BEATLESVOLUME 20 NO 2 www.beatlesquebec.ca www.facebook.com/BeatlesQuebecQUÉBEC ÉTÉ 2014 REVOLUTION LES BEATLES À CUBA SIR PAUL DANS L’ÎLE

LE PARC À LA HAVANE Commentaires de Fidel Castro Mgr Carlos Manuel de Céspedes et Silvio Rodríguez MOT DU PRÉSIDENT Chers membres, BEATLES QUÉBEC Vous venez de reçevoir, à mon avis, la plus estivale de toutes les parutions du VOLUME 20 NO 2 ÉTÉ 2014 Magazine Beatles Québec. Un air de vacances se dégage de la plupart des pages et nous n’aurions pas pu vous l’offrir à un autre moment de l’année ! Si Dame Nature BEATLES QUÉBEC MAGAZINE n’est pas au rendez-vous, la lecture de cette édition de notre Magazine vous apportera Rédacteur en chef Alain Lacasse votre dose de soleil tant recherchée… Corrections Yves Boivin Michel Laverdière Sur une note plus sérieuse maintenant, nous vous avons avisé dans le dernier Esther Mercier-Mongeau Magazine que le Comité de direction de Beatles Québec s’était récemment réuni. Il Jocelyne Rochon est maintenant temps de vous annoncer l’une des décisions votées lors de la réunion. Richard Baillargeon À compter du Volume 21 (avril 2015), le Magazine Beatles Québec ne sera disponible Traduction Yves Boivin qu’en format numérique pour ses trois premiers numéros (avril, juillet et octobre). Le Esther Mercier-Mongeau quatrième numéro (janvier) sera quant à lui publié en format numérique et également Jocelyne Rochon en format papier. Ce numéro spécial grand format rassemblera les meilleurs articles Infographie pour ce numéro Michel Laverdière des trois numéros précédents ainsi que du nouveau materiel. Lors des consultations Anciens numéros Jean Roy qui ont eu lieu l’an passé, les collectionneurs parmi vous et ceux qui ont pris la peine de nous transmettre leur opinion nous ont mentionné qu’ils voulaient quand même ABONNEMENT 4 numéros par année reçevoir au moins un Magazine en papier. Vous avez parlé et nous vous avons CANADA 25 $ USA 30 $ Autres pays 40 $ écouté ! J’espère que vous apprécierez ces changements et que nous pourrons tous (chèque ou mandat-poste seulement) vous compter parmi nos membres pour longtemps encore. BEATLES QUÉBEC Il ne me reste maintenant qu’à vous souhaiter une bonne lecture de ce numéro ! 676, rue Du Charpentier Bromont (Québec) Canada J2L 0B3 YVES BOIVIN Président Beatles Québec

MEMBRES DU COMITÉ Yves Boivin Président Julie Roch Webmestre/Médias sociaux Michel Guillemette Conseiller Internet Jean Roy Trésorier, liste des membres Jocelyne Rochon Administratrice Esther M-Mongeau Secrétaire Michel Laverdière Éditeur et relationniste Mathieu Lacourse Communications Jean Laquerre Archives vidéo

REPRÉSENTANTS RÉGIONAUX Alain Lacasse Ville de Québec Richard Lamontagne Saguenay-Lac Saint-Jean SOMMAIRE Michèle St-Pierre Rimouski et Bas du fleuve Page 3 • LES BEATLES À CUBA : INTRODUCTION • I’ll Get You In The End... Fondé à Québec par Roger T. Drolet en novembre 1994, Beatles Page 5 • LES BEATLES À CUBA Québec est un fan club dédié à l'oeuvre et la carrière des Page 7 • SIR PAUL DANS L’ÎLE Beatles. Page 8 • LE PARC JOHN LENNON À LA HAVANE 8 Les textes et photos dans ce magazine sont protégés par la Page 10 • CE QU’ILS ONT DIT : Fidel Castro, Monseigneur Carlos Manuel Loi sur le Droit d’Auteur du Canada. Toute reproduction totale de Céspedes et Silvio Rodríguez ou partielle est formellement interdite sans l’autorisation écrite Textes et traduction : NORMAND VANASSE de BEATLES QUÉBEC. Page 11 • PARMI CEUX QUI ONT INTERPRÉTÉ LES BEATLES... par Roger T. Drolet Page 13 • SEAN LENNON & THE G.O.A.S.T.T. À MONTRÉAL par Sébastien Tremblay Page 13 • RÉPONSES DU MÉLI-MÉLO No 20 par Esther Mercier-Mongeau Page 14 • A HARD DAY’S NIGHT en Blu Ray par Benoît L’Herbier Page 15 • IMAGES D’UNE FEMME par Michel Laverdière Page 15 • 45e ANNIVERSAIRE DU BED IN par Michel Laverdière 2 LES BEATLES

à CUBA

par NORMAND VANASSE I’ll Get You in the End...

