LES ÉLECTIONS DE 1945 DANS L’ARRONDISSEMENT DE

Jean-Louis PANICACCI Si, aujourd’hui, les autorités estiment qu’il n’est pas judicieux de faire se succéder plusieurs élections en l’espace de quelques mois, il n’en fut pas de même en 1945 où, entre le 29 avril et le 21 octobre, les électeurs furent convoqués à trois reprises afin de renouveler des assemblées locales (conseils municipaux, conseil général) et nationale (Constituante), mais aussi de répondre, par référendum, à deux questions institutionnelles. Il est vrai qu’à l’époque, on sortait de six années de guerre (dont quatre années de dictature sous le régime de Vichy), qu’il convenait de sonder les citoyens sur la légitimité du GPRF et des autorités qu’il avait désignées ou validées à la Libération (Délégations spéciales, Délégations municipales, Comité départemental de Libération) et que les Français avaient été privés d’élections municipales depuis mai 1935, d’élections législatives depuis mai 1936 et d’élections cantonales depuis octobre 1937, une partie des électeurs du chef-lieu ayant pu s’exprimer en mars 1939 dans le cadre d’une législative partielle provoquée par l’élection au Sénat du député-maire de Nice Jean Médecin. Cet article ne se propose pas seulement pour objectif d’évoquer le déroulement des quatre élections intervenant en 1945 (municipales des 29 avril et 13 mai, cantonales des 23 et 30 septembre, législatives et référendum du 21 octobre) mais il a l’ambition de procéder à des comparaisons avec les dernières élections correspondantes, d’envisager dans quelle mesure les autorités désignées ou confirmées par l’Etat français puis par le GPRF furent rejetées ou validées par le corps électoral, d’appréhender l’éventuelle apparition d’une génération politique de la Libération (voire de la Résistance) et le poids du vote féminin ainsi que la représentation des femmes dans les assemblées renouvelées. Moins d’une année après la libération de la plupart des communes azuréennes1 et avant même la capitulation de l’Allemagne nazie, les panneaux électoraux, les affiches, les tracts, les meetings, les campagnes de presse2 firent leur réapparition alors qu’une partie non négligeable du corps électoral était indisponible (prisonniers de guerre, requis du STO, déportés politiques et raciaux3, populations de la Bévéra et de la transférées de force en Italie du Nord4, mobilisés dans la 1e Armée française).

● Les municipales à Nice

La campagne électorale municipale fut particulièrement longue et animée dans le chef- lieu en raison des enjeux (éventuelle candidature de Jean Médecin, validation ou rejet de la Délégation spéciale dirigée par l’ancien député communiste Virgile Barel, ambitions manifestées par la SFIO, voire par une personnalité du Mouvement Combat, problème de la Liste unique de la Résistance) ; la révision des listes électorales déboucha sur 53226 additions (notamment 52000 femmes qui devinrent 49% du corps électoral du chef-lieu) et 7253 radiations (décès, départs, perte des droits civiques devant les tribunaux épurateurs)5.

1 Breil avait été libérée le 15 avril, le 24 et Fontan le 25, mais les dégâts subis, l’importance du minage et l’évacuation de la plupart des habitants du Mentonnais et de la Roya firent reporter les élections municipales au début de l’automne, où elles coïncidèrent avec les cantonales à , Moulinet, Breil, Fontan, Saorge et Isola. 2 La Libération apporta un pluralisme inhabituel dans le domaine de la presse quotidienne puisque paraissaient Le Patriote de Nice et du Sud-Est (organe du Front national de lutte pour l’indépendance de la ), L’Aurore de Nice et du Sud-Est (organe du PCF), L’Espoir de Nice et du Sud-Est (organe de la SFIO), La Liberté de Nice et du Sud-Est (organe du MRP) et Combat de Nice et du Sud-Est (organe du Mouvement Combat), auquel succéda, à partir du 15 septembre, Nice-Matin (organe du Mouvement de Libération nationale). 3 Les rapatriements de PG, de STO et de déportés s’échelonnèrent du 15 mars au 12 septembre. 4 Les rapatriements via la Suisse intervinrent du 12 avril au 10 mai, mais les populations ne furent autorisées à regagner leurs foyers que progressivement : le 8 juin à Fontan et Saorge, du 17 juin au 31 juillet à Breil, le 26 août à Moulinet. Quant aux Mentonnais, ils purent regagner la « cité des citrons » à compter du 7 mai, mais moins de 3000 personnes étaient dénombrées début juin. 5 ADAM, 30 W 6887, rapport préfectoral du 17 février 1945. La situation niçoise était complexe : le sénateur-maire Jean Médecin -maintenu par Vichy en mars 1941 mais éloigné par les Italiens en juillet 1943 et interné par les Allemands à Belfort en juin 1944-, venait de bénéficier, le 14 mars, de la levée de sa déchéance par le Jury d’Honneur6 mais il n’entendait pas se présenter, officiellement pour raisons de santé, en réalité par souci tactique, la nouvelle municipalité ne devant gérer la commune que durant deux années, au cours desquelles il envisageait de faire sa « rentrée » politique à l’échelon cantonal, voire législatif, avant de tenter de reconquérir le fauteuil de maire occupé, depuis septembre 1944, par son vieil adversaire Virgile Barel ; ce dernier, convaincu du bilan satisfaisant de la Délégation spéciale, estimait devoir conduire une liste unique de la Résistance susceptible de l’emporter assez facilement7 sur la (ou les) liste(s) conservatrice(s). En fait, le scénario fut plus complexe, voire fratricide puisque deux candidats isolés –l’ancien adjoint Paul Deudon, député radical de 1932 à 1936 et André Verdy-commandant Lenoir, directeur de l’hebdomadaire polémique L’Ergot-, affrontèrent les deux listes se réclamant de la Résistance : la liste commune d’union patriotique, républicaine et antifasciste, conduite par Virgile Barel et la liste républicaine et socialiste de la Résistance, dont les deux figures de proue étaient l’avocat socialiste Jacques Cotta (l’un des membres du directoire du MLN) et le directeur du Ravitaillement général, Lucien Gueguen, leader du Mouvement Combat. Pourquoi la liste commune, assez généralement adoptée dans le département, échoua- t-elle dans le chef-lieu ? Plusieurs facteurs d’explication sont à prendre en compte : la position de force du PCF au sein de la Délégation spéciale (huit membres sur quatorze) nuisit à l’image de rassembleur que Virgile Barel souhaitait donner de lui8 ; la dure polémique ayant eu lieu à propos de la parution controversée du quotidien La Liberté, au début du mois d’avril, avait provoqué la rupture des résistants chrétiens avec le PCF et le FN ; une volonté de revanche de la SFIO (mise à l’écart d’Alex Roubert de la présidence du CDL le 30 août 19449, sous-représentation au sein de la Délégation spéciale de Nice avec le seul Paul Draghi10) se faisait jour11, assortie des ambitions personnelles de Jacques Cotta et de Lucien Gueguen12. Aussi, les Niçois apprirent-ils par la presse, les 29 et 30 mars, que la liste républicaine et socialiste comprendrait des éléments issus de la SFIO, du MLN, du MRP, du

6 Au cours de la séance du CDL du 21 mars, où fut âprement discutée la validité de la réhabilitation de Jean Médecin, vivement contestée par les communistes, les socialistes ne les soutinrent plus dans la mesure où le seul sénateur-maire de Nice était l’objet d’un rejet et pas ses anciens lieutenants, ce que le préfet commenta en ces termes : « Il est net que les socialistes se sont servis de cette nouvelle discussion sur l’affaire Médecin pour démolir à la veille de la campagne électorale la candidature possible de M. Bounin. On peut se demander s’il n’y a pas eu manœuvre de leur part. En effet, leur vote de la motion de protestation au cours de la séance du 14 mars a laissé croire aux communistes qu’ils se joindraient à eux si l’affaire était de nouveau évoquée au CDL » (ADAM, 30 W 6955). Quant au secrétaire fédéral Alex Roubert, il explicita ainsi la position des socialistes dans L’Espoir du 27 mars : «Nous ne pouvions, en toute justice, laisser désolidariser M. Médecin de M. Bounin, qui fut son adjoint, qui prit la parole au meeting PPF auquel on fait grief à M. Médecin d’avoir assisté, et qui, dans la période d’occupation, a toujours agi en accord complet avec le maire de Nice». 7 Entretien avec Virgile Barel le11 octobre 1966. 8 Le Patriote du 17 mars publia un éditorial intitulé « Pour la sauvegarde de l’unité », dans lequel Michel Sapir posait la question de l’unité « à géométrie variable » : « Pourquoi ce qui est possible dans telle ville ne le serait-il pas dans telle autre ? Quelles sont ces raisons ? Il nous semble extraordinaire que ce qui est souhaitable dans telle localité ne le soit pas dans telle autre, à moins que des raisons purement opportunistes militent en faveur de cette manière de voir. » 9 Entretien avec Alex Roubert le 13 novembre 1969. 10 Entretien avec Paul Draghi le 5 avril 1967. 11 Le préfet indiqua au ministre de l’Intérieur, à l’issue du vote du CDL le 7 mars : « Le PCF et le FN craignent les élections et souhaitent la liste commune grâce à laquelle ils pourront se maintenir par des dosages pré- électifs. Les partis modérés et socialiste s’estiment assez puissants pour remporter un succès, qui améliorera leur position. En particulier, la part très importante prise par le PCF à la Résistance lui a donné des avantages politiques qui ne seraient sans doute pas conservés après des élections » (ADAM, 30 W 6955). 12 Entretien avec leur colistier Georges Renevey le 30 décembre 1969 et le 22 juin 1974. parti radical et du Mouvement Combat, alors que la liste « commune » rassemblerait des candidats provenant du PCF, du FN, de la CGT, de l’Union des femmes françaises, des Forces unies de la jeunesse patriotique et de l’Union paysanne. Quant au Mouvement prisonnier, il affirma son intention de rester à l’écart de la mêlée –bien que certains de ses membres se présentèrent sur les deux listes-, tout comme l’abbé Daumas, pourtant vice-président du CDL et président du FN13. Des tractations dans la coulisse eurent bien lieu, durant les trois premières semaines du mois d’avril, afin de parvenir à un accord sur une « liste unique » de la Résistance : le Mouvement Combat proposa au PCF, dans un premier temps, quatre sièges pour les partis, deux pour les mouvements de résistance, trois pour les prisonniers et déportés, cinq pour les syndicalistes puis, dans un second temps, une liste de 45 noms14 de laquelle les électeurs rayeraient neuf personnes de leur choix : le rapport de forces était trop déséquilibré pour convaincre les partisans de Virgile Barel, réduits à neuf unités dans le premier cas de figure et à un maximum de treize dans le second cas, sur les trente-six conseillers éligibles15. L’Ergot dénonça à plusieurs reprises la liste commune, dans laquelle il ne voyait qu’une « liste unique », « la liste du parti au pouvoir », « la liste du parti communiste »16. Quant au quotidien socialiste L’Espoir, il attaqua la candidature de Paul Deudon, en laquelle il voyait aussi bien un « sous-marin » médeciniste qu’un soutien objectif de Virgile Barel pour le second tour : « Qu’un Paul Deudon qui est parti de Nice dès 1936 et n’y est reparu qu’en avril 1945 ait le front de se présenter en arbitre et en maître est seulement grotesque et ridicule (…) En 1936, il se désiste pour Barel qui est élu. En 1945, il revient et essaie de faire élire Barel. Telle est la vérité, tout le reste n’est que concours de grimaces. Voter pour Deudon, c’est faire le jeu de Barel »17. La liste « commune » comprenait vingt et un communistes18 et trois communisants (Lucie Chambral, Jack Leydet, Emile Decourt), quelques éléments issus des MUR (l’avocat Muscat, les docteurs Pérès19 et Pulvénis) et une forte représentation féminine : 19,5% (les sept candidates étant placées en bloc derrière Virgile Barel afin de séduire le nouvel électorat féminin) ; sa composition socio-professionnelle démontrait une volonté d’ouverture de la part du « parti de la classe ouvrière » puisque l’on dénombrait 28% d’employés, 14% de professions libérales, 11% d’enseignants, de commerçants et d’ouvriers, 8% de cadres publics, 5,5% d’artisans, d’exploitants agricoles et d’entrepreneurs. La liste « républicaine et socialiste » comprenait six candidats pour les partis, neuf pour le Mouvement Combat, trois pour le MLN et les syndicalistes, deux pour les prisonniers de guerre mais sa proportion de femmes était plus faible (11% avec quatre candidates placées par ordre alphabétique) ; quant à sa composition socio-professionnelle, elle était plus bourgeoise : 28% de professions libérales, 13,5% d’employés, 11% de commerçants, 8,5% d’artisans, de cadres publics, d’enseignants et d’entrepreneurs, 5,5% de cadres privés, 2,75% d’étudiants, d’ouvriers et de sans profession. Le dépouillement fut compliqué par la possibilité qu’avaient les électeurs de rayer des noms et d’ajouter des croix préférentielles. Les résultats du premier tour démontrèrent que le

