque le sort des combattants islamistes M. Ben Hadjar, dont la tête est mise à prix par Uni du premier ministre Inder Ku- mais il n’est pas sûr que celle-ci établi par la presse. Les massacres de villageois dans l’éventualité d’une solution à la crise algé- les autorités, avait été élu sur la liste du FIS, au mar Gujral. « Nous ne sommes pas fasse toujours recette. Mme Gandhi et les opérations des forces de sécurité contre rienne. premier tour des législatives avortées de dé- encore prêts à assumer le pouvoir », s’est, pour sa part, bien gardé de les maquis islamistes n’ont été ni infirmés ni M. Ben Hadjar, présenté comme le chef d’une cembre 1991. Il avait rejoint le GIA en 1994 , a-t-il ainsi déclaré lors de la confé- dévoiler ses intentions, et rien, à confirmés par les autorités, qui sont restées « Ligue islamique pour la prédication et la dji- avant de s’en écarter à la suite de la liquidation rence de presse finale. ce stade, ne permet d’affirmer que muettes sur la mort du chef du Groupe isla- had » (LIPJ), accuse le GIA de collusion avec le par ce groupe de deux dirigeants du FIS, Moha- Si tous les responsables ad- sa première apparition dans une mique armé (GIA), Antar Zouabri, annoncée pouvoir dans les massacres de civils. « Le pou- mad Saïd et Abderrezak Redjam. mettent que le problème du convention du parti signifie son par la presse et démentie par ce groupe dans voir algérien commet des tueries en “collabora- Présentant son programme, samedi, à l’As- Congrès est de s’être coupé à la entrée véritable sur la scène poli- des communiqués à la radio marocaine Mé- tion” avec le GIA », indique un communiqué du semblée élue le 5 juin, le premier ministre, Ah- fois des classes défavorisées et des tique. Comme l’affirmait avec di-1 et dans un bulletin clandestin, El Ansar. LIPJ « daté de samedi et distribué en Europe », med Ouyahia, a rencontré l’opposition d’un des musulmans depuis la destruction quelque cynisme un délégué : Dans un autre bulletin, El Djamaa – publica- selon El Hayat. partis membres de sa coalition, le Mouvement par des extrémistes hindous de la «Mme Gandhi a besoin du Congrès tion aux origines peu claires –, Abou El Moun- M. Ben Hadjar estime que la libération, le de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas), qui mosquée d’Ayodhya en décembre autant que le Congrès a besoin dhir, présenté comme un chef des GIA, avait 15 juillet, du chef historique du Front islamique dénonce une politique de libéralisation écono- 1992, rien n’a été proposé pour d’elle. » justifié les tueries collectives, en expliquant que du salut (FIS, dissous), Abassi Madani, et du nu- mique et de laïcisation de l’Etat. – (AFP.) tenter de reconquérir cet électorat. Si ces assises n’ont sans doute pas permis au Congrès de redorer son blason dans l’opinion, elles ont donné à M. Kesri l’occasion Un an après le coup d’Etat, les exactions se poursuivent au Burundi d’asseoir avec plus de force son pouvoir et de remettre un peu NAIROBI chiste de 1987 à 1993. Selon Am- latif succès militaire s’explique en mais à quel prix ? », s’interroge un l’envoyé spécial de l’ONU et de d’ordre à l’intérieur du parti. Les de notre correspondant nesty International, 200 000 civils partie par la politique de regroupe- observateur étranger. l’OUA pour les Grands Lacs, Moha- élections de dix des vingt membres en Afrique de l’Est ont été tués depuis octobre 1993. ment forcé de la population hutue On recense environ 300 000 « re- med Sahnoun, a lancé un avertisse- de la direction du parti ont en effet A l’occasion du premier anniver- Pour sa part, le CNDD (Conseil na- dans des camps gardés par l’armée. groupés » sur une cinquantaine de ment solennel. « S’il n’y a pas de vu la victoire de sept de ses parti- saire de sa prise de pouvoir, le ma- tional pour la défense de la démo- Le gouvernement affirme qu’il as- sites surpeuplés, où les organisa- volonté de discuter quant au fond sans. M. Kesri va dorénavant pou- jor Pierre Buyoya a dressé un bilan cratie) estime que 60 000 per- sure ainsi de manière temporaire la tions caritatives hésitent à interve- des questions qui divisent les diri- voir manœuvrer plus à l’aise face à de son action d’autant plus positif sonnes ont péri depuis un an dans protection des civils mais, selon un nir malgré les ravages des épidé- geants et les communautés du Bu- une coalition gouvernementale qu’il doit convaincre les Etats voi- le pays, où 85 % de Hutus coha- enquêteur de l’organisation Hu- mies (typhus, choléra) et de la rundi, les perspectives vont être dra- qui reste fragile et dont la survie sins de lever totalement l’embargo bitent avec 14 % de Tutsis et 1 % de man Rights Watch, les internés se malnutrition, afin de ne pas cau- matiques ». dépend de l’appui du Congrès. qu’ils ont imposé au Burundi huit Twas. « Le bilan Buyoya n’a donc disent « prisonniers » ou encore tionner la politique du gouverne- jours après le coup d’Etat du 25 rien de positif », conclut Jérôme « otages ». L’armée ne laisse aux ment, qui exerce pourtant de fortes Jean Hélène Françoise Chipaux juillet 1996. Ndiho, le porte-parole du mouve- paysans hutus que le « choix » pressions sur les ONG pour L’initiateur du « changement po- ment rebelle dirigé par Léonard entre se regrouper dans ces camps qu’elles y travaillent. litique » (selon la terminologie offi- Nyangoma. Le major Buyoya a su, ou rester dans les villages, au cielle) a aussi lancé un nouvel ap- en bon stratège, contenir la rébel- risque d’être considérés comme re- AVERTISSEMENT SOLENNEL INTERNATIONAL UNIVERSITY OF AMERICA pel à la paix en révélant à ses lion malgré un embargo qui a dé- belles lors des opérations mili- Dans son rapport qualifié de compatriotes que des pourparlers sorganisé l’économie du pays (no- taires. « tapage médiatique tendancieux » Membre et/ou accréditée de réunissant tous les partis politiques tamment les exportations de café Dans un autre rapport sur le su- par le ministre burundais de la jus- ACBSP – ECBE – WAUC burundais allaient bientôt s’ouvrir. et de thé), en réussissant à obtenir jet, Amnesty International estime tice, Amnesty International note En se pliant à la plus importante aussi que des milliers d’habitations des conditions exigées pour la le- ont été détruites par l’armée dans FLORIDE - MASSACHUSETTS - NEW YORK vée de l’embargo – celle d’un dia- L’ONU ne peut plus enquêter sur les droits de l’homme sa lutte anti-guérilla. logue avec la rébellion –, le major Selon les estimations de l’ONU, Buyoya a de bonnes chances de Le régime burundais a demandé au Nations unies le remplace- 570 000 Burundais vivent au- briser enfin l’isolement de son ré- ment du commissaire aux droits de l’homme, Paolo Sergio Pin- jourd’hui hors de leur foyer. Outre Master of Business Administration gime, après avoir été réhabilité par heiro, qui, depuis un an, n’est plus autorisé à enquêter au Burun- les « regroupés » hutus, il y aussi les ses pairs au dernier sommet de di. Ses précédents rapports avaient dénoncé des massacres de « déplacés » tutsis chassés de leurs MBA in International Management l’Organisation de l’unité africaine civils par l’armée burundaise et la « logique militaire » du gouver- collines depuis les massacres de (OUA). « Le pays est de manière glo- nement issu du coup d’Etat. Après avoir cédé aux exigences de la 1993, et qui se sont placés sous la a Programme intensif de 12 mois. bale sous contrôle, affirme au- République démocratique du Congo, qui refusait la présence protection de l’armée. jourd’hui l’homme fort du Burundi. dans une commission d’enquête de Roberto Garreton (auteur des Le Conseil de sécurité des Na- a Pour diplômés de l’enseignement supérieur, avec Et les principaux dangers sont écar- rapports sur les tueries dans l’ex-Zaïre), l’ONU a créé dans la tions unies a demandé la fermeture expérience professionnelle ou stages validés. tés, à savoir l’insurrection générali- région un précédent qui pourrait être exploité par les régimes en des centres de regroupement au sée, le génocide et la désintégration délicatesse avec le respect des droits de l’homme. régime burundais qui, soucieux du pays ». Le Centre des droits de l’homme a par ailleurs condamné la d’améliorer son image, tente main- pendaison, le 31 juillet, de six Burundais accusés de crimes de tenant de rapprocher les civils de International Executive REGROUPEMENT FORCÉ guerre, qui n’ont pas eu droit à un avocat, alors que douze ex- leurs collines ou de les installer le L’assassinat par des militaires perts de l’ONU sont actuellement au Burundi pour favoriser une long des routes, dans le cadre ieMBA Master of Business Administration burundais tutsis, le 21 octobre 1993, réforme judiciaire. – (Corresp.) d’une « villagisation » étroitement de Melchior Ndadaye, premier pré- contrôlée par les forces de l’ordre. sident hutu, et de cinq autres diri- Avec le changement de pouvoir à a Compatible avec vos activités professionnelles geants du Frodebu (le parti à domi- des armes grâce à des soutiens ex- que ces déplacements forcés, ini- Kinshasa, la guérilla burundaise a a 520 heures de formation intensive : nante hutu vainqueur des élections térieurs non identifiés. tiés en février 1996, sont une straté- perdu une base arrière dans la pro- de mai-juin 1993), avait déclenché Mais son succès le plus notable a gie à long terme par laquelle l’ar- vince ex-zaïroise du Sud-Kivu, mais b 10 séminaires mensuels à PARIS une vague de tueries dirigée contre trait à l’amélioration de la sécurité. mée cherche à contrôler les elle semble en avoir trouvé une les Tutsis, suivie d’une pacification On circule un peu mieux dans le villageois hutus soupçonnés de autre en Tanzanie, où 200 000 Hu- b Juillet et août aux USA meurtrière de l’armée tutsie qui a pays qu’en 1996, même si certaines sympathiser avec les rebelles. En tus se sont réfugiés, ce qui suscite fait fuir 10 % des six millions de Bu- routes – le long du lac Tanganyika vidant les campagnes de leurs ha- de nouvelles tensions entre le Bu- rundais dans les pays voisins. Ces et dans le sud – restent dange- bitants, les soldats privent aussi les rundi et la Tanzanie, qui doit pour- IUA, School of Management bouleversements ont débouché sur reuses à cause des mines et des at- maquisards des Forces pour la dé- tant accueillir les pourparlers inter- 148, rue de Grenelle 75007 Paris trois années d’instabilité politique taques de la guérilla. Encore active fense de la démocratie (FDD, burundais le 25 août à Arusha, Tél. : 01-45-51-09-09 – Fax : 01-45-51-09-08 aggravée d’une guerre civile, qui dans la moitié des seize provinces, branche armée du CNDD) de leurs sous la médiation de Julius Nye- International School of Management USA ont abouti à la prise de pouvoir du celle-ci oblige l’armée burundaise à sources d’approvisionnement. «La rere, l’ancien président tanzanien. E-Mail : [email protected] major Buyoya, déjà président put- rester sur le pied de guerre. Ce re- situation est sans doute plus stable, A trois semaines de cette réunion, LeMonde Job: WMQ1208--0004-0 WAS LMQ1208-4 Op.: XX Rev.: 11-08-97 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 32Fap:99 No:0283 Lcp: 196 CMYK
