Prévient Véronique Hivon
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REVUE DE PRESSE 29 janvier 2021 Radio PRESSE information JOURNAUX télé MÉDIAS édias Msociaux Afin de se conformer à la Loi sur le droit d’auteur, la FCSSQ détient une licence autorisant une redistribution électronique restreinte de ce document. PRODUIT PAR Le Devoir, 29 janvier 2021, page A7 III CORONAVIRUS Ensemble avec qui 2 AURÉLIE LANCTOT se tourner vers des biens, des loisirs et des espaces d'évasion que l'on chérit. Même l'accès salvateur à la 'appel lancé par un François Legault qui, nature n'est pas distribué également, c'est même une surfant sur un monticule de neige, invitait évidence. Parlez-en aux familles confinées dans leurs lo- les internautes à partager sur les réseaux gements trop petits et trop chers — parce que la pandé- sociaux des photos joyeuses de leur quoti- mie a tout perturbé, sauf la spéculation immobilière — dien pandémique a vite été entendu par ou aux sans-abri autochtones arrachés au territoire qu'on ses ministres. C'est ainsi qu'on a pu voir laisse mourir dans la rue. Lionel Carmant danser devant son imposante baie vi- Ces images ne témoignent pas seulement d'un accès trée, Jean-François Roberge jouer de la guitare sur son privilégié au divertissement en ces temps difficiles. Elles divan en cuir devant une immense fenêtre, Sonia LeBel s'ajoutent à une fresque qui dépeint quelque chose com- repeindre un meuble et poser dans son habit de ski, An- me une « idée caquiste de la vie bonne », esquissée à dré Lamontagne jouer d un piano à queue dans un salon travers le discours gouvernemental depuis le début de la somptueux, Geneviève Guilbault faire une marche avec pandémie. Ce discours sur les petits-plaisirs-malgré-la- sa poussette luxueuse, dans une rue bordée de construc- pandémie s'articule autour d'éléments très précis, d'un tions neuves. « Tous ensemble pour aller mieux », écri- conservatisme assumé, exaltant les bonheurs de la do- vaient-ils, apparemment sans se douter que ça pourrait mesticité et les joies de la consommation dans l'espace mal passer. privé. Cette parade est le reflet d'une vision de la société Comment, en effet, ne pas être insulté de voir la prise où le rayon de la solidarité se limite à la sphère domesti- en charge de la santé mentale être réduite à une affaire que et aux liens de sang, où la notion d'effort collectif ri- de petites joies quotidiennes, alors qu'il ne se passe pas me avec obéissance et autosuffisance plus qu'avec parta- une semaine sans qu'on rapporte de nouveaux signes ge et équité. Une parade qui ignore le manque éprouvé alarmants d'une explosion de la détresse — aggravation par ceux qui n'accèdent pas aux loisirs dispendieux ou des troubles alimentaires, de la dépression, de l'anxiété, aux jouissances de la propriété. Et, à force, cette omis- des problèmes de consommation ? Sans qu'on déplore sion finit par avoir l'air délibérée. Voilà ce qui choque. l'accès déficient aux services de soutien et l'insuffisance Un collègue me faisait remarquer, à la blague, que les des ressources distribuées dans l'urgence pour pallier gens placés en situation précaire par la pandémie, et tout des carences connues depuis longtemps ? particulièrement les citadins — ça fait pas mal de monde Sans verser dans le dolorisme, disons qu'on accueille- —, mènent désormais une vie « sans nature ni culture ». rait mieux ce bouquet d'images positives si l'on ne pro- C'est très juste. Car bien des gens mènent une vie qui posait pas que ça, et si la dernière année n'avait pas été, dépend de l'accès aux espaces publics, partagés, com- précisément, une année sans images. Une année mar- muns ; une vie remplie avant tout par des plaisirs imma- quée par la mise en sourdine de tout ce qu'on a aban- tériels et des relations tissées hors de l'unité domestique. donné dans les marges. Des marges qui, en fait, se sont Si je plonge dans mon archive photographique de la drôlement élargies, au point où, par « marge », il faut dernière année, j'y vois seulement des absences. L'ab- comprendre : tout ce qui s'éloigne d'un niveau de vie où, sence des soirées froides où l'on s'entasse autour d'une pour « garder le moral » et « aller mieux », il suffit de table sans raison particulière, l'absence des explosions © Droits auteurs protégés, propriété de l'éditeur La vente et la reproduction de ce document sont strictement interdites de joie sur le terrain de soccer, des après-midi passés sur l'herbe à partager un repas, dans les festivals, les fêtes de rue, les piscines publiques ; la danse, les causeries or- ganisées dans des salles trop petites, où l'on se serre pour mieux tendre l'oreille, les