13 Entretien avec Mgr Alfred Daumas les 25 et 29 août 1969. 14 Neuf pour le PCF, la SFIO, le MRP et Combat, cinq pour les radicaux et quatre pour le FN. 15 Entretien avec Virgile Barel le 11 octobre 1966, Charles Andrieu le 30 décembre 1969, Fernand Alizard le 12 août 1969 et le 11 avril 1971, Roland Claudel le 28 décembre 1969 et le 12 avril 1970, Pierre Dolla le 15 juin 1983, Henri Gruber le 30 décembre 1969, René Houat le 22 juin 1974, Marc Ricci le 1er décembre 1976. 16 Numéros des 3, 17 et 25 avril 1945. 17 Numéro du 28 avril 1945. 18 Virgile Barel, Marcelle Brocard, Rose Cathala, Rosette Charles, Madeleine Faraut (membre de la DS), Lucie Tua, Jean Baud, François Borello, Eugène Bouvet (membre de la DS), Sénèque Brunet (président du CDL), Pierre Dolla, Benjamin Gassier, Emile Gimello, Charles Menardi (membre de la DS), Nicolas Pedemonte, Jacques Raynaud, Honoré Revelat, Antoine Risso, Augustin Salge (membre de la DS), Marius Vial, Auguste Viel. 19 Entretien avec Antoine Pérès le 30 juin 1970. chef-lieu demeurait modéré puisque Jean Médecin –sans s’être présenté- recueillit 15149 voix, Paul Deudon 12092 et André Verdy 5330, alors que les deux listes se partagèrent à peu près équitablement les suffrages restants : de 32371 (J. Raynaud) à 34259 (V. Barel) pour la « commune » et de 33058 (J. Ottonelli) à 35677 (L. Gueguen) pour la « républicaine et socialiste ». Sur le plan individuel, Barel arriva en 24e position, Cotta en 23e, le secrétaire fédéral de la SFIO Roubert en 15e alors que le directeur du Ravitaillement général marqua des points dans l’attribution ultérieure du poste de maire. Il est significatif de constater que les sept meilleurs scores furent obtenus par des membres du Mouvement Combat (L. Gueguen, P. Bouvier, E. Dunan, C. Bouqueret, G. Renevey, R. Gilquin, M. Baizet), ce qui pouvait être interprété comme une préférence des électeurs pour de stricts résistants plutôt que pour des politiciens se réclamant de la Résistance. La période séparant les deux tours vit le renouvellement des tractations entre les deux listes. Le PCF proposa une liste unique composée de dix-neuf membres de la « républicaine et socialiste » et de dix-sept membres de la « commune » -dont plusieurs non-communistes- ayant pour leader Virgile Barel « le candidat du groupement, de loin, le plus important de la cité, un pur symbole de l’honnêteté politique et morale, du courage physique comme du dévouement à la cause du peuple et à celle de la France »20. La liste « républicaine et socialiste » repoussa cette offre tout en faisant la contre-proposition suivante : cinq membres par parti, deux par mouvement résistant et un par tendance syndicale (unitaire, confédérée, chrétienne). Le FN la rejeta en ces termes : « Avouez que vous nous faites la part du pauvre ! »21 ; en effet, avec une moyenne de 33000 voix, la liste « commune » aurait bénéficié de huit sièges alors que la liste « républicaine et socialiste », avec une moyenne de 34000 voix, en aurait obtenu vingt-huit ! La position locale de la SFIO était en contradiction avec la décision du comité national d’entente socialo-communiste qui invitait ses sections à se rassembler, pour le second tour, en un bloc antifasciste, républicain et laïque excluant toute coalition avec le MRP. Aussi, deux membres de la SFIO (L. Meffre, J. Narice) et le secrétaire général des Groupements unis de la Résistance (E. Alexander)22 décidèrent-ils de se présenter sur la liste « commune », tandis que le docteur Cazalis remplaçait Julien Ottonelli sur la liste « républicaine et socialiste ». Les reports de voix allaient être décisifs pour départager les deux listes en présence. Paul Deudon invita ses amis à voter « Niçois », ce qui pouvait être une incitation à voter pour Barel, les principaux leaders de la liste « républicaine et socialiste » n’étant pas nés à Nice. Quant à Jean Médecin, il exposa, dans une lettre adressée à son ancien adjoint Dominique Paez –candidat sur la liste « républicaine et socialiste », qu’une coalition anticommuniste « ne correspondrait ni à mes sentiments ni à l’intérêt du pays », soulignant que « dans la détresse générale et devant les difficultés qui nous attendent, nul de ceux qui ont fait leur devoir ne doit être exclu de la direction des affaires »23. Cette intervention de l’ancien maire suscita l’irritation de la mouvance socialiste, perceptible dans un article de L’Espoir paru le 11 mai, rappelant que le FN et le PCF s’étaient opposés à la réhabilitation de Jean Médecin, qu’ils avaient exigé la déchéance des anciens conseillers municipaux qui n’avaient pas démérité et « qu’aujourd’hui, après avoir qualifié les voix de

