Du 24 Juillet Au R Août 2021
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A la découverte de la 6artempe et de la Creuse aval Du 24 juillet au r août 2021 La Gartempe au Grand-Bourg (23) - © SOS Loire Vivante La Creuse à La Roclie-Posay (86) La Creuse et son affluent la Gartempe sont des rivières emblématiques du bassin de la Loire. La Gartempe parcourt 205km avant de confluer avec la rivière Creuse en rive gauche, à la Roche Posay dans la Vienne. Peu avant la confluence, un affluent remarquable pour sa vallée préservée, l'Anglin, se jette dans la Gartempe au niveau du village d'Angles-sur-Anglin classé parmi les plus beaux villages de France. La Creuse : • Source : Mas d'Artige (23), lieu-dit « Chirat », sur le plateau de Millevaches dans le Limousin • Linéaire : 255 km • Débit moyen : 81 mVs • Superficie du bassin versant : 9 570 km^ • Régions et départements traversés : Nouvelle- Aquitaine : Creuse (23), Vienne (86) et Centre-Val de Loire : Indre (36), Indre-et-Loire (37) La Creuse à la Guerche (37) La Gartempe : • Source : Peyrabout (23), lieu-dit Pétillât • Linéaire : 205 km • Débit moyen : 38 mVs • Superficie du bassin versant : 3 922 km^ • Régions et départements traversés : Nouvelle Aquitaine : 60km dans la Creuse (23), 75km en Haute-Vienne (87), 70km dans la Vienne (86). Elle est mitoyenne avec l'Indre (rive droite) sur 1 km et l'Indre-et-Loire (rive droite) sur 7km. La Gartempe au Moulin de Puymartin à Blanzac (87) La Gartempe "Il est un coin du Poitou dans lequel coule une rivière qui, Sur les bords four à four, prend des allures de forrenf puis se pavane un de la Gartempe aUKCHE ET LUCIE peu plus loin comme une Loire paresseuse, elle s'appelle lES EKFMTS M SIJNCHE U C«HIEI) mit la Garfempe. Sur ses rives, foi rêvé ef pleuré. Elle a vu mes baignades d'enfanf, mes navigafions dddolescenfe, mes nostalgies de femme. » Sur les bords de la Gartempe, 1985, par Régine Deforges, éditrice et romancière Laprocure.com 2 > On nomme la partie amont de la Gartempe la Gartempe limousine des Monts, où elle prend la forme d'un torrent tumultueux naissant dans le Massif central avant de s'écouler au sein d'un paysage de prairies humides et de landes tourbeuses dominé par l'élevage. Le socle cristallin et le sol argileux permettent un réseau très dense d'affluents. > Arrivée en Haute-Vienne, on l'appelle la Gartempe de la Basse-Marche limousine. Le paysage est caractérisé par un paysage de plateaux et de coteaux. La pluviométrie est faible. Le contexte agricole y est en transition, de l'élevage vers la polyculture-élevage. > Arrivée dans la Vienne, à hauteur de Montmorillon, la Gartempe limousine devient la Gartempe poitevine, où elle prend son apparence de « Loire paresseuse ». Le socle du bassin devient calcaire et karstique, abritant de nombreuses rivières souterraines, et le réseau hydrographique si dense sur la partie amont se fait rare. Les prairies laissent place à une étendue de cultures intensives. Patrimoine et histoire De nombreux sites historiques (écluses, moulins, viaducs, etc.) témoignent de l'histoire du bassin, marqué par des siècles d'activité meunière, industrielle puis énergétique utilisant la force motrice de l'eau. Le viaduc de Rocheroiles à Folles (87), 1920 > Du Vlllème au Xllème siècle : L'essor des moulins Entre le Vlllème et le Xllème siècles se sont développés plusieurs usages autour de la rivière grâce aux ouvrages. Le territoire de la Gartempe Limousine était à l'époque le « grenier à grain » du limousin et l'activité des moulins consistait à moudre le blé, l'orge, le seigle, le froment et le chanvre. Certains moulins furent aménagés pour la pêche, notamment des anguilles (les aménagements subsistent encore au moulin de Puymartin à Blanzac). Au cours du Xlllème siècle, l'essor industriel de Bellac s'est également réalisé par l'installation de tanneries. A la fin du XVème siècle apparurent les premiers moulins à papier. Enfin, au début du XXè siècle, la petite hydroélectricité s'est développée sur les ouvrages. Grands enjeux Biodiversité fWfFT"-'^'' «W*^^^»? Le territoire regorge d'habitats et d'espèces d'intérêt patrimonial. Cette richesse de biodiversité est traduite par de nombreux classements en zones protégées, dont 48 Zones Naturelles d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de Type 1 ou 2. La totalité du linéaire de la Gartempe est classé en site Natura 2000. On y trouve notamment la Loutre, le Saumon atlantique et le Castor. Le démantèlement du barrage de Maisons Rouges en 1998 a été réalisé dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature. Le barrage était situé à 800m avec la confluence de la Gartempe avec la Creuse et son effacement a permis le retour du Castor sur le bassin de la Gartempe et la réouverture du bassin au Saumon atlantique ! 