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, scène du souper, 1964 Le Nozze di Figaro, 1970 Cosi fan tutte, 1965 © Photo Henri Ely, Aix

HOMMAGE A (18 mai 1924- 13 mai 2020)

Peu, voire pas de mots dans les médias "grand public" pour rendre hommage à celui qui fut pourtant souvent qualifié de « gloire nationale » ou « d’ambassadeur du chant français » ! Tous les regards étaient tournés vers Michel Piccoli, son cadet de deux ans. Ironie du sort, tandis que disparaissait celui qui fut pour la télévision le Don Juan de Bluwal, s'éteignait aussi celui qui avait révélé au monde entier, par le biais de l'Eurovision, le Don Juan de Cassandre au Festival d'Aix-en-Provence ! Nos médias à courte mémoire ont aussi oublié que Gabriel Bacquier figure, des années 1950 aux années 1990, dans un nombre impressionnant d'émissions, talk-shows et magazines télévisés, dont l'INA conserve la trace. Outre les retransmissions d'opéra, il doit à cette présence médiatique sa popularité auprès du grand public. Ainsi, il n'était pas rare qu'on l'interpelle à son entrée dans un restaurant aixois jusqu'au début des années 2000. Considéré comme l’un des meilleurs du XX° siècle, s’est produit sur les scènes lyriques du monde entier, ce baryton tout en incarnant la grande tradition du chant français. Fruit d’une combinaison rare de qualités vocales et dramatiques, mais aussi d’un travail acharné, cette carrière prestigieuse avait débuté modestement au début des années 1950, avec son passage obligé dans les troupes lyriques aux cadences infernales, puis à l'Opéra de , comme le retrace Sylvie Oussenko dans la biographie qu’elle lui a consacré 1. Elle allait se poursuivre jusqu’en 1995 sur les scènes du mond entier, et bien plus tard en tant qu’ enseignant à l’école de chant de l’Opéra de Paris - créée par Bernard Lefort, l'un des directeurs aixois - , à l’ Académie de chant de Monte-Carlo, et lors d’innombrables master-classes, au cours desquelles il a pu aider, selon son expression, de jeunes chanteurs à « s’inventer ». Mais rendre hommage à Gabriel Bacquier, c’est aussi feuilleter quelques unes des plus belles pages de l’histoire du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, que cet artiste exceptionnel a marqué de son empreinte, en trente ans de présence et autant de créations mémorables. La Ville d'Aix l'avait d’ailleurs distingué en 1966 et en 1977, en lui décernant la médaille de la ville, puis la Cigale d’or, un trophée dessiné par l’orfèvre Michel Kléniec destiné à récompenser les carrières prestigieuses, également remis en son temps à Elisabeth Schwarzkopf et à Montserrat Caballé. En 1998, à l'occasion du 50ème anniversaire du Festival d'Aix, il avait animé de sa verve légendaire la table- ronde "Les Grands témoins du Festival" organisée par les Amis du Festival, aux côtés de ses complices , et Irène Aïtoff.

Académie Europénne de Musique 2001. Au 1er rang à gauche, E.Wagner et B.Delaage ©Archives de l’artiste 1

1- Sylvie Oussenko : Gabriel Bacquier, le génie de l’interprétation. MJD Feditions, 2011 Il revenait en 2014, en prélude à l’exposition qui lui était consacrée, pour inaugurer la rue et remettre le prix Dussurget, décerné par l'association des Amis de à un artiste de l’ Académie Européenne de Musique, afin de perpétuer l’esprit de découverte du Festival. C'est en effet Gabriel Dussurget, le fondateur du Festival d’Aix, qui lui avait confié le rôle de Don Juan en 1960, tandis que Stéphane Lissner, artisan de la renaissance du Festival à la fin des années 1990, l'invitait à son tour, en 2001, à transmettre son art de l’interprétation aux chanteurs de l’ Académie nouvellement créée. A l’issue de leur semaine de formation, ces jeunes artistes venus de tous horizons, au départ quelque peu médusés par la verdeur de cet enseignant bien peu académique, lui faisaient une véritable ovation ! Derrière la truculence du « Raimu de l’art lyrique », comme on a pu le qualifier, se cachaient toutefois la sensibilité et l’intelligence d’un immense artiste. Ces qualités lui ont permis de mener une carrière exemplaire, au cours de laquelle il n’a cessé de se renouveler : inventant quasiment le concept de chanteur- acteur, n’hésitant pas à remettre en question ses rôles et sa technique vocale, il n’a jamais accepté de se mettre sur les rails d’un succès facile et d’abandonner sa sacro-sainte indépendance, y perdant sans doute la chance de connaître une notoriété plus grande encore.

