02 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . l’of ciel.

Lou Péri Doc

Bulle n généalogie et histoire de -Périgord, entraide et partage.

Associa on « Amicale Genea24 » fondée en 2014. Siège social : Bergerac 24100. Site Internet : www.genea24.fr Mail : [email protected] Téléphone / fax 02 47 37 64 94

Revue numérique, gratuite, semestrielle. Directeur de la publica on : Lionel Filet. Rédacteur en chef : Jean-Louis Filet.

Comité de rédac on : Mireille Berger, Didier Bouquet, Geneviève Coulaud, Berna- de e Fondriest, Julien Liut, Pierre Millet, Annie Alice Peyrard, Nicole Sarreau, Cathe- rine Teillac Fayolle.

Ont collaboré à ce numéro : Michel Barbissou, Jean-Luc Brun, Mireille Deletage, Fran- çois Eva, Marie Michèle Fourteaux, Marie-Chantal Fréchou-Gobert, Maryse Grenier, Pascal Mar al, Gisèle Olive, Laurent Soulat.

Crédit photo : Mireille Berger, Marie-Paule Bertrand-Blanchard, Valérie Brun, Nadine Chadouin, Sébas en Chaminade, Geneviève Coulaud, Mireille Deletage, Jean-Louis Filet, Marie Michèle Fourteaux, Valérie Lazinière, Julien Liut, Sarah Mar al, Pierre Millet, Nicole Sarreau, Hélène et François Sénillon, Catherine Teillac Fayolle. photos du groupe FB «le corridor des âmes». Dessin : Didier .

En couverture : Arbre remarquable à . par Mireille Berger (mai 2016).

Les tours d’abandon, ar cle Publié dans la revue du Cercle Genealogique Cestadais. Commémora ons à , associa on -Quebec.

Numéro ISSN : 2492-5284. Siret : 808 669 337 00012.

Tous droits de reproduc on réservés. Les actes issus des Archives départementales de la Dordogne font l’objet d’une licence pour l’usage unique du bulle n. Les men ons de l’Abbé Brugière sont rées des « Documents numérisés par Pierre Besse pour la SHAP (fonds Pommarède) » visible sur le site www.shap.fr . autres sources u lisées : Gallica, Wikipédia. La reproduc on même par elle des ar cles et illustra ons publiés dans « Lou Péri Doc » est soumise à autorisa on suivant la loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproduc ons intégrales ou par elles faites sans le consentement de l’auteur et de l’associa on. (ar cle L 122-4 du code de propriété intellectuelle). Editorial. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 03

voilà le numéro deux de notre bulle n qui fait suite à la belle surprise du succès de notre numéro d’essai de janvier avec plus de 670 vues enregistrées. C’est une nouvelle œuvre collec ve, réalisée comme pour le livre avec une belle équipe de gens généreux et passionnés que je ens une nouvelle fois à remercier. Mais rien n’est fermé, si vous avez une belle histoire à raconter vous serez aussi le bienvenu, n’hésitez pas à me contacter.

Toujours gratuit à la consulta on, il est l’expression de l’« entraide et partage » qui nous anime toujours.

Dans notre société actuelle, avec le développement des nouvelles technologies et Internet en par culier, l’uberisa on est en train de bouleverser les codes de notre fonc onnement sociétal.

La généalogie aussi est en pleine évolu on. Celle du siècle dernier, réservée à un milieu fermé de connaisseurs, avec des archives diffi ciles d’accès ou de consulta- ons, est totalement diff érente aujourd’hui. La mise en ligne des archives, l’abaissement des délais de consulta on, perme ent maintenant une recherche par le plus grand nombre sans bouger de chez soi. Certes ce n’est pas évident du premier coup, des diffi cultés surgissent toujours devant le généalogiste en herbe.

Là encore Internet intervient pour me re en rela on les personnes, celles qui savent et celles qui cherchent. Les groupes d’échanges, les réseaux sociaux et notre Amicale en par culier y ont trouvé leur place pour réunir autour d’une même pas- sion tant de gens qui ne se connaissent pas à priori.

On peut juste regre er que les associa ons du passé n’aient pas su évoluer et pro- fi ter de cet engouement des Français pour la généalogie. On peut déplorer que là aussi des aff airistes économiques s’imaginent vouloir transformer la consulta on des données en marchandises commerciales. Bonnes vacances à tous, sur la piste des ancêtres. Jean-Louis FILET. 04 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Sommaire.

02 L’offi ciel. Lu pour vous. 03 L’édito de JLF. 05 L’Amicale en bref. 68 Chemins et routes du Périgord. 69 Dernières nouvelles. Des gens. 70 Histoires racontées au vieux Château.

10 Léonard Boisseuil. Assasiné. Mémoire 39-45. 14 Mon ancêtre inconnu. 35 Général Obroutcheff . 21 Roby, Famille massacrée. 44 Arnaud de Cervole. 22 Laure Gatet. 58 Toine e Demonnens. Généalogie. 67 Charles Ribière

La pe te Histoire. 42 Périgord-Québec. 57 Faire sa généalogie en ligne.

Les tours d’abandon. 12 Légendes, patrimoine, tradi ons. 25 L’histoire en dates. Procés peu ordinaire. 26 Promenade sous la pluie. Le porc de Bergerac. 16 45 Brantôme, la Venise du Périgord Notables de Montpon en 1679. 28 46 40 Croix et Calvaires. L’arbre de la Liberté. 48 Loumagne. L’arbre de Cendrieux. 71 50 72 La dame Blanche de Puymar n. La Maïade. 52 73 Us et coutumes. 74 Rece es de Mère-grand. 77 Dictons

Quatre Villages.

18 St Jean de Côle

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54 l’Amicale en Bref. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 05

Lou Péri Doc , Notre bulle n dont le premier numèro est sor en janvier 2016 a été vu 670 fois (une personne peut le voir plusieurs fois et donc être comptée plusieurs fois) . Oeuvre collec ve il vous est, à nouveau, off ert gratuitement. C’est notre volonté d’aide et de partage. Tous les adhérents recoivent en plus une le re d’infos en avril puis en octobre.

Causerie. Notre première réunion 2016 a eu lieu en Février à Saint-Georges-de-Monclard.

La deuxième a eu lieu en Juin à Faye (Brantôme).

Le troisième rendez-vous aura lieu le 13 août à Trémolat , ce sera la troisème Aminade.

La première assemblée générale de notre jeune associa on à eu lieu en Mars avec la par cipa on de 36 des 37 membres. www.genea24.fr

Nous sommes aussi présent sur n’oubliez pas de voir aussi www.perigen.fr

le réseau social uniquement pour la Dordogne. Le site de partage de relevés du 24 06 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . l’Amicale en Bref. Centenaire 14-18 . Un pe t nombre de personnes piloté par Pierre M. est en train de relever tous les «Morts Pour La France». Déjà plus de 1 400 noms correspondant à l’arrondissement de Bergerac, au- jourd’hui fi ni. Dans un premier temps ils sont vi- sibles sur notre base Geneanet « agenea24» . L’arrondissement de Pèrigueux est en cours.

Le 28 mai à Saint-Marcel-du-Périgord, lors de la cérémonie en hommage aux poilus, Pierre Millet reme ait à monsieur le Maire un livre sur les «MPLF» de la commune dans la con nuité du travail évoqué ci-dessus. Sur la photo Hélène et Gisèle (membres de genea24) avec Pierre. MONTAZEAU. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 07

Par Nicole SARREAU.

La commune de Montazeau est située dans le Périgord pourpre à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Sainte-Foy-la-Grande. Deux affl uents de la Dordogne servent de limites naturelles à la commune : au nord la Lidoire et au sud l’Estrop.

Les habitants de Montazeau sont les Montazelais. En 2013, Montazeau comptait 309 habitants. Code postal 24230, code insee 24288, canton «pays de Montaigne Montravel et Gurson» communauté de communes Montaigne Montravel et Gurson.

Les lieux-dits : Bellevue, Brunet, Charpen er, Faye e, Grange Neuve, Gurçan, La Douelle, La Font du Parc, La Forêt, La Grange, La Lande, La Nouzillère, La Tuillière, La Tuque, La Turne, Las Moutas, Le Cazal, Le Grand Bost, Le Malpas, Le Moulin à Vent, Le Moulin des Cabanes, Le Tord, Le Viradis, Les Bernis, Les Cabanes, Les Grimards, Les Longères, Les Marthres, Merlandie, Montazeau, Papot. (Source Dic onnaire topographique du Vicomte de Gourgues 1878).

Château de Ségur à Montazeau Du premier mariage naquit Jeanne de Ségur qui épouse Antoine de Taillefer, écuyer seigneur de Mau- La façade sud a l’aspect d’une maison de campagne, riac, la Grimardie, Châteaumerle et Leyssandie par mais il s’agit bien d’un château seigneurial, aussi contrat au château de Castets en Dorthe (33), le 09 modeste soit-il ; au-delà de la cour intérieure en è- octobre 1556. rement fermée, la façade nord est percée de meur- Du second mariage naquit François de Ségur, dit trières et les saignées d’un pont-levis, creusées dans Monsieur de Pardaillan mort en 1604, gouverneur la muraille, témoignent l’existence de douves au- de Sainte-Foy marié le 02 février 1567 à Jeanne Mos- jourd’hui comblées. nier, décédée en 1628 fi lle de Lancelot, seigneur de . L’aîné de leurs sept enfants Pierre de Il est au XVIe siècle le siège de la seigneurie du Ségur, chevalier seigneur de Montazeau, Fouguey- Marquis de Trans (famille Foix Grailly) mort en 1591, rolles et Sainte-Aulaye se maria deux fois ; le 05 avril comte de Gurçon et du Fleix, vicomte de Meille, 1610 avec Marguerite de Fayolle et en 1638 avec Chevalier de l’ordre du roi. Rachel de La Place. De Marguerite est né vers 1610 Jean de Ségur, Vendu en 1536 à la famille Ségur, peut être Pierre décédé après le 26 février 1679, chevalier, baron de de Ségur (mort avant 1556) chevalier, seigneur de Montazeau, seigneur de Sainte-Aulaye, Saint-Aulaye et Ponchat Montazeau, coseigneur de Fougueyrolles et les Cabanes. Les Cabanes etant un Bridoire, marié en premières noces à Lucrèce de la hameau au nord de la commune à la limite de la Chassagne fi lle d’un président du parlement de Bor- Lidoire. Une modeste demeure seigneuriale parait y deaux décédée avant 1546 et en secondes noces à avoir existé au XVIIème siècle. En eff et, Jean de Catherine de Pellegrue. Ségur, seigneur de Sainte-Aulaye, le fi ls cadet du 08 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Montazeau. baron est décédé aux Cabanes en 1694 à 30 ans. Il vendit le château pour la somme de 225 000 Il semble que ce soit Jean, le baron de Montazeau livres en 1788 à Jacques de la Rivière ; mais ce- qui fut le rebâ sseur du château à plusieurs fois lui-ci ne put en régler le prix de vente. détruit pendant les guerres civiles. Il se maria le La vicomtesse reprit possession du château en 09 aout 1654 avec Elisabeth de Taillefer fi lle du 1822 après un long procès. Le 12 juin 1830, le seigneur de Barrière à . domaine fut revendu au Sieur et dame Davenne Au XVIIème siècle, le château de Montazeau est pour 30 000 francs, vente là encore entachée occupé par la pe te fi lle de Eyquem de Mon- d’un procès pour vice de forme sur des parcelles taigne Claude Madeleine de Lur Saluces née vers du domaine. 1627, mariée le 01 mai 1675 avec Hélie Isaac de Ségur, chevalier et baron de Montazeau et On retrouve la vicomtesse de Ségur à Fougueyrolles, né vers 1633 et mort après 1684 « la douelle » ; elle y recueille son père Charles en Allemagne. Il est né de la première union De louis de Portelance qui y meurt aveugle à 87 ans Ségur Montazeau Montaigne jean III ci-dessus le 29 novembre 1818. Elle décèdera à en marié en premières noces le 26 juillet 1633 avec 1860 rue godot de Mauroy, sans enfant. Anne Bordes décédée avant 1654. Du deuxième mariage de Jean le baron de Mon- tazeau est né Charles auteur de la branche des Il se dit que la Comtesse de Ségur aurait écrit « Cabanes. les deux nigauds » au château de Ségur, Elle était Le couple Hélie Isaac et Claude Madeleine une comtesse russe (Sophie Rostopchine) ayant habitèrent un temps le château puis conformé- épousé un Ségur d’une autre branche. Nous n’en ment à un accord familial le laissèrent à Charles disposons aucun témoignage avéré, et si la pre- après l’héritage du Château de Montaigne. mière paru on de ce livre date de 1863, il a pu Charles de Ségur (1665/1725) épousa Angélique être écrit bien avant. de Grailly (1665/1725) le 18 juin1686 dont il eut deux fi ls. Henry seigneur de Montazeau et des Cabanes né en 1687 marié avec Marguerite de Taillefer et Henry Philippe seigneur de Fompeyre né en1688 marié avec Charlo e de Guerre. Marie Antoine e Thérèse, née en 1732, la fi lle du premier né épousa le fi ls du second, Charles né en 1731, le 31 janvier 1752 à Montazeau sur dispense de l’abbé de Taillefer. Charles, vicomte de Ségur était capitaine au régiment d’infanterie et chevalier de Saint Louis. Sa femme mourut en couches après avoir mis au monde douze enfants. Le fi ls aîné Henry Philippe Jean Bap ste né le 27 juillet1754 à Montazeau vicomte ségur-mon- tazeau, émigré à Saint-Domingue mort en 1801 épousa en 1786 par contrat du 21 mai Anne Charlo e Marguerite de Portelance dame de Toury née en 1772 fi lle de Charles Louis (et non François) de Portelance (1731/1818) journaliste. Montazeau. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 09 Vers 1864 le château appar ent à Jean Amédée En eff et, il existe une gen lhommière versant Eyquard notaire né le 19 juin 1823 à Lugagnac nord entre la route départementale et la route (aujourd’hui Lugaignac) en Gironde. Il est le fi ls de Merlandie à la limite du hameau de la Douelle d’Antoine, mort le 21 janvier 1865 et de Marie aussi dénommée le pe t Ségur. Fleurot décédée à Montazeau. Jean Amédée Le propriétaire dans les années 50/60 était un décédera le 26 juin 1881 à Montazeau. certain docteur Eyquard. Un vieux monsieur Il fut marié en premières noces à Marie qui avait une voiture avec conduite à droite ! Dagraff euilh Lalande Marie née à Saint-Méard- Jean René, médecin à Bergerac aff ecté le 21 dé- de-Gurçon le 04 mars 1846 de jean né en 1795 cembre 1914 à la 12ème sec on d’infi rmiers à et Correch Fanelly Jeanne, décédée le 31 jan- , nommé médecin aide major de 2ème vier 1865 à Montazeau et en secondes noces le classe le 27 mars 1917, mis à la disposi on de la 21 avril 1868 à Jeanne Marguerite Inès Boynard 12ème région née le 8 avril 1850 de Jean E enne Alphonse et photo NS Banise e Alexandrine Marie Anne Emilie (domi- cile la Douelle) décédée le 04 novembre 1865 à Montazeau. Ils eurent pour enfants : - Jean René Eyquard né le 17 mars 1880, marié le 7 janvier 1913 à Jeanne Truchasson (née le 11 mars 1892 à Gageac Rouillac où elle est décédée le 26 novembre 1962) et mort à Bergerac le 11 mai 1982 ; - Jean Alexandre Eyquard (6 février 1879/07 fé- vrier 1879) Montazeau; - Marie Geneviève Eyquard née le 4 janvier 1870 à Montazeau mariée à Guillaume Auguste Ar- nould de la Salle du Maigneaux sans profession le 11 février 1919, aff ecté à l’hôpital de Bergerac né le 16 mars 1860 à de Bertrand Louis le 13 février 1919, maintenu dans les cadres sur Mar n Mar al et dame Elisabeth Barailler La- sa demande par décision du directeur du ser- plante domiciliés à Eyzerac, union du 12 mars vice de santé de la 12ème région en date du 06 1888 au château de Montazeau « publique- janvier 1930. ment, les portes et les fenêtres ouvertes ». La légende disait qu’il y avait un souterrain de- De ce e union, Roger Jacques Félix naquit le 8 puis ce e gen lhommière jusqu’à la mothe de février 1889 à Montazeau, il épousa Jeanne Si- Gurson, à l’ouest du village, comme on disait mone Manthe de le 26 décembre 1924 aussi qu’il y avait un souterrain entre l’église et et décéde le 11 décembre 1978 à et le château Ségur qui est lui, mitoyen de l’église. Valérie Elisabeth Octavie Virginie née le 11 no- Par la suite, le château de Ségur fut vendu à vembre 1890 à Montazeau mariée le 25 juin monsieur Morhange. 1929 à Civray (86) avec Alexandre Caillot, décé- Au XXe siècle, les familles Barbeyron et Peytu- dée16 janvier 1965 à Sainte Foy la Grande. reau s’y succédèrent. La famille est présente sur les recensements de la commune en 1891 (4 domes ques) mais sur Sources : AD24, Gallica, bulle n société histo- ceux de 1901 fi gure seule Madame veuve Inès rique et archéologique du Périgord. Boynard (épouse Eyquard) propriétaire à « la A l’an que vèn que se sèm pas maï, douelle ». que siam pas mens 10 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . léonard Boisseuil. Mon ancêtre assassiné. Par Marie-Chantal FRÉCHOU-GOBERT. BOISSEUIL Léonard Leaunar, Propriétaire; marchand, Sosa 208. Fils de BOISSAU ; BOISSEUIL Antoine, Sosa 416 (°1726 +1807), Cul vateur, marchand, et de DUJARIT ; DUJARIC Denise D’Anese, Sosa 417 (°1734 +1793) Journalière. Deuxième enfant de Antoine et Denise. Né le 02 mars 1766 à Saint-Aquilin (24), Bellet (1). Décédé le 16 décembre 1814 à Saint-Aquilin (24), Vigerie Haute (2) à l’âge de 48 ans. Marié le 01 juin 1801 à Saint-Aquilin (24) à l’âge de 35 ans, avec FOURGEAUD Jeanne, Sosa 209 (3). Fille de FOURGEAU Géral Gérard, Sosa 418 (°1750 +1799), Administrateur du district de Ribérac, et de PEYTOUREAU ; PUYTOUREAUD Françoise, Sosa 419 (°1754 +1820). Deuxième enfant de Géral et Françoise.

Saint-Aquilin, la Vigerie Haute.

Léonard Boisseuil. Assassiné à La Vigerie à 2 heures de l’après-midi. Sept déserteurs de la Marine, après avoir dîné à l’auberge de Saint-Apre, se rendent à Saint-Aquilin. Le visage masqué, ils vont à la Vigerie Haute et frappent M. Boisseuil et sa servante de trois coups de sabre. Le négociant n’a sur- vécu que deux jours, inconscient selon le rapport du préfet. (source S.H.A.P.)

1 - Note, Naissance : Marraine Marguerite JOYEL Tante Bellet Sources : Naissance, Acte, feuillet 3 vue 224/666 ; en haut à droite h p://archives-num.cg24.fr/pleade342/img-viewer/etat-civil/Saint-Aquilin/FRAD02410_ 5MI25501_002/viewer.html

2 - Note, Décès : Sur acte de mariage d’Auguste +16/12/1814 Sources : Décès, Acte, feuillet 9 vue 47 ; Acte, 5MI25502_052 vue 42/47. en bas à Gauche ; h p:// archives-num.cg24.fr/pleade342/img-viewer/etat-civil/Saint-Aquilin/FRAD02410_5MI25502_052/ viewer.html Léonard Boisseuil, suite. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 11

10 enfants sont nés de ce e union : 1. BOISSEUIL Victor. 2. BOISSEUIL Antoine. Né le 05 mars 1802 à Saint-Aquilin (24). 3. BOISSEUIL Arnaud Jean. Né le 17 avril 1803 à Saint-Aquilin, Vigerie Haute. 4. BOISSEUIL François. Né le 23 janvier 1805 à Saint-Aquilin, Vigerie Haute. 5. BOISSEUIL Anne Elisa Marie, Sosa 223. Née le 31 mars 1806 à Saint-Aquilin, Vigerie Haute. Mariée le 11 février 1833 à Saint-Aquilin avec SIMON Arnaud, Sosa 222. Décédée le 31 janvier 1878 à l’âge de 71 ans. 6. BOISSEUIL ; BOISSEAU Antoine Auguste, Sosa 104. Né le 15/03/1808 à Saint-Aquilin, La Vigerie Haute (4). Marié le 05 août 1844 à Saint-As er (24) avec MAZEAU ; MAZEAUX Marie Anne Maria, Sosa 105. Décédé le 22 novembre 1884 à Saint-As er à l’âge de 76 ans. 7. BOISSEUIL Antoine. Né le 28 octobre 1809 à Saint-Aquilin, Vigerie Haute. Marié le 05 septembre 1843 à Segonzac (24) avec DUMAZEAUD Marie-Augusta Victoire. Décédé en 1880 à l’âge de 70 ans. 8. BOISSEUIL Eugène André. Né vers janvier 1811. 9. BOISSEUIL Marie Louise Irma. Née le 03 janvier 1812 à Saint-Aquilin. Mariée le 18 janvier 1836 à Saint-Aquilin avec TRASRIEUX ; TRARIEU Jean. Décédée le 18 avril 1885 à Saint Paul de Serre (24) à l’âge de 73 ans. 10. BOISSEUIL Pierre. Né le 27 février 1814 à Saint-Aquilin, Vigerie Haute (5). Décédé le 06 décembre 1815 à Saint-Aquilin, Vigerie Haute à l’âge de 21 mois.