3 Les enjeux sont bien différents le long du cours de la Gartempe. Enjeu quantité de la ressource et eau potable sur le haut bassin Jusqu'à il y a 5 ou 6 ans, personne n'aurait imaginé qu'on manquerait d'eau potable sur le haut bassin de la Gartempe ! Pourtant, les années sèches de 2018 à 2020 ont révélé la vulnérabilité du bassin face à la sécheresse et la pénurie d'eau. Des sécheresses à répétition ont entraîné des ruptures d'écoulement sur la majorité du bassin amont. En 2019, la sécheresse a entraîné un assec prolongé sur la majorité des cours d'eau du bassin amont et les réserves souterraines étaient en dessous de tous les niveaux relevés depuis 60 ans. Pour éviter de se retrouver sans eau potable, la ville de Guéret a acheté un camion entier de bouteilles d'eau minérale: 16 mille bouteilles prêtes à être distribuées aux habitants. De quoi tenir deux jours en cas d'urgence. De plus, en période de sécheresse, les ressources superficielles se tarissent et ne permettent plus d'abreuver le bétail. Les agriculteurs se tournent alors vers les réseaux d'eau potable, augmentant encore la demande. Le changement climatique n'est pas le seul en cause. La ressource en eau du bassin de la Gartempe alimente également en eau potable les habitants du bassin de la Vienne, entraînant une forte pression pour la ressource sur la Gartempe, alors que localement la demande est faible car le territoire est peu peuplé. Enfin, la destruction des zones humides depuis les années 1970 et la présence de nombreux plans d'eau augmentent encore la vulnérabilité du territoire face aux sécheresses. Agriculture intensive en Gartennpe ava Lorsque la Gartempe arrive dans la Vienne, le paysage prend la forme d'une étendue de cultures intensives. Les vallées alluviales présentent cependant des corridors boisés et de prairies, contrat-gartempe-creuse.fr Cette partie du bassin subit les conséquences de l'agriculture intensive : recalibrage des ruisseaux et rivières, colmatage accentué par le drainage des sols, raréfaction des zones humides due aux retournements de prairies et du drainage, dégradation de la qualité de l'eau, et enfin une irrigation massive. La question du partage de l'eau et de Recalibrage et rectification la gestion de crise est au cœur des enjeux sur les parties médianes et aval. d'un affluent pour le drainage du sol ' L'irrigation est l'activité la plus consommatrice en eau du bassin Creuse - Gartempe. Le modèle agricole est incompatible avec la vulnérabilité du territoire face à la sécheresse. Au lieu d'une dynamique d'adaptation du modèle agricole, c'est l'inverse qui se dessine. La partie médiane de la Gartempe connaît une transition agricole avec un passage de l'élevage à de la polyculture-élevage, demandeuse d'eau. L'irrigation se met en place sur cette partie médiane. Pour assouvir la demande en eau pour l'irrigation, les « bassines » sont de plus en plus mises en place, subventionnées par la Région. Continuité La Gartempe est aujourd'hui fractionnée par 117 obstacles, dont 43 seuils ont un impact significatif ou majeur pour la migration, notamment du saumon ! 30 moulins sont aujourd'hui recensés sur la Gartempe, dont 7 ont été aménagés de passes à poissons. L'enjeu de restauration de la continuité est majeur, mais la dynamique se lance difficilement sur la Gartempe en lien notamment avec l'attachement de la population au patrimoine historique du bassin. 4 L'histoire du saumon sur la Gartennpe Malgré que la Gartempe soit historiquement une rivière à saumons, il a aujourd'hui quasiment disparu du bassin. Le déclin de l'espèce remonte au début du XXème siècle, et coïncide avec l'installation des premières centrales hydroélectriques sur la Gartempe : Etrangleloup (1901), Mismes (1906), Chaume (1927), et sur la Creuse : Maison-Rouge (1924). Le développement de la petite hydroélectricité s'est notamment accompagné d'une rehausse de la hauteur des barrages existants. En moyenne, 90 à 130 saumons remontent la Gartempe chaque année, grâce à l'effacement du barrage de Maisons-Rouges ! Depuis 4 ou 5 ans la situation est devenue encore plus alarmante. En 2019, 39 saumons ont franchi Descartes sur la Creuse, quant à la Gartempe, aucun individu n'a été retrouvé à la station de comptage du barrage d'Etrangleloup en 2019 ! La Gartempe présente pourtant un fort potentiel : 13% des habitats favorables aux juvéniles sur le bassin de Loire y sont retrouvés ! Des repeuplements sont mis en place depuis les années 50 mais n'ont pas permis la recolonisation de l'espèce sur le bassin. Parmi les causes, on trouve notamment une très forte problématique de devalaison. Le taux de mortalité à la devalaison atteint 36,7% de la production en juvéniles du bassin ! Il y a également 20 microcentrales hydroélectriques sur la Gartempe, pour lesquelles une étude du Logrami montre qu'un smolt dévalant depuis le haut bassin a une probabilité nulle d'éviter tout passage par les turbines des 20 microcentrales ! A cela s'ajoute le changement climatique et ses conséquences : augmentation de la vulnérabilité à l'étiage, avec une baisse des débits et une augmentation de la température.