sorties à la bibliothèque. Bien sûr que tout cela doit disparaître et pour le temps qu'il faudra. Mais je me demande comment on peut ignorer que, pour bon nombre de gens, les joies suspen- dues n'ont pas été remplacées par la multiplication des fins de semaine de ski et des grasses matinées dans le confort d'une maison spacieuse. Je me demande com- ment on peut ne pas savoir qu'une bibliothèque publique est un service essentiel. La fracture qui se révèle là n'est pas une opposition entre la ville et la campagne, entre la métropole et ses périphéries. Ce n'est pas parce que la CAQest un gou- vernement de région ou de banlieue qu'elle met en avant un accès privilégié à la nature, à la mobilité et à la jouissance de la propriété immobilière pour « garder le moral ». La fracture ici n'est pas éographique, c'est une fracture de classe. La même qui s exprime lorsqu'on re- mercie les travailleurs gagnant le salaire minimum pour leur travail essentiel sans penser à leur garantir un reve- nu suffisant pour vivre ; la même qui a conduit à igno- rer, pendant des années, les appels à l'aide du personnel qui tient à bout de bras le réseau de la santé. Et on peut très bien dire tout ça en continuant rigoureusement à collaborer pour endiguer la pandémie. Comment, en effet, ne pas être insulté de voir la prise en charge de la santé mentale être réduite à une affaire de petites joies quotidiennes ? © Droits auteurs protégés, propriété de l'éditeur La vente et la reproduction de ce document sont strictement interdites La Presse Plus, 29 janvier 2021, page A2 ACTUALITÉS EXIT LES PURIFICATEURS CAROLINE TOUZIN À la rentrée de septembre, bien dont une équipe de l'Université LA PRESSE avant que Québec ne rende la mesure Harvard. « En matière de santé et de obligatoire, l'école a demandé aux sécurité, on n'est jamais trop prudent, parents de fournir un masque à leurs insiste l'ingénieur. Chose certaine, les Plaidant une directive du CSSDM, la enfants dès la première année pour les purificateurs d'air ne peuvent pas direction de l'école Élan somme une déplacements dans les corridors. nuire quand ils s'ajoutent aux autres enseignante de retirer deux appareils L'enseignante a également sorti près mesures : lavage des mains, port du achetés par des parents d élèves de 400 $ de ses poches pour installer masque et distanciation. » inquiets de la qualité de l'air en classe un grand plexiglas à Pavant de sa classe. SOUS LE CHOC Enseignante au primaire dans une Mme Latour - qui travaille dans une école de Montréal, Marie-Josée Latour école vétuste sans système de Les parents et l'enseignante ont se sent coincée « dans une position ventilation mécanique - a enseigné compris à la suite de leurs premiers intenable ». tout l'automne les fenêtres ouvertes. échanges avec la directrice qu'elle Or, à la mi-décembre, il s'est mis à était d'accord avec l'achat d'appareils Inquiets de la qualité de l'air en faire trop froid. À la même période, tant que l'initiative venait des parents, classe, alors que la propagation de la elle a contracté un virus ; ce n'était et non d'un membre du personnel. Ils COVID-19 par aérosols est reconnue, finalement pas la COVID-19, mais elle ont compris qu'elle se dissociait du les parents de ses élèves de 5e et 6e a eu la frousse. projet, mais qu'elle ne l'interdisait années se sont cotisés pour acheter pas. Toutefois, le 16 décembre, la deux purificateurs d'air portatifs à « Au même moment, trois autres de directrice a envoyé un courriel à filtre HEPA. L'enseignante les a mes collègues ont aussi contracté des l'enseignante - qui venait de recevoir branchés dans sa classe au retour des virus différents. J'ai commencé à me les appareils -, lui demandant de ne Fêtes. Or, sa directrice lui ordonne de questionner sérieusement au sujet de pas les brancher. « J'étais sous le choc les retirer, invoquant une directive du la transmission par aérosols. Les », dit Mme Latour. centre de services scolaire de parents de ma classe aussi, parce qu'il Montréal (CSSDM). s'est avéré que certains élèves avaient Au cabinet du ministre de aussi eu de légers symptômes de l'Éducation, on explique que les « Je ne souhaite évidemment pas rhume. » dispositifs de filtration mobiles (ou faire preuve d'insubordination face à purificateurs d'air) ne sont ni mes patrons, mais je souhaite de tout — Marie-Josée Latour, enseignante à recommandés ni interdits. « Si, coeur protéger mes élèves et leurs l'école Elan exceptionnellement, une école familles, qui se sont cotisées pour souhaitait installer de tels dispositifs, acheter ces appareils, a expliqué Un papa de sa classe, ingénieur de elle devrait obligatoirement et l'enseignante à La Presse.