De l’Opéra de Paris aux scènes du monde entier « Son Scarpia était le plus formidable car le plus sophistiqué, son Dr Bartolo le plus comique bien que dénué de toute bouffonnerie, son Don Alfonso, malgré sa suavité, était aussi le plus dominateur » (The Grove’ s Dictionary of ) .

L’année 1960 représente un tournant dans la carrière de Gabriel Bacquier. Membre de la troupe de l'Opéra de Paris, il interprète pour la première fois en italien le rôle de Scarpia - dans lequel on avait déjà pu l’entendre en français en de multiples occasions, y compris pour la télévision française - aux côtés de et du ténor . Interprétation qui éclipse jusqu'à la rivale de Callas, attirant sur lui tous les regards, et en particulier ceux de Gabriel Dussurget, fondateur du Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence, , Covent Garden ©archives de alors également conseiller artistique de l’Opéra de Paris. C’est ainsi que l'artiste Gabriel Bacquier deviendra à Aix l’été suivant le premier Don Giovanni français, dans la mythique production de Cassandre créée en 1949, où il parviendra à faire oublier son premier titulaire, Renato Capecchi.

Désormais sa carrière internationale est lancée. Elle le conduira sur toutes les grandes scènes lyriques : Festival de Glyndebourne, Covent-Garden, Opéras de Berlin, de Vienne, Teatro Colon de Buenos Aires, et surtout, de New-York, où, engagé initialement pour deux œuvres françaises - Samson et Dalila et (dans lesquelles il exige que les dialogues, traditionnellement coupés, soient rétablis), il se produira pendant dix-huit ans, essentiellement dans le répertoire italien ! Dans le même temps, il continuera à faire les beaux soirs de l'Opéra de Paris sous la direction de Rolf Liebermann, alors que la plupart des gloires du chant français en avaient été écartées, aux côtés de Domingo, Raimondi ou Pavarotti. , avec J.Vickers, Le Met © archives de l’artiste Il a enregistré tous les grands rôles de baryton (à l'exception du répertoire germanique) avec les plus grands artistes, laissant ainsi, parmi la soixantaine de disques gravés par Emi, Decca ou Columbia, dont plusieurs extraits figurent sur internet, des interprétations inoubliables de Scarpia (Tosca), Iago (Othello), ou Golaud (Pelléas et Mélisande)... Il est également dédicataire de plusieurs œuvres lyriques du XX° siècle qu’il a créées, de l’Opéra de Marseille (Andrea del Sarto de Daniel-Lesur) à de Milan (Pour un de Rivière).

2 Avec M.Caballé à Orange I Avec R.Raimondi à Paris en Leporello I Gianni Schicchi au Met I Les Contes d’Hoffman, film TV©Archives de l’ artiste

L'aspect le plus remarquable du talent de Bacquier réside toutefois sans doute dans sa capacité confondante à passer du registre dramatique au registre comique, avec une égale crédibilité. Dans la dernière partie de sa carrière, il campera entre autres d 'inénarrables Bartolo du Barbier, ou abbé Bridaine des Mousquetaires au couvent, en passant par les Offenbach : Agamemnon de La Belle Hélène, le Gouverneur de La Périchole ou le baron Gondremarck de La Vie parisienne, sans oublier le Coppelius des Contes d'Hoffmann. Il était aussi un formidable Fra Melitone, en particulier aux Chorégies d'Orange en 1982, avec Montserrat Caballé, et un Gianni Schicchi d'anthologie. Fra Melitone - https://www.youtube.com/watch?v=1xcUQWVUT1A Après celui de Don Juan, il endossera l'habit de Leporello avec autant de facilité, comme on a pu le voir dans la retransmission du spectacle du Met de 1978.

