SAINT - GERMAIN d'Ambérieu merveille du Bugey @ Copyright 1977 by Armand DECOUR. Bettant, AVANT-PROPOS

Cet ouvrage est inédit pour toutes les parties qui ne con- cernent pas l'Histoire. Pour cette dernière, il est en partie la réédition de mes deux précédents ouvrages sur Saint-Germain, maintenant épuisés : Le Siège de Saint-Germain et d'Ambérieu, 1321, publié en 1966, et : Histoire du Château de Saint-Germain d'Ambérieu, publié l'année suivante. C'est ce dernier ouvrage qui a servi d'armature pour celui-ci, tandis que pour le premier nous remplaçons les récits du siège de 1321 par le plus ancien récit connu. Mais de plus nous ajoutons un grand nombre d'informations inédites provenant du dépouillement systématique de nombreux documents d'archives et autres, ainsi qu'une abondante illus- tration.

Une grosse difficulté, c'est que l'Histoire d'Ambérieu, que nous avons publiée en la conduisant jusqu'à la veille même de la Révolution, et l'Histoire de Saint-Germain sont intimement mêlées.

Nous avons résolu ainsi ce problème : en ce qui concerne l'histoire générale de la région, comme aussi l'histoire locale du territoire d'Ambérieu, nous renvoyons, afm de ne pas nous répéter, à notre ouvrage : Ambérieu des Origines à l'Annexion de 1601, paru en 1974, et de même, pour l'histoire seigneuriale ultérieure, à notre autre ouvrage : Ambérieu sous l'Ancien Régime, paru en 1972. Nous donnons cependant dans le présent ouvrage un résumé des faits dans la mesure où ils peuvent inté- resser Saint-Germain.

Voilà donc enfin, après des siècles d'obscurité, Saint- Germain d'Ambérieu révélé digne d'être mis, par son site, son histoire, les vestiges de son glorieux passé, au premier rang des merveilles de sa province, et même du département de l', l'église de Brou étant évidemment à un rang national. Remarques. — Afin de gagner de la place et d'éviter des répétitions, nous mettons : CO, Ain et Isère pour : Archives départementales de la Côte-d'Or à Dijon, de l'Ain à Bourg et de l'Isère à Grenoble. CO, B 870 doit donc se lire : Archives départementales de la Côte-d'Or à Dijon, série B, numéro 870. Pour les ouvrages imprimés, nous donnons le nom de l'auteur et la date de parution de l'ouvrage cité. Le nom de l'ouvrage en cause peut facilement être trouvé dans les bibliographies et les répertoires. Photo de la couverture par Bernard PACOUD. L auteur semble dire à ses lecteurs : Entrez donc, la porte est ouverte !

1 Saint-Germain vers 1853. Croquis par Aimé Vingtrinier. La maison de la Barre est à gauche. PREMIÈRE PARTIE

LE SITE

SITUATION

La localité de Saint-Germain, maintenant hameau d'Ambérieu-en-Bugey (chef-lieu de canton du département de l'Ain, arrondissement de ), mais autrefois bourg et même ville, qui fut le siège d'une châtellenie et le chef-lieu d'un man- dement étendu, a porté comme nom historique celui de Saint- Germain d'Ambérieu, afin de le distinguer des assez nombreuses localités portant le même nom patronymique. C'est ainsi que dans l'actuel département de l'Ain existent les communes de Saint-Germain-de-Joux, Saint-Germain-les- Paroisses et Saint-Germain-sur-Renon, et des hameaux de Ville- motier, Géovressiat, , ainsi que des lieux-dits. La partie historique de la localité, que nous appelons main- tenant le Vieux Saint-Germain, est à quinze cents mètres environ au sud-est du centre historique et administratif d'Ambérieu, et de trois à quatre kilomètres de l'importante gare d'Ambérieu. Tandis qu'Ambérieu est bâti sur une terrasse et s'étale dans la plaine, Saint-Germain est bâti sur la façade sud-occidentale d'une avancée de l'un des chaînons, le mont Charvet, par lesquels la chaîne calcaire du Jura se termine à l'ouest sur la plaine, Bas- Bugey et Dombes, qui la sépare des monts granitiques du Lyon- nais et du Beaujolais. Mais en même temps Saint-Germain, par sa situation oblique entre l'ouest et le sud, garde la cassure qui traverse toute la chaîne du Jura et qui, par la vallée de l', débouche précisément à Ambérieu. En face du territoire de Saint-Germain, et donc également au débouché de la vallée de l'Albarine, sur la pente et au pied du chaînon suivant, est une partie du territoire de Bettant, commune située aussi dans le canton d'Ambérieu, tandis qu'en amont est le village de , commune du canton de Saint-Rambert.

