O R I G INE DE 5 I NV E ST I SS Elil EN TS ET DU POUVOIR ECONOMIQUE I AU CANEROUN

Le pouvoir de décision dans les entreprises appartient 21 celui qui y. contrdle la majorité -ou la plus grande part- des actions composant Le capital social et donnant accès au Conseil d'Administration, autorité souveraine dans une compagnie privde.

I1 était donc intéressant de.savo3.r qui commande dans 19in- dustrie au Cameroun -non les responsables sur place, qui ne sont souvent que de simples délégui5s- mais qui détient effectivement le capital social. Pour cela, une analyse très minutieuse des diverses sources (I)nous a ,permis de conna4tre avec précision quelques 600 liaisons financihxes, détaillant 99 des entreprises du Cameroun (35 des cat6gosies inférieures, 64 parmi les 95 "impor- tantestt),représentant incontestablement l'essentiel du potentidl industriel du pays.

Il y a donc un bon nombre de firmes dont nous ignorons le capital : notamment c'est le cas, entre autres, de la quasi tota- l' lité des entreprises de Travaux Publics (il ;y en a pourtant une quinzaine parmi les entreprises importantes), ou encore les plus >anciennes des compagnies de p1:antation (COPIPAGNIE-OUEST-CAMEROUN1 Société des plantations du Haut-Bamoun, Société des plantations de Nyombe-Penja,..,) ou d'exploitations forestière (S.N.C. de Manoka, Timber Industries de Myyuka, C.F.S.O. dtAbong-Wbang0.,)-

7(1) EDIAFRIC, Flarchés tropicaux, fiches S,E FI la revue tlENTAEPRISE", IP :, 22 i. s u---I 4 mais sans savoir à qui L'attFibuer. Mais pour les plus importantes firmes, nous connaissons tout de meme -sans chiffres- les princi- paux propriétaires : c'est ainsi que nul nDignore que la Pamol et o la R.& W. King dépendent du trust géant anglo-hollandais Unilever, la plantation de Ndu Tea de la firma anglaise Estates & Agencies, la Cogefar des Costruzioni Generali Farsura de Milan, la Nangah Building Co de Mr D. Nangah, riche commerçant originaire de Bamenda,

Nous sommes obligds d'exclure Bgalement de notre analyse 1' u. c., c. *o. ( ) federation de sept coopératives qui regroupent quelques 50.000 paysans Bamiléké, et les compagnies de recherche p6trolibre : SEREPCA, la seule dont nous connaissons les action- naires (21, SHELL (anglo-hollandaise), GULF, MOBIL et AMERADA (américaines). Le capital Bnorme de la SEREPCA -4700 millions (3) -dBsBquilibrerait gravement- nos calculs, D'ailleurs ces firmes p6troli&res, qui ne produisent rien, peuvent &tre consid6rées comme tout à fait à l'écart de l'activité Bconomique du pays,

Malgr6 toutes ces carences, c'est 21 928 millions de Francs CFA du capital social que nous pouvons analyser, et il est bien probable qu'une reduction des zones d'ombre encare'persistante: dans le tableau gBn6ral des activités de type industriel ne modi- fierait pas sensiblement les grandes lignes de nos résultats.

(1) Les fonds propres de L'UCCAO -ce qui n'est pas exactement son capital social- étaient en 1968 de 557 millions, somme bien faible (aux dires du rappo'rt de la Banque Centrale) par rapport 21 l'énormité de son chiffre d'affaires et au voluìqe de ses empruqts bancaires.

(2) 54 $ au groupe national français ELF-ERAP, 10 7: B la compagnie mixte FINAREP, 20 7; ì3 la caisse centrale de Coopération Econo- ,I mique, 5 7; au groupe ROTHSCHILD-S.I. Nord, 10 % la République FBdérale du Cameroun.

(3) Alors que d'autres n'ont qu'un capital d6risoire : 50 millions pour SHELL, 12,5 pour GULF... il ne s'agit là en fait que d'un symbole juridique pour accéder au Code des Investissements en tant que soci6té camerounaise. I -3-

.. Nous avons donc tent6 de rapporkor chaque portion connue . I. I. da capital social SI sa v6xitable llsource", c'est-Zt-dire une soci6t6 qui ne ddpende b son tour d'aucune autre, tenant elle-mQme la madoritfi de son pzopre capital (11, Entre ces firmes originelles at les entrepxiees qui en sant le prolongement au Cameroun peuvent s'interposer plusieurs i6Lerm6diairea ddpendant de Ilune ou de plusieurs des pzemibres et contr6lant les secondes par un jeu parfois fort complexe de participati.ons crois15es. Nous nous sommas donc efforcgsde les escamoter en restituant; aux firmes instiga- trices les parts de capital que cas inLerm4diaires se partagent (2), I

eus nos 21.928 millions analysgs, 758 (soit 3,3 $1 ne correspondent 21 rien de classable et resteront une catBgorie flinconnus.diversa, dont il est probable que la plus grande part corresppnd à des capitaux'français, de France ou du Cameroun, .Clest en particulier le cas des entreprises de Traveux Publics, I. 6manatiams en fait'dlenGssp?lses françaises t SOTRAFOM, RGCFTPs $ <,I GRANDS TRAVAUX DE L'EST, RAZEL FRE'R,ES,

(I) HEilas, ban nombre de ces firmes s'entourenk volontairement d'un certain mystbre et s'ant de ce fait fort difficiles h analyser avec precision.

.(2) Exemple. Soient trois firmes 'industrielles au Cameroun, A,B,% -et C. .' ecdbtient 10 $ du 'capitalse dtun pouvoir économique Bgal 21 50 % de C + 5 $ de A i- 25 % de B (ces deux darnibrea valeurs repre- sentant les parts qui reviennent a D du pouvoir que C tient

. I sur A et sur B), E contr8le 62,5 de B (50 % directement + 12,5 '$ par l'interm6diairs de C) + 25 % de C + 2,s % de A. Restent h des diversft 25 $I de C et 92,5 % de A (90 $ j. 2,5 $). .On voit 'extrbme complexitd des calculs n6cessaixes. A/. Les capitaux dont lloriqine est au Cameroun, soit 6692 millions, font ensemble 30,5 $ du total. n a) L'etat FBd6ra1, par ses divers organismes d'interw vention (SNI, BCD,...( I), a investi er) capital social 3533 millians (e t 16,l $)-et lrEtat du Cameroun Occ+dental 680 mil- lions (21, xquels sQajoutent les 520 millions detenus dans la C.D,C. par le West C&merooA Marketing Board, ce qui fait 1240 mil- lians (5,5 $). Les divers org,anismes agricoles nationaux, comm~ les caisses de stabilisatidn du caf6 et du Cacao, representent 317 millions (lp4 $1, ce,qUi porte B une participakion globale de 5040 millions (23 '$I du total) l'intervention des Pouvoirs P ublics Camero un ais.

