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1-1-2000 Conservation des habitats de Roussettes de Livingstone – Les Massifs Forestiers d’ et Moheli, Comores: Utilisation d’Indicateurs sociaux et ecologiques

Elise F. Granek Portland State University, [email protected]

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Citation Details Granek, E.F. (2000) Conservation des habitats de Roussettes de Livingstone – Les Massifs Forestiers d’Anjouan et Moheli, Comores: Utilisation d’Indicateurs sociaux et ecologiques. Ya Mkobe;Number 6-7.

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Elise GRANEK

est un bio-indicateur du type d'habitat que d'autres es­ INTRODUCTION peces endemiques de I'lle utilisent, queUes sont alors les caracteristiques biotiques et abiotiques qU'elle pre­ Le d6boisement sur les lles d'Anjouan et Moheli a fere. Afin de repondre it cette question, nous avons augment6 a un taux alarmant au cours de ce siecle adopte une demarche qui consiste a identifier les ca­ (PNUD 1998). Ce changement de la couverture des racteristiques biotiques et abiotiques specifiques aux sols et des forets naturelles a des consequences nichoirs : altitude, pente, type de versant fore stier, nefastes pour toutes les especes vivant sur les iles, en type de couvert vegetal, especes vegetales, proximite particulier pour les especes vegetales et animales par rapport aux cours d'eau, distance par rapport aux endemiques, et les communautes humaines locales. localites les plus proches des sites. Aussi, pour chacun Pour diminuer la pression anthropique sur Ie milieu des «arbres nichoirs» connus nous avons mesure la naturel, Ie Fonds pour l'Environnement Mondial et Ie taille de J'arbre, apprecie la presence d'epiphytes, et Ie PNUD ont mis en place un projet de cinq ans qui nombre d'individus habitant Ie nichoir. Nous avoos travaille avec Ie Ministere comorien de aussi identifie de nouveaux sites et avons evalue Ie l'Environnement pour creer un reseau d'aires nombre de Pteropus livingstonii pendant les saisons protegees dans les trois iles qui forment la seche et pluvieuse. Republique Federale Islamique des Comores (PNUD rapport non pub lie). Deux de ces aires protegees Enfin, oous nous sommes interesses a J'identification integreront Ie milieu forestier. II s'agit de l'aire des villages les plus actifs dans les questions liees it la protegee de Moheli et de celle de la foret de protection de l'environnement, villages qui peuveot it Anjouan. aider it proteger les zones designees. II est important La creation d'une aire protegee capable d'assurer une de savoir que sans Ie soutien des associations ULAN­ protection durable de Ia faune endemique des GA des villages limitrophes des sites proteges, les milieux forestiers ne peut se faire qu'avec la perspectives de protection de ces sites sont assez fai- ,. participation des communautes locales. II est donc bles. Pour cette raison, no us avons travaille avec deux important de mettre en place une approche qui des villages les plus actifs dans la protection de l'envi- .. permette de considerer les dimensions sociales et ronnement des nichoirs, afin de creer des cartes villa- ~ ecologiques de la conservation. geoises d'utilisation du terroir et identifier des perime- t La chauve-souris de Livingstone (Pteropus tres de protection pour les sites de Livingstone. E livingstonii), fait partie des especes endemiques des Comores. Cette chauves-souris geante, menacee A travers une analyse des donnees quantitatives et I~ d'extinction, se trouve uniquement dans les forets des qualitatives aussi bien dans l'elaboration de cartes SIG .. iles d'Anjouan et de Moheli et a ete identifiee comme (Systeme d'Information Geographique) que dans jouant un role fondamental pour la conservation de la I'identification des nichoirs sur ces cartes, nous S0111- , . biodiversite et en tant que bio-indicateur pour la foret mes capabJes de determiner les caracteristiques de I'..·: nature lIe. Pour cette raison il nous a pam interessant l'habitat de la chauve-souris de Livingstone. L'anaJyse de savoir si Ie Pteropus livingstonii peut etre un bio­ des facteurs sociaux contribuera it determiner quels indicateur fiable pour evaluer l'etat de l'habitat fores­ sites soot prioritaires en vue de la creation d'aires pro­ tier utilise par d'autres especes endemiques. Dans tegees. cette perspective, l'approche de la recherche a consistee it savoir si l'habitat de la roussette Living­ stone est egalement celui d'autres especes endemi­ LE SITE D'ETUDE ques. Dans un deuxieme temps, si Ie Pteropus livingstonii L'etude a ete menee d'aofit it decembre 1998 dans les