4 / LE MONDE / MARDI 12 AOÛT 1997 INTERNATIONAL Cambodge : le roi Sihanouk Les pourparlers intercommunautaires sur Chypre « prêt à abdiquer » PÉKIN. Le roi Norodom Sihanouk, en cours de traitement à Pékin, af- ont repris en Suisse sous l’égide de l’ONU firme qu’il est « prêt à abdiquer » si l’homme fort du Cambodge, Hun Sen, lui en fait la demande lors de l’audience qu’il lui accordera, mardi 12 août. « Ma lettre d’abdication est déjà rédigée par moi, depuis plus Les pressions s’accentuent pour tenter de mettre fin à la partition de l’île d’une semaine », a indiqué M. Sihanouk, dimanche, dans une lettre adressée à l’un de ses anciens collaborateurs. Le roi recevra le chef de Un mois après la relance, près de New York, du l’île, Rauf Denktash, et le président de la Répu- (Suisse). Les entretiens, sous l’égide de l’ONU, l’Etat par intérim, Chea Sim, et les deux co-premiers ministres, Hun dialogue entre les communautés grecque et blique de Chypre, Glafcos Cléridès, se sont re- doivent durer cinq jours et permettre de mainte- Sen et Ung Huot. Ce dernier vient d’être nommé en remplacement du turque de Chypre, le dirigeant chypriote turc de trouvés, lundi 11 août, à Glion-sur-Montreux nir « une certaine dynamique de la paix ». prince Ranariddh, fils du roi Sihanouk, déchu de ses fonctions, dé- but juillet, à l’issue de deux jours d’affrontements armés dans Phnom MONTREUX situation à Chypre, avec ses l’ONU, le règlement du problème au début des années 60, et lors de Penh. Le souverain cambodgien a déjà fait savoir qu’il ne reconnais- de notre envoyé spécial risques de débordements entre de Chypre prévoit un Etat fédéral l’invasion turque du nord de l’île, sait pas la nomination de Ung Huot, qualifiant ce dernier de « ma- Pressés par la communauté in- Athènes et Ankara, a poussé unique comprenant deux commu- en 1974. Mais après ce geste de rionnette » qui avait destitué son fils de façon « illégale et anticonstitu- ternationale, le président chy- l’ONU et Washington à faire pres- nautés politiques égales et ex- bonne volonté, l’atmosphère s’est tionnelle . – (AFP.) priote, Glafcos Cléridès, et le diri- sion sur les deux parties afin de les cluant l’union, même partielle, détériorée avec la signature, le geant de la communauté turque ramener à la table des négocia- avec un autre pays. Dans la phase 6 août, d’un « accord d’associa- de l’île, Rauf Denktash, se sont re- tions pour tenter de sortir de l’im- actuelle, les pourparlers portent tion » entre la Turquie et la Répu- Sécurité renforcée au Pakistan trouvés, lundi 11 août, à Glion-sur- passe. Se faisant l’écho de ces sur les « modalités d’un processus blique turque auto-proclamée de Montreux, en Suisse, afin de tenter préoccupations dans une résolu- continu de négociation », les négo- Chypre du Nord (RTCN). Par cette de donner une impulsion à la nou- tion adoptée le 27 juin, le Conseil ciations proprement dites ne pou- initiative, Ankara et ses protégés après une série de violences velle série de pourparlers inter- de sécurité avait apporté son plein vant guère commencer avant entendaient répondre à la décision communautaires engagés, il y a un appui à l’initiative du secrétaire l’élection présidentielle de février annoncée le 15 juillet par la mois, sous l’égide des Nations général, Kofi Annan, d’engager 1998 dans la partie grecque de l’île, Commission européenne d’inclure interconfessionnelles unies. Sans doute est-il encore « un processus soutenu de négocia- comme l’a indiqué le conseiller Chypre parmi les six pays avec les- trop tôt pour envisager une véri- tions directes entre les dirigeants des spécial de l’ONU pour Chypre, quels l’Union européenne prévoit LAHORE. Trois cents membres des unités paramilitaires sont arrivés, table percée, mais, de part et deux communautés chypriotes en Diego Cordovez. d’avoir des négociations d’adhé- dimanche 10 aoû†, dans la province pakistanaise du Pendjab où des d’autre, on espère que les cinq vue de parvenir à un règlement de sion, alors que la candidature de la violences entre sunnites et chiites ont fait plus de quarante morts en jours de discussions prévus sur les l’ensemble », en même temps qu’il CLIMAT « MITIGÉ » Turquie a été repoussée. dix jours. Seize personnes avaient été tuées et plusieurs autres hauteurs du lac Léman permet- prorogeait de six mois le mandat La reprise des pourparlers à Dès lors, il n’est pas tout à fait avaient été blessées, samedi 9 août, dans cette province, la plus tront de maintenir « une certaine de la force des Nations unies char- Glion a été précédée de signaux étonnant qu’un représentant chy- grande du pays. Le même jour, six hommes à motos avaient ouvert le dynamique de paix », en dépit des gée du maintien de la paix. contradictoires. Dans le sillage du priote grec ait qualifié de « miti- feu dans un marché de la ville industrielle de Shekhupura, tuant dix multiples obstacles à surmonter. Traçant le cadre des négocia- déblocage enregistré lors de leurs gé » le climat qui prévalait à l’ou- personnes. Auparavant, six musulmans chiites avaient également été Le sommet de Glion constitue la tions entamées le 9 juillet, M. An- retrouvailles de New York, les verture des pourparlers de Glion. tués dans le sud de la province, dans l’un de ces affrontements inter- troisième rencontre entre M. Clé- nan avait déclaré que l’objectif deux dirigeants chypriotes se sont Mais, s’il a reconnu que « d’impor- communautaires qui, depuis le début de l’année, ont déja fait plus de ridès et M. Denktash depuis la re- consistait à élaborer de nouvelles revus quelques jours plus tard à tantes différences » subsistaient, il cent morts au Pendjab. La police avait déjà augmenté les mesures de lance des pourparlers sur Chypre, structures constitutionnelles et Nicosie pour parvenir à un accord s’est néanmoins montré confiant sécurité après la mort de treize personnes tuées dans des attentats le 9 juillet dernier près de New institutionnelles à même de per- sur la question de quelque 2 000 et s’est gardé de dramatiser la der- commis, mercredi, dans des mosquées de Lahore et de Multan. – York, alors que les deux dirigeants mettre aux populations des deux personnes des deux communautés nière « provocation » d’Ankara. (AFP.) chypriotes ne s’étaient plus revus communautés chypriotes de vivre disparues depuis les premières depuis trois ans. L’enlisement de la ensemble pacifiquement. Selon violences intercommunautaires, Jean-Claude Buhrer Près de la moitié des plages marocaines Saint-Domingue remet à Madrid trois dirigeants « historiques » de l’ETA sont polluées, selon un rapport officiel MADRID Ces trois dirigeants, incarcérés dans un couvrent le télécopieur du dirigeant exilé tant il RABAT. Plus de 40 % des plages marocaines, récemment soumises à de notre correspondante commissariat madrilène depuis samedi, repré- est coupé de son mouvement. un contrôle antipollution, sont non-conformes à la baignade, révèle Pour Jaime Mayor Oleja, le ministre espagnol sentaient officiellement le « Front de négocia- Lors d’une rencontre, en 1996, avec le pré- une étude du ministère marocain des travaux publics, publiée, di- de l’intérieur, il s’agit d’« un nouveau grand pas tion » de l’ETA, et, en dépit de certaines diver- sident dominicain, Leonel Fernandez, José Ma- manche 10 août, par le journal l’Opinion. Sur 42 stations balnéaires positif » dans la lutte contre le terrorisme. Il a gences survenues entre eux et les chefs actuels ria Aznar, avait demandé à Saint-Domingue contrôlées tout an long de 1997, 17 ont montré que leurs eaux étaient interrompu ses vacances pour annoncer la de l’organisation, dont ils avaient plusieurs fois d’expulser les « etarras » pour lesquels des de- d’une « mauvaise qualité microbiologique », note le journal qui précise nouvelle, samedi 9 août à Madrid : se rendant critiqué « la ligne de conduite et l’intransi- mandes d’extradition avaient été déposées. Ils que, jusqu’à présent, aucune plage polluée n’a été interdite à la bai- aux arguments du gouvernement de Madrid, geance », ils restaient les « interlocuteurs » dé- étaient cinq en tout, deux sont encore à Saint- gnade. dont le secrétaire d’Etat à la sécurité, Ricardo signés par l’ETA, en cas de négociation. Une si- Domingue : Belen Gonzalez, réclamée par la Selon l’étude, les 17 plages concernées sont situées pour la plupart sur Marti Fluxa, s’était rendu à Saint-Domingue, tuation qui durait depuis la fin des pourparlers justice espagnole pour plusieurs attentats san- la côte Atlantique. Elles se trouvent en général à proximité de sources en juillet, peu après l’assassinat du dernier d’Alger, lorsque – à la demande des Espagnols glants, et le frère de Txomin Iturbe, l’ex-diri- de pollution : rejet des eaux usées des villes, déchets des usines, em- otage de l’ETA qui avait indigné le pays, les au- – ils furent expulsés d’Alger vers Saint-Do- geant suprême de l’ETA, mort en Algérie au bouchures sales et ports pétrolier ou de marchandises. Enfin, selon la torités dominicaines ont « expulsé » vers l’Es- mingue. Le gouvernement socialiste de Felipe moment des préparatifs de négociations avec même étude, 40 % des plages faisant l’objet de l’enquête ne disposent pagne trois « etarras » historiques. Gonzalez avait, avant de se raviser, longtemps Madrid. pas d’équipement sanitaires publics (douches et toilettes) et 27 % ne Le premier est Eugenio Etcheveste Ariz- préféré laisser les choses en l’état, estimant que Ces expulsions ont suscité des réactions di- sont même pas équipées de poubelles. – (AFP.) curen, dit « Antxon », quarante-six ans. Plu- ces trois « etarras » permettaient de faire pas- verses. Le gouvernement, appuyé par l’opposi- sieurs fois interpellé en France, dans les an- ser certains messages, et surtout de « prendre tion socialiste, se félicite de la coopération in- DÉPÊCHES nées 80, puis expulsé vers le Venezuela et la température » de l’organisation. ternationale contre le terrorisme et savoure a CONGO : la tension persiste à Brazzaville, où des affrontements l’Equateur, « Antxon » fut l’idéologue de l’or- cette victoire « symbolique » sur les privilèges à l’arme lourde ont repris dimanche 10 août, après une relative accal- ganisation séparatiste et le numéro deux de « FARCE INUTILE » dont jouissait encore l’ETA à l’extérieur. Les mie de trois semaines. Les belligérants auraient profité du cessez-le l’ETA entre 1978 et 1984, avant de devenir le L’actuel gouvernement conservateur, qui, partis nationalistes basques, même modérés, et feu pour se réarmer. – (AFP.) principal représentant de son organisation lors dès son arrivée au pouvoir, il y a un peu plus la gauche d’Izquierda Unida sont plus critiques. a EGYPTE : Cheikh Omar Abdel Rahmane, chef spirituel de la des négociations d’Alger, en 1989, avec le gou- d’un an, avait annoncé qu’il se refuserait à né- De nombreuses voix ont déploré cette expul- Djamaa islamiya, qui purge aux Etats-Unis une peine de détention à vernement socialiste espagnol. Négociations gocier avec une « bande terroriste », n’a eu de sion qui, disent-elles, « ferme la porte à toute vie pour son rôle dans l’attentat contre le World Trade Center, sou- qui se soldèrent par un échec. Le deuxième cesse de mettre un terme à ce que le ministre possible négociation ». A moins que cela ne soit tient l’appel à l’arrêt de la violence, lancé le mois dernier par six diri- « etarra », de loin le plus sanguinaire, car on lui de l’intérieur a qualifié, samedi, de « farce inu- le contraire, comme le soutiennent des com- geants de ce groupe, rapporte le quotidien saoudien el Hayat. « Nous reproche d’avoir commis au moins huit assassi- tile et [d’]anomalie juridique, qui n’avait d’autre mentateurs proches du gouvernement qui esti- devons honorer cette demande », déclare le dirigeant islamiste dans un nats terroristes, lorsqu’il faisait partie des but que de servir de haut-parleur à l’ETA à ment que l’ETA et Herri Batasuna, sa « vitrine communiqué signé obtenu par le journal et qui a été confirmé par commandos Araba et Madrid, n’est autre l’étranger ». Sollicité pour qu’il intervienne, en politique », par leur « immobilisme », ont pro- l’avocat américain du cheikh, Me Ramsey Clarke. – (AFP.) qu’Arakama Mendia, dit « Makario », qua- juillet, avant l’assassinat du conseiller munici- voqué ces nouveaux développements, et que si a MALI : quatre chefs de partis d’opposition ont été arrêtés, di- rante-six ans, qui prit également part aux dis- pal Miguel Angel Blanco, « Antxon » n’avait des contacts doivent un jour avoir lieu entre manche 10 août, après qu’un officier de police, qui assistait samedi à cussions d’Alger. Quant à José Maria Ganche- rien pu faire pour sauver la vie de l’otage, et « Antxon » et les autorités, ils seront plus effi- un meeting de l’opposition, eut été lynché à mort. – (AFP.) gui Arruti, alias « Pello », quarante-huit ans, Madrid en avait conclu que le vieux chef « etar- caces et « discrets » s’ils se déroulent à Madrid a MAROC : Ali Yata, secrétaire général du Parti du progrès et du spécialiste en explosifs, il était surtout chargé ra » avait perdu toute influence. Un conseiller même. socialisme (PPS, opposition), a été victime samedi 9 août d’un ac- de recruter de nouveaux adeptes pour l’organi- du gouvernement basque, Juan Maria Atutxa, cident de voiture à