1 Est-ce peu, es,+ce'beaucoup ? En l'absence de tout Blement de comparaison avec d'autres Etats, nous ne pouvons que s6server *notFe diagnostic.

b) 1652 milliong (7,s %) proviennent de sources

camerounaises priv6es t

L. citoyens camerounais "de souchett t 726 millions (3) (3,3 $), dont 280 millions dans-la bzasserie UBC, 136 millions dans les tabac BASTOS, 22 millions dans CHOCOCAM, etc...

.. français implan36s au Eameroun : 338 millions (1,s %I, dont 80 millions dans les Boulangeries RGunies, 70 millions dans la 5

I 1 savonnerie C.C.C., 55 milcl

grecs, libqnais, syriens, -armhiens du Cameroun Oriental, indo- pakistanais du&Cameroun Occidental : 480 millions (2,2 $1, dont O millions dans C.C'.C. '(sigle qui signifiai$ initialement COMPAGNIE COMMERCIALE CYPRIOTE) 54 mil1,ions dans SOFIMEC, qui a repris la mine de Mayo-Darle, 45 millions dans EMEN TEXTILES, 25 dans les chaussures S.A,C.C., 24 dans BRITING INDUsTRIES etc..,

(1) Voir.Le'd6ta5.l dans l'annexe II, b la fin da ce chapitre. POWERCAM non comprise, (3) Rappelons-le, UCCAD non comprise. I + -5-

I ì < 1 i Le rlSle des capitaux locaux, accumulgs primitivement

,, *e I . en croissance rapide ; on le doit en banns part au r81e d'anima-

'i tion de la SATEC ( 21, I'

59?6 !% du total, dont 258 millions (1,2 $1 contr636s par 'des sibges sociaux implan-t89 en CBte d'*Ivoire (243 millions, dont

i SEITA, 120 (3)'.

de France (privges ou publ2ques) n'interviennent à peu pxhs pas directement, mais les prihcipales d'ts'ntre elles (BANQUE DE SUEZ ;ET DE ,L'UNION MINIERE, BANQUE DE i I PARIS ET DES PAYS-BAS, BANQUE'DE L'ÌNDOCHINE,~CREDIT COMMERCIAL

DE FRANCE, BANQUE ROTHSCHILD, BANQUE WORMS, B.U*Pa, C.C+f.,.*c o

(1) Un certain nombre d'gtrangers non-français ant eujourdthui pris la nationalit6 camssounaìss. (2) Voir l'analyse de cette action dans l'annexe I, B la fin de ce chapztre,

(3) Rappelons-le, SEREPCA NON COMRRISE, qui reprgsente a elle ssu~aprbs de 4 nail~iEsscisde dsn

'4 I:, ,ï ' ' 11 , kj ,sunk pstisentes pa* le biais de Soci6t6s d'in- vestissement sp6cialis6~3sdans L'Outre-Mer : CEGEPAR, SODAFE, UNIPAR, SOFFO, COFIFA, FINANCIERE de ROSARIO et surtout COFIMER ('la plus puissante sans doute, OB toutes ces banques se retrouvent œavec la prdpond6rance de la PARbAS et du groupe 5.1. NoEd-ROTHSCHIL pour intervenir dans toutes les grandes op6rations françaises en Afrique (fer et cuivie de, dauqitenie, p6tEoles e,t uranium du ::! , bauxites de Guinde, phosphates du S6nBgalI complexe agro-

, sucrier du Miari au Congo-Brazzaville, Au Cameroun, la COFIMER contlcale ainsi 15 4'p deSOCATRAL, I5 $ d'ALUBASSA, 13 $ de CTMC, 6 '16 de SAFACAM, 3 % de CIMENCAM, 3 $ de CICAM, 7 % de SOSUCAM, 5 % de SCM, 25 Sb de SFIA,., Au, total, ces ban'1 ues est eoci6t8s dtinvestissement repr6sentent 3,E $ du capital camerounais I (641 millions).

c) Les compaqnies commerciales les plus puissantes an Afrique Noire (SCOA, CFAIJ, SOAEM, OPTORG,,..) - elles aussi liees B ces grandes banques parisiennes, bien que n$es de capi- taux commerciaux bordslaia et marseillais - interviennent de la j mame manibre t de petktes soqmes 21 la fois, mais dans de nombreuses

' entreppiass travaillent, le plus souvent, pour le marche local, qu'elles-m%mes contr8lent sn bonne partie. On peut leur attribues

d) Beaucoup plus conpid6rable (3,553 millions, soit 16,3 $6) est le rB1e des compaqniets industrielles fondamentalement n6es ZI l'bpOqU8 coloniale de la mise en aleur des Territoires' fsançais ,d*Afrique du Nord et surtout

d'Indochine t SOFICAL-BASTOS, BRASSERIES et GLACIERES D'INDOCHINE, OCIETE INDUSTRIELLE (ex-INDOCHINOISE) ET FORESTIERE DES ALLUMETTES et 1~ tras complexe GROUPE RIVAUD (FINANCIERE DE L'ARTOIS, COMPAGNIE DU CAMBODGE, CAOUTCHOUCS DE PADANG, PLANTATIONS DES

TERRES ROUGES, SOCIETE AFRICAINE FORESTIERE ET A'GRICOLEy (1 ))e

.c '(1) cf. ci-dessous, schhma page 13. -7-

Ces firmes ont une finalité. bien precise : tabac, boissons, allumettes, caoutchouc, bois tropicaux, et sont implantées dans de nombreux pays africains et asiatiques, oh elles constituent parfois de veritables trusts. EllesI sont elles aussi liées aux grandes banques d'affaires (principalement BANQUE DIINDOCHINE, groupe de SUEZ et PARIDAS). A cÔ16 de ces colosses existent quelques petites firmes elles aussi d'origine coloniale, mais cettg fois africaines : textikks b'IAN$UY, m8tallurgie FBANZETTI, textiles MALSCH. .; elles travaillent dans quatre ou cinq pays africains différents, mais sont de bien moindre importance,

e) Mais Le plus grols investisseur de l'industrie + camerounaise (1) c'est l'industrie française (6 O00 millions, soit 27,5 $ du total). Il faut' cependant distinguer nettement :

- d'une part, les petites firmes (1 117 millions, 5,l $1 qui n'ont ou deux succursales en Afrique. Citons, parmi les plus connues : les bois ROUGIER, de Niort (MUSSY, SPED, SCB) les papeteries de LUMBRES, de groupe LA CHARFA C PI JAS TIC AM)^ les tissus DICKSON-CONSTANT (DUCLAIR), les peintures de LA SEIGNERIE (C.E.V.), 'les textiles BRUNET, de Roanne (SOCATEX), la société chimique CORDIER (SIPCA)....