3 - Note, Union : 12 prairial an IX, demeurant au hameau de la Vigerie Haute. Personnes citées, Union : 1. Témoin : BOISSEUIL François, né en 1770 à Saint-Aquilin, Bellet, Offi cier de Santé, Frère. 2. Témoin : FOURGEAU . FOURGEAUD Jeanne Rosalie, née en 1797 à Saint-Aquilin, Charroux, Frère. 3. Temoin : PARADE François, né en 1763 à Saint-Aquilin, Cul vateur. 4. Témoin : FOURGEAUD . FOURGEAU Pierre Jamain, né en 1782 à Saint-Aquilin, Charroux, Propriétaire, Frère, domicilié à Saint-Aquilin. Sources : Union, Acte, 5MI25502_025 vue 14/18. page G h p://archives-num.cg24.fr/pleade342/img-viewer/etat-civil/Saint-Aquilin/FRAD02410_ 5MI25502_025/viewer.html 4 - Note, Naissance : Présence de Jean DELORD menuisier 58 ans, Pierre MACHENY cul vateur 65 ans tous 2 voisins

5 - Personnes citées, Naissance : 1. DELOR . DELORD Jean, né en 1756, Cul vateur, domicilié à Saint-Aquilin, Vigerie Haute. 2. PRADIER Jean, né en 1767, Cul vateur, domicilié à Saint-Aquilin, Vigerie Haute 12 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . les tours d’abandon. Les tours d’abandon. Par Mireille DELETAGE.

Depuis des siècles, le système des tours d’abandon était pra que courante. Installé à l’extérieur des églises ou des hospices, il consistait en un cylindre pivotant, vers l’intérieur. Les mères me aient l’enfant dans le cylindre, sonnaient une cloche pour aver r qu’un enfant venait d’être déposé. A l’intérieur du bâ ment, quelqu’un venait le récupérer, le plus souvent, une religieuse.

Tour de Musée Hospice de . Photo M. D.

En 1198, en Italie, le pape Innocent III déclare qu’ils doivent être installés dans les orphelinats afi n que les femmes puissent y laisser leurs enfants et non les tuer, comme cela arrivait très souvent. En France, Saint Vincent de Paul fait aménager le premier tour à Paris en 1638. Un décret impérial du 19 janvier 1811 légalise ce système. On pouvait en compter 251 sur tout le territoire. On les trouvait dans les hôpitaux (ex : l’Hôpital des Enfants Trouvés de Paris). Le nombre des enfants abandonnés augmentant au fi l des années (plusieurs dizaines de milliers), les tours d’abandon sont fermés en 1863 et remplacés par des « bureaux d’admission ». Les mères dans la détresse pouvaient laisser leurs bébés anonymement. Elles venaient, la nuit, sans crainte d’être vues. Dans les vêtements de l’enfant, elles laissaient un signe de reconnaissance : un ruban de couleur, un mot, une pe te médaille...suscep ble d’iden fi er l’enfant le jour où leur situa- on s’améliorerait. Les vêtements de l’enfant décrits scrupuleusement, lors de son abandon, nous montrent le milieu social d’où il arrive. Lorsqu’on lit que l’enfant est habillé de vêtements et bonnets de soie, brodés, qu’il porte une médaille, on peut supposer qu’il vient d’une famille aisée. Quelles sont les raisons les plus courantes d’abandonner son bébé ?

Souvent ils étaient conçus hors mariage, ou encore, un employeur « indélicat » a des rela ons avec sa domes que qui entraînent une grossesse. La pauvre fi lle est renvoyée pour éviter les problèmes conjugaux. Dans la détresse, elle n’a d’autre solu on qu’accoucher « clandes nement » et abandon- ner son enfant. Les tours d’abandon sont abolis par la loi du 27 juine 1904. Les femmes conservent le droit d’accou- cher anonymement dans les hôpitaux et d’y laisser leur bébé(accouchement sous x).

Dans onze pays d’Europe... En Europe, le système avait disparu depuis plus d’un siècle. Mais la média sa on de faits divers conster- nants, comme l’abandon de nouveau-nés dans des poubelles, a remis au goût du jour ce e pra que d’un autre temps. L’Allemagne a été la première à réintroduire le mécanisme en avril 2000. Dix autres pays européens l’ont adopté, comme l’Italie, la Suisse ou encore la Pologne. Depuis ce e date, près de 400 enfants auraient été ainsi abandonnés. les tours d’abandon. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 13

Au Moyen-Age, on les appelait « tours d’abandon », aujourd’hui, « boîtes à bébés ».

Les parents en détresse, qui veulent abandonner leur bébé anonymement, peuvent le faire. Ces boîtes ont été légalisées et se sont mul pliées dans onze pays d’Europe. Aujourd’hui, plusieurs centaines de «boîtes à bébé» sont installées sur le Vieux Con nent. Le fonc onnement est simple. Dans la plupart des pays qui u lisent ce système, le parent qui abandonne anonymement son enfant dans une de ces «boîtes» a huit semaines pour revenir sur sa décision. Les services hospitaliers vérifi ent son iden té grâce aux empreintes digitales prélevées sur le nouveau-né au moment où il est récupéré. Passé ce délai, une procédure d’adop on classique est enclenchée, tandis que l’Etat devient légalement responsable de l’enfant. S’il semble entré dans les mœurs, ce système est très controversé, tant au point de vue éthique que légal. A plusieurs reprises, les Na ons Unies ont exprimé leur inquiétude sur ce système. En France, la ques on ne se pose pas puisque une femme a le droit « d’accoucher sous X », ce qui lui permet d’abandonner son bébé dès l’accouchement. Lorsqu’il a eint « l’âge de discernement » et avec « l’accord de ses représentants légaux », l’enfant peut avoir accès aux informa ons laissées par sa mère à sa naissance.

Ar cle paru dans la revue du Cercle généalogique Cestadais. Avec l’aimable autorisa on de sa Prèsidente.

Acte de naissance (31 août 1839) Ref Ad 24 EC Hautefort 5MI08604_041 page 31

Pour l’avoir lu dans « la gaze e de France », le curé Lasserre de Saint-Perdoux noté dans son registre BMS : en 1770 à PARIS : Il est né à paris 19 549 enfants légi mes et 6 918 enfants trouvés. L’année passée 1769, il n’y avait eu d’enfants trouvés que 6 426, l’augmenta on est de 492. * Le nombre d’enfants trouvés est de 1 sur 3. Une propor on iden que à celle de 1769. 14 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Mon ancêtre inconnu. Perdu, j’étais perdu. Par Pascal MARTIAL.

Aucune circonstance n’est fortuite. Seul le hasard est, par défi ni on, fortuit mais celui-ci n’existe pas !

Cela ne m’était pas arrivé souvent depuis que je faisais des livraisons, mais là je ne trouvais pas la route pour aller à ce lieu-dit. J’avais garé ma camionne e à la sor e du pe t village de Saint-Ger- main-du-Salembre et je scrutais ma carte rou ère sans rien y trouver qui puisse m’avancer. De plus, il commençait à faire sombre et ce e triste journée d’hiver allait se fi nir dans une espèce de brume enveloppante qui faisait penser à une lente agonie. Il faut dire que j’étais un peu perturbé dans ma concentra on car je me trouvais à proximité de l’entrée du cime ère du hameau depuis un bon quart d’heure et j’y voyais déambuler une forme humaine aux contours improbables. Celle-ci sem- blait s’arrêter devant chaque sépulture pour y faire une brève prière. Son manège m’inquiétait un peu… la nuit gagnait, pas de réseau téléphonique et mon GPS ne répondait toujours pas. Mon ancêtre inconnu. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 15

J’eus soudain une intui on et sor s de mon vé- Cela s’est passé il y a de nombreuses années, hicule en un bond. Je fi s quelques pas vers le ci- j’étais jeune. Depuis j’ai pris ma retraite et j’ai dé- me ère et je hélai la personne : « S’il vous plaît ! cidé de chercher enfi n moi aussi, d’où je viens. » celle-ci leva la tête, m’adressa un pe t signe et Vous ne devinerez jamais ! Mes recherches (dans en prenant son temps, sor t un pe t calepin de ma branche paternelle), m’ont conduit devant la sa poche afi n d’y gribouiller quelques notes. Puis mairie de Saint-Germain-du-Salembre à quelques elle rangea son a rail et se dirigea vers moi. En centaines de mètres du cime ère. Précisément à trois enjambées, elle fut sur moi. l’endroit où mon quadrisaïeul, âgé d’un ou deux -Je peux faire quelque chose pour vous, Mon- jours, a été abandonné par une froide nuit d’un sieur ? 27 décembre 1808. Acte d’abandon à l’appui. La personne, c’était une femme, portait bien soixante-dix ans, était d’une grande stature, les cheveux mi-long presque blancs, des yeux bleus rieurs et quelque chose dans la voix et dans le port qui inspirait le respect. Elle semblait avoir une grande culture, un certain charisme et pourtant elle était d’une simplicité désarmante. Lorsque je lui eus exposé mon problème, elle en vint à bout en quelques secondes : elle n’était pas du tout de la région mais était passée dans ce hameau perdu car elle y avait une lointaine famille. Nous allions nous séparer lorsqu’elle me dit : -Bien. Mon cher Monsieur, vous savez mainte- nant où vous allez. Pour autant, savez-vous d’où vous venez ? Je restai quelques secondes sans voix devant l’in- congruité de la ques on puis je bredouillai : Maintenant, je ne sais toujours pas où je vais, -Eh bien j’habite dans le Périgord Vert, près de… je dirais même que je ne sais pas toujours Elle ne me laissa pas con nuer : où je vais mais ce qui est certain -Peu importe l’endroit où vous habitez mais ce c’est que je sais d’où je viens. que je vous demande en fait c’est si vous savez Et cela, ça n’a pas de prix ! d’où viennent vos ancêtres… Je lui coupai à mon tour la parole : -Mon grand-père paternel était ar san forgeron à Saint Léon sur l’Isle mais avant lui, je ne sais pas… -Ah ! Eh bien vous devez vous demander ce que je faisais dans ce cime ère, non ? En fait je cherche d’où je viens. Dans ma branche maternelle j’en suis à la quatorzième généra on, en 1616 ! Vous rendez vous compte » ? Nous parlâmes ainsi presque une heure dans la pénombre. Ce e personne, ce e ac vité que je ne connaissais pas, du moins sous cet angle, me passionnaient. photos Sarah Mar al 16 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Promenade. Promenade sous la pluie. Par Marie Michèle FOURTEAUX.

Toutes les photos sont de MMF Page Facebook : Au détour de nos chemins.

Aux confi ns du Lot, il y a des noms de villages qui chantent…, Florimond Gaumier, Saint Pompon. Il y a de pe tes vallées et des coteaux sauvages. Au détour des chemins on peut encore rencontrer de nombreuses Bories (Périgord) ou Gario es (Lot)

La plupart sont en grand danger, et menacent ruine. Une vraie dou- leur de voir disparaître un tel pa- trimoine ! A Moncalou, trône un très vieux chêne vert, et, dans le vignoble des vins de Domme le printemps éclate.

Avant le phylloxéra ces coteaux étaient riches de 1800 ha (+ qu’en Bergeracois) de vignes qui furent détruites par ce minuscule puceron. Pourtant la dynamique de territoire, si elle était en sommeil, était bien là ! En 1996 un groupe de « fous » décide de la replanter ce e vigne. Des cépages rouge, Malbec, Merlot, Cabernay, puis blanc en 2005, Chardonnay, Sauvignon. En produc on à ce jour sur quelques 20 hectares, ce pe t vignoble qui ne de- mande qu’à grandir, redonne des le res de noblesse à ces co- teaux magnifi ques. Au long de la route, des chemins creux ro- man ques, des mure es moussues bordent de pe tes terres ou prairies qui nourrissaient autrefois une mul tude de pe ts paysans. Pour travailler le sol et y faire pousser leur subsis- tance, c’est, comme l’a si bien chanté Jean Ferrat, qu’ « Avec leurs mains dessus leurs têtes ils avaient monté des mure es jusqu’au sommet de la colline » en ramassant laborieusement les pierres.

Au chai, le plafond est original, décoré de branches, de ceps et d’oiseaux. Promenade. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 17

Ces lieux, aujourd’hui plus ou moins délaissés, respirent encore curieusement leur présence et gardent un charme prenant. Surtout quand une mide viole e vous sourit au creux du chemin… Dans la vallée, les eaux vives du Céou enchantent les truites et la prairie s’est cou- verte de narcisses sauvages. Magnifi que ! On aimerait arrêter le temps !

Photo FB le corridor des âmes.

Quand pléou per St Médard, pléou quaranto jours pus tard.

Rodas que rodaras, maï din ton païs tornaras. 18 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Saint-Jean-de-Côle.

Par Geneviève COULAUD.

Situa on. La commune se situe au nord-ouest du département, au carrefour des routes qui vont de à Thiviers et de Thiviers à Brantôme au cœur du Périgord Vert. Elle est traversée par la rivière la Côle ou Colle avec ses affl uents la Queue d’âne et le Boni. Elle re son nom de Saint Jean-Bap ste et de sa rivière. Le village a le label « plus beau village de France ». La commune est délimitée au nord par celles de Saint-Romain, Saint-Clément et Saint-Mar n-de- Fressengeas à l’est par celle de ; au sud, par Saint-Pierre-de-Côle et à l’ouest par Villars. Les habitants sont les Jean Côlois et Jean Côloises. La commune est ra achée au canton de Thiviers et appar ent à la communauté de commune du pays Thibérien.

Lieux-dits. Barradis, Bellevue, Bonis, Boudeau, Château Trompe e, Chautran, Chez Capayou, Chez Chaudenos, Font Close, Forêt de Boudeau, Forêt Mêlée, Jouvent, La Boine, La Bouchonnierie, La Combe e, La Croix des Jarthes, La Font Pépie, La Forêt, La Maison Brûlée, La Picare e, Le Mazelier, Le Poteau, Le Vignoble, Les Bades, Les Combes, Les Débats, Les Ferrières, Les Granges, Les Pelouses, Les Roches, L’Eyrissou, Mongeoff roy, Neuville, Pierroy, Pirou, Pont de Lavaud, Puychadier, Puymeriller, Ruisseau de Bonis, Ruisseau de la Font Pépie (Source Dic onnaire topographique du Vicomte de Gourgues 1878). Saint-Jean-de-Côle. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 19 Histoire. Popula on. L’histoire du village est in mement liée à celle du Selon les écrits du chanoine Brugiere, la popula- château de la Marthonie et du prieuré. on du territoire de Saint Jean était de 64 feux, Le prieuré a été édifi é par l’évêque Raynaud de en 1365, soit 384 habitants, qui s’élèverait à 682 Thiviers, accolé au château de la Marthonie qui au XVIIe siècle, à 902 en 1842, et 879 en 1877, le protégeait. Il abritait seize chanoines réguliers pour descendre à 364 en 2013. suivant la règle de Saint-Augus n. Entre 1846 et 1851, il y a 970 habitants tous sont Mais les aléas de la guerre de Cent Ans pro- catholiques. voquent la conquête du village par les Anglais Lors des recensements source archives départe- qui, en 1394, ravagent et incendient le château, mentales de la Dordogne. ainsi que le prieuré, dont les terres sont dévas- tées et les chanoines dispersés. For fi ant le vil- 521 personnes de sexe masculin. lage pour se préserver des a aques, les Anglais - 285 garçons ; s’installent jusqu’en 1404. - 212 hommes mariés ; Au début du XVIe siècle, le château est recons- - 26 veufs. truit par Mondot de la Marthonie, 1er président 449 personnes de sexe féminin. du Parlement de , Conseiller de la ré- - 198 fi lles ; gente Louise de Savoie (mère de François 1er) - 216 femmes mariées ; Les bâ ments existants aujourd’hui, sont - 35 veuves. construits vers 1669 sur les ruines des bâ ments romans, dont il ne subsiste que quelques ves- Le plus vieil habitant a 91 ans et la plus âgée en a ges. 86 ans. Il y a 1 aveugle, 6 borgnes, 1 sourd muet, C’est également de ce e époque que datent les 2 individus ont un goitre, 4 ont une dévia on de très belles boiseries qui recouvrent le chœur de la colonne vertébrale, 1 n’a qu’une jambe et 1 a l’église, dédiée à Saint Jean-Bap ste, dont une un pied bot. Tous sont notés « Français » à l’ex- relique fut longtemps conservée dans ce lieu à cep on d’un Espagnol. l’architecture unique en Périgord, en raison de la réalisa on d’une coupole qui fi gurait parmi les En 1846, le maire de Saint-Jean-de-Côle est aus- plus grandes de la région (12 m de diamètre). Les si notaire, il s’agit de Pierre Rebière ; le curé dommages subis par l’église au cours de l’histoire Pierre Merlet vit avec sa servante au presbytère. entraînèrent plusieurs fois sa chute. Habitent au bourg également le Marquis Chris- tophe de Beaumont avec ses trois enfants, son régisseur et sa femme, un domes que et un jar- dinier ainsi que leur famille.

On trouve tous les mé ers concentrés en majo- rité dans le bourg ; Jean Dezain, menuisier ; Jean Duverdier, tailleur et aussi un médecin, un garde champêtre, un barbier, deux bouchers, un bou- langer, deux sabo ers, trois menuisiers, un clou- er , deux familles de meuniers et Jérôme Aimon qui est vigneron au lieu- dit de Château -Trom- pe e. Sur 112 propriétaires cul vateurs, 92 sont JLF des hommes et 20 des femmes et il y a 192 mé- tayers ou colons et parmi les noms les plus cités : Rousseau, Darfeuil, Rebière. 20 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Saint-Jean-de-Côle.

Le château de La Marthonie Edifi é au XIIe siècle. L’un des plus fameux résident fut Mondot de la Marthonie, premier président de la Cour au Parlement de Bordeaux, conseiller de la Reine Mère quand François 1er se rendit en Italie.

Il fut reconstruit au XVe pour remplacer l’ancien, brulé par les Anglais et fut pillé par les protestants en 1569. Le marquis de Beaumont, en épousant Marie Claude de Beynac en 1761. Une famille propriétaire jusqu’à nos jours. Le vieux château fut agrandi au XVIe avec une aile plus basse couverte d’un toit à la Mansard. Entre la façade et la nouvelle aile on trouve un escalier monumental dit « à rampes droites ». Pe t patrimoine et coutumes Traversant la Côle, on trouve le vieux pont roman du XVe siècle et la maison du meunier. Il est en dos d’âne avec des avants becs qui avancent dans la rivière. Il est recouvert de pe ts galets ronds.

Près du bourg et du village de Jouvens, il y a une jolie source, que l’on nomme la fontaine de l’Amour, qui est située au bas d’un rocher appelé Pey-Merlier. Le jour de Pâques, toute la jeunesse des deux sexes se rend en cérémonie à ce e fontaine, puis va folâtrer et danser sur le plateau. Les mères encouragent d’autant plus leurs fi lles à réaliser ce e par e de plaisir, qu’elles sont persuadées que si ces jeunes personnes sont sages ce jour-là, elles le seront tout le reste de leur vie.

Le tombeau de Geoff roy de Lamarthonie est situé dans une chapelle latérale de l’église, ce monu- ment était l’objet d’une foule de pra ques plus ou moins supers euses, comme de rouler un enfant malade sur la pierre tombale pour le délivrer de sa maladie. Certains adultes ayant abusé de ce e pra que, au détriment de la décence, l’entrée du monument funéraire fut clos.

La frairie ou fête patronale se ent le 24 juin, jour de la na vité de Saint Jean-Bap ste. Ce jour-là les habitants de la campagne apportent des pe ts fl ocons de laine qu’ils je ent à un endroit détermi- né de l’église. En souvenir du témoignage de Saint Jean à Dieu qui le dépeignait sous les traits d’un agneau. (Source : histoire de Saint-Jean-de Côle par R.P Paulin).

Fontaine de l’amour (photo NC). Pont romain (photo GC). Famille Roby. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 21

Une famille Massacrée. Résumé par Jean-Louis FILET.

Extrait de la note « Crimes de guerre commis en Dordogne par les troupes allemandes et leurs au- xiliaires. Rapport de synthèse du Préfet Maxime Roux ; Décembre 1944 consultable sur le site des Archives de la Dordogne « Mémoires de Résistances ».

A Saint-Crépin-de Richemont, le 27 mars 1944, Joanna Belard était née le 20 mai 1898 des les militaires de la Division « B » se sont rendus mariés Jean et Elise Chadouin certainement dans au lieu-dit « Chanteix ». Ils se sont présentés au ce e maison de Chanteix. Son père était présent domicile des époux ROBY, cul vateurs au lieudit ce jour-là. dont un des fi ls était réfractaire au S.T.O. Les allemands ont immédiatement incendié la Elle a épousé le 25 mai 1920 à Saint-Crépin-de- maison, puis après avoir fusillé tous les membres Mareuil Jus n Roby na f de Saint-Mar n-de- de la famille et les ont précipités dans les Fressengeas fi ls de Pierre et de fl ammes. La famille se composait de Roby Jus n Marguerite Bordas. 51 ans, Belard Jouana 46 ans, Roby Maxime 19 ans, Belard Jean 75 ans.

Le corps du fi ls Roby Camille qui était réfractaire et que l’on avait cru disparu, se trouvait vraisem- blablement chez lui ce jour-là car l’on a retrouvé son cadavre le 18 mai 1944, dans les décombres de la ferme. Seuls, deux enfants de la famille qui se trouvaient à l’école ont échappé au massacre. La maison avait été préalablement pillée.

La popula on brantômaise n’est pas prête d’oublier la façon de procéder de nos « défenseurs ». Elle garde un impérissable souvenir de la poli que de collabora on qu’avaient bien voulu nous accorder le Allemands.

Photo M-P BB.

D’enfants à l’ostal, de rats a la cavo, de pijons al plancat, an ben destarbat un ostal.

Les cats fan pas de chins. 22 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . laure Gatet. Laure Gatet, morte pour la France. Par Nicole SARREAU.