20 L’Aurore de Nice, 3 mai 1945. 21 Le Patriote, 4 mai 1945. 22 Le Patriote publia, le 8 mai, le communiqué suivant : « Nous avons suivi attentivement les pourparlers en vue de la constitution d’une liste d’union au 2e tour. Nous sommes attristés de voir que les efforts sincères des représentants de la liste commune n’ont pu aboutir à cause de l’opposition systématique des divers dirigeants des groupements de la liste dite « républicaine et socialiste de la Résistance ». Nous dénonçons les auteurs de ce confusionnisme qui fait le jeu de la réaction et nous donnons notre adhésion et notre concours actif à la liste d’union républicaine, patriotique et antifasciste à la tête de laquelle se trouve M. Virgile Barel. Signé : Meffre (SFIO), Narice (SFIO), Emilie Jotte-Latouche (Groupe Surcouf), Fouché (Groupe Joseph le Fou), Alexander (secrétaire général des Groupements unis de la Résistance) ». 23 Document publié le 7 août 1945 par Le Patriote. Médecin et de Deudon de fascistes, vichyssoises ou réactionnaires, ils cherchaient à s’en servir ». La liste « républicaine et socialiste » l’emporta, le 13 mai, grâce au désistement d’André Verdy24 mais aussi et surtout aux suffrages de l’électorat médeciniste qui ne suivit pas la position circonstancielle de l’ancien maire. La liste « commune » perdit en moyenne 500 voix, obtenant un score variant de 32276 (L. Cresto) à 33517 (V. Barel), tandis que la liste « républicaine et socialiste » gagna en moyenne 11500 voix, avec un score évoluant de 46059 (J. Cotta) à 46952 (G. Renevey) mais qui fut un camouflet pour les deux prétendants au fauteuil de maire, puisque Jacques Cotta et Lucien Gueguen (46069) recueillirent le minimum des suffrages s’étant portés sur leur liste alors que le chef-adjoint du Mouvement Combat, bien que quasiment inconnu du grand public, arriva en tête, bénéficiant vraisemblablement des croix préférentielles et de l’absence de ratures25. L’organe communiste put titrer : « La coalition socialo-réactionnaire a remporté un résultat provisoire »26 tandis que l’abbé Daumas fit preuve de lucidité dans l’hebdomadaire L’Avenir de Nice le 3 juin : « La liste qui a remporté la victoire représente une union fragile parce que, bon gré mal gré, elle fut beaucoup plus orientée contre quelqu’un que vers quelque chose ». Le 17 mai, les élus se réunirent et désignèrent Jacques Cotta comme le maire officieux, par 27 voix contre 8 et un bulletin blanc. Le lendemain, au début de la séance du conseil municipal, Lucien Gueguen lut la déclaration suivante : « Les élus du mouvement Combat se sont trouvés en présence d’un accord conclu entre les partis socialiste, radical et MRP, accord dont le caractère nettement politique est contraire aux engagements pris lors de la constitution de la liste républicaine, socialiste et de la Résistance. En conséquence, le mouvement Combat ne présente aucun candidat au poste de maire, ni aux postes d’adjoints. Toutefois, conscients des devoirs de leur charge, ils apporteront, dans le rang, à l’administration de la cité, le concours de leur dévouement et de leur expérience »27. Jacques Cotta fut ensuite élu maire par 27 voix, puis les douze adjoints furent désignés (Cf. Annexe I). La motion suivante fut adoptée après l’arrivée du préfet Escande : « Le Conseil municipal de la Ville de Nice, réuni pour la première fois, exprime au Général de Gaulle, Président du Gouvernement provisoire de la République française, ses sentiments de déférente admiration et de fidélité ainsi que l’expression de sa foi dans les destinées de la France et de la République, démocratique et sociale, qu’il a su incarner dans le moment le plus tragique de son histoire »28 La nouvelle municipalité, au sein de laquelle ne figurait qu’un seul conseiller élu en 1935 mais éliminé par Vichy (D. Paez) et cinq membres de la Délégation spéciale nommés par le préfet en septembre 1944 (M. Baizet, P. Bouvier, P. Draghi, R. Gilquin, J. Martin), fut rapidement soumise à des forces centrifuges, attirant vers Jean Médecin D. Badin, M. Baizet, P. Bouvier, P. Catella, B. Migozzi, D. Paez –qui se présenteront sur sa liste en octobre 1947-, et vers la mouvance gaulliste pure et dure E. Dunan et L. Gueguen, qui se présenteront sur la liste RPF à la même époque. Si l’on compare les élus de 1935 et ceux de 1945, on s’aperçoit que la liste médeciniste homogène de l’avant-guerre était beaucoup plus bourgeoise (75% de professions libérales, d’industriels et de négociants contre 37%) et âgée (moyenne de 48 ans

24 La Liberté du 13 mai publia la lettre du commandant Lenoir : « En toute conscience et fort de mon passé de socialiste, je pense que la liste républicaine et socialiste de la Résistance est la seule qui est susceptible actuellement de satisfaire les aspirations d’une majorité de Français, désireux de faire obstacle aux conceptions d’une politique paradoxalement autoritaire, trop souvent illogique et mensongère, dont s’accomode mal notre amour de la véritable liberté et, partant, de nos vieilles institutions républicaines. » 25 Entretien avec Georges Renevey le 30 décembre 1969. 26 L’Aurore, 15 mai 1945. 27 Archives municipales de Nice, Délibérations, volume 109, page 5. 28 Idem, p. 9. contre 43, 19% de plus de 60 ans contre 2,5%, 63% de 40 à 59 ans contre 58%) que la liste hétérogène de la Libération ; le benjamin de l’équipe médeciniste (J. Bounin) avait 27 ans et son doyen (D. Bottone) 80 ans, alors que le benjamin de l’équipe Cotta (P. Joselet) avait 23 ans et son doyen (E. Fidelis) seulement 61.

● Les municipales dans le reste de l’arrondissement

La situation dans les 98 communes concernées était, le plus souvent, moins conflictuelle que dans le chef-lieu, soit que le maire élu en 1935 fût une personnalité incontestée et que le préfet l’eût confirmé à la Libération -qu’il eût été agréé par Vichy (François Dalbéra à , Joseph Robaut à , Joseph Arnaud à Villeneuve d’, Jean-Baptiste Roux à , Jean Gaudo à Sainte-Agnès, Ferdinand Garino à , Louis Dalmas à , Joseph Miquelis à , Emile Gastaud à Revest les Roches, Calixte Ciamin à Isola, Joseph Issautier à Saint-Dalmas le Selvage, Maurice Franco à , Adolphe Ramin à , Félix Hancy à La Tour sur Tinée) ou révoqué par lui et rétabli par le GPRF (Fernand Torthe à Roquebrune-Cap Martin, Joseph Boyer à Sauze, Jules Musso à Saint-André)-, soit que le maire âgé eût préparé sa succession (César David à Saint-Léger, Gustave-César Lions à Roquestéron) ou que la personnalité nommée par le préfet apportât des garanties de renouveau (Auguste Dubar à Beausoleil, André Botton à Breil, Joseph Faraut à L’Escarène, Edouard Raymond à Lucéram, Joseph Brocart à , Jules Ravel à , Albert Guérin à La Roquette sur , Victor Asso à La Trinité, Emile Raybaud à , François Richier à , Félix Truchi à Moulinet, Vincent Comiti à ). Il convenait toutefois de vérifier devant le suffrage universel la légitimité des vingt présidents de Délégation spéciale, voire des présidents de Comité local de Libération ayant des ambitions municipales et, dans certains cas, de donner une chance à des maires maintenus (Julien Agnély à Guillaumes, François Puons à Saint-Sauveur) ou révoqués (Joseph Raybaud à , Louis Fulconis à Saint-Martin-Vésubie, Raymond Gramaglia à Cap d’Ail) par Vichy mais rejetés par le CLL. Les élections prirent une tournure politique dans les villes, avec une poussée très forte de la gauche, même quand elle était divisée comme à Menton29, ce qui justifia le rapport adressé par le préfet au ministre de l’Intérieur le 15 mai 1945 : «Le net glissement à gauche constaté dans la plupart des communes s’est effectué aux dépens des autres partis modérés : radical-socialiste et républicain de gauche. Le parti socialiste a réalisé des gains importants, mais le parti communiste arrive bon second et a acquis des sièges au sein de municipalités où jusqu’alors il n’avait pas été représenté »30. En effet, la SFIO contrôlait désormais, outre le chef-lieu, une dizaine de municipalités (Menton, Breil, , Sainte-Agnès, Pierrefeu, Clans, Valdeblore, Isola, Puget-Théniers)31 mais le PCF avait conquis Beausoleil, , L’Escarène, Moulinet, La Penne, Saint-Martin-Vésubie, Guillaumes et pénétrait pour la première fois dans d’autres conseils comme à Menton et Roquebrune-Cap Martin, tandis que le parti radical ne conservait cette dernière commune que pour peu de temps32 ; quant au MRP, il ne conquit aucune commune et le seul élu démocrate-populaire d’avant-guerre, Joseph Robaut, malgré sa participation active à la Résistance au sein du mouvement Libération, n’obtint que 41% des voix au premier tour à Peillon et aucun siège! Dans les

29 Le président socialiste du CLL, le docteur Camaret, ancien maire de 1932 à 1935, se présenta avec les anciens conseillers municipaux modérés élus en 1935 contre la plupart des membres du CLL et de la DS conduits par les socialistes Michel Ozenda (maire provisoire) et Georges Parenthou (ancien député de la Seine) ! 30 ADAM, 30 W 6887. 31 Sans compter deux communes importantes (, Cagnes sur Mer) dans l’autre arrondissement. 32 Fernand Torthe, après avoir été élu conseiller général du canton de Menton le 23 septembre, adhéra à la SFIO le mois suivant. communes rurales « critiques », les électeurs votèrent plus en fonction de la personnalité des candidats que des programmes ou des étiquettes politiques33 : lorsque la personnalité sortante bénéficiait d’une forte implantation, elle l’emporta le plus souvent sur son challenger plus politisé, comme ce fut le cas à Levens (Joseph Raybaud), Saint-Etienne de Tinée (Maurice Rovery), Saint-Sauveur sur Tinée (François Puons)34 alors qu’à Guillaumes, Julien Agnély – sous le coup d’une enquête sur sa gestion financière- ne parvint pas à redresser la situation et fut battu par le communiste Jules Ravel. Ces élections induisirent un important renouvellement des maires, puisque les « nouveaux venus » sur la scène politique s’imposèrent à Villefranche, Saint-Jean Cap Ferrat, Cap d’Ail, Menton, Castellar, Castillon, Tourrette-Levens, Contes, Berre les Alpes, Saorge, Fontan, , Roquebillière, Venanson, Tournefort, Marie, , , Saint- Dalmas le Selvage, , Malaussène, Touët sur Var, Saint-Léger, , Péone, Saint- Martin d’Entraunes, Entraunes, tandis que sept présidents de CLL s’imposèrent à Drap, Lucéram, , , Thiéry, Villars, Clans, un président de DS à Guillaumes, quinze personnalités cumulant les fonctions de président du CLL et de maire provisoire à Beausoleil, Breil, L’Escarène, Peille, Cantaron, Sospel, Moulinet, La Trinité, La Roquette sur Var, Duranus, Ascros, La Penne, Revest les Roches, Puget-Théniers, Valdeblore, deux membres de CLL et de DS à Saint-Martin-Vésubie et à Beaulieu, un membre de la DS à Eze, deux membres de CLL à et . On peut affirmer que 35% des maires élus étaient des « nouveaux venus » presque toujours liés à la Résistance, 44% des maires provisoires nommés en 1944 et confirmés par le suffrage universel, 8% des maires élus en 1935 et 6,5% des maires élus en 1929. Sur le plan de l’âge, la moyenne était de 46 ans et demi en 1945 contre 51 en 1935, avec 45,5% de moins de 50 ans contre 34% et 51% de 50 à 70 ans contre 61%. Sur le plan socio-professionnel, les exploitants agricoles étaient un peu plus nombreux en 1945 (30% contre 26% en 1935), comme les commerçants et artisans (15% contre 10%), les cadres (13% contre 9%), les employés et ouvriers (3,5% contre 0,5%), alors que les entrepreneurs étaient moins bien représentés (7% contre 16%) ainsi que les professions libérales (14% contre 20%). Le benjamin des maires élus en 1945 était Louis Graille (Châteauneuf d’Entraunes) avec 28 ans35 et le doyen Jean-Baptiste Millo (Eze) avec 74 ans36. Contrairement à la tendance départementale, les lignées d’élus diminuèrent dans l’arrondissement de Nice37, passant de sept (C. Ciamin, F. De May, J. Durandy, J. Médecin, J. Raybaud, F. Ricolfi, J. Robaut) à cinq (L. Astraudo à Aspremont, C. Ciamin à Isola, Zoé David à Saint-Léger, L. Issautier à Saint-Dalmas le Selvage, J. Raybaud à Levens). Quant à la présence féminine, elle fut bien faible : un seul poste de maire38 pour Zoé David (fille du maire sortant) à Saint-Léger, sept postes d’adjoint39 (Denise Badin à Nice, Louise Gazzo à Eze, Julienne Demaria à Fontan, Josette Gentilini à La Bollène-Vésubie, Thérèse Guigo à Belvédère, Philippine Solimius à Saint-Martin-Vésubie, Adeline Tamagno à Saint-Antonin), soixante-huit postes de conseillers municipaux40 (dont quatre à Entraunes, trois à Nice et à Châteauneuf d’Entraunes, deux à Menton). Le préfet indiqua au ministre de l’Intérieur : « Le vote des femmes ne paraît pas avoir eu une influence déterminante sur le sens de ces