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forets tropicales d'Anjouan et Mobeli. La zone observees, et en inspectant les zones d'altitude ou les d'etude concerne neuf sites connus de chauves-souris especes forestieres utili sees par les Livingstone sont (Action Comores 1997), six nichoirs nouvellement encore presentes (Trewhella 1998). Pour determiner identifies, et sept sites d' observation temoins qui se les caracteristiques importantes de l'habitat des ni­ situent a la meme altitude et OU Ie type de couvert choirs de P. livingstonii, nous avons fait une etude vegetal est similaire a celui lequel des nichoirs comparative entre l'habitat des quinze nichoirs et celui connus. En effet, Ie type d'habitat et l'ecozone etu­ des sept sites temoins dans la meme echelle d'altitude dies seront une composante des aires protegees des et avec les memes especes d'arbres presents. Sur la iles d'Anjouan et Mobeli (PNUD rapport non pu­ base d'observations anterieures et d'une revue de la blie). litterature, la selection des sites temoins correspond aux endroits ou nous nous attendions a observer des L'habitat de Livingstone est premierement les forets chauves-souris mais ou nous n'en avons trouve au­ tropicales pluviales d'Anjouan et de Mobeli aux Co­ cuneo Nous avons note l'altitude, l'orientation (aspect), mores situees en altitudes sur les pentes abruptes des la pente, les especes d'arbres presents, les especes ani­ montagnes. Cependant, dans ces zones, certains en­ males presentes, la couverture du sol, la proximite de droits ont ete serieusement deboises. Cet ecosysteme reau, et Ie nombre d'arbres nichoirs. Nous avons de comprend de nombreuses especes ligneuses tropica­ plus note les especes d'arbres nichoirs, Ie nombre de les endemiques aux Comores, notamment Ie Khaya chauve-souris presentes, Ie diametre des arbres a comorensis, des especes nobles telles Ie Ficus, Gam­ "hauteur de poitrine" (dbh), la hauteur des arbres ni­ beya spp., Nuxia pseudodentata, Brachylaeno rami­ choirs, et la den site de la couverture d'epiphytes pour flora, Tamborisa spp., Anthocleista grandiflora, chacun des arbres nichoirs. Le temps, la saison, et I'ile Draceana spp., Cussonia sputata, Ocotea comorien­ ont aussi ete note pour comparer Ie nombre d'individus sis, Weinmania comorensis, Litsea glurinosa, Euge­ en fonction des changements saisonniers. nia comorensis, Calycophyllum inophyllum ainsi que quelques especes trouvees moins frequemment La Composante socia Ie (Adjanahoun et al. 1982, Action Comores 1997). Tous les sites se situent entre 200 et 1100 metres au­ dessus du niveau de la mer, l'eventail de la vegeta­ Afin d'evaluer les perspectives locales en termes de tion va de la foret naturelle aux forets converties a connaissances, et de motivation pour la participation I'agriculture ou quelques-unes des especes d'arbres dans Ie suivi des zones protegees, nous avons limite forestiers mentionnes ci - dessus sont presentes. nos travaux aux associations environnementales des Tous les sites se trouvent entre 12° 10' a 12° 18.562 ' villages riverains des nichoirs. Les Associations Ulan­ de latitude Sud et 44° 24' a 43° 43.258 ' de latitude ga ont ete invitees a venir participer a une formation Est Anjouan et Moheli re~oivent, respectivement, un sur les techniques de suivi des chauves-souris de Li­ maximum de 4925 mm et 3086 mm de precipitations vingstone. Deux villages ont montre un interet notable annuelles, principalement entre novembre et mars et une motivation pour participer au suivi des ni­ (Adjanahoun et al. 1982) (Voir Tableau 1). choirs ; un troisieme village avait ete identifie prece­ demment par les consultants IUCN (PNUD rapport METHODOLOGIE non publie) com me site d'interet majeur pour une eventuelle reserve forestiere. Nous avons donc tra­ La Composante ecologique vaille avec les associations de ces trois villages pour creer la carte de leurs terroirs villageois. Vne fois ce travail complete et l'ensemble des Iimites clairement Nous avons mene ce travail d'etude et de recherche indiquees, nous leurs avons confie la tache suivante : sur les Livingstone dans 15 sites differents, pendant s'iJs etaient autorises it determiner l'utilisation et la re­ les saisons seche et pluvieuse. Au cours de cette pe­ partition de toutes les terres a l'interieur des limites de riode, nous avons fait un suivi des chauves-souris, leurs terroirs villageoises, quels usages autoriseraient­ releve les principales caracteristiques des nichoirs et iIs, et ou ? Dans quels endroits permettraient-ils cer­ identifie leur mode d'utilisation des sites a travers les tains usages specifiques, ou les interdirait-on et qui saisons. Nous avons localise les nichoirs de P. living­ seraient les utilisateurs ? stonii en nous bas ant sur des identifications anterieu­ res effectuees par d'autres chercheurs, I'information locale sur les sites ou les chauves-souris avaient ete Page 133 Ya Mkobe

