Auvergne Estives

Diagnostic pastoral territorial du massif des Monts Dore

Octobre 2016

Le Diagnostic pastoral territorial du massif des Monts Dore est cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du Fonds Avec le concours technique de : Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER)

Auteurs : Sylvain Blanchon, Laura Motel, Olivier Roquetanière - SMPNRVA

Merci à toutes les personnes sollicitées pour leurs contributions au recueil des informations de l’Enquête pastorale

Vue aérienne du massif du Sancy et du massif adventif (Suaudeau, 2016)

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SOMMAIRE

Pastoralisme : de quoi parle-t-on ? ...... 6 Pastoralisme : une notion polysémique ...... 6 Espaces pastoraux, herbages d’altitude et habitats pastoraux ...... 6 1. Contexte et objectif ...... 7 1.1 Origine de la réflexion ...... 7 1.2 Objectif de l’étude ...... 7 2. Les Monts Dore : portrait d’un massif pastoral ...... 8 2.1 Un massif volcanique, frais et humide ...... 8 2.2 Un domaine pastoral de qualité ...... 8 2.3 Une tradition pastorale ancienne ...... 9 2.3.1 L’ouverture du massif : une datation difficile ...... 9 2.3.2 Période médiévale : des espaces pastoraux maîtrisés par les seigneurs laïques et religieux ...... 9 2.3.3 Avènement de la bourgeoisie et mise en place des « montagnes à graisse » ...... 9 2.3.4 1850-1950, d’une crise à l’autre...... 10 2.3.5 A l’aube des années 2000 : une reprise vulnérable appuyée par la structuration des collectifs ...... 10 2.3.6 Synthèse historique : des montagnes montdoriennes contrôlées par l’extérieur ...... 10 3. Matériel et méthode ...... 11 3.1 Périmètre d’étude ...... 11 3.2 Création d’une base de données : une Enquête pastorale basée sur la méthode alpine...... 12 3.3 Echange avec les acteurs du pastoralisme ...... 13 3.4 Mise en œuvre des réunions communales ...... 13 3.5 Autres sources d’informations ...... 13 3.6 Informations sur la conduite de l’analyse et la présentation des données ...... 13 4. Portrait du pastoralisme montdorien contemporain ...... 14 4.1 Espaces pastoraux des Monts Dore : emprise spatiale et caractéristiques topographiques ...... 14 4.1.1 Emprise spatiale des espaces pastoraux montdoriens...... 14 4.1.2 Evolution de l’emprise des espaces pastoraux depuis 1983 ...... 14 4.1.3 Caractéristiques topographiques ...... 15 4.2 Organisation de l’exploitation des unités pastorales montdoriennes ...... 16 4.2.1 Nature du foncier ...... 16 4.2.2 Exploitations agricoles concernées : gestionnaire et utilisateurs d’estive ...... 16 4.2.3 Utilisation collective des espaces pastoraux ...... 17 4.2.4 Les pensions : monter ses bêtes ou prendre des estives ?...... 18 4.3 Cheptels estivés et orientations technico-économiques des unités pastorales ...... 20 4.3.1 Orientations technico-économiques des unités pastorales ...... 20 4.3.2 Effectifs estivés ...... 21 4.3.3 Origine des animaux estivés ...... 21 4.4 Gestion des unités pastorales montdorienne ...... 24 4.4.1 Les travailleurs de l’estive ...... 24 4.4.2 Durée de l’estive ...... 24 4.4.3 Chargement des estives ...... 24 4.4.4 De la fauche en estive ...... 26 4.4.5 Subdivision en parcs ...... 26 4.5 Des espaces pastoraux aux usages multiples ...... 27 4.5.1 Domaine pastoral et patrimoines naturels ...... 27 4.5.2 Domaine pastoral et activités cynégétiques ...... 27 3

4.5.3 Domaine pastoral et tourismes ...... 28 5. ENJEUX du pastoralisme dans les Monts Dore...... 30 5.1 Analyse AFOM (Atout Faiblesse Opportunité Menace) ...... 30 5.2 Pérennité et promotion des usages collectifs ...... 31 5.2.1 Pertinence des formes collectives ...... 31 5.2.2 Problématiques des formes collectives d’exploitation pastorale ...... 31 5.2.3 Accompagner les usages collectifs – pistes d’actions ...... 31 5.3 Evolution de la gouvernance des entités pastorales individuelles ...... 32 5.3.1 Une transhumance bovine organisée par les pensions ...... 32 5.3.2 Concentration de la gestion des estives ...... 32 5.3.3 Accompagner le renouveau de l’organisation – pistes d’actions ...... 32 5.4 Cohabitation des usages agricoles et touristiques ...... 33 5.4.1 Une thématique sensible ...... 33 5.4.2 Fluidifier la cohabitation – pistes d’actions ...... 33 5.5 Maintien de pratiques agricoles pastorales ...... 34 5.5.1 Adoption d’une gestion de type prairie ...... 34 5.5.2 Marginalisation dans les systèmes d’exploitation gestionnaires ...... 34 5.5.3 Valoriser et promouvoir les pratiques pastorales – pistes d’actions...... 34 5.6 Equipement des estives ...... 35 5.6.1 L’équipement, garanti de la viabilité des estives ...... 35 5.6.2 Aide à l’équipement – état des lieux ...... 35 Bibliographie ...... 36 Annexe - Atlas...... 37

ABREVIATIONS

AOP : Appellation d’Origine Protégée BVD : Diarrhée virale bovine COPIL : Comité de Pilotage DPB : Droit au paiement de base IBR : Rhinotrachéite infectieuse bovine ICHN : Indemnité compensatoire des handicaps naturels IRSTEA : Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture MAEC : Mesure agro-environnementale et climatique RNN : Réserve Naturelle Nationale SMPNRVA : Syndicat mixte du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne UGB : Unité Gros Bétail UP : Unité pastorale

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

Tableau 1 : Commune retenue pour le diagnostic ...... 11 Tableau 2 : Répartition des UP par communes ...... 14 Tableau 3 : Nature des propriétaires foncier du domaine pastoral ...... 16 Tableau 4 : Origine des exploitations gestionnaires ...... 17 Tableau 5 : nature du gestionnaire de l’unité pastorale ...... 18 Tableau 6 : collectifs d’estives identifiés sur les Monts Dore ...... 18 Tableau 7 : Prise de pension par les exploitations gérant plus de 2 UP (hors Up en circuit) ...... 19 Tableau 8 : Orientation animale principale de l’UP ...... 20 Tableau 9 : Répartition des UP dont l’orientation principale est le bovin en fonction du type de production ...... 20 Tableau 10 : Présence de génisses sur les UP ...... 20 Tableau 11 : Effectifs estivés par catégories d’animaux à l’échelle du massif ...... 21 Tableau 12 : Répartition des catégories d’animaux selon l’origine ...... 22 Tableau 13 : Origine des animaux présents sur l’UP ...... 22 Tableau 14 : intersection entre le domaine pastoral et les périmètres environnementaux ...... 27 Tableau 15 : Nombre d’UP concernés par des itinéraires de randonnées ...... 28 Tableau 16 : Nombre d’UP concernés par le ski sur pistes (nordique et/ou alpin) ...... 29 Tableau 17 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces du pastoralisme montdorien ...... 30 Tableau 18 : Matrice d’analyse AFOM ...... 30

Figure 1 : Le pastoralisme activité multi-enjeux ...... 6 Figure 2 : Relief et réseau hydrographique ...... 8 Figure 3 : Occupation du sol (Corine land cover) ...... 8 Figure 4 : Vestiges de tras sur le plateau de Chantauzet (photo : Surmely, 2012) ...... 9 Figure 5 : Territoire de l’étude ...... 11 Figure 6 : Réunion communale Murat-le-Quaire / La Bourboule ...... 13 Figure 7 : Dates des réunions communales ...... 13 Figure 8 : boxplot des UP selon la surface ...... 14 Figure 9 : Exemple d’évolution des surfaces pastorales autour du Puy de Lachaud (La Tour d'Auvergne - Saint Sauves d'Auvergne) ...... 15 Figure 10 : Relief doux à proximité du lac du Guéry ...... 15 Figure 11 : Nuage de points et régression - surface ~ altitude moyenne ...... 15 Figure 12 : Boxplot des UP selon l’étagement...... 15 Figure 13 : Evolution des coopératives ovines du massif entre 1995 et 2015 ...... 21 Figure 14 : Nombre d’UP accueillant des animaux du département : ...... 22 Figure 15 : Le berger, salarié d’estive ...... 24 Figure 16 : Nuage de point et régression - durée de l’estive ~ étagement ...... 24 Figure 17 : Histogramme du chargement instantané ...... 24 Figure 18 : Boxplot des UP - chargement annuel moyen ...... 25 Figure 19 : Nuage de point et régression : chargement annuel moyen ~ étagement ...... 25 Figure 20 : Nuage de point et régression : chargement annuel moyen ~ surface ...... 25 Figure 21 : Boxplot chargement ~ type de système ...... 25 Figure 22 : Boxplot chargement ~ présence de génisse ...... 25 Figure 23 : L’Apollon, papillon des milieux ouverts de montagne (photo : SMPNRVA)...... 27 Figure 24 : Evolution des populations de mouflon et chamois sur le Sancy (Fédération départementale des chasseurs du Puy-de- Dôme , 2015) ...... 28 Figure 25 : Mouflon pris dans les filets...... 28 Figure 26 : Interaction tourisme-troupeau sur la montagne de la Biche (station de Super-Besse) (photo : SMPNRVA – B. PAUTY)28 Figure 27 : Préconisation pour la randonnée en espace pastoral ...... 29 Figure 28 : Travaux de terrassement (liaison Super-Besse – Le Mont-Dore) (photo : SMPNRVA) ...... 29

Encadré 1 – Définition : « estive » ou « montagne » ? ...... 6 Encadré 2 – Concrètement quelles surfaces sont recensées ? ...... 12 Encadré 3 – Pâturer les biens de sections : solutions innovantes dans les Monts Dore ...... 16 Encadré 4 – Définition : « exploitation gestionnaire » et « exploitation utilisatrice » ...... 16 Encadré 5 – Définition : nature du gestionnaire de l’unité pastorale ...... 17 Encadré 6 – Définition : « pension » et « estive »...... 18 Encadré 7 – Etat des lieux de la présence des Aveyronnais sur les surfaces pastorales des Monts Dore ...... 23

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PASTORALISME : DE QUOI PARLE-T-ON ?

Le mot est connu, mais sait-on vraiment de quoi l’on parle, et surtout partageons nous une même définition, sinon une même approche du sujet ? Quelle est la ligne de rupture qui partage l’« espace pastoral » du « pacage » et du « pré » ?

Pastoralisme : une notion polysémique

Le pastoralisme est une notion polysémique : de multiples Figure 1 : Le pastoralisme activité multi-enjeux disciplines allant de l’ethnologie à la zootechnie en passant par l’écologie s’y intéressent. Il est ainsi possible de distinguer trois approches majeures :

- le pastoralisme comme fait social : le pastoralisme désigne le mode d’organisation des groupes humains polarisés par le déplacement saisonnier des troupeaux àexemple d’ouvrages traitant de cette aspect du pastoralisme dans les Monts Dore : Lhéritier, 1937 ; Fournier 1983 ; Charbonnier, 1984

- le pastoralisme comme technique d’élevage : selon cette acceptation, il s’agit d’une activité de production animale spécifique s’exerçant de manière extensive sur des végétations permanentes, c’est une pratique à Touzey, 1695 ; Jeannin et al., 1975

- le pastoralisme comme agroécosystème : cette dernière approche questionne les interactions entre mise en pâture des troupeaux domestiques et les surfaces qu’ils parcourent. Cette focale décrit le pastoralisme comme une organisation spécifique d’un milieu àLuquet, 1926 ; Bélenguier & Birard, 2015 ; Charreix, 2015

La définition retenue dans ce document souhaite n’exclure aucune des dimensions évoquées, elle emprunte donc aux trois approches : le pastoralisme est un système de production extensif qui valorise et engendre par le pâturage des végétations semi-naturelles hétérogènes (Blanchon, 2015).

Espaces pastoraux, herbages d’altitude et habitats pastoraux

Encadré 1 – Définition : « estive » Les espaces exploités par le pastoralisme sont désignés dans ce document comme des ou « montagne » ? « espaces pastoraux ». Par conséquent « espace pastoral » n’est pas un synonyme des « herbages d’altitude » car : Les deux termes existent en - ces derniers ne sont pas nécessairement exploités de manière extensive (exemple : Auvergne, une distinction est ferme de l’Angle - Mont-Dore), voire pas exploités du tout (sommet du Sancy) traditionnellement établie entre la - d’autres milieux, pas nécessairement situés, en altitude sont fréquentés par le « montagne » qui, en propriété ou pastoralisme comme les coteaux secs du plateau de la Serre ou les pâturages en fermage, fait partie de humides du Val d’Allier. l’exploitation et l’« estive » qui appartient à un tiers (personne L’expression « habitat pastoral » utilisée par les écologues, et notamment dans la privée, coopérative, section de nomenclature Natura 2000 (Bensettiti et al., 2005), renvoie quant à elle aux espaces village) et dont les animaux sont historiquement influencés par le pastoralisme que ceux-ci soit encore exploités selon un pris en pension (Bordessoule, mode pastoral ou non. Par conséquent « espace pastoral » et « habitat pastoral » 2001). n’occupent pas forcément les mêmes surfaces, ainsi : - une parcelle couverte par un habitat pastoral peut être exploitée depuis quelques Les deux termes seront toutefois années comme un pré de fauche ou abandonné utilisés indifféremment dans ce - des surfaces qui correspondent en termes de végétation à des prés de fauche document, sauf si cela est précisé. peuvent être utilisées avec des pratiques pastorales

La méthodologie de recensement utilisée pour l’étude propose une définition des surfaces pastorales, elle est présentée dans la partie méthode.