33 ADAM, 30 W 6887, rapport préfectoral du 17 mai 1945. 34 Un cas de figure identique se présenta dans la commune urbaine de Cap d’Ail avec Raymond Gramaglia. 35 Le benjamin de l’ensemble des maires azuréens fut alors Marius Issert (Saint-Paul de ), considéré comme le plus jeune maire de France, ce qu’avait déjà été Joseph Raybaud en 1929 avec 25 ans. 36 Le doyen de l’ensemble des maires azuréens fut Charles Dahon (Théoule) avec 77 ans. 37 Elles passèrent de sept à dix individus de 1935 à 1945. 38 Il y en aura trois en 1947 avec Rosalie Roumieu à et Henriette Rubino à Castillon. 39 Deux autres postes revinrent à Madeleine Henin à Saint-Jeannet et à Henriette Marin à Saint-Cézaire. Il y aura dix adjoints féminins en 1947 et en 1953. 40 Il y en aura 97 en 1947 et 109 en 1953. Il y avait eu 35 femmes présentes dans 30 municipalités provisoires nommées et 68 femmes présentes dans 64 comités locaux de Libération. élections »41, considération qui n’était pas évidente avant le verdict des urnes, beaucoup de progressistes redoutant une vague conservatrice. Peut-on parler d’une génération de maires de la Libération ? Oui, si l’on tient compte que beaucoup d’entre eux vont conserver leur mandat sur une période plus ou moins longue : 42 ans et demi pour Jean Favre (mort en fonction), 38 ans pour Zoé David et Lucien , 37 ans et demi pour Pierre Cauvin (mort en fonction), 28 ans pour Léon Astraudo, 20 ans pour Jean Augier, Paul Clermont, Jean Giauffret, Louis Graille, Raoul Marchetti, Marius Maurin, Antoine Passeron, François Richier et Charles Sido, Roger Aliez et Louis Dalmas, 14 ans pour Arthur Bessi, Léopold Cagnol, Florentin Clary, Claude Damiano, Auguste Gastaud, Robert Labbé, Charles Masséna, Armand Michelis, Maurice Rolando, Charles Romersa, Emile Roux et Léon Roux, 13 ans pour André Botton (démissionnaire en 1958), 8 ans pour François Barberis, Robert Blanc, Roch Bottazzi, François Demateis, Henri Domerego,Eugène Donadeï, Stéphane Flachon, Denis Fournier, Joseph Gastaud, Hilarion Gioffredo, Paul Isnardy, Marcel Lions, Pierre Parenthou, Emile Raybaud et Henri Raynaud, soit 44% des maires élus en 1945 (Cf. Annexe II) et 72,5% des maires élus pour la première fois en 1945.

●Les élections cantonales

Au début janvier 1945, le préfet sollicita le CDL afin qu’il lui fournît un avis sur les conseillers généraux sortants et que, le cas échéant, il lui communiquât les noms des remplaçants. Le comité renâcla à aborder la question du conseil général, de peur de disparaître42 et préféra proposer son élargissement. Pourtant, petit à petit, le CDL formula un avis circonstancié sur chacun des conseillers généraux, en rejetant vingt-trois sur trente (seize sur vingt et un dans l’arrondissement de Nice43), parmi lesquels le président Léon Baréty, le président du Conseil départemental de Vichy Bernard Issautier et Jean Médecin. La composition politique de ce conseil général désigné –mais qui ne siégea jamais- montra l’importance prise désormais par les formations de gauche (six communistes, six FN, sept SFIO, deux socialistes indépendants, cinq radicaux-socialistes sur trente, soit trois communistes44, trois FN45, quatre SFIO46, un socialiste indépendant47, quatre radicaux- socialistes48, quatre républicains de gauche49 et un membre du mouvement Combat50 dans le seul arrondissement de Nice, le canton de Breil –encore occupé par les Allemands- étant attribué au futur maire de ce chef-lieu). L’un des conseillers désignés, le socialiste Jacques Cotta, émit des réserves sur la légitimité d’une telle assemblée : « Proposé comme conseiller général du 3e canton de Nice à l’agrément du Ministre, je n’ai pas la moindre illusion. Ce n’est pas d’élections de mes concitoyens que je tiendrai ce mandat. Et je ne remplirai ce

41 ADAM, 30 W 6887, rapport du 17 mai 1945. 42 ADAM, 30 W 6886, rapport préfectoral du 9 janvier 1945. 43 B. Issautier à Beausoleil, J. Durandy à Breil, P. Roux à L’Escarène,, J. Agnély à Guillaumes, J. Raybaud à Levens, L. Depetris à Menton, P. Balestre à Nice III, D. Ciaudo à Nice IV, L. Baréty à Puget- Théniers, P. Corniglion à Roquebillière, L. Fulconis à Saint-Martin-Vésubie, M. Rovery à Saint-Etienne de Tinée, J. Médecin à Sospel, A. Olivari à Utelle, F. De May à Villefranche. 44 J. Faraut (maire provisoire) à L’Escarène, J. Ravel (maire provisoire) à Guillaumes, V. Barel à Nice IV. 45 M. Brunel (vétérinaire cantonal) à Puget-Théniers, G. Demonfaucon (président du CLL) à Roquebillière, L. Millo (maire provisoire) à Utelle. 46 M. Ozenda (maire provisoire) à Menton, J. Cotta à Nice III, C. Ciamin (maire d’Isola) à Saint-Etienne de Tinée, A. Honorat (maire provisoire) à Villefranche. 47 P. Sola (notaire, chef de la Résistance locale) à Saint-Martin-Vésubie. 48 F. Ricolfi maintenu à Contes, H. Ugo maintenu à Nice I, G. Gojon (maire de Clans) à Saint-Sauveur remplaçant J. Ciamin décédé, E. Donadeï (président du CLL de Villars) remplaçant L. Robini décédé. 49 B. Semeria (membre du CDL) à Beausoleil, H. Toesca maintenu à Nice II, M. Durandy maintenu à Roquestéron. 50 F. Verola (maire provisoire) à Levens. dernier que parce que, appartenant à un grand parti, je dois avant tout me plier à ses directives. Mais, avec mon parti et avec les Français honnêtes et indépendants, avec le souvenir des voix françaises de Londres et d’Alger, je dis : la parole doit être rendue au peuple souverain. Pour ma part, je ne connais de mandat valable et sacré que celui que donne la volonté du peuple »51. Après le verdict des municipales et le dur affrontement dans le chef-lieu entre communistes et socialistes, la campagne des cantonales fut marquée par un événement spectaculaire, la publication dans Le Patriote du 17 août d’un communiqué commun signé par Virgile Barel et Jean Médecin52 ; le préfet en informa aussitôt le ministre de l’Intérieur : « La campagne donne lieu à certaines consultations qui ne manquent pas d’étonner le public. Par exemple, celle qui a rapproché le député communiste, M. Barel, de M. Médecin, nouvel adhérent du parti radical et qui fut, pendant longtemps, sénateur-maire de Nice. Cette nouvelle, annoncée par le journal du Front national a été accueillie avec une grande ironie par les socialistes et quelque déception par les modérés »53. Ce communiqué troubla également de nombreux communistes et provoqua la colère du président du FN, l’abbé Daumas, qui traita de « salauds » les deux signataires54. Cette rencontre « historique » fut en fait plus tactique que stratégique, plus un « armistice » qu’un « traité de paix »55 : les 15000 voix recueillies par J. Médecin au premier tour des municipales durent peser lourd dans la balance et conduire à ce véritable « pacte de non-agression » conclu avec une personnalité modérée que les communistes n’avaient cessé d’accabler –au CDL comme dans leur presse-, durant tout le premier trimestre. Ces élections cantonales des 23 et 30 septembre devaient permettre de juger le prestige de sept conseillers généraux sortants56, de neuf conseillers désignés par le CDL et agréés par le GPRF57, mais aussi de constater si –après quatre mois de légalité retrouvée, la fin des hostilités et le retour des prisonniers de guerre et déportés-, des modifications étaient susceptibles d’intervenir dans le comportement des électeurs ou bien si les tendances qui s’étaient dégagées lors des municipales se confirmaient, voire s’amplifiaient. Le premier tour58 vit l’élection de trois sortants bien implantés pourtant révoqués par le CDL (J. Raybaud à Levens, M. Rovery à Saint-Etienne de Tinée, L. Fulconis à Saint- Martin-Vésubie), de trois communistes (V. Barel à Nice II, A. Dubar à Beausoleil, J.P. Comiti