Trente ans de présence au Festival d’Aix-en-Provence Mais c'est avec le théâtre de l'Archevêché qu'il avait gardé des liens indéfectibles. Gabriel Bacquier a été pendant trente ans « l’enfant chéri » du Festival d’art lyrique d’ Aix-en-Provence, dans des productions qui constituent souvent pour lui des prises de rôle. Il est ainsi le seul artiste, avec Teresa Berganza, à avoir traversé les “ères” successives du Festival, et à avoir accompagné l'évolution de son répertoire, ayant à son actif onze productions aixoises, quelques concerts remarquables, et souvent deux voire trois rôles la même année !2 Bacquier place sa réussite à Aix sous le double patronage de Gabriel Dussurget et d’Irène Aïtoff, qui l’a « porté à Aix sur les fonts baptismaux ». Rigueur et connaissance intime du répertoire caractérisent celle qui fut la pianiste d’Yvette Guilbert, et qui règne en coulisses sur le travail des artistes. C’est avec elle qu’il travaille les récitatifs, sur lesquels ils passent des heures, M.Rinaldi (Susanna) et G.Bacquier comme elle le confirmait en 1998 lors de la table-ronde "Les Grands témoins (Figaro) Le Nozze di Figaro, 1964 du Festival". ©Photo Henry Ely-Aix Gabriel Bacquier va s’affirmer alors comme un interprète mozartien de premier ordre : en 1963, il incarne le premier d’une longue série de Don Alfonso dans Cosi fan tutte. En 1964 il est Figaro dans la production autrefois très controversée des Nozze di Figaro du peintre catalan Antoni Clavé. Il sera aussi le Comte dans ces mêmes Noces en 1970, cette fois dans les décors plus consensuels de Pierre Clayette. Mais il reste essentiellement dans les mémoires pour son incarnation de Don Giovanni dans la production de Cassandre. En 1960, démultipliée par la retransmission du spectacle en Eurovision - et en «prime time » ! - , un nouveau mode de diffusion inauguré l’année précédente, les spectateurs y découvrent alors, comme en témoigne Hugues Gall3 « cette fulgurante présence qui faisait qu’à cette époque, il était le plus prodigieux Don Juan de son temps ».

2 - En 1963, il interprète par exemple Don Alfonso dans Cosi fan tutte, et Brander dans La Damnation de . Il rend également hommage à , qui vient de décéder, dans un récital consacré au compositeur. 3- Hugues Gall, Directeur de l’Opéra de Paris de 1995 à 2004 3

« Monsieur Don Juan » Si le Don Juan de Renato Capecchi, jeune chanteur de vingt-six ans, était en parfaite adéquation avec la conception juvénile de Cassandre, Gabriel Bacquier aura marqué plus durablement encore ce rôle par la complexité de son interprétation, qui lui vaudra d’ailleurs d’être engagé au Staatsoper de Vienne dès la saison 1960-61. Pour les journalistes et le public, Gabriel Bacquier incarnera véritablement le personnage de Don Juan - « il ne joue pas, il est Don Juan » - au point qu’on l’appelle « Monsieur Don Juan » 4, écrit Le Méridional . En 1964 et en 1967, des millions de téléspectateurs retrouvent ce « Don Juan qui aurait lu Kierkegaard » comme l’affirme le présentateur Georges de Caunes en 19645. .W.Ganzarolli et G.Bacquier, Don Giovanni, Festival d’Aix 1964 Le burlador trouve cette année-là un partenaire de choix en Wladimiro ©Photo Henry Ely-Aix Ganzarolli dont Gabriel Bacquier estime que « jamais personne n’a compris Leporello comme il le fait, et surtout les liens qui unissent le maître et le valet ». Etonnamment complices, les deux larrons brûlent littéralement les planches : « Vendredi soir...Bacquier éclata d’un rire satanique qui fit courir un frisson parmi les dames de l’assistance, et Ganzarolli faillit mettre le feu à la table de Don Juan pendant l’apparition du commandeur », témoigne Jean-Paul Hubrecht6 : Quant à Jacques Lonchampt, il affirme dans : « Personne ne saurait donner une image aussi puissante, tragique et séduisante de ce héros…Ce n’est plus un art de composition, ce n’est plus seulement une voix exceptionnellement souple, chaleureuse et terrible, c’est le personnage totalement assumé dans sa diversité ondoyante de grand seigneur, d’amoureux fou, de libertin, qui remplit son existence à ras-bord, excluant par là même l’angoisse, le mystère et la mort ». (13 juillet 1967)