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1. CONTEXTE ET OBJECTIF

La première image qui vient à l’esprit de l’observateur des espaces pastoraux des monts d’Auvergne est celle d’une immensité verte intangible, inébranlable et inépuisable. Il faut néanmoins se garder de cette représentation car tout ici est en mouvement, de la surface dévolue au pastoralisme à l’organisation de son exploitation (Bordessoule, 1985) en passant par les conditions climatiques (Serre, 2015). La présente étude, conduite par le Syndicat mixte du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne (SMPNRVA) et Auvergne Estives, propose un portrait contemporain du pastoralisme à l’échelle du massif des Monts Dore afin d’en saisir les enjeux actuels.

1.1 Origine de la réflexion

Du fait de l’emprise des surfaces pastorales sur son territoire, le SMPNRVA, créé en 1977, a très vite développé une réflexion sur ces espaces. Cette volonté a été confortée par le souhait du Conseil Régional de disposer d’un service pastoral assuré par le Parc des Volcans à partir de 1983 dans le cadre du contrat d’un plan Etat Région, puis par un financement conjoint de l’Agence nationale de développement agricole et du Conseil Général du Puy-de-Dôme (Giscard d’Estaing, 1988). A partir de ce moment, un certain nombre d’actions voit le jour, on peut notamment citer des travaux en faveur de : - l’animation et l’équipement : Opérations Groupées d’Aménagement Foncier (OGAF) Estive (1989-1992) ; Contrat Territoriaux d’Exploitation (CTE) ; - l’agro-environnement : OGAF Environnement Article 19 (1993-1996), opération local du Sancy gestion des pâturages d’altitude (1999) ; - la connaissance des estives, par exemple : Loiseau, 1987 ; Teuma et al., 1997. Ainsi, de 1988 à 2005 le Conseil Régional a soutenu par des crédits d’animations et d’investissements 319 projets pastoraux (dont 70% dans le et 30% dans le Puy-de-Dôme) avec 3 millions d’€ de subvention, pour un montant total de travaux de 8 millions d’€.

Suite au tarissement des aides régionales en 2005 et des grands dispositifs dotés d’une vision stratégique (OGAF et opérations locales notamment) l’accompagnement du pastoralisme entre en veille. L’ingénierie pastorale au Parc n’a pas disparu mais elle répond alors à des problématiques localisées et conjoncturelles qui ne s’inscrivent pas nécessairement dans une réflexion globale sur l’accompagnement du pastoralisme. Des programmes d’envergure sont toutefois assurés en parallèle : MAEt, appel à projet Datar , accompagnement des aides du Conseil Départemental du Puy-de-Dôme.

Face à ce constat, le Parc des Volcans souhaite relancer et moderniser la réflexion stratégique sur l’accompagnement du pastoralisme. Plusieurs initiatives sont lancées depuis 2013, notamment via la réalisation de mémoires prospectifs (Bartout, 2013 ; Leibig, 2013) et l’animation de comités de pilotage « pastoralisme » (11 avril 2013, 30 janvier 2014). Ces tentatives, si elles permettent de murir la réflexion, s’avèrent infructueuses.

A partir de 2015 la conjugaison de plusieurs événements réactualise la réflexion : - mobilisation de la profession autour du pastoralisme via la création de la Fédération Auvergne Estives (AG constitutive juillet 2015) ; - activation prochaine de la mesure 7.6.4 investissement pastoraux collectif du FEADER Auvergne qui pose la question de l’orientation de ces subventions ; - fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes qui suggère la refondation des aides régionales et un rapprochement avec les acteurs rhônalpins du pastoralisme.

1.2 Objectif de l’étude

Lors d’un nouveau COPIL pastoralisme (21 juillet 2015), les techniciens du Parc proposent d’orienter la réflexion vers deux nouvelles pistes de travail, d’une part la territorialisation de la stratégie pastorale, et d’autre part la création de données systématiques sur le pastoralisme pour actualiser les données de l’Enquête pastorale. Le SMPNRVA et Auvergne Estives expérimentent cette méthode sur un territoire pilote qui pourrait à terme servir d’exemple pour les autres territoires pastoraux du territoire Parc voire de l’Auvergne. Le massif des Monts Dore a été sélectionné pour servir de territoire pilote. Une présentation de l’action a été réalisée le 30 mars 2016 aux acteurs locaux du massif et le 01 avril 2016 à Clermont-Ferrand pour l’ensemble des acteurs du pastoralisme auvergnat, en présence d’un représentant du Réseau pastoral Rhône-Alpes. Il s’agit de :

1. définir une stratégie pour : > accompagner et promouvoir une activité pastorale durable > concilier les différents usages des espaces pastoraux

2. s’organiser pour : > prioriser les actions et les secteurs > construire des solutions de financements > définir le rôle de chacun

La présente étude constitue le socle du premier point en proposant un diagnostic pastoral territorial basé sur une méthode originale en Auvergne. L’objectif est de dresser un portrait contemporain du pastoralisme montdorien pour cerner les enjeux propres au massif.

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2. LES MONTS DORE : PORTRAIT D’UN MASSIF PASTORAL

2.1 Un massif volcanique, frais et humide

Le massif des Monts Dore est un stratovolcan de Figure 2 : Relief et réseau hydrographique 500km² reposant sur un socle granitique. Il s’agit en fait d’un massif composite qui rassemble plusieurs édifices volcaniques formés successivement sur une période longue (3,8 à 0,3 Ma) (Paster & Cantagrel, 2001) entrecoupée de phases érosives. L’érosion, notamment glaciaire, a fortement remaniée la morphologie du massif lui donnant sa forme actuelle, dominée par le neck du (1885m). Trois vallées majeures (Dordogne à l’ouest, Chaudefour à l’est et Fontaine Salée au sud) organisent le massif. Si les reliefs sont accidentés sur les crêtes, la majeure partie du massif présente des pentes relativement faibles.

Les montagnes montdoriennes constituent les premiers reliefs d’importance rencontrés par les nuages en provenance de l’Atlantique. Ainsi le climat local se caractérise par de fortes précipitations, entre 1200 et 2200mm (Serre, 2015). Le massif est ainsi une tête de bassin versant majeure, la Dordogne y prend sa source et les flans est du massif alimentent le bassin versant de la Loire.

L’altitude importante et les fortes précipitations organisent les conditions d’un enneigement conséquent (en moyenne 54 jours de neige à la station météorologique de Super-Besse, 1340m). Le climat est frais avec des moyennes annuelles variant entre 6,1°C et 8°C (Serre, 2015), la saison végétative est donc restreinte à 6 mois, de mai à octobre.

2.2 Un domaine pastoral de qualité

Figure 3 : Occupation du sol (Corine land cover)

L’étagement climatique est caractéristique des monts d’Auvergne : l’étage montagnard est remplacé dès 1400m par un étage subalpin caractérisé par l’absence de forêts et la présence de pelouses et landes acidiphiles (Bélenguier & Birard).

En deçà de cette altitude, le domaine pastoral est issu d’un défrichement important justifié par le potentiel agricole du massif. En effet, les andosols volcaniques (capacité de rétention d’eau et taux de matière organique élevés) et l’ambiance climatique de moyenne montagne apportent des conditions privilégiées au développement des herbages. L’analyse comparée des données de l’Enquête pastorale de 1971 (SCEES, 1976) confirme ces propos puisque le chargement annuel moyen des unités pastorales des montagnes volcaniques est 0,31 contre 0,12 de moyenne pour la zone montagne (Bordessoule, 2001).

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2.3 Une tradition pastorale ancienne

Cette synthèse historique repose en grande partie sur les travaux d’Eric Bordessoule (1985 et 2001).

2.3.1 L’ouverture du massif : une datation difficile

L’état actuel des connaissances ne suffit pas pour cerner avec précision la vie pastorale dans les Monts Dore avant le Moyen-Age. Toutefois, des traces archéologiques (Perpère, 1979) et des analyses polliniques (Miras, 2004) permettent d’établir que le défrichement des zones d’altitude du massif est très précoce (néolithique).

2.3.2 Période médiévale : des espaces pastoraux maîtrisés par les seigneurs laïques et religieux

Au début du Moyen-Age les pâturages d’altitude sont cités dans la documentation, mais il est difficile de distinguer le pastoral dans les systèmes d’exploitation agro-pastoraux existants. Des espaces proprement pastoraux se distinguent à partir du XIIème siècle avec l’apparition du terme « montagne ». Ces surfaces sont classées avec les « terres vaines » des domaines seigneuriaux. Des concessions au clergé permettent l’établissement de vastes domaines religieux à l’instar du domaine des chanoines de Prémontré à Védrine (Saulzet-le-froid) ou du domaine templier de Diane (Chambon-sur-lac) (Fournier, 1983). La faible population du territoire ne suffit pas à charger les montagnes, les seigneurs font donc appel à des transhumants lointains (Languedoc, Aquitaine). Avec l’augmentation de la population se met en place une concurrence entre les utilisateurs locaux et les transhumants (Fournier, 1983). Mais cette grogne paysanne n’entraîne pas une appropriation collective des montagnes à l’instar des Alpes.

Figure 4 : Vestiges de tras sur le plateau de Chantauzet (photo : Surmely, 2012) Sur la même période certaines surfaces sont ouvertes par les seigneurs pour un pâturage collectif des locaux. L’exploitation de ces communs entraîne vraisemblablement la construction des tras (cf figure 4) sans que la période de construction et la destination de ces constructions soient bien connues actuellement. Néanmoins, cette organisation collective n’a, semble-t-il, jamais débouché sur une organisation collective de la production fromagère.

Ainsi, comme le note Bordessoule (2001) : « à la fin du Moyen-Age, l’absence d’une vie pastorale plus élaborée va faciliter l’éviction des sociétés villageoises et l’implantation durable de la bourgeoisie sur les hautes-terres ».

2.3.3 Avènement de la bourgeoisie et mise en place des « montagnes à graisse »

A partir du XIVème siècle des événements déstabilisants (Peste noire, guerre de Cent ans, guerres de religion) organisent le passage de la mainmise sur les espaces pastoraux des seigneurs aux bourgeois. En effet, les difficultés de trésoreries seigneuriales entraînent la vente des domaines d’altitude et leur rachat par la bourgeoisie. En outre, la dépopulation des montagnes permet à ces mêmes bourgeois d’empiéter sur les pâturages communs.

Ce mouvement est commun à l’ensemble de la montagne volcanique, mais la forme qu’il prend dans les Monts Dore est originale par rapport au modèle prépondérant de la « montagne à lait ». Dans ce dernier système, les bêtes provenant de grands domaines auxquelles s’ajoute par location le bétail des paysans sont traites à l’estive par une équipe de buronniers qui assure également la transformation en fourme. Cette production, l’estivade, est ensuite vendue à des commerçants qui en assurent la commercialisation. A contrario, dans les Dore les animaux sont majoritairement destinés à l'engraissement. Ils sont rassemblés au printemps depuis des régions éloignées par un maquignon et vendus lors des foires d’automne ; ainsi les « montagnes à graisses » sont autonomes des territoires dans lesquelles elles s’établissent. Un système spéculatif s’organise autour des montagnes car ces dernières génèrent des bénéfices importants : jusqu’au triple du revenu d’une propriété en polyculture classique (Charbonnier, 1984). Cette spécificité des Dore s’explique vraisemblablement par l’absence (à part à Besse) d’une bourgeoisie locale riche en capitaux.

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Le système agro-pastoral paysan local reposant sur des petites exploitations (1 à 5 ha) n’a alors qu’imparfaitement accès aux pâturages d’altitude par les sectionnaux et les communaux non accaparés par la bourgeoisie.

2.3.4 1850-1950, d’une crise à l’autre

A partir de la moitié du XIXème siècle, la montagne à graisse perd de sa rentabilité (Fel, 1984), mettant ainsi fin au système spéculatif de l’exploitation indirecte. La bourgeoisie extérieure désaffecte donc les espaces pastoraux qui connaissent alors un reboisement. Bordessoule (1985) évoque le chiffre d’un tiers à un quart des surfaces pastorales ; Lejeune (1966) quant à lui estime qu’entre 1860 et 1960, 4700ha de montagne ont été reboisés dans les Dore.

En revanche le modèle de la montagne fromagère est à son apogée. Ainsi, l’effritement des montagnes d’engraissement et une conjoncture favorable au lait entrainent la conversion des montagnes des Dore vers le système montagne à lait avec notamment l’installation de grands domaines au sud du massif.

Le modèle de la montagne fromagère connait néanmoins également une crise de rentabilité après la Deuxième guerre mondiale : - hausse des charges liée aux mutations sociales : l’exode rural et l’évolution des conditions de vie rendent complexe la formation des équipes de buronniers - baisse des bénéfices avec l’effondrement des cours du fromage - concurrence accrue des races aux potentiels laitiers supérieurs Ainsi, l’exploitation des montagnes s’effondre : une enquête réalisée par la SOMIVAL (Société de mise en valeur de l’Auvergne et du Limousin) en 1963 révèle que 3225ha de surfaces pastorales sont vacants et 1000ha abandonnés.

2.3.5 A l’aube des années 2000 : une reprise vulnérable appuyée par la structuration des collectifs

La modernisation des systèmes agricoles locaux (mécanisation, intensification de la base, spécialisation) permet d’affecter un nouvel usage aux espaces pastoraux des Monts Dore : l’élevage des jeunes à moindre coût (génisses des systèmes laitiers et allaitants et veaux de boucherie).