51 L’Espoir, 24 janvier 1945. 52 « M. Jean Médecin, sénateur des Alpes-Maritimes, et M. Virgile Barel, député, mandaté par le bureau fédéral du PCF, se sont rencontrés. Ils ont, ensemble, abordé l’étude des grands problèmes de l’heure. Ils ont reconnu la nécessité d’une politique d’union de tous les éléments sains du pays, républicains et démocrates, pour l’accomplissement des grandes tâches que posent après la guerre la reconstruction et la renaissance de la France. » 53 ADAM, 30 W 6887, 17 août 1945. 54 Entretien avec Mgr Alfred Daumas le 29 août 1969. 55 Interrogé publiquement par mes soins lors du colloque sur la libération des Alpes-Maritimes, tenu à la Faculté des Lettres le 22 juin 1974, Virgile Barel affirma ne pas se souvenir de cet épisode, contrairement à son directeur de cabinet et membre du secrétariat fédéral René Houat et au cadre cégétiste Henri Gruber. 56 H. Ugo et H. Toesca à Nice I et II, J. Agnély à Guillaumes, J. Raybaud à Levens, M. Rovery à Saint-Etienne de Tinée, L. Fulconis à Saint-Martin-Vésubie, J. Médecin qui abandonna Sospel pour se présenter à Nice IV. 57 Outre les deux sortants maintenus à Nice I et II, B. Semeria à Beausoleil, A. Botton à Breil, J. Ravel à Guillaumes, V. Barel qui passa de Nice IV à Nice II pour ne pas affronter J. Médecin, J. Cotta qui passa de Nice III à Nice IV afin de battre J. Médecin et l’éliminer définitivement de la vie politique (Témoignage du secrétaire de la section SFIO Gérard Roméo recueilli le 11 août 1969), E. Donadeï à Villars et J. Laurenti qui passa de Vence à Roquebillière. 58 Le taux de participation varia de 58% à Menton à 87,8% à Nice I, avec de bons indices à Saint-Etienne de Tinée (84,8%), Roquebillière (82,3%), Roquestéron (81,2%), Lantosque (80,4%), L’Escarène (78,2%), Utelle (77,2%), Nice II (76,8%), Breil (76%) et Saint-Sauveur (75%), alors que d’autres cantons enregistrèrent une participation plus décevante comme Beausoleil (65,6%), Saint-Martin-Vésubie (67,2%), Nice III (69,4%), Sospel (70,5%), Puget-Théniers (72,8%) et Nice IV (73,5%). à Sospel), d’un radical-socialiste (G. Salvago à Roquestéron), de cinq candidats uniques de la gauche (les radicaux-socialistes F. Torthe à Menton et E. Donadeï à Villars, les socialistes A. Botton à Breil, J. Favre à Villefranche et G. Maurin à Saint-Sauveur), ainsi que la situation très difficile du maire de Nice Jacques Cotta -devancé de 4000 voix par Jean Médecin et de 1300 voix par le communiste Laurent Spinelli (vice-président du CDL)-, et de son premier adjoint MRP André Pruvost –au coude à coude avec l’USR Paul Augier-, l’attitude du PCF ou de ses électeurs devant être déterminante : malgré ses efforts, J. Cotta ne parvint pas à convaincre les communistes qu’il était le mieux placé pour battre l’ancien maire de Nice et A. Pruvost avait peu de chances de séduire un électorat laïque soucieux de prendre sa revanche des municipales. Le second tour vit donc l’élection de six communistes supplémentaires (C. Andrieu à Nice I, L. Anfosso à Contes, M. Castel à Puget-Théniers, J. Laurenti à Roquebillière, J. Ravel à Guillaumes, A. Risso à L’Escarène), de l’USR P. Augier à Nice III, du radical-socialiste A. Giacomoni à Utelle et de J. Médecin à Nice IV. Le PCF sortit grand vainqueur de ces élections puisqu’il comptait onze conseillers généraux (dont neuf dans l’arrondissement de Nice), ce qui permit à Virgile Barel d’être élu, le 29 octobre, président de l’assemblée départementale en recueillant 22 voix sur 30. Le PCF avait obtenu au premier tour des scores exceptionnels dans plusieurs cantons (43,5% à Puget- Théniers, 44% à Nice I et Roquebillière, 48,5% à L’Escarène, 50,5% à Sospel, 58% à Nice II, 59% à Beausoleil) ; de plus, sur les quatre cantons de Nice, il avait recueilli 38,5% des suffrages, devançant la SFIO (28%), les candidats modérés (24%) et le MRP (9%), ce dernier ne parvenant pas à décoller en raison du phénomène médeciniste. La comparaison tendancielle avec les conseillers élus en 1937 révèle l’étendue du bouleversement enregistré en 1945 : neuf communistes au lieu de zéro, cinq SFIO au lieu d’un, trois radicaux-socialistes au lieu de quatre, quatre républicains indépendants au lieu de onze, aucun conservateur au lieu de cinq. Outre le président communiste, la gauche obtint le poste de président de la Commission départementale attribué au SFIO André Botton et un poste de vice-président revenant au radical-socialiste Fernand Torthe. Le benjamin de la nouvelle assemblée fut l’USR Paul Augier (33 ans) et le doyen le républicain indépendant Maurice Rovery (66 ans). Lorsque l’on analyse la composition des vingt et un conseillers élus dans l’arrondissement de Nice (Cf. Annexe III), on s’aperçoit que la structure par âges révèle un rajeunissement sensible (moyenne de 48 ans contre 52 en 1937, avec 14% de moins de 35 ans contre 4,5% en 1937 et 38,5% de plus de 50 ans contre 60%), une structure socio- professionnelle plus variée (28,5% d’employés contre 0% en 1937, 42,5% de professions libérales, d’industriels et de négociants contre 80%, 14,5% de cadres publics contre 3,5%), un ancrage local moins net (85,5% de natifs de l’arrondissement de Nice contre 100% en 1937) mais un renforcement de la résidence niçoise des élus (66,5% contre 60%), une forte diminution de l’appartenance à une lignée d’élus (19% contre 43%)59. La fonction de maire demeura un bon tremplin pour emporter la décision (neuf cas de figure60, soit 43%) même si elle s’avéra moins déterminante qu’en 1937 (onze cas de figure61, soit 52%), tandis que celle

59 Eugène Donadeï, Jean Médecin, Joseph Raybaud, Maurice Rovery contre Léon Baréty, Joseph Ciamin, Jean et Maurice Durandy, Bernard Issautier, Jean Médecin, Joseph Raybaud, Félix Ricolfi, Maurice Rovery. 60 André Botton, Eugène Donadeï, Auguste Dubar, Jean Favre, Gaston Maurin, Jules Ravel, Joseph Raybaud, Maurice Rovery, Fernand Torthe. 61 Julien Agnély, Joseph Ciamin, Philippe Corniglion-Molinier, François De May, Jean Durandy à Menton (élu à Breil), Louis Fulconis, Jean Médecin à Nice (élu à Sospel), Joseph Raybaud, Félix Ricolfi, Paul Roux, Maurice Rovery. d’adjoint n’interféra que dans un seul cas62, soit 4,5%, contre trois63, soit 13,5%, en 1937. Il n’y eut pas d’élus féminins64 et seulement deux candidates65, en septembre 1945.

● Les élections législatives

A peine sortis de la campagne cantonale, les électeurs furent soumis, dès le 7 octobre, à la campagne législative (élection de cinq députés à la proportionnelle pour désigner l’Assemblée constituante) et référendaire (consultation des citoyens sur deux questions institutionnelles : « Voulez-vous que l’Assemblée élue ce jour soit constituante ? », « S’il y a une majorité de oui à la première question, approuvez-vous l’organisation provisoire des pouvoirs publics proposés par le gouvernement ? »). L’abandon du vote par circonscription politisa encore plus les débats puisque les candidats devaient figurer sur une liste de cinq noms, ce qui privilégiait les partis structurés. Six listes se disputèrent les suffrages des électeurs azuréens : trois pour les partis traditionnels (PCF, SFIO) ou nouvellement créé (MRP), une quatrième (constituée par Jean Médecin et intitulée « Union républicaine ») qui allait servir de base au futur Rassemblement républicain, tandis que deux personnalités locales –l’ancien préfet Jean Chaigneau (déporté en mai 1944) et l’abbé Daumas (vice-président du CDL et président du FN)-, compliquèrent l’affrontement électoral en présentant des listes « apolitiques » qui allaient drainer vers elles aussi bien des voix modérées antimédecinistes (Entente républicaine de Jean Chaigneau) que des voix progressistes antipartisanes (Union des républicains indépendants d’Alfred Daumas). Sur les trente candidats, vingt et un résidaient dans l’arrondissement de Nice : trois sur la liste du PCF (le président du conseil général Virgile Barel, l’instituteur Jean-Paul Comiti, conseiller général de Sospel et le monteur TSF Raoul Gastaud), deux sur la liste de la SFIO (le commerçant Aimé Bermond, adjoint au maire de Nice66 et le professeur Thérèse Romeo, conseiller municipal de Nice), trois sur la liste médeciniste (le conseiller général Jean Médecin, le maire de Falicon Ferdinand Garino et l’avocat niçois Edmond Nabias), quatre sur la liste du MRP (le secrétaire fédéral Edgar Hevers, Yvonne Trastour, l’adjoint au maire de Nice Joseph Martin et le professeur Jean Fruchier, adjoint au maire de Beausoleil), quatre sur la liste « Entente républicaine » (Jean Chaigneau, l’industriel niçois Bernard Denis, le notaire niçois Félix Crépeaux et le vétérinaire niçois Pierre Castay) et cinq sur la liste « Union des républicains indépendants » (l’abbé Daumas, le membre du CDL Basile Semeria, directeur commercial à Beausoleil, l’employé des TNL Alexandre Ferrero, le maire de Puget-Théniers Marcel Isnardy et le journaliste Jean Huon). Encore une fois, l’élément féminin était sous- représenté avec deux candidates sur trente (6,5%), toutes deux originaires de l’arrondissement de Nice mais placées en position inéligible (Yvonne Trastour 3e, Thérèse Romeo 5e) ; notons qu’aucune femme ne fut présentée par le PCF, contrairement aux cantonales. Les électeurs du chef-lieu furent un peu surpris de ne pas voir candidater le maire de Nice et son premier adjoint : dans le premier cas, il semblerait que Jacques Cotta eût été écarté après son échec aux cantonales et qu’il en eût voulu au secrétaire fédéral Alex Roubert67 ; dans le second cas, André Pruvost, lui aussi battu aux cantonales, venait d’être exclu de la CFTC et était contesté par le personnel des Assurances sociales qu’il avait dirigé