Casablanca, où son état de santé est qualifié de sation terroriste. avait parlé alors des « toiles d’araignée » qui Marie-Claude Decamps « grave ». – (AFP.) a RWANDA : des réfugiés hutus rwandais, dont d’anciens soldats et officiers de l’armée, ont tenté, samedi 9 août, de détourner un avion qui les ramenait du Gabon vers Kigali, rapporte le HCR. Ils ont Plusieurs pays se disputent les hydrocarbures de la mer Caspienne frappé le pilote, qui a posé l’avion au Gabon. – (Reuter.) COUTUMIER des déclarations d’ailleurs d’annoncer la vente pu- de la politique du Kremlin, s’est à eux deux plus de 60 % du gaz surprises, le président russe, Boris blique, le 3 novembre à Houston contenté d’annoncer la « suspen- mondial – une société mixte, Turk- Les zapatistes veulent créer Eltsine, a annoncé, jeudi 7 août, (Texas), de ce gisement dont les ré- sion » de sa participation. menrosgaz, chargée du transport qu’il « annulait » un contrat préli- serves ont été estimées à 50 mil- Comment expliquer le brusque du gaz vers les autres pays de la minaire passé, il y a un mois et lions de tonnes d’or noir. Le Turk- revirement présidentiel ? Nul Communauté des Etats indépen- un parti politique au Mexique trois jours, entre les sociétés pétro- ménistan a également émis doute que la Russie, qui entend dants (CEI), mais il s’est heurté au lières russes Lukoïl et Rosneft et la récemment des prétentions sur un conserver la plupart des leviers de refus de Gazprom de faire transiter MEXICO. La guérilla zapatiste, en perte de vitesse, tente de reprendre compagnie azerbaïdjanaise des pé- autre gisement, celui de Chirag, in- contrôle – surtout énergétiques – à bon prix le gaz turkmène destiné l’initiative au moment où le paysage politique mexicain a été profon- troles Socar pour l’exploitation clus dans le « contrat du siècle », sur son « proche étranger », a pris à l’Europe – l’Allemagne est le pre- dément modifié par le résultat des élections du 6 juillet, qui ont mis d’un gisement de brut en mer Cas- signé en septembre 1994 pour un ombrage de la visite à Washington, mier client du Turkménistan – par un terme à l’hégémonie du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). pienne. Le champ concerné – Kya- montant de 7,5 milliards de dollars début juillet, du président azer- ses oléoducs. M. Niazov a aussi Au pouvoir depuis 68 ans, le PRI a perdu d’un seul coup le contrôle de paz en turkmène, Serdar en azéri – entre la compagnie azerbaïdja- baïdjanais, Gueïdar Aliev, et sur- souligné que son pays ne fournirait la Chambre des députés et celui du District fédéral, c’est-à-dire de la est une pomme de discorde entre naise Socar et un consortium tout de la signature – pour 10 mil- plus son gaz au Nord Caucase : un ville de Mexico. l’Azerbaïdjan et le Turkménistan, comprenant, entre autres, British liards de dollars – de contrats gazoduc reliera bientôt les champs Apparemment conscient de ce changement, le « sous-commandant » riverains de cette mer fermée. Pour Petroleum et Amoco. De fait, l’ex- mirobolants avec des compagnies de Frolovo, sur les bords de la Vol- Marcos, dans son premier commentaire public post-électoral, a an- l’Azerbaïdjan, le gisement, situé à ploitation des énormes réserves de américaines (Exxon, Chevron, ga, à Stavropol, au sud-ouest de la noncé la prochaine création d’un Front zapatiste de libération natio- la limite des eaux territoriales des gaz et de pétrole que recèle la Cas- Amoco). Ce qui a été vécu à Mos- Russie, et la région consommera nale (FZLN), bras politique de l’armée zapatiste (EZLN) implantée deux pays, doit être partagé, tandis pienne est rendue incertaine par la cou comme une intrusion dans son du gaz russe. dans la province du Chiapas depuis 1994. Les zapatistes vont égale- que les Turkmènes entendent l’ex- querelle qui oppose, à propos de arrière-cour de Transcaucasie. Malgré tout, le gaz turkmène ne ment entreprendre une marche « pacifique » sur Mexico, en sep- ploiter seuls. son statut, les cinq pays qui la manque pas de débouchés : après tembre, pour demander au gouvernement le respect des accords Un officiel du ministère du gaz et bordent. Certains, comme l’Azer- « VIEILLES AMBITIONS » avoir signé, en mai 1997, un conclus portant sur les droits et la culture des Indiens. En Espagne, les du pétrole du Turkménistan vient baïdjan, voient la Caspienne Pourtant, si, d’après l’agence contrat avec la Turquie portant sur zapatistes ont récemment participé à la « deuxième réunion interconti- comme une mer, ce qui implique Itar-Tass, « les liens historiques la fourniture de 28 milliards de un découpage en eaux territoriales entre la Russie et le Turkménistan mètres cubes par an – Ankara de- par pays ; d’autres la voient ont reçu une nouvelle impulsion », vient ainsi le 2e plus gros client du comme un lac, avec une exploita- Saparmourad Niazov s’est montré, Turkménistan –, cette république tion commune des richesses, lui, moyennement satisfait de sa d’Asie centrale a reçu la bénédic- comme le suggère la Russie. visite. « J’ai senti l’odeur des vieilles tion des Etats-Unis pour la C’est au cours d’un entretien ambitions soviétiques », a révélé le construction d’un gazoduc en vue avec le président turkmène, Sapar- turkmenbachi (le « chef » des Turk- du transport de son gaz vers la mourad Niazov, en visite à Mos- mènes), lors de sa conférence de Turquie via l’Iran. Long de 1 200 ki- cou, que Boris Eltsine a qualifié la presse à Moscou, jeudi 7 août. Il a lomètres, le futur gazoduc consti- signature du contrat avec l’Azer- alors expliqué que la partie russe, tuera le premier pas vers un désen- baïdjan de « malentendu ». Il a représentée par Gazprom, « pro- clavement de la région, soumise aussi déploré que celle-ci se soit posait des prix quatre fois infé- jusque-là, malgré les indépen- faite sans son accord ou celui du rieurs » à ceux pratiqués par son dances acquises en 1991, à la main- gouvernement russe. La compa- pays. mise de Moscou sur le transit de gnie Rosneft s’est aussitôt retirée A l’occasion de cette visite, le son énergie. du contrat, mais le géant du pé- Turkménistan a pourtant créé avec trole Lukoïl, habitué aux méandres la Russie – les deux pays extraient Marie Jégo LeMonde Job: WMQ1208--0005-0 WAS LMQ1208-5 Op.: XX Rev.: 11-08-97 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 32Fap:99 No:0284 Lcp: 196 CMYK
5 FRANCE LE MONDE / MARDI 12 AOÛT 1997
RÉCOLTES Les moissons maïs, les oléagineux et la betterave. de la politique européenne, actuelle- sévérité les agriculteurs qui ont atta- toute la fermeté requise ». Bruxelles s’achèvent, et sans égaler les records Les vendanges sont favorisées par la ment en cours de discussion, inquiète qué des camions étrangers au début avait menacé la France de sanctions de 1996, la production de blé devrait chaleur du mois d’août et commence- cependant le monde paysan, notam- de l’été. La chancellerie vient d’en- en cas « d’attitude insuffisamment atteindre 33 millions de tonnes. Il en ront plus tôt que d’habitude dans la ment les producteurs de maïs. b LA voyer une circulaire aux parquets leur déterminée de la part des forces de va sensiblement de même pour le plupart des vignobles. b LA RÉFORME JUSTICE est décidée à poursuivre avec demandant de « faire preuve de l’ordre françaises ». 1997 devrait être un bon millésime pour la production agricole Pluies et soleil s’étant succédé en bon ordre, les rendements en blé et en betteraves pourraient globalement s’approcher des records. Sauf incident météorologique dans les prochaines semaines, les vendanges se présentent sous les meilleurs auspices
L’OPTIMISME est de mise dans prudent, puisque dans plusieurs aussi, moins assurée que celle de t-il en soulignant la qualité sani- les milieux agricoles, au cœur de exploitations de Picardie ou du 1996 à cause des fortes pluies de taire des grappes. Dans cette ré- cet été. Qu’on regarde du côté des Nord, les moissonneuses-batteuses juin. gion, les volumes seront corrects et moissons, des récoltes de plantes n’ont pas fini leur travail. Mais glo- S’agissant du maïs, on parle sans le degré d’alcool relativement éle- oléagineuses, des champs de bette- balement, et même si les résultats ambages, à l’Association générale vé. Le gel, qui avait touché de ma- raves ou des prochaines ven- sont hétérogènes selon les régions, des producteurs (AGPM) qui a son nière inégale quelque 6 000 hec- danges, les professionnels af- on compte sur quelque 33,2 mil- siège près de Pau, de « belles tares sur les 60 000 du vignoble, fichent, dans leur grande majorité, lions de tonnes de blé tendre cultures en perspective », car il y a n’aura en définitive que des consé- le sourire. Sauf incident météoro- contre 34,7 l’an passé. La séche- eu de la chaleur et de l’eau au bon quences limitées. logique que les paysans ont, de resse du printemps a pénalisé les moment. En Aquitaine, Midi-Pyré- Un viticulteur de Gaillac (Tarn) tout temps, appris à prendre en zones du pourtour méditerranéen nées, Rhône-Alpes, Alsace, on em- parle d’une récolte « relativement considération, le millésime 1997 et le Centre-Ouest, où les céréali- ploie même des superlatifs pour faible en volume mais très bonne en devrait rester comme un bon parmi culteurs font la moue. Mais dans le décrire la taille des épis et le peu- qualité ». Du côté de Bourgueuil les bons. Les performances de grand Bassin parisien, c’est l’in- plement à l’hectare, alors qu’en (Indre-et-Loire), on est, là aussi, l’agriculture française – la première verse. « La Beauce va afficher des Poitou-Charentes, on se montre un tout sourire, et un viticulteur d’Europe en volume et en diversi- rendements meilleurs que l’an passé, peu plus réservé. En moyenne, le confie : « Si on avait pu commander té – devraient s’en trouver confor- alors que ce sera l’inverse au nord de rendement national devrait depas- la nature, on n’aurait pas fait tées. la Seine, où les records de 1996 [jus- ser celui de 1996, qui avait atteint mieux ! » Les céréaliers se souviendront qu’à 110 quintaux à l’hectare] seront 84 quintaux (lire ci-dessous). Entre Lyon et Mâcon, dans le longtemps de 1996, qui fut, en loin d’être approchés, même s’ils « temple » du Beaujolais, la préco- quantité, qualité et rendement, restent confortables », précise-t-on MATURATION PRÉCOCE cité annoncée des vendanges nour- « l’année du siècle » pour le blé ou à l’ONIC (Office national interpro- Les producteurs d’oléagineux rit, comme partout, l’optimisme. La l’orge. Le miracle ne se reproduira fessionnel des céréales), qui se (soja, colza, tournesol, pois) sont récolte sera irrégulière selon les pas cette année, mais on annonce fonde sur des rapports d’étape ré- eux aussi portés à faire des prévi- parcelles, mais les rendements se- cependant un bon cru. Tout pro- gionaux établis tous les quinze sions encourageantes. Le colza ront proches des plafonds autori- nostic précis serait toutefois im- jours. La qualité des blés sera, elle vient d’être récolté et le rendement sés. On ne parle ni de calamité, ni à l’hectare tourne autour de août, «d’excellents indices ». Les ront presque partout en avance. de pléthore ni d’encombrement 30 quintaux. Il en va de même pour conditions climatiques récentes Cette précocité, selon les spécia- dans les chais comme l’an dernier. Une progression continue les tournesols qui servent à faire de ont été favorables : eau en juin peu listes, est un atout car elle permet « Nous sommes optimistes, sereins et l’huile et des tourteaux pour l’ali- après les semis, soleil en juillet et d’étaler le travail, de mieux choisir en tout cas pas inquiets », dit un res- RENDEMENTS DES BLÉS mentation animale et qui caracté- température adéquate, août arrosé les vignes en fonction de leur état ponsable de l’Union interprofes- risent les paysages des grandes et chaud. Qu’il s’agisse du Loiret, d’avancement et d’éviter, surtout sionnelle des vins du Beaujolais. en quintaux/hectare/an plaines du Centre, du Poitou et de de la Marne, de la Somme ou de dans les régions les moins méridio- Dans le Bordelais, un œnologue 80 Midi-Pyrénées. La récolte de pois l’Aisne, le feuillage est beau et les nales, les pluies d’équinoxe à la fin affirme que « la pluie depuis le 72,7 FRANCE Depuis les années 60, protéagineux riches en protéines se betteraves sont bien développées. septembre. La cueillette du raisin a 4 août n’est pas catastrophique ; au l'amélioration du termine dans le Bassin parisien et Aucun problème phytosanitaire sé- commencé le 4 août à Rivesaltes, contraire, c’est nécessaire pour accé- 60 67,9 rendement est trois fois en Champagne-Ardenne ; les agri- rieux n’est signalé, et la grêle qui a au nord de Perpignan (Pyrénées- lérer la véraison, c’est-à-dire le mû- plus importante culteurs concernés se disent satis- affecté plusieurs parcelles en juin Orientales), connu pour son mus- rissement ». Un propriétaire de châ- faits. ne devrait pas avoir de consé- cat. teau a cette belle formule : « Il faut 40 en France, notamment La Confédération des planteurs quence notable. Par rapport au « On va commencer le 25 août que cette période orageuse se ter- MONDE dans le grand bassin parisien et en de betteraves (CGB) ne fait pas ex- rendement en sucre blanc de 1996, dans le sud du Gard, et c’est la pre- mine... Mais compte tenu de la pré- 20 Picardie, que dans ception. L’activité des sucreries ne soit 10 tonnes à l’hectare, « on de- mière fois qu’on démarre si tôt », in- cocité générale, on risque de faire un le monde. commencera que fin septembre vrait faire cette année aussi bien si- dique un responsable du Comité bon millésime... Après 1995 et 1996, pour cesser fin décembre, mais dé- non mieux », ajoute-t-on à la CGB. interprofessionnel des vins d’AOC ce serait un tiercé exceptionnel ! » 0 jà, on n’hésite pas à parler, au vu Favorisées par des conditions cli- des Côtes-du-Rhône. « Vendanger Pour les prix aussi. 