Laure Constance Pierre e Gatet est née le 19 Pasquet à la pharmacie centrale, place de la mai- juillet 1913 à Boussac-Bourg (Creuse). Elle a fré- rie à Périgueux. quenté plusieurs établissements dans le Sud- A la suite de ce stage, elle reprend ses études à la ouest, notamment à Périgueux et à Bordeaux. faculté de pharmacie de Bordeaux et ob ent son Plusieurs récompenses lui sont décernées pen- diplôme en 1936. Elle entame en même temps dant sa scolarité. En février 1926, grâce à ses la prépara on à la licence de sciences naturelles résultats au cer fi cat d’études, elle se voit off rir avec à la clé des cer fi cats de minéralogie en juin une bicycle e par « la société des automobiles 1935, de chimie biologique en juin 1936 et de et cycles Peugeot ». botanique en juin 1935. En janvier 1928, Louis Eugène Gatet, son père, Mais elle décide fi nalement de s’orienter vers la prend pour 14 ans la direc on de l’école normale biochimie. Elle eff ectue sa thèse au laboratoire d’ins tuteurs de Périgueux et la famille s’installe de chimie physiologique du professeur Genevois. dans le quar er Saint Georges, place Faidherbe La thèse traite de la matura on du raisin au fi l du dans un appartement de fonc on. Madame Ga- temps. Le sujet correspond à ses objec fs de la- tet décrit leur arrivée : « nous avons débarqué à boratoire et à l’intérêt de Laure elle-même ; son l’école, malgré le brouillard, et nous avons une grand-père paternel est vi culteur. Elle sou ent très bonne impression. Grand appartement, très sa thèse le 23 février 1940, publiée dans la re- bien situé. » vue « Annales de Physiologie et de Physicochimie Laure Gatet est inscrite au collège de jeunes biologique ». fi lles de Périgueux. En 1927, la directrice la dé- crit comme « une brune et grande pe te fi lle, si grande déjà pour son âge et si droite, comme une épée, qui m’examinait avec une grave a en- on ». De la troisième à la terminale, Laure Gatet est l’une des élèves les plus récompensées de l’école, citée plusieurs fois au tableau d’honneur avec les félicita ons du conseil de discipline pour son comportement exemplaire. Elle ob ent son cer fi cat d’études secondaires à la fi n de sa classe de troisième A ; en seconde A, elle a le premier prix pour ses résultats en ma- théma ques et en anglais, mais brille aussi dans toutes les autres ma ères. Le 11 juillet 1930, elle passe les séries A’ et B des ses premières épreuves du baccalauréat de l’université de Bordeaux avec la men on « assez La famille Malassenet-Gatet, vers 1912. bien ». en 1931, son succès à la deuxième par e Debout de gauche à droite : Laure Marie Ma- du baccalauréat li éraire lui ouvre les portes de lassenet, tante de Laure Gatet ; Louis Eugène Ga- l’université. Elle part donc à la faculté bordelaise tet, père de Laure ; Marguerite Agathe, mère de sans perdre contact avec le lycée de jeunes fi lles Laure Gatet. Assis de gauche à droite : Laure Ma- de Périgueux. rie Mar n, épouse de Félix Malassenet et grand- Laure Gatet décide de faire des études de phar- mère maternelle de Laure ; Félix Malassenet, macie. Elle débute sa forma on par un stage grand-père maternel de Laure. d’un an de juillet 1931 à octobre 1932 chez Mr Laure Gatet. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 23

En l’absence de revenu, Laure Gatet doit être 1940 et retourne d’abord à Périgueux. soutenue par sa famille et la fonda on Schutzn- Elle revient habiter avec sa tante à Bordeaux berger lui off re une bourse de 10 000 francs pour quand l’occupa on de la ville commence en oc- un an en 1938. Elle est ensuite subven onnée tobre 1940. Elle s’engage alors dans la propa- par le CNRS pour 12 500 francs et en 1940 elle gande. reçoit à nouveau 12 500 francs. En janvier 1941 elle intègre le réseau de résis- Grâce à René Fabre, elle ob ent une bourse com- tance et de renseignements de la Confrérie Notre plète de 24 000 francs à par r de 1941. Dame, dont le chef est Jean Fleuret. Sans que personne ne le sache, elle assume le A Bordeaux, avant la seconde guerre mondiale, rôle d’agent de liaison. Les renseignements re- Laure milite dans un groupe dont beaucoup cueillis « top secret » sont cachés dans des boîtes d’entre eux par cipent à un camp de vacances de poudre à récurer. Elle ob ent un laissez-pas- catholique (les Barégeois de Bordeaux) près de ser afi n de pouvoir franchir la ligne de démarca- Barèges en sou en aux réfugiés de la Guerre on et rendre visite à ses parents à Périgueux. d’Espagne. Le père Dieuzalde, chef de ce camp, Elle est souvent fouillée, mais les allemands ne cherche des moyens de résister ; elle assiste ré- trouve jamais rien. gulièrement aux réunions. Laure est à Bordeaux aux côtés de sa tante lors du bombardement de minuit du 19 au 20 juin

Chaque semaine, à Montpon, elle subissait une fouille complète. Et chaque semaine elle annonçait en souriant : « Ils n’ont rien trouvé ! »

Le 10 juin 1942, Laure Gatet et trente trois autres membres du réseau sont arrêtés. Pierre Cartaud, agent de liaison ar- rêté le 30 mai avoue sous la torture l’existence du réseau et donne des noms.

Il est 5 heures du ma n quand trois offi ciers arrivent chez Laure ; ils fouillent la maison pendant 4 heures et l’arrêtent. Elle est alors transférée à la caserne Boudet, puis au fort du Hâ à Bordeaux pendant trois jours. Malgré les interroga- toires, elle ne dénonce personne. La famille la cherche de prison en prison pour enfi n savoir qu’elle est détenue à la prison de la santé à Paris. Ils pourront communiquer avec elle et lui envoyer des colis.

Le 12 octobre 1942 Laure est transférée à la prison de Fresnes d’où elle ne peut donner aucune nouvelle, puis au le 12 janvier 1943. 24 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . laure Gatet.

Le 23 janvier 1943, avec 121 de ses compagnes lancement de ce programme, vers le 25 février, de prison, elle est transférée au camp de Royal- aucune le re n’ayant été adressée à la famille lieu à Compiègne. pour confi rmer ce e date.. Dès le lendemain, 230 d’entre elles sont entas- sées aux côtés de 1 200 hommes déjà montés A la fi n de la guerre, en avril 1945, la famille dans les wagons. Durant le voyage, ils vont souf- Gatet se rend à de nombreuses reprises à l’Hô- frir du froid et de la faim. tel Lutécia où arrivent les déportés survivants Les hommes sont descendus au camp d’Ora- français. nienburg, près de , les femmes pour- suivent leur route vers la Pologne et Auschwitz. L’acte de décès, établi plus tard l’est fi nalement A l’arrivée, laure Gatet et les autres femmes le 19 décembre 1946 à Paris avec la men on « sont menées par les SS au camp de Birkenau. A Mort Pour La France ». leur entrée, sachant qu’elles ont peu de chance Par décision du Général de Gaulle elle est déco- d’en ressor r, elles chantent « La Marseillaise ». rée à tre posthume de la croix de guerre 1939- 1945 avec palmes. Elle est élevée au grade de Laure est tatouée à l’avant-bras gauche sous le sous-lieutenant par le ministre de la guerre matricule 31833. Coste-Floret le 24 mai 1947 et nommée che- valier de la Légion d’Honneur le 10 novembre Elles sont ensuite mises en quarantaine au block 1955 par le Président Coty qui lui a ribue éga- 14, dispensées de corvées et donc sous-ali- lement la médaille de la Résistance. mentées. Les dix prisonnières les plus âgées en meurent. Il y a ensuite la photographie anthro- Depuis le 9 septembre 1992, la men on « mort pométrique. Les condi ons de vie sont mau- en déporta on » est apposée sur l’acte de dé- vaises et les communica ons avec l’extérieur cès de Laure Gatet. rompues. En 1943, une secrétaire passe dans les rangs pour recruter des biologistes, botaniste et chimiste pour un nouveau programme. Mais Laure, vic me d’une dysenterie, meurt avant le

Source : wikipédia : Daniel Charbonnel, Laure Ga- tet : une intellectuelle en Résistance, Cité scolaire Laure-Gatet, Périgueux, mars 2013. Dates d’Histoire. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 25

Quelques dates d’histoire en Dordogne. Par Jean-Louis FILET. Vers 52 ans avant J.-C. - Les Pétrocores envoient à Vercingétorix, 5000 guerriers pour l’aider à lu er contre les troupes romaines de César. 16 ans avant J.-C. - Fonda on par les romains de Vesunna (Vésone), future Périgueux. 400 - (vers) les WISIGOTHS envahissent le Périgord, venus d’outre-Rhin profi tant d’un hiver très ri- goureux pour franchir le fl euve gelé ... Ils s’installent pe t à pe t par l’achat de tènements, proprié- tés terriennes. Preuve de leur présence : les lieux-dits en «GOT» comme TESTAGOT : go = «garnison militaire». 507 - Clovis écrase les Wisigoths. Le Périgord entre dans le royaume des FRANCS.

769 ? - Fonda on par Charlemagne, de l’abbaye de Brantôme. 844 - 848 - Les Normands remontant la Dordogne, dévastent le Périgord et le haut Quercy. Après Bordeaux, les Normands me ent à sac Périgueux. En remontant les cours d’eau, Dordogne, Vézère, même le Caudeau : ils détruisent le monastère de , gagnent Sainte Alvère et Cendrieux qui sont pillés ... 869 - Un ers de la popula on meurt de froid ou de famine.

1080 - Fonda on à Bergerac, du prieuré de Saint-Mar n, par l’abbé de Saint-Florent de Saumur. 1115 - 1116 - Fonda on d’un ermitage qui devient l’abbaye de Cadouin, par Géraud de Sales, disciple de Robert d’Arbrissel. - Consécra on de l’église de Cadouin en 1154 1224 - Jean d’Argentan, Maréchal de France, s’empare de tenue par les anglais. Le Comté du Périgord revient à la France. 1235 - Les anglais s’emparent de Bergerac. 1255 - Fonda on par les français de la bas de de Sainte-Foy-la-Grande. 1258 - Le mardi 28 mai, Traité de Paris entre Louis IX et le roi d’Angleterre Henri III. Res tu on au souverain anglais, du Limousin, du Quercy, du Périgord ainsi que d’une par e de l’Agenais et de la Saintonge. 1284 - Fonda on par les Anglais, de la bas de de Molières. Trop coûteux, les travaux seront arrêtés en 1318 1294 - Le Comté du Périgord est confi squé par le roi de France Philippe le Bel.

1303 - Le Comté du Périgord est res tué à l’Angleterre. 1313 - Dans le Bergeracois, des massacres de juifs sont perpétrés. 1324 - A Bigaroque, les malades de la léproserie et plus généralement dans les environs sont persé- cutés. 1360 - Le vendredi 8 mai, le traité de Bré gny entre le roi de France Jean II le Bon, et le roi d’Angle- terre Edouard III, rend le Périgord aux anglais. Mais, le sud de la région, dans sa presque totalité, n’en a cure et se range du côté français. 1369 - En juin, reprise de la guerre franco-anglaise. Les Français reconquièrent le Périgord. 1375 - Bertrand Du Guesclin s’empare de la place for fi ée de tenue auparavant par les anglais. 1377 - Après maintes péripé es, le Duc d’Anjou chasse les anglais et s’empare de Bergerac.

à suivre au prochain numéro. Vous pouvez me fournir des évenements oubliés par message à [email protected] 26 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Procés peu ordinaire.

Un procès peu ordinaire à CENDRIEUX et PERIGUEUX Par Mireille BERGER.

Un procès a fait grand bruit à Périgueux et Cen- drieux en 1862. Adolphe BROU de LAURIERE, très honorablement connu et es mé dans le village. N’avait-il pas été élu en qualité de Conseiller mu- nicipal aux élec ons de 1848 sans avoir été can- didat ? Ce e élec on avait été cependant annu- lée car « le Président du bureau de vote (Pierre Adrien LAFAYE, notaire) observe qu’au nombre des conseillers proclamés se trouve le citoyen BROU de LAURIERE, prêtre. Ce e élec on ne saurait être maintenue pour deux mo fs, le pre- mier, ent du sacerdoce du citoyen dans la com- mune de Cendrieux et le second de la parenté du surnommé avec le Docteur BROU LAURIERE son Portrait de Jules FABRE (3) frère germain. Signé : le président ». (1) Voici les réquisi ons du président du Tribunal : Adolphe BROU de LAURIERE prêtre dans le village « le 31 juillet 1862 … a endu qu’aux yeux du depuis 1832 vit également une histoire d’amour Code Napoléon, le mariage est un contrat pure- interdite avec Demoiselle Elisabeth FRESSSANGE. ment civil, auquel sont aptes tous les citoyens Pour légi mer ce e situa on, il se défroque et s’ils n’en sont pas formellement déclarés inca- demande l’autorisa on de se marier civilement pables ; qu’on chercherait en vain dans nos lois : refus des maires de Cendrieux et de Périgueux. une prohibi on contre le mariage du prêtre ca- Le Maire de Cendrieux est alors Pierre Adrien LA- tholique, auquel son entrée dans les ordres sa- FAYE, notaire. L’aff aire est portée au tribunal. crés, ne fait pas perdre sa qualité, ni les droits de citoyen ; que la loi des cultes de Germinal an Le procès a eu lieu le 3 février 1862 au tribunal X est tout aussi ne e que le code sur ce point de Périgueux. BROU De LAURIERE avait pris le cé- important ; que là où le législateur se tait, il n’ap- lèbre Jules FABRE pour avocat. Ce procès avait at- par ent pas au magistrat de suppléer à son si- ré beaucoup de curieux (ar cle du chroniqueur lence, en allant chercher dans des considéra ons de « LE TEMPS » (2). M. BOURGADE, Procureur morales et religieuses, respectables sans doutes, Impérial avait conclu à un rejet de la demande mais sans racine dans la loi civique » une prohibi- de M. BROU. Le Tribunal, composé du Président on que celle-ci n’a pas dicté. SAINT ESPES-LESCOT et trois juges avait rendu un jugement de partage : de nouvelles plaidoiries Par ces mo fs, le tribunal … s’en reme ant à jus- devraient avoir lieu prochainement. ce, dit et ordonne que par ces offi ciers de l’état civil (ceux de Périgueux et de Cendrieux) il soit Le 1er juillet, les débats ont repris, toujours sous procédé aux publica ons et célébra on du ma- la présidence de SAINT ESPES-LESCOT. riage de BROU de LAURIERE avec Mademoiselle C’est le jeune et brillant avocat Louis MIE, l’ar- FRESSANGES, ordonne en outre la men on du dent défenseur de la république qui se saisit du présent jugement sur le registre de ladite com- dossier avec son avoué M. BOUCLIER. mune de Périgueux et Cendrieux. (AD, 5U 111) Procés peu ordinaire. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 27

Pierre Adolphe BROU est né le 10 décembre 1807 de Jean Bap ste et Anne BROU.

Il est décédé le 26 juin 1889 à 82 ans, célibataire, au bourg de Cendrieux … Célibataire. Finalement, ne s’est-t-il jamais marié ?

Références 1 - Archives de la mairie de Cendrieux, monographie de Mireille BERGER. 2 - Réf : Gallica, Presse : journal » Le temps du 12 février 1862. Portrait de Louis Mie, sur sa tombe, 3 - L’éloquence de Jules Fabre lui vaudra d’être élu à l’Aca- au cime ère du Nord de Périgueux, démie Française en 1867. Républicain convaincu, ami de où ses cendres ont été transférées. Victor Hugo, ils tentent d’organiser une résistance armée dans les rue de Paris lors du coup d’état du 2 décembre 4 - Louis MIE, né de père et de mère inconnus 1851. Ils échouent. à Tulle, fait son droit à Poi ers et s’installe comme avocat à Périgueux. Il a défendu notamment l’un des principaux accusés de l’Aff aire de en 1870- 1871.

Journée de ba age à Cendrieux. Collec on de Mireille Berger. 28 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Brantôme. la venise verte du Périgord . Dans l’objec f de François SÉNILLON.

Pos virar ton cuel al vent, pas pas lo virar al temps. A la Caterina, tota broca pren racina Brantôme. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 29 30 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Jaure.

Par Jean-Louis FILET.

Situa on. La commune dont le nom le plus ancien est Jaures, comme le pe t ruisseau affl uent du Vern qui li- mite la commune au nord. Un « S » fi nal dont la suppression ne date que depuis 2010, le nom occitan étant Jauré. Une al tude maximum de 221 mètres en forêt au sud, 141 mètres au village et une centaine de mètres au plus bas. En par e boisée on y trouve plusieurs sources. Située à une dizaine de kilomètres de Saint As er et de Neuvic, 25 km au sud-ouest de Périgueux, la commune est ra achée à la communauté de communes « Isle,Vern, Salembre » (CCIVS), fait par e du canton de Saint-As er. Les habitants de Jaure se nomment les Jaurands et les Jaurandes.

Les lieux-dits. Barbecane, Bois de Bellet, Burel, Chabirac, Chanteloue e, Chante-Louve, Jaure, La Forêt, La Lande, La Réfrairie, La Roche, La Vigne Perdue, Lamirand, Le Moulin Neuf, Les Combeaux, Les Combes, Les Fonrouges, Les Gabilloux, Les Grabiaux, Les Juvenies, Les Mérigoux, L’Étang, Maisons Basses, Mère- boeuf. Source Vicomte de Gourgues.

église Saint Firmin. Photo GC.

Un horizon étroit fait de verts coteaux chevauchant les uns sur les autres, de beaux arbres couvrant de leurs frondaisons des sources magnifi ques, sources tranquilles sortant doucement, mystérieusement, des profondeurs des roches obscures, et dans ce nid de verdure émergeant du milieu de ces ombrages et de ce e fraicheur, un vieux manoir que des restaura ons récentes ont rajeuni, tel est le pe t coin de France qu’aff ec onne par culièrement le général d’Obroutcheff . Texte de Charles Daubige du 4 juillet 1891 paru dans le Figaro Jaure. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 31 La pe te et la grande Histoire. maire dans la sacris e de l’église. Le patron tulaire est Saint Firmin (Saint Fer), Membres désignés par l’évèque de Périgueux martyr et évêque d’Amiens. Il est nommé dans : M. Victor Dumas (sera élu président), Jérôme les registres curiaux et sur la cloche qui date de Bourdarie et Auguste Pichot (secrétaire). 1771. Sur laquelle on peut lire : Membres désignés par le préfet : Pierre-Adolphe « Saint Firmin priez pour nous. Haut et puissant Chastanet et François Tilhet (trésorier). seigneur messire Gabriel-Marie de Talleyrand Le 22 novembre 1866, le conseil s’est réuni pour comte de Périgord parrain. Illustre dame Marie arrêter les comptes ; M. Dumas est le maire, on de Talleyrand comtesse de Périgord marraine. Ja- peut lire sans précision de date … Il est dû à la fa- cobus Labat, parrocus Saint Firmin de Jaure. Les- brique par M. Millot pour le produit d’une quête pinasse sindic fabricien 1771 ». faite dans l’église de Jaure par Mademoiselle Ma- Curé au moment de la révolu on : Leyzarnie rie Millot, aujourd’hui épouse de M. le général (+1809). Obroutcheff ….. 42 francs 50. En l’an II M. Lespinasse administrateur entre et Il y a trente-deux kilogrammes de cierges. dénonce les nommés Grabiaud et Barbacanne Le total des rece es est de 489 francs 50 et les de la commune de Jaure comme sédi eux qui dépenses de 230 francs. prêchent la désobéissance à la loi, s’opposent à Le conseil nomme M Millot et Blondy à la place la descente de la cloche pour être conduite au de M Dumas élu maire et M Chastanet démis- district et injurient le curé parce qu’il s’est marié. sionnaire. La commune de Jaure qui était annexée pour le spirituel à la cure de Grignols a été érigée en cha- Les registres. pelle vicariale le 26 septembre 1819. Elle est des- Il est possible de consulter aux AD de la Dor- servie par le curé de Bruc qui y donne une messe dogne, dans la collec on communale des actes à tous les quinze jours. par r de l’an 1606. Parmi les doléances du ers état de 1789 : « On demande qu’il soit mis un frein aux vexa- La fontaine. ons pour la recherche des eff ets de la contre- bande ». Réf AD 24 L759 N° 204. No ce de l’abbé Brugière consul- table sur www.shap.fr

Popula on. Les noms le plus souvent cités : Allemandou, Barrière, Bourdarie, Chastanet, Cuménal, De- farges, Dumas, Gouzou, Hyvert, Lespinasse, Meynardie, Thilet. De 400 habitants au moment de la révolu on, A peu de distance de l’église est une fontaine où ils seront jusqu’à 480 en 1851 et passe sous la ne manquent pas d’aller de nombreux pèlerins barre des 300 à par r de la fi n du 19e siècle parfois venus de loin. Ce e eau en laquelle on pour compter aujourd’hui 155 habitants. a une grande confi ance en par culier on vient y Source Insee 2012. plonger les enfants malades et l’on est assuré que

beaucoup y ont trouvé la guérison. Les habitants La fabrique en 1861. du village venaient s’approvisionner en eau. Installa on du conseil de fabrique de l’église de Jaure Réf. Ad 24 V313 période 1861-1898. En 1785, la fontaine, autrefois dans l’enceinte du Le 8 du mois de septembre 1861 se sont réunis château, est déplacée en vertu d’un accord entre Monsieur Henri Bec curé, et M. Henri Chastanet messire François Ber n d’une part et 32 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Jaure. monsieur Jacques Labat, curé et Pierre Château de JAURE. Delespinasse maître chirurgien d’autre part. Monsieur de Ber n à pris, à sa charge, la construc- Bâ avant 1376, à proximité d’un Cluseau. Une on de la nouvelle fontaine Saint Firmin actuelle cave voûtée du XIVe siècle subsiste encore (en après procès. 1359, il est ques on du «Repayrium du Milis» Il y est indiqué qu’une pe te fi lle, au début du appelé Jaure). XXe siècle y aurait retrouvé la parole grâce à Il avait été pris en 1376, dans les débuts de la ce e eau miraculeuse. guerre de cent ans, par le maréchal de Sancerre Le lavoir a été remis à neuf en 1991. pour le par français. Source Guy Penaud Dic- onnaire des chateaux du Périgord. Il fut ravagé par un incendie au XIXe siècle et a été largement restauré par le général Obrout- cheff . L’intérieur conserve la mémoire très slave du général russe.