VUE D'ENSEMBLE

Le territoire de Saint-Germain s'étend sur les pentes qui constituent le débouché côté nord-ouest de la vallée de l'Albarine sur la plaine de l'Ain, le débouché côté sud-ouest étant constitué par le territoire de Bettant. La colline même de Saint-Germain, de forme conique, porte, de bas en haut, le village ancien, deux tours, un rempart, et enfin les ruines de la forteresse médiévale. Cette colline se rattache, par un petit col, à la montagne du Plan dont elle est une avancée, cette montagne étant à son tour une avancée du mont Charvet. La colline est prolongée à sa gauche par la colline plus basse des Araines, qui se termine au débouché du vallon du Gardon dans la plaine, vallon qui constitue, y compris l'envers de la colline des Araines et une partie de la montagne du Plan, le terri- toire de Vareilles, aussi hameau d'Ambérieu. Sur la droite, la colline est prolongée par la croupe de Champeaux, qui se rattache directement à la montagne du Plan. Le territoire de Saint-Germain se continue logiquement par le vallon des Abéanches et par la retombée de la façade occi- dentale du mont Charvet sur la vallée de l'Albarine, laquelle forme ici le défilé des Balmettes. Au-delà, c'est le cirque de Tor- cieu et les gorges de Saint-Rambert.

EN REMONTANT LA VALLÉE

Une petite partie du territoire de Saint-Germain est à plat, dans la vallée. Cette partie plate est encadrée, côté relief, par la route nationale 504, route moderne qui relie Lyon, Bourg, Paris, avec le Bugey central et oriental, la Savoie et l'Italie, et côté Alba- rine par la voie ferrée, dont le tronçon Ambérieu- assure des relations avec des localités aussi diverses que Bordeaux, Paris, Genève, Saint-Gervais, Turin, Venise, Rome. Nous commencerons notre itinéraire au carrefour Bettant- Ambérieu-Vareilles-les Balmettes, donc en remontant la vallée. Ce carrefour s'appelle le pont du Gardon. Saint-Germain depuis le jardin de l'auteur