1960 1970 1980 1990 95 des premiers prélèvements sur les matiques particulièrement clé- pendant les périodes de fortes cha- Source : Association générale des producteurs de blé tubercules, qui ont eu lieu début mentes, les vendanges commence- leurs est une bonne chose », ajoute- François Grosrichard Le secteur des fruits et légumes se redresse Les producteurs de maïs s’inquiètent des projets de Bruxelles BORDEAUX aquitain a manqué de soleil en juillet. Si, par endroits, Seule la tomate pâtit d’un phénomène de mévente de notre correspondante les rendements seront supérieurs à la normale, les Les producteurs aquitains de maïs sont dans l’at- maïsiculteurs ne s’attendent pas à renouveler l’exploit ON S’ATTENDAIT, fin juin et dé- s’estomper avec le retour du beau les prix progressent de manière si- tente. Comme chaque année, à quelques semaines de 1996, année record en termes de production et de but juillet, à de vives tensions dans temps et des grosses chaleurs, pro- gnificative sur les marchés de Ca- des premières récoltes, ils observent attentivement rendement. le secteur des fruits et légumes : at- pices à la consomation de fruits et vaillon et de Châteaurenard. La de- leurs champs et le ciel. Ils attendent aussi de voir le Le changement de politique européenne nourrit taques de camions espagnols par légumes verts, même si certaines mande de pêches et de nectarines, nouveau visage de la politique agricole commune surtout les inquiétudes. Selon Jacques Castaing, pré- des commandos de paysans du Mi- importations (girolles en prove- tant interne qu’externe, s’est réacti- (PAC), en préparation à Bruxelles, dans le cadre sident de Maïsadour – une grosse coopérative lan- di ; temps pluvieux qui dissuade les nance des pays de l’Est à bas prix) vée, mais insuffisamment au regard d’« Agenda 2000 » (Le Monde du 11 juillet). L’Aqui- daise qui réunit 4 000 producteurs –, les exploitants consommateurs d’acheter tomates, perturbent, à la marge, des circuits des quantités disponibles – c’est la taine retient peut-être un peu plus son souffle qu’ail- « craignent la baisse de 20 % des prix d’intervention sur melons et abricots ; arrivée massive en général bien établis. Des efforts période de pleine production de la leurs car elle est le berceau du maïs français : avec les céréales, qui ne sera compensée que de moitié. En sur les marchés des fruits à gros ont été faits pour inciter les pro- vallée du Rhône –, et les prix n’ont 3,6 millions de tonnes en 1996 pour une production 1992 [première année de réforme de la PAC], le noyaux alors que les fraises et les ducteurs des vallées du Rhône ou que très peu monté. La campagne nationale de 14,5 millions de tonnes, elle est la pre- contexte était relativement bon, mais ils s’en sont tirés cerises ne sont pas encore écou- de la Garonne à se regrouper et à des poires d’été – guyot ou williams mière région française. Grenier de l’Europe, elle four- sur la corde raide. Le marché céréalier est devenu très lées ; télescopage des livraisons de concentrer l’offre, améliorer la qua- – s’annonce assez bien, compte te- nit plus de 10 % de sa production (32 millions de spéculatif et rien ne dit que ce sera mieux plus tard. De pommes de terre primeurs fran- lité, conquérir des marchés à nu des quantités limitées. Les prix tonnes en 1996). plus, on va devenir dépendant des marchés mondiaux. » çaises et étrangères. Toutes les l’étranger, faire des campagnes de sont fermes, indique l’Oniflhor. La récolte 1997 semble bien partie : « Les plants Les Périgourdins semblent aussi préoccupés : « Il est conditions étaient réunies pour dé- promotion actives plutôt que de Prunes et raisins se « tiennent » ouvrent de belles promesses, mais il faudra regarder vers difficile de se prononcer, car les négociations ne sont pas séquilibrer le marché, avec une détruire des marchandises excé- aussi assez bien. Seul signe d’in- le 15-20 août s’ils sont bien garnis en grains », estime terminées. Mais nous avons fait des simulations pour offre pléthorique et une demande dentaires. Cette pratique est, de quiétude réelle : la tomate, qu’elle Serge David, responsable du service recherche et dé- notre département, explique Alain Lucas, maïsiculteur molle. Dans un communiqué en toute façon, exclue des aides soit ronde, allongée ou en grappe. veloppement à l’Association générale des produc- et président de la chambre départementale d’agri- date du 2 juillet, intitulé « Ça ne conjoncturelles du budget euro- Les prix baissent, en raison d’une teurs de maïs (200 000 exploitants en France). Dans culture. Avec le “paquet Santer” [le président de la peut plus durer ! », la FNSEA lan- péen depuis cette saison. demande insuffisante, et ce malgré les secteurs non irrigués (Pyrénées-Atlantiques, sud Commission européenne], sur un chiffre d’affaires çait une mise en garde. Selon l’Oniflhor, la deuxième se- la diminution de l’offre globale. Au des Landes), les agriculteurs espèrent un bon rende- comprenant l’ensemble des productions – lait, viande, Gérée avec finesse par l’Office maine d’août marque, pour le me- départ de Provence, le calibre 57- ment grâce aux pluies abondantes du mois de juin. céréales, poules... – de 3 milliards, nous perdrions national interprofessionnel des lon, un creux de la production en 67, qui cotait chez les expéditeurs Dans les terres sableuses de la Haute Lande, l’arro- 60 millions de francs. En plus, comment voulez-vous fruits, des légumes et de l’horti- toutes régions. Le marché est cor- 4,50 francs le kilo lundi 4 août, ne sage a commencé en juillet, trois semaines plus tard qu’un agriculteur investisse ou qu’un jeune s’installe culture (Oniflhor), la crise qui tou- rect. L’offre n’a pas progressé. Elle valait plus que 3,60 francs vendredi. que les années moyennes. Mais les pluies abondantes quand on change les règles tous les cinq ans ? » chait en particulier le melon, la to- s’est en général bien ajustée à la et le froid tardif de juin ont « stressé » les plants, sur- mate et les prunes semble demande. Par rapport au 25 juillet, F. Gr. tout en Haute Lande et dans le Périgord. Enfin, le maïs Claudia Courtois
DÉPÊCHES Les avantages pour les investissements La chancellerie demande de poursuivre avec « fermeté » a BUDGET : les Verts ont estimé, dimanche 10 août, qu’une poli- tique économique, « centrée sur la outre-mer devraient être maintenus les auteurs de destructions de produits importés création massive d’emplois utiles, n’est pas compatible avec la réduction ac- JEAN-JACK QUEYRANNE, se- toriale. M. Queyranne a déjà don- LE MINISTÈRE de la justice nir dans les prochains mois à la suites judiciaires formulées par le célérée des déficits publics imposée crétaire d’Etat à l’outre-mer, a né quelques indications sur ses in- vient d’adopter un ton nouveau à suite des faits commis au cours des gouvernement espagnol et aux par les critères de Maastricht ». commencé, lundi 11 août, son pre- tentions concernant la loi Pons, qui l’égard des agriculteurs français campagnes 1993 à 1995, et qui n’ont avertissements de la Commission « Pour financer la réduction rapide et mier déplacement en Polynésie, prévoit d’importants avantages fis- auteurs de destructions de pro- donné lieu qu’à un faible nombre de européenne. Mario Monti, généralisée du temps de travail, l’Etat qui le conduira, jusqu’au 18 août, caux pour les investissements duits importés. Dans une circulaire poursuites pénales ». commissaire européen chargé du doit élargir ses marges de jeu budgé- dans les archipels des Touamotou, outre-mer. Il a ainsi indiqué au diffusée à tous les parquets de Cette circulaire précise qu’il est marché unique, avait écrit le 8 juil- taire », écrit Philippe Boursier, des îles Sous-le-Vent et des Mar- quotidien polynésien Les Nouvelles France, en date du 4 août, la chan- « nécessaire que les procureurs de let au ministre français délégué porte-parole des Verts, dans un quises. Selon le haut-commissariat que cette loi, « si elle a enregistré cellerie enjoint de poursuivre la République donnent pour instruc- aux affaires européennes, Pierre communiqué. de Polynésie française, M. Quey- certains détournements (...), se justi- « avec toute la fermeté requise » les tion aux officiers de police judiciaire Moscovici, pour protester contre a ENVIRONNEMENT : l’associa- ranne entend manifester le fait que fie par son effet sur l’emploi ». auteurs d’attaque contre des ca- placés sous leur autorité de leur si- « les obstacles à la libre circulation tion France nature environne- « l’Etat partage aussi bien le souci M. Queyranne présidera ensuite mions de fruits et légumes impor- gnaler sans délai, quel que soit leur des marchandises en France », indi- ment (FNE) a exigé, vendredi du territoire d’accélérer le dévelop- le comité de suivi de la loi d’orien- tés, notamment espagnols. Signé degré de gravité, les actes ayant quant que Bruxelles se réservait le 8 août, la démission du professeur pement de ces îles que celui d’œu- tation du 5 février 1994 et du par Marc Moinard, directeur des pour objet d’entraver illégitimement droit d’utiliser son droit de sanc- Souleau de la présidence de la sec- vrer au rééquilibrage des infrastruc- contrat de développement, qui re- affaires criminelles et des grâces, les importations de fruits et légumes tion en cas « d’attitude insuffisam- tion environnement du Conseil su- tures et activités économiques entre présente un ensemble de projets de le texte rappelle que « de tels agis- d’origine étrangère ». Elle demande ment déterminée de la part des périeur d’hygiène publique. Consi- Tahiti et les autres archipels de Poly- quelque 3 milliards de francs, dont sements exposent la France à une aussi que « toute la fermeté re- forces de l’ordre françaises ». dérant que « le professeur Souleau nésie française ». plus de 1,8 milliard de la part de condamnation de la Cour de justice quise » soit employée, avec « re- L’Union syndicale des magistrats s’est totalement discrédité », notam- A Papeete, le secrétaire d’Etat l’Etat, pour la période 1994-1998. Il des communautés européennes ». Il cours, le cas échéant, à la procédure (USM, modérée) s’est félicitée, ment « par son attitude pseudo-scien- s’adressera, mardi, au gouverne- examinera aussi les dossiers de la estime qu’une « condamnation de la comparution immédiate ». vendredi 8 août, de la diffusion de tifique dans le dossier de la Hague », ment du territoire et aux perliculture aux Touamotou et du pour entrave à la libre circulation La circulaire de la chancellerie cette circulaire, estimant qu’ainsi, l’association lui demande «de 41 conseillers de l’assemblée terri- tourisme à Bora-Bora. des marchandises pourrait interve- répond aux demandes de pour- « la justice est égale pour tous ». prendre toutes ses responsabilités ». LeMonde Job: WMQ1208--0006-0 WAS LMQ1208-6 Op.: XX Rev.: 11-08-97 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 32Fap:99 No:0259 Lcp: 196 CMYK