INTRODUCTION professeur deux adolescents, un garçon et une fille, qui rangeaient leur instrument Les Beatles sont entrés dans ma vie en après leur cours. Puisqu’à Cuba rien ne 1964 et Cuba, en 2003. J’avais 51 ans, et presse, et que l’étranger est toujours bien- pour conserver mon statut d’étudiant à venu, nous entamons la conversation et en l’Université, je m’inscrivis à un cours d’es- moins de deux, à leur demande insistante, pagnol. J’en avais déjà quelques notions, me voilà en train de « chanter du Beatles», ayant voyagé en Espagne à quelques guitare en mains, traduisant au passage reprises afin d’améliorer ma technique de les paroles de certaines chansons, genre I guitare flamenco. Mais j’étais loin de maî- Am The Walrus ! Bel exercice de style en triser la concordance des temps, et surtout espagnol, s’il en est un ! Merci UQÀM ! La le subjonctif. En plus, je voulais comprendre session a duré deux heures. Durant ce philosophiquement pourquoi il faut dire voyage, j’ai visité le Parc John Lennon, à « no problema » et non « no problemo ». La Havane. Ce fut une découverte ! Mais Le professeur nous demanda de rédiger un bordel de marmelade, c’est un secret bien travail de recherche sur un pays latino- gardé ! Comment se fait-il qu’on ne soit pas américain de notre choix. En tant que sur- au courant de ça ? vivant des années 1960 et sympathisant Quelques années plus tard, en 2010, du FLQ, j’optai tout naturellement pour j’ai découvert sur Internet qu’une première Cuba. Convention Beatles avait eu lieu à Cuba en Je suis allé à la Maison de la Presse 1996, et que des livres sur le sujet avaient Internationale, croyant pouvoir m’y Normand Vanasse été écrits par un journaliste et aficionado procurer un quotidien cubain ou, à tout le Photo : Hervé Leblay des Beatles, Ernesto Juan Castellanos. moins, un magazine. Et c’est là que l’aven- yeux et entendre de mes oreilles ce qui se Les titres : Los Beatles en Cuba (1997), El ture commence ! Impossible de trouver la passe vraiment là-bas. Comme tout bon Sgto Pimienta vino a Cuba en un subma- moindre publication venant de ce pays. quinquagénaire qui se respecte, je me suis rino amarillo (2000), et John Lennon en La Pour les besoins de cet article, je vais vous marié avec une Havanaise de vingt ans ma Habana (2005). « Cette fois, ils ne épargner les détails, mais en bon fouineur cadette, qui se transforma en future « ex » m’échapperont pas », se dit mon Hercule que je suis, j’ai trouvé de l’information le jour où elle obtint sa Résidence Perma- Poirot intérieur. Je m’envolai pour La Ha- pertinente dans une librairie marxiste-léni- nente dans le « plusss meilleur pays du vane dans l’espoir d’y trouver la rarissime niste. J’ai rédigé mon article, obtenu plus monde ». trilogie qui ferait probablement de moi le que la note de passage, et en 2005 je Un jour que je l’accompagnais à son seul Beatlemaniaque local à posséder ces m’envolais pour Cuba, pour voir de mes cours de guitare, je rencontrai chez son ouvrages de collection. Je me souvins du 3 LES BEATLES à CUBA 4 milieu des années 1960, quand je recevais par la poste des enveloppes brunes venant d’Angleterre, contenant le Beatles Monthly, ou encore les programmes-souvenir des trois tournées des Beatles aux États-Unis, en format « long-jeu ». Il y avait pourtant une ombre au tableau : j’étais passé dans le camp Rolling Stones le jour où j’entendis She’s A Rainbow, en 1967. J’étais donc en conflit d’intérêt ! Keith me le pardonnerait-il jamais ? Je sortis ma guitare et me mis à gratter dou- cement un « Sol Beatles » (avec le 3e doigt sur le Ré de la 2e corde), dans un geste d’abandon au dieu des Sixties. Il résolut mon dilemme en me donnant un sauf- conduit moral pour circuler librement en territoire Beatles, le temps de ma course au trésor. Terminant ma méditation, et en guise de remerciement, je profitai de mon accord de Sol pour enchaîner avec un La, puis un Do et enfin un Ré, tout en fredonnant As Tears Go By. J’étais ému, il va sans dire ! Je connaissais à La Havane beaucoup de librairies d’occasion, et j’en fis le tour, demandant aux commis les titres que j’avais soigneusement notés dans mon calepin. Rien à faire, personne ne les avait, même pas un des trois. Je ne m’avouai pas vaincu pour autant. Par surcroît, j’avais promis à Michel Laverdière, mon insépara- ble ami et Beatle freak des premières heures, de les ramener dans mes bagages et de lui en traduire le contenu. Les attentes étaient donc élevées. N’écoutant que mon courage et fredonnant I’ll Get You en fixant ma pensée sur les trois livres tant convoités (la pognez-vous ?), j’empruntai la Calle L jusqu’à un kiosque de livres usa- gés où je m’étais déjà procuré des livres rares sur la Révolution cubaine et où le commis est un passionné. Bien sûr qu’il connaissait les livres et vrai comme je suis là à écrire ces mots, il me les trouva l’un après l’autre, en l’espace de trois jours. Soyez toujours gentils avec les vendeurs de livres usagés ! Mon bonheur était à son comble ! Is there anybody going to listen to my story... Les articles qui suivent, traduits de l’espagnol par votre humble serviteur, sont un résumé des meilleurs passages des trois livres magiques et mystérieux que j’ai dénichés dans les rues de La Havane.

Normand « El Snoro » Vanasse 13 août 2013 Jorge Ignacio Nazábal Cowan, peintre cubain 5 LES BEATLES à CUBA