Les Noces : de Figaro au Comte La même année, Gabriel Bacquier incarne Figaro dans Le Nozze di Figaro, un rôle dans lequel il se distingue également, apportant un éclairage nouveau sur ce personnage. Selon Hubrecht encore, au lieu du valet parfois balourd couramment représenté à l’époque, son Factotum « s’orne de raffinements aristocratiques et s’arme d’une autorité peut-être empruntée au Leporello de Don Giovanni [perdant] un peu du pathétique du personnage pour gagner une dignité nouvelle »7. Toutefois, ce rôle qui ne lui est pas vraiment destiné vocalement restera sans lendemain, et c’est dans celui du Comte – dont la prise de rôle a eu lieu à Glyndebourne - qu’il reviendra à l’Archevêché en 1970.

K. Te Kanawa (Comtesse), G.Bacquier (Comte), Le Nozze , ll s’impose à nouveau dans ce personnage, qui trouvera son aboutissement Opéra de Paris 1973©Archives de quelques années plus tard à l’Opéra de Paris dans la fameuse production signée l'artiste Giorgio Strehler et Ezio Frigerio, reprise avec d'illustres partenaires de 1973 jusqu'à la clôture du mandat de Liebermann en 1980.

Un Don Alfonso de légende Le personnage mozartien que Gabriel Bacquier aura le plus souvent interprété à Aix reste cependant Don Alfonso dans Cosi fan tutte, puisqu’il sera distribué dans ce rôle de 1963 à 1980, dans deux productions différentes.

4- « Monsieur G.Bacquier, qu’il est coutume d’appeler désormais à Aix « Monsieur Don Juan » - Le Méridional, 14 juillet 1967 5- Sǿren Kierkegaard, philosophe danois : Le journal du séducteur in « Ou bien…ou bien » 6 - Le Méridional, 19 juillet 1964 7- Le Meridional ,13 juillet 1964 4

En 1963, il succède à Marcello Cortis, également metteur en scène. La mise en scène de ce dernier est conservée, les décors et costumes sont de François Ganeau, remplaçant ceux de Balthus, assez critiqués lors de la création en 1950. Il reprend le rôle en 1965 avec les « deux Teresa » (Stich-Randall et Berganza), ainsi qu' en 1967, puis en 1977 et en 1980, cette fois dans la nouvelle production de l'ère Lefort, mise en scène par Jean Mercure et scénographiée par Radu et Miruna Boruzescu, qui utilisent le mur du théâtre de l’Archevêché rénové comme toile de fond. Dans l’un et l’autre spectacle, Gabriel Bacquier est magistral en philosophe madré, « maître de la scène et de la situation », campant un Alfonso « prodigieux, qui conserve malgré les années une voix « chaude et belle, d’une lisibilité absolue...grand seigneur qui tire les ficelles avec une absence totale de scrupules » comme l’écrit Jacques Longchamp, dans Le Monde du 17 juillet 1977.

Pelléas et Mélisande : la révélation V. Masterson, G.Bacquier, S.Lindenstrand, Mais dès 1966, Gabriel Dussurget l’a pressé de quitter Mozart pour Le Nozze 1977©A.Pjacques/Ville d'Aix interpréter le rôle de Golaud dans Pelléas et Mélisande de Debussy. Bacquier est réticent : il ne comprend « ni cette musique, ni ce personnage ». C’est le chef d’orchestre Serge Baudo qui le convaincra, en lui jouant des passages entiers de l’œuvre sur le piano de l’hôtel particulier qu’il partagent. Au terme d’un travail acharné avec Irène Aïtoff, le personnage de Golaud, dont il deviendra le plus ardent défenseur, lui « colle à la peau ». Le succès public achève de le persuader qu’il ne s’est pas trompé. La partition de Debussy lui aura révélé, dit-il, une nouvelle dimension de l’opéra, qui lui permettra d’approfondir les autres personnages du répertoire pour mieux les extérioriser. Cette prise de rôle sera suivie, en 1971, de celle de , dans l’opéra éponyme de Verdi, où il succède à Wladimiro Ganzarolli et Rolando Panerai, deux de ses partenaires de prédilection dans le rôle de Leporello G.Bacquier et N.Menut, Pelléas (Don Giovanni). Si cette œuvre amorce déjà un tournant vers les rôles bouffes 1968©Photo Henry Ely Aix qu’il va interpréter plus tard, son Pancione n’est nullement caricatural.