Les grandes estives, autrefois propriétés bourgeoises, connaissent alors un morcellement important afin de s’adapter aux usagers. Toutefois, les petits lots d’animaux à élever dans chaque exploitation ne suffisent pas toujours pour atteindre la capacité de charge des surfaces pastorales, le pâturage collectif devient prépondérant, Bordessoule (1985) estime que 65% des surfaces pastorales des Dore sont pâturés par un collectif qui peut prendre plusieurs formes : - pâturage collectif traditionnel des sections et communaux - prise en pension d’animaux - mise en place des structures coopératives : naissance en 1971 de la Coopérative d’Estive d’Auvergne (Besse) et de la Coopérative d’Animation Pastorale (Chastreix) Cette mise en place du collectif est rendue possible par le progrès sanitaire qui permet de faire reculer les freins au mélange des troupeaux, brucellose et tuberculose notamment.

Cette reconfiguration ne se fait pas au bénéfice des exploitations locales, car même si elles accèdent mieux aux surfaces pastorales, elles ne représentent en 1983 que 29% des utilisateurs (Bordessoule, 1985). Toutefois, la transhumance, si elle domine encore la vie pastorale du massif, n’est pas très vaillante : - les flux de transhumance en provenance des régions proches (plateau de Rochefort-Montagne, Combraillles, Lembron) sont particulièrement précaires car il suffit d’un agrandissement de quelques hectares pour que l’exploitation puisse se passer de l’estive - la dynamique des transhumants lointains, en provenance des grands bassins allaitants (nord Aveyron, Châtaigneraie, Planèze de Saint-Flour), si elle existe bien, est moins dynamique que sur le Céz allier « en effet l’éloignement supérieur, la dégradation des estives au cœur du massif rendent les perspectives de reprises par les troupeaux allaitants de l’Aubrac beaucoup plus aléatoire » (Bordessoule, 2001).

Outre la fragilité de la dynamique des transhumants, l’exploitation des surfaces pastorales reste vulnérable car : - le reboisement se poursuit au détriment du domaine pastoral - l’émergence des domaines skiables se fait parfois au préjudice du pastoralisme - les grandes coopératives qui semblaient devoir conforter le pastoralisme montdorien rencontrent des difficultés à partir des années 1980 (difficulté à trouver des adhérents et à stabiliser le foncier)

2.3.6 Synthèse historique : des montagnes montdoriennes contrôlées par l’extérieur

Bordessoule propose en 1985 une analyse de l’histoire des espaces pastoraux d’altitude dans les Dore qui couvre l’ensemble de la période : « les estives ont toujours constituées un élément marginal pour le monde paysan ». De fait, elles ont majoritairement été exploitées par les transhumants, d’abord sous la gestion des seigneurs puis celle des bourgeois et enfin par les transhumants eux- mêmes.

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3. MATERIEL ET METHODE

L’étude sur les Monts Dore a pour double objectif de réaliser un diagnostic pastoral à l’échelle d’un massif -c’est l’objet du présent document-, et de tester des outils permettant d’y arriver. Ce second point de discussion méthodologique n’est pas abordé dans ce document mais fait l’objet d’une autre publication.

3.1 Périmètre d’étude

L’objectif est de cerner un territoire avec une ambiance pastorale cohérente afin de déterminer des enjeux propres à la zone. En d’autres termes se pose la question de la limite du domaine pastoral montdorien. L’étude de Bordessoule (1985) s’intéresse uniquement aux 12 communes-cœurs, là où Lhéritier (1937) intègre plus largement le sud de la zone (de Saint-Genès-Champespe à la Godivelle).

Si les limites nord, est et ouest font peu débat, il est plus délicat de cerner la limite sud où des zones de transitions existent avec les ambiances pastorales de l’Artense et du Cézallier. Le parti-pris a été de sélectionner un nombre de communes restreint, sans que cela soit préjudiciable pour les autres puisque l’objectif est, qu’à terme, la démarche se généralise sur les autres territoires. Saint-Nectaire et Saint-Pierre-Colamine ont néanmoins été ajoutés à cette sélection dans l’objectif d’aborder des espaces pastoraux différents des pâturages d’altitude. L’Enquête pastorale a ainsi été menée sur 20 communes (cf figure 5).

Toutefois, suite à l’Enquête pastorale il s’est avéré pertinent de modifier ce périmètre pour les raisons suivantes : - aucune surface pastorale n’a été identifiée et/ou retenue sur la commune : Vernines, La Bourboule et Rochefort- Montagne (La Bourboule est toutefois maintenue dans le périmètre d’étude pour la continuité spatiale de la zone) ; - non aboutissement de l’Enquête pastorale : Saint-Nectaire et Saint-Pierre-Colamine - l’échelle de la commune est non pertinente pour gérer les transitions entre les territoires pastoraux des Monts Dore et ceux de l’Artense et du Cézallier : seules les moitiés nord de Picherande et Besse-et-Sainte-Anastaise sont retenues avec pour limite la route départementale.

Ainsi le périmètre utilisé pour l’analyse des résultats du diagnostic couvre 16 communes (dont 2 deux pour partie) soit 48 253 ha.

Figure 5 : Territoire de l’étude Tableau 1 : Commune retenue pour le diagnostic

Surface Nom Commune Code INSEE (*commune étudiée pour partie) (ha) Besse-et-Saint-Anastaise* 63038 3043 Chambon-sur-Lac 63077 4749 Chastreix 63098 4553 La Bourboule 63047 1263 La Tour-d'Auvergne 63192 4874 Laqueuille 63189 2225 Le Vernet-Sainte-Marguerite 63449 2503 Mont-Dore 63236 3582 Murat-le-Quaire 63246 1168 Murol 63247 1520 Orcival 63264 2784 Perpezat 63274 3643 Picherande* 63279 2635 Saint-Sauves-d'Auvergne 63397 5002 Saint-Victor-la-Rivière 63401 1907 Saulzet-le-Froid 63407 2801 Total 48253

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3.2 Création d’une base de données : une Enquête pastorale basée sur la méthode alpine

Nécessité d’actualiser les données pastorales

Comme tout diagnostic il s’agit ici de mobiliser des données, or, force est de constater l’absence de données pertinentes à l’échelle du territoire d’étude. Les données existantes (Registre parcellaire graphique, Base de Données Nationale d’Identification, déclaration de mouvements d’animaux etc.) ne peuvent être utilisées seules car, n’étant pas été créés dans ce but elles échouent à décrire les espaces pastoraux et leurs usages (Bordessoule, 1992 ; CERPAM et al., 2009). C’est la raison de l’existence des Enquêtes pastorales qui sont des « opération[s] de recensement homogène et exhaustif des surfaces pastorales d’un vaste territoire visant à recueillir leur géolocalisation […] et un certain nombre d’informations relatives aux modalités de leur gestion pastorale » (IRSTEA et al., 2014). Toutefois, la dernière Enquête pastorale à couvrir le massif montdorien date de 1999-2001 et, les données ne peuvent être mobilisées car l’enquête n’est que partiellement achevée sur le Puy-de-Dôme et non digitalisée (disponible uniquement sur le département du Cantal : AGRESTE Cantal, 2000). Ainsi, les dernières données exploitables datent de 1983 (SCEES, 1990), soit il y a plus de 30 ans.

Adopter et adapter la méthode de l’Enquête pastorale Alpes 2012-2014 : un choix pragmatique

Les acteurs du pastoralisme de Rhône-Alpes et PACA ont également été confrontés récemment à la question du renouvellement de l’enquête réalisée sur l’arc alpin en 1996-1997. Après des travaux préparatoires conséquents (étude d’opportunité en 2009, étude de faisabilité en 2011) une nouvelle enquête est réalisée entre 2012 et 2014 avec un pilotage Suaci/CERPAM et un soutien financier de l’Etat, des Conseils régionaux et départementaux ainsi que de l’Union Européenne. La méthode a été repensée et modernisée pour cette enquête, aussi l’adopter permet de réaliser un gain de temps important par rapport à la réécriture d’une méthode. En outre, utiliser la méthode alpine de l’Enquête pastorale permettra de disposer de données harmonisées à l’échelle de la Grande Région Auvergne-Rhône-Alpes et ainsi fournir aux décideurs de quoi orienter les politiques régionales en faveur du pastoralisme.

Toutefois, des ajustements à la marge ont été effectués pour adapter l’enquête alpine aux monts d’Auvergne en intégrant par exemple des items relatifs aux biens de sections ou en améliorant l’intégration des cheptels bovins allaitants.

Présentation succincte de la méthode de l’enquête pastorale

Une présentation détaillée de la méthode est disponible grâce à la publication IRSTEA et al. de 2014. Il ne s’agit pas ici de réécrire le document mais de présenter les points essentiels de la démarche.

Protocole – Le recensement s’appuie sur l’organisation de réunions communales (ou bi-communales) où l’enquêteur rassemble des personnes ressources possédant une bonne connaissance de la commune. Une carte de la commune est projetée et les personnes présentes sont invitées à indiquer la localisation des différentes entités de gestion pastorale, l’enquêteur dessinant simultanément sur la carte projeté via un SIG. Un questionnaire permet de recueillir des informations sur chaque entité. L’information vient de personnes ressources et non de l’ensemble des exploitants car des entretiens individuels seraient trop longs et des réunions avec de nombreuses personnes difficiles à gérer. La conséquence est l’approximation des informations, mais la fiabilité de cette méthode a été testée pour une échelle d’interprétation territoriale.

Données recueillies – les surfaces pastorales sont définies comme des « surfaces présentant toujours une ressource pastorale spontanée herbacée, arbustive et/ou arborée, dont la valorisation est réalisée exclusivement par le pâturage de troupeaux ovins, bovins, caprins ou équins » (IRSTEA et al., 2014). Parmi les surfaces pastorales une distinction essentielle est faite entre les Unités pastorales (UP) et les Zones pastorales (ZP), les premières ayant une fonction spécialisée d’estive. Un questionnaire est associé à chacun de ces types de surfaces, il recueille des informations allant des modalités de conduite du troupeau aux caractéristiques du foncier en passant par l’existence d’activités complémentaires sur la surface.

Encadré 2 – Concrètement quelles surfaces sont recensées ?

Des surfaces valorisées principalement par un pâturage extensif Les surfaces recensées sont des surfaces dévolues au pâturage, des morceaux fauchés peuvent être intégrés ponctuellement lorsqu’ils sont contigus à une surface pastorale et que les regains sont pâturés. Les pacages d’altitude ne sont pas recensés ; la limite retenue entre surface pastorale et pacage d’altitude est un gradient d’intensification.

Des unités de gestion pastorale L’enquête recense des entités qui correspondent à une unité de gestion, c’est-à-dire qui corresponde à une gestion cohérente. Ainsi les surfaces pastorales : - constituent une portion de territoire continue (sauf séparation des parcs par une route) ; - sont indépendantes de la nature des propriétés foncières.

Des entités supérieures à 5ha L’objet de l’Enquête pastorale étant de disposer d’une synthèse à l’échelle territoriale, les entités inférieures à 5ha ont été écartées pour limiter le bruit dans la donnée.

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3.3 Echange avec les acteurs du Figure 6 : Réunion communale Murat-le-Quaire / La Bourboule pastoralisme

L’objectif est de collecter, en plus de la base de données pastorale, les craintes/besoins/envies des acteurs montdoriens du pastoralisme (agriculteurs, mais également élus, techniciens des collectivités, acteurs du tourisme et de l’environnement). Pour ce faire, deux outils ont été mobilisés. D’une part un comité de suivi a été proposé ; une première réunion technique a été organisée le 30 mars 2016 au Mont-Dore pour présenter le projet. D’autre part, à l’occasion de la réalisation de l’Enquête pastorale dans chaque commune, des discussions ont été animées par les agents du Parc entre les personnes ressources présentes.

3.4 Mise en œuvre des réunions Figure 7 : Dates des réunions communales communales

15 réunions d’enquêtes pastorales ont été réalisées entre le 04 mai et le 02 août ; elles ont réunies 63 personnes. En plus de ces réunions de nombreuses personnes ont été contactées par téléphone pour affiner les données recueillies en salle.

3.5 Autres sources d’informations

Les données créées en propre pour cette étude ont été complétées par des informations mises à disposition par la Direction Départementale des Territoires ainsi que provenant des plans de gestion de la campagne MAEC 2016 sur le site Natura 2000 FR 830 1042 « Monts Dore ».

3.6 Informations sur la conduite de l’analyse et la présentation des données

Une analyse des résultats uniquement sur les unités pastorales – Les quelques zones pastorales (surface pastorale sans fonction spécialisée d’estive) recensées ont été écartées de l’étude car il ne s’agit pas d’une thématique avec des enjeux bien identifiés par les collectivités et les agriculteurs enquêtés, de sorte que l’enquête n’a pas permis d’établir un recensement pertinent et cohérent des zones pastorales sur le territoire d’étude.

Exhaustivité des données – l’Enquête pastorale vise l’exhaustivité du recensement, mais, la méthode Alpes 2012-2014 ne permet pas de le garantir. Ainsi, l’ensemble des résultats présentés dans ce document doivent être compris comme étant établis sur les données recueillies et non sur l’ensemble des surfaces pastorales du massif. Par ailleurs, les données récoltées sont parfois incomplètes, des notes de bas de pages le précisent le cas échéant.

Données confidentielles – Les données de l’Enquête pastorale -quand bien même le protocole de récolte garantie leur innocuité- peuvent parfois être sensibles. Aussi certaines données sont présentées uniquement agrégées, sans représentation cartographique qui permettrait d’identifier les gestionnaires.

Comparaison des données – Afin d’établir une analyse sur les UP du massif des Monts Dore, les données sont parfois comparées aux résultats de l’Enquête pastorale 2012-2014 dans le massif des Alpes (Dobremez et al., 2016).