La première Convention Beatles à Cuba posé, il proposa à l’assemblée d’offrir une eut lieu en 1996. Des invitations avaient copie autographiée de son livre à qui- été envoyées à différentes personnalités conque répondrait correctement à ses gravitant autour des Beatles. La première questions-quiz sur les Beatles. Il sous- réponse vint de Mark Lewisohn, auteur de estimait vraisemblablement le niveau de plusieurs livres sur la vie et l’œuvre des connaissance « Beatles » des Cubains, et Beatles. D’autres réponses arrivèrent de le gagnant du concours dut être tiré au , de l’assistante de Paul hasard. Comme quoi ils avaient fait leurs McCartney, ainsi que de Pete King, associé devoirs ! Puis, les Quarrymen offrirent aux de Ronnie Scott, le saxophoniste qui créa 1 600 personnes présentes à la Conven- le légendaire solo dans Lady Madonna. tion une prestation musicale incluant des Aucun de ces fameux personnages n’a pu titres comme Blue Suede Shoes, Twenty assister à la Convention, mais ils ont eu Flight Rock et Be-Bop-A-Lula. néanmoins la gentillesse de répondre à Cette même année, le journaliste l’invitation. cubain Ernesto Juan Castellanos eut le pri- Pour les maniaques des Beatles et autres vilège de rencontrer à La Havane Robert intellectuels cubains, cette Convention Freeman, photographe attitré des Beatles entre 1963 et 1966. Au cours de l’entre- était un rendez-vous avec l’Histoire, une Robert Freeman réhabilitation des Beatles et de la culture vue, qui se déroulait d’ailleurs en espagnol rock dans leur pays. La Convention était (Freeman le parle couramment), le photo- parrainée par l’Ambassade britannique à graphe révéla que les lueurs orange et vert Cuba, l’Office régional de culture latino- que l’on voit sur la pochette de l’album américaine de l’UNESCO, l’Union des Écri- Beatles For Sale sont en réalité des feuilles vains et Artistes de Cuba (UNEAC), et la d’automne tombant des arbres de Hyde compagnie Castrol, du Groupe BP. Park où fut prise la photo. Pendant trois jours donc, les aficio- Les Quarrymen nados cubains partagèrent leurs connais- Voici quelques extraits de la première sances en lien avec le phénomène avion pour se rendre à La Havane, ils croi- Convention Beatles à Cuba. Beatles, saupoudrées de prestations musi- sèrent Hunter Davies, biographe autorisé Au début des années 1960, l’affronte- cales impromptues. Une utopie réalisée ! des Beatles, qui se rendait lui aussi à Cuba ! ment politique entre Cuba et les États-Unis Il accepta d’emblée de participer à la produisit à Cuba une tendance selon En 1998, cinq membres originaux des Convention, où il découvrit avec surprise laquelle les chansons de langue anglaise Quarrymen y participèrent : Eric Griffiths, que sa biographie des Beatles circulait venaient inévitablement du «camp ennemi ». Colin Hanton, Len Garry, Pete Shotton et abondamment à Cuba, en espagnol il va On disait des Beatles qu’ils étaient homo- Rod Davis. Fait cocasse, en attendant leur sans dire ! Avant de commencer son ex- sexuels, contrerévolutionnaires et bour- LES BEATLES à CUBA 6 geois, une « diversion idéologique » or- tates qui se vendaient clandestinement, aussi des groupes musicaux, dont le plus chestrée par l’envahisseur impérialiste. crépitement en sus ! Certains apportaient connu est Los Pacificos (on peut les enten- Même si les Beatles étaient d’origine britan- même leurs microsillons dans les boutiques dre sur YouTube). nique, pays qui n’avait absolument rien à de disques pour les faire jouer. En d’autres Et à mesure que les Beatles évoluaient voir avec l’embargo imposé à Cuba par les mots, les Beatles n’étaient pas vraiment à dans leur musique et leurs textes, les Américains, leur musique arrivait à Cuba l’index à Cuba. Comme partout dans le Cubains s’interrogeaient eux aussi sur la via les États-Unis, et les Cubains crurent monde, certains parents et enseignants s’y paix, l’amour universel et la quête spirituelle. pendant longtemps – jusque dans les opposaient, des fanatiques brisaient les Tout le monde évoluait en même temps. années 1970 – que les Beatles étaient disques des jeunes, mais contrairement à ce Dans un autre ordre d’idées, les Cubains Américains. qu’on pourrait penser, le gouvernement se sont penchés sur l’influence de leur Lorsque les relations diplomatiques cubain n’empêchait pas la diffusion de leur musique sur les Beatles. Rappelons-nous furent rompues entre les deux pays, en musique. Après tout, un des slogans cubains qu’ils chantaient Besame Mucho depuis le 1961, et qu’un embargo économique fut est tiré de l’œuvre de José Martí, le héros début. En réalité, la Grande-Bretagne fut un imposé à Cuba, cessa alors dans l’île la national : Ser culto para ser libre (La culture, des premiers pays à absorber le choc de la vente de disques en provenance des USA. c’est la liberté). musique cubaine, cela dès les années Par conséquent, les Américains sont les Toutefois, il est à noter qu’entre 1964 et 1930, avec le succès mondial El Manisero seuls coupables d’avoir rendu difficile 1966, il était mal vu de parler des Beatles (The Peanut Vendor). Même le Québec fut d’accès la musique des Beatles à Cuba. dans la presse officielle à Cuba, où l’on balayé par cette vague; on n’a qu’à penser Certains patrons ou petits dirigeants tentait d’inculquer à la jeunesse une culture à Alys Roby et à Michel Louvain (Buenas cubains se servaient des Beatles comme du travail et du sacrifice de soi (Estudio Noches Mi Amor). En guise d’autres exem- boucs émissaires ou fers de lance pour Trabajo Fusil). Il ne fallait surtout pas que la ples, citons Till There Was You (connu à tenter de décourager l’écoute de leur mu- culture hippie, avec sa drogue et son hédo- Cuba comme « le bolero des Beatles »), le sique et de préserver les valeurs conser- nisme, pénètre dans l’île. Qui plus est, la cha-cha-cha PS I Love You, And I Love Her, vatrices du pays, comme probablement possibilité d’une invasion américaine à Cuba et le montage You Know My Name. L’emploi partout ailleurs à cette époque, mais il n’y menaçait le pays. Donc, la à des maracas dans Devil In Her Heart et des eut jamais de censure officielle venant du Cuba eut lieu après les Beatles ! claves dans Don’t Bother Me, pour ne nom- gouvernement. La première chanson des Beatles à mer que ceux-là, sont autant d’exemples La raison pour laquelle les Beatles connaître le succès à Cuba fut Anna (Go to d’utilisation par les Beatles d’instruments n’étaient pas diffusés à Cuba est simple : on him). Avec pour titre un nom de femme, la typiquement cubains. En dernier lieu, citons ne trouvait pas leurs disques dans les bou- Fédération des Femmes de Cuba en fit son la cloche à vache dans A Hard Day’s Night tiques ! Leur musique ne passait donc pas thème de campagne. Le 25 février 1971, an- et I Call Your Name. Le Beatlemaniaque à la radio. Mais les marins et fonctionnaires niversaire de , la première averti pourra faire sa propre recherche à ce cubains voyageant à l’étranger rapportaient émission radio dédiée entièrement aux sujet. (Notons au passage que le terme avec eux les précieux enregistrements des Beatles vit le jour : Lunes con los Beatles, bolero revêt à Cuba des caractéristiques Fab Four. En plus, la BBC diffusait en Flo- une émission d’une heure diffusée le lundi. musicales complètement différentes de ride une émission appelé Ritmos, destinée C’est véritablement dans les années 1970 celles du Boléro de Ravel. NdT) à l’Amérique Latine, et les Cubains pouvaient que les Beatles entrèrent dans le quotidien En 1985, le guitariste et compositeur la capter avec une radio à ondes courtes, du peuple cubain, à travers les medias. cubain Leo Brouwer publia son arrange- dans les lieux publics ou sur la plage. Le Les Cubains connurent aussi les che- ment de 7 chansons des Beatles, From volume était au maximum, pour que tous veux longs, vestes de cuir, jeans serrés et Yesterday to Penny Lane. puissent entendre les disques des Beatles ! autres jupes courtes, et bien sûr, certains Fait cocasse, les Cubains prononcent le Aussi étonnant que cela puisse paraître, voulaient ressembler à John ou à Paul, tan- mot Beatles non pas à l’anglaise, mais on copiait à Cuba les chansons des Beatles dis que d’autres s’en mettaient plein les comme si c’était un mot espagnol : et autres groupes de l’époque sur des acé- doigts, à l’instar de Ringo ! Ils formaient BÉ-A-TLÈS ! 