Il ne reste malheureusement aucune trace de son interprétation aixoise. Le metteur en scène Götz Friedrich

en fixera le souvenir dans un film réalisé quelques années plus tard, sorti en DVD (Unitel).

De gauche à droite : Falstaff, Festival d’Aix 1971 ©Photo Henry Ely-Aix et Ville d'Aix-en-Provence Film de G.Friedrich, 1976 ©archives de l’artiste 5

Belcanto et opera buffa Les années soixante-dix marquent un changement dans la programmation et l’esthétique du Festival. Bernard Lefort8 succède à Gabriel Dussurget, l’âge des peintres décorateurs s’achève au profit de l’avènement des metteurs en scène. Lefort donne également une place prépondérante au répertoire belcantiste, et en particulier à Donizetti. Gabriel Bacquier va s’illustrer une nouvelle fois dans deux créations qui sont également pour lui des prises de rôle : l’Elisir d’amore en 1975, où il campe un Dulcamara irrésistible aux côtés de Janet Perry, piquante et ravissante Adina, et de l’excellent baryton Timothy Nolen, qu’il retrouvera en 1978 dans Don Don Pasquale, 1978 ©Photo Henry Pasquale. Ely-Aix Utilisant les contraintes d’un spectacle « de tréteaux » que lui impose la place des Quatre dauphins, nouveau lieu scénique du festival, le metteur en scène Jean-Louis Thamin a situé l’action dans l’univers du cirque. Gabriel Bacquier y transcende une fois encore les visions caricaturales et purement bouffes du vieux barbon malmené par sa jeune épouse, « régnant naturellement sur la production…avec cette voix énorme et savoureuse, si expressive qu’on devine chaque nuance du texte comme s’il chantait en français » (Jacques Longchamp, Le Monde du 21 Juillet 1978). Il réussit à rendre pathétique ce personnage, sorte de clown triste, « vieux lion » dompté par la Sofronia/Norina de Faye Robinson, tout en conservant un abattage irrésistible, comme dans le fameux duo Cheti, cheti avec son comparse Nolen/Malatesta. Je saisis l'occasion de rendre hommage à un autre disparu depuis peu, le ténor Robert Andreozzi, vieux compagnon de route de Bacquier à l'Opéra de Paris, qui incarnait ici le Notaire, et qui fut pendant de longues années professeur de chant lyrique au Conservatoire Darius Milhaud. En 1990, Gabriel Bacquier retrouvera le personnage de Don Pasquale, qu’il a interprété entretemps dans le monde entier. et Gino G.Bacquier et B.Hendricks, Don 9 Pasquale 1990©A.P Jacques/Ville d'Aix Quilico, également révélés par le Festival quelques années auparavant , lui donnent cette fois la réplique dans une production plus conventionnelle, pour sa dernière apparition sur la scène de l’Archevêché10. Don Pasquale, Met - https://www.youtube.com/watch?v=X4a1_Lb5KA4 L’année précédente, Louis Erlo, successeur de Bernard Lefort11, y avait redonné sa mise en scène de L’Amour des trois oranges de Serge Prokofiev, créée à l’Opéra de Lyon, avec Gabriel Bacquier dans le rôle du Roi de Trèfle « monarque autoritaire, incapable et désopilant ». Bacquier y retrouvait l’équipe de jeunes chanteurs issus de l’Opéra Studio de cette maison dont il était aussi l'un des piliers, parmi lesquels Béatrice Uria- Monzon, Jean-Luc Viala ou Catherine Dubosc, aux côtés de l’« hénaurme » Jules Bastin dans le rôle de la terrible cuisinière Créonte, et de Michèle Lagrange en Fata Morgana. Sa carrière scénique avait pris fin en 1995 à l’Opéra de Marseille, pour un ultime Pelléas et Mélisande, cette fois dans le rôle du vieux roi Arkel. Mais elle allait se poursuivre en récital et au disque, dans un répertoire plus léger - opérettes et chansons - qu’il continuait d’interpréter il y a quelques années encore en compagnie de son épouse Sylvie Oussenko, dernier et grand amour L'Amour des trois oranges, 1989 ©A.P de la vie de cet éternel séducteur. Jacques/Ville d'Aix 8- Bernard Lefort, directeur de 1973 à 1980 6 9- B.Hendricks dans Le Nozze di Figaro, en 1979 ; G.Quilico dans L’orfeo de Monteverdi, en 1985 10- C’est dans ce rôle qu’il fêtera ses 70 ans sur la scène de l’Opéra-Comique, en 1994. 11- L.Erlo, directeur du Festival d'Aix de 1983 à 1996. Egalement directeur de l’Opéra de Lyon Extraits et hommages des artistes et des Maisons d'opéra sur https://www.olyrix.com/articles/actu-des- artistes/4071/le-monde-de-la-musique-rend-hommage-a-gabriel-bacquier-article-musique-lyrique-classique- opera-baryton-francais