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4. PORTRAIT DU PASTORALISME MONTDORIEN CONTEMPORAIN

4.1 Espaces pastoraux des Monts Dore : emprise spatiale et caractéristiques topographiques

4.1.1 Emprise spatiale des espaces pastoraux montdoriens

Tableau 2 : Répartition des UP par communes

% de la surface Superficie % du Commune communale (ou partie de (ha) des domaine (*commune pour partie étudiée) commune) (ha) occupée Le domaine pastoral à fonction d’estive du UP en 2016 pastoral massif des Monts Dore couvre 10 303 ha1 soit par les UP 21% du territoire d’étude (cf répartition par Besse-et-Saint-Anastaise* 1287 12% 42% commune tableau 2 ci-contre). Chambon-sur-Lac 1947,8 19% 41% à cf carte 1 en annexe Chastreix 1240,1 12% 27%

Ce domaine se répartit sur 170 unités La Bourboule 1,1 0% 0% pastorales. Les unités pastorales sont La Tour-d'Auvergne 683,7 7% 14% globalement de taille restreinte puisque 75% des unités pastorales font moins de 70ha et Laqueuille 293,1 3% 13% 50% moins de 35ha. Le Vernet-Sainte-Marguerite 123,4 1% 5%

Figure 8 : Boxplot des UP selon la surface Mont-Dore 1113 11% 31%

Murat-le-Quaire 400,8 4% 34% Murol 167,3 2% 11% Orcival 377,4 4% 14% Perpezat 464 5% 13% Picherande* 900,4 9% 34%

Saint-Sauves-d'Auvergne 459,8 4% 9% à cf carte 2 en annexe Saint-Victor-la-Rivière 105,3 1% 6% Saulzet-le-Froid 737,8 7% 26% TOTAL 10303 100% 21,40%

4.1.2 Evolution de l’emprise des espaces pastoraux depuis 1983

Pour des raisons méthodologiques il est délicat de réaliser des comparaisons chiffrées de l’emprise des domaines pastorales entre l’Enquête pastorale de 1983 et celle de 2016. Toutefois, à partir des données présentées par Bordessoule (1985) il est possible d’estimer que l’ampleur du domaine pastoral à l’échelle du massif est à peu près stable.

Néanmoins, à surface constante, les surfaces pastorales ne sont pas forcément les mêmes ; en d’autres termes, des surfaces pastorales apparaissent et d’autres disparaissent. Cette dynamique est plurielle et complexe, il est toutefois nécessaire de mettre en exergue plusieurs exemples illustrés dans la figure 9 : - plantation forestière : la dynamique se maintient bien qu’elle semble ralentir ; - conversion vers la fauche qui s’explique par la recherche d’une autonomie fourragère plus importante ; - création d’estive : ce phénomène résulte notamment du vieillissement de la population de la zone d’étude, ainsi, la conversion d’une ferme en une estive avec prise de bêtes en pension peut constituer une retraite intéressante. Par ailleurs, en cas de rachat d’un domaine entier suite à l’arrêt d’une exploitation, les parcelles sont parfois remembrées et entièrement destinées à l’estive.

1 NB : il s’agit ici de la surface graphique et non de la surface réelle qui est de 10 650 ha (mesure effectuée à partir du MNT CRAIG Geodis de maille 10m x 10m et de précision altimétrique +-40cm) 14

Figure 9 : Exemple d’évolution des surfaces pastorales autour du Puy de Lachaud (La Tour d'Auvergne - Saint Sauves d'Auvergne)

4.1.3 Caractéristiques topographiques

Altitude – Les unités pastorales montdoriennes Figure 11 : Nuage de points et régression surface ~ altitude moyenne s’établissent entre 1013 et 1853 m d’altitude. L’altitude moyenne des UP est de 1282m. Une corrélation positive1 existe entre l’altitude moyenne et la surface des UP (cf figure 11) ; en d’autres termes les UP les plus petites s’établissent plus bas que les estives les plus grandes.

à cf carte 3 en annexe

Figure 10 : Relief doux à proximité du lac du Guéry (photo : SMPNRVA – A. Cassagnes)

Pente – Le domaine pastoral d’altitude est généralement peu pentu avec une pente moyenne de 20%. Les pentes importantes se concentrant sur les montagnes les plus en altitude.

Micro-relief – De manière générale les parcelles sont peu accidentées même si certaines estives accueillent ponctuellement des reliefs mouvementés

Figure 12 : Boxplot des UP selon l’étagement 2 Etagement – Les UP du massif se caractérisent par un étagement peu prononcé : 75% des UP ont un étagement inférieur à de 178,5m. A titre de comparaison 65% des UP du massif Alpin ont un étagement supérieur à 250m (Dobremez et al., 2016).

A RETENIR

à 170 unités pastorales ; 10 300 ha ; 20% du territoire d’étude à 75% des unités pastorales font moins de 70ha à la dimension du domaine pastoral est stable depuis les années 80, mais certaines unités apparaissent et d’autres disparaissent à un domaine pastoral bas (entre 1000 et 1850 m d’altitude) et peu étagé

1 Spearman ; rs : 0,39 2 différence entre l’altitude maximale et l’altitude minimale 15

4.2 Organisation de l’exploitation des unités pastorales montdoriennes

4.2.1 Nature du foncier

La structure du foncier des surfaces pastorales Tableau 3 : Nature des propriétaires foncier du domaine pastoral dans les Monts Dore (cf tableau 3) révèle plusieurs % du domaine particularités notables. Nature du propriétaire (typologie DGFiP) pastoral C’est tout d’abord la primauté de la propriété privée Propriété privée (personne physique) 31% individuelle qui est remarquable avec près d’un tiers Sectional 18% du domaine. Commune 16%

A noter également l’importance des biens de Coopérative agricole, groupement foncier agricole 11% section : 18% du domaine pastoral est concerné Syndicat intercommunal (eau ou activité ski) 7% par ce statut. Non connus ou information non disponible 7% Etat ou Ministère ou INRA 6% Les communes sont des propriétaires importants Copropriété (dont Bien Non Délimité) 4% avec 16% du domaine et 7% sous forme de syndicat intercommunal, soit près d’un quart du Association, groupement forestier, sociétés civiles 1% domaine. Département du Puy-de-Dôme 0,02% EDF ou ERDF 0,01% Enfin il convient de spécifier l’absence de regroupement de propriété du type association foncière pastorale.

à cf carte 4 en annexe

Encadré 3 – Pâturer les biens de sections : solutions innovantes dans les Monts Dore

Près de 20% du domaine pastoral est concerné par les biens de section. La complexité d’exploiter ces surfaces a localement été à l’origine de modalités d’organisation innovantes dont voici quelques exemples :

Sectionnal des Bughes (Perpezat) : des petites estives individuelles - Le sectionnal des Bughes couvre une soixantaine d’hectares, auparavant les troupeaux étaient mélangés par les ayants-droit. La PAC 2015 a provoqué une réflexion accompagnée par la commune pour que les exploitants puissent réaliser des déclarations de surfaces. Une séparation en plusieurs parcelles individuelles a eu lieu, les clôtures ont été financées par le fond de section. Un avocat a rédigé un règlement qui prévoit que les parcelles soient attribuées au hasard pour 6 ans avec un bail auprès de la section.

Sectionnal des Fraux (Laqueuille) : une estive collective gérée par la commune - Le sectionnal des Fraux couvre près de 200ha. Ici aussi la réforme de la PAC a suscité un souhait de formaliser l’organisation du pâturage tout en conservant le règlement traditionnel. La commune a pris un numéro de Pacage et réalise un appel à adhérent chaque année. Deux responsables sont nommés pour 2 ans et s’occupe du troupeau.

Sectionnal de la Couaille (Murol) : une estive collective gérée par les exploitants - Confronté à la réforme de la PAC les ayants-droit du sectionnal ont décidé de monter un Groupement pastoral pour gérer les 50ha du bien de section avec le soutien de la commune.

4.2.2 Exploitations agricoles concernées : gestionnaire et utilisateurs d’estive

Encadré 4 – Définition : « exploitation gestionnaire » et « exploitation utilisatrice »

On entend par « exploitation gestionnaire » l’entité qui administre l’unité pastorale, qu’elle soit propriétaire ou non ; c’est l’exploitation qui a la responsabilité des animaux, que ce soit les siens ou non.

Le terme « exploitation utilisatrice » renvoi quant à lui à l’exploitation à laquelle appartiennent les animaux qui pâturent l’unité pastorale. Ainsi, il peut avoir des utilisateurs différents des gestionnaires. Il est en outre possible qu’une unité ait plusieurs exploitations gestionnaires (cas des collectifs non constitués juridiquement) et plusieurs exploitations utilisatrices (cas des pensions et des estives collectives tout statut confondu).

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Exploitations gestionnaires

Les 170 unités pastorales des Monts Dore sont administrées par 145 exploitations gestionnaires.

En effet, 20 exploitations gèrent au moins 2 unités pastorales (maximum 4 UP gérées par une même exploitation). Si l’on exclut les 3 exploitations qui effectuent des rotations entre plusieurs unités avec leur propre troupeau (UP en circuit), les 17 exploitations restantes (soit 12% des gestionnaires) représentent 39 unités pastorales, soit 23% des unités, et 2374 ha soit 23% du domaine pastoral. Tableau 4 : Origine des exploitations gestionnaires Les exploitations gestionnaires sont dans une grande majorité des cas des exploitations puy- Nombre Surface % % d'UP dômoises : 87% des UP et 85% du domaine d'UP (ha) Surface pastoral. Exploitation gestionnaire basée 86 51% 4554 44% Les Aveyronnais gèrent uniquement 5% des dans la commune de l'UP UP et 5% des surfaces. Exploitation gestionnaire basée sur une commune du Puy-de- 62 36% 4175 41% Le fait que les exploitations cantaliennes Dôme autre que celle de l'UP maîtrisent 7% du domaine pastoral avec Sous-total 63 148 87% 8728 85% seulement 5 UP s’explique par la gestion de la Exploitation gestionnaire basée Montagne de la Biche (524 ha) dont le siège est 14 8% 1240 12% dans un autre département basé à Molompize. dont Aveyron 8 5% 488 5% dont Cantal 5 3% 720 7% à cf carte 5 en annexe dont Lozère 1 1% 32 0%

NB : il s’agit ici de l’origine du gestionnaire et Absence de données 8 5% 335 3% non de l’origine des animaux. TOTAL 170 100% 10303 100%

Exploitations utilisatrices

On compte 285 exploitations utilisatrices1 sur le massif. 32 unités pastorales accueillent au moins 2 exploitations utilisatrices. Ces 32 unités (20%* des UP) accueillent 157 exploitations, soit 55%* des exploitations utilisatrices et représentent 4019ha soit 41%* du domaine pastoral. Il s’agit : - soit d’estives collectives (quelle que soit leur situation juridique) - soit d’estives qui accueillent des bêtes en pension d’au moins 2 exploitations différentes - ou enfin d’estives qui accueillent à la fois des animaux de l’exploitation gestionnaire et des animaux en pension.

Les données disponibles ne permettent pas de produire une information statistique sur l’origine géographique des exploitations utilisatrices.

4.2.3 Utilisation collective des espaces pastoraux

Estives collectives

Encadré 5 – Définition : nature du gestionnaire de l’unité pastorale

a- Individuel : gestion de l’estive par une exploitation unique (GAEC inclus) qu’elle prenne des pensions ou non b- Collectif de fait sans statut juridique : plusieurs exploitations pâturant de manière coordonnée une unité pastorale mais n’ayant pas formalisé leur collectif juridiquement c- Groupement pastoral : plusieurs exploitations pâturant de manière coordonnée une unité pastorale ayant adopté un statut juridique et disposant de l’agrément préfectoral d- Autre groupe d’éleveur juridiquement constitué : plusieurs exploitations pâturant de manière coordonnée une unité pastorale ayant adopté un statut juridique mais ne disposant pas de l’agrément préfectoral e- Plusieurs utilisateurs individuels sans coordination

à « Estive collective » = b+c+d+e et « estive individuelle » = a

NB : - les unités pastorales gérées par des communes ont été classées comme « autre groupe d’éleveur juridiquement constitué ». - l’accueil de bêtes en pension n’est pas retenu par l’étude comme une forme d’estive collective

1 Données manquantes pour 10 unités pastorales représentants 443 ha * Statistique réalisée sur les 160 unités pastorales pour lesquelles la donnée existe (9 860 ha) 17

Tableau 5 : Nature du gestionnaire de l’unité pastorale

Nombre d'UP % UP Surface (ha) % Surface

Collectif de fait sans statut juridique 8 5% 569 6% Groupement pastoral 5 3% 1108 11% Autre groupe d’éleveur juridiquement constitué 7 4% 1516 15% Plusieurs utilisateurs individuels sans coordination 0 0% 0 0% Sous total estive collective 20 12% 3193 31% Individuel 146 86% 7013 68% Absence de données 4 2% 97 1% TOTAL 170 100% 10303 100%

L‘utilisation collective des unités pastorales est encore un mode d’exploitation bien présent. De fait 20 UP sont exploitées par une forme collective. Du fait de leur taille importante les estives collectives représentent 3193 ha, soit un tiers des surfaces. 130 exploitations utilisatrices (soit 46%) accèdent aux espaces pastoraux via une forme collective. Le collectif représente près de 25% des UGB estivé sur le massif.

Toutefois, si le collectif semble encore d’actualité, une partie conséquente des estives collectives évolue sans statut juridique (8 UP) et risque donc d’exploser dans les années qui viennent en lien avec les aides PAC, à l’instar de la désagrégation des pâturages collectifs de Perpezat et de Saint-Sauves-d’Auvergne.

à cf carte 6 en annexe

Collectif d’estives

Si les estives collectives sont en régression, les estives individuelles n’échappent pas nécessairement à une réflexion coopérative au travers de « collectifs d’estives ». Cette appellation regroupe des entités avec des statuts divers qui suivent néanmoins une logique commune : l’existence d’une structuration collective à l’échelle de plusieurs estives individuelles. L’étude a permis d’identifier 4 collectifs d’estives (cf tableau 7) qui recouvrent 28 UP (16% des UP) représentant 783 ha (7% du domaine). Ainsi, les collectifs d’estives concernent plutôt des unités pastorales de taille restreintes.