7 LES BEATLES à CUBA SIR PAUL DANS L’ÎLE Le 14 janvier 2000, Sir Paul McCartney savez quoi ? Paul McCartney est à la Casa passa 4 heures (entre 12h30 et 16h30) à de la Trova (une boîte célèbre). » Santiago de Cuba, dans l’extrémité est de « Non, mais tu blagues ! Et en plus ce l’île, et les Cubains ne sont pas prêts d’ou- n’est pas drôle ! Si McCartney est ici, moi blier cette visite dont ils sont très fiers. je suis la Reine d’Angleterre ! » Depuis Islas Providenciales, une autre île Ils se rendent à la dite Casa et effecti- des Antilles où il séjournait, Paul décida de vement, Paul est là! L’un d’eux l’interpelle : noliser un avion et de se rendre à Santiago « Dites-moi ! Êtes-vous Paul McCartney ? » de Cuba, « la ville la plus hospitalière de Et l’ex-Beatle de lui répondre par l’affirma- l’île ». Il désirait connaître l’histoire et la cul- tive. Le type lui dit alors : « Les habitants ture de Cuba, ainsi qu’écouter sa musique. Vêtu simplement, avec casquette sport, lunettes de soleil et cheveux courts, il était méconnaissable. Accompagné de son fils James et d’une de ses filles, tous deux vêtus style friperie, il visita le Museo del Morro où il signa le livre d’invités en ajou- tant Viva la Revolution (sic), mot qui, pour tout Cubain, revêt une signification plus que durant ses études, ce qui charma davan- symbolique ! Après avoir acheté quelques tage son interlocuteur déjà envoûté. Paul chandails-souvenir à la boutique, la cais- acheta des cigares à la Fábrica de Taba- sière lui dit : « Votre visage ne m’est pas cos, dont des Montecristo, « les préférés de inconnu ! » Paul, en guise de répartie, se mon père ». Mais il demanda aussi des met à fredonner un air pour qu’elle devine cigares faits pour les Cubains, ce à quoi on son identité. Mais la jeune femme n’était lui répondit qu’ils n’étaient pas à vendre. même pas née quand les Beatles ont Mais Paul insista, et la directrice de l’usine conquis le monde, et elle ne passe pas le lui en remit une douzaine, tout en refusant test ! Et Paul de s’éloigner en souriant... que Sir Paul lui donne quoi que ce soit en Alors, les camarades de la caissière lui retour. En général, les Cubains ont peu de révèlent que c’était l’auteur de Yesterday, ressources, mais ils sont fiers de leur une de ses chansons favorites durant son liberté, de leur indépendance; ils ne sont enfance. Elle n’arrivait toujours pas à l’iden- pas des mendiants, et on ne verra jamais tifier, mais elle ajouta : « Il est bien conservé un Cubain avec des vêtements défraîchis. malgré son âge ». Bref, Paul insista pour la dédommager, et la femme accepta éventuellement les pesos qu’il lui tendait. Paul visita ensuite le Moncada, une an- cienne caserne militaire prise d’assaut par Fidel Castro et ses frères d’armes, le 26 juillet 1953. Après 5 ans de lutte acharnée, la Révolution triompha et une partie de la caserne devint un Musée, et l’autre partie fut transformée en Cité Scolaire. C’est d’ailleurs le glorieux destin que connurent toutes les casernes militaires après la Révolution : elles devinrent des écoles. Puis, après une omelette au fromage Santiago de Cuba est une petite ville au restaurant du Musée, il visita la fabrique d’environ 400 000 habitants, extrêmement de cigares locale. Son guide fut agréable- charmante et pittoresque, chaleureuse et ment surpris de constater que Sir Paul accueillante, d’architecture coloniale, et les s’exprimait très bien en espagnol. « Nous gens se connaissent et vivent pratiquement avions des cours d’espagnol à l’école, cela dans la rue ; tout se sait ! pendant plusieurs années. » De mémoire, Alors imaginez la scène : un type entre il récita un court poème en espagnol appris à l’Union des Artistes et lance : « Vous LA CHAISE DE PAUL À SANTIAGO DE CUBA LES BEATLES à CUBA 8 de Santiago de Cuba vous admirent mais ils m’ont répondu qu’ils n’avaient pas des claves, instrument de percussion typi- beaucoup. » de transport pour se rendre sur les lieux. » quement cubain. Mais Paul lui enlève des D’aucuns lui sollicitaient des auto- Bienvenue à Cuba ! mains et lui dit : « Mon ami, tu oublies que graphes, mais Paul ne voulait pas signer. Une admiratrice lui apporta une copie du je suis un musicien ! » Il se met alors à « Je suis venu en touriste », leur disait-il. livre Los Beatles en Cuba pour qu’il le signe jouer un rythme traditionnel, et à la perfec- Mais son guide demanda aux fans de lui et Paul lui dit en espagnol : « Je n’ai pas de tion, selon les témoins de l’événement remettre leur bout de papier, et Paul crayon. Et en plus, j’aimerais écouter la impromptu. Notons au passage que le accepta de les signer ! Ah, la légendaire musique, si vous me permettez. » Éventuel- Cubain moyen connaît bien la musique de débrouillardise cubaine ! Il acheta quelques lement, il ouvrit le livre à la page où se son pays. disques à la Casa de la Trova, puis un trouvaient les paroles de Yesterday, et y Finalement, l’heure du départ sonna. groupe local se mit à jouer, pendant que signa son nom. Son guide, qui jusque-là n’avait même pas Paul les accompagnait en battant avec ses Quelqu’un lui demanda : « Que faites- prononcé le mot Beatles afin de laisser Paul mains la fameuse clave cubana en guise vous dans les Caraïbes ? » Paul répondit jouer son rôle de touriste, prit son courage d’accompagnement. Entretemps, le type lui qu’il tentait tout simplement de se remettre à deux mains et lui demanda : « Pourriez- demande : « Il serait intéressant que les du départ de Linda survenu moins de deux vous me signer ma cassette des Beatles ? » medias fassent un reportage sur votre ans plus tôt. « J’ai signé pour les autres, je peux bien le séjour à Cuba. » Et Paul de lui répondre : Un jeune homme eut la brillante idée de faire pour toi ». Et il s’exécuta ! « Oui, j’ai informé le réseau TV de ma visite, vouloir enseigner à Sir Paul les rudiments LE PARC JOHN LENNON À LA HAVANE rock dans l’île », et accepté à l’unanimité par dignitaires (dont le Commandant en Chef des applaudissements chaleureux. Fidel Castro), et des centaines de citoyens Le sculpteur José Villa conçut une se présentèrent sur les lieux. Le maître œuvre simple, un « anti-monument », un de cérémonie, l’écrivain Francisco López John Lennon grandeur nature, sans piédes- Sacha, prononça le premier discours : tal, en visite à La Havane, se reposant sur « Nous ne sommes pas ici pour commé- un banc du parc situé au coin des rues 17 morer un triste événement survenu il y a et 6, une intersection achalandée située vingt ans, mais pour célébrer et rendre dans le quartier Vedado. Ce parc revêt une hommage à une génération qui s’éveilla signification toute particulière, car un concert simultanément à deux phénomènes Un buste de John Lennon dans un parc de en hommage à John Lennon y avait été marquants de la seconde moitié du La Havane ! L’idée surgit au cours d’une présenté en décembre 1990 pour commé- vingtième siècle : la Révolution Cubaine réunion d’amis. Et comme il est important morer le dixième anniversaire de sa mort. et la musique des Beatles ». d’avoir des contacts et de savoir en tirer Un moment d’éternité ! Pour son œuvre, il Puis, Fidel Castro et Silvio Rodríguez profit, l’auteur Ernesto Juan Castellanos en s’inspira d’une photo des Beatles dans furent invités à dévoiler la statue. Dès qu’ils parla au Ministre de la Culture, qui non laquelle seulement John est assis. Comme se levèrent pour s’avancer vers le fameux seulement accepta sa proposition, mais la statue pèse presque deux tonnes, il fut banc, les haut-parleurs lancèrent les aussi trouva le budget et le sculpteur. Date décidé de l’asseoir sur un banc de bronze ! premières notes de La Marseillaise, intro de dévoilement : le 8 décembre 2000, Et le parc étant un endroit public, tout un de All You Need Is Love, et lorsque d’un vingtième anniversaire de la mort du musi- chacun peut s’asseoir aux côtés de Lennon. mouvement rapide ils soulevèrent le tissu cien britannique. De plus, il fut nécessaire Assez génial comme approche ! En plus, blanc qui recouvrait la statue, résonnèrent d’obtenir l’assentiment du gouvernement Lennon regarde vers le coin de la rue, les premiers « love, love, love » si typiques cubain et d’autres instances culturelles, comme s’il invitait les passants à entrer de cette chanson emblématique d’une comme l’UNEAC (Union des Écrivains et dans le parc. génération. Fidel contempla Lennon Artistes de Cuba). Le projet fut présenté à Le 8 décembre 2000, jour du dévoilement pendant quelques secondes, puis son l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire de la statue (si on peut l’appeler ainsi), des regard se tourna vers l’inscription sur la comme le « symbole de la nationalisation du rangées de chaises furent installées pour les plaque de marbre aux pieds de John 9 LES BEATLES à CUBA