I 3. - d'autre part, les , > grands trusts qui projettent I leurs activitQs -directent ou non- dans un grand nombre de pays ~ iI africains, C'est ainsi que l'on retrouve derrière de nombreuses i firmes du Carnerom les plus grands noms de l'industrie française :

én6ral pour ces entre- te de pont pour par la diffusion 8. s au CameroLm, soit ales iniplantées dans JEUNONT-SCHNEIDER (ENTRELEC) 3 PEUGEOT (MAISON .DU CYCLE) , FIVES- LILLE-CAIL (CIMENCAnlr)3 B.S.N. (SOSUCAIE) , THOMSON - C.S.P. (EQUATORTALE ELECTRONIQUE) AIR LIQUIDE (CANOA) RHONE-POULENC- PROGIL (S~MPOS) SAINT-GOBAIN (PLASTICAM., SOSUCAM) PERRIER () LEBAUDY-SOMMIER (SOSUCAM) les ciments LAFARGE ( CIMENCAIIX) , PR~VOST(VASNITEX) , DOLFUSS-MIEG ( COPARTEX, CICAM) (I), etc..,

Mais' en dehors des 3 592 millions (16,3 f6 du total) du tandem PECHIMEY-UGINE, qui précèdent de loin les 420 millions des chaussuTes BATA (2) et le 378 millions du groupe minotier- sucrier GRANDS 14OULINS DE PARIS -SPATI, les sommes investies sont faibles, presque symboliques : il s'agit surtout pour ces grandes firnies d'avoir un l'pied dans la place" pour y préserver des march& que 1 'ancienne "pr6férence impérialeN ne garantit plus d' éventuelles barrières douanières ni de 1'implantation plus prompte de concurrents &rangers. Avec le développement à venir des marchés africains, ces filiales, encore bien secondaires, sont appelées 2 s'étendre considérablement : on peut ainsi d'ores et déjà prgvoir la transformation de cer- 'taines de ces firmes françaises en entreprises multinationales dont les intérêts auronti -- décollé de ceux de la MBtsopole, qui ne représentera plusr pour 'elles qu'un march6 parmi d'autres (3)'. . I

C/ Les autres capitaux, originaires ni du Cameroun, ni de France, n'occupent donc qu'une place trks mineure : 6,6 $

L'autre agrandt8 du teetile français, BOUSSAC, n'est présent au Cameroun que partlamaison de commerce CITEC, Coupée de ses origines tchèques, la firme BATA est devenue rl un groupe international, dont le centre est B Londres. Mais il slagit de BAYA-IFrance'; I (3) En termes d'analyse globale, on aura alors dépasse le do- colonialisme pour revenir &. un capitalisme monopoliste de type classique, mais généralisé au delà des frontières nat i om les . I 'r

v I -9-

.. 1

a) La présence britannique (478 millions, soit 222 $y mais en fait la plus large partie nous a éChappe : NDU TEA, PAl'/lOL TIMBER INDUSTRIES, ...) est encore prépondérante au Cameroun Occidental, mais une lemte osmose se fait, et l'on assi%e& des

.i implan-bations anglaises h l'Est : ainsi 8. Douala, la brasserie GUINESS et la chaine de montage LAND ROVZR, installde par R, & I W. 7- KING (filiale d'UNILWER),, 1 *une des deux plus puissante compagnie I commerciales du Cameroun., -?

b) Les pays dÜ'PjIarch6 Commun commencent h s'implanter

s6rieusement (565 millions : 2,6 $)l. L'Italie est surtout iin- I i por-hante par ses entreppises de Publics (COGEFAB, i aravaux 2 1 DURICAI'II, .. .) e-t; les CIIlXENTI DEL TIRREN09 maPeres d'oeuvres de I ! ; CIMENCAM ; dans un proche avenir, OTV!AV de Brescia, doit inves- I tir 40 millions dans le larninoir SOLABO. L'Allemagne Fddérale est pr&se&he dans de nombreux domaines : les textiles (DEG détienl 35 $ de CICAI!,'l), l'alimentation (TARACO A.G. a 18 ;;/;I de CHOCOCAM, REDLEFSEN '50' $ de SOCAI1iICO) ;L la chimie (BAYER contrôle 33 $ de SCITKPOS), les matériaux de construction (la banque BKA détient 7 5 de la briquetterie LAIC)y les travaux publics (ce sont des compamies allemandes qui ont construit la route Mora- Fort-Foureau et le Bont sur la Bénoué & Garoua) ; les VGREINIGTE ALUMINIUM WERICE , partenaires de PECl-IIIiEY dans les bauxites de Fria, participent aux Qtudes pow la mise en valeur des gisements de l'Adamaoua. Ses Pays-Bas interv'iennen- surtout par les investissements de la C,C.H.A. (l'autre des deux plus grandes compagnies commerciales) : 50 $ d113NA, 25 76 de SIPEl et par les BOIS HYDRAULIQUES DU CANE'ROUN, du groupe GROOT, qUi doivent fournir les pou-bres nécessaires & la construction des digues hollandaises, Des capitaux m,enfin, sont investis dans ALUCAM et contrôlent la COl!'PAGWIB FOKESTIERE DU GOLFE DE

, c) Les autres pays n'ont qu'une participation anecdotiq les USA ne solit prds8nts que par leurs compa&es p6trolières GORTON FISHING CORPORATION (filiale de TRANSWORLD SEAPOGD),

i - IO -

propriétaire des CREVETTES DU CAl!G-3KOUN ; mais la firme CASTE ¿k COOK envisage l'implantation dans la région de Mbandjock d'un

' complexe agro-industriel d'ananas d'une valeur de cinq milliards. Le Japon par la IWE?JJI: & Co et la DAITO &: Co, est l'initiateur, le g6rant et le client de XOCACklO ; l'Espagne intervient dans SIPEC par la PESCANOVA, la Suisse dans la COCAM par la BONE0 8.A;:' de Lugano, (en compagnie de capitaux italiens) , Hong-Kong dans ENA par la TING FUNG IRON, Signalons enfin que La RBpublique du Tchad participe aux deux principales entrerprises industrielles du Nord-Cameroun : CICAM (15 $) e-b CIMENCAU (20 7;) dont le marché s'étend sur les deux pays (I)*

Au total, retenons la puissance considérable des cinq plus gros investisseurs privds : PECHINEY-UGINE (3 592 millions dans la m6tallurgie), groupe RIVAUD (I 697 millions dans les exploi.tations forestières et caoutchoutières) , SOPICAL-BASTOS (1 005 millions dans les taQacs et allumettes), BRASSERIES ET GLACIERES DIINDOCHINE (730 millions dans le,s boissons) et CACO BARRY (578 millions dans le "caltement du cacao) qui contrôlent à elles cinq 7 $02 millions, soit 34,6 $ du l'pouvoir 6conomiquel1 dans 1 'industrie 'tel que nous l'avons défini. Les seize:? établissements Sul elles dirigent directement represent ent un total d'environ 19 milliards de chiffre d'affaires, 19 mil- liards Bgalement d'investissements économiques et 7 O00 salariés, ce qui correspond & un rôle réel tout de même moins exorbitant

1 que le laisserait penser la notion trop abstraite de capital social,

I I 36 *M

(I),Inversement, le Camerom participe à la SOCIETE EXT TI LE TCHADIENNE de 3'or-G Archm1baul-b.