Tableau 6 : Collectifs d’estives identifiés sur les Monts Dore

Nom Commune Nombre d'UP Surface approx. (ha) Statut Clef du lac Saulzet ; Orcival 10 452 Coopérative Sectionnal des Bughes Perpezat 11 90 Section supervisée par la commune Le Trioule Perpezat 5 178 Section supervisée par la commune Vivançon Perpezat 2 63 Section supervisée par la commune

4.2.4 Les pensions : monter ses bêtes ou prendre des estives ?

Encadré 6 – Définition : « pension » et « estive »

La pension est le fait qu’une exploitation place ses animaux sous la responsabilité d’une autre exploitation moyennant une rémunération. Les bêtes ainsi placées sont désignées par les termes « pensions » ou « estives ». Dans le cas des estives collectives, les animaux appartenant aux exploitations membres de l’estive collective ne sont pas considérés comme des pensions.

La pension est un phénomène majeur de l’exploitation des unités pastorales montdorienne : 47 UP1 accueillent des pensions (tout ou partie du cheptel), soit 29%* des UP, elles représentent 3322 ha, soit un tiers* du domaine pastoral. Les données disponibles ne permettent pas de produire une information statistique sur l’origine géographique des pensions et une approche quantitative du cheptel ainsi estivé.

L’importance quantitative des pensions s’explique principalement par : - l’agrandissement des exploitations locales : elles n’ont ainsi plus besoin des pâturages d’altitude et chargent les unités pastorales dont elles sont gestionnaires avec des animaux pris en pension ; - le vieillissement de la population agricole : à proximité de la retraite -voire après- la réduction du cheptel de l’exploitation conduit les agriculteurs à placer des pensions sur les unités pastorales dont ils sont gestionnaires ; - l’utilisation des UP comme une activité économique annexe à l’exploitation agricole par la prise de pension ; ce phénomène existe pour des exploitations gérant une seule UP, mais également pour des exploitations gérant plusieurs UP, ainsi 5 exploitations gèrent 13 UP représentant 8% du domaine pastoral (cf tableau 7).

1 Données manquantes pour 10 unités pastorales représentants 401 ha * Statistique réalisée sur les 160 unités pastorales pour lesquelles la donnée existe (9 901 ha) 18

Tableau 7 : Prise de pension par les exploitations gérant plus de 2 UP (hors UP en circuit)

Nombre de Surface % Nombre d'UP gestionnaires concernée domaine concernées concernés (ha) pastoral L'exploitation gestionnaire ne prend 7 16 893 9% aucune pension sur ses UP L'exploitation gestionnaire prend des 5 10 623 6% pensions sur au moins une de ses UP L'exploitation gestionnaire prend des 5 13 858 8% pensions sur l'ensemble de ses UP TOTAL 17 39 2374 23%

A RETENIR

à Foncier : primauté de la propriété privée individuelle, importance des biens de section (18%) et des biens dépendant des communes (25%) à 145 exploitations gèrent le domaine pastoral, 85% des UP sont gérées par des exploitations puy-dômoises à 285 exploitations utilisent le domaine pastoral dont 46% via des formes collectives (hors pension) à les UP du massif sont majoritairement individuelles (86% des UP), mais des formes collectives gèrent tout de même 31% du domaine pastoral à 1/3 du domaine pastoral accueille des bêtes en pension à des collectifs d’estive émergent, les collectifs connus recouvrent 7% du domaine

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4.3 Cheptels estivés et orientations technico-économiques des unités pastorales

4.3.1 Orientations technico-économiques des unités pastorales

Orientation animale principale Sans surprise une large majorité des unités pastorales

Tableau 8 : Orientation animale principale de l’UP (92%) est orientée vers l’élevage bovin.

Orientation animale Nombre Surface Toutefois, bien qu’elles ne représentent que 4 unités % UP % Surface principale1 d'UP (ha) pastorales, les estives ovines occupent 14% du domaine pastoral des Monts Dore. De fait, 3 d’entre Bovin 156 92% 8266 80% elle sont des coopératives de grandes tailles. Ovin 4 2% 1446 14% Les estives principalement orientées vers l’élevage Equin 2 1% 50 0% équins sont très minoritaires à la fois en nombre d’UP Mixte 3 2% 375 4% et en surface, toutefois les équins sont souvent présents en petit effectif dans les estives bovines. Absence de données 5 3% 166 2%

TOTAL 170 100% 10303 100% A noter l’absence de caprins.

Système bovin allaitant et système bovin laitier

Tableau 9 : Répartition des UP dont l’orientation principale est le bovin en fonction Parmi les UP sans mélange de systèmes, du type de production l’élevage allaitant pur domine nettement (68% des UP). Nombre Surface % UP % Surface d'UP (ha) Les systèmes laitiers sont toutefois bien Système allaitant (couples et/ou présents sur le domaine pastoral puisqu’ils vache sans veaux et/ou génisses 81 48% 4493 44% occupent plus d’1/5 de l’ensemble des UP. destinées à devenir allaitantes) Les estives affiliées à ce système sont généralement plus petites (39ha en moyenne Système laitier (laitières et/ou pour les laitiers contre 55ha pour les 38 22% 1494 14% génisses futures laitières) allaitants). Les systèmes laitiers sont bien présents au nord du territoire (bassin laitier Mixte système laitier et allaitant 33 19% 2179 21% du plateau de Rochefort) et au sud-est. Absence de données 13 8% 671 7% Pas de bovin 5 3% 1466 14% à cf carte 7 en annexe TOTAL 170 100% 10303 100%

Etat des lieux de la traite sur les montagnes montdoriennes

La traite (bovine) en estive est assez rare, en effet seule 8 UP2 sont concernées (5%* des UP), elles représentent 511ha, soit 5%* du domaine. A noter que 2 de ces UP sont en circuit. La majorité de la traite est localisée sur les communes de Besse-et-Saint- Anastaise et Chambon-sur-Lac.

NB : la présence de vache laitière sur une UP ne signifie pas que les bêtes sont traites sur l’UP comme c’est le cas pour 2 UP (retour quotidien au siège d’exploitation).

Elever les jeunes : estive à génisses

Les génisses sont présentes sur 55% des UP et la moitié du Tableau 10 : Présence de génisses sur les UP domaine pastoral alors même Nombre qu’elles ne représentent que 28% %UP Surface %Surface du cheptel estivé (cf tableau 11). d'UP Les estives montdoriennes sont Présence de génisses uniquement 53 31% 1866 18% donc fortement caractérisées par la présence des jeunes, Présence de génisses parmi d'autres animaux 41 24% 3288 32% vraisemblablement car il s’agit Sous-total présence de génisses 94 55% 5155 50% d’une manière d’élever cette catégorie d’animaux peu Absence de génisses 63 37% 4477 43% exigeants à moindre frais tout en Absence de données 13 8% 671 7% conservant les parcelles proches de l’exploitation pour les animaux TOTAL 170 100% 10303 100% en production. Une approche spatiale montre que le nord du massif (Banne d’Ordanche, Guéry) se caractérise par une spécialisation des UP dans l’accueil des génisses. à cf carte 8 en annexe

1 L’orientation animale principale = type d’animal représentant plus de 80% du cheptel en UGB, sinon « mixte » 2 Données manquantes pour 8 unités pastorales représentants 223 ha * Statistique réalisée sur les 162 unités pastorales pour lesquelles la donnée existe (10 080 ha) 20

4.3.2 Effectifs estivés

Panorama général des effectifs estivés Tableau 11 : Effectifs estivés par catégories d’animaux à l’échelle du massif

Barème Effectif Plus de 15600 animaux sont estivés sur le Effectif % UGB massif, soit près de 8600 UGB1. UGB retenu (UGB) Ovin 5750 0,15 862,5 10% Les couples représentent 45% des UGB et les génisses 28%. Le massif est donc Vache laitière en lactation 660 1 660 8% encore une « montagne d’élevage ». Veau 2532 0,5 1266 15%

A noter également : les ovins représentent Autre vache (allaitante et tarie) 3205 1 3205 37% 10% des UGB estivés. Génisse et taurillon destiné à un 1485 0,75 1113,75 13% système allaitant Attention : les équins sont Génisse et taurillon destiné à un 1756 0,75 1317 15% vraisemblablement sous-évalués par un système laitier biais méthodologique. Equin 214 0,8 171,2 2% TOTAL 15602 / 8595,45 100% à cf carte 9 en annexe

Dynamique des coopératives d’estives ovines montdoriennes

La présence ovine sur le massif est essentiellement liée aux 3 coopératives (Montagne de la Biche, Ovi estive et Croix de Saint Robert) puisqu’elles représentent 91% du cheptel ovin du massif (2 estives individuelles avec des ovins, dont une mixte ovin- bovin). Dans un contexte économique peu favorable à l’ovin allaitant, les effectifs estivés par les coopératives d’estives ovines du massif se maintiennent voire augmentent depuis 20 ans. A noter que cette stabilité des effectifs se réalise malgré la tendance à la baisse du nombre d’adhérents. Les surfaces dévolues aux coopératives ovines varient légèrement sans que cela mettent en danger la gestion des coopératives.

Figure 13 : Evolution des coopératives ovines du massif entre 1995 et 2015

Sources : Teuma et al., 1997 ; SMPNRVA, 2006 ; diagnostics MAE 2009 (ADASEA du Puy-de-Dôme) et 2016 (SMPNRVA) NB : il s’agit ici des surfaces déclarées et non des surfaces réellement pâturées

Présence des équins sur le massif

Les équins ne constituent généralement pas le troupeau principal des UP montdoriennes (2 cas sur le massif) mais viennent en complément des troupeaux bovins par petit effectif, soit sur l’ensemble de la saison soit à la fin pour valoriser les fourrages grossiers restant. L’Enquête pastorale minore vraisemblablement l’importance des effectifs équins car les petits lots (mois de 10 animaux) n’ont pas toujours été signalés.

4.3.3 Origine des animaux estivés

Panorama général

Plus de 70% des UGB estivés sont originaires du Puy-de-Dôme et 30% de la commune où est située l’UP. La transhumance extra- départementale représente 28% des UGB estivés soit 32% des effectifs, soit à peu près le même taux qu’en 1983 (Bordessoule, 1985).

1 NB : données manquantes pour 13 UP 21

Etat des lieux par catégorie d’animaux

Tableau 12 : Répartition des catégories d’animaux selon l’origine

% d'animaux provenant …

de la commune de du Puy-de-Dôme Sous-total d'un autre Absence de l'UP où sont estivés (hors commune de 63 département données les animaux l'UP) Ovin 6% 57% 63% 37% 0% Vache laitière en lactation 43% 57% 100% 0% 0% Veau 20% 36% 56% 42% 2% Autre vache (allaitante et 29% 37% 66% 33% 2% tarie) Génisse et taurillon destiné à 30% 39% 69% 31% 0% un système allaitant Génisse et taurillon destiné à 53% 38% 91% 8% 1% un système laitier Equin 16% 36% 52% 31% 17% Total (via conversion UGB) 30% 41% 71% 28% 1%

Ovins – 63% des ovins pâturant les UP du massif sont issus du département, mais seulement 6% de la commune où est localisée l’UP. La transhumance intra-départementale provient essentiellement du nord-ouest du massif. La transhumance extra- départementale (37% des effectifs) vient principalement du Cantal via la montagne de la Biche.

Système laitier – La totalité des laitières en lactation sont puy-dômoises et 43% d’entre-elles sont issues d’exploitations basées sur la même commune que l’UP, les autres venant généralement des communes alentours, dans le périmètre d’étude ou en dehors (Saint Diéry et Saint Donat notamment). De même plus de 90% des génisses laitières proviennent du Puy-de-Dôme et la majorité de la commune où se trouve l’UP. Ces données illustrent le fait que les montagnes des Monts Dore sont bien intégrées aux exploitations laitières locales qui y trouvent un moyen d’élever leurs jeunes pour un coût restreint.

Système allaitant – Même si une majorité des couples proviennent du département, une part conséquente (42%) provient d’autres localités, et principalement de l’Aveyron et du Cantal, plus marginalement du Lot et de la Lozère (1 UP pour chaque). En ce qui concerne les génisses, la part des locales est plus importante avec près de 70% des effectifs provenant du Puy-de-Dôme.

Etat des lieux par UP

Tableau 13 : Origine des animaux présents sur l’UP Figure 14 : Nombre d’UP accueillant des animaux du département : Nombre Surface % d'UP (ha) Surface 160

du département 63 118 5621 55% 140 149 du département 15 8 947 9% 120 du département 63 et peut-être 100 15 773 8% d'autre(s) département(s) 80 du département 12 11 623 6% 60

des départements 15 et 63 5 463 4% Nombre d'UP 40 des départements 12 et 63 5 383 4% 20 des départements 12, 15 et 48 1 317 3% 21 17 2 1 1 0 des départements 12, 15 et 63 1 258 3% des départements 12, 15 et 63 1 240 2% des départements 48 et 63 1 216 2% des départements 43 et 63 1 203 2% des départements 12, 47 et 63 1 131 1% Les UP pâturées par des animaux provenant des départements 12, 15, 46 et 63 1 96 1% exclusivement du Puy-de-Dôme représentent plus de la du département 48 1 32 0% moitié du domaine pastoral (55%).

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Encadré 7 – Etat des lieux de la présence des Aveyronnais sur les espaces pastoraux des Monts Dore

La présence des Aveyronnais sur le massif suscite beaucoup de réactions vives qui dénoncent un « envahisseur ». Toutefois, des animaux aveyronnais sont présents sur 21 UP seulement. De plus, seules 8 UP sont directement gérées par des Aveyronnais. En d’autres termes, les animaux aveyronnais présents sur le massif sont pris en pension dans la majorité des cas. Ces données révèlent un paradoxe : les habitants du massif critiquent la présence des Aveyronnais d’une part, mais organisent leur présence d’autre part.