Unidos (lire Ambassade Américaine). Fidel Castro lisant la citation de John devant la sculpture Après le spectacle, qui se termina vers une heure du matin par des milliers de voix en- tonnant Hey Jude à pleins poumons, Er- nesto Juan Castellanos et le sculpteur José Villa se rendirent au parc légendaire, où des dizaines de personnes contem- plaient la sculpture et y déposaient encore des fleurs. José Villa fut agréablement sur- pris de constater que sa sculpture dépas- sait le cercle des connaisseurs et des spécialistes, comme c’est généralement le cas pour une œuvre d’art plastique. À titre d’exemple, les jeunes filles d’Amérique du Sud et des Caraïbes célè- brent à l’âge de 15 ans leur passage à la vie de jeune femme, ce qu’elles appellent leur quince. À Cuba, plusieurs d’entre elles profitent de l’occasion pour se faire photo- graphier avec John Lennon, qui fait désor- Lennon, où il put lire : « Dirás que yo soy Puis l’auteur original de ces lignes, Ernesto mais partie du circuit touristique officiel, au un soñador pero no soy el único » (You Juan Castellanos, s’approcha de Fidel même titre que la plage, le Cabaret Tropi- may say I’m a dreamer, but I’m not the only Castro et lui remit une copie de son livre El cana ou la Fabrique de cigares Partagás. one). Devant une telle scène, les photo- Sgto Pimienta vino a Cuba en un subma- Pour garder l’endroit propre et sécuri- graphes et caméramans sortirent leur artille- rino amarillo, dans lequel on retrouve entre taire, des citoyens font des horaires de sur- rie lourde dans l’espoir de capter Fidel qui autres le récit de la visite de Sir Paul à San- veillance, cela, vingt-quatre heures par s’assoirait éventuellement aux côtés du tiago de Cuba quelques mois auparavant. jour. La qualité de vie s’est grandement révolutionnaire britannique, mais le líder Fidel lui demanda de le lui dédicacer, puis améliorée dans le quartier, et le parc s’est máximo s’en abstint ! Ernesto Juan demanda à son illustre com- enrichi de plusieurs bancs et plates- La parole fut alors donnée à Ricardo pañero revolucionario de dédicacer son bandes supplémentaires, pour le plus Alarcón, président de l’Assemblée Natio- propre exemplaire du livre ! Et Fidel d’écrire: grand plaisir des visiteurs et des résidents. nale du Pouvoir Populaire. Voici un résumé À Ernesto Juan, avec ma gratitude antici- Certains gardiens des lieux notent même de son discours : « Ce parc dédié à John pée pour le plaisir que j’aurai à lire ton livre. dans un calepin le nombre de visiteurs et Lennon restera pour toujours un témoi- Fraternellement, Fidel Castro Diciembre 8 de photos qui s’y prennent. Fait cocasse, gnage de lutte, un appel à l’esprit huma- del 2000. plusieurs d’entre eux ne connaissent pas niste. Il représente aussi un hommage Enfin, la population fut invitée à s’appro- John Lennon; ce sont en général des permanent à une génération qui voulut cher et à se laisser prendre en photo assis personnes âgées. transformer le monde et à l’esprit rebelle et près de leur idole. Une femme embrassa innovateur d’un artiste qui y contribua ». Lennon sur les lèvres avant de lui remettre Alarcón enchaîna en soulignant l’implica- un bouquet de fleurs. Un homme d’âge LE VOL DES LUNETTES tion politique et sociale de John Lennon moyen l’étreignit pendant plusieurs contre l’establishment, la restitution de sa secondes, comme s’il s’agissait d’un vieil Le 22 décembre 2000, deux semaines médaille MBE en guise de protestation ami retrouvé. Un jeune homme au mohawk seulement après l’inauguration de la désor- contre la guerre du Vietnam et l’intervention bien en vue se fit photographier avec son mais célèbre statue, le gardien, voyant qu’il colonialiste en Afrique, ses réflexions sur le idole en arborant fièrement de deux doigts pleuvait depuis le matin, prit « un après- racisme aux États-Unis, son appui à la jeu- le signe de peace. Une enfant de 4 ans midi de congé », laissant pour la première nesse américaine qui fuyait la conscription, descendit des épaules de son papa pour fois John Lennon sans surveillance. le soir et sa sympathie pour la lutte du peuple déposer affectueusement un glaïeul sur la venu, le prochain gardien arrive sur les irlandais. Il fit aussi référence au harcè- poitrine du Beatle honoré ce jour-là. Au bout lieux pour constater que les lunettes du lement dont Lennon fut victime de la part de deux heures, les genoux, la poitrine et Beatle brillent par leur absence. La Policía du FBI, de la CIA et du Service de l’Immi- le visage de John Lennon était recouvert de Nacional Revolucionaria fut alertée. Les gration des États-Unis. fleurs ! agences de presse internationale accré- Suivit ensuite le volet musical de la Ce soir-là, la Tribuna Antimperialista ditées à Cuba en firent leurs choux gras ! cérémonie. Un guitariste joua une version José Martí, sur le fameux Malecón de La Reuters y alla d’un titre on ne peut plus instrumentale de Eight Days A Week et de Havane, fut témoin du plus grand concert savoureux : « All we are saying... is give Julia ; le Chœur National entonna Yesterday hommage à John Lennon jamais organisé my glasses back! » Quatre jours plus tard, et Imagine ; et le troubadour cubain Silvio à Cuba. Entre vingt et trente mille per- les lunettes furent remplacées, maintenues Rodríguez y alla d’une version de Love, sonnes se rendirent sur l’esplanade en face en place au moyen d’une colle plus que accompagné par un orchestre de chambre. de la Oficina de Intereses de los Estados solide. Mais deux mois plus tard, le 14 LES BEATLES à CUBA 10 février 2001, les lunettes disparurent à lunettes. Quelques jours plus tard, il eut si la Révolution avait compris ses erreurs nouveau. Ce qui créa pour la statue une droit à sa quatrième paire en moins d’un an. et les avait corrigées. deuxième vague de publicité. Enfin, les La statue de John Lennon « assis sur un nouvelles lunettes furent cette fois vissées banc de parc à La Havane » est, selon et soudées à la statue. Un troisième attentat certains intellectuels cubains, le symbole fut perpétré le 2 novembre 2001, ne laissant d’une dette morale du pays envers une cette fois à Lennon qu’un seul arc de génération, celle des années 1960. Comme CE QU’ILS ONT DIT : Silvio Rodríguez (auteur-compositeur- interprète) : « L’inauguration du Parc John Lennon est une excellente façon de réparer les torts faits à toute une génération. » En guise de conclusion, les Beatles sont toujours vivants à Cuba. Même si durant les années 1960, « personne » n’y a jamais censuré quoi que ce soit, « personne » n’a rien fait pour améliorer la situation de la diffusion clandestine de la musique des Beatles et du rock en général. Si vous passez à La Havane, faites un détour par ce parc, mais ne laissez pas trop le hippie en vous s’exprimer : les gardiens du banc de John ne vous laisseront pas vous étendre sur le gazon avec votre copine. Vous irez alors vous assoir genti- Fidel Castro : « Dans les années 1960, Monseigneur Carlos Manuel de ment sur un banc fraîchement repeint la il y avait ici beaucoup d’agitation : l’em- Céspedes : « Lors d’une réunion de prêtres, veille, et en rentrant à votre hôtel, vous bargo économique du gouvernement amé- j’ai révélé qu’on me demande souvent de observerez avec surprise des barres hori- ricain, l’invasion mercenaire de Playa Girón chanter une messe pour John Lennon, et zontales sur le dos de votre gaminet Che (Baie des Cochons), La Crise d’Octo-bre cinq ou six curés s’exclamèrent : « À moi Guevara dont vous étiez si fier ! Ce sera (Crise des Missiles) et la lutte interne contre aussi » ! votre plus authentique souvenir de Cuba. les ennemis de la Révolution. Je n’ai pas eu le temps d’écouter la musique des Beatles, même si j’en entendais parler. Ils étaient vraiment populaires. J’ai rêvé aux mêmes idéaux que Lennon (You may say I’m a dreamer...) et il mérite toute mon ad- miration. Il y a beaucoup de bons musiciens, mais la pensée révolutionnaire de John Lennon le rend particulièrement cher à notre peuple. Et pour ton information, je n’ai jamais coupé les cheveux de personne ! Notre Ministre de la Culture a les cheveux longs; il s’est probablement inspiré de John Lennon ! Si je pouvais parler à John Lennon, je lui dirais : « Je regrette énormément de ne pas t’avoir connu avant ». PARMI CEUX QUI ONT INTERPRÉTÉ LES BEATLES… Par Roger T. Drolet NDLR – Spécialement pour la Convention réenregistrent les mêmes chansons, dans appliquer cette analogie à l’influence des Beatles Québec à Québec, tenue le 25 mai le même ordre, dans une même journée, Beatles depuis 1960. Remontons un peu le 2013, l’auteur a amalgamé un florilège dans le même studio, comme l’avaient fait fil du temps pour se souvenir de ce qui s’est impressionniste d’adaptations de titres des les Beatles le 11 février 1963. Live en passé : Beatles reprises par un échantillon d’une studio ! Certains les faisant à l’identique, soixantaine d’artistes ou groupes de musi- • Pour faire plaisir au public des bars où ils d’autres en modifiant substantiellement les ciens ayant chanté et joué des pièces du jouaient entre 1960 et 1963, les Beatles ont arrangements ou les orchestrations. quatuor au cours de leur carrière. Le texte interprété les hits des autres, ceux de leurs • Et ça continue…voilà que pour l’année du de présentation ayant précédé l’audition influences. 50e anniversaire du débarquement aux d’extraits en salle, que les fans étaient • Lors des spectacles, d’autres « bands » USA et au lendemain des Grammy Awards appelés à identifier, est reproduit ci- passaient avant eux et ils se sont aperçu 2014, Pharrell Williams, Stevie Wonder, dessous. Vous pourrez vous amuser à les que les pièces qu’ils jouaient avaient été in- John Legend et Alicia Keys, Jeff Lynne, réécouter ou à les découvrir afin de les terprétées par les autres et ils devaient Dave Grohl et Katy Perry sont restés à Los comparer aux enregistrements originaux alors enlever des titres de leur «pacing ». Angeles pour produire un nouveau bouquet de JPG et R. Si vous en connaissez • À ce moment John et Paul commencent de reprises des Beatles, devant Paul et d’autres qui ont attiré votre attention, vous véritablement à composer et à faire majori- Ringo. Un événement télévisuel grandiose êtes invités à en faire connaître l’existence tairement ces chansons en spectacle et sur devant public. à cette adresse courriel : disque, tout en conservant des « covers » • On annonce aussi que l’inclassable for- [email protected] de chansons de leurs artistes préférés mation Flaming Lips sortira d’ici 2015 une encore pour un certain temps. relecture intégrale de Sgt. Pepper pour « Il n'existe que deux sortes de musique : • Comme la Beatlemania a commencé en laquelle ils recrutent Miley Cyrus, MGMT, la bonne et la mauvaise. » Angleterre dès l’automne 1963, de nom- Tame Impala, Foxygen, Phantogram et Duke Ellington breux artistes ont commencé à interpréter autres vedettes du moment. Mon postulat est que les Beatles en ont leurs chansons et le phénomène s’est créé de la TRÈS bonne musique. On est accentué avec les années et dure encore. Des milliers et des milliers de versions d’accord ? • C’est véritablement à compter de 1964 d’un nombre important des titres endisqués Depuis déjà 50 ans, on a étudié les qu’une déferlante d’adaptations de la par les Beatles en groupe ont été produites Beatles sous toutes leurs coutures. On a plupart des succès des Beatles rejoint le au fil des décennies. Beaucoup sont carré- tenté de comprendre leur succès planétaire public de nombre de pays et de langues sur ment mauvaises, de nombreuses sont hon- en déconstruisant leur parcours et leur la planète. nêtes, une bonne quantité est intéressante, musique comme jamais ce ne fut fait pour • Jusqu’à présent, les artistes de tous les certaines sont très honorables et un petit aucun artiste populaire auparavant. styles remodèlent à leur manière ce maté- nombre est génial, au point de littéralement Le plaisir de jouer ensemble, la jeunesse, riel ou en font des copies plus ou moins transcender les enregistrements originaux. l’enthousiasme, le talent, la diversité de leur conformes, tablant sur la qualité des com- Tous les musiciens et chanteurs finissent répertoire, leur humour, la frénésie média- positions et sur la notoriété mondiale des par inclure les Beatles à leur répertoire. tique, un mélange de tous ces éléments Fab Four. On peut estimer que reprendre des titres expliquent l’explosion musicale et sociale • Récemment, le 11 février 2013, 50 ans des Beatles est une opération opportuniste qu’ils ont provoquée. jour pour jour après l’enregistrement de et que cela dénature l’œuvre d’origine mais On compare souvent l’évolution de la Please, Please Me, leur premier album qui souvent il s’agit d’un projet artistique valable musique à la croissance d’un arbre avec demeure 30 semaines en tête des « charts » et personnellement je crois que plus l’adap- son tronc et la ramification de ses branches (remplacé par leur 2e album, With The tation est éloignée musicalement de l’origi- qui se subdivisent en hauteur au fur et à Beatles), des artistes (Stereophonics, Gra- nale, plus le résultat peut être intéressant, mesure qu’il grandit. Je crois qu’on peut ham Coxon, Gabrielle Aplin, Joss Stone) même si ce n’est pas là une règle absolue.