6 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 12 AOÛT 1997
LOGEMENT Selon une étude hausse des loyers (1,6 %). D’une ma- portant entre Paris et la province : le Pour des logements de surface pour le logement ont été dotés de publiée par la direction de l’habitat nière générale, la hausse des prix loyer moyen pour l’ensemble du égale, les Parisiens paient environ 600 millions de francs. Leurs critères et de la construction, en 1996, l’écart dans le parc privé (1 %) a été parc locatif privé est de 81,4 francs deux fois plus cher que les habitants d’attribution sont de plus en plus sé- est resté quasi nul entre l’indice des moindre que dans les logements so- au mètre carré à Paris, 65,6 francs en de Lyon, Rennes ou Bordeaux. b EN lectifs et, en outre, extrêmement va- prix à la consommation (1,8 %) et la ciaux (1,7 %). b L’ÉCART reste im- banlieue et 37 francs en province. 1995, LES FONDS DE SOLIDARITÉ riables selon les départements. Les loyers sont restés pratiquement stables en 1996 Selon une étude du ministère du logement, l’an dernier, l’écart est resté élevé entre Paris et la province : 81,4 francs le mètre carré dans la capitale, contre 37 francs en moyenne dans les autres grandes villes. C’est essentiellement lors des relocations que l’on assiste à des hausses de tarifs
LA FLAMBÉE des loyers qui a dans l’agglomération parisienne et en matière de réhabiliation du parc en moyenne, de 1,5 % en province. la fin du mois d’août. Le Conseil moyenne) ont concerné 16 % des caractérisé le début de la décennie de 4 % à 5 % en province. La social, de la mise en service de nou- Toutefois, l’écart se maintient et d’Etat a estimé que le mouvement logements libérés. A Paris et en n’est plus qu’un souvenir. Dans les conjoncture économique incite visi- veaux logements et également des reste important entre Paris et la de baisse des loyers à Paris, mis en proche banlieue, le phénomène est 5 millions de logements du parc blement les propriétaires à modérer relocations, dont le niveau des loyers province. Le loyer moyen pratiqué avant par les professionnels, était plus accentué : il a touché 40 % des locatif privé comme dans le secteur leurs prétentions. Soucieux de pré- se situe d’une manière générale au- pour l’ensemble du parc locatif encore « très modeste, voire margi- logements changeant de locataires. social, après les très faibles hausses venir les risques d’une durée de dessus de celui des locations privé est de 81,4 francs au mètre nal » puisqu’il ne concernait que Ces fluctuations, note l’étude, de 1995, le mouvement de stabilisa- vacance trop longue entre deux stables. » carré à Paris, 65,6 francs en banlieue 1 % du parc locatif. Et la haute juri- affectent toutefois essentiellement tion des prix est général. C’est le locataires et d’éviter les accidents et 37 francs en province. Pour des diction a souligné que les prix res- les loyers les plus élevés, ceux qui principal enseignement de l’étude de paiement, ils hésitent de plus en DÉCRET D’ENCADREMENT logements de surface égale, les Pari- taient nettement supérieurs à ceux restent les plus chers du marché. annuelle que vient de publier la plus à pratiquer des hausses trop Comme les années précédentes, siens payent environ deux fois plus pratiqués en province. L’enquête du Contrairement à l’idée reçue, on direction de l’habitat et de la fortes ou non justifiées. Pour le ministère du logement a travaillé cher que les habitants de Lyon, ministère du logement confirme n’enregistre donc aucune baisse construction (DHC) du ministère de preuve, les augmentations de loyer sur la base d’un échantillon repré- Rennes ou Bordeaux. cette analyse pour 1996. spectaculaire du niveau des loyers à l’équipement, des transports et du réalisées en dehors de tout cadre sentatif de 600 000 logements situés C’est sur cet argument que le Chaque année, dans le parc loca- Paris. « Depuis quelques années, logement. Le mouvement de décé- légal diminuent fortement, même si dans 11 villes de province et de Conseil d’Etat s’est appuyé pour tif privé, un peu plus de 20 % des résume la direction de l’habitat et lération de l’indice général des le phénomène reste important en 831 000 logements de l’aggloméra- rejeter la requête des professionnels ménages changent de logement. Or, de la construction, la conjoncture loyers engagé depuis 1993 s’est ren- province. En 1994, 39 % des aug- tion parisienne. Depuis 1994, le de l’immobilier et administrateurs à Paris comme en province, c’est à économique conduit à un nivellement forcé en 1996. L’écart est désormais mentations de loyer dans le privé se mouvement de décélération des de biens, qui réclamaient, comme l’occasion des relocations que l’on vers le haut des loyers les plus faibles quasi nul entre la hausse des loyers faisaient de cette manière, 19 % en loyers est plus soutenu à Paris et en 1995, l’annulation du décret enregistre l’essentiel des hausses de et à un maintien, voire, à la marge, (1,6 %) et l’indice des prix à la 1996. dans sa proche banlieue que dans annuel d’encadrement des loyers loyer même si celles-ci ont ten- un tassement, du niveau des loyers les consommation (1,8 %). Dans le parc Le tassement des prix qui affecte les villes de province. Les loyers dans la région parisienne (Le Monde dance à diminuer. En 1996, en pro- plus élevés ». privé, en 1994 et 1995, les loyers le parc privé est moins net dans le sont quasi stables à Paris depuis daté 8-9 juin). Il devrait être vince, les baisses de loyer à l’occa- avaient enregistré une hausse de logement social où la hausse enre- deux ans alors qu’ils ont augmenté, reconduit, comme chaque année, à sion d’une relocation (– 6 % en Christine Garin 2 % qui est tombée à 1 % en 1996. gistrée en 1996 reste de 1,7 % Par comparaison, au début des (contre 3 % en 1995 et 3,6 % en années 90, les loyers augmentaient, 1994). « Cette situation, note l’étude, en moyenne, de 6 % à 7 % par an est le résultat de la politique menée L’attribution des fonds de solidarité pour le logement est de plus en plus sélective L'écart se maintient entre Paris et la province CRÉÉS en 1990 par la loi Besson instaurant ments ont augmenté leur activité de plus de de-Dôme. En Eure-et-Loir, les impayés de le droit au logement, les Fonds de solidarité 30 %, 39 départements l’ont au moins doublé. loyers doivent être d’une durée inférieure à pour le logement (FSL), cofinancés par l’Etat Les contraintes budgétaires obligent pourtant quinze mois tandis que dans le Calvados, en LES LOYERS MOYENS AU 1ER JANVIER 1997 ET LEUR ÉVOLUTION EN 1996 et les départements et réservés aux plus les FSL à modérer leurs dépenses. Charente et dans le Territoire de Belfort, seuls démunis, ont été dotés, en 1995, de 600 mil- Certains FSL, comme celui du Haut-Rhin, sont pris en compte les impayés d’une durée SURFACE MOYENNE PRIX DES LOYERS ÉVOL. lions de francs. Ils servent essentiellement à choisissent de sélectionner strictement les inférieure à deux ans. En revanche, dans les en mètres carrés en francs au mètre carré 1996 faciliter l’accès à un logement par l’octroi de ménages et refusent d’aider ceux dont les Alpes-de-Haute-Provence, on admet des en % prêts ou de subventions, ou à financer des revenus sont trop faibles. D’une manière dettes antérieures à 1991, date de création du 53 PARIS 81,4 + 0,5 aides aux impayés de loyers. Par rapport à générale, souligne le ministère du logement, FSL. 59 PROCHE BANLIEUE 65,6 + 0,8 1994 (360 millions de francs), l’augmentation les critères employés pour instruire les dos- Les montants des aides sont également infi- 67 AIX 46,7 - 0,4 des crédits consacrés aux FSL est specta- siers sont de plus en plus sélectifs. Par niment variables. En moyenne, ils s’élèvent à 67 GRENOBLE 39 - 0,1 culaire. Il fallait notamment faire face au pro- exemple, dans la quasi-totalité des départe- 6 500 francs par ménage en impayés de loyers 66 RENNES 37,3 0 gramme exceptionnel de logements ments, l’aide aux impayés de loyers n’est et à 3 000 francs pour ceux qui bénéficient 66 BORDEAUX 36,9 0 d’extrême urgence lancé par le gouvernement accordé que si le ménage a recommencé à d’une aide à l’accès au logement (dépôts de 71 LYON 36,8 - 0,2 Juppé. payer depuis trois mois au moins son loyer, ce garantie et frais d’installation). Pour ces der- 73 STRASBOURG 36 0 Mais, selon un bilan qui vient d’être soumis qui risque d’accroître ses difficultés. En cas niers, l’aide est plafonnée à 5 000 francs dans 71 TOULOUSE 35,4 - 0,1 par le ministère du logement au Conseil d’échec, certains prévoit un réexamen au cas la Drôme, à 8 000 francs dans les Bouches-du- 64 BESANÇON 34,4 0 national de l’habitat, la hausse des dépenses par cas – comme dans l’Aude, le Cher, l’Ille-et- Rhône, à 11 000 francs en Seine-Saint-Denis. 71 LILLE 32,5 0 n’a fait qu’accompagner l’accroissement de la Vilaine, les Vosges ; d’autres, en revanche, se Enfin, les locataires du parc HLM – particuliè- 67 BREST 30,2 - 0,1 paupérisation des ménages, donc l’augmenta- contentent d’un refus comme en Corrèze ou rement ceux des offices publics départemen- 68 NANCY 30,1 0 tion des besoins. En outre, les disparités d’uti- en Seine-Saint-Denis. taux – sont, de loin, les premiers bénéficiaires lisation de ces fonds, gérés de manière très Le niveau de la dette prise en compte du système. En 1995, comme l’année précé- Source : ministère du logement déconcentrée, sont telles, d’un département à dépend aussi largement des moyens finan- dente, douze départements, parmi lesquels le l’autre, qu’on peut légitimement s’interroger ciers de chaque FSL. En Meurthe-et-Moselle, Pas-de-Calais, l’Oise, le Val-d’Oise et la Seine- Les hausses enregistrées à Paris et proche banlieue sont très faibles. sur l’équité du système . seules sont admises les dettes inférieures à et-Marne ont consacré moins de 15 % des Par rapport à 1995, la surface moyenne des logements s'accroît Le nombre de familles aidées s’est accru, en 35 000 francs mais la barre chute à aides des FSL aux locataires du parc privé. en province. une seule année, de 15 %, dépassant les 20 000 francs dans le Bas-Rhin, et à 200 000 en 1995. Depuis 1992, 78 départe- 10 000 francs dans la Haute-Marne et le Puy- Ch. G. Les jeunes adeptes des catacombes inventent des rituels et des codes souterrains LE « K-TA’S LAND » parisien – « Descendre dans les carrières, 14e arrondissements sont les plus explique le commandant Saratte, Depuis les années 80, de nou- sans plan toute une troupe de visi- lire « cata » pour « catacombes » dit « l’Ancien », un cadre à la cin- fréquentés. Ils représentent un n’est pas la répression à outrance. veaux codes et usages structurent teurs. Les lampes à acétylène – – est investi d’une nouvelle géné- quantaine discrète, c’est plonger « immense espace de liberté, de La délinquance du dessous n’est le petit peuple des cataphiles. Pre- l’« acéto » –, les bottes et le ration de visiteurs. Les « nouveaux dans un univers hallucinatoire et gratuité et de rencontre pour des pas plus exarcerbée qu’en sur- mière étape pour faire partie de la casque, indispensables dans les cataphiles », comme le dit Pétro- onirique. Expérimenter une nou- jeunes essentiellement urbains et face. » Contrairement aux idées confrérie : choisir un pseudo- galeries basses ou engorgées léum, adepte depuis 1991, qui tra- velle dimension temporelle et spa- blancs », explique Eric, étudiant reçues, les cataphiles ne sont ni nyme. La « K-taliste » dressée par d’eau, distinguent l’aspirant vaille sous son vrai nom et «en tiale. Les carrières sont féminines. en histoire. Un autre habitué des adeptes de messes noires ni de Docteur Calma, Cytee et Taara, « kata’star » du « touriste » aux surface » à Air France. Quand il C’est un univers protecteur, clos sur lieux raconte qu’« un mur, débauche sexuelle – « nous consultable sur Internet, en réper- baskets détrempées. n’explore pas une nouvelle por- lui-même, matriciel. » construit