Tableau 1. Les details de site pour les niehoirs et les sites temoins, et la population de P. livingstonii par niehoir. La type de couvert vegetal varie entre 1= foret intacte, 2= couvert de foret sOl.ls-plante avec culture, 3= mixte foret et champs, 4= champs avec quelques

arb res forestiers, N indique qu'il n'y avait pas un comptage pendant cette saison

...... } ' rutitude 1m) QdJ!Jlt~ton' "';- Colllbtau6·Sai· l'oJriPtaae;Saison ~ ...... •.. . I···· ~;i .30 1 - 66 (11/291' Dindi 760 145, 225 >30 . 3 1319/~ 17 (12/2) _. Hadda 960 200 >30 2 1518/& 80 (11120)

Kangani 650 .- -.- 90 >30 .. - ---_._-2 21 (8/31-9/1) 23 (11/21L I Lingoni 605 125,190 >30 1 - 96 (12/0~ Makini 620 170 >30 3 - 6i1~J_ Matulabe >30 -".- 595 165 2 3.8 (8/10) ~ _.- __ .6811~081_ Mpage 1------840 200 >30 2 - 45 (11/26) Mromadji- ---..,...- 500 20 <30 3 58 (8/14) .. _~~lt1@L Outsa-dindi 720 135 1-----._--->30 .- 4 - 3(11/24) Outsa-hadda 660 135 >30 4 1------... ----.. -- .__ j~.i!JL~41 f-. Ouzini 940 60 >30 1 40 (8/25) 63 (11/22) 910 90170 >30 2 39 (8/26} . ._1 0;U11 12},L Mohefi Mirereni-kidogo 200 165 <30 .. -- 1 -- 15i~~ Mirereni-sera 420 130,170 <30 1 ,.. r--80JJI/03) . ---" .-.- .----.. -. ~bsence

Anjouan Boungweni 400 350 >30 4 0 0-_.

. _._---.. _--Koni-joL ______1------...1000 _--.. 0 >30 2 0 0 ~i-ngani 900 0 >30 1 0 ----~-,--- ._- 0 -,------.-.-----~-- -_ .. _------,-- 460 0 >30 3 0 0 MalongojuNonkoni 900 270 >30 1 0 0 Moya 720 150 >30 2 0 0__ ------.~.- ... Moheli St.Antoine 500 0 >30 2 0 0

Tableau 2. Comparaison de earaeteristiques biotiques et abiotiques entres les nichoirs et les sites temoins

Caraeteristiques Biotiques et Abiotiques: Nichoirs et Sites temoins

NICHOIRS SITES TEMOINS ", •...... >;.;>, .., -... ...• ', dN!p~n.; -,- ... · Ecart"type;~ Mayen ; Ecart·Wp~r A hauteurcJe poitrine (dbh) 103 10,066667 - - Hauteur 24,35 1,0233333 - - Altitude 679,81 42,412 682,86 85,34842 Nombres d'especes d'arbres -total 10,13 0,6161839 8,6 1,886796 Nombres d'especes d'arbres forestiers 7,8 0,5363053 6,2 1,240967 Nombres d'especes d'arbres cultives 2,33 0,3984012 2,4 0,857493 Orientation 135,2 13,937576 110 56,31542 Type de I'habitat 2,1875 0,2617051 2,142857 0,404061 Page 134 Va Mkobe