BEATLES QUÉBEC 11 Il y a tant de reprises, depuis 50 ans, que 05- Joe Cocker - With A Little Help From My 40- Johnny Cash - In My Life je ne peux faire de liste complète, de syn- Friends 41- The Rolling Stones - I Wanna Be Your thèses ou même de palmarès de tout ce 06- Diana Krall - And I Love Him Man matériel. Mais je me suis amusé comme un 07- Alma Cogan - Eight Days a Week 42- Jeff Healy - While My Guitar Gently « fou sur la colline » à piger dans le lot de 08- Deep Purple - Help Weeps celles que je connais pour donner un 09- Claire Lepage - Le vieux piano 43- John Bayless - Bach - A Hard Day's aperçu du kaléidoscope, de la myriade des (I Call Your Name) Night reprises inspirées par l’héritage des « Fab 10- Earth, Wind & Fire - Got To Get You 44- Count Basie - Penny Lane Four » à une variété incroyable de musi- Into My Life 45- Nellie McKay - If I Needed Someone ciens, plus jeunes, plus vieux ou de leur âge, 11- George Martin - From Me To You 46- Patrick Zabé - Oh! Darling de quelqu’univers musical qu’ils proviennent. 12- Jimi Hendrix - Day Tripper 47- ' Everyday Chemistry - Certaines pièces ont été choisies à cause 13- Les Baronets - C'est fou mais c'est tout Mash up Losing you-Uncle Albert-Talking de la notoriété de leurs interprètes, d’autres (Hold Me Tight) To Myself pour leur exotisme, plusieurs aussi, et ce 14- Céline Dion - Here, There & Everywhere 48- Various DJ's - REMIX MASHUP Walrus sont généralement mes préférées, par le 15- Cadence - Drive My Car confusion & Temptations Ball of Confusion fait qu’elles arrivent à transformer complè- 16- Boys II Men - Yesterday 49- John Lennon au piano - Now And Then tement les versions originales en redéfinis- 17- Buckinghams - I'll Be Back [Demo overdubbed by unknown band] sant le rythme, les arrangements. 18- Les Hou-Lops - Ces mots qu'on oublie 50- Catherine Lambert et Normand Certains artistes sont faciles à recon- un jour (Things We Said Today) Vanasse - Partout dans l'univers (Across naître, d’autres moins, mais chacun a sa 19- The Squirrels - Let It Be The Universe) particularité. Il y aura des Québécois, des 20- Annie Lennox - Don't Let Me Down 51- The King's Singers - Mother Nature's Américains, des Français, des Britanniques 21- Petula Clark - Tu perds ton temps Son et probablement des gens d’autres natio- (Please Please Me) 52- Roberta Flack - I Should Have Known nalités… 22- L'Infonie - She's Leaving Home Better Pour revenir à la citation de Duke Elling- 23- Chet Atkins - She's A Woman 53- José Feliciano - Hey Jude ton, je suis convaincu qu’une bonne chan- 24- Johnny Hallyday - Je l'aime (Girl) 54- Nina Simone - Revolution (Part 1) son reste bonne quel que soit son 25- Stevie Wonder - We Can Work It Out 55- Chill Out 2005 -When I'm Sixty-Four habillage, à condition que la métamorphose 26- Bachman-Cummings - I'm Happy Just 56- Pato Fu - Birthday soit faite avec talent et passion ! to Dance With You 57- Vanilla Fudge - Ticket To Ride Dans la liste ci-dessous on pourra remar- 27- Blackstreet - Can't Buy Me Love 58- Peter Sellers - She Loves You quer, outre les adaptations en différents 28- Michael Jackson - ComeTogether 59- Todd Rundgren - Take It Home styles musicaux, certains titres reconstruits 29- Willie Nelson - One After 909 60- - Number One manière « mashup » et autres curiosités et 30- The Thurston Lava Tube - I Am The 61- Cilla Black - Step Inside Love pastiches. J’ai enfin inséré des titres Walrus 62- Tina Turner - Help chantés en langues autres que l’anglais, 31- Jeff Beck - A Day In The Life 63- April Wine - Tell Me Why dont le français, interprétés par des artistes 32- MC Iron - Taxman 64- Radiohead - Something originaires du Québec et de la France. Tout 33- London Symphony Orchestra - Help! 65- Booker T. & The MG's - Abbey Road ça, de la façon la plus subjective qui soit, 34- Sergio Mendez & Brazil '66 - The Fool Medley juste pour le plaisir de l’écoute. On The Hill 35- Sparks - I Wanna Hold Your Hand Allez, on s’amuse ! 36- John Holt - I Will 01- Pierrette Roy - J'ai un secret à te dire 37- Guianko - Can't Buy Me Love (Do You Want To Know A Secret) (No Puedes Comprarme) 02- Elvis Presley - Something 38- The 52 Key Verbeek Fairground Organ 03- Yes - Every Little Thing - Medley And I Love Her - In My Life 04- Nana Mouskouri - Let It Be 39- Oscar D'Leon - Lady Madonna