par l’IGC [inspection n’avons jamais trouvé trace de torie 1 141. Les nouveaux se nom- tion du réseau souterrain, le jeune Situées sur deux étages sous les générale des carrières], sépare le rituel satanique ou d’orgie », ment Claustrophile ou Pétroléum, LA MORT DE RAT BLEU homme écrit des fictions ayant les égouts et le métro parisiens, les réseau souterrain au niveau des assure le policier. les anciens s’appelaient The Rats, La nomination d’une salle et catacombes pour toile de fond. réseaux labyrinthiques des 13e et boulevards des maréchaux. La ban- La culture souterraine se prête TNT (expert dans le dynamitage son aménagement font aussi par- lieue leur fait peur ». tie du mythe. Le « graphe des Ces anciennes carrières souter- Rats », une énorme vague, donne raines, gérées depuis 1977 par Soirées « poubelle » et défense du patrimoine ainsi son nom à « la plage », Le domicile parisien de Maurice Papon l’IGC, sont interdites au public par théâtre de nombreuses fêtes sou- un arrêté préfectoral de 1955. Les « cataphiles » ont leurs ennemis, leurs « briseurs de rêves », dit terraines. La mort de Ratus, le rat Depuis quelques années, la police l’un d’eux. Les tagueurs irritent surtout les « puristes », défenseurs bleu des KCP, fut l’occasion est placé sous protection policière des carrières et l’IGC ont tenté acharnés des « carrières propres ». A l’initiative de l’Organisation d’inaugurer « la salle aux d’endiguer cette fréquentation pour la connaissance et la restauration d’au-dessous terre (OCRA), miroirs » : parmi les offrandes DEVANT comparaître à partir du 8 octobre devant la cour d’assises de la clandestine, condamnant systé- de grandes soirées « poubelle » réunissent régulièrement des offertes au défunt rongeur se Gironde pour complicité de crimes contre l’humanité, Maurice Papon matiquement les entrées – des centaines de participants : on ramasse les détritus laissés là par des trouvait un beau miroir sur pied, dispose d’une garde policière statique devant son domicile parisien, a puits de 10 à 20 mètres fermés par visiteurs sans scrupule, on gratte les tags des parois. qui fut brisé. Ses éclats habillent annoncé dimanche 10 août son avocat, Me Jean-Marc Varaut, sur des plaques disséminées sur le « On trouve des puits, des encorbellements du XVIIIe siècle, et des aujourd’hui les murs. Europe 1. pavé. Cette politique a découragé épures d’architectes tracées au crayon ou des témoignages de commu- Véritable mémoire des lieux, Cette protection policière, dont l’existence est confirmée au ministère de les curieux, mais non les « cata- nards sur les murs », explique Marc Leviel, président de l’OCRA, qui « l’Ancien » se souvient de ses l’intérieur, intervient alors que l’ancien secrétaire général de la préfecture philes » aguerris qui n’hésitent réclame « une véritable politique de protection du patrimoine ». Les premières émotions cataphiles, de la Gironde, accusé d’avoir participé à la déportation de 1560 juifs pas à rouvrir les points d’accès si infiltrations de béton effectuées en vue de consolidation par « l’odeur humide du calcaire, l’obs- entre juillet 1942 et mai 1944, est soumis à un contrôle judiciaire qui lui nécessaire. l’inspection générale des carrières amenuise chaque jour le réseau. curité, l’excitation .» « Il n’y avait interdit notamment de sortir du territoire métropolitain et lui impose « Une vraie peau de chagrin », déplore Manu, cataphile averti. pas encore toute cette mode cata- d’informer au préalable la juridiction compétente de tout déplacement DE 5 000 À 8 000 « CATAPHILES » phile, ni tract, ni pseudo, souligne- hors de Paris (Le Monde du 9 août). L’équipe de recherche et t-il. Les jeunes descendaient sans d’intervention en carrières (ERIC) plutôt au fantastique, mélange de des chatières closes par l’IGC), et plan, juste pour se faire un peu a ASSASSINAT : un homme de trente-huit ans a été mis en examen de la 2e division de police judi- bandes dessinées et d’images aussi KCP pour Kmar, Cochies et peur, et se lassaient vite . » En 1988, et écroué, dimanche 10 août à Périgueux (Dordogne), pour « enlève- ciaire évalue entre 5 000 et 8 000 le vidéo. Les cataphiles aiment cra- Patty, sans oublier Ratus, un rat « l’Ancien » a recommencé à des- ment et séquestration suivis de la mort de la victime, viol accompagné d’actes nombre de personnes descendues quer des fumigènes dans l’obs- bleu au pelage teinté au bleu de cendre sous terre, cette fois avec de torture et de barbarie et assassinat », par le juge chargé de l’enquête sur en 1996, contre 10 000 à 15 000 les curité, se raconter des histoires de méthylène, devenue une figure ses deux enfants. « J’avais réussi à le meurtre de la jeune Maryline. Interpellé vendredi soir, il aurait avoué années précédentes. Sur 2 000 troisième sous-sol. Certains des- mythique. me procurer un plan auprès d’un avoir tué la jeune fille, âgée de dix-sept ans, dont il avait trouvé les coor- contrôles effectués l’an dernier cendent « pour faire quelques ren- Autre pratique essentielle : celle jeune cataphile, le fameux plan données sur un serveur minitel proposant des services de baby-sitters. par les hommes du commandant contres », d’autres viennent du « tractage ». Le jeu consiste à Giraud, tracé par un ancien, a MEURTRE : un père de famille a tué son épouse et ses deux Jean-Claude Saratte, la fréquenta- « fumer un “ cône ” et comater un faire circuler des tracts, à les explique-t-il. Au début, nous des- enfants, âgés de trois et cinq ans, dans la nuit du samedi 9 au dimanche tion des carrières s’est révélée à peu ». La « défonce pure » n’est cacher, à les chercher, à les collec- cendions dans le plus grand secret. 10 août, à Aisonville (Aisne), avant de retourner son fusil contre lui. Griè- 84 % masculine et à 41 % estudian- pas leur motivation principale – tionner. Ces missives cataphiles – Un jour, ma fille a souhaité faire des vement blessé, il a été hospitalisé au CHRU d’Amiens (Somme). tine ; 9 % des visiteurs avaient selon la police, on ne trouve ni messages personnels, informa- rencontres. Et, à ma grande sur- a NOYADES : trois plaisanciers ont trouvé la mort, dimanche moins de 18 ans, 59 % entre 18 et drogue dure ni seringue dans les tions sur la vie souterraine, prise, ces jeunes gens m’ont 10 août, en Bretagne, en raison des orages et des vents très violents. L’un 25 ans et 32 % plus de 25 ans. carrières. Le plus souvent, l’atmo- poèmes, bandes dessinées –, accueilli comme l’un des leurs. » d’eux est tombé à l’eau au sud de Belle-Ile (Morbihan), près de l’île de Toutes les catégories socioprofes- sphère reste ludique. Pour preuve, s’adressent essentiellement aux Depuis, l’Ancien fait partie, Hoedic. Près de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), deux personnes âgées, qui sionnelles étaient représentées. le traditionnel bizutage souterrain initiés. Plus on « tracte », plus on comme « kata’star », du gotha des naviguaient sur la Rance, sont mortes noyées après le chavirement de leur L’ERIC n’intervient qu’en cas de de l’Ecole des mines laisse chaque a de chances d’être intronisé nouveaux cataphiles. bateau. bagarre et délivre parfois quel- année une nouvelle fresque sur un « kata’star ». Pour conquérir ce ques amendes. « Notre but, mur réservé. titre, il faut être capable de guider Avigal Amar LeMonde Job: WMQ1208--0007-0 WAS LMQ1208-7 Op.: XX Rev.: 11-08-97 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 32Fap:99 No:0260 Lcp: 196 CMYK
7 RÉGIONS LE MONDE / MARDI 12 AOÛT 1997
ASSOCIATION Nantes et Saint- quième agglomération française et la développement de Saint-Nazaire, le Port autonome de Nantes - Saint- le concept de Nantes-Atlantique, Nazaire, avec les 97 autres communes vingt-cinquième ville européenne. comptait en 1965 les deux villes Nazaire. b DEPUIS le début des an- l’université de Nantes a une antenne de l’estuaire de la Loire, forment le b L’ANTAGONISME HISTORIQUE comme l’une des six « métropoles nées 90, les actions de coopération se à Saint-Nazaire, les municipalités se premier ensemble urbain du Grand entre les deux villes disparaît peu à d’équilibre » destinées à contrebalan- multiplient : les chambres de rencontrent deux fois par an avec les Ouest – 784 000 habitants –, la cin- peu. L’Etat, qui imposa à Nantes le cer le poids de Paris, et créait en 1966 commerce des deux villes ont créé agences de développement... Nantes et Saint-Nazaire s’associent pour constituer la métropole du Grand Ouest Progressivement, et après des années d’antagonisme, les deux villes de l’estuaire de la Loire mettent leurs atouts en commun pour prendre place parmi les grandes agglomérations européennes, en regroupant 99 communes et 784 000 habitants
NANTES fusèrent absolument de voir émer- tés négocient avec celui-ci un de notre correspondant ger un port et une ville concurrente. L'urbanisation de l'estuaire de la Loire programme concerté d’aménage- Trente ans après avoir été « Les bourgeois nantais se rendaient ment de développement et de pro- conceptualisée par la Datar, à La Baule sans jeter un œil sur Saint- tection de l’estuaire de la Loire. « Nantes-Saint-Nazaire, la métro- Nazaire la rouge. A l’inverse, Saint- L’Etat promulguera ensuite une di- pole de l’Ouest », prend corps. Les Nazaire a cru longtemps se suffire à rective territoriale d’aménagement
élus et milieux économiques locaux elle-même. Les ouvriers des chantiers ST-NAZAIRE LOIRE qui cadrera les chantiers des décen- ont enfin relayé les théoriciens de navals se fichaient pas mal de NANTES nies à venir. l’aménagement du territoire. Matin Nantes, eux qui construisaient les plus LA GRANDE « Les prises de conscience de et soir, la quatre-voies qui relie les beaux bateaux du monde. Il y avait BRIÈRE l’échelle européenne et de la mondia- deux villes ressemble à un boule- souvent plus de différence entre les E lisation ont été fondamentales pour IR MARAIS LO accélérer le mouvement », juge le vard urbain. Toutefois, même si deux unions locales d’un même syndi- SALANTS elles ont évolué, les mentalités des cat qu’entre deux syndicats diffé- maire (PS) de Nantes, Jean-Marc « Nanto-Nazairiens » ne sont pas rents », se souvient Laurent Théry, Ayrault, selon qui « les Nazairiens encore au diapason de leurs déci- qui a piloté l’agence de développe- PRAIRIES HUMIDES ont compris qu’ils ont besoin de DE L"ESTUAIRE deurs. L’antagonisme historique des ment économique de la région na- ST-NAZAIRE DE LA LOIRE NANTES Nantes et les Nantais ne considèrent deux villes ne peut s’effacer d’un zérienne avant de prendre la direc- plus Saint-Nazaire comme une zone OCÉAN trait. tion du district de l’agglomération industrielle ». Sur la carte, il paraît évident que nantaise. ATLANTIQUE 10 km Nantes et Saint-Nazaire ont un des- La situation n’a véritablement « DONNER UNE PERSPECTIVE » tin commun, lié à l’estuaire de la évolué que dans les années 90. Ou- L’université de Nantes a délocali- Loire qui les sépare de 70 kilo- bliant leurs querelles passées, les ESPACE URBANISÉ Lac de Grand-Lieu Source : IGN-POS Communes sé une antenne à Saint-Nazaire qui, mètres. L’aire métropolitaine défi- chambres de commerce et d’indus- de son côté, a adhéré aux syndicats nie pour le mettre en œuvre compte trie des deux villes ont créé le Les politiques ont embrayé au Loire, les deux CCI, le port de tenir un consensus. C’est grâce à d’animation de la technopole de 99 communes et 784 000 habitants. concept de Nantes-Atlantique pour sein de l’association communau- Nantes-Saint-Nazaire et l’Union elle que le département et la région Nantes. Deux rencontres annuelles « Elle cumule la plate-forme indus- manifester le potentiel de l’estuaire, taire de l’estuaire de la Loire (Acel), maritime de la Basse-Loire (groupe- ont joué le jeu du rapprochement entre maires, membres de leur cabi- trialo-portuaire nazairienne, les puis ont montré l’exemple en re- qui réunit la ville de Saint-Nazaire, ment des usagers du port). L’Acel de Nantes et de Saint-Nazaire dont net, secrétaires généraux et agences centres de décisions tertiaires nantais groupant leurs services au sein du le district de l’agglomération nan- est le lieu où les grands élus de l’es- ils pourraient pourtant tirer om- de développement mettent en place et les plages