I - II -

Les croquis des pages suivantes nous montreront comment s 'articulent les principaux groupes du pays (en les [email protected] parfois). L(

ft I' On voit donc que certains groupes sont d'une simplicité extrême, comme le groupe BARRY (croqas A) sui contrôle toute h la chaine de transformation d; cacao ou le groupe BOUGJER (B) qui, par sa filiale P/lUSSY SUR SEINE, détient sans partage deux importankes exploitations forestières (S.C.B. et surtout k3.F;fI.D.) et l'usine d*emballages en bois 1\IUSSY-Cameroun, ainsi que d'autres entre;*prises forestières au Gabon et aux Nouvelles HtSbri des.

D'autres groupes sont plus complexes, comme SOPICAS-BASTOS (C) , présent' dans de nombreuses anciennes colonies françaises (Algdrie, oÙ il a &té créé, Sénégal, Haute-Volta, Cate d'Ivoire, Tchad, Madagascar, Cambodge, Viet-Nani) ; la "Manufactwe de j_ cigarette Juan BASTOS d'Afrique Centralet1 de Yaoundé se ravitaille largement sur le marché local, en particulier grâce aux tabacs de production familiale du pays Bamiléké, d'oh la transformation en station expérimentale de sa plantation SACTA de Batchenga ; son action est logiquement complétée par we participation das l'usine dtallmettes UNALOR? filiale de la puissante SOCIETE INDUSTRIELLE El! FORESTIERE DES ALLWIETI'ES (S .'I. F. A. ) , autre bel exemple de ces grou3es spdcialisés d'origine coloniale aujourd'hui omniprésents en Afrique ; par contre on saisit mal ce qui a pu amener le groupe BASTOS a investir dans TROPIC, petite affaire . . d'outillage agricole (%flachettes" en particulier), mals il est Re7 probable que c'est le vif succès de celle-ci qui a conduit le + groupe à s'int6gess'er au projet de laminoir SOLADO, en compagnie de capitaux italiens et de la vieille SOFIMEC (actuel exploitant.

de la mine de Mayo-Darlé), , I

De même le groupe des BRASSETR73ES ET GLACIERES DE &'INDOCHINE (-ID) se compose d'mie pléiade de brasseries en Algérie, au SénGgal, en Côte d'Ivoire, en Haute-Volta, au Dahomey, au Niger, ..., la SOCIETE ANONMKE DES BRASSERIES DU CAMEROUN a complét6 son arsenal par une participation la fabrique de bouteilles SOCAVER, I .. ,, I- . .. .- .- .-- ...... -. .. , .. - . _.. . - 12 - 8'1.

-dans laquelle elle collabore avec d'autres utilisateurs, com- merçants (C.F.A.O. Consor"ci.mi l?RAl\TCEVIN) ou producteurs de boissons (CASTEL Frères, qui est le maztre d'oeuvre de 1"UNION

O DES BRASSERIES DU CANEROUN, financée par des capitaux Bamiléké)- e et d'autre part participe h l'installation projettée de S.A.T.C. qui lui fabriquera bouclions et capsules avec l'aide technique de

U p la compagnie française SERTEC, spécialisée dans ce domaine, I Le llgroupe VILGRAIN'' (F) est plus compliqué, car, ?icôté 'du jeu très enchevêtré de ses filiales françaises, in-bervient activement l'énorme complexe sucrier de la vallée du Niari (1). C 'est ainsi que la SOCIETE CAl\rl%ROUNATSE DE TdINOTPERIES dépend en majorité des soc5-étés fraqalses, alors que la SOCIETE SUCRIERE DU CAMEROUN a été lancée par les filiales congolaises, avec l'appoint; des grandes compagnies sucrières de France et llinter- vention active de Z'Etat camerounais, qui en a entrak8 dans son sillage les quatre,: banques privées du pays, jusqu'alors très peu intéressées par les placements industriels.

L'intégration verticale du coton (E) est moins cohérente : la C.F.D.T. n'a qu'une intervention minoritaire dans COPARTEX, société de promo%ion des cotonniers franGais, qui a participd 2 &galité avec la firme allemande DEG à la constitution des usines CICAM, dont le but est le-traitement du coton produit par la CFDT. Pour complèter soni activité, la CICAM envisage, avec l'aide de ses principaux actionnaires et llappui technique de RIlODIACETA, le lancement d'une entreprise de tissus artificiels, SYNTECAM, implantée dans l*,enceinte même de l'usine CTCAM de DOUALA.

On remarquera dans kous ces exemples 1'interverition, dis- crète mais obstinée, de 1 'Etat camerounais et, moins fréquemment des compagnies d 1 inve st2ssemen-bs françaises ( COPIDIER, CEGEFAK? ' FINANCIEKE DE ROSARIO.. ) .

(I)Eviderment avant sa nationalisation en 1970 par le Gouver- nement congolais.

l -i I . On les retrouve de même dans le complexe ALUCAM (G) . Malgré 1'enchevêtrement de ses structures, celui-ci est en fait organisé de façon relativement simple. Le trust PECHINEY en forme le point de départ, avec l'appoint d'UGINE, fidèle second (1) ; il contr8le tout d'abord sa source d'approvisionnement en alumine, le gisement de bauxite de FRIA, en Guinée, (parta& avec d'autres int6rêts alwninurgiques mericalna, anglais , suisses et allemands) 1 acheminement de 1 'alunine est assuré par sa COlVIPAGNIE NAVALE DE LA SANAGA, dont la gestion est confiée h l'une des quatorze filiales de la SAGA, organisme de transports maritimes dépendant du groupe financier COMPAGNIE DU NORD-ROTHCHJLD. L'électricité -deuxième matière prerizibre indispensable de 1t&Lumunium- e& fournie par la centrale hydro-électrique ENELCAM d'Ed6a (qui ~a~i$iaiU.eQgalement par le biais d'+ELECTRICITE DU CAMEROUN les grandes villes du pays); ces deux services, ainsi que la SOCIETE NATIONALE DES B&DX DU CAl\fEROfJN, dépendent des Etats camerounais et français (par l'interm6diaire de la CAISSE CENTRALE DE COOPE- RATION ECONOlVIIQUE), mais YECHINEY et ALUCAM y ont &galenient un droit de regard grâce à un jeu de participationscroisées.