LES RESULTATS negative. Les analyses statistiques associent par ail­ leurs de maniere positive de P. livingstonii a l'absence de P. seychellensis-comorensis (p <0.5). Entin, un test Facteurs Abiotiques T (de Student) jumele a revele que les P. livingstonii etaient plus nombreuses en saison pluvieuse qu'en sai­ son seche, aux sept nichoirs ou Ie comptage a ete fait Nous avons localise 15 nichoirs parmi lesquels six au cours des deux saisons (valeur-t = 2.50, df=7, p nouvellement decouverts. Trois des six nouveaux <0.05). sites etaient de grands nichoirs OU on a observe plus En ce qui concerne la taille des arbres nichoirs, Ie de 50 chauves-souris presentes pendant la saison plu­ «dbh» moyen etait de 103 centimetres (Ecart-type = vieuse. (Voir Tableau I). La moyenne et l'ecart-type 10.07, n = 43) et la hauteur moyenne de 24.35 metres pour les facteurs abiotiques y compris l'exposition, (Ecart-type = 1.02, n=43). Les especes d'arbres selec­ l'altitude, Ie type d'habitat, la richesse des especes tionnes comme nichoirs sont: Nuxia pseudodentata (5 d'arbres, Ie diametre des arbres (<11 hauteur de poi­ sites); Gambeya spp. (3 sites); Ficus spp. (6 sites); trine» (dbh) et la hauteur des arbres nichoirs sont re­ Brachylaeno ramiflora (4 sites); Terminalia catappa sumes (voir Tableau 2) : Par sites de nichoirs ou sites (l site); Albizia lebbeck (1 site); Khaya comorensis (2 temoins. Un test G de dependance a montre que la sites); Ocotea comoriensis (1 site) et differents arbres presence des chauves-souris est liee a la presence presents Ii un seul site. Plusieurs arbres d'une meme d'eau dans la vallee p< 0.005, a l'inclinaison des pen­ espece ont par ailleurs ete observes a chacun des sites. tes orientee soit vers l'Est, soit vers Ie Sud, p <0.025, Des 43 arbres nichoirs, dix-sept etaient des Ficus et a des pentes de plus de 30°, p<0.02 (Voir Tableau spp. , six etaient des Nuxia pseudodentata, et six 1). Au niveau statistique i1 ne semble pas exister de etaient des Gambeya spp. Les autres especes etaient lien entre la presence des chauves-souris et l'altitude representees par trois arbres ou moins. Dans trois cas, ou l'importance du couvert forestier. Mais ces don­ on a pu observer que les arbres nichoirs poussaient nees sont peut-etre tout simplement attribuables au colles Ii une autre espece, generalement un tiguier choix des sites temoins qui consistait a opter pour avec une autre espece Ficus. des lieux situes dans une zone d'altitude similaire a celle OU la presence de chauves-souris avait ete ob­ servee et beneiiciant d'un couvert forestier semblable Facteurs Humains a celui observe aux nichoirs. Seuls deux nichoirs sont a Moheli et se trouvent dans Facteurs Biotiques Ie terroir du village de -Mirereni. L'associa­ tion villageoise ULANGA a pris l'initiative d'assurer la protection du site precedemment identitie en inter­ Nous avons fait une approximation de la moyenne et disant les cultures aut~ur de nichoir. Elle a fait depla­ l'ecart-type pour les especes d'arbres forestiers, les cer les cultivateurs qui avaient des parcelles a proxi­ especes d'arbres fruitiers et la totalite des especes mites du nichoir. Quand un nouveau nichoir a ete de­ (essences forestieres et arbres fruitiers) pour chacun couvert en octobre, 1998, l'association a exige que les des sites observes. Une approximation a aussi ete eleveurs d'un village avoisinant qui faisait paitre leur etablie pour Ie «dbh» moyen et la hauteur des arbres b6tail dans la foret de Ouallah-Mirereni abandonnent nichoirs pour tous les sites (Voir Tableau 2). Un Test leurs activites dans la zone du nichoir en question. G de dependance a permit d'etablir la relation entre L'association a identitie Ie nichoir comme un endroit la presence des chauve-souris et plusieurs especes ou l'utilisation de la foret devrait etre restreinte a la d'arbres presents Ii plus que deux sites nichoirs soit recolte des plantes medicinales traditionnelles et des plus precisement : Nuxia pseudodetata, Ocotea co­ produits non - ligneux de la foret. Les rivieres situees morensis, Brachylaeno ramiflora, Khaya comoren­ a proximite des nichoirs ont aussi ete identitiees sis. Grandiflora anthocleista, Cussonia sputata, Fi­ comme des endroits ou les activites humaines doivent cus spp. , Gambeya spp. et Tamborisa spp. Une rela­ etre limitees. tion entre la presence de chauve-souris et trois espe­ Le village de Nindri, en dessous du nichoir de ces d'arbres (Nuxia pseudodetata, Brachylaeno rami­ Matulabe, a montre un interet notable dans la protec­ flora, Gambeya spp) s'est avere positive p <0.05 et la tion du nichoir. C'est l'Association environnementale correlation entre la presence de la chauve-souris et de Nindri qui a decouvert Ie nichoir et ses membres une espece introduite, Albizia lebbeck s'est averee visitent regulierement Ie nichoir avec l'intention de ve- Page 135 Va Mkobe