de l’océan », jubile Joël groupement interconsulaire atlan- taise, le département de Loire- tuaire débattent à huis clos de son brage. Après la charte d’objectifs si- les questions traitées en commmun Batteux, le maire (MDC) de Saint- tique. Atlantique, la région Pays-de-la- aménagement, avec l’objectif d’ob- gnée par l’Etat en 1995, les collectivi- au fil de l’année. Les deux villes pré- Nazaire. C’est le premier ensemble sentent ensemble leur potentiel au urbain du Grand Ouest, la cin- Salon de l’immobilier de Cannes et quième agglomération française et au Salon nautique de Paris. Elles la vingt-cinquième ville européenne. Roubaix va retrouver son musée et sa mémoire multiplient les actions de communi- Quand elle est privée de Saint-Na- cation conjointes et esquissent un zaire, Nantes peine à se faire re- LILLE A l’horizon 2000, les Roubaisiens pourront notamment pour le Musée d’Orsay, a parti- territoire culturel commun, dont connaître comme capitale des pays de notre correspondante de nouveau pousser les portes du magnifique culièrement veillé au respect des lieux pour l’exposition « Estuaire », qui se tient de la Loire, elle a du mal à être dis- Voilà une dizaine d’années, Roubaix per- bâtiment. Mais l’ancienne piscine se sera mé- en sauvegarder toute la beauté et l’âme. Les à Nantes, est un premier signe fort. tinguée de Rennes, deux fois plus dait sa célèbre piscine art déco de la rue des tamorphosée en Musée d’art et d’industrie. collections textiles seront ainsi disposées Les journaux municipaux échangent petite, elle rétrograde au septième Champs. Une piscine municipale pas tout à Un vaste musée dédié pour l’essentiel au tis- dans les anciennes cabines de douches de leurs informations et, des deux cô- rang français et au quarante-qua- fait comme les autres, la plus belle de France su dans tous ses états, à découvrir à travers faïence aménagées en vitrines, le bassin sera tés, on rêve de voir les quotidiens trième rang européen. selon les Roubaisiens. Sa façade byzantine, une collection de 30 000 pièces présentant la conservé et s’y refléteront des sculptures ex- Ouest-France et Presse-Océan créer son jardin intérieur, ses bains-douches, son création de textiles, de l’Egypte copte aux posées sur les berges, les collections beaux- des rubriques « Nantes-Saint-Na- IMPOSÉ PAR L’ÉTAT bassin tout en longueur décoré de carreaux produits les plus contemporains, des cen- arts seront réparties dans les anciens bâti- zaire ». En septembre, le nombre de Après avoir imposé, au de céramique et alimenté en eau par une tête taines de milliers d’échantillons exprimant la ments de bains. liaisons ferroviaires et routières (au- XIXe siècle, le développement de de Neptune que des générations de Roubai- diversité du vêtement en France de 1835 à Au-delà de la résurrection de ce lieu ma- tocar) passera de quatorze à vingt- Saint-Nazaire aux Nantais, l’Etat fut siens rebaptisèrent « le Lion » lui donnaient, 1940, des collections de mode et d’art décora- gique, Roubaix va surtout retrouver un véri- trois. « Il faudrait arriver à ce qu’un le premier à afficher la complémen- c’est certain, un charme incontestable. tif. Son conservateur, Bruno Gaudichon, en- table musée. Un événement de taille lorsque jeune Nantais puisse aller passer un tarité des deux villes. Parmi les six Inaugurée au début des années 30, en plein tend ouvrir cet espace culturel à de nouveaux l’on sait que la ville en fut privée pendant une après-midi sur les plages de Saint- « métropoles d’équilibre » choisies cœur du quartier textile, elle avait été conçue publics, aux plus jeunes en particulier, mais cinquantaine d’années. Depuis la fermeture Nazaire pour le prix d’une place de en 1965 pour contrebalancer le selon les plans d’Albert Baert, un architecte aussi au monde de l’entreprise en exposant, de son Grand Musée national en 1940 – l’es- cinéma », juge Laurent Théry. poids de Paris, figurait celle de aux convictions sociales affirmées. A une par exemple, les travaux des jeunes créateurs sentiel des collections avaient alors été dis- Jean-Marc Ayrault reste pragma- Nantes-Saint-Nazaire. Un schéma époque pas si lointaine où Roubaix vivait de de la région. persées – jusqu’à l’ouverture d’une salle de tique : « Il n’est pas question de créer directeur d’aménagement de l’aire l’industrie textile, le maire – un certain Jean préfiguration attenant à l’hôtel de ville en dé- une superstructure mais de donner métropolitaine (Sdaam) fut adopté Lebas, qui deviendra ministre du travail de FERMÉ EN 1940 cembre 1990, qui marqua une première étape une perspective. Le rapprochement, dès 1970. Léon Blum – voulait donc offrir à tous non Pour l’heure, les grands travaux de rénova- vers la naissance du Musée d’art et d’indus- cela se gagne tous les jours, c’est C’est aussi l’Etat qui a créé le port seulement la salubrité et l’hygiène, mais aussi tion viennent de commencer. La première trie, Roubaix demeura en effet la seule ville comme la coopération intercommu- autonome de Nantes-Saint-Nazaire un cadre somptueux. Au fil des années, la pis- pierre a été posée en juin dernier et le coût de cette importance sans musée, dans une nale. » Joël Batteux s’attache lui en 1966, nouant le premier lien insti- cine resta un lieu exceptionnel de conviviali- de l’opération s’élève à 91 millions de francs, région où le tissu muséal est pourtant l’un aussi à l’évolution des esprits : «La tutionnel entre les deux cités. Le té, de mélange social, un lieu de mémoire... apportés conjointement par l’Etat, la région des plus denses de France. Une anomalie ville, c’est d’abord l’idée que l’on s’en plus symbolique aussi puisque le jusqu’à ce que, pour cause de sécurité, on dé- Nord-Pas-de-Calais, la ville de Roubaix, le dé- bientôt réparée. fait. » port fut leur principale pomme de cide de la fermer en 1986. La voûte de béton partement du Nord et les fonds européens. discorde. Longtemps les Nantais re- qui supportait l’édifice était fragilisée. L’architecte Jean-Paul Philippon, qui travailla Nadia Lemaire Adrien Favreau Violentes polémiques autour de la politique culturelle en Corse Un nouveau directeur des affaires culturelles devrait être nommé après la diffusion d’un rapport accusant les institutions de l’île
UN APPEL à candidature pour fantasmes collectifs de représenta- « scandalisé » que cette séduction mais révélées seulement par le do- savoir, le 30 juillet, qu’il était prêt à que, si la région joue le jeu pour obtenir l’emploi de directeur régio- tion (cette nébuleuse « identitaire » fâcheuse triomphe au Musée de la cument sulfureux, semblaient dé- en faciliter la réalisation –, la Ca- l’heure, elle pourrait envisager de nal des affaires culturelles (Drac) qui fait confondre « civilisation », Corse (Le Monde du 25 juin), la noncer. mara sindicale se donnait pour am- s’en dispenser si l’Etat dénonce son en Corse a été publié au Journal of- « culture », « loisir » et « folklore »), présentant comme « un relent de La toute jeune Camara sindicale bition d’évaluer les besoins, mesu- engagement, officiellement équi- ficiel du 25 juillet. Ainsi s’achève la les chevauchements de compé- lutte des classes ». du a cultura, chambre syndicale rer les difficultés rencontrées, mais, valent. crise singulière qui a opposé, de- tences (le préfet y est fermement La diffusion de ce document, née le 22 mars d’une consultation plus encore, se poser en instance Ce chapitre − qui permet la diffu- puis la mi-juin, l’actuel titulaire de épinglé pour des ingérences jugées conçu pour une audience plus organisée à l’initiative du conseil de concertation, en interlocuteur sion de l’action culturelle soit sur la charge, Jean-François Mozzi- déplacées jusque dans l’attribution confidentielle, a enflammé les es- économique, social et culturel pour prêt à participer à l’élaboration des l’année (théâtre jeune public au conacci, aujourd’hui en congé, et le de subventions qui porteraient prits. Moins pour le tabou de l’in- la mise en œuvre de la charte politiques culturelles dans l’île. Par centre culturel de Bastia, saison milieu culturel de l’île, dont il était « ridicule » et « discrédit » sur les dicible qu’il romprait que pour la culturelle, prit une position plus ra- cette ambition affichée, le collectif théâtre et musique de l’Aghja à l’un des interlocuteurs privilégiés. services de la Drac), et les acteurs suspicion qu’il fait planer sur dicale. Alain Juppé avait promis projetait une plus stricte responsa- Ajaccio), soit sur un rythme festi- La déconcentration des pouvoirs culturels eux-mêmes, dénoncés toutes les entreprises culturelles de une charte culturelle destinée à bilisation des partenaires. valier annuel (BD à Bastia avec de l’Etat en matière culturelle a fait comme formant de « véritables ré- l’île. compléter le contrat de Plan, puis à Dans un communiqué du 2 juil- Una Volta ou les rencontres de de l’île une sorte de laboratoire, seaux » et bénéficiant d’« extrava- s’y substituer, éventuellement, à let, la Camara sindicale exigeait chants polyphoniques de Calvi) − plus volontiers expérimental gantes subventions ». Villes et dé- l’expiration de celui-ci. Elle a été en « la destitution immédiate de l’ac- condamne à mort toutes ces ma- qu’exemplaire. Cette réforme, qui partements y sont caractérisés Selon le Drac, grande partie élaborée par le direc- tuel Drac, en lequel [elle] ne re- nifestations si les subventions ac- a confié l’attribution des crédits comme ne constituant « pas des teur régional des affaires cultu- conna[ît] plus l’interlocuteur loyal, cordées jusqu’ici ne sont pas re- culturels, jusqu’ici du ressort des partenaires solides ». Il ne resterait il ne resterait relles, mais sans concertation préa- compétent et soucieux d’équité que conduites. C’est ainsi qu’A Filetta « services centraux » du ministère, en fin de compte que « médiocrité, lable avec les acteurs culturels doit être le représentant de l’Etat », et U Svegliu Calvese tentent déses- aux directeurs régionaux des af- imposture et lassitude ». en fin de compte concernés − son budget prévision- et « l’ouverture d’urgence des négo- pérément de trouver d’autres par- faires culturelles (Le Monde du Dans ce rapport, le Drac pose de nel étant de 27,8 millions de francs. ciations avec le nouveau ministre de tenaires pour ne pas annuler la 28 mai), a fait en Corse, dans les façon aiguë le problème des que « médiocrité, Epinglé dès sa naissance par Jean- la culture ». IXe édition des Rencontres de Cal- milieux culturels, l’objet d’un âpre moyens humains à sa disposition, François Mozziconacci comme une La suspicion générale provoque vi, qui débutent le 16 septembre, débat dont l’issue pourrait faire ju- dont l’insuffisance, reconnue, n’est imposture association de « quémandeurs pro- d’autres « sorties » remarquées. mais que les autres actions dispa- risprudence. pas corrigée. Il s’inquiète des diffi- fessionnels, artistes autoproclamés et Dans la livraison de juillet d’A Mes- raîtront si, d’ici septembre, aucune A l’origine de l’« affaire », un cultés à obtenir une réponse à des et lassitude » créateurs autocélébrés » dont l’ap- sagera, Florence Antomarchi, dans solution n’est envisagée. Or le si- rapport émanant de la direction ré- courriers pourtant officiels – mais pétit serait aiguisé par l’annonce un article au titre explicite − « Les lence des interlocuteurs accroît le gionale des affaires culturelles de l’expérience prouve que dans l’île de cette manne complémentaire, le plombs ont sauté ! » −, plaint iro- malaise. Corse et adressé au ministère, au- le phénomène est rien moins que Les premiers à réagir furent les collectif provisoire de la Camara niquement « un Drac-Calimero » Pour l’heure, la Corse tourne son torité de tutelle, dont la teneur a banal. Plus fondamentalement, il responsables d’Una Volta, centre sindicale venait de se doter d’une qui trouve si peu de projets dignes regard vers Paris. Que va faire le scandalisé nombre d’acteurs cultu- doute du réalisme, dans l’état ac- culturel de Bastia, du Svegliu Cla- structure intégrant, par collèges, du financement de l’Etat que la do- ministère ? On imagine mal que le rels de l’île. Selon ce Bilan d’activité tuel des choses, de « projets médi- vese, des éditions