PECHINEYy majoritaire dans ALUCNE, en contôle de même intégralement les d6bouchés : la ,partie exportée est confiée à l'une de ses filialestcommeyciales ,; la COMAL ; la partie trait6e sur place des transforméë-eh tôles par SOCATRAL, en appareils mdnagers par ALUBASSA, en outillage par CTMC, ainsi que par la petite SOCIETE DE CLOUTERIE CANEROUITAISE, que cette dernière a 'rachetée. Ces trois compagnies ant dominées & travers ALUCAM, - -seule (AILUBASSA),- ou avec l'appoint de NADUBO, filiale com- I merciale d'ALUCAnT, (CTrVrC), Lou bien avec intervention directe des deux maisons-mères (SOCATRAL) . ALUCAM assure également la dif- fusion de ses produits en Afrique par un jeu de fikales en Côte d'Ivoire (IVOIRAJI) , au Sénégal (CSTJX) au Congo Brazzaville et en R * C .A . ( CETRAIKET )&* 1.- , ..A . , (I)Les deux groupes ont &sionné en Avril 1971, devenant le pre- mier producteur (et le premier transformateur) dralumir$im dPEurope.(et le cinquikme dans le Nonde) I

i ..

*- & Ci .. 14 - 'i

D'autres intérêts sont également présents dans ce complexe domine par PECHINEY. Nous avons dé jà mentionné l'intervention des Pouvoirs Publics -français dans ALUCAM, -camerounais dans O ALUCAM et SOCATRAE. Jouent aussi au niveau des usines de produits

L, finis plusieurs compames commerciales et financieres (SCOA, CFAO, 'CNF, OPTORG, CEGBIAR)I, Les unes et les autres participent également Y' à la MAISON DU CYCLE, filiale pour l'Afrique Centrale des cycles PEUGEOT. De même intervient dans CTMC et dans ALUBASSA la com- pagnie comnentiale BROSSETTEVALOR (organisme collectif de ppromo- tion des ventes des sif&urgiates lorrains) à laquelle participent et INE également PECHINEY/vi a leurs puissant es filiales mét allurgique s CEGEDUR et TREFIlXETAUX - cette darnière collaborant avec JEUMONT - SCHNEIDER à la firme de construction électrique ENTRELEC, Enfin il faut remarquer la présence des sociét6s d'investissement

COFIMER et SODAFE (PECHINEY, UGINE et COFIMER participent d lail- t. leurs h, cette dernière) qui. in-b-ervien) *> en amont (FRIA) et surtout en aval, valant à elles deux 30 $ d'ALUBASSA, 25 ci'. de CTMC, 15 % de SOCATRAL et 16 $ de COMAL.

Enfin le llgrou-pe RIVAUD" (H) nous donne l'image presque caricaturale d'ungolding extraordinairement compliqué de socie"t6s aux participations sys.1;e"ma-t;iquemen-bcroisées -sociétés dont l'origine est en Prance (FINANCIERE DE LIARTOIS, SOCIETE BORDELAISE AFRICAINE, mines de po'basse de KALI-Ste THERESE), en Belgique (SOCIETE FINANCIERE DES CAOUTCHOUCS) ou dans les anciennes colo- nies françaises (PLAIVTATIONS DES TERRES ROUGES, SOCIETE AFRICAINE

~ AGRICOLE ET FOBESTIERE, .. ,,) - avec parfois repli du siège social sur Djibouti - et anglaises (CAOUTCHOUC de PADANG, Nalaisie), Le

~* ~ schéma que nous en donnons est d'ailleurs largement incomplet,

r- car ce groupe étant totalement clos sur lui-même (les seuls capi-

' taux d'origine ext8rieure viennent -en petit nombre- de la BANQUE DtINDOCHINE et du C.C,F., et, en dehors d'une participation mino- . ritaire 8. la SOPPO, le groupe garde un contrôle absolu SUT ses 4 * filiales), il est $arL+vLljfficileà analyser exactement : un certain nombre de ses. sociQte"s,nes6n-t; pas cot6es en bourse et échappent 8. tous les annuaires 6conomi'ques, ce qui fait que de nombreuses liaisons internes nous manquent .

5 15 -

Cette unit6 profonde de groupe ressort beaucoup plus cl irement si l'on analyse gui compos les conseils d'adminis-

Itration qui le dirkgent (I),

Nous avons pu Qtudier la composition de dix des conseils d'administration du groupe, totalisant 75 sièges, que détiennent 29 titulaires différents, Idais parmi ceux-ci, 19 ne sont présents qu'une fois, 3 le sont deux fois, e,$ ces 22 personnes ne détien- nent comme poste important qu'une présidence honoraire. Parmi les 7 hormaes qui occupent les 50 autres sikges, deux ont un rôle mineur : l'un le Corde de R, n'a plus qu'une présence symbolique, avec 4 sièges, dont deux prBsidence3honoraires; ltautre M. Michel V. (4 sieges é$alement) est plutÔ% un techm5cien : il est président d'une des filiales forestières et vice-président de deux autres. Cinq personiies concentrent donc en leurs mains la quasi-totalité du pouvoir, mais de fagon in6;gale : TCM. Philippe F. et Paul V.B. siègent 8 e+ 9 fois dans ceS.dix conseils d'administration avec, pour le premier, une direction génBrale, et pour le second, une présidence ; le vicomte de R. siège 8 fois, détient deux présidence: et une direction géngraie (il siège Bgalement au conseil d'admi- nistration du C.C.F. et à celui de la SOFFO) ; N. 1Naurice B.-'N, , ancien president du 8onseil de la IV8 République, dispose de 8 sièges dont trois présidences j le comte de B., 9 fois présent, tient trois présidences, une présidence d'honneur et quatre vices-présidences, en plus d'un siège G, la BANQUE D'INDOCHINE.

Car le rôle réel des grandes banques (d'affaixles ou de dépôt, la nuance est aujourd'hui bien faible) ne se mesure pas seulement au chiffre de lees participations : il y a aussi le rôle des homes, et celui des structures qui les rGunissent, dont ces véritables clubs du Grand Patronna+ pe sont les conseils

(1) On sait que ce sys-k'eme de W6roullage11 des sociétés n'a pas ? un objectif Qconomique mais vise 8. consolider la position personnelle des dirigeants qui court-circuitent le contrôle des petits actionnaires en se faisant dQl8guer à la tête d'une firme au nom Cllune autre qu'ils dominent 8. partir de la premier d'administration des banques de PARIS ET DES PAYS-BAS, d'INDOCHINE, de SUEZ, du C.I.C. et du C.C.F. Les représentants des groupes industriels que notis venons de d6crire y c8toient les plus grands noins de l'industrie frarqaise, conme, entre bien d'autres, les présidents de PONT-A-l~~OUSSON-SAI~JTGOBAIN , RHONE-POULENC, USINOR, CITROEN, KLEBER-C@ZOIViBES, ou des repr6sentants très importants de THOhTSON-HOUSTON , WENDEL-SIDELOR, PEUGEOT , FRAMCAI SE DES PETROLBS , ESSO, B.P., ou les dirigeants,des autres groupes bancaires et financiers de France : Banque LAZAHD, B.U.P., BCP-DASSAULT, As- surances LA FRANCE-VIE et LA PATERNELLE, ou d'outre-mer : COFINER, SOFFO, CEGEPER, SODAE'E (dont les conseils d'administration sont des sej!ux de rencontre particulièrement bien achalandés en magnats de la Finance, de l'Industrie et du Conmerce) , ou enoore représentants des grandes compagnies d armement : CHARGEURS KEUNIS, DE$lKAS-VIELJEUX, dont les liens sont nombreux avec les conipagnies commerciales en Afrique Noire.. . Y