Saint-Germain vers 1925, vu depuis Bettant Collection Decour Nous laissons à notre droite la route de Bettant, que suit le Gardon dans sa descente vers l'Albarine grâce à un lit artificiel (autrefois il allait se perdre dans la plaine). Il y a là, entre les deux routes, une plaine étroite appelée la Poëpe. Ce nom semble in- diquer qu'il y avait là autrefois un tertre artificiel, tel qu'il y en a eu de nombreux et qu'il en reste encore en Dombes sous le nom de poypes. Un document de 1344 atteste ce nom localement, mais il ne reste aucune trace d'un tel tertre. Des jardins occupent ce territoire, et des villas se sont construites très récemment près des deux routes. A notre gauche, c'est la colline des Araines, autrefois à peu près entièrement couverte de vignes, maintenant en friches. A l'extrémité de la colline, sur le dernier ressaut, se dresse dans un parc boisé le château des Echelles, dont nous avons parlé en détail dans notre récent ouvrage sur Vareilles. Des villas modernes suivent. On peut voir encore d'anciens « grangeons », celliers qui desservaient les vignes. Après 600 mètres de parcours, nous arrivons au carrefour que font, avec la route nationale, à gauche la rue de la Chapelle, qui monte au vieux Saint-Germain, et à droite la rue du Pont, bordée de villas neuves, et qui permet d'aller à Bettant et au quar- tier de la Gare. Nous sommes maintenant au pied de la colline de Saint- Germain. Nous passons entre des maisons qui sont la partie moderne du quartier de Chanves, où nous pouvons aller jeter un coup d'oeil (l'ancien four a tout récemment été démoli). Puis c'est l'ancien parc de la Barre. Enfm, grâce à un espace plat en prés, nous avons une vue dégagée sur la colline. Nous voyons le vieux Saint-Germain, accroché en arc à la pente et soutenu par places par de hautes arcades, les tours de Gy et de Savoie, qui montent plus haut symétriquement la garde, le vaste rempart qui défendait le plus ancien Saint-Germain, enfm les bastions occidentaux de la forteresse. A notre droite, derrière quelques maisons, la voie ferrée est toute proche. C'est à partir de là, que la longeant d'abord, pour aboutir vers le carrefour de l'Aviation, est prévu le début de la déviation qui doit permettre d'éviter la traversée d'Ambérieu et ses embouteillages, dûs notamment à l'augmentation constante de la circulation des poids lourds. Par suite d'une rectification, la route laisse à l'écart un groupe de maisons à gauche, puis elle traverse un ancien méan- dre, à peu près comblé maintenant, de la rivière. C'est la preuve qu'autrefois, avant que celle-ci ait été d'abord repoussée par la route moderne, puis rejetée par le chemin de fer de l'autre côté de la vallée, la rivière venait buter contre la colline, ce qui explique que l'ancienne route ait été établie à flanc de coteau. Nous voyons d'ailleurs d'en bas des villas neuves établies près d'elle. Nous doublons la croupe de Champeaux en friches et la vue commence à porter sur le vallon des Abéanches, dominé et fermé par l'immense rocher de Salaise. Au bord de la route une stèle rappelle le souvenir de l'avion canadien qui s'est écrasé en flam- mes près de la voie ferrée, avec son équipage de morts. Voir à ce propos dans la Huitième Partie. Presque aussitôt après, nous arrivons en face du débouché du vallon des Abéanches. La vue était très belle il n'y a pas si longtemps sur ce vallon agreste, mais elle est obstruée maintenant par des constructions modernes, et il est à craindre que ce ne soit qu'un commencement. En face est une station-service. Un peu plus loin, à gauche, est le Ranch des Balmettes, où les amateurs d'équitation peuvent louer des montures. Nous arrivons au pied du mont Charvet et à l'entrée du défilé des Balmettes. La route était jadis sinueuse, étroite, mon- tueuse. Une déviation a été faite en 1969 le long du chemin de fer, et c'est maintenant une route droite, large et plane qui fran- chit le défilé et aboutit dans le cirque de Torcieu, où évitant le village elle décrit une large courbe jusqu'à la cluse de Serrières. Mais nous pouvons prendre l'ancienne route, et nous passons alors sous le rocher qui porte l'aigle des Balmettes. C'est le nom que l'on donne au monument érigé là en juillet 1914, presque à la veille de la première guerre mondiale, en souvenir de la résistance des habitants de la vallée de Saint-Rambert lors de l'invasion autrichienne de mars 1814, au temps des guerres napo- léoniennes. Mais à propos de ce combat des Balmettes, de ce monument, de son inauguration, on voudra bien se reporter aux deux ouvrages que j'ai publiés sur ce sujet. Je signale en passant qu'au moment où paraît ce livre, le monument est invisible tant de la déviation que du chemin de fer, car on a laissé pousser des arbres qui bouchent complètement la vue.