62 Louis Anfosso à Contes. 63 Louis Depetris à Menton, Antoine Olivari à Nice (élu à Utelle), Louis Robini à Villars. 64 Il faudra attendre le 16 janvier 1966 pour voir Odile Ollivier succéder à son mari décédé au siège de conseiller général de Contes. 65 M. Legier (SFIO) qui obtint 19% des voix à Guillaumes et A. Laurenti (PCF) 24% à Vence. 66 La tête de liste Alex Roubert, avocat au Barreau de Grasse et résidant à , était indiqué comme conseiller municipal de Nice. 67 Entretien avec le secrétaire de la section socialiste de Nice Gérard Romeo le 11 août 1969. pendant la guerre, ce qui poussa le MRP à lui préférer comme tête de liste le directeur du quotidien La Liberté, à la réputation d’intégrité. La campagne fut moins animée que les deux précédentes tout en donnant lieu à 275 réunions publiques68 dans le département (75 pour le PCF, 65 pour le MRP, 64 pour la SFIO, 30 pour la liste médeciniste, 21 pour la liste Entente républicaine et 20 pour l’Union des républicains indépendants). Les résultats furent un peu surprenants (Cf. Annexe IV) puisque le PCF arriva nettement en tête au niveau départemental avec 71286 voix et 37,9% –ce qui lui valut, grâce à la répartition au plus fort reste, trois sièges de député (V. Barel, H. Pourtalet, J. Laurenti)-, devant l’Union républicaine (39804 voix, soit 21,2% et un siège pour Jean Médecin), la SFIO (32939 voix, soit 17,5%69 et un siège pour Alex Roubert), le MRP (17082 voix et 9,1%70), l’Entente républicaine (15564 voix et 8,3%) et l’Union des républicains indépendants (11568 voix et 6%). Le Patriote du 23 octobre put titrer : « Dans les Alpes- Maritimes, les communistes triomphent, le MRP est battu » ; en effet, pour la troisième fois en six mois, le parti démocrate-chrétien ne parvint pas à tirer son épingle du jeu, compte tenu de la concurrence médeciniste, alors que le parti communiste enregistra un succès historique par l’ampleur des suffrages recueillis dans un département réputé conservateur (81% à Castellar, 77,5% à Bairols, 74% à Revest les Roches, 72,5% à Pierrefeu, 71,5% à , 70% à Tourrette du Château, 68,5% à Saint-Blaise, 67,5% à Rigaud, La Roquette sur Var et Malaussène, 64% à Saint-Antonin, Rimplas et La Penne, 62,5% à Lucéram, 60% à Moulinet et , 59% à Saorge, 57% à Gilette, La Bollène et Peille, 56% à Ascros et Saint-Martin du Var, 55% à L’Escarène, 53,5% à La Trinité, 52% à Belvédère, Peillon et Drap, 51% à Fontan, 50% à Roquebillière, 48% à Entraunes, 45% à Sospel, 43,5% à Cap d’Ail et Villars, 41% à Beausoleil, 40,5% à Menton, Eze et Saint-André, 39,5% à Lantosque et Saint-Martin- Vésubie, 38% à Utelle et Roquebrune-Cap Martin, 37,5% dans le chef-lieu et à Guillaumes, 31% à Puget-Théniers et Saint-Sauveur, 28% à La Turbie, 24% à Levens, 23% à Isola, 22% à Beaulieu mais seulement 10% à Saint-Etienne et 4% à ). La SFIO oscilla entre 4% à Levens71 et 38% à La Turbie (fief de Jean Favre), obtenant 34% à Puget-Théniers, Marie et Berre les Alpes, 32,5% à Malaussène, 30,5% à Sospel, 29,5% à Isola (fief de Calixte Ciamin), 27% à Beaulieu, 26% à Clans, 24% à Roquebillière et Roquebrune-Cap Martin (fief du néo- socialiste Fernand Torthe), 21% à Beausoleil mais seulement 12,5% des voix à Menton et à Nice, toutes deux dirigées par un maire socialiste. Le MRP oscilla entre 2% à L’Escarène et 27% à , obtenant 26% à Saint-Jean Cap Ferrat, 18,5% à Saint-Martin du Var, 10% à Villefranche et Roquebrune-Cap Martin, 9,4% à Nice et 8,7% à Menton72. La liste médeciniste n’obtint pas le score qu’elle espérait et l’élection d’un second candidat, oscillant entre 6,5% à Beausoleil et 78% à Châteauneuf d’Entraunes et Saint-Martin d’Entraunes, obtenant 68,5% à Beuil, 68% à Venanson, 66% à Colomars, 61,5% à Saint-Etienne de Tinée, 54,5% à Massoins, 51% à Sauze et Saint-Dalmas le Selvage, 50% à Tourrette-Levens, 47,5% à Utelle, 46,5% à Valdeblore, 45% à et , 41% à Aspremont et , 39,5% à Saint-Martin-Vésubie et Belvédère, 35% à Levens, 33% à Saint-Sauveur, 32% à Saint-André, 31% à Lantosque, 29% à La Bollène, 27,5% à Beaulieu mais seulement 24,4% dans le chef-lieu (bastion de « Jouan de Nissa ») et 14% à Sospel (ancien canton de Jean

68 ADAM, 30 W 7056, rapport du commissaire central de Nice, 17 octobre 1945. 69 Le déficit était sensible par rapport au score national de 24,6%, explicable par une organisation moins développée dans les Alpes-Maritimes et à la présence d’une mouvance communiste dynamique s’appuyant sur de nombreuses organisations-sœurs et sur l’aura du « parti des fusillés ». 70 Le déficit était énorme avec la moyenne nationale de 25,6% mais il faut tenir compte de la présence de la liste « chrétienne de gauche » de l’abbé Daumas et d’une partie de l’électorat médeciniste ayant préféré « voter utile ». 71 La liste de la SFIO ne recueillit aucun suffrage à Pierrefeu et à Revest les Roches. 72 La liste du MRP ne recueillit aucun suffrage à Cuebris, Revest les Roches, Saint-Blaise, Castillon, Venanson, Marie, Rimplas, Bairols, , Tournefort, , La Croix, Châteauneuf d’Entraunes, Entraunes. Médecin), ainsi qu’à Menton. Jean Chaigneau, malgré son manque d’implantation locale, vit sa liste osciller de 1% à Roquebillière, Saint-Etienne de Tinée et Sospel à 21,5% à Entraunes, obtenant 11,5% dans le chef-lieu où elle pénalisa Jean Médecin, 10,5% à Saint-Jean Cap Ferrat et Villars sur Var, 10% à Aspremont, 9,5% à Colomars et Villefranche, 9% à Breil, 8,5% à Beaulieu et Blausasc, 7,5% à Menton et 3% à Beausoleil73. Quant à la liste conduite par l’abbé Daumas, elle oscilla de 3% à Lantosque, Roquebillière et Sospel à 50% à Puget- Rostang, obtenant 36,5% à Pierlas, 29,5% à Levens, 22,5% à Beausoleil (fief de son colistier Basile Semeria), 16,5% à Entraunes, 15,4% à Menton et Beaulieu, 14,5% à Puget-Théniers (fief de son colistier Marcel Isnardy) et à Saint-Martin du Var, 13% à Péone, 10% à La Turbie mais seulement 4,5% dans le chef-lieu74 : après avoir été un « compagnon de route » du PCF, le président du FN et la « bonne conscience » du « peuple de gauche » azuréen, l’ecclésiastique progressiste fit la dure expérience d’un combat électoral dans une consultation nationale où, compte tenu de son absence de relais organisationnel, il avait tout à perdre ; aussi, ne fut-il pas surprenant de le voir démissionner peu après de la direction de l’hebdomadaire L’Avenir et de la présidence du comité directeur du FN. Dans le cadre de la campagne référendaire, la plupart des organisations appelèrent à voter OUI-OUI –c’est-à-dire pour une IV° République bicamériste-, alors que le PCF et le FN recommandèrent le OUI-NON, puisqu’ils souhaitaient une Assemblée nationale souveraine face à un exécutif aux pouvoirs limités. Il ne fut donc pas étonnant de découvrir, dans Le Patriote du 20 octobre l’encart suivant : « Vous ne voterez ni Da-Niet ni Yes-Yes ni Ya-Ya. Vous voterez Français Vous voterez OUI-NON ». Les résultats furent conformes au rapport des forces, soit 183769 OUI (98,5%) et 2472 NON à la première question (84504 OUI soit 98,5% et 1251 NON dans le chef-lieu) et 110032 OUI (59%) et 76069 NON à la seconde (50927 OUI soit 59,5% et 34803 NON dans le chef-lieu)75. Il convient de noter que le total départemental des NON dépassa de 4783 voix le score de la liste communiste aux législatives (2434 à Nice). L’arrondissement de Nice et le département des Alpes-Maritimes votèrent donc un peu plus massivement que la moyenne nationale (96%) pour le OUI à la première question76 tandis qu’ils furent davantage en retrait pour le OUI à la seconde question (66,5% au niveau national) en raison d’une influence communiste plus forte (26,3% au niveau national)77.