Ce phe'nomène de concentration enkre un petil; nombre de mains des postes d'administrateur existe aussi au Cameroun, mais sur une moindre échelle :: ainai dans le groupe des BRASSERIES, il n'y a d'un conseil à l'autre pratiquement que la tête, M. Henri M. (vice.président des B. & G. d'INDOCHINE) qui soit commune, L De même S.C.'M. et SOSUCAN ont le même président, F. Jean V., qUi d'ailleurs dirige toutes les filiales du groupe des GRANDS lVIOULINS DE PARIS en France, au Congo (I), au Tchad, en R.C.A.) au Gabon et en Haute-Volta. Dans le groupe ALUCAIE, seul le I président honoraire de Fetite Tirme, l;l, Jacques R-D., directeur i s dea Services africains de I?'ECI-IINEY (2), siège 8. SOCATHAL, CTZKC et ALUBASSA, inais ces firmes ont entre elles davantage de liens : I le prdsident des deux premières est vice-président de la troisième dont le président siège & la première ; de même le président de SOFICAL sibge &, BASTOS, celui de BASTOS 8. TROPIC, celui de THOPTC 8. BASTOS et à UNALOR j le record dthomog6néit6 est detenu sans conteste par SICACAO et CHOCOCAM : elles ont même président et sur les six autres meinbres de leur C.A., cinq sont co"ms,

(I) Jusqu'à la nationali.saLion en 1970 du groupe SIAN-SOSUNIA$P. (2) Par ailleurs, d.6put6 de la Drôme - ce n'est pas certes le seul parlementaire franqais que 1'on retrouve dans les affaires en Afrique. - 1'1 -

Comme il est normal dans =ne structure économique o& les capitaux locaux sont rares -encore plus en volume qu'en nombre-? les "hommes d'affaires" du Cameroun sont peu nombreux. On relève ainsi h la tête des entrerprises du pays une dizaine de français 'lcréolesll, plus ou moins définitivement enracinés dans le pays, une douzaine de grecs et une demi-douzaine d'autres h a&ionalités d'origine (libanais, syriens, arméniens, italiens? ...) qui ont investis dans des industries de petite ou moyenne dimension (qui fréquemment portent leur nom (3) : CORON, CAMBRNIS, ILARYY, KIEFFER? SAllTIOS, AZZIZ HAJJ, OU l'ont port6 : SAUCM = ex-GORTZOUNTAN, USIMETAL = ex-GUIOL, ...). Rares sont ceux qui participent plusieurs direction : l!vUVI. Egidio L. (n!IAVEM et SOCAMEYA), Tanko H. (NOCOCA et SACC), Roland G. (USIMETAL et PLASTICAfil) et surtout Xniile C. (BMC, CFA, CEP, SCB et GUTNESS)? HAJJ T~ (NOCOCA et SACC) et Issaco 13. (BECIBA, SCINIPOS, SOFIILEC) -noms que l'on retrouve également dans de nombreuses affaires commerciales ou financières.

Quant aux citoyens camerowaais, on en relève près de quarante-cinq dans la centaine de conseils d'administration que nous pouvons détailler. Beaucoup sont des inconnus, parfois de simples prête-nom, On y relève cependant nombre de très hauts f onctionnaires : deux ministres en exercie, quatre sécrétaires généraux ou directeurs de ministhres, le président du Conseil Economique et Social, le directeur de la Banque Centrale.., e& d'hommes politiques : une dizaine de député fédéraux, les maires de Yaoundé et de Garoua... Les uns et les autres sont l& ès-qualité pour représenter 1'Etat bien plus sowent qu'en leur nom prgpre.

(I), ou leur pr6nom. Ck-tons corhie exemple de réussite des capitaux locaux la TiIANUFACTUk2E FLORENCE ACYUALITE, de Mme Florence B. qui a débuté il y a -...,-i quinze ans par une boutique de mode & DotLala -puis une secpnde k, Yaotindé- et a fondé pour l'ap- provisionner un atelier de confection féminine qui emploie d 1 aujourd'hui 200 personnes; e-t exporte dans 1'UDEAC 30 $ de sa productioii, celle-ci étant en croissance rapide : 26-000 pièces en 1965, 52 O00 en; 1967$ 112 000 en 1969, 150 000 prévus en 1970... C'est un bon exemple de reussite fondée sW l'exploitation d6 ltcréneauxll du marché local -on a envie de parler de "poste e'cologiquell vacant- que ne peuvent satisfaire , les grandes compagnies, trop rigides, trop standardis6es pour coller B toutes les nuances des nombreux pays oÙ elles travail- lent. 18 -

On remarquera Qgalement les noms des hommes connus pour ^etre les plus riches du pays : MM. Bekote A., Paul S.P., Samuel IC. (l'un et l'autre plus que milliardaires), Paul M. (qui pré- side la c&&nbre de cornnierce) ? Michel Y. , Victor F.? Joseph K., Mamadou €'.,*..(I) dont la fortune est née du commerce, et dont ce sont les premiers pas dans l'industrie, grâce à. quelques entrerpises qu'ils on-b montées seuls (ENAC : confeckion ; UBC : boissons, PECAM : pêche industrielle, SACC : chaussure, cette fois avec participation de commeryants grecs) sans intervention des compagnies Qtrangères ni des Pouvoirs Publics (en dehors de l'appui de la SA'I'EC voir annexe I). On a 19 l'amorce-timide encore, mais irréversible-, de la formation d'une classe d'entre- preneurs camerounais,

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t

( I) Les deux premiers sont Douala, les cinq suivants Bamilgké, le dernier Foulano-Haoussa, - I9 - '..