Bordessoule explique (1992 & 2001) que les Aveyronnais n’ont pas un intérêt prononcé pour les estives des Monts Dore du fait de leur éloignement plus important que les monts du Cantal et le Cézallier et de leur dégradation.

A ce constat s’ajoute vraisemblablement une surévaluation de la présence aveyronnaise par les locaux du fait de la conversion d’une partie des cheptels puy-dômois et cantaliens en race Aubrac.

A RETENIR

à 15600 animaux ; 8600 UGB, dont 45% des couples et 28% des génisses à majorité élevage bovin, mais les ovins représentent tout de même 10% des UGB et 14% des surfaces à 70% des animaux proviennent du Puy-de-Dôme mais la transhumance extra-départementale représentent tout de même 30% des effectifs, notamment pour les animaux des systèmes allaitants à une présence limitée des Aveyronnais

23

4.4 Gestion des unités pastorales montdorienne

4.4.1 Les travailleurs de l’estive

Salariés Figure 15 : Le berger, salarié d’estive (photo SMPNRVA - B. Pauty) 6 UP représentant 1859ha (18% du domaine) font appel aux services de 8 salariés dédiés à l’estive. Il s’agit principalement des estives collectives : les trois estives collectives ovines emploient des bergers, 1 pour la Montagne de la Biche et 2 pour Ovi-Estive et La Croix de Saint Robert ; les deux coopératives bovines (CAP et CEA) emploient chacune un vacher. Ces salariés d’estive représente plus de 1000 journées de travail. Le Conseil Départemental du Puy-de-Dôme soutient l’emploi de berger dans un cadre collectif via une aide spécifique qui bénéficie actuellement à 3 UP montdoriennes. A noter l’absence de convention collective qui régit le cadre du travail des salariés d’estive en Auvergne.

A côté de ces salariés spécifiques, d’autres salariés interviennent ponctuellement sur les UP, notamment sur le domaine pastoral de l’INRA et une partie des estives accueillant une activité de traite.

Temps impartis à la gestion de l’estive

A partir des données disponibles (périodicité de la visite au troupeau et durée de l’estive) il est possible de produire une estimation grossière du volume de jour imparti à la gestion de l’estive en dehors du travail des salariés : 5600 jours pour l’ensemble du domaine pastoral des Monts Dore soit près de 36 jours par estive en moyenne. Ce travail comprend : la traite en estive, le chargement/déchargement des animaux, la pose/dépose et l’entretien des clôtures, la visite au troupeau etc.

4.4.2 Durée de l’estive Figure 16 : Nuage de point et régression - durée de l’estive ~ étagement

La durée médiane d’utilisation des estives des Monts Dore est de 144 jours. Cette durée semble avoir augmentée depuis une trentaine d’année : Bordessoule identifie une moyenne de 130 jours (Bordessoule, 1985).

A noter l’absence de corrélation1 entre la durée de l’estive et l’étagement des UP (cf figure 16). Ce constat s’explique d’une part par des étagements globalement faibles et d’autre part par une déconnexion entre la planification de la durée d’estive et les paramètres topographiques du domaine pastoral.

4.4.3 Chargement des estives

Chargement instantané (UGB/ha)2 Figure 17 : Histogramme du chargement instantané

Le chargement instantané médian est de 1 UGB/ha (cf la distribution de la série figure 17). Ces données sont à manipuler avec précaution car elles ne tiennent pas compte des séparations internes qui peuvent exister au sein des UP.

à cf carte 10 en annexe

1 Spearman ; p(uncorr) : 0.08 2 Statistiques établies sur un échantillon restreint (N=146) écartant les UP avec données manquantes et/ou en circuit 24

Chargement annuel moyen (UGB/ha/an)1

Le chargement annuel moyen médian est de 0,4 UGB/ha/an et Figure 18 : Boxplot des UP - chargement annuel moyen 50% des UP ont un chargement annuel moyen compris entre 0,26 et 0,55 UGB/ha/an ce qui correspond à une gestion pastorale cohérente sur substrats volcaniques. On note toutefois un nombre important d’UP vraisemblablement sous-chargées puisque 9,6% des UP ont un chargement annuel moyen inférieur à 0,2 UGB/ha/an). Ces UP représentent près de 20% du domaine pastoral. En outre, 16 UP représentant 3 % du domaine ont un chargement annuel moyen ≥ 0,8 UGB/an/ha qui témoigne d’une utilisation plus intensive.

Le chargement annuel moyen est un indicateur de l’intensité du pâturage, le croisement avec d’autres données des UP permet de mieux comprendre les logiques qui président à la mise en place d’une gestion extensive ou intensive. Un premier regard sur Figure 19 : Nuage de point Figure 20 : Nuage de point la carte du chargement (à cf carte 11 en annexe) livre quelques et régression : chargement et régression : chargement pistes : annuel moyen ~ étagement annuel moyen ~ surface - les périphéries du massif sont plus chargées que le cœur - les secteurs nord et sud-ouest sont plus chargés que le cœur et l’ouest - les petites estives sont plus chargées que les grandes

Croisement avec l’altitude des UP (cf figure 19) Une corrélation majeure2 existe entre le chargement et l’étagement. Or, l’étagement peut être défini comme un descripteur du potentiel d’intensification des fourrages, en d’autres termes, plus une estive est plane plus elle est mécanisable. Par conséquent, la corrélation suggère que les estives les plus planes sont plus chargées parce que les disponibilités fourragères sont développées par une intervention des gestionnaires (fertilisation, amendement calcaire) ; et inversement plus l’étagement est important et moins les disponibilités fourragères sont maîtrisées. Figure 21 : Boxplot chargement ~ type de système

Croisement avec la surface des UP La figure 20 illustre l’existence d’une corrélation3 entre le chargement annuel moyen et la taille des estives : les estives les plus chargées sont plus petites que les estives moins chargées. Ce constat invite à deux réflexions : - la gestion très extensive des grandes estives s’explique d’une part par des fourrages moins intéressants sur les hauteurs où elles s’établissent, et d’autre part par la difficulté à intensifier la gestion sur de grandes surfaces ; - la gestion plus intensive des petites surfaces est facilitée par l’investissement moindre que cela représente, d’autant plus que les petites UP montdoriennes sont généralement plus accessibles que les grandes car elles se situent à la périphérie du massif.

Croisement avec les systèmes d’exploitation Les différents systèmes d’exploitation ont des chargements nettement distincts4 ainsi que le montre la figure 21. Les Figure 22 : Boxplot chargement ~ présence de génisse coopératives ovines sont nettement moins chargées (médiane=0.21) que les systèmes bovins. Des nuances existent au sein même des systèmes bovins : les systèmes laitiers (médiane=0,32) sont moins chargés que les systèmes allaitants (médiane=0,49). Concernant la présence de génisses (figure 22), il est également possible d’établir une comparaison5 : les UP accueillant seulement des génisses ont des chargements nettement plus faibles (médiane=0,33) que les UP sans génisses (médiane=0,53). Ce différentiel provenant peut-être d’une gestion adaptée au besoin alimentaire moins sélectif des génisses qui permet de valoriser les fourrages hétérogènes.

1 Statistiques établies sur un échantillon restreint (N=146) écartant les UP avec données manquantes et/ou en circuit 2 Spearman ; rs : -0.38 3 Spearman ; rs : -0.38 4 Kruskal-Wallis ; p(same) : 0.0045 5 Kruskal-Wallis ; p(same) : 0.0004 25

4.4.4 De la fauche en estive

La fauche1 occupe une place importante au sein des UP des Monts Dore, en effet 44 UP (26% des UP) sont partiellement fauchées et on peut estimer à près de 400ha (environ 4% du domaine) les zones fauchées. L’importance relative des surfaces fauchées dans l’UP varie de 1 à 60% de la surface avec une médiane de 13ha.

4.4.5 Subdivision en parcs

Une majorité des UP est subdivisée en plusieurs parcs : ce mode de gestion concerne 88 UP représentants 68% du domaine pastoral. Il convient de distinguer deux raisons qui président à ces séparations internes : - accueil de plusieurs lots d’animaux qui se distinguent soit par leur stade physiologique ou leur exploitation d’origine et qu’il convient de séparer afin d’éviter les transferts de maladie, les saillies non souhaitées etc. ; - l’organisation d’un pâturage tournant afin d’optimiser l’ingestion.

A RETENIR

à 8 salariés d’estives à l’estive = 36 jours de travail en moyenne à durée de l’estive médiane = 144 jours à chargement annuel moyen médian = 0,4 UGB/ha/an à 26% des UP sont partiellement fauchées

1 L’intégration des zones de fauche au sein des UP a suivi la règle suivante : si la zone de fauche est contigüe ou interne à une entité pastorale, qu’elle fait l’objet d’une coupe unique avec un pâturage des regains par les même animaux qui pâturent l’entité pastorale attenante, alors cette zone de fauche est considérée comme une surface pastorale et intégrée à l’entité de gestion dans laquelle elle s’intègre, et ce quelle que soit sa surface. On retrouve donc dans cette règle un indicateur d’intensivité (1 seule coupe), la cohérence spatiale (contigüe ou interne) et la notion d’unité de gestion (les mêmes animaux). Cette règle exclut donc de facto les prés de fauche qui cohabitent simplement avec des entités pastorales. 26

4.5 Des espaces pastoraux aux usages multiples

4.5.1 Domaine pastoral et patrimoines naturels

Un patrimoine naturel d’exception

Les milieux agro-pastoraux du massif présentent une forte Figure 23 : L’Apollon, papillon des milieux ouverts de montagne diversité du fait de la présence de deux étages climatiques (photo : SMPNRVA) (montagnard 800-1400m et subalpin >1400m) et de la diversité des tendances climatiques : la flore est marquée par des espèces atlantiques sur les versants ouest (ex : Bruyère à quatre angles), enrichies en plantes méditerranéo- montagnardes en direction du Sud (ex : Genêt purgatif), elle possède des raretés alpines sur les sommets (ex : Soldanelle des Alpes) et peut être porteuse de plantes boréales (Saule des Lapons). Ainsi, une grande variété d’habitats naturels est recensé : 34 habitats pastoraux1 dans le plan de gestion de la Réserve Naturelle nationale de Chastreix-Sancy (Leroy et al., 2013). Ces habitats sont parfois rares et/ou d’un intérêt de conservation prioritaire à l’instar des Pelouses acidiphiles montagnardes (code Natura : 6230-4) qui occupent plus d’un quart de la surface du site Natura 2000 des Monts Dore (Bélenguier & Birard, 2013). Ces milieux accueillent une grande diversité d’espèces végétales et animales, parfois d’intérêt patrimonial, on peut citer entre autres le Merle à plastron, la Laîche à feuilles engainantes et l’Apollon.

En reconnaissance de l’intérêt patrimonial de ces espaces, 49%du domaine pastoral (5021 ha) et 74 UP (43%). sont concernés par un classement ou une désignation au titre de la protection de l’environnement. à cf carte 12 en annexe

Tableau 14 : Intersection entre le domaine pastoral et les périmètres environnementaux

Nombre d'UP Surface d'estive % du domaine Type de zonage Nom concerné concernée (ha) pastoral concerné Lac Guéry et ses abords 5 55,8 1% Site classé Vallée de Chaudefour 4 98,4 1% Vallée de la Fontaine Salée 5 254,3 2% Natura 2000 Monts Dore 74 4995,2 48% Chastreix-Sancy 21 1047,8 10% Réserve naturelle nationale Vallée de Chaudefour 9 387,3 4% (+périmètre de protection)

Le pastoralisme a généré et entretient aujourd’hui une partie des habitats ouverts du massif, il peut toutefois également constituer un facteur de dégradation de certains milieux fragiles à l’instar des radeaux flottants des tourbières de transition. Les enjeux agro- environnementaux liés au pastoralisme montdorien sont pris en compte dans le Document d’objectif du site Natura 2000 et les Plans de gestion des RNN. Des Projets Agroenvironnementaux et climatiques gérés par le SMPNRVA sur le massif constituent une réponse à cette problématique. Le périmètre couvert par ces dispositifs sur le territoire d’étude correspond au site Natura 2000 FR8301042 ainsi qu’au territoire du Contrat territorial des Lacs de la tête de bassin de la Couze Pavin auxquels s’ajoutent les estives collectives attenantes. 3100 ha ont été contractualisés lors de la campagne 20162 sur 32 UP (tout ou partie). à cf carte 13 en annexe

4.5.2 Domaine pastoral et activités cynégétiques

La cohabitation entre chasseurs et exploitants agricoles n’est pas toujours décrite comme pacifiée par ces derniers qui dénoncent - à tort ou à raison- la dégradation volontaire des clôtures par les chasseurs.

Outre les cheptels domestiques, les espaces pastoraux du massif accueillent des grands herbivores sauvages, et notamment le Mouflon de Corse et le Chamois. La population de Mouflons de Corse, entre 400 et 500 individus, est issue d’une introduction débutée dans les années 50 ; l’effectif actuel est stable depuis une dizaine d’année (figure 24), entre 80 et 130 attributions ont été décidées depuis 2010. Le Chamois a colonisé le massif depuis la population introduite dans les Monts du Cantal en 1978 ; la population se maintient entre 200 et 280 individus depuis une dizaine d’années, les plans de chasse de ces dernières années ont visé à faire redescendre des effectifs jugés trop élevés. Un Groupement d’Intérêt Cynégétique « gibiers de montagne » s’est constitué pour gérer les populations de ces deux mammifères sur le massif.