rifier I'etat des lieux et la presence des chauves­ ont par ailleurs ete trouves a proximite d'une riviere souris. Quand on a demande aux villageois de deli­ qui traverse la vallee ou coule en bas de cette derniere. miter la zone et indiquer les utilisations de la foret La preference des Livingstone pour les vallees humi­ qui devraient etre permises dans leur terroir, ces der­ des est encore un facteur qui peut illustrer encore une niers ont designe Ie nichoir et la riviere comme habi­ fois leur sensibilite a la temperature. tat critique devant rapidement faire l'objet d'une pro­ tection soutenue. On trouve P. livingstonii en altitude et sur des ver­ Des consultants (PNUD Rapport non pub lie) sants ou Ie couvert forestier est encore intact. On les au cours d'un travail terrain ont identifie Lingoni trouve dans les zones de plus de 500 metres d'altitude comme site ideal pour la creation d'une reserve fo­ a Anjouan et de plus de 200 metres it Moheli. La den­ restiere. Cette region a ete retenue en raison de sa site de la population humaine d'Anjouan etant tres ele­ foret naturelle assez bien conservee, ses rivieres et vee (une des plus fortes d'Afrique), on trouve prati­ l'importance du nichoir qu'on y trouve et qui est un quement plus de foret a des altitudes inferieures it 500 des plus importants nichoirs identifies a ce jour pour metres d' altitude, alors que des cotes sud et ouest de P. livingstonii. Nous avons done sollicite l'Associa­ l'ile de Mobeli on trouve la foret des qu'on atteint les tion ULANGA de Lingoni et lui avons demande de 200 metres d'altitude. Dans les deux cas, en dessous dessiner une carte du terroir du village, qui illustre­ de 500 metres d'altitude a Anjouan et en deya de 200 rait les suggestions des villageois quant aux activites metres d'altitude a Mobe1i, la temperature est plus ele­ permises et celles qui devraient selon eux faire I'ob­ vee, en raison de l' elevation qui est moindre mais aus­ jet de controle. Cet exercice a revele que les villa­ si en raison de la disparition du couvert forestier, ce geois reconnaissent l'importance de proteger les ri­ dernier etant remplace par des activites agricoles. vieres de la vallee ainsi que la partie boisee OU se Cette observation confrrme les observations selon les­ trouve Ie nichoir. quelles on tend a observer P. livingstonii a des altitu­ Dans les trois villages precedemment men­ des plus basses it Moheli qu'a Anjouan et ce, parce que tionnes, les membres des associations consultees ont Ie deboisement y est generalement limite a des altitu­ manifeste une comprehension du role ecologique im­ des de moins de 200 metres. portant de la chauve-souris et du potentiel eco­ touristique du site (generateur de rev en us) pour au­ Les nichoirs sont associes it des pentes de plus que tant qu'on protege les forets qui abritent les chauves­ 30°. Les pentes ou se trouvent les Livingstone peuvent souris. etre fonction d'une degradation moindre de la foret, attribuable it l'acces difficile par les villageois qui sou­ I haiteraient cultiver des pentes de plus de 30°. Ceci DISCUSSION dit, des Livingstone nichent en deux endroits pres d'Outsa ou Ie couvert forestier a ete detruit it 90%. Nous notons enfin une correlation positive entre la Les analyses ecologiques revelent que differentes presence des Roussettes et plusieurs especes d'arbres especes d'oiseaux indigenes et des lemuriens sont indigenes, de meme qu'entre I'absence de Pteropus presentes sur les sites OU les Roussettes de Living­ seychellensis comorensis et une espece forestiere in­ stone nichent. En terme d'habitat, la presence de troduite, comme autant de caracteristiques specifiques cette derniere est aussi fortement associee a des ca­ aux nichoirs des Roussettes de Livingstone. racteristiques bien precise dont la premiere est I'ex­ position au solei!. La majorite des sites identifies se Les chauves-souris peuvent etre considerees comme trouvent sur les versants sud-est [SE] (Voir Tableau une espece cle de la foret comorienne tropicale pIu­ I I). Ces versants reyoivent Ie soleil du matin dans vieuse et de la foret comorienne des nuages en raison ~ l'bemispbere sud et sont ombrages de midi jusqu'en de leur role essentiel comme pollinisateurs et aussi fin d'apres-midi lorsque les chauves-souris quittent comme agents dans la dispersion des graines (Fujita les nichoirs pour aller se diriger vers les sites d'ali­ 1988 et 1991). Pour cette raison, Ie Programme de Na­ I mentation. II s'agit la d'un des differents facteurs qui tions Unis pour Ie Developpement et Ie Fond Mondial indiquent la sensibilite de P. livingstonii a la tempe­ pour l'Environnement ont accepte de financer Ie projet rature. Tous les nichoirs sont situes dans des cuvet­ "Conservation de la Biodiversite et Developpement tes, topographie qui modere les effets extremes du Durable aux Comores" dans lequeJ on identifie P. li­ climat en abritant les chauves-souris du vent et du vingstonii comme une espece prioritaire a proteger solei! (Pierson et Rainey, 1992). Tous les nichoirs (PNUD rapport non publie). Les donnees recueillies Page 136 Ya Mkobe