ANNEXE I : LE ROLE EXElVIPLAIRE sgs===== DE LA S.A.T.E.C. (1)

-0-0-0-0-0-

C'est pr6cisGment à orienter ces capitaux locaux vers la création de petites entreprises 8. financernent et h gestion autochtones. que s'applique la llSociétB d'Aide Technique et de Coopération: petit organisme public ddpehdant du Secrétariat dlEt*at frangais B la Coopération, Sa reussite remarquable au Cameroun est dÛe essentiellement une petite équipe menée par I un animateur exceptionnel, M. Jean FABRE, qui a su, par son dynamisme et sa compétence, gagner la confiance des BveaP.tu&ls promoteurs camerounais (et ce n'était pas là un mince exploit), attirer lem attention su^ les possibilités qu'offre la petite industrie, leur proposer 'aes &%jets tls~mesurett, leur trouver les contacts teclniques n:&ces?aires, suivre pas à pas le lent chhinement de leurs dossiers B travers les I.3byrinthes de 1'Administration,. . La S'AYEC lévalue 8. 48 le nonibre des &tapes quail faut franchir entre la première prise de contact et la liquidation de la convention d'assistance, une fois l'entrprise lancde capable de vo1er:de se& propres ailes : etudes de marché, 1 1 Qtudes techniques, recherchGs: des financements, agrément officiel à un régime fiscal et douanier favorable, formation de stagiaires, construction des locaux, inise en route, premièresproductions, premières ventes, premiers remboursements, etc.. . On devine, quelle tenacit8 et quelle perspicacité il faut pour franchir

victorieusement tant d' obstacles. 1

(1) NOLIS utilisons ici le rapport de 2ème année dtactivi*6 au Cameroun de la SAT'EC (1970). - 20 -

La liste des projets qqi suivent actuellement ce processus de mise au monde montre une extrême diversité de poss%.bill,k-fr.Qs: - construction de chari'ots et &amefc3tes, - savorm.erie, - cartonnerie, gainerie, - extrackion de s,ables let gravier, - fabrication de c&iers scolaires, - blanchisserie I-iécanique, - fabrication de ~1aces;~alimeiitaireset hydrique , - p6che industrielle, - transformation du cafe' par lyophilisation, - fabrique d'imperméables en plastiques, - petite fonderie dtalwnini", - coutellerie, - fabrique de brosses et balais, - usine de produits laitiers, - conserverie de vin de palmier-raphia, - fabrication de piles Blectriques, - etc..?,

Les 23 projets en cours en 1970 représenteron-b, s'ils arrivent tous B terme (I), un investissement total de plus de 600 millions CFA (dont 200 pour la fabrique de piles électriques et 125 pour celle de cahiers scolaires, qui repr6senteront des Y usines de taille déjà importante) , capital dont les promoteurs cameropnais fournissent la moiti6 environ, avec crédits et appoint de 80 millions d'autres capitaux.locaux et de 240 millions venus

(1) A la mi-1970, cinq étaient déjà entrée en activit8 : S,A.3C0 PEGAM et les glaces alimem-kaires de Douala, Nkongsarnba et Garoua et le démarrage de sept autres immbnt,.. La tlt-ans- formation du café et 1,TUIVGO PLASTIQUE paraissaient, pour diverses raisons, compromises.

I - 21 -

de l'étranger (essentiellement pour ces deux mêmes entreprises). A leur troisikme année d'activité6, leurs chiffres d'affaires additionnés devraient atteindre 950 millions, et leur niain d'oeuvre 600 employés, ce. qui es% un résultat remarquable. Notons aussi que ces projets ne sont pasr concentrés sur Do~ia3-a~ oÙ l'on n'en coupte que 12, contre 5 h Yaoundé, 2 à Nkongsamba, 2 à et 2 8. Garoua (avec extensions ultérieures Maroua

et Edéa). 1

Une quinzaine d'aut$es possibilités -susceptibles d'être rgalis6es d'ici 1975- sont 2~ l'étude : - exploitation des eaux minérales du pays, - habitations préfabriquées en bois, - f abrique de mallettes type "attaché-case", - briquetterie,, - confiture, - conserverie degus ,d'ananas, de concentre' de tomate, - huilerie de palme semi-industrhielle, ' - montage de motoc fabriques de bon coton hydrophile, de sacs en I - plastique, de lampes-tempêtes, de tapis en caoutchouc, t etc.. . I *" I --

E-1; c'est encore une soixantaine d'autres idées qui sont sorties de l'imagination fertile des experts de la SATEC pour mobiliser les capitam locaux vers la transformation de produits agricoles ou la production SUT' place d'articles de consomation i; courante;;aujotxrd'huj importés : Qpingles, vis, bidons en fer blanc, boutons, chaussettes, pansements, pneumatiques de bicy- 4 clektes, sacs en papier, boites en carton, craia d'écolier, portes et fenêtres normalisées, crayons B bille, montage de ventilateurs, tuiles, et bien d'autres encore : le champ est immense des possib2kítés locales, encore faut41 savoir les mettre en valeur. Lea difficultés, cependant, ne manquent pas : lp' méconnaissance du monde industriel et des marchés potentiels par les promoteurs 6ve"els, hommes de négoce peu habitués 8. ce type de problèmes, qui n'encadre ni ne défend aucune structure professionnelle et que tentent les sirènes des spéculations foncières et imnobilières, moins re,ntables peut-être, mais tellement plus faciles et sh(q),

2*/ Evidemment, difficultés éconoizliques dÛes h l'étroitesse du marché local, 8. l'encombrement des marchés extérieurs, aux problèmes de ravitaillement en' rrtatières premières, et diffi- cultés purement techniques nombreuses.

I

30/ Concurrence dans certains secteurs de grandes firmes venues d'Europe, dont les prix de revient, obérés par une gestion coûteuse, sont supérieurs ceux d'une petite industrie locale, mais qu$, favorise largement une politique fiscale prgcisément conçue pour les attirer, I

1

4O/ Inertie redoutable de l'administration, qui, même quant elle accorde sans hésiter un avis favorable & l'obtention d'un regime privilégié (Statut ,de's Petites et nloyennes Entreprises, Taxes Intérieure 8. la Production) et & ltoctroi dtun crédit dl équipement de la Banaue Cgflerounaise de Développement fait attendre pendant des mois la ppblication officielle des décrets : des projets entièrement au point restent ainsi bloqués un an, parfois deux : de quoi décourzdger plus d'un promoteur!

I I i l - -Í (1) Ce qui explique la très faible importance des capitaux venant des homes d'affaire d'ethnie Douala, qui disposent pourtant de plusieurs milliards en placement immobiliers, dans , lesquels d'ai11.einrs ils excellenl;. Les promoteurs éventuels que la SBllEC arrive à intdresser sont essentiellement des Bamiléké, beaucoup moins bien placé dam la ville de Douala pour la spécula-l;ion foncière et pour lesquels joue aussi un certain patriotisme de clocher les poussant 8. développer leur régicm d'origine, - 23 -

Sur les points 4 et d., 12 SAII'EC ne peut évidemient pas grand'chose. Par contre sur les deux premiers obstacles, sa présence dynamique, son .l?ab?letQ à. dé jouer concrkbement les innombrables embihlies, flu pheriiin, sa parfaite connaissance du milieu, llétendue de ses rela-kions dans le monde des hommes d'affaires camero'miais, assuren% au plus petit et au moins cofiteux des organismes de la Coopération une d- ficacit6 rdell-e q~iebien-des projets autrement ambitieux sont loin dlavoir.