Albiana, qui ac- chacun des domaines de l’expres- tation qu’il défend n’a cessé de dialogue aussi brutalement inter- 1996, sorte de brouillon d’humeur terranéens » largement invoqués compagnèrent le président du sion culturelle lorsqu’est sorti le chuter depuis 1995 (1,85 million de rompu puisse être renoué sans sé- de Jean-François Mozziconacci alors que la Corse n’entretient de conseil économique, social et rapport. francs, puis 1,45 million en 1996, et quelles. Mais la fonction de Drac – directeur régional des affaires liens réguliers qu’avec la France culturel, Toni Casalonga, chez le Celui-ci raillait le projet originel enfin 0,4 million en 1997). Il est vrai est périlleuse et le terrain miné. Il culturelles (Drac) depuis 1994, il continentale. Il s’inquiète encore préfet de région pour lui faire part de l’association. Outre la demande que cette ligne, qui concerne l’aide faudra bien du talent à l’artificier venait au printemps de voir son de la survie tenace d’une vision ro- de leur stupeur et obtenir de lui la adressée à la collectivité territoriale au fonctionnement des structures attendu pour restaurer l’indispen- mandat prolongé pour deux ans –, mantique et caricaturale de l’île garantie du respect des engage- de Corse d’un audit sur l’engage- culturelles, devrait être alimentée sable sérénité. tout travail sérieux semble problé- dont le « berger-bandit-chanteur » ments de l’Etat que les coupes ment financier de l’Etat et de la ré- de 4 à 5 millions de francs par an matique en Corse. Accusés : les est devenu l’icône. Il s’affirme budgétaires, opérées au printemps, gion depuis 1989 – le préfet a fait sur la durée du contrat de Plan ; et Philippe-Jean Catinchi LeMonde Job: WMQ1208--0008-0 WAS LMQ1208-8 Op.: XX Rev.: 11-08-97 T.: 08:53 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 32Fap:99 No:0261 Lcp: 196 CMYK
8 / LE MONDE / MARDI 12 AOÛT 1997 HORIZONS ENQUÊTE
E jour-là, il était Edward Behr, à son domicile hauts fonctionnaires plus pro-pakis- midi à Peshawar et de Ramatuelle, tanais que les Pathans eux-mêmes ! » il faisait beau. Ce près de Saint-Tropez. C’est pourquoi, quand, le 26 avril, n’était pas un de Le journaliste britannique debout sur un talus de chemin de ces jours étouf- était officier fer aux côtés de son épouse Edwi- fants de l’été in- de renseignement na, Lord Louis apparaît, face à des dien, quand le ciel dans l’Indian Army milliers de Pathans en armes, il ne lourd de la mous- au moment de la partition court pas grand risque, contraire- son pèse sur les de l’empire des Indes. ment à ce qu’écriront plus tard cer- têtes et les âmes. Ce jour-là, c’était De Peshawar, où on le voit tains historiens. Edward, lui, en rit Cle 15 août 1947, et ce n’était pas un photographié (ci-dessous, au encore : la grande manifestation jour comme les autres : sur une troisième rang, le quatrième était largement « de la mise en vaste et poussiéreuse esplanade du en partant de la gauche) scène ». Pour souligner la force du chef-lieu de la « province du Nord- en avril 1947, en compagnie sentiment pro-pakistanais... Ouest », à l’extrême occident des du 1er bataillon C’est en septembre que les Indes, une émouvante cérémonie du « Royal Garhwal Rifles », choses vont se gâter à Peshawar. était en train de marquer la fin il assista à la naissance Un incident entre militaires musul- d’une époque. La parade réunissait du Pakistan. Il s’en souvient mans et soldats sikhs qui n’avaient plusieurs centaines de soldats au- comme l’histoire pas encore quitté le Pakistan tourne tour d’un mât où, avec la digne len- d’un « grand chaos ». à la bataille rangée dans le canton- teur qui sied aux crépuscules des ment, le quartier des soldats. La ru- empires, l’« Union Jack » britan- meur se répand rapidement dans nique était amené. pose le plan de partage : les régions toute la région et des hordes de Pa- à majorité musulmane de l’ouest et thans descendent de leurs mon- de l’est de l’Inde iront au Pakistan. tagnes pour massacrer sikhs et hin- LA FIN DE L’EMPIRE DES INDES Le reste reviendra à l’Inde. Les ma- dous restés sur place. « Un accès de haradjahs hindous et les nizams folie meurtrière qui dépassa tout ce Un autre drapeau remplaça aus- musulmans, à la tête des 562 Etats que l’on avait pu connaître dans le sitôt celui qui avait longtemps flot- princiers qui avaient conservé une genre en Inde », affirme Edward té sur la partie d’un empire où, relative indépendance sous le règne Behr. C’est le vrai baptême du feu jusque là, « le soleil ne s’était jamais britannique, devront se prononcer du jeune capitaine. Il tire sur trois couché » : c’était une oriflamme pour l’accession de leurs royaumes Pathans en train de se livrer à des vert et blanc frappée du croissant à l’une ou l’autre des deux nou- massacres à l’hôpital militaire. Il les islamique éclairé d’une étoile velles nations. Le plan est accepté. tue. « Je devais le faire pour sauver blanche. Le drapeau du nouveau Le 18 juillet, le Parlement britan- d’autres vies. » Pakistan. C’était la fin du « British SIPA nique vote l’« India independance Raj », une expression anglo-hindie act ». AIS il se souvient de qui signifiait « la couronne britan- Auparavant, le vice-roi a décidé « son sentiment d’an- nique ». C’est-à-dire l’empire des d’avancer la date du transfert de M goisse », alors que les Indes. Un long règne s’achevait ain- souveraineté : ce sera le 15 août tueries prenaient une ampleur sans si au son de la cornemuse des sol- 1947. Alors que les tensions conti- pareille. « Ce furent des journées dats en kilt du régiment des « Black nuent et que certains massacres d’horreur. Il y eut sans doute mille Watch », qui entamèrent avec un commencent entre hindous et mu- morts par jour pendant huit jours. nostalgique entrain All the Blue sulmans, il ne reste plus que quel- Une fois, j’ai découvert un charnier Bonnets are over the Border (Tous les Edward Behr, ques mois aux chefs des partis et où gisaient une trentaine de ca- bonnets bleus ont franchi la fron- aux Britanniques pour éviter le pire. davres. Parmi eux, il y avait des tière), hymne impérissable sans C’était un véritable défi, explique femmes aux seins coupés. La police doute inventé un soir de brume par Edward Behr. Les hindous et sikhs était débordée. C’était le bordel un Ecossais ayant abusé du breu- des régions à majorité musulmane complet dans Peshawar. » vage national et que le dernier car- ré des officiers britanniques de Pes- hawar avait choisi comme chant d’adieu aux Indes... au service En ce 15 août 1947, les provinces à majorité musulmane des régions occidentales et orientales de ce qui avait été l’Inde unie devenaient in- dépendantes. Elles s’appelleraient dorénavant « Pakistan ». Elles se- raient séparées par plus de quinze cents kilomètres de territoire in- dien... Le reste de la gigantesque de Sa Majesté péninsule, le « cœur » du sous- continent à majorité hindoue, gar- derait son nom d’origine : l’Inde. Au pied du mât, un jeune Britan- nique regardait avec sérénité se dé- rouler cette cérémonie qu’il avait été chargé d’organiser. Ce jeune of- ficier sanglé dans la tenue vert olive à Peshawar du corps expéditionnaire de Birma- nie ne regrettait rien. Il n’avait pas d’états d’âme. Il n’était en fait pas fâché de voir les Britanniques quit-
ter les Indes alors que leur an- 1 DR cienne colonie accédait enfin à la li- berté au terme d’une longue, senti « une tristesse à pleurer ». « Je ou à peu près, des tourments et des pire des Indes, à son démembre- font mouvement vers l’Inde et les Revisités aujourd’hui, attablé au- douloureuse, mais, somme toute, savais que le départ de mes hommes désordres de la seconde partie du ment, à sa partition et aux terribles musulmans des régions à majorité tour d’un chicken curry qu’Edward pacifique lutte pour l’indépen- et la partition de l’empire mettaient XXe siècle. En cinquante ans, il aura massacres qui en découleront. hindoue partent dans l’autre direc- prépare lui-même dans la grande dance : depuis l’hiver précédent, il un terme définitif à une époque de crapahuté auprès des troupes amé- Depuis l’arrivée au pouvoir des tion, vers le Pakistan, occasionnant cuisine de sa maison de Rama- était posté à Peshawar et, depuis ma vie », se souvient-il, cinquante ricaines au Vietnam, assisté aux dé- travaillistes en Grande-Bretagne, le l’un des plus grands transferts de tuelle, dans l’arrière-pays de Saint- longtemps, il était tombé amou- ans plus tard. buts chaotiques du Zaïre, patrouillé 26 juillet 1945, le premier ministre, population de l’Histoire (12 à Tropez, les souvenirs de l’ancien reux de ce pays. Ce jeune officier est aujourd’hui dans la montagne aux côtés des Clement Attlee, a décidé de liquider 14 millions de personnes). Et la fu- soldat au service de Sa Majesté Mais, deux jours plus tôt, quand un vieux jeune homme de soixante hommes du FLN algérien. le plus cher des « joyaux de la cou- reur va s’emparer de nombreux ex- dans Peshawar ensanglantée les soldats hindous aux yeux légè- et onze ans. Entre-temps, il est de- Mais la carrière de l’ancien grand ronne » britannique : l’Inde. En- trémistes des deux camps : entre semblent presque irréels... Qui est rement bridés des habitants de venu l’une des stars du journalisme reporter de Time Life et de News- suite, tout va aller très vite, plus deux cent mille et un million de responsable de ce « grand chaos » l’Himalaya qui composaient son ré- international. Après avoir assisté à week, c’est à Peshawar qu’elle a vite qu’on ne l’aurait cru : au mois personnes seront massacrées. Au- que fut la partition ? giment, le « Royal Garhwal Rifles », la fin de l’empire des Indes britan- vraiment commencé, dans ces de mars 1946, Lord Louis Mount- jourd’hui encore, les sources di- « Mountbatten !, répond l’ancien étaient retournés en Inde, le jeune niques, Edward Behr choisit le mé- confins de l’Afghanistan, non loin batten, vicomte de Birmanie et vergent sur l’exact bilan du bain de capitaine de l’armée des Indes bri- officier de vingt et un ans avait res- tier de reporter et « couvrit » tout, de la célèbre passe de Khyber, où cousin du roi d’Angleterre, arrive à sang. tanniques. C’était un acteur extraor- défilèrent, durant des New Delhi pour devenir le dernier Curieusement, en ces sombres dinaire, un grand communicateur, siècles, les vagues suc- vice-roi des Indes. Les jeux sont journées où la province du Pendjab mais un homme pressé : pourquoi Naissance de l'Inde et du Pakistan en 1947 après la partition cessives d’envahis- pratiquement faits : dès la mi-avril, est endeuillée par les carnages, plus avança-t-il la date de la partition ? de l'empire des Indes britannique seurs en route vers les il a compris que la partition des au nord, dans cette « province du S’il avait pris son temps, s’il avait at- Peshawar Indes. Pour ce jeune Indes est inévitable. Car, entre les Nord-Ouest » devenue pakista- tendu pour mettre en place une ad- Britannique né à Paris, deux grands acteurs de la lutte anti- naise, tout est calme à Peshawar. ministration militaire efficace, on au- cette étonnante britannique, la rupture est presque Depuis son arrivée, Edward Behr a rait sans doute évité beaucoup de AFGHANISTAN CACHEMIRCACHEMIRE CHINE « province du Nord- consommée, même si aucun été nommé intelligence officer : il est massacres... » Mountbatten devait Ouest » et ses fa- d’entre eux ne voulait de ce dé- chargé de faire du renseignement à d’ailleurs reconnaître, bien après, Lahore Simla rouches guerriers pa- membrement de l’Inde éternelle. la petite semaine pour le compte de qu’il n’aurait jamais pu « prévoir thans qui étaient, à son régiment. « Je n’étais qu’un ga- l’ampleur et la dimension des PENDPENDJABJAB son arrivée, « encore ’UN côté, le futur pré- min qui connaissait chaque rue, troubles »... BALOUTCHISTAN Delhi BHOUTAN Indus SIKKIM empreints d’une atmo- sident du Pakistan, Mo- chaque ruelle et chaque boutique du Edward Behr ne joue pas les an- PAKISTAN New Delhi NÉPAL sphère à la Kipling », D hammed Ali Jinnah, un vieux Peshawar. Ça avait plu à mon ciens combattants. Car l’Inde, pour (occidental) UTTAR PRADESH fut sa première aven- musulman « caricaturalement an- chef, le général Morris. Mais je lui, ce n’est pas que ces Mémoires