1 sans compter les habitats humides pâturés 2 Une deuxième campagne est prévue pour 2017 27

Les populations de grands gibiers sont jugées trop importantes pas les exploitants agricoles qui y voient des compétiteurs pour l’accès à la ressource fourragère et une potentialité de transfert de maladie et de croisement (brebis x mouflon). Par ailleurs les équipements de clôtures peuvent parfois être dangereux pour la faune sauvage (cf figure 25).

Figure 24 : Evolution des populations de mouflon et chamois sur Figure 25 : Mouflon pris dans les filets le Sancy (Fédération départementale des chasseurs du Puy-de- (photo : SMPNRVA – B . PAUTY) Dôme , 2015)

4.5.3 Domaine pastoral et tourismes

Historiquement, l’activité touristique du massif est essentiellement basée sur le thermalisme et les sports d’hiver. Or, du fait de la baisse de fréquentation du thermalisme et des aléas de l’enneigement, mais aussi du fait des nouveaux besoins touristiques, le tourisme estival est en progression. Le diagnostic s’intéresse uniquement aux activités touristiques qui entrent en interaction avec le pastoralisme (ex : exclusion des raquettes ou de l’escalade).

Tourisme estival

Les interactions entre le tourisme estival et l’activité pastorale se concentrent sur les activités de randonnées pédestres, équestres et VTT. L’ensemble du massif n’est pas fréquenté de façon homogène : les crêtes du Puy de la Perdrix au val de Courre, en passant par le Puy de Sancy, le col de la Cabane, le col de Courre constituent le secteur le plus arpenté. La fréquentation des crêtes est estimée à 180 000 personnes par saison estivale avec des pics de fréquentation de 1000 personnes par heure sur le Puy de Sancy. Cette fréquentation est maximale de mi-juillet à mi-août, plus faible en juin et septembre et assez minime les autres mois. L’accès au domaine pastoral est facilité par les cols routiers qui le parcourent ainsi que les téléphériques du Mont-Dore, de Super-Besse et le funiculaire du Capucin. 63 UP sont concernées par un GR, un PR ou la piste équestre Dôme-Sancy. à cf carte 14 en annexe Tableau 15 : Nombre d’UP concernés par des itinéraires de randonnées

Nombre d'UP Activité estivale % UP concernée concernée Randonnée pédestre PR 59 35% Randonnée pédestre GR 31 18% Randonnée équestre 15 9% GR ou PR ou piste 63 37% équestre

Cette fréquentation importante est à l’origine Figure 26 : Interaction tourisme-troupeau sur la montagne de la Biche (station d’un mécontentement des exploitations de Super-Besse) (photo : SMPNRVA – B. PAUTY) agricoles qui pratiquent l’estive : elles y voient une source de dérangement du troupeau et de dégradation des équipements de clôture lorsque les passages sont forcés. Le dérangement a plusieurs conséquences : - limitation de l’ingestion (notamment indirectement par la génération de stress) ; - mise en danger des touristes (agressivité des vaches allaitantes envers les chiens ; présence de chiens de protection de troupeau ; présence de taureaux) à engagement de la responsabilité des éleveurs en cas d’accident ; - frein au travail des bergers.

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Figure 27 : Préconisation pour la randonnée en espace pastoral Les exploitants se plaignent en outre de l’oubli récurrent de fermeture des passages de clôtures.

Outre ces externalités négatives effectives de la fréquentation touristique, les exploitants agricoles évoquent de manière récurrente un défaut de reconnaissance de leur travail de valorisation et d’entretien des espaces en évoquant les « gros yeux » des touristes lorsqu’ils circulent en 4x4 ou en tracteur sur leur estive, lorsqu’ils ne sont pas interpellés. La fréquentation touristique est vraisemblablement d’autant mal vécue que l’activité touristique n’est valorisée directement sur aucune UP (accueil ou vente de produit).

A noter l’absence d’une documentation (signalétique, brochure) propre à la circulation sur des surfaces agricoles. Des panneaux ont néanmoins été positionnés à l’entrée de certaines unités pastorales et le document nature en poche (SMPNRVA) préconise un comportement adapté (cf figure 27).

Tourisme hivernal

Le massif des Monts Dore est un lieu important du tourisme de neige : il abrite 3 stations de ski alpin (Super-Besse, Le Mont-Dore, Chastreix-Sancy) et une myriade de sites nordiques. 39 UP sont parcourues par des pistes de ski alpin et/ou nordique (cf tableau 16). à cf carte 14 en annexe

Tableau 16 : Nombre d’UP concernés par le ski sur pistes (nordique et/ou alpin)

Nombre d'UP Activité estivale % UP concernée concernée UP concernée par pistes de ski alpin uniquement 5 3% UP concernée par pistes de ski nordique uniquement 29 17% UP concernée par pistes de ski alpin et nordique 5 3% Total 39 23%

Figure 28 : Travaux de terrassement (liaison Super-Besse – Le Mont-Dore) (photo : SMPNRVA) La cohabitation entre pastoralisme et domaine skiable est indirecte : - en été les travaux d’aménagement des pistes peuvent gêner l’activité pastorale ; - en hiver le passage des dameuses peut endommager les clôtures.

La gestion de ces interactions n’est pas toujours évidente. Les agriculteurs estivant sur les domaines alpin, notamment parce qu’ils sont souvent locataires, estiment ne pas toujours pouvoir négocier correctement avec les stations. A noter que les situations sont diverses selon les domaines skiables.

A RETENIR

à 50% du domaine pastoral concerné par une désignation ou un classement au titre de la protection de l’environnement à Une cohabitation éleveur - chasseur pas toujours évidente à 180 000 visiteurs sur les crêtes du massif par saison estivale à 37% des UP parcourues par un itinéraire de randonnée à 23% des UP parcourues par des pistes de ski alpin et/ou nordique

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5. ENJEUX DU PASTORALISME DANS LES MONTS DORE

Le propos de cette partie est de synthétiser les enjeux du pastoralisme dans les Monts Dore. Des pistes d’actions sont proposées pour chaque problématique ainsi identifiée. La description des actions reste générale, et si elle suggère des pistes de financement et/ou d’organisation elle n’entre pas dans le détail d’un chiffrage.

5.1 Analyse AFOM (Atout Faiblesse Opportunité Menace)

Tableau 17 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces du pastoralisme montdorien

Atouts Faiblesses

- un foncier impliquant une gestion peu flexible (50% propriété privée individuelle ou section) problématique dans le cadre : > d’un vieillissement des gestionnaires d’estive - un domaine pastoral d’envergure (10 303 ha) globalement > l’amorce d’un mouvement de concentration des estives facile d’exploitation (accessibilité aisé, topographie douce, aux mains de quelques gestionnaires possibilité d’une durée d’estive importante etc. ) - fragilité juridique des formes collectives (31% de la surface du - un intérêt des éleveurs avec un nombre conséquent domaine, 46% des utilisateurs, 25% des UGB) d’exploitations concernées (145 exploitations gestionnaires, - une cohabitation entre activité agricole et activité touristique 285 exploitations utilisatrices) pas toujours facile - existence de solutions innovantes pour la gestion des biens - des besoins d’équipements structurants pour garantir l’intérêt de sections sur le massif de l’estive (gain de temps de l’exploitant, coût réduit du pâturage) - absence d’une valorisation économique des produits d’estive

Opportunités Menaces

- marginalisation des espaces pastoraux dans les systèmes d’exploitation locaux qui conduit à la multiplication des pensions et un entretien moindre des montagnes - existence d’une aide dédiée au pastoralisme du Conseil Départemental du Puy-de-Dôme, compatible avec la mesure - déstructuration des estives collectives dans le cadre de leur 764 du FEADER Auvergne adaptation à la réglementation - polarisation des montagnes entre : - intérêt d’exploitations extérieures au massif pour l’exploitation des espaces pastoraux montdoriens > des surfaces productives et simples à gérer (accès, surface plane etc.) qui connaissent une intensification des - intérêt pour l’investissement dans le foncier d’estive de pratiques agricoles (vers le modèle de gestion des prairies) certaines exploitations locales avec pour conséquence de la perte de typicité de la - présence de l’INRA sur le massif avec des thématiques de gestion pastorale et un impact sur la plus-value de l’estive, recherches sur les estives les agroécosystèmes et les paysages > des surfaces moins intéressantes dans le cadre d’une gestion de type prairie qui risquent de se dévaloriser à terme

Tableau 18 : Matrice d’analyse AFOM

Atouts Faiblesses

De quelle manière peut-on dépasser les points de faiblesse afin d’exploiter les opportunités ? De quelle manière peut-on utiliser les atouts afin d’exploiter les opportunités? - accompagner un basculement de la gestion des - renforcer les liens entre les éleveurs locaux et l’INRA estives entre des gestionnaires vieillissants et des Opportunités autour de la mise en œuvre d’itinéraires de gestion exploitations, locales où extérieures, intéressées des estives adaptés à la conservation de la plus- mais n’ayant pas toujours accès au foncier value économique, environnementale et paysagère - construction d’un marché de la pension des pratiques pastorales - déployer l’aide du CD63 pour soutenir les besoins d’équipements structurants

De quelle manière peut-on utiliser les atouts afin de contrecarrer les menaces ? De quelle manière peut-on dépasser les points de faiblesse afin de contrecarrer les menaces? Menaces - accompagner les gestionnaires pastoraux de biens de section vers une stabilisation de la gestion grâce - accompagner les formes collectives vers une aux solutions de gestion innovantes développées sur stabilisation de leur forme juridique le massif

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5.2 Pérennité et promotion des usages collectifs

5.2.1 Pertinence des formes collectives

Les formes collectives d’exploitations pastorales représentent une part importante du pastoralisme montdorien : 31% de la surface du domaine, 46% des utilisateurs et 25% des UGB. Mais, elles connaissent une certaine désaffection de la part des exploitants montdoriens qui leur reprochent d’une part les risques sanitaires liés au mélange des animaux (notamment IBR et BVD) et d’autre part la négociation et les compromis qu’elles impliquent. Toutefois, aux regards des enjeux agricoles actuels les formes collectives apparaissent comme pertinentes car elles permettent : - de gagner du temps de travail en mutualisant l’entretien de l’estive et la visite des animaux, voire d’employer des salariés d’estive pour réaliser ces tâches ; - de mobiliser plus facilement des capitaux afin de réaliser les investissements structurants qui garantissent la viabilité de l’estive ; - une mobilité des exploitations utilisatrices sans imbroglio sur le monde de faire-valoir ou la propriété.

A noter que les collectifs d’estive activent également une partie des forces du collectif sans pour autant être impactées par les externalités négatives des estives collectives.

5.2.2 Problématiques des formes collectives d’exploitation pastorale

Fragilité juridique

Une partie des estives collectives évolue sans cadre juridique bien déterminé (8 UP recensées, représentant 6% du domaine pastoral). Ce défaut de cadre est doublement préjudiciable car : - l’exploitation est potentiellement menacée par le cadre réglementaire PAC en fonction des déclarations réalisées par les éleveurs ; - l’absence de statut ne permet pas une reconnaissance officielle qui permettrait d’accéder à des aides. La formalisation juridique d’une estive collective est un chantier important qui rebute les exploitants avec lesquels la question a été abordée, le risque étant, qu’un contrôle conduise à une simplification de la gestion par la séparation en plusieurs unités de gestion individuelle.

Défaut d’animation

La gestion d’une entité collective demande un suivi spécifique, à la fois concernant les modalités administratives de gestion, mais également sur un plan plus technique : comment gérer des lots d’animaux et des parcelles immenses, comment mélanger les animaux en minimisant les risques sanitaires etc. Or, force est de constater l’absence d’un conseil adéquat du fait du manque de connaissance locale de cette forme d’exploitation.

5.2.3 Accompagner les usages collectifs – pistes d’actions

> Accompagner les estives collectives dans la gestion de leur statut spécifique : - conseil concernant la gestion courante des statuts collectifs ; - assistance aux estives sans forme juridique pour une formalisation adaptée à leur situation (coopérative, syndicat, association…). Pour les entités éligibles cette action est partiellement finançable par l’aide au démarrage des groupements pastoraux1 ; - conseil spécifique concernant l’emploi des salariés d’estive (contrat type, bourse d’emplois, convention collective).

> Accompagner le déploiement des aides publiques aux estives collectives auprès des estives collectives du massif : - dispositif de soutien à l’activité pastorale du Conseil Départemental du Puy-de-Dôme (actuellement seules 3 estives collectives du massif ont sollicité l’aide) - mesure 764 du FEADER Auvergne « investissements pastoraux collectifs » (lancement vraisemblablement en 2017)

> Faire reconnaître les collectifs d’estives comme des formes d’estives collectives éligibles aux aides publiques et bâtir les statuts idoines. Ce type de solutions d’aménagement des espaces pastoraux a déjà été imaginé en Rhône-Alpes notamment via des SICA (cf PNR Haut-Jura et PNR Massif des Bauges) ou via le statut de « Groupement pastoral à gestion concertée » dans la Drôme (cf ADEM).

> Assurer la promotion des estives collectives par des travaux sur la viabilité et la plus-value économique des usages collectifs.

1 cf Articles R 135-3, R 113-12 et D 343-33 du Code rural et de la pêche maritime, Arrêté du 10 février 1997 et Arrêté du 22 juillet 2014, relatifs à l’aide au démarrage aux groupements pastoraux et aux associations foncières pastorales 31

5.3 Evolution de la gouvernance des entités pastorales individuelles

Contrairement à l’idée largement répandue, la tendance dans les Monts Dore n’est pas à l’accaparement des estives individuelles par les transhumants extérieurs, et plus particulièrement les Aveyronnais1. En effet le taux d’animaux provenant d’un autre département reste le même depuis les années 1980, et 87% des montagnes représentant 85% du domaine pastoral est géré2 par des Puy-dômois. Toutefois, on assiste à des mouvements dans l’organisation du pastoralisme.