Certes, on ne b&tit pas une puissance industrielle sur des falgiques de lacets de chaussures ou de sucettes, mais il est néanmoins évident qu'une natiian conune le Cameroun a le plus grand in-téx$t h :),voir se développer l'esprit dsini- tiative de'ses homines d'affaires et & ce que les capitaux locaux s 'orienten% non vers des sp6culations stériles mais vers la création cumulative dlunit& de production assurant le plus possible d'emploi et fournissant le marché local en produits adapt6s h ses goûts et & ses ressources, sûr moyen d'améliorer concrktement le niveau de vie des populatioms, - 24 -

Depuis sa créahion en 1964, clest la SOCIETE NATIOIVAIIE D'INVESTISSEi!I'LENY (S.N.1-.) qui 'est le principal organe d'inter- vention de ltEtat, chargée, selon ses statuts, de favoriser "la mobilisation, la fixation et llorientation de l'épargne nationale en toue de favoriser les opérations d'investissement d'int6rêt éconornique et social dans les domaines industriels, agricoles et conmerciaux", en participant & la formation du capital des nouvelles sociét6s que 1'Etat veut encourager ou cont r8ler

1 Ses ressourcesjpour cela sont d'une part son capital propre (250 millit ns) et lek dotaticms spéciales que le Budget lui octroiey d'autre part le produit de bons d'Equipement (atteignant un total d'environ 3.900 millions de 1963 à 1968) souscrits par les banques (3.200 millions), les compagnies d'Assurances (300 niillions) , les Caisses de Stabilisation du café et du cacao (200 millions), les Coniptes-&bques Postaux (100 millions), la Caisse d'I3pargne (70 millions). Ce qui (sauf de la part des banques) est bien peu par rapport 8. leurs dis- poniWités (en particulier pour les Caisses de Stabilisation et le West Marketing Board), d'où de sérieuses dif- ficultés de tr6sorbA.e pour la SNI, incapable de satisfaire toutes les nouvelles dem,andes de participation qui lui sont adressées (155 millions accorde's SUT 500 millions demandes en 1967-68) - 25 -

Outre les investissements dans le commerce (33 7: de la SONAC) ou le toxbicsme (80 YU'des Grands Hotels du Canieroun) , les principales participations de la SNI concernent CIMElVCAM " (198 millions), SFCI! (120 millions), COCBif (114 millions), P CICANI (73 millions), LAIC (72 millions), SOCATRAL (51 mil- a lions) , SIPEC (45 millions, IPRO13C (33 millions) , SCM (32 mil- lions), et d'au'JGres encore de moindre importance, soit tuxtotal de près dlun niilliard à la mi-1968.

1 La BANQUE CAT?EROUNAISE DE: DEVELOFPENENT , dkpendant de la BANQUE CENTHALE, a aussi quelques participatipns : 43 mil- lions dans la briquetterie LAIC, 1 inillion dans la fabrique de carrelages JCAB,. . . Mais son rôle est fondmentalement drêtre un instrunent de crBdit : de 1961 à 1969 elle a prêté 23,5 milliards CFA : 12,8 aux organismes de commwcialisation des produits agricoles (ainsi en 1368-69 : 800 millions à la CFDT, 54.0 à Z'UCCAO, 360 au 11Jlarlreting Board, 300 à la 3FCT) , 3,6 milliards ?L la construction de logement -non sans excès pendant les premières années-, 2 milliards 2 llagriculture (C.D.C. surtout).

Les prêts 8. l'industrie (3 milliards en tout) sont en progrès réguliers : 4-40 millions en 1966, 650 en 1967, 500 en 1968, 800 en 1369 -dont 200 millions pour les Travaux Publics (tous commandés par llEtat), 200 millions pour des extensions (CICAM et BATA) et 400 millions pour des créations (CIMENCAI!Ir GUINESS, SOCAVEK,. ..l.

5;" Enfin interviennent au nom de 1fEtat les deux caisses Lc t de Stabilisation (156 millions chacune dans la SGPAP!LE), la chambre d'Agriculture (5 $ de SOCACAO) la ville de Douala (dans ENELCAM), 1'Etat du Canerown Occidental (MAR1IETING BOARD? WEST CAMEROON DEVELOPlYJElUT AGENCY - qui dirige les plantations de Ntem et de Santa, 1%WXKCAl'lf, C.D.C. -issue de la natibna- lisation des capitaux allemands pendant le dernière guerre,. .) et la République F6ddrale- elle-niême (583 millions dans ENELCAE'I, 374 millions dais ALUC.AM, 254. millions dans 1'EDC - "cutes fkrmes fondées avant la créatlion de la S"U7 240 millions dans SUSUCAM, 400 millions dans SOPATJE, fruit3 de sa volonté expresse, 1 . .). t 26 -

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Au total donc, c'est 5 milliards qui dépendent de 1'Eta-L Camerounais, mais la répartiMon en est fort inégale : si la SOPAlUE, le SEiVIRY ou la C.D. C. sont intégralement nationales, 1'E-ba'c n'a la majorité que dans m tout petit nombre de firms :

87 7; de la 3$j$C, 83 ds .J,7i~g,'1' :- !55 ;(;E de 3.a ii.r~in,~e3-:!-eiïAip.% -;e-iu AGRACAI;I, 51 $ de llEDC1 50 7; de'SFCT, 50 7; de SOCAMCO, contre 4.1 $ dans ENEllCAM, 40 $ d'ICAI3, 33 $ de SOSUCAM1 30 7; de SOCACAO, SOCAVER COCAM et SCM, 25 $ de SZPEC, 24 7; d'Equa%?oriale Elec- tronique, 20. de CIi\'IENCAl\I et,sablement 16 $ de IEOPIC, 15 o/i; de CICAN, CBOCOCAR, SO-CATllAL et CKEVETYES DU CAMEROUN, 12 de SPIA, 10 $ de SEREPCA, 8 7: dlALUCAM, 1 $ de GRTJlViES: & PLACAGES,.. On remarquera qutk l'exception de lLAIC, ICAB e-h SOCAMCO et E.E. il ne s'agit que de firmes de tout premier plan.

Si, dans certains cas, il y a eu de la part &e 1'Etat un rôle décisif dans la cyéation des entreprises (SO,%AW:[E,AGRACAM, mais aussi SOWCAM, CICAIvi et CIYJENCAhI, nees de sa décision explicite) ou une participation moiti6-moitig avec un partenaire é*ranger (SOCAl\TCO, SPCT) , la politique industrielle du Cameroun consiste essentiellement en' une aresence au sein des entreprises- clefs du paya : faute de pouvoir les diriger, Z'Etat s'efforce de les contrôler, &tape indispensable avant le jour oÙ il aura les capitamit, les cad&es etflea d6bouch6s pour en prendre en%îè- I I - _- rement en main les leviers de commande.

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