POURQUOI SAINT-GENIES-DES-MOURGUES.

Les Saint-Genièrois savent probablement tous, que le nom du village est dû à Geniès (ou Genès) martyrisé sur les berges du Rhône vers l’an 303, pour avoir refusé de continuer à transcrire les actes d’accusation du tribunal d’Arles, devant lequel l’administration gallo-romaine traduisait les chrétiens.

Genès d’Arles, greffiier au tribunal romain d’Arles, est chrétien. Il refusa de transcrire l’édit de persécution de Dioclétien. Il fut décapité à Trinquetaille. Il fit l’objet d’une extraordinaire popularité dans le midi de la pendant le Moyen-Age, au point, qu’une vingtaine d’églises ou de chapelles lui sont dédiées dans l’actuel département de l’Hérault.

Quaant au déterminant « des mourgues », il provient du vieux mot occitan « morga » (qui se traduit par nonne ou religieuse) dont l’usage s’est peu à peu perdu au cours du XIXème siècle au profit du français.

Saint-Geniès-des-Mourgues signifie donc Saint-Geniès-des-Religieuses pour perpétuer le souvenir d’un monastère bénédictin fondé là en 1019.

On sait moins que ce monastère s’est implanté en un lieu qui portait auparavant un autre nom : : :Locum Quad Voctur -Mrcinicus , témoin d’une occupation romaine bien antérieure au XI ème puisqu’on en signale l’existence dès l’an 844, existence confirmée par la charte de fondation du monastère en 1019. Le nom romain se maintiendra jusqu’à la fin du XIIème (1177 exactement).

Nous connaisson donc le nom du fondateur du village : : : Marcius, complété par le suffiixe « anicus » qui signifie domaine (fundus en latin). Marcianicus est le domaine d’un romain, soldat probablement récompensé par l’attrribution de terres dénommé Marcius.

De même, les communes alentour , , , etc. dont les terminaisons est en « argues », permettrent de localiser les présences anciennes de domaines gallo-romains. Ces toponymes sont formés d’un nom de personne auquel s’ajoute un autre suffiixe de propriété « argues ». Ces domaines ont une superficie qui va de la simple ferme au hameau, elle peut varier de 200 à 800 hectares.

Si le nom ancien, Marcianicus s’était maintenu, il aurait pu se transformer et devenir, peut-être, « Massargues ».

Mails il semble bien que les bâtiments du domaine de Marcius étaient déjà détruits en 1019, puisque le nom de Marcianicus n’est plus à ce moment là que celui d’un lieu-dit. Il convient d’en rechercher l’emplacement près de l’ancienne gare.

L’acte de fondation de 1019 précise que le monastère, avec chapelle, consacré à St Geniès et construit en ce lieu est appelé Marcianicus, mais est dénommé aussi « Carus Locus » c’est à dire Cher Lieu ou lieu bien aimé.

La volonté des religieuses fut-elle de donner une dénomination nouvelle du lieu, trop marqué du seau du paganisme antique : : : Le fait est que « Cherlieu » fut mentionné plusieurs fois dans les actes, mais cettre appellation ne résista pas. Après avoir perdu le nom de Marcianicus, puis celui de Cherlieu, le village s’appelle tout simplement Saint-Geniès.

L’orthographe actuelle s’imposera peu à peu.

Au Moyen-Age on disait seulement San Genisius, le nom ne désigne en 1019 que l’église.

En 1025, on y indique la présence de religieuses. En 1043, le monastère est mentionné comme : : :Monstorio Sn Mrtyris Geniesili. La francisation permet toutes les fantaisies : : : - en 1625……….St Genieys - en 1684……….St Ginies - en 1779………..St Geniez

Le déterminant « des Mourgues » lui, ne fait son apparition qu’au XVIIIème : : : St Geniez de las Mourgues.

Un dernier avatar fut encore réservé au nom du village. Pendant la révolution, la plupart des communes dont le nom commençait par Saint, ont mis un point d’honneur par zèle révolutionnaire à supprimer ce vestige de la « tyrannie » selon l’expression consacrée. En l’an IV du calendrier républicain, le nom du village est réduit à Geniès.

Juste avant la révolution, la seigneurie, la paroisse et le couvent appartenaient au Marquis de Castries qui les avait achetés à l’abbesse de , contre le consentement de la communauté religieuse et ce, en exposant au roi que : : : - « Sint Geniès étit un désert, que deux nonnes seulement y résidient et qu’elles ne pouvient se suffiire mtériellement ».

On dénombrait alors sur la paroisse : : : 64 maisons, 1 église, 2 moulins à huiles et des bâtisses abritant les animaux , réparties ainsi : : : ▪ dans l’enceinte des remparts : : : - 32 maisons, l’église, un four, une écurie ▪à l’est des remparts : : : - 32 maisons, 1 moulin à huile et 3 bâtisses ▪ à l’ouest des remparts : : : - 10 maisons, 1 moulin à huile et 3 bâtisses

400 âmes vivaient à St Geniès.

A la veille de la Révolution et du grand chambardement, les St Genièrois vivaient simplement en autarcie. Des temps diffiiciles avec la levée en masse, les réquisitions, les attrendaient. Mais, ils espéraient un monde nouveau et vint l’année 1789.

Il est intéressant d’évoquer un autre toponyme de la commune. Près du domaine de Marcius, un autre chef de famille : : : Missius fonda lui aussi une villa qui porte son nom « Missargues » (le fundus de Missius).

Sur ce domaine s’élèva une église dédiée à Ste Colombe, dont la première mention remonte au XIIème siècle : : : Ste Colombe de Missanissius.

Au XVIIIème, le hameau porte seulement le nom de Ste Colombe. Aujourd’hui à Saint-Geniès-des-Mourgues, l’ombre tutélaire des religieuses bénédictines plane toujours sur le nom du village, comme elle flottre sur le lieu dit « Pioch des Mourgues » ( ou puech= colline) qui devait faire partie de leur domaine.

Le nom de la commune ne devrait plus être modifiés, à moins par exemple qu’un regroupement de communes ne vienne encore bouleverser cettre chronique.