Le pigeonnier daté du XVe siècle, avec sa forme singulière par culièrement long et étroit, coiff é d’un haut toit pointu, est diff érent des autres pi- geonniers du Périgord. Il est maintenant aména- gé en habita on. GC

GC Chateau de Jaure. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 33

On y trouve une église de la fi n du Xe siècle (deux siècles avant l’église paroissiale). Samuel de Chaveron y épouse en 1592 Anne de la Barde dame de Jaure sa parente fi lle de Feu Ar- naud de la Barde seigneur de Jaure et de Françoise de Talleyrand de Grignols. Ils sont les parents de Philippe de Chauveron, chevalier de Dussace et de Jaure et de sainte Maine, aussi cité présent sur le lieu. André-Joseph d’Aubusson, 1er du nom, seigneur de Castelnouvel, dit le marquis d’Aubusson, fut page du roi le 1er janvier 1693, capitaine de cavalerie dans le régiment de , dont il devint mestre de camp en 1702, brigadier des armées du roi le 3o janvier maréchal de camp le 1er février enfi n lieutenant-général des armées à la promo on du 7 mars. Il mourut à son château de Jaure en Périgord le 31 juillet 1741. Il avait épousé en juin 1708, Jeanne-Bap ste-Elisabeth-Charlo e de Vernon. (réf : h p://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36861f/f133.item.r=JAURE )

h p://archives-num.cg24.fr/pleade342/img-viewer/etat-civil/Jaure/FRAD02410_5MI06001_002/viewer.html?no=35 Le 8 novembre 1670, baptême au château de Jane d’Aubusson fi lle de Godefroy et Anne de Chauve- ron. Réf B428 (abbé Bruguière).

Plainte de Louis Faure sieur de Laroche ci-devant homme d’aff aires de feu M le comte d’Aubusson contre le marquis d’Aubusson de castelnovel, fi ls ainé du précédent qui l’aurait renfermé au château de Jaure pendant quatre jours sans raison légi me. Le 12 juin 1765 à Villamblard, mariage entre messire François de Ber n écuyer seigneur de Jaure, habitant en son château et demoiselle Marie de Gravier habitante de la présente paroisse. Réf Ad 24 5MI35106_002 page 185.

Acte de vente de la terre de Jaure par le seigneur Pierre Arnaud, vicomte d’Aubusson, de la Feuillade, marquis de Castelnouvel, seigneur de Jaure et autres places [...] et messire François Ber n, chevalier, seigneur de Loursarie, demeurant à Jaure, actuellement à Paris, logé en l’hôtel de M. Ber n. Acte passé devant les Conseillers du roi, notaires au châtelet de Paris le 16 janvier 1767. Source : commu- nica on faite par Jean René Bousquet.

François Ber n était séparé de corps et de bien avec son épouse Marie du Gravier demoiselle de Bonaff on. Elle est décédée à Villamblard en 1830 d’où elle semble originaire. Lui (Ber n) ins tue comme héri ère universelle sa fi lle Marcelle Emilie, fi lle cade e et il fait des legs à ses deux sœurs, l’une pensionnaire à la communauté de la Vale e, l’autre religieuse de la visita on à Bordeaux. (ge- neanet Michel Cabanac). 34 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Château de Jaure. Les foudres du directoire. D’après les recherhes faites aux AD24 par mme Réf K404 (abbé Bruguière h p://www.shap.fr/ Jose e Parfait : brug/G/grignols.pdf) enregistrement de l’achat en 1866 (542 Q 11). L’acte (enfi n sa copie) aurait été versé chez Procès-verbal à l’occasion d’une visite le 10 Chapuis, notaire à Bergerac. Château et dépen- brumaire an II au château de Jaure, à l’en- dances, etang, jardin et prairis et deux taillis contre de Ber n qualifi é de valet de l’aristo- chêne et chataigner pou un superfi cie d’un peu cra e, image vivante de l’an que tyrannie et plus de 36 hectares auquel s’ajoute 20 hectares du sot orgueil nobilier, qui courba si longtemps de bois à Siorac commune de Villablard. Le tout la tête du peuple sous le joug de la misère et pour un montant de 50 000 francs ce qui peut de la douleur, pour avoir découvert dans sa representer aujourd’hui à peine plus de 100 000 maison une li ère portant des armoiries. euro.

Le partage de l’héritage (donc du château de En 1905, sur l’annuaire de « tout sud-ouest » Jaure) avait été fait entre les deux fi lles de Ber n page 1250 on voit comme résident au château de Jaure, le 23 prairial an III. de Jaure : Pierre-Elie Millot ancien receveur des fi nances, frère de Marie Millot et père des ju- Sur le plan du cadastre, vérifi ca on faite par Mi- melles qui sont mariées avec Auber n et Burg. chel Cabanac, la propriété est au nom de Marc La Beylie à Saint-d’E ssac est aussi résidence des Pierre Chastanet, le deuxième mari de Ma- Millot. rie-Madeleine « Marie Sophie » Ber n, fi lle ainée Ber n. Depuis 1911, il est dans la famille Burg, le mari d’une jumelle de Pierre Elie Millot. Marc Chastanet décède au château de Jaure à 66 ans le 16 janvier 1840. Réf Ad 24 5MI06002_051. En 1927. Fait divers : dans le journal « Le château est partagé en 1835 entre Adolphe et Le Ma n » du 1er aout 1927 on peut lire Sophie Chastanet. sous le tre « Un Saint-Cyrien est bles- Ils vendent leur part en 1838 aux frères Thillet, sé par un chauff eur qui prend la fuite ». François et Louis. Nota : mariage de François Thillet employé au Comme il traversait la place de Rennes (à Pa- greff e du tribunal de Bergerac avec Marie Agathe ris) M. Nicolas Burg, âgé de 23 ans élève de Chastanet, fi lle de Marc et de Marie Sophie Ber- l’École militaire de Saint-Cyr a été renversé n. « réf ad 24 5MI06002_014 page 6/13 ». par un taxi dont le chauff eur a pris la fuite. Puis en 1858, à Pierre Benjamin Sacreste. C’est la famille Millot qui y est domicilée alors au châ- Des témoins ont pu donner à M. Pele er, commis- teau. P. B. Sacreste est domicilié à Grabiaux où il saire de police, le numéro de la voiture : 40-22 G 7. décédera en 1892. M. Burg, la jambe gauche fracturée a été Après les ravages de l’incendie, il est racheté par transporté au Val-de-Grâce. Il est le fi ls du le général Nicolas Obroutcheff et son beau-frère colonel Burg, actuellement re ré au châ- Pierre Elie Millot en 1866 qui vont le restaurer. teau de Jaure, par Grignols (Dordogne).

La femna ne fai passar pel la fenestra, mai que l’ome ne fai dintrar per la porta. Général Obroutcheff. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 35 Un illustre à Jaure : le général Nikolaï Nikolaevitch Obroutcheff .

L’alliance franco-russe signée au début des an- Il écrivit : Essai sur l’histoire de la li érature mi- nées 1890 entre la France, à l’époque du pré- litaire puis Commentaire sur les sources docu- sident Sadi-Carnot et la Russie du tsar Alexandre mentaires d’histoire antérieures à 1725. III met en place un accord de coopéra on pour Fut professeur à l’académie d’état-major. contrecarrer la triple alliance de l’empire Alle- Ce dernier avait été aide-de-camp général du mand, Autriche-Hongrie et l’Italie. tsar, chef d’état-major de l’armée russe en 1881, Pour en arriver là, les nombreuses tracta ons vainqueur des turcs dans les Balkans en 1877- pour le plan militaire ont été conduites par le 1878 et nommé en 1893 au conseil de l’empire. général Raoul de Boisdeff re côté français et son Chef d’état-major de l’armée russe, il avait pour homologue russe, le général Nikolaï Nikolaevitch habitude de passer tous les ans, ses vacances à Obroutcheff chef d’état-major général. Jaure. Grand-croix de la Légion d’Honneur. Un Certainement le plus français des généraux instant envisagé comme ministre de la guerre russes, bien connu en Dordogne où après avoir russe, il prenait sa retraite en 1898 pour venir se épousé une française à Paris, il résidait au châ- re rer dans son château de Jaure. teau de Jaure, pendant ses vacances puis à sa re- Une légende raconte qu’Il a connu sa future traite jusqu’à son décès en 1904. épouse lors de son hospitalisa on à Paris suite à une chute de cheval. On la dit son infi rmière, Le général Obroutcheff . mais plus vraisemblablement visiteuse de la Né le 21 novembre 1830 (calendrier julien) à Var- Croix Rouge comme l’écrit Joelle et Michel Ber- sovie où son père, colonel, est en poste et non nard, auteur du livre cité plus loin. Ce dernier, en Saint-Pétersbourg comme indiqué sur son acte voyage d’étude à Paris, était hébergé chez Mon- de mariage. Fils de Nicolas Obroutcheff , qu’il sieur Nicolas Millot dont la fi lle Marie-Léon ne aura peu connu et de Marie Kolotova sa mère qui avait 18 ans. en 1862 est dite inspectrice de la communauté Le charme slave du colonel Obroutcheff a fait le impériale des demoiselles nobles à Saint-Péters- reste !!!. je cite l’auteur du livre. bourg. A son mariage elle est dite sans profession. L’écart d’âge entre eux est de 14 ans. 36 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Général Obroutcheff.

Ils se sont mariés le 11 septembre 1862 à Paris dans le 6e arrondissement. On le dit né le 21 no- vembre 1830 à Saint Pétersbourg. Colonel de l’état-major de la cour impériale à Saint-Pétersbourg, son père Nicolas est décédé. Marie est domiciliée 32 rue de Vaugirard. Ses parents sont dits ren ers. Ils n’ont eu qu’un seul enfant : Illia Nikolaevitch en 1863 qui décèdera dans son jeune âge.

La famille Millot. Périgueux, + juillet 1905). Ils auront deux fi lles Marie Léon ne est la fi lle de Claude Nicolas Mil- jumelles nées à Tours le 30 janvier 1868 : Césa- lot et Césarée ou Césarine Joséphine Lefèvre rine Angélique Marie et Marie Henrie e Lucille. née le 25 février 1844 à Paris 16e. En 1867, le 28 août, on enregistre à Jaure le dé- Elle a un frère Eugène Pierre Elie né le 24 juin cès de Claude Nicolas Millot agè de 69 ans. Il est 1840 à Passy. Il sera maire de Jaure en 1907- domicilié au château de Jaure et son épouse Cé- 1908 où il décèdera en 1909. Employé des lignes sarine Lefèvre serait domiciliée 15 rue Madame télégraphiques (1868) percepteur receveur des à Paris. Il était né à Saint Dizier en Haute-Marne. contribu ons directes de la quatrième division de Bordeaux, demeurant à Bordeaux puis en Le cime ère de Jaure regroupe l’ensemble de 1907 à Périgueux 27 rue de Metz, lequel a épou- la famille Millot à l’excep on du général dont la sé Henrie e Marie DUMOULIN (̊1843 à tombe est à Saint-Pétersbourg .

photos GC Général Obroutcheff. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 37 La vie de château. Quand l’éminent soldat qui est à la tête de l’état-ma- A l’issue de son mariage et pendant le jor général de l’armée russe peut dérober à ses ab- temps de son ac vité, la vie se passe à sorbantes occupa ons quelques journées de loisirs, il Saint-Pétersbourg où Marie Léon ne prend le train et, après avoir fait plusieurs milliers de a été admise au nombre des dames de kilomètres arrive sans bruit à Jaure(s), en veston, les l’ordre de Sainte-Catherine de la deu- mains dans les poches, comme un bourgeois qui vien- xième classe. (réf Figaro du 10/08/1896). drait à sa campagne. Une demi-heure après, il est dans ses champs, au milieu de ses travailleurs, respirant à C’est avec Pierre Elie son beau-frère que pleins poumons, admirant la jolie nature qui l’envi- le général achètera le château en août ronne et trouvant dans ce e contempla on un charme 1866. apaisant qui pénètre et repose. Tous les ans, il viendra y passer ses va- D’une rare aménité, aux allures ouvertes et accueil- cances, pour y fi nir ensuite sa vie. lantes, le général est très populaire dans le pays. Mme Obroutcheff (née Millot), qui est Française, a conquis, Ses allées et venues en France, à Jaure et elle aussi, par son extrême bonté, les respectueuses même en cure à Vichy sont souvent sou- sympathies de tous. lignées dans la presse na onale mais au- Hélas ! La bonne dame et son mari ne font pas un long cune men on dans « l’Avenir Illustré de séjour à Jaure (s). Quarante-huit heures au printemps, la Dordogne » (dont les numéros com- trois semaines à l’automne et c’est tout. mencent en 1900). En septembre, Jaure(s) reçoit de nombreuses visites. C’est l’époque de la villégiature ; tout le monde est aux A l’occasion de ces grandes récep ons, champs. C’est aussi la période des grandes manœuvres, il est dit que les pauvres et mendiants y et si d’aventure il arrive qu’un régiment passe de ces trouvaient toujours un accueil bienveil- côtés, il est cordialement fêté par les châtelains. Il y a lant. deux ans, le 108e qui regagnait Bergerac, sa garnison, Pour vous donner une idée, je cite s’arrêta à Jaure (s). Le général d’Obroutcheff ouvrit l’ar cle de Charles Daubige du 4 juillet toutes grandes les portes de son château et insista pour 1891 paru dans le Figaro (Numéro 187): avoir à sa table le corps en er des offi ciers. La musique du régiment qui jouait dans les jardins a aqua soudai- nement un air dont les premières notes allèrent droit au cœur du général. C’était la marche russe. Chaque année, à la Saint-Firmin, vers la fi n septembre, Jaure(s) célèbre sa fête patronale. A ce e occasion, M et Mme Obroutcheff se mêlent aux groupes des pay- sans venus de toutes parts à la frairie. Le soir, le château s’illumine et le général fait rer un superbe feu d’ar fi ce. D’un autre côté, la terre périgourdine a séduit un autre russe, ami du général, le comte Pratazoff , propriétaire à la Beylie, non loin de Jaure(s) à Saint-Jean-d’Es ssac. Couverture du livre de Michel Bernard et Joëlle Le Pontois Bernard. Edi on 2011 Decal’âge produc ons. Livre à commander à M & Mme Bernard, Chabirac haut 24140 Jaure 28 € plus 5 € frais d’envoi. h p://ekladata.com/AxY2j-vfGYjxHWLXmuSkLR0eGH8/ Knol-General-N.N-Obroutcheff .pdf 38 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Général Obroutcheff.

Fin de vie.

Le vendredi 8 juillet 1904, deux offi ciers, le capitaine Auber n et le lieutenant Burg se présentent à la mairie de Jaure pour déclarer le décès du général Nikolaï Obroutcheff . Les deux offi ciers du 15e régiment de Dragons sont ses neveux. Il était âgé de 74 ans, en retraite depuis 1897 qu’il passait dans sa propriété familiale de Jaure et il avait l’habitude de par ciper ac vement à la vie du lieu.

Les obsèques seront célébrées le 15 juillet 1904, en l’église russe de la rue Daru à Paris. Le corps étant arri- vé la veille de Neuvic. Après la céré- monie, le corps a été replacé sur le corbillard, après un défi lé militaire, nombreuses personnalités ont suivi le corps jusqu’à la gare du nord où ensuite il par t pour Saint-Péters- bourg. Une cérémonie religieuse devait avoir lieu dans l’après-midi à Jaure. Elle a été contremandée à la suite du refus fait par le curé de Grignols de réciter des prières sur le cercueil du général, qui n’est pas catholique romain, mais grec orthodoxe. Le vicaire général, consulté par dépêche n’a pas cru devoir forcer la résistance du curé.

Un an plus tard, son épouse décedera à Paris 15, rue de Chateaubriand à l’âge de 62 ans, le 1er juin 1905. Elle est inhumée dans le cime ère de Jaure avec sa famille.

Le journal « Sud-ouest » en a parlé à l’occasion du centenaire de la mort du général, le 4 Janvier 2004 et 14 juillet 2004.

A Thiviers, pour commémorer ce e alliance Franco-Russe et la venue du tsar à Paris, un hôtel se nomme de France et de Russie. Diffi cile de dire s’il a reçu un jour des personnalités russes bien qu’ils disent sur leur site internet que les produits du terroir local (foie gras, truff es, champignons) étaient fort appréciés à la cour du Tsar à Saint-Pétersbourg.

photo SC Général Obroutcheff. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 39

Les nièces.

Le 17 aout 1896, est célébré dans la pe te église de Jaure le mariage de Lucien Auber n, lieutenant au 20e régiment de Dragons de Limoges avec Céles ne Millot qui aura pour témoin les généraux Obroutcheff son oncle et le général Varaigne. acte ci-contre réf AD24

Le jeudi 22 septembre 1897, à Jaure est célébré le mariage de Charles Burg, lieutenant au 20e régiment de dragons et Mlle Ma- rie Henrie e Lucie Millot, sœur ju- melle de Céles ne, née à Tours le 31 janvier 1868.

Dans la famille on dit que Marthe DUBET (cousine de ma belle-mère) épouse d’Alphonse BURG était allée en 1914 chercher son mari près du front car elle ne voulait pas croire qu’il était mort. Capitaine, offi cier d’Etat-major au 100e régiment d’infanterie, matricule du Rotary 100 776 au corps classe1895 n°349 au recrutement Evreux, tomba glorieusement au combat de Flabas (Meuse), le 27 août 1914, blessé d’une balle au ventre, laissé pour mort, dépouillé de ses aff aires par des voleurs. Il arrive à monter sur une remorque de muni ons, il est hospita- lisé, jugé inopérable, puis ramené à Razac par sa femme. Il succombera le 03 décembre 1914. Marie-Chantal Fréchou Gobert.

La dernière ques on à résoudre : A quel moment la famille est venue en Dordogne ? Il est évident que la famille Millot (père) n’est pas propriétaire du château avant l’achat par les deux beaux-frères fi n août 1866. Cependant au vu de l’acte on peut penser qu’ils etaient déjà résidant avant l’achat.

Il y a aussi un don de mademoiselle Millot donc avant 1862, à la fabrique. Donc ils étaient déjà là avant l’achat du château. Avant 1868, un Millot est élu à la fabrique, le père ou le fi ls ? sachant que le père décéde le 28 août 1867 à Jaure.

Remerciements aux nombreuses personnes qui m’ont aidé à écrire sur ce passionnant sujet. Marie-Chantal, apparentée à la famille Burg, ini atrice, Annie-Alice, infa gable chercheuse, Sébas- en, pour son aide aux ad, Geneviève, pour ses photos, Joelle et Michel Bernard, auteurs du livre pour leur éclairage. Michel Cabanac et Sylvain Maheo du groupe Yahoo « notables de nos provinces » Jose e Parfait, sans oublier Michel et Mireille. 40 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Croix et Calvaires.

CROIX et Calvaires Par Geneviève COULAUD.

On trouve en Périgord, d’innombrables croix : de chemin, de dévo on, de processions, de limites terriennes. Elles sont en général très simples, mais aussi travaillées, faites de bois, de pierre, de fer forgé. Autrefois nos ancêtres y faisaient processions et dévo ons, certaines sont encore fl euries. <-- Saint-Jean-de-Côle croix du XIXe siècle, située devant la halle. GC

Cendrieux, croix restaurée par le compagnon du devoir « le Bordelais « Alias David Coulaud ». GC

<-- Sergeac. Croix hosanière ou de carrefour du XVIe siècle. On peut y reconnaître, Saint Jean, la Vierge et au milieu le Christ. GC Croix et Calvaires. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 41

<-- Cendrieux. MB

GC Labouquerie --> Croix du XVIIIème siècle avec une base en terre et un soubassement en forme de tombeau.

<-- Sainte-Croix-de-Mareuil Monsec --> MPBB

Pique-nique FB CdA 42 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Périgord-Quebec.

France-Québec. Par Gisèle OLIVE. Commémora ons à Thiviers 19 Septembre 2015.

Créée depuis 1978, l’Associa on Périgord Qué- par les Iroquois dans nuit du 5 Aout 1689, avec bec, une des régionale de France-Québec, qui 200 autres habitants de ce lieu. Seules deux en- œuvre pour des rela ons Franco-Québécoises fant échappèrent à cet eff royable carnage. diverses. Cependant une descendance se retrouve encore au Québec. Entre autres, les Lieux de Mémoire. À ce sujet, chaque régionale de France-Québec a fait un ou- Soldat du régiment vrage recensant les migrants par s de leur région pour aller coloniser la Nouvelle France au 16e et 17e siècle. Sous le Titre de « Ces Villes et Villages de France Berceau de l’Amérique Française ».

Pour Périgord-Québec, nous avons dénombré une centaine de personnes. A ce jour nous avons commémoré dans diverses villes de notre région, 25 migrants.

Au début des années 1660, le Périgord endure de terribles hivers, qui causent, famines, et peste. Dans ce contexte une trentaine de périgourdins s’exilent en Nouvelle-France, comme colons ou Carignan-Salières militaires.