73 La liste « Entente républicaine » ne recueillit aucun suffrage à Bonson, Cuebris, Pierrefeu, Revest les Roches, Saint-Antonin, Toudon, Bendejun, Saint-Blaise, Moulinet, Venanson, Marie, Bairols, Massoins, Ascros, Auvare, La Croix, La Penne, Puget-Rostang. 74 La liste « Union des républicains indépendants » ne recueillit aucun suffrage à Revest les Roches, Toudon, Blausasc, Bairols, Massoins. 75 A Menton, où la participation fut limitée à 65% en raison du rapatriement incomplet de la population, le OUI à la première question atteignit 99,2% tandis que le OUI à la seconde question plafonna à 55,1%. 76 Vingt-trois communes approuvèrent à 100% cette question : Bonson, Cuebris, Gilette, Pierrefeu, Tourrette du Château, Berre, Cantaron, Châteauneuf de Contes, Clans, Ilonse, Rimplas, Valdeblore, Bairols, Lieuche, Malaussène, Pierlas, Thiéry, Touët sur Var, La Penne, Puget-Rostang, Rigaud, Saint-Léger, Châteauneuf d’Entraunes, Sauze. 77 Le NON l’emporta même dans vingt-six communes : 80% à Bairols, Revest les Roches et Tourrette du Château, 78% à Pierrefeu, 72% à Rimplas et La Croix, 70% à Moulinet, 69% à Saint-Blaise, 68% à Cuebris, 66% à La Penne, Rigaud et Daluis, 65% à La Roquette sur Var, 60% à Saint-Martin du Var et Saint-Léger, 59% à Blausasc et Duranus, 56% à Castagniers et La Bollène, 55% à Belvédère, Gilette, Peille et Peillon, 51,5% à Touët de L’Escarène, 51% à Bonson et Marie, 50,5% à Péone. En guise de conclusion, nous insisterons sur le fait que, malgré la répétition des scrutins du printemps à l’automne 1945, le taux de participation à la double consultation du 21 octobre fut très élevé : 85,5% dans le chef-lieu et 82% dans l’ensemble du département78, ce qui prouvait la « fringale » électorale des citoyens après une longue période d’abstinence due au déclenchement de la seconde guerre mondiale puis au régime de Vichy ayant banni le suffrage universel.

Indications bibliographiques Bardon Catherine, Historique du Conseil général des Alpes-Maritimes de 1929 à 1940, mémoire de Maîtrise d’Histoire préparé sous la direction de Ralph Schor, Faculté des Lettres de Nice, 1989, 204 p. Basso Jacques - Vernier Olivier, « Jean Medecin en politique, le pouvoir d’un notable, la passion d’une ville (1925-1965) », Nice Historique, N° 2-3, juillet-décembre 1990, p. 21-45. Gelormini Daniel, Les élections municipales d’avril-mai 1945 dans les Alpes-Maritimes, mémoire de Maîtrise d’Histoire préparé sous la direction d’André Nouschi, Faculté des Lettres de Nice, 1974, 129 p. Icart Jean, Le Conseil général des Alpes-Maritimes. De la reconstruction à la décentralisation, Nice, Serre, 1997, 223 p. Panicacci Jean-Louis, Les pouvoirs dans les Alpes-Maritimes à la Libération (6 juin 1944-21 octobre 1945), IHTP-CNRS, 1986, 121 p. Panicacci Jean-Louis, « Les élections municipales d’avril-mai 1945 à Nice », Le Sourgentin, N° 116, mars-avril 1995, p. 19-21. Panicacci Jean-Louis, « Les conseillers généraux de l’arrondissement de Nice sous la IV° République » in Destins niçois, Cahiers de la Méditerranée N°55, novembre 1997, p. 203-215. Panicacci Jean-Louis, « Les maires des Alpes-Maritimes de 1935 à 1959. Etude prosopographique », in Hommage à Jacques Basso, Nice, France Europe Editions, 2006, p. 193-214. Vinaï Audrey, Le Conseil départemental de Vichy dans les Alpes-Maritimes (1943-1944), mémoire de Maîtrise d’Histoire préparé sous la direction de Jean-Louis Panicacci, UFR Lettres de Nice, 2000, 101 p.

ANNEXES Signification des sigles : SFIO (parti socialiste), IDG (Indépendant de gauche), RI (Républicain indépendant), RS (parti radical-socialiste), FN (Front national de lutte pour l’indépendance de la France, mouvance communiste), UP (Union Paysanne, relais du FN et de la CGT dans le monde rural), USR (Union socialiste républicaine), MLN (Mouvement de libération nationale regroupant les mouvances résistantes socialiste et gaulliste de gauche), MRP (Mouvement républicain populaire, nouveau parti démocrate-chrétien), MNRPGD (Mouvement national de résistance des prisonniers de guerre et déportés, organisation fondée par François Mitterrand).

I LE CONSEIL MUNICIPAL DE NICE ELU EN MAI 1945 Maire : Jacques Cotta (1911, avocat) SFIO 1er Adjoint : AndréPruvost (1911,cadrepublic) MRP 2e Adjoint : DominiquePaez (1902,commerçant) RS 3e Adjoint : Aimé Bermond (1892, commerçant) SFIO 4e Adjoint : Joseph Martin (1900, cadre TNL) MRP 5e Adjoint : Hervé Bourdon (1890, retraité SNCF) RS 6e Adjoint : Paul Draghi (1897, enseignant-journaliste) SFIO 7e Adjoint : Pierre Aubour (1897, architecte) RS 8e Adjoint : Denise Badin (1908, sans profession) MRP 9e Adjoint : Paul Giordan (1903, employé de jeux) SFIO 10e Adjoint : Edmond Fidelis (1884, pharmacien) MRP 11e Adjoint : JosephArnould (1904,employédecommerce) MLN

78 La participation varia de 99,5% à Castagniers à 22,5% à Castillon, les communes sinistrées –où de nombreux habitants ne s’étaient pas réinstallés-, figurant évidemment dans la tranche inférieure (74% à Breil, 71,5% à Saorge, 68,5% à Moulinet, 65% à Menton, 61,5% à Fontan) bien que dépassant parfois des communes n’ayant pas connu les destructions et/ou évacuations (La Croix 71%, Cuebris 70%, Daluis 69%, Saint-Antonin et Valdeblore 68%, Massoins 66%, Péone et Rigaud 65%, Revest les Roches, Châteauneuf d’Entraunes et Villeneuve d’Entraunes 64%, Entraunes et Tournefort 60%). Les communes ayant davantage voté que la moyenne départementale furent : Saint-Martin du Var 90%, Pierlas, Tourrette du Château et Touët de L’Escarène 87%, Auvare et Beaulieu 85%, Châteauneuf de Contes, Colomars, Gilette, , La Penne et Puget-Rostang 84%, Berre et Lieuche 83%, La Roquette sur Var, Clans et La Bollène 82,5%. 12e Adjoint : Raymond Comboul (1900, industriel) MLN conseillers : Charles Blancardi ( , limonadier) MRP Jean Calleri ( , employé du Gaz) CGT Paul Catella ( , tapissier) MNRPGD François Courti ( , contrôleur PTT) MNRPGD Frédéric Granet ( , commerçant) SFIO Pierre Joselet (1922, étudiant-journaliste) MLN Emmanuel Martin ( , dentiste) RS Blaise Migozzi ( , médecin) RS Joseph Moretti ( , directeur commercial) RS Barthélemy Olivari ( , entrepreneur) MRP RobertCazalis (1904,médecin) SFIO Juliette Parrot ( , employée) CGT Roger Rabouam ( , enseignant) MRP Thérèse Romeo (1913, professeur) SFIO Alex Roubert (1901, avocat) SFIO Maurice Baizet ( , pharmacien) Combat Paul Bouvier (1885, officier retraité) Combat Charles Bouqueret ( , journaliste) Combat Eugène Dunan ( , boulanger) Combat Roger Gilquin ( , ingénieur agronome) Combat Lucien Gueguen (1894, cadre public) Combat Georges Renevey (1915, dessinateur) Combat Daria Tomasini ( , fonctionnaire) Combat Sources : ADAM, 27 W 14 Conseil municipal de Nice ; Archives municipales, délibérations, volume 109 ; L’Espoir de Nice du 23 avril 1945 ; L’Aurore de Nice du 26 avril 1945.