GABRIEL BACQUIER AU FESTIVAL D’AIX * prises de rôle

Don Giovanni - W.A Mozart 1960 - Reprise de la production de 1949. Direction A. Erede, mise en scène J. Meyer, décors et costumes A.M Cassandre

G. Bacquier (D.Giovanni)*, R. Panerai (Leporello), T. Stich-RandallG.Bacquier, J. Perry et T. Nolen, L'Elisir d'amore, 1975 (Donna Anna), I. Ligabue (Donna Elvira), M. Adani (Zerlina), L. Alva (Don Ottavio), U. Trama (Masetto), G. Tadeo (Le Commandeur) 1964 - Direction P. Maag, mise en scène J. Meyer, décors et costumes A.M Cassandre G. Bacquier (D. Giovanni), W. Ganzarolli,(Leporello), T. Stich-Randall ( Donna Anna), I. Ligabue ( Donna Elvira), L. Alva (Don Ottavio), G. Tadeo (Commandeur), M. Adani (Zerlina), T. Uppman (Masetto) 1967 - Direction S. Baudo, mise en scène J. Meyer, décors et costumes A.M Cassandre G. Bacquier (D.Giovanni), H. Blankenburg (Leporello), G.J anowitz (Donna Anna), S. Staelmann (Donna Elvira), J. Mars (Commandeur), M. Bonifaccio (Zerlina), R. Soyer (Masetto) Cosi fan tutte - W.A Mozart 1963 - Nouvelle production, reprise partielle de 1950. Direction S. Baudo, mise en scène M. Cortis, nouveaux décors et costumes F. Ganeau G. Bacquier (Don Alfonso)*, T. Stich-Randall (Fiordiligi), B. Casoni (Dorabella), P. Bottazzo (Ferrando), R. Panerai (Guglielmo), M. Adani (Despina) 1965 - Direction S. Baudo, Mise en scène M. Cortis, réal. M.Crochot, décors et costumes F. Ganeau G. Bacquier (D.Alfonso), T. Stich-Randall (Fiordiligi), T. Berganza (Dorabella), M. Sénéchal (Ferrando), D. Mantovani/ W.Ganzarolli (Guglielmo), M. Adani (Despina) 1967 - Direction M. Gielen, mise en scène M. Cortis, réal. M. Crochot, décors et costumes F. Ganeau G. Bacquier (Don Alfonso), E. Harwood (Fiordiligi), J. Veasey (Dorabella), L. Alva (Ferrando), R. Panerai (Guglielmo), M. Adani (Despina) 1977 - Nouvelle production. Direction Sir Ch. Mackerras, mise en scène J. Mercure, décors et costumes R.et M. Boruzescu, chorégraphie P. Lacotte G. Bacquier (Don Alfonso), V. Masterson (Fiordiligi), S. Lindenstrand (Dorabella), F. Araiza (Ferrando), K. Skram (Guglielmo), N. Burrowes (Despina) 1980 - Reprise de la production de 1977- distribution identique excepté E. Büchner (Ferrando)., chorégraphie et danse B. Lefebvre