12 BEATLES QUÉBEC Sean Lennon & The G.O.A.S.T.T. – La Sala Rossa, Montréal

Mercredi le 4 juin, rue St-Laurent. Arrivé par SÉBASTIEN TREMBLAY solos. Il a une belle voix qui s’harmonise devant ce que mon GPS me dit être la salle La salle de 250 places est remplie d’envi- bien avec celle de Charlotte, sa conjointe de spectacle, je ne vois aucune indication, ron 200 personnes. Le spectacle n’est pas et complice, dont la voix semble plutôt fra- aucune affiche, seulement des graffitis sur totalement vendu mais l’ambiance est excel- gile et délicate, mais qui ne s’en laisse pas la façade. Je revérifie l’adresse quand je lente. Syd Arthur, groupe britannique, dont le imposer en jouant très bien avec sa basse. vois arriver deux camions noirs, fenêtres claviériste est le neveu de Kate Bush, a su Le reste du groupe apporte un bon support teintées. Voyant Sean, sa conjointe et ses réchauffer la salle de façon magistrale. Je ne pour une soirée de rock énergique, des effets musiciens en descendre et entrer leur ma- connaissais rien d’eux et ils m’ont donné le de guitare pour un son psychédélique. La tériel, ils me confirment ainsi que j’étais au goût d’en écouter plus longuement. Vient le majorité des pièces jouées figurent sur le bon endroit. Une fois de bons amis retrou- tour de Sean, Charlotte et cie. dernier album du groupe, Midnight Sun. vés, il ne reste qu’à patienter le début du Je connaissais peu la carrière de Sean et Pour le rappel, ils nous ont offert une spectacle. avais écouté d’une oreille distraite les reprise de la pièce Long Gone du regretté Prix du billet, seulement 15$. Une fois les albums des « fantômes du tigre aux dents Syd Barrett. Suite au spectacle, après une portes passées, une foule s’agglutine déjà de sabres », (Goast of a Saber Tooth Tiger) attente d’une heure, un Sean fatigué en file pour entrer, je constate que l’intérieur « ce qui ne veut pas dire grand-chose non (Toronto la veille, New York le lendemain) est mieux que l’extérieur, comme quoi la plus en anglais » selon Sean. Il s’adressa mais sympathique se présenta à nous pour couverture d’un livre ne révèle pas toujours à la foule en français de façon assez fluide, quelques mots, photos et autographes. le contenu de celui-ci. La première partie l’ayant par le passé étudié en Suisse. Bon Une belle soirée. entre en scène. guitariste, il se défend bien même pour les

Photo : Michel Guillemette Photo : Michel Guillemette

Réponses du Méli-Mélo #20

1- Bob Dylan (Yer Blues) 2- Mao Zedong (Revolution) 3- Edgar Allan Poe (I Am The Walrus) 4- Harold Wilson (Taxman) 5- Edward Heath (Taxman) 6- Sir Walter Raleigh (I’m So Tired) 7- Pablo Fanque (Being For The Benefit Of Mr. Kite!) 8- Robert Freymann (Doctor Robert)