Donc l’automne dernier, le 19 septembre 2015 avons honoré cinq migrants par s de Thiviers, ce François DEGUIRE dit Larose, né vers 1643 à furent : Thiviers au Hameau du Mur. Il est sserant. Fils de Charles et de Jehanne Drouyade. François Pierre BARBARY dit Grandmaison, né vers par ra aussi avec le régiment de Carignan et sera 1650 à Thiviers, fi ls de Pierre et de Marguerite dans la Cie de Saurel. Beloy. Après le licenciement de son régiment et le retour C’est en 1664 que le Régiment de Carignan-Sa- de celui-ci en France, François choisira comme lières s’arrête dans ce e ville (il avait déjà traver- beaucoup de ses compagnons de rester en Nou- sé la France venant du Dauphiné). velle-France. C’est alors qu’il épousera à Saint A Sarrazac il avait enrôlé quatre jeunes gens Ours le 12 septembre 1669 Marie Rose Colin une (Thony Emery dit Coderre, Jean Gazaille dit St « Fille du Roy ». Ils eurent neuf enfants. Au cours Germain, Pierre Dextra dit Lavigne et Jean Belet du temps, certains a eindront une belle notorié- dit Gazaille). té, ils seront religieux ou maire, comme François Pierre sera dans la Cie de Contrecoeur. Il se ma- Deguire Maire de Saint Laurent (1890-1902). rie à Montréal le 24 février 1668 à Marie Lebrun. Dès les premières généra ons on trouve des ma- Ils eurent dix enfants et habitèrent à Lachine (ac- riages entre « Pays » comme on dit. Tel que avec tuellement banlieue de Montréal). C’est dans ce des Cousineau de Jumilhac le Grand, les Gazaille lieu que presque toute la famille fut massacrée de Sarrazac. Périgord-Quebec. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 43

Au fi ls des généra ons le nom DEGUIRE dit troisième mariage. Larose, se transforme : les uns opteront pour le Thomas décéde le 25 mars 1696 à Montréal, et premier et les autres pour Larose. son épouse Françoise se remariera en 1697 pour Une nombreuse descendance se retrouve non la 4e fois... seulement au Québec, en Ontario mais aussi au USA dans plusieurs Etats. Nous n’avons pu trouver les actes de naissance de ces personnages. Les archives de l’état civil de Son frère Sicaire DEGUIRE dit Laprairie né lui Thiviers ne commençant qu’en 1676. aussi à Thiviers, arrive en Nouvelle France avec son frère dans le même régiment. Mais lui sera Ces commémora ons furent très émouvantes comme Barbary dans la Cie de Contrecoeur. puisque nous avions un représentant des Deguire Il s’installe dans la région des Grands Lacs et res- du Québec en la personne de Gilles Deguire et de tera célibataire. On perd sa trace à par r de 1689. son épouse Dana, et sept personnes venant du Lot et Garonne représentant les Guire de France, Julien DUBORD dit Lafontaine, né lui aussi à dont Yolande Beck né Guire et sa famille. (Il faut Thiviers vers 1636, il est le fi ls de Louis et de noter ici qu’à l’origine le nom est Guire, que l’on Catherine de la Brugière. Il est tailleur (sans retrouve sur les actes). doute tailleur d’habits). Il par ra comme ses quatre amis avec le Régiment de Carignan et sera Je suis heureuse d’avoir pu être à l’origine dans la Compagnie « La Fouille ». de ce e rencontre, qui maintenant est suivie Aprés le départ du Régiment pour la France, il se d’échanges entre « cousins ». fi xe à Champlain, où il épouse le 12 février 1670 Catherine Guérard, na ve de Paris. Le couple En 2015 a été fêté le 350e anniversaire de l’ar- aura dix enfants. rivée du Régiment de Carignan-Salière en Nou- Julien décéde à Champlain le 2 avril 1715 et son velle-France. Le 19 juin a été célébré le souvenir épouse 22 ans plus tard. de cet événement à l’Hôtel de Ville de Montréal en présence de nombreux descendants de nos Thomas MORTESEIGNE dit Labonté, né lui migrants dont mon ami Fleurent Emery-Coderre. aussi dans ce e même paroisse vers 1660, il est Ce e manifesta on était présidée par Denis Co- le fi ls de Jean et de Françoise Denisay. derre Maire de Montréal et descendant lui aussi Lui par ra pour la Nouvelle France avec les de Thony Emery dit Coderc de Sarrazac par en Troupes de Marine, Cie de M. de Cruzel. Il épou- 1665. sera à Montréal le 5 février 1690 Françoise Saulnier, na ve de Paris, ils n’eurent pas d’enfant. Françoise Saulnier en était à son 44 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Arnaud de Cervole.

ARNAUD DE CERVOLE. Par Nicole SARREAU.

Fils cadet de la famille des seigneurs de Cervole situé à la limite de la Gascogne et du Périgord. Il est né vers 1300/1320. Adulte, il entre dans le clergé. Il devient archi- prêtre de Vélines dans l’évêché de Périgueux qui est possédé par Arnaud à tre héréditaire. Comme laïc, il en percevait les revenus. Plus a ré par le brigandage que par la prière, re- connu clerc indigne en 1347, son bénéfi ce lui est re ré. Commence alors une réelle carrière de brigan- dage dans la région de Bordeaux, mais il par - cipe aussi du côté français à des ac ons militaires © (Région Poitou-Charentes, Inventaire du patri- vers 1350. moine culturel. L’archiprêtre se fait alors un nom dans le milieu des mercenaires et dans la prise des châteaux En 1356, il combat à la bataille de Poi ers où il par l’escalade. fut prisonnier et rapidement libéré. Il fut un brigand dans le sens médiéval du terme Après la bataille de Poi ers, il lève plusieurs com- (en tant qu’homme de guerre), il fut aussi voleur pagnies de rou ers qui rançonnent le Pape à Avi- et pilleur. gnon et pillent la Bourgogne. Pour le contrer, le sénéchal de Provence fait appel au comte d’Ar- magnac avec 1000 soldats. Ils furent tout aussi terribles que les rou ers. En 1359, le conseil du roi lui confi e la garde du Berry, mais après la paix de Bré gny (1360) il ras- semble de nouveaux rou ers et ravage la Bour- gogne. Il reviendra ensuite comba re pour le roi Charles V.

Après diverses batailles, en 1365, le duc de Bour- gogne lui propose de conduire les grandes com- pagnies en croisade contre les Turcs (cela permet Malgré sa pe te noblesse son ascension fut ful- de sor r ces compagnies du royaume de France). gurante et ses succès étaient dus essen ellement La croisade a le sou en du Pape et de l’empe- à son état de chef de compagnie. reur Charles IV qui préfèrent tous deux le savoir La guerre de cent ans lui permet de s’enrichir. au loin. Outre Jean le Bon qui lui octroie une rente de 200 livres pour la reprise de plusieurs châteaux, le roi L’archiprêtre part avec une armée qui ne dépasse lui donne la seigneurie de Châteauneuf-sur-Cha- pas Strasbourg mais ravage les Vosges, la Lor- rente en 1354 et le nomme capitaine de Beau- raine et les bords du Rhin. mont le Roger et chambellan de France. Début 1366, il part dans la croisade organisée par Amédée VI comte de Savoie. Arnaud de Cervole. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 45

A. de Cervole, suite et fi n.

En route, le 25 mai 1366, alors que son Le Porc de Bergerac. armée campe près de Mâcon avant de traverser la Saône, il est tué par un de ses soldats. Nous avons un miracle tout frais pondu dans la Dordogne et le journal de Bergerac lui fait les hon- neurs de ses colonnes. Sans vouloir ranimer une querelle bruyante, je de- mande à tous les gens de bonne foi s’il est permis au dix-neuvième siècle de raconter gravement ceci : Un paysan, esprit fort, fait venir son curé pour une maladie qui a « dit-il » besoin de son ministère. Le paysan le conduit à l’étable, lui montre son porc qu’on allait aba re : c’était le malade. La plaisanterie est bien d’un rustre, mais vous al- lez voir si la puni on n’est pas étrange : Quelques instants après, la famille de Jacques se réunissait pour prendre le repas du soir, mais Jacques n’y était pas. On le chercha vainement au- tour de sa demeure, dans tout le reste de sa com- Chevalier des grandes compagnie portant mune et dans les environs… Il avait disparu. le balson de B. du Guesclin La nuit se passa dans les angoisses… Le lende- © h p://www.lemiroirdutemps.com/ar- main, le boucher arriva pour aba re l’animal. On cle-32565916.html n’y pensait plus. Un domes que ouvrit l’étable ; mais, ô surprise incroyable ! Au lieu d’un porc, il s’en trouvait deux, de grosseur pareille, de même Il avait épousé en 1357, Jeanne de Gracay, couleur, en un mot en èrement semblables. veuve d’André de Chauvigny et en 1365 Devine si tu peux et choisis si tu l’oses. Jeanne de Châteauvillain dont l’époux avait L’un c’était le porc …, l’autre c’était son maitre. été tué à la bataille de Poi ers. Lequel des deux frapper. On les a provisoirement gardés tous les deux et ils sont « traités avec les Sources Gallica et Wikipédia. plus grands égards », dit le journal de Bergerac. M. Meilhac voudrait faire la belle Hélène du ca- tholicisme qu’il ne trouverait pas mieux que ce e bouff onnerie.

Le paysan restera-t-il porc ? Prononcera-t-on son interdic on ? Sera-t-il considéré comme mort ci- vilement ? Autant de ques ons légales qui ne peuvent manquer de surgir et au courant des- quelles le Journal de Bergerac nous endra cer- tainement. Réf. : Le Figaro du 28 avril 1868, N°119 page 2. Gallica. 46 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Notables à Montpon.

Iden fi ca on de notables à Montpon en 1679. Par Didier BOUQUET.

A chaque fois que je rencontre un acte notarié « avoir vécu jusqu’à présent dans la religion avec de nombreuses signatures, j’ai l’œil qui est prétendue réformée et ayant voulu pour son tout de suite a ré. Cela arrive souvent quand salut qui er ce e hérésie et faire profession il s’agit d’un contrat de mariage de notables ou dans la religion catholique, apostolique et ro- de nobles. Les nombreux témoins présents à maine, elle se serait adressée à Maître Pierre la signature du contrat a estent leur présence GARCELON docteur en théologie prêtre et et c’est un régal d’avoir la page pleine de ces curé de la présente paroisse et iceluy supplié preuves de vie. très humblement, étant à genoux au devant le grand autel de la présente église de lui Au départ, j’aurais voulu vous analyser une de ces vouloir donner l’absolu on de ladite hérésie pages mais la présence de nombreuses femmes avec protesta on qu’elle vivra désormais de non iden fi ées rend le travail plus diffi cile. la foy et religion catholique, apostolique et romaine… », J’ai préféré cet acte. le curé lui donne l’absolu on et à la fi n de l’acte de nombreux notables signent l’acte. Le 25 mars 1679 (AD24 3E27), Marie REY fi lle de feu Pierre REY et de Yzabeau MONTMOREAU J’ai essayé d’iden fi er les signataires, tous no- na ve du village de Montmoreau paroisse de tables de la ville de Montpon et la paroisse de Saint Méard comté de Gurson habitant la ville de Ménestérol. Montpon déclare Notables à Montpon. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 47

[1] Pierre GARCELON, curé de Ménestérol, son premier acte de baptême pour lequel il offi cie est du 3 avril 1672. Il succède à Maître SANY. Il manque beaucoup de registres pour ce e paroisse à la fi n du XVIIe siècle.

[2] François BECHEAU, pra cien, notaire royal, fi ls de Jean et Marguerite DELAGE, il est bap sé à Ménestérol le 28 juin 1626 (c’est le premier acte du registre de baptême), parrain : François BAR- DINAUD et marraine Marie BECHEAU fi lle de feu Maître Pierre procureur en son vivant. Il épousa Anne VAREILHE, probablement sa cousine, fi lle de Jacques et Marguerite DELAGE et décéda le 17 juillet 1684 à Montpon (inhumé dans l’église de Ménestérol). Je suis en train de préparer un ouvrage consacré à sa famille.

[3] François FORESTIER Maître apothicaire, fi ls de Jean et Jeanne NALARD, il épouse en premières noces Marguerite DELAGE (fi lle de Jean et Marguerite MAILHETAS) et en secondes par contrat du 12 juillet 1655 (AD24 3E19) Louise BERNARD de Festalemps fi lle de Jean et Jacque e THOUZAUD.

[4] Jean DEMOY, Maître cordonnier, fi ls d’E enne et Marie DE BESSINES, il épouse par contrat du 9 décembre 1671 (AD24 3E25) Renaude TEMBLAIRE na ve de Saint Palais en Saintonge, fi lle de Jacques et Françoise VAILHANT, domes que de Suzanne Henrie e de FOIX de CANDALE dame de Montpon.

[5] Marc BARAT notaire royal et procureur postulant à Montpon en 1681, fi ls de feu Pierre BARAT notaire royal (AD33 3E47577) et feue Marguerite PORTIER (décédée avant 1659).

[6] Jean VAREILHE Maître chirurgien, dit le jeune, fi ls de Bernard et Catherine MESFRET, il épouse par contrat du 5 octobre 1681 (AD33 3E47577) Marie DUMAS de Ménesplet, fi lle de Jean et Marie MIRAMBEAU, il teste le 24 août 1695 (AD24 3E59) dont trois fi lles.

[7] Léonard MOULINIER, Sieur de la Lande, fi ls de François MOULINIER et Peyronne COQ, épouse par contrat du 15 septembre 1664 (notaire Dubois cité dans inventaire) Louise DURANDEAU fi lle de François. Il meurt sans postérité à Ménestérol le 17 mars 1708 (inventaire du 28 février 1709 – AD24 3E32).

[8] Pierre AYMERIC dit Denord, né au Pizou fi ls de Mondin AYMERIC (décédé le 6 février 1648 au Pizou, inscrit à Ménesplet) et Isabeau DENORT, il épouse Peyronne POINTET.

[9] François JOYEUX, clerc puis notaire royal à Montpon, fi ls de Pierre JOYEUX et Marie MARON- NEAU, il épouse en 1ères noces Marguerite RINGUET fi lle de Bernard et Marie DEMOY et en 2ndes Marie MARTIN.

[10] Jean MIRAMBEAU, notaire royal, fi ls de Daniel et Charlo e MENUD, bap sé le 27 mai 1625 à Ménestérol (parrain : Jean MIRAMBEAU, marraine : Marie MIRAMBEAU, il épouse Guilheme e VAREILHE. Ce sont ses archives qui composent les liasses 3E19 à 3E27 aux AD24. Il est décédé vers 1679. 48 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . L’arbre de la liberté.

L’arbre de la Liberté. par Jean-Louis FILET.

L’arbre, tout un symbole, de tout temps, on l’u lise pour la paix, la liberté, l’alliance, donner la jus ce et même on a ribue à un pommier, une histoire de début du monde.

Une rencontre, un événement, on plante un arbre. Au quo dien, il est aussi présent dans notre portemonnaie …

Parmi les plus anciens, il y a les lleuls dit de Il devient centre de rassemblement, symbole de « Sully » dont quelques rares spécimens existent régénéra on et de croissance, un monument na- encore en France. onal sacré et très protégé contre les a entats Au début du XVIIe siècle, Sully, ministre d’Henri perpétrés par les adversaires du régime. IV et grand voyer de France (aujourd’hui on dirait Sa planta on, souvent associée aux autres fêtes Ponts et Chaussées) ordonne de faire planter des civiques, donne cependant lieu à une cérémo- lleuls ou des ormes dans les villages de France, nie spécifi que, codifi ée, qui fait la part belle à devant la porte de l’église ou sur la place prin- la jeunesse. L’arbre révolu onnaire, greff é sur cipale. Ces arbres étaient des nés à abriter les la culture populaire, mélange d’archaïsme et de assemblées des villageois tenues au sor r de la nouveauté, annonce l’épanouissement de la re- messe pour traiter des aff aires de la paroisse. ligion civique du XIXe siècle, au cours duquel sa résurgence témoigne de la vivacité de sa charge Plus tard, lors de la révolu on, la république se symbolique. met en place en 1792, alors chaque commune est tenue de planter un « arbre de la liberté » et Changement de régime, et haro sur ces symboles d’élever sous son feuillage un autel de la Patrie, d’une époque révolue. Sous la Restaura on, ces lieu des cérémonies civiques. arbres sont arrachés par centaines, et souvent Cet arbre est le symbole du succès de la Ré- remplacés par des croix. volu on sur l’Ancien Régime et ses privilèges. Ce e liturgie expiatrice et réparatrice, signe de la reconquête catholique, est comba ue au len- demain de la révolu on de juillet 1830, et les arbres replantés forment autant d’« an croix ». La révolu on de février 1848, qui est suivie d’une éphémère période de fraternisa on générale, contraste avec l’an cléricalisme de 1830, car elle donne lieu à une mul tude de planta ons d’arbres bénis par le clergé.

Enfi n, malgré la répression an républicaine qui, après le coup d’État de décembre 1851, se tra- duit par un arrachage systéma que, l’arbre réap- paraît en 1871. Photo de la Poste lors du bicentenaire. L’arbre de la liberté. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 49 En Dordogne, ils sont donc très rares, ceux qui ont survécu à toutes ces périodes d’arra- chages.

Le lleul de la couverture de ce bulle n, toujours debout à Angoisse, se trouve sur la place principale de la commune d’Angoisse correspond à l’arbre dit de la Liberté, planté en 1794 et cité dans les archives municipales.

Photo MB (source Conseil régional d’Aquitaine). Cependant, la rumeur locale l’appelant « l’arbre de Sully » voudrait donc situé sa plan- ta on au début du XVIIe siècle.

Photos VL & HSR Celui de Tamniès arbre creux bien fragile (ci-contre) situé entre la mairie et l’église a été planté le 14 juillet 1790 pour célébrer le premier anniversaire de la révolu on. 50 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . L’arbre de la liberté.

La Mort brutale de l’arbre de la Liberté à Cendrieux. par Mireille BERGER.

Un lleul, arbre de la liberté planté en 1792 L’arbre de la liberté est donc mort de mort bru- comme dans toutes les communes de la nouvelle tale, le nommé CHADOURNE aidé de quelques république de France, se dressait fi èrement au autres fi nirent de le couper, de crainte qu’il ne milieu de la place de Cendrieux. tombe sur un passant. Les habitants de la com- mune ont été invités le 10 nivose de l’an 6 (Jan- Les enfants aimaient bien s’amuser sous son vier 1798) à la planta on d’un jeune peuplier « ombre à la sor e de l’école. Or, l’après-midi du vivant avec ses racines, qui sera toujours regardé 30 thermidor de l’an 5 (juillet 1797), l’Agent Mu- par les républicains, comme un symbole de la li- nicipal chargé de l’ordre dans le bourg est alerté berté » (AD, DEP : 294). par un bruit, un bruit caractéris que et émanant du symbole de la Liberté : L’arbre a été aba u le 19 novembre 1922 « Comme nous sommes sor s de notre maison par décision du Conseil municipal, et sommes allés pour nous informer quels étaient « car il menaçait ruine ». (Archives municipales) les auteurs de ce bruit » … déclare l’agent mu- nicipal dans son rapport (AD, Dep 294) « étant arrivé sur la place, nous avons vu les élèves de l’ins tuteur au nombre de 6 ou 7 ». Les enfants, à la vue de l’uniforme, s’éparpillent chacun de leur côté, « afi n que nous ne puissions pas découvrir le dessein qu’ils avaient » … de couper l’arbre ! Les élèves avaient oublié le « achereau » planté dans le tronc de la vic me, coupé à moi é. Les délinquants ra rapés, « nous les avons interpel- lés de nous dire qui leur avait commandé ou de qui ils tenaient ces ordres, mais chacun se recon- naissant coupable ont refusé de répondre ». Le « achereau » avait été emprunté à la citoyenne veuve LASSUDRIE : « il l’avait pris sans ses ordres et après leur avoir fait connaître les dangers qu’ils courraient en fai- sant pareille entreprise, ils m’ont paru avoir un grand repen r, sur quoi leur avons fait quelques semonces et promis que s’ils y revenaient, de les faire punir d’un pareil délit. »

Finalement les enfants s’en rent bien et l’en- quête se termine ainsi. Le mystère restera en er : les enfants ont-ils agi seuls ? Ont –ils été com- mandités par quelque âme non républicaine ? Les autorités de la commune ont préféré clore le dossier. Cpa collec on privée MB. L’arbre de la liberté. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 51

En 1848, la planta on des arbres de la liberté s’eff ectue dans un contexte plus pacifi que.

À Saint Julien-de-Lampon, un marronnier, planté près de l’église sym- bolise la liberté. Il date de 1848. Il est parmi les arbres de la liberté, l’un des plus rares de France existant encore à ce jour. Aujourd’hui, le monde moderne met sa vie en danger pour des contraintes d’agrandissement des trot- toirs suivant les « normes ».

photo HSR

Rappel historique : 14 juillet 1789 : prise de la Bas lle. 21 septembre 1792 aboli on de la monarchie par les députés de la conven on et début de la première république dont le calendrier républi- cain commence le 22 septembre. Fin juillet 1830 : Les trois glorieuses, trois jours de révolte transformés en deuxième révolu on et fuite de Charles X. Louis-Philippe Ier est proclamé « roi des Français » et non plus « roi de France ». Février 1848 : Troisième révolu on, Louis Phi- lippe est contraint d’abdiquer. Le 24 février, Lamar ne proclame la deuxième république. Les élec ons verront Louis Napoléon Bonaparte en devenir le président. Ce dernier par un coup d’éclat y me ra fi n et débutera le second em- pire avec un pouvoir accru de l’église Catho- lique. Fin 1870 : Fin de la guerre Franco-allemande. Capture de Napoléon III. Fin janvier, nouvelles élec ons et début de la troisième république proclamée par Gambe a. 52 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Maïade. L’Arbre des élus. L’arbre de Mai.