Le Nozze di Figaro - W.A Mozart 1964 - Reprise de la production de 1952. Direction P. Maag, mise en scène J.Meyer, décors et costumes A.Clavé G.Bacquier (Figaro), M.Rinaldi (Susanna), R.Kerns (Comte), T.Stich-Randall (Comtesse), T.Berganza (Cherubin), M.Hamel (Basilio), L.Monreale, (Bartolo P.Johnson (Marcellina), N.Geanty (Barbarina), Jacques Loreau (Antonio) 1970 - Reprise de la production de 1968. Direction J. Semkow, mise en scène J.L Cochet, décors et costumes P.Clayette G.Bacquier (Comte)*, N.Panni ( Comtesse), A.Romero (Figaro), E.Robson (Suzanne), E.Lublin (Cherubino), J.Collard (Marcellina), P.Lagger (Bartolo), A.M Blanzat, (Barbarina) F.Andreolli (Basilio), J.Loreau (Antonio) Pelléas et Mélisande - Claude Debussy 1966 – Création au Festival d’Aix. Direction S. Baudo, mise en scène, décors et costumes J. Dupont G. Bacquier (Golaud)*, E. Lublin (Melisande), Ch. Workman (Pelléas), N. Zaccaria (Arkel), A. Reynolds (Genevieve), A.M Blanzat (Yniold) 1968 - Reprise de la production de 1966. Direction S. Baudo, mise en scène, décors et costumes J. Dupont G. Bacquier (Golaud), I. Jarsky/N. Menut (Melisande), H. Gui (Pelléas), R.Soyer (Arkel), A. Reynolds (Genevieve), A.M Blanzat (Yniold)

Falstaff - Giuseppe Verdi 1971 - Reprise de la production de 1966. Direction P. Dervaux, mise en scène M. Crochot, décors et costumes Y. Henry G. Bacquier (Falstaff)*, J. Barstow (Alice), R. Creffield (Meg), N. Howlett (Ford), F. Barbieri (Mrs Quickly), M. Bonifaccio (Nannetta), E. Gimenez (Fenton), .P. Proenza (Dr Caius), A. Maddalena (Pistola), F.Andreolli (Bardolfo)

Falstaff, 1971©Ville d'Aix L’Elixir d’amour - Gaetano Donizetti 1975 - Création au Festival d’Aix. Direction A. Jordan, mise en scène W. Duggelin, décors et costumes J. Zimmermann. G. Bacquier (Dulcamara)*, J. Perry (Adina), G. Littai (Nemorino), T. Nolen (Belcore), R. Roberts (Giannetta)

Don Pasquale - Gaetano Donizetti 1978 - Création au Festival d’Aix. Direction G.F Rivoli, mise en scène J.L Thamin, décors et costumes D. Borg, chorégraphie P. Lacotte. G.Bacquier (Don Pasquale)*,T. Nolen (Malatesta), F. Robinson (Norina), M. Rosness (Ernesto), R. Andreozzi (Le Notaire) 1990 - Nouvelle production. Direction G. Ferro, mise en scène P. Gracis, décors et costumes L.Crissman G. Bacquier (Don Pasquale), B.Hendricks (Norina), G. Quilico (Malatesta), L.Canonici (Ernesto), R. Schirrer (Le Notaire)

L’Amour des trois oranges - Serge Prokofiev : version originale en français 1989 - Création au Festival d’Aix, en coproduction avec l’Opéra de Lyon. Direction K. Nagano, mise en scène L. Erlo, décors J. Rapp, costumes F. Bruni G. Bacquier (Le Roi de Trèfle), J.L Viala (Le Prince), H.Perraguin (Clarisse), V. Le Texier (Leandre), G. Gautier (Truffaldino), M. Lagrange (Fata Morgana), C. Dubosc (Ninette), G. Reinhardt (Tchélio), J. Bastin (Cuisinière), B. Uria-Monzon (Sméraldine), B. Fournier (Nicolette), C. Caroli (Linette)

Concerts et récitals 1963 - , direction P.Dervaux – G.Bacquier (Brander) In memoriam Francis Poulenc - Mélodies, avec J.Février, piano

J.Mars, H.Blankenburg, G.Bacquier, Don Giovanni, scène du cimetière, 1967©J.Bouville/Ville d’Aix