BEATLES QUÉBEC 13 POUR LA POSTÉRITÉ SORTIE BLU-RAY/DVD POUR LE 50E ANNIVERSAIRE DE A HARD DAY’S NIGHT par Benoît L’Herbier

Pour souligner le 50e anniversaire de métrage que son impact se fit sentir pen- la sortie du film A Hard Day’s Night dant des décennies. Au début de MTV, des Beatles, la Criterion Collection a on pouvait constater où les réalisateurs mis sur le marché un coffret Blu- de vidéoclips avaient pris leur inspiration Ray/DVD du premier long-métrage du pour plusieurs plans et effets de groupe. Un magnifique coffret devrais- montage. Ah oui, et il y a la musique ! je dire qui comprend tout ce qui doit Pour moi, A Hard Day’s Night est l’apo- être vu et su à propos du film. gée du premier acte des Beatles. Le génie de Lennon et McCartney s’exprime Un peu d’histoire magnifiquement dans ces chansons de 2 Après la sortie du film, en juillet 1964, minutes qui reflètent autant une époque il fallut attendre le 20e anniversaire de qu’une attitude. A Hard Day’s Night, I la sortie du film pour l’obtenir enfin en Should Have Known Better, If I Fell, I’m format VHS. En 1997, une première Happy Just to Dance with You, And I débarrasser de la vieille version VHS de ce docu- parution en DVD fut suivie, en 2002 Love Her, Tell Me Why et Can’t Buy Me mentaire) ; In Their Own Voices, un montage par une autre sortie en DVD avec l’ap- Love sont toutes devenues des clas- d’images prises et tournées lors de la production pellation «Collector’s Edition». Le film siques. Et c’est amusant de sauter, en du film accompagné d’extraits sonores au cours est sorti en format Blu-Ray la première cours d’écoute, entre les versions mono, desquels les Beatles eux-mêmes parlent du long- fois en 2009, mais uniquement au Ca- stéréo et 5.1 (cette dernière réalisée par métrage et The Beatles, The Road to A Hard nada et avec une qualité audio qui Giles Martin, fils de George). Day’s Night, une entrevue avec Mark Lewisohn laissait grandement à désirer. dans laquelle l’auteur retrace les débuts des Les suppléments La version définitive Beatles et situe le film dans l’évolution du groupe. La version Blu-Ray et la version DVD de Alors est-ce que la parution de ce Une excellente entrée en matière pour ceux et ce coffret comprennent les mêmes sup- coffret Blu-Ray/DVD était vraiment celles qui découvriront le film en 2014. pléments. Certains ont déjà été inclus nécessaire? ABSOLUMENT ! Nous dans des versions précédentes, mais Si vous possédez déjà, comme je m’en doute, avons, cinquante ans plus tard, la trois méritent notre attention : You Can’t différentes versions de A Hard Day’s Night, avez- version telle que présentée au cinéma Do That : The Making of A Hard Day’s vous besoin de celle-ci ? Oui, ne serait-ce que en 1964. La version que je me sou- Night, un documentaire datant de 1994 pour la léguer à vos enfants et petits-enfants afin viens d’avoir vue, en français, au animé par Phil Collins qui, tout jeune, qu’ils comprennent un peu d’où vous est venue cinéma Rivoli de Montréal (à moins était parmi les spectateurs lors de l’émis- cette passion pour ces quatre garçons dans le que ce soit chez son voisin, le sion de télévision (je pourrai enfin me vent. Château). En fait ce que nous avons entre les mains est mieux que la ver- sion de 1964, au point de vue sonore en tout cas. Pour écouter le film, trois options s’offrent à nous : mono, stéréo et 5.1, une configuration qui n’existait pas il y a cinquante ans. Au point de vue visuel, on nous donne exactement le même format que celui projeté à l’origine, soit 1:75, alors que les versions VHS (4:3) et DVD (1:66) ne respectaient pas ce format. Un classique Ah oui, et il y a le film ! Un critique a déjà qualifié A Hard Day’s Night de Citizen Kane of jukebox movies. Le film, et son réalisateur Richard Lester, ont tellement innové avec ce long-

14 BEATLES QUÉBEC « IMAGES D’UNE FEMME » QUAND LES BEATLES S’AMUSENT À TAQUINER L’ART CONTEMPORAIN par Michel Laverdière En 1966, en visite au Japon, les Beatles s’ennuient dans leur suite VIP du Hilton de Tokyo. Pour passer le temps, et le promoteur japonais leur procurent une grande feuille de papier (30” X 40”), des pin- ceaux et des tubes de couleurs. Le résultat : Images d’une femme. Le tableau est ensuite remis en cadeau à Tetsuaburo Shimoyama, alors prési- dent du fan club des Beatles au Japon. En 1989, à la mort de Shimoyama, son épouse vend le tableau à Takao Nishino, propriétaire d’un important magasin de disques : « C’était pour moi le “Saint Graal” du collectionneur parce que les quatre membres des Beatles avaient participé à sa création ». 23 ans plus tard, Nishino décide de vendre le tableau aux enchères au Philip Weiss Auction de New York, le 14 sep- tembre 2012. Le prix : $ 155,250 US. Nous sommes encore loin des $130 Photos : Robert Whitaker millions dépensés pour acquérir un Jack- son Pollock, un Mark Rothko ou un Pablo Picasso, mais le montant obtenu de- meure plus qu’honorable. Il ne faut pas pas oublier que John, étudiant en art, a aussi exposé ses dessins, Paul et Ringo leurs tableaux. De George, on se rappel- lera surtout de la pochette du disque Electronic Sound. Quant à Nishino, tout ce qu’il a pu dire à la conclusion de la vente aux en- chères, c’est un cri du cœur : « Yeah! Yeah! Yeah! » en l’honneur de ses idoles et de sa nouvelle fortune. Fairmont-Le Reine Elizabeth célèbre le 45e anniversaire du BED IN Visite éclair à l'exposition consacrée au 45e un lit symbolique afin de se faire anniversaire du Bed In organisée par le prendre en photo avec des artistes Fairmont Reine Elizabeth de Montréal du solidaires de l’Accueil Bonneau, dont 26 mai au 2 juin en collaboration avec le Mario Saint-Amand, porte-parole, et National Exhibitions & Archives LLC. Les Marc Séguin, parrain de l’Atelier d’art et photos de Gerry Deiter, publiées dans le les musiciens de Bonneau. Le 28 mai, livre Une semaine pour la paix de Joan tous pouvaient contribuer à la murale Athey, étaient exposées sur les murs de la pour la paix d’Amnistie internationale petite pièce au rez-de-chaussée de l’hôtel Canada francophone. Pour le visiteur et pouvaient être achetées (les prix patient, il était possible de visiter la variaient entre 250 $ et 350 $). Dans un vraie Suite 1742 à certaines heures de coin de cette même pièce, on avait installé la journée. BEATLES QUÉBEC 15 Bar « Yellow Submarine » à la Havane

Restaurant « The Beatles » à Varadero

Bar « Yellow Submarine »

Fidel Castro à l’inauguration du Parc John Lennon

Affiche du film SOY LA OTRA CUBA (Je suis l’autre Cuba) inspirée par la pochette de Sgt. Pepper

La « Semaine britannique » à Cuba !