Je rappelle que le combat a eu lieu plus loin, au lieu-dit le Molard, où les défenseurs avaient coupé la route, fait divers autres travaux de défense, et préparé une embuscade. Le lieu ne convenait pas pour le monument, et c'est pourquoi on l'a mis sur le promontoire rocheux qui domine l'ancienne route. Un peu au-delà, dans une reculée de la pente, est une grotte. Puis la croupe boisée du mont Charvet, devenue falaise, se ter- mine au-dessus de la gorge par un à-pic de quatre-vingts mètres. LES ARAINES Cette colline, dont la hauteur est d'environ 150 mètres, produisait autrefois un vin blanc estimé. On y voit encore d'assez nombreux grangeons, qui servaient de celliers, de remises pour les outils, d'abris pour les repas ou en cas de mauvais temps. Plusieurs sont sur la crête même et donnent vue sur Vareilles et son vallon. Les grangeons du Bugey ont souvent été l'occasion de descriptions bucoliques ou de poésies plus ou moins bachiques. Mais maintenant, ici, tout est en friche, à l'abandon. Nous avons dit plus haut que l'extrémité nord-ouest de la colline porte le château et le parc des Echelles. Quant à l'autre versant, qui était aussi en vignes autrefois, il porte le nom de Grangeon-Dieu et de Grandchamp. On a disserté sur ce nom des Araines, certains le font remonter au latin arena : sable. Un chemin court à flanc de coteau, depuis un carrefour près de l'entrée principale du château des Echelles jusqu'à la chapelle et à l'entrée du vieux Saint-Germain. C'est la rue des Araines, bordées par place de villas récentes. Du point le plus élevé de ce chemin, où se trouve un corps de bâtiments (le grangeon Hugues), prend un chemin montant. Il bifurque bientôt. Du côté gauche monte un chemin en zig-zag qui contourne le relais de TV et court ensuite sur la crête de la colline sous le nom de chemin du Plan. Il est rejoint, juste avant le relais, par un sentier, autrefois un chemin, qui monte depuis le gran- geon Moine, situé lui-même près du carrefour des Echelles, et donc du quartier Monin à Vareilles. Du côté droit de la bifurcation dont nous avons parlé plus haut, un chemin court dans une dépression, et après une forte montée passe le long des bâtiments de la Tour de Gy et continue jusqu'à la Tour de Savoie. Géologiquement, la colline des Araines n'a rien à voir avec la colline de Saint-Germain et les montagnes jurassiques du Bugey. C'est un amas de galets apportés par un puissant cours d'eau, venu des Alpes à travers les gorges du Bugey, et qu'il a déposés à son débouché dans la plaine. La colline de Bettant entre le col de Châtenay et Saint-Denis est dans le même cas. Ce dépôt a par la suite été éventré. Mais la colline de Saint-Germain d'un côté, la montagne de Colloverge de l'autre, ont servi de môle pour protéger la partie de la masse des galets située à leur suite. La surface même de la colline des Araines est formée jusqu'à mi-pente par du Miocène terminal, plus haut par du glaciaire prémindélien, et en haut par du fluvioglaciaire de la même époque. i Vue générale de Saint-Germain. A gauche, colline des Araines, en haut, ruines du château et montagne du Plan,Photo Decour i en haut à droite, mont Charvet. Le vieux Saint-Germain est à droite ' LE CHEMIN DES CAVALIERS

Il existait anciennement un chemin direct depuis le bas de la colline jusqu'au château, qu'utilisaient les cavaliers. Il n'est plus utilisable maintenant de bout en bout. Il partait du carrefour sur la route nationale, en face de la rue du Pont, et suivait d'abord la rue de la Chapelle. Un peu après avoir laissé à droite la rue qui descend au quartier de Chan- ves, il quittait la rue actuelle, s'élevait en biais sur la pente, et rejoignait la rue des Araines vers le grangeon Hugues, en face du chemin qui monte vers la crête et vers les tours. Cette section entre les deux rues est bordée, à gauche, d'un mur de soutènement, et à droite, d'un mur bas. Des frènes la bordent également, et forment vus de loin un arc boisé qui signale ce chemin. Une grande partie de cette section a récemment été débroussaillée et aménagée par le propriétaire d'une villa voisine. Mais l'entrée du bas, encadrée par les terrasses ou terre-pleins de deux villas neuves, est embroussaillée au moment où j'écris ces lignes. De toute façon, cette section n'est plus accessible à cheval, ni même à pied, à cause de l'élargissement de la rue des Araines, qui a causé une forte et brusque dénivellation. Après avoir traversé la rue des Araines, le chemin des cavaliers suivait le chemin montant jusqu'au point où il bifurque, conduisant à gauche vers la crête de la colline, et à droite vers les tours. C'est entre ces deux chemins que passait le chemin des cavaliers, coupant en biais la pente et aboutissant sur la crête un peu avant l'actuel bois de pins. Cette section a été pendant long- temps un sentier, mais il a fini par s'emboiser, comme l'a fait le terrain, autrefois en vignes, où il passe. Le chemin suivait ensuite celui du Plan, puis celui con- duisant au Bourg Vieux, et enfin le sentier abrupt, autrefois plus large mais que des éboulements ont rétréci, qui conduit à la porte ogivale, entrée de l'aire du château. Maintenant, en sens inverse, la sortie est dangereuse, car à peine à plus d'un mètre de la porte, c'est le vide.