La «maïade» est une fête en l’honneur des hommes de la révolu on un symbole qui leur sur- nouveaux élus, elle consiste à planter le «Mai» vivra et qui doit fi xer pour les généra ons à venir, (selon le pe t Larousse : arbre enrubanné que l’esprit de la liberté et des droits de l’homme. l’on plantait autrefois le 1er mai en l’honneur de Dans le monde occitan : en Corrèze, mais aussi quelqu’un). en Dordogne, la coutume de planter un arbre de Un arbre, pas un simple poteau. mai en l’honneur des élus locaux est très vivace. C’est devenu une tradi on régionale qui se per- Les hommes vont chercher l’arbre dans la forêt. pétue dans quelques villages à chaque élec on Puis on le décore de drapeaux, rubans, d’une municipale, un arbre est planté à la gloire des pancarte portant l’inscrip on «Honneur à notre nouveaux élus. élu(e)». Puis on dresse l’arbre devant la maison Tradi on ancienne puisque c’est en 1790 qu’un de l’élu qui, en remerciement doit régaler gé- curé de la Vienne eut l’idée de planter un arbre néreusement ses électeurs. Selon les endroits, pour fêter l’installa on des autorités munici- ce e tradi on s’est étendue aux patrons d’une pales. La légende révolu onnaire veut que ce e pe te entreprise («Honneur au patron»), aux planta on ait lieu au mois de mai, d’où le nom couples nouvellement installés dans une maison que l’on donnera par la suite aux «arbres de Mai» et aux mariés. Dans ce dernier cas, le plantage qui seront plantés un peu partout en France au de l’arbre se fait quelques semaines avant le ma- cours des insurrec ons de 1790. riage et est l’occasion d’une fête moins formelle entre habitants du village. Il arrive alors que l’on enterre une ou plusieurs bouteilles au pied de l’arbre. Celles-ci seront bues à la naissance du premier enfant.

Photos KT et VL

Le «Mai» est tout à la fois émeu er et symbole de joie. Planté spontanément, au milieu de la liesse po- pulaire, il symbolise l’adieu au vieux monde et la naissance du nouveau monde. Ce n’est que quatre ans plus tard que «l’arbre de Mai» désor- mais «arbre de liberté», devient une véritable ins tu on, puisque c’est en 1794 qu’est publiée la première loi concernant ce e tradi on.

Paré de jus fi ca ons offi cielles et érudites, l’arbre de la liberté n’en reste pas moins pour les Photos VL Maïade. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 53

Après avoir cherché en Dordogne, on s’aperçoit que ce e tradi- on est très présente dans le Salardais où en plus des élus on y voit les entreprises, patron ou patronne à l’honneur (pas mal à l’époque de la discussion de la loi travail.). Même les mariés y Saint-Léon-de-Vézère. GC ont droit ainsi que … Sabine.

Photos VL, JLF & . GC

La femna vai a l’ome come la peira a l’anel. 54 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC. Orliaguet. Orliaguet, traces du passé, les origines. par Catherine TEILLAC.

Située sur la rive droite de la Dordogne dont elle Le blason d’Orliaguet, est distante de 3 km, Orliaguet, de par sa su- un lion de sable armé, perfi cie de 9 km2 est à la fois une grande com- lampassé et couronné mune du Périgord Noir et des plus pe tes par son de gueules, accompagné nombre d’habitants, 101 en 2013 - alors qu’il y d’un orle de sinople, a en a eu 314 en 1793. reçu l’agrément de la commission départemen- Son al tude est comprise entre 100 et 314 mètres tale et les paysages sont caractérisés par d’étroites d’héraldique le 27 janvier 2004, vallées encaissées entre de pe ts vallons rap- Bulle n municipal. prochés, nommés localement des pechs, qui ne sont pas sans évoquer les Causses du Quercy et les monts d’Auvergne dont ils sont les derniers À ce e époque, Les moines et les personnes ve- contreforts. nues se réfugier au sein du monastère ont pra- qué les grands essartages redonnant vie à des Les communes l’environnant sont : , campagnes délaissées et une nature redevenue , Salignac-Eyvigues, Peyrillac-et-Millac ; sauvage. Ceux de Souillac ont ainsi colonisé tout elle est à 6 km du département du Lot et 10 km d’abord les rives de la Dordogne, Cazoulès, Pey- de la ville de Souillac. Elle fait par e de la com- rillac et il semble très vraisemblable qu’ils soient munauté des communes du Carluxais Terre de venus jusqu’à Orliaguet. Fénelon, réunie à celle du Terrasonnais pour for- mer le nouveau canton de Salignac-Terrasson. De nombreux hameaux la composent : la Bé- néchie, Bonnat, Bouley, Castang, Galinat, Garit, Le nom d’Orliaguet, la nisé en Aurlhaguetum ap- Injas, Lacaze, Lastournerie, Malcepiot, Pech- paraît en 1328. Dans un ar cle, Les Pétrocores : Rome, Roucal, la Truffi ère… limite du territoire (h p://topo.over-blog.com/10-in- dex.html), hypothèse est faite, d’après une étude Si les registres paroissiaux nous renseignent pré- des noms de lieux, qu’Orliaguet en serait une cisément sur les mouvements de popula on, dès des limites : 1621 pour les naissances, 1663 pour les mariages Nom composé dans lequel on retrouve la racine et 1661 pour les sépultures, de nombreuses Aura/Ora-, qui a aussi donné le bas la n orlum, autres traces peuvent nous donner des indices d’où orle = lisière, et le français = ourlet. ou indica ons sur les habitants précédents et la preuve d’une occupa on bien plus ancienne. L’abbé P. Pons, dans son livre Souillac et ses en- virons (P. Pons, Souillac et ses environs, 1923, éd Albe, en dépôt chez l’auteur) retrace l’histoire de la fon- da on du monastère de Souillac au Xe siècle par les moines bénédic ns de l’abbaye d’. Il évoque leurs possessions : En Périgord Noir : dans la par e englobée jadis dans le diocèse de Cahors : Sainte-Anne de Peyrillac ; Saint-Barthélemy de Millac-le-Sec ; la chapelle Saint-Jacques près de fonts bap smaux Salignac ; peut-être aussi Liméjouls et Orliaguet. © La mémoire par l’écriture Orliaguet. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 55

Le sen er des écoliers, Bulle n municipal

Le polissoir © La mémoire par l’écriture

retable à voir dans l’église, Le dolmen © La mémoire par l’écriture Accompagnons l’abbé Audierne (Audierne abbé, À quinze ou seize kilomètres de l’endroit par De l’origine et de l’enfance des arts en Périgord, ou de où nous supposons qu’ils arrivèrent, et à l’usage de la pierre dans ce e province avant la dé- quatre kilomètres environ de la Dordogne, couverte des métaux, 1863 ) sur la piste de nos an- après avoir dépassé Cazoulès, Simeyrols, cêtres en Périgord Noir, au temps du Néolithique Orliaguet et Carlux, localités parsemées de : silex, se trouve, au milieu de coteaux arides L’arrondissement de Sarlat fut le premier oc- et escarpés la gro e du Pey-de l’Azé… C’est cupé et le premier peuplé… Mais suivons les de ce e contrée que le reste du Périgord traces des premiers habitants du Périgord aura reçu ses habitants… aux silex qu’ils ont laissé sur leur passage, et nous y verrons la preuve certaine de leur sé- Et retrouvons à Orliaguet, les deux traces les plus jour primi f dans la contrée de Sarlat et de remarquables qu’ils nous ont laissées : sa durée prolongée... le polissoir et le dolmen. 56 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Orliaguet.

C’est sur la plaine d’Ingeas, dans un bois de châ- dans le contexte du Néolithique fi nal, c’est à dire taigniers et au fl anc d’un pech que se trouve le vers 3 300 ans Av. J.C. Toujours selon les mêmes polissoir, l’un des nombreux blocs de grès fer- auteurs, la tradi on locale l’aurait désigné sous le rugineux qui parsèment les coteaux du village nom de Pierre des Gaulois ou Caillou noir. d’Orliaguet. Dans leur ar cle sur le polissoir d’Orliaguet, les archéologues Pierre BILLIANT, Communément, un dolmen se caractérise par Jean-Pierre GIRAULT et Guy MAYNARD (Société un ensemble de grosses pierres ver cales recou- d’Études et de Recherches Préhistoriques des Eyzies, vertes d’une dalle. À Orliaguet, bien que cet en- Bulle n n°42 de juillet 1993) expliquent qu’il était semble de pierres ne ressemble pas exactement un ou l de façonnage présentant des cuve es à ce e descrip on, nous l’avons toujours appe- de diverses tailles, preuve de l’améliora on de lé dolmen. De quand peut-il bien dater ? De la la technique de fabrica on des haches polies préhistoire et du mégalithique ? Quelle a été sa et bien plus élaboré que son plus proche voisin, fonc on ? Certains disent que des sépultures en celui de Borrèze. L’eau absente du lieu mais né- ont été re rées… Des archéologues l ‘ont exploré cessaire pour les opéra ons de polissage révèle mais le résultat de leur étude n’a malheureuse- qu’il fallait donc en apporter dans un récipient. ment jamais été communiqué. J’aime y imaginer, Ils présument que le polissoir pouvait être u li- paisiblement étendues depuis des millénaires, sé par les proches résidents d’un village ou d’un dans ce pech, entre la Bénéchie et Castang, les campement saisonnier et situent ce monolithe sépultures d’un couple et son enfant…

Église © La mémoire par l’écriture. La fonda on de l’église Saint-É enne d’Orliaguet, Le nom du village d’Orliaguet n’apparaît dans les œuvre très vraisemblable, des moines de l’ab- textes que postérieurement à la construc on de baye de Souillac au XIIe siècle, est-elle à l’origine l’église dont une des deux baies, le béni er et la du village lui-même ? Sur le dépliant Ce e église cuve bap smale datent du XIIe siècle. Un des a quelque chose à te dire *, nous retrouvons men- plus beaux ornements de ce e église est son re- onné : Souillac devint en 930 la possession de table en bois sculpté polychrome du XVIIe siècle. l’abbaye d’Aurillac, Orliaguet aurait probable- ment été fondé par un des moines de ce e ab- * Orliaguet, Pastorale Tourisme & Loisirs, paroisse St baye. Sacerdos en Périgord Noir, Périgueux, Généalogie en ligne. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 57 FAIRE SA GENEALOGIE EN LIGNE. par Bernade e FONDRIEST.

On peut très bien faire sa généa- nom de ma mère , apparaît sa sèdent à peu près les mêmes logie sur les sites de généalogie naissance, son baptême, ma- fonc ons que les logiciels : à marchands. Ils fonc onnent riage et décès. Et ils ne sont pas savoir pour Généanet.com : il sous le principe de la par cipa- les seuls à avoir ce genre de pra- peut recueillir les médias (actes, on : Ils off rent des applica ons que. photos, ar cles de presses etc) perme ant de la faire avec la Parmi les sites ou vous pouvez que l’on peut rendre publics ou contre-par e que votre arbre publier votre généalogie, les non. fi gure en totalité ou en par e plus connus sont : Tout comme des aides avec dans leurs fonds de recherches. Geneanet.org, Généalo- des dic onnaires de lieux, des Ce e fonc on la plupart du gie.com, My-Héritage, Family dates, des professions (Genea- temps est gratuite mais ce e search, Ancestry. net.org). gratuité peut être limitée se- On peut faire une carte géogra- lon les sites avec un nombre de Sur la plupart, on travaille sa gé- phique de la famille (avec la ré- personnes à ne pas dépasser néalogie à peu près de la même par on familiale de Geneanet. par exemple ... manière que sur un logiciel, org). On peut paramétrer ses don- en remplissant une fi che de - Avoir les anniversaires fami- nées de la paru on publique renseignements pour chaque liaux du jour.( Geneanet.org, totale à la priva sa on de son personne : le genre, le nom, myhéritage) arbre avec des nuances comme prénoms, profession, nom pu- - Avoir des sta s ques fami- des personnes privées ou des li- blic (sur Geneanet.org, en cas liales : les membres les plus mita ons de publica ons par les de personne publique avec un âgés, les noms les plus fré- âges par exemple ne rendre vi- nom de scène par exemple, so- quents etc (Geneanet.org). sibles les personnes qu’au-des- briquet, alias. - Importer et exporter l’arbre sus d’une limite de 100 ans ou sous le format GEDCOM. 120 ans (pour Geneanet). La date et le lieu de naissance - Vérifi er les anomalies. (sur Geneanet.org), il y a même - Sauvegarder. Cependant sur certains sites, un conver sseur des diff érents - Inviter les personnes à qui cela le système peut être pervers calendriers, souvent un carré intéresse pour consulter votre : ils accueillent les arbres gra- pour les notes. Un pavé iden- arbre sans les fi ltres comme tuitement mais font payer les que pour le baptême, le dé- vous le voyez vous-même. recherches … sans aucune cès, l’inhuma on, les rela ons Toutes ces fonc ons en font contre-par e pour l’usager : parrains marraines, parents des ou ls appréciables surtout donateur ... et de plus même adop fs, reconnaissants, pos- pour commencer et sans avoir lorsque pour une raison qui sibles…, ou nourriciers. à inves r mais toujours avoir vous est propre vous désirez re- Les tres de noblesses éven- en tête que, sauf Geneanet.org rer votre arbre de certains de tuels. dans sa formule gratuite, ces ces sites, vous avez toutes les Les évènements : qui peuvent sites vont faire payer vos don- diffi cultés du monde sinon l’im- aller du diplôme à l’achat im- nées aux autres généalogistes possibilité de faire re rer vos mobilier (en général il y a une sans contrepar e pour vous- données de leurs fi chiers. Cela longue liste bien fournie avec même (vous paierez les rensei- m’est arrivé personnellement un pavé pour les notes que l’on gnements que vous pourrez en avec Généalogie.com ou après peut u liser pour les détails et rer, souvent sous forme d’un des années que je n’ai plus mon éventuellement un événement abonnement quelques fois très arbre chez eux : en tapant le pas prévu…de même qu’ils pos- cher. 58 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Toinette Demonnens. Toine e DEMONNENS, enlèvement d’une jeune fi lle. Par Julien LIUT.

L’aff aire dont il est ques on n’est pas un simple Ainsi, en 1747, étant orpheline, Toine e DE- fait divers. Il s’agit ici d’une tenta ve extrême MONNENS vivait seule avec sa grand-mère pater- de résolu on d’un désaccord entre deux clans, nelle, Toine e TEYSSIEU, âgée de 63 ans, veuve les DEMONNENS – TEYSSIEU d’un côté et les PES- du marchand E enne DEMONNENS. Le 20 juin TOURIE de l’autre. Du fait d’une lacune dans les 1747, le maître apothicaire Louis TEYSSIEU, 53 registres de Coly, la date de naissance de Toine e ans, frère de Toine e, habitant du village de La DEMONNENS n’est pas certaine. Il est possible Brousse en la paroisse de Saint Geniès, avait été qu’elle naquit au village de la Rivière vers 1735, nommé curateur de la jeune fi lle. C’était donc mais il est aussi possible qu’elle fut née le 20 oc- entre ses mains que le des n de la jeune Toine e tobre 1737. Ainsi, le 4 août 1747, est-elle âgée DEMONNENS reposait. Mais c’était sans compter d’environ 12 ans, ou alors peut-être 10 ans ! la volonté de la famille maternelle de la pe te, De 1742 à 1746, la vie de la jeune Toine e fut ja- les PESTOURIE. Ils habitaient à Guilbonde, pa- lonnée de deuils. D’abord, sa mère, Jeanne PES- roisse de Terrasson. Grand-père maternel de Toi- TOURIE, était décédée à 29 ans, le 10 novembre ne e, Antoine PESTOURIE, 56 ans en 1747, était 1742, alors qu’elle venait d’accoucher d’une pe- un fi ls unique posthume. N’ayant donc jamais te Elizabet le 28 octobre. Le 27 décembre, soit connu son père il est possible qu’il considérait 1 mois ½ plus tard, E enne DEMONNENS, le père son cousin germain, le maître maréchal-ferrant, de Toine e et d’Elizabet, se remariait avec Cécile Mar n PESTOURIE, comme son frère. Ce dernier DELMAS. La pe te Elizabet décéda le 24 mars était âgé de 47 ans au moment des faits. suivant, peut-être en nourrice dans le village de la Mouchardie, paroisse de Terrasson, et son père, E enne DEMONNENS rejoignit le 20 mai la tombe familiale dans l’église de Coly . Cécile DEL- MAS, la seconde épouse, était alors enceinte. Elle retourna chez ses parents au village de La Grave pour y accoucher, le 10 octobre 1743, d’une fi lle posthume nommée Toine e DEMONNENS. Cé- cile DELMAS ne joua pas le rôle de mère pour la première fi lle de son mari. Elle se remaria avec Pierre TEYSSOU, et s’en vint vivre avec lui aux Escures, dans la paroisse de Condat, où sa fi lle Toine e DEMONNENS mourut à presque 3 ans, le 18 octobre 1746, mais fut tout de même en- terrée dans la tombe des DEMONNENS, dans Eglise de Coly. JL l’église de Coly. La famille DEMONNENS avait droit de sépulture dans l’église paroissiale de Coly depuis le 18 juin 1667, près des tombeaux de François PERIER du côté gauche de l’église en entrant, et de Jean GROS à main droite, proche du balustre du sanctuaire. Il y avait pour condi on que la sépulture ne pouvait être que de la longueur de six pieds et de la largeur de trois pieds et demi. La famille pouvait en jouir tant et si longtemps que ses membres demeureraient dans l’union de l’église catholique apostolique et romaine et non autrement. (AD 24 : 1 J 205) Toinette Demonnens. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 59

1 - Les faits : Il était à peu près 5 heures du ma n en ce mardi 4 juillet 1747, le soleil venait de se lever, dans la maison de Toine e TEYSSIEU veuve DEMONNENS, les employés de maison s’aff airent déjà à leurs occupa ons quo diennes. Jean LARUE, âgé d’environ vingt ans, se trouvait dans une pièce commune de la maison, Peyronne DELTEIL, à peu près du même âge, était occupée en tant que servante dans la chambre de sa maîtresse encore alitée. Dans un lit voisin, dormait encore la pe te-fi lle de la proprié- taire, la jeune Toine e DEMONNENS, âgée de 12 ans environ. Orpheline de père et de mère, c’était en eff et sa grand-mère paternelle qui s’occupait seule de son éduca on.

Dessin D. Eymet.

Au même moment, s’approchait une troupe de pas dormi de toute la nuit. Bertrand PESTOURIE six individus « assez propres et avec des souliers n’écouta pas ce e dernière recommanda on, », menée par Bertrand dit Berty PESTOURIE, 31 s’avança vers le lit de sa nièce, ouvrit le rideau, ans, laboureur et oncle maternel de la jeune Toi- et dit : « Fémourié , lève-toi » (Fémourié = de ne e. Avec lui, son cousin Mar n PESTOURIE, 47 l’occitan fumier ). Toute surprise et épouvantée, la ans, maître maréchal, fi ls de celui-ci et Bertrand jeune fi lle bondit hors de son lit, et, bien qu’étant PESTOURIE, âgé de 15 ans. Se trouvaient aussi couverte d’une simple chemise, elle se précipita des proches, cousins ou amis, Mathieu LAGORSSE dans la rue, où se trouvaient quelques membres (parfois dit habitant du lieu de Pastoural en la de la troupe. Bertrand PESTOURIE l’ayant suivie paroisse de Terrasson, parfois dit habitant de la s’en saisit, mais la grand-mère qui, malgré son paroisse de Saint Cernin-de-Larche en Limousin), infi rmité, s’était ruée dehors, ainsi que le valet Jean LACOSTE, âgé de 22 ans et François CAP- Jean LARUE, vinrent à la rescousse de la pauvre TUS/CATTUS, âgé d’environ 35 ans, tous habitant fi lle pour la ramener dans la maison. Le valet Guilbonde paroisse de Terrasson. Les deux pre- tenta de fermer la porte en laissant les assaillant miers armés de fusils, les quatre autres armés de au-dehors, mais Bertrand PESTOURIE, plus ra- bâtons. Bertrand, Mar n et son fi ls pénétrèrent pide, saisit le jeune homme par les cheveux, le dans la maison jusque dans la chambre, les trois secouant rudement, et l’envoyant quasiment par autres restèrent à l’extérieur. Arrivé au lit de la terre. La jeune Toine e DEMONNENS, toujours maîtresse de maison, Bertrand « lui demanda aussi eff rayée par la furie de son oncle, s’enfuit comment elle se portait, et après les compli- de nouveau par une porte dérobée et s’en vint ments ordinaires, il lui demanda où était sa nièce se cacher dans les blés. Elle courut sous les yeux ». La femme répondit alors que sa pe te-fi lle était ébahis des voisins, ainsi, Françoise LASSERRE, couchée dans un autre lit, et qu’il fallait la laisser âgée de 25 ans, coupait les blés avec son valet et se reposer parce qu’étant malade, elle n’avait vit passer dans le chemin à 20 pas d’elle, la jeune 60 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Toinette Demonnens.

fi lle, tête nue, ne portant qu’une chemise, criant Alors qu’on entendait encore Toine e pousser de et pleurant tout en courant, poursuivie par deux hauts cris tandis qu’elle était amenée vers Bouch, hommes armés de fusils. la grand-mère « toute éplorée de se trouver dans une si triste situa on » dit à sa servante en lui Au profi t d’une côte abrupte, l’oncle et le cousin donnant des habits de sa pe te-fi lle : « Suivez-là s’emparèrent à nouveau de la fi lle sans défense, partout où on l’amènera afi n de lui donner ses elle cria qu’on la laissât en pa ence, qu’elle ne habits, n’est-il pas honteux qu’on conduise de voulait pas les suivre. Elle se déba ait, mordit ce e manière-là ce e pauvre fi lle ? ». Peyronne son oncle au doigt et lui griff a le visage. Il tenta DELTEIL s’exécuta, et par t elle aussi en direc on de la raisonner : «Nous te ferons bien habiller à du moulin de Bouch. Bouch, nous voulons t’amener à Guilbonde, chez Pierre CHABRILLE (ou CHABRELHIE), marchand ton grand-père et ta grand-mère qui souhaitent âgé d’une soixantaine d’année environ, et son te voir ». Ils s’éloignèrent tous en eff et vers le épouse Catherine MAGNE, âgée d’environ 45 moulin de Bouch, éloigné d’un demi-quart de ans, étaient alors les propriétaires du moulin de lieue. Bouch.