lars de notre travail d'etude et de recherche confirme maine des iles d'Anjouan et Moheli augmente a. un qu'il s'agit d'une espece prioritaire et identifie les ni­ taux de 3.3% par annee (PNUD 1998), plusieurs des choirs des P. livingstonii comme habitat prioritaire sites d'alimentation situes en basses altitudes sont ap­ pour la conservation de la foret. Comme les resultats pe16s a. etre de plus en plus menaces. Cet element de de notre etude l'indiquent, on observe P. livingstonii risque est serieux dans Ie cas de la Roussette qui se dans les regions ou on peut encore trouver des espe­ nourrit de maniere sequentielle (<

une assistance financiere d'Action Comores ainsi que la contri­ survey. Biological Journal of the bution de materiel de la part d'amis et de membres de la famille. Linnean Society. 83: 351·369. A tous nos plus sinceres remerciements. Michleburgh S. P., A. M. Huston and P. A. Racey NOTES SUR NOS PARTENAIRES 1992 Old World Fruit Bats: An Action Plan for their Conservation. I UCN, Gland, Swit· Cette recherche a ete menee en Republique Federale Islamique zerland. des Comores avec l'assistance d'Action Comores, une ONG ba­ see en Angleterre et qui a centre l'essentiel de ses travaux sur la Pierson E. D. et W. E. Rainey. conservation de la Roussette de Livingstone et son habitat. Ac­ tion Comores peut etre contactee it travers son adresse E-mail: 1992 "The biology of Flying Foxes of the Genus Old Rectory, Stansfield, Suffolk COlO 8LT England. Pteropus". A Review. In: D.E. Wilson and G.L. Graham (Eds.) Pacific island flying La Direction Generale de l'Environnement it Mde, Grande Co­ foxes: proceedings of an international more et Ie Centre National de la Documentation et de la Recher­ conservation conference. U.S. Fish and che Scientifique (CNDRS) it Moroni ont aussi faciliU la recher­ Wildlife Service Biological Report 90,: che. Monsieur Tayffa Aboubacar, Directeur Adjoint it la Direc­ 1·17. tion Generale de I'Environnement, peut etre contacte au pnudg- [email protected] et Ie Dr Ainouddine Sidi Direcetur General du Trewhella W.J., P.F. Reason, K.M. Clark, and S.RT. CNDRS it B.P. 169 Moroni, Comores (Fax 269 74 41 87. email : [email protected]). Garrett 1998 The current status of Livingstone's flying fox (Pteropus livingstonii) in the Federal BIBLIOGRAPHIE Islamic Republic (RFI) of the Comores. Phelsuma: 6: 32·40. Action Comores Le Programme du Developpement des Nations Unies 1997 Action Comores 1995·1997 including the 1995 Expedition to the Comoro 1996 Conservation de la biodiversite et islands. K.M. Clark, S.R.T Garrett et P. developpement durable dans la F. Rapport inedit. Republique Federale Islamique des Comores. Document de projet. Rapport Adjanohoun EJ., L. Aka Assi, A. Ahmed, J. Eymi, non pu bl ie. 1996. S. Guinko, A. Kayongo, A. Keita et M. Lebras United Nations Development Program. 1982 La Medecine traditionnelle et pharmacopee. La contribution aux 1998 Human Development Index. New York: I etudes ethnobotaniques et floristiques Oxford University Press. aux Comores. ACCT, Paris,: les 113 pp.

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