5.3.1 Une transhumance bovine organisée par les pensions

Les exploitations extérieures qui transhument dans les Monts Dore accèdent pour une large partie d’entre elles aux espaces pastoraux via le régime de la pension3. De fait un tiers du domaine pastoral montdorien accueille des bêtes prises en pension. Ce phénomène trouve une double origine dans la désaffection des montagnes par les troupeaux locaux (agrandissement des exploitations en bas) et le vieillissement des gestionnaires d’estives qui remplacent leur troupeau par des pensions. Ces deux points semblent indiquer une probable amplification du phénomène dans les années à venir. L’originalité de ce système est que les exploitations locales restent gestionnaires (qu’elles soient propriétaires ou titulaires d’un bail) des montagnes alors qu’elles ne les pâturent plus ou que partiellement. A noter que ces bovins transhumants sont essentiellement issus de systèmes allaitants.

Le recours aux pensions transhumantes n’est pas un problème en soi pour la vie du massif dès lors que les locaux accèdent à leur guise aux estives, d’autant plus qu’il permet de générer des revenus complémentaires. Toutefois, dans un contexte où les éleveurs locaux sont à la recherche de surfaces dans le cadre de la réforme du cahier des charges de l’AOP Saint-Nectaire, des dégâts de campagnols terrestres et de la sécheresse, on peut s’étonner de voir l’importance des effectifs venant de l’extérieur.

5.3.2 Concentration de la gestion des estives

Le second mouvement de fond est la concentration de la gestion des montagnes par des exploitations locales. En effet, certaines exploitations gèrent des surfaces conséquentes, réparties en une ou plusieurs unités de gestion, non pas pour les besoins de leur troupeau, mais pour la prise de pensions. C’est donc une activité économique annexe à la production agricole classique qui se développe : une prestation de gestion de troupeau pour autrui. Pour comprendre la logique de ce phénomène il faut intégrer que pendant la période d’estive c’est l’exploitation d’accueil des pensions qui touche les aides bovines en plus des aides liées à la surface (DPB, paiement vert, ICHN et MAEC).

Le développement de cette activité n’est pas un problème en soi puisqu’il génère des retombées financières pour les exploitations locales. Toutefois, si cette concentration se fait au détriment de l’accession d’exploitation à l’estive pour des troupeaux locaux, cette concentration pourrait être qualifiée d’accaparement.

5.3.3 Accompagner le renouveau de l’organisation – pistes d’actions

Les nouveaux modes de gouvernance des montagnes individuelles montdoriennes peuvent potentiellement être préjudiciables au développement des exploitations locales qui ne pourraient y accéder. Ainsi, la promotion d’un pastoralisme dynamique sur le massif des Monts Dore passe vraisemblablement par un suivi de ces évolutions.

> Mise en place d’une bourse de la pension à l’échelle du massif permettant d’établir une transparence sur l’offre et la demande de pensions, les tarifs appliqués etc. Ce type de dispositif permet à la fois d’observer les transactions et, au besoin, de favoriser la visibilité des demandeurs locaux.

> Interroger et mobiliser la SAFER sur la thématique des transactions foncières d’estive dans les Monts Dore.

> Mettre en exergue la thématique des estives dans les travaux de cessions-transmissions existants sur le massif.

1 à propos des Aveyronnais, voir l’Encadré 7 2 voir la définition proposée dans l’Encadré 4. 3 voir définition proposée dans l’Encadré 5. 32

5.4 Cohabitation des usages agricoles et touristiques

5.4.1 Une thématique sensible

Avec une fréquentation estivale conséquente (180 000 visiteurs / saison sur les crêtes) et des itinéraires omniprésents sur les unités pastorales (37% des unités concernées), la cohabitation de l’activité pastorale avec le tourisme est un enjeu considérable. Le tourisme hivernal a également une incidence sur l’activité pastorale.

Les exploitants agricoles -à tort ou à raison- estiment : - que la fréquentation engendre un dérangement de leur activité économique : perte de productivité des animaux, augmentation du temps de travail (animaux échappés, ralentissement circulation sur piste, temps d’échanges avec les touristes etc.) ; - que le comportement d’une partie des touristes est inadapté à leur sécurité et/ou à celle du troupeau (chien non tenu en laisse à proximité de vache allaitante, passage au milieu de troupeaux gardés par des chiens de protection, chien non tenu en laisse en estive ovine) alors que la responsabilité des agriculteurs est engagée ; - qu’ils ne bénéficient pas d’une reconnaissance de leur travail pour l’entretien des paysages pastoraux, et sont même parfois accusés de détériorer des espaces naturels ; - que les randonneurs n’ont souvent pas conscience de traverser des parcelles privées dont ils jouissent à titre gracieux par la bienveillance des propriétaires.

A noter que les accompagnateurs ont généralement des bonnes relations avec les exploitants agricoles et que leur discours et pratiques vont dans le sens d’une cohabitation positive.

Des problématiques de cohabitation existent également entre les domaines skiables et les exploitants agricoles : - en été les travaux d’aménagement des pistes peuvent gêner l’activité pastorale ; - en hiver le passage des dameuses peut endommager les clôtures.

5.4.2 Fluidifier la cohabitation – pistes d’actions

Sensibilisation des randonneurs

> Mise en place d’une documentation touristique homogène -brochures et panneaux d’information- dédiés au passage dans les estives à l’échelle du massif. L’objet de cette documentation est de présenter à la fois la place et le rôle du pastoralisme et les comportements à adopter. A noter qu’un projet de signalétique avait été réalisé dans le cadre d’un Contrat Natura 2000 (localisation, contenu, plan de financement).

> Concernant les estives accueillant des chiens de protection, mise en place des panneaux de sensibilisation dédiés conçus, dans le cadre du Plan loup.

> Instaurer une journée d’échange sur les problématiques de l’exploitation pastorale avec les agents des offices du tourisme et les accompagnateurs de montagne.

Equipement des estives pour faciliter la cohabitation

> Mise en place systématique de dispositifs de franchissement adaptés au passage des randonneurs qui ne nécessitent pas d’être refermés (passage canadien, escabeau, chicane, portillon retour automatique etc.).

> Réfléchir l’intégration paysagère des équipements pastoraux (habillage bois des parcs de contention par exemple).

Médiation domaine skiable

> Animer un moment d’échange collectif domaine skiable - exploitants agricoles pour mettre à plat les enjeux de la cohabitation et identifier les pistes d’actions potentielles.

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5.5 Maintien de pratiques agricoles pastorales

5.5.1 Adoption d’une gestion de type prairie

Les pratiques agricoles sur les espaces pastoraux montdoriens sont plurielles et ne correspondent pas à un modèle unique entre différents systèmes d’exploitation où l’estive ne joue pas le même rôle. Si les pratiques pastorales dominent encore largement le massif, force est de constater une tendance à l’adoption d’une gestion similaire à celles des prairies : - interventions sur l’herbe (fertilisation, amendements calcaire, broyage annuel) ; - modèle pâturage tournant : multiplication des parcs (=augmentation des chargements instantanés) et augmentation de la rotation. Cette tendance peut être qualifiée d’intensification au sens où l’apport des facteurs de production travail et capital augmente, alors que la surface exploitée reste identique.

Cette évolution est préjudiciable car elle réduit la plus-value de l’estive : - plus-value économique : on peut faire l’hypothèse que le rendement supplémentaire lié aux gains fourragers est inférieur aux coûts de l’intensification ; - plus-value environnementale : l’intensification est préjudiciable à certaines espèces intolérantes à la fertilisation (ex : Fenouil des Alpes - espèce aromatique) aux changements de pH (ex : Drosera) ou au piétinement (ex : Narcisses des poètes) ; - plus-value paysagère : uniformisation du paysage.

On peut distinguer plusieurs situations qui conduisent à une intensification de l’estive : - les exploitations laitières limitées en surface et qui disposent d’une estive facilement accessible (secteur Perpezat, Laqueuille, Saint-Sauves) ; - les exploitations qui pratiquent la traite en estive le font car elles manquent de surface, leur objectif est de maximiser la durée d’estive, d’autant plus dans le cadre de la réforme du Saint-Nectaire (Besse, Picherande, Chastreix) ; - les exploitations en système allaitant pour lesquelles l’estive est un espace d’élevage des veaux (non pris en pension) peuvent souhaiter augmenter la productivité de l’estive pour augmenter le cheptel.

5.5.2 Marginalisation dans les systèmes d’exploitation gestionnaires

Au même moment un mouvement inverse existe avec l’extensification des pratiques sur une partie des surfaces : 20% du domaine pastoral montdorien a un chargement annuel moyen inférieur à 0,2 UGB/ha/an. Outre les coopératives ovines traditionnellement moins chargées (moindre ressource fourragère sur leur secteur) cette évolution trouve vraisemblablement son origine dans la marginalisation des espaces pastoraux dans certains systèmes d’exploitation. C’est notamment le cas des systèmes laitiers qui disposent de suffisamment de surfaces pour ne pas être en forte dépendance par rapport à l’estive : les unités pastorales sont chargées avec quelques génisses et l’effectif n’est pas complété par des pensions car les exploitants n’ont pas le temps de les gérer.

Cette évolution est problématique car : - les estives se détériorent à la fois d’un point de vue agronomique (développement de litière), environnemental et paysager (fermeture) et la remise en état est très couteuse ; - certaines exploitations auraient besoin d’accéder à ces surfaces.

5.5.3 Valoriser et promouvoir les pratiques pastorales – pistes d’actions

Ces deux tendances, intensification et extensification ne correspondent pas à une bonne gestion pastorale, aux regards de critères agronomiques, écologiques et paysagers. Par conséquent, il apparaît nécessaire de valoriser et promouvoir une gestion pastorale adaptée.

> Les PAEC constituent une réponse à cette problématique, notamment via l’engagement unitaire HERBE_09 qui promeut la gestion pastorale. Une animation collective sur la gestion pastorale pourrait être envisagée en complément des contrats MAEC.

> Travailler avec l’INRA pour réaliser sur les Monts Dore une étude économique sur les exploitations utilisatrices d’estives (type CAYLA et al., 1997) qui permettrait de mieux cerner les profils d’exploitations utilisatrices et les déterminants de la plus-value.

> Elaborer et proposer une intervention auprès d’un public agricole sur la gestion pastorale en estive (agriculteurs en activité et élèves des cursus agricoles).

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5.6 Equipement des estives

5.6.1 L’équipement, garanti de la viabilité des estives

Globalement les unités pastorales montdoriennes sont bien équipées (clôture, contention, abreuvement, accès) et n’ont pas besoin d’une campagne d’investissement massive. Toutefois, la problématique de l’équipement est majeure car elle conditionne la viabilité du pastoralisme. En effet, l’intérêt du pastoralisme pour une exploitation réside, entre autres, dans la faible charge de travail que constituent les animaux estivés. Or, cette dernière est largement conditionnée par la confiance que l’on a dans la capacité des clôtures à garder les animaux et dans celle des dispositifs d’abreuvement à fonctionner correctement ainsi que dans la possibilité de visiter les animaux rapidement. A noter également que la marge de l’élevage des veaux en espace pastoral (les couples représentent 45% des UGB estivés) réside essentiellement dans la faiblesse des coûts d’accès au fourrage d’estive. Par conséquent, la réalisation des investissements nécessaires fragilisent la rentabilité des exploitations utilisatrices.

5.6.2 Aide à l’équipement – état des lieux

Etat des lieux des besoins1

Sécurisation de l’abreuvement : du fait des ruissellements importants l’abreuvement n’est a priori pas un enjeu majeur, mais il existe bien une problématique quantitative sur le nord du massif (notamment versant oriental de la Banne d’Ordanche, et groupe de l’Aiguiller). En outre, protection des zones humides et problématiques sanitaires (parasites, boiteries) se rejoignent autour de l’aménagement des points d’eau sur l’ensemble du massif.

Modernisation des clôtures : le passage du barbelé au fil lisse est bien avancé sur le massif mais pas totalement achevé, cela reste donc un enjeu. A noter que la modernisation des clôtures est un chantier qui intéresse également la faune sauvage, les chasseurs et les randonneurs.

Déploiement de la contention : outre son intérêt en termes de sécurité, la contention est un équipement nécessaire pour les estives qui accueillent des troupeaux de plusieurs exploitations (concerne 32 UP).

Réfection des accès : La création de nouveaux accès ne semble pas être une priorité des exploitants du massif, vraisemblablement parce que les estives montdoriennes sont globalement bien accessibles (proximité, réseau routier). Des besoins de réfection de pistes ont néanmoins été exprimés.

Etat des lieux des financements

> Le Conseil Départemental du Puy-de-Dôme propose une aide aux estives collectives, Cette aide est un co-financement potentiel de la mesure 764 du FEADER également destinée aux estives collectives. Une piste à envisager pour aider les estives individuelles est la forme du collectif d’estive (cf 5.2) avec une mutualisation d’équipements structurants comme des captages ou des parcs de contentions.

> Les Agences de l’eau peuvent financer des projets d’abreuvement sur les différents territoires de contrat.

Attention à l’incidence paysagère et environnementale des équipements

Les équipements, s’ils sont nécessaires au déploiement de l’activité pastorale et donc de l’entretien des paysages, peuvent également en constituer des points noirs paysagers, leur insertion doit donc être pensée en amont.

Les équipements peuvent également être la cause de dégradation environnementale : - la création d’abreuvoir peut se faire au détriment des zones humides (détournement quantitatif, dégradation qualitative) ; - la création de pistes peut mettre à mal des stations d’espèces patrimoniales et favoriser la pénétration des loisirs motorisés dans le massif.

1 Les équipements en lien avec le tourisme sont abordés en 5.5 35

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ANNEXE - ATLAS

CARTE 1 CARTE 2 CARTE 3 CARTE 4 CARTE 5 CARTE 6 CARTE 7 CARTE 8 CARTE 9 CARTE 10 CARTE 11 CARTE 12 CARTE 13 CARTE 1 4