Moulin de Bouch & écluse. JL Lorsque le groupe mené par PESTOURIE arriva par crier qu’elle voulait absolument voir sa maî- chez eux vers 6 heures du ma n, on leur deman- tresse, laquelle l’entendit de sa chambre, se mit da de prêter une chemise pour changer celle de elle aussi à crier qu’elle voulait la voir. Peyronne la jeune fi lle qui était toute mouillée de rosée. fut fi nalement accompagnée auprès de la jeune Catherine MAGNE l’habilla d’une chemise et Toine e, qui se tenait toute tremblante près du d’une jupe, la jeune Toine e fut placée dans une feu. La servante confi a les habits donnés par la chambre à l’étage où elle refusa toute nourriture. grand-mère à la pe te-fi lle, laquelle dit : « Je Une demi-heure plus tard, quand la servante vous recommande bien ma grande-mère, ayez- Peyronne DELTEIL arriva à Bouch, les ravisseurs en bien soin, je ne la verrai plus, je ne sais pas où déjeunaient. Mathieu LAGORSSE (ou GORCE) , un l’on m’emmène ». Prise de pi é, la domes que grand garçon noir, lui demanda ce qu’elle voulait. demanda aux hommes s’ils n’avaient pas de com- Elle répondit qu’elle apportait des habits pour sa passion pour la pauvre fi lle qui était malade et maîtresse, mais Mathieu lui rétorqua que la fi lle s’ils n’allaient pas lui donner quelque chose à n’en avait pas besoin, parce qu’il lui en avait été manger. Mathieu LAGORSSE vint s’asseoir près donnés suffi samment. Peyronne insista, elle fi nit de Toine e DEMONNENS et lui dit : Toinette Demonnens. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 61

« Cousine, je veux que vous déjeuniez », alors elle La mort dans l’âme, Peyronne DELTEIL laissa la prit un peu de pain et quelques cerises qu’elle troupe s’éloigner en direc on de Terrasson, et mangea avec peine. L’homme lui demanda alors quand les ravisseurs se trouvèrent dans les bois, de se lever, elle refusa, il la prit entre ses deux au-dessus du château de Bouch, on entendit des mains, pour la porter au-dehors dans le chemin. coups de fusils. Quelqu’un cria : « Venez la cher- La servante tenta de s’interposer, LAGORSSE lui cher à présent ! ». rétorqua qu’elle pouvait être aussi bien un gar- La servante retourna chez sa maîtresse. Lorsque çon qu’une fi lle, il la je erait dans l’écluse du la veuve DEMONNENS vit la chemise de nuit que moulin. Aidé des autres, il monta la jeune fi lle sur lui rapportait son employée, elle fut frappée de un cheval, où se trouvait déjà le fi ls du maréchal. terreur d’y voir des tâches de sang au niveau du Toine e hurla en sanglotant : « Je ne verrai plus bras et de la ceinture. C’est bien plus tard qu’elle personne, ni mes parents, ni amis, ni ma grand- apprit que ce sang était celui provenant des grif- mère, personne ne fera plus compte de moi, je fures et morsures infl igées par la fi lle à son oncle suis perdue, une misérable », dit à la servante maternel lors du rapt. : « Adieu, ayez bien soin de ma grande-mère ».

Maison DEMONNENS vue du nord. photo JL.

2 - L’enquête : juillet, après les deux audi ons de Jean LARUE et Rapidement, la veuve DEMONENS fi t prévenir de Peyronne DELTEIL, il fut décidé de l’arresta on son frère Louis TEYSSIEU, apothicaire au village de Bertrand dit Berty PESTOURIE et de Mathieu de la Brousse, paroisse de Saint-Geniès, le tuteur GORCE/LAGORSSE. légal de la jeune Toine e DEMONNENS. L’homme déposa plainte auprès du sergent royal DELBOS, une informa on fut ouverte le 6 juillet, furent as- signés 5 témoins : - Jean LARUE, le valet, - Peyronne DELTEIL, la servante, - Pierre CHABRILLE et sa femme Catherine MAGNE, les propriétaires du moulin de Bouch, - Françoise LASERRE, la voisine des DEMONENS à la Rivière.

Les témoins furent convoqués à Sarlat le 10 juil- Le 28 juillet, après les audi ons de Pierre CHA- let. Seuls le valet et la servante se présentèrent. BRELHIE, Catherine MAGNE, et Françoise LAS- Les absents furent condamnés à 10 livres de SERRE , fut décidée l’arresta on du cousin de peine (amende) et furent de nouveau assignés Bertrand, autre Bertrand PESTOURIE, le fi ls du en date du 24 juillet suivant. Le même jour du 10 maréchal-ferrant. 62 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Toinette Demonnens.

Le 27 août 1747, eut enfi n lieu le premier inter- commun accord d’aller dans la maison d’Antoi- rogatoire de Bertrand PESTOURIE. Il se trouvait ne e DEMONNENS pour « l’ôter des mains de sa alors « dans les prisons royaux de la ville de Sarlat grande mère à cause dudit BARLAN ». », et François DELMON de TALISSAC, conseiller du Roi, lieutenant par culier, assesseur criminel L’enquêteur demanda alors au prévenu pourquoi en la sénéchaussée et siège présidial de la ville il avait préféré enlever sa nièce plutôt que de de Sarlat, mena l’interrogatoire. Bertrand PES- s’adresser directement au curateur de la pe te. TOURIE nomma les cinq personnes qui l’avaient Bertrand répondit qu’il se « murmurait » que accompagné, puis il contredit quelques détails Louis TEYSSIEU fut curateur de Toine e que certains témoins avaient men onnés. Ainsi, DEMONNENS, mais que cela ne se savait pas pré- il dit que la grand-mère de Toine e DEMONENS cisément. n’était pas au lit quand il est arrivé, mais qu’elle était près du feu. On apprend que les PESTOURIE étaient au cou- rant qu’une union se préparait entre le fi ls BAR- Il ajouta qu’il avait demandé à sa nièce de se le- LAN et la jeune fi lle, et le grand-père maternel ver parce qu’il était déjà assez tard. Il dit ensuite avait donné son consentement, mais ne s’était qu’il s’était re ré pour parler à la grand-mère, pas déplacé lorsqu’un contrat de mariage fut pensant que la servante habillerait la fi lle. Berty passé devant notaire, quoique sa présence ait été PESTOURIE con nua en disant que la grand-mère priée. Bertrand PESTOURIE précisa que son père les invita à déjeuner après qu’il lui ait dit que si était malade à ce moment-là, et qu’il ne souciait elle avait de la peine à les voir, il se re rerait. alors pas de ce e union. Le grand-père de la fu- Vint ensuite la ques on sur la raison de ce rapt. ture pensait en eff et que le futur était trop âgé et Berty répondit qu’il était allé à la ville de Sarlat qu’il n’avait pas assez de biens. quelques jours avant l’enlèvement, « pour porter quelque argent en recepte », Le fonc onnaire royal demanda ensuite pour- En recepte = dans la paume de la main quoi les parents maternels ne s’étaient-ils pas pourvus en jus ce pour faire opposi on au ma- Il avait rencontré une personne habitant Coly riage au lieu de faire un a roupement armé pour qui lui avait demandé « s’il n’avait pas honte » aller enlever la fi lle. Bertrand confi rma qu’une de laisser Toine e DEMONNENS chez sa grande opposi on avait été faite entre les mains du curé, mère, étant donné que le nommé BARLAN était et qu’il était « bien fâché de ne s’être pas pourvu toujours avec elle et que ce e fi lle était trop en jus ce afi n de faire me re dans un autre jeune pour se marier, ajoutant qu’ « il ferait bien endroit ladite fi lle, mais comme ils appréhen- d’empêcher ce mariage ». Le soir même, Berty daient le fait que BARLAN ne fi t quelque torts à PESTOURIE revenant de la ville de Sarlat pour ce e fi lle avant que la jus ce n’y eut pourvu, ils aller coucher chez la veuve DEMONNENS, avait prirent le par de l’enlever pour la me re dans le rencontré en chemin deux tailleurs d’habits qui couvent des religieuses de Sainte Claire de Mon- lui dirent que ledit BARLAN était toujours dans la gnac » où ils l’avaient amenée deux jours après maison de Toine e TEYSSIEU veuve DEMONENS, l’enlèvement, « afi n qu’on ne profi ta pas de la fai- et qu’il disait à la jeune Toine e DEMONNENS blesse de son âge et qu’elle eut quelque temps « des paroles qu’il ne convenait peine ». Après pour penser à ce qu’elle pourrait faire ». avoir couché chez la grand-mère de sa nièce à Elle s’y trouvait encore à l’époque de l’interroga- La Rivière, l’oncle repar t vers Guilbonde, et il toire, et selon lui, elle en était « bien contente ». prévint son père, qui était aussi le grand-père maternel de la jeune fi lle. Après s’être assemblé avec quelques autres parents, il fut convenu d’un Toinette Demonnens. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 63

PESTOURIE, ni de la part de Mathieu LAGORSSE, ni d’aucune autre personne. Ces personnes ne « fi rent que la conduire fort tranquillement dans le couvent où il était nécessaire qu’elle fût ». Elle ajouta ensuite « qu’elle n’a jamais en sujet de porter aucune plainte ni d’instruire aucune procédure criminelle » contre les prévenus. Ce document a-t-il ralen la procédure ? Le 28 novembre 1747, il est demandé que les ravis- seurs encore en liberté fussent arrêtés : François CATUS, Jean LACOSTE et Mar n PES- TOURIE.

Maison DEMONNENS vue sud-est. JL Le 11 décembre 1747, les témoins, à l’excep on de Peyronne DELTEIL, sont convoqués pour pro- Le clan PESTOURIE a alors dû tenter de retour- céder au recollement. Le 13 décembre, François ner la situa on en infl uençant probablement DELMON de TALISSAC relu à chaque témoin Toine e DEMONNENS. Le 12 septembre 1747, son témoignage et leur demanda s’ils persis- Maître Guilhaume LAGRANGE, procureur au taient dans leur témoignage. Après l’accord du siège de Sarlat, apporta une procura on dictée témoin, celui-ci était confronté à l’accusé à qui par Antoine e DEMONNENS, pensionnaire du il était demandé s’il avait des reproches contre couvent Sainte Claire de la ville de Mon gnac. le témoin et si les déposi ons étaient vraies ou Elle y faisait dire qu’elle n’avait jamais recon- fausses. Berty PESTOURIE n’eut aucun reproche nu Louis TEYSSIEU pour son curateur et qu’elle contre les témoins, mis à part Jean LARUE à n’avait jamais prétendu en avoir d’autre que son qui il reprocha de l’avoir menacé d’une hache aïeul maternel, Antoine PESTOURIE. Elle y affi r- et d’avoir voulu le ba re. Jean LARUE répliqua mait aussi n’avoir jamais souff ert aucune forme alors qu’il avait présenté la hache, sans inten- de violence de la part de son oncle Bertrand on de lui faire mal.

Le couvent Sainte Claire de Mon gnac vu de la rive droite de la Vézère. JL 64 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Toinette Demonnens. Concernant les témoignages, Berty PESTOURIE 3 - La Sentence. déclara qu’ils étaient tous faux « en tout ce qui était contraire à ses réponses ». Le 19 décembre 1747, la veille de l’interrogatoire, le procureur du Roi, PIGNOL, fi t son réquisitoire. Après consulta on des archives en ligne de la Il réclama que l’accusé fut blâmé pour son ac on, paroisse de Coly, il n’a pas été trouvé de mariage qu’il ait à payer une amende de 15 livres envers ou de décès de Peyronne DELTEIL entre le mois le Roi et quarante livres de dommages et intérêts d’août et le mois de décembre 1747. envers Louis TEYSSIEU, curateur de Toine e DE- MONNENS et ce au profi t de la fi lle. Il demanda Le 19 décembre 1747, un acte administra f nous aussi à ce que le prévenu fut « tenu de garder pri- apprend que Louis TEYSSIEU avait bien été nom- son » jusqu’au paiement des sommes. Il deman- mé comme tuteur de Toine e DEMONNENS en da aussi que, malgré la demande de Louis TEYS- date du 20 juin 1747. SIEU de la remise en ses mains de sa pe te-nièce, la fi lle devrait rester séquestrée au couvent de Le lendemain 20 décembre 1747, un interroga- Mon gnac où elle était encore à ce e date, et toire fut mené « derrière les barreaux » des pri- jusqu’à ce que ses parents assemblés auraient sons royales de Sarlat. François DELMON de TA- délibéré pour elle d’une habita on convenable. LISSAC ques onna de nouveau Berty PESTOURIE Le lendemain, probablement après l’interroga- Ques on : Quels dessins avait-il d’aller avec toire du 20 décembre 1747, le sort de Bertrand dit sa troupe dans la maison de sa nièce pour Berty PESTOURIE, fut scellé au sein de la chambre l’enlever ? criminelle de Sarlat. La condamna on fut sensi- Réponse : Sa nièce était en danger avec sa grand- blement diff érente de celle requise par le pro- mère qui était d’un âge fort avancé et infi rme. cureur puisque PESTOURIE fut condamné à être Le père du prévenu, grand-père de la fi lle, lui mandé en la chambre pour y être blâmé d’avoir avait dit d’aller la chercher pour la ramener chez commis l’enlèvement de Toine e DEMONNENS, lui. à main armée et a roupement. Il lui serait fait « inhibi on et défense d’user de pareilles fa- Ques on : Pourquoi y être allé avec cinq autres çons de faire de telles peines ». En outre, il fut personnes plutôt que d’y aller seul ? condamné à payer trois livres d’amende envers le Réponse : On lui avait dit que le fi ls de BARLAN Roi, dix livres d’aumônes applicables aux pauvres était toujours dans la maison, armé de pistolets. de la paroisse de Coly, la somme devant être re- Le prévenu appréhendait que s’il y allait seul, le mise entre les mains du curé de Coly pour qu’il fi ls BARLAN qui connaissait l’opposi on au ma- en fasse la distribu on, et enfi n, soixante livres riage, lui aurait joué quelques mauvais tours, de dommages et intérêts envers Louis TEYSSIEU c’est ce qui l’obligea à prendre du monde avec lui. en tant que curateur de Toine e DEMONNENS, pour être employé au profi t de ladite fi lle. Ques on : Pourquoi avoir recouru à l’enlèvement En revanche, malgré la demande formulée par par a roupement de gens armés plutôt que de Louis TEYSSIEU de reme re entre ses mains sa se pourvoir en jus ce pour demander le place- pe te-nièce, le conseil de la chambre criminelle ment de la fi lle en maison où elle aurait pu être de Sarlat décida que la fi lle serait transférée du mise en sûreté ? monastère des religieuses de Sainte Claire de la Réponse : Berty PESTOURIE « n’eut pas la précau- ville de Mon gnac, pour rejoindre la maison des on de le consulter pour ne pas s’exposer à une Dames de La Foi de la ville de Sarlat, où elle de- étourderie semblable ». meurerait « séquestrée » jusqu’à ce que les plus proches parents paternels et maternels auraient Toinette Demonnens. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 65 délibéré sur une habita on convenable. nir son élargissement. En conséquence, je donne A la fi n de ce document, une simple phrase per- pouvoir à mon dit mari de prendre et recevoir met d’en savoir un peu plus sur le sort de Mar n ladite somme de soixante livres, et d’en donner PESTOURIE et de son fi ls Bertrand, Mathieu LA- qui ance et décharge valable audit Sieur MON- GORSSE, François CAPTUS et Jean LACOSTE : DESSES et à tous autres qui pourraient en être « Il sera fait suite de la contumace contre les chargés. En foi de quoi, j’ai signé la présente autres accusés ». Faut-il comprendre qu’ils ont procura on, écrite à ma prière de main d’autrui, déjà été libérés pour ne pas être en personne au à Terrasson, ce treize novembre mil sept cent tribunal pour leur jugement ? Le dossier ne nous soixante dix sept. » en apprendra pas plus. Suit l’écriture manuscrite appliquée de Toine e DEMONNENS, épouse d’E enne DEMOULIN : Le 2 janvier 1748, Bertrand PESTOURIE fut ame- « Toine e DEMONNENS approuvant l’écriture né devant la chambre criminelle de Sarlat pour ci-dessus » connaître la sentence qui avait donc été décidée Enfi n, une troisième écriture fi nit de remplir la le 20 décembre. feuille : « Je déclare avoir re ré du greff e Chénéchal de On apprend qu’le 15 janvier 1748, Bertrand PES- Sarlat la somme de soixante livres suivant la sen- TOURIE avait déjà payé la somme de 60 livres de tence du vingt décembre 1747 dommages et intérêts entre les mains de Jean DEMOULIN » Bap ste MONDESSES, greffi er en la sénéchaus- sée et siège présidial de la ville de Sarlat. Mais On a pris soin de garder les écriture « ch » dans au 15 janvier, Es enne de La SALLE sieur Du- les mots « Sénéchal » et « décembre », écrits bucq, en qualité de syndic des dames religieuses par E enne DEMOULIN, époux de Toine e DE- de Sainte Claire de Mon gnac (où Toine e DE- MONNENS MONNENS était toujours pensionnaire), vint faire une demande auprès du sergent royal en la 4 - Discussion cour de l’élec on de la ville de Sarlat, Jean Bap- ste PRAMIL. Il craignait que Louis TEYSSIEU ne Il est étrange de voir que, bien que semblant re ra la somme des mains du sieur MONDESSES être l’ins gateur de l’enlèvement, Anthoine PES- pour ne pas en « faire l’emploi men onné dans la TOURIE, le grand-père maternel de Toine e DE- sentence ». Ainsi, le syndic des clarisses de Mon- MONNENS, ne semble pas avoir été inquiété. gnac, avec l’accord du sergent royal PRAMIL, Il ne fut jamais convoqué pour témoigner, tout s’opposa fermement à ce que le greffi er ne paye comme la grand-mère paternelle Toine e TEYS- les soixante livres à Louis TEYSSIEU. SIEU qui était pourtant très impliquée dans les faits. Le dernier acte de la liasse date du 13 novembre 1777, soit plus de 30 ans après les faits : Bertrand PESTOURIE fut donc condamné pour « Je soussignée, déclare donner pouvoir à Sieur son acte qui défi ait les lois du royaume de France. E enne DEMOULIN mon mari, de re rer d’entre Mais son acte eut un impact posi f quant aux in- les mains du Sieur MONDESSES, greffi er de la térêts de la famille PESTOURIE. En eff et, le ma- ville de Sarlat, la somme de soixante livres de riage du fi ls BARLAN avec Toine e DEMONNENS dommages et intérêts qui me furent adjugés par n’eut jamais lieu. Le 16 septembre 1755, on cé- sentence du siège sénéchal de la susdite ville lébra en l’église paroissiale de Coly le mariage le 20 décembre 1747, au préjudice de Bertrand d’E enne DEMOULIN, fi ls du marchand François PESTOURIE qui fi t la consigna on de la susdite DEMOULIN et de Jeanne LARFEUIL, avec Toine e somme au greff e dudit siège sénéchal pour obte- DEMONNENS, fi lle de feu E enne DEMONNENS 66 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Toinette Demonnens. et de feue Jeanne PESTOURIE. Il est précisé que de 30 ans avant les faits ici exposés, Pierre RES- l’union se fi t avec l’accord du curateur et parmi SES, pra cien du village du Resses paroisse de la les témoins, on trouve notamment un Jean Cassagne, porta plainte contre Guilhendou LACOSTE, mais on ne sait pas s’il s’agit de celui LABARDE habitant du village de Guilbonde qui faisait par e de l’a roupement qui procéda à paroisse de Terrasson. Avec Jean DAUDOU, l’enlèvement 8 ans plus tôt. Pierre DELMAS, Bernard DELPECH, et François LAROCHE, il avait enlevé Pierre CONSTANS, âgé Enfi n, il est intéressant de se pencher sur la fa- de 16 ans ou environ, neveu du plaignant, l’avait mille DEMOULIN : conduit à Guilbonde pour l’y faire passer un E enne DEMOULIN avait à Terrasson une cousine contrat de mariage avec la fi lle de ce Guilhendou germaine, Marie DEMOULIN, qui avait épousé le LABARDE. Une demande avait aussi été faite de 10 novembre 1747 en la paroisse de Saint Julien publier des bans de mariage par le curé de La de Terrasson le maître maréchal-ferrant Simon Cassagne. Pierre RESSES qui était le tuteur légal BOYER, fi ls de Blaise BOYER, qui exerçait le même de son neveu Pierre CONSTANS fi t opposi on au mé er et d’Antoine e ROUVES. Ce Blaise BOYER curé de . Mais le jeune homme fut avait épousé en premières noces Anne LAROCHE, enlevé une seconde fois, pour être placé en sûre- dont la sœur, aussi appelée Anne LAROCHE, était té au château de la Cassagne. l’épouse de Mar n PESTOURIE, lui aussi maître maréchal-ferrant, l’un des principaux acteurs de l’enlèvement. Le document ne nous en apprend guère plus, mais l’événement avait dû faire du bruit à Marie DEMOULIN épouse BOYER avait un frère, l’époque, dans ce même village de Guilbonde. Guilhaume DEMOULIN, marchand mazelier, En 1717, Anthoine, le père de Bertrand PESTOU- qui épousa le 30 avril 1749 à Terrasson Jeanne RIE avait 25 ans et son cousin Mar n en avait PESTOURIE, nièce du même Mar n PESTOURIE, 16. maître maréchal-ferrant. Ce e histoire avait-elle marqué leur jeunesse, Marchand Mazelier = Boucher s’en étaient-ils inspirés pour reproduire les faits 30 ans plus tard ? Il est donc indéniable que l’époux de Toine e DE- Julien Liut. MONNENS fut choisi par la famille PESTOURIE. On peut aussi noter qu’en 1777, Toi- nota : lorsque Toine e a des enfants, des ne e sait écrire et signer, et qu’elle a probable- années après l’histoire, elle prend ses par- ment appris cela lors de son séjour chez les sœurs. rainages dans la famille PESTOURIE, et rien Enfi n, il est un fait assez curieux pour être sou- chez les TEYSSIEU ou DEMONNENS et alliés. ligné. On le trouve dans les archives judiciaires, sous la cote B 1472. Le 17 janvier 1717, soit plus Charles Henri Ribière. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 67

Charles Henri RIBIERE. Par Nicole SARREAU.