LA BARRE

La maison de la Barre est des plus remarquables par son histoire. Elle est un peu à l'écart et en contrebas du vieux village, avant l'extrémité de la rue de la Chapelle. On voit d'abord à droite une grille, qui lorsqu'elle est ouverte donne accès à une allée de tilleul. Puis c'est la longue façade de la maison, à l'aspect sévère, suivie par un portail et un autre bâtiment. Un chemin descend ensuite vers la route nationale, tandis que la rue fait sur la gauche un grand tournant en forte montée, puis est rejointe sous la terrasse de la chapelle par la rue des Araines, à l'entrée même du vieux Saint-Germain. En face du portail de la maison de la Barre, on voit un vieux bâtiment. A l'intérieur, une source laisse tomber son eau claire dans un bac très moussu. Ce bâtiment est surmonté, au haut du talus qui borde la rue, par un joli pavillon. L'intérieur de la maison de la Barre comprend de grandes pièces rectangulaires. L'une d'elles a une belle cheminée. Il y a aussi une petite pièce d'un style curieux. Derrière la maison, il y a un beau jardin. Le parc s'étend (ou plutôt s'étendait) jusqu'à la route nationale. Une petite chapelle se trouve dans les dépendances de la maison. D'après une tradition, saint François de Sales, alors évêque d'Annecy, aurait couché à la Barre lors de l'un de ses voyages. On aurait conservé pieusement ses draps. La famille Terrel, apparentée aux , a habité la Barre pendant très longtemps. Elle a vendu récemment cette propriété.

Historique de la Barre

Nous reproduisons ici le texte de la page 18 de notre ouvrage : Ambérieu sous l'Ancien Régime. Ce fief fut érigé par lettres patentes du mois d'octobre 1712 en faveur d'Octave Cottin. Il était fils de Pierre Cottin, avocat, conseiller du roi et contrôleur des tailles en l'élection de Belley en 1663, conseiller secrétaire du roi et contrôleur en la grande Chan- cellerie près le Parlement de Dijon en 1690. Il fut reçu dans la noblesse du Bugey en 1692. En 1716 il acquit le tiers de la seigneurie de Saint-Germain d'Ambérieu en suite du démem- brement de celle-ci. Octave Cottin, son fils, conseiller au Parlement de Dijon, commissaire aux requêtes du Palais, fit donc ériger en fief, en oc- tobre 1712, sous le nom de la Barre, sa maison de Saint-Germain d'Ambérieu avec cour, basse-cour, jardin, et enclos tant en verger qu'en vignes, de la contenance d'environ vingt arpents. Il fit reprise et dénombrement de ce fief le 7 avril 1713, l'estimant à la valeur de trois mille livres en principal. La Barre passa ensuite à la famille Montagnat, anciennement attestée. Claude Montagnat, docteur en médecine, auteur d'ouvrages de médecine, épousa demoiselle Marie-Françoise Fore, fille d'un bourgeois de , et il reçut le fief de la Barre en constitution dotale par contrat de mariage du 31 janvier 1751. Il mourut assez jeune, laissant quatre filles. Son père, Louis Montagnat, conseiller du roi élu en l'élection de Belley, fit reprise du fief de la Barre le 15 mars 1769, en qualité d'aïeul paternel et tuteur des enfants mineurs et héritiers de son fils Claude, décédé, suivant la tutelle décernée par le juge mage de Saint-Rambert le 17 avril 1765. Sous la Révolution, malgré les protestations de Madame veuve Louis Montagnat, le donjon de la Barre, démantelé par Biron, et qui servait de pigeonnier, mais qui « retraçait le régime féodal et dont la mine était insultante », fut détruit sur l'ordre de la Municipalité d'Ambérieu, daté du 10 germinal an II. L'une des filles de Claude, Marie-Sophie, épousa le 19 sep- tembre 1774 Antoine Vingtrinier (1748-1802), lui apportant la Barre en dot. Leur fils, Marie-Anne-Artus (1778-1866), eut pour fils Aimé Vingtrinier (1812-1903), qui a résidé souvent à la Barre et a laissé des ouvrages sur la région. En 1848, Artus Vingtrinier a dû vendre le domaine de la Barre. Celui-ci a été par la suite racheté par la famille Terrel, ap- parentée aux Vingtrinier. La maison forte de la Barre, attestée en 1409, probablement aussi plus tôt, placée à l'entrée de Saint-Germain sur l'ancienne route de Bourgogne et Bresse en Savoie et Piémont, était autrefois le siège du péage, d'où son nom.