II LES MAIRES DE L’ARRONDISSEMENT DE NICE ELUS EN 1945 Beausoleil Auguste Dubar (1904, musicien) PCF Breil André Botton (1897, enseignant retraité)SFIO Fontan Maurice Rolando SFIO Saorge Jean Steva (1879, instituteur retraité) IDG Contes François Demateis (1900, homme d’affaires) IDG Bendejun CharlesMannoni (1894,S.P.) IDG BerrelesAlpes RobertLabbé (agentd’assurances) RI Cantaron François Dalbera (1887, entrepreneur) RS Châteauneuf de Contes Léon Brocard (1885, négociant) RI Coaraze Florentin Peglion (1879, propriétaire) RI Drap Pierre Cauvin (1907, cultivateur) PCF L’Escarène Joseph Faraut (1882, retraité) PCF Blausasc Stéphane Flachon RS Lucéram EdouardRaymond FN Peille Joseph Brocard (1882, propriétaire) FN Peillon Antoine Passeron (1904, entrepreneur) RI Touët de L’Escarène Charles Sido (1891, militaire retraité) FN Guillaumes Jules Ravel (1902, employé) PCF Beuil Firmin Robion (1876, cultivateur) RI Châteauneuf d’Entraunes Louis Graille (1917, employé) IDG Daluis Charles Masséna (1902, agent commercial) IDG Entraunes Marcel Lions (1911, cultivateur) IDG Péone Florentin Clary (1883, retraité) IDG St Martin d’Entraunes Raoul Marchetti (1912, propriétaire) RS Sauze Joseph Boyer (1884, cultivateur) RI Villeneuve d’Entraunes Joseph Arnaud (1903, cultivateur) IDG Levens Joseph Raybaud (1904, exploitant) RI Aspremont Léon Astraudo (1899, propriétaire) FN Castagniers Baptistin Pin (1912, cultivateur) UP Colomars Paul Clermont (1875, enseignant retraité)RI Duranus Jean-Baptiste Roux (1875, cultivateur) RI La Roquette sur Var Albert Guérin (1917, instituteur) FN St Blaise Henri Raynaud FN St Martin du Var Léon Noble (1889, médecin) IDG Tourrette-Levens Emile Roux (1881, greffier retraité) RI Menton Pierre Parenthou (1876, cadre public) SFIO Castellar Henri Domerego (1899, retraité) PCF Gorbio Etienne Palmaro (1876, cultivateur) RS Roquebrune-CapMartin FernandTorthe (1882,entrepreneur) RS Ste-Agnès Jean Gaudo (1894, artisan) USR Nice Jacques Cotta (1911, avocat) SFIO Falicon Ferdinand Garino (1895, cadre public) RI La Trinité-Victor Victor Asso (1910, médecin) FN St André de Nice Jules Musso (1895, entrepreneur) USR Puget-Théniers CharlesIsnardy (1905,commerçant) FN Ascros Louis Dalmas (1884, cultivateur) IDG Auvare Félix Martin (1911, cultivateur) RI La Croix sur Roudoule Denis Fournier (1898, cultivateur) RI La Penne Emile Raybaud (1912, artisan) PCF Puget-Rostang Marius Maurin (1904, cultivateur) RI Rigaud Prosper Baylon (cultivateur) FN St Léger Zoé David (1908, aubergiste) RI Roquebillière Arthur Bessi (chef cantonnier) RI Belvédère Denis Lambert (1888, maréchal-ferrant) La Bollène-Vésubie Charles Romersa (1901, entrepreneur) PCF Roquestéron Victor Lions (1913, médecin) FN Bonson Léon Roux (1893, assureur) RI Cuébris Louis Andrio (retraité) FN Gilette Michel Altare (entrepreneur) FN Pierrefeu Joseph Miquelis (1897, cultivateur) PCF Revest les Roches Emile Gastaud (1887, cultivateur) RI St Antonin Jean Augier (1914, cultivateur) IDG Sigale Timothée Passeron (1883, retraité) RI Toudon Hilarion Gioffredo (retraité) PCF Tourrette du Château Auguste Gastaud (1904, instituteur) RI St Etienne de Tinée Maurice Rovery (1879, médecin) RI Isola Calixte Ciamin (1896, cadre public) SFIO St Dalmas le Selvage Joseph Issautier (1897, cultivateur) RI St Martin-Vésubie Jacques Mario (1908, employé du Gaz) PCF Venanson Maurice Franco (1894, employé) RI St Sauveur sur Tinée FrançoisPuons (1893,entrepreneur) RI Clans Gaston Maurin (1898, médecin) SFIO Ilonse Lucien Pierlas (1902, professeur) IDG Marie Rosé Bottazzi (1889, entrepreneur) RI Rimplas Arnaud Michelis (1911, cultivateur) PCF Roubion Adolphe Ramin (1879, cultivateur) RI Roure Jules Malet (1878, enseignant retraité)RS Valdeblore François Richier (1894, retraité) SFIO Sospel Vincent Comiti (1888, militaire retraité) IDG Castillon André Amade (1889, cultivateur) RI Moulinet Félix Truchi (retraité) PCF Utelle Claude Damiano (1911, cadre public) RI Lantosque François Barberis (1889, cultivateur) RS Villars sur Var Eugène Donadeï (1898, avocat) RS Bairols Robert Blanc (1901, cultivateur) SFIO Lieuche Joseph Gastaud (1907, cultivateur) RI Malaussène Eugène Michelis (1890, industriel) RI Massoins Paul Isnardy (1888, propriétaire) RI Pierlas Denis Belleudy (1896, cultivateur) RI Thiéry Léopold Cagnol (1914, journalier) RI Touët sur Var Jean Giauffret (1892, propriétaire) RI La Tour sur Tinée Félix Hancy (1894, greffier) RI Tournefort Roger Aliez (1903, cultivateur) RI Villefranche sur Mer Antonin Laugier (1882, ingénieur retraité) RI Beaulieu Etienne Petit (1882, enseignant retraité)CGT Cap d’Ail Raymond Gramaglia (1893, entrepreneur) RI Eze Jean-Baptiste Millo (1871, retraité) RI LaTurbie JeanFavre (1910,cadrepublic) SFIO St Jean-Cap Ferrat Georges Eymard (1897, administrateur) RI

Source : ADAM, 27 W 7 à 18, Conseils municipaux élus en 1945.

III LES CONSEILLERS GENERAUX ELUS EN SEPTEMBRE 1945

Beausoleil : Auguste Dubar (1904, musicien) PCF Breil : André Botton (1897, enseignant retraité) SFIO Contes : Louis Anfosso (1899, employé) PCF Guillaumes : Jules Ravel (1900, employé) PCF L’Escarène : Antoine Risso (1895, ouvrier) PCF Levens : Joseph Raybaud (1904, propriétaire) RI Menton : FernandTorthe (1881,entrepreneur) RS Nice I : Charles Andrieu (1910, ouvrier) PCF Nice II : Virgile Barel (1889, enseignant retraité) PCF Nice III : Paul Augier (1912, avocat) USR Nice IV : Jean Médecin (1890, avocat) RI Puget-Théniers : Marius Castel (1908, employé) PCF Roquebillière : Jean Laurenti (1893, cultivateur) PCF Roquestéron : Georges Salvago (1896, journaliste) RS St Etienne de Tinée : Maurice Rovery (1879, médecin) RI St Martin-Vésubie : Louis Fulconis (1880, médecin) RS St Sauveur sur Tinée : Gaston Maurin (1898, médecin) SFIO Sospel : Jean-Paul Comiti (1902, enseignant) PCF Utelle : Antoine Giacomoni (1881, avocat) RS Villars sur Var : Eugène Donadeï (1898, agent immobilier) RS Villefranche sur Mer : JeanFavre (1910,cadrepublic) SFIO

Sources : Conseil général, Délibérations, volume 1945, tome 2, p. 3 ; ADAM, 30 W 6887 rapports du préfet transmis en 1945, 6955 CDL, 91 W 18709 Conseil départemental, 89 J 43 à 45 personnalités départementales.

IV RESULTATS DES LEGISLATIVES PAR COMMUNES PCF MRP SFIO UR ER URI Breil 301 47176 67 65 58 Fontan 143 14 69 27 3 21 Saorge 178 1666 25 4 10 Sospel 506 81344 158 9 33 Moulinet 143 7 66 13 0 10 Castillon 10 0 2 10 1 4 L’Escarène 304 1144 131 17 45 Blausasc 139 15 9 47 20 0 Lucéram 219 946 36 6 34 Peille 250 7 59 109 20 19 Peillon 197 20 46 86 14 15 TouëtdeL’Escarène 60 6 9 39 3 2 Menton 1659 358 508 608 309 650 Roquebrune 484 125 308 112 58 191 Castellar 180 2 15 12 2 11 Gorbio 60 4 48 83 3 9 Sainte-Agnès 68 5 30 33 9 13 Beausoleil 1556 229 799 256 114 848 Villefranche 645 177 344 254 168 119 Eze 121 2245 60 21 31 LaTurbie 131 41174 57 10 47 Capd’Ail 401 43205 196 28 47 StJeanCapFerrat 151 163 83 129 64 29 Beaulieu 192 68151 232 73 131 Nice 32369 805010891 21003 9901 3809 Falicon 31 11 3 172 7 15 StAndré 205 20 62 160 27 31 La Trinité 534 80 139 149 49 45 Contes 530 53215 221 81 28 Bendejun 41 231 66 0 7 Berre les Alpes 73 25 83 29 17 14 Cantaron 66 1 22 57 2 5 Châteauneuf 61 4 11 52 1 3 Coaraze 100 6 17 107 4 3 Drap 229 11 58 105 13 23 Levens 147 26 28 211 16 176 Aspremont 56 2 6 56 14 3 Castagniers 104 57 18 4 5 22 Colomars 56 3 3 171 25 1 Duranus 23 2 2 24 3 6 La Roquette sur Var 101 1 10 30 0 7 Saint-Blaise 57 0 0 21 0 5 St Martin du Var 221 12 73 24 4 57 Tourrette-Levens 135 5 19 209 12 37 Utelle 199 21 25 247 12 17 Lantosque 393 25 67 260 27 61 Roquebillière 342 51163 94 9 21 La Bollène 157 1 23 82 4 8 Belvédère 238 3 16 181 4 11 St Martin-Vésubie 261 2472 260 8 37 Venanson 31 0 1 72 0 2 St Sauveur 90 14 44 97 15 30 Clans 113 15 81 66 1 28 Ilonse 11 7 18 36 6 2 Marie 29 0 20 7 0 8 Rimplas 41 0 4 9 1 4 Roubion 41 1 2 7 9 3 Roure 20 516 40 10 2 Valdeblore 85 10 55 140 9 7 St Etienne 71 59107 441 11 30 Isola 71 18 89 96 8 24 St Dalmas le Selvage 12 1 16 37 2 4 Villars sur Var 121 2431 47 29 28 Bairols 21 0 1 5 0 0 Lieuche 3 0 6 9 1 1 Malaussène 60 4 29 20 4 4 Massoins 41 1 4 43 0 0 Pierlas 10 2 2 47 2 18 Thiéry 25 1 2 13 8 3 TouëtsurVar 63 614 96 11 9 LaTour 71 4310 39 46 26 Tournefort 2 01 10 8 4 Puget-Théniers 222 6245 75 11 104 Ascros 76 1 48 4 0 7 Auvare 16 0 2 1 0 4 LaCroix 71 07 5 0 12 LaPenne 66 220 8 0 6 Puget-Rostang 8 2 4 1 0 15 Rigaud 88 1 20 7 1 14 Saint-Léger 21 2 1 2 1 7 Guillaumes 134 22 79 99 10 20 Beuil 11 5 62 192 6 7 Châteauneuf 1 0 1 29 1 5 Daluis 69 1 5 17 17 6 Entraunes 41 0 5 7 18 14 Péone 76 3 10 59 3 23 St Martin d’Entraunes 6 10 7 101 2 3 Sauze 12 2 7 26 2 2 Villeneuve 28 10 2 21 7 6 Roquestéron 50 3 22 69 7 5 Bonson 79 54 24 2 0 5 Cuebris 31 0 4 13 0 2 Gilette 166 11 61 28 6 17 Pierrefeu 50 5 0 14 0 0 Revest les Roches 23 0 0 6 0 2 Saint-Antonin 23 2 5 4 0 2 Sigale 60 0 12 70 1 3 Toudon 91 4 3 18 4 7 Tourrette du Château 37 1 7 8 0 0

Sources : ADAM, 30 W 7056, Elections d’octobre 1945 et Nice-Matin, 23 octobre 1945.