Charles Henri est né à Ribé- « Charles-Ribière ». Le premier rac le 26 mai 1854 de Léonard, fut désarmé en 1934, le second militaire de carrière et d’Anne fut en service de 1934 à 1973 BOUET. dans l’embouchure de la Gi- Après Polytechnique, il entre ronde et dans les passes d’Ar- premier à l’école des Ponts et cachon. Chaussées. Avec un doctorat es sciences, il intègre le service Charles RIBIERE, il habitait alors central des phares en 1888. Dunkerque, eut de son premier En 1911, il est nommé ins- mariage le 24 août 1886 à Ago- pecteur général des Ponts nac (24) avec Marguerite DE- et Chaussées, directeur des MOURES, née le 26 mai 1866 Phares et Balises. et décédée le 01 juillet 1887, Elisabeth née à Périgueux le Il a orienté ses recherches sur 29 mai 1887 et décédée le l’élas cité, la vibra on des 16 février 1973 à Poi ers, qui matériaux et l’op que, faisant épousa le 24 juillet 1908 à Pa- faire aux techniques d’éclai- ris 16ème le polytechnicien rage des côtes des avancées Pierre LEFORT, né le 16 no- qui seront adoptées sur le plan vembre 1882 et décédé le 18 interna onal. Il est le concep- septembre 1924, Directeur du teur des bateaux-feux ainsi que Port de Bordeaux, promoteur des édifi ces et machineries des du Port autonome, premier à phares à terre (la Coubre et être ins tué en France le 13 le phare en mer de la Jument novembre 1924 au lendemain d’Ouessant). de sa mort accidentelle. De son second mariage à Pa- Il fut Président du Comité des ris 16ème le 29 avril 1891 travaux publics des colonies, avec Marie-Amélie BAU- vice-président du Conseil su- DOUX-CHESNON, il eut un fi ls, périeur des travaux publics et Jean né le 28 décembre 1892 à du Conseil général des Ponts Paris, mort sur et Chaussées, commandeur l’Hartmannswillerkopf Phare de la Coubre de la Légion d’honneur, com- en Alsace le 5 mars 1915. et un bateau portant son nom mandeur de l’Ordre de Vasa dans l’estuaire de la Gironde. (Suède), commandeur de Charles Henri RIBIERE est DR l’Ordre royal du Cambodge, of- décédé le 10 fi cier de l’Ordre du Dragon de octobre 1921 l’Annam, chevalier de l’Ordre à Paris. de Dannebrog (Danemark).

Deux baliseurs (bateau pour la pose et l’entre en des balises et bouées) ont porté le nom de 68 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Lu pour vous.

Chemins et routes en Périgord au XIXe siècle. Par Eliane Promis.

La grande aff aire du ChGC n° 32. Les communes, au budget toujours insuffi sant, Ce livre retrace les eff orts considérables fournis se ba ent pour désenclaver leurs territoires. Il y par le département de la Dordogne, de la Révo- faudra des décennies pour y parvenir. lu on jusqu’à la fi n du XIXe, pour doter le dépar- Edi ons Feuille à feuille et Le livre est déjà dis- tement, comme partout ailleurs en France, d’un ponible à la bibliothèque de Saint-Aubin-de-Lan- réseau de chemins et de routes convenables, quais, à la librairie Grain de lire à Lalinde et à la pour favoriser la circula on des biens et des per- maison Bariat à Beaumont-du-Périgord. sonnes.

La créa on du Chemin de Grande Communica on de Bergerac (ChGC) à Cahors (par Saint-Nexans, Saint-Aubin-de-, Faux et ) est le prétexte, grâce aux archives communales et dé- partementales, pour retrouver les usages et les contraintes des déplacements (octrois, péages, lois sur le roulage, dangers de la vitesse, pas- seports, etc) ainsi que les pra ques des agents voyers et des Ponts et Chaussées. Malgré le pro- grès des techniques, les problèmes fi nanciers et humains d’hier et d’aujourd’hui se ressemblent étrangement...

Dou trabai ? Chas nautreis n’i a toujours prou .. Quand n’i aper un n’i a per quatre Lu pour vous. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 69

Dernières nouvelles. Par Pascal Mar al.

Pascal Mar al, certes bien connu dans le Mussi- danais, ne doit pas sa renommée à sa plume, mais plutôt à sa profession. Ce sera bientôt l’inverse. La cinquantaine agréable et rieuse, on le voit courir car il aime pra quer le running comme on dit main- tenant, oublieux que nous sommes des termes de notre propre langue. Mais baste ! Justement, notre homme aime les mots, il en joue et les triture en phrases percutantes. Il y a quelques années il rem- porta un premier prix de Rotary club pour une des nouvelles fi gurant dans ce premier livre. « L’écriture me repose et m’emmène ailleurs d’où je reviens avec de nouveaux personnages à faire vivre… » (Sic). N’a-t ’il pas sor récemment de ses roirs une pièce de théâtre qu’une troupe va bientôt monter ? Un nouvel homme de plume est né en ces bords de l’Isle, allez à sa rencontre ! José Santos-Dusser.

« Un premier texte c’est comme un premier fi lm, c’est la naissance d’une expression, d’une écri- ture ou d’un style qu’on cherche encore, mais qui, ici, à travers la diversité des récits proposés s’affi rme et affi che déjà bien plus que des promesses. » Jean-Pierre Denis. (Extrait de la préface)

Le livre est à commander par courrier chez l’auteur : Pascal Mar al, Lacaze, 24400 prix 22 euros. Voir aussi «Perdu, j’étais perdu» à la page 14. Vous pouvez aussi le retrouver sur Facebook à https://www.facebook.com/rienestvraitoutestpossible/ EXTRAIT D’UNE NOUVELLE nous restaurions pe t à pe t, un chemin. On ne pouvait faire CONTENUE DANS LE LIVRE : nous nous préparions à vivre un mètre sans rencontrer un La tempête. quelques jours voire quelques chêne aba u, un pin déraciné, semaines, complètement cou- un charme fendu en deux, tout La Saint Sylvestre de ce e an- pés du monde. En eff et, il n’y cela dans un enchevêtrement née-là ne fut pas tout à fait avait pas d’autres maisons à inextricable qui aurait découra- comme les autres. D’abord, moins de 10 km à la ronde et gé les plus valeureux bûcherons. comme beaucoup de départe- pour se rendre chez nous, il fal- Malgré cela, nous avions décidé ments, le nôtre venait d’être lait parcourir 4 ou 5 km de piste. avec mon épouse et nos deux touché par la tempête et en- Le ma n qui avait suivi le dé- enfants de marquer le change- suite, nous avons reçu une visite sastre, je m’étais livré à une ment de millénaire en préparant que nous ne sommes pas prêts tournée d’inspec on et il ne un pe t souper - aux chandelles d’oublier. m’avait pas fallu longtemps pour bien sûr- près de la cheminée. Deux jours plus tôt, ce vent ter- me rendre compte que, vu l’am- Dans des condi ons dignes du rible avait arraché ou déraciné pleur des dégâts, ce n’était pas XIXème siècle, nous nous prépa- tout ce qui tenait debout. avec mes deux bras et ma tron- rions à passer dans le XXIème…… Dans notre ferme e que çonneuse que je pourrais ouvrir 70 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Lu pour vous.

Histoires racontées au vieux château. Par François Eva.

J’ai vécu la fi n d’une époque, la mort d’un milieu paysan plusieurs fois séculaire. En moi circulent les valeurs des croquants fi ers et gé- néreux, des Doublauds à la forêt malsaine; ses sorciers, ses fi èvres,… Tout ce monde décrit par Eugène le Roy dans l’ennemi de la mort ou Jacquou le Croquant.

J’ai construit ma personnalité sur ces valeurs, j’appar- ens à ce monde. Les changements brutaux de la société m’ont conduit sur une autre voie, celle de l’enseignement.

J’ai vécu jour après jour, les changements d’u n monde, la mort d’un autre. Cela m’a marqué à jamais; des interroga ons restent aujourd’hui encore sans réponses. Alors j’ai suivi le mouvement, mais au fond, je suis resté un marginal, un homme choqué par ces valeurs s’écrou- lant une à une, ne se reconnaissant pas dans celles des autres, mais les acceptant. HISTOIRES RACONTÉES AU VIEUX CHÂTEAU prix 14€ plus le port à commander à Esa Edi ons h p://acheter.mon-livre-en-ligne.com/

Coulobre, un lard comme cela , je n’en ferais pas de pareil

source : l’Avenir illustré Dordogne . Gallica. Loumagne. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 71

La fontaine de Loumagne. Par François Eva.

Il existait, il y a encore quelques dizaines d’années Nota : Sainte Qui erie est une jeune Sur la commune de Saint Jean d’Es ssac, vierge de sang royal wisigoth, qui pré- Une fontaine féra mourir plutôt que de renier sa foi. Miraculeuse au fi n fond d’un vallon sauvage, Décapitée vers 472 dans le palais royal Caché par la foret. d’Aire-sur-l’Adour, elle porta, selon la lé- Elle devait être connue depuis la nuit des temps gende, sa tête entre ses mains jusqu’au pour les vertus bap stère de la ville où se trouve une De son eau miraculeuse, fontaine qui porte désormais son nom. Sans doute bien avant l’époque gauloise Elle est fêtée le 22 mai. Et bien avant Charlemagne Qui avait fait construire sur la colline La dominant une abbaye pour femmes Dépendant de celle de Châtres Dont il ne reste aucune trace. Je me souviens étant enfant avoir vu des femmes, Souhaitant comba re leur stérilité Boire l’eau de la fontaine En rendant grâce à Sainte Qui erie Placée là par la chré enté Pour remplacer sans doute Quelque ancienne divinité païenne Que les gens du pays adoraient encore Et con nuaient à adorer au milieu du siècle dernier. Le pe t réservoir en forme de lavoir Où s’écoulait l’eau miraculeuse Etait rempli de pièces d’argent déposées là En remerciements à Sainte Qui erie. Eglise de Châlus Notre-Dame- Quoi qu’il en soit, c’était un endroit merveilleux, de-l’Assomp on, Haute-Vienne, Au charme mystérieux France, statue de Sainte Qui erie Envoûtant photo 2009 Le grand Cricri Wikipédia Où chaque année, au mois de Juin, Licence CC Se déroulait un pèlerinage. De nos jours la fontaine est devenue Un réservoir en béton d’où s’écoule Un méchant fi let d’eau que prolonge Un maigre ruisselet noyé dans les fougères. Le pèlerinage a tenté de reprendre, Mais peu de monde le suivent, le charme est rom- pu.. Au-dessus du vallon garde encore son mystère... Mais cela est une autre histoire, Il vaut mieux en garder le secret. Certaines choses ne se racontent pas… 72 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Puymartin.

La dame blanche de Puymar n. par Jean-luc BRUN. À Marquay, le château de Puymar n.

La construc on du château a débuté au XIIIe siècle. En 1357, le château devient possession anglaise. Les consuls de Sarlat rachètent le domaine aux anglais et l’abandonnent. Radulphe de Saint-Clar reconstruit le château en 1450. Au XVIe siècle, Raymond de Saint-Clar ra- chète le château et repousse les protestants. C’est lui qui reprend Sarlat aux huguenots sous le nom de Capitaine de Puymar n. Au XVIIe siècle, Jean de Saint-Clar et sa sœur Suzanne se disputent la possession du château pendant 40 ans. Suzanne en devient fi nalement propriétaire. Le château est abandonné au XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, le marquis Marc de Carbonnier de Marzac, grand-père du propriétaire actuel, res- taure le château dans un style néogothique grâce à la dot de sa femme. Le château est inscrit au tre des monuments historiques par arrêté du 6 décembre 1948. L’une de ses chambres du XVIIe siècle, lambrissée et peinte, est classée monument historique.

La légende. À côté de ce e pièce : Au XVIe siècle, Thérèse de Saint-Clar fut surprise par son époux de retour de guerre avec son amant. L’amant fut tué et l’épouse infi dèle fut emprisonnée dans ce e pe te pièce pendant 15 ans. La porte fut murée, seule une pe te trappe perme ait de faire parvenir la nourriture. À sa mort, son corps fut emmuré là, et depuis une légende dit que Thérèse reviendrait hanter le château le soir aux environs de minuit, son fantôme s’est manifesté à plusieurs personnes. Elle se promènerait dans l’escalier, dans sa pièce et sur les chemins de ronde : c’est le fantôme de la Dame Blanche. Photos de Vale Brun sur valelacoste.over-blog.com/tag/perigord/ Us et coutumes. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 73

Source : Coutumes, mythes et tradi ons des provinces de France / Alfred de Nore, De Chesnel Adolphe édi on Périsse frères (Paris) 1846. h p://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k670586/f155.item.r=perigord

Dans le Périgord, lorsqu’une jeune fi lle va recevoir la bénédic- on nup ale, elle ne manque pas de remplir sa poche droite de millet, pour n’éprouver aucun mauvais sort la première nuit de ses noces, parce que le vilain génie qui voudrait lui nuire, serait obligé de dire autant de paroles mys ques qu’elle a mis de grains de millet dans sa poche, et qu’il ne peut en connaitre le nombre. Pour écarter tout maléfi ce les époux doivent avoir grand soin de me re une pièce de monnaie dans leurs souliers au moment de la célébra on de leur mariage. Comme les sorciers ne nuisent point aux nouveaux épousés, lorsqu’ils ont été conviés à la noce, on ne manque jamais de les inviter en pre- miers. Une rece e infaillible pour l’union d’un jeune ménage, c’est de placer, lors de la bénédic on nup ale, le genou sur le vêtement de l’un des conjoints, aussi chacun y travaille de son mieux. Les maux des saints Lorsqu’un enfant est malade, on dit qu’il a le mal du saint, c’est-à-dire qu’un saint lui a donné ce mal. Il faut décou- vrir quel est ce saint, afi n d’aller l’invoquer dans l’église qui l’honore. A ce e fi n, on va trouver la reuse de cartes, c’est-à-dire la sorcière du village. La sorcière verse de l’eau dans un plat, prend un charbon qu’elle met sur l’eau et commence à reciter une litanie de saints. Le saint dont elle prononce le nom au moment où le charbon s’enfonce, est celui qui a donné le mal. On se rend alors à l’église où ce saint est honoré ; on entend la messe si possible ; en tout cas on se fait lire l’évangile, tenant à la main un cierge al- lumé. Cela coûte un sou. Ensuite, on va à la fontaine, on se met à genoux, on prie, on boit et on dépose quelque chose : une brassière, un béguin, un sou, tout au moins une épingle. Personne ne touche aux objets déposés. Ce- lui qui emporterait quoi que ce soit emporterait en même temps la maladie et en serait a eint sur l’heure.

Une pra que qui se faisait encore vers la moi é du XXe siècle dont la grand-mère de Marie Paule.

Dans le Nontronnais, à Saint-Pardoux-la-Rivière, les nourrices vont déposer sur l’autel de la vierge un fromage fait de leur propre lait. À Busseroles, on se contente de déposer une fi ole de lait au bout d’un ruban blanc et un morceau de pain. 74 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . La cuisine de mère-grand.

Entrée : Noix de Saint-Jacques aux truff es.

Pour 4 personnes. Suivant la rece e des chefs cuisiniers de 12 grosses noix de saint-Jacques, 25 à 30 l’auberge de la Truff e à Sorges. grammes de truff es, 1 salade verte, huile de tournesol vinaigre, sel et poivre.

Couper les noix de Saint-Jacques en 3 sans al- ler jusqu’au bout. Trancher la truff e en fi nes lamelles et les insérer dedans. Saler, poivrer. Filmer et laisser reposer une nuit au frais. Le lendemain, sor r les noix une heure avant la cuisson, allumer le four thermostat 6 ; poê- ler les noix sur chaque face dans l’huile par- fumée à la truff e (huile bien chaude pour les dorer) pendant 2 ou 3 minutes et déglacer au vinaigre de truff es, puis dresser sur des as- sie es allant au four. Les passer au four 2 à 3 minutes, juste pour chauff er l’intérieur sans cuire. A déguster sur un lit de salades

Plat : Fricassée de cèpes. Par Geneviève COULAUD.

1 - Coupez les queues des cèpes, juste sous le chapeau. Pelez-les et réservez. Ne oyez les cha- peaux sans les laver et coupez-les en deux ou trois.

2 - Versez l’huile dans une grande poêle et faites- la chauff er. Quand elle est bien chaude, ajoutez les cèpes et faites-les dorer en les retournant sans cesse. Salez et poivrez. Baissez le feu, couvrez et laisser cuire tout dou- cement pendant 20 minutes.

3 - Pendant ce temps, hachez fi nement les queues. Pelez et hachez l’ail et l’échalote. Lavez Pour 4 personnes le persil et ciselez-le. Mélangez ces ingrédients. - 750 g de cèpes, 3 cuillerées d’huile, 2 gousses 4 - Ajoutez le hachis aux cèpes entrain de cuire, d’ail, 1 échalote, 1 bouquet de persil. couvrez et laissez cuire, très doucement, pen- Sel et poivre dant 1h15. Servez très chaud dans un plat creux. La cuisine de mère-grand. LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 75

Dessert : Clafou s aux cerises par Nicole SARREAU.

Pour 6 personnes

- 750 gr de cerises noires NON dénoyautées, Flognarde aux pommes (variante limousine) - 80 g de farine, ¼ l de lait, 6 œufs, Remplacez les cerises par des pommes coupées - 100 g de sucre, une cuillère de rhum (ou autre) en cubes. et une pincée de sel Mélangez les directement dans la pâte qui doit être un peu lisse. Mélangez la farine, les œufs et le sel. Ajoutez pe- t à pe t le lait. Disposez les cerises rincées et équeutées dans un moule à manquer que vous aurez beurré. Versez la pâte sur les fruits. Cuire à four chaud pendant 35 mn. (environ 200°) Saupoudrez de sucre au moment de servir. Peut se manger froid ou ède. 76 ! Juillet 2016 n° 02 - LOU PÉRI DOC . Faits divers. Condamné pour chasse prohibée, il fera son service militaire dans un bataillon de … Chasseurs !

Avenir illustré Dordogne du 01/05/1905 Le 30 décembre 1904, le sieur Constan n, cantonnier, demeurant à Giaux, commune de Saint-Rémy, canton de Villefranche-de-longchapt, a tenté de se suicider en se coupant la langue. Cet homme est alcoolique et ne jouit plus de toutes ses facultés. Il s’est percé la langue en quatre ou cinq endroits avec un re-bouchon, et, à l’aide d’un couteau, il s’en est coupé une par e, disant que c’était des chancres qui lui rongeaient la langue. Il cherchait à s’arracher le restant avec ses ongles, lorsque ses voisins, a rés par les cris de sa mère l’ont ligoté en a endant que m. le maire de Saint-Rémy prit les me- sures nécessaires pour l’empêcher de se mu ler.

Une baisse d’impôt de dix cen mes en 1885 à Belvès. Occitan LOU PÉRI DOC . n° 02 - Juillet 2016 ! 77

Des dictons ou expression occitane. par Nicole SARREAU.

Au fi l des pages, vous en avez croisé une douzaine et combien en avez vous reconnu ?

Page 09 A l’an que vèn que se sèm pas maï, que siam pas A l’an qui vient, si nous sommes pas plus, que nous mens soyons pas moins. Page 17 Quand pléou per St Médard, pléou quaranto jours S’il pleut à la St Médard, il pleut 40 jours plus tard. pus tard. Rodas que rodaras, maï din ton païs tornaras. Autant tu vagabondes et te promèneras, dans ton pays tu retourneras. Page 21 D’enfants à l’ostal, de rats a la cavo, de pijons al Des enfants à la maison, des rats à la cave, des pi- plancat, an ben destarbat un ostal. geons au grenier ont vite détruit une maison. Les cats fan pas de chins Les chats ne font pas des chiens.

Page 28 Pos virar ton cuel al vent, pas pas lo virar al Tu peux tourner ton cul au vent, tu ne peux pas le temps. tourner au temps. A la Caterina, tota broca pren racina. A la Ste Catherine, tout bois prend racine.

Page 34 La femna ne fai passar pel la fenestra, mai que La femme en fait plus passer par la fenêtre que l’ome ne fai dintrar per la porta. l’homme n’en fait entrer par la porte. Page 50 La femna vai a l’ome come la peira a l’anel. La femme s’adapte à l’homme comme la pierre à la bague. Page 66 Dou trabai ? Chas nautreis n’i a toujours prou .. Du travail..chez nous il y en a toujours assez quand Quand n’i aper un n’i a per quatre il y en a pour un il y en a pour quatre.

il est possible d’avoir un exemplaire du livre au prix soldé de 6 € plus 5 € de frais d’envoi . m’écrire à [email protected] nombre limité.