LA CHAPELLE

Je vois avec amour et la vieille chapelle Et le château gothique, et la blanche maison. Aimé Vingtrinier La chapelle de Saint-Germain se trouve bien dégagée sur une esplanade, à l'extrémité de la rue des Araines, presque à l'entrée du vieux Saint-Germain et du début de la rue Reine- Clotilde. Elle communique aussi avec la rue de la Tour par une montée abrupte. Photo Decour La chapelle de Saint-Germain en 1968 avant restauration

Id. Le transformateur a été supprimé depuis mais remplacé par une cabine téléphonique Photo Decour Cette chapelle a la forme d'un quadrilatère orienté du nord- ouest au sud-est. Un clocheton, qui contient une petite cloche, domine la porte qui est du côté d'Ambérieu. Une autre porte est au milieu de la façade côté vallée. Des vitraux assurent l'éclairage de l'intérieur. Les deux bénitiers en pierre sont encastrés dans le mur. Les sièges sont de simples bancs de bois.

Cet intérieur a été considérablement modifié dans son aspect en suite de la restauration faite en 1969-1970. On a fait dis- paraître les objets divers qui ornaient les murs, les statues moder- nes en plâtre, on a changé l'autel, etc. Le dépouillement, qui est la règle actuelle en France, choque sans doute les âmes pieuses puis- qu'il supprime ce qu'on peut appeler la chaleur humaine, mais il a au moins l'avantage, dans la chapelle dont nous nous occupons ici, de faire ressortir les pièces qui ont été jugées dignes d'être conservées.

La restauration a été prise en charge, pour le bâtiment, par la Municipalité d'Ambérieu, la commune étant propriétaire de l'édifice. Il s'agit de ce qu'on appelle le gros oeuvre : toiture, maçonnerie, dégagement, assainissement, etc. C'est l'entreprise Barberot, de Bourg, qui a exécuté ce travail.

La restauration de l'intérieur, pour ce qui concerne le destination religieuse de l'édifice, a été effectuée sous les directives de l'abbé Brevet, alors curé d'Ambérieu, et c'est le Comité de sauvegarde du château et du vieux Saint-Germain qui en a assumé tous les frais. La réouverture a eu lieu le 30 août 1970.

Outre l'autel, refait avec simplicité, et un bac rempli de sable pour les cierges éventuels, la chapelle contient :

— la statue ancienne, en bois, de l'évêque saint Germain d'Auxerre, mitré et crosse en main,

— la statue gothique, en pierre, de Notre-Dame de la Côte por- tant l'Enfant Jésus (statue peinte légèrement),

— la statue ancienne, en bois, de saint Sébastien percé de flèches,

(ces trois statues sont fixées sur des piédestaux encastrés dans les murs),

— un tableau représentant la Vierge et l'enfant Jésus, dit Vierge à la chaise, daté de 1535 (il reste à déterminer l'auteur),

— un ambon (siège remplaçant la chaire) d'époque baroque,

— un curieux lutrin, fait d'une haute pierre noire surmontée d'un pupitre,

— un lustre, estimé être du XVIIe siècle, La chapelle de Saint-Germain (côté Ambérieu) vers 1850 d'après la carte du canton d'Ambérieu, par Théodore Ogier

