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24 images

Panique-fiction de Georges Privet

Numéro 64, décembre 1992, janvier 1993

URI : https://id.erudit.org/iderudit/22624ac

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Éditeur(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (imprimé) 1923-5097 (numérique)

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Citer ce compte rendu Privet, G. (1992). Compte rendu de [Panique-fiction / Husbands and Wives de Woody Allen]. 24 images, (64), 73–73.

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panique et d'emprisonnement; les personnages vont de situations embarrassantes en culs-de-sac, et de querelles publiques en scènes de ménage. La toute première sé­ quence (labyrinthique et inter­ minable) donne très bien le ton à cet égard. De même, lorsque Gabe va chez les parents de Rain, il se trouve littéralement acculé au mur, comme Rain l'a elle- même été plus tôt face à l'un de ses anciens amants. Tout comme Sally le sera lorsque Michael l'embrassera dans la cuisine, ou au moment où ils seront surpris Judy () et Sally () ensemble au retour de Jack. Celui-ci ne sera d'ailleurs pas en reste, puisqu'il expulsera d'un party sa jeune maîtresse, avec une violence jusque-là jamais vue dans un film de Woody Allen. PANIQUE-FICTIO En fait, ce que nous montre par Georges Privet Husbands and Wives, n'est rien de moins que l'effondrement du monde allenien. La passion, l'enthousiasme et la vie qui faisaient autrefois le charme de l est difficile, voire même impossible, les reparties maniaques du couple Davis- ses films semblent ici faire place (pour de i d'apprécier comme il le faudrait le nou­ Pollack et par le jeu dépressif du couple bon?) à la morosité, à l'embarras et à veau film de Woody Allen. Voilé par le scan­ Allen-Far row. l'étouffement. D'ailleurs, il est clair que dale que l'on connaît et terni par l'analyse En fait, c'est comme si l'atmosphère Woody n'a plus le cœur à rire de lui-même; que l'on en a faite, cet audacieux pseudo- kafkaïenne de avait voilé là où il était jadis la cible de la plupart de reportage nous arrive annoté par une foule Manhattan pour en faire naître ce remake ses gags, il se transforme ici en un per­ de pseudo-psychiatres. Documentaire à clé sombre qu'est Husbands and Wives. Pour sonnage - faillible, certes - mais dont on ne pour les uns, fiction thérapeutique pour les s'en convaincre, il suffit de mettre en relief rit pas. C'est un signe... autres, cet étonnant documentaire-fiction les similitudes entre les deux films; dans les Husbands and Wives représentera-t-il laisse pourtant à tous la même sensation; deux cas, Woody joue un écrivain qui tombe un jour dans l'œuvre de Woody le début un malaise aussi certain que profond. Car amoureux d'une jeune étudiante; dans les d'un nouveau déparr, un film somme, un on se sent mal à la sortie de Husbands and deux cas, il voit échouer le mariage de son alibi cinématographique ou une confession Wives. On se sent même très mal... meilleur ami. Et dans les deux cas égale­ filmique? Bien malin qui pourra le dire. On se sent mal, parce que ce film ment, l'échec de cette relation le confronte Pour l'heure, ses fans devront se contentet raconte évidemment l'histoire d'une à un choix moral, qui met en jeu son œuvre d'apprendre, comme les personnages de son infidélité dont la fiction recoupe de près la et l'amour qu'il éprouve pour une femme. film, qu'il n'est pas rare que l'amour pas­ réalité; mais on se sent mal aussi, parce Toutefois, tout ce qui était avant lié au sion se transforme en un mariage de raison. qu'il pose lui-même la question du lien confort et au plaisir, devient ici une source Et que ce n'est pas facile à vivre...! entre l'artiste et son œuvre, et qu'il le fait de malaise et de déplaisir, et tout ce qui par le biais d'un cinéma-vérité trompeur. relevait avant du cauchemar se transforme Et on se sent mal, finalement, parce que en réalité dans Husbands and Wives. Lt tout dans Husbands and Wives semble romantisme de Gershwin et du cinéma­ HUSBANDS AND WIVES Ré. et scé.: Woody Allen. Ph.: . construit pour provoquer le malaise; des scope noir et blanc, ont laissé leur place à Mont.: Susan E. Morse. Int.: Woody Allen, Mia mouvements hystériques de la caméra de un pseudo-reportage criminel à la Take the Farrow, , Judy Davis, Juliette Carlo di Palma au montage faussement Money and Run. Lt film semble d'ailleurs Lewis, , Lysette Anthony. 107 hésitant de Susan E. Morse, en passant par construit entièrement sur des scènes de minutes. Couleur. Dist.: Tri-Star.

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