— les vitraux restaurés, représentant Blanche de Castille et sainte Marguerite, — un vitrail moderne par Elvire Jan. Nous avons réservé pour la fin la merveille présente dans cette humble chapelle : Le rétable du XVIe siècle, en bois sculpté et peint. Ce retable, dont nous ignorons la provenance, a été classé monument historique le 30 juillet 1907. Ses dimensions sont 0 m 70 en hauteur et 2 m 50 en longueur. Voici sa description officielle : Divisé en 7 compartiments, surmontés de frontons à coquilles et séparés par des colonnettes diversements sculptées, qui représentent des scènes de la vie de la Vierge. Ces scènes sont, de gauche à droite : 1 Le Mariage de la Vierge 2 L'Annonciation 5 La Circoncision 3 La Visitation 6 L'Adoration des Mages 4 La Naissance du Christ 7 La Fuite en Egypte. Ce retable a été décrit pour la première fois, et d'une façon très détaillée, par M. Perrault-Dabot, dans les Annales de la Société d'Emulation et d'Agriculture de l'Ain, Bourg 1904, pages 303 et 304, avec sa représentation par une planche hors texte. L'auteur de l'article ajoute que selon la tradition ce retable et le tableau de la Vierge à la chaise (qu'il appelle à tort de la Sainte Famille) proviendraient du château. (Nous faisons la remarque que le retable et le tableau sont de la même époque). Cet article a eu un résultat que son auteur n'osait espérer : le classement du retable en 1907. Louis Alloing dans son ouvrage : Le Diocèse de Belley, Belley 1938, a représenté la vue du retable, page 201, sous le titre : Une œuvre d'art de la Renaissance. Le retable a figuré, sous le numéro 166, à l'Exposition d'Art religieux ancien, dans les cloîtres de Brou, du 15 juillet à fin sep- tembre 1933. A l'occasion de la restauration de la chapelle, il a lui-même été restauré sous l'égide de la Conservation des Antiquités et Ob- jets d'Art. Après une longue absence, il est revenu dans la chapelle en mai 1973. Il ne peut plus maintenant être déplacé car il est scellé dans le mur, ce qui assure sa sécurité. Seul un important travail de maçonnerie pourrait permettre de le dégager. Faute que le service religieux puisse y être assuré, la chapelle est depuis quelque temps fermée en permanence. Pour qu'elle puisse cependant être visitée, j'y ai moi-même effectué plusieurs fois au mois d'août une opération « Portes ouvertes ». Le 8 septembre dernier (1976), fête de la Nativité de la Vierge et fête patronale de Saint-Germain, le Comité de sauvegarde a fait dire une messe dans la chapelle, ouverte à cette occasion. L'assistance a été nombreuse et recueillie.

Etat ancien de la Chapelle

Voici une description de l'aspect intérieur de la chapelle de Saint-Germain avant sa restauration de 1969-1970. Le plafond était peint bleu ciel, ce qui faisait une impression agréable. Le rétable et partie de la chapelle avant restauration

Le mur du fond, derrière l'autel, n'avait pas d'ouverture. Dans une niche en haut était la statue en pierre de Notre-Dame de la Côte avec l'Enfant Jésus. Elle était habillée de plusieurs robes superposées, toutes chamarrées et brodées, que l'on changeait pour l'été et pour l'hiver. Elle était coiffée, ainsi que l'Enfant Jésus, d'un diadème doré avec des pierreries. Derrière l'autel et fixé au mur se trouvait le confessionnal. C'était une cloison ajourée qui se rabattait contre le mur. De chaque côté il y avait une chaise, l'une pour le prêtre, l'autre pour le fidèle. Le prêtre confessait ainsi avant la messe les fidèles qui n'avaient pas ou pas eu la possibilité de se rendre à la paroisse d'Ambérieu. Des épis de blé, dons des laboureurs, et des sarments de vigne avec des raisins rouges et blancs, appelés veillons, dons des vignerons, étaient suspendus aux murs. On les renouvelait chaque année, lors de la messe du 8 septembre. L'autel en chêne ciré, don de la famille Guiffray dite Lavigne, était haut et large, d'une facture très simple. Au centre de l'autel était le tabernacle fait du même bois. Il était surmonté d'un crucifix en cuivre. De chaque côté du taber- nacle était un rayonnage, dont chacun était surmonté de deux grands candélabres. Sur le côté des rayonnages était fixée une ap- plique à plusieurs bougies. Les murs autour de l'autel étaient en partie couverts d'ex- voto offerts par des familles de la localité. Un drapeau tricolore pendait non loin de l'autel. Il avait été offert par des soldats de la guerre de 1914, stationnés dans la région, et qui venaient souvent prier dans la chapelle avec des gens du pays. De chaque côté de l'autel, il y avait un banc pour le prêtre et pour les enfants de chœur. Une table de communion en bois peint séparait le chœur de la partie réservée à l'assistance. Les murs latéraux supportaient le Chemin de croix. C'étaient des images grises sur fond blanc, entourées d'un cadre noir que surmontait une petite croix noire. Les murs étaient ornés de petits tableaux, de médaillons ovales en bois, d'images pieuses, offerts par les fidèles. Le retable était le plus souvent accroché au mur comme un tableau, en face de la porte latérale, sous la statue de Saint- Germain, dont l'emplacement n'a pas changé. A gauche du retable, sur un socle, était une grande statue en plâtre blanc bleuté de la Sainte Vierge portant l'Enfant Jésus dans ses bras.

Au-dessus de la porte latérale, comme actuellement, était la statue en bois de Saint-Sébastien percé de flèches. Au fond, au-dessus de la double porte, était déjà le tableau de la Vierge à la chaise, tandis que de chaque côté de la porte latérale étaient les deux vitraux actuels.

Outre la statue de la Vierge signalée ci-dessus et qui a disparu pendant les travaux, il y avait d'autres statues de facture moderne qui n'ont pas été remises en place : Sainte-Anne, Saint- Joseph, le Sacré-Cœur, le Curé d'Ars.

Les sièges consistaient en quelques prie-Dieu, dons de familles, et en bancs rustiques.

Enfin, au plafond était suspendu un lustre, couronne cir- culaire qui se descendait pour permettre d'allumer une trentaine de bougies.

En revanche, il n'y avait ni le lustre actuel, ni l'ambon, ni le lutrin, apportés par l'abbé Brevet après la restauration. ARMAND DECOUR 01890 Bettant (Ain) SÉRIE AMBARROISE

Ouvrages parus* 1961 Petite Histoire de Bettant (Ain) épuisé 1962 Système Orthographique (pour les dialectes de l'Ain) presque épuisé 1964 Le Combat des Balmettes (Bugey) épuisé 1965 La Vie autrefois (à Bettant) épuisé 1966 Le Patois de Bettant épuisé 1966 Le Siège de Saint-Germain et d'Ambérieu 1321 épuisé 1967 Histoire du Château de Saint-Germain épuisé 1968 Ambérieu au cours des âges épuisé' 1969 Les Châteaux de Saint-Denis et de Verneaux épuisé 1969 L'Etymologie du nom des Allymes épuisé 1969 Deux tableaux du Rosaire : Saint-Paul-de-Vence, les Allymes 1970 Le Folklore de Bettant presque épuisé 1971 L'Enigme des Balmettes 1814 presque épuisé 1972 Ambérieu sous 1 Ancien Régime 1601-1789 presque épuisé 1973 Petite Histoire des Allymes (illustrée) presque épuisé 1973 Grammaire du Patois de Bettant presque épuisé 1974 Ambérieu des origines à l'annexion de 1601 1974 Vocabulaire du Patois de Bettant (La Nature, La Vie au Village, L'Agriculture) 1975 Id. et id. (L'Homme et les Actions, La Société, Les Qualités, Les Mots grammaticaux) 1976 Vareilles (Bugey) (illustré) 1977 Saint-Germain d'Ambérieu, merveille du Bugey (illustré, plan). 1977 Id., édition abrégé pour l'Histoire (illustrée, plan).

POINTS LOCAUX DE VENTE DE CES OUVRAGES

Ambérieu-Ville : Maison de la Presse, 14, rue Alexandre-Bérard Ambérieu-Gare : Librairie Blanche-Neige, 91, avenue Roger-Salengro On peut s'adresser par correspondance à l'auteur à Bettant, sauf en hiver (absence).

PROCHAIN OUVRAGE A PARAITRE

Textes et Récits en patois de Bettant (Bugey)

* Les ouvrages marqués : presque